Toulon, grande rade

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S I X M I L L E S E N M E R , Q UAT R E PA S À T E R R E

e d a r e d n a r g Toulon, LE CAP SICIÉ • SAINT-MANDRIER • LA-SEYNE-SUR-MER TOULON • LE MOURILLON • CARQUEIRANNE

gratuit



Quatre ans c’est court ! Seulement trois numéros avant que ce petit dernier soit déposé dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires. Quel média peut se vanter de s’être installé dans le paysage en trois parutions ? Et pourtant, cette quatrième “saison” était attendue de pied ferme par ceux qui nous diffusent et ceux qui nous lisent. Quel plus beau compliment que d’entendre « alors, il sort quand, Cabotages ? » Cet objet bizarre, mi-guide-mi-mag’, entre le Bloc Marine, le Michelin et la presse nautique a simplement comblé la brèche qui existait entre ceux qui ne voyaient dans les plaisanciers que des fanatiques du saute-vagues à voile ou à moteur et les autres qui les prenaient pour des touristes ordinaires. Le “nautourisme” est une réalité depuis que l’on navigue pour son plaisir, c’est maintenant un concept éditorial.

Quatre ans, c’est long ! Déjà quatre numéros. Quelle évolution d’une saison à l’autre ! Plus de ports, plus de pages, plus de contenus. Ceux qui nous suivent depuis nos débuts le savent, ceux qui nous prennent en route le voient : « pour un gratuit, ils se fichent pas de nous ! », second compliment qui nous va droit au cœur. Gratuit ? Financé par la publicité n’est pas tout à fait le mot exact. Il y a, certes, des entreprises du nautisme de plus en plus nombreuses qui comprennent que nous touchons le cœur de cible de ceux qui naviguent mais il y a aussi nos sponsors que sont les collectivités locales partenaires, les villes portuaires qui partagent avec nous le souci de faire sortir plus souvent les bateaux, d’aller voir dans le port d’à côté, de venir chez elles. Et nos lecteurs qui ne nous achètent pas mais nous cherchent et nous lisent d’escale en escale. Bientôt sur web-mobile ! L’été en bateau est un moment privilégié pour la lecture. Nous resterons toujours un média “papier” qu’on emporte dans son

Baie d’Aigues-Mortes

De Saint-Loup à Saint-Clair

Adminsitration, service commercial : direction@cabotages.fr Alain Pasquet, directeur de publication, directeur commercial Julia Chaine, secrétariat commercial et web : contact@cabotages.fr Thierry Dutto, partenariat publicité Méditerranée : thierrydutto@cabotages.fr Patrick Faure, partenariat publicité Provence Côte d’Azur : contact@cabotages.fr

Alain Pasquet

Julia Chaine

Thierry Dutto

Patrick Faure

www.cabotages.fr - Cabotages Méditerranée - 3

Alain Pasquet, Christophe Naigeon

80 PORTS, 10 BASSINS DE NAVIGATION

Delta du Rhône De Couronne à Croisette De Croisette à Sicié

Entre mer et étangs

Pyrénées-sur-Mer

sac marin, qu’on lit dans le soleil du cockpit. Depuis un an, nos articles pouvaient se retrouver sur www.cabotages.fr. Mais désormais l’Internet “classique” est un outil spécifique de préparation des croisières côtières : on y trouve non seulement un accès facile à toutes les escales mais, grâce à une application cartographique et météorologique, chacun pourra trouver les moments les plus opportuns et les escales les plus faciles en fonction de la force du vent, de l’état de la mer et du bateau qu’on a. Et, dernière nouveauté pour votre mobilité en avant-première mondiale, une application pour LES TÉLÉPHONES PORTABLES avec accès au web. Partout où votre téléphone “passe”, vous pourrez bientôt faire votre programme de navigation en temps réel et avoir un point de vue unique sur la Méditerranée. Bonne saison de navigation et rendez-vous en décembre au salon Nautic de Paris pour un grand événement signé Cabotages.

Toulon grande rade

La côte des Maures De Giens au Cap Nègre

Tout au long de votre navigation estivale, demandez nos 10 éditions gratuites dans les capitaineries, les offices de tourisme et chez les shipchandlers partenaires, à chacune de vos escales. Préparez aussi des croisières plus lointaines dans nos rubriques “destinations”, en Corse, aux Baléares, à Malte ou, plus simplement sur les canaux du Sud de la France. Si votre route ne vous mène pas des Pyrénées à l’Estérel, commandez l’intégrale des éditions de 2010 sur www.laboutiquedecabotages.fr (conditionnement et transport : 19, 35 €). Cabotages est édité par Bastaque Éditions 16 rue Garenne, 34200 Sète Tél : 04 67 17 14 30 Fax : 04 67 17 14 32

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Rédaction : redaction@cabotages.fr Christophe Naigeon, directeur de la rédaction, rédacteur en chef Emma Chazelles, rédactrice navigatrice Guy Brevet, rédacteur navigateur Claude Roger, rédacteur navigateur Ont collaboré à ce numéro : Sandrine Mazziotta, Marilyn Beaufour, Hélène Petit, Jeanne Chemin

bastaque editions

Christophe Naigeon

Emma Chazelles

Claude Roger

Guy Brevet

Fabrication, iconographie Emmanuelle Grimaud, maquette, infographie : studio@cabotages.fr Michel Léo Ménella, illustrateur Site web www.cabotages.fr Claude Depretz, webmaster www.cabotages.fr : claude@cabotages.fr Imprimerie : Tugrupografico - Espagne Encre : SunChemical Certified ISSN : en cours - Dépôt légal Juin 2010

Emmanuelle Grimaud

Michel Léo Ménella

Claude Despretz


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e d a r e d n a r g , Toulon

Cap Sicié

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MONTS FARON ET COUDON

La Seyne-sur-Mer La rade de Toulon Toulon

Toulon Le Mourillon

10 RADE DE TOULON

Saint-Mandrier 16

CAP CÉPET

La Seyne Saint-Mandrier

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CAP SICIÉ

Le Mourillon

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Carqueiranne

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Sommaire

Naviguer en Méditerranée Les ports : nouveaux rôles ? La sécurité selon d’Aboville Météo : qu’est-ce qui est utile ? Transportables, la solution ? Les sémaphores veillent Tortues de Méditerranée Rando palmée : conseils d’un pro Redoutables oiseaux pêcheurs Peintres officiels de la marine Bateaux et navigation des Romains Bibliothèque de bord

4 - Cabotages Méditerranée - www.cabotages.fr

p.28 p.30 p.32 p.34 p.36 p.38 p.40 p.42 p.44 p.46 p.48 p.50


Destination Malte

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Destination Corse

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Le Pradet

Carqueiranne POINTE DE CARQUEIRANNE

C

e qu’on appelle la grande rade de Toulon est compris entre la presqu’île de Giens – plus exactement de la pointe Escampobarriou – au Cap Sicié. Entre ces deux caps se développe l’une des plus belles rades de la Méditerranée. Beaucoup de navigateurs passent de Giens à Sicié sans s’arrêter, comme pressés de passer de la Côte d’Azur Hyéroise à la Provence Marseillaise. Sans doute entrer dans la rade de Toulon est-il un détour, une distraction sur une route côtière rectiligne. Mais ce détour en vaut largement la peine. La boucle vers le mont Faron peut avoir une cause météorologique : il y a entre Saint Mandrier, La Seyne-sur-Mer et la Vieille Darse de Toulon un plan d’eau abrité de la houle à défaut de l’être du vent qui prend un malin plaisir à tournoyer autour du cap Sicié et à l’engouffrer entre les montagnes de l’arrièrepays. Si Marseille, Sète, Port-la-Nouvelle et Port Vendres associent pêche, com-

merce et plaisance dans des proportions variables, Toulon est le seul a être le plus grand port militaire de la Méditerranée. La présence de tous ces bateaux d’acier gris peut impressionner les plaisanciers aux coques de polyester blanc mais les Toulonnais ont appris depuis longtemps à naviguer sur cette petite mer intérieure occupée par ces géants. Sans compter les Ferries jaunes de la Corsica qui ont fait de l’endroit le premier port français pour la Corse. Saint Mandrier est une escale très sympathique, calme et accueillante. La Seyne est plus urbaine mais d’importants travaux d’amélioration ont été entrepris. C’est de là qu’il y a la plus belle vue sur la rade. Quant à la Vieille Darse, elle n’a rien de très avant-gardiste comme équipements et services, mais on lui pardonne : elle est en pleine ville, calme le soir. Tout est sous la main, notamment le Musée de la Marine qui mérite le détour lui aussi.

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TOMBOLO DE GIENS

POINTE ESCAMPOBARIOU


Cap Sicié

Sicié, un “Cap Horn” de provence

Sicié ! Avant de s’y risquer, on regarde à deux fois la météo. Si elle annonce force 5 à Porquerolles, ce sera force 6 ou 7 au cap. Et la mer, bien formée ailleurs, y sera impraticable à moins de deux ou trois milles des roches. Avec le Mistral ou le Marin, c’est – toutes proportions gardées – l’un des “Cap Horn” de la côte française de Méditerranée. Pourquoi ?

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Cap Sicié

’était un joyeux mouillage dans les criques. Mais il faut faire route, vers l’ouest ou vers l’est, passer Sicié. Quelques cirrus ça et là et reviennent en mémoire des dictions marins : « Nues étendues et fouettées, pour bientôt un frais entêté » ou bien « Barbes de chat aux nuages annoncent vents de grand tapage », ou encore « Ciel maquerellé et queues de juments font serrer de la toile aux vaisseaux les plus grands ». Du vent s’annonce. Quand on doit doubler un cap, on ne rit pas avec ça. Qu’est-ce qu’il y a de particulier avec un cap ? Rien, sinon sa taille et sa position : le massif du cap Sicié, orienté nord-sud, est un àpic de 365 m.

évidence en 1796 par Giovanni Battista Venturi. Cette loi de la dynamique des fluides s’applique aussi aux courants et à la houle. Les avancées des caps provoquent une rupture, et les courants se mettent à tournoyer autour du cap en s’accélérant. Deux courants distincts de part et d’autre du cap vont converger vers lui. Pareil pour la houle. Le cap la brise et elle se sépare en deux. Si on ajoute à cela l’effet boomerang du ressac, on

comprend pourquoi il vaut mieux s’abstenir ou passer loin des perturbateurs. À Sicié, hauts fonds et rochers émergeants rendent l’approche dangereuse pour les plongeurs dès que le moindre vent se lève. À son aplomb, les fonds sont à l’image de la côte : jusqu’à 60 m de distance et à 10 m de profondeur, c’est un bloc rocheux très pentu, parsemé de blocs de toute taille et de zones d’éboulis avec ses failles et ses surplombs.

Entre le cap et les îlots des Deux Frères, les zones de coralligènes sont exceptionnelles. Mais attention, un plongeur est aussi un marin qui doit rentrer se mettre à l’abri. Les trésors des fonds ne doivent pas faire oublier les dangers de la surface. Ceux qui restent en surface doivent assurer leur sécurité sous-marine mais aussi faire grand cas de la météo marine. Hélène Petit

CAUCHEMAR POUR MARINS En s’avançant sur la mer, un cap comme Sicié est un barrage perpendiculaire à la plupart des vents redoutés dans le coin. Et, comme une voile crée une surpression et un ralentissement du flux d’un côté et, de l’autre une dépression et une accélération, au bout des caps, tout va plus vite. Par leur hauteur, ils provoquent un “effet de cap”, aussi connu sous le nom d’effet Venturi mis en

Les Deux Frères, veilleurs à l’entrée de la rade de Toulon

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TROIS RADES DIX-HUIT PORTS

CENT COULEURS DE PLAISANCE P DIX-HUIT PORTS, TROIS BAIES, our qui pense aux ports de Provence, l’image qui s’impose est colorée et sympathique : le bateau à deux pointes. Les Bouches-du-Rhône l’appellent Barquette, le Var Pointu, Toulon Raffiau. Inventé par les marins bretons s’étonnant de découvrir à Toulon ce bateau à deux étraves, le nom est devenu le terme commun – au grand dam des Marseillais ! – pour désigner ce bateau mythique qui fait l’âme de la Provence, l’identité du littoral varois, le charme de chacun de ses multiples ports. Et vous grimpez au Cap Sicié, au Mai, au Faron, vous verrez, du Bec de l’Aigle à Porquerolles, tous les autres bateaux qui font la vie maritime de cette côte riche de toutes les navigations.

D’abord les gris. Symboles de l’une des rades les plus sûres de la Méditerranée, les navires militaires de Toulon, s’ils sont loin de la plaisance, n’en sont pas moins porteurs de ‘‘l’esprit d’équipage’’ qui unit tous ceux qui ont la mer en partage. Sachez qu’ils sont ultra-prioritaires et qu’il vaut mieux ne pas s’aventurer dans certaines zones ultrasensibles… Ensuite les jaunes. Les bacs bouton d’or de Corsica Ferries qui ont fait de Toulon le premier port de départ vers l’île de beauté, rejoints depuis peu par les coques “Tex Avery“ de Moby Lines, que vous croiserez certainement sur votre route (ayez à bord les horaires de ces compagnies pour éviter les surprises !).

TROIS SAVEURS DE PLAISANCE

Et aussi les multicolores. Les coques noires, rouges, blanches, immatriculées à Nassau, Monrovia, Valletta, arborant des pavillons sans complaisance. Les derniers-nés : des rouliers anglais, flambant neufs, qui servent “l’autoroute de la mer“ entre la France et la Turquie. Eux aussi vous rappelleront de leur barrissement qu’il faut laisser la route libre à ces éléphants de mer. Et les blancs ! Ce sont les 6.000 bateaux de plaisance qui ont pu trouver un anneau à l’année dans les Ports de Toulon Provence. Les plus visibles sont les yachts de grande plaisance qui hivernent depuis peu en nombre dans l’abri en eau profonde de la Seyne-sur-Mer et au cœur de Toulon

avant d’aller creuser leurs sillages vers Saint-Tropez, Cannes ou Monaco. Et les plus récents, les paquebots géants américains de 330m de long pour 60m de haut signés Royal Carribbean, qui ont récemment opté pour la rade de Toulon. Ce sont aussi les milliers d’autres qui, le temps d’un beau week-end, sont débarqués des cales de mise à l’eau et vont explorer les recoins secrets de cette côte. C’est enfin la grande flotte les bateaux habitables qui trouvent à l’Est et à l’Ouest du cap Sicié comme de la presqu’île de Giens un terrain de jeu unique à la découverte duquel nous vous invitons à travers trois bassins : le Brusc, Toulon et Hyères.

TOULON HYÈRES LE BRUSC LA RADE DU BRUSC

Vous avez doublé le Bec de l’Aigle et faites route vers Sicié. Si le temps est trop mauvais, évitez cet accélérateur de vent et amplificateur de vagues qu’est le «cap Horn» de Provence. Abritez-vous avant. Si vous n’aimez pas les grandes villes touristiques, le meilleur conseil est le port du Brusc. Caché derrière l’île des Embiez au port souvent complet, le Brusc est une escale tout aussi bucolique et tout à fait tranquille, accessible aux bateaux de moins de 45 pieds et 2,5 m de TE. Vétuste, dîtes-vous ? Faites-y un tour cet été. Les travaux de réhabilitation ont commencé avec la jetée des pêcheurs et la station d’avitaillement. Bientôt 130 places nouvelles en plus des 680 existantes et le port sera doté d’une capitainerie modernisée. Avec un site Natura 2000, des spots de plongée, de surf et de kite (Brutal Beach) à proximité, point n’est besoin de mauvais temps pour faire escale dans cet endroit intime.

LA RADE DE TOULON

Cap Sicié passé, si le temps est beau, que le vent ne souffle que d’Ouest, goûtez un mouillage entre les Deux Frères et les Sablettes où il fait bon plonger à la recherche pacifique des mérous, aujourd’hui revenus. Puis contournez le cap Cépet vers la rade. Première surprise : le port de Saint-Mandrier a été totalement rénové. Déjà belle, l’escale maintenant très confortable offre toujours sa vue magnifique, le soir, sur Toulon et sa ceinture de montagnes. Mais la plus grande surprise est dans la baie du Lazaret. On y prévoit un vrai port aux normes, une grande cale de mise à l’eau, un parking à remorques, des restaurants de fruits de mer dans la cité lacustre : un projet patrimonial, gastronomique et touristique autour de la conchyliculture. Au fond, la Seyne-sur-Mer s’est refait une beauté – quai, pannes, bornes – et l’ancien pont-levant “Eiffel“ joue à la tour d’observation sur la rade.

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Le plus grand projet est celui, double, de la Darse-Vieille et de la Darse-Nord du Mourillon à Toulon, entre lesquelles le port des ferries pourrait devenir port de croisière avec un quai de 400 m protégeant les bateaux de plaisance de ces mastodontes. La darse Henri IV serait reconstruite à l’identique dans le cadre d’un aménagement portuaire et urbain recréant les remparts d’origine. Ainsi, le port de Toulon-centre, un peu vieillot, serait dans quelques années en harmonie avec la ville historique en rénovation. Petite variante : en sortant de la petite rade, mouiller entre la grande digue et le Mourillon. Bien abrités du vent d’Ouest, il y à là un accès facile – en petit train – vers la ville et vous serez à deux pas des petits restaurants du Mourillon. A la mi-août, tête en l’air, vous y verrez la Patrouille de France . Encore vers l’Est, la Grande Rade, alias “rade des Vignettes“, fourmille de beaux mouillages pour des plongées superbes dans ces eaux claires.

LA RADE D’HYÈRES

Tout commence à la Madrague de Giens, côté Ouest du fameux tombolo. Un petit port de carte postale où trônent de superbes BIP (bateaux d’intérêt patrimonial) rénovés. Enchaînez sur la Tour Fondue, départ des navettes pour les îles, où un mouillage organisé (agité !) est en projet, utile pour prendre quelqu’un à conduire dans les Îles d’Or. À Porquerolles, vous aurez aussi la surprise de découvrir que tout est flambant neuf, capitainerie, pannes, bornes, quai des pêcheurs… Vous êtes en face d’Olbia, l’antique comptoir grec, devant l’Almanarre cher à l’élite mondiale des surfers et sur le plan d’eau choisi par l’Hydroptère pour franchir cet hiver la barre des 100km/h sur l’eau. Magique !


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SAINT-MANDRIER

LE MOURILLON

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PORT DES FERRIES

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PORT MILITAIRE DARSE-VIEILLE

Une journée de croisière dans

La Rade de Toulon

1 - BASE DE SAINT-MANDRIER Face à Toulon, vers 1670, fut construit par les bagnards l’hôpital Saint Louis, destiné à accueillir les équipages des navires mis en quarantaine. Le bâtiment est resté un hôpital jusqu’en 1936, date à laquelle il abrite l’Écoles des Mécaniciens, Chauffeurs et Scaphandriers de la Marine nationale. Aujourd’hui, la Base Aéronavale de Saint-Mandrier accueille ici sur plus de 80 ha le plus grand centre de formation de la marine. Le cimetière de bateaux de guerre à l’entrée du port est là pour l’entraînement des plongeurs de combat. 2 - GRANDE DIGUE La rade est barrée par une longue digue basse qui délimite ce qu’on appelle la Petite Rade. À la fin du XIXe siècle furent construites trois jetées dont la plus grande, longue d’un kilomètre et demi, se termine par le petit phare qui est le signe du “bonjour“ ou “au revoir“ Toulon pour tous les marins. Elle ralentit les bateaux et surtout brise la houle de sud-est. À sa base se

La rade de Toulon est un plan d’eau assez grand pour que des voiliers habitables puissent y faire une croisière d’un week-end

trouve le môle des Torpilles qui tient son nom de ce qu’après la guerre, on y essayait les torpilles. Depuis, il existe d’autres moyens de le faire et l’endroit à retrouvé sa sérénité. Un passage pour les bateaux de plaisance est possible à ce niveau dans la grande digue. 3 - BAIE DU LAZARET C’est une chose curieuse que de voir, au milieu de la baie, ces cabanes sur pilotis et ces parcs à moules qui semblent incongrus dans cette rade où croisent les bateaux de guerre. Les moules qui y sont produites depuis la fin du XIXe siècle sont un bon indicateur d’écotoxicité qui prouve que l’eau y est bonne. Il est dans les cartons des décideurs de faire de la baie du Lazaret un site touristique consacré à la conchyliculture. 4 - CORNICHE MICHEL PACHA La vue est superbe de ce bout de route en bordure de la Baie du Lazaret. On y voit ce qu’est, pour les croiseurs, la face cachée du cap Sicié mais aussi la rive boisée de Pin Rolland et les cabanes sur pilotis. Cette route

que l’on aperçoit très facilement d’un mouillage dans la baie est la partie avancée d’un projet que l’on doit à Michel Pacha, ancien maire de Sanary, qui consistait à imaginer un vrai projet urbain pour cette zone prévoyant notamment d’aménager l’isthme et le passage de la Seyne sur Mer vers les Sablettes. Le témoignage contemporain de ce projet est la persistance de belles villas. 5 - BALAGUIER Les pirates ! Terreur de tous les habitants des côtes de Méditerranée. Ces “fous sanguinaires“ qui hantaient l’imaginaire de la population étaient aussi un danger bien réel que les autorités n’eurent de cesse de combattre par des fortifications, des tours de guet, des forts armés pour se défendre au canon. Balaguier, à la pointe du même nom, fut édifié en 1636, sous Louis XIII, sur ordre de Richelieu. Elle fait face à la Grosse Tour, sur la pointe de Pipady, construite un siècle auparavant, et termine ainsi le dispositif de défense de l’entrée de la rade. Efficace à l’époque de sa construction contre les barbaresques, ce système se révélera insuffisant sous Louis XIV quand ces deux tours, qui n’auront pas été révisées par Vauban, seront de peu d’utilité dans les sièges que la ville connaîtra. 6 - VIEUX CHANTIERS DU MIDI Parmi les ancêtres des chantiers navals de la Seyne-sur-Mer, les vieux chantiers du Midi sont un témoignage de l’ancienne activité de construction navale, commencée vers 1711, après grand siège de Toulon de 1707, lorsqu’il

fallut reconstruire de nombreux navires et embarcations, grandes et petites, qui avaient été détruites, brûlées ou sabordées. Les chantiers du Midi, qui n’ont jamais construit de grandes unités mais plutôt des chalutiers et des grands yachts, laissent encore de beaux bâtiments, témoins d’une époque révolue. Les longs quais et les eaux profondes en font un magnifique parking pour les méga-yachts, incapables d’affronter l’Atlantique pour rentrer au bercail, peuvent hiverner ici. 7 - POINTE DE L’ÉGUILLETTE La pointe de l’Éguillette est le troisième point du dispositif de surveillance et de protection de la rade du temps des pirates. Sur ce petit cap fut construit un fort en 1680 qui, à distance d’environ 0,8 milles de la pointe de Pipady, permettait, sinon de croiser les tirs des canons, en tout cas de croiser les feux et de surveiller ainsi la passe la plus étroite de l’entrée de la rade. À défaut d’être capable de défendre Toulon contre une escadre puissamment armée, ce triangle de surveillance et de protection suffit à dissuader les forbans. 8 - BRÉGAILLON C’est la zone de l’industrie et du commerce : plus d’un million de tonnes de marchandises et autant de passagers débarqués/embarqués. Autrefois bassin d’eaux dormantes consacré à la conchyliculture, le terminal possède aujourd’hui un quai de 215m et d’un autre de 240m. C’est là que sera construit port des ferries, disposant ici d’un espace de parkings bien plus grand qu’en ville.

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Escales

La Rade de Toulon LA SEYNE-SUR-MER PORT DES MAXI-YACHTS

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la rade de Toulon 9 - PORT MILITAIRE Vous êtes dans une zone militaire. Pas moyen d’y enter, sauf se préparer à recevoir – au mieux – la visite immédiate et peu aimable de commandos de la police maritime et – au pire – quelques coups de semonce. Contentez-vous de longer cette partie de côte qu’on appelle joliment “la Pyrotechnie“ et qui est l’équivalent terrestre et moderne de la Sainte-Barbe dans un navire corsaire : les réserves de munitions, de torpilles, de bombes aéronavales… Sans oublier les bateaux gris de la force navale de Méditerranée dont le plus visible est le Charles De Gaulle et les plus discrets les sous-marins nucléaires d’attaque dont la nouvelle génération va bientôt arriver. 10 - TOUR ROYALE Sur la pointe de Pipady, la Grosse Tour fut le premier ouvrage de guet et de lutte contre les pirates. Construite sous Louis XII (1524) la Grosse Tour, ou Tour Royale, fut munie de 22 canons en même temps que furent édifiées, un siècle plus tard, les tours de Balaguier et de l’Éguillette. Vauban demanda que ces dispositifs soient modernisés, mais rien ne fut entrepris et ces trois ouvrages ont gardé leur allure de forts du XVIIe siècle.

11 - LES VIGNETTES Ce fort, qui s’appelle aujourd’hui SaintLouis, fut construit peu de temps après celui de l’Éguillette. Son but était de défendre l’anse des Vignettes qui aurait pu être un abri pour des navires ennemis. Au cours du siège de 1707 ce fort, grâce à son artillerie et au courage de ses défenseurs, joua un rôle clé dans l’échec de la tentative de prise de Toulon par les anglo-austro-savoyards. Très endommagé, il fut reconstruit presque à l’identique sous le nom de fort Saint-Louis. FARON ET COUDON Toulon a l’une des plus belles rades du monde. C’est en grande partie grâce à son plan d’eau exceptionnel. Mais c’est aussi grâce à l’écrin de pierre blanche qui ferme la scène comme un grand décor de carton-pâte. Pourtant, ces deux montagnes ont joué un rôle capital dans l’histoire de la ville. Des forts importants y sont installés, permettant de bombarder d’éventuels assaillants dans la rade. Le Coudon (702m) est actuellement en grande partie zone militaire, mais le Faron (584 m) est ouvert au public et le téléphérique qui y mène offre un superbe point d’observation d’où la photo ci-dessus est prise. Christophe Naigeon

Ce qui surprend vu du bassin, c’est cette barre d’immeubles qui fait muraille le long du quai. La Frontale du Port, extrêmement décriée pour l’écran qu’elle interpose entre la vieille ville et la mer. C’est oublier qu’avant sa destruction presque totale pendant les bombardements de la seconde Guerre mondiale, il existait ici une autre ligne d’immeubles qui ne présentait pas la même homogénéité architecturale. Derrière, se trouve le vieux quartier chaud autrefois appelé Chicago, aujourd’hui retapé et branché.

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Toulon port-arsenal

Escales

Un sanctuaire très convoité

Il y a une sorte de paradoxe entre s’ouvrir et se murer. Un port est un abri mais aussi un lieu d’échange, de mélange et de passage, ouvert sur le monde. Toulon est tout autre. C’est un arsenal, un port de guerre, une place forte. Ouverte au monde, la ville l’est d’une autre manière. Toute son histoire est liée à l’Histoire diplomatique internationale.

Q

Toulon port-arsenal

ue vous soyez arrivé par les Embiez ou les îles d’Or, vous avez observé sur les hauteurs, dans les anfractuosités des rochers, camouflés dans les à-pics, des fortins, des échauguettes, des affûts de canons. Vous avez aperçu des portes blindées et des escaliers taillés dans la roche, vous avez deviné des tunnels et des passages dérobés, vous avez même imaginé, tant le lieu porte à le croire, que la construction post-moderne au pied du cap Sicié était la base ultrasecrète du Dr No. La rade de Toulon, parce qu’elle va loin dans les terres, est un magnifique refuge. Contre les vents et les vagues, mais aussi contre l’ennemi. Dès le IIIe siècle, les Romains y stationnaient leur flotte de guerre. Mais, pour les mêmes raisons, il est possible d’en fermer la sortie et de l’attaquer par le haut. Les stratèges vous le diront, une cuvette se tient par ses bords.

C’est là toute l’histoire de Toulon. Sa force est sa fragilité. Vauban, qui visita la ville en 1678 le comprit et munit l’arsenal de fortifications. Très satisfait, il décrivit ce travail comme « le chef-d’œuvre des ouvrages du roi et la plus belle pièce de marine qui fut en Europe ». Il mourut en 1707, l’année du “siège de Toulon”. AUTRICHIENS, SAVOYARD, ANGLAIS… En été de cette année-là, les coalisés Autrichiens, Savoyards et Anglais mirent à mal son système de défense en organisant, depuis la mer, un blocus de l’entrée de la rade mais surtout en occupant des positions dominantes avec 40.000 hommes de troupes terrestres et une forte artillerie. La résistance héroïque des Toulonnais les sortit de ce mauvais pas, l’assaillant reflua mais les fortifications et une grande part de la ville étaient en ruines.

Toulon fut reconstruite et de nouvelles murailles édifiées. Éternel recommencement. Car Toulon n’a jamais cessé d’être convoitée, principalement par les Anglais qui ont toujours rêvé d’un second Gibraltar. On les comprend. Comme la forteresse de Carcassonne barrait l’accès de l’Aquitaine au Languedoc, Toulon tenait – et tient encore – la route de l’Espagne à l’Italie. Mais Toulon n’est pas une citadelle. C’est un arsenal et un chantier naval qui, depuis la fin du XVIe siècle, construit, abrite, entraîne et envoie combattre la flotte de guerre française sur tous les théâtres de conflits. Prendre Toulon c’est non seulement acquérir une position géographique intéressante, c’est aussi mettre la main sur un outil industriel de premier plan et l’essentiel du potentiel naval français. C’est pourquoi, dès les premiers jours du siège de 1707, M. de Langeron, commandant de la marine, décida de saborder la flotte et d’envoyer par le fond dans la darse vingt-trois vaisseaux du roi : « nous avons noyé ce que l’ennemi avait voulu réduire en cendres ». Ce fut là sans doute une erreur estiment des historiens, car l’armée prouva les jours suivants qu’elle savait défendre la place. ESPAGNOLS, NAPOLITAINS, SARDES… Autre siège, en 1793. Toulon, mal administrée par les Jaco-

bins, était tombée aux mains des  contre-révolutionnaires qui avaient fait occuper la ville par mille cinq cents Espagnols, Sardes, Napolitains et… Anglais. Quand, à la tête de l’artillerie, Bonaparte – encore défenseur de la Révolution – participa victorieusement à la reprise de la ville, les coalisés, en fuyant, brûlèrent neuf vaisseaux et trois frégates. L’incendie de l’arsenal, grâce aux efforts des soldats, des Toulonnais et des bagnards, fut arrêté à temps. En novembre 1942, alors que l’armée française était défaite, le pays occupé et que rien ne pouvait empêcher les Allemands de s’emparer des navires de guerre français, la flotte se saborda avec raison et succès, si l’on peut dire. Juste au moment où les chars du Reich prenaient position dans le port, dans un enfer d’explosions et de flammes, 3 cuirassés, 7 croiseurs, 15 contre-torpilleurs, 13 torpilleurs, 6 avisos, 12 sous-marins, 9 patrouilleurs et dragueurs, 19 bâtiments de servitude, 1 bâtiment-école, 28 remorqueurs et 4 docks de levage, ont été sabordés, représentant un total de 235.000 t. Jamais prise, souvent détruite, Toulon garde aussi la mémoire de bien d’autres moments violents de l’histoire : le temps des galères, l’époque coloniale, les explosions de l’atelier des torpilles… et la peste, ennemi contre lequel aucun rempart de pierre ne peut rien. Christophe Naigeon

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Le musée de la marine

Un petit détour pour un grand voyage À deux pas du port de plaisance, le Musée de la Marine est une visite o-bli-ga-toire pour tout plaisancier. Le lieu, lui-même est singulier : la grande porte de l’Arsenal. Le contenu est d’une grande richesse et, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas seulement le musée de la marine nationale. Ce qu’on y voit se rapporte à la ville de Toulon et à l’ensemble de son activité maritime, civile et commerciale autant – presque – que militaire.

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attaché au grand musée national de la marine qui se trouve au Palais de Chaillot à Paris, le musée de Toulon est, certes, plus petit, mais joue sur l’effet de proximité. Beaucoup de ce que l’on peut y voir trouve un écho dès qu’on en est sorti, en ouvrant les yeux sur la cité, la rade, les navires qui s’y trouvent. Tout a commencé en 1796, trois ans après que la ville eut été reprise par les troupes de la république aux coalisés européens qui s’y étaient installés. Après ces troubles militaires et politiques, Toulon reprenait vie. Un maître sculpteur de l’Arsenal, Félix Brun, décida alors de regrouper dans son atelier les sculptures en bois et les maquettes de bateaux qui se trouvaient dans les bâtiments de la Corderie. Mais c’est à la fin du règne de napoléon que ceci va prendre la forme d’un véritable musée patrimonial, doublé d’une école de dessin, gravure, modelage et ornement dirigée par le sculpteur Pierre Puget. Après la seconde guerre mondiale, les collections dispersées sont regroupées et inventoriées et c’est en 1962 que rouvre le Musée Naval. En 1981, il devient

­ usée National de la Marine de Toulon M ce qui permet de bénéficier de l’appui de son grand frère de Paris et de ses cousins de Rochefort, Port Louis et Brest pour organiser des expositions temporaires de très haute qualité. Deux parcours pédagogiques sont proposés, “Galères et bagne” et “Évolution des bateaux”, à travers lesquels différentes thématiques sont abordées tout au long de la visite avec toujours le bateau pour fil conducteur : la construction navale et la charpenterie de marine, la navigation, la vie quotidienne à bord, le bagne, la pêche… D’excellents conférenciers arrivent à capter l’attention des enfants en faisant vivre les objets exposés. Chose utile, car les habitudes des visiteurs de musées ont changé, la muséographie a considérablement évolué, rendant les parcours plus actifs, plus “participatifs”. Sans en faire un Disneyland de la marine, on souhaite qu’un peu plus de moyens mis à disposition de la conservatrice puisse aider à mettre en place une mise en scène moins “musée” de ces magnifiques objets et des histoires fabuleuses qu’ils racontent. Mais faites quand même ce petit détour par l’autre bout du quai, vous partirez pour un grand voyage.

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Toulon-ville

Derrière le port, une cité qui change

Escales

On peut passer devant cent fois sans s’arrêter. Entre le cap Sicié et la Petite Passe de Porquerolles, s’écarter de sa route pour aller à Toulon, c’est un détour de presque quinze milles aller-retour ! Et puis on se dit que c’est une grande ville pleine d’autos, que les places d’accueil ne sont pas très nombreuses, que… On a tort.

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Toulon-ville

i on ne reste pas crispé sur l’idée qu’un sous-marin nucléaire va jaillir sous la coque ou qu’on va croiser dans la passe à la fois le Clemenceau et un ferry pour la Corse, la rade de Toulon est un univers de découvertes. Mais vous l’avez fait. Vous êtes arrivé dans la Darse Vieille, à cette capitainerie de village, sympathique après tant de lieux d’arrogance plaisancière. Et là, de votre place, pas loin d’un port de pêche encore plus modeste (quai du Parti !), le spectacle est étonnant. Ce que vous avez vu en premier pendant la longue navigation d’approche, sont les monts Faron et Coudon, deux massifs calcaires qui dominent la situation du haut

de leurs quelque 550 et 700 m respectifs. Le Coudon est, certes, le plus haut, mais à la sortie est, vers Hyères. Ici, on lui préfère le Faron, dossier de ce grand trône géologique sur lequel la ville est assise. Royale. Les maisons sont parties à l’assaut de ses pentes depuis longtemps. On les comprend, la vue y est superbe. Contrechamp de ce que vous avez contemplé pendant une heure de votre poste de barre, le panorama sur la rade mérite que vous mettiez dans vos projets de prendre le téléphérique. Un tour sur la corniche Marius Escartefigues s’impose, rien que pour le nom, trop beau pour être vrai. APRÈS LA GUERRE… L’autre  étonnement  –  parfois répulsion pour qui aime les horizons dégagés – est une autre barrière minérale qui barre le paysage : la “frontale De Mailly”, les immeubles en muraille quais de la Sinse et de Cronstadt, donnant à ce port ce look suranné de Crise du Logement de l’après-guerre (1953). Sans doute un jour les trouvera-t-on beaux. Pour l’instant, ils rappellent que Toulon a été rasée à 45% par les bombardements de la seconde guerre mondiale et ont le mérite d’isoler la darse du bruit du Boulevard de la République. Au bout du quai se trouvent les arsenaux, la Préfecture maritime

et le musée de la Marine symboles de la vocation militaire séculaire de cette ville-port et port-arsenal. Mais c’est une autre histoire (voir p 6). Arrêtons-nous au quai d’honneur, non pas pour regarder les quelques yachts – qui se pavanent ici moins qu’ailleurs – mais pour jeter un œil à la statue Le Génie de la Navigation qui montre du doigt un point… quelque part vers la mer. Sculpté par le natif Louis Joseph Daumas, il honore les marins en général et en particulier le commandant de la flotte en Méditerranée en 1895, le vice-amiral de Cuverville. Facétieux, les toulonnais, en raison de la position et du fessier dénudé de l’Homme de Bronze, préfèrent parler de Néverlo plutôt que de Cuverville… LA MARINE, PARTOUT Si vous traversez la barrière d’immeubles et la rue pour mettre cap au nord, vous arrivez à Chicago. C’est aujourd’hui un bien grand mot tant ce quartier n’est plus que l’ombre de ce qu’il était : le Red Light district, comme l’appelaient les matafs américains en goguette. C’était un vrai vivier de filles à matelots où les gens honnêtes ne mettaient pas les pieds. Aujourd’hui, il reste certes quelques boîtes borgnes et quelques sex-shops minables mais la rénovation de ce typique quartier, miraculeusement épargné par les bombes, fait partie des efforts de la ville qui se pomponne le museau pour plaire à un autre genre de touristes… Ce “carré du port” est le noyau originel, la première ville moyenâgeuse.

Puis faites comme la ville, sortez de ces anciennes limites pour remonter encore un peu vers le nord, les halles et la cathédrale, puis le cours Lafayette, ancienne ceinture fortifiée, vers la place Puget et l’Opéra. Ville bourgeoise, architecture d’Empires, d’armateurs et de notables, qui raconte son histoire de rue en rue, en s’éloignant du port puis en y revenant par la place d’Armes d’où l’on retombe sur l’Arsenal. A Toulon, on n’échappe jamais longtemps à la Marine royale… Un conseil : sur le quai de Constadt, à cent mètres de là où vous êtes amarrés, arrêtez-vous à la librairie discount Mona Lisait. Achetez  Toulon  Découvre  son Patrimoine, de Rémi Kerfridin, éditions Extrème Eden. Sous la forme d’itinéraires et en incitant à observer l’architecture, c’est une invitation à flâner, à rêver et, sans s’en apercevoir, à se cultiver. Christophe Naigeon

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Balades en ville

La ville aux cent fontaines : la cité maritime fait aussi couler l’eau douce

a présence de sources nombreuses et abondantes sur le site de Toulon a été l’une des raisons majeures qui ont attiré ici des peuples depuis la nuit des temps. Des fouilles archéologiques ont montré qu’une importante ville romaine avec environ trois mille habitants y disposait de plusieurs aqueducs, de thermes, de bains publics et de multiples fontaines. À toutes les époques, de nouveaux travaux ont été entrepris pour alimenter en eau douce une population de plus en plus nombreuse. Aujourd’hui, au coeur de l’été provençal, le promeneur peut profiter de la fraîcheur des fontaines, à tous les coins de rue, sur toutes les places. Des vestiges romains aux architectures classiques, baroques ou néo-grécques, du style républicain du XIXe siècle aux fastes de l’Empire, il y en a pour tous les goûts. Seul celui de l’eau est unique. L’histoire de ce réseau d’adduction d’eau vaut la peine d’être racontée : ce n’est

Méditerranée

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qu’en 1882, à peu près deux mille ans après l’arrivée des Romains, qu’un système moderne - et sourtout sain - a été mis en place pour apporter l’eau potable aux Toulonnais. Très longtemps, les points d’eau sont restés des objets strictement utilitaires. Personne n’avait le souci de leur attribuer une quelconque valeur esthétique. Il a fallu attendre le XVIIIe siècle pour que des sculpteurs en fassent des oeuvres d’art. Toulon en comptait de nombreux. qui travaillaient pour la Marine Royale, notamment pour confectionner les figures de proue et les enjolivures des navires du roi. Toulon vit ainsi fleurir de multiples fontaines sculptées en même temps que la ville s’embellissait. La seconde guerre mondiale va provoquer de graves dégâts à ce patrimoine, mais, dans les années 1980, la ville décidera de restaurer tout ce qui pouvait encore l’être de ce patrimoine original.

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Les quartiers secrets de Toulon

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place des anciennes boîtes à matelots de Chicago ont ouvert les nouvelles galeries des peintres et des sculpteurs, les ateliers des stylistes qui feront la mode de demain, les échoppes des artisans d’art. Et aussi essayer quelques-uns des multiples cafés qui offrent leur terrasse ombragée, ou encore des restaurants inattendus, comme celui-ci, au centre du marché, au cœur d’un quartier de Toulon cosmopolite comme l’est la Méditerranée depuis toujours. Pour se restaurer, il y a évidem-

Services Maritimes Capitainerie Toulon 1,1 0 100 m Darse Nord 9,9 Qu ai 43˚07,25'N364 av Infanterie de 43˚07,25'N Av 10,1 . Hôtel de Ville 4 Cro 7,9 Mât (70m) nsta Marine de dt 5 la 04 94 41 23 39 Ré 0,7 p Capitainerie Toulon ub Q. Carré du Port 10 liqu d'H 9,6 e on Zone Réservée 5,2 Centre Nautique n Vieille Darse 8,7 au club 4,1 eur de la Marine de la Marine Nationale 6,5 St François Quai du Petit Rang 8,3 5,9 Qu 04 94 42 27 65 ai de Affaires Maritimes la 5,2 Sin 5,3 se 4 9,2 7 244 av Infanterie de K H Pile 4 L Marine 04 94 46 92 00 I 5,9 4,5 J 3,8 S.N.S.M Darse Vieille S Vieille 7,8 N O M P villa Henri 54 r 9,3 6 Darse 07,10' 07,10' 6,6 04 94 46 06 00 Petits 2,1 Bassins R il e Yacht Club de Toulon Q Vauban cu eurs Plaisanciers Ac Quai des Pêch Toulonnais Q.R.7m7M Anse Tabarly - Plage 6,3 Q.G.8m7M S.P.T. ng Ra Aviron S.N.T. 7,7 it 6,5 Mourillon 04 94 03 28 71 et Toulonnais uP 8,5 id Pyl. (39m) a S.H.T. Douane RoRo Qu RoRo Port Marchant - Av de la 9,4 6,7 Q.G. 9,1 8,4 2m2M 8,6 Marine 04 98 00 93 20 9,1 l urne 9,4 t Fo 9,3 iden s 43˚07'N 43˚07'N 8,8 ré P i du Services Touristiques Port de Commerce Qua 8,1 9,4 de Toulon-Centre Office du tourisme 8,1 *9,2 8,5 334 av de la République RoRo 8 6,9 8 9,2 Le Port04 94 18 53 00 9,8 8,6 10,8 Darse Nord 10 Mairie Oc(2)R.6s7m6M 8,3 SS 10,9 Avenue de la république 10 Zone du Mourillon 9,5 9,5 interdite - BP. 1407 04 94 36 30 00 D.D.E. 8 06,90'La Poste 04 94 89 92 80 06,90' Iso.G.4s17m7M 10,5 264 av André Le Chatelier 10,8 H 7,4 G F 8,6 4,4 Ac cu eil 8,3 Urgences I E D 12,3 Commissariat central 8,6 8,5 8,8 12,1 de Police 35T 04 98 03 53 00 C 5,5m B Club Sapeurs Pompiers Quai de A s sous-m ariniers 04 94 46 79 79 12,9 04 94 89 71 90 Piscine 5˚ 55,75'E

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ment mille endroits dans une ville comme celle-là. Mais, au risque d’être totalement hors des sentiers battus, notre coup de cœur va à l’Unic Bar, Place Hubac, où on est accueilli par un homme à la moustache de Groucho et qui fait des plats du jour comme à la maison qui se situent quelque part entre le sud de la France et le Nord de l’Afrique, entre l’Espagne et l’Italie… c’est dire ! Un excellent petit bistrot avec un service stylé et souriant à deux pas du marché de la rue Lafayette.

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ville vous prendre par la main pour vous guider dans une Provence qui ne ressemble pas aux cartes postales. Elle est plus belle, plus vivante, plus vraie. Les miels de toutes les fleurs du Sud, les huiles d’olive de toutes les variétés, les vins de tous les crus et de toutes les robes, les savons et les produits de beauté naturels pour toutes les peaux et tous les goûts, les cotonnades traditionnelles de Provence, c’est classique et indémodable. De quoi faire des cadeaux aux amis restés au pays... Mais il faut oser explorer les ruelles derrière le port où, à la

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orsque vous quittez le bateau et que vous arrivez sur les quais de la Sinse et de Cronstadt qui ferment le port vers la ville, passez par la première brèche dans la barre d’immeubles modernes et partez à la découverte de la vieille ville. Là, vous arrivez dans un autre monde, celui des villes de la Méditerranée : un mélange de peuples, un cocktail de couleurs et de saveurs, de sourires et de rumeurs, de mots parfois inconnus, de produits «made in Mare Nostrum». Remontez le cours Lafayette, c’est tout les matins jour de marché (sauf lundi) et laissez cette

Hôpitaux Hôpital Font-pré 04 94 61 61 61 Hôpital Chalucet 04 94 22 77 77 Hôpital Sainte-Anne 04 83 16 20 14 Autres Services Pharmacies 04 94 41 34 79 04 94 41 46 31 04 94 92 72 34 04 94 41 08 54 04 94 92 37 42 04 94 89 71 71 Médecins Cabinets Médicaux 04 94 22 38 76 04 94 62 18 18 04 94 24 38 49 04 94 31 66 11 Dentistes Cabinets Dentaires 04 94 22 29 05 04 94 66 73 38 04 94 93 58 51 04 94 24 27 86 Ambulances 04 94 93 56 45 04 94 31 18 00 04 98 00 46 46 04 94 23 94 80 04 94 09 21 00 04 94 91 36 02 Transports Réseau maritime Gare Maritime 04 94 22 80 82

Corsica Ferries 08 25 09 50 95 SNCM (Corse Sardaigne) 2 60 dites SNCM G L D Lines (Toulon Rome) 04 94 87 11 45 Réseau Mistral autobus urbain 04 94 03 87 03 Réseau Routier Gare routière de Toulon 04 94 24 60 00 Autobus Urbains Réseau Mistral 04 94 03 87 03 Est Sodetrav ( Hyères - St Tropez )0 825 00 06 50 Ouest Littoral Cars (Bandol) 04 94 74 01 35 Sodetrav ( Aix en Provence )0 825 00 06 50 Autocars Orlandi 04 94 63 10 24 Société Varoise de Transports 04 42 70 28 00 Nord Transvar (Draguignan) 04 94 28 93 28 Autocars Bernardi 04 94 24 26 19 Autocars Blanc (Brignoles) 04 94 69 08 28 Taxi Radios Taxis Toulonnais 04 94 93 51 51 Location de voitures Europe Car 04 94 41 09 07

Adresses

Hertz 0 825 861 861 Lootoo 0 811 900 913 National Citer 04 94 92 52 29 Location de vélos Les Deux Roues de Julie bd de Téssé 04 94 03 94 05 Holyday Bikes Angot 12 pl Louis Pasteur 04 94 41 93 93 Loisirs Zoo du Mont Faron Sommet du Faron 83000 TOULON 04 94 88 07 89 Mini Golf Indiana Plage Mourillon 4ème Anse 83000 TOULON mobile : .06 13 25 92 75 Parc Zoologique de Fréjus - Le Capitou 04 98 11 37 37 Ferme Animalière d’Auriol 124 Chemin de la Barrière 04 42 36 11 20 Zoo de la Barben Départementale 572 entre St Cannat et Pelissanne 04 90 55 19 12

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Sur le Port d'Hyères

Cinéma

Raimu, Marseillais Maison de Toulon

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n 1958, Orson Welles rend visite à Marcel Pagnol pour ‘‘voir Monsieur Raimu’’ qu’il considère comme le plus grand acteur de tous les temps. Mais l’écrivain-cinéaste lui apprend la mort de Jean Auguste Muraire, alias Raimu. Et Orson Welles, l’immense figure du cinéma, se met à pleurer. Lui qui avait mis en émoi toute l’Amérique vingt ans plus tôt en adaptant pour la radio La Guerre des Mondes de H.G Wells, ne rencontrera pas le génial acteur français. L’auteur involontaire du canular du siècle qui jeta un million de New-Yorkais paniqués par une invasion d’extraterrestres sur les routes, repartira avec ses projets de films. Déplacer les foules, ces deux géants savaient le faire. On peut imaginer ce que leur association aurait pu donner... En 1900, le jeune Auguste qui n’a que dix-sept ans, s’appelle Rallum et commence sa carrière comme comique troupier dans les bars à matelots de Toulon. Il multiplie les petits boulots : croupier à Aix les Bains, souffleur au théâtre de l’Alcazar de Marseille. Puis il devient, sous le nom de Raimu, une vedette régionale, grâce au répertoire de chansons de Polin. Mais c’est grâce à Félix Mayol, un autre Toulonnais qui le fait “monter” à Paris que la chance lui sourit, dans les revues du Concert Mayol mais aussi aux Folies Bergères, au Casino de Paris... En 1929 c’est la consécration, au Théâtre de Paris avec Marius, une œuvre marseillaise où il incarne César, un personnage haut en couleur, né sous la plume d’un autre exilé de la Provence, Marcel Pagnol.

Meire

à l'angle de l'avenue de La Gavine et du quai du Dr. Robin

Adapté à l’écran par le metteur en scène américain Alexandre Korda, Marius devient un des premiers succès du cinéma parlant français. Raimu tourne ensuite Fanny sous la direction de Marc Allégret et César réalisé par Pagnol, bouclant ainsi l’inoubliable Trilogie marseillaise. C’est à Toulon, sa ville natale, dans la douce fraîcheur d’une petite place homonyme que Raimu nous « fend le cœur », éternellement. On s’y réjouit de la reproduction en bronze de la célèbre partie de cartes, liée à jamais au Bar de la Marine de…Marseille. Partie de cartes qui faillit ne jamais exister, supprimée par son auteur qui la jugeait trop en gueule. En cachette, Raimu et ses comparses dont le caméraman, répétèrent la scène et l’interprétèrent sous les yeux de Pagnol qui, pour seul commentaire, tracera dans la loge de son acteur fétiche les quelques mots, qu’il considérera comme le plus beau compliment qu’on lui ait fait « Raimu tu es un génie » !

Glaces, Gaufres et Crêpes artisanales Fabrication sur place

Pour cette saison 2010, La Maison Meire a mis à profit les mois de fermeture hivernale et son expérience 2009 pour optimiser et se réorganiser pour accueillir nos clients. En 2010, nous serons en phase avec notre concept : Nos crèmes glacées, nos sorbets, nos cornets gaufrés, nos gaufres et crêpes, nos granités sont élaborés sur nos recettes par nos soins devant vous. Vous trouverez 45 à 50 parfums au choix exposés dans nos vitrines, à consommer en cornet en pot en coupes composées, en litre et demi litres. Deux gammes de glaces bien distinctes : les crèmes glacées et les glaces aux fruits. • Nos crèmes glacées sont élaborées sur nos bases crèmes (crème, lait, sucres, stabilisateur autorisé) • Nos glaces aux fruits sont élaborées sur nos bases sorbets (eau, sucres, glucoses, stabilisateurs autorisés) entre30 et 55 % de fruits selon les recettes, ni colorant ni renforçateur de goûts, un slogan simple

« Le goût et la couleur, c'est le fruit ! »

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• Nos granités sont également conçus sur les mêmes critères naturels. • Nos cornets sont fabriqués à partir de la recette de "La gaufre étoile" marque déposée. Avec les ingénieurs italiens, nous avons conçu une machine spécialement destinée à la fabrication de nos cornets, elle sera en service cette saison et viendra en remplacement du four à gaufre de François Meire, mon arrière grand-père. Ce four que beaucoup d'entre vous ont pu admirer en 2009, pour son originalité et son esthétisme, a été fabriqué à un seul exemplaire. Il est essentiellement destiné à produire nos "gaufres étoile" en Lorraine dans la région de Nancy. Ce sont mes filles Alexandra et Cécile Meire, cinquième génération issue de François Meire, qui ont en main la destinée de cette belle enseigne. Quant à moi, étant à l'âge de la retraite, j'ai décidé d'occuper celle-ci à développer un nouveau concept en "glacerie". Nous ne pouvions mieux rêver que cet emplacement qui nous a été cédé à l'angle de l'avenue de La Gavine et du Dr Robin sur le Port d'Hyères. Nous serons honorés de votre fidélité et répondrons avec plaisir à vos attentes, vos suggestions, vos questions. Nous vous souhaitons à toutes et à tous un excellent séjour 2010 dasn notre région. Claude Meire

6, avenue de la Gavine - 83400 Port d'Hyères - 04 94 28 30 93


La Seyne

Le plus grand bassin du monde L

es premiers chantiers navals de la Seyne sur Mer ouvrent leurs portes en 1711. Ils connaissent très vite une forte expansion, surtout à partir de la première moitié du XIXe siècle avec l’avènement  de  la  métallurgie.  Armand Béhic, le financier qui relançait en même temps les chantiers de la Ciotat frappés par la crise de la “marine en bois”, crée en 1856 la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée et reprend le site de La Seyne. Ce chantier emploie alors 1.300 personnes et assemble de gros navires civils et militaires. C’est la belle époque : en 1884, un rapport désigne les chantiers seynois comme les plus importants de France. Il y a bien plus de place qu’à La Ciotat pour travailler et mettre à l’eau. Dix cales permettent de réaliser les plus grands bateaux de l’époque.

Saint-Mandrier

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l y a très longtemps, la presqu’île était formée d’une île, l’Isle de Sépet, elle-même formée auparavant de trois îles très rapprochées mais distinctes. Des Phéniciens autour de 1200 avant J-C aux Goths dans les années 400 de notre ère en passant par les Romains, de nombreux navires et peuples voyageurs se sont abrités dans la baie dite du Creux Saint Georges qui ne s’appellera Saint Mandrier qu’au VIe siècle. Ce nom vient du patronyme de l’un de deux soldats saxons de

Ce sont les paquebots transocéaniques qui relient l’Europe au reste du monde. En 1927, y est créé le plus grand bassin du monde. Mais la concurrence mondiale fait rage et les chantiers doivent se diversifier : méthaniers, barges flottantes et équipements pour les plates-formes de forage pétrolier off-shore. Malgré les bombardements de la seconde guerre mondiale, le site est rebâti et agrandi : 25 ha pour un front de mer de 1.400 m. Plus de 5.000 personnes y travaillent en 1973, à la veille du choc pétrolier qui sera fatal. Le marché, notamment des grands pétroliers et gaziers, subit un coup de frein brutal et est pris par la concurrence asiatique, notamment coréenne.

Commence alors le déclin jusqu’à leur fermeture définitive en 1989. La ville met alors en place un vaste programme d’aménagement du terrain, à ce jour le plus grand projet urbanistique entre Gênes et Marseille. L’inauguration du parc Fernand Braudel a

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lieu en 2006. Quant au Pont Levant, emblème des chantiers navals, il est en cours de restauration. Pour votre prochaine escale en août 2010, il pourrait être en service. Christophe Naigeon

L’île des Ostrogoths l’armée des Ostrogoths, Mandrianus et Flavianus, qui s’installèrent dans l’Isle de Sépet. D’après Paul et Monique Béquinot, historiens locaux : « Selon une légende, Mandrianus aurait été plus proche des pêcheurs et des villageois. Ce qui expliquerait qu’il ait été choisi plutôt que Flavianus pour donner son nom au village  » Il devint religieux et fut plus tard canonisé sous le nom de Saint Mandrier. À cette époque et jusqu’au XIe siècle, Six-Fours, La Seyne et l’île de Cépet ne forment qu’un

territoire, réputé grâce à une tour phocéenne transformée en chapelle en 566 et de la chapelle Saint-Honorat avec son prieuré construit un peu plus tard, en 1020. La Seyne obtient son indépendance en 1657. Elle s’étend jusqu’à la presqu’île de Cépet. Car l’île devient, entre 1630 et 1657, une presqu’île à cause de la  formation de l’isthme des Sablettes.  La même  année, un lazaret est réalisé où les

navires suspects de véhiculer des maladies exotiques demeurent en quarantaine. De grands travaux sont réalisés au XIXe siècle : des forts, un mausolée, l’hôpital maritime et le sémaphore. Aujourd’hui, de grandes écoles de la Marine investissent Saint-Mandrier. La même année, un lazaret est bâti où les équipages des navires suspects d’être infestés sont mis en quarantaine. De grands travaux  sont  réalisés  au XIXe siècle : des forts, un mausolée,  l’hôpital maritime et le sémaphore. Aujourd’hui, de grandes écoles de la Marine investissent Saint Mandrier. Le pin de Rolland Le quartier Pin-Rolland doit son nom à un pin (abattu par la foudre en 1845) sur la très grande propriété de Jean-Baptiste Rolland. Cet arbre, immense, servait d’amer aux navigateurs. Le maître des lieux a planté de nombreuses espèces, des pins, des fruitiers et des oliviers. Ils ont donné au paysage sa physionomie actuelle.

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Le Mourillon

Un siècle de “branchitude”

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etit port à l’est de la rade, le Mourillon est sans doute le coin le plus “in” de Toulon. Mais le chemin fut long pour en arriver là. Avant le XVIIIe siècle, il n’y a là que quelques habitations, un cimetière et une poudrière. Les terres sont des jardins et des vignobles. Au XVIIIe siècle, le lieu sert à entreposer le bois nécessaire à la construction des vaisseaux de guerre à l’arsenal de Toulon. C’est au XIXe siècle que le quartier prend véritablement sa forme résidentielle quand il est décidé d’y loger les officiers de marine. La petite zone industrielle devient rapidement un quartier huppé. Ces gradés font bâtir pour leurs familles des maisons cossues entourées de jardins aux essences exotiques ramenées de lointaines expéditions. Des écrivains comme Alexandre Dumas et Gustave Flaubert prisent le lieu pour sa douceur de

vivre et son charme. L’océanographe Jacques-Yves Cousteau contribue à la célébrité de l’endroit en le choisissant pour sa première plongée expérimentale en 1936. Aujourd’hui, signe de richesse, le Mourillon abrite la plus forte concentration d’antiquaires de la ville. Des restaurants et des pubs à la mode s’y concentrent. Autre cause du succès du lieu : les grandes plages artificielles réalisées au début des années 70. Outre les baignades, elles drainent toute une jeunesse branchée au cours de soirées les pieds dans l’eau. Le promeneur découvre dans ce quartier résidentiel un petit jardin d’acclimatation créé en 1898. Il accueille, sur une surface de 8.000 m2, plusieurs espèces de palmiers dont le Phoenix des Canaries, le palmier nain ainsi ou le mimosa à bois noir.

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Carqueiranne

Escales

Le hot spot de la french giant tulip

Pour les musclés, le golfe de Giens est un haut lieu de la planche à voile et de tous les sports de vent. Pour les romantiques, Carqueiranne est un “Pays-Bas” de la tulipe. A deux pas de Hyères, Carqueiranne est une escale bien tranquille.

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Carqueiranne

i vous venez de Porquerolles par le Grand Ribaud, vous contournez la pointe qui répond si musicalement au nom d’Escampobarriou (lire Frère de la Côte de Joseph Conrad !) et arrivez soudain dans un autre monde. S’il n’y avait les hauts massifs de l’arrière-plan, on se croirait en Languedoc : le golfe de Giens et ses hauts fonds sableux, la plage de l’Almanarre et le long cordon dunaire, l’étang, derrière, fragile et riche à la fois (voir l’encadré). Sauf qu’ici c’est vers la plage que le mistral souffle, au plus grand bonheur et pour la plus grande sécurité des fadas des sports de sautemoutons. L’Almanarre (Hyères), la plage de la Salette (Carqueiranne) et tout le tombolo de Giens côté Ouest forment un Hot Spot, autrement dit un haut lieu pour les funboarders – les “planchistes qui s’amusent” – et ici ils en ont l’air. Si vous en

êtes, plutôt que d’approcher au risque de vous échouer ou de jeter l’ancre frauduleusement dans les mattes de posidonies, allez au port des Salettes à Carqueiranne. Entre l’Almanarre et l’entrée du port, à peu près au milieu au dessus de la route de corniche qui joint Hyères à Toulon par la mer, vous remarquez entre les pins un bâtiment immense, à l’architecture XIXe siècle qui n’est pas sans rappeler, en moins flamboyant, le palais du Pharo à Marseille. FORT ET FOLIE Au pied du mont des Oiseaux, Le domaine San Salvadour est réputé être la plus grande demeure particulière construite à cette époque dans les environs de Hyères. Et pourtant, il y a de la concurrence dans la folie architecturale des riches amateurs de soleil d’hiver, notamment britanniques. Celui qui fit construire San Salvadour, Auguste Parent, était français – et fou quand même – et dilapida dans la seule construction du niveau bas la fortune amassée par papa dans les chemins de fer. Le patron de presse Edmond Magnier (L’Événement) poursuivit l’œuvre. Après bien d’autres péripéties, le domaine a fini par devenir un hôpital de l’Assistance Publique, ce qu’il est aujourd’hui. Regardez maintenant à droite, vers les hauteurs du site classé de la Colle Noire (“colline

sombre” à cause de sa végétation), vous apercevrez peut-être le fort de la Bayarde (ne pas confondre avec Fort Boyard). Cette batterie, construite à 145 m d’altitude en 1896 était destinée à défendre la rade de Toulon. Elle fait partie de la série de forts construits après la défaite de 1870 contre les Prussiens. Les militaires sachant trouver les bons endroits d’où l’on voit loin, la vue de là haut est superbe. Mais le plus superbe est visible à partir de février et pour quelques semaines, ce sont les immenses champs de tulipes.

Aussi fertile que la plaine de Hyères, le vallon de Carqueiranne qui s’étend vers le NordOuest en direction de la colline du Paradis s’est fait une très solide réputation horticole. Ce “pays bas” alluvionnaire produit 80% des tulipes françaises, notamment la “French Giant Tulip” exportée en masse aux États-Unis. Il y a aussi le blanche “Maureen”, la rouge “Moscou” et la rose “Menton”… Alors, quand l’hiver est en train de finir, tirez quelques bords jusqu’à ce petit port bien tranquille dont l’arrière-pays mérite d’être connu.

UN FORT JOLI TURBAN

F

ille de Protée changée en fleur par Diane pour échapper aux assiduités de l’Automne, Tulipe nous vient plus prosaïquement du persan “thouliban” qui signifie turban (ne pas penser qu’il s’agit du turban des Talibans dont le nom vient de l’Arabe “élève”). Transmise à l’occident par la cour de Soliman le Magnifique, cette fleur provoque un engouement fou en Hollande au XVIIe siècle où la tulipomania prit de telles proportions qu’il fallut légiférer pour faire cesser la spéculation sur les bulbes. Mais la tulipe ne se limite pas à une passion Hollandaise. Les Français y consacrent 8% de leurs achats en fleurs coupées. La tulipe est, après la rose, la fleur la plus cultivée en France. (Source : BIMA) À Carqueiranne, c’est à la fin du XIXe siècle que l’horticulture s’est développée avec, pour le travail, l’arrivée des migrants Italiens et, pour l’exportation, l’arrivée du chemin de fer. Les terres ne sont pas bien grasses ni très arrosées, mais cela convient aux tulipes précoces, appelées “tulipans”. S’abord sauvages, les variétés de tulipes adaptés ont été cultivées à partir de 1930 : les hâtives (Mendel ou Darwin), ou semi-hâtives (Triumph).

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Le Conseil général

Le Pradet : le petit pré

des Bouches-du-Rhône agit au quotidien pour la protection et

la valorisation

du milieu marin • Plan de gestion global de l’Ile Verte, du Mugel et de leur environnement marin (baie de La Ciotat) :

Wagonnet de la mine © P. COSENTINO

À

peu près à mi-chemin entre Toulon et Carqueiranne, Le Pradet se dit Loui Pradet, ou encore Lou Pitchoun Prat, autrement dit le petit pré. Vu de la mer, on a de mal à y croire. On ne voit guère qu’une haute falaise sur la grande rade de Toulon, avec de nombreuses criques et quelques plages au noms poétiques : les Oursinières, la Garonne, les Bonnettes, le Monaco, le Pin de Galle… Il n’y a que les Oursinières pour disposer d’un port, à la pointe à l’Est de la baie du Pradet, au cap Garonne. C’est un joli petit port aux places rares et aux tarifs raisonnables en haute saison : 215 places dont 80 utilisables uniquement de mars à septembre, pour des bateaux d’une longueur maximale de 11 m et de 1,60 m de tirant d’eau. Pour les caboteurs qui remorquent leurs bateaux, il y a une cale de mise à) l’eau. En revanche, à l’intérieur des terres, on trouve des zones fertiles et humides au

point d’être parfois inondées, déjà exploitées au XIXe siècle. Mais il n’y eu pas qu’un pré. Il y eut une mine qui est, depuis 1994, un musée. Il y eut là un modeste gisement de cuivre exploité de 1862 au 1917, essentiellement par des mineurs italiens. Ces anciennes mines demeurent un site géologique tout à fait exceptionnel. Une autre curiosité du Pradet est le château du Clos Meunier qui date de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe. En 1667, il appartenait à Joseph de Catelin, seigneur de La Garde, commune voisine. C’est aujourd’hui la propriété de la commune. Dernière chose : une villa de 1930 due à Le Corbusier et inscrite à l’inventaire des monuments historiques. Bref, si vous avez la chance de trouver une place au Pradet, il y a bien de quoi occuper une ou deux journées aux alentours des Oursinières.

‹ Mouillages écologiques pour les plongeurs ‹ charte de partenariat avec les clubs de plongée et la Prud’homie de pêche

‹ Diffusion d’outils de communication spécifiques

‹ Conception de sentiers découverte terrestres

• Optimisation de la qualité environnementale des 8 ports départementaux : équipements portuaires, intégration paysagère, soutien à la pêche professionnelle…

• Soutien technique et financier : ‹ aux structures de concertation ou de gestion (GIPREB, Parc marin de la Côte Bleue, GIP des Calanques, Parc Naturel Régional de Camargue …)

‹ aux associations de protection et d’éducation à l’environnement

• La diffusion d’études départementales nécessaires pour sensibiliser et porter à connaissance, voire d’aide à la décision :

‹ Inventaire départemental des macrodéchets sur le littoral des Bouches-du-Rhône

‹ Etude de l’évolution du trait de côte du littoral

© scorsonelli

des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine.

© Fotolia

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Destination Malte

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Après le cap San Dimitri, nous longeons une côte accore par 60 m de fond, seulement rendue délicate par les bouées des pêcheurs.

Par endroits, la roche a été tellement usée qu’à travers les trous de la falaise, on voit le jour et on devine d’étranges paysages.

© Mario Galea -viewingmalta.com

Nous passons ainsi devant la fente étroite qui alimente Inland Sea, la mer intérieure puis nous doublons la Fenêtre d’Azur.

Derrière Fungus Rock, le magnifique mouillage de Dwejra Bay qui peut devenir un piège par fort vent d’Ouest .

© Mario Galea -viewingmalta.com

resque 300 milles parcourus cap au 135 depuis que nous avons quitté la Sardaigne il y a deux jours à l’aube, poussés sous spi par un joli Nord-Ouest régulier. Terre, terre ! Si on peut appeler ainsi une telle falaise. Le cap San Dimitri (36°4’26.46“N14°11’5.91“E) se dresse comme une étrave de cent mètres, jaune de soleil à l’Est, gris à l’Ouest. Et la mer déjà violette comme le disait Homère 850 ans avant notre ère. Pourquoi ? Mystère. Les fonds ont remonté. Coup d’œil à la carte. Les grandes fosses méditerranéennes sont loin. Malte fut en un temps glacial où la mer était plus basse un pont entre l’Afrique et l’Italie. Des éléphants s’y sont fait piéger à marée montante. Par manque de ressources, ils ont rapetissé pour survivre et les fossiles ne montrent que des pachydermes nains. Mais ces blocs de calcaire de plus de 20 millions d’années sont sans danger par beau temps. Premier jour – Matin GOZO, ÎLE DE JOIE L’île s’appelle Gozo. Ce qui veut dire La Joie dans cette langue apportée par les phéniciens, métissée d’arabe et d’italien, truffée de mots anglais plus une pincée de français en souvenir… Nous passons du côté sombre de La Joie que nous contournons par l’Ouest où les mille-feuilles s’élèvent encore. À 36°3’17.92“N14°11’26.21“E, on voit, au pied de la falaise un trou de lumière par où la mer communique avec l’Inland Sea, un lac intérieur. Plus loin, un autre trou, la Fenêtre d’Azur – Zerka et son Crocodile Rock, au ras de l’eau – porte les traces de l’époque des torrentielles pluies acides qui alimentaient il y a un million d’années d’énormes torrents creusant dans le calcaire du monde entier des trous, des failles, des sillons, les fjords, les abers, les calanques, des marmites de sorcières. Ici cela donne le Blue Hole, baignoire de 26 m, paradis des plongeurs, ou des baies, comme la Dwejra Bay, trois quarts de cercle presque fermés par un caillou, le Fungus Rock (36°2’48.08“N-14°11’18.55“E). Ce nom vient du champignon qui y poussait, le Fungus coccineus melitensis, anti diarrhéique, anti hémorragique et aphrodisiaque réservé aux rois et aux chevaliers de Malte. Quiconque y abordait était immédiatement occis. Stop, stop, on se baigne là ! Après 50 h enfermés, on cède d’autant plus facilement qu’on avait prévu ici le premier mouillage maltais.

Carnets de la

Une semaine de cabotage autour de Gozo, Commino e

Premier jour – Après-midi ESCALE À MGARR Après bain et déjeuner, nous longeons à nouveau les falaises cap au sud. Wardidja Point (36°2’11.90“N-14°11’10.79“E) est un point culminant à 165 m, presque dix fois notre mât ! On incurve cap au 100 vers le premier mouillage habité, Xlendi Bay (36°1’44.96“N-14°12’52.78“E), avec quelques immeubles modernes et un village de pêcheurs célèbre pour ses dentellières et ses fileuses.

À l’entrée, sur bâbord, un couloir creusé dans la roche permettait aux bonnes sœurs de se baigner hors de la vue du profane. À tribord, Ras-il Bajjade, une dalle en pente douce qu’il faut arrondir large, porte l’une des vingt-huit tours de guet de l’île, chacune en vue de l’autre. Les falaises s’abaissent légèrement et quelques mouillages couleur caraïbe s’offrent parfois. Mais on lève la tête vers ces murs d’autant plus impressionnants qu’on voit ici et là à la couleur fraîche de la roche que des blocs entiers s’en sont détachés il n’y a pas si longtemps… Et soudain, ce qu’on ressentait sans le formuler saute aux yeux : pas d’oiseaux de mer ! Pas un goéland, pas une sterne. Juste le bruissement des pinsons qui nichent en nombre dans les touffes accrochées à la paroi. Second mystère. Que le lobby des 20.000 chasseurs maltais ait obtenu de Bruxelles une dérogation pour tirer sur les migrateurs n’est pas une explication à l’absence quasi totale d’oiseaux blancs.

On cherche aussi le faucon pèlerin, le célèbre faucon maltais que Charles Quint se fit offrir chaque année en échange du don de Malte aux Chevaliers. Moins de 4 milles plus loin, une autre tour et une autre calanque, très étroite et profonde, abritée de tout sauf du Sud : Mgarr-IxXini (36°1’0.67“N-14°16’24.13“E). On y reviendra s’il n’y a pas de place à Mgarr (36°1’30.46“N14°18’7.85“E), le seul vrai port de Gozo, à moins de trois milles de là où nous arrivons en même temps qu’un ferry (un chaque heure) en provenance de l’île de Malte. Sur la hauteur, Fort Chambray (un amiral français qui livra sa première bataille navale à 13 ans et captura son premier navire turc à 17) qui surveille le chenal entre les îles. Le seul fort de Gozo. Ce port public plein de Luzzi, ces barques de pêche si bien peintes que nos pointus de Provence paraissent ternes, a actuellement 186 places (maxi 14 m et 4 m de TE) et ne coûte que 20 Euros la nuit. Un projet de privatisation va changer les choses, dit-on… Les amarres passées, avant d’aller visiter les deux églises et le fort, nous nous précipitons sur le premier café sympa du port, le Gleneagles Bar, à la fois musée de la marine et d’histoire du port, avec une superbe terrasse qui surplombe le bassin et un patron à connaître absolument. On y reste là jusqu’au soir à regarder la vie en technicolor. Restons avec ces gens adorables et heureux de rencontrer des étrangers que sont les Maltais, les Gozitains en particulier. Les églises, on verra demain.

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Destination

Gozo première étape

et Malte, par Emma Chazelles et Christophe Naigeon Second jour SAFARI CHEZ CALYPSO

Le soir nous rentrons brisés à Mgarr. La mer nous manquait déjà. Dernier spectacle : à l’entrée du port, un hydravion se pose comme un canard sauvage et s’amarre à un ponton. C’est la ligne Sea Plane qui vous mène à La Valette en 10 mn pour 70 Euros. Troisième jour MOUILLAGE À MARSALFORN

Nous embarquons sur l’une des mini-jeeps qui conduisent les touristes à l’intérieur des terres et qu’on trouve au débarcadère. Victoria, la capitale, est à l’intérieur à cause des pirates. En 1551, le corsaire ottoman Dragut alias Torgud emporta en esclavage la totalité des sept mille Gozitains dont certains ne retrouvèrent la mère-patrie qu’un siècle plus tard ! Vue imprenable sur Gozo et ses jardins qui font sa réputation de grenier et potager de Malte. Notre Suzuki tape-cul, telle une machine à remonter le temps, nous conduit ensuite en 3.600 avant J.-C. au temple de Ggantija à la périphérie du bourg de Xaghra. Les bâtisseurs ont élevé ici les plus anciennes constructions mégalithiques du monde, lieux de culte, sans doute dédiés à leur déesse de la fertilité. On en trouve dix-sept sites dont un spectaculaire à Hagar Qim. Le temple Ggantija, ou Tours des géants, le mieux conservé et le plus grand – plus que Stonehenge – est inscrit au patrimoine mondial. Puis retour vers l’Antiquité grecque : la grotte de Calypso où Ulysse fut retenu sept ans. Beau site où pousse l’Oreille de la Mer, plante endémique qui fut avant l’Euro représenté sur les 25 cents maltais. Mais la grotte est si petite qu’on doit penser que Calypso était une sacrée ensorceleuse pour que le valeureux marin y reste tant d’années sans jamais y tenir debout ! Retour à Mgarr via l’église de Ta’Pinu où de surprenants ex-votos (prothèses, layette, casques de moto…) justifient le détour.

En sortant de Mgarr, nous prenons vers l’Est dans le North Comino Channel. On s’arrête pour un bain paradisiaque au Blue Lagoon (1,5 m de fond) entre les îlots de Comino et Cominotto (Kemmuna et Kemmunett) mouillage de rêve avant que la foule n’arrive… À l’extrémité, une grotte marine de 40m, la Blue Grotto. Comino, c’est l’île du Cumin, l’épice qui pousse là. Autrefois deux cents insulaires y cultivaient coton et cumin, les chevaliers y chassaient lièvres et sangliers. Gérard Depardieu y a tourné Le Comte de Monte Christo, la tour Sainte-Marie dans le rôle du Château d’If. Quand la foule arrive, nous appareillons et doublons Quala Point (36°1’56.53“N-14°20’12.83“E) pour piquer Nord-Ouest en longeant une côte plus douce, aux calcaires plus tendres, ceux dont toutes les maisons d’ici sont faites. Encore des criques pour des mouillages sauvages en cas de Nord-Ouest : Dahlet Qorrot (36°3’1.48“N-14°18’55.55“E), San Blas Bay (36°3’29.51“N14°18’4.18“E), puis Ramla Bay (36°3’44.19“N-14°16’58.46“E), la plage de Calypso où nous ne nous arrêtons pas même sept secondes, préférant Marsalforn (36°4’18.25“N-14°15’35.60“E).

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© www.aqua-photos.com

Malte

Quatrième jour PLONGÉE PRÈS DES SALINES Une matinée sous la mer ! Notre guide de plongée du Calypso Diving Centre, Pixie, alias Martine qui parle avec l’accent suisse quand elle n’a pas un détendeur dans le bec, nous fait découvrir les lieux. Dans la petite baie des salines de Ghajn Barrani fermée par un monticule familièrement connu ici comme la “pièce montée“, Il Qolla I Bajda. L’absence de pollution laisse rencontrer des espèces rares disparues du reste de la Méditerranée : mérous, brochetons, rougets grondins “bogues“, pieuvres, Saint-Pierre, murènes, poissons libellule, calamars... La visibilité est bonne jusqu’à 30m. Il y a toutes sortes de sites de plongée partout où l’on peut accéder dans l’île. Sans parler des très nombreuses épaves, spécialité locale ! Mais avec masque, palmes et tuba, on se régale aussi.

www.calypsodivers.com

LOUEZ UN BATEAU À MALTE avec ou sans skipper S&D Yachts Ltd - La Valette

WWW. SDYACHTS.COM À la sortie, déjeuner sur le port au bord du quai chez Pierre’s (son lapin !) et partons marcher le long de la côte au Nord où les Gozitains ont aménagé des salines dans la roche où la mer avait déjà creusé des cuvettes. Ils les alimentent en puisant dans la mer, quelques mètres plus bas. Le calcaire tendre a permis de sculpter la roche de canaux , d’y faire aussi des cabanes troglodytes. Quand l’eau s’est évaporée, on passe le balai, c’est tout. En fin de journée, avant de regagner le bord, arrêt à l’épicerie pour acheter cet excellent vin blanc de Gozo. (Suite en pages suivantes...)

Les salines - presque - naturelles de Marsalforn Le Blue Lagoon, paradisiaque avant qu’arrive la foule !

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mer violette

Bien encastrée entre les collines de Xaghra et Zebbug, Marsalforn (marsa le port ou la baie) est une petite station balnéaire, résidence d’été des maltais et dont la baie charmante cache les barques colorées derrière la jetée où nous ne pouvons accéder qu’avec notre annexe. Attention, les vents du Nord et d’Est y lèvent de la houle. Cafés, tavernes et restaurants bordent la plage. Avant d’y aller, visite au centre de plongée pour réserver la journée de demain.


Destination Malte

La Valette seconde étape

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Carnets de la mer violette (suite)

Popeye Village, construit en 1990 pour le film de Robert Altman, est un parc d’attraction. Son port est accessible mais minuscule. L’apôtre Paul, chrétien ottoman prisonnier des Romains, était en route vers Rome pour être jugé lorsqu’une tempête jeta le bateau sur les récifs de Malte. Enfermé dans l’île, il guérit le père de Publius, procurateur de l’île, qui, converti, devînt évêque de Naples. La statue de Saint Paul, naufragé sur cette plage

La côte Est de l’île n’est pas la plus belle. Basse, elle est bordée de roches coupantes, peu propices à l’abordage et la baignade. 4 milles après Saint-Paul, l’agglomération maltaise commence par deux mouillages urbains bordés d’’immeubles, de restos et de boutiques : Saint-Georges et Saint-Julian. Pas romantique, mais pratique, sûr et gratuit.

La baie Saint-Georges, ses hôtels et son casino...

Malte est fortement urbanisée. Les immeubles y poussent le long de la côte comme dans une ville du Moyen-Orient. La densité de population est l’une des plus fortes du monde avec près de 1.200 habitants au kilomètre carré !

Le fort Saint-Ange

Cinquième jour - Matin POPEYE, SAINT PAUL & Cie

Cinquième jour – Après-midi ARRIVÉE CHEZ LES CHEVALIERS

C’est l’aube. Le flux d’Ouest nous favorise. Les voiles sont du bon côté pour voir la côte qui s’éclaire et restera toute la journée sur tribord. Après avoir franchi le chenal du Nord, et contourné Commino par la face Nord-Est, nous traversons le chenal Sud vers l’île de Malte. À trois heures et 2 milles, Marfa Point, le port maltais des ferries, à neuf heures et 50 milles, la pointe Sud de la Sicile, à midi tout près, Ahrax Point - la Dragunara (35°59’53.32“N-14°22’1.44“E), premier contact avec l’île-capitale. Très vite derrière ce cap s’ouvre une large et profonde baie, Mellieha Bay, un site dont les aménageurs de ports de plaisance rêveraient chez nous : 2.000 anneaux au moins ! Pour l’instant, un mouillage dans une zone basse avec une grande plage, à la fois station balnéaire, zone agricole et réserve naturelle. L’intérêt est ailleurs, surtout pour les enfants du bord. S’ils acceptent de marcher un kilomètre pour traverser cette partie resserrée de l’île, ils arriveront à Anchor Bay, autrement dit Popeye’s Village côte Ouest, à 35°57’37.76“N14°20’29.63“E. Nous poursuivons vers La Valette. À 35°57’59.30“N - 14°24’11.86“E droit devant, l’île Saint-Paul, lieu fondamental dans l’histoire religieuse de Malte. La baie, juste derrière, est un autre bon abri, surmonté de tours de guet et de fortifications. C’est aussi un haut lieu de l’aquaculture marine dont on voit les “fish farms“ flottantes. Attention aux quilles et hélices !!!

Forte émotion que cette arrivée ! De la mer, ce n’est qu’une suite indistincte de murailles, citadelles et forts bâtis de cette pierre jaune, confondus avec les maisons des cités anciennes. Seules les églises surpassent de leurs clochers en dômes, en tours ou en pointes, la masse horizontale de pierres. Effet voulu des bâtisseurs qui voulaient troubler la perception des envahisseurs en masquant par une sorte d’effet d’optique l’entrée de cette rade exceptionnelle. Une rade ! Neuf, devrait-on dire. Réparties en deux groupes, cinq au Sud, quatre au Nord, de part et d’autre d’un cap qui occupe dans cette géographie la place de la double barre dans le “€“ de l’Euro et porte la citadelle de La Valette. Venant du large, face au fort Saint-Elme bâti au bout de cette presqu’île, nous avons le choix : à gauche, Grand Harbour, à droite Marsamxett Harbour.

Marsamxett est un long couloir ouvert sur quatre “creeks“ comme on dit ici. Trois sont des ports de plaisance totalisant un millier de places. On est dans la ville moderne, près de la ville ancienne. Transports, boutiques, restaurants, bus, taxis terrestres et coches d’eau, tout y est. Sauf l’atmosphère maltaise. Nous avons la chance de naviguer en mai. La Grand Harbour Marina demandée par la VHF 13 nous trouve une place dans la Dockyard Creek, face à la citadelle, au coeur des “Trois cités“, l’âme de Malte populaire, devant le musée de la marine dans le port historique de voiliers. Exceptionnel. Entrer dans la grande baie avec les cargos remorqués, les navires de croisière de trois mille places, passer à portée de canon des forts Saint-Elme et Ricasoli, contourner le fort Saint-Ange (H.M.S. Sant’ Angelo comme l’appelaient les Anglais tant il ressemble à un cuirassé) et entrer en passant devant les grands yachts dans ce couloir de docks du XVIe siècle pour s’amarrer là où la flotte des Chevaliers appontait... Rien à dire de plus. Le reste se trouve dans tous les guides touristiques pour piétons, ce que nous sommes devenus à partir de cet instant. Septième jour ESCALE À MARSAXLOKK Épuisés de forteresses, de palais, et d’églises, pleins d’Histoire et de prospectus, nous avons besoin de la mer. Pour notre dernier jour, nous voguons vers la pointe Sud de l’île, découpée en une suite de baies tranquilles. Nous jetons l’ancre à Marsaxlokk, le grand port de pêche (35°49’2.25“N14°33’40.19»E. Un festival de Luzzi amarrés à leurs bouées, des quais animés avec un marché, des filets, des caisses de poisson... et des guinguettes où nous fêtons la fin de cette croisière maltaise.

Fort Ricasoli Projet de marina privée

Fort Saint-Elme

GRAND HARBOUR Fort Saint-Ange Dockyard Creek Palais des Grands Maîtres

co-cathédrale Saint-Jean Gare des bus

MARSAMXETT HARBOUR Ports de plaisance Sliema Lazaretto Msida

LA VALETTE © Mario Galea -viewingmalta.com

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Préparez votre prochaine croisière avec le site de l’Office de tourisme de Malte www.visitemalte.com Le Grand Harbour de La Valette est un bassin remarquablement stratégique , à mi-chemin entre Gibraltar et l’entrée du canal de Suez.

En regardant le port depuis les remparts, on comprend pourquoi il est si difficile de prendre militairement cette place forte.

Le port de Dockyard Creek n’a que 214 places mais une marina privée de 400 places est prévue de l’autre côté de Saint-Ange

Les Maltais adorent leurs bateaux, les Luzzi, “pointus“ comme chez nous mais au nez plus relevé et décorés des deux yeux d’Osiris.

Les autres couleurs de Malte sont données par les “galeries“, demi-fermés, utiles quant il fait chaud et pour regarder dans la rue...

LE L AVANDOU organise du 5 juillet au 6 août 2010

La Valette Les Chevaliers de Malte n’ont jamais investi l’ancienne capitale, Mdina, à l’intérieur des terres. Ce qui les intéressait ici, c’était le port dont ils avaient compris les possibilités qu’il offrait et la position stratégique de l’île en Méditerranée. C’est autour de ces bassins qu’ils commencèrent à construire quais, docks et remparts. Et La Valette ? C’est sur le mont Sciberras, plus central et plus élevé que Borgo, l’ancienne citadelle, que le Grand Maître français Jean Parisot de la Valette, décida la construction d’une nouvelle ville fortifiée. Il voulait mieux défendre Malte après le siège - victorieux mais terrible - de 1560, mais lui offrir un rayonnement économique et culturel universel. Francesco Laparelli, architecte de Pie VI, employa 8.000 esclaves et ouvriers à construire entre 1566 et 1570 la ceinture de la ville, des bastions, des fossés profonds et une cale sèche pour les navires. Le plan de la cité est un quadrillage simple sur le modèle antique et pour permettre une ventilation naturelle durant les grandes chaleurs. Pas de jardins extérieurs ni espace entre les maisons qui devaient être décorées de statues, équipées de puits et reliées au système de drainage public qu’il fît creuser en sous-sol, dans la pierre des fossés et des canaux. Un concept unique en Europe. Durant la seconde moitié du XVIe siècle Girolamo Cassar, assistant de Laparelli, fit bâtir le Palais des Grands Maîtres, l’Hôpital, les Auberges : huit dédiées à chaque langue de l’Ordre (il en reste cinq dont l’auberge de Castille et Léon, siège du premier Ministre). Dans un pays qui se veut être le bastion avancé de la chrétienté en monde musulman, il fait construire quantité d’édifices religieux dont la co-cathédrale Saint Jean, église conventuelle des chevaliers avec pour saint-patron Jean Baptiste. Ordre hospitalier, c’est aussi un ordre militaire et religieux. Ses membres doivent être nobles et faire voeu de chasteté et de pauvreté...

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Sur la Route de Malte voile - tour isme - convivialité

La durée des parcours a été calculée sur une vitesse moyenne de 5,5 noeuds. Le trajet proposé peut être modifié en fonction des conditions météorologiques.

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Macinaggio, moulins, tours et marins du cap

Destination Corse

Un jour, une nuit de traversée. Le jour se lève. Dans le levant, la Corse émerge. Le vent aussi. Mistral ou Libeccio, ce qui souffle d’ouest ou du nord rend inconfortable la baie de Saint Florent et le versant oriental du Cap Corse. Le contourner est prudent. C’est aussi l’occasion d’une belle découverte.

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Destination Corse

as de langoustes ce soir à Centuri. Le Libeccio forcit et lève un méchant courant côtier. Une invitation à se mettre à l’abri du vent d’ouest. Il en va ainsi avec la météo. Privés d’une halte gourmande et du charme du petit port ouvert à tout vent, décidons, prudents, de gagner ­Macinaggio, la marine de Rogliano. Cap à l‘est l’étrave ouvre alors la route littorale des tours, balisée de ces amers de pierre, symboles de l’île que les Grecs appe-

laient Kallistè, la Plus Belle, et les ­Génois la Superbe. Plus prosaïques, les Phéniciens la nommaient Kyrnos. Kyr désignant un cap ou un promontoire, on l’associe librement au Promontoire Sacré, nom que les Romains lui attribuèrent et à notre choix d’une première navigation vers sa presqu’île. Le somptueux caillou, fiché dans ce coin de Méditerranée a de tous temps séduit le voyageur. Bien avant de se laisser voir, la Corse

Le port de Macinaggio, de jour comme de nuit

charme le navigateur. Tels les sirènes d’Ulysse, les vents ivres de ces parfums capiteux qu’ils respirent sur Kyrnos soufflent ses fragrances vers le large. Véritable taillemer de quarante kilomètres sur quinze le Cap Corse, isula inde – île dans l’île – s’étire dans un crawl magistral plein nord vers le golfe de Gênes nous rappelant que l’insularité actuelle de ce petit paradis arraché au massif continental de l’Estérel n’a que cinq millions d’années. Longeant les étonnantes géométries ondulatoires des affleurements côtiers de cet Élysée de la géologie comme un spécialiste l’avait qualifié en 1820, le bateau approche le bout de ce doigt pétrifié de la Corse, distant seulement de quelques milles des îles italiennes de Capraia et ­d’Elbe. Ce cap, c’est un môle pour s’amarrer, mais aussi un plongeoir qui a propulsé sur toutes les mers du globe ces grands navigateurs que sont les Capcorsins, transporteurs et commerçants infatigables, chercheurs d’aventures ou poursuivant un rêve d’Amérique. DE LIGURE À TYRRHÉNIENNE On a laissé derrière Capo Grosso, coiffé de son sémaphore, puis la marine de Tollare avec sa tour ronde en surplomb, blanche au milieu d’un petit groupe de maisons basses. Ce charmant mais minisccule abri n’est pas assez sûr par ce temps. La mer Ligure devient Tyrrhénienne, transition secrète et houleuse que ponctue à bâbord et à un mille des roches l’île de la Giraglia, extrême Nord des terres à 43°01,67’ N, 9°24,39’ E.

Ce rocher de serpentine verte doit en partie son léger manteau végétal à la terre du cap, jadis apportée à force d’homme pour y établir 45 journées de vigne, 450 ares de terre arable. Peine perdue. Le fruit de Dionysos ne s’y cueille plus et personne ne vient gravir les 104 marches qui donnent accès au joli phare à soubassement blanc, le plus puissant de Corse avec une portée de 29 milles. Construit en 1839 et allumé en 1848, il est dé-

sormais automatisé et jouxte une tour génoise pièce essentielle et stratégique de l’échiquier de surveillance qui en comptait quatrevingt dix, établi dès le début du XVIe siècle sur tout le littoral corse. Pisanes, rondes génoises, carrées, il est difficile de déterminer l’origine de ces tours que l’on dit indistinctement “génoises“. Il y avait celles des hameaux, nombreuses, construites sur le même modèle, avec leur couronne de mâchicoulis et leurs archères pour seules ouvertures. La population, soumise aux raids turcs et barbaresques, y trouvait refuge.

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Places disponibles ! VIEILLES MÉDISANCES... Pour plaisanter ou pour médire, on ne fait pas toujours une bonne réputation aux Corses. Déjà, Sénèque, condamné à l’exil à Bastia de 41 à 48, cherchait à se faire plaindre de sa chère maman en noircissant sa situation. Entre autres gérémiades, il disait notamment : « quoi de plus horrible que l’aspect de ce pays ?». Et à propos des indigènes, il déclarait : « Se venger est la première loi des Corses, la seconde vivre de rapines, la troisième mentir, la quatrième nier les Dieux». Quant au géographe grec Strabon, il écrivait : « Les montagnards qui y demeurent et vivent de brigandages sont plus sauvages que les bêtes mêmes. Toutes les fois qu’un général romain (...) en ramène une certaine quantité d’esclaves, c’est un spectacle singulier que de voir leur férocité et leur stupidité». En revanche, Diodore de Sicile, en 44 av. J.-C. déclarait : « Ils observent entre eux les règles de la justice et de l’humanité avec plus d’exactitude que les autres barbares. (...) Le même esprit d’équité paraît les conduire dans toutes les rencontres de la vie ».

Quant aux tours de guet établies à partir de 1531, on en comptait une trentaine pour le seul cap. L’entretien d’une flotte militaire par les Corses étant au-dessus de leurs moyens et Gênes n’engageant ici que deux galères, on construisit des tours en augmentant la taglia - la taille - payée par les insulaires. Elles sont, d’après la description qu’en fit en 1852 le journaliste Victor Arduin-Dumazet « rondes mais pas toujours, légèrement coniques, hautes de douze à dixsept mètres, larges de dix à la base et de sept au sommet, avec un premier étage voûté qui abrite un logement confortable et un deuxième qui supporte une plateforme garnie d’artillerie, elles n’ont qu’une entrée étroite, seulement desservie par une échelle mobile.

Les tours ont un objectif essentiel : signaler le soir, après l’Ave maria, la présence (ou l’absence) de navires sur la mer. Chaque soir les gardiens des tours jouaient sur le nombre de feux pour alerter (ou rassurer) les populations, un feu signifiant la mer est libre, deux signalant deux navires à l’horizon et allumaient un feu en plus pour chaque voile aperçue ». Chaque tour de guet devait être visible de la suivante de sorte qu’en une heure toute l’île était informée d’un danger. L’obligation était de monter avant le lever du jour sur la plateforme pour observer la mer et de répondre aux signaux des navigateurs.

On imagine, à l’instar de nos gardiens sémaphoriques, la garnison de la Giraglia livrée à la mer et aux vents ici particulièrement vifs, contenue là, des mois durant avec pour autorisation de sortie, règlement oblige, le seul ravitaillement et aller chercher la solde… à un mille du petit port de Barcaggio qui lui fait face, au bout de cette plaine basse et plate, de cette plage aux dunes de sable fin.

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LA VIE DANS LES TOURS Garde-manger et prison, chaque tour était le bureau des Douanes et des Affaires maritimes, la Perception, un lieu où se traitaient questions et trafics divers. Les douaniers avaient aussi leurs chemins. Les amoureux des balades littorales, amenés par les bateaux de promenade, peuvent y choisir de crapahuter vers Macinaggio à l’est ou bien vers l’ouest pour gagner Centuri… sur un chemin de terre pour lequel de bonnes chaussures, des mollets couverts (épines !), chapeau et réserve d’eau sont requis. Passée la Giraglia entre île et continent (courants !), doublons la pointe d’Agnello, pointe nord du cap Corse, et incurvons progressivement notre route vers le sud-est. Sur un piton rocheux se dresse la tour d’Agnello, dite aussi “Tour aux Effraies“ où nichent les oiseaux de nuit. C’est la porte d’entrée vers le Canal Corse, la Turrenikon Pélagos (Mer des Étrusques) des Grecs, baptisée plus tard la Tyrrhenum Mare par les Romains, couloir maritime stratégique très fréquenté et aux profondeurs abyssales. Juste derrière, la baie d’Agnello offre par beau temps un joli mouillage, autrefois concédé par l’Évêque de Milo aux corsaires turcs et barbaresques « qui pouvaient faire aiguade et y relâcher à condition de n’avoir aucun commerce avec les populations voisines… ». Ce privilège s’est éteint avec la construction de la tour.

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Destination Corse Tour de la Finocchiarola Baie de Tamarone

Mac inag gio , le

port dans sa

Antenne et moulin de Coscia

prem ière vers ion

Pointe de Coscia Départ du chemin des douaniers

Destination Corse

Déjà un peu abritée du vent d’ouest, la côte est un nouvel enchantement d’anses et de baies, de sables blonds ou noirs, de petites criques de sable blanc. La Cala Francese puis la Cala Genovese baignées de transparences vertes et bleues, terres saupoudrées des cocons roux de la posidonie que la mer et le vent roulent et tissent inlassablement. On découvre maintenant la rade de Santa Maria della Capella où Pascal Paoli renonça à construire le port de la Corse indépendante car la rade foraine est barrée par un haut fonds. C’est un beau mouillage si on prend garde aux roches affleurantes. Là, une tour singulière. La Tour fendue, la seule parmi toutes à avoir été construite les pieds dans

Mouillage de Macinaggio

l’eau vient contredire l’idée des architectes militaires qui voudrait que la rotondité offre moins de prise aux boulets de canon. Ceux de l’amiral anglais Nelson ont fait mouche et la tour fendue par la précision de ses tirs dévoile ses éléments de constructions que surmontent encore une Gardiola. À terre, sous un carré de vigne oublié on devine la petite chapelle romane Santa Maria bâtie au XIe siècle. Elle est vide, mais il faudra revenir à pied pour apprécier sa double abside et le cirque éblouissant à la végétation luxuriante où elle se cache. Senteurs du maquis, odeurs de mer, parfums de campagne... sur la plage on trouve aussi les bouses des vaches qui paissent librement au-

La tour d’Agnello et, au fond, la Giraglia

La tour et l’île de la Finocchiarola

Port de Macinaggio

dessus de l’étroit cordon littoral et viennent de temps à autre rêver face à la mer. Poursuivons les tours et détours des tours. Après la Giraglia et l’Agnello, laissons-nous pousser vers la troisième du groupe dit “des trois Tours” qui, comme les mousquetaires, étaient quatre, avec celle de Santa Maria. LA TOUR DU FENOUIL Quelques siècles plus tôt, avant même que nous arrivions à notre destination de Massinaggio, Bastia aurait déjà été avertie qu’une voile suspecte faisait route. Cette “génoise” se trouve sur un petit archipel constitué de trois îlots. Comme leurs appellations l’indiquent, Mezzana est au milieu des trois, A Terra se trouve à seulement 200 m du rivage, et le plus grand et le plus éloigné doit son nom de Finocchiarola, autrement dit “fenouil” aux parfums qu’il exhale. C’est lui qui porte les ruines de l’ancienne tour. La Finocchiarola est désormais une réserve naturelle où le goéland d’Audouin, si rare en Méditerranée, vient se reproduire. Afin d’étendre son territoire à d’autres zones, on cherche à le séduire par des leurres en plâtre, visibles de la mer pour peu qu’on s’approche un peu (cailloux !). L’oiseau rare y côtoie cormorans huppés, puffins et hérons cendrés, faucons pèlerins et crécelles mais aussi les petits ducs du maquis, amateurs de rongeurs. Du beau monde. Ces trois jardins, à proximité des-

quels on a retrouvé nombre d’amphores de l’époque où l’île était province romaine, sont aussi l’escale de nombreux migrateurs qui posent leurs pattes ici sur la plus petite marguerite d’Europe (attention, ne pas effeuiller !), une endémique qui se plaît au milieu du fenouil et du poireau sauvage et dans ce maquis où dominent le Genévrier de Phénicie, la Bruyère multiflore et arborescente, lentisque, myrte et romarin, ciste de Montpellier et colectomie. La route s’incurve vers le sud (ne tentez pas de passer entre les îles et la côte, sauf bateau à fond plat !). Une plage, un promontoire, une plage, encore. Sur la hauteur, des promeneurs. Jouir de ces petits paradis peu fréquentés, parmi lesquels on dénombre de petits marais, véritables pouponnières grouillantes d’un monde aquatique inénarrable, suppose une bonne marche par le sentier douanier et les plages du village. Sur ces dernières, la posidonie détachée de sa prairie sous-marine vient s’entasser en un tapis gris, si épais et si doux à l’œil comme aux pieds qu’on dirait d’énormes peluches oubliées là par quelque géant. Autrefois, les moines du couvent de Saint François venaient la récolter pour bourrer leurs paillasses. Les ballots étaient charriés vers les hauteurs, là où l’on aperçoit maintenant les nouveaux moulins à vent, ces éoliennes blanches qui coiffent la crête à 300 m d’altitude et poursuivent la tradition : le nom de Macinaggio a la même racine que macinato qui signifie moulu en Italien, et que moulin. LE NAUFRAGE DE L’AMOUR Le couvent Saint François a été le refuge de l’Impératrice Eugénie de retour d’Egypte sur l’Aigle, le yacht impérial pris dans une tempête. Elle témoigne dans ses écrits de l’accueil charmant de Madame Lucchetti, qui élevait des vers à soie dans les anciennes cellules des religieux. Mais la rumeur de l’histoire dit aussi qu’en fait de fortune de mer, l’impératrice avait un amant. Qui a dit que l’amour finissait toujours par un naufrage ? Dernier coup d’oeil avant de vous consacrer à la manoeuvre d’atterrissage : au-dessus du couvent, trois pics, trois villages en hémi-

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cycle et le magnifique couvent qui épaule une église conventuelle hélas ruinée. « Des patrons des barques m’ont assuré être venus de Livourne à vue sur le portail de l’église qui est fort élevé » écrivit Miss Thomasina Campbell dans ses Notes sur l’Île de Corse à la fin du XIXe siècle. Doux abri que Macinaggio, marine de Rogliano, qui fût au XVIIIe siècle le port principal du cap Corse, d’où partait le courrier pour la France (Pascal Paoli écrivit plus de quinze mille lettres !), d’où Damiano Lucchetti a sauvé du naufrage les précieuses collections de tableaux du cardinal Fesch et où ont débarqué Pascal Paoli en 1790 et, trois ans plus tard, Napoléon Bonaparte. Derrière la pointe de la Coscia qui ferme la rade, un bon mouillage par ce temps, Tamarone, la plage de Macinaggio. MARINS DU CAP CORSE Le petit port moderne a été aménagé en 1971 sur le site où quatre siècles plus tôt en 1571, les felouques chrétiennes se sont illustrées durant la guerre contre les Turcs. En 1620 les Génois ont construit le premier port. En 1750 est installée une digue en partie transportée depuis Toulon par… l’occupant français aux ordres du Marquis de Cursay et détruit plus tard par les Anglais. À 40 milles de l’île d’Elbe, très apprécié par les plaisanciers italiens, le port de plaisance le plus proche du continent où l’accueil est plus qu’aimable, offre 600 anneaux et une zone technique. Macinaggio cache bien son passé exceptionnel que l’historien Philippe Lucchetti, réveille

Maisons et caveaux d’Américains

en contant le destin singulier de la marine à voile : « Les bateaux, les pinques, naviguent à l’année, même durant les équinoxes et seul l‘équipage, le plus souvent familial, change. On y trouve père, grand père, novice. Le Pinque, le pinco génois, est une barque non pontée, proche de la Tartane, un gros bateau de charge de 200 à 300 tonneaux, gréé en chébec aux voiles latines ou équipé d’antennes et de vergues portant des voiles auriques. L’arrière est équipé d’un tape-cul. Peu naufragent. Les marins du cap Corse sont de magnifiques professionnels et de grands commerçants. Pas seulement pour échanger de l’argent contre des marchandises, mais pour naviguer. Ce sont des transporteurs avant tout ». Alors que l’on dit les Corses ont une aversion pour la mer par où arrivaient leurs ennuis - invasions et maladies - les Capcorsins sont des coureurs de mer. Si certains ont fait fortune à l’étranger, beaucoup ont été ruinés par la la marine à vapeur dont les navires, trop gros, se sont déroutés vers Bastia. Aujourd’hui, le port est surchargé en période estivale. On le comprend. Chanceux, vous serez amarré au coeur du charmant petit village, si accueillant avec ses restaurants, boutiques en front de mer dont une bonne librairie pour ceux qui sont curieux de connaître mieux nos hôtes. Alors, n’attendez pas la fin du jour pour vous présenter à Macinaggio : «À chi primu’junghje, primu macina !» dit le proverbe corse. Le premier arrivé au moulin est le premier à moudre... Emma Chazelles

Depuis le XVIIe siècle, les Capcorsins ont navigué aux Caraïbes. Beaucoup se sont expatriés à Porto Rico, clandestins faute d’autorisation de commerce avec la colonie espagnole. Contrebandiers, ils y ont cependant été vus comme des héros pour avoir permis en 1640 à la Citadelle de survivre. Grâce à leurs goélettes plus agiles que les hauts bords hollandais ennemis, ils livrèrent à la population assiégée provisions et armes. Alors, quand la vapeur vînt à ruiner la marine à voile de Macinaggio, c’est ici qu’ils reprirent leurs activités de transporteurs en chargeant des bateaux de canne ou de mélasse vers les raffineries d’où ils repartaient avec le sucre fini. La fortune, avant d’être ruinés par… le chemin de fer. Maudite vapeur ! Beaucoup sont restés, s’installant planteurs de café et de canne alors que d’autres rentraient au pays. Mais tous ont fait construire sur le cap d’immenses demeures “les maisons des Américains“ et d’extravagants caveaux d’architecture antique. Dans ce maquis, ces édifices baroques créent un contraste troublant, le plus souvent émouvant.


Méditerranée :

La trop bonne réputation Dans cette édition 2010 de cabotages, il est beaucoup question de sécurité et de responsabilité. Les bateaux, les équipements, la science de la météo… Pour ouvrir ce chapitre qui ne se referme jamais, nous avons demandé à deux grands marins, un amiral de la Royale et un champion de voile, de nous dire ce qu’est pour eux l’esprit «marin» de la Méditerranée. Nous retranscrivons ici la substance de leurs propos. Mais commençons par une voix du passé récent, Jean-François Deniau, ancien ministre et académicien :

Jean François Deniau, fondateur des Écrivains de marine, “voileux” de toujours :

De vrais pêcheurs et de grands marins

Bien que n’en étant pas originaire, j’ai lutté contre les appréciations peu flatteuses concernant son caractère maritime du style : « ce n’est pas une vraie mer », définition du pêcheur marseillais : « c’est le mari de la femme qui va chercher le poisson à la gare », « Sainte Vierge, protégez les marins qui sont au port, les autres qu’ils se démerdent » dit avec l’“assent” bien sûr.

Parce qu’il y a du soleil, on croit qu’il fait toujours beau. Mer à part, certes, mais mer capricieuse et d’une grande violence exigeant parfois plus de qualités maritimes que l’océan. Elle ne prévient pas. L’empereur Charles Quint a fait, à propos de ses dangers, l’une des plus belles remarques maritimes que je connaisse : « il n’y a que deux bons ports en Méditerranée, Car-

thagène et le mois de juin». J’ai navigué à la voile (Ndlr : en Méditerranée) sur mon petit yawl Laërtes pendant plus de dix ans (…). J’ai rencontré de vrais pêcheurs et de grands marins. » Extrait “Méditerranée” du Dictionnaire Amoureux de la Mer et de l’Aventure, Plon, 2002.

Laërtes, le “petit yawl” de Jean-François Deniau

Vice-amiral d’escadre Yann Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée :

La carte postale est trompeuse

La Méditerranée a l’image d’une carte postale : des calanques à l’eau transparente, des plages, une mer bleue et calme… Vous ne

verrez jamais ni Mistral ni coup d’Est. Curieusement, l’Atlantique des cartes postales a des vagues, du vent, des phares dans la tempête. L’image de la Méditerranée auprès de ceux qui viennent y naviguer pendant l’été – et ils sont plus nombreux qu’ailleurs – est la cause de bien des imprudences. C’est très préoccupant. De mars 2009 quand j’ai pris mes fonctions, à mars 2010, nous avons fait 2.600 interventions de sauvetage impliquant 5.800 personnes parmi lesquelles il y a eu 27 morts et 6 disparus. Un mort tous les dix jours pour la côte méditerra-

néenne française et la Corse. Les causes sont de trois ordres qui se ramènent – presque – toutes à la question du temps du vacancier, essentiellement citadin, en tout cas pas marin. Il veut profiter tout de suite : pas de préparation matérielle ou physique. C’est surtout vrai pour la plongée qui connaît de plus en plus d’accidents, non pas à cause des clubs, très professionnels, mais des pratiquants. Il veut profiter le plus longtemps : la météo devrait imposer sa loi au calendrier des vacances, or c’est le contraire qui se produit. Les

plaisanciers commettent des imprudences pour “être à l’heure”. Il veut aller vite : la vitesse, avec les grands yachts comme avec les jetskis, les gens vont trop vite. Lors d’une opération «coup de poing» que nous avions menée dans la baie de Saint-Tropez, il y avait tellement d’infractions que nous n’avions pas assez de personnel pour verbaliser tout le monde ! Un gros travail de prévention à mener et ce travail – notamment grâce aux médias – doit être mené en amont, pour corriger l’idée que les gens se font de la Méditerranée.

Bruno Jeanjean, capitaine du port de Palavas, détenteur du Trophée Jules Verne :

Il faut de grandes courses à la voile Ici, c’est une mer casse-bateaux. La houle est courte, le vent violent et imprévisible en force et en direction. Il ne faut pas la prendre à la légère, c’est un fait que ceux qui naviguent régulièrement en Méditerranée ont compris. Le plaisancier a des abris à peu près partout pour se mettre en sécurité. Mais la côte peut être un danger et il faut savoir s’en méfier, ce que les gens de la course au large savent paradoxalement très bien !

Quant à dire qu’il y a moins d’esprit “marin” en Méditerranée… je dirais que la voile est devenue un sport majeur pour les Bretons. Même en hiver, sur l’Atlantique comme sur la Manche, vous verrez tous les week-ends des bateaux sortir. Ici, regardez, un jour comme aujourd’hui (ndlr : début du printemps, soleil, force 4 de Nord-Ouest), on voit deux voiles dans toute la baie d’AiguesMortes. Si on retire les écoles de voile qui font sortir leurs élèves…

Pour arriver à donner une image et à créer un esprit marin, il faudrait qu’on puisse organiser en Méditerranée de grandes courses à la voile où de grands marins s’engageraient sur de beaux projets. Mais, pour l’instant, nous n’avons pas de course référente et que des petites organisations. Regardez l’image maritime que les villes atlantiques qui sont devenues les points de départ des grandes courses ont acquise !

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Deux mille bateaux mouillent une journée d’été sur la côte méditerranéenne continentale et en Corse, tel est l’un des résultats d’une étude menée en 2009 par la Préfecture maritime de Méditerranée rendue publique en mai dernier. Comme on pouvait s’y attendre, l’immense majorité des mouillages concerne la région PACA 1.391), puis la Corse (453) et enfin le LangudocRoussillon (91). La zone entre Giens et Nice est la plus fréquentée, avec un record diurne de 263 bateaux entre Lardier et la pointe Saint-Tropez ! Sinon, en moyenne, la rade d’Hyères vient en tête, Porquerolles y étant pour l’essentiel : 200 mouillages de jour pour 140 de nuit. Le détail : De jour ou de nuit ? Certains sites sont plutôt “nuit“, d’autres “jour“. Si Pampelone voit les yachts entre l’heure de l’apéro de midi et le moment où il faut aller se faire voir chez Sénéquier, certains sites sont fréquentés par des plaisanciers de croisière : Toulon, Ajaccio, Calvi, l’Île Rousse. Pour Toulon, c’est la preuve qu’il s’agit d’un bassin à réputation plus nautique que touristique. Quant à la Corse, pas étonnant, on n’y va pas avec un pêche-promenade. Voile ou moteur ? Le moteur l’emporte de la Côte Vermeille jusqu’à la Côte Bleue. De Marseille à la Rade d’Hyères, la voile l’emporte très largement. Puis c’est l’effondrement : de Cavalaire à Cannes, le moteur prend le dessus. Nice et Monaco sauvent l’honneur de la voile. La taille des bateaux ? L’étude ne présente, hélas, que trois classes : les moins de 6m, les plus de 30m et les autres. Mettre dans la même baignoire les bateaux de 6,50 qui rentrent dans des recoins de calanques et des yachts de près de cent pieds capables de boucher la plage d’Argent n’est pas très opérationnel… Organiser les mouillages ? C’est dans l’air. Les Zones de Mouillages Organisés (ZMO) ne sont pour l’instant que sept en Languedoc-Roussillon, huit en PACA et onze en Corse. La Corse du Sud est championne avec près de deux mille postes,

Mouillages: la fin des forains ? Bouches du Rhône et Var, loin derrière. En revanche, le Var est recordman absolu (cinq fois plus que la totalité des autres) des amarrages en Autorisation d’Occupation Temporaire (des corpsmorts “sauvages“ peu à peu légalisés). L’ancre sera de plus en plus bannie, ça, c’est sûr Elle n’a rien pour elle : elle abîme les fonds, elle implique de grands espaces d’évitement, elle crée des conflits entre plaisanciers, elle est parfois peu sûre. Un corps mort ou un ancrage écologique règlent ces problèmes. Bien que les contextes soient bien différents sur la côte rectiligne et les lagunes du Languedoc-Roussillon, les services de l’État sont bien décidés à ce que le développement de la plaisance ne se fasse pas au détriment de l’environnement, des paysages côtiers, des autres usagers du littoral. Selon les cas, les mouillages seront purement et simplement interdits, contrôlés ou organisés. Et, sans que cela soit dit explicitement, payants “en échange d’un service“. Un anneau solide en est un… On aura compris quand on lit que l’étude insiste sur le fait que “le mouillage n’a pas vocation à répondre à l’insuffisance structurelle de places dans les ports mais devrait s’intégrer dans une politique portuaire globale“. Notre nombre et l’irrespect de certains pour la mer auront raison de la joyeuse anarchie du mouillage forain.


Les ports :

Tapis rouge vers la ville, tapis bleu vers la mer

De nombreuses réflexions sont menées pour renouveler la vocation des ports de plaisance et faire évoluer les capitaineries vers des fonctions plus diversifiées. Lesquelles ? Pour l’instant, il est surtout question d’inciter le plaisancier à contribuer davantage à l’économie des villes portuaires et de l’arrière-pays. Et la mer, dans tout ça ? À ce déséquilibre, Cabotages répond par la notion de nautourisme® où l’eau, le ciel et la terre sont le monde où nous naviguons.

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l est dans l’air du temps que les ports ne soient pas que des parkings à bateaux à l’année ou à la journée. En échange du loyer : une place, parfois une aide à l’amarrage, un bulletin météo, de l’eau, de l’électricité, des toilettes propres et une douche chaude. Métier ingrat que celui de maître, capitaine ou directeur de port ! En saison, il distribue les clés des “chambres”, veille à la paix et la sécurité des pontons, fait face avec le sourire aux demandes multilingues des passagers chez qui la moyenne mondiale de casse-pieds est respectée. Les neuf autres mois, il administre, gère les listes d’attente, répare pontons, bornes et sanitaires, cherche des anneaux supplémentaires dans tous les recoins, veille sur les bateaux abandonnés pour l’hivernage, se paye les tempêtes quand les propriétaires sont au chaud à l’autre bout de la France, fait face aux usagers permanents chez qui la moyenne nationale des mauvais coucheurs… Les choses changent. Sans l’avoir demandé, le port se voit doté d’une ambition nouvelle :

porte d’entrée de la ville, antichambre de l’arrière-pays, ambassadeur du terroir. TU VIENS, BEAU MARIN ? Des marchés paysans le matin ou des concerts sur les pontons à l’heure de l’apéro, pourquoi pas ? Mais il ne s’agit pas d’offrir un service au plaisancier ou de rendre son escale plus douce. Il faut faire entrer dans l’économie locale ce nomade considéré par les économistes comme des “CSP++”, catégorie socioprofessionnelle haut de gamme. Tout ce qui compte de fournisseurs de biens et services à terre s’intéresse à celuilà qui débarque de la solitude et du silence, forcément frustré de ne pas avoir pu consommer dans le grand désert bleu, avide, glouton, impatient d’acheter, de se jeter dans la foule qu’ils a cherché à grand prix à fuir ? «Tu viens, beau marin !», on entend ça dans tous les ports du monde depuis que le premier navire s’y est amarré... Au plaisancier, la terre fait de l’œil. Mais qu’est-ce qu’un plaisancier à terre ?

Un piéton qui a du mal à marcher droit. À part ça, il se fond dans la masse des touristes, dans le nombre des consommateurs. Il va au restaurant, fait ses courses, un peu de shopping… Mais sa belle CSP qui le rend si sexy aux yeux des cités portuaires est en priorité employée à entretenir sa danseuse. Son bateau. Que lui reste-t-il à terre ? Les dépenses d’un plaisancier n’y sont pas différentes de ceux d’un estivant motorisé. Numériquement, les touristes venus par la mer sont population négligeable : les voyageurs d’un seul TGV représentent un plus gros potentiel de dépense qu’un mois entier de passage dans un port moyen de Méditerranée.

nombre qu’ils sont dans une cité balnéaire où des dizaines de milliers de personnes s’amusent et consomment.

PAS UN CROISIÉRISTE Sans doute la plaisance contribue-t-elle à faire vivre les producteurs de fromages du Larzac, de charcuterie de Corse ou de vin de Cassis, mais pas plus que le même nombre de camping-caristes, plagistes et autres fantassins du tourisme. Les plaisanciers ne représenteront jamais plus que le très petit

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Autre illusion : la découverte de l’arrière-pays. On-t-ils déjà navigué ceux-là qui affirment qu’à peine arrivés à Port Camargue le plaisancier va partir visiter le Pont du Gard, à Sète, Carcassonne, à Bandol, les gorges du Verdon ? Qu’il va tourner la clé de la première voiture de location et se jeter dans les embouteillages de l’été à la découverte des églises romanes et des éleveurs de brebis ? C’est oublier que passer ses vacances en bateau est un choix radical : l’itinérance nautique qui pousse les marins à partir et arriver avec le même bonheur, à vivre la mer avec passion et la terre avec plaisir. Pour les vacances au moins, ces terriens changent d’apparence, de langage, de véhicule, d’identité. Marcher, pédaler, pourquoi pas. Une voiture, un bus, un train, finie l’aventure. Deux stations de métro à Marseille quand on est amarré au Vieux Port, c’est comme une apnée souterraine dans cet autre monde qu’on croyait avoir quitté. La plaisance n’est pas La Croisière s’amuse où trois mille passagers sont pris en main par les tour-operators. LE PORT OUVERT SUR LA MER Et pourtant, il est vrai que le plaisancier n’est pas seulement un obsédé de vent, de vagues et de soleil. Le navigateur est à sa manière un touriste, curieux des trois mondes qu’il côtoie : le ciel, le vent et les oiseaux ; la mer, les fonds et les poissons ; la côte, les

ports, les villes d’escale. C’est le mélange subtilement équilibré de ces trois univers qui fait le charme du cabotage. Pourquoi les capitaineries ne seraient pas davantage des portes se sortie sur la mer, les antichambres du grand large, les ambassadrices de la vie marine et sous-marine ? On pourrait se prendre à rêver que les ports soient davantage impliqués dans la sensibilisation à la sécurité, à l’environnement, à l’esprit marin, qu’on les aide à faire de la pédagogie, à être les lieux d’échange d’expérience, des centres de ressources équipés de moyens pour préparer les escales futures, croisières lointaines ou sorties d’un jour. LE NAUTOURISME ? Cabotages a inventé le terme de Nautourisme® pour désigner ce tourisme complet, fait de curiosité pour les autres marins et les autres bateaux, la nature et la culture, de respect pour la vie marine et les autres usagers, du monde aquatique et littoral. S’il est demandé aux capitaineries de dérouler sur les pontons un tapis rouge vers la ville, nous adorerions qu’on les aide à déployer aussi un tapis bleu vers le large : à inciter les plaisanciers à sortir les bateaux plus souvent, à les faire partir à la découverte des autres ports, à élargir le rayon des ronds dans l’eau du dimanche. Offices du Nautourisme ? Christophe Naigeon

à votre service…

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YACHT

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Sécurité

Gérard d’Aboville

“La réglementation déresponsabilise” (Gérard d’Aboville) Avec le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques, celui qui a été le premier à traverser l’Atlantique à la rame lutte pour simplifier la réglementation nautique et remettre au goût du jour solidarité et bon sens marin.

L

’histoire commence en 1967 alors que la plaisance décolle. Dans les solitudes du grand large, Éric Tabarly remporte six régates internationales avec Pen Duik III. Dans les foules parisiennes, le Salon Nautique de Paris explose dans les 25 hectares du bâtiment pourtant révolutionnaire du CNIT à la Défense. Depuis vingt ans, la fameuse école fondée en 1947, le Centre Nautique des Glénans, était devenue l’ENA des apprentis navigateurs, le Label Rouge des marins élevés au grain breton, et faisait des petits sur toutes les côtes. La voile légère avait pris son envol populaire avec les Caravelle, Vaurien, 420… et la croisière côtière marchait dans son sillage avec le Corsaire (1953, Herbulot) puis le Muscadet (1963, Harlé) et l’Arpège (1967, Dufour) en tête de ligne. LES “PETITS BAIGNEURS”

équipement, douanes, affaires maritimes… Chaque ministère, chaque administration, chaque député fait son règlement, ses normes, son décret, sa loi. L’AFFAIRE “PAVILLON BELGE” Il faut coordonner : en 1967 un décret du troisième gouvernement Pompidou instaure le Conseil Supérieur de la Navigation de Plaisance et des Sports Nautiques qui, statutairement, a «une vocation de conception, de coordination, de concertation et d’impulsion» et «émet (…) des propositions et recommandations transmises aux ministres concernés». En d’autres termes, un organe consultatif, le genre d’institution qui justifierait l’adage «la démocratie, c’est cause toujours». Sauf que… lorsque l’outil, aussi peu affûté soit-il, est mené par un homme déterminé, du travail est abattu. « Nous sommes en partie un organisme de lobbying » résume

Gérard d’Aboville, son actuel président. Depuis quinze ans, celui qui fut le premier à traverser l’Atlantique puis le Pacifique à la rame n’est pas de ceux qui renoncent. Comme «l’Affaire du Pavillon Belge», dossier emblématique. « La première année, ils étaient 50, ils étaient 500 la seconde et 5.000 la troisième, il fallait faire quelque chose » se souvient-il. Il y avait les six catégories de navigation, chacune avec ses équipements obligatoires. « On ne pensait plus à la sécurité mais à l’inventaire à présenter aux contrôles. Le plaisancier se disait « j’ai tout, il ne peut rien m’arriver». Il y a un moment où la réglementation déresponsabilise ». Ainsi, après des années de palabres, le CSNPSN a pu obtenir une législation plus proche de celle de nos voisins européens et, surtout de l’esprit de la marine : prévoyance et responsabilité. Un radeau pour deux personnes est désormais suffisant s’il n’y a que deux embarqués dans un

bateau de six places, mais en cas de méchant vent, il sera toujours plus dangereux de risquer une entrée à la volée dans un port étroit et mal protégé que de se mettre à la cape ou en fuite, loin de la côte, hors de la zone autorisée. Victoire du bon sens marin. LA RADIO POUR TOUS Autres dossier en cours : la généralisation de la VHF. « Le certificat actuel obligatoire pour utiliser la radio du bord est obsolète. Il faut quelque chose de plus pratique qui incite les gens à en avoir une à bord ». Gérard d’Aboville argumente : « c’est pétole. Un voilier encalminé veut rentrer au moteur. Ça ne démarre pas. Il n’a pas d’autre moyen de communication que la fusée rouge. Les sauveteurs vont prévoir le pire et dépêcher un navire de la SNSM, un hélico. C’est disproportionné. Si le capitaine avait pu expliquer à la radio de quoi il retournait, un autre plaisancier ou un pêcheur

Bref, la navigation de plaisance devient une activité économique porteuse, un loisir accessible pour les uns, une machine à rêver pour les autres. La régate est lancée entre les architectes pour tirer le meilleur parti possible du polyester. En 1967 se tourne à Chichoulet, secret port “sauvage” de l’embouchure de l’Aude un film culte, Le Petit Baigneur, où Louis de Funès incarne avec tumulte l’un de ces patrons de l’industrie naissante du moule-à-gaufres qui, grâce à cette matière très plastique, va permettre la production nautique de masse. Cela ne va pas sans poser des tas de problèmes : sécurité, infrastructures portuaires, équipements des navires, coexistence avec la pêche et le commerce… bientôt la pollution, la surpopulation portuaire. La navigation de plaisance est une longue traversée horizontale de l’administration française : sports, transports, industrie, environnement, pêche,

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Pôle Nautique

Port de Plaisance

Canet-en-Roussillon

aurait pu lui porter un jerrycan, le remorquer. La VHF, c’est donner la possibilité d’être entendu de tous, d’expliquer ce qui se passe et d’obtenir la réponse appropriée. C’est diminuer les alertes “de confort” et ramener la solidarité entre marins ». Enrichir l’État et les marchands de radios marines ? La dépense serait compensée par l’exonération de la redevance et la suppression des fusées-parachute – les plus chères – des équipements obligatoires. « Notre travail étant d’apporter les arguments et de faire pression pour changer la loi, de dos-

sier VHF est de ceux dont nous nous chargeons avec la SNSM et tous les services chargés de la sécurité ». Parmi les arguments en faveur de la radio : une expérimentation de bulletins météo en boucle sur le canal 16. Une idée à soumettre au CSNPSN ? Passez par l’un de ceux qui y sont représentés. Christophe Naigeon

© Ville de Canet-en-Roussillon

Plaisirs de la mer et pôle de compétences !

Fusée ou matériel électronique, des solutions pour lesquelles la VHF est une alternative ou un complément en cas de problème.

Canet-en-Roussillon,

au Coeur du Pays Catalan ! À quelques milles des criques, en bordure d’une plage de sable fin, le Port de Canet-en-Roussillon offre un véritable confort. Ce lieu de plaisance dédié aux amoureux de la mer est également une plate-forme de compétences grâce à la qualité et à la diversité des professionnels exerçant leurs activités sur l’espace technique et le pôle nautique en cours de réalisation. Pour une escale technique ou une escale « loisir », tous les équipements sont prévus pour accueillir des navires jusqu’à 35 mètres. N’hésitez pas à venir nous rendre visite !

Comment saisir le CSNPSN ? Le Conseil est constitué de reremonter par l’une des fédéraprésentants de neuf ministères ! tions sportives agréées (voile, Mais aussi d’administrations motonautisme, sports sous-macomme les Voies Navigables de rins, ski nautique, canoë-Kayak, France, le Conservatoire du Litaviron, pêche en mer) ou les astoral ou le comité Olympique… sociations concernées par le suainsi que de la Fédération des jet représentés au CSNPSN (Les Industries Nautiques et la FéGlénans, la SNSM, le Yacht-Club dération Française des ports de de France, la Fédération des Plaisance. Si vous êtes porteur Pêcheurs Plaisanciers, l’Union Nationale pour la Course au d’une idée susceptible d’avoir des répercussions réglemenLarge…). Pour en savoir plus, rendez-vous sur la toile : taires ou législatives, faites-la www.csnpsn.developpement-durable.gouv.fr

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France

Nice Cannes

Montpellier Sète

Toulouse

Marseille 170 milles

100 milles

Canet-en-Roussillon

Espagne

Empuriabrava

Roses

Bastia 240 milles

Corse

Girona 160 milles

Vers Barcelone

310 milles

Ajaccio

Vers Baléares Vers Sardaigne Renseignements : SCEREM (Société Canet-en-Roussillon Économie Mixte) Capitainerie • BP 210 • 66141 Canet-en-Roussillon Cedex • France ✆ +33 (0) 4 68 86 72 73 • Fax : +33 (0) 4 68 86 72 72 • contact@scerem.fr • www.scerem.fr


Météo à bord :

Quels instruments sont vraiment utiles ? La mer n’est jamais mauvaise. Le méchant, c’est le vent. Celui qui déchaine les vagues, qui pousse à la côte, qui amène le grain violent, qui déchire les voiles. Celui de Méditerranée est redouté de tous les marins sérieux. Ceux qui n’en ont pas peur sont des inconscients. Un seul remède, la météo. Voici quelques conseils pour avoir ce qu’il faut, mais pas plus, qui est trop.

S

oyons bien d’accord : les prévisions ne se réalisent pas toujours. La fiabilité du bulletin est de 70% « la dépression pouvant être plus creuse »… Un vent de Nord force 5 fraichissant est annoncé, et c’est finalement du Sud, force 2. Cependant, tout caboteur un tant soit peu conscient du risque d’un changement brutal de temps ne peut tourner le dos aux diverses aides à la navigation avant de quitter le port et que Radio-Ponton ne saurait en aucun cas remplacer. L’outil le moins onéreux est le bulletin météo affiché à la capitainerie. Si vous avez une VHF complétez avec les bulletins réguliers. Mais la consultation indispensable et régulière de ces aides ne suffit pas : il vous faut un carnet et un crayon pour noter ce qu’il en était hier et la tendance prévue pour demain et après-demain. La mémoire est souvent défaillante. L’EXPÉRIENCE ET LE “PIF” Autre instrument indispensable et obligatoire et tout aussi gratuit : votre “nez”, votre expérience pour sentir l’évolution de la météo. Et sans vous laisser influencer par les on-part-on-partpas de votre équipage, les décisions du voisin, l’avis du vieux pêcheur indigène. Car c’est à vous, capitaine, de tenir compte de la tendance passée et à venir, du comportement antérieur de votre équipage dans le vent qui monte avant de décider de rester au port ou d’aller voir ailleurs quel temps il fera demain ! Mieux vaut une journée

de navigation perdue qu’une menace de divorce et/ou de vente forcée du bateau… Pour aller plus loin, essayons de distinguer les instruments incontournables et/ou obligatoires des utiles ou même des futiles… INSTRUMENTS DE FRIME Éliminons d’entrée tous ceux qui, certes performants, sont superflus pour une navigation côtière : tous les instruments d’acquisition de documents au large, cartes avancées de pression, de vents, d’isobares en surface et en altitude par télécopie, Navifax ou Seafax et autres fac-similés. De même pour les systèms satellitaires de communication type Immarsat et autre Iridium ou Thurya : utiles pour la navigation hauturière et/ou en solitaire mais pas vraiment nécessaires pour le cabotage, d’autant que chaque équipement coute entre 2.000 et 3.000 € et impose de grosses antennes difficilement logeables sur nos généralement petites unités. LES INCONTOURNABLES Obligatoires ou non, sont incontournables le baromètre à aiguille ou enregistreur ou même électronique (on peut aller jusqu’à la petite station météo du commerce terrestre) : de 30 à 100 e. Ce sont ses variations qu’il faut surveiller : chute brutale, attention les dégâts ; chute lente, on va incessamment devoir revoir le programme des jours suivants…

La VHF : plus qu’indispensable puisqu’elle assure également la sécurité via la surveillance du canal 16 par les CROSS et tous les sémaphores, et qu’elle assure des liaisons de quelques milles à quelques dizaines de milles. Maintenant couplée à un GPS, elle donne la position par appel automatique de détresse d’un numéro international du Système Mondial de détresse et de sécurité en mer (SMDSM). La veille est la meilleure garantie contre les surprises d’un changement de temps entre les trois bulletins quotidiens. Le long de la Côte d’Azur, les bulletins des Cross sont répétés en boucle sur le canal 63 en dehors d’heures de rendez-vous et il serait souhaitable que cette expérience se généralise. Comptez entre 100 et 200 € pour une VHF fixe, idem pour une portable, bien utile lors des arrivées de port, en annexe ou même dans le cockpit.

Le GSM, notre téléphone portable quotidien. Météo France a un système par département et nos bateaux sont très souvent à portée de réseau. Avant de partir ou en cours de route faites le numéro 0892 6808 suivi des deux numéros du département. C’est payant mais ce n’est pas volé. Et cela présente l’avantage d’avoir la météo du point d’arrivée alors que la capitainerie que vous quittez ne donne que le bulletin de zone de départ. Un conseil, si vous partez de Marseille vers les Saintes-Maries, écoutez aussi la météo de Guissan. Ce qui se passe là-bas pourrait bien être une précieuse indication sur ce que vous pourrez trouver demain ou après-demain. À force de naviguer, on se fait ainsi sa propre interprétation, fruit de l’expérience. Le récepteur radio grand public : en navigation côtière, de très nombreuses stations émet-

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tent des bulletins sur GO, PO et FM. Un autoradio à bord fait d’autant l’affaire qu’il est fixe et a un lecteur pour vos CD audio préféré. Plus chic et entre nécessaire et utile : le récepteur BLU (Bande Latérale Unique - oui, la voie de Donald le canard), obligatoire en hauturier pour recevoir la météo du et au large. S’il vous vient l’idée de naviguer plus ou moins loin de votre bassin habituel, emportez-le : il vous permettra d’avoir des nouvelles de votre port d’attache car multi-bandes, il permet de capter sur grandes ondes de nombreux émetteurs français ainsi que Radio France Internationale partout dans le monde ! (entre 100 et 300 €). Prévoir alors une bonne antenne… LES SIMPLEMENT UTILES L’anémomètre. Si vous n’avez pas d’anémomètre en tête de mat, pourquoi pas un à main ? Utile pour départager entre les avis (« ça monte, ça monte pas ») ! Et malgré le côté rigolo à manipuler, en impose un peu aux novices… De 50 à 150 €, selon qu’ils sont autonomes (mécaniques) ou à piles (électroniques et affichages de diverses informations). Très courant sur nos bateaux : le Navtex pour recevoir sous forme de petits messages les avis urgents aux navigateurs, des bulletins météo, des avis de coups de vent via des satellites, près et loin de la côte. Comptez 500 €. Tout aussi courant maintenant, l’ordinateur et la liaison Internet : pas un réel besoin pour nos navigations le plus souvent estivales et proches des côtes. Mais il existe

une foultitude de sites météorologiques selon les activités pratiquées et votre degré d’addiction… Pour des traversée plus lointaines (Corse, Tunisie, Baléares), Météo France par exemple propose un abonnement au logiciel Navimail pour récupérer les données météo marines valables pour votre position et les mailles géographiques voisines. Durée et coût variables à consulter sur le site de Météo France. Mais tout cela risque d’être vite périmé avec l’arrivée de l’Ipad …et ses promesses. LES ACCESSOIRES Si vous naviguez dans une zone dont vous ne maitrisez pas bien la langue : le glossaire ! En météo, les mots ont leur importance et une traduction approximative peut modifier le sens d’une prévision. Sans oublier l’indispensable Guide marine de Météo France disponible en capitainerie et téléchargeable : mis à jour chaque année, vous y trouverez entre autres renseignements utiles, lexique, glossaire, cartes des zones météo nationales et internationales, listes des émetteurs VHF et BLU et horaires d’émission. L’ENNEMI : LE CALENDRIER ! L’ennemi du marin, c’est le calendrier. Se croire obligé d’arriver à tel endroit tel jour est le meilleur moyen de perdre tout discernement, toute prudence. Demandez à la SNSM. Il y a un pic de sauvetages les jours de mauvais temps en fin de semaine, aux dates où il faut rendre les bateaux loués, où il faut prendre un train pour retourner au boulot… En mer, le temps (chrono) se plie au temps (météo). Claude Roger

Face à un ciel que l’on a du mal à interpréter, rien ne vaut le croisement des informations que peuvent donner les différents outils météo de bord, sans oublier le bulletin affiché à la capitainerie.

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Le transportable :

solution pour les nomades ? Avoir son bateau à l’anneau et à l’année est un rêve de plus en plus inaccessible. Prendre l’avion ou le train et louer un bateau n’importe où dans le monde est une pratique de plus en plus répandue pour la croisière à voile. Nomadiser en remorquant son esquif comme d’autres leur caravane est, pour une navigation strictement côtière et le plus souvent à la journée, une idée tentante.

E

ntre deux et douze ans, voire plus, pour obtenir une place à flot dans un port de Méditerranée… Les ports à sec, tout le monde n’aime pas et, pour beaucoup, cela revient cher. Alors, une solution est d’avoir soi-même son port à domicile, pourvu que l’on dispose d’un hangar, d’un garage ou simplement d’un abri bâché au fond de son jardin. Sans oublier une remorque et une voiture capable de tirer le tout. Et, enfin – c’est évident – d’un endroit adapté pour mettre le bateau à l’eau, garer la voiture et la remorque en lieu sûr pendant qu’on est sur la mer jolie. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, avoir son port d’attache à la maison est une option que 95% des propriétaires de semi-rigides choisissent. Mais pas forcément si simple ou si économique que cela. TRÈS SOPHISTIQUÉS Si hisser son Laser sur deux poutres installées en mezzanine dans son garage au-dessus de la voiture familiale ne pose guère de problème de place ou de manutention, ranger un semi-rigide de six mètres cinquante est une autre affaire. Certains, comme Jean-Louis Attard, responsable des relations

extérieures du site www.pneuboat.com, en arrivent même à découper le mur et la porte d’entrée de leur garage pour faire passer leur dernière acquisition, forcément plus grande. Car, pour un “pneuboater” comme pour un marin “rigide”, le proverbe selon lequel il manque toujours un mètre à son bateau, reste vrai. D’autant plus que la différence entre les deux commence à s’estomper. Les “gonflables” d’aujourd’hui ne se dégonflent plus d’un été à l’autre. Cela évite d’infliger des faux plis aux boudins. Leurs postes de pilotage, leurs fonds, leurs sièges moelleux, leurs arceaux, leurs coques profilées, leurs bastingages et leurs moteurs puissants sont de plus en plus luxueux, à mille mille des saucisses-mobylettes qui ont permis autrefois à tant de gens de jouir de la mer comme des milliardaires et qui ne sont plus maintenant que des annexes. Entre 25.000 € (rarement moins) et 50.000 € (parfois bien plus) l’engin, l’option semi-rigide transportable n’est plus une option d’économie à l’achat. Et à l’usage ? Si l’on est un expert-comptable, on doit compter l’amortissement du garage, calculer le préjudice subi par la voiture qui couche dehors… Si l’on ne calcule que les coûts directs, pour une trentaine de

sorties annuelles et une centaine d’heures de navigation, il faut compter entre 500 et 1.200 litres d’essence (650 à 1 .600 € selon la puissance, plus 200 à 300 €pour l’hivernage et l’entretien courant et ajouter en moyenne 10 € par mise à l’eau. MISES À L’EAU TRÈS CHÈRES Car mettre son bateau à l’eau a maintenant un prix. Extrêmement variable : de 5 à 8 €

à Frontignan, jusqu’à 278 € à Porto Ottioli en Sardaigne ! « Il est compréhensible qu’on fasse payer de 5 à 10 € car créer des rampes de mise à l’eau et des parkings a un coût » admet Jean-Louis Attard, qui poursuit « mais nous participons largement à l’économie du tourisme local et du nautisme qui étouffe faute de places à l’eau, alors, il faut que les prix restent raisonnables. Pour les milliers de personnes qui ont des petits bateaux de 3 ou 4 m, payer plus de 10 € à chaque fois est très cher ». Cher et rare. De plus en plus rare, même, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, les communes hésitent de plus en plus à créer des cales de mise à l’eau. Une raison est qu’elle transforment les zones portuaires – hautement touristiques et où chaque usage est calculé – en disgracieux parkings que les attelages squattent à la journée – voire plus – en consommant deux places. Une autre raison est l’embouteillage que chaque fin de journée provoque sur le quai à l’heure où les vacanciers se promènent avant l’apéro. Pas bon pour l’image balnéaire. LE JET-SKI, UNE NUISANCE ? Mais la troisième raison est la plus forte : jet-skis et autres scooters des mers, de plus en plus nombreux, sont resentis comme de vraies nuisances, pas seulement sur l’eau mais dans les ports : vrooom-vrooom des moteurs pour frimer ou rincer les turbines, circulation anarchique dans les ports… Cette plaisance-là est de plus en plus vécue comme une déplaisance

CHER NOMADISME NAUTIQUE ! Le nomadisme nautique peut coûter cher. Pour aller en Corse, paradis des pneumarins et de tout ceux qui ont leur bateaux en remorque, il faudra débourser jusqu’à 1.000 € rien que pour traverser en ferry : 4 personnes, une voiture, une remorque en période haute.

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et les communes commencent à en mesurer l’impact négatif. À cause du comportement de certains, dans toute l’Europe, les ports luttent contre ce motonautisme en fermant les cales de mise à l’eau. L’Allemagne et l’Angleterre ont fermé plus d’une centaine de rampes… Du coup, les usagers plus raisonnables que sont les pneumarins organisés en font les frais. L’Association des usagers des cales de mise à l’eau de Méditerranée (AUCMED) qui a établi une charte de comportement (voir l’encadré), regrette cette limitation de l’accès à la mer : « au-delà du mécontentement grandissant des plaisanciers, le tourisme et l’activité des industries du nautisme se trouvent largement affectés : 70% des immatriculations de la plaisance concernent des embarcations de moins de six

mètres (…) cette “plaisance sur remorque” n’est pas représentée dans toutes les instances concernées (…) ce qui entraine des décisions qui ignorent ou vont à l’encontre de l’usage de ces cales ». Ces mots, extraits d’un rapport remis en 2009 au Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques (CSNPSN), montrent tout de même que la question est à l’ordre du jour à “l’interministérielle” pour chercher des solutions. Tâche difficile car, comme disent certaines mauvaises langues « pour construire une cale de mise à l’eau, il faut consulter 7 ministères ». Et pourtant, depuis un édit de François 1er, les communes littorales doivent accès à la mer libre et gratuit. Une loi à rafraîchir… Christophe Naigeon

NOUVEAU SUCCÈS POUR LE SALON DU SEMI-RIGIDE DE PORT-BARCARÈS

D

u 21 au 24 mai s’est tenu au port de plaisance de Barcarès le second RIBMED, salon du bateau semi-rigide, premier du genre en France.

Les plus grandes marques étaient représentées, exposant une soixantaine de bateaux, aussi bien à terre qu’à flot, pour permettre aux visiteurs intéressés de faire des essais en mer ou sur l’étang, selon la météo. Bénéficier de ces deux plans d’eau est un atout majeur du site de Barcarès pour une telle manifestation qui fait suite au RIBEX de Cowes (Grande-Bretagne) et place Barcarès en seconde place européenne pour ce type de bateau.

Le but du salon est de présenter les nouveautés mondiales dans ce secteur en pleine évolution, de faciliter les essais et les ventes, mais aussi de faire se rencontrer les spécialistes, professionnels et organisations d’utilisateurs. Le premier salon, lancé à l’initiative de Joëlle Ferrand, Maire de Barcarès, avait mobilisé les équipes de la municipalité, de l’Office de tourisme, de la Capitainerie pour en faire un événement certes très “pro“ mais très convivial dès sa première édition.

LA CHARTE DE L’AUCMED Tout usager de cales de mise à l’eau se doit de : - Respecter la signalétique mise en place par les mairies ou les gestionnaires de ports - Ne pas gêner et donner la priorité aux professionnels de la mer - Préparer son embarcation en dehors de la cale, aussi bien pour mettre à l’eau qu’en sortir - Restreindre l’utilisation de la cale à la seule mise à l’eau et sortie - Ne jamais stationner sur la cale ou l’encombrer - Stationner véhicule et remorque sur les aires et parking prévus à cet effet - Ne pas utiliser les équipements portuaires destinés aux usagers résidents du port (point d’eau, borne électrique aire de carénage) sauf si compris dans les prestations de la capitainerie pour les usagers sur remorques - Veiller à la sécurité de tous les usagers en ayant une conduite adaptée et en effectuant des manœuvres avec douceur et maîtrise, sur la cale et dans le port.

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Pour cette seconde année, le succès ne s’est pas démenti, montrant que le semi-rigide, par sa facilité de transport et de mise à l’eau, par ses qualités marines et son confort, est un bateau à part entière capable de satisfaire les plus exigeants sur toutes les eaux.

Rendez-vous en 2011 pour le week-end de Pentecôte !

LES EXPOSANTS ET LES MARQUES Bear Marine Plaisance (Port Vendres) : Zodiac, Lomac, Joker Boat, Sea Hank, Pacific Craft Barcarès Yachting (Barcarès) : Capelli Marine Center (Barcarès) : Sacs Clinique du Bateau : Bombard, Black Fin Zar France : Zar Yachting Spirit (Canet) : BWA CG Info Service : Aqua dream, Vaillant Remora : Semi-rigide électrique Rafales (La Haye-Fouassière) : Rafale Barcelone Marina Port-Vell / SNSM / Société Générale

Communiqué

actualité :


Les sémaphores veillent à nouveau sur nous La Marine nationale s’est décidée à réhabiliter les sémaphores. Sur le point d’être abandonnés, ils sont maintenant rénovés, équipés, gardés 24 heures sur 24. Descendants lointains des tours de guet romaines, génoises ou sarrasines, et plus proches des ancêtres équipés du télégraphe de Chappe (un mât, quatre bras et 301 positions possibles), les sémaphores centralisent aujourd’hui toutes les missions de surveillance (voir en page de droite) en liaison avec tous les services concernés par la circulation maritime, le sauvetage, la pollution, les pêches, le trafic de drogue et de clandestins… Selon l’endroit où il se trouve, chacun a un rôle particulier, mais aussi une architecture, une histoire, une position géographique… et des guetteurs sémaphoriques, marins bien particuliers. Un exemple parmi les 19 de Méditerranée française, Capo Grosso, en Corse.

Cap Corse : “au-delà du bout du monde”

buissons qui veulent bien pousser dans la pente ! ». Le Libeccio monte encore. Il faut rentrer dans la salle abritée. Le veilleur de quart est en train d’appeler un cargo, à peine visible sur la ligne d’horizon embrumée. Identité, longueur, jauge, cargaison, destination… Puis un grand yacht. Puis un autre cargo. La minutieuse routine. UN INTENSE TRAFIC

Le sémaphore du Capo Grosso, à l’extrême pointe de la pointe du cap Corse gère un intense trafic commercial et fait face à des conditions météorologiques dantesques… dans une situation de solitude et d’isolement uniques. Un endroit où il faut s’accrocher.

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empête. Gris comme le ciel et blanc comme la mer ce jourlà. Tempête, c’est la mascotte du sémaphore du cap Corse, un chat venu un jour y élire domicile. Le Libeccio monte, monte. Il ne reste plus qu’un voilier en vue, grand largue, en fuite vers la partie abritée du cap, côté Mer Tyrrhénienne, où le coup de vent annoncé ne lève pas de houle, où l’on peut mouiller face à la côte en sécurité. Devant la porte du sémaphore, Tempête, entre les pieds du maître Stéphane Duprez miaule comme le vent dans les antennes. Dedans, le premier maître gille Azara prépare le café sans chichis. « Faites vos prises de vues extérieures maintenant, ditil, on va devoir bientôt amener les couleurs à cause du vent ». Photos, donc du sémaphore planté sur le Capo Grosso, tour

de contrôle sur un mamelon dénudé, sous un plafond de nuages gris et ondulants, réplique mouvante de la falaise de schiste qui tombe à pic dans une mer qui moutonne déjà serré. En plein mois d’août. « Si vous voulez monter sur le chemin de ronde, c’est le moment. À partir de force 7, ce sera interdit ». Photos, donc sur l’étroit balcon qui domine une houle maintenant profonde. « Les nouveaux qui arrivent ici sous-estiment la hauteur des vagues. À 110 mètres, il faut regarder les bateaux passer dans la vague pour apprécier le vrai état de la mer » commente encore Gilles Azara. Et ici, ça monte vite. Encore plus vite et encore plus fort que partout ailleurs en Méditerranée. Plus qu’au cap Béar, disent-ils. Un effet venturi exceptionnel sur ces falaises du cap Corse. « Quand la météo annonce force 8, on a 9 ou 10 ». Le record de vent a été établi à 214 km/h, dernier chiffre donné par l’anémomètre avant qu’il ne soit emporté… Ceux qui ont installé les éoliennes sur les

sommets juste derrière ont mesuré jusqu’à 240 km/h. Et 300 jours de vent pas an. « À Bonifacio, ils en ont 365, plaisante Stéphane Duprez, mais les records de puissance sont pour nous ! » Au point que les équipes peuvent rester enfermées sans autorisation de mettre le nez dehors, mêmes sur les marches du perron, pendant trois jours de suite. Seule exception pour la relève. « Sinon on devient fous ! » DES POSIDONIES À 110 M ! Sur la passerelle de veille, tout bouge, les vitres plient sous la force du vent. Lors des grosses tempêtes, les posidonies et le sel viennent se coller dessus et bouchent la vue. Un comble ! À la moindre accalmie, l’équipe de veille sort gratter ce qu’elle peut. Mais ça recommence aussitôt. « Vous voyez, le parking en bas, on a mis un muret côté au vent et une glissière sous le vent. Trois voitures avaient été emportées dans la mer, dont celle de la femme du chef de l’époque, retenue par miracle par les quelques

Sur l’écran de l’ordinateur, la carte de ce coin de Méditerranée au trafic commercial intense : golfe de Gènes, Provence et Côte d’Azur, jusqu’à la Toscane. L’homme de quart met des noms sur les points signalés par le radar. Vers le sud et sur le versant occidental du cap Corse, les signalements sont peu nombreux. Essentiellement des yachts. Au nord et côté oriental, les points sont les uns sur les autres. « C’est le Canal de Corse, entre la Corse et les îles italiennes, Capraia et Elbe. Qu’ils viennent du nord ou du sud, de Marseille, de Gènes, de Livourne, de Naples, de Malte, tous passent par là. Il y en a plus de 80 par jour » explique le premier maître. Gérer ce trafic est la mission principale du sémaphore du Cap Corse, en relation avec celui de Sagro, un peu plus au sud, vers Bastia. Ce n’est pas le rail d’Ouessant mais peu s’en faut. D’ailleurs, devrait être bientôt signée une convention tripartite France-Italie OMI (Organisation Maritime Internationale) qui instaurera une “recommandation de route” aux navires de commerce. Ces recommandations ne seront obligation que pour les navires des deux pays signataires mais elles permettront d’engager la responsabilité des bâtiments des autres nationalités qui n’en tiendraient pas compte et entreraient en ­collision.

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L a collaboration entre les deux rives de la Mer Tyrrhénienne est indispensable et ancienne. Elle s’en trouvera renforcée. D’ailleurs, un cours de langue de Dante est donné aux nouveaux arrivants pour favoriser les échanges avec les nombreux navires italiens qui naviguent sur cet autoroute maritime. Les autres missions, à part la surveillance du respect des eaux territoriales par les pêcheurs, sont les mêmes que pour les autres sémaphores : sauvetage, lutte contre les pollutions, le pillage des sites archéologiques marins, signalement de navires suspects de contrebande, trafic de clandestins, terrorisme… la routine, quoi. En bas, le café attend. Plusieurs étages à redescendre. D’abord l’escalier métallique en hélice peint en bleu “cabine de plage à Deauville” par les équipes qui en sont fières, puis dans la avec salon partie ancienne du bâtiment dont le toit en ogive a été conservé un élégant escalier de tomettes rouges, presque bourgeois, qui contraste avec la batterie d’ordinateurs façon Star Trek ancienne version. Au plafond, on devine encore l’ancienne ouverture par laquelle on passait la “marionnette” articulée du télégraphe Chappe d’antan. ECRANS PLATS, JEUX VIDÉO Encore quelques marches et on arrive à la partie consacrée à la vie des équipages, aux allures de pavillon de banlieue : cuisine nickel, coin salon avec canapés simili, TV et console vidéo. « Aux guetteurs sémaphoriques de ma génération, la Marine nationale envoyait des livres. Maintenant, c’est des écrans plats et des jeux vidéo… ».

Une gamme de semi-rigides d’exception du 3,15 m au 10 m

Avec en permanence deux équipes de trois de service pour trois jours et qui se relaient par quarts de quatre heures, il faut rompre la monotonie de la vie dans ce sémaphore «au-delà du bout du monde» comme l’appelle le premier maître Azara. Ici, à 10 km du premier hameau, à 30 km de Macinaggio, ville bien calme en dehors de la saison touristique, à une heure de Bastia, il n’y a RIEN. Juste un bout de lande maigre et la mer. Et le vent. Autrefois, le chef et son adjoint vivaient ici avec leurs familles. Sans école, sans loisirs, sans vie sociale. Trop dur. Tous vivent maintenant à Bastia. Même si, comme pour le maître Duprez, le compagne travaille aussi dans le sémaphore. Structure de coque contre moulée + Collages : Garantie 5 ans Néoprène Hypalon 1800 décitex Valves inox

Équipements standards :

L’équipe de Capo Grosso et le chat Tempête

Alors que les phares se vident de leurs gardiens, les sémaphores « qui ont leurs lumières à l’intérieur » comme le dit Gilles Azara, ont besoin d’hommes et de femmes efficaces, motivés et heureux de faire ce travail, même dans des coins aussi reculés, ventés, superbement solitaires que le Capo Grosso. Le Libeccio est monté d’un cran de plus. Le drapeau a été amené. Le chat Tempête est bien au chaud, au sec et au calme. Sur la route de retour quelques marcheurs inquiets du sentier des Douaniers se hâtent vers le petit port de Centuri. C. Naigeon

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Sellerie complète • Siège pilote • Console comprenant pare-brise, mains courantes inox, volant et timonerie hydraulique • Taud de soleil • Réservoir inox essence 500 L • Réservoir inox eau 130 L • Lavabo + Douche extérieure et intérieure • Guindeau électrique complet avec ancre inox 10 kg • Frigo • Roll bar avec feux • Système audio • WC électrique avec macérateur • Lumière de courtoisie • Pompe de cale • Échelle de bain • Chargeur 220 V + rallonge • Tableau électrique • Plancher teck • Pagaies • Gonfleur électrique • Kit de réparation •

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Tortue verte © Mila Zinkova

Tortues de Méditerranée, les dinosaures de la mer A

vec la poule, c’est une descendante des dinosaures. Comme la poule, elle avait des dents et les a perdues au profit d’un bec. Comme la poule et les dinos, elle pond des œufs. La comparaison s’arrête là. Bien que rare, c’est la tortue que vous aurez le plus de chances de rencontrer en mer. Dans ce cas, voici ce que vous pouvez savoir à propos des Chélonidae :

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LA TORTUE CAOUANNE : DES AMOURS EN CROISIÈRE

LA TORTUE VERTE : LE LIÈVRE DES TORTUES

en Méditerranée : la Tortue Caouanne et la Tortue Verte. D’autres nous rendent visite en passant par Gibraltar, comme l’énorme Tortue Luth.

Celle que vous avez le plus de chances de rencontrer est la Tortue Caouanne ou Caretta-Caretta qui peut dépasser 1 m de long et 150 kg. Sa tête, très large, est pourvue de deux écailles préfrontales et d’un bec orné. Sa carapace en forme de cœur arbore une dossière brun-rouge et un plastron jaune pâle tâché d’orange. Ses pattes à deux griffes font office de nageoires à l’avant et de gouvernails à l’arrière. Carnivore, elle ne néglige ni les éponges ni les algues en complément des mollusques, crabes et poissons. Elle atteint sa maturité vers l’âge de dix ans et, toutes les deux ou trois saisons entre avril et septembre, pond jusqu’à quatre à sept fois de 60 à 200 œufs. Au lieu de s’accoupler comme les autres sur les lieux de ponte (Turquie, Chypre, Libye, Sicile, plus rarement en Corse), c’est au cours de ses croisières qu’elle se fait féconder... Entre 60 et 75 jours plus tard, les petites tortues nées dans le sable iront rejoindre la mer en se repérant au bruit des vagues, de nuit de préférence. Mais il arrive que les lumières artificielles du rivage les attirent. On raconte qu’en Calabre, quelques soixante-dix jeunes éblouies se retrouvèrent… sous les tables d’un restaurant de plage. La côte, l’été, est bien un lieu de perdition !

La Tortue Verte, omnivore quand elle est petite, devient herbivore à l’âge adulte. Les herbiers qu’elle ingurgite lui donnent sa couleur (serait-elle rose comme les flamants si elle mangeait des crevettes ?). Très légèrement plus petite que la Caouanne, c’est la plus rapide de toutes, capable d’atteindre 35 km/h grâce au profil aplati de sa carapace. Elle ne possède qu’une seule griffe sur chaque nageoire. La zone d’alimentation étant le plus souvent éloignée du site de ponte, les tortues de mer parcourent jusqu’à 2.000 km. Comme les oiseaux migrateurs, elles naviguent grâce à leur perception du champ magnétique terrestre. Des scientifiques de Montpellier se sont livrés à un deux expériences. Des capteurs satellite ont été placés sur le dos de tortues vertes capturées dans l’Océan indien puis relâchées loin de leur destination. Avec leur compas intégré, elles ont retrouvé leur point de destination, mais en nageant bien plus que nécessaire. Leur instrumentation de bord n’indique que le cap, pas la position. Elles ne pouvaient pas évaluer la dérive due aux courants. On leur a aussi mis un aimant sur la tête pour leur faire perdre le Nord. Mais elles sont quand même arrivées à destination. Ont-elles un système de compensation dans leur compas ?

a tortue est le plus vieux reptile de la planète (200 millions d’années). Ces corps massifs, si harmonieux et rapides dans l’eau, peinent sur le sable car bien que pélagiques (pelagos, la haute mer) les femelles doivent aller sur les plages pour pondre. On en recense huit espèces qui ont en commun la détestation de l’eau froide. Il y en a donc dans toutes les mers du globe sauf dans les océans Arctique et Antarctique. Ceci expliquant peut-être cela, sachez que le genre mâle ou femelle de la tortue dépend de la température de l’eau lors d’une phase embryonnaire délicate au quarantième jour d’incubation des œufs : à entre 27° et 31° (l’idéal à 29°), l’équilibre des sexes est maintenu. Mais plus il fait chaud, plus il y a de filles, et inversement. Damned ! Le réchauffement climatique pourrait avoir raison des mâles. Deux espèces se reproduisent

LA TORTUE LUTH : LA DURE À CUIR Celle-là, si vous la voyez en Méditerranée au cours de vos navigations, c’est presque un miracle. On en observe pas plus d’une par an ! La Tortue Luth ou Tortue cuir, est la seule à ne pas posséder l’armure classique d’écailles mais de petits osselets imbriqués recouverts d’une épaisse couche de graisse et d’une peau de cuir. Elle pèse sa tonne pour deux mètres de long et se gave de méduses qu’elle peut aller chasser jusqu’à 900 m de fond. On se prend à souhaiter qu’elle prolifère pour nettoyer nos rivages lors des invasions de ces gelly-fish (poissons-gelée, comme disent les Anglais) mais, alors qu’elle pourrait être notre meilleure alliée, nous sommes son pire ennemi : elle confond les sacs en pastique que nous jetons avec les méduses et meurt d’occlusions intestinale. Bien que toutes les tortues marines soient protégées en France depuis 1991 et dans bien des pays au monde, l’Homme a bien d’autres manière de nuire aux tortues, Luth, Vertes, Caouanne et autres : filets de pêche, pollutions chimiques et par hydrocarbures, braconnage des œufs, perturbation de ses lieux de ponte par l’urbanisation, fabrication de soupe de tortue, de lunettes et de bijoux d’écaille, souvenirs touristiques… Guy Brevet avec Abigaël Silva (10 ans), conseillère technique

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Bienvenue au Port de Bandol Welcome - Benvenuti

Abri naturel connu depuis l’antiquité, le port de Bandol, avec ses 1600 places, est aujourd’hui le 9ème port de France de par sa capacité. Cent soixante places de passage sont mises à la disposition des bateaux en escale, et ce pour des unités jusqu’à 40 mètres de long. Fortement fréquenté en période estivale, il reste très actif toute l’année avec une station carburant ouverte 24h/24H et 7j/7, une zone de carénage pouvant accueillir des bateaux jusqu’à 30 tonnes. Tous les corps de métiers sont représentés sur ce site qui tourne été comme hiver.

Lauréat du Pavillon Bleu depuis 1998, le port dispose des équipements requis pour vidanger les eaux noires, grises et les huiles moteur. Entièrement rénové cet hiver, le Quai d’Honneur dispose à présent de nouvelles installations électriques avec des bornes délivrant 125 ampères par prise, plus en adéquation avec l’accueil régulier de grosses unités. Les 17 hectares du port sont désormais couverts par le WIFI et une vingtaine de caméras assurent une vidéo surveillance 24H/24.

Capitainerie du Port - 83150 Bandol -

tél. +33 494294264

+33 4 94299320 port-bandol@wanadoo.fr www.bandol.fr

fax e-mail :

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Le port accueille depuis 15 ans le « Salon du Nautisme de Bandol » qui reste, après ceux de Marseille et de Cannes, la plus importante exposition, à terre et à flot, de bateaux de la région. Port situé en bordure de la ville il offre plus de 200 commerces ouverts toute l’année, dimanche inclus, ainsi qu’un Grand Casino …


Rando palmée, chasse sous-marine Conseils d’un pro du “snorkeling” Pas besoin de bouteille pour connaître l’ivresse des fonds marins ! De la plage, du rocher ou du bateau au mouillage, la tentation est toujours forte d’aller voir de plus près ce qui se passe à un, deux ou trois mètres de profondeur, là où il y a encore de la lumière et des couleurs, là où on peut faire “un canard” sans être un apnéiste entrainé. N’y résistons pas. Voici les conseils avisés de Julien Collet, rédacteur en chef de Tribu Snorkeling :

d’éponges encroûtantes, d’algues, d’anémones prendra du temps pour se reconstituer. En snorkeling vous avez la possibilité de visiter la plupart des réserves marines intégrales, interdites aux plongeurs en bouteille, aux pêcheurs et au mouillage. Privilège extraordinaire que l’on ne mesure qu’in situ. LA PECHE SOUS-MARINE Même si arbalètes et tridents parsèment les allées des hypermarchés dès le début mai, quelques règles doivent être rappelées : Il n’est plus nécessaire d’avoir une autorisation des Affaires maritimes ou une licence sportive pour pratiquer la pêche sous-marine, seule une attestation d’assurance, couvrant cette pratique, peut-être exigée. La pêche sous-marine est autorisée à partir de l’âge de 16 ans. Il est interdit d’utiliser une lampe et de pêcher entre le coucher et le lever du soleil. La bouée de signalisation est obligatoire. Il est interdit de maintenir une arbalète sous-marine armée hors de l’eau. Il est interdit de cueillir les oursins de mai à octobre à peu près partout. Enfin et surtout, chaque espèce de poisson bénéficie d’une taille minimale en dessous de laquelle il est interdit de la capturer (rouget 11 cm, sar 15 cm, loup 20 cm, etc.) Faites-vous un devoir de consommer ce que vous avez capturé. Julien Collet

E

nfiler palmes, masque et tuba pour partir à la découverte du monde sous-marin, si proche sous la surface, est une habitude presque ancestrale pour beaucoup. La découverte des fonds sableux (plus vivants que l’on imagine), des herbiers de posidonie (poumons et nurseries de la Méditerranée) ou des innombrables formes de décor rocheux se prête à des randonnées plus ou moins longues, parfois à la cueillette, voire à la prédation d’une friture pour améliorer l’apéro. Tout cela semble si naturel que l’on en oublie parfois que certaines règles, de prudence comme légales, doivent être respectées. LA RANDO PALMEE Toute balade palmée doit se faire équipé d’une bouée de signalisation surmontée d’un drapeau “alpha” (10 € en grandes surfaces). Cette obligation est plus que salutaire, la multiplication des

engins motorisés et des comportements “débridés” impose cette mesure minimale. Toute embarcation devrait rester à une distance de 100 m de votre bouée de signalisation ; en pratique c’est souvent moins, il est donc prudent de limiter la corde qui permet de la tirer à 25 m au maximum. Cette bouée permet d’emmener avec soi toutes sortes de choses et, in fine, d’être utilisée comme base de repos ! Dans l’eau, la déperdition de chaleur est très rapide et la contemplation d’un groupe de rougets ou d’un ballet de castagnoles fait vite oublier toute notion de temps ! Une combinaison est particulièrement utile aux enfants, moins armés pour l’homéothermie et plus insouciants des dangers du soleil. Les écosystèmes marins méditerranéens sont fragiles et fragilisés. Il faut éviter de toucher, s’appuyer ou se mettre debout sur les fonds rocheux : la vie fixée constituée

BIEN CHOISIR SON MATERIEL

Le masque Lorsque vous essayez un masque, il doit se maintenir sur votre visage, sans la sangle, par une sorte de léger effet ventouse (en aspirant par le nez et en prenant soin que vos cheveux ne viennent se glisser sous les bords du masque). Aucune partie rigide ne doit vous gêner, notamment au bas du front et à la base du nez. La jupe (la partie souple du masque) peut-être en pvc, en caoutchouc ou en silicone, plus confortable et qui vieillit le mieux. Attention, les jupes translucides, plus seyantes, laissent entrer la lumière sur les côtés et provoquent des reflets. Evitez les verres en plastique et tous les modèles ne répondant pas aux normes françaises. Si vous vous aventurez sous l’eau, vous devrez pouvoir pincer aisément vos narines (compensez la pression de l’eau exercée sur vos tympans en pinçant votre narines et en soufflant par le nez bouche fermée). Le tuba Habituez-vous à utiliser un modèle simple, dépourvu de siphon ou de valves permettant l’évacuation “automatique” de l’eau. Les tubas sont souvent légèrement galbés pour mieux épouser la forme de la tête. L’embout sera plus souple et agréable en bouche s’il est en silicone. Les palmes Il n’existe pas de palmes idéales. Tout dépend de votre stature, de votre force, de votre condition physique et de l’usage que vous désirez en faire. L’ensemble de la palme doit être léger. La voilure, souple, présente un effet ressort perceptible lorsqu’on la plie. La partie chaussante est solidaire de la voilure, et l’ensemble suffisamment rigide. Le port de chaussons en néoprène protège votre pied des ampoules que pourrait provoquer une partie chaussante trop rigide. Le chausson ne doit pas serrer pour ne pas gêner la circulation sanguine. Selon l’épaisseur du chausson, choisissez une ou deux pointures au-dessus de la vôtre.

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Daniel Mercier, le fondateur des Guides de la Mer

d’eau, il y a des paysages magnifiques. Du coup, faire la découverte d’une bouteille en plastique dans un joli creux de rocher frappe plus que tout discours. Cela, nous pouvons le faire aussi grâce à l’image. Cela ne risque-t-il pas de faire venir trop de monde ? Il faut que cela s’accompagne d’éducation. Les coups de palme sur les rochers, s’accrocher au coraux… tout cela doit être connu comme des gestes à ne pas faire. Cette éducatin est possible. Moi qui suis aussi un montagnard, je peux vous dire que les huit millions de personnes qui pratiquent la montagne ne l’ont pas dégradée. Les milliers de personnes qui plongent peuvent aussi être tolérées si on parvient à construire une véritable organisation de professionnels.

Quand on naît en 1931 à Clamart, près de Paris, rien ne prédispose à devenir un gourou de la plongée. Et pourtant, tout de suite après la guerre, alors qu’il a 16 ans, Daniel Mercier fait sa première plongée à Antibes. À 30 ans, sa première descente en scaphandre. En 1966, il crée le Spondyle Club. En 1967, il est moniteur d’Etat et, en 1968, il crée l’Association Nationale des Moniteurs de Plongée. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la création des Guides de la mer en 1973 et le lancement du Festival Mondial de l’Image Sous-Marine un an après. Comme les lecteurs de Cabotages, les élèves de Daniel Mercier et des Guides de la mer sont des touristes, curieux et respectueux, qui considèrent la plongée comme une activité sportive mais aussi culturelle.

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SAINT-CYR-SUR-MER Balade aquatique de Port d’Alon (Coordonnées : voir précédent) SANARY-SUR-MER Sentier sous-marin de Portissol Office de Tourisme de Sanary-sur-Mer 04 94 74 01 04 infostourisme@sanarysurmer.com www.sanarysurmer.com TOULON Sentier de la Plage de la Garonne Association NATUROSCOPE Toulon/ Le Pradet 06 23 87 75 30 contact-var@naturoscope.fr www.naturoscope.fr PARC NATIONAL DE PORT CROS Sentier sous-marin de la Palud Parc National de Port Cros 04 94 12 82 30 port-cros@espaces-naturels.fr www.portcrosparcnational.fr LA LONDE-LES-MAURES Sentier “Le Jardin des Mattes” Office de Tourisme de La Londe 04 94 01 53 10 lalonde.tourisme@wanadoo.fr www.ot-lalondelesmaures.fr

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BANYULS-SUR-MER Sentier sous-marin de Peyrefite jeanfrancois.laffon@cg66.fr frédéric.cadene@cg66.fr - www.cg66.fr CAP D’AGDE Sentier sous-marin du Cap d’Agde Association ADENA - 04 67 01 60 23 adena.bagnas@free.fr www.adena-bagnas.com CARRY-LE-ROUET Sentier sous-marin Côte Bleue PARC MARIN DE LA CÔTE BLEUE Réservation : 06 83 09 38 42 syndicatmixte@parcmarincotebleue.fr www.parcmarincotebleue.fr ENSUES-LA-REDONNE Sentier sous-marin de La Redonne AIEJE - 04 42 40 02 39 / 06 27 14 78 33 aiejeplongee@orange.fr - www.aieje.fr MARSEILLE Sentier sous-marin de Corbières (Coordonnées : voir précédent) LA CIOTAT La calanque du Mugel Cpie côte provençale Atelier Bleu du Cap de l’Aigle 04 42 08 07 67 - cpie.cp@atelierbleu.fr www.atelierbleu.fr

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L’Atelier Bleu - CPIE Côte Provençale est un acteur reconnu de l’EEDD depuis 25 ans. Il est le principal intervenant d’une approche de l’environnement par la pratique des activités aquatiques et subaquatiques. Labellisé Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE), l’Atelier Bleu du Cap de l’Aigle à La Ciotat promeut des comportements éco-citoyens responsables, actifs et respectueux de l’environnement. Il participe également au développement durable notamment en informant et sensibilisant les acteurs et les usagers du bord de mer. Au fil des ans, l’association s’est développée autour de son cœur de métier “l’animation nature” sur le littoral en diversifiant ses approches et les publics accueillis. Plus de détails : www.atelierbleu.fr

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Cap d’Agde La Plagette

D’abord, il est utile de pouvoir aller décrocher une ancre, se défaire d’un filin pris dans l’hélice ou gratter des coquillages qui masquent le sondeur. Ensuite, découvrir les fonds autour de son bateau incitent au respect lors du mouillage. Dans un mètre

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L’ATELIER BLEU

Navigation et plongée sontelles compatibles ? Ce n’est pas facile. Entre plongeurs et plaisanciers, la cohabitation est parfois difficile. J’avais demandé que la navigation soit interdite à moins de cinq cents mètres des côtes, mais je ne l’ai pas obtenu. Alors, il faut se contenter de faire respecter la signalisation. En revanche, un plaisancier peut facilement et utilement devenir lui-même un plongeur, avec ou sans bouteilles.

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Comment est partie l’idée des Guides de la mer ? Dans les années soixante-dix, il y avait surtout la nage avec palmes et le tir au fusil sous-marin sur cible. Du sport qui n’intéressait guère le grand public. Or, j’étais persuadé que le lieu où ces sports se pratiquaient, la mer, les premiers mètres sous la surface et en dessous, la biologie, l’archéologie, la photographie sousmarines étaient capables de passionner les gens. En 1973, nous avons eu l’occasion de le prouver. Avec Guy Poulet (Ndlr : grand alpiniste doublé d’un pionnier de la plongée), nous avons eu l’idée d’installer des stands sur les aspects “culturels” de la plongée et l’image sous-marine. Très gros succès de ces premières Journées subaquatiques qui se sont ensuite déroulées tous les ans. Cela a donné naissance à deux choses : les Guides de la mer, moniteurs embarqués pour expliquer aux gens les poissons, les oursins, les anémones de mer… et, un événement d’imagerie subaquatique qui, au fil des années est devenu le Festival Mondial de l’Image Sous-Marine.

LE RAYOL CANADEL-SUR-MER Sentier marin du Domaine du Rayol, le Jardin des Méditerranées 04 98 04 44 00 info@domainedurayol.org www.domainedurayol.org LITTORAL DES MAURES Sentier “les Balades aquatiques” Observatoire marin du Sivom du littoral des Maures 04 94 00 46 25 contact@observatoire-marin.com www.observatoire-marin.com VILLEFRANCHE-SUR-MER Randonnée Palmée Centre de découverte du monde marin 04 93 55 33 33 centredecouverte-marin@wanadoo.fr www.decouvertemondemarin.org THEOULE-SUR-MER Sentier de la Pointe de l’Aiguille Centre de Découverte du Monde Marin (Coordonnées : voir précédent) CORSE Sentier de Lavezzi www.oec.fr Sentier de Lumio www.isbulecamare.org


Cormoran et Sterne : redoutables oiseaux-pecheurs Rien de commun entre ces deux oiseaux si ce n’est qu’ils sont des plongeurs experts ! Le cormoran est un grand oiseau noirâtre vu de loin mais avec des reflets bronzés magnifiques. La sterne est blanche, toute fine et vive en perpétuelle agitation. Mais tous les deux attirent immanquablement le regard. Et sont de redoutables chasseurs !

L

’un nage en semi immersion et fait des “canards” pour aller chercher ses proies, l’autre vole et plonge en piqué sur les poissons qu’elle a repérés du ciel. L’un est sombre, l’autre blanche et noire, l’un est pataud hors de l’eau, l’autre vole comme un petit avion de chasse, l’un fait de longues siestes immobiles, l’autre semble en perpétuelle agitation. Le cormoran est sédentaire, la sterne est migrante. On les aime tous les deux même s’ils sont de féroces concurrents pour la friture du soir.

CORMORAN : UNE TORPILLE Contrairement à de nombreux oiseaux, peu de doute sur l’identification du cormoran. Quand il nage, on ne voit pas son corps mais seulement son long gracieux cou qui dépasse… et disparaît soudain en plongée pour réapparaitre bien plus loin après une longue apnée. Il peut plonger jusqu’à quarante mètres et rester sous l’eau pendant une minute. Mais la littérature scientifique nous raconte qu’il se contente de dix mètres en une demi-minute.

Cormoran

Le cormoran, de la famille des Phalacrocoracidés (où les scientifiques vont-ils chercher des noms pareils ?) et donc cousin des pélicans, a trois occupations principales visibles de tout un chacun. Soit il nage comme un canard qui aurait l’air d’être trop lesté, le cou dressé en relevant sa tête et son bec fort et crochu, comme si il n’arrivait pas à respirer en flottant ; soit il vole au ras de l’eau à sa manière, à la force des ailes au ras de l’eau, le cou tenu un peu au dessous de l’horizontale (en groupe, ils se mettent en ”V” comme les oies) ; soit il fait du “bronzing”, les ailes écartées sur un rocher, un pieu, une branche, une bouée de corpsmort. Pourquoi a-t-il toujours l’air d’être accroché sur un fil comme du linge mouillé ? C’est que le cormoran, n’a pas le plumage imperméable et doit se sécher au soleil après une séance de plongée. Il y aurait aujourd’hui quelque cent mille individus en France, ce qui en fait la bête noire des pisciculteurs, aquaculteurs et… des chercheurs de l’Ifremer. Il trouve ses 500 à 800 g de poissons quotidiens par jour de ­poisson qu’ils trouvent en mer, en rivière, dans les étangs intérieurs et… dans les bassins d’élevage. Il y a 40 ans, il était en voie de disparition et a donc été classé espèce protégée. Bien protégée puisqu’il pullule aujourd’hui au point que des battues administratives avec quotas sont organisées pour limiter la population, comme pour les sangliers. Mais sa chair est beaucoup moins prisée et la motivation des chasseurs moindre… Du coup, la destruction des nids près des rivières où il aime se reproduire devient d’actualité.

STERNE : UN MISSILE Aïe ! Là c’est plus coton de distinguer nos sternidés des laridés, ces derniers comprenant nos mouettes. Aïe encore ! Dans le langage courant, ces dernières mélangent allégrement le goéland, plus robuste, aux ailes larges, aux pattes souvent jaunes, plus longues et palmées qui lui permettent de marcher sur les pontons avec la mouette rieuse, à tête noire et bec rouge, plus vive, rarement au sol pour montrer ses trois doigts rouges. Eh oui, la mouette tridactyle de Gaston Lagaffe pour les BDéistes, n’est ni un goéland – bien que de la même famille – ni une sterne… La sterne est généralement un oiseau migrateur. La variété arctique vole huit mois par an pour passer de l’Arctique à l’Antarctique ! La Sterne pierregarin ou Sterna hirundo ou encore hirondelle de mer, hiverne dans le golfe du Mexique et au sud de la Floride, avant d’aller vers le Nord en été. C’est celle que nous trouvons généralement dans nos régions Quelques signes pour distinguer notre hirondelle des mers… D’abord, elle est le plus souvent en bande au dessus d’une “chasse”. Les pêcheurs savent bien qu’elles signalent une concentration de poissons chassés par des bars ou des thons et mettent plein gaz dans leur direction pour participer à la curée ! Ensuite, la bande est bruyante au plus fort de sa razzia au dessus du banc : encore pour les amateurs de BD, le fameux ­“Pirrlouittt” du compagnon de Johan ! Enfin, c’est fin, c’est svelte, c’est vif, ça plonge en piqué avec des ailes étroites orientées vers l’arrière et la queue fourchue qui dessinent un W tendu : le vol est très gracieux, quasi sur place avec des battements secs avant le plongeon le plus souvent couronné de succès à en juger par le reflet argenté dans le bec englouti immédiatement au retour dans les airs.

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Sterne © Pierre Garin

L’observation de plus près ajoute des détails pour confirmation : la tête ne porte pas une cagoule noire comme la mouette mais seulement une casquette noire, laissant le front plus blanc en hiver ! Le bec, souvent coloré de

rouge, est très mince et très pointu, plutôt orienté vers le bas. Les pattes courtes ne permettent pas la marche : ça vole ou ça flotte ! Plusieurs espèces visitent nos côtes l’été mais certaines hivernent ici. Citons pour le charme de son nom la guifette : moustache noire, bec rouge, petite taille, voltiges acrobatiques en prime ! Claude Roger

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LE GREBE : UN SCHNORKEL Voilà encore un oiseau plongeur familier de nos côtes dont l’observation sera l’occasion d’un jeu de bord pour nos jeunes (et les autres) ! Il ne marche pas, vole peu mais nage vite en tendant un long cou avec une tête terminée par un long bec rosé vers le ciel, comme le schnorkel d’un sous marin. Après de multiples tours sur l’eau sans apparentes raisons, Hop ! il plonge brutalement… un long moment. Pour réapparaitre où ? Entre quel bateau ? Près de quel ponton ? Suspens… souvent sans réponse car il est capable de rester sous l’eau de nombreuses minutes… Souvent en couple, c’est encore plus drôle : entre diverses figures compliquées et mouvements de cou spectaculaires, ils plongent chacun de leur côté pour ressurgir séparément avant de revenir flirter ensemble… Le grèbe huppé est exclusivement aquatique, plongeur et nageur expert, au bec pointu et sans queue visible. Ses pattes non palmées sortent très en arrière. Ses rares vols s’effectuent au ras de l’eau avec des ailes à battements rapides, une silhouette au cou long tendu, un corps allongé et les pattes trainant derrière. Vous le verrez facilement sur les plans d’eau intérieurs, les estuaires et les côtes abritées, les ports et les digues.

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Peintres officiels de la marine “De l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux” D’escale en escale, vous trouverez cent galeries où s’exposent des “marines”. Art d’amateurs, art de vacances, art mineur ? Il est de grands peintres inspirés par la mer, les bateaux, les ports, les marins. Il en est même d’officiels qui portent le nom de POM.

I

l y a quelque chose de désuet là-dedans : Peintre Officiel de la Marine. Peintre de marine, on connaît : des œuvres des barbouilleurs du dimanche au Radeau de la Méduse, la gamme est vaste de ceux que la mer inspire. Les POM, c’est autre chose. «La peinture maritime est souvent considérée comme ringarde. C’est un défi pour nous de prouver que c’est aussi un art contemporain», affirme Dirk ­Verdoorn dont les coques de fer et les ports de la Mer du Nord donnent lieu à des œuvres fortes,

bien loin des reflets des barques au coucher du soleil… Reportezvous au catalogue du dernier du Salon de la Marine au Palais de Chaillot l’hiver dernier (www. musee-marine.fr), vous n’y verrez rien de mièvre. PEINTRES POMPONS ? Pourquoi qualifier cette peinture de “marine” ? Dit-on que Van Gogh a fait de la peinture “de Provence” ou Monet “de campagne” ? Et pourtant, des peintres se revendiquent et se réunissent sous

l’appellation de Peintres Officiels de la Marine, les POM. Confrérie, club, lobby ? Une académie, comme dit encore Dirk Verdoorn (voir l’interview). Joseph Vernet fut honoré du titre de ”peintre de la marine du roi” mais le corps des Peintres Officiels de la Marine n’a été créé qu’en 1830. C’est tout de même le collectif d’artistes le plus ancien. Les POM ne sont pas que des gens de peinture. Il y a parmi eux des photographes (Philip Plisson, Jean Gaumy) et des sculpteurs (Richard Texier, Jean Lemonnier) ou des illustrateurs (Titouan Lamazou) qui, à leur manière, sont des témoins et des historiens de la mer, dans tous ses états : « À l’étendue de la science, à l’acuité de la vision, à la liberté d’interprétation, l’observation du réel permet l’heureuse et juste représentation du sujet, maritime en l’occurrence » écrit le site des POM. Il n’est pas nécessaire d’être un grand marin, mais, comme l’écrivit l’un d’entre eux il faut avoir « l’eau de mer autour du cœur et sa couleur dans les yeux ». Et souvent être né près des bateaux, comme Patrick Ca-

mus : « je suis né à Brest, mon regard d’enfant s’est promené sur les navires de la marine marchande et de la Marine nationale ? Ce fut un point de départ, la mer et la peinture allaient se rejoindre ». Après avoir été nommé plus de quatre fois consécutives “peintre agréé” (nommé pour 3 ans avec le grade de lieutenant de vaisseau), on devient «titulaire» au grade de capitaine de corvette. Si le statut ne donne pas droit à traitement, il permet le port de l’uniforme et l’embarquement sur les vaisseaux de la Royale pour continuer à témoigner. Les œuvres d’un POM sont reconnaissables à une petite ancre marine à l’arrière de sa signature. De date plus récente, en 2003, a été créé le corps des Écrivains de Marine par Jean-François Deniau (lire absolument La Mer et Ronde). On y côtoire Didier Decoin, Patrick Poivre d’Arvor, Michel Déon, Bernard Giraudeau, Titouan Lamazou (également POM), Erik Orsenna, Yann Queffélec, Pierre Schoendoerffer… du beau monde. Christophe Naigeon et Claude Roger

Dirk Verdoorn : marinier, marin, POM de Hollande On a connu dans l’histoire d’autres peintres Hollandais qui ont élu domicile dans le Sud… Sans avoir du sacrifier une oreille, Dirk Verdoorn vit aujourd’hui en Italie. Après avoir été médaillé de bronze au Salon de Paris en 2001 puis d’or en 2003, il est POM agréé depuis 2005. C’est aussi un «voileux» pour qui les traversées méditerranéennes sont monnaire courante. Pourquoi veut-on devenir Peintre Officiel de la ­Marine ? J’ai toujours considéré cela comme un honneur. Être POM, c’était pour moi être reconnu par d’autres peintres pour lesquels j’avais toujours eu de l’estime et qui sont seuls habilités

à choisir les membres de cette sorte d’académie française. Car c’en est une : quand on y est, c’est comme sous la Coupole, on n’en ressort que les pieds devant ! Quels avantages y trouvezvous à cette officialisation ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, le fait qu’il n’y ait pas de salaire ni de commandes officielles est un grand avantage : nous restons totalement indépendants, personne ne nous oblige à produire ceci ou cela. En revanche, c’est pour nous une ouverture exceptionnelle pour embarquer sur tous les bateaux et toutes les mers du monde, dans des conditions magnifiques pour travailler.

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JOSEPH VERNET

Le “POP”, peintre officiel des ports de louis xiv POM bien avant l’heure, Joseph Vernet occupe une place particulière. Au Musée de la Marine à Paris, la salle qui lui est consacrée est immense car ses toiles le sont. Il ne s’agit pas simplement d’œuvres d’artiste : Louis XIV préoccupé du développement et de la défense des ports français, lui passa commande d’une vingtaine de tableaux destinés à représenter avec précision le bassin, les bâtiments, les fortifications, tout ce qui pouvait intéresser l’état-major, les finances, l’équipement et toutes les administrations concernées. Un itinéraire précis fut établi. Les ports les plus importants devaient comporter plusieurs tableaux et les premiers plans montrer dans le détail les activités propres à chaque région.

Il fallut dix ans à Vernet pour réaliser quinze chefs-d’œuvre, riches de détails anecdotiques et architecturaux, témoins d’une époque. Anecdote : il détestait Sète, ville qu’il décrivait comme peu accueillante, puante, laide… et il avait hâte de retourner à Bordeaux. C’est pourquoi sa toile sur Sète est la seule à être une vue de loin, à représenter une tempête, très peu le port. Chef d’œuvre quand même car Vernet est un grand peintre à qui on pardonne cette faute de goût touristique. Voici ce que dit sa biographie : « Peintre réaliste, il n’hésite pas un jour, au cours d’une tempête, à se faire attacher au mât d’un navire pour mieux contempler les éléments déchaînés ». Si l’une des caractéristiques des POM actuels est d’être des “reporters” de la marine, Joseph Vernet en était bien un.

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N’est-ce pas aussi une sorte de “label” ? Oui, c’est une sore de label qui se retrouve dans la petite ancre que nous aposons à côté de notre signature.Il ne faut pas nier l’avantage de la notoriété et des conséquences commerciales qu’il y a à être POM. Par exemple, cela m’a permis d’être engagé par des armateurs grecs, italiens, français pour voyager sur leurs bateaux et les peindre. Comme ça, j’ai pu voyager au Japon, au Canada… complétant ainsi les grands voyages faits avec la avec la Marine nationale française. Autrefois, les artistes officiels du roi travaillaient pour la Cour, ils y gagnaient la sécurité de l’emploi, les voyages… ils ont réalisé des chefs-d’œuvre.

Comment êtes-vous venu à être peintre de mer ? Je suis fils de marinier. Mon père a navigué sur tous les canaux de France. J’en ai fait autant, puis je suis devenu marin sur des caboteurs du côté de la Mer du Nord, de la Baltique, autour de Hambourg. J’ai ensuite monté une affaire de navigation fluviale. Puis, en 1982, j’ai cessé de travailler sur l’eau. J’ai été décorateur de théâtre, animateur, professeur de dessin… En peinture, je suis autodidacte. Quand j’ai commencé à en vivre à partir de 1997, je suis allé naturellement vers les images de mon enfance. Une sorte de nostalgie. Et même aujourd’hui, quand je crois m’en éloigner en peignant l’Inde plus que les mers froides, il y a encore de l’eau, la mer. C.N.

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Les cargos romains, leurs cargaisons, leurs passagers Le trafic commercial est considérable lorsque Rome est à son apogée. Les progrès techniques de la navigation et de la construction navale permettent de transporter à peu près tout à peu près n’importe où. Les navires de guerre veillent sur les précieux convois marchands et la spéculation va bon train.

Oneraria © Navistory

M

are Nostrum est imprévisible et dangereuse. Comme les flottes de guerre, les navires marchands ne naviguaient que de mi-mars à miseptembre, sans instruments, en suivant les périples, instructions nautiques de l’époque qui se transmettent oralement, de capitaine en capitaine. Le calcul astronomique, la science des vents et des courants s’associaient au courage et à l’impérieuse nécessité d’approvisionner l’Empire et les colonies. Le transport de commerce qui s’effectuait depuis toujours le

long des côtes avec des caboteurs portés autant par les vents que le courant ligure, connait un essor remarquable avec les nouveaux itinéraires de navigation hauturière ouverts grâce à la découverte de l’étoile polaire par les Phéniciens. L’une des routes les plus connues, celle du Commerce du Levant, passait par la Sicile et les Baléares pour rejoindre l’Espagne et ses mines d’argent. Il y avait sur la mer autant de voiliers qu’à l’époque moderne de la navigation de plaisance. Les besoins étaient immenses.

Corbita © Navistory

BON PORT, BONNE CARÈNE Tant que les ports n’étaient pas nombreux, il fallait utiliser des navires échouables, à fond plat, qui tapaient et se brisaient souvent dans la tempête. Avec la multiplication des ports équipés de quais d’accostage, les bateaux purent avoir des quilles structurantes qui constituaient aussi d’utiles plans anti-dérive lorsque les bateaux marchaient près du vent de travers. Tous redoutaient les attaques des pirates et naviguaient en convoi. Mais, malgré ses aléas et ses dangers, la voie maritime restait incomparablement plus rapide que le routage terrestre, également peu sûr. Armer un navire pouvait faire gagner rapidement beaucoup d’argent. La spéculation allait bon train pour ces marchandises assurées par des banquiers. Ces bateaux aux ventres ronds souvent recouverts d’une feuille de plomb contre les attaques des vers, avaient deux ou trois mâts gréés en carré et disposaient de deux gouvernails pour les manœuvres, un sur chaque bord. Ils étaient chargés de dolia – citernes de terre cuite – et d’amphores pour le vin, pour l’huile, les fruits secs, les poissons séchés et le garum – sauce à base

de poisson, proche du Nùoc Mam vietnamien – de sacs de céréales mais aussi parfums et de produits manufacturés : vaisselle fine, tissus, objets et métaux précieux. ONENARIA, CORBITA, PONTO L’Onenaria fut longtemps le cargo standard dont s’inspira la Corbita, plus massive. Avec ses 55 m de long pour 14 m de large, elle portait 40.000 amphores et souvent jusqu’à 400 passagers pour un poids total de 2.000 t. Navigant souvent en escadre, elles bénéficiaient de la protection de la flotte militaire pour parer aux attaques des pirates. Autres temps, même mœurs… Le Ponto, massif navire de charge était, comme son nom l’indique, entièrement ponté. Deux gigantesques mâts aux voiles carrées de grande taille assuraient une puissante marche hauturière et le fond plat permettait la remontée des fleuves. Il était orné d’une figure de proue en col de cygne et possédait un rostre où pouvait figurer un taureau, un bouc ou un sanglier. Cet appendice, outre la protection de l’avant lors de l’échouage présentait l’avantage d’accroître la stabilité de route. Ces bateaux marchands transportaient vraiment de tout : il y

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OSTIA ANTICA ET SES NAVIRES Si vous accostez à Ostia (Ostie), juste à côté, visitez Ostia Antica, sur le Tibre, ancien port de Rome, ses entrepôts, ses magasins, ses bureaux et, au sol, les publicités en mosaïque des armateurs. Ostie connaissait un trafic fou. Rome avait presque un million d’habitats sous Auguste. Son ravitaillement en blé exigeait plus de cent navires marchands transportant chacun 100 à 150 t de céréales depuis l’Afrique. Au portant, ils filaient 4 nœuds, maximum 7. D’Ostie à Alexandrie il fallait une à deux semaines à l’aller deux ou trois mois au retour. Il n’y avait qu’une rotation par saison.

ponto © Navistory

avait d’impressionnants porteobélisques, comme celui de Caligula, livrant le marbre pour la construction d’Ostie, il y avait les Hippago, spécialement conçus pour transporter les chevaux, et bien d’autres curiosités. Rien ne semblait impossible aux na-

vigateurs antiques et, lorsqu’il s’agissait de remonter le Rhône, ils savaient en franchir les bancs de sable, en remonter le courant, transborder, gruter, gérer des cargaisons qui venaient de partout et allaient partout. Emma Chazelles

Mouillages grecs, ancres romaines Les Grecs savaient qu’un bon mouillage était un mouillage lourd. D’autant que les chaînes n’étaient pas utilisées. À une grosse pierre, ils ajoutaient des “crocs” en bois pour accrocher au fond (droite). Les Romains ont joué davantage sur l’effet “charrue” en inventant l’ancre à jas, véritable ancêtre de la nôtre. Le poids était un “T” de métal lourd à 90° par rapport au “V” d’ancrage en bout de hampe, permettant à l’ensembe d’être bien orienté et facilitant l’enfoncement dans le fond (ci-dessous).

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Les passagers avaient la vie dure Comme cela se fait aujourd’hui, les cargos romains pouvaient transporter des passagers. Dans des conditions de confort et de sécurité pour le moins précaires…

T

out est bon pour que les armateurs et les banquiers rentrent dans leurs frais. Les bateaux marchands transportent des hippopotames, des crocodiles, des autruches, et, pour plaire à la foule des théâtres, des lions et des léopards. Il n’y a guère que les éléphants… Il y a aussi des passagers. Magistrats et fonctionnaires en mission pour la cité, passagers contraints comme les esclaves, obligés comme les soldats ou indésirables comme Sénèque, exilé en Corse, voyageaient sur la mer violette1. Érudits et riches héritiers désœuvrés qui surmontent leurs peurs et satisfont à leur curiosité naviguent à la découverte du monde. On ne saurait oublier nos explorateurs, géographes et historiens préférés et célèbres tels que Pythéas, Strabon et Pline qui nous permettent d’en écrire quelque chose à notre tour. Pour douze oboles – trois jours du salaire d’un ouvrier – le passager est provisionné en eau potable. À part cela, aucun confort, aucun aménagement spécifique. Le passager qui ne connaît ni le moment de son embarquement – météo et armement du navire obligent – ni sa date d’arrivée à destination, doit emporter sa nourriture, son brasero, sa vaisselle et sa natte. Il dort sur le pont quand il y en a un et, pour les gens bien nés, la dunette du capitaine peut être partagée.

PAS D’EAUX NOIRES JETÉES ! Quand il faut trouver place dans la cale, au milieu des marchandises, il faut supporter la ­soutine : c’est là, en fond de cale, que croupissent les eaux noires car on répugne à souiller la mer, royaume de monstres invisibles et des dieux, en y rejetant ordures et excréments. Il est également interdit de se couper les ongles et les cheveux… et de faire l’amour, par respect pour Vénus. Par beau temps, loin des côtes et lassé de contempler l’horizon, on s’occupe à la pêche, en parties de cartes ou de dés. On chante en s’accompagnant d’instruments de musique. On s’ennuie dans le meilleur des cas car si le temps

Pour ne pas facher les dieux (ici Neptune), on ne rejetait aucun déchet à la mer

est mauvais le cauchemar commence. Il faut courir d’un bord à l’autre pour équilibrer le navire ou on se retrouve dans la cale puante à caler la cargaison. Quand on est enfin invité à la manœuvre, le pire est là. Elle consiste en effet à jeter par-dessus bord tout ce qui peut alléger l’embarcation : d’abord les objets personnels et, parfois, le passager lui même. Les esclaves sont les premiers à passer à l’eau. Les passagers ne doivent pas montrer qu’ils ont des biens. Hérodote raconte que le poète Arion, embarqué sur un navire corinthien, avait demandé à chanter un dernier poème avant de disparaître dans les flots avec ses objets précieux pour ne pas être détroussé par l’équipage. Il sera sauvé par un dauphin… C’est parfois le mal de mer qui invite à plonger pour rejoindre la côte, comme le fit Sénèque, en petite tenue, après avoir prié le pilote de s’en approcher au plus près. Quand l’eau vient à manquer on utilise la recette suivante, transmise par Pline l’Ancien : « On étend autour du navire des toisons qui s’humectent en absorbant les exhalaisons de la mer, et l’eau que l’on exprime est douce ou encore, on plonge dans la mer avec des filets des boules de cire creuses ou des récipients vides et bouchés : l’eau recueillie à l’intérieur est douce : le fait test que sur terre l’eau de mer filtrée par l’argile devient douce… ». On est loin de La Croisière s’amuse… Emma Chazelles 1 «Sur la Mer Violette. Naviguer dans l’Antiquité» de Claude Sintes, directeur musée de l’Arles Antique, Signets – Belles Lettres, 2009).


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Pour les capitaines… Un Air de Sète (Relié) de Jacques Rouré et Michel Descossy Editeur : Equinoxe (4 avril 2006) Collection : Impressions du Sud Prix : 28 € Un air de Sète propose un hommage à la ville de Sète à travers des créations littéraires : récit, roman, nouvelles, etc. de J. Rouré et des photographies. Il vous dévoile les coins et recoins de cet incontournable port méditerranéen. Les romans des îles : L’Ile mystérieuse ; Seconde Patrie ; L’Ecole des Robinsons ; L’Ile à hélice (Broché) De Jules Verne Editeur : Omnibus Prix : 26 € Les quatre romans d’aventures qui forment ce volume mettent en scène des îles tantôt inquiétantes, délirantes, initiatiques ou nourricières, sur lesquelles des hommes tentent de survivre contre vents et marées. Belem : Le Temps des Naufrageurs (Album) de Jean-Yves Delitte Editeur : Chasse-Marée Prix : 13 € Le récit du dernier voyage du célèbre voilier long-courrier français, qui appareille de Nantes le 31 juillet 1896. Il fait escale à Montevideo, puis à Belém et revient finalement à son port de départ le 26 janvier 1897 après 46 jours d’une traversée difficile. Un ouvrage qui se lit comme une aventure aux multiples rebondissements, avec pour toile de fond le quotidien rude des matelots de la voile. Albatros de Kiley/Holmes Editeur : Phébus (17 septembre 1998) Collection : Phébus Libretto Prix : 10 € Un yacht pris dans la tempête... cinq passagers promis à la mort qui vont

se déchirer, pour aboutir à la survivance de deux d’entre eux, après avoir dérivé sur l’Océan pendant des jours. Une histoire de violence et d’horreur en raison des difficultés rencontrées mais aussi des caractères des naufragés Seule la Mer s’en Souviendra de Isabelle Autissier Editeur : Grasset & Fasquelle (3 juin 2009) Prix : 18 € En 1969, Peter March, un marin anglais, inventeur de systèmes électroniques pour voiliers, décide de participer à la première course autour du monde en solitaire et sans escale. Il entend ainsi prouver l’excellence de ses inventions. Peter est terrifié lorsqu’il découvre une grave avarie sur l’un des flotteurs du trimaran. Il décide alors de tricher, en faisant escale. Prix Amerigo Vespucci 2009. Ciel ! Mon Mari veut Naviguer... de Christine de Bonviller Editeur : Editions L’Ancre de Marine Prix : 20 € Lyonnaise d’ascendance ardéchoise, l’auteure se retrouve sur l’Echappée Belle avec son breton de mari et leurs enfants pour une croisière transatlantique. Son récit plein d’humour commence évidemment par la construction du voilier... La Petite Bibliothèque Maritime idéale de Stéphane Heuet Editeur : Arthaud; Collection : Beaux Livres Prix : 24 € Stéphane Heuel, né à Brest, a longtemps navigué avant de faire escale à terre pour se lancer dans l’adaptation en bande dessinée d’A la recherche du temps perdu de Proust (Delcourt). Les cinq premiers albums ont rencontré un franc succès. Tout en continuant à son pas cette oeuvre titanesque. Il écrit et dessine sa bibliothèque maritime idéale.

Amour de Plaisance de Jean Mauviel Editeur : Le Télégramme - Pêcheur d’images Collection : GUIDES Les différents sujets et thèmes préoccupant la vie du marin : faire son sac, les cartes et le GPS, le pavillon, la psychologie du bord, la nourriture, le mouillage, les soins à apporter au bateau, porter assistance, rester humble avec les éléments naturels, etc.

Léocadie, le Roman de la Grande Pêche de Serge Deschamps Editeur : Éditions des Falaises Prix : 18 € Léocadie est un trois-mâts goélette armé à Fécamp qui part en 1922 pour la brume des bancs de terre-Neuve. À l’issue d’une tempête d’anthologie, une partie des doris ne revient pas à bord. Leurs équipages vont aller au bout de leurs forces pour rallier la terre groenlandaise et pour y survivre. Pendant ce temps, le capitaine du Léocadie les cherche désespérément. Une magnifique histoire de voile, de corde et de mer glacée et, surtout, de solidarité marine.

…et les moussaillons La Princetta et le Capitaine D’Anne-Laure Bondoux Éditeur : Livre de Poche Jeunesse Prix : 6,50 € Pour échapper à un mariage arrangé avec le prince d’Andemark, Malva, 16 ans, héritière du trône de Galnicie, s’enfuit de nuit, avec la complicité de son précepteur l’Archonte. En s’embarquant sur les mers, elle finit par rencontrer le capitaine Orfeus McBott qui a fuit la Galnicie à la mort de son pirate de père. Un roman d’aventure passionnant qui ravira les passionnés d’aventure et de grand large. Un Chaton à la Mer ! de Ruth Brown Anne Krief (Traduction) Editeur : Gallimard-Jeunesse Prix : 12,50 € En 1838, bravant la tempête, Grace Darling, fille du gardien du phare de Longstone en Angleterre, sauva de la mort les passagers d’un navire en détresse. Parallèlement, Lizzie, une chatte, tente de sauver son chaton de la noyade. Une histoire de courage dans un phare au milieu de l’océan. Océans - Petites Histoires des Fonds Marins (livre et CD) de Stéphane Durand et Marc Boutavant Jacques Perrin (Narrateur) Editeur : Seuil Jeunesse (22 octobre 2009) Collection : Crea.Jeuness Prix : 18 € Minuscule et invisible comme une goutte d’eau dans l’océan, le jeune corail vagabondait par le vaste monde, émerveillé par mille splendeurs et risquant mille périls. Un jour, il eut envie de trouver un

endroit où se poser. Des contes pour plonger au cœur des océans à la rencontre de ses incroyables habitants, à lire ou à écouter ! Mon Encyclo de la Mer de Patrick Louisy Editeur : Milan Jeunesse Collection : Albumsnature Prix : 16 € Cette mini-encyclopédie présente plus de 150 photos d’animaux, d’activités et de paysages marins. Elle permet aux plus jeunes de découvrir la richesse des océans, à travers des textes simples et des photos spectaculaires, amusantes et étonnantes. Odyssée, Tome 1 : La Malédiction des Pierres Noires de Michel Honaker Editeur : Flammarion Prix : 5,70 € Il y a longtemps, bien trop longtemps maintenant, qu’Ulysse a quitté le rivage de son cher royaume d’Ithaque pour partir à la guerre. Pénélope et Télémaque espèrent chaque jour son retour. Mais le voyage n’est pas fini. Ainsi en ont décidé les Dieux... Depuis dix ans, la ville de Troie est assiégée par l’armée grecque. Elle compte parmi ses généraux le héros aux mille ruses, Ulysse. Le destin de tout un peuple repose entre ses mains. Mais pour l’accomplir ne devra-t-il pas renoncer à sa vie de simple mortel ?

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bienvenue aux ports

d'Hyères-les-Palmiers Le Port d'Hyères (saint-Pierre) n Capitainerie - Tél : 04 94 12 54 40 - Fax : 04 94 12 54 50 Canal VHF : 9 - email : port.hyeres@wanadoo.fr Horaires d’ouverture : Basse saison - Octobre à mai : 8h -12h et 14h - 17h30. Moyenne saison - Juin, septembre : 8h - 12h et 14h - 19h - 7j/7j. Haute saison - Juillet et août : 7h - 21h - 7j/7j. equipements et Services portuaires : 1432 places à quai dont 120 postes passagers. Tous les postes sont équipés de bornes de distribution d’eau et d’électricité accessibles par cartes magnétiques ainsi que du système Wi.Fi. Les deux capitaineries sont équipées de sanitaires et douches réservés aux plaisanciers avec accès par cartes magnétiques. Ces cartes sont à retirer en capitaineries du 1er ou du 3e bassin. Container tri sélectif sur parking capitainerie 1er, 3e bassin et môle central. Longueur maxi des bateaux : 36,99m. Largeur maxi des bateaux : 7,90m. Zone d’activités (manutentions - port à sec) Tél : 04 94 08 53 28 - Fax : 04 94 01 28 98 Élévateur 50 tonnes - Grue 35 tonnes - Potence 8 tonnes. Récupération d'huiles usagées, batteries, fusées, containers, peintures. Cale de mise à l’eau : Longueur maximum des bateaux : 6,99m. Les voiliers doivent être démâtés. Le convoi véhicule tracteur et la remorque avec bateau ne doit pas excéder un encombrement hors tout de 13 m. L’accès à la cale de mise à l’eau est payant et automatisé, les cartes magnétiques d’accès sont à retirer en capitainerie du 3e bassin. Renseignements : 04 94 12 54 52. La cale de mise à l’eau est interdite aux véhicules nautiques motorisés en haute saison. Station carburant - Distribution tous carburants 24h/24h par CB - Tél : 04 94 38 42 84. Horaires d’ouverture : Octobre à mai : 8h30 - 12h / 14h - 17h30 du lundi au vendredi. Samedi : 8h30 - 12h. Juin à septembre : 8h - 12h / 14h - 19h - 7/7. Récupération d'huiles usagées - Récupérateur d'eaux noires et eaux grises gratuit.

Port

de

La CaPte n Capitainerie - Tél/Fax : 04 94 58 02 30 Horaire d’ouverture 7j/7 : Hors saison : 8h-12h et 14h-17h. Saison : juillet et août : 8h-12h et 14h-18h. Équipements et Services portuaires : Port de 190 places à quai dont 90 pour les bateaux de passage. Longueur maxi des bateaux : 11,49 m. Largeur : 3,85 m. La cale de mise à l’eau est payante. Longueur maxi : 6m (mêmes horaires que la Capitainerie). Eau, électricité. WC. Bac récupérateur d'huiles usées et bidon. Totem : bouée, cordage, extincteur.

Port

n Capitainerie - Tél/Fax : 04 94 66 33 98 Horaire d’ouverture : Hors saison : 8h - 12h / 14h - 17h du lundi au samedi - Dimanche : 8h à 12h. Saison : juillet août : 8h - 12h / 14h - 19h - 7j/7j.

Port Auguier

equipements et Services portuaires Port de 411 places à quai dont 118 pour les bateaux de passage. Longueur maxi des bateaux : 8m. Largeur : 3,85m. Eau, électricité. 2 WC. Totem : bouée, cordage, extincteur. Téléphone public. n Capitainerie - Tél/Fax : 04 94 58 21 53 Horaire d’ouverture Hors saison : 8h - 12h et 14h - 17h du lundi au vendredi. Saison : juillet et août : 8h - 12h et 14h - 18h - 7j/7j. equipements et Services portuaires Port de 83 places à quai dont 6 pour les bateaux de passage. Longueur maxi des bateaux : 10,99m. Largeur 3,50m. Tirant d’eau : 1,50m. Cale de mise à l’eau réservée en cas de danger. Eau, électricité. WC Chimique en saison. Container d'huiles usées et bidon. Totem : bouée, cordage, extincteur, échelle. En saison, l’accès automobile est réservé aux riverains.

de l'AyguAde


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