cANArd Pc
P o rt ra it Texte : o. Trias visuel : canard Pc
DÉjà PLUS DE 10 ANS QUE LE MAGAzINE CANARD PC NE CESSE DE SE DÉMARQUER AU MILIEU D'UNE PRESSE jEU VIDÉO QUELQUE PEU MORIbONDE. ENTRETIEN AVEC IVAN GAUDÉ, UN DES MEMbRES FONDATEURS, POUR QUI L'INDÉPENDANCE DE LA PUbLICATION EST UNE PROFESSION DE FOI.
Malgré l'émergence du web et des nouvelles pratiques quotidiennes des lecteurs, la priorité pour Canard PC reste depuis toujours le support imprimé : « Le papier c'est ce qu'on sait faire, on l'a fait pendant longtemps avant Canard PC.
Le web ce n'est pas notre truc. On a un site, parce que c'est absolument indispensable et qu'on n'est pas réfractaire, mais le modèle de la presse en ligne gratuite 100% financée par la pub, philosophiquement, il ne nous plaît pas. » Et les désormais 25 000 exemplaires vendus à chaque numéro ne le contredisent pas. La recette a aujourd'hui du succès. « On est à rebours de la presse papier normale. Tous les ans les ventes de Canard PC augmentent ». Si l'évolution progressive du support, passé d'un 32-pages hebdomadaire à un magazine bimensuel de 80 pages, a largement contribué à la progression du titre, nul doute que le développement fulgurant de Steam, la plateforme de distribution en ligne de jeux vidéo, et la fertilité des productions indépendantes, ont aussi donné un nouvel élan à l'intérêt pour le combo souris/clavier. Mais pour Ivan Gaudé, la réussite et la longévité de Canard PC symbolisent surtout « l'aboutissement d'une réflexion sur la presse, son statut, ses limites, et sur la façon dont une équipe peut fonctionner sans être ni à la merci des annonceurs ni à la merci d'une hiérarchie, qui a d'autres impératifs que seulement plaire aux lecteurs. » L'indépendance avant tout.
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© Canard PC - Couverture du nuémro de Mars 2014.
L
e préquel de la saga Canard PC ramène à l'été 2003, lorsque le groupe Future (devenu Yellow Media) rachète le célèbre magazine Joystick au groupe Hachette. Aussi sec, la majorité de la rédaction lâche les manettes et, s'en va commencer ailleurs une nouvelle partie. Ivan raconte : « On a refusé de travailler pour les nouveaux proprios. On les connaissait bien puisqu'ils étaient nos concurrents depuis plusieurs années. On savait très bien comment ils travaillaient, comment ils concevaient la presse, notamment les relations avec les éditeurs de jeux vidéos. Chacun savait qu'il ne pourrait pas continuer à faire ce qu'il aimait dans ces nouvelles conditions. C'était presque épidermique. » Pas de compromis lorsqu'il s'agit de convictions. Ivan Gaudé (Ivan le Fou), Jérôme Darnaudet (Lord Casque Noir), Olivier Péron (Ackboo), Pascal Hendrickx et Michael Sarfati réunissent alors leurs indemnités de licenciement et leurs économies pour fonder la société d'édition Presse Non Stop, qui donnera naissance à Canard PC. Le modèle économique imaginé à l'époque ? « C'était aussi simple qu'aberrant. C'était qu'on allait vivre de nos ventes… (rire). Comme on était une bande de journalistes, et pas du tout une bande d'entrepreneurs ou de commerciaux, on avait tout basé sur le fait de créer un journal qui vivrait de ses lecteurs. » Aussi logique qu'à contre-courant, le canard mise donc sur ses compétences et s'en remet davantage à ses plumes qu'à la publicité, qui apportera « seulement du beurre dans les épinards. » C'est que la rédaction de Canard PC, avec ses critiques subjectives et non-consuelles, alliées à un humour subtil et grinçant, est une incontestable valeur ajoutée. Et trois changements d'équipe en 10 ans n'auront pas sacrifié cette marque de fabrique. « Ce sont des gens qui viennent de tous bords, qui ont une curiosité très variée, qui ne sont pas à 100% jeux vidéos, et c'est ce qui fait la spécificité du magazine et permet d'apporter un peu de sang neuf et de décalage au fait de faire de la presse de jeux vidéos. Les trois fondateurs restants sont aussi les garants de l'esprit qui prévalait à la création du magazine. »
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canard pc exiSTe AVANT TOuT eN PAPier… SiNON WWW.cANArdPc.cOM
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