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Les Français et la politique Sondage Viavoice pour La Croix Mai 2016
Viavoice Paris. Études conseil stratégie 9 rue Huysmans, 75 006 Paris. + 33 (0)1 40 54 13 90 www.institut-viavoice.com François Miquet-Marty, Jean-Philippe Moinet et Aurélien Preud’homme 1
Sommaire et modalités de réalisation
3. Synthèse des enseignements 7. Résultats détaillés 8. L’intérêt pour la politique et le débat public 9. Potentiels d'engagement : les grèves et manifestations
10. Potentiels d'engagement : le militantisme 11. Potentiels d'engagement : faire entendre sa voix 12. Potentiels d'engagement : les Primaires 13. Intérêt pour la politique et Potentiels d'engagement par catégorie de population 14. Les acteurs souhaités pour changer la politique 15. Améliorer et moderniser la vie politique 16. L’impact des primaires sur la vie politique 17. La pertinence des pouvoirs locaux
Modalités de réalisation : Sondage réalisé par Viavoice pour La Croix. Interviews effectuées en ligne du 13 au 16 mai 2016. Échantillon de 1 017 personnes, représentatif de la population de 18 ans et plus, résidant en France métropolitaine. Représentativité par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération. Les résultats détaillés selon la proximité partisane des personnes interrogées présentés dans ce rapport d’étude sont issus de la question suivante : « Indépendamment des élections, de quel parti politique vous sentezvous le plus proche ou disons le moins éloigné ? LO ou le NPA, le Front de gauche (Parti communiste ou Parti de gauche), le Parti socialiste, Europe Écologie Les Verts, le Parti radical de gauche, le MoDem (Mouvement Démocrate), l’UDI, Les Républicains (l’UMP), Debout la France, le Front national, un autre parti, aucun parti, non réponse ». Les « sympathisants de gauche » correspondent à toutes les personnes ayant répondu LO ou le NPA, le Front de gauche, le Parti socialiste, Europe Écologie Les Verts ou le Parti radical de gauche à cette question. Les « sympathisants de droite et du centre » correspondent à toutes les personnes ayant répondu le MoDem (Mouvement Démocrate), l’UDI, Les Républicains (l’UMP) ou Debout la France à cette question.
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Synthèse des enseignements
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Synthèse des enseignements (1/3) À moins d’un an de la campagne présidentielle, des Français intéressés par la politique et en attentes de nouvelles modalités d’engagements citoyens Les Français seraient-ils « dépolitisés » ? Souvent présentés comme en proie à la désillusion et au rejet des appareils politiques, dubitatifs sur les solutions apportées par les principaux candidats, tentés par l’abstention, et finalement éloignés de la politique, notre sondage Viavoice-La Croix montre au contraire, à quelques mois d’échéances cruciales pour la vie politique française – Primaire de la droite et du centre, élections présidentielle et législatives – que les Français sont en attente de politique, et montrent même, pour une part significative d’entre eux, une volonté de s’engager et de peser sur le débat public. Six Français sur dix intéressés par la vie politique, malgré des clivages sociodémographiques Une nette majorité de Français (60 %) déclare s’intéresser à la « vie politique », et une majorité encore plus nette (67 %) aux « débats sur les grands enjeux pour l’avenir de la France et des Français ». Enfin, 73 % d’entre eux déclarent parler de politique avec leurs proches, famille, amis ou collègues. Des chiffres réconfortants en période de difficultés économiques, et de divisions au sein des principales familles politiques françaises, même si des disparités existent : - Selon l’âge des répondants : les moins de 50 ans apparaissant moins intéressés par la vie politique que leurs aînés (49 % des 18-24 ans, 48 % des 25-34 ans et 51 % des 35-49 ans se déclarant « intéressés », contre 69 % des 50-64 ans et 78 % des plus de 65 ans) ; - Mais aussi selon la catégorie socio-professionnelle : les catégories aisées se montrant « intéressées » pour 62 % d’entre elles, contre 48 % des catégories populaires. Peut-on pour autant dire que la « fracture sociale » chère à Jacques Chirac en 1995 serait toujours d’actualité, entre des Français engagés car intégrés (voire privilégiés), et d’autres catégories plus éloignées du débat politique ? Cette analyse rejoindrait celles, nombreuses, ne voyant dans les nouveaux types de mouvements politiques (« Nuit debout », « En marche », etc.) que l’expression d’une minorité privilégiée ne représentant pas la grande masse du « peuple ». En réalité, il semblerait que la volonté d’expression et d’engagement des Français transcendent les différentes catégories de population, et que les nouveaux modes d’engagement, quels qu’ils soient – mouvements citoyens, pétitions en ligne, Primaires, etc. – répondent justement à ces déficits d’expression politique auprès de certaines catégories de citoyens qui ne se retrouvaient pas, jusqu’ici, suffisamment représentés dans la vie politique française. 4
Synthèse des enseignements (2/3) De nouvelles formes d’engagement particulièrement attractives Les nouvelles formes d’expression politiques intéressent les Français, indubitablement : - 66 % d’entre eux se déclarent ainsi prêts à signer une pétition en ligne, contre seulement 43 % qui iraient manifester et 39 % faire grève ; - 43 % seraient intéressés par des consultations régulières de citoyens organisées par les pouvoirs publics ; - 29 % pourraient adhérer à des mouvements nouveaux en dehors des partis politiques actuels, et 21 % participer à des débats spontanés de citoyens tels que « Nuit debout »), alors qu’ils ne seraient que 19 % à envisager adhérer à un parti politique. De nouvelles formes d’engagement répondant à des besoins de renouvellement des pratiques Or cette attractivité des nouvelles formes d’engagement s’explique, au-delà de leur modernité et de leur aspect innovant, par des attentes très concrètes de l’opinion : - Une volonté de renouvellement : 39 % des personnes interrogées font ainsi surtout confiance aux « nouvelles générations de dirigeants politiques » pour changer la manière de faire la politique ; - Une volonté de laisser plus de place au « citoyen » : 38% mettent en avant les « mouvements citoyens » pour moderniser la vie politique. Par ailleurs, 38% estiment que « dépasser le clivage gauche-droite » peut contribuer à améliorer la vie politique. De nouvelles formes d’engagement répondant à des attentes d’expression politique Surtout, au-delà de ces attentes de renouvellement et de « citoyenneté », les nouvelles formes d’engagement permettent à certaines catégories de population un engagement politique auxquels ils étaient jusqu’ici plus éloignés, faute de « canaux d’expression » : - Ainsi, les personnes âgées de plus de 65 ans et les catégories aisées, moins promptes que les autres à manifester, se montrent particulièrement intéressés par des modes d’expression « institutionnalisés » comme des consultations organisées par les pouvoirs publics. De même, concernant les outils numériques, les catégories aisées privilégient aux mouvements sociaux les pétitions en ligne (69 %, contre 63 % des catégories populaires), et les plus de 65 ans les newsletters de candidats. - À l’inverse, les jeunes vont privilégier des formes d’expression moins institutionnalisées tels que les débats spontanés de citoyens comme « Nuit debout », auxquels 32 % des 1824 ans et 27 % des 25-34 ans sont intéressés (contre seulement 14 % des plus de 65 ans). À noter en revanche que le clivage social souvent mis en avant concernant « Nuit debout » ne se retrouve pas dans l’intérêt formulé par les Français pour ce type de mouvement : en effet, et contrairement à de nombreuses formes d’engagement politique, l’intérêt des catégories aisées (24 %) et des catégories populaires (25 %) est comparable. 5
Synthèse des enseignements (3/3) Ainsi les différentes formes de participation citoyenne ne s’opposent pas mais se complètent : la « jeunesse » étant plus attirée par des formes d’expression moins institutionnalisée, alors qu’au contraire les retraités souhaitent se faire entendre via des canaux plus institutionnels, organisés par les pouvoirs publics ou les partis politiques. Primaires, démocratie participative, engagement et communication politiques via le digital, engagements spontanés de citoyens, mouvements en dehors des partis… La vie politique évolue, à n’en pas douter. L’impact de ces évolutions et leur ampleur est encore difficile à mesurer. Ce qui est en revanche plus certain, c’est que ces nouvelles formes d’engagement correspondent à un besoin et à une envie de politique dans la population française, et surtout qu’ils répondent à une volonté d’engagement qui ne trouvait pas jusqu’ici de moyens d’expression dans la vie politique française.
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Résultats détaillés
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L’intérêt pour la politique et le débat public
De manière générale, vous intéressez-vous beaucoup, assez, pas vraiment ou pas du tout à la vie politique ?
Sous-total « Oui » 60 %
Sous-total « Non » 39 %
Base : ensemble de l’échantillon
Vous intéressez-vous beaucoup, assez, pas vraiment ou pas du tout aux débats sur les grands enjeux pour l’avenir de la France et des Français ?
Sous-total « Oui » 67 %
Sous-total « Non » 32 %
Base : ensemble de l’échantillon 8
Potentiels d'engagement : les préférences (1/4)
Personnellement, aujourd’hui ou prochainement, pourriez-vous…
Sous-total « Oui »
66 %
43 %
39 %
Base : ensemble de l’échantillon
9
Potentiels d'engagement : les préférences (suite ; 2/4)
Personnellement, aujourd’hui ou prochainement, pourriez-vous…
Sous-total « Oui »
29 %
19 %
15 %
Base : ensemble de l’échantillon
10
Potentiels d'engagement : les préférences (suite ; 3/4)
Personnellement, aujourd’hui ou prochainement, pourriez-vous…
Sous-total « Oui »
73 %
43 %
21 %
Base : ensemble de l’échantillon
11
Potentiels d'engagement : les préférences (suite ; 4/4)
Personnellement, aujourd’hui ou prochainement, pourriez-vous…
Sous-total « Oui »
47 %
33 %
27 %
13 %
Base : ensemble de l’échantillon
(*) Ces « potentiels d’engagement » ne constituent pas une estimation de la participation pour la Primaire de la droite et du centre, mais une mesure de l’intérêt des citoyens pour l’organisation de Primaires, quelles qu’elles soient et quelles que soient les partis ou mouvements qui pourraient les organiser 12
Intérêt pour la politique et potentiels d’engagement par catégorie de population
Sous-total « Oui » En %
Ensemble
Intérêt Mani pour la -fester vie dans politique la rue
Faire grève
Participer à Participer Adhérer à Vous Signer des débats à des Adhérer des mouve abonner aux une spontanées consultations à un -ments newsletters pétition de citoyens organisées parti nouveaux d’un sur (tels que par les politique en dehors candidat aux Internet « Nuit pouvoirs des partis primaires debout ») publics
60
43
39
66
19
29
21
43
27
18-24 ans
49
44
45
66
26
35
32
29
28
25-34 ans
48
45
45
72
23
30
27
38
28
35-49 ans
51
46
45
62
19
25
22
39
24
50-64 ans
69
43
38
67
13
31
18
51
23
65 ans et plus
78
35
24
67
22
29
14
52
36
Catégories aisées (CSP+)
62
45
40
69
22
36
24
50
28
Catégories populaires (CSP-)
48
49
51
63
17
24
25
36
21
Sympathisants de gauche
73
63
54
75
20
40
33
58
35
Sympathisants de droite et du centre
72
26
21
66
28
30
14
48
37
Sympathisants Front national
64
53
50
76
29
27
25
41
31
13
Les acteurs souhaités pour changer la politique
À qui faites-vous le plus confiance pour changer la manière de faire la politique, en France ? *
(*) Deux réponses possibles, total supérieur à 100 %
Base : ensemble de l’échantillon
14
Améliorer et moderniser la vie politique
Selon vous, qu’est-ce qui pourrait contribuer à améliorer la vie politique ? *
(*) Deux réponses possibles, total supérieur à 100 %
Base : ensemble de l’échantillon
15
L’impact des primaires sur la vie politique
Le système des primaires (sélection des candidats par les électeurs volontaires) améliore-t-il selon vous la vie politique ?
Oui
Non Non réponse
Base : ensemble de l’échantillon
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La pertinence des pouvoirs locaux
À l’avenir, quels niveaux de pouvoir devraient, selon vous, progresser pour faire face aux grands défis et mieux résoudre les problèmes ? *
(*) Deux réponses possibles, total supérieur à 100 %
Base : ensemble de l’échantillon
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Annexe : Note sur les marges d’erreur
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Note sur les marges d’erreur
Chaque sondage d’opinion est soumis à une incertitude statistique appelée marge d’erreur ou intervalle de confiance, dépendante du nombre de personnes interrogées (taille de l’échantillon) et du pourcentage observé :
Taille de l’échantillon
Pourcentage observé 10 ou 90 %
20 ou 80 %
30 ou 70 %
40 ou 60 %
50 %
200
4,2
5,7
6,5
6,9
7,1
300
3,5
4,6
5,3
5,7
5,8
500
2,7
3,6
4,1
4,4
4,5
1000
1,8
2,5
2,8
3,0
3,1
2000
1,3
1,8
2,1
2,2
2,2
Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 1000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 20 %, la marge d’erreur est égale à 2,5. Le vrai pourcentage est donc compris entre 17,5 % et 22,5 % (avec une certitude de 95 %).
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« La réalité ne pardonne pas qu’on la méprise. » Joris-Karl Huysmans
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