KIBLIND 81 - Cash

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agazineMKIBLINDNuméroCash

« Avec cette illustration, j’ai voulu jouer avec les codes des grandes surfaces sous néons pour en faire le lieu que j’aimerais qu’il soit : un joyeux ballet de personnages qui, jusqu’à présent, ne se sont jamais rencontrés, et où ils ont la possibilité de partager un moment. C’est finalement l’opportunité de la conjonction dans une ambiance festive. Cette création est aussi un moyen de revisiter le premier secteur où Lyf. s’est activé, avec cette même vision d’un espace qui devient plus simple et joyeux ». Maïté Franchi

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KIBLIND Store Illustrations à CENTQUATREemporterPARIS Pour une nouvelle saison illustrée, retrouvez la sélection de livres et posters de nos artistes préférés sur kiblind-store.com Vous pouvez aussi nous croiser dans notre nouvelle boutique parisienne au Centquatre 5 rue Curial - Paris 19e Horaires- : Du mardi au vendredi : 12h > 19h Les week-ends : 11h > 19h

�� Directeur de la publication : Jérémie Martinez / Direction Kiblind : Jérémie Martinez - Jean Tourette - Gabriel Viry Comité de rédaction : Maxime Gueugneau - Elora Quittet - Jérémie Martinez Team Kiblind : Alizée Avice - Guillaume Bonneau - Agathe Bruguière - Romane Chevallier - Sarah Grafa - Léa Guiraud Alix Hassler - Guillaume Huby - Romane Lechleiter - Alanis Olivier - Solène Pauly - Guillaume Petit - Charlotte Roux Déborah Schmitt - Éva Spalinger - Sara Thion - Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Réviseur : Raphaël Lagier Direction artistique : Kiblind Agence Imprimeur : Musumeci S.p.A. / www.musumecispa.it Papier : Le magazine Kiblind est imprimé sur papier Fedrigoni / Couverture : Symbol Freelife E/E49 Country 250g Papier intérieur : Arcoprint Milk 100g, Arena natural Bulk 90g et Symbol Freelife Gloss 200g Typographies : Kiblind Magazine (Benoît Bodhuin) et Lector (Gert Wunderlich) Édité par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon 27 rue Bouteille 69001 Lyon / 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris - 04 78 27 69 82 Le magazine est diffusé en France et en Belgique. www.kiblind.com / www.kiblind-store.com ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits strictement réservés. Merci à Matthieu Sandjivy. THX CBS. Contact : magazine@kiblind.comÉDITO—8KIBLINDMagazine→81→Cash CACACACACACACACACACACASHSHSHSHSHSHSHSHSHSHSH

Et ben ouais, et ça gène quelqu'un si on veut avoir tout et sans effort ? Et si c'est pas possible, est-ce qu'on peut au moins en rêver ? Dans ce nouveau Kiblind, on a les poches pleines et on paie cash.

Il y a très très longtemps, dans un monde bien éloigné de la boutade pré-apocalyptique qui est le nôtre, l'argent menait grand train. Partout, on l'honorait et louait sa sorcellerie qui menait les pauvres à l'opulence et Bernard Tapie sur la plus haute marche du football moderne. On lui donnait même des petits noms. Parmi ceux-là, « Cash » était celui qui sonnait le mieux. Symbole d'américanité latente pour celui qui l'utilisait, il le paraît du même coup de la fraîcheur du nouveau monde. À son évocation, on se prenait facilement à rêver de cadillacs rutilantes et de smoking mauves un peu trop grands laissant voler leurs revers, ballotés par le souffle chaud de la brise floridienne. Mais le terme « cash », comme tous les termes un tant soit peu stylés, ne se contente pas de rester collé à une seule définition.Lecash, c'est le sonnant et le trébuchant, c'est le papier qu'on peut palper et qu'on peut utiliser ici et maintenant. C'est l'argent qui permet de flamber devant ses petits copains, c'est celui que font pleuvoir Lil Wayne et Rihanna et celui, toujours décevant, qu'on touche dans ces enseignes d'achat-vente qui ont bien compris que le mot gardait encore tout son pouvoir. C'est le tout de suite, l'immédiat, le concret. Une destination directe, sans détour, du donneur au receveur. C'est l'argent dans sa forme la plus pure et la plus volatile, celui qui pourrit les gens et qui les rend – malgré tout ce qu'on peut en dire – heureux. Le cash, c'est ce désir un peu malsain d'avoir tout, tout de suite.

�� Cash→81→Magazine10SOMMAIRE—KIBLIND Édito / JeuxYannInvitationIntroInSommaireOursthemoodCashFrançoisvidéoet argent En DossierCitationsCréationsBaptistecouvertureVirotoriginales–Argenttrop cher MagnumLaurenceCabinetPlaylistCitationsAliceLaIlNicolasInvitationRogèsfautqueçabrillebibliothèqueidéaleLagardeCashcomptableMartinière–FilippoFontanaSélectionKiblindSquare286736261605854484738322821121008

�� Cash→81→Magazine12MOODTHEIN—KIBLIND Vous croiserez dans cette entrée quelques objets rencontrés par bonheur ces derniers mois lors de nos pérégrinations visuelles. Et deviendrez par chance les témoins privilégiés de la vie trépidante d’une tirelire cochon avant son inévitable destruction, grâce à l’émérite Guillaume Huby. IN THE M��D

13MOODTHEIN— �� Cash→81→MagazineKIBLIND EP ■ Cocktailde Mezzanine → Artwork par Marine Nouvel @mezzanine.experience@marinenvl CHAISE CUSTOMISÉE ■ Par etsy.com/shop/studiotrudiStudioTrudi AFFICHE ■ Concert de Golden Dawn Arkestra et Alex Maas à Houston → Artwork par Kate goldendawnarkestra.comkatedehler.comDehler@alexmaas33 PORTEFEUILLE EN PAPIER ■ Par Bene Rohlmann pour benerohlmann.bigcartel.comPaperwalletpaperwallet.com

FANZINE ■ → FOREMAN GENERALDE ERIK

Salut Erik ! Ta série « Foreman General » compte trois éditions, peux-tu nous présenter ce projet ? Bonjour. Il y aura en fait huit numéros dans cette série au total, le quatrième sortira en octobre. La taille de ces livres et le type de dessin que j’applique ici ont été pensés pour que je puisse dessiner rapidement, sans panneaux, et sans pression.

Je regardais tout le temps Star Trek avec mon père quand j’étais enfant, et même encore plus quand je suis devenu adulte. J’aime l’idée d’une science-fiction utopique, où l’hu manité a atteint un tel niveau de prospérité que les besoins fondamentaux sont tous garantis. Les histoires sont toujours animées par des dilemmes éthiques et des conflits interper sonnels. Je veux écrire et publier des livres qui explorent ces idées.

Pourquoi as-tu décidé d’axer cette série autour du monde de la construction ?

Tu gères le studio Really Easy Press avec ton épouse Christine. Peux-tu nous parler des publications que vous imprimez en riso ?

Quel est ton prochain projet personnel ?

Foreman-general-three-store-cover

Quand nous ne sommes pas au karaoké ou à l’un des DJ sets de Christine, nous publions des bandes dessinées et des zines d’illustra tion dans une petite pièce de notre maison à Seattle. Nous faisons tout à la main, sauf la plastification des couvertures. Tout le travail de collationnement, de pliage, d’agrafage et de découpage, encore et encore. Pour cette raison, nous limitons les livres à des éditions de moins de 300 exemplaires, et nous les publions en trois tailles.

Tu as publié pas mal de comics qui relèvent de la science-fiction. D’où vient ton amour pour ce genre en particulier ?

�� Cash→81→MagazineMOODTHEIN—14KIBLIND

really-easy-press.comSCHNEIDER-GUTIERREZSisouvent,lesmêmessujets de narration reviennent. D’autres fois, ils sont si précis qu’on se doute qu’un fin connaisseur se cache derrière. On est allé demander à l’illustrateur américain Erik-Schneider-Guttierez ce qui a entraîné la naissance de la série de fanzines ForemanGeneral.

Retirer l’argent de la politique. Et aussi, limiter les mandats.

L’idée du livre est en fait venue de la question suivante : « Dans une économie où la pénurie n’existerait plus, de quoi tirerions-nous de la valeur ? » La réponse simple est « la terre », mais cela m’a fait réfléchir à la façon dont cela créerait des conflits. Les gouvernements, les entreprises et les promoteurs immobiliers se dispu teraient probablement les biens immobiliers. Ce livre prend cette idée au pied de la lettre, en opposant les entreprises de construction les unes aux autres, sans se soucier des civils innocents pris entre deux feux. Le style artistique et les choix de couleurs sont inspirés des vieilles cassettes VHS de matériel de construction que je regardais quand j’étais enfant.

Cela nous aide à rationa liser l’assemblage et nous donne la liberté d’essayer de nouvelles choses et de publier des artistes qui n’ont jamais utilisé la risographie ou qui font leur premier livre.

Comme tout bon livre d’anticipation, Foreman General met le doigt sur des dysfonc tionnements de notre société actuelle. Quelques suggestions pour empêcher le monde d’aller droit dans le mur ?

J’ai prévu de sortir d’autres numéros de Foreman General, ainsi que des numéros d’une bande dessinée collabora tive, Daikaiju Team Alpha, que je réalise avec mon ami J.B. Roe. Nous publions également d’autres numéros de 666, une anthologie d’horreur, et nous sommes impatients de recommencer à exposer lors d’événements.

15MOODTHEIN— �� Cash→81→MagazineKIBLIND AFFICHE ■ Concert de Laura Jane Grace et Cold Years, demande de Angeschimmelt Youth Crew → Artwork par Benedikt Luft @angeschimmeltyouthcrewbenediktluft.com AFFICHE ■ « Whirlwind » → Affiche par Gary @another_posterPercival EP ■ Coordonnées de Biche et Pearl & The Oysters → Artwork par Fabiola Morcillo aka @pearlandtheoystersband@1989________@bichemusic1989 FANZINE ■ HealingRoses par l’Association Très Très @tres.tres.bienBien CÉRAMIQUE ■ Par Mabel mabelesteban.bigcartel.comEsteban

�� Cash→81→Magazine16MOODTHEIN—KIBLIND SLOT M SACHINE LOT M ACHINE AFFICHE ■ Concert de Paul McCartney au Glastonbury →FestivalArtwork par River Cousin glastonburyfestivals.co.ukpaulmccartney.comrivercousin.com AFFICHE ■ Saison 2022-2023 du théâtre Le 140 →(Schaerbeek)Artworkpar @petrouchkakaPetrouchkakale140.be FANZINE ■ RISO illustrations家族写真 mayumi-tsuzuki.com(Familyportrait)deTsuzukiMayumi SERVIETTE DE PLAGE ■ → Par @oyowwoOyow ALBUM DIGITAL ■ LoveInfinity de Joel Eel → Artwork par Ram linktr.ee/joeleelram-han.comHan

MOODTHEIN—17 �� Cash→81→MagazineKIBLIND AFFICHE ■ Édition 2022 des marchés nocturnes de Saint-Etienne-d’Albagnan → Artwork par Julie julie-legrand.comLegrand KIMONO ■ Par Enikö Katalin Eged pour BEBI bebiloungewear.com@azzurro_vellutoLoungewear AFFICHE ■ Exposition de l’artiste NOY pour la galerie d’art Blank Koenji → Artwork par @noy.z.cancellingNOYblank-koenji.com VINYLE (LP) ■ Leoni Leoni de Leoni Leoni → Artwork par Flora Mottini et graphisme par Félicité @specialgreetingsfromleonileoni@brigadecynophile@fuluwatuLandrivon@bongojoerecords EP 45 TOURS ■ Moonburn de Tropical Fuck Storm → Artwork par Gregory Jacobsen @gregory_jacobsen@tropical_fuck_storm@joyfulnoiserecs MIRCO-ÉDITION ■ Rax'd Olio (seconde édition) de Rodger @noman_binyoneBinyone

J’adore les choses étranges, les pouvoirs bizarres et les styles francs. J’utilise l’humour en réponse à plusieurs aspects de la société. Je dessine souvent des situations absurdes dans mes carnets. Elles sont devenues une source d’inspiration importante pour moi, je m’imprègne des histoires et des couleurs de la rue. Je pense que cette méthode m’aide à rester ancré dans la société. Si mon travail pouvait rendre les gens heureux, les faire réfléchir, et avoir la moindre répercussion sur la société, ça serait génial !

Le premier est un gant de cuisson, clin d’œil à mon nom d’artiste, « Boiling man ». Le dernier en date est une grande poupée qu’on retrouve dans mes illustrations. Ses mains et ses jambes sont très très longues. Elle a été placée sur le banc d’un parc pour pouvoir offrir des câlins gratuits et un peu de récon fort aux passants.

Quel est le projet dont tu rêves actuelle ment ?

J’aimerais faire plus de travaux collaboratifs. J’essaie aussi en ce moment de faire prendre vie à mes chevaux à travers l’animation. Ça serait drôle de pouvoir animer des person nages avec différents matériaux.

Peux-tu nous parler du premier et du dernier objet que tu as illustré ?

→ BOILING MAN

Je ne me limite jamais en termes de matériaux. J’en essaie autant que possible. Je n’en ai pas vraiment de préférés, mais les marionnettes, pin’s, gants de cuisson, etc. sont fabriqués localement.

Hello Boiling Man ! Tu crées beaucoup d’objets à partir de tes illustrations. Pourquoi ce médium te plaît-il tant ?

�� Cash→81→Magazine18MOODTHEIN—KIBLIND OBJETS ■

Cette dernière année, j’ai essayé de recréer une ambiance équestre/ cirque grandiloquente avec mes illustrations. Cela a pu se manifester à travers d’étranges aires de jeux, des scènes théâtrales, des zoos, des jardins de nuit… Beau coup de scènes diffé rentes qui laissent rêveur.

Avec leurs compositions grouillant de détails, leurs personnages aux propositions délirantes et les couleurs franches qui les habillent, les illustrations de Boiling Man attaquent la rétine et apaisent le cœur. Comble du bonheur, afin de faire toujours plus d’adeptes, elles sont déclinées sur tout un tas d’objets. @boilingmanxx

Les personnages de mes scènes se connectent entre eux et prennent vie en même temps. J’adore créer des contrastes décalés et drôles.

On retrouve beaucoup d’éléments dans tes illustrations. Comment travailles-tu la narration ?

Quels sont les sujets qui t’inspirent dans la vie de tous les jours ? J’aime beaucoup la photographie. J’ai l’habi tude de me focaliser sur les détails et de voir le monde de cette façon. J’adore approfondir la relation bizarre entre les choses. J’essaie d’amener un nouveau regard sur le monde, grâce à un sens de l’humour faisant appel à la sensibilité, à des corps bien proportionnés et à des collages très colorés. Pour moi, la création libre, originale et issue de multiples imaginaires est la meilleure. Enfin, j’ai envie que les personnages drôles de mes illustra tions prennent vie, donc j’essaie différents médiums pour atteindre ce but.

19MOODTHEIN— �� Cash→81→MagazineKIBLIND AFFICHE ■ Summer University of the Arts Berlin → Artwork par Taro Usami @taro_usami ASSIETTES ■ Par Adèle @adele.beaumaisBeaumais FANZINE ■ LégendesSylvestres de Anaïs Rallo et Swing anaisrallo.comLoww@swingloww CHEMISETTE ■ Par Chae @chae_byungrokByungrok AFFICHE ■ Udada Festival à St-Jean-de-Luz → Artwork par Maison Solide @udada.festibalamaison-solide.fr

nyokobopnyokobop FESTIVAL MangaMaxime:Artwork KOKOKO AFRIQUOI!NYEGENYEGE NIGHT MORENA LERABA BEA TOYAPELEADELAZYTHISISAMAPIANO CREW WAQWAQ KINGDOMAUNTYZENOBIAPHELIMUNCASIJETLAGGANGRAYZORCHRISMANAMAMIPÖ...(UK/CONGO)(UK) (LESOTHO) (ESPAGNE) (JAPON) (AFRIQUE DU (AFRIQUESUD)DU SUD) (ISRAËL) (NIGÉRIA) (FRANCE) (FRANCE) (FRANCE/GHANA) (CONGO) (SUISSE) LE HASARD LUDIQUELE HASARD LUDIQUE DANCEFLOOR MONDIAL PARIS 18e

INTRODCUTION—21 �� Cash→81→MagazineKIBLIND il existe deux types de monnaie bien distinctes LA seduC’est(lesmonnaie(lesmonnaierassembleFIDUCIAIREMONNAIElamétalliquepièces)etlapapierbillets).lamonnaiecashquipalpe. Réponse directe à la crise économique de 2008, la monnaie locale permet de développer l’économie d’un territoire en favorisant le commerce et la production de proximité. On en compte plus de 80 en circulation en France actuellement. LA immatériel.duC’estprélèvements,virements,bancaires,chèques,rassembleSCRIPTURALEMONNAIElescartesetc.lamonnaiecashécritet 1795 La Révolution, patriote, fait du franc la monnaie nationale. PREMIÈREINTERNATIONALEMONNAIE L’impératrice MarieThérèse de Habsbourg crée le thaler à son effigie, monnaie qui se répand dans les colonies espagnoles et anglaises d’Amérique. « Thaler » donnera « dollar »… grâce à une déformation(sacrée)phonétique. 17501750 HONGRIE LANCEMENTD'APPLEPAY ÉTATS-UNIS 20142014 LE TROC Depuis les contrecourtisanecontreuns’échangentfèveAztèques,«àpratiqueromains.payerlelescommelesimmatériels.êtredesancestraux,tempsons’échangebiensquipeuventmatérielsouOntroquematièresnaturelleslespierres,coquillagesouencoreselquiservaientàleslégionnairesCettedernièreestd’ailleursl’originedumotsalaire».Chezlesontroqueladecacao.100fèvescontreesclave,80fèveslesfaveursd’uneet10fèvesunlapin. PARTOUT Depuis longtempsDepuis longtemps DEAPPARITIONLAMONNAIE Symbole de pouvoir pour les rois, la monnaie s’avère également assez pratique pour combler certaines lacunes du troc. MER ÉGÉE Vers 650 av.J.-C.Vers 650 av.J.-C.SOUSMAILLEGALETTEFLOUZE RONDS PÉPÈTES BLÉCACAHUÈTESFERRAILLE POGNONOSEILLE GRISBI →LyonGonette Brest → Héol →ToulouseSolViolette →Besançon→NiceNissartPive→Bayonne→Boulogne-sur-Mer→LimogesLouPelouBou’SolEusko →ToulonFève →AngersMuse →MontreuilPêcheStrasbourg→Stück EAT LOCAL PAY LOCAL 781 Charlemagne, rebelle, sort du système monétaire romain et crée le denier. 1290 Philippe IV le Bel, grand prince, crée le petit royal assis, première monnaie en or à circuler. PREMIERSBILLETSDEBANQUE CHINE Dynastie des Song du Nord XIe siècleap.J.-C.XIePREMIERsiècleap.J.-C.ATELIERMONÉTAIRECet atelier est installé près du temple de Junon, dont le titre de déesse « avertisseuse » des catastrophes à Rome se dit « moneta » en latin . Ah tiens, le mot « monnaie » vient d’être crée. ROME IIIe siècle av.J.-C.IIIe siècle av.J.-C. Bah ouais, la thune, quoi. 1640 LouiscréeLouisXIII,égocentrique,lesLouisd’Oretlesd’Argent. 1270 Saint-Louis, fédérateur, créé le gros tournois, une pièce d’argent qui met fin au bazar de plusieurs monnaies parallèles dans le royaume. 1360 Jean II le Bon, rancunier, crée le franc :une pièce d’or émise alors qu’il vientd’être libéré d’une prison anglaise.« Franc » signifiant ainsi « affranchides Anglais ». 1803 Bonaparte, arriviste, crée le francgerminal frappé à son effigie. 1958 Le Général de Gaulle, libérateur, crée le nouveau franc pour assurer la stabilité de la monnaie française. Il est d’une valeur égale à 100 anciens francs. → Textes : E. Quittet, S. Grafa, A. Hassler, C. Roux R. Lechleiter, G. Viry, & R. Chevallier → Mise en page : G. Bonneau INSTALLATIONDEL'EURO20022002 EUROPE CARTECRÉATIONDELABANCAIREPARROLANDMORENO FRANCE19741974CRÉATIONMONOPOLYDU ÉTATS-UNIS 19021902

LEFRIC,C'ESTCHIC

Jacques

que

physique

symbolise

et

2002.

À moins d’avoir passé les dernières années dans une grotte, vous aurez remarqué que nos chers billets ont eu droit à un lifting récemment. Ce changement en a d’ailleurs fait jaser plus d’un, ruminant encore et toujours que « c’était mieux avant »… Sans entrer dans ce débat houleux et intemporel de l’avant vs. maintenant, on peut objectivement constater que les nouveaux euros sont plus vifs et plus robustes.

symboles

�� Cash→81→Magazine22INTRODCUTION—KIBLIND

la Facepièce.nationaledupaysd’émission 5€ classique 50€ renaissance 10€ roman 100€ baroque et rococo 20€ gothique 200€ duarchitecture«verreetacier»XIXesiècle

Objet si quotidien, presque trivial, l’argent fiduciaire circule entre nos mimines capitalistes sans qu’on le questionne trop. Pourtant, quand on creuse et on aurait pu s’en douter l’argent fait l’objet de processus de fabrication si rigoureux qu’on pourrait presque parler d’orfèvrerie. commune qui montre l’Union européenne en l’unité Chirac aurait eu 90 ans cette année. À cette occasion, la Monnaie de Paris lui rend hommage ainsi qu'à ses 2 mandats durant lesquels il aura également été Président de l'introduction de l'Euro, en La face reprend un profil solennel du Président, entouré de tels l'euro, le drapeau le millésime de

On vous révèle tous ses petits secrets de beauté… Face

Le graphiste berlinois Reinhold Gerstetter a en effet dû repenser un graphisme où les monuments sont toujours aussi factices. Au recto des billets : des fenêtres et portails symbolisant l’esprit d’ouverture et de coopération qui règne au sein de l’UE (c’est beau). Et au verso : des ponts de différents styles qui symbolisent le lien, l’union des pays entre eux mais aussi entre l’Europe et le reste du monde.

On retrouve ainsi les styles qui ont traversé l’histoire de l’Europe :

Le thème n’a, quant à lui, pas changé : « Époques et styles architecturaux. » C’est donc une orientation artistique et culturelle qu’on a choisie pour les billets. Mais attention, contrairement aux autres pays qui peuvent faire valoir leurs sympa et moins sympa héros nationaux, en Europe, on ne va certainement pas prendre le risque de froisser quelqu’un. Exit donc les Delacroix, Berlioz, Voltaire, Pascal ou encore Eiffel qui s’affichaient sur nos bons vieux francs pour laisser place à des monuments qui… n’existent pas.

JACQUESJACQUESCHERCHER

national, les dates de Jacques et

Temps que met en moyenne, chaque billet en circulation pour revenir aux guichets des Banques centrales nationales.

architecturaux

En France, les billets sont fabriqués

par la Banque de France, qui est d’ailleurs la première productrice de billets de l’Eurosystème. Depuis le lancement en 2002 de la monnaie unique, elle a fabriqué un cumul de près de : du volume total imprimé à ce jour. La durée de vie moyenne d’un billet est de 3 ans, mais elle varie fortement suivant la coupure. Étant le plus souvent utilisés pour épargner, ils sont mieux conservés et leur durée de vie est plus longue. Nombre de pièces courantes frappées par la Monnaie de Paris dans son usine de Pessac chaque année. Nombre de billets émis en Europe, en 2017. Pour une valeur de : 6 MOIS 10€100€ 200€ « RENDS L’ARGENT ! »« RENDS L’ARGENT ! » 1an½ 1 milliard milliard326 d'€ 22 milliard d'€ = 22% 5 720 000 200€20€5€ 5€10€100€

LES PIÈCES COURANTES PIÈCE FRANCECOMMÉMORATIVE20221c20c2c50c5c1€10c2€ LESBILLETSLESBILLETSLESBILLETS

À l’aide d’un logiciel de mise en page, reproduisez et placez à l’identique les éléments recto et verso du billet : le logo de l’UE et la signature de Mario Draghi, les mentions EURO et EYPΩ, le « 10 », le pont roman et le numéro de série (changeant à chaque fois, attention) Dans une imprimante offset, insérez votre papier et imprimez les faces recto et verso des planches de billets

Pas la crise de rire, de nerf ou de foie mais la crise É-CO-NO-MIQUE ! Vous avez déjà entendu ça quelque part ? Eh oui les prix s’envolent, le café en terrasse, l’essence, le gaz, l’électricité, même la moutarde ma bonne dame, la faute à l’INFLATION !

Depuis quelques années également, les festivals ont imposé un nouveau moyen de paiement : le cashless. N’ayant pas d’autre choix de paiement, les festivaliers se retrouvent donc avec un bracelet ou une carte créditée avec leur argent, ce qui les obligera à payer leurs consommations par simpleNombrecontact.d’applications facilitant les transactions entre particuliers sont aussi venues squatter nos téléphones lors de cette même période. L’application de paiements entre amis Lydia, par exemple, n’a eu de cesse de séduire de nouveaux utilisateurs. Elle comptait 5,5 millions d’utilisateurs en décembre 2021.

Dans un saladier, mélangez 3 L d’eau et 20 mg de cochenille Fouettez le tout pour obtenir un colorant rouge vif (il s’atténuera au séchage)

Naissance des premières boulangeries – le pain est plutôt destiné aux populations aisées et n’est pas encore un produit de première nécessité.

Le « pain de l’égalité » – au sortir de la Révolution française, la Convention impose la fabrication obligatoire d’un pain nourrissant et accessible à toutes les bourses... L’ancêtre de la baguette ? VGE libère le prix du pain : 8 à 10 % d’augmentationduprix!

Sur un papier holographique et irisé, découpez des bandelettes de 12,345 × 67 mm À l’aide d’une plaque de sérigraphie, imprimez sur ces bandelettes la valeur faciale du billet et placez-la à 2 cm du bord droit du billet Découpez dans ce même papier le nombre « 10 », que vous placerez dans le bord recto gauche du billet

XIIeXIVSe S 1793 1978 18132022

un saladier, récupérez et mixez des tissus en pur coton avec 1 bol d’eau pour 2 bols de fibres Une fois la mixture bien homogène, étalez-la sur une planche Comptezmicro-perforéeuntemps de séchage d’environ 3 jours par plaque Une fois séchées, découpez les plaques en rectangles de 127 × 67 mm

Selon les données de la Banque de France, chaque Français détiendrait en moyenne à son domicile 3 360€.

De l’autre, elle peut juste être le fait de personnes prudentes et/ou qui n’ont pas une maxi-confiance en la banque. Pour les personnes âgées, il s’agit même d’une habitude perpétuée depuis toujours, tout comme le paiement par chèque.

Leclerc annonce une baguette à 29

Le prix du pain est fixé par le roi : Charles V décide du prix mais aussi de la taille, de la forme, de la farine... On invente même une police des grains royale pour veiller au bon respect de ces règles (pour veiller au grain finalement).

- 11.7 %- 7.89 %

En 2020, le paiement sans contact est devenu une pratique recommandée pour lutter contre le Covid-19 au même titre que de se désinfecter les mains et de respecter une distance de sécurité.

désormaisleNapoléonconcurrencecentimes...déloyale?rétablitcorporatismeetleprixdupainestfixéparlesautoritéspubliques.

La Guerre des farines est déclarée ! De mauvaises récoltes créent une forte tension sur le prix des céréales : le roi décide de supprimer la police des grains et de libéraliser le prix. Résultat, les prix bondissent et des révoltes éclatent... L’État intervient et encadre à nouveau les prix.

Mais comment ça marche au juste l’inflation ? Revenons tout d’abord aux essentiels : la loi de l’offre et de la demande. Que ce soit le troc entre voisins ou les NFT dans le Metaverse, pour qu’une offre trouve preneur, il faut qu’une demande existe et qu’un accord soit trouvé sur le prix. Néanmoins, que se passe-t-il si la récolte de tomates n’a pas été bonne cette année à cause de la canicule ? Les tomates deviennent rares, les prix s’envolent et l’inflation augmente, autrement dit la monnaie perd de sa valeur. Dérèglement climatique, instabilités politiques, événements exceptionnels comme le Covid, effets de mode... tout ce qui perturbe la production ou excite la demande va venir nourrir l’inflation ou à l’inverse sa cousine la déflation.

D’un côté, l’amassement d’une grosse somme d’argent en liquide peut être la conséquence d’une activité illicite (travail au noir, drogue, prostitution…) ou d’une fraude fiscale. En 2013, selon une étude de l’institut économique Molinari, elles représentaient entre 75,1 et 219 milliards d’euros.

PÉRILSETRISQUESVOSÀREPRODUIREÀPROFESSIONNELSDESPARRÉALISÉEESTEXPÉRIENCECETTE1 → OBTENIR LA PLUS PURE FIBRE DE COTON 3 → LAISSEZ L’ARTISTES’EXPRIMERENVOUS 2 → MAKE IT RED 4 → LA PARTIE DÉLICATE 5 → DÉCOUPEZ, C’EST PRÊT ! ☺ 100%FUN

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Il se transforme donc en un véritable automatisme, à tel point qu’une étude de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement révèle qu’au premier semestre 2021, 57 % des paiements par carte bancaire en situation de proximité sont réalisés en mode « sans contact ».

ARRÊTEZ TOUT, C’EST LA CRISE ! Symbole français, l’évolution du prix du pain est un vrai témoin historique... Retour sur son évolution croustillante ! DE CASH SUR SOIDE CASH CHEZ SOI PARADOXELECOVID-19

La Banque de France a d’ailleurs observé un nombre croissant de retraits, cette année-là tandis que les dépôts eux, se sont faits plusQuantrares.à savoir maintenant si tout ce petit monde cache ses biftons sous son matelas, dans son coffre-fort ou dans la poche de son slip kangourou, le mystère reste entier.

XVIIIe S

23INTRODCUTION— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

En plus de ces précédentes raisons, une star mondiale est également venue ajouter son grain de sel (ou déverser la salière entière) en 2020 : le Covid-19. Lors du premier confinement, les particuliers ont ainsi mis de côté 16 milliards d’euros supplémentaires.

les CRYPTOMONNAIES façonnent une

Fondateur du site Silk Road, le supermarché de la drogue et du crime, sur lequel on pouvait même commander un tueur à gages, l’américain Ross Ulbricht fut l’un des premiers à intégrer le Bitcoin, concourant largement à sa réputation sulfureuse de monnaie du darkweb. Arrêté et condamné en 2015 à la prison à vie, il s’adonne désormais à de nouvelles passions, comme le dessin. Son œuvre NFT « Genesis » a été adjugée à 1 446 Ethers (6,2 millions d’euros) lors de la dernière Art Basel de après la version western, nouvelle ruée vers l’or, mieux acclimatée à la Silicon Valley qu’à celle de la Mort. Inventé en 2009 par un OVNI virtuel, Satoshi Nakamoto le BITCOIN est une monnaie numérique décentralisée basée sur un principe d’échange, le peer-to-peer, et une technologie, la blockchain, sorte de méga-livre de comptes qui permet d’authentifier les transactions grâce à la puissance calculatoire des ordinateurs en réseau. On peut « miner » pour trouver des Bitcoins, ce qui consiste à mettre ses capacités informatiques à la disposition du système pour le rendre encore plus performant. Les mineurs sont récompensés pour cette « preuve de travail », c’est pourquoi on connaît tous un ami d’ami de cousin développeur qui a plus ou moins fait fortune... Le minage consomme évidemment beaucoup d’énergie : l’équivalent de tout ce qui est nécessaire pour alimenter un pays comme la Norvège, par exemple. C’est l’une des principales critiques faites à la cryptomonnaie outre la spéculation, intrinsèque à sa rareté (Nakamoto a limité le Bitcoin à 21 millions d’unités, pas une de plus). Fondé par un jeune programmeur canadien d’origine russe, à l’âge de 19 ans, l’Ethereum, deuxième crypto mondiale, promet de revoir sa copie pour sa nouvelle vie.

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�� Cash→81→Magazine24INTRODCUTION—KIBLIND

Dans la ruée vers l’or, certains empruntent de grands boulevards quand d’autres sont complètement à la rue. S’ils n’avaient pas fait condamner Mark Zuckerberg pour plagiat, les jumeaux Winklevoss, ex-champions olympiques d’aviron, n’auraient jamais eu l’argent nécessaire pour devenir crypto-milliardaires. À l’inverse, on peut aussi égarer son disque dur et créer, bien malgré soi, un trésor des temps modernes. Le programmeur allemand Stefan Thomas en sait quelque chose depuis qu’il a perdu l’accès à ses 7 000 Bitcoins (140 millions d’euros !), et il n’est pas le seul ! En 2021, largement aidés par de nouveaux chercheurs d’or coincés à domicile, le Bitcoin et sa cour (plus de 20 000 cryptomonnaies) ont explosé tous leurs records de chaleur, dépassant par exemple le PIB de la France. Et puisqu’on n’est pas à un symbole près, la monnaie a même détrôné le cours du lingot… avant de nous refaire, brusquement, un nouveau coup de grisou.

Miami. OCTOBRE 2010 10c une pièce en chocolat, mais juste une… MARS 2013 50 $ un Monopoly Deluxe MAI 2016 500 $ des lunettes Swarovski JUIN 2019 2 500 $ une côte de bœuf « Golden Tomahawk » recouverte d’or 24 carats, dans un restaurant du boucher des footballeurs, Salt Bae DÉCEMBRE 2020 20 000 $ une Rolex « moyenne » OCTOBRE 2021 68 000 $ un PEL rempli à ras bord AOÛT 2022 20 000 $ la lune BITCOINCITY • SINCE 2009 • 2 siècles

CRYPTO, MAIS PAS TROP

1 « Si vous n’y croyez pas ou si vous jecompreneznepas,n’aipasletempsdevousconvaincre,désolé» 4 « Le fait qu’un algorithme dans le monde du gouvernementremplaceBitcoinleestplutôtcool» 3 « Bitcoin unit mes fans à travers le monde » 2 « C’est un peu la monnaie,nouvellegenrelamonnaiedufutur» AL GORE MEL C*NABILLA NAKAMOTOSATOSHI1 SatoshiNakamoto|2Nabilla 3MelC|4AlGore  Réponses *Mel C des Spice Girls, une des premières artistes à accepter le paiement en cryptomonnaie, dès 2013 BOOM QUE PEUT-ON S’ACHETER AVEC 1 BITCOIN??? Malgré l’effondrement, pour tous ceux quicroient dur comme fer qu’il va bientôt viser200 000 $, voire 1 million LE RECORD

25INTRODCUTION— �� Cash→81→MagazineKIBLIND Connaissez-vous les NFT ? Ces certificats d’authenticité et de propriété numériques représentent un objet virtuel ou physique (comme une œuvre d’art, un morceau de musique, un simple tweet, etc.). Non reproductibles, infalsifiables, ils sont répertoriés dans la blockchain… et affolent les investisseurs. Ainsi, le NFT le plus cher au monde – l’œuvre numérique The Merge de l’artiste Pak – a été acheté pour la somme de 92 MILLIONS DE DOLLARS en décembre dernier. 2e du classement, l’œuvre Everydays:the First 5,000 Days, un fichier jpeg de 319 Mo, s’est vendue pour près de 69,3 MILLIONS DE DOLLARS aux enchères. Pas mal pour un truc qu’on n’est même pas bien certain·es de comprendre. 1 chambre de bonne à Monaco 49,74 bitcoins à l’instant où nous écrivons ces lignes 1 bouteille de Petrus millésime 2000 ayant voyagé dans l’espace 3 333 333 Mars 16 666 bibliothèques Billy chez Ikea 200 000 pintes de bière 2 billets pour aller sur Mars (estimation tweetée par Elon Musk himself) 1 maison de 70 pièces à Labroquère, en HauteGaronne (annonce LeBonCoin véridique, ne tardez pas !) 1 robe de mariée comme celle de Swarovskil’héritière 1 000 dalmatiens B B B B Vous avez réussi dans la vie ? Vous alignez plusieurs zéros sur votre fiche de paie, êtes l’heureux·se héritier·e de votre tante Gertrude, avez misé sur le bon cheval ou monétisé votre commu sur Instagram ? Bravo, vous avez de l’argent. Nos amies les célébrités ont le chic pour trouver comment dépenser leurs gros sous. Saurez-vous relier chaque STAR à son $ ACHAT ? MAIS COMMENT DÉPENSER TOUT CE FLOUUUUZE ? VIS MA VIE DE STAR VIS MA VIE DE STAR D DE1MILLION$PARAN pour entretenir ses cheveux de rêve C 17000$ pour un matelas réalisé à partir de crinière de chevaux et laine d’animaux polaires B 325000$ pour un « manoir » pour chiens avec clim intégrée A 250000$ pour une manucure à base de poudre de diamants ParisHiltonB|RihannaD DanielRadcliffeC|KellyOsbourneA  Réponses OSBOURNEKELLYRIHANNARADCLIFFEHILTONPARISDANIEL Quand on ne sait vraiment plus quoi faire de son argent… plus cher du monde est servi LES OBJETS LES PLUS CHERS AU MONDE 5000€ àmerveillepourd’échecs,Amateur·icescraquezunepetitedeplateau 9,8 MILLIONS DE DOLLARS seulement. Avec tout ce qu’il y a de plus précieux dedans : de l’or, des diamants, des saphirs, des émeraudes, des rubis, des perles, et un poil de platine. dans un Nomménéerlandais.restaurant«GoldenBoy », il est notamment garni de bœuf Wagyu, de crabe royal, de truffe blanche et de mayonnaise au safran, le tout dans un bun au champagne Dom Pérignon et feuilles d’or. Que ne débourseraiton pas pour un ami à poils ? C’est ce qu’a dû se dire un riche promoteur chinois lorsqu’il a dépensé 12 DEMILLIONSYUANS , soit 1,4 dogueund’euros,millionpouracquérirmastiffouduTibet

Un homme originaire de la province de Zhejiang en Chine, et résidant à Madrid où il enchaîne les petits boulots, remporte en mars 2014 le pactole Euro Millions de plus de 137 MILLIONS D’EUROS. Huit mois plus tard, il n’a pas dit son dernier mot : il empoche 1,8 MILLION à la loterie espagnole nommée « La Primitiva. » Le cul bordé de nouilles, vous avez dit ?

sophistiqués et une porte en acier blindé de 61 cm d’épaisseur, le gang pille plus de 100 coffres. On estime le gain à 100 MILLIONS DE DOLLARS

Dans la nuit du 2 octobre 2018, les habitants de la paisible bourgade de Besse-sur-Issole dans le Var sont réveillés par un sacré vacarme. En cause ? La casse d’une tractopelle utilisée par une équipe de bandits amateurs dans le but d’arracher le distributeur de billets de la Poste.

Quand deux jeunes ont eu l’idée brillante de braquer le McDonald’s de la petite ville franc-comtoise nommée École-Valentin en 2014, ceux-ci ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’une équipe complète du GIGN soit au même moment en train de s’envoyer des nuggets à table. Oups.

Pendant le week-end de la Saint-Valentin 2003, un gang italien connu aussi sous le nom de « l’école de Turin » réussit à entrer dans les sous-sols du « Antwerp World Diamond Centre » en Belgique, lieu où les joailliers du monde entier entreposent leurs trésors. Malgré des systèmes de sécurité

Lisa Walker est une ancienne gagnante de casino. Elle a remporté la somme de 150 000 EUROS lorsqu’elle avait la vingtaine. Malheureusement, la jeune femme qui n’était pas addict le devient très rapidement. N’ayant plus aucune valeur de l’argent, la femme cherche à jouer encore et encore pour gagner encore plus. Elle perd très vite son argent. Elle finit même par perdre sa maison.

En 2014, après avoir dérobé des bijoux dans une maison de Floride, un cambrioleur s’accorde une petite sieste. La femme de ménage le surprend et alerte les policiers. Encore un qui n’avait pas pris ses Juvamine au petit-dej.

En 2004, Pascal Brun se voit remettre un chèque de 26 MILLIONS D’EUROS suite à sa participation à Euro Millions. Après avoir empoché cette somme, le gagnant a décidé de se reposer sur ses acquis et de profiter de la vie. Il dépense sans compter, achète des voitures sportives, fait la fête et bascule peu à peu vers l’alcoolisme. Il se fait arrêter plusieurs fois pour conduite en état d’ivresse, et fait un séjour de quelques mois en prison après avoir tenté de corrompre la police. Cette mauvaise pub poussera la Française des Jeux à protéger ensuite l’anonymat de ses vainqueurs.

En 1990, deux hommes habillés en policiers parviennent à convaincre deux jeunes gardiens du musée Gardner de Boston de les laisser entrer. Rapidement, ils les menottent et les emmènent au sous-sol. Les deux hommes vont par la suite tranquillement dérober les tableaux du musée. En 81 minutes, les bandits récoltent un butin estimé entre 200 et 300 MILLIONS DE DOLLARS, et ne seront jamais retrouvés.

VOS PARENTS, COMME CEUX DE TOUS LES AUTRES, VOUS LE RÉPÈTENT DEPUIS QUE VOUS ÊTES NÉS : « L’ARGENT NE TOMBE PAS DU CIEL FISTON ».  POURTANT, L’IDÉE D’EN GAGNER FACILEMENT VOUS TENTE PAS MAL. L’HISTOIRE A PROUVÉ QUE PARFOIS, ÇA MARCHAIT, ET PUIS D’AUTRES FOIS, PAS DU TOUT. D'ARGENT OU 77 7777 13131313 1313 QUAGESLES BRA LES JEUX ☺ ÇA PASSE ☺ ☹ ÇA CASSE ☹

�� Cash→81→Magazine26INTRODCUTION—KIBLIND

En Italie, une femme remporte le gain de 500 000 EUROS grâce à un jeu à gratter. Pas con, le buraliste décide de lui dérober le ticket et de s’enfuir avec. Pas de bol, il sera intercepté par la gendarmerie dès son arrivée à l’aéroport, tirant une croix sur sa nouvelle vie rêvée aux Caraïbes.

Repéré par un de ses professeurs au Massachusetts Institute of Technology, Jeff Ma est invité à rejoindre le club de blackjack de son école. Avec ses camarades, il développe une technique pour compter les cartes. Après cinq ans de méfaits et des CENTAINES DE MILLIERS DE DOLLARS de gains, les joyeux lurons se font finalement pincer, mais s’en sortiront seulement avec une interdiction de casino.

Cliente régulière de la supérette de la famille Shah dans le Massachusetts, Lea Rose Flegra a pour habitude de s’adonner à quelques jeux à gratter pendant sa pause déjeuner et de laisser les tickets perdants sur le comptoir. Le 26 mars, Abhi, le fils des propriétaires, vaque à son nettoyage quotidien lorsqu’il tombe sur un ticket Diamond Millions qui n’a pas

Slalomant dans les ruelles de Londres, John Goddard n’est pas tranquille ce matin du 2 mai 1990. Avec son attaché-case rempli de 301 bons du Trésor, soit 348 MILLIONS D’EUROS, l’homme se dirige vers la banque d’Angleterre. Simple et efficace : un homme armé l’attend à proximité et lui dérobe sa mallette. Le FBI retrouve peu à peu les bons, mais deux d’entre eux restent à ce jour introuvables, tout comme le voleur.

été gratté dans son intégralité… et qui se révèle gagnant ! Après plusieurs jours de torture cérébrale, Abhi rend le ticket à sa propriétaire légitime, qui partage avec lui et sa famille une partie du MILLION D’EUROS remporté.

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ÎLES VIERGES BRITANNIQUES

Mr. Krabs (Bob l’éponge) son restaurant « le Crabe croustillant » lui permet de gagner beaucoup d’argent, dont il ne dépense pas le moindre centime. Il n’hésite pas à laisser son restaurant ouvert 24h/24 pour gagner toujours plus de thune. Il va même jusqu’à scotcher ses billets aux murs de sa maison. Bref, une vraie pince !

OSEILLEAIRWAYS

Magali Berdah, ex-courtière en assurance, a du flair. Lorsqu’elle se met à fréquenter des personnalités issues de la télé-réalité et qu’elle comprend que celles-ci font des placements de produits à titre gracieux, elle a l’idée de créer Paul Labrosse révèlent les sommes que les marques déboursent en moyenne en échange d’une story de placement de produit par une influenceuse. estime avare patrimoine

INTRODCUTION—27 �� Cash→81→MagazineKIBLIND

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Découvrez les plages enchanteresses de cet archipel volcanique situé dans les Caraïbes, les impressionnants labyrinthes de blocs de roches qui forment ses plages et son élégant taux d’imposition sur les revenus à 0 %. de précédents voyageurs à propos de l’offre PANAMA

Des bagages un peu trop encombrants ? Pas de panique ! Tous les avions Oseille Airways sont équipés d’une soute 2,5 % plus grande que celles des autres compagnies. Depuis 2019 et dans le cadre de son partenariat avec Cargoffshore, votre compagnie vous fait profiter d’une remise de 10 % sur votre prochain conteneur.

11 Warren Buffet 22 Bill et Melinda Gates 33 Georges Soros 46.1 milliards de dollars 33.4 milliards de dollars 18.1 milliards de dollars ŒUVRES CARITATIVES → santé → lutte contre la pauvreté Probablement le plus grand philanthrope de tous les temps : il souhaite faire don de 99 % de sa fortune. Une grande partie de son argent est allée à la fondation de ses amis Bill et Melinda Gates avec qui il a fondé le Giving Pledge : une campagne encourageant les individus les plus riches des États-Unis à reverser une partie de leur fortune à des associations caritatives. ŒUVRES CARITATIVES → santé → lutte contre la pauvreté À travers leur Fondation, Bill et Melinda Gates continuent de récolter des sommes astronomiques. La fondation a accordé 5,8 milliards de dollars de subventions en 2020, notamment pour la recherche pour la vaccination contre le Covid-19. ŒUVRES CARITATIVES démocratie → éducation → lutte contre les discriminations → soins de santé Grâce à ses diverses fondations Open Society, Georges Soros soutient de nombreuses causes.

7 900 000 Instagramd’abonnés 6 200 000 Instagramd’abonnés 3 000 000 Instagramd’abonnés ILS AIMENT L’ARGENT DANS LA FICTION… TOP 3 PHILANTHROPESCATÉGORIE Parce que les plus riches sont aussi (parfois) les plus généreux… Voici la liste des 3 milliardaires américains les plus philanthropes Picsou (Disney) on

à 900 milliards de dollars la fortune du plus

Harpagon (L’Avare, Molière) riche vieillard, il fait subir à toute sa maisonnée sa passion aveugle et tyrannique pour l’argent. Paranoïaque sur les bords, il tente par tous les moyens de cacher ses biens les plus précieux. Prêt à tout pour faire des économies, il n’hésite pas à organiser son mariage en même temps que ceux de ses enfants.

des canards : un

bâti grâce à ses activités minières et ses multiples chasses au trésor. Son plus grand plaisir : se délecter dans sa piscine remplie de pièces d’or. MAG T BER J'ai une tendinite. JASMINEMILLA NABILLATHIVENINJESSICA 7 000 € 10 000 €3 000 € € € money all stars

Gripsou l'homologue de Picsou, est un milliardaire sans scrupule. Personnage aigri et solitaire, il n’hésite pas à planifier des meurtres pour parvenir à ses fins. Il dispose par ailleurs d’un capital sympathie bien moindre que son éternel rival.

ExcellentSANOFI jequalité-prix,rapportrecommande! bonneLaTOTALmerest! Avis

Mr. Burns (les Simpson) diabolique directeur de la centrale nucléaire de Springfield et patron d’Homer Simpson, Mr Burns est un milliardaire radin et tyrannique. Homme le plus riche de la ville, il prend un malin plaisir à ne rien donner aux gens l’implorant… tout cela avec un sourire sarcastique.

Situé entre les deux Amériques et les océans Pacifique et Atlantique, le Panama jouit d’une situation et d’un cadre exceptionnels. Craquez pour son canal, l’architecture coloniale de Casco Viejo, son île aux singes et ses 100 banques gérant près de 82 milliards de dollars d’actifs. une vue fabuleuse sur l’île voisine de Saint-Martin, ce joyau des Caraïbes orientales vous séduira à coup sûr avec ses plages bordées de cocotiers, ses sites protégés comme les grottes de Big Spring et l’étang d’East End, et son absence d’impôt sur le revenu et sur les sociétés.

LACOMPAGNIEQUIVOUSFAITSENTIRPLUSLÉGERNOSOFFRESPOURVOSVACANCESDEDERNIÈREMINUTEPANAMA

Pingres, radins, avares, dépensiers… les personnages de fiction – comme les êtres humains – entretiennent un rapport singulier à l’argent. Que ce soit au cinéma, au théâtre, dans les bandes dessinées, les cartoons, la littérature, certains entretiennent une relation particulière avec leur oseille. En voici quelques illustrations :

ANGUILLA Offrant

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la première agence de marketing d’influence : Shauna Events. Aujourd’hui, Shauna Events emploie 60 salariés et déclare un chiffre d’affaires s’élevant à 4 000 000 €. Dans le reportage « Arnaques, fric et politique : le vrai business des influenceurs », diffusé dans l’émission Complément d’enquête du 11 septembre 2022, les journalistes Rizlaine Sellika et

Jeux vidéo et argent : les dangereusesliaisons

�� 28INVITATIONCash→81→MagazineKIBLIND—

Après avoir fait profiter les lecteurs de Chronicart, Trois Couleurs et Gamekult (entre autres) de ses fines analyses sur le cinéma et les jeux vidéo, Yann François met désormais ses savoirs au service de la société française d’édition et de distribution de jeux vidéo Focus Entertainment. Il nous raconte comment l’argent régit le monde, même dans la fiction.

Cette phrase, écrite par Mathieu Triclot dans Philosophie des jeux

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Les jeux vidéo ont toujours été une affaire de gros sous. Dès ses origines, avec Spacewar !, il faut déjà une machine coûtant plus d’un bras pour le faire tourner. Aujourd’hui, il faut compter des dizaines, voire des centaines de millions de dollars pour développer le moindre AAA, et les plus gros succès de l’industrie se valorisent plusieurs milliards. La démocratisation du streaming professionnel de jeu et la starification de certains de ses représentants les plus influents font aujourd’hui miroiter aux jeunes gé nérations de joueurs des carrières aussi mirobolantes que celle d’un footballeur de grand club. Au-delà des spéculations dantesques qu’il développe autour de lui, le jeu vidéo a tou jours eu une relation particulière et symbolique à l’argent, dont la représentation n’a cessé d’évoluer et d’influencer nos façons de jouer. Dès le départ, les deux sont intimement liés, comme condition sine qua non de son plaisir intrinsèque. Premier tremplin de son succès mondial, la borne d’arcade institue un rapport mercantile entre les joueurs et le monde virtuel : pour pouvoir y ren trer, il faut y laisser ses piécettes. Le talent et la per formance auront beau retarder l’échéance, il faudra toujours passer à la caisse. Au point de pousser le jeu vidéo à donner le change, en intégrant cet impératif monétaire dans ses gameplays. Il n’y a qu’à voir son premier grand classique, Super Mario Bros, avec son obsession à parsemer l’intégralité de son aventure de pièces d’or à collecter. Pourtant, cet argent ne sert en rien à finir le jeu, il n’est que denrée numéraire. Mais cette denrée vient sublimer une autre forme de performance (le score), instaurant ainsi un nouveau un rapport de force (de classe ?) entre ses joueurs : plus vous êtes curieux et fouisseur, plus vous serez riches et donc meil leurs que vos concurrents. Et que dire de Sonic the Hedgehog qui, quelques années plus tard, fait de cette richesse une nouvelle valeur (la santé de notre avatar) et avec, un nouvel impératif d’accumulation ? L’apparence a beau changer (ce sont des anneaux, et non plus des écus dorés), le message reste le même. Un message qui évolue en discours darwinien : pour survivre et dominer le jeu, il faut d’abord être le/la plus riche. S’appauvrir, c’est flirter avec la mort. « Dans les jeux vidéo, il se trouve que l’instrument de l’expérience ludique est dans le même temps l’objet technique le plus indispensable au monde contemporain, celui par lequel l’ensemble des dispositifs de pouvoir, éco nomique ou politique, à quelque niveau que ce soit, s’exercent. »

vidéo, résume parfaitement la nature qui lie jeu vidéo et argent : sa nature algorithmique est celle qui reflète le mieux nos sociétés actuelles, parce qu’elle est aussi celle qui les fait prospérer, ou sombrer dans le chaos. Le genre le plus éloquent de ce point de vue est sans nul doute le jeu de gestion, et plus particulièrement le city builder, dont la pierre blanche se nomme Sim City. Créée en 1989 par Will Wright et le studio Maxis, cette simulation de développement urbain n’obéit qu’à une seule et sacro-sainte règle : le maintien et l’augmentation de notre budget comme seule ma melle de l’édification d’une cité, de ses lois sociales, culturelles et même environnementales. Au point de nous contraindre à certaines absurdités, comme celle de devoir raser un parc pour lui préférer une zone commerciale, parce que plus attractive et plus rentable. Absurdité ou cynisme lucide face à l’ultra-capitalisme à l’anglo-saxonne ? Il est vrai que Sim City et toutes ses suites se sont souvent fait taxer d’apologie urbaine du mo dèle états-unien et par là même, de son impérialisme culturel et de sa religion du billet vert. Idéologie que certains concurrents, comme le récent (et suédois) Cities Skylines, n’ont cessé de vouloir ringardiser, en autorisant d’autres types de gestions, moins pécuniaires et plus altruistes. Au point de supplanter aujourd’hui le colosse de Maxis (son dernier épisode en date est un énorme échec commercial et créatif) sur le marché actuel, signe sans doute d’une certaine évolution de mentalités. Une évolution qui n’a pourtant pas effacé son fantasme premier : la réussite, dans ce type de jeu, reste affaire de bonne santé financière et de possession en flux tendu. Une autre saga inventée par Will Wright, elle encore plus populaire, reste exemplaire de ce point de vue : Les Sims. Dans cette simulation de vie au quotidien, le plaisir de jeu repose autant sur le principe de la mai son de poupée et du jeu de Lego que du catalogue Ikea. Les rentrées d’argent (le fameux Simflouz) servent moins un impératif de survie (pourvoir aux besoins naturels de nos ava tars) que de collectionnite : acheter toujours plus de mobilier et d’éléments cosmétiques pour étoffer le foyer, et l’épanouissement émotionnel, de nos cobayes. Son créateur a beau proclamer que son jeu se veut parodie de l’American way of life et de son matérialisme, cette parodie n’en demeure pas moins le rouage essentiel de notre désir à évoluer dans le jeu. Si Les Sims reste une saga qui a su se faire le vecteur d’une modernité tolérante et inclusive

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�� Cash→81→MagazineKIBLINDINVITATION—31Visuels dans l’ordre d’apparition : Sim City ; Grand Theft Auto 5 ; Sonic ; Cities : Skylines ; Pikuniku ; Crazy taxi ; Super Mario Bros ; Les Sims 4 ; Payday 2

(sur la représentation des sexualités notamment), elle n’en demeure pas moins empesée d’un mantra existen tiel qui n’a jamais su évoluer au fil des épisodes et com mence un peu à mal vieillir : être, c’est d’abord avoir.

Il faut aussi concéder que, si l’argent coule autant à flots dans nos jeux, c’est parce qu’il ne connaît aucune des limites que la réalité nous impose. Dans ces mondes virtuels, l’inflation et la dévaluation ne viendront jamais empêcher son omniprésence. Au point d’en faire une valeur de plus en plus abstraite, voire totalement dérisoire. Dans n’importe quel épisode de GTA, l’argent sert moins à s’acheter un bien (même s’il faut charbonner un minimum pour se payer une belle villa avec piscine) qu’à valider les différentes étapes qui nous mèneront au sommet de la chaîne alimentaire du crime organisé de notre ville. Les dollars que nous engran geons à tour de bras sur notre compteur dans Crazy Taxi ne servent à rien d’autre qu’évaluer notre style de conduite et notre créativité dans l’enchaînement des cascades les plus folles avec notre taxi. Ce rapport de plus en plus distancié avec l’argent trouve d’ailleurs son paroxysme avec Payday, simulation multijoueur de braquage de banques et autres places fortes. Ici, le but n’est pas tant d’amasser les liasses de dollars que de survivre aux assauts ininterrompus des forces de l’ordre qui veulent nous abattre. Pire : l’argent est sou vent un boulet que l’on doit se trimballer sur le dos, qui ralentit nos mouvements et cause souvent notre perte, comme un rocher sisyphéen. Faut-il y voir ici une forme de parabole sur son pouvoir hypnotique et destructeur, semblable à une malédiction mythologique ? Sans doute pas. Si l’on cherche une critique, et elles sont rares, mieux vaut regarder du côté indé. Dans Pikuniku, petit jeu d’aventure aux contours enfantins mais à l’humour féroce, notre héros se lance en croisade contre un sinistre homme d’affaires qui sème le chaos derrière lui. Sa méthode : proposer de l’« argent gratuit » à qui le demande, pour mieux l’exploiter en sous-main. Au jeu de se transformer alors en pamphlet grinçant du jeu vidéo moderne (l’essor des free-to-play aux méthodes pernicieuses) et pourquoi pas de notre monde lui-même. Un monde qui ne tourne plus rond, parce qu’il est aux mains du plus grand des bouffons : le billet vert.

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33COUVERTUREEN— �� Cash→81→MagazineKIBLIND nosillumineVirotBaptistequeans10faitÇa décoraartsdessortiesadepuisbibliothèques,- maisonlaPress,AnimalAvecStrasbourg.detifs Han,Jinheecompagnesaparcrééed’édition drôles,publicationsdescessesansinventeil etcouleursdeston,unavecacides,absurdes, absolumenttraitun Deliriumcash.,paru sansesten2017,en belplusledoute jour.ceàexemple vitquiL’illustrateur, «l’expressiondansexcelleBruxelles,àspon- rebondleetséquencéenarrationla»,tanée plusqu’enapprisaonQuandsatirique. pourillustrationsdesfairedeBloomberg carréunsortirdevenaitil,Businessweek luipourl’occasionsurjetés’estonHermès, l’ordevautquicouvertureunedemander pognon.peuunparleret

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37COUVERTUREEN— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

MartinezJ.:Interview

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le splendide duo entre Eve et Gwen Stefani – entre autres – nous avons choisi de partir sur l'expression « Ah si j'étais riche » et de demander à de bien talentueux dessinateurs de réinterpréter ce doux rêve déjà maintes fois chanté. Loin des préoccupations dansantes des deux américaines, nous vous demanderons ici de rester calme et de garder vos vêtements. Quoi de mieux que la douceur du coton pour vous projeter dans ce monde fantasmagorique où la thune coule à flots ? Nous remercions évidemment les huit illustrateur.ices qui se sont prêté.es au jeu et qui répondent aux noms de Sun Bai, Mia Oberländer, Andrey Kasay, Nakamura Kyoko, Anne-Cécile Bonnet, Beya Panicha, Thomas Merceron et Jasmine Floyd.

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NALESORIGITIOCRÉANSAfindeseremémorer

39ORIGINALESCRÉATIONS— �� Cash→81→MagazineKIBLINDSun Bai instagram.com/sunbai__

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instagram.com/miaoberlaender

Mia Oberlaender

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Andrey Kasay andreykasay.com

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Nakamura Kyoko instagram.com/n_muragoya

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Anne-Cécile Bonnet

instagram.com/annececile_bnt

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Beya Panicha beyaofficial.com

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Thomas Merceron instagram.com/thomas.merceron

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Jasmine Floyd

Cover→80→MagazineKIBLIND « Cash 1993–inMethodaroundeverythingrulesme»ManWu-TangClanC.R.E.A.M., �� CITATIONS—47 « La moindre erreur se paie cash » Simon M. in L'Erreur n°1 des traders débutants (et comment alti-trading.fr,l'éviter),2019

« Le leurre des réseaux, c’est que malgré les likes et les abonnés, on est tous des peuchères en train de galérer dans nos bureaux », dépeint cyniquement l’illustratrice Amina Bouajila, agacée par les perceptions erronées qu’induisent les réseaux sociaux.

c’est trop bien !”, et je dis aux gens qu’en fait, pour cette illustration qui est sur Insta et que j’ai mis deux semaines à faire, j’ai été payée 100 €. Sur 100 balles, je vais gagner 70 €. Donc oui, c’est trop stylé, j’ai eu 300 likes sur mon image mais j’ai eu 70 € sur mon compte en banque. » À l’époque où Amina termine sa formation en illustration à la HEAR de Strasbourg, la question du job alimentaire

« Les périodes où je poste régulièrement sur mon compte Instagram, on a tendance à me dire : “mais ça marche de ouf pour toi,

�� Cash→81→Magazine48DOSSIER—KIBLIND

n’en fut même pas une. « J’avais financé mes études quasiment seule. Il fallait que je paie mon loyer, j’ai pas vraiment pensé à mon métier, il me fallait juste de l’argent »,

»

nous affirme Amina, qui décroche alors un job dans la restauration qu’elle gardera pendant plus de trois ans. Pendant cette période, Amina est contrainte de laisser sa passion de côté, jusqu’à se rendre à l’évidence : « À un moment, je me suis dit que le boulot alimentaire prenait un peu trop de place. Il fallait que j’essaie de voir ce que ça donne vraiment d’être illustratrice. J’ai démarré en faisant des illus pas payées pour un magazine féminin. Je me disais que ça faisait de la visibilité, mais j’en peux plus de ce mot. Ça me hérisse le poil. » Lorsqu’elle se lance pour de bon dans l’illustration, l’artiste désormais marseillaise se rend vite compte que les domaines dans lesquels

« Le leurre des c’estréseaux,quemalgréleslikesetlesabonnés,onesttousdespeuchèresentraindegalérerdansnosbureaux.

Des posts quotidiens, des collaborations avec d’illustres titres de presse, un nombre d’abonnés qui s’envole. À regarder certains d’illustrateur·ricescomptes par la minuscule lucarne dénaturée des réseaux sociaux, on pourrait presque se convaincre que le nombre de projets tout comme les liasses de billets coulent à flots. Mais heureusement, il nous reste encore assez de lucidité pour comprendre que derrière ces vitrines pimpantes et joliment achalandées se cachent des tas d’illustrateur·rices dont la réalité est tout autre. Afin de mener cette discussion nécessaire, nous avons rencontré des illustrateur·rices dans le but de connaître les coulisses de l’autre côté de la scène, la vraie vie. Celle où il faut être comptable, négociant et communicant en plus d’artiste et où malgré les efforts entrepris, le montant déclaré aux impôts à la fin de l’année peinera à atteindre cinq chiffres. Parce qu’heureusement, il existe des solutions pour être mieux préparé à cette réalité, nous avons aussi bavardé avec l’association Central Vapeur Pro qui accompagne et conseille les artistes, et avec l’agence Costume 3 Pièces dont l’une des missions est de soulager les illustrateur·rices des volets commerciaux et administratifs, pour les laisser se concentrer sur le principal : la pratique de leur art.

« C’est épuisantassezdese dire que je sors d’école d’art mais qu’il va falloir expliquer à tout le monde que c’est mon vrai métier... »

↑ Illustration d'Amina Bouajila pour Libération, 2022

quitter le navire un temps. « Je préférais faire des petits boulots qui n’ont rien à voir avec le milieu de la création pour me faire de l’argent et continuer de dessiner à côté. »

elle devra être compétente dépassent largement le champ artistique : « C’est assez épuisant de se dire que je sors d’école d’art mais qu’il va falloir expliquer à tout le monde que c’est mon vrai métier, qu’il faut que je sois payée, qu’il faut que je sois communicante, comptable, un milliard de métiers qu’on ne nous apprend pas du tout. » Aujourd’hui encore et après des années à son compte, Amina ne gagne jamais « au-dessus du SMIC sur un an ». S’avouant légèrement blasée, elle déplore des « illustrations de plus en plus mal payées ces dernières années ».

Les petits boulots, Jules Magistry en a fait le tour également. Après un diplôme en illustration à LISAA et un premier travail en tant que graphiste moyennement convaincant, l’illustrateur décide de

Le matin, Jules enfilait alors ses chaussures de sécurité pour aller mettre en rayon à Monoprix, et les troquait pour un veston de caissier au cinéma de son quartier, la nuit tombée. Nouvelle casquette (au sens propre comme au figuré) : l’illustrateur parisien est ensuite embauché en tant que contrôleur à la SNCF, boulot qu’il occupera jusqu’en décembre 2021.

↓ Carte de vœux 2022 par Amina Bouajila

↑ Illustration de Jules Magistry pour Versace

→ Illustration d'Alain Pilon, artiste signé chez Costume 3 Pièces

«J’ai pas dormipendant lejedessinaiscostume,j’enlevaisoùdeàTGV,prenaissemainesdeux:jemonj’allaisl’hôtelIbislavillej’arrivais,monjeetrepartaislendemain.»

« J’ai toujours voulu enseigner et j’aime ça. Mais bien sûr que si je pouvais faire mes trucs dans mon coin et quand je veux, avec la sécurité matérielle, je le ferais. »

49DOSSIER— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

Paradoxalement, c’est pendant ces six années que l’artiste cheminot a pu mettre à profit son temps libre pour développer le plus ses projets personnels de BD et de fanzines. « J’ai l’impression que plus c’est l’illustration qui me fait manger, moins j’ai le temps pour mes projets personnels. Je suis hyper frustré de ça. » Un beau jour, les dessins personnels publiés sur son compte Instagram valent à Jules une interaction inattendue. Niché parmi ses DM, le message suivant du directeur artistique de Versace : « Donatella a vu tes créations, elle a trop kiffé, on a un truc à te proposer. » La marque de haute couture italienne commande alors à Jules six illustrations pour une campagne digitale, rémunérées 5 000 €. « Moi j’étais trop content même si je sais que pour Versace, c’est peanuts. J’ai pas dormi pendant deux semaines : je prenais mon TGV, j’allais à l’hôtel Ibis de la ville où j’arrivais, j’enlevais mon costume, je dessinais et je repartais le lendemain. Je ne faisais que ça. » Aussi prestigieuse soit-elle, cette collaboration apportera à Jules « un nombre de followers pas possible », mais pas de quoi non plus se payer des vacances sur le yacht de Donatella. Galvanisé par ce coup de projecteur, Jules s’autorise tout de même, après des mois de réflexion, à quitter la SNCF. Toujours aussi prudent, l’illustrateur parisien garde tout de même un filet de sécurité en devenant enseignant en illustration dans l’école qui l’a formé.

changement récent ayant eu des répercussions significatives sur la quantification du temps du travail : « Le numérique a permis d’accélérer la production. Ou en tout cas les clients s’imaginent qu’on peut faire les dessins de plus en plus rapidement. Même moi, mon trait de crayon de couleur s’est transformé parce qu’il fallait aller de plus en plus vite. » Pour l’agent artistique Philippe Jaëcklé de Costume 3 Pièces, cette digitalisation de l’illustration a également « lissé un peu les styles » et « a amené beaucoup de nouvelles personnes sur le marché ». Sa collègue Priska Peters ajoute qu’une mondialisation est venue s’ajouter à ce phénomène, entraînant une certaine « uniformisation des styles, qu’on soit en Espagne, en Angleterre ou en France ».

↑ « Pegging, kamasutra inclusif » Sidaction, Amina Bouajila

↓ Illustration de Jules Magistry pour Versace

Le statut associé à un·e artiste-auteur·rice n’aide pas lui non plus. « Ce statut a connu zéro évolution, zéro changement. C’est déprimant. Il ne correspond pas du tout à la façon dont on travaille et au temps que cela nous prend », soupire Jules Magistry. À ce propos, ce dernier remarque aussi un

Et puis, comment évoquer les problèmes propres au milieu de l’illustration sans évoquer le nerf de la guerre ? L’argent ! S’il est de notoriété publique que la presse paie généralement mal, l’illustrateur·rice peut également se tourner vers l’édition mais sans en tirer beaucoup plus de satisfaction : « il y a le même problème en illustration que dans d’autres branches de l’édition : un contrat d’édition ne se négocie quasiment pas », nous affirme Laure de Central Vapeur Pro. « Quand on fait un livre, les gens pensent qu’on va toucher 80 %, sauf qu’on en touche 3 % en fait. T’as l’impression d’être le maillon essentiel, et à la fois, tu es un peu méprisé dans la manière dont tu es traité, donc c’est un peu étrange », nous avoue Amina Bouajila.

↑ Illustration de Kevin Manach, artiste signé chez Costume 3 Pièces

« On reconnaît le travail des joailliers, reconnaîtonle travail des souffleurs de verre, pour moi illustrateur·riceslessontaumêmeniveau:cesontdesartisans.».

�� Cash→81→Magazine50DOSSIER—KIBLIND

Qu’est-ce qui empêche donc les illustrateur·rices d’accéder à cette fichue sécurité matérielle ? Eh bien, un paquet de choses en fait. À commencer par celle qui ouvrira la voie à toutes les autres : la reconnaissance. Amina Bouajila résume d’ailleurs ce problème en une phrase évocatrice : « On a du mal à réaliser que ce qu’on fait, c’est un métier. Et même si c’est un métier cool et hyper intéressant, on ne vit pas d’eau fraîche non plus. » Toutes les personnes que nous avons interrogées s’accordent sur ce point : l’illustration est un domaine mal considéré, voire méconnu. Pour Jules Magistry, « le dessin reste un médium pauvre aux yeux des gens et n’est considéré que s’il s’inscrit dans la tradition des beaux-arts, de la peinture ou de l’art contemporain ». Priska Peters de l’agence Costume 3 Pièces s’en désole elle aussi :

« On reconnaît le travail des joailliers, on reconnaît le travail des souffleurs de verre, pour moi les illustrateur·rices sont au même niveau : ce sont des artisans. Ce ne sont pas des gens qui ne prennent que du plaisir à la création, c’est un grand fantasme. »

Jules Magistry lorgne aussi du côté des alternatives. S’il n’est pas question pour lui de couper le moteur, il commence à sérieusement envisager les itinéraires bis.

« J’ai fait une résidence à la Villa Noailles [à Hyères, ndlr] et là-bas on m’a dit “pourquoi tu te dis illustrateur et pas dessinateur ?”

« Je vais peut-êtreme reconvertir entoiletteuse canine,j’y pense... »

« Comme j’aurai eu un premier livre édité, je vais pouvoir postuler à des résidences d’écriture. »

« Dans les secteurs où les illustrateur·rices ne sont pas fédéré·es et solidaires comme la presse et l’édition, les prix ont complètement dégringolé. L’édition jeunesse par exemple, c’est une catastrophe, sur le tirage comme sur les avances sur droit », nous affirmet-elle. Ajoutons donc à cela la crise de la presse, l’augmentation du prix du papier, le démarchage quasi systématique d’artistes déjà confirmés et exposés en galeries par les marques et la pub, et paf ! Voici les ingrédients pour fabriquer la recette d’un contexte pas folichon pour les illustrateur·rices indépendant·es.

51DOSSIER— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

↑ Keanu Reeves, Jules Magistry

Paradoxalement, cette dernière, tout comme toutes les personnes interrogées, constate une différence de traitement pour les graphistes : « quand tu fais du graphisme ou du motion design, les prix sont plus élevés. Il y a des vrais forfaits, ce qu’on n’a pas en tant qu’illustrateur ». Priska Peters en atteste : les prix pour les illustrations n’ont eu de cesse de baisser.

↓ Illustration d'Amina Bouajila pour Libération, 2022

À partir de là, les solutions qui s’offrent aux artistes sont multiples. Il y a évidemment celle du grand soir durant lequel l’économie de l’illustration serait purifiée par les flammes et l’Urssaf Limousin défundé comme il se doit. Il y a, plus sûrement et dans l’état actuel des choses, la triste possibilité de la démission. Le phénomène prend de l’ampleur comme l’a remarqué Priska Peters. « C’est une population qui devient de plus en plus jeune parce que les illustrateurs s’arrêtent tôt. Les gens font un autre métier à un moment. » C’est aussi une bifurcation qui traîne dans la tête d’Amina Bouajila. « Je vais peut-être me reconvertir en toiletteuse canine, j’y pense », plaisante-t-elle, avant d’évoquer, moins rigolarde, une attirance pour les métiers de la nature, « herboriste ou un truc comme ça ». Avant de rebrousser chemin. « L’illustration, c’est un truc qui me plaît, j’ai pas envie d’arrêter. Vu ce que je sais faire et vu les études que j’ai faites, si je suis pas illustratrice, je suis quoi en fait ? Je retourne faire de la restauration ? Je fais une formation ? » On sent, chez celles et ceux qui sont dans la course depuis un petit moment, un petit côté à bout de souffle. « Je bosse sur un livre actuellement, mais ensuite, j’ai envie de me poser deux secondes et de me demander ce que j’aime, avec qui j’ai envie de bosser, ce truc que j’ai pas fait depuis longtemps », nous confie l’illustratrice. Mais elle cherche, tout de même, d’autres voies possibles pour continuer malgré tout d’exercer son métier plus sereinement.

« quand tu fais du graphisme ou du qu’illustrateur.n’aforfaits,Ilsontdesign,motionlesprixplusélevés.yadesvraiscequ’onpasentant»

Une dénomination plus importante qu’il n’y paraît. Parce que là où l’illustrateur est un exécutant, le dessinateur joue dans une autre catégorie. « Ça me permettrait de me placer du côté de l’art contemporain. Ça me donnerait le temps de me concentrer sur mes projets perso et de mieux gagner ma vie. Marie Jacotey, Jean-Philippe Delhomme s’en sont sortis comme ça, et ce sont des gens que j’admire beaucoup. »

»

« Nous, on est capable de résister lors des négociations, car nous ne sommes pas en bout de chaîne. Nous avons l’expérience et la possibilité de comparer et nous sommes capables de dire que le prix est trop bas. Dans ce cas nous avons la possibilité de dire non à un client, ce que ne peut pas forcément faire l’illustrateur seul », explique Philippe Jaëcklé, pointant le problème de l’illustrateur·rice qui, bien qu’étant né·e libre, est partout dans les fers. Bien seul face au client et pieds et poings liés à l’obtention de contrats, ne serait-ce que pour manger, il ne négocie pas ou bien peu.

Alors, avoir un chaperon, un·e agent·e qui gère et contrôle ces aspects financiers peut être une béquille bienvenue pour faire de l’illustration un métier viable. Parce qu’après tout, leur boulot, c’est bel et bien d’aider les artistes. « On défend le travail de l’illustrateur·rice en priorité. Notre boulot, c’est de faire en sorte que l’illustrateur puisse travailler sereinement. On lutte pour que les illustrateurs puissent vivre de leur métier », affirme celui qui mène ce combat depuis 17 ans. Aux côtés de leurs poulains, ils entendent mener la grande bataille de la reconnaissance. Car qui dit reconnaissance du travail accompli, dit rémunération en conséquence. « Il faut aider les illustrateur·rices à se défendre car eux n’arrivent pas bien à se défendre. Il y a une grande résistance à organiser face au marché. » Avec ses trente-sept artistes, Costume 3 Pièces ne peut cependant pas accueillir toute l’illustration du monde. Et les autres agences non plus, loin de là. Les illustrateur·ices attaché·es à un agent sont en réalité une infime minorité de la profession. « Moi j’aimerais trop avoir un agent, mais ils veulent pas de moi, wesh », en rigole Amina Bouajila, symbole de cette cohorte d’artistes de grand talent qui ne trouvent pas de structure pour les aider. À ceux-là, nous disons : il y a d’autres trucs.

Pour se sentir plus forts face au marché, il faut comme bien souvent se regrouper, échanger les savoirs et les expériences.

largement la communication sont bien souvent dépourvues. En sortant de l’école, on rêve de Libération, du New Yorker, beaucoup moins des rapports d’activité de la charmante ville de Saint-André-lesVergers ou d’une énième pub pour un produit inutile et néfaste. Mais il ne faut pas jeter le bébé, l’eau du bain et la baignoire en plastique. Il y a clairement des marques qui mettent des papillons dans le ventre, demandez à Jules Magistry, pour voir. Il faut, dans ce cas, se montrer à la hauteur des clients recherchés. Ce que le Parisien a un peu regretté lors de son contrat avec Versace, c’est son manque d’expérience et d’avoir été seul face au géant. « Pour Versace, j’avais pas d’agent, personne pour négocier. Et pour la négociation ça marche beaucoup mieux avec l’agent parce que, toi, on ne te prend pas au sérieux. » C’est alors qu’émergent deux soucis. D’une part, il aurait pu se faire bien plus d’argent. D’autre part, une rémunération basse pour un illustrateur, c’est une rémunération basse pour tous ceux qui suivront. « C’est des métiers dans lesquels les prix peuvent glisser très rapidement. On voit que, d’année en année, les budgets s’amenuisent. Sur les mêmes commandes, on les paie moins bien. Tous les acteurs doivent prendre conscience de ce que c’est d’accepter un prix qui est bas », confirme Philippe Jaëcklé de Costume 3 Pièces.

C’est souvent là que le bât blesse. La presse et l’édition disposent de ce vernis de respectabilité dont la publicité et plus

Il y a même un autre avantage selon lui : « Les grandes marques vont chercher les artistes dans les galeries. Et pas toi, un illustrateur de magazines. Évidemment, à ce genre de jeu, il y a beaucoup d’appelés pour très peu d’élus. » Mais l’idée de sortir de sa case, de regarder à droite, à gauche s’il n’y a pas des petits frichtis à gratter, devient essentielle pour les illustrateurs. Comme le dit sans sourciller l’agente Priska Peters, « la seule façon pour un illustrateur de s’en sortir, c’est de trouver une variété de supports pour décliner son univers. Il ne faut pas miser uniquement sur un secteur. Il faut varier les marchés pour ne pas être dépendant d’un seul. Et surtout pas la presse. »

C’est tout l’art de Central Vapeur Pro qui propose par exemple, sur son site, une rubrique « C’est bien payé ? » pour mieux évaluer les tarifs proposés par les clients.

↑ Edith Carron, artiste signée chez Costume 3 Pièces

« Beaucoup d’illustrateurs travaillent pour la presse, poursuit sa collègue Priska Peters, où les prix sont misérables. Dans notre univers, il y a des enjeux plus importants dans la com et dans la pub. Il ne faut pas que l’illustrateur soit tenté d’appliquer dans la pub les tarifs de la presse. » L’agent·e peut être ici une personne fort intéressante dans la recherche d’argent.

« Les trèsd’appelésilàÉvidemment,detoi,galeries.artistescherchermarquesgrandesvontlesdanslesEtpasunillustrateurmagazines.cegenredejeu,yabeaucouppourpeud’élus.»

Une idée qui fait d’autant plus son chemin que le Parisien commence à avoir des touches sérieuses et de très bonnes raisons de passer la barrière. « C’est arrivé sans que je cherche trop, j’ai fait des expos à Lausanne, à Barcelone et ici à Paris. Ça me permet de revenir à un truc où je peux m’exprimer personnellement. Et puis d’être dans des endroits où mon dessin va être valorisé. Il ne va plus valoir 500 balles mais 5 000. »

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« Il y a pas mal d’auteurs et illustrateurs confirmés qui sont assez passionnés par ces questions-là comme Denis Bajram et les gens de Fumetti à Nantes [association et lieu dédiés à la bande dessinée et aux arts graphiques], se réjouit Fabien Texier. Il y a aussi un côté intéressé dans le fait pour des pros d’aider les adhérents. C’est eux-mêmes qui le disent. Par ce biais, ils poussent les plus jeunes à bien se défendre et à bien négocier leur tarif, ce qui

Plus officieusement, des pages et des groupes plus ou moins éphémères se montent ou se sont montés sur les réseaux sociaux pour une entraide plus directe. On peut citer « Artiste, auteur·es, on s’organise ? », groupe né en 2017 après les réformes sur le statut des artistesauteur·rices, et encore vivace jusqu’en 2021. Plus prosaïque et moins enflammé, « Artistes-auteurs : MDA-Agessa, Urssaf, mais enfin, j’y comprends que dalle ! » regroupe près de 20 000 personnes autour des problématiques administratives. Les manières sont nombreuses, mais la ligne est claire : pour lutter, il faut se regrouper.

↓ Croquis pour Versace - Carnet de Jules Magistry « Hometown », Jules Magistry C’est

53DOSSIER— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

Le forum est dans ce sens un espace particulièrement important où chacun peut poser des questions qui trouvent toujours réponse à leurs pieds, grâce à des anciens partageurs.

→ Rédaction par : É. Quittet et M. Gueugneau

→ Sébastien Plassard , artiste signé chez Costume 3 Pièces «

métiersdesdanslesquelslesprixpeuventglissertrèsrapidement.Onvoitque,d’annéeenannée,lesbudgetss’amenuisent.»

évite aux pros de se retrouver face à de la concurrence déloyale avec des cassages de prix. » Une définition très acceptable du win-win. Central Vapeur Pro multiplie les formations, rencontres et interventions, notamment dans les écoles d’art, même si (et peut-être même parce que) « c’est difficile d’intéresser les élèves à ces questions quand ils sont encore à l’école. Ils ne sont pas réceptifs avant la cinquième année, ils ne veulent pas entendre parler de ce genre de truc ». L’association strasbourgeoise n’est pas la seule structure à s’être montée pour venir en aide aux auteur·rices et illustrateur·rices, notamment dans l’édition, comme nous l’indique Laura Bettinger : « Il y a une intersyndicale assez forte avec le CAAP, la Charte, la Ligue des auteurs professionnels et j’en passe, qui lutte pour ces sujets-là et pour avoir des négociations plus collectives. »

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Nicolas Rogès a publié la première bibliographie ever de Kendrick Lamar chez Le Mot et Le Reste et s’en est allé à Compton pour voir comment le gangsta rap se portait pour Libération et l’Abcdr du son. Ça en dit long sur le niveau d’expertise du bonhomme, non ? Le journaliste revient pour nous sur l’origine du mot bling-bling et sa résonance dans le milieu du rap.

Il faut que ça brille : l’ère du bling-bling

Sur Neighborhood Superstar, il rappe « Now tell me what kinda / N**** got diamonds that’ll *bling* blind ya. » Deux ans plus tard, B.G formalise définitivement l’expression « Bling Bling » sur une chanson du même nom. Pour que le texte colle parfaite ment aux notes qu’il compose, le producteur Mannie Fresh réalise

�� Cash→81→MagazineKIBLINDINVITATION—55

Quand les deux frères Williams, Bryan « Baby » et Ronald « Slim », décident de créer un label de Rap en 1991, ils choisissent bien leur nom. En trois mots, le décor est planté : Cash Money Records. Dans leur sillage, le terme « bling - bling » connaît son apogée et devient un phénomène culturel, jusqu’à être inclus dans le dictionnaire. Et c’est comme s’ils avaient tout prévu dès le début : l’opulence et les symboles, la réussite et l’impact culturel. L’histoire a le charme de s’être construite sur des oppo sés. Le label Cash Money naît dans le quartier de Magnolia de la Nouvelle-Orléans, symbolique des politiques de logement désastreuses des États-Unis dans les années trente. Magnolia accueille dès 1941 des résidents en grande majorité noirs et peu fortunés, dans une zone où la mixité sociale est une illusion. L’épidémie de crack des années quatre-vingt précipite le quartier dans la violence, et bientôt, des bandes rivales se forment et se livrent une guerre quotidienne. Baby y prend part et écope d’une peine de dix-huit mois en prison, avant de prendre sa vie en main. Magnolia se couvre d’une réputation sulfureuse, au sein d’une ville à l’histoire culturelle et sociale bien chargée. À la Nouvelle-Orléans, beauté et désespoir se mêlent, et si le Sud des États-Unis a longtemps été placé sous le joug de lois racistes, la musique y a aussi toujours été foisonnante.

Baby et Slim décident de laisser les dangers de la rue dans le rétroviseur et signent de nombreux artistes, dont la rappeuse Magnolia Shorty, Juvenile, B.G et Lil Wayne. Les séances en studio s’enchaînent, le travail est frénétique et l’argent coule vite à flots. Avec le producteur Mannie Fresh aux commandes, ils livrent une musique chargée en basses, addictive et pleine de rimes où la réussite financière est placée sur un piédestal. Les années de galère ne sont plus qu’un souvenir : il faut célébrer, avec tout ce que cela implique d’excès. La NouvelleOrléans, mélange de soleil et de boue, de fêtes infinies et de dangers, fleure derrière chaque chanson. Les artistes ont un argot bien à eux, et pour parler de leurs bijoux, ils utilisent le mot « bling ». Le terme intègre leur vocabulaire et c’est Lil Wayne qui, le premier, le prononce dans une chanson, en 1997.

�� 56INVITATIONCash→81→MagazineKIBLIND—

qu’il faut dire le mot « bling » deux fois sur le refrain. B.G clôt la chanson en flambant. Forcément. « Tout le monde dans ma clique porte des diamants / Mec, j’ai le prix d’un manoir autour de mon poignet et de mon cou. » Le clip n’est que voitures de luxe, bijoux qui brillent, immenses villas et scènes de liesse : l’image est au moins aussi importante que le texte. Le titre de vient si populaire qu’il lance une ère nommée « Bling Era », où les bijoutiers eux-mêmes deviendront des stars et que sportifs, politiciens et autres personnalités finiront par em brasser, parfois à leurs dépens. Chaque objet permettant d’affi cher son opulence devient un message à lui seul et une ode à la démesure. Loin des sombres récits de rues du rap new-yorkais, les rappeurs de Cash Money laissent place à une musique débri dée, pleine d’arrogance, qui détonne et suscite la controverse.

Leur mode de vie, qui n’oublie rien de la dure réalité de la Nouvelle-Orléans et où le dollar est roi, est largement étalé dans leurs clips et sur leurs pochettes d’albums. Les graphistes Pen & Pixel définissent au tournant des années quatre-vingt-dix l’identité graphique des albums de rap sudiste, avec des montages délibérément mal ré alisés, où argent, animaux mal découpés et amas de bijoux sont légion. Certains parleront de « mauvais goût », d’autres s’amu seront de cette débauche de couleurs, qui continue d’influencer des artistes, dont 21 Savage et Metro Boomin sur leur album Savage Mode II en 2020. Pen & Pixel collabore étroitement avec les labels No Limit et Cash Money et participe à leur légende. La pochette de l’album dont est extrait « Bling Bling », Chopper City in the Ghetto, est un agencement de bouteilles de champagne, d’une Bentley, de lettres stylisées avec des diamants et d’un B.G au téléphone, por tant des bijoux en or et une chaîne à mé daillon « Cash Money. » La cover de Baller Blockin, des Cash Money Millionaires , superpose quant à elle les barres d’immeubles d’un ghetto et des diamants. Deux opposés sont mis sur le même plan et tout s’éclaire : il faut voir plus loin que ce qui brille. Le terme « bling-bling », lorsqu’il est utilisé de manière péjorative, sert d’argument à ceux qui ne voient dans le rap que l’étalage d’une vie aux antipodes de la bienséance.

�� Cash→81→MagazineKIBLINDINVITATION—57Visuels dans l’ordre d’apparition : Cash Money Millionaires - Platinum Instrumentals (2001) ; Juvenile - 400 Degreez (1998) ; The Hot Boys (B.G., Lil Wayne, Turk and Juvenile) célébrant le succès de l’album 400 Degreez avec les frères Bryan « Birdman » Williams et Ronald « Slim » Williams ; B.G. - Bling Bling (1999) ; Cash Money Records gang ; B.G. - Chopper City in the Ghetto (1999) ; 21 Savage & Metro Boomin - Savage Mode II ; Cash Money Millionaires - Baller Blockin’ (2000) ; Logo Cash Money Records ; Affiche Ghetto Fabulous par Pen & Pixel ; Les Cash Money Millionaires

En 2008, pour annoncer un concert du rappeur Orelsan, le jour nal Libération titre « Orelsan : le rap anti-bling-bling. » Comme si le modèle d’Orelsan était l’unique chemin à emprunter, celui de la sobriété, de l’humilité, d’un homme qui délaisse le clinquant pour se centrer sur la musique. Les artistes choisissant une voie différente ne mériteraient ni louanges, ni intérêt. Verser dans de tels clichés revient à enfermer un mouvement culturel protéiforme dans une toute petite case. Car si le rap a si bien résisté à l’épreuve du temps, c’est non seulement parce qu’il s’est constamment réinventé mais aussi parce qu’il exerce un pou voir de fascination auprès de ses auditeurs. Il est une fenêtre sur l’inconnu et l’inac cessible, et si les diamants éblouissent, ils permettent aussi, pour un temps, d’aspirer à quelque chose de différent. Le label Cash Money a parfois été présenté comme le symbole d’une musique qui a sacrifié sa dimension politique au profit de la superficialité. Ces raccourcis ignorent le contexte social duquel se revendiquent certains artistes. Ils l’ont clamé et sym bolisé : les bijoux sont pour B.G, Lil Wayne et tant d’autres une forme de revanche sur une vie passée sous la menace de la précarité. En 2006, pour le site Rap Reviews, B.G s’étonne : « Le mot “blingbling” est dans le dictionnaire, mec, c’est un truc de fou. Un gars comme moi, qui vient de rien, du ghetto, va dans des aéroports et putain, l’autre jour, une hôtesse de l’air me dit “J’aime bien ton bling-bling”. Je me suis mis à rigoler, parce que c’est drôle putain, elle savait pas qui j’étais et j’allais pas lui dire, je veux pas être ce genre de mec, mais putain c’est fou quand t’y penses. » Les bracelets brillent parce que la nuit a trop souvent enveloppé ceux qui les portent. Et quand ils se font arrogants, c’est pour montrer qu’ils ont réussi à se frayer un chemin vers les mêmes sphères que ceux pour qui l’enfance a été un privilège plutôt qu’une lutte. Être bling-bling, c’est porter un message, et que ce message soit positif ou négatif n’est pas le sujet. Ne compte que le fait d’exister, de vivre libre et de ne jamais s’excuser de l’être.

J’avais envie de finir cette sélection sur une note plus poétique et l’illustration jeunesse restera toujourspour moi un péché mignon, tant on y trouve des perles. Dans cet album, Archibald (héros d’une série delivres) se promène et s’arrête devant les vitrines des magasins où se trouvent des choses belles et chères.

Fric-Frac, par André Marois, illustré par Pauline Stive, édition de l’Isatis (2020) La thune, le cash, le blé, le pognon, la moula… Mais qu’est-ce que l’argent ? Le roman graphique Fric-Frac nous raconte l’épopée rocambolesque d’un billet de 50 dollars canadiens, qui passe de main en main, se faisant dépenser, offrir, échanger, donner, compter, garder précieusement… ou encore voler ! Chaque personnage a une histoire et une relation bien particulière avec le billet. Au fil des pages, on apprend également des choses très concrètes sur l’argent: quel est le matériau utilisé pour fabriquer ce billet, quelle est sa durée de vie ? Mais l’argent, ce sont aussi des notions bien plus larges explorées ici: le salaire minimum, l’évasion fiscale, à quoi peuvent bien servir les banques ? Un livre qui nous permet de nous questionner sur notre rapport à l’oseille, le flouze, le fric…

Dollar Origami, par Won Park, édition Paperback, 2016 Les billets de banque, c’est surtout des bouts de papier. Qui n’a pas chez lui quelques dollars américains ou yens japonais au fond d’un tiroir, vestige d’un voyage qu’on a fait et qu’on ne se résout pas à aller échanger contre quelques euros bien de chez nous. Vous ne m’ôterez pas de la tête que j’arriverai à retourner à Mexico dépenser ces derniers dollars mexicains que je garde de l’ère pré-Covid. Point de vacances prévues au pays de l’Oncle Sam ? Vous pourrez toujours transformer votre billet de 1 dollar en origami du plus bel effet grâce à ce livre qui vous apprendra à créer un appareil photo, un requin, une grenouille, un scorpion en quelques pliages seulement. Quand on vous dit que rien ne se perd.

1.

Revue Oblik, l’info graphique, Alternatives économiques(numéro 7, Génération No Future 2022)Avec Oblik, Alternatives économiques propose à des illustrateurs de mettre en images les aridesstatistiques dénichées par les journalistes. Un laboratoire d’expérimentation graphique qui passe par l’illustration, la photo, le collage et toutes les formes de narration telles que la datavisualisation ou la BD. Plus d’une trentaine d’artistes ont contribué au dernier numéro « Génération No Future », explorant le concept de « jeunesse » : « À quel âge est-on jeune ? », « L’âge moyen du premier enfant », « Moins bien payés que leurs aînés »… Un objet éditorial extrêmement riche tant les propositions graphiques y sont pléthoriques.

3.

d’Alice Lagarde

�� IDÉALEBIBLIOTHÈQUELACash→81→MagazineKiblind—58

La bibliothèque idéale

Les Choses précieuses, par Astrid Desbordes,illustré par Pauline Martin, édition Albin Michel jeunesse (2020)

4.

2.

5.

Il se dit qu’il aimerait les acheter. Mais à bien y réfléchir, Archibald comprend que ces objets, une foisqu’on les possède, finissent enfermés dans des tiroirs ou des armoires. En revanche, le rossignol qui luiapprend à chanter, le grand pommier qui lui offre un goûter, ou bien la lune qui reste allumée toute la nuit pourle rassurer... ces choses-là, elles, sont en liberté, elles ne lui appartiennent pas, elles ne sont ni rares ni chères etpourtant, quand Archibald y pense, il ne voit rien de plus précieux au monde. L’argent n’achète pas tout.

Des inégalités sociales, par Equipo Plantel, illustré par Joan Negrescolor, édition Rue de l’échiquier (2020) Avec ses illustrations percutantes et colorées, ce livre à destination des enfants présente avec simplicité et humour des concepts politiques et sociaux forts : « Les enfants de riches naissent riches. Les enfants de pauvres naissent pauvres. La classe moyenne, elle, est restée au milieu du chemin. Ils ne sont ni vraiment riches, ni tout à fait pauvres. » Cet ouvrage fait partie d’une série de quatre livres initialement publiés entre 1977 et 1978 en Espagne, deux ans après la fin de la dictature franquiste. Accompagnés de nouvelles illustrations, ils sont réédités aujourd’hui avec les mêmes textes, sans suppression ni ajout. À nous lecteurs de faire le triste constat que ceux-ci sont toujours terriblement actuels une quarantaine d’années plus tard.

Cash→81→MagazineKIBLIND5.1.2.3.4. IDÉALEBIBLIOTHÈQUELA—59 �� Cash→81→MagazineKiblind Bien qu’on ne doute pas que ses cinq sens soient tous constamment en éveil, on est à peu près certains que c’est celui de la vue qu’Alice Lagarde exploite le plus. Directrice artistique adjointe des Echos Week-end, Alice a l’œil aiguisé et c’est précisément pour ça que nous sommes allés lui demander de nous parler de ses cinq livres illustrés préférés sur le thème de l’argent. PARCOURSFRIC-FRACD’UNBILLETDEBANQUE André Marois Pauline Stive

« Je J’aiSwaggdequetellementpèsej’enchiel’oseille.»Maninpasletemps,2015Cover→80→MagazineKIBLIND �� 60CITATION— « Alors si je comprends bien, ça ne s’arrête jamais ? » « Je vous rassure, c’est pareil quand on est pauvres », in Ah ! si j’étais riche de Michel Munz et Gérard Bitton, 2002

8 NAKAMURAAYA

Quand on me confie la musique en soirée, il ne faut pas espérer passer à côté de quelques sons d’Aya… En même temps, qui dit danser toute la nuit sur du Aya dit forcément soirée réussie.

5 GRANDEARIANE

Elles jonglent avec les chiffres comme Cristiano Ronaldo avec son ballon. Ce sont nos héroïnes de l’ombre, prêtes à se faire des nœuds dans le cerveau et à braver les calculs les plus fous pour nous faciliter la vie : nos comptables. Pour ce numéro « Cash », on a demandé à Laurence et Léa, du cabinet comptable Laurence Martinière, de poser la calculette pour nous dévoiler leur playlist. Avec des morceaux qui parlent de flouze tant qu’à faire. 5460

IAMDDB est une artiste que j’admire beaucoup et qui fait sûrement partie de celles que j’ai le plus écoutées. Peu importe le registre qu’elle emprunte sur ses albums, je suis toujours envoûtée par son flow, sa voix, ses productions. Incroyable.

7 SHAY « Liquide » « J’mets des chouchous autour de mes billets pour en faire des liasses », je suis tellement fan du personnage badass et « empouvoirant » que Shay incarne, et qui prouve à tout le monde que les meufs aussi peuvent aimer l’argent (et surtout en gagner bien plus qu’un mec).

« La Dot »

3 BASHUNGALAIN « Ma entreprisepetite»

20,1456% 51s,6 2 52 562 50% 315,5 3 251 4,15% 65,15 4 4 483 514,45% 45,25 LAURENCE

Cash→81→MagazineKIBLINDPLAYLIST—61 ��

1 FLOYDPINK

2 STRAITSDIRE

Ce titre fait partie de l’album Brothers in Arms. Cet album me projette plus de 30 ans en arrière lorsque nous écoutions en boucle la cassette (eh oui) sur l’autoradio de la 4L avec mon conjoint que je venais tout juste de rencontrer. Ouh là là, j’ai l’impression d’avoir 1 000 ans.

« Money for Nothing »

J’avoue, c’est en préparant cette playlist que j’ai découvert l’orthographe de ce titre : « Freak » et non « Fric ». Je devais sans doute être plus sensible à la musique et au groove de Nile Rodgers qu’aux paroles de cette chanson. Je l’écouterai différemment, dorénavant.

« 7 rings »

€€€€€$$$ ££££ €€ € € € €€€ 1 15

« Money » Fan de leur musique et de leur univers, je me souviens plus particulièrement de leur concert à Grenoble en 1988. Nous étions tous assis sur la pelouse du stade, impressionnés par la qualité du son, à admirer les effets visuels et à l’affût des effets scéniques. Pour « Money », la stéréo était incroyable.

J’adore cet artiste. Avec ce titre, à deux lectures de paroles, il joue avec les mots et leur sens. Certains pensent que le « monde de l’entreprise » qu’il décrit dans sa chanson serait une métaphore. Quel talent, Monsieur Bashung.

Propos recueillis par : É. Quittet → Graphisme : A. Bruguière

Sûrement le titre d’Ariana Grande que je préfère sur l’album que je préfère. Cette chanson a toujours réussi à me faire sentir badass en soirée. Une meuf qui réussit et qui n’a pas honte de s’en vanter, c’est ce qu’on aime.

LÉA

6 IAMDDB « Shade »

4 CHIC « Le c’estfreak,chic»

62FONTANAFILIPPOCash→81→MagazineKIBLIND— ��

la pomme et cueillir le jour. Du quotidien et des images fortes qui l’irisent, il fait des dessins qui donnent à réfléchir.

À travers les différentes saynètes politiquement incorrectes qui y sont compilées, Filippo Fontana invite le lecteur à réfléchir de manière critique sur les relations éthiques entre la richesse et nos actions. Dans les prochaines pages donc, les tortues Ninja, Hulk et Superman nous dévoilent les exemples à ne pas suivre. On vous rassure, les séquelles de coup au menton sont plus que bénéfiques.

MagnumdeFilippoFontanaFilippoFontanaaimecroquer

Parmi les piètres mérites de nos sociétés occidentales, l’idolâtrie de l’argent n’est pas le moindre. Aussi Filippo s’est-il largement penché sur le sujet et sur ceux qui se ruent après lui, ce qui inclut à peu près tout le monde. Pour mieux faire passer la pilule, l’illustrateur belge a sagement dissimulé nos courbes humaines sous les traits de super-héros de fiction, dans sa bande dessinée Magnum.

filippofontana.net

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67FONTANAFILIPPO— ��

De l’invention de la photographie aux d’aujourd’huiimages COURS DU Au Jeu de Paume ou en ligne 2022 2023 Gino De Dominicis, Tentativo di far formare dei quadrati invece che dei cerchi attorno ad un sasso che cade nell’acqua [Tentative de formation de carrés au lieu de cercles à partir d’un caillou jeté dans l’eau], 1969. Naples, collection Lia Rumma Courtesy Lia Rumma Collection / Gino De Dominicis © Adagp, Paris, 2022 Scannez ce QR code pour plus d'informations

Cash→81→MagazineKIBLIND maisondeladanse.com Pôle européen de création | LYON 04 72 78 18 00 • numeridanse.tv Soutenu par (LA)HORDE AVEC LE BALLET NATIONAL DE MARSEILLE 14 > 16 DÉC. 22 Un programme à l’écriture plurielle, inclusive et engagée, où les corps expriment une danse décomplexée. LES INROCKUPTIBLES Childs, Carvalho, Lasseindra, Doherty +SAVOIREN

→ Les Trompettes de la Mort de Simon Bournel-Bosson, L’Agrume, 240 pages, 29 €

→ editionslagrume.fr

De cette étrange tuile, le garçon-chevreuil va faire l’outil de son émancipation : il ne sera plus ce petit bonhomme des premières pages, subissant les décisions et attitudes des adultes. Grâce à quelques pages sublimes, un héros fortement attachant, des gros clins d’œil à la génération 90 et un rythme enlevé auquel le trait bondissant colle parfaitement, Simon Bournel-Bosson parvient à faire d’un drame intimiste une régalade spectaculaire. Et quand il pose, dans les creux du récit, les questions de notre propre rapport au monde et aux autres, il installe au milieu du divertissement quelques beaux moments de sagesse. Sous le dessinateur immédiatement séduisant, l’auteur affleure et touche çà et là les points qui comptent. C’est sans doute là que Simon Bournel-Bosson se révèle véritablement.

En parallèle, la tension monte avec un grandpère qui devient de plus en plus ce qu’il est : un con. Le livre bascule au cours d’une cueillette aux champignons et la découverte par Antoine d’une trompette du genre spécial puisqu’à son contact, il se transforme en chevreuil. Sachant que pépé est friand de la chasse, le face-à-face s’engage pas terrible.

73PRINTSÉLECTION— �� Cash→81→MagazineKIBLIND

GRANDIR ■ Il y a à peine plus de deux ans, vous pouviez encore croiser dans ce magazine le trait chaloupé et les couleurs dégommantes de Simon Bournel-Bosson. Ce filou a travaillé de longues années pour et avec Kiblind, en réalisant en binôme de nombreux reportages et en sortant deux livres Azur et En Diagonale. Et, pour bien enfoncer le clou, l’autre gars du binôme c’était moi. Difficile, donc, de nous croire honnêtes et droits quand nous vous prions de vous procurer la première bande dessinée solo de Simon le poto. Pourtant, il faut nous faire confiance : Les Trompettes de la mort vaut largement le coup d’œil. On débarque dans le livre au beau milieu d’une situation bien tendue. Ses parents se séparant sur le mode explosif, le jeune Antoine doit vivre chez ses grands-parents. Le souci, c’est que le grand-père est un gars bien rustre, insupportable et même violent, qui n’a que très peu d’estime pour son petit-fils. Pour couronner le tout, il n’y a pas grand monde dans les environs, la campagne est ici pure. Les premières pages sentent donc la poisse et la peur, avec une pointe de nostalgie pour les années 1990, la télé sans câble et la cuisine avec mémé.

GueugneauparPrintMaxime

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KiblindSélection

Les TrompettesdelaMort

Cette transformation métaphorise bien sûr l’évolution d’un garçonnet en jeune homme. Seul, au milieu de la forêt, il doit survivre dans ce nouveau monde et affronter l’ancien, celui armé d’un fusil.

Les petits savons emballés sous plastique et posés judicieusement dans les salles de bains de l’Ibis Budget de Gerland ?

C’est dans la poche. L’arrivée de l’internet 2.0 fut pour ce bouffeur de vie une véritable aubaine. On lui a donné le droit de commenter chaque petit élément de la vie et ce grand amoureux de la liberté s’en est emparé. Ce qu’il ne savait pas, c’est que Google traduirait sa prose. La tuile pour lui, la source d’inspiration formidable pour Inès Rousset et Simon Burger.

C’est alors que le coronavirus montre sa trogne et met un stop global à tout le monde. Alors, à défaut de voyage réel, Simon Burger a entrepris un Google Maps trip et visité de loin les îles de l’archipel. Son scroll facile lui a permis de débusquer les commentaires associés aux différentes locations. Puis il a cliqué sur « traduire ce commentaire » et l’épiphanie arriva. Le mélange résultant du commentaire hâtif et de la traduction hasardeuse composait une poésie de l’impossible, délicieuse à ses yeux. Il entreprit de les trier et de les regrouper, fournissant à Inès Rousset l’occasion de démontrer son immense talent d’illustratrice.

→ J’ai vu les vêtements sauvages, Le Monte-en-l’air, 64 pages, 20 €

La jeune femme était en stage au Japon et son ami devait la rejoindre.

�� PRINTSÉLECTION—74KIBLINDMagazine→81→Cash

→ montenlair.fr

Gauloises J’ai vu sauvagesvêtementsdes

→ futuropolis.fr

→ Gauloises d’Andrea Serio et Igort, Futuropolis, 88 pages, 17 €

TOURISME ■ L’être humain est un opportuniste. À peine lui propose-t-on des petits bouts de comté gratuits dans son Auchan préféré qu’il en profite pour en gratter treize à la douzaine.

FUMÉE ■ Si le monde est en phase de capitulation et que ça nous rend bien malheureux, il faut pour ne pas sombrer se raccrocher aux quelques branches qui apparaissent malgré tout. Parmi celles-ci, l’histoire d’amour naissante entre Futuropolis et le dessinateur Andrea Serio est l’une des plus robustes. Après sa BD solo Rhapsodie en bleu et les illustrations du texte d’Erri de Luca Le Poids du papillon, l’Italien pose une troisième marque chez l’éditeur français en moins de deux ans. Andrea Serio s’acoquine cette fois-ci avec le scénariste Igort, qui s’est occupé de trouver la juste nuance de noir pour faire briller son compère. Avec un œil sur Jean-Pierre Melville, Igort met en place l’atmosphère idoine à coups de truands italiens et de dolce vita 70’s. Deux lignes sont tracées qui finiront par se croiser entre d’un côté le très professionnel tueur à gage milanais et de l’autre le boxeur raté devenu porte-flingue de la mafia. L’intrigue est ici à peine esquissée, comme mise en périphérie du travail narratif. Les mots sont comptés, pesés, filtrés pour composer un polar a minima où s’affrontent deux hommes et par eux, deux Italie. L’envergure restreinte du scénario sert ici à mettre l’accent sur ce qui l’entoure. Tout se joue – et de manière admirable –dans la construction du décor et le façonnage des personnages.

Car non content de donner dans l’humour intelligent et artificiel, J’ai vu des vêtements sauvages est aussi l’occasion d’admirer le travail de la jeune dessinatrice. Chaque double page laisse voler une paire ou deux de phrases chocs et donne une large place à leur interprétation picturale. Le style imprécis mais immersif d’Inès Rousset colle alors parfaitement à ces haïkus non désirés. De grandes et belles couleurs, des paysages majestueux avec ce je-ne-sais-quoi qui ne colle pas mais s’insère sans heurts. Chaque page semble nous conter un rêve différent, seul espace où l’absurde a du sens. « Excellent sentiment d’île éloignée », « C’est une scène d’homme qui attrape un arc-en-ciel », « Il y a aussi de la soupe aux pieds gratuite » : avec ce livre, le Japon reprend ses habits de terres mystérieuses où les êtres magiques tordent le cou à la réalité. Par un hasard improbable, c’est de loin le meilleur guide que vous pourrez lire sur le pays.

Contrainte à l’ascèse, la trame laisse le rôle principal à l’atmosphère. Le talent d’Andrea Serio ne demandait pas mieux pour s’exprimer. À l’instar d’un Lorenzo Mattotti qui sait mettre les couleurs en mouvement, Andrea Serio manie le pastel comme on dompte un cheval. Non dénué de fougue mais obéissant au doigt et à l’œil à son maître, le dessin de l’Italien trouve ici de quoi naviguer entre classicisme et impressionnisme. Et c’est là qu’on remercie les éditions Futuropolis de rebeloter avec ce maître du silence éloquent. Les pages somptueuses qu’Andrea Serio réalise ici entretiennent l’amour fou que nous lui vouons. Igort, qui a ici l’intelligence d’en faire le minimum, laisse le dessinateur enrober de profondeur l’intrigue famélique du récit. Il lui impose un rythme, une odeur, une matière, joue admirablement sur la palette des jaunes, des bleus et des gris. Chaque couleur, chaque point de vue percutent le cerveau et l’enfoncent dans cette Italie aussi belle que répugnante, celle qui chantait la joie de vivre et faisait tomber les cadavres comme des mouches. On en veut encore.

→ caetla.fr

RONDEURS ■ Il arrive parfois que se posent sur la table de notre bureau des ouvrages annonciateurs de dimensions parallèles. On pourrait penser qu’à la longue, on s’habitue. Mais non. Chaque découverte de la sorte nous bouleverse, nous émeut, nous fait sortir de la boîte. Aussi, quand le premier roman graphique de Martin Panchaud atterrit sur notre table, on a dû repartir à l’aventure et s’enthousiasmer, encore, pour des terres inconnues. Sur le papier, La Couleur des choses n’a pourtant rien de déroutant. C’est un polar rigolard mettant en scène un adolescent au ticket de PMU ultra-gagnant qui part à la recherche de son père – meurtrier présumé de sa mère tout de même – afin de gratter sa signature pour empocher une mise que, mineur, il ne peut réclamer. Pour 16 millions de livres, Simon estime que le jeu en vaut la chandelle et que sa vie de loser mérite bien un petit réconfort pécuniaire. Pitch sympathique qui ne demande qu’à être dévoré. Mais là, stupeur, tout n’est affaire que de schéma, de pictogrammes, de plans architecturaux. Les personnages sont des points, les phylactères des légendes et le tout s’agence comme un dessin technique. Où est donc passée ma BD franco-belge ? Elle n’a tout simplement jamais été de la partie. Martin Panchaud puise son art dans une mixture qu’il est le seul à avoir goûté. Dyslexique, l’auteur suisse a dû composer avec ce handicap et aborder la lecture par un autre biais. Un peu de graphisme par-ci par-là et beaucoup, beaucoup de créativité ont formé un étrange alliage qui offre à l’arbre génétique de la BD une nouvelle branche. Évidemment, le premier contact avec l’art de Martin Panchaud peut être un peu glacial. Il faut faire l’effort et se lancer. Ce qui semblait incompréhensible au premier regard communique peu à peu sa grammaire, son lexique et son rythme de lecture. On comprend alors que l’art du Suisse n’est pas là pour épater la galerie. Son système hybride lui permet des choses que d’autres ne peuvent que maladroitement imaginer. Le temps se modèle comme la pâte du même nom, l’espace se fragmente en mille morceaux et les annexes et notes de bas de pages reprennent leur place au beau milieu du récit. Le récit central devient prétexte à virtuosité narrative et à digressions assumées. Le polar malin se transforme alors en vortex à histoires. Avec La Couleur des choses, la vérité est une nouvelle fois venue d’ailleurs.

MENTAL ■ Notre cerveau ne joue pas forcément dans la même équipe que nous. On veut bien admettre que la plupart du temps, c’est un gars à la coule. Mais à certains moments, il s’offre quelques zinzinades qui frisent l’incorrection. Exemple typique : le lapsus. Exemples vachement plus pénibles : la paranoïa, l’angoisse totale, le délire morbide. Et quand la turbine est lancée, elle peut tourner fort et longtemps. Jordan Crane part de là, de ces extrapolations anxieuses auxquelles on joue parfois. Notamment, quand l’autre a un peu de retard ou qu’il ne répond pas à son téléphone. Après le plaisir des embouteillages et les petites embrouilles concubines qui vont avec, Will et Connie décident de calmer le jeu. Un bon repas et un bon film, tranquilles. Pendant que Connie fait les courses et loue le film, Will s’occupe de la montagne de vaisselle. Le problème c’est que Connie met vraiment beaucoup de temps. Évidemment, elle a oublié son portable. Le cerveau de Will, déjà passablement tendu par le trajet en voiture, entre en surchauffe.

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→ employe-du-moi.org –

→ La Couleur des choses de Martin Panchaud, Çà et Là, 236 pages, 24 €

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L’auteur américain de L’Ombre de la nuit (L’Employé du Moi, 2018) revient en terres françaises avec son œuvre la plus ambitieuse à ce jour. Près de 20 ans de boulot pour décortiquer l’appareil cognitif quand il lâche la bride. Keeping Two est une histoire d’amour tragique. Aux sentiments purs s’oppose la merditude des choses, aux fantasmes se confronte le quotidien, la raison succombe au dépressif et les voies de l’avenir s’assombrissent irrémédiablement. Dans une sorte de balance fatale, l’angoisse monte d’autant plus que le héros se rappelle la force de son amour. Grâce à de subtiles trouvailles graphiques et narratives, Jordan Crane joue sur les différents niveaux de fiction, entre l’histoire « réelle », les hypothèses du héros, les vapeurs de l’alcool et le livre qu’il est en train de lire. Pas de hiérarchie entre les différents étages, car tous contribuent aux actions en cours et à l’emballement de Will. Jordan Crane en met le moins possible : la déflagration sera d’autant plus forte. En six cases par page, avec un dessin de peu de traits, des décors succincts et seulement deux nuances de vert, le souffle se fait typhon. À la sortie, le lecteur est rincé, éprouvé par l’érosion de ses nerfs et le kilo de larmes qu’il a lâché. Il va bien falloir éponger maintenant.

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→ Keeping Two de Jordan Crane, L’Employé du Moi et Çà et Là, 320 pages, 24 €

→ La Voix de Zazar de Geoffroy Monde, Atrabile, 248 pages, 28 €

→ atrabile.org

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MUE ■ Zazar n’est pas un grand maître philosophe dont Geoffroy Monde aurait souhaité nous faire connaître les préceptes. Zazar est la mascotte animalière d’une marque de bonbon qui fut tellement populaire qu’elle a été déclinée en dessin animé. Et sa voix, dans ces animations, est bien débile. C’est bien pour ça que le héros du livre, Carol, la choisit pour faire parler Franck, qui est mort mais qui reste le seul autre être humain encore à bord du vaisseau de croisière cosmique Bron-825, décimé par les pirates et en dérive dans l’espace. C’est pour prouver qu’il n’est pas fou, malgré sa solitude et la délicatesse de sa situation. Que s’il faut faire parler un compagnon mort pour faire passer le temps, il le fait parler avec la voix de Zazar, pour bien montrer que c’est ironique. Il sait bien que c’est pas un vrai ami. Hein. Il le sait.

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La Voix de Zazar Saturnine

SAUVAGES ■ Il est écrit sur la couverture et sous le titre : « très librement inspiré des écrits d’Albert Robida ». Nous n’en doutions pas. Alex Baladi est l’un des plus fiers représentants de la très grande liberté quand il s’agit d’art séquentiel. Nul doute que le livre originel d’Albert Robida – aussi méconnu que pionnier dans l’univers des enfants sauvages à la Tarzan – s’est tordu aux quatre volontés du dessinateur suisse. La même très libre chirurgie plastique avait été pratiquée avec succès sur les écrits d’Isabelle de Montolieu pour le premier élément de ce diptyque, Robinson suisse Si chacun des deux livres peut se dévorer sans l’autre, Saturnine fait bien partie du Robinson suisse-verse tant dans son propos que dans son découpage et son dessin. Alex Baladi reprend l’opposition civilisation-barbarie déjà creusée et retourne la feuille : c’est la sauvage qui vient cette fois se perdre en bonne société. Élevée sur une île par des macaques, Saturnine se rend compte qu’elle ne sera jamais leur semblable. Alors elle se construit un bateau et part chercher ailleurs une identité qui la fuit. Très vite, elle tombe sur un navire de compatriotes, des marins français en mission pour la République au beau milieu de rien. Pour eux, il n’y a pas de doute, la sauvage doit être civilisée : la France ne peut pas laisser une de ses brebis hors de son troupeau. La surdité et l’aveuglement de ces citoyens à toute forme de différences constituent le bidon d’essence prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Les feux de l’amour y pourvoiront. Notre obstination civilisatrice brûle tout sur son passage, et même les sentiments les plus purs ne font qu’attiser l’incendie. Alex Baladi, à grands coups d’explosions picturales, parvient à rendre limpide ce discours pessimiste sur nos atermoiements moraux. Superbe graphiquement, déchirant émotionnellement, Saturnine mise sur l’efficacité de la fable pour nous envoyer des jabs sans discontinuer. Peu de personnages, peu de mots, peu de cases, des traits appuyés, un découpage tranché et des contrastes saisissants : Saturnine mise à la fois sur l’épure et sur le spectacle. Les éléments primaires de la bande dessinée sont ici poussés à leur maximum. Saturnine ne dérive pas, il fonce tout droit et emporte tout sur son passage. Jusqu’à laisser en nous, comme sur l’île aux singes, un territoire dévasté.

À la décharge de Carol, il a vraiment la scoumoune. Parti en croisière cosmique pour tenter de renouer les liens avec sa femme, il se réveille seul dans le vaisseau avec très peu de lumière, très peu d’espoir de s’en sortir et aussi très peu de choses à manger, si ce n’est Franck. Alors, forcément, ça tape un peu sur le système. Le cannibalisme, le vampirisme et la schizophrénie troublent un peu, c’est vrai, notre ami. Même quand il finit par être secouru. Alors au moment où le chef des pirates, Beaumont, est reçu comme un roi par ses sauveteurs, il lui est difficile de rester calme. D’autant que la voix de Zazar ne l’encourage pas à la retenue. Après les trois tomes de Poussières, puissante fresque fantasy, Geoffroy Monde revient au grand récit de fiction sur le mode frugal. Le trait est vif, le cadrage resserré et les couleurs tendres. Même les vaisseaux spatiaux – remarquablement designés – sont en bois. Une économie d’énergie qui cache en réalité un livre magistral, éprouvant, complexe où l’humour agit comme une soupape pour cette histoire étouffante. Plongé dans le vif du sujet dès le début, le lecteur doit compter sur les habiles flashbacks disposés par l’auteur pour refaire le puzzle dans son entier et comprendre la psychologie de ce héros fragile. On suit avec Geoffroy Monde les errements mentaux de ce pauvre type qui finira par trouver sa rédemption dans la pure folie. Avec sa science-fiction au régime sec, son pairing humour/anxiété et son huis clos qui finit sur la place publique, Geoffroy pèse les contraires avec minutie et nous livre grâce à ce subtil équilibre sa bande dessinée la plus remarquable à ce jour.

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MUET ■ On aime bien la collection « 25 images » des éditions Martin de Halleux. On l’aime parce qu’elle nous parle d’égalité et de narration par l’image. L’idée est de placer les participants sur une même ligne de départ, celle tracée un siècle plus tôt par Frans Masereel, avec son 25 images de la passion d’un homme, paru en 1918. Il s’agit d’un roman sans parole, avec une image par page et un noir et blanc imposé. L’éditeur parisien, grand spécialiste de Masereel, prend un malin plaisir à refourguer ce même exact principe aux dessinateurs de son cœur. Thomas Ott et Joe Pinelli s’en sont déjà brillamment sortis il y a deux ans. Avec Nachave qui vient de paraître, Lucas Harari y va lui aussi de sa propale, pas piquée des hannetons. Le Parisien est passé maître dans la concoction d’ambiances mystérieuses avec bonus tragique à la clé. Dans L’Aimant (Sarbacane, 2017) et La Dernière rose de l’été (Sarbacane, 2020), il a su imposer la touffeur du noir aux paysages de rêve de la montagne suisse et du littoral français. Pour cette petite incartade chez Martin de Halleux, il place sa mire en direction des grands ensembles résidentiels, propres aux banlieues des grandes villes françaises. Comment rendre plus noirs encore des quartiers déjà fort peu lumineux ? En instillant de l’espoir et en le réduisant à néant, pardi. Ici nous suivons un adolescent, gentiment rouilleur, qui se prend à aimer et être aimé en retour. L’ancien petit ami de la jeune fille ne l’entend pas de cette oreille et entreprend de lui casser la tronche. C’est alors qu’une voiture de police arrive et que tout s’emballe. Tout ça, c’est en 25 images, sachant qu’on a résumé et qu’on n’a pas dévoilé la fin. Même en noir et blanc, même avec une seule image par page, même avec sa ligne claire affamée d’épure, Lucas Harari parvient à faire sa magie. En quelques détails, quelques signes, il construit en bon fils d’architecte une charpente robuste à son récit. Chaque dessin parle autant que mille mots, installant d’un même coup de crayon les personnages, les décors, les émotions et le souffle de la révolte qui gronde. Le challenge de la collection « 25 images » n’est pas un problème pour Lucas Harari. De toute façon, il n’est pas du genre bavard. Comme prévu par le règlement, on touche ici à la quintessence du travail de l’artiste, sans effet de découpe, sans jeu de lecture. Ça lui va bien. On lui a dit « Les belles images doivent former le beau récit » et Lucas Harari a parfaitement joué le jeu.

→ martindehalleux.com

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Nachave

→ Nachave de Lucas Harari, Éditions Martin de Halleux, 32 pages, 19,90 €

Formation continue

Ecole membre

> Dessinateur 3D / LYON Formation en 3 ans / Titre RNCP de niveau 6

> Prépa Dessin / LYON & ANGOULÊME Formation en 1 an

> Storyboard & Layout / ANGOULÊME Formation en 2 ans / Certificat d’école

3DanimationjeuvidéoillustrationBD cohl.fr

MermillodHugo d’animationcinémaannée5deétudiant,e

DUDESL’ÉCOLEMÉTIERSDESSIN

> Dessinateur Praticien / LYON Formation en 3 ans / Diplôme visé de niveau 6

> Spécialisation en édition multimédia, cinéma d’animation ou jeu vidéo / LYON Formations en 2 ans après bac+3 / 1 titre RNCP et 2 certificats d’école de niveau 7

Enseignement supérieur

Pour développer ses compétences en storyboard, illustration traditionnelle et numérique, narration et mise en scène de personnages, création de décors, mise en couleur pour la BD. Organisme de formation référencé

Victor Hussenot et La Joie de lire s’entendent pour faire dévisser l’acte de narration. Après Clown, sorti mi-2021 qui jouait sur les caractéristiques de la page, c’est au tour de Récréation de déboulonner un à un les éléments qui font tenir une bande dessinée debout. Réalisé en 2013 et finalement sorti en cette rentrée 2022, le livre n’a rien perdu de sa force. Partant comme un recueil de planches bon enfant sur les jeux de cour d’école, il déchire peu à peu le contrat initial avec un des enfants qui prend conscience de son statut de personnage et entreprend alors une révolte contre son auteur. Une nouvelle preuve que Victor Hussenot n’est jamais aussi bon que quand il détourne les codes de l’album pour en réinventer le processus créatif.

→ lajoiedelire.ch

LECOIN DES KIDZ

MAGICIENSLESB

LesUnYeuxlong voyage Les Magiciens de la forêt

Il arrive à Blexbolex de descendre parmi les mortels pour nous montrer ses jolis livres. Notez qu’il ne fait pas ça souvent. Cette année doit être bénie car il revient avec deux ouvrages : une réédition, La Longue-vue, chez L’Articho et ce tout nouveau tout beau Les Magiciens, chez La Partie. En 200 pages et une succession sans fin d’aventures, Blexbolex étale toute sa science de la narration et la maîtrise parfaite de son dessin. Difficile à résumer mais délicieux à la lecture, cette histoire de trois magiciens pourchassés par une guerrière tente de dépasser les postures et de libérer l’enfant qui tambourine à la porte de notre âme. La claque attendue est bien là, fraîche et forte.

Quel plaisir de retrouver Jean Mallard sur du papier qui sent bon et des pages qui se tournent. Vraiment très fort à l’illustration, il empile les formes et les couleurs dans des compositions aux perspectives plates. Il trouve ici à qui parler avec l’auteur Emmanuel Lecaye qui l’emmène dans la forêt où vit le monstre aux cent yeux. Micha, un petit ours qui vient d’emménager dans le village à côté, ne croit pas vraiment à cette histoire et entend bien le prouver à tout le monde en s’engouffrant dans les bois la nuit venue. Comme prévu, le monstre fait pschht et, comme prévu, Jean Mallard se régale en déclinant les nuances de bleu avant de faire exploser ses couleurs.

Pour les humains, la préhistoire est une migration perpétuelle de tribus soudées par la nécessité de survivre. C’est ce genre de voyage auquel nous invite Dans le ciel tout va bien, brillantissime dessinateur et amoureux de la nature qui nous rend si heureux de sortir enfin son premier livre jeunesse. L’auteur ne s’appesantit pas sur les inconvénients d’une telle marche mais voit plutôt là l’occasion de se lancer dans un grand poème graphique sur la nature. Dans ce livre muet aux pages allongées à l’italienne, Dans le ciel tout va bien compose une fresque qui traverse saisons, paysages et climats dans des images à la beauté confondante. Coincé entre Hergé et Darger, Dans le ciel tout va bien fabrique ses paysages comme autant de chapitres d’une histoire aussi trépidante que merveilleuse.

→ Les Yeux de la forêt d’Emmanuel Lecaye et Jean Mallard, Actes Sud Junior, 32 pages, 16,50 € → actes-sud-junior.fr

→ Un Long Voyage de Dans le ciel tout va bien, Les Grandes Personnes, 64 pages, 18 €

Récréation

→ Récréation de Victor Hussenot, La Joie de lire, 120 pages, 22,90 €

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→ Les Magiciens de Blexbolex, La Partie, 210 pages, 29,90 € → lapartie.fr

→ editionsdesgrandespersonnes.com

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Saison

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Ce qui frappe le plus à l’esprit et au corps dans le travail animé de Yoriko Mizushiri, c’est la fluidité et la subtilité du mouvement. Pourtant elle ne découvre l’animation qu’à la fin de ses études de graphisme à l’univer sité d’Art et de Design Joshibi : «  Je passais mes journées à dessiner des fesses, sans but et sans savoir exactement ce que j’allais créer, mais avec la sensation que je pourrais les sublimer dans une œuvre. “Pourquoi n’es sayez-vous pas d’en faire une animation ?”, m’a suggéré le professeur. Et c’est comme ça que j’ai réalisé mon premier film. » Assez naturellement, et comme une évidence, elle se passionne pour l’animation, en solitaire, en recherchant des mouvements qui lui font du bien, qui provoquent de bonnes sensations lorsqu’elle les exécute.

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Des mouvements aussi lents que des caresses, qui avancent comme le bout de la langue sur une pâtisserie sucrée, et des silhouettes pâles alanguies sur des lèvres gonflées. Un empire des sens où règne en impératrice Yoriko Mizushiri, la réalisatrice japonaise la plus sensuelle du cinéma d’animation. Le titre de son dernier film, Anxious Body, résume en deux mots l’orientation esthétique et sémantique contenue dans toutes ses œuvres : celle d’une tension charnelle. Tension qui s’exprime par des ruptures entre ses tableaux animés, qui se succèdent comme des lanternes magiques, et par des oppositions sensitives, des contrastes lentement joués sur la corde tactile et vibrante du duel plaisir/souffrance. Un sadomasochisme tendre, à la douceur de la peau d’une pêche, et qui glisse dans la gorge comme une liqueur de rose.

Sa ligne est subtile, fine, claire. Les couleurs douces, pales et rosées. Le mouvement gracile, sensuel et érotique. Trois influences avouées ressortent de ses œuvres : «  Gabin Ito (artiste, éditeur et concepteur de jeux), le Professeur qui a supervisé mon projet de fin d’études, m’a donné l’opportunité de faire de l’animation et m’a appris combien la création artistique est importante ; Tomoko Kashiki (peintre japonaise d’inspi ration Nihonga), dont les œuvres réalisées avec un toucher très doux dégagent une atmosphère à la fois calme et étrange ; et Ren Hang (grand photographe chinois), qui exprime le corps nu d’une manière unique et magnifique.  » La réunion des trois a provoqué cette sensibilité char nelle, ce sens du toucher qu’elle a développé si passionnément et qui lui sert de canal pour dialoguer directement avec le spectateur, en s’adres sant intimement à son corps ; par ses sensations. «  La sensibilité phy sique et l’érotisme sont parmi les éléments les plus faciles à appréhender immédiatement pour les Humains. C’est pourquoi j’aime travailler sur la sensibilité du corps. Je communique ainsi plus facilement avec le specta teur en m’adressant directement à ses sensations corporelles. Le corps est incroyable, parce qu’il se souvient de beaucoup de choses. C’est la mémoire du corps plutôt que celle de la tête que je stimule dans mon travail. »

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Coproduit par Miyu et New Deer, Anxious Body sera visible du 15 au 17 novembre à la Foire LOOP de Barcelone.

Des stimuli, des frissonnements, des réactions en chair. Les films de Yoriko Mizushiri ne racontent pas d’histoire, au sens classique que l’on donne habituellement au procédé narratif, mais gravitent autour d’une idée, d’un concept ou d’une image. Il y a quelque chose de très repré sentatif de l’art japonais au sens large, aussi bien littéraire, que pictu ral, ou visuel : cette incroyable maîtrise du temps, de la suspension, du silence, de l’espace, qui n’existe plus finalement. Pas de message à rechercher, ni même de sens logique évident, mais la quête malicieuse et animée de titiller les sens physiques pour produire son petit effet. « Je veux qu’en regardant mes films le spectateur ressente quelque chose dans son propre corps. C’est le plus important pour moi. » Et la mécanique du corps est effectivement très réceptive à ses films. Ce qui explique facilement pourquoi ils ont déjà été nominés et récompen sés dans les plus grands festivals d’animation internationaux, comme la Berlinade, le festival d’Annecy ou celui de Zagreb. Sensibles, fluides, physiques, érotiques, méditatifs, mélancoliques et intimes, tout dans ses œuvres est dédié à l’exaltation du corps et l’immense cadeau qu’il nous offre en nous permettant de sentir, par chaque morceau d’épi derme qui habille notre présence.

La sensibilité physique et l'érotisme sont parmi les éléments les plus faciles à appréhender immédiatement pour les Humains. C’est pourquoi j’aime travailler sur la sensibilité du corps.»

Les films et trailers de Yoriko Mizushiri sont visibles sur Kiblind.com

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Filmographie : Shiri-play(2005) / Kappo(2006) / Enyogu(2007) / Lena Lena (2009) / Sushi (2011) / Futon (2012) / Snow Hut (2013) Maku (Veil) (2014) / AnxiousBody (2021)

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Hedi : On retrouve aussi dans ce clip beaucoup de références aux animés, comme à la série d’animation japonaise Neon Genesis Evangelion, le film de science-fiction américain Ghost in the Shell, le travail de Leiji Matsumoto, etc. Personnellement, je m’inspire autant d’illustrations, de dessins animés franco-belges et japonais que d’architecture, de fresques murales byzantines ou bouddhistes, ou même d’anciennes céramiques. En ce qui concerne les jeux vidéo, j’aimais beaucoup les deux premiers Age of Empire ou Warcraft III : The Frozen Throne.

Quand le clip vient sublimer une musique qui est déjà de toute beauté, alors là, l’extase est maximale. Chaque mois sur notre site kiblind.com, nous célébrons le clip musical animé. Qu’il soit en 2D, en 3D, en stop motion, ou encore dessiné à la mano, le clip illustré est partout et il a fière allure.

Dans un futur proche, on suit la journée d’un livreur à Paris qui s’avère ne pas être si ordinaire que cela...

→ILLUSTRATION/ANIMATIONLUMIÈRE»:HEDI&THAMINABILL'histoire

Thami : On a défini dès le début que ça serait intéressant que ce soit l’esthétique d’Hedi qui soit mise en avant pour cette vidéo ; il avait déjà fait des pochettes pour Mad Rey, ça nous paraissait cohérent. On a séparé la phase dessin de la phase de colorisation. À la base, Hedi m’envoyait une frame en noir et blanc et j’animais toute la scène, puis il a commencé à animer par lui-même et moi à faire des scènes de A à Z en essayant de garder son style. Ensuite, on est passé à la colorisation et il s’est passé la même chose. Au final, il y a des séquences où nous sommes intervenus à deux et d’autres faites uniquement par l’un ou l’autre.

Thami : Mad Rey a été ultra-patient, il nous a laissé faire ce que nous voulions dans les délais que nous souhaitions, et au final il a même retravaillé sa musique en cherchant la meilleure ambiance pour que l’image et le son soient en symbiose, c’est devenu une collaboration où chacun élève et affine son travail pour en faire un objet le plus abouti possible.

On vous présente ici deux clips illustrés récents qui nous ont coupé la chique. Et pour en parler, qui de mieux que les personnes qui les ont illustrés et animés ?

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Hedi : Exactement. Comme Thami l’a dit précédemment, Quentin était venu le voir pour réaliser ce clip, je ne faisais quasi pas d’animation à l’époque. Puis il m’a mis sur le coup et on est donc plutôt parti de cette esthétique amenée par les anciennes pochettes. Il y a une fluidité entre nous. Bon, j’ai tendance à vouloir creuser les choses, parfois au-delà du temps imparti, et Thami est plus dans l’efficacité.

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→ Les inspirations

Thami : Mad Rey voulait une ambiance Bōsōzoku (gang de motards japonais des années 1950-70). Mais dans un univers Paris 18e. Ce qui m’est venu direct en tête pour ce projet, ce sont le film des Daft Punk, Hotline Miami, Akira, les berserkers, Young GTO, Dragon Ball, Battle Royale, les Shōnen des années 1990-2000.

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Hedi : On se connaît depuis longtemps avec Mad Rey, il nous a fait confiance. Et le procédé est, comme le résultat, organique : ça a été une sorte de ping-pong. On est parti du son, puis le son a répondu à l’image et la touche finale a été l’habillage sonore, le bruitage, qui lie encore davantage le son et l’image.

→ La réalisation

→ La réalisation

Les visuels ont été développés avec mon amie et collègue Bori Mákó, qui est une peintre numérique très talentueuse. Nous avons développé une méthode de travail commune : elle colorie les scènes et, selon que tel ou tel élément bouge ou non, elle utilise des couleurs plus simples ou plus complexes, en superposant des textures et des coups de pinceau. Mais les parties mobiles ont généralement des textures plus simples, que j’essayais de reproduire dans le logiciel d’animation ou le logiciel de composition. Ici, nous avons opté pour une sensation très douce et granuleuse, ainsi qu’un éclairage doux, qui donne l’impression que les choses ne sont pas éclairées de l’extérieur mais ont leur propre lumière intérieure, comme dans un rêve.

→ L'histoire

Nous avons développé le scénario avec Anka Ujma, la chanteuse et compositrice de Loa Frida, donc on retrouve beaucoup sa vision dans cette vidéo. Le clip commence par un plan du visage du personnage principal, avec les yeux couverts, de sorte que le clip entier puisse être compris comme une sorte de vision intérieure, où l’on ressent directement des émotions profondes. Elle ouvre la bouche pour parler, mais des plantes sortent à la place des mots. Au sommet de sa tête, ses pensées se manifestent sous la forme de petites créatures sautant sur un trampoline, tandis qu’à ses pieds, ces mêmes pensées deviennent plus contradictoires : certains personnages chassent ou sont chassés, tandis que d’autres traînent simplement autour de cocktails. La nature est également vivante autour du personnage, les champignons dansent, les fleurs tournent, les plantes sortent des yeux qui se mettent à pleurer – peut-être estelle un peu dépassée par tout cela. Puis le volcan entre en éruption, fait éclater la bulle de larmes, et la pluie commence à tomber. Cette pluie fait pousser des fleurs de la bouche du personnage principal. Je pense donc que c’est l’histoire d’une personne qui travaille sur ses émotions et qui, à la fin, parvient à les communiquer d’une magnifique manière.

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Propos recueillis par : É. Quittet ILLUSTRATION /ANIMATION : MELINDA KÁDÁR/HEN ANIMATION LOA FRIDA «LOA»

→ Les inspirations

On a eu beaucoup de sources d’inspiration très différentes pour ce clip : Anka Ujma a amené par exemple la pochette du disque Never For Ever de Kate Bush, on a également pensé aux figures impossibles de M. C. Escher et au surréalisme de Louise Bourgeois, entre autres. Il y avait aussi les formes organiques, simples et pourtant aériennes de peintres comme Molly Greene ou Loie Hollowell. Puis, lorsque nous avons commencé à travailler l’arrière-plan, Bori et moi sommes devenues obsédées par les couleurs primaires, la texture granuleuse et floue d’Alexis Jamet. On avait en fait plusieurs directions assez distinctes les unes des autres qu’on a essayé de lier ensemble, et j’ai l’impression que chacune d’entre elles laisse son empreinte.

Pour vivre la lecture de ce papier de façon optimale, allez donc voir nos sélections mensuelles des clips animés sur kiblind.com. Avec le son et l’image, c’est plus sympa quand même.

À suivre sur : instagram.com/kiblind_magazine

SQUARE² est une BD originale publiée chaque dimanche sur le compte Instagram de KIBLIND. La saison 2 a débuté en juillet 2022. Le principe : chaque semaine pendant un mois, un artiste que nous avons choisi dessine un strip qui doit respecter les règles graphiques suivantes : un carré central / 4 côtés / 4 cases / 4 couleurs. Ici, une variation autour du carré jaune proposée par Liam Cobb.

SQUARE² • Saison 2 - Chapitre 3 - Partie 1/4 Liam Cobb

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SQUARE²

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