Présidentielle, la parole aux jeunes

Page 1

La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

2 en partenariat avec

À cinq jours d’une échéance capitale, « La Croix » a demandé à cent jeunes de 18 à 30 ans de proposer, chacun, une mesure pour le quinquennat à venir.

Emploi, écologie, éducation, engagement… Les propositions à l’adresse de la future présidence sont variées, parfois contradictoires.

Souvent inspirées par l’expérience et la sensibilité de leurs auteurs, elles témoignent d’un réel intérêt pour la chose publique.

Qu’attendez-vous du futur président ? « Organiser régulièrement des référendums » Diane, 26 ans,

salariée dans le secteur informatique, Paris

« Je souhaite une réforme en profondeur de la Ve République, cette oligarchie élective. On donne le pouvoir à quelques personnes, qui souvent ne tiennent pas leurs promesses. Entre deux élections, les citoyens ne sont pas consultés, pas respectés. Il faudrait organiser régulièrement des référendums, faire vivre le débat localement. Il ne faut pas sousestimer l’intelligence des gens ! »

« L’alternance, la meilleure façon de s’insérer dans une entreprise »

« Un vrai service public de l’emploi » Rudy, 30 ans,

chef d’équipe dans la logistique, Orléans (45)

« À chaque fois que j’ai trouvé du travail, c’était sans l’aide de Pole emploi. Il faudrait un vrai service public de l’emploi, qui décèle les compétences et les appétences de chacun, quels que soient les diplômes obtenus. Dans mon secteur, on a beaucoup de mal à recruter, en CDI, des préparateurs de commande, faute de formations adaptées mais aussi parce qu’on ne sait pas orienter les demandeurs d’emploi, leur montrer qu’un tel métier a de l’avenir et peut leur correspondre. »

« Il faudrait que les enfants nés en France de parents étrangers puissent devenir français plus facilement, avant même l’âge de 18 ans » Divine,

19 ans, lycéenne, Villejuif (94)

« J’attends du futur président de la République qu’il conforte l’ancrage de la France dans l’Europe afin de garantir Claudie, notre paix »

23 ans, étudiante en gestion, Orléans

« Moins de pesticides » Mathieu, 22 ans, apiculteur, Verruyes (79)

« Apiculteur, j’observe les atteintes que l’activité humaine porte à l’environnement. Nos abeilles sont extrêmement menacées, tout comme mon métier. Par conséquent, ce que j’attends du quinquennat à venir, c’est un encadrement très strict de l’usage des pesticides. C’est possible, et ça marche bien, comme j’ai pu m’en rendre compte lors d’un voyage que je viens d’effectuer en Nouvelle-Zélande. »

« Miser sur la réinsertion des détenus » Clarisse, 24 ans,

prépare des concours juridiques, Limoges (87)

« Je crois en l’humain. Créer des prisons, c’est utile pour lutter contre la surpopulation carcérale et des conditions de détention parfois déplorables. Mais il faut surtout miser sur la réinsertion des détenus, en créant des postes de conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, afin d’éviter que des délinquants ne se désocialisent totalement ou ne passent leur temps d’emprisonnement à se créer de mauvais réseaux. »

Amine, 28 ans,

salarié dans le conseil en assurances, Clamart (92)

« À l’entrée sur le marché du travail, on nous demande d’avoir déjà de l’expérience, d’être immédiatement opérationnel. La solution : développer l’alternance, la meilleure façon de s’insérer dans une entreprise. L’employeur bénéficie d’une aide financière et ne paye pleinement son salarié que s’il l’embauche à l’issue de son contrat d’apprentissage, après s’être assuré de ses qualités. »

« Comptabiliser les votes blancs » Emmanuelle, 25 ans,

étudiante en communication, Brest (29)

« Aucun des candidats présents au second tour de cette présidentielle ne représente mes idées. Je voterai Macron pour empêcher une victoire de l’extrême droite. Mais j’aimerais que le prochain quinquennat soit l’occasion d’une réforme pour qu’à l’avenir le vote blanc puisse être comptabilisé. Cela permettrait de prendre en compte un mécontentement très répandu, notamment chez les jeunes. »


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

3 « Une crèche au moins dans chaque territoire »

Léonie, 19 ans, étudiante à la Sorbonne. Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

Loeiza, 28 ans, professeur des écoles, Langonnet (56) « Autour de moi, beaucoup de chômeurs n’ont pas les moyens d’inscrire leur enfant en crèche, ce qui complique leur recherche d’emploi. Il faudrait créer un réel service public de la petite enfance, avec des tarifs accessibles et des horaires adaptés aux rythmes de travail des parents. Ce service public garantirait également la présence d’une crèche au moins dans chaque territoire. »

« Une allocation jeunesse »

Diego, 20 ans, étudiant en école d’audiovisuel et serveur. Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

Alwena, 21 ans, étudiante en arts plastiques, Rennes (35) « J’attends la mise en place d’une “allocation jeunesse” permettant, sur la base du mérite, de poursuivre des études supérieures sans avoir à travailler à côté. Je suis en deuxième année de licence et j’occupe un emploi à mi-temps comme surveillante dans un collège. Cela s’ajoute à mes cours à la fac et à mon travail personnel, qui représentent 60 heures par semaine. Du coup, je ne peux pas me rendre à l’université avec la même assiduité que ceux qui ont plus de moyens. »

« Une personne référente pour chaque élève » Adrien, 18 ans,

étudiant en école de management, Angers (49)

« Dans mon école, nous bénéficions trois fois par an d’une rencontre avec notre “suiveur”, qui fait individuellement le point avec nous, nous motive, nous conseille. Pourquoi ne pas nommer pour chaque collégien ou lycéen une personne référente – peut-être un bénévole – qui lui offre un suivi personnalisé et l’aide à repérer ses forces et faiblesses, ses centres d’intérêt ? »

« J’aspire à un changement du mode de désignation de nos représentants, qui devraient pour partie être tirés au sort, et dont le mandat ne devrait être Yuna, renouvelable 25 ans, qu’une fois » infirmière, Rostrenen (22)

« Résorber les zones de non-droit »

« Rigueur et apprentissage du travail »

Julien, 18 ans,

Ulysse, 22 ans, compagnon charpentier, Saint-Brieuc (22)

« Pompier volontaire, j’interviens régulièrement auprès de personnes victimes d’agression. Je considère qu’il faudrait beaucoup plus de moyens et d’effectifs dans le domaine de la sécurité, afin de résorber certaines zones de non-droit qui existent en Îlede-France. Il s’agit de faire respecter la loi. Et cela passe à mon sens par un vrai travail de prévention, sur le terrain. »

« Je me suis rendu compte que la rigueur et l’apprentissage du travail parmi les compagnons étaient une très bonne chose pour progresser. Mes frères et mes amis, eux, ont éprouvé des difficultés dans leurs études à la fac. Ils étaient totalement libres et, du coup, pas toujours très présents. Beaucoup ont abandonné… Je souhaite qu’on apprenne aux étudiants à travailler en leur donnant des méthodes efficaces et un cadre, pour qu’ils puissent mieux s’organiser. »

pompier volontaire, Meaux (77)


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

4

Qu’attendez-vous du futur président ? « Maintenir les emplois d’avenir » « Que la musique cesse d’être élitiste, grâce à un enseignement, financé par l’argent public, qui permette à chaque enfant d’apprendre à jouer d’un instrument une heure par Alexis, 30 ans, semaine. »

clarinettiste, Lorient (56)

Pauline, 20 ans,

en recherche d’emploi, Fougères (35)

Bertrand, 29 ans, graphiste, Lille (59)

« Je souhaite le maintien des emplois d’avenir. Ces contrats subventionnés ont offert à beaucoup de jeunes la possibilité de découvrir un métier. Beaucoup ont pu être embauchés à la fin des trois ans. En ce qui me concerne, ce dispositif m’a donné l’occasion, après avoir cumulé des petits boulots, de découvrir le milieu hospitalier. Cette expérience m’a permis d’imaginer mon avenir professionnel : devenir secrétaire dans le secteur du service à la personne ou accompagner des personnes handicapées. »

« J’attends du prochain gouvernement qu’il ouvre la PMA aux couples de femmes et, plus généralement, qu’il mette fin au déni de l’homoparentalité en France. En tant que jeune gay, qui aimerait un jour avoir des enfants, je suis inquiet et triste de constater qu’on impose aux homos de quitter leur pays pour aller, comme des voleurs, concevoir et lancer leur projet d’enfant à l’étranger. C’est insensé, humiliant, et vain. »

« Des stages étudiants mieux rémunérés »

« Un stage de « Une année plusieurs mois pour de césure tester un métier » après le bac »

Alexandre, 22 ans, élève infirmier, Tourcoing (59)

Stéphanie, 29 ans,

Willy, 24 ans,

« Je voudrais que les stages étudiants soient mieux rémunérés. Personnellement, en deuxième année, j’effectue vingt semaines de stage sans être payé. Cela ne me paraît pas normal. Je reçois juste un dédommagement pour mes déplacements. Du coup, je dépends financièrement de mes parents. L’an dernier, j’étais caissier chez Carrefour pour financer mes études mais il est très compliqué de mener de front la formation et un job étudiant. »

« J’ai eu beaucoup de mal à convaincre mon entourage que je souhaitais devenir artisan. Les enseignants ne m’encourageaient pas et tentaient de m’orienter vers d’autres voies. Alors, j’imagine un dispositif permettant à tous ceux qui ont envie d’aller vers un univers professionnel a priori éloigné du leur, de pouvoir tester un métier pendant plusieurs mois, sous l’autorité d’un tuteur, dans le cadre d’un stage d’exploration. »

« En Allemagne et en Europe du Nord, il existe une année de transition après le bac. Un an pendant lequel on est incité à voyager et à découvrir d’autres univers avant d’entamer des études. En France, c’est très compliqué de faire la même chose, parce qu’au retour, on est pénalisé par la différence d’âge. Même s’il est désormais possible de prendre une année de césure, il faudrait encourager davantage de telles initiatives en les valorisant dans le cursus universitaire. »

électricienne, Guingamp (22)

« Il faut promouvoir une laïcité qui ne rime pas avec uniformité, se garder de proposer en son nom, sans aucune logique, des mesures sur l’abattage rituel ou les signes religieux Aaron, 20 ans, dans la rue. »

étudiant, Aix (13)

« Donner accès « Des aides sociales à la PMA aux couples proportionnelles de femmes » aux ressources »

animateur-cascadeur dans un parc à thème, Brest (29)

Amélie, 27 ans, ingénieur, Tourcoing (59)

« Je voudrais que les aides sociales soient calculées non pas selon des plafonds de revenus, mais proportionnellement aux ressources. À un euro près, certaines familles ne bénéficient pas de la prime de naissance ! Il faudrait aussi que les montants tiennent comptent du lieu d’habitation, car les dépenses ne sont pas les mêmes pour les parents : une assistante maternelle dans la campagne du Pas-de-Calais coûte généralement moins cher qu’une assistante maternelle dans la métropole lilloise. »

« Dès la sixième, il faudrait mettre en avant les cursus professionnels et techniques comme des vrais parcours d’excellence, et non plus comme des Enrika, 23 ans, voies de garage. »

étudiante, Guyane

« Intensifier « Une aide les contrôles financière pour dans les abattoirs » passer le permis »

« Il faut vraiment que le smic augmente »

Léa, 19 ans,

étudiante en communication, Millau (12)

Célène, 18 ans, en recherche d’emploi, Saint-Brice-en-Coglès (35)

Baptiste, 30 ans,

« J’ai été très choquée en découvrant, par le biais de vidéos, la maltraitance qui sévit dans les abattoirs. J’ai grandi dans l’Aveyron, au cœur de la nature et des élevages. Je mange de la viande, mais je suis attachée à la protection des animaux et plus largement à celle de la nature. Certes, il existe déjà des caméras de surveillance, mais il faudrait envisager le recrutement d’agents pour lutter contre la maltraitance dans les abattoirs. »

« J’appelle de mes vœux la création d’une aide financière pour passer le permis de conduire. Son coût s’élève à 1 500 € minimum, et mes parents ne peuvent pas m’aider. J’habite une commune de 3 000 habitants. Je cherche à travailler dans la vente, en prêt-àporter ou en joaillerie. Or les magasins se situent plutôt dans les grandes villes. Et il n’y a aucun moyen de transport en commun pour s’y rendre… »

« Après huit ans au même poste, je touche toujours le salaire minimum. La mutuelle déduite, je gagne 1 091 € net par mois. Ma compagne est elle aussi au smic, à mi-temps. Notre loyer est peut-être moins cher qu’en ville. Mais pour aller travailler, je parcours chaque jour 30 kilomètres avec ma vieille voiture. On ne peut pas mettre d’argent de côté. Et encore moins envisager d’emprunter. Il faut vraiment que le smic augmente… »

conducteur de machine, Gluiras (07)


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement Térence, 19 ans, animateur dans une école élémentaire.

Jade, 19 ans, étudiante en art.

Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

« Un lycée expérimental par département » Loïc, 18 ans,

en recherche d’emploi, Lorient (56)

« En première, je me suis aperçu que je ne rentrais plus dans la case de l’élève studieux. Je ne supportais plus de devoir écouter un professeur sans réagir. J’ai quitté mon établissement pour le lycée expérimental de Saint-Nazaire. Là, élèves et professeurs prennent les décisions en commun. J’ai retrouvé le plaisir d’aller en classe. Aussi, je souhaite la création d’un lycée similaire par département. Cela éviterait à de nombreux jeunes d’abandonner leur scolarité. »

« Des villes plus accueillantes pour les vélos » « Je voudrais qu’on allonge le congé paternité, de même que le congé maternité. Les femmes reprennent le travail dix semaines après l’accouchement, alors qu’il est préconisé d’allai- Guillaume, 29 ans, ter son enfant garagiste, six mois ! » Lesquin (59)

5

« Un droit à imaginer sa vie »

Steeve, 20 ans,

Annabelle, 25 ans, médiatrice culturelle, Roubaix (59)

« Je voudrais des villes plus accueillantes pour les vélos. À Copenhague, que j’ai eu l’occasion de visiter, il y a plus de bicyclettes que de voitures. On se sent en sécurité lorsqu’on est cycliste. Cela donne aussi un autre rythme à la ville, une atmosphère de tranquillité. Pour cela, il faut plus de pistes cyclables, de parcours sécurisés et un meilleur respect des deuxroues de la part des automobilistes. C’est tout un état d’esprit. »

« J’aimerais que soit reconnu à chacun le droit d’imaginer sa vie. Notre modèle, hérité d’une société où un emploi se pensait sur une existence entière, limite la possibilité pour les individus de s’épanouir et de changer. Cela ne concerne pas que les jeunes : toutes les générations se retrouvent tôt ou tard confrontées à la “panne” de l’emploi et à ces périodes de chômage qui sont toujours considérées négativement, jamais comme des opportunités pour se réinventer. »

chômeur, Lille (59)

« Rehausser « Un système les salaires pour social qui valorise favoriser la culture » le travail »

« Lever les barrières pour entrer en formation »

« Replacer la ruralité « Mieux réglementer au centre des le taux horaire préoccupations » dans le BTP »

Charlotte, 22 ans,

animatrice pour enfants, Saussines (34)

Pierre-Line, 29 ans, aide médico-psychologique , Perpignan (66)

Floran, 19 ans,

en formation à la Mission locale, Fougères (35)

Sandrine, 28 ans, entrepreneuse, La Canourgue (48)

Kader, 26 ans,

« Travaillant à temps partiel, je gagne seulement 900 €. Je vis à la campagne et j’aime aller en ville pour voir des expos, des concerts, des pièces de théâtre. Mais malheureusement, ces spectacles coûtent souvent trop cher pour moi. L’État doit davantage subventionner les compagnies pour leur permettre de baisser le prix des billets. Ou bien il faut rehausser les salaires pour permettre un accès plus large à la culture. »

« Après une période de chômage, j’ai démarré un CDD à temps partiel de 30 heures par semaine. Depuis, toutes mes aides ont été réduites et je me retrouve dans une situation plus précaire qu’avant. Gagnant 856 € de salaire par mois, je touche 80 € de RSA activité. Mais l’aide mensuelle pour le logement est passée de 270 € à 88 €. À cela s’ajoute mes transports… Il faudrait vraiment bâtir un système social qui valorise le travail. »

« Il existe trop de conditions restrictives pour entrer en formation. Je souhaiterais que l’on supprime ces barrières administratives et financières. J’ai été refusé dans une école de la deuxième chance au prétexte que je pouvais atteindre mon objectif professionnel par une autre voie. J’ai perdu beaucoup de temps, alors que je sais de longue date que je veux travailler dans la sécurité et la surveillance. »

« La France civilisée ne s’arrête pas aux villes. Au lieu de chercher à implanter éco-quartiers et jardins urbains dans les métropoles, il faudrait d’abord développer les services dans les zones rurales. La fibre optique s’arrête à 500 mètres de chez moi. Envoyer des fichiers par mail, transmettre des factures, tout est compliqué. Les opérateurs téléphoniques rechignent à couvrir les zones peu peuplées. Ce devrait être obligatoire… »

« Depuis cinq ans, je constate une baisse de mon taux horaire. Alors qu’il atteignait les 12,50 €, il est désormais de 9,76 €. Les grandes entreprises françaises du BTP font venir des ouvriers portugais ou roumains de leurs filiales européennes et paient tout le monde au même niveau, quelle que soit la qualification. Les agences d’intérim par lesquelles je passe sont obligées de s’aligner… Il faudrait mieux réglementer le taux horaire. »

conducteur d’engins, Montpellier (34)


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

6

Qu’attendez-vous du futur président ?

« J’aimerais en finir avec le collège unique pour favoriser des parcours personnalisés. Cela suppose, auparavant, de mettre l’accent sur les fondamentaux et Benoît, de réduire les effec26 ans, tifs en primaire. » professeur

de musique, Cambrai

« Interdisons le diesel »

« Des études gratuites »

Tifany, 20 ans, intérimaire, Lunel (34)

Marie, 20 ans, étudiante en droit, Moissac (82)

« Il y a quelques mois, j’ai acheté une voiture diesel à moindre coût. Mon entourage m’a alors alerté sur l’impact écologique de ce carburant. J’ai fait des recherches poussées sur le sujet. Le diesel est cancérigène et attaque nos poumons. Certains pays européens envisagent de l’interdire, et nous devrions faire de même. Cela encouragerait la recherche sur de nouveaux modes d’énergie. En attendant, j’ai prévu de vendre ma voiture car je ne veux pas contribuer à un drame sanitaire. »

« Il faut supprimer l’ensemble des droits d’inscription à l’université. L’État doit aussi prendre à sa charge tous les frais annexes, tels que les livres et les photocopies. Trop de lycéens qui ont le potentiel de poursuivre leurs études après le bac ne peuvent le faire faute de moyens financiers suffisants et sont obligés de partir travailler. L’accès entièrement gratuit aux études supérieures devrait être un droit fondamental. »

« La titularisation des jeunes en contrat précaire »

« Favoriser l’installation de paysans »

« Un système d’intéressement salarial pour tous »

Emma, 26 ans,

Arturo, 28 ans,

Cyril, 27 ans,

« J’aimerais que tous les jeunes qui bénéficient d’un contrat précaire soient systématiquement embauchés après trois ans de présence. La titularisation ne serait pas automatique mais se ferait après évaluation de leurs performances et de leur efficacité professionnelle. Il faut s’assurer qu’ils rendent un véritable service à l’entreprise ou à l’administration qui les emploie. »

« Le futur exécutif doit aider à l’installation d’agriculteurs, jeunes ou moins jeunes, avec des modèles économiques divers et variés. Il faudrait pousser les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, ainsi que les chambres d’agriculture, à favoriser leurs projets d’agriculture nourricière, à faible recours aux intrants chimiques. Car le monde agricole souffre de cette fuite en avant que sont l’agrandissement permanent et le suréquipement des exploitations. »

« L’opposition permanente entre patronat et salariat n’est pas propice au développement de notre économie. Depuis que j’ai créé mon entreprise, je suis marqué par la violence de ces rapports. C’est une lutte inexplicable pour moi car tous devraient faire marche commune pour la réussite. Un intéressement obligatoire dans toutes les entreprises, et pas que dans les grandes, permettrait de résoudre ce problème et de replacer chaque homme au cœur de son entreprise. »

agent administratif en mairie, Agen (47)

maraîcher, Clapiers (34)

« Il faut développer l’apprentissage du code dès le plus jeune âge, de la même manière qu’on apprend l’anglais ou l’espagnol, Jordan, car c’est le langage 22 ans, de demain. » développeur

informatique, Montpellier

entrepreneur, Montpellier

« Sensibiliser plus aux séjours linguistiques » Pauline, 21 ans,

assistante de gestion, Saint-Amand-les-Eaux (59)

« Les séjours à l’étranger se développent énormément mais beaucoup de jeunes n’osent pas sauter le pas, par manque d’accompagnement. J’aimerais que le futur gouvernement sensibilise davantage les jeunes à l’enrichissement culturel et linguistique que représente une telle expérience. Passer quelques mois à l’étranger permet d’apprendre ou perfectionner une langue mais aussi de découvrir des siècles d’histoire et la culture d’un pays. »

« Rattacher les indépendants au régime général » Maxime, 24 ans,

auto-entrepreneur, Montpellier (34)

« Les entreprises ont de plus en plus recours à des prestataires externes pour des missions. Pour de jeunes diplômés comme moi, l’auto-entreprise est une solution pour acquérir de l’expérience. Cependant, comment expliquer que nous, travailleurs indépendants, dépensions plus que les salariés pour notre couverture sociale, alors que nous sommes moins bien couverts ? Nous sortir du RSI pour nous rattacher au régime général favoriserait l’entrepreneuriat. »

« Réduire le temps de travail nous permettrait davantage de vivre ensemble, de nous investir dans d’autres activités, qu’il s’agisse de passions, d’engagement associatif Mathilde, 24 ans, ou de vie sociale service civique, et familiale. » Montpellier

« Priorité à la santé » Alexandra, 23 ans, assistante maternelle, Saint-Pierre-d’Oléron (17) « Il est urgent d’augmenter le nombre de professionnels de santé et d’améliorer leur répartition dans les territoires. Je vis sur une île qui n’est pas tout à fait un désert médical mais il est quand même compliqué de s’y faire soigner. Il faut parcourir de nombreux kilomètres pour rencontrer un spécialiste. Et les délais pour obtenir un rendez-vous sont extrêmement longs. La santé, c’est pourtant essentiel. Ce devrait être une priorité du futur exécutif. »

« Les jeunes ont eux aussi besoin de stabilité » Thiffany, 28 ans, chargée de mission environnement, La Rochelle (17) « Je voudrais des mesures concrètes favorisant les embauches en CDI. Les aides de l’État devraient bénéficier prioritairement à ces contrats à durée indéterminée. Pour ma part, j’enchaîne les missions courtes depuis que j’ai fini mes études en gestion et sensibilisation à l’environnement. Il faut comprendre que les jeunes ont eux aussi besoin de stabilité. C’est épuisant de ne pas savoir où on en sera dans six ou huit mois ! »


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

« Il devrait y avoir davantage de contrôle, de vigilance, pour ne laisser entrer que les migrants qui viennent pour un travail précis, qui sont attendus des entreprises. » Jérémy,

19 ans, marin-pêcheur, La Cotinière (17)

« Repenser l’accueil « Plus de clarté des migrants » sur la nocivité des cosmétiques » Nathanaël, 30 ans, entrepreneur social, Montpellier « Il faut repenser l’accueil des migrants pour leur permettre de partager avec notre société leurs compétences et leurs expériences. La rencontre et la coopération avec les nouveaux arrivants peuvent nous aider à résoudre nombre de problématiques. Pour ne prendre qu’un exemple, il y a sans doute parmi les réfugiés des médecins dont on pourrait faciliter l’installation dans nos campagnes pour lutter contre les déserts médicaux. »

« Une plus grande mobilité internationale »

« Un président qui représente tous les Français »

Alexandre, 24 ans,

Camille, 30 ans,

étudiant en école de jeux vidéo, Angoulême (16)

mère de trois enfants, Auxerre (89)

« J’aimerais que davantage de moyens soient consacrés à la mobilité internationale des jeunes comme des moins jeunes. Il faudrait plus d’accords avec d’autres États, des démarches simplifiées pour partir, des aides efficaces… J’aspire à une plus grande liberté de déplacement et d’installation dans d’autres pays, pour y travailler. Inversement, il faut permettre à des gens d’ailleurs de venir ici. L’immigration est une richesse qui dynamise un pays. »

« Je ne me suis sentie représentée par personne dans cette élection, et en même temps, j’ai trouvé des idées intéressantes chez des candidats très différents : j’attends un président qui permette le dialogue et la cohésion, qui représente tous les Français. Un président qui sache nommer des collaborateurs proches du terrain et favorise un élan patriotique, pourquoi pas par un service civique digne de ce nom. »

« La pratique du théâtre obligatoire dès le primaire »

Morgane, 24 ans, étudiante en psychologie, Bordeaux (33)

Fabien, 30 ans, professeur de lettres, Périgueux (24)

« Je voudrais que les entreprises qui fabriquent et commercialisent des cosmétiques aient l’obligation de faire figurer sur leurs emballages la composition des ingrédients utilisés. Ceci de manière précise, claire et accessible au plus grand nombre. Un code couleur (vert, orange, rouge) doit permettre de connaître d’un seul coup d’œil le degré de nocivité d’un produit. Quand j’achète un déodorant, je veux connaître les risques que je prends pour ma santé. »

« Je souhaite que la pratique du théâtre devienne dès l’école primaire une matière obligatoire de l’éducation nationale, à raison d’une heure par semaine. Cette mesure, qui reposerait sur des partenariats avec des troupes et des comédiens, permettrait de développer chez les élèves des valeurs d’écoute et de respect de l’autre, la maîtrise du corps et surtout celle du langage. Cette proposition devrait être complétée par un accès entièrement gratuit pour les mineurs à tous les théâtres du pays. »

« L’université doit trouver elle-même des stages pour les étudiants qui n’y arrivent pas, faute de piston. Elle doit aussi aider ses diplômés à obtenir un premier emploi. » Claire,

23 ans, assistante RH, Pau (64)

7

« Je propose que la moitié des cours, dès la petite section de maternelle et tout au long de la scolarité, soit dispensée en anglais, ou dans une ou deux autres langues étrangères. L’objectif est de gommer les inégalités sociales. L’apprentissage des langues ne serait dès lors plus réservé aux enfants des familles aisées, seuls à pouvoir bénéficier de séjours linguistiques. Tous, quelle que soit leur origine, pourraient améliorer leurs performances et tirer un meilleur bénéfice de la mondialisation. »

Lila, 21 ans, étudiante en sociologie, Paris « Je voudrais un encadrement des salaires pour qu’on ne connaisse plus des écarts qui peuvent aller de 1 à 50 ou 100 entre un ouvrier et son patron. On a beaucoup parlé durant cette campagne d’un revenu minimum plus décent, et c’est une bonne chose, mais il faudrait aussi fixer un revenu maximum. Une échelle des rémunérations plus resserrée ramènerait un peu de justice sociale. Et les entreprises ou l’État auraient plus de moyens pour investir dans l’économie réelle et les services utiles à la population. »

« Je voudrais une sécurité sociale intégrale, qui couvre à 100 % tous les soins, y compris les lunettes et prothèses, pour ceux qui n’ont pas Lola, les moyens de payer 18 ans, une mutuelle. » bac pro

santé-social, La Rochelle (17)

« L’anglais pour tous « Un revenu pour dès la maternelle » les jeunes diplômés sans emploi » Emma, 19 ans, étudiante en sciences politiques, Talence (33)

« Un encadrement des salaires »

« Un site sur les voyages humanitaires »

Tiffany, 23 ans, téléconseillère en CDD, Agen (47)

Laura, 23ans, étudiante en école de commerce, Lyon

« Je propose le versement par l’État d’un revenu à tous les jeunes diplômés sans emploi, âgés de moins de 26 ans (cette mesure existe déjà mais pour une durée de six mois et sous conditions de ressources, NDLR). Après l’université, de nombreux étudiants alternent petits boulots et périodes de chômage non indemnisé, puis sont contraints de retourner habiter chez leurs parents. C’est un échec humiliant ! »

« En juillet, je pars construire une école et donner des cours au Togo. Cela faisait longtemps que je voulais entreprendre un voyage humanitaire mais, avant de trouver cette association au sein de mon établissement, je ne savais pas comment m’y prendre. L’État pourrait créer un site recensant les associations sérieuses, informant sur les procédures de visa et la vaccination ou encore sur le fait que les billets d’avion peuvent être défiscalisés. »


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

8

Qu’attendez-vous du futur président ?

« Des éducateurs et des psys devraient intervenir chaque semaine dans les écoles des quartiers défavorisés pour enseigner, via le jeu et le sport, les valeurs de la vie en société Samy, et apprendre à éviter 23 ans, les mauvaises éducateur sportif, rencontres. » Pessac (33) « Un stage humanitaire d’un mois » Ludmilla, 19 ans,

à la recherche d’un emploi, Compiègne (60)

« Il faudrait permettre à de nombreux jeunes d’effectuer un stage humanitaire d’un mois, une sorte de court service civique à effectuer dans un pays en voie de développement. En guise d’encouragement, une telle mission permettrait d’obtenir un crédit d’études. Cela permettrait surtout d’ouvrir les jeunes sur le monde. Je suis sûre que, après, beaucoup cesseraient de se plaindre ! »

« Un dépistage gratuit de la maladie de Lyme »

« Un lieu unique où rechercher du travail »

« Un label garantissant des aliments sans OGM »

Yoann, 22 ans, technicien forestier, Pau (64)

Dorian, 22 ans,

Luc, 23 ans,

« L’État doit organiser une campagne de communication et de dépistage gratuit de la maladie de Lyme, transmise par les morsures de tiques. La France compte chaque année 33 000 nouveaux cas de cette maladie méconnue qui peut prendre plusieurs années avant de se déclarer. Si les professionnels de la forêt sont sensibilisés, la plupart des promeneurs qui vont dans les bois ne connaissent pas les ravages qu’elle cause. La France doit être à la pointe de la recherche dans ce domaine. »

« Il faudrait regrouper, en les installant les unes à côté des autres, toutes les structures publiques ou privées qui permettent de trouver du travail. Ainsi, les candidats qui se présenteraient à Pôle emploi auraient un accès immédiat aux guichets des agences d’intérim. Ils pourraient prendre connaissance dans un même lieu de toutes les offres disponibles et postuler ou signer immédiatement un contrat, sans avoir besoin d’effectuer d’autres déplacements. »

« Je veux que l’État lance un label garantissant aux consommateurs que les aliments distribués et mis en vente ne contiennent pas d’OGM. Pour s’assurer que les industriels et les producteurs ne trichent pas, il faudrait créer une instance totalement indépendante, dénuée de lien avec les lobbys de la génétique, qui serait chargée de procéder aux vérifications. Cela apparaît d’autant plus urgent que désormais certaines espèces animales, comme le saumon, peuvent être génétiquement modifiées. »

« Mieux reconnaître « Des places dans les animateurs » les établissements pour personnes handicapées » Hélène, 27 ans, animatrice, Klang (57)

« Nous, animateurs d’activités périscolaires, passons autant de temps que les profs auprès des enfants. Il faut nous reconnaître comme de véritables professionnels, chargés d’un service public d’éducation populaire, avec un salaire à la hauteur de nos responsabilités et de nos diplômes. Il nous faut de vrais CDI, de plus de 20 heures, à hauteur de 1 600 € par mois pour un temps complet. Le système de contrats aidés génère du turn-over. En sortir permettrait de gagner en compétences, au service d’une pédagogie commune. »

« L’école devrait renforcer l’éducation aux images, pour que les élèves acquièrent un sens critique vis-à-vis de ce qu’ils regardent à la télévision Agnès, et sur Internet. »

24 ans, intermittente du spectacle, St-Étienne

Emmanuel, 30 ans, titulaire de l’allocation adulte handicapé, Vandœuvre-lès-Nancy (54) « Je demande la création massive de places dans les établissements pour personnes handicapées, en tenant compte de la variété des besoins. Après deux ans de recherche et 50 dossiers envoyés, je viens de trouver une place dans une autre région. Même si j’ai vraiment besoin d’aide, notamment pour la toilette, je n’étais jamais prioritaire car les établissements sont conçus pour des personnes plus lourdement handicapées. »

étudiant en management international, Biarritz (64)

« Je voudrais que des engagements soient enfin pris en faveur de l’égalité hommes-femmes, avec une loi qui réduise les écarts de rémunération : à travail égal, et Nora, à compétences équi20 ans, valentes, salaire en BTS communication, égal ! » Orléans (45)

« Une justice « Un système de retraite vraiment plus rapide » consolidé » Robin, 28 ans,

Alison, 26 ans, sans emploi, Metz (57)

« J’ai été cadre et reçois mes relevés de caisse de retraite complémentaire chaque année. Je sais ce que je cotise mais ne je sais pas si je toucherai quoi que ce soit. C’est en tout cas ce que disent les analystes de mon réseau bancaire. En théorie, je devrais travailler jusqu’à 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Mais ça pourrait changer. À chaque quinquennat, une loi tente de consolider le système. J’aimerais cette fois qu’on ne soit pas dans le rafistolage. »

« Je demande un recrutement massif de magistrats, afin que la justice aille beaucoup plus vite. Il est anormal que les affaires ne présentant pas de difficulté particulière mettent tant de temps à être jugées. Cette mesure concernerait aussi les prud’hommes, où il faudrait des magistrats professionnels. Quand j’étais fleuriste, je tenais seule la boutique. Mon employeur ne m’a pas payée pendant quatre mois. Je suis allée aux prud’hommes. Quatre ans plus tard, j’attends toujours. »

conseiller bancaire, Lyon (69)

ouvrier paysagiste, Ayguemorte-les-Graves (33)

« Plus de mixité pour briser le cercle vicieux » Kevin, 19 ans, étudiant en prépa arts appliqués, Lyon « J’ai d’abord été dans le public, avant de rejoindre un lycée privé. Et dans cet établissement, aucune personne d’origine maghrébine ou africaine. J’ai pu observer la peur que ressentent beaucoup d’élèves quand ils croisent quelqu’un qui ne leur ressemble pas. Or, lorsque l’on sent sur soi des regards malveillants, on finit par jouer soimême sur la peur que l’on provoque. Il faut plus de mixité pour briser ce cercle vicieux. »


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement Clara, 19 ans, en double licence à Sciences Po Paris et en histoire de l’art. Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

« Accélérer la procédure du droit d’asile » Marie, 30 ans,

psychologue, engagée à la Cimade, Montpellier

« Il faudrait que la procédure d’asile soit plus rapide, car l’attente rend la situation des exilés intenable. Ils n’ont pas le droit de travailler, se trouvent dans des conditions très précaires, isolés. Le traumatisme de l’exil est déjà suffisamment lourd. En théorie, des mesures existent déjà pour cela mais il faudrait qu’elles soient vraiment appliquées. »

9

Simon, 19 ans, étudiant en sciences politiques à l’université de Saint-Denis. Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

« Si j’étais président, je proposerais pour tous les Français la gratuité des musées et des lieux de patrimoine. Cela contribuerait à nous faire aimer davantage Arthur, 30 ans, notre pays. »

infographiste, Marseille

« La préférence nationale »

« La proportionnelle aux législatives »

Audrey, 24 ans,

Marc, 30 ans,

« J’attends que soit mise en œuvre la préférence nationale. Que les logements sociaux soient accordés aux Français, et aux étrangers seulement s’il reste de la place. Que l’aide médicale d’État soit supprimée. Que les entreprises soient obligées d’embaucher prioritairement des Français, et qu’elles payent une taxe si elles prennent des étrangers à des postes où elles pourraient recruter des Français. »

« Si la colère monte en France, c’est aussi parce qu’une partie de la population ne se sent pas représentée. L’Assemblée nationale devrait mieux refléter le paysage politique français. À mon sens, le vote protestataire baisserait si l’on permettait au Front national et à de nombreux petits partis d’accéder au Parlement. À l’inverse, le mode de scrutin actuel donne le sentiment à une partie des Français que le pouvoir est injustement accaparé. »

mère de deux enfants, au foyer, Metz (57)

chercheur, Lyon

« Revaloriser les bourses pour les lycéens »

« Il faut engager des mesures protectionnistes »

« Accompagner « Interdire mieux les chômeurs l’euthanasie dans de moyenne durée » la Constitution »

« Un service civique obligatoire de six mois »

Myriam, 20 ans,

lycéenne, Échirolles (Isère)

Gauthier, 26 ans, ingénieur, La Défense (92)

Philippine, 28 ans, assistante de recherche, Lyon

Théo, 18 ans,

« Je repasse mon bac ES cette année. J’ai échoué l’an passé. Sans doute parce que je travaillais trop pour gagner ma vie, quinze heures par semaine au drive d’un supermarché. Je demande déjà beaucoup à mes parents, chez qui je vis encore avec mes deux frères. J’ai décidé de me concentrer sur mes cours, pour ensuite faire un BTS. La bourse accordée aux lycéens mérite d’être revalorisée. Dans mon cas, elle atteint à peine 300 € par trimestre… »

« Il n’y a pas de mondialisation heureuse. Sans nous replier sur nous-mêmes, et tout en restant accueillant envers les réfugiés, il faut engager des mesures protectionnistes : refuser les traités de libreéchange et ne pas subventionner des entreprises américaines comme Amazon, qui créent des emplois précaires sur notre sol. Je ne veux pas non plus d’une Europe de travailleurs détachés ni d’une Europe où l’on délocalise pour payer moins de salaires et d’impôts. »

« Mon compagnon cherche un emploi depuis près d’un an. Il a été accompagné par Pôle emploi et par l’Apec. Au départ, un suivi a été mis en place, des rendez-vous régulièrement organisés avec ses conseillers. Mais plus le temps a passé, moins le suivi a été intense. On délaisse les gens en recherche d’emploi depuis un moment au bénéfice de ceux de moins longue durée. La situation est déjà suffisamment difficile à vivre pour ne pas subir en plus un sentiment d’abandon. »

Marie, 28 ans, responsable d’Alliance Vita, Orléans (45) « Construire une société française solide, c’est protéger les plus faibles. J’aimerais que notre Constitution interdise l’euthanasie. Étant infirmière, j’ai travaillé aux soins palliatifs et je sais que la fin de vie peut réserver de bons moments. J’ai vu des gens se marier, renouer avec un ami, se réconcilier avec un enfant. Près de la mort, on retrouve la valeur des relations humaines. »

« Je suis opposé à un retour du service militaire. En revanche, je plaide pour un service citoyen de six mois, obligatoire pour les 18-25 ans. Ce serait l’occasion de s’occuper de personnes âgées ou handicapées dans des établissements spécialisés ou d’apprendre le français à des migrants. Tout en faisant du bien aux autres, ce dispositif permettrait aux jeunes de mieux comprendre le monde. Il renforcerait la cohésion sociale. »

étudiant à l’Institut catholique de Paris, membre du PS, Paris


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement

10

Qu’attendez-vous du futur président ?

« La politique étant très directement liée à nos vies, elle ne peut faire l’impasse sur le sort des personnes étrangères résidant en France depuis des années. Il faut leur Théophile, 25 ans, accorder le droit comédien, de vote. » Tours (37)

« Sensibiliser la jeunesse à l’écologie » Sacha, 21 ans,

étudiant en physique, membre de la JOC, Clermont-Ferrand (63)

« Pour moi, la priorité de ce quinquennat doit être l’environnement. Il faut éveiller à “l’ écosensibilité” dès le plus jeune âge et préparer la jeunesse à devenir écocitoyenne en l’éduquant au tri, au recyclage… L’écologie, tout le monde en parle, mais il y a encore peu de mesures concrètes. Prendre soin de la nature, cela revient pour moi à prendre soin des autres. »

« Favoriser la mise en réseau des paysans » Anne, 28 ans,

éleveuse, Allevard (38)

« Avec mon associé, je reprends une ferme pour faire de la viande bovine. Nous allons également créer un atelier cochon. Tout un écosystème d’associations nous accompagne dans nos démarches, jusqu’à l’aide à la comptabilité. Il s’agit de petites structures, pour l’essentiel, qui offrent pour moi une qualité de service supérieure aux Chambres d’agriculture mais qui sont fragiles financièrement. Pourquoi ne pas autoriser les agriculteurs qui le souhaitent à leur verser la taxe sur le foncier non-bâti ? »

« Passer au contrat de travail unique » Mohamed, 26 ans,

« Des états généraux de la famille »

« Renforcer la sécurité par l’éducation »

« Mieux aider les parents de jumeaux »

Antoine, 25 ans,

Marine, 19 ans,

Orphélie, 25 ans,

« Je serai très attentif aux politiques de la famille. Si je ne pense pas que revenir sur le mariage pour tous soit souhaitable, il faut s’interroger sur ses conséquences : PMA, GPA (qu’il faut interdire parce qu’elle consacre la commercialisation du corps humain), adoption par les couples de même sexe, etc. Ces sujets ne manqueront pas de diviser : plutôt que de provoquer à nouveau l’affrontement, pourquoi ne pas organiser des états généraux ? Ce serait l’occasion d’une vraie réflexion. »

« Je veux qu’on renforce la sécurité grâce à une meilleure éducation, pour éviter la radicalisation. Il faut renforcer l’égalité des chances avec des aides aux devoirs, plus de logements pour les étudiants boursiers… Il faut plus d’attention aux comportements civiques. Cela passe par un meilleur recrutement des surveillants en collèges et lycées, qui doivent montrer l’exemple. »

« J’ai donné naissance à deux garçons en octobre. Je ne pourrai pas reprendre le travail avant février prochain. En attendant, je ne gagne que 900 € par mois, aides comprises. Cela fait peu ! L’indemnisation du congé parental est identique que l’on ait un ou deux enfants. Même si je dois payer deux fois plus de biberons, deux fois plus de couches, etc. Sans compter qu’il est difficile de trouver une nounou pour les deux, et plus encore deux places en crèche au même endroit ! »

étudiant ingénieur, Besançon (25)

« Promouvoir la négociation d’entreprise »

étudiante, membre de la paroisse Sainte-Roselyne à Toulon (83)

« Il faut prendre des mesures courageuses et responsables en matière d’austérité : on ne peut pas continuer à faire peser sur les générations futures le poids de la dette, Véronique, 27 ans, ce serait les professeur condamner. » de français,

restaurateur, Lyon

Baptiste, 28 ans,

« Avec un contrat unique pour tout le monde, fini les CDD et les CDI. Les salariés gagneraient des droits au fur et à mesure qu’ils sont dans l’entreprise. Cela permettrait aux employeurs de prendre moins de risques – on ne sait jamais sur qui on tombe… Et cela serait plus respectueux pour les salariés. Beaucoup de patrons ne proposent aujourd’hui que des contrats d’intérim ou des CDD, alors qu’ils ont besoin de quelqu’un à plein-temps. »

« La France doit garder son rang mondial et redevenir attractive. Cela impose de trouver un meilleur équilibre entre la protection des salariés et le soutien aux entreprises. Il faudrait par exemple alléger la tutelle de l’État et promouvoir la négociation en entreprise, qui reste le meilleur échelon. Il s’agit aussi de protéger les entreprises françaises contre les fonds de pension étrangers. »

« Amener la culture partout »

« Plus on est puissant, mieux on nous parle »

« Reprendre l’idée de revenu universel »

Issam, 20 ans, soldat dans la Marine nationale, Hyères (83)

Kévin, 24 ans, demandeur d’emploi, Blois (41)

Célia, 23 ans,

volontaire du service civique, Tours (37)

« J’aimerais des mesures fortes pour amener la culture partout. L’accès à l’art est trop souvent réservé aux plus privilégiés. Pour réduire ce fossé, il faut bien sûr davantage de moyens financiers mais aussi étoffer l’offre culturelle, multiplier les festivals gratuits dans des lieux insolites, renforcer les efforts de médiation. Je regrette que la culture et le social aient été les grands oubliés du premier tour. »

juriste, Beaune (21)

aide médico-psychologique, Dardilly (69)

Auxerre

« Je souhaite une augmentation du budget de l’armée, davantage d’effectifs et d’armement, pour mieux pouvoir répondre à la menace, notamment terroriste. Il faut toujours avoir une longueur d’avance sur l’ennemi. Il s’agit aussi d’asseoir l’autorité de la France sur la scène internationale. Plus on est puissant, mieux on nous parle dans les négociations diplomatiques. »

« Le revenu universel proposé par Benoît Hamon était une bonne idée. Le futur exécutif pourrait la reprendre à son compte, en l’appliquant d’abord aux jeunes. Pour amortir le coût du dispositif, on pourrait imaginer des contreparties comme des formations obligatoires, ciblées sur des métiers utiles socialement. Elles seraient destinées en priorité à ceux qui ont quitté l’école sans diplôme. J’en fais partie. »

« 30 % d’ouvriers, paysans et petits patrons sur les listes des partis » Cyril, 25 ans,

expert technique, Coutras (33)

« De la même manière que la parité hommes-femmes a été établie pour les élections, il faut mettre en place des quotas par profession. Il faut contraindre par la loi les partis politiques à présenter 30 % d’ouvriers, de paysans et de petits patrons aux élections législatives et sénatoriales. Il est nécessaire que le monde du travail soit davantage représenté si l’on veut que les besoins des gens soient pris en compte. »


La Croix -mardi 2 mai 2017

ÉvÉnement Tom, 18 ans, vidéaste.

Victor, 20 ans, étudiant en 2e année de BTS MUC

Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

Adrien Lévy-Cariès/Hans Lucas

« Une sensibilisation à l’humanitaire dès le plus jeune âge » Véronique, 30 ans,

juriste, bénévole à l’association Fraternité en Irak, Paris

« De la maternelle à l’université, on pourrait donner aux élèves le goût de l’engagement humanitaire à travers des actions adaptées à leur âge et à leur niveau d’étude. Comment ? Par des rencontres et des actions simples pour les plus petits. Et jusqu’à la valorisation de cet engagement dans la formation et l’obtention du diplôme. »

« La France possède de grandes façades maritimes. Nous devrions les exploiter bien davantage pour produire de l’énergie, éolienne comme Clémence, marémotrice. »

21 ans, étudiante en microbiologie, Paris

« Former des citoyens éclairés » Paul-Emmanuel, 30 ans,

séminariste, Venasque (84)

« Nous traversons une grave crise politique. Dès lors, il faut donner aux jeunes les moyens de mieux s’investir dans la vie citoyenne. Il faut former des citoyens éclairés, en renforçant l’enseignement de l’histoire-géographie ou de la philosophie. Car on oublie trop souvent les fondamentaux de notre civilisation. Cela pourrait aussi contribuer à réduire la profonde fracture entre la France du centre et celle des périphéries. »

« Un chef d’État qui tienne tête aux puissants »

« Pas d’impôts pour les PME qui se lancent »

« Une prise en charge globale des patients »

« Assouplir les normes et réglementations »

Pierre, 22 ans,

Thomas, 28 ans, chargé

Florence, 27 ans,

Clémence, 30 ans,

« J’attache beaucoup d’importance à la stature du président : il doit être charismatique, avoir assez d’expérience pour résister aux pressions et tenir tête à des personnalités aussi fortes que Donald Trump ou Vladimir Poutine. Sur le fond, je souhaite que la France participe à la stabilisation du Moyen-Orient en luttant contre l’islamisme. Cela implique de faire de la Russie un partenaire et de négocier – même si c’est par défaut – avec Bachar Al Assad. »

« Dans mon métier de banquier, je suis en contact avec de nombreuses entreprises qui souffrent sous le poids des charges, de la fiscalité et du droit du travail. Il faut aider les PME à se lancer. Des mesures comme le crédit d’impôt ne sont pas suffisantes. Pourquoi ne pas dire à des entreprises qui se lancent et vont créer de la valeur : “Si vous créez dix postes, vous ne payez pas d’impôts pendant trois ans” ? »

« Il est urgent d’augmenter les budgets de la santé et d’embaucher plus de fonctionnaires. L’hôpital public est en péril : de nombreuses infirmières souffrent de surmenage, enchaînent les CDD mal payés, ne peuvent s’accorder de week-end. En augmentant les moyens, on pourra favoriser une prise en charge globale des patients, qui aujourd’hui reçoivent malheureusement des réponses strictement techniques, médicales : on ne prend pas suffisamment en compte tous leurs besoins. »

« À la tête de mon entreprise depuis décembre, je mesure à quel point les PME manquent d’aides. Il faudrait simplifier le Régime social des indépendants, assouplir les normes et les réglementations inutilement contraignantes, comme le document unique d’évaluation des risques dans l’entreprise ou l’obligation d’avoir des toilettes séparées pour les hommes et pour les femmes. Je rêve de créer de l’emploi mais j’appréhende les complications. À la moindre erreur, le salarié peut se retourner contre nous. »

étudiant en histoire, Paris

d’affaires, Troyes (10)

infirmière à Dijon (Côte-d’Or)

11

La démarche du photographe Le 23 avril, Adrien Lévy-Cariès a choisi de photographier huit de ses amis au sortir des bureaux de vote. Tous votaient à une élection présidentielle pour la première fois. Un projet qu’il a lancé en 2015 à l’occasion des élections régionales, à la suite des attentats terroristes. L’objectif d’alors : montrer, par le fait de voter, qu’il est « important de rester ensemble, unis, et qu’on n’a pas peur » du terrorisme. La tournure « assez démente » de la campagne électorale de cette année lui a donné l’envie de renouveler l’expérience pour « montrer que les jeunes, aussi, votent ».

brasseur, Pâlis (10)

Dossier réalisé par Jean-Jacques Allevi (à Bordeaux), Adrien Bail (à Auxerre), Raphaël Baldos (à Lorient), Elise Descamps (à Metz), Guilhem Dubernet, Laurent Larcher, Mélinée Le Priol, Marie Malzac, Agnès Marroncle (à La Rochelle), Denis Peiron, Ysis Percq (à Montpellier), Florence Quille (à Lille), Bénévent Tosseri (à Lyon) Lire aussi page 13 à 16 et 34-35


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.