Kiblind Magazine 58 - Baston

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KIBLIND Magazine NumĂŠro Baston




TYP ’ &!.,-:;? “ ” 10 nov. 2016

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30 ans de crÉations typo’

13, rue de la poulaillerie Lyon 2 e arr. du mercredi au dimanche de 10 h 30 à 18 h www .imprimerie .lyon.fr

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12 FÉv. 2017



Édito Quand dans la ville bruisse la rumeur de la méchanceté, un seul mot : BASTON. Quand dans nos quartiers sévit l’impitoyable connerie, un seul réflexe : BASTON. Quand dans les rues règne la vilenie la plus crasse, une seule envie : BASTON. Oui, mais quand on est ceinture jaune de judo, la sagesse c’est aussi de savoir se contenir. Aussi, pour toutes ces raisons et d’autres – notamment issues de notre département marketing arguant que la baston, ça claque pour la rentrée –, avons-nous tourné notre numéro 58 autour de ce style de combat aux séquelles bien dérisoires. Un magazine, donc, plutôt que de la vraie bagarre, mais quand même avec Jean-Claude Van Damme, Crédits : ©KLAR/Agence Kiblind - Thomas Chéné

des flammes, des Malabars, des droites et une couverture signée par l’excellent Bastien Vivès. Kiblind, 13e saison, round 1.


Kiblind magazine n°57 – Baston Automne 2016 SÉLECTION 1/2 12

Baston & jeux vidéos

INTRO PICTOS

INTERLUDE

Baston 20

INTERVIEW

Baston Vivès 22

CARNET DE VOYAGE

Échecs & droites 26

INTERLUDE

Bastons étranges 31

CRÉATIONS ORIGINALES

Baston dessinée 34

DISCUSSION

619 claques 42

JCVD, l'ultime combat 44

46

Street fighter II 49

REPORTAGE GRAPHIQUE

Combat contre le vide 50

RÉTROGRAPHIE

Malabar 56

INTERLUDE

Barbarian x Conan 61

MODE

Ouss 62

OUTRO

Playlist Baston 71

SÉLECTION 2/2 72


Contributeurs

Simon Boileau – Hormis sa gestion plaquée or des réseaux sociaux de chez France Info, Simon Boileau sillonne les mers agitées de la planète rap et de la bande dessinée. Son pied marin fait des merveilles.

Simon Chambon-Andreani – Fondateur et meneur du label/milice CLFT, Simon est un fameux connaisseur de la musique électronique. Et non-content de son érudition, il y met aussi les formes.

Thomas Chéné –

Alix Devallois – Il faut se figurer qu'un shooting de cahier mode, ça ne se fait pas tout seul. Il faut des gens de talent pour s'en occuper. La styliste parisienne Alix Devallois fait partie de ceux-là.

Pablo Grand Mourcel – Jeune homme d'environ 27 ans, Pablo Grand Mourcel est également un dessinateur au trait joyeux et joli, formé par l'unique Dupérre. Après avoir monté Super Groupe avec Lisa Laubreux, il officie seul désormais.

Patrick Hellio –

La merveilleuse École des Gobelins a donné en 2011 un cadeau bien précieux : le photographe Thomas Chéné qui alterne aujourd'hui projets mode et envolées artistiques.

Chroniqueur à Libération et redacteur en chef adjoint du Journal des Loisirs Interactifs, Patrick Hellio a fait de sa vie un chef d'œuvre : son métier est de jouer aux jeux vidéo.

Matthieu Chiara –

Nico Prat –

Parisien grand et ancien de la HEAR de talent, Matthieu Chiara monopolise notre attention depuis 2 ans grâce à son excellent Hors-Jeu (éd. L'Agrume) et son Dessins Variés, Effets Divers à l'origine de sa présence ici.

Nicolas Prat s'est apparemment rendu indispensable aux yeux des rédacteurs en chef. Journaliste pour Rockyrama, C8 ou Tsugi il est aussi passé par Le Mouv, DumDum, Technikart, Gonzaï, etc.


Contributeurs

Manon Raupp –

Ted Supercar –

Férue de musique indépendante jouissive, Manon Raupp, depuis Toulouse, fabrique tout aussi indépendamment son fanzine Ductus Pop.

Activiste artistique et écrivain public pour Hartzine.fr, Ted Supercar a l'oreille aiguisée comme peu dans ce monde. Et quand il nous dit que la musique est bonne, lui, on le croit.

Benjamin Roure –

Delphine Zehnder -

Bêtement, sans doute, on s'est dit que le rédacteur en chef de Bodoï, ça pouvait ne pas être trop mal pour parler Bande Dessinée. Benjamin collabore aussi à Télérama à ses heures perdues..

Basil Sedbuk – Basil Sedbuk est un passionné d'illustration qui abreuve son monde sur son excellent blog, LaBelleIllustration.blogspot.com.

Ancienne du Petit Bain parisien, Delphine est également amoureuse de la bande dessinée dont elle colporte les ébats autant qu'elle peut.


STAFF Directeur de la publication : Jérémie Martinez Direction Kiblind & Klar : Jérémie Martinez Jean Tourette  Baptiste Viry Gabriel Viry Team Kiblind  Magazine : Maxime Gueugneau & Simon Bournel-Bosson - Alix Hassler - Alizée Lagé Jérémie Martinez - Justine Ravinet - Jean Tourette Olivier Trias - Baptiste Viry - Gabriel Viry Réviseur : Raphaël Lagier  Merci à : Alizée Avice - Clémence Daudon Mathilde Dubois - Matthieu Sandjivy - Camille Viry Direction artistique :  Klar/Agence Kiblind (www.agence-klar.com)

INFOS Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni Couverture : Arcoprint Milk 300g - Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Orphéon (Marine Stephan) Imprimeur  : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires www.deux-ponts.fr Édité à 40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon  04 78 27 69 82  - www.kiblind.com  Le magazine est diffusé en France. Liste complète sur www.kiblind.com. Ce numéro comprend un cahier supplémentaire de 24 pages pour la région Rhône-Alpes. ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. THX CBS. Contact : redaction@kiblind.com


SAISON 16/17

LABORATOIRE INTERNATIONAL DE CRÉATION ARTISTIQUE

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE MADAM’KANIBAL LYON STREET FOOD FESTIVAL MATHIEU BAUER PHIA MÉNARD BRIGITTE SETH & ROSER MONTLLÓ GUBERNA LES CHIENS DE NAVARRE HALORY GOERGER & ANTOINE DEFOORT

YUVAL PICK BOUCHRA OUIZGUEN LES NOUVEAUX NEZ & CIE CAROLYN CARLSON BORIS CHARMATZ & FRANCK WILLENS MAUD LE PLADEC FOUAD NAFILI THOMAS HAUERT MIRAGE FESTIVAL SÉVERINE CHAVRIER

ALEXANDER VANTOURNHOUT & BAUKE LIEVENS MANUEL ROQUE RAFAEL DE PAULA VIMALA PONS & TSIRIHAKA HARRIVEL ... +++ ATELIERS, RENCONTRES, VISITES... TOUTE L’ANNÉE !

Les Subsistances I Lyon 1er 04 78 39 10 02 www.les-subs.com


SĂŠlection 1/2

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LE BULLETIN DE L'ÉTÉ Dans notre monde de performance, il était temps que les saisons et ceux qui les font reçoivent une juste sanction.

SCREEN SHOT Ce qu'il se passe sur internet, reste sur internet Afida Turner <3 Donald Trump

→ Le Pistolet Vitesse à 25m : 9/10

→ Les petits festivals : 8/10

En plein mois d'août, il arrive que l'état de déconfiture de l'être soit telle qu'il se retrouve à mater une compétition olympique de pistolet vitesse à 25m. Il se peut même qu'il adore.

Baleapop, Heart Of Glass Heart Of Gold, Coconut Music, Pete The Monkey, Roscella Bay, Chateau Perché, Missing Numéro, Le Diamant Vert... Enfin des festivals pour nous qui avons atteint la majorité.

→ Le retour de Britney : 3/10

→ Les robes de Young Thug : 7/10

Pour l'ensemble de son œuvre, on évitera de trop la blâmer. Mais de clips poucraves en chansons exécrables, on est dans un caca grandiose.

Après la campagne Calvin Klein, le tutu pour Dazed et avant celle de son mariage, le rappeur Young Thug confirme son amour des robes avec la pièce d'Alessandro Trincone sur la pochette de son Jeffery. C'est pas toujours jojo, mais il les porte bien, le bougre.

→ Le zouk : 10/10

Ringardisé jusqu'à la moelle par une industrie musicale qui n'y a jamais rien compris, le zouk fait son grand retour dans nos oreilles crasses via le DJ parisien Digger's Digest ou la web radio LYL. → Les super pouvoirs : 11/10

Alors qu'on les pensait au fond du gouffre après la joyeuse compagnie de blockbuster Marvel/DC Comics, les super pouvoirs sont revenus faire battre notre cœur grâce à Stranger Thing et Eleven.

Après le bikini tricolore au lendemain du 13 novembre, Afida Turner/ Lesly de Loft Story 2, dévoila le 2.08 un peu plus son souci de l'élégance avec son coup de gueule « RAS LE ASS DE ARCHARNNEMENT DONALD TRUMP AU USA ». La suite de Limbo

Le studio danois Playdead avait mis le coup de bambou à tous quand, en 2010, ils sortaient le magnifique Limbo. Rebelote avec sa suite, Insider, dont le graphisme affolant n'est pas la moindre de ses qualités. Gene Wilder

→ Le rap belge : 9/10

Les chefs d'œuvre (oui, on en est là) de Hamza et de Damso, Roméo Elvis, Caballero, Jeanjass le prouvent grandement : le meilleur du rap français est belge. Le 29 août, un grand acteur américain est mort, Gene Wilder. Oui, c'est ça, le mec du mème « Condescending Wonka » dont on a vu aucun film mais qui depuis 2011 est plus présent dans notre vie que notre propre père.


Sélection 1/2

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COUVERTURES

Clinton vs. Trump Le Bon ou le Méchant, le Bien ou le Mal, Pif ou Hercule, Kris ou Kross. À vous de choisir.

Il n'aura pu échapper à personne que les États-Unis doivent se choisir un nouveau président cette année. Et, ô miracle médiatique, il se trouve que les deux protagonistes finaux n'ont jamais cessé d'impressionner les rédacteurs en chef de magazine. Le businessman démagogique et la politicienne arriviste sont, il est vrai, de merveilleux personnages à mettre en scène. Des 19 unes du Times d'Hillary Clinton à son apparition sur le sacro-saint News Of The World, de la couverture de Playboy de Donald Trump à l'effarement actuelle qu'il suscite dans la presse, depuis plus de vingt ans, les deux loulous trustent les unes pour arriver à l'explosion d'aujourd'hui. Ce qui donne, à la veille de l'élection, un joli panel de couvertures que, par souci démocratique, nous nous devions de présenter.


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CLIP Le fion Quelques seins et quelques fesses ont tourné ci ou là sur les chaînes Youtube de nos stars préférées. On retiendra notamment le très distingué clip de Fergie, « M.I.L.F. $ », qui met en avant les tribulations d'un livreur de lait aux prises avec des femmes au foyer tout ce qu'il y a de plus classique (Fergie, Kim Kardashian, Alessandra Ambrosio...). Seul hic : le goulot des bouteilles de lait semble avoir de nombreux défauts et laisse les filles tacher salement leurs jolis vêtements (on notera le subtil t-shirt « slippery when wet » de Fergie). Ah, le fion, il n'y a que ça de vrai pour mettre en valeur la qualité intrinsèque des morceaux qu'il valorise. Nos conseils en la matière : les Canadiens d'Helix qui comptait déjà dessus – et de belle manière en 1984 avec « Gimme Gimme Good Lovin » ou aux Parisiens de The Aikiu avec le super clip de « Pieces of Gold ».

LOGO-TYPES Cet été, Mastercard est entrée dans la cour des grandes : ces marques aux logos tellement puissants qu'ils ne nécessitent pas de typographie. Il en est ainsi d'Apple, de Nike, de Shell et de pas mal d'autres qui mettent ainsi en avant la robustesse du symbole et le talent du graphiste. En parlant de graphistes, le studio Dorothy s'était amusé, en 2011 et pour son projet You took my name, à effacer les noms de plusieurs logos pour les transformer en œuvre d'art. Ah, et tiens, il y avait Mastercard dans le tas.


Sélection 1/2

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Ahaha

— Jeu des 7 erreurs ou plus, Pablo Grand Mourcel

— Matthieu Chiara


KIBLIND & MAMAMA présentent

Collection complète à découvir sur : kiblind-store.com mamama-paris.com


Crédits : ©KLAR/Agence Kiblind - Thomas Chéné


Baston 1. Baston Baston Baston Baston


intro pictos

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Juré-craché, pas une de sang n’a été versée. Équipés d’un sens aigu de la lâcheté, nous sommes très peu ou coup de . Le fantasme de la baston nous plaît. Les de baston nous plaisent, les combats de pouce nous plaisent, Lastman nous plaît et Street Fighter II nous plaît.


Baston

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Sinon, comme Bastien Vivès, on sait très bien tomber. C’est pourquoi, dans ce de la  , nous nous penchons plus sur les rêveries que soulève la baston, entre virilité, muscles, Jean-Claude Van Damme, en polyester et de jeu vidéo. Et maintenant, fumonsnous gaiement !



Interview

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Figure emblématique de la nouvelle scène BD française depuis la parution du Goût du chlore en 2008, chouchou des médias, Bastien Vivès, 32 ans cette année, est avant tout un geek sensible et surdoué, qui défouraille à tout va. Vieil adolescent, il transcendait les sentiments complexes des premiers flirts amoureux. Jeune adulte, il défonce le manga de baston avec ses compères Balak et Sanlaville, et s’excite franchement sur la BD porno. L’allure désinvolte et de longs cheveux ondulés cachent à peine le bourreau de travail, celui qui explose quotidiennement sur sa tablette graphique 3 planches de BD, entre les derniers rounds de Lastman et l’écriture d’un nouvel album personnel se déroulant en Bretagne.

Baston Vivès Mais la signature de Vivès, c’est sa sensibilité. Une fragilité qu'il manipule avec intelligence et qu’il s’amuse à adapter à la BD de genre, qu’elle soit violente ou pornographique. Il joue des symboles structurants (famille, travail, etc.) pour mieux les détourner. Il joue des cases pour mieux les exploser. Et s’il confie, lors des cinq premières minutes de l’entretien, que son premier vrai choc fut sa première pénétration, c’est pour mieux expliquer qu’il est toujours aussi impressionné par le sexe. Preuve de la violence du garçon, il accompagne son labeur journalier de l’écoute consciencieuse de la discographie complète de chanteurs de variétés françaises. Les derniers en date : Delpech et Sardou. Rien de mieux qu’un Michel pour dessiner des gros bras ou d’énormes seins.


Interview

Avec Lastman, tu te bats contre le temps non ? Le tunnel est long. Avec Balak et Michaël (Sanlaville), on s’attendait pas à taffer autant sur l’animé, sur le jeu vidéo et tout ce qu’il y a autour. C’est surtout l’animé [la série devrait être diffusée sur France 4] et le jeu vidéo [Last Fight est sorti sur PC au printemps et vient de sortir sur console] qui nous ont pris du temps. On est sur le jeu vidéo depuis le début de l’aventure. Trois ans et demi... J’ai fait tous les designs et c’est une expérience mortelle. On est super contents que le jeu sorte en septembre mais tout ça prend un temps de fou, c’est costaud et hyper prenant. Quels sont tes jeux de baston de référence ? Street Fighter 2. Capcom a simplement posé les bases du jeu de combat pour les décennies à venir. Au niveau du design des personnages mais aussi au niveau des attitudes :

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trois types de combattants (allround, distance et chopeur). C’est la symphonie, le jeu parfait. Il y a aussi Power Stone, pour le côté 3D. C’est un jeu que j’aimais beaucoup, en particulier pour son côté arcade, et je me suis dit que ça serait dommage de ne pas reprendre ce concept pour le jeu Last Fight. Même en ayant les consoles toujours en décalé, j’ai toujours bien aimé les jeux de baston. Des trucs rigolos à la Clay Fighter. Là je joue plus trop aux jeux de baston depuis Last Fight. C’est assez difficile de jouer quand t’es dedans. Comme c’est dur de lire un manga quand t’es en train d’en faire un. Je joue plus à Hearthstone, Heroes of the Storm, Overwatch, tous les jeux Blizzard en fait. En ce moment, je dessine vraiment de 9 h du matin jusqu’à 22 h/23 h. Je ne peux pas travailler non-stop. Du coup, je me fais deux-trois parties dans la journée entre deux dessins sur tablette. Après je saigne des yeux, c’est les chutes du Niagara.

Et dans le cinéma de baston, Rocky 1 ? Rocky 1 est une belle référence mais dans mon top cinéma tout compris, je crois que je mettrais Bad Lieutenant de Ferrara, La Pianiste de Haneke, et un Miyazaki. Rocky, c’est Rocky parce que c’est Stallone. C’est un des plus beaux personnages qui aient été faits. C’est ça que j’aime. C’est ça que j’aime dans la baston, c’est ces personnages. C’est comme Conan le barbare. C’est un film ma-

" Pour moi, le plus important dans Lastman c’est la relation entre le fils, Adrian, et sa mère. Lastman c’est Bambi."


Bastien Vivès

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" Je ne peux pas travailler non-stop. Du coup, je me fais deux-trois parties dans la journée entre deux dessins sur tablette. Après je saigne des yeux, c’est les chutes du Niagara. "

gnifique, je le mets au même niveau qu’un Blade Runner. Avec Balak, on a aussi en référence des films comme Die Hard ou Le Dernier Samaritain où le héros reste humain avant tout. D’ailleurs pour moi, le plus important dans Lastman c’est la relation entre le fils, Adrian, et sa mère. C’est ça pour moi... Lastman c’est Bambi. Le personnage de Richard Aldana lui, il permet aux lecteurs de mieux rentrer dans l’histoire, d’avoir un repère. Pourtant t’as quand même l’air de beaucoup t’amuser à dessiner des bastons et du sexe non ? C’est vrai, mais là je reviens à l’esprit de mes travaux d’origine avec mon prochain livre perso. Mais le cul, je m’en suis toujours pas remis. Je crois que ma première pénétration reste un des trucs les plus fous que j’aie connus. Je suis toujours aussi impressionné par le sexe. C’est trop bizarre de passer de la vie qu’on connaît (on va travailler, on dit bonjour, on dit au revoir...) au sexe. En fait, il y a que dans le cul que tu peux tout faire, c’est un putain d’exutoire complet. Je vais d’ailleurs continuer à faire des BD porno et à faire des bouquins qui parlent aussi de ça. J’ai des BD cul qui vont sortir chez Delitoon [créé par Didier Borg, son ancien éditeur chez Casterman], dont le spin-off des Melons de la colère.

Et sinon, tu te bats parfois ? La baston dans la vraie vie, c’est pas un endroit où on a envie d’aller. Elle est pas marrante. À part quand c’est dans le cadre du sport où ça peut être assez beau. Je mate à fond les sports de combat. Je suis toujours hyper impressionné. Moi, pour faire simple, je sais très bien tomber... J’ai fait du judo quand j’étais petit. Parfois dans les combats, il y a une belle virilité. Même si c’est un terme peu apprécié et souvent perçu de manière péjorative, j’aime bien la virilité. Au cinéma, quand la virilité est transcendée par des Marlon Brando, des Javier Bardem, c’est hyper beau. Et dans la vraie vie aussi. La mauvaise virilité, c’est dégueulasse, c’est de l’ego mal placé. C’est juste une espèce de mâle alpha qui veut prouver des choses. Mais un mec qui veut défendre son pote... J’aurais bien aimé être un peu plus viril, ne serait-ce que physiquement, mais aussi dans certaines attitudes. Savoir que je peux éventuellement me battre, ça m’aiderait. Mais j’ai le dessin… Si j’avais pas le dessin, je me serai sûrement battu. Le dessin c’était ma porte d’entrée dans le monde. J’ai réussi à me sortir de la merde à l’école par le dessin. J’avais pas de raison de me battre. Quand je suis face à la violence, à l’agressivité… Moi je suis déjà terrorisé par le sexe, alors une agression physique, c’est pas possible.

interview et images Jérémie Martinez


Carnet de voyage

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Échecs & droites

Associé aux échecs, grâce aux divagations d’Enki Bilal, le noble art n’a peut-être jamais aussi bien porté son surnom. Alors que le chess boxing se développe partout dans le monde, la France aurait enfin des coups à prendre...


Échecs & droites

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Ground 0 : crochet

« Et vous, Monsieur, vous faites quoi contre le calcaire ? » Ce premier week-end de septembre, face à la mer, la foire de Dieppe bat son plein, ou le vide, avec ses vendeurs en chemisette et leurs hameçons lancés comme des bouteilles à la mer. Apparemment, le Normand se fout du calcaire, contrairement aux échecs et aux cerfs-volants, qui viennent occuper la rentrée avec deux festivals internationaux de renom. Une plage plus loin, à Pourville-sur-Mer, Olivier Delabarre a d’ailleurs enfilé les pions blancs (short immaculé et tee-shirt sans manches) pour un premier bilan : « C’était la douzième édition de l’Open d’échecs, le troisième tournoi français le plus important, avec plus de 400 participants et 3 600 parties quotidiennes. » Directeur technique de l’Échiquier dieppois, entraîneur hyperactif et joueur émérite (1 700 points au classement Elo), l’homme aux bras bien lotis a largement contribué à ce que son sport trouve un port d’attache par ici. « Dieppe a une

longue histoire avec les échecs que le club entretient avec ses cinq permanents, une centaine de compétiteurs adhérents et deux équipes évoluant dans les championnats nationaux. » Entre ses différentes écuries, Olivier Delabarre a également un cheval de bataille : le chess boxing. « J’ai découvert la discipline en 2010 comme une évidence, car les échecs et la boxe ont une même essence : anticiper et parer les coups de l’adversaire. »

"Les échecs et la boxe ont une même essence : anticiper et parer les coups de l’adversaire". Le chess boxing est le seul sport imaginé, de toutes pièces, dans une œuvre de fiction. En 1992, Enki Bilal publie Froid Équateur, le dernier volet de la trilogie SF Nikopol, dans lequel il invente cette pratique fantastique, racontée notamment

au réalisateur canadien David Bitton (Chess boxing : the King’s Discipline). « J’imaginais une société dans laquelle l’évaluation de tout était devenue la norme, comme une dictature : on y évalue l’intelligence, la violence, la beauté, et le chess boxing m’est apparu comme le meilleur curseur de l’excellence humaine. » Une décennie plus tard, un artiste hollandais, Iepe Rubingh, aka The Joker, s’empare du concept. Ce performer loufoque s’était jusque-là fait connaître pour ses interventions retentissantes dans l’espace public, comme la création d’un immense embouteillage artificiel dans les rues de Tokyo (10 jours de prison). Installé à Berlin, Rubingh crée la World Chess Boxing Organisation (WCBO) en 2003, puis fonde le premier club dédié. Chess boxer à ses heures, roi parmi les rois, il reste aujourd’hui l’ambassadeur mondial de la discipline, adoubé par Bilal et par un triptyque organique, qui a réellement dépassé la fiction : les échecs, la boxe et le show.


Carnet de voyage

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Round 1 : uppercut "Les échecs sont le sport le plus populaire au monde, avec davantage d’amateurs que de joueurs de football !" « Le chess boxing actuel est un mélange de boxe anglaise et de blitz » (partie rapide d’échecs), résume Olivier Delabarre. Mises en œuvre par la WCBO, les règles sont plus proches de la rigueur allemande que d’un kamoulox. « Le combat articule 6 rounds d’échecs de 4 minutes et 5 rounds de boxe (3 minutes chacun). On commence sur le plateau et on peut gagner par K.O., par échec et mat, ou parce que l’adversaire a écoulé son temps de jeu. » Originaire de Montpellier, Thomas Cazeneuve, 23 ans, est l’un des grands espoirs français. « Je pratique les échecs depuis l’âge de 4 ans et j’ai commencé la boxe dix ans plus tard. Il faut être bon et s’entraîner dans les deux sports, même si je suis meilleur dans le premier ». « À la boxe, on peut se contenter de défendre, souligne Olivier, mais un mauvais joueur d’échecs ne peut pas vraiment se cacher. » Cela dit, l’intérêt majeur du chess boxing repose justement sur les aléas d’un combat, car il faut savoir rester concentré après s’être mangé un vieux crochet. Les parties rapides forment une autre variable, très différente de la pratique classique des échecs (entre 4 et 6 heures, parfois plus, entre deux bons joueurs) : elles renforcent le double ressort, physique et mental, de la discipline. « Les échecs sont un sport, un combat, insiste Olivier. Il faut être compétiteur et se préparer physiquement,

comme le font les meilleurs, pour gérer l’endurance, le rythme cardiaque, la respiration. Kasparov attachait beaucoup d’importance, par exemple, au sport et à l’alimentation. C’est la même chose chez Magnus Carlsen, le champion du monde actuel ou chez son dauphin, Maxime Vachier-Lagrave, le premier Français à atteindre ce niveau. » Depuis son quartier général, à Berlin, le chess boxing a essaimé un peu partout et fédère aujourd’hui une dizaine d’entités dans le monde : Russie, États-Unis, Inde, Iran, Chine, Mexique, Italie, etc.

À Londres, la discipline fait aussi des émules, notamment auprès des banquiers de la City, qui y disposent d’un club dédié et de la World Chess Boxing Association. « J’avais envie de réunir mes deux passions », explique simplement son fondateur, Tim Woolgar, producteur chez Endemol. Créé en 2008, son club regroupe actuellement une centaine de membres, toujours plus nombreux, et organise des combats réguliers dans la célèbre salle de boxe du York Hall. « On peut y accueillir jusqu’à 1 200 personnes, avec parfois plus de 2 millions de téléspectateurs en livestream. » C’est ici qu’Alexandre Cazeneuve a remporté son dernier combat, au mois de juin, après six mois d’entraînement intensif en Allemagne. Sans vraiment le dire, ou le sourire aux lèvres, le jeune chess boxer se verrait bien champion du monde, même s’il n’existe pas actuellement de challengers à sa mesure (moins de 70 kg). « En France, je suis obligé d’aller dans deux clubs différents. C’est pourquoi je suis parti m’entraîner à l’étranger, pendant un stage étudiant ». Son prochain combat est organisé, fin septembre, à Berlin. « J’ai hâte car c’est toujours une grosse dose d’adrénaline dans des salles surchauffées, où l’ambiance est assez folle et la mise en scène soignée » : arrivée en peignoir, déluge de décibels, pom-pom girls survitaminées...


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" A l'étranger, la pratique des échecs enchaîne également les conquêtes, entre aventures d’un soir et coups de foudre durables ; c’est le cas avec le judo, la Hip Hop Chess Federation de RZA, leader du Wu-Tang Clan, ou même des premières expériences de combats en cage associés au free fight "


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Round 2 : contre-attaque

« Le succès du chess boxing s’explique parce qu’il est fun, commente Olivier Delabarre, ce qui ne correspond pas toujours à l’image des échecs. Et pourtant, c’est sûrement le sport le plus populaire au monde, avec davantage d’amateurs que de joueurs de football ! ». Audelà du chess boxing, la discipline multiplie d’ailleurs les expériences et les moteurs hybrides, aidés par les nouveaux médias et une caravane de conducteurs sans permis. « À Montpellier, par exemple, on a inventé une variante, raconte Thomas Cazeneuve : les pendules sont positionnés à 50 mètres du plateau, donc on tape un sprint après chaque coup ». À l’étranger, la pratique des échecs enchaîne également les conquêtes, entre aventures d’un soir et coups de foudre durables ; c’est le cas avec le judo, la Hip Hop Chess Federation de RZA, leader du WuTang Clan, ou même des premières expériences de combats en cage associés au free fight... Contrairement à ses voisins, le chess boxing français peine encore à se développer, faute de clubs, malgré un intérêt médiatique insistant et plusieurs jeunes talents pour en découdre (Thomas Cazeneuve, Carl Strugnell). Le premier et dernier événement dédié remonte à 2013, à Paris, à l’initiative de la maison de ventes Artcurial, avec un beau plateau d’ambassadeurs Ferrero : Enki Bilal, Iepe Rubingh, Charlotte Rampling, Jean-Luc Chabanon,

grand maître international d’échecs et maître du show... La soirée fut un succès mais elle restée sans suite, comme si le chess boxing français n’avait pas encore dépassé le plafond de verre d’une galerie, ni son statut initial d’œuvre d’art. Face à la Manche, dans le marc du café, Olivier Delabarre incarne un peu l’éclaircie du moment. « Le chess boxing est indissociable du live et les galas forment vraisemblablement un moteur, mais la discipline a d’autres débouchés, notamment en milieu scolaire. » C’est ce qu’il développe localement, en multipliant les partenariats, les initiations et les collaborations. « Je sais que de nombreux clubs de boxe sont demandeurs et ont un avantage sur nos clubs d’échecs : ils ont un ring et ce qui en découle, en matière d’équipements, d’agréments ou d’assurances ». Depuis son fief dieppois, Olivier avance ainsi de grands projets pour la France. Membre de la Fédération nationale des échecs, il est engagé sur une liste candidate aux prochaines élections, fin 2016, qui pourraient bien faire pas-

ser les scénaristes de House of cards pour une équipe de bisounours. En effet, ça joue sévère, ce qui n’a rien d’étonnant avec autant de stratèges, menés notamment par un grand maître international, Bachar Kouatly et des colistiers bien placés, dont les directeurs de Radio Nova, de Criteo ou de l’Essec. « Il y a de nouvelles choses à inventer, autour des échecs : c’est le message que l’on porte et le chess boxing fait partie de mes priorités. Je veux ouvrir le premier club français à Dieppe, en 2017 et obtenir une reconnaissance officielle pour favoriser d’autres initiatives, sur l’ensemble du territoire. Il faudrait une trentaine de clubs, à moyen terme, pour créer une Fédération. » En attendant, rien ne semble épuiser ce porte-flambeau bien portant, amateur de triathlon et de boxe française, qu’il imagine également associer aux échecs. « La savate permettrait de créer de nouvelles règles, car elle introduit un système de points ; en plus, c’est notre sport et elle a des adeptes partout dans le monde ! ». Ainsi l’ambitieux chess boxer quitte le ring alors que le soleil s’écroule sur la mer. Mais pour le calcaire, il y a toujours les falaises.

Texte : Gabriel Viry Photos : DR, Thomas Cazeuneuve Illustration : couverture de Froid Equateur , Enki Bilal, Les humanoïdes associés, 1992


Interlude étranges bastons

Illustration : Alizée Avice Texte : Alix Hassler

La bataille de pouces

La bataille de polochons

Si vous n’avez pas les biscotos pour un vrai bras de fer, il vous reste sa gentillette version asiatique. Un jeu qui se pratique main dans la main, et qui pourtant oppose les doigts dans une danse féroce, jusqu’au blocage final qui sonne la fin du combat.

Le genre de bataille à mener après une bonne grasse mat’. Sans point trop risquer de se faire mal, on pourra quand même se vanter à la première occasion d’avoir gagné une sacrée baston.

Le crêpage de chignons

Ultimate Take Ball

Qui a dit que les chevelus ne se battaient pas ? Plutôt que les poings dans la face, ces adeptes du style capillaire yogi, hommes ou femmes, préfèrent l'arracher à leur partenaire. En version méchant, ça s’appelle le catfight. À l'issue du crêpage, nombreux sont ceux qui choisissent d'opter pour l'éternel bonnet, qui s'enlève plus facilement.

Pourquoi se contenter d’un bon vieux match de foot quand on peut ajouter aux règles l’usage de tasers électriques ? Nous devons ce joyeux sport à trois Californiens, ayant sans doute eu cette brillante idée sur le coin d’une table de beer pong. La formule match à 300 000 volts séduit déjà l’ouest des États-Unis, le Mexique ou encore la Thaïlande. Bon, qu’on se rassure, la charge du taser n’est pas censée être mortelle.

Baby claque De quoi renouveler un peu vos traditionnelles soirées baby-foot du jeudi soir avec les copains. Les règles restent les mêmes qu’au baby, avec pour différence notable le droit officiel de mettre une taloche à votre adversaire d’en face.

La barbichette « Je te tiens, tu me tiens ». Ah cette bonne vieille barbichette ! On peut y jouer avec sa grand-mère que les années ont parfois dotée d’une vraie barbichette, ou avec son petit frère qu’on menace de représailles du regard. À la base, c’est censé être un jeu pour rire, mais ça se transforme souvent en bataille de mental et de zygomatiques. Et la sanction finale laisse alors une marque rouge vif en plein milieu de la joue.


CrĂŠations originales

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SĂŠbastien Plassard | Baston sebastien-plassard.tumblr.com


CrĂŠations originales

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Matthias ArĂŠgui | Baston matthiasaregui.com


CrĂŠations originales

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Jee-Ook Choi | Sans Titre jeeook.tumblr.com


CrĂŠations originales

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Antony Huchette | Olive cargocollective.com/antonyhuchette


CrĂŠations originales

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Antoine CossĂŠ | Sans Titre antoinecosse.com


Créations originales

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Juliette Léveillé | Sans Titre julietteleveille.com


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Sj—16

CrĂŠations originales

Studio Jimbo | Baston jimbobarbu.com


CrĂŠations originales

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SĂŠverin Millet | Sans Titre severinmillet.com


CrĂŠations originales

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Emmanuel Bossanne | La bagarre lateteamanu.com


Créations originales

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SÉBASTIEN PLASSARD

ANTONY HUCHETTE

STUDIO JIMBO

Les œuvres de Sébastien Plassard sont une évidence. C'est beau, point virgule, c'est intelligent, point barre. Cette année, son affiche pour le festival nîmois This Is Not A Love Song mis, d'ailleurs, tout le monde d'accord, de même que son livre La Maison à travers les âges, chez La Martinière. sebastien-plassard.tumblr.com

Quel homme, tout de même, cet Antony Huchette. Sa vie partagée entre Brooklyn et Paris ne l'empêche absolument pas de collaborer avec la crème de la presse (Technikart, Télérama, The New Yorker, XXI, The New York Times...) ou de sortir des BD chez Cornélius, et encore moins d'avoir du talent. cargocollective.com/antonyhuchette

Jimbo, avant d'être un studio, est avant tout un homme. Bossant pour les plus grandes marques aussi bien que pour les collectifs musicaux, le Parisien ne s'intéresse qu'à la façon dont l'image peut être torturée. Ses beaux sévices, il en fait sa marque de fabrique et sa manière d'embellir le monde. jimbobarbu.com

MATTHIAS ARÉGUI

ANTOINE COSSÉ

SÉVERIN MILLET

Sa bande dessinée sortie en mai 2016 aux bénies éditions 2024 (Bob et Sally sont des copains) dit tout du talent de Matthias Arégui : cet air de ne pas y toucher tout en lâchant un costaud conte sur l'amitié dessiné avec l'humilité qu'il faut pour toucher profondément le lecteur. matthiasaregui.com

Nul besoin de s'en cacher, le trait du Parisien Antoine Cossé nous charme. Vous savez, cette élégance désinvolte qui fit vriller notre cœur mou dès sa Baie des Mutins (Employé du moi, 2014). Est-ce la faute au Camberwell College de Londres où il fit ses études ? Nul ne sait. antoinecosse.tumblr.com

JEE-OOK CHOI

JULIETTE LÉVEILLÉ

Oui, c'est vrai, nous ne sommes pas les seuls, à la fin de l'été, à avoir flashé sur la ligne claire, la colorisation subtile et les idées folles de l'illustrateur Sud-Coréen Jee-ook Choi. It's Nice That et Booooooom s'y sont collés aussi. Coïncidence ? Non, juste son boulot pour le festival de Bucheon. jeeook.tumblr.com

Le travail de Juliette Léveillé provoque cet on-ne-sait-quoi de bien-être et de volupté. Caresses pour l'esprit, ses illustrations sont comme ce plaid qui nous réchauffe le cœur quand, au-dehors, l'orage gronde. La patte HEAR de Strasbourg, peut-être, ou simplement une façon de voir les choses et le don pour la retranscrire. julietteleveille.com

Le Valentinois et désormais Lyonnais Séverin Millet commença sa carrière il y a fort longtemps. 2005, pour être précis. Depuis, il enchaîne livres (Acte Sud, Seuil, Albin Michel, Gallimard) et illustrations (Le Monde, The New Yorker, Libération, Magazine George...) chez les meilleurs. severinmillet.com

EMMANUEL BOSSANNE Parfois, c'est pas mal de laisser un enfant face à une page blanche. Qui sait ? Peutêtre deviendra-t-il comme Emmanuel Bossanne : un gars doué et inarrêtable bossant pour TAFMAG, Street Press, Sottises ou Canal + quand, dans le même temps, il cultive une sympathie infinie. lateteamanu.com


Discussion

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Six cent dix-neuf claques

Retour sur dix ans de publications musclées et sanguinolentes au sein du label 619 des éditions Ankama. Une décennie de gifles graphiques.


Benjamin Roure

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" Ça défouraille, ça saigne, ça grince. Et ça hurle… de plaisir chez le lecteur. "

Un petit bonhomme à la tête noire comme une nuit sans lune glande dans un taudis californien avec son pote, un squelette au crâne enflammé. Sur l’écran de la télé, ça s’agite : des luchadores mexicains enchaînent les prises et les mandales dans un ballet masqué du plus bel effet. Quand soudain, une horde de policiers en armure de Robocop et masques de fantômes japonais débarque et flingue à tout va. On est en 2006, et la bande dessinée Mutafukaz vient de faire trembler les murs des librairies. Refusée un peu partout, Mutafukaz est lancée par Ankama, grosse startup de Roubaix qui surfe alors sur la vague du jeu en ligne Dofus. Cette BD au format US sort du lot. D’abord par son graphisme hirsute naviguant entre le manga, l’image numérique, le graff et le comics vintage. Ensuite par son contenu, mélange de SF parano et cartoon, ultra-référentielle, entre série Z et culture street. Et pleine de baston, donc. Bien sûr, la baston n’est pas en soi un genre nouveau dans le 9e art. Des bourre-pifs de Superman contre les criminels dans les années 1930 aux torgnoles de One-Punch Man (le blockbuster manga de cette année), en passant par l’étonnant chess-boxing (un round de boxe, un round d’échecs, ou comment réussir à sauver la tête de son roi quand la sienne dégouline de sang) imaginé par Enki Bilal, on se bat souvent dans les BD et dans tous les sens. Dans Mutafukaz, Run, l’auteur, rend hommage à tout ce qu’il aime

en tant que spectateur : le cinéma de Hong Kong, les comics de superhéros, l’iconographie des catcheurs mexicains, les tatouages… Et comme il est aussi obsédé par la belle image que fasciné par les théories du complot, ses albums sont léchés comme rarement. D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas, et le premier – modeste – tirage de Mutafukaz est très vite épuisé en librairie. Et un long-métrage animé est actuellement en cours de production au Japon. 2006, donc, le point de départ d’une aventure éditoriale qui se poursuit aujourd’hui, et au cœur de laquelle les combats, rixes, duels, sévices et fusillades ont eu la part belle. Mais jamais gratuitement, plutôt comme ressort narratif et prise de pied esthétique, au sein de récits de genre de haut vol. Un peu comme chez Tarantino, s’il fallait trouver une parenté cinématographique. Au sein du label 619, la collection dirigée par Run chez Ankama, plusieurs séries ont perpétué cet esprit, dans des directions variées. D’abord, l’adolescent et addictif Freak’s Squeele, sorte de Harry Potter déniaisé au dessin ciselé et à l’humour savoureux. Le plus adulte et carrément brillant The Grocery, hommage à la série télé The Wire, où l’on sort sa lame ou son gun à tout bout de champ sans cesser de palabrer. Et puis il y a Doggybags. Projet collectif rassemblant, au sein d’un volume souple aux allures de comic book à l’ancienne, trois histoires courtes et sanguinolentes, Doggybags joue le jeu du genre à fond, jamais dans la parodie mais sans être pompeux, aux fron-

tières de l’horreur, du fait divers, du fantastique, du film de flingues ou de kung-fu, voire de l’érotisme. Ça défouraille, ça saigne, ça grince. Et ça hurle… de plaisir chez le lecteur. Avec bientôt 13 volumes au compteur, cette mini-collection a permis à de jeunes auteurs, tels Mathieu Bablet, Neyef ou Guillaume Singelin, d’exploser artistiquement. Tout en montrant que la violence graphique, aussi esthétique soit-elle, n’est pas un art aisé à maîtriser, à rendre lisible et intelligible, à mettre au service d’une bonne histoire. Sous la houlette de l’hyper-exigeant (mais fun) Run, ils ont réussi tout cela. Et marqué durablement un genre trop longtemps sous-coté.

Texte : Benjamin Roure Images : Klar


Discussion

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JCVD : l’ultime combat de Van Damme

Il joua à peu près tout mais sûrement pas M. Tout-leMonde, et jamais un plateau de tournage ne fut pour lui autre chose que le ring de la dernière chance. Jean-Claude Van Damme, acteur belge parfois bête, livre depuis quatre décennies un combat titanesque contre les voyous, les terroristes, et plus important encore, contre lui-même.


Nico Prat

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" Mais tout cela n’est pas réel. Dans la réalité, il se couche au sol, se rend, et va passer une année en prison " En 2016, JCVD est méta. Le pitch de sa nouvelle série est le suivant : « JeanClaude Van Damme, star planétaire excellant dans le domaine des arts martiaux, est en réalité Johnson, le plus redoutable des tueurs à gages ». Jean-Claude joue un peu Van Damme mais pas vraiment. Il en était, un peu, de même dans Expendables 2, en 2012, long-métrage tenant davantage du clin d’œil que du film de cinéma, plein à craquer de références souvent gênantes (ces échanges de « I’ll be back » entre Schwarzy et Bruce) et parfois drôles (Chuck Norris qui fait une blague de Chuck Norris). Les années 1980 et 1990 loin derrière lui, Van Damme, star déchue et moquée, se cherche un nouveau souffle, un nouveau cycle, et comme beaucoup d’autres, il ne sait plus vraiment à quel biceps se vouer. Un homme a su quoi faire de cette silhouette, de cette stature, de cette icône tombée. Il s’appelle Mabrouk El Mechri, et en 2008, il a été l’instrument de la résurrection. Tout simplement intitulé « JCVD », le deuxième long du réalisateur français ne joue pas autre chose que la carte de la sincérité. Jean-Claude y est le vrai Jean-Claude. Sa fille ne veut plus le voir, lassée de ses frasques, de ses apparitions télévisuelles ridicules, d’être la risée de ses camarades à cause de ce père trop voyant, trop guignol. Il n’est plus vraiment acteur, son agent peinant à lui dégoter de grosses productions, et il retourne donc vivre dans sa maison d’enfance, à Bruxelles, dernier lieu où il est encore un tant soit peu respecté. Quand il se rend à la Poste, un braquage a lieu, et les policiers sont amenés à penser qu’il en est l’auteur.

Quiproquo, faux-semblants… Tout est là. Sauf les gags inhérents à ce genre de situation, tellement classique sur grand écran. Non, JCVD est un Drame, un vrai, un Grand. Dans la plus belle scène du film, Mabrouk El Mechri fait le vide. Plus de flingues, plus de vannes, plus d’acteurs, plus de décors, plus rien. Durant six minutes, le réalisateur et l’acteur brisent le quatrième mur. Van Damme délivre un monologue sans coupure, sur sa vie, sur ce qu’il est et aurait pu être, sur le combat qu’il mène au quotidien pour continuer, au moins un petit peu, à se respecter et à se faire respecter. Cette scène, d’une sobriété exemplaire, fait couler les larmes. La star d’Universal Soldier, Kickboxer et Full Contact y parle de ses mariages, de ses addictions, de la drogue, de ses échecs, de sa vie, de sa mort. Il s’y livre comme jamais. Face à nous, le roc se fissure. Cette scène, ce moment, est sans aucun doute le plus grand combat filmographique de la longue carrière de Van Damme. Pour cette scène, l’acteur et le réalisateur avaient un deal : ne pas en dévoiler le contenu. Ainsi, au beau milieu des cinq semaines de tournage, Mabrouk El Mechri bloqua deux heures sur le planning de tournage, pour ce qu’il appela discrètement la « X Scene ». Sans un regard pour le reste de l’équipe, derrière un rideau, et dans un silence de mort, JCVD se lance et ne s’arrête plus. Pendant six minutes, six belles minutes. Seul le mouvement de la grue vient apporter un semblant de vie dans ce qui paraît, à ce moment précis, être l’ultime kick dans la gueule, celui

dont on ne se relève pas, ancienne gloire du cinéma ou non. Et pourtant, des coups, Van Damme en a donné autant qu’il en a pris. Souvent contre des méchants ennemis pas gentils qui veulent détruire des trucs de façon pas cool, mais également contre luimême. Le dédoublement est presque une catégorie à part entière de sa carrière, débutée dans la première partie des années 1980. Dans Double Impact, il joue deux jumeaux, et il fait la bagarre. Dans Time Cop, il voyage dans le temps et se retrouve face à lui-même, avant de faire la bagarre. Dans Replicant, il est un tueur à gages, et son clone. Baston. Dans Last Action Hero et Friends, il est lui-même. Ou presque. On ne sait jamais avec le Belge. Après JCVD, que reste-t-il de JCVD ? Plus grand-chose. Tenu en joue par la police, il s’imagine brièvement les mettre à terre en usant de ses techniques de combat. Mais tout cela n’est pas réel. Dans la réalité, il se couche au sol, se rend, et va passer une année en prison. Certes, il y reçoit la visite de sa fille et de sa mère, y enseigne le karaté à ses copains de cellule. Le combat est-il gagné pour autant ? Peut-être. Sans doute. Mabrouk El Mechri tient en tout cas à faire entrer l’espoir dans cette petite cellule. JCVD est salement amoché, mais il est en vie, et il a remporté ce combat. Encore.

Texte : Nico Prat Images : Klar


Discussion

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Baston et jeu vidéo : qui joue bien châtie bien La première règle du Fight Club est : on ne parle pas du Fight Club. Et si on en parlait justement ?

Des salles d’arcade enfumées du début des années 1980 aux salons design et épurés d’aujourd’hui, un pan de jeu vidéo a su se frayer à coups de poings et de barres de fer un chemin au cours des décennies et générations de machines successives. Hier catégorie poids lourd du jeu vidéo et vitrine décomplexée du média, le jeu de baston s’est progressivement réservé à un parterre d’initiés et connaisseurs qui continuent inlassablement à vénérer ce genre quasi ancestral. Has-been, la baston vidéoludique à l’heure de la réalité virtuelle et d’autres jeux aux velléités narratives bien plus développées ? Sûrement pas, tant le genre embarque en lui tout l’ADN de la pratique vidéoludique. Instinct primaire ? Opportunité de catharsis à moindre coût au détour d’une virée en salle d’arcade ? Le jeu de combat est une pièce maîtresse du jeu vidéo au cours de ses premières années d’exploitation. Impossible, au début des années 1980, de se rendre

dans une de ces salles enfumées sans croiser les innombrables jeux représentants du genre baston, qui fait alors partie intégrante de la grammaire du jeu vidéo. Depuis qu’un pixel s’est animé aux commandes d’une manette ou d’un interrupteur, la notion de combat a semblé intimement liée à celle de jeu vidéo, qu’il s’agisse d’éliminer des hordes de vaisseaux alien pointant vers le joueur ou de courir dans un labyrinthe pour échapper aux assauts de fantômes de mauvais poil, pour finalement pouvoir les gober. Réflexe inné de survie et manifestation bruyante d’un média balbutiant à tendance alors turbulente, le coup de poing vidéoludique sonne comme le cri strident du nouveau-né interactif revendiquant sa dimension performative. On tabasse alors littéralement le bouton d’action pour affirmer d’autant plus son nouveau statut d’acteur dans le monde synthétique émergent du jeu vidéo. Frapper pour exister. Et, la plupart du temps, ce sont les hordes de loubards, barbares et autres ninjas


Patrick Hellio

malintentionnés venant à la rencontre des joueurs qui en font les frais. Bien avant l’avènement du jeu en ligne, c’est dans l’ambiance survoltée, souvent bruyante mais ô combien fédératrice des bars ou salles d’arcade que le jeu vidéo se conjuguait à plusieurs. C’est l’âge d’or du jeu de baston, qui se conçoit alors en premier lieu sous l’angle de la coopération à la mode beat’em all. Il existe bien quelques récalcitrants, notamment sur micro avec Karateka de Jordan Mechner, Punch-out ou Yie Ar Kung-Fu, mais la tendance lourde consiste à tabasser du méchant par vagues en progressant dans des décors à deux ou jusqu’à quatre simultanément. Avec un partenaire de jeu régulier ou au hasard des rencontres autour des commandes d’une borne, c’est une union sacrée qui se joue ici : celle de l’homme contre la machine, celle des joueurs ligués le temps de quelques crédits pour rosser la toute-puissante intelligence artificielle. Golden Axe, Bad Dudes vs. Dragon Ninja, The Ninja Warriors, l’incroyable Final Fight, Teenage Mutant Hero Turtles ou même la borne d’arcade Moonwalker : c’est ensemble qu’on a une chance d’atteindre le boss final. Le spectacle est alors autant sur l’écran affichant mille sprites survoltés que dans la salle, d’ailleurs souvent devenue entre-temps une superette ou un parking. On s’encourage, on galvanise la coopération dans l’équipe en mettant au point une technique de combat commune, on étudie les patterns des bad guys à tabasser à l’écran, on se partage les armes tombées au sol… Mais avant tout, on se supporte, on s’entraide et on dépanne le partenaire lorsqu’il est pris à partie par un ennemi un peu trop exalté. Continue ? 4, 3, 2, 1...

« Here comes a new challenger ! » C’est acté, l’ouragan Street Fighter II a tout changé en 1991, en propulsant massivement le « versus fighting ». L’avènement du « joueur contre joueur » au détriment du « ensemble contre la machine », synonyme d’un nouveau paradigme pour le jeu de baston qui se change alors en arène d’affrontement entre joueurs fins techniciens. Double Dragon, l’un des plus emblématiques représentants du beat ’em all avait, dès 1987, assimilé dans son déroulement cette dichotomie du genre baston. Impossible d’oublier le final culte du jeu où, après avoir vaillamment combattu côte à côte les hordes de gangs, les deux frangins héros décidaient d’en passer aux mains pour savoir lequel des deux allait repartir avec la belle ! Les années 1990 voient l’explosion du genre com-

bat « un contre un » qui se divise en plusieurs grandes écoles. Street Fighter II, les jeux SNK comme Fatal Fury, Art of Fighting, Samurai Shodown ou King of Fighters sans oublier les exubérances à base de digitalisation gore de la série Mortal Kombat. Le rapport à la machine change, elle ne représente plus l’antagoniste mais le ring d’affrontement contre un autre humain. Une machine désacralisée et une ambiance des parties qui change avec ces jeux plus exigeants sur le plan technique. Les regards se font plus durs, on toise l’adversaire à la recherche de failles ou tics nerveux trahissant un coup de faiblesse, on jauge la résistance de celui qui tient la manette à côté en lorgnant sur des gestes plus ou moins fébriles. Le paral-


Discussion

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lèle entre une partie de jeu d’échecs et une existence humaine est souvent évoqué ; les enjeux ne sont ici pas si éloignés au cours d’un match serré entre deux fins combattants. Il faut dire que l’antagonisme brut de ces jeux « versus fighting », à mille lieux du joyeux bazar qui règne à l’écran dans les beat ’em all, exige concentration, précision et une bonne dose de technique pour se démarquer. C’est seulement à force d’entraînement que combos et coups spéciaux savamment placés peuvent pleuvoir en direction de l’adversaire et changer le cours d’un affrontement. Genre alors défricheur, le « versus fighting » voit naître bon nombre d’innovations dans les années

1990 à l’image de la 3D intégrale inaugurée par Virtua Fighter (1993) suivi par les Tekken et autres Soulcalibur. Difficile dans ces conditions pour l’autre grande école de la baston interactive, le beat ’em all, de rester à la page si l’on écarte quelques Die Hard Arcade ou Fighting Force. C’est sous un angle rétro et référentiel que cette catégorie a subsisté, comme l’illustrent des Mother Russia Bleeds ou Streets of Fury à forte composante nostalgique. Toujours plus pointu, toujours plus technique, le jeu de combat « versus » s’est progressivement concentré sur un public de joueurs passionnés. Alors que les salles d’arcade d’antan ont massivement disparu, le jeu de baston crée désormais

des rassemblements lors des compétitions e-sport, où il n’est pas rare de voir des joueuses corriger de vaillants gaillards en « versus fighting ». Belle leçon de vie. Les jeux et leur technicité ont changé, leurs publics aussi mais la baston vidéoludique véhicule toujours cette étincelle bien particulière. Septième règle du Fight Club : « Le combat dure aussi longtemps qu’il doit durer. » Plus que jamais donc, Fight !

Texte : Patrick Hellio Images : Klar

Rocky Super Action Boxing (Colecovision, 1983)

Street Fighter II : The World Warrior (arcade, 1991)

Avant Punch-out de Nintendo, c’est Rocky qui mène la danse côté boxe sur console. Sorti dans la foulée du troisième film de la saga, le titre permet de revivre les matchs de l’étalon italien avec Apollo Creed et le terrible Clubber Lang. Le jeu est compatible avec des manettes spéciales, pour une immersion totale.

Il y a un avant et un après Street Fighter II dans l’histoire du jeu de baston. Suite d’un titre imparfait, le jeu de Capcom est beau, riche et son gameplay est intouchable même s’il exige de l’entraînement pour être maîtrisé. Devant le succès, des versions Turbo, Super, Prime, Hyper se succéderont en arcade et consoles.

Kung-Fu Master (arcade et micro, 1984)

Mortal Kombat (arcade, 1992)

Sorti en arcade en 1984, le séminal KungFu Master est considéré comme l’un des premiers beat ’em all. Un karatéka esseulé doit se frayer un chemin face à d’innombrables ennemis venant à sa rencontre. Simple, exigeant et très efficace. Quelques années après, une suite spirituelle sera Vigilante, reprenant le gameplay et le transposant dans les rues de New York.

En 1992, la réponse de l’Américain Midway au Japonais Capcom se veut sanglante. Loin des visuels dessin animé de Street Fighter, le turbulent concurrent donne dans les acteurs digitalisés et les combats aux effusions de sang atteignant leur paroxysme via des fatalités au gore prononcé. La « sauce » prend et MK va s’imposer comme l’une des séries phares du genre.

Double Dragon (arcade, 1987)

Virtua Fighter (arcade, 1993)

En 1987, Double Dragon est une révolution. Le nouveau jeu piloté par Yoshihisa Kishimoto représente un achèvement dans ce genre qu’il a déjà exploré avec la série Kunio-Kun (Renegade). On retrouve le thème des combats de rue à progression, mais jouable cette fois à deux pour coopérer et s’entraider. Plusieurs suites seront proposées et les futurs Streets of Rage ou Final Fight devront tout à ce titre fondateur.

Un choc. Lorsqu’il déboule en arcade, Virtua Fighter de Sega projette soudainement le jeu de combat dans l’ère de la 3D temps réel, avec une nouvelle jouabilité. C’est un jeu pionnier, qui connaîtra plusieurs suites et ouvrira la voie aux Tekken, Soulcalibur et autres « versus » pensés en 3D.


Interlude Street Fighter II

Jérémie Martinez & Clémence Daudon

Ryu et Ken font parti de l'école Gouken Opposants à Shadaloo Ryu (Japon) 21.07.1964 178 cm - 69 kg

Ken (USA) 14.02. 1965 178 cm - 77 kg

Ryu a vaincu Sagat

Chun Li (Chine) 01.03.1968 173 cm - n/c

Sagat (Thaïlande) 02.07.1955 226 cm - 128 kg

Bison* (Thaïlande) n/c 181 cm - 115 kg

Garde du corps de Bison

Vice président de Shadaloo

Guile veut vanger Charlie

BOSS de Shadaloo

Guile (USA) 25.12.1960 185 cm - 87 kg

Blanka a vaincu Zangief

Zangief (Russie) 01.06.1956 213 cm - 116 kg

Vega* (Espagne) 27.01.1967 183 cm - 94 kg

Mercenaire

Balrog* (USA) 04.09.1968 198 cm - 114 kg

* À la base (sur les bornes d'arcade et dans les versions japonaises) c'est Balrog qui était nommé Bison. Il a été rebaptisé Balrog lors du portage sur Super Nintendo. La raison qui revient le plus souvent : le nom Bison (qu'on prononce "Baïsone") ajouté au physique du personnage était trop assimilable avec celui du vrai boxeur Mike Tyson.

Honda (Japon) 03.11.1960 188 cm - 135 kg

Dhalsim (Inde) 22.11.1952 178 cm - 48 kg

Participants au Tournoi organisé par Shadaloo Blanka (Brésil) 12.02.1966 196 cm - 99 kg

Sortie Arcade - 1991 Sortie Super Nintendo - 1992 Capcom -Yoshiki Okamoto


Reportage graphique

En diagonale (1/4) : de Saint Dizier à Vézelay

Combat contre le vide

Illustration : Simon Bournel-Bosson Texte : Maxime Gueugneau

Il y a des jours, parfois, où on se rend compte qu’on ne connaît rien à rien. Des pans entiers de notre environnement nous échappent et on s’en fout. La France, par exemple. Des langues fourchues ont ainsi choisi de nommer « Diagonale du

vide » un quart du pays, ce qui a suffi pour nous à la classer dans le dossier des choses à ne pas toucher. Pourtant nous – ou nos amis – venons de là, des gens y habitent, des monuments y ont été dressés, des paysages s’y affolent et le

bonheur ose même y paraître. La baston, c’est aussi ça, c’est lutter contre les préjugés, la débilité, la condescendance et la méconnaissance.

Le combat commence ici : l’ignorance n’est pas une vertu et ça suffit d’être cons. Il nous a donc pris comme une envie de tailler la route et de traverser cette France diagonale. L’idée est de se

taper (en gros) une tonne de kilomètres entre Saint-Dizier et Pau, en quatre fois, et de raconter ce qui nous arrive, ce qui arrive tout court. Ce premier épisode nous amène de Saint-Dizier en Haute-

Marne à Vézelay dans l’Yonne, pour un périple de trois centaines de bornes. On laisse New York, Bali ou Rio aux gens sans imagination, nous ce qu’on aime c’est Lusigny-sur-Barse.


→ Saint-Dizier

Non, c’est vrai, Saint-Dizier c’est pas Florence. D’une, les gens n’y parlent que très peu italien et de deux, c’est nettement moins joli. La sous-préfecture est une sorte de ville industrielle coupée dans son élan et sauvée par les quelques fonderies restantes, les usines Miko et

la très grosse base militaire. Pour tout dire, elle fait pas envie. Mais, dans notre équipe, on ne chute pas au premier obstacle. On se relève et on se confie au juste guide : Kismyder, auteur du morceau « Saint-Dizier Enculé ».

En une bière atrocement chère, un sandwich à La Fringale et une virée en bagnole, le portrait de la ville est craché : on s’y emmerde, certes, mais avec un goût certain. Le pays bragard a en effet le chic pour collectionner des records qui offrent à la ville ce

délicieux goût d’irréel. 10e taux d’ISF en France, plus grand lac artificiel d’Europe, mafia turque, chômage à 22 %, projet pharaonique Saint-Dizier 2020 et bombe nucléaire à dispo donnent une couleur singulière à notre première étape. Aujourd’hui imprimeur pour

une entreprise japonaise, Benjamin/ Kismyder ne nous cache pas vraiment que la jeunesse à Saint-Dizier est rude. Tout en nous conduisant au Lac du Der pour une dernière crêpe, il nous raconte le rayon culture du Cora et l’arrivée d’Internet, les bars disparus

et les LAN de Counter, l’ennui et les envies d’ailleurs qui les ont amenés, lui et son crew, à créer tout, tout le temps, n’importe comment et magnifiquement. Et, putain, le Flunch est fermé. On est vendredi, il est 21 h.


→ Bar-sur-Aube

→ Le lac de la Forêt d’Orient → Troyes Sur les routes de Haute-Marne, la ville de Coole nous fait bien sûr de l’œil, de même que les colombages de Céffonds ou le si joli nom de Saint-Rémy-enBouzemont-Saint-Genest-et-Isson. Mais l’appel de l’Aube nous rend sourds à toutes les tentations. Et nous traçons à travers les départementales. La route est droite, plate et déserte, mais nom d’une pipe, elle est sympa. En ce samedi matin ensoleillé, nous naviguons parmi les fonds d’écran Windows de notre pays, où le doré céréalier s’harmonise parfaitement avec

le vert végétal et le blanc éolien. Un paysage qui nous fait croire à la paix et au bonheur sur terre. Et, soudain, la programmation Fun Radio qui s’échappe des baffles de la Mini nous ramène vite à la réalité d’un monde en plein désarroi. Une fois passé Sauvage-Magny Soulaine-Dhuys, nous choisissons Bar-

sur-Aube pour le stop-pipi de rigueur. Nous découvrons, alors, charmés, la mignonnerie faite sous-préfecture. À tel point que nous y achetons une brosse à dent, une bouteille d’eau, des clopes et L’Est Éclair. L’économie locale nous remerciera. Une rapide lecture du journal nous renseigne sur les

événements à venir : rien. Parfait. On roule. Et, NON, ON NE PASSERA PAS PAR NIGLOLAND. Lusigny-sur-Barse, via Le Petit Champenois, nous file le couvert, et le lac de la Forêt d’Orient sa pause balnéaire agrémentée d’un si poétique joueur de violoncelle. Et puis vint

Troyes, cette exquise inconnue. Notre ignorance, peut-être excusable jusquelà, se transforme en belle grosse honte. En une heure et demie, la ville de Troyes nous met deux tartes bien calées entre les oreilles. L’amour, peut-

être, d’un rendez-vous Meetic devant la mairie, la bière artisanale du Moulin de Saint-Martin à l’ombre de SaintUrbain et la ruelle des Chats que nous sillonnons tendrement nous poussent insidieusement à franchir le seuil d’un

Century 21. Enfin, non, mais presque. Le cœur y est en tout cas. Et le temps, cet infernal joggeur, nous empêche d’en voir davantage.


→ Tonnerre

→ Chablis

→ Forêt de Crogny

Ce qui dépote avec la France – ça marche avec plein d’autres pays, hein –, c’est que t’as beau te perdre complètement, il y a toujours des trucs super. Là, en l’occurrence, on est tombés sur Tonnerre et Chablis. Ouais, ok, on a choisi la première ville parce que le nom butait et l’autre parce qu’on s’est dit qu’un peu de pinard ne gâcherait pas la fête. On était, genre, goguenards. C’est pas bien, mais on le sait, la voiture rend les gens cons. Et puis, comme de bien entendu, les deux villes étaient belles à souhait. D’autant que c’est le moment où on s’est sentis vraiment bien, apaisés, comme fortifiés par ce Johnny Hallyday qui collait si bien avec la Forêt de Crogny, en sortant de Troyes. Tonnerre, jolie Tonnerre, avec ta Fosse Dionne toute d’eau azure et ta puissante Notre-Dame-de-Tonnerre, tu nous as donné le strass et les paillettes qui ramollissent les cœurs de pierre. Chablis, ô doux Chablis, avec tes andouillettes et ton bar PMU La Chablisienne, tu as su nous régaler de ta force et de ta vigueur, qui nous accompagnent depuis lors sur les chemins de la vérité. En cela, les filles, nous vous remercions.


→ Auxerre

Le nez en patate, la parole inintelligible, l’abdomen gonflé et le tout enrobé dans un survêtement bleu sale : Guy Roux. Voilà la seule image que nous nous faisions de la ville d’Auxerre. Une triste certitude qui nous convenait pourtant pas mal les rares fois que nous

évoquions la préfecture de l’Yonne. Comme de bien entendu tout cela vola en éclats aux premières notes de ce classique funk que déversait une BMW nickel. Derrière ce cabrio rutilant se cachait en effet une cité impeccable avec ce qu’il faut d’églises puissantes, de

quais vivaces et de ruelles pavées pour claquer comme il faut. À notre décharge, nous nous sommes violemment saoulés ce soir-là. Mais le portrait d’Auxerre et ses alentours que nous fit un couple dijonno-auxerrois rencontré au pub Le Pub renforça en

nous les qualités du secteur. Car, aux acquiescements polis suivant notre discours flatteur, ces deux-là ajoutèrent ce qu’il faut d’histoires locales pour forger en nous un amour profond. Oh bien sûr, la mémoire est floue et les

lieux prennent dans nos souvenirs les noms de Kriek, Orval et Rochefort. Il n’empêche que la légende des neuf pas ou de la goutte d’Yonne, ainsi que les beautés susnommées sont (presque) parvenues à nous faire oublier le

parking municipal de Monéteau sur lequel nous avons eu la brillante idée de dormir. Sans rancune, Auxerre, on a fait les cons.


→ Vézelay

Aux confins de l’Yonne, là où son visage se tourne franchement vers la Nièvre, se termine la première partie de notre voyage. Dans cet entre-deux administratif, notre bonne vieille terre a choisi de faire des siennes. En tout cas, c’est ce que les hommes croient. Ceux-là racontent que les forces telluriques y sont à l’œuvre et que l’atmosphère peut s’y révéler tour à tour

funeste et bienveillante. Est-ce pour cela que des moines y fondèrent cette basilique grandiose ? Est-ce guidés par ce champ magnétique perturbé que les scouts s’y retrouvent par centaines pour s’y emmerder chaleureusement ? Est-ce cette puissance terrible qui nous força à acheter ce pot de cornichons français à 8,50 € ? Nul ne sait.

De ce genre conneries croyances, le taulier du Tastevin, notre guide fortuit, s’en bat glorieusement les reins. Ce qui ne l’empêche toutefois pas de dresser avec délice les portraits de ceux qui pensent sauver ici leur âme, leur vie et leur écran plat aux pixels morts. Et, ce qui ne gâte rien, ses sandwichs sont succulents et ses cornichons sont 100 % icaunais. On va vous en prendre deux bocaux.


RĂŠtrographie

56

Quand y en a marre, y a Malabar

Gil Formosa, 2004

ou l'histoire d'un grand battle de dessin pour un chewing-gum.


Malabar On l’a appelé « l’enfant illégitime de Tintin et Mr. Propre ». Pas si illégitime que ça finalement : propre sur lui, musclé et souriant, le tee-shirt collé au torse et la mine impeccable, il a bien quelque allure empruntée au gentilhomme pelé spécialiste des surfaces. Et du petit reporter belge, il cumule l’inflexible moralité, le goût pour l’aventure et surtout un long parcours en bulles dessinées, même si elles étaient de taille réduite. En revanche, ce " qu’il possède et que les deux autres n’ont pas, c’est un palmarès d’une bonne vingtaine de dessinateurs à lui avoir prêté leur patte singulière. Parfois très proches ou radicalement opposés, toujours libres dans leur style, ils ont fait exister sur plus de quarante ans ce « Monsieur Malabar », devenu « Malabar » tout court par excès de popularité métonymique. Avant le personnage, il y eut l’emballage. Il protégeait une épaisse pâte rectangulaire de 6,8g, scindée en deux boudins roses saveur Tutti

Jean-René Le Moing, 1969

57 mentaire. Kréma n’en était pas à son coup d’essai en matière d’images, et plusieurs séries d’abord pédagogiques (« Le Saviez-vous ? ») ou historiques (« Les chevaliers », « Les Indiens »), accompagnèrent les premiers pas du bubble-gum. Puis les tatouages éphémères firent leur entrée fracassante dans la mêlée : cœur percé d’amoureux, tête de mort de pirates, ancre de marins, mousquetaires et Malabar devait se bagarrer gauchos, messages humoristiques, etc., le genre d’accespour trouver sa place soires qui fait fureur dans les cours d’école détendues de 68, à côté des caisses et qui plus est s’efface en un coup d’éponge une fois rentré enregistreuses. " à la maison. C’est le carton. Puis vint logiquement 1969. En cette année érotique, JeanRené Le Moing, qui était l’auteur où trônaient déjà de féroces glade tous ces beaux dessins tatoués, diateurs : Roudoudous, Carambars, se voit confier par General Foods Coco Boer ou Mistral Gagnants, France (GFF, la société qui a récemcomme dans la chanson. Le contement racheté Kréma) la mission nant allait être déterminant dans d’engendrer un personnage embléla sélection naturelle à mastiquer, matique pour Malabar. Il imagine et entre lui et le chewing-gum, la un grand costaud aux biceps proévignette à découvrir et à collectionminents, le cheveu blond et la mine ner arrivait en tête de la chaine aliFrutti, à la qualité intrinsèque de produire de très grosses bulles les doigts dans le nez. Un truc balèze, trapu, massif : un malabar. Sorti de l’usine Kréma de Montreuil-sousBois en 1959, le Malabar devait se bagarrer pour trouver sa place à côté des caisses enregistreuses des épiciers, dans l’arène en osier

Maurice Rosy, 1977

Frank Margerin, 1979

Philippe Poncet de La Grave, 1977

Yannick, 1981

Jean-Claude Poirier, 1980


Rétrographie

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joviale, une fleur aux lèvres, un tee-shirt jaune flanqué de l’initiale du bonbon : un grand M noir sur fond blanc cerclé de rouge. Son dessin marque l’acte de naissance de Monsieur Malabar, fixé dans le marbre pour les décennies à venir, gravé dans le papier et, bien entendu, collé à la peau. En 1976, GFF souhaite donner une autre allure à sa mascotte et, surtout, faire évoluer son univers. Maurice Rosy est chargé du lifting de Monsieur Malabar, qui se voit rajeuni et tonifié, sans pour autant perdre ses principales caractéristiques identificatrices (tee-shirt, couleur de cheveux, sourire). La grande nouveauté, c’est que le tatouage disparaît pour laisser place dans l’espace de la vignette à une histoire courte de 4 ou 5 cases : Malabar devient héros de BD. Un super héros même, en mettant en scène son pouvoir magique de faire de gigantesques bulles. Il aide les enfants, les protège des méchants et les tire toujours d’affaire grâce à ses ballons roses. Malabar s’épaissit sémantiquement. Et le cadre narratif à présent mouvant nécessite d’imposer au personnage des règles de conduite rigoureuses. C’est à ce périmètre de jeu que va se consacrer Jean-Paul Torris, fraîchement nommé directeur commercial chez GFF, en établissant une « Charte Malabar ». Selon lui, l’objectif des publicités sera de « maximiser la valeur d’amusement » déjà présente dans le chewing-gum « en créant un univers spécifique autour du personnage Malabar ». Pour ce faire, il entend valoriser trois éléments : le côté « aventures/exploits » propre au cercle des héros pour enfant ; le côté « utilisation fantastique du produit », révélé par les bulles « permettant d’exploiter à fond les caractéristiques unique de ce bubble-gum tout en le liant, de façon indissociable, au personnage Malabar » ; le côté « drôlerie/humour », par l’entremise d’un personnage secondaire, ami et faire-valoir du héros.

Mic Delinx, 1981

François Dimberton, 1981

Olivier Taffin & Régis Loisel, 1982

Philippe Luguy, 1981

Yves Chaland, 1982

Yves Chaland, 1982

Michel Motti & Astérix, 1984


Malabar

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Malabar est intégralement passé au scanner de Torris sans rien laisser au hasard. Voici ce qu'il en ressortit in extenso, extrait d'un brief créatif du 19 novembre 1980 : Son physique : grand blond sportif, costaud avec de larges épaules et un torse fort. Il est le stéréotype du jeune américain, musclé, bien nourri, éclatant de santé, vivant au plein air, décontracté et dynamique.

François Avril, 1985

Yannick & Michel Motti, 1985

Son visage : expressif, ouvert, vif. Ses traits ne sont pas ceux d’un enfant, mais il a gardé une certaine rondeur. Il respire l’honnêteté et la franchise. Son allure : sportive, massive, aisance et rapidité des mouvements. Puissance, force, agilité, souplesse. Ses vêtements : conçus pour l’action. Le côté pratique est essentiel. En général, il porte un jean, un tee-shirt et des baskets. Il peut se déguiser, avoir des accessoires. Son âge : indéfini. C’est un éternel adolescent, proche des enfants mais avec les capacités physiques et intellectuelles d’un adulte. Ses racines : Il vit complètement dans le monde de l’imaginaire. Il vit dans l’univers contemporain, mais rien ne l’empêche d’évoluer dans l’espace et dans le temps. Il est totalement indépendant vis à vis du monde adulte (aucun liens familiaux, aucune profession). Sa personnalité : C’est un héros dans lequel tous les enfants peuvent se projeter. Son statut vis à vis des enfants est celui d’un copain dont ils rêvent de partager les aventures et non celui d’un éducateur, d’un soutien.

Pierre Tasso & Artur Rainho, 1987

Il est fort, mais d’une force qui exclut la brutalité et la violence gratuites. Sa force physique est mise au service de son intelligence et de son astuce. Il s’en sert à bon escient. Les atouts de Malabar sur le plan physique et intellectuel sont mis au service de sa mission : lutter contre le MAL. Malabar est un personnage indiscutable sur le plan moral, qui n’admet aucune compromission. Le domaine de Malabar est celui de l’action et non celui du sentiment. Néanmoins, l’amitié tient une place certaine dans sa vie. Il a des amis partout et n’hésitera pas à prendre de grands risques pour venir à leur aide.

Pierre Tasso & Artur Rainho, 1989

Brice Goepfert, 1994


Rétrographie

Torris poursuit son analyse en fixant les propriétés extraordinaires du chewing-gum : « le produit possède un jus magique qui donne au personnage de Malabar une surdimension. Malabar réalise des exploits grâce aux caractéristiques physiques du produit (bulle, élasticité, pouvoir adhésif). Le produit ne peut être correctement utilisé que par Malabar seul. Il est le seul initié sur la terre. ». Enfin, il mentionne l’importance d’un faire-valoir en la qualité de l’oiseau Bulbul, dont les commentaires et réactions viennent valoriser le héros. La ligne de conduite est clairement fixée. Sur ces bases, une flopée de dessinateurs vont être appelés au cours des années suivantes à participer à l’exercice de style, parmi lesquels Jean-Claude Poirier, Frank Margerin, François Avril, Yves Chaland, Régis Loisel, Mic Delinx, François Dimberton… Avec à chaque fois un visage neuf et de nouveaux mondes explorés ; mais souvent des cadences folles, qui poussèrent sans doute certains à lâcher « Quand

Matthieu Roussel, 2003

60 y’en marre y’a Malabar ! » de temps en temps, et bien avant l’apparition de l’immortel slogan, sur les écrans en 1988. Une renaissance éternelle semblait se dessiner pour la fière idole. Jusqu’en 2011, l’année du drame. Un communiqué annonce poliment que Malabar a pris sa retraite, à 42 ans. « Après s’être amusé avec des générations d'enfants, Monsieur Malabar part à la retraite, il l'a bien mérité ! Il vit maintenant incognito sur une île paradisiaque loin des flashs et des projecteurs. Il profite des bienfaits du soleil et du sable fin ». Bam. On informe dans la foulée qu’il est remplacé par un nouveau personnage : le chat Mabulle. Stupeur générale. Sur les réseaux, c’est la baston : « Quand y en a marre, y a Malabar, quand c’est nul, y a Mabulle ! ». De nombreux internautes qualifient cette nouvelle mascotte, de « stupide », « tout pourri », « ridicule », « ringard », « ultranaze ». Des groupes de soutien sont créés comme « Pour le retour de la mascotte Monsieur Malabar » ou « Pour que Monsieur Malabar reste la

mascotte du chewing gum ». Une page non officielle rassemblait près de 70 000 fans en l’honneur de l’ancienne mascotte. On lit ici ou là « Tu pues le chat, tu pues le chat, tu pues le chat ! », ou encore « Coucou, tu veux voir Ma Bulle ? »… Mais rien n’y fait. Malabar ne reviendra pas. Il écrira quand même un dernier mot, en guise de réconciliation dans une carte postale envoyée à Mabulle : « Ne vous inquiétez pas les copains, j'ai tout prévu. Sur mon île, il y a des Malabars pour tous les goûts, c'est vraiment parfait. ». R.I.P.

Pour les aficionados de bulles Malabar, nous recommandons expressément la Bible ultime composée par Alain Lachartre : Malabar, Histoires de bulles . 384 pages d'anecdoctes, de souvenirs et surtout d'illustrations uniques. Un bijou des Éditions Dupuis, sorti le 4.12.15. Texte : Jean Tourette Images : © Malabar et les auteurs

Tristoon, 2011


Interlude Barbarian X Conan le Barbare

Olivier Trias & Jérémie Martinez

"- Qu'il y a-t-il de mieux dans la vie Conan ? - L'immense steppe, un rapide coursier, des faucons à ton poing et le vent dans tes cheveux.

- Faux ! Conan ! Qu'il y a-t-il de mieux dans la vie ?

- Écraser ses ennemis, les voir mourir devant soi et entendre les lamentations de leurs femmes. - C'est bien ! "

Barbarian: The Ultimate Warrior est un jeu vidéo de combat développé par Palace Software et initialement publié en 1987 sur Commodore 64.

Conan le Barbare est un film américain réalisé par John Milius et sorti en 1982. Il s'inspire librement des récits de Robert E. Howard se déroulant dans l'âge hyborien. Arnold Schwarzenegger interprète le rôle-titre.


ELLE Robe col roulĂŠ bleu marine rayures rouges | REALITY STUDIO

Mode 62


s

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O us

Ouss

Direction artistique : Baptiste Viry @ Klar / Agence KIBLIND Photographie : Thomas Chéné | Assistant photographe : Maxime Chanet Stylisme : Alix Devallois | Set Design : Camille Viry Make-up & hair : Audrey @ B Agency Models : Kearvina @ Ford Masha @ WM Adrien @ Marilyn


Mode

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ELLE Pantalon jaune | REALITY STUDIO Bracelet de cheville doré perles bleues | VIBE HARSLOEF Bracelet de pied doré | VIBE HARSLOEF LUI Combinaison peinte et brodé | BERNHARD WILLHELM Sandales japonaises en velours rouge | BERNHARD WILLHELM


Mode

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ELLE Top en denim avec logo blanc | 69 ELLES Sweat multicolore | HOUSE OF THE VERY ISLAND'S legging multicolore | HOUSE OF THE VERY ISLAND'S Chemise col roulé blanche à rayures | REALITY STUDIO Pantalon en lin rouge | 69 LUI Veste sans col multicolore | HOUSE OF THE VERY ISLAND'S Col roulé | UNIQLO Pantalon kaki | HENRIK VIBSKOV


ELLE Pull-over jaune | REALITY STUDIO Ceinture de judo vintage


LUI Chemise sans col blanche | HOUSE OF THE VERY ISLAND'S Pantalon de judo bleu | REALITY STUDIO

ELLES Robe bleue col marin et ceinture de judo | REALITY STUDIO Pantalon bleu | REALITY STUDIO Bijoux VIBE HARSLOEF Pull-over jaune | REALITY STUDIO Pantalon jaune | REALITY STUDIO Ceinture de judo vintage Bijoux VIBE HARSLOEF


Mode

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EUX Top en denim avec logo blanc | 69 Pantalon en lin rouge | 69


Outro

t s i l y Pla n o t s Ba

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Morceaux un tantinet cools qui ont l'avantage de faire référence à la baston

Duke Ellington – Blousons Noirs (1963) Dick Rivers – Frappe de toutes tes forces (1965) Bérurier Noir – Baston (1986) Renaud – Laisse Béton (1977) Bernard Lavilliers – 15e Round (1977) John Miles – Stranger In The City (1976) Cobra – Rue Barbare (2015) Michael Jackson – Beat It (1982) Manowar – Gods of War (2007) Seth Gueko – Patate de Forain ft. Sefyu (2007) Beastie Boys – (You Gotta) Fight For Your Right (To Party) (1986) Jennifer Lopez – Jenny From The Block ft. The Lox (2002) Bomb The Bass – Beat Dat (1988)

3'46'' 2'25'' 2'16'' 2'30'' 5'15'' 4'30'' 2'44'' 4'17'' 6'20'' 4'14'' 3'28'' 3'08'' 2'40''

Bonus Track Poetic Lover – La Marseillaise (a cappella) (1997)

2'03''

Ghost Track Alain « Ali » Bongo – Gonna Fly Now (Rocky Theme) (1978)

4'57''


Sélection 2/2

72

magazine

Otomo REVUE Aux confins de notre monde, juste avant que les mers ne tombent dans le vide intersidéral, se situe un territoire en proie à un génie singulier. Le Japon, puisque c’est son nom, ne fait en effet que rarement place à la banalité ou à l’imitation. Seuls, sur leurs îles, les Japonais ont construit une mythologie propre, agrémentée de catastrophes et de grandeurs qui rendent son récit fascinant. Les tenanciers du déjà brillant Rockyrama, dédié aux écrans américains, se sont attelés à nous faire découvrir les tenants et les aboutissants de cette pop culture nipponne que l’on croit connaître – alors qu’en fait pas du tout. Otomo, leur nouvelle revue annuelle, se place sous le haut patronage des ramen et des kaiju pour faire défiler sous nos yeux ce qui fait la spécificité des productions audiovisuelles du Japon et de sa culture moderne en général. Sortie à la mi-juillet, Otomo #1 est du genre à éviter l’écume pour lui préférer les abysses et scrute avec méticulosité les créations japonaises du siècle passé. Sous les plumes de Nico Prat, Aurélien Noyer, Clément Arbrun, Jean-Samuel Kriegk ou encore Houha Malik-Djamel Amazigh se voient décryptées quelques-unes des légendes pop du pays du soleil levant. Du sérénissime Takeshi Kitano au vénérable Leiji Matsumoto (père d’Albator), en passant par Godzilla, Kinji

Fukasaku (Battle Royale) et la vinaigrette japonaise, le sommaire enchaîne les délicats pas de danse entre phénomènes mal connus et pépites méconnues. Et doit-on, ici, ajouter notre amour secret pour l’illustrateur Pierre Thyss qui régale tout au long des 168 pages ? Ce serait sans doute déplacé. Comme Rockyrama avant lui, Otomo vient combler un manque dans la presse écrite qui ne sait jamais quoi faire de cette foutue pop culture. Pourtant, à la lecture de ce nouveau projet, la solution semble être tout ce qu’il y a de plus simple : il suffit de l’aimer. M. Gueugneau

Otomo #1 sorti le 12.07, Yannis Éditions, 168 pages, 12,5 €

rockyrama.com


Sélection 2/2

73

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Megg, Mogg & Owl TOXIC Prenez Sabrina l’apprentie sorcière et son matou Salem, flanquez-les d’un hibou souffre-douleur, saupoudrez le tout de psychotropes divers et d’une généreuse dose de cafard. Secouez, vous obtenez Megg, Mogg & Owl. Relecture hallucinée des livres pour enfants Meg and Mog, ce conte de fées désenchanté prend place au beau milieu d’une banlieue pavillonnaire. Le cul vissé sur un canapé, le trio de toxicos s’accommode d’un quotidien assommant à grands renforts de défonces. Après Maximal Spleen et Magical Ecstasy Trip, les trois colocs baladent leurs névroses jusqu’aux coffee-shops d’Amsterdam dans un troisième recueil paru chez Misma. Sérieusement puérile, drôlement triste, la teen comedy de l’Australien Simon Hanselmann mérite son statut culte. Vivement la série animée ! Simon Boileau/@lesaisai

Megg, Mogg & Owl à Amsterdam , de Simon Hanselmann, sorti le 22.09 chez Misma, 160 pages, 25 €

misma.fr

Les Prisonnier Collectionneurs des glaces JEUNESSE Adrien Parlange (L’Enfant chasseur) et Guillaume Chauchat (Il se passe des choses) s’en tirent à merveille, seuls face à la page blanche. Mais il faut bien avouer que l’alliance à l’œuvre pour la première fois dans Les Collectionneurs est sans doute à creuser. Face à la poésie de l’absurde déclinée par Adrien Parlange, la réponse offerte par les traits graciles et bouclés de Guillaume Chauchat nous semble en tout point adéquate. Les deux héros moustachus et amateurs de flèches sont donc les deux premiers enfants très jolis de ce mariage de déraison. Pour sûr, nous chérirons les prochains.

AVENTURE Premier tome de la collection « Les Ailes brisées », Prisonnier des glaces nous montre une nouvelle fois la passion de Simon Roussin pour les films d’aventure des années 1950 et son amour de la ligne claire. Le célèbre aviateur Ferdinand Pépin survole le Grand Nord à la recherche d’un homme qu’il déteste, le mari de son amour perdu, Helen. Dans un décor imprimé en trois tons directs, l’ouvrage proposé par les éditions 2024 est un album magnifique, offrant des planches dans lesquelles on se perd durant des heures, porté par un texte mêlant nostalgie, mélancolie et poésie.

M. Gueugneau

Delphine Zehnder

Les Collectionneurs de Guillaume Chauchat et Adrien Parlange, sorti le 14.09, Albin Michel Jeunesse, 48 pages, 15 €

Simon Roussin, Prisonnier des glaces , sorti le 26.08, Éditions 2024, 48 pages, 28,50 €


Sélection 2/2

74

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O.M.W.O.T.

22 lettres

COMICS Sous couvert de ridiculiser l’Amérique musclée, One-Man War on Terror est un hommage, cynique et absurde à l’extrême. Benjamin Marra, héraut du comix underground et fondateur de Traditional Comics, nous livre son exutoire face à la fascination coupable qu’exerce sur lui – et nous tous au passage – le fantasme américain du justicier et de sa toute-puissance. Comme nous, il aime Commando, la baston et le sexe outranciers. Mieux que nous, il avoue ce plaisir honteux en dessinant un album qui cache, derrière son extravagance parfaite, une réelle ambition : nous (et se) donner un putain de plaisir.

ILLUSTRATION María Negroni retrouve les auteurs qui ont bercé son enfance argentine et imagine leurs correspondances. À partir de cet hommage, Jean-François Martin met en œuvre sa maîtrise de la synthèse, retranscrivant dans ses illustrations l’essentiel de ces échanges fictifs. À chaque lettre, il offre une double page magistrale, ponctuation graphique de l’ouvrage, installant l’ambiance de l’auteur imité avant de se plonger dans les textes admiratifs. Basil Sedbuk

M. Gueugneau.

O.M.W.O.T. (One-Man War on Terror), sorti le 24.06 chez Les Requins Marteaux, 116 pages, 16 €

lesrequins marteaux.com

22 lettres imaginaires d’écrivains bien réels, de María Negroni, illustré par Jean-François Martin, sortie le 13.10, éditions Noir sur blanc, 120 pages, 22 € leseditionsnoirsurblanc.fr

Prof. Fall Le trait sombre et majestueux d’Ivan Brun n’avait pas noirci une page de BD depuis six ans. Le voilà de retour, adaptant le roman de Tristan Perreton, aller-retour psychotique entre Lyon et le Mozambique. Prof. Fall d’Ivan Brun et Tristan Perreton, sortie le 21.10, Éditions Tanibis, 176 pages, 24 €

Fantasma 24

Maïté Grandjouan, nous le savons, est une dessinatrice/peintre de catégorie hors pair. Sa première bande dessinée, Fantasma, vient ajouter à son arc le talent de conteuse, avec ce polar mystique où l’amour danse avec la mort. Fantasma , de Maïté Grandjouan, sortie le 11.10, Éditions Magnani, 120 pages, 29 €. > editions-magnani.com

La Banlieue du 20h

Martha & Alan

Expéditionnaires dans l’âme, le dessinateur Helkarava et le sociologue Jérôme Berthaut s’aventurent dans le territoire surréaliste de la banlieue du 20h, celle qui se charge de tous les impératifs et de tous les fantasmes. C’est beau, c’est intelligent, c’est nécessaire.

Après L’Enfance d’Alan et La Guerre d’Alan, Emmanuel Guibert se penche une nouvelle fois sur la jeunesse d’Alan Ingram Cope, un Américain du XXe siècle. Et une nouvelle fois, la grâce inouïe du dessin d’Emmanuel Guibert magnifie les souvenirs doux-amers d’un homme parmi des millions.

La Banlieue du 20h de Jérôme Berthaut et Helkarava, sorti le 31.08, Casterman, 168 pages, 12 €. > casterman.com

Martha & Alan d’Emmanuel Guibert, sorti le 21.09, L’Association, 120 pages, 23 €. > lassociation.fr


Sélection 2/2

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Musique

Exploded View INDIE ROCK Si l’on décèle une filiation avec Beak> ( le groupe de Geoff Barrow de Portishead, auquel elle a prêté sa voix avant de sortir un premier album solo en 2010 sur Invada) , ce nouveau projet d’Annika Henderson, paru fin août sur Sacred Bones, sculpte les multiples angles aigus d’une personnalité pointilleuse et riche de ses nombreuses influences, enroulée autour de la voix grave et mesmérisante de la Germano-Anglaise. Porté par une ligne de basse métronomique développée sur des guitares discrètes mais nerveuses, et par des cymbales châtiées avec entrain en écho avec une électronique lysergique, l’album regorge de références au krautrock et à la no wave, lorgnant à l’occasion du côté d’un dance-punk enthousiaste qui éloigne opportunément les onze titres de l’hermétisme et de la mélancolie. Ted Supercar

Exploded View, sorti le 19.08 chez Sacred Bones sacredbonesrecords.com

Umwelt TECHNO Il est de coutume de croire que ce n’est pas tant la force l’âge – mais plutôt celle de l’expérience – qui amène la maturité et l’épanouissement. Jeunes filles, jeunes hommes, détrompez-vous immédiatement. Si Umwelt, vétéran vénéré de la scène rhodanienne, nous livre ici un de ses plus beaux accomplissements, c’est bien parce que depuis 20 ans, il a su patiemment traverser les époques, résistant aux courants contre vents et marées. À ceux qui craignent de s’assagir avec le temps, ce quatrième album les rassurera : il leur prouvera qu’on peut vieillir tout en continuant de s’affranchir et de s’encanailler. Simon Chambon-Andreani

Umwelt, Days Of Dissent , sortie le 17.10 chez Boidae/Killekill

killekill.com/ umwelt

Aquaserge Dans la chanson française actuelle – qui se porte on ne peut mieux – nous avons des tauliers. Ceux-ci sont toulousains, s’inspirent de cumbia autant que de Frank Zappa et s’appellent Aquaserge. Guerre est leur dernier et impeccable EP. Guerre EP , sorti le 16.09 chez Almost Musique.

Beach Diggin vol. 4 Guts et Mambo sont comme toutes les Miss France : des citoyens du monde. Avec, en plus, des oreilles en or et les doigts poussiéreux. Souvenirs de leurs séjours en Jamaïque, en Tunisie, au Japon ou en France, la compilation Beach Diggin vol. 4, est bourrée de pépites vieillottes. Beach Diggin vol. 4 , sorti le 26.08, Heavenly Sweetness


Sélection 2/2

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Nina Harker LO-FI POP Nina Harker est la première référence du label Le Syndicat des Scorpions. Deux bonnes raisons de se réjouir, tant ce premier EP ouvre le catalogue de façon princière. De ce duo nantais, on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il manie les langues et les climats. En seulement quatre titres, Nina Harker ouvre en effet bien des horizons de musique crépusculaire et dansante, où chant (en allemand et en espagnol) et synthés dissonants sont implacablement rythmés. En tournée en France cet automne. Manon Raupp

Nina Harker, sorti le 22.08 chez Le Syndicat des Scorpions lesyndicatdesscorpions.bandcamp.com

Musique

Qúetzal Snåkes Les Marseillais de Qúetzal Snakes ne tortillent pas quand il s’agit de faire une musique entre enfers et mondes chamaniques. Cult of Deafstruction, leur troisième et dernier EP, vous offre un voyage en première classe. Cult of Deafstruction , sortie le 20.10 chez Transfuges

The Pilotwings Le duo lyonnais s’est choisi une voie aussi simple que brillante pour monter sur le OK Podium de la réussite : la musique. Furetant entre le boogie Thalassa, le balearic incestueux et le militantisme Balavoine, leur premier album prédit déjà un oscar. Les Portes du Brionnais , sortie le 30.09 chez Brother From Different Mothers (BFDM)

Tomaga

Virginia Wing

Entrer dans un disque de Tomaga ne se fait pas à la légère. Les écheveaux rythmiques, les tribulations électroniques et les relents chamaniques construisent des dimensions à part, chaque morceau constituant la sienne propre. Ce The Shape of Dance en est une nouvelle illustration.

Le trio londonien devient duo (Alicia Richards et Sam Pillay) et gagne pourtant en foisonnement rythmique et mélodique. Étrange histoire, mais excellent disque, qui vient rôder sur d’autres chemins, plus pop, sans pour autant renier les distractions cosmiques qui font son charme.

The Shape of Dance , sorti le 19.09, chez Hands In The Dark

Forward Constant Motion , sortie le 11.11 sur Fire Records.

Vesuvio Solo On ne se sortira jamais de ce foutu Québec. Vesuvio Solo vient re-replacer Montréal sur la carte de la grâce musicale avec son deuxième album Don't Leave Me In The Dark, bourré de douces mélopées et de solos pas dégueus, sous le patronage d'un sens de la pop à peu près ultime. Don't Leave Me In The Dark , sortie le 27.09 chez Atelier Ciseaux

Xarah Dion Xarah Dion livre depuis des ans une cold pop minimale qui fait d’elle la maîtresse de l’underground montréalais. Et ce n’est pas peu dire. Nouvelle bulle papale de la Québécoise avec son album Fugitive. Une leçon à apprendre par cœur. Fugitive , sortie le 30.09 chez Visage Musique


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Sélection 2/2

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Looping Festival Musique tout risque

Jardins synthétiques Futur dans le passé

Maintenant Festival Aujourd'hui culture

Jamais mieux servie que par ellemême, l’agence de booking A.K.A fait son festival, et c’est pas moche : La Mverte, Mehmet Aslan, Sheitan Brothers, Syracuse, Dollkraut, Basile di Manski, etc.

JS place la culture contemporaine (danse, arts, musique) dans ces bons vieux lieux de patrimoine. Et pas n’importe laquelle : Jardin, Mondkopf, Voiron, James Carlès, Lou Roy, etc.

Outre son imparable affiche signée Katie Scott, Maintenant ravit aussi par son éclectisme entre l’illustratrice Lisa Laubreaux, le festival Pictoplasma ou le musicien Ben UFO.

06.10 > 09.10 – Toulouse

07.10 > 16.10 - Rennes

LUFF Films & Musiques du sous-sol

Transient Festival Culte numérique

Le béni festival suisse déniche toujours les petits murmures et les grands fracas artistiques : Guitar Wolf, Klimperei ou Joseph Hammer en live et Danny Poltnik ou Wakefield Poole à la bobine.

Le Transient se rapproche franchement de l’excellence avec des installations de Y. Vallet ou Dorian OHX et des live a/v de UVB76, Plaid, Samuel Kerridge, M.E.S.H. ou Pierce Warnecke.

30.09 > 02.10 - Paris

Pierre La Police @ Arts Factory Retour du taulier Pour ses 20 ans, et à l’occasion de la sortie du vol. 2 des Praticiens de l’infernal, la galerie Arts Factory invite le patron, Pierre La Police, pour une exposition toute faite exprès. 12.10 > 19.11 – Paris

19.10 > 23.10 - Lausanne

02.11 > 05.11 – Paris


Événements

79

4 - 19 nov.2016

Lindstrøm / PreoccuPations / matmos / suuns / civiL civic / duchess says / GirL Band / eLectric eLectric / rendez-vous / omar di BonGo / Goat /

Réalisation : Studio Suicide /

Metz, Nancy, Luxembourg et l’univers

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Festival Gamerz Prototypes modernes Gamerz marie depuis 12 ans la main à la machine. Près de 50 artistes du numérique présentent installations et performances, avec 1024 Architecture, Tapetronic, RYBN, Windows 93...

Musiques volantes Musiques chic

Les Inrocks Festival Musiques d’actualité

Balade musicale à la programmation scintillante entre Matmos, Lindstrom, Suuns, Jacques, Duchess Says, Piotr Kurek, Girl Band et Civil Civic.

On a beau dire, ces gars-là savent ce qu’ils font : Lescop, Tinariwen, Her, Juliette Armanet, Let’s Eat Grandma... Le tout sur quatre villes.

04.11 > 19.11 – Metz, Nancy,

17.11 > 22.11 – Paris, Tourcoing,

Luxembourg

Nantes, Bordeaux

Marathon ! Musiques endurantes

Trans Musicales Le Métronome

Lic. n°1-1078645-48/2-1078649/3-1078650 / Illustration : Étienne Chaize / Graphisme : Ad marginem.fr

04.11 > 13.11 – Aix-en-Provence

WWW.BDCOLOMIERS.COM Entrée 3 € / Gratuit pour les moins de 18 ans, les étudiants et les porteurs de la carte Tisséo.

BD Colomiers Beautés durables 30e année pour BD Colomiers, qui ne cesse de se pencher sur le beau. Cette année notamment avec les expos Étienne Chaize, 3 fois par jour, Junie Briffaz ou Vincent Godeau. 18.11 > 20.11 – Colomiers

Ode à la musique intelligente où se croisent Steve Reich, Pantha du Prince, Turzi, Ben Verdren, Flavien Berger, Mad Rey et le Cabaret contemporain, pendant trois jours non-stop. 24.11 > 26.11 – Paris.

Aisha Devi, M.A. Beat, Sônge, Fishbach, Weval ou Barbagallo sont parmi les seuls noms que nous identifions dans la tant aimée prog des Trans. Pour le reste nous leur faisons toute confiance. 30.11 > 04.12 – Rennes


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