KIBLIND 73 - Meilleurs Amis

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KIBLIND Magazine

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NumĂŠro Meilleurs Amis

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La crĂŠativitĂŠ pour tous. Keith Haring a fait descendre l’art dans la rue, le mĂŠtro et d’autres espaces publics. Nous lui rendons aujourd’hui hommage au travers d’une collection de pinceaux numĂŠriques inspirĂŠs de ses outils de prĂŠdilection : la craie, les marqueurs, les bombes de peinture, et bien d’autres encore. Cette collection est disponible gratuitement dans Adobe Fresco et Photoshop. TĂŠlĂŠchargez les pinceaux et, comme Keith Haring, diffusez un message d’amour, d’espoir et d’ÊgalitĂŠ.

ou dans d'autres pays. Toutes les autres marques citĂŠes sont la propriĂŠtĂŠ de leurs dĂŠtenteurs respectifs.

Š Adobe, le logo Adobe et Creative Cloud des marquesamis ou des marques dĂŠposĂŠes d'Adobe aux États-Unis et/ KIBLIND Magazine → 73 → sont Meilleurs

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KIBLIND

Deux êtres vivants Illustration rÊalisÊe par Agathe Bruguière avec les pinceaux inspirÊs de Keith Haring dans Adobe Fresco.

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Faire corps    Adrien M & Claire B 02.09.20–03.01.21  GaĂŽtĂŠ Lyrique Une exposition-expĂŠrience

Prolongation

La GaĂŽtĂŠ Lyrique Musiques & futurs alternatifs

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Établissement culturel de la Ville de Paris 3 bis rue Papin 75003 Paris RÊservation obligatoire sur www.gaitelyrique.net @gaitelyrique #fairecorps Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Martell

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C’est alors que, d’être unicellulaire, nous avons commencĂŠ Ă muter. Des corps ĂŠtrangers et imprĂŠvus sont venus mĂŞler leur âme Ă la nĂ´tre, nous changeant au mĂŞme titre que nous les changions aussi. Ce mĂŠlange de fluide intellectuel n’est jamais anodin. Il modèle ce que nous sommes, envoie notre esprit dans des directions que nul n’aurait jamais imaginĂŠ. Il crĂŠe, distord, dĂŠforme ou dĂŠveloppe des bouts de cervelle qui ne demandaient qu’à roupiller. Il fait de nous ce que nous sommes. Et cette bizarrerie de la nature se reproduit Ă mesure que nous faisons des rencontres dĂŠcisives. Car ami, pour les plus chanceux, prend un s. Et du coup, c’est le foutoir. Et c’est tant mieux. Merci les amis.

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ÉDITO — 6

C’est formidable, les copains. MĂŞme avant la crise sanitaire qui nous a obligÊ¡e¡s Ă nĂŠgocier l’amitiĂŠ Ă coups de logiciels plus ou moins intrusifs, on s’en ĂŠtait rendu compte. Ce numĂŠro est tout entier dĂŠdiĂŠ Ă celles et ceux qui nous ont acceptÊ¡e comme la pauvre bille que nous ĂŠtions. Nous ĂŠtions alors un individu triste et asocial, traĂŽnant sa solitude dans les jupes de ses parents, un gosse sans intĂŠrĂŞt pour personne si ce n’est pour ceux qui avaient eu la maladresse de nous enfanter. Et tout Ă coup, au milieu d’un environnement grisâtre fait de temps prĂŠ-automnal et de cour scolaire bĂŠtonnĂŠe, dans les yeux d’un¡e autre surgit la lumière. Comment ce miracle a eu lieu, nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que cette personne a ĂŠtĂŠ lĂ et a magnifiquement foutu le bazar dans le plan sans accroc pensĂŠ par nos gĂŠniteurs.

Directeur de la publication : JĂŠrĂŠmie Martinez / Direction Kiblind : JĂŠrĂŠmie Martinez - Jean Tourette - Gabriel Viry Team Kiblind Magazine : Maxime Gueugneau & Marie-Camille Alban - AlizĂŠe Avice - Agathe Bruguière - Alix Hassler - JĂŠrĂŠmie Martinez Elora Quittet - Justine Ravinet - Jean Tourette - Olivier Trias - Gabriel Viry Contributeurs : Élodie Bouhlal - Simon Bournel-Bosson - Amandine Doche - Jochen Gerner Etienne Menu - Yoann Gibert - Sophie Van der Linder RĂŠviseur : RaphaĂŤl Lagier Direction artistique : Kiblind Agence Imprimeur : Musumeci S.p.A. / www.musumecispa.it Papier : Le magazine Kiblind est imprimĂŠ sur papier Fedrigoni / Couverture : Symbol Freelife E/E49 Country 250g / Papier intĂŠrieur : Arcoprint Milk 100g, Arena natural Bulk 90g et Symbol Freelife Gloss 130g Typographies : Kiblind Magazine (BenoĂŽt Bodhuin) et Lector (Gert Wunderlich) ÉditĂŠ par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon. 27 rue Bouteille - 69001 Lyon / 69 rue Armand Carrel - 75019 Paris - 04 78 27 69 82 Le magazine est diffusĂŠ en France. www.kiblind.com / www.kiblind-store.com ISSN : 1628-4146 Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilitĂŠ de leurs auteurs. Tous droits strictement rĂŠservĂŠs. Merci Ă Matthieu Sandjivy. THX CBS. Contact : magazine@kiblind.com

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NumĂŠro Meilleurs Amis

KIBLIND Magazine

KIBLIND Magazine AUTOMNE 2020

Pour dĂŠcouvrir la couverture animĂŠe et les lenses crĂŠĂŠs par l'illustratrice Hel Covell, il suffit de scanner ces petites choses avec votre appareil photo ou l'application Snapchat.

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ou

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6

Édito / Ours

8

Sommaire

10

in the mood

20

intro Meilleurs amis

24

invitation Etienne Menu : Les amitiĂŠs dissonantes

28

En couverture : Hel Covell

34

CrĂŠations originales Meilleurs amis

43

Citations

44

Dossier - Petits dessins entre amis

50

Invitation Sophie Van der Linden : Des amitiĂŠs Ă bas bruit

54

La bibliothèque idÊale : Festival BD Colomiers

56

Playlist Back 2 Back : Jacques et Petit Prince

58

Imagier - Les chiens

69

SĂŠlection KIBLIND

76

Reportage graphique Saintes-Maries-de-la-Mer

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jeu vidĂŠo

animati

o 3D D B n illustratio

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L’ÉCO LE DES M ÉTIER S DU D ESSIN

> formation initiale - Un cursus en 5 ans pour se spĂŠcialiser en illustration multimĂŠdia, cinĂŠma d’animation ou jeu vidĂŠo - Un parcours en 3 ans pour se spĂŠcialiser en infographie 3D - En fin d’Êtudes, les ĂŠtudiants accèdent Ă un job dating rĂŠunissant 60 entreprises de l’image

> cours du soir et stages - dessin acadĂŠmique - illustration - infographie et dessin 3D

Des formations de 70 heures, conventionnÊes par l’Afdas, pour dÊvelopper ses compÊtences ou se reconvertir - le personnage en illustration jeunesse - la crÊation de dÊcors sous Photosphop - l’illustration vectorielle sous Illustrator - le character design : acting et posing - la mise en couleur en bande dessinÊe

1 rue FÊlix Rollet, Lyon 3e mÊtro ligne D - Monplaisir Lumière tÊl. : 04 72 12 01 01 www.cohl.fr

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Truite > Florent GOBET, ĂŠtudiant de 5e annĂŠe ĂŠdition multimĂŠdia

> formation des professionnels

đ&#x;‘€ IN THE MOOD — 10 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

IN THE Mđ&#x;‘€D Vous croiserez dans cette entrĂŠe quelques objets illustrĂŠs rencontrĂŠs par bonheur ces derniers mois lors de nos pĂŠrĂŠgrinations visuelles. Vous serez accompagnĂŠs des onomatopĂŠes recuillies par Jochen Gerner dans l'univers de la BD. Bienvenu Ă Kiblind Magazine nouvelle formule.

ð&#x;‘€ Tiki Taka de Chamsom → Artwork par Kimi and 12 instagram.com/kimi_and_12 facebook.com/chamsom.music

11 — IN THE MOOD

DISQUE â–

DISQUE â–

Bizarr de Patricia Kokett → Artwork par Tetsunori Tawaraya tetsunoritawaraya.com knekelhuis.bandcamp.com

DISQUE â–

Vasi Comunicanti de Anna Homler & Allesio Capovilla → Artwork par Lisa Mouchet lisamouchet.fr gangofducks.bandcamp.com

AFFICHE - COURT-MÉTRAGE â–

Le canapé de Baptiste Sornin et Karim Barras → Artwork par Hyperbaudet hyperbaudet.com / baptistesornin.com

AFFICHE - CONCERT EN LIVE â–

Angel Olsen - Cosmic Stream 2 → Artwork par Clay Hickson

Coucou Suzette coucousuzette.com

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BOÃŽTE MOULE â–

đ&#x;‘€ IN THE MOOD — 12

DISQUE â–

Bullseye EP by JRMS → Artwork par Jee ook Choi jeeook.tumblr.com gudurecords.bandcamp.com

PUZZLE â–

Sulo x Louis Otis, Simon Landrein & Albert Tercero sulo-puzzle.com Bien rincĂŠs par cette histoire de puzzles illustrĂŠs, nous avons eu envie d’en savoir plus. C’est chose faite grâce au fondateur de Sulo, Jean-Baptiste Viot.

BOĂŽTE DE BISCUITS â–

Pfeffer & Frost x Cachetejack pfefferundfrost.de

Comment t’es venu l’idĂŠe de te spĂŠcialiser dans le puzzle ? Pendant le confinement, j’Êtais en train de faire un puzzle produit par une grande marque qui reprĂŠsentait un pont Ă Strasbourg et je me suis dit qu’il n’Êtait finalement pas très beau. En cherchant, je n’ai pas trouvĂŠ de marques françaises qui produisaient des puzzles ; alors je me suis dit que j’allais me lancer dans le puzzle fabriquĂŠ en France, et tant qu’à faire, autant qu’ils soient jolis grâce Ă l’illustration. Quelles sont les spĂŠcificitĂŠs des puzzles Sulo ? Les trois particularitĂŠs des puzzles Sulo sont qu’ils sont fabriquĂŠs en France, en ĂŠdition limitĂŠe et qu’ils mettent en avant des illustrateur¡rices ĂŠmergent¡e¡s, aux nationalitĂŠs et univers diffĂŠrents. Ils sont aussi faits avec des matĂŠriaux responsables, mais c’est aujourd’hui quasiment une norme chez tous les fabricants de puzzles ou de jeux de sociĂŠtĂŠ.

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Comment sĂŠlectionnes-tu les illustrateurs qui rĂŠalisent les puzzles ? Je marche souvent au coup de cĹ“ur avec des artistes que j’avais remarquĂŠs sur d’autres de leurs projets (ĂŠditoriaux ou DA de festival par ex.) Sinon, le choix se fait en concertation avec les deux graphistes qui travaillent avec moi (Corentin Billot et Quentin Coulombier). On essaie de chercher des artistes dans des univers variĂŠs, avec des pratiques, des notoriĂŠtĂŠs et des styles diffĂŠrents. On les repère notamment via les rĂŠseaux ou les mĂŠdias (comme Kiblind <3). PlutĂ´t puzzle de château ou de dauphin ? Ça va dĂŠpendre du château. Sulo est une marque basĂŠe Ă OrlĂŠans, dans la merveilleuse rĂŠgion Centre-Val de Loire, donc en matière de châteaux on s’y connaĂŽt. J’aurais ainsi tendance Ă dire que si le château est basĂŠ dans le Loiret ou alentour, je prends le château. Sinon, j’opte pour le dauphin !

AFFICHE - SPECTACLE â–

Ubuntu, life of Nelson Mandela - Mater Lingua → Artwork par Chiara Zarmati / salzmanart chiarazarmati.com / salzmanart.com

đ&#x;‘€ 13 — IN THE MOOD

DISQUE â–

Pacific Breeze 2 - Japanese City Pop, AOR and boogie 1972-1986 → Artwork par Hiroshi Nagai hiroshinagai.com / lightintheattic.net

MAGAZINE â–

Happy Place sorti chez Rotopol → Artwork par Max Baitinger maxbaitinger.com / rotopolpress.com

POCHON â–

Kitty Bunny Pony x Virginie Morgand kittybunnypony.com

DISQUE ■Do You Wonder About Me ? de Diet Cig → Artwork par Dessy Baeva dessybaeva.com / dietcig.bandcamp.com AFFICHE - FESTIVAL ■Lausanne Underground Film and Music Festival → Artwork par Estelle Vanmalle et Marcel Mrejen estellevanammale.fr / marcelmrejen.fr / luff.ch

LIVRE JEUNESSE â–

Et arrivÊes au bout, nous prendrons racine de Kristina Gautier-Landry (aux Êditions La Peuplade) → Artwork par Mariery Young instagram.com/marieryyoung / lapeuplade.com

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BANDANA â– Paperole x Mathieu Labrecque paperole.com

ð&#x;‘€ IN THE MOOD — 14

LE CIMETIÈRE DES BELLES AFFICHES QUI ONT TROP PEU SERVI (MERCI LE COVID) â–

Festival Baisers Volés, La Nouvelle Vague à St-Malo → Artwork par Simon Bournel-Bosson simonbournel-bosson.com lanouvellevague.org

« Ã€ vous, les non-festivals de 2020 : votre passage sur Terre fut certes bref mais votre si belle affiche vivra, elle, pour toujours sur ce papier ».

ALLO FLORIDE

LA NOUVELLE VAGUE

ÖCTÖPUS

9 & 10 OCTOBRE 2020 SAINT-MALO

9 & 10 OCT. 2020

F O N TA I N E S D. C . SHAME SONIC BOOM ZOMBIE ZOMBIE & SONIC BOOM SQUID B L A C K C O U N T R Y, NEW ROAD LO S B I TC H O S SLIFT

Festival Hello Birds, Etretat → Artwork par Playground playgroundparis.com hellobirdsfestival.fr

B A S TO N S U N F LO W E R S GUADAL TEJAZ WHY THE EYE ? & M O R E TO B E A N N O U N C E D

LE QUAI - ANGERS BILLETS ET INFOS LEVITATION-FRANCE.COM

STARRING

Festival Levitation, Le Quai à Angers → Artwork par Maxime Roy instagram.com/roymaxime3 levitation-france.com

LICENSE N° 3-1051238

POMME ∙ VICTOR SOLF ∙ PEDRO WINTER B2B MOLÉCULE JOHAN PAPACONSTANTINO ∙ LUCIE ANTUNES MACADAM CROCODILE ∙ ROUGE GORGE ∙ TERRIER

Festival Minuit Avant La Nuit, Amiens → Artwork par Formes Vives formes-vives.org minuitavantlanuit.fr

Festival Cabourg Mon Amour, Cabourg → Artwork par Quentin Monge pour MidiQuinze midiquinze.com cabourgmonamour.fr FANZINE â–

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Chien-Chien Fifille → Par Alice Monvaillier instagram.com/alice_monvaillier

LIVRE JEUNESSE â–

DISQUE â–

Caroline de Great Mountain Fire → Illustration par 13pulsions / Layout par Two To Tango 13pulsions.com facebook.com/greatmountainfireband

Les JO des animaux - version japonaise (aux éditions Iwanami Shoten à Tokyo) → Par Virginie Morgand virginie-morgand.com

đ&#x;‘€ Illustration : FRĂ„NECK - Graphisme : Jeudimidi | Licences d’entrepreneur du spectacle : Licence  1-1085845 | Licence 2-1085847 | Licence  3-1085844 | SIREN 307 420 463

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15 — IN THE MOOD

DISQUE ■Bain de Minuit par Romain Muller → Artwork par CÊline Kriebs celinekriebs.com facebook.com/RomainMullermusique

17/07/2020 11:34

AFFICHE - THÉÂTRE â–

Saison 2020-2021 ThÊâtre Nouvelle GĂŠnĂŠration → Artwork par FranĂŤck instagram.com/franeck / tng-lyon.fr

MAGAZINE â–

The Skinny (Ecosse) → Artwork par Risotto Studio risottostudio.com / theskinny.co.uk

K7 â–

Compilation Nice Guys Loves You 02 → Artwork par Ardhira Putra instagram.com/ardhiraputra niceguysweare.bandcamp.com Ils sont forts chez Nice Guys. En plus de produire des super-albums, ces gentils types savent y faire en termes de direction artistique. Car l’artwork de leur dernière compilation, rĂŠalisĂŠ par Ardhira Putra, est incroyable. On leur a glissĂŠ quelques questions sur le sujet. Quelles sont les ĂŠtapes de rĂŠflexion pour le choix de la pochette d’un album ? On cherche d’abord Ă trouver un illustrateur dont le style nous semble correspondre au son de l’album. On ĂŠchange ensuite sur le contenu, le propos de l’album avec l’illustrateur¡ice et celui-ci nous en donne son interprĂŠtation.

DISQUE â–

Ciao de Attention → Artwork par RÊmy Mattei instagram.com/remymattei attentiongroupe.bandcamp.com

Quelles ĂŠtaient vos envies graphiques pour l’artwork de Nice Guys Love You 2 rĂŠalisĂŠ par Ardhira Putra ? Cette annĂŠe, on a eu un gros coup de cĹ“ur pour le travail d’Ardhira et son projet pour les bières Tiger. On avait envie de quelque chose qui s’inspire des esthĂŠtiques 90’s qui ont bercĂŠ notre enfance. L’idĂŠe lui a tout de suite parlĂŠ et il nous a fait cette proposition qui est un concentrĂŠ parfait de notre enfance : Micro Machine, Power Rangers et Nintendo 64 au programme.

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Pas mal des pochettes de Nice Guys sont illustrĂŠes. Comment choisissez-vous les illustrateurs¡ices avec qui vous bossez ? Au mĂŞme titre que pour la curation musicale de la compilation, on fait beaucoup de veille pour trouver des nouveaux illustrateurs¡ices tout au long de l’annĂŠe. On prend rĂŠgulièrement contact pour envoyer nos encouragements ou autres‌ On fait ensuite un portfolio en ĂŠpinglant sur Insta les illustrateurs¡ices qui nous ont sĂŠduits et on les propose Ă nos artistes.

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DISQUE ■Future Past Life de STRFKR → Artwork par Sohale Kevin Darouian sohale.me / strfkr.com

LIVRE â–

Le Dit du Mistral de Olivier Mak-Bouchard → Artwork par Phileas Dog L’illustration de Phileas Dog a ĂŠtĂŠ choisie parmi les 20 estampes proposĂŠes dans le cadre du projet ÂŤÂ Les 400 coups  initiĂŠ par les ĂŠditions Le Tripode pour devenir la couverture du roman d’Olivier Mak-Bouchard, Le Dit du Mistral. On a posĂŠ quelques questions Ă l’Êlue. Qu’est-ce que le projet ÂŤÂ Les 400 coups  ? Depuis 2014, les ĂŠditions Le Tripode et L’Atelier du Bourg s’associent pour confier tous les ans un livre inĂŠdit Ă la lecture d’un collectif de vingt artistes. Chacun d’entre eux propose une interprĂŠtation personnelle de l’ouvrage sous forme d’une estampe en sĂŠrigraphie. Cette odyssĂŠe littĂŠraire et graphique donne lieu chaque annĂŠe Ă une exposition itinĂŠrante des vingt estampes. Le projet des 400 coups se poursuivra ainsi pendant 20 ans, et rĂŠunira 400 estampes originales Ă l’horizon 2034. Comment as-tu travaillĂŠ ton illustration ? Mon travail d’illustration est très directement liĂŠ Ă mon goĂťt pour l’impression artisanale. Je dĂŠbute toujours un projet par une recherche au crayon gris, mais je ne travaille jamais la couleur directement sur le papier. Je pense aux couleurs ÂŤÂ Ă l’aveugle , c’est-Ă -dire qu’elles n’existeront que lorsque l’illustration sera imprimĂŠe. Une fois le croquis original au crayon gris rĂŠalisĂŠ, je l’annote par des petites lettres signifiant les couleurs que je souhaite voir apparaĂŽtre. Ensuite, je fixe mon crayonnĂŠ sur une table lumineuse et je procède, sur des feuilles diffĂŠrentes, Ă autant d’encrages Ă l’encre de Chine que je souhaite imprimer de couleurs. Les dessins Ă l’encre de Chine permettent la prĂŠparation des films positifs pour l’insolation des ĂŠcrans de sĂŠrigraphie. Chaque encrage correspond Ă une couleur. Autant d’Êcrans sont prĂŠparĂŠs pour imprimer les couleurs, l’une après l’autre, parfois l’une sur l’autre. Enfin, je crĂŠe les teintes en mĂŠlangeant les encres spĂŠciales pour la sĂŠrigraphie et je teste les couleurs en imprimant des petits carrĂŠs de chaque couleur sur des languettes du mĂŞme papier que celui que j’utilise pour l’impression finale. Qu’est-ce que l’histoire du roman t’a ĂŠvoquĂŠÂ ? Le Dit du Mistral est un livre joli comme un conte et Olivier Mak-Bouchard montre la Provence exactement comme je l’ai vĂŠcue enfant : le vent qui ne s’arrĂŞte jamais et qui rend les gens fous, le ciel tellement bleu qu’il est presque violet, le calcaire ĂŠblouissant au soleil, les chemins mystĂŠrieux dans la garrigue, la violence des orages, les ocres magiques et le parler des gens... tout cela m’a beaucoup touchĂŠe : le lire, c’Êtait comme retourner chez moi.

AFFICHE - CONCERT â–

Nuke To Mère Jo en live sur Boiler Merde → Artwork par Willy Tenia (d’après une boĂŽte d’allumettes tchèque)

GAPETTE "LE PETIT JAUNE" â–

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Vera Cycling x Emmanuel Bossanne veracycling.fr

SINGLE DIGITAL â–

Walk With Me de Kowloon → Artwork par Ram Han instagram.com/ram__han kowloonkowloon.com

→ Les onomatopÊes illustrÊes prÊsentes sur ces pages sont issues de "Pixies onomatopoeia , participation de Jochen Gerner à l’ouvrage collectif Rocks Strips ÊditÊ en 2009 par Flammarion.

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BÉA S’OFFRE UNE PETITE PAUSE DANS KIBLIND...

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@bigmatfrance

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...MAIS D’HABITUDE, ELLE EST SUPER ACTIVE SUR INSTA !

@bigmatfrance

Suivez Béton Arty, la saga Insta qui mixe art et BTP.

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Y KHE

DÉFINITION LA PRATIQ U

E

e inte rn mÊe e ationale d e l’ n 2011 par l’O amitiÊ NU

30 JUIL LET Journ ĂŠ

Meilleur (A djectif) [m .jĹ“ ], [m e.jĹ“ ] Comparatif de supĂŠrio ritĂŠ, de bon AmitiĂŠ (Nom commun) [a.mi] / Mas culin Sentiment d'affection entre deux personnes  ; attachem ent, sympat qu'une per hie sonne tĂŠm oigne Ă un e autre

A

S LE

N TIO I N I DÉF ORIE É H LA T

19 — INTRODUCTION

G N A

BFF BFF BFF

st mi(e), c'e eilleure a silences m s la le u i o u q Le ne avec n o i on rs u e q p cette ts, chez as gênan ne sieste p u t e n ir o  s fa e r n ou arquer p à qui l'on peut dÊb sans explication, ir (ou la rt et repa son pain roÝte de ui l'on c q la c e e v n a n do s goÝts), se s photos n te lo n se a s mie promett m o c de coupe e x d silencieu partage s in o . m x u tÊ sute ou vidÊo s et de styles do ble oisie. h  c st improba e s' if qu'on Bref, la m

BE

S

T

50 ans → ÂŤÂ Merci de m’avoir accompagnĂŠe Ă ma première coloscopie.  35 ans → ÂŤÂ Est-ce que tu peux me garder le petit mardi en 8 ?  25 ans → ÂŤ Vazy, on fait une coloc ? Âť 16 ans → ÂŤ Meilleures amies pour la vie <3 Âť 4 ans → ÂŤÂ Est-ce que tu veux ĂŞtre ma copine ? 

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le cĹ“ur Ă dĂŠcouvert. J'ai envie qu'on se dise tous nos moindres secrets 

80 ans → ÂŤÂ Mon mari est mort, on rĂŠemmĂŠnage ensemble ? 

GANG

 co C’e o m st u v m v e e ra rt d i .J a ,t e ns u te u lis se n l en n ivr m s si e oi fr a g ile

procla

INE TIMEL ITIÉ DE L’AM

đ&#x;‘€ INTRODUCTION — 20

JAY Z & JEAN RENO

ITIÉ

Jay-Z est un ami d'enfance de Sofia Reno, la compagne de Jean Reno. Il est Êgalement le parrain de leur fils.

KH O

AM DAT

DANS L EN M E MONDE OYEN , NE 21 AN S→Â g (ou a dĂŠjĂ r e auquel o n encon ami¡e ¡s trĂŠ) s rencontre es me illeur¡e 4,3 m ¡s eil VS 7,2 leur¡e¡s am i¡e¡s bon¡n VS 20 e ,4 cop ¡s amie¡s ains-c opine s / pe rsonn e ¡S E I¡ M A ¡S ¡E R U E L IL E M E ED E NOMBR , EN MOYENN YS PAR PA oudite rabie Sa 6,6 en A e 6 en Ind nce ra F n e 3,6 nis États-U ni 3,1 aux -U e m u a y o 2,6 au R mes % des fem mes et 80 om es ’h m  d m % fe 71 itiĂŠ pas en l’am ne croient  France hommes en

A Y

2019 par Snapchat e ĂŠtude menĂŠe en *DonnĂŠes issues d’un âgĂŠes de 13 Ă 75 ans es onn pers 000 auprès de 10

MYLĂˆNE FARMER & VINCENT LINDON Mylène Farmer et Vincent Lindon ont fait le cours Florent ensemble alors qu'ils ĂŠtaient deux jeunes acteurs. ALAIN CHABAT & BRADLEY COOPER Alain Chabat et Bradley Cooper se sont rencontrĂŠs sur le tournage de Sur la piste du Marsupilami. On connaĂŽt Kate et Leo, Cara et Kendall, Brad et George, mais certaines ĂŠtoiles que tout oppo se trouvent aussi le chemin de l'am itiĂŠ. TOP 5 des amitiĂŠs les plus impr obables.

→ Les jouets rendus vivants, comme les peluches ou cette poupĂŠe qui n’a qu’un Ĺ“il → Les amis humains invisibles [les plus cool ndlr]

 A

ÂŤ

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PO TO

AMI¡E DE RĂŠVE

Sel o de n un Wa e ĂŠ tud de 7 shi ima ans ngton e men o g int inai nt dĂŠ , 65 % ĂŠe Ă r ĂŠ l et rieur e. GĂŠ jĂ eu des e ’Univ er nĂŠr c’e ¡ u e n n a psy st p ppa alem ¡e a fant sitĂŠ c l s m u h r e ait i¡e qui olo tĂ´t g e nt, de perm ues, bon s ntre cet¡t i i se e 3 g l tĂ s’a ne e e am de s dĂŠv entir l’enf git d ! D’a t 5 an i¡e p ’ a s u m elo ppe oins nt de n ÂŤÂ do rès le ‌ se ubl s r so seu r l es as n im ou On dĂŠnombre 3 grands types d’ami¡e¡s agi enco surer oi  , nat re imaginaires : ion . â†’ Les animaux invisibles (chien, chat, souris voire dinosaure)

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Y IĂˆGE IVEL KE L ANÇOIS P BLA t R N-F men vĂŠne çois & JEA ĂŠ n 'u n lors d n-Fra t C'est l que Jea ively on , L e Chan et Blake e. Depuis c e n g a s s iè ĂŠ r is P s suc onna fait c uble date ints o ĂŠ. o j les d urs con pas cess le t c n e 'o v a sn ectif resp P N RUM KA T CLINTO N A A IV E S tion EL roba & CH sapp , ĂŠ d nald rĂŠ la Malg ue de Do t Chelsea q e li p t une pub rum nnen ka T Ivan n entretie ue date. g o Clint n de lon io relat

SĹ’ UR

đ&#x;‘€ 21 — INTRODUCTION

Jan Yag er, une d amĂŠric aine, ca octeure en so ciologie ractĂŠris le degr e l’ ĂŠ d’intim itĂŠ de la amitiĂŠ selon relation . F BF le rs ve ce an iss pu La montĂŠe en t comme suit : mood se tradui copain  ire ou le ÂŤÂ bon → L’ami ordina . Il est ce an ss connai est plus qu’une moments s de on partage celui avec qui s, le ab or ĂŠm m rres rigolos, des ve parfois mĂŞme d, en kee w le des loisirs est juste ofessionnels. C’ des tuyaux pr t. en uv so si it pas qu’on ne le vo → L’ami proche est passĂŠ Ă deux doigts du podium, la relation avec lui ĂŠtant nourrie des 5 valeurs propres au meilleur ami, les biens nommĂŠes ÂŤÂ engagement, confidence, confiance, honnĂŞtetĂŠ et communautĂŠÂ Âť. Mais il n’est pas exclusif. Pas de jaloux, on peut en avoir plusieurs.

LE A MIT

IÉ ?

I R AM U E L L MEI ME HOM ’ L E D ÊTRE ’ L E D AIN HUM

→ Le meilleur am i ou L’AMI est l’Êquivalent de l’âme sĹ“ur en amour. Il nous accompa gne dans le te mps et dans les ĂŠpreuv es. On est cert ain qu’il nous aime pour ce que l’on est – pas besoin de se la raconter – et de ce sentiment naĂŽt une certaine fo rme d’exclusivitĂŠ.

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Des scientifiques l’affirment, le lien entre l’humain et le chien est l’une des relations inter-espèces les plus importantes jamais observĂŠes. On saurait dĂŠsormais pourquoi : quand un chien et son propriĂŠtaire se regardent dans les yeux, ils ont chacun une montĂŠe d’ocytocine dans le cerveau – hormone de l’amour et de la confiance. Cette osmose prendrait naissance dans un gène commun responsable de l’hypersociabilitĂŠ dont le loup – ancĂŞtre du toutou – serait dĂŠpourvu. L’amour serait si fort que suite Ă un test, de nombreux chiens prĂŠfèreraient une caresse Ă une bonne gamelle de pâtĂŠ. Vous ne souhaitez jamais partager votre assiette ? C’est sĂťrement votre gène loup‌

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INTRODUCTION — 22

QUITTEZ PAS. UN AMI VA BIENTÔT VOUS

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Après 16 ans d’espoirs et de demandes de fans ĂŠplorĂŠs, la bande d’amis la plus cĂŠlèbre du petit ĂŠcran a annoncĂŠ en fĂŠvrier son retour pour un show spĂŠcial. ÂŤÂ It’s happening . C'est compter sans le mĂŠchant virus qui a reportĂŠ le tournage Ă une date inconnue. Ă€ noter que chaque comĂŠdien¡ne devrait percevoir entre 3 et 4 millions de dollars pour ces retrouvailles. Les bons comptes font les bons amis.

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Kelly & Brenda dans Beverly Hills 90210 Pedro & Roberto dans Un dos tres DaphnĂŠ & Cynthia dans CĹ“ur OcĂŠan

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

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23 — INTRODUCTION

→ Textes : Marie-Camille Alban & Alix Hassler

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Il/elle est si près de vous pourta nt vous ne savez pa s comment l'aim er ? Lui/elle seul¡e pe ut dÊcider que vous parlie z d'amour ou d'a mitiÊ ?

LA VALEUR DE L’AMITIÉ

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Les ami¡e¡s, ce sont des ĂŠpaules sur lesquelles pleurer, des rires Ă partager, des coudes Ă lever et bien plus encore. Focus sur ce que vous apportent vos ami¡e¡s et que vous ignorez : → Le bonheur apportĂŠ par une amitiĂŠ correspondrait Ă la somme de 6 000 â‚Ź selon Jordi Quoidbach dans son livre Comment augmenter votre bonheur. Vous pouvez bien sĂťr en soustraire la note de ce pote qui n'a jamais de monnaie sur lui. → Des relations sociales saines et ÊquilibrĂŠes co ntribuent Ă la sa ntĂŠ et au bonheur, vo us assurant ainsi une vie plus lon gue.

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

rait rend raper ous tt v  s ’a ¡ le d s mi¡e es a usceptib ĂŠcise pa d r i s o r x v p s u n A e e i n o → u fam ois m tude 4,2 f me. L'ĂŠ u sujet d oit-Plus u -D a un rh mation t-On-Ne r n l'info Celui-Do om. mis -N s x d’a e viru ncer-Le seau efficac ĂŠ r o s n n r s, o e i e l v t Pro i ula ir d enta eten une stim ultĂŠs m vec r t n a → E ettrait fac gĂŠes vos es perm sitive de ns parta ntes zon o i o e t r p  a ĂŠ t s r e iff nt d onve les c i rĂŠveilla s u r aut rveau. rnien e alifo 'on lit c c  s u r d u u rche ue lorsq ¡e ami¡e, ent q iv s che n → De ĂŠmontrĂŠ rit par u qui s'act ue q c s d s ĂŠ e t e u e n o ssag urologiq les mĂŞm eur près e m  l ne un ont de cha . ones au s les z le cerve source c chaud e n dans 'on a un tient do u ĂŠ i q t s i r m lo oi. L'a de s

L’AMOUR DEVENU AMITIÉ

đ&#x;‘€ INVITATION — 24

Les amitiĂŠs dissonantes

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Étienne Menu, journaliste musical, co-directeur de la revue Audimat, fondateur du site Musique Journal et collaborateur de France Culture, nous explique que la mĂŠlomanie et l'amitiĂŠ se croisent rarement et que c’est plutĂ´t pas mal comme ça.

đ&#x;‘€ 25 — INVITATION KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Pour nous, mĂŠlomanes, les disques et les concerts sont des copains, des compagnons, c’est certain. Ils nous suivent parfois très longtemps, on s’en ĂŠloigne ou on revient vers eux, on adore les frĂŠquenter en continu pendant une brève pĂŠriode pour ensuite s’en passer pendant des mois. On parle d’amour de la musique mais bien souvent, pour moi en tout cas, mon rapport Ă elle est donc plus proche de l’amitiĂŠ, et quand j’entends la voix d’un¡e artiste que je n’avais pas entendue depuis longtemps, ça me fait chaud au cĹ“ur, ça me rassure, ce sont des vraies retrouvailles amicales alors que je ne connais pas ces personnalitĂŠs dans la rĂŠalitĂŠ. En revanche, l’amitiĂŠ normale, entre humains qui se connaissent en vrai, est un sujet qui me pose des problèmes quand je le mets en perspective avec la musique. D’abord, du cĂ´tĂŠ des chansons elles-mĂŞmes, je n’ai en tĂŞte aucun morceau mĂŠmorable sur le thème. Probablement parce que j’Êcoute moins les paroles que le mĂŠlomane moyen. Mais aussi parce qu’avec l’âge, l’amitiĂŠ telle que je l’ai expĂŠrimentĂŠe, et notamment telle que je l’ai vĂŠcue avec d’autres hommes blancs hĂŠtĂŠros, a ĂŠtĂŠ pour moi un fait social souvent dĂŠcevant, dĂŠprimant, peu stimulant. Ça reste bien sĂťr un avis personnel mais si j’en parle ici c’est qu’il y a, entre autres, les amitiĂŠs qu’on pense nouer en partageant des goĂťts musicaux, et donc, croit-on, une mĂŞme sensibilitĂŠ Ă la vie, ou du moins une certaine ÂŤÂ vision esthĂŠtique . Sur les centaines de mecs avec lesquels j’ai pu ÂŤÂ sympathiser  au cours de ma vie de mĂŠlomane, je pense que la grosse majoritĂŠ d’entre eux n’ont connu de moi que les disques que j’aimais ou que je n’aimais pas, et ĂŠventuellement les petites vannes de nerd que je pouvais sortir sur tel groupe ou tel sous-genre. C’est une prise de conscience qui peut sembler ĂŠvidente formulĂŠe comme ça, aujourd’hui, mais quand j’avais quinze ans, j’Êtais persuadĂŠ que je deviendrais obligatoirement ami pour la vie avec les types qui comme moi ĂŠcoutaient My Bloody Valentine ou Mo’Wax. Dans mon lycĂŠe, personne ne connaissait ces noms, sauf un gars, avec lequel j’ai traĂŽnĂŠ deux ou trois ans, essentiellement pour lui emprunter des disques, sans jamais vraiment trop oser me dire qu’il n’avait rien d’un ami, ni mĂŞme d’un ÂŤÂ pote . Je l’ai perdu de vue sans aucun regret. Mais au-delĂ de ce banal manque de luciditĂŠ adolescente, j’ai remarquĂŠ que j’Êprouvais encore aujourd’hui une sorte de gĂŞne Ă vivre ma passion de la musique autrement qu’en solitaire. Certes, j’ai vĂŠcu plein de moments très beaux oĂš quelqu’un de proche (voire aussi de moins proche, d’ailleurs) me faisait dĂŠcouvrir une chanson qui m’enchantait aussitĂ´t. Ça pouvait aussi se dĂŠrouler dans le sens inverse mais quoi qu’il en soit, on sentait aussitĂ´t naĂŽtre une complicitĂŠ ĂŠvidente, quoique dĂŠlicate Ă articuler plus largement Ă nos rapports. Il y avait d’autres ĂŠpiphanies d’un genre proche, oĂš je m’apercevais

đ&#x;‘€ INVITATION — 26 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

que celui ou celle Ă qui je parlais d’un morceau adorĂŠ l’adorait lui aussi, et lĂ aussi ĂŠtincelait un crush trouble et bref. Mais il y a nĂŠanmoins quelque chose de tellement intime dans l’attachement qu’on peut porter Ă une composition et Ă ses dĂŠtails, dans tout ce qu’on projette de secret en elle, qu’on peut aussi, hĂŠlas, ĂŠprouver un malaise Ă ce que d’autres y soient autant attachĂŠs que soi, mais sĂťrement ÂŤÂ de la mauvaise manière . C’est sĂťrement très infantile, mais je crois que ça ne peut que difficilement se dissiper. Et puis il y a aussi les espèces de compĂŠtitions puĂŠriles entre copains mĂŠlomanes oĂš chacun veut montrer qu’il connaĂŽt de ÂŤÂ meilleurs  disques que ceux ĂŠvoquĂŠs par ses comparses, oĂš l’on voudrait prouver qu’on sait mieux sentir la musique, sous-entendant que ces phĂŠnomènes peuvent ĂŞtre ĂŠvaluĂŠs et hiĂŠrarchisĂŠs. Ce sont des pratiques que je rencontre moins avec le temps mais elles persistent toujours un peu, quand par exemple un ami vous dit qu’il adore tel album de tel artiste dĂŠjĂ assez obscur pour la plupart des gens et que vous le mĂŠprisez lĂŠgèrement de ne pas connaĂŽtre son album d’avant ou d’après, ou ses premiers EP, ou son side-project sur une sous-division oubliĂŠe de tel label. Quelle misère, mes enfants, quel peu de cas fait de l’amitiĂŠ rĂŠelle, celle censĂŠe unir les ĂŞtres. Mais hĂŠlas j’ai pu vivre de telles choses et mĂŞme si je n’en suis pas fier, je dois admettre qu’elles ont en partie contribuĂŠ Ă tracer mon itinĂŠraire de mĂŠlomane. Et c’est sans parler des amis non mĂŠlomanes, ou juste pas assez mĂŠlomanes pour vous, et auxquels vous pouvez limite faire la gueule parce qu’ils ont envie de se la donner deux minutes sur un petit Julien DorĂŠ, ou qu’ils ne saisissent pas les charmes post-mĂŠcaniques d’Autechre ou le phrasĂŠ envapĂŠ de Lala &ce. Donc oui, si je dois ĂŞtre tout Ă fait honnĂŞte, je dirais que mes amitiĂŠs musicales ne s’accordent que rarement avec mes amitiĂŠs humaines. Mais ce qui me console, heureusement, ce sont les ami¡e¡s ĂŠphĂŠmères qu’on peut tout de mĂŞme rĂŠussir Ă se faire le temps d’une ou de plusieurs chansons, sur un dancefloor ou dans un appartement, grâce au pouvoir de la danse et de la joie que procure cette conjonction. Dans ces moments-lĂ , mĂŞme sans alcool ou sans MD, on peut briser les chaĂŽnes de l’ego et abattre sa petite cage du goĂťt solipsiste pour dĂŠconstruire en quelques mesures la peur du regard des autres, et ce par la seule force d’un beau groove et d’une bonne mĂŠlodie. Il se trouve, et je ne l’ai remarquĂŠ qu’en rĂŠflĂŠchissant Ă ce texte, que deux de mes morceaux favoris, deux merveilles de la disco new-yorkaise plus ou moins alternative, sont chacun dotĂŠs de cette facultĂŠ Ă dissoudre le surmoi et, surtout, parlent l’un comme l’autre d’amitiĂŠ, plus exactement de friends. Il s’agit de Over and Over de Sylvester, la version 12 inch de 9 minutes, et de Go Bang du projet Dinosaur L d’Arthur Russell

đ&#x;‘€ 27 — INVITATION

(dont il existe aussi deux remix, l’un par François Kevorkian, l’autre par Walter Gibbons). Vu le contexte sociohistorique de la fin 70’s/dĂŠbut 80’s, on sait que l’idĂŠe de ÂŤÂ friends  est ici davantage synonyme de membres d’une communautĂŠ multi-minoritaire (gay, souvent hispanique ou noire, et voulant danser Ă tout prix sur une musique haĂŻe par un vaste pan de la sociĂŠtĂŠ amĂŠricaine) que d’amis au sens habituel du terme : on est très loin de l’amitiĂŠ façon ÂŤÂ Place des grands hommes  de Bruel. Sylvester chante ÂŤÂ You can’t be nobody’s lover / Till you’re somebody’s friend , et surtout les chĹ“urs, très amateurs (on les dirait enregistrĂŠs en direct d’une boĂŽte de nuit pas loin de fermer), disent ÂŤÂ Got yourself a friend . Il s’agit donc d’un ĂŠloge mignon de l’intimitĂŠ psychologique comme prĂŠambule Ă l’intimitĂŠ physique, mais je crois qu’on peut aussi y entendre la chose suivante, c’est que le dancefloor, grâce Ă cette chanson comme Ă bien d’autres, est un safe space pour les gens qui craignent d’être jugĂŠs et mal aimĂŠs, et qu’en s’y entourant d’autres âmes vulnĂŠrables mais fougueuses, ils et elles vont trouver une amitiĂŠ immanente qui va leur permettre de s’aimer euxmĂŞmes, puis de se donner physiquement, par le sexe ou par la danse. Russell, quant Ă lui, rĂŠpète une phrase qui pourrait ĂŞtre le slogan de cette joie disco, par essence Ă la fois collective et privative : ÂŤÂ I wanna see all my friends at once / I wanna go bang . Le club, qui Ă cette ĂŠpoque doit ĂŞtre pour lui la Gallery de Nicky Siano ou le Loft de David Mancuso, est une utopie affective et sonore, oĂš les percussions frĂŠnĂŠtiques, les effets dub et les mĂŠlodies sinueuses servent de relais mystique Ă l’Êlan des danseurs vers le corps collectif qu’ils fabriquent organiquement. La piste de danse, qui pour nous aujourd’hui peut se rĂŠsumer aux 14 mètres carrĂŠs d’un salon oĂš l’on improvise une fĂŞte, c’est donc lĂ oĂš les amis se rĂŠunissent pour cĂŠlĂŠbrer leurs liens, ou ne serait-ce mĂŞme que pour vivre en acte des liens en puissance qu’ils ignorent encore. Car la plupart du temps, dans ces conditions prĂŠcises, les inconnus qui dansent Ă vos cĂ´tĂŠs sur une chanson que vous aimez ne sont pas moins sincères que vos plus vieux amis. → Étienne Menu

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Visuels dans l'ordre d'apparition : My Bloody Valentine, Loveless, Creation Records, 1991. MoWax, cÊlèbre label anglais de trip-hop fondÊ en 1992. Julien DorÊ, Bichon, Columbia,2011. Autechre,Tri Repetae, Warp Records, 1995. Lala &ce, Le Son d'Après, A4Ward, 2019. Sylvester, Over and over, Musidisc-Europe, 1978. Dinausor L (Arthur Russel), Go Bang! #5 / Go Bang! (Walter Gibbons Unreleased Mix), Sleeping Bag Records, 1982.

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Hel Covell EN COUVERTURE — 28

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Hel Covell vit dans le Yorkshire, loin tout lĂ -haut, dans le nord de l’Angleterre, toujours entourĂŠe de ses prĂŠcieux amis rĂŠels ou imaginaires. C’est grâce Ă cette petite bande de potes qu’elle a su, au fil des annĂŠes de sa jeune carrière, dĂŠfier le monde parfois cruel du travail en freelance et relever des dĂŠfis aussi variĂŠs que passionnants : peindre des jeux d’arcade pour le musĂŠe V&A de Londres, crĂŠer un livre pour enfants, travailler pour une marque cĂŠlèbre de la grande distribution, faire des illustrations pour un jeu vidĂŠo, etc. La naivetĂŠ apparente de son dessin, la fragilitĂŠ de son trait et sa facilitĂŠ Ă humaniser tout un tas d’êtres ĂŠtranges rendent les illustrations d’Hel Covell sensibles et touchantes. On aurait presque envie de fermer les rideaux, et d’inviter tout ce petit monde Ă s’asseoir sur le canapĂŠ, et Ă boire un chocolat chaud avec des chamallows en matant l’intĂŠgrale de Miyazaki. 29 — EN COUVERTURE

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Plus jeune, j’ai eu la chance de grandir entre deux endroits incroyables : une ĂŽle espagnole et un petit village dans le Yorkshire, avec les landes, les collines et la forĂŞt Ă proximitĂŠ. C’est encore une ĂŠnorme source d’inspiration pour mon travail. Sinon, j’ai grandi en ĂŠchangeant des cartes PokĂŠmon, en lisant des livres d’heroic fantasy et en jouant Ă des jeux vidĂŠo. Toutes ces images, toutes ces couleurs et ces personnages passionnants que j’ai pu croiser, çà et lĂ , ont favorisĂŠ, je pense, mon intĂŠrĂŞt pour le design de personnages un peu ĂŠtranges que l’on peut retrouver un peu partout dans mon travail. Les grands ĂŠvĂŠnements dĂŠdiĂŠs Ă l’illustration et les festivals (comme Pictoplasma) ont ĂŠgalement ĂŠtĂŠ une vraie source d’inspiration pour ma conception des personnages et la construction de grandes illustrations plus foisonnantes. Ces ĂŠvĂŠnements ĂŠtaient aussi l’occasion de rencontrer des personnalitĂŠs, des artistes que j’adore. Ce sont des cercles d’amis que je cĂ´toie toujours aujourd’hui et qui m’ont permis d’enrichir mon travail.

Peux-tu nous dire quelques mots sur ton parcours, tes influences ?

Je crois que je n’aurai pas assez d’un magazine entier pour expliquer Ă quel point mes amis (crĂŠatifs ou non d’ailleurs) ont pu m’aider, m’influencer et enrichir mon travail. J’ai parfois rencontrĂŠ des moments assez difficiles dans ma carrière et dans ma vie (souvent intrinsèquement liĂŠs) oĂš je me suis sentie vaincue et oĂš je n’avais pas d’autre choix que de changer de chemin‌ Mais, dans ces moments-lĂ , j’ai toujours eu la chance d’avoir un ami prĂŠcieux Ă qui demander conseil, un ami pour me rappeler qui je suis exactement et me pousser Ă continuer dans la direction qui ĂŠtait la mienne depuis le dĂŠbut. En rĂŠalitĂŠ, partager le travail en cours avec mes amis m’aide Ă rĂŠsoudre la plupart des questionnements, des incertitudes, et me permet de comprendre si un concept est fort, pertinent ou non. Sincèrement, j’aurais du mal Ă progresser dans mon travail si je n’avais personne avec qui partager mes idĂŠes. Leurs avis aussi variĂŠs que leurs caractères m’offrent des points de vue, des idĂŠes que je n’aurais jamais envisagĂŠes, mĂŞme en ayant campĂŠ pendant des heures devant mon dessin. Mes amis m’apportent ĂŠgalement une vraie ĂŠnergie. J’avais arrĂŞtĂŠ d’aller Ă mon studio pendant le confinement, mais dès que j’ai pu y retourner, j’ai pu retrouver la spontanĂŠitĂŠ des ĂŠchanges quotidiens avec celles et ceux qui m’entourent. Et ça fait du bien ! Je reconnais que je suis incroyablement chanceuse d’avoir des gens autour de moi avec qui je peux partager mon travail. J’aime pouvoir compter sur leur sincĂŠritĂŠ, leur honnĂŞtetĂŠ et en tirer le meilleur parti. Je trouve que c’est beaucoup plus facile d’être dans l’Êchange, la vulnĂŠrabilitĂŠ et je n’hĂŠsite jamais Ă montrer un boulot inachevĂŠ, loin d’être abouti, pour avoir des retours de leur part et le faire ĂŠvoluer.

Quel est le rĂ´le de tes ami¡e¡s dans ta pratique quotidienne de l’illustration ?

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EN COUVERTURE — 30

Egg City, personal work

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Collection Poster Riso avec Kiblind

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

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"Je trouve que c’est beaucoup plus facile d’être dans l’Êchange, la vulnÊrabilitÊ et je n’hÊsite jamais à montrer un boulot inachevÊ, loin d’être abouti, pour avoir des retours de leur part et le faire Êvoluer. "

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Je commence simplement par des dessins grossiers que je rĂŠalise dans mon carnet de croquis pour tenter de capturer un moment, de conserver une certaine spontanĂŠitĂŠ. Ensuite, je le retravaille rapidement en numĂŠrique. C’est souvent Ă cette ĂŠtape-lĂ que je les partage avec le client, ou avec des amis selon les projets, de commande ou personnels. Ensuite je rebouge un peu les choses pour essayer de crĂŠer la composition qui fonctionne le mieux. Je commence alors Ă jouer avec une sĂŠlection de couleurs brutes. Avec la couverture de Kiblind, les couleurs de chacun des personnages dans sa fenĂŞtre devaient fonctionner seules, mais aussi avec l’ensemble. J’ai donc crĂŠĂŠ une petite palette qui contribue Ă crĂŠer un sentiment d’unitĂŠ et qui fonctionnera Ă merveille avec la riso pour l’Êdition des posters ! Je passe ensuite au travail du cernage en noir, aux couleurs et textures finales !

En partant de cette superbe couverture justement, peux-tu nous expliquer comment tu travailles ?

D’une certaine manière, chaque projet m’apporte quelque chose‌ Mais les projets particulièrement difficiles, ceux qui m’ont poussĂŠe hors de ma zone de confort, m’ont vĂŠritablement aidĂŠe Ă grandir. Par exemple peindre une machine d’arcade pour une exposition au musĂŠe V&A de Londres, ou crĂŠer une campagne de pub pour NoĂŤl pour une grande marque‌ Mais aussi mon travail pour Kiblind ^^ C’est la première couverture de magazine sur laquelle je travaille, le premier filtre selfie que je crĂŠe et aussi le premier vrai mĂŠlange d’impression et d’animation en rĂŠalitĂŠ augmentĂŠe que l’on me demande de crĂŠer. Ce projet a ĂŠtĂŠ un dĂŠfi pour toutes ces premières fois rĂŠunies en une seule commande, mais ça m’a permis de me pousser en dehors de mes retranchements et d’essayer de donner le meilleur de moi-mĂŞme.

Quels sont les projets qui t’ont marquĂŠe ?

31 — EN COUVERTURE

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Character Stickers - Vans

Character Cut Outs - Primark

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Postcard for Nucleus Portland

→ Interview : J. Martinez → helcovell.com

Sur quels projets travailles-tu actuellement ? Qu’est-ce que tu rĂŞverais de faire ? Je bosse sur un projet de jeu vidĂŠo mystère, ah, ah, et ça, c’est le rĂŞve !

– Little My – ÂŤÂ Moomins , Tove Jansson – Ms. D – ÂŤÂ Brat , Michael DeForge – Greg – ÂŤÂ Over the Garden Wall  – Nezumi-Otoko – ÂŤÂ Kitaro , Shigeru Mizuki – Jigglypuff/Rondoudou – PokĂŠmon – Caroline – ÂŤÂ Leaving Richard’s Valley , Michael DeForge – Jiji – ÂŤÂ Kiki la petite sorcière , Miyazaki

A sassy group of pranksters ! (ndlr : une bande de farceurs sans vergogne) :

Si tu devais rĂŠunir une dream team, constituer une bande de meilleur¡e¡s ami¡e¡s dans l’univers des personnages illustrĂŠs, qui choisirais-tu ?

J’aime beaucoup la magie que peut crÊer la rÊalitÊ augmentÊe à partir d’un objet tangible comme un magazine ou un imprimÊ. J’avoue que ce projet avec vous m’a donnÊ l’idÊe de travailler peut-être un peu plus avec ces nouvelles possibilitÊs qui combinent bien mon travail en dessin et en animÊ. Même si j’adore les livres et les objets imprimÊs en gÊnÊral, il ne faut pas passer à côtÊ de nouvelles possibilitÊs liÊes aux avancÊes technologiques.

Tu utilises beaucoup le numÊrique et tes petits GIF fonctionnent à merveille, comment vois-tu les nouvelles fonctionnalitÊs offertes par ces nouvelles technologies ?

Pour crĂŠer mes personnages, j’aime choisir des formes douces et simples (comme un fantĂ´me ou un Ĺ“uf ) dont le design ne vient pas perturber l’attention portĂŠe Ă l’image. J’adore dessiner ces personnages assez ĂŠpurĂŠs qui donnent immĂŠdiatement du caractère Ă l’illustration et permettent de se projeter instantanĂŠment dans une ĂŠmotion, une histoire. Ensuite, je donne Ă ces personnages chelous et irrĂŠalistes des comportements humains (mâcher un chewing-gum par exemple), ce qui les rend, enfin j’espère, plus sympathiques pour le spectateur, crĂŠe de l’empathie et permet de donner un sens Ă l’illustration.

Comment crÊes-tu ces petits êtres Êtranges ?

EN COUVERTURE — 32

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Character Ceramics - Pictoplasma Academy Show

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" J’adore dessiner ces personnages assez ĂŠpurĂŠs qui donnent immĂŠdiatement du caractère Ă l’illustration et permettent de se projeter instantanĂŠment dans une ĂŠmotion, une histoire.  "

Master One Style or Stay Versatile’ - Its Nice That

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33 — EN COUVERTURE

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đ&#x;‘€ CRÉATIONS ORIGINALES — 34

CRÉA TIONS ORIGI NALES L’amitiĂŠ est un ĂŞtre protĂŠiforme qui ne peut se contenter d’une dĂŠfinition commune. Chacun possède la sienne, mettant l’accent ici et dĂŠlaissant une coquille lĂ .

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Aussi espère-t-on que les huit crĂŠations originales demandĂŠes Ă neuf dessinateurs aux univers diffĂŠrents sauront offrir un regard divers sur ce qu’on appelle ÂŤÂ les potos . Toutes ont ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠes avec le maximum de libertĂŠ que permettait le magazine, le format dĂŠlimitant fatalement les choses. Merci Ă Owen D. Pomery, Rob en Robin, Charlotte Bresler, Melek Zertal, Max Baitinger, Saehan Parc, Clarisse Lochmann et Barbarian Flower.

35 — CRÉATIONS ORIGINALES

behance.net/barbarianflower

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Barbarian Flowers | Twins

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ð&#x;‘€ CRÉATIONS ORIGINALES — 36 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Charlotte Bresler | Un, deux, trois, soleil charlottebresler.tumblr.com

37 — CRÉATIONS ORIGINALES

cargocollective.com/saehanparc

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Saehan Parc | Meilleures Amies

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Max Baitinger | Off Season

maxbaitinger.com

CRÉATIONS ORIGINALES — 38

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ð&#x;‘€ 39 — CRÉATIONS ORIGINALES

melekzertal.tumblr.com

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Melek Zertal | Through many planes of existence

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Owen Pomery | On the steps

owenpomery.com

CRÉATIONS ORIGINALES — 40

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41 — CRÉATIONS ORIGINALES

robenrobin.nl

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Rob en Robin | Friends make the good times better

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KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Clarisse Lochmann | Match en simple

www.clarisselochmann.com

CRÉATIONS ORIGINALES — 42

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đ&#x;‘€ 43

ÂŤÂ Il me semble que rien ne nous sĂŠpare.

 MĂŠl, assieds-toi Aucun obstacle ne s'ĂŠlève entre nous. En vous parlant,

faut que je te parle, j'avais l'impression que vous ĂŠtiez moi-mĂŞme.

j'ai passĂŠ ma journĂŠe Ces diffĂŠrences qui nous paraissent si importantes,

dans le noir . cette identitÊ dont nous faisons tant de cas

Vitaa, Confessions Êtaient depuis longtemps surmontÊes .

nocturnes, Diam's feat. Vitaa, 2006. traduction de Marguerite Yourcenar, 1974.

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Les Vagues, Virginia Woolf, 1931,

đ&#x;‘€ DOSSIER — 44

Groduk & Boucar

ÂŤÂ Moi, j’ai une gle confiance aveu   en mon binĂ´me travail en groupe peuvent avoir leur part de responsabilitĂŠ. ÂŤÂ Dès le premier jour, on a fait un truc ensemble, raconte Ludivine Proisy de Francis & Marcel, et puis au fur et Ă mesure, on a appris Ă connaĂŽtre nos univers respectifs et on a compris qu’on avait plein de points communs. C’est en 4e annĂŠe qu’on a commencĂŠ Ă vraiment bosser en duo pour un exercice sur une affiche de Rock en Seine.  Des habitudes prises très tĂ´t ĂŠgalement par Margaux Hauduc et OcĂŠane Boucar, qui n’ont par la suite fait qu’appliquer ce qu’elles avaient appris Ă l’Êcole : ÂŤÂ On avait un cours d’expression plastique oĂš la prof nous

Si elle Êtait‌ • UN PERSONNAGE DE BD : Lucky Luke • UN ÉLÉMENT : le feu car elle aime les bougies magiques de sorciers • UN DESSIN ANIMÉ : Princesse Starla pour les poneys et le bling • UNE STAR : GÊrard Depardieu ou Guignol pour ses racines lyonnaises • UN SUPER POUVOIR : Le don de gagner aux AstroŽ • UN FILM : Les Beaux Gosses • UNE CHANSON : Sexy Cool • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE : un Cagatio • UN ANIMAL : un poney jovial nommÊ Caramel ou Bijou • UN OBJET : une santiag en cÊramique

INSTANT CONFESSIONS AV

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• QU’EST-CE QUE TU PRÉFĂˆRES CHEZ OCÉANE ? Elle dit beaucoup de trucs rigolos et maĂŽtrise les tableaux Excel tel un petit comptable funky. • UNE ANECDOTE SECRĂˆTE SUR TA MEILLEURE AMIE ? Boucar menait avec brio un site internet de passion cheval dans les annĂŠes 2000. • QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ? Sandales + Chaussettes.

ARGAUX

Ă€ gauche : OcĂŠane (Boucar) et Margaux (Groduk)

Pour les trois duos, le point de dĂŠpart est le mĂŞme : les ĂŠtudes, une bromance et des envies communes. Que ce soit aux BeauxArts de Dijon pour Ruppert & Mulot, Ă l’École Estienne pour Groduk & Boucar ou Ă l’École de CondĂŠ parisienne pour Francis & Marcel, les ĂŠquipes se sont formĂŠes aux moments oĂš se dĂŠcouvrent les envies et les potentiels. L’Êmulation de la classe et le

CM

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

L

a nature aime l’artiste en solitaire. Il doit vivre seul, sur une chaise en paille, la mine triste, marmonnant sans fin et sans but. Mais la romance a ses limites. La vie rĂŠelle lui en impose parfois quelques-unes. Le tempĂŠrament des gens, aussi. Certains ont ainsi choisi de vivre la vie professionnelle entre amis, bafouant les règles de l’egotrip si chères Ă la lĂŠgende. Les trois duos de dessinateurs que nous avons rencontrĂŠs ont rangĂŠ le moi sous le nous et dĂŠdiĂŠ quatre mains Ă un mĂŞme trait. Ruppert & Mulot, Groduk & Boucar et Francis & Marcel reprĂŠsentent trois gĂŠnĂŠrations d’exceptions Ă la norme, ouvreurs de possibles pour les uns et mystères insondables pour les autres. Pourtant, pour eux, leur association coule de source et peut tenir dans cette phrase lâchĂŠe comme une ĂŠvidence par OcĂŠane Carbou, de Groduk & Boucar : ÂŤÂ Moi, l’artiste dans son coin, ça me fait pas trop rĂŞver. 

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En dessous : Margaux et OcĂŠane dans leur atelier A droite : sĂŠrigraphie "Salon, vue Nord" de Groduk & Boucar

Si elle Êtait‌

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• UN PERSONNAGE DE BD : Garfield

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• UN ÉLÉMENT : la terre pour sa force tranquille et son petit ĂŠcosystème fertile • UN DESSIN ANIMÉ : Daria pour la zĂŠbla attitude • UNE STAR : le PrĂŠsident suisse car comme elle, il aime rire d’un bon rire • UN SUPER POUVOIR : le super pouvoir de sourcier • UN FILM : Les Demoiselles de Rochefort • UNE CHANSON : Petit chien de laine • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE : Garichigo, le maĂŽtre de la forĂŞt • UN ANIMAL : un grumpy cat au poil soyeux • UN OBJET : un boa rose

INSTANT CONF

À gauche : la chambre et le bureau d’OcÊane À droite : l’atelier partagÊ de Groduk & Boucar

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

I O N S AV • QU’EST-CE QUE TU PRÉFĂˆRES CHEZ MARGAUX ? Son humour rigolo et ses jolis habits, elle est toujours chic. • UNE ANECDOTE SECRĂˆTE SUR TA MEILLEURE AMIE ? Elle imite très bien Shakira et MaĂŻtĂŠ. • QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ? Pastis + Cacahuètes.

s’est dit, ÂŤ Et puis on ire des au lieu de fa s, on e pauses clop uelque eq pourrait fair mble  s chose en e montrait l’un l’autre. Et puis on s’est dit, au lieu de faire des pauses clopes, on pourrait faire quelque chose ensemble.  Les connexions se font, la sĂŠduction est actĂŠe et la grande fusion peut avoir lieu. Après un peu de boulot, Ă la limite.

PO R

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encourageait Ă travailler Ă plusieurs. J’ai pas mal travaillĂŠ avec Margaux pour ce cours. On a bien kiffĂŠ et on a continuĂŠ après un peu naturellement.  Il y a aussi le coup de la balance. Si l’Êcole penche d’un cĂ´tĂŠ, les rĂŠcalcitrants vont de l’autre. Les Beaux-Arts de Dijon, en 1999 en tout cas, n’encourageaient pas trop la pratique de la BD. Après quelques touches, ÂŤÂ on jouait un peu aux ĂŠchecs, c’Êtait une première forme de collaboration , JĂŠrĂ´me Mulot propose Ă son tout frais ami Florent Ruppert de se faire une quinzaine Ă la campagne et de se taper quelques strips. ÂŤÂ On faisait chacun nos projets, on se les

Le style unique est une des grandes ĂŠnigmes de ces associations. Façonner un mĂŞme trait pour deux cerveaux et quatre mains ne tient pas que du miracle. ÂŤÂ On avait des styles très diffĂŠrents au dĂŠpart. Rien Ă voir, se rappelle JĂŠrĂ´me Mulot, et puis on s’est autorisĂŠ Ă prendre des ĂŠlĂŠments de l’autre. C’Êtait stimulant de crĂŠer ensemble, de repasser sur le dessin de l’autre. On a beaucoup utilisĂŠ la table lumineuse. On a gommĂŠ ce qu’on pensait ĂŞtre nos dĂŠfauts, pour quelque chose de plus qualitatif. Ce qui a crĂŠĂŠ un trait qui n’est ni celui de l’un, ni celui de l’autre. On a crĂŠĂŠ comme ça une sorte de boĂŽte Ă outils.  Francis & Marcel aussi ont dĂť enfanter une troisième entitĂŠ, un nous indĂŠpendant, qui vit de lui-mĂŞme. ÂŤÂ On a chacune notre style ; si je travaille toute seule, j’ai mon style, pareil pour elle. Mais on s’est crĂŠĂŠ un style Francis & Marcel avec notre patte , explique Manon Skotnicki.

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Groduk & Boucar

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 À force de dessiner ensemble, on a pas mal uniformisÊ. 

Francis & Marcel

Et mĂŞme pour Groduk & Boucar, qui avaient plus de convergences immĂŠdiates, il a fallu forger avant de devenir forgeron. ÂŤÂ On avait des styles un peu diffĂŠrents au dĂŠpart mais qui pouvaient bien marcher ensemble. Ă€ force de dessiner ensemble, on a pas mal uniformisĂŠ. 

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 On a c rÊÊ une sort comme ça e de b à outils  oÎte

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Reste qu’on a toujours deux crayons et un seul dessin Ă rĂŠaliser. Et pour faire rentrer le rond dans le carrĂŠ, on compte sur une sorte d’anarchie bienveillante chez Groduk & Boucar. ÂŤÂ Soit on se donne un thème et on improvise chacune de notre cĂ´tĂŠ, soit on prend une feuille et on dessine toutes les deux des ĂŠlĂŠments dessus, c’est assez variable. Ça dĂŠpend aussi qui a le temps de le faire, qui a envie de le faire. Puis, s’il y en a une qui veut repasser dessus, on a le mĂŞme logiciel, donc on se dit la taille du trait qu’on prend, la gamme de couleurs, et voilĂ . On n’a pas trop de règles de travail en fait.  Une discussion artistique constante est ĂŠgalement de mise chez les plus jeunes, Francis & Marcel : ÂŤÂ LĂ , par exemple, je fais du crayon Ă papier et elle

Si elle Êtait‌

encre par-dessus, ou inversement. On retravaille le truc Ă deux ou on le refait sur Photoshop. Pour Casterman (la revue Pandora, ndlr), on a remixĂŠ les choses de l’autre pour qu’il y ait vraiment nos deux pattes dessus.  Il est aussi beaucoup question d’Êchange chez Ruppert & Mulot oĂš ÂŤÂ il y en a un qui prĂŠsente un schĂŠma et on en discute, c’est marrant ou pas, etc. Après, soit c’est le mĂŞme qui continue, soit l’autre rĂŠcupère le truc. Plusieurs allers-retours comme ça.  Eux vont sans doute encore plus loin, car comme le prĂŠcise JĂŠrĂ´me Mulot, ils ne sont ÂŤÂ jamais en temps rĂŠel sur la mĂŞme chose, parce que la banque d’outils qu’on a mutualisĂŠe permet de faire un projet quasi tout seul, en piochant dans ces outils Ruppert & Mulot.  Mais il ajoute : ÂŤÂ Sur une commande, hein, sur un livre c’est beaucoup plus compliquĂŠ.  C’est dans cet ĂŠchange permanent que se constitue la vĂŠritable saveur de ces duos. Une comprĂŠhension totale, une ĂŠcoute attentive et une libertĂŠ choyĂŠe permettent de faire fonctionner ces drĂ´les d’êtres bicĂŠphales. Avec, tout en haut de la pile des qualitĂŠs, la confiance. Marcel, chien et source inĂŠpuisable d’inspiration

• UN PERSONNAGE DE BD : Nicole de "Franky et Nicole" des ĂŠditions CornĂŠlius • UN ÉLÉMENT : l'eau • UN DESSIN ANIMÉ : Hercule des studios Disney • UNE STAR : Romain Duris • UN SUPER POUVOIR : la tĂŠlĂŠportation • UN FILM : Ă€ Bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson • UNE CHANSON : Despair, hangover & ecstasy - The Do • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE  :  PĂŠgase, le cheval ailĂŠ • UN ANIMAL : Marcel, le chien • UN OBJET : un ex-voto

• QU’EST-CE QUE TU PRÉFĂˆRES CHEZ MANON ? Son humour, sa façon de rire. Je m'ennuie jamais avec elle. Sa gentillesse et sa bienveillance aussi. Dans le travail, j'aime son univers, sa crĂŠativitĂŠ, ses intentions graphiques, son sens de l'esthĂŠtique, je suis aussi avant tout sa fan n°1. • UNE HABITUDE CHELOU DE TA MEILLEURE AMIE Ă€ BALANCER ? Je crois qu’on a la mĂŞme. • UNE ANECDOTE SECRĂˆTE ALORS ? Jamais je ne trahirai sa confiance, vous ĂŞtes fous. (Quand elle ĂŠtait petite, elle faisait la morte pour faire flipper son frère. Je sais, c'est horrible.) • QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ? Alex Turner et Miles Kane de The Last Shadow Puppets. D’ailleurs, pendant notre premier projet rĂŠalisĂŠ ensemble avec Manon, on ĂŠcoutait en boucle l’album Everything You've Come To Expect en travaillant.

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ÂŤÂ S’il n’y a pas de porte confiance dans n’im un, m quel projet en com   c’est vouĂŠ Ă l’Êchec

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Si elle Êtait‌

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• UN PERSONNAGE DE BD : Fantomate, un petit bulldog rose qui vole, dans Petit vampire de Joann Sfar • UN ÉLÉMENT : l'air • UN DESSIN ANIMÉ : Toy Story des studios Pixar • UNE STAR : Lana Del Rey • UN SUPER POUVOIR : la tÊlÊportation • UN FILM : Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese • UNE CHANSON : Itsumo Nando Demo, la B.O du Voyage de Chihiro • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE : un hippocampe (mi-poisson, mi-serpent, mi-cheval) • UN ANIMAL : un chat • UN OBJET : une Game Boy

INSTANT CON FE

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I O NS AVEC

• QU'EST-CE QUE TU PRÉFĂˆRES CHEZ LUDIVINE ? Ce que je prĂŠfère chez elle, c'est son sens de l'humour. Impossible de ne pas ĂŠclater de rire en sa prĂŠsence. Mais aussi sa gentillesse et sa gĂŠnĂŠrositĂŠ. Et ses bobs, si mignons.

MA N ON

nous arrive souvent de nous habiller pareil sans se concerter et ça, c’est vraiment chelou.  Une constatation que fait aussi le duo Francis & Marcel, qui lorsqu’elles comparent leurs pages Pinterest ont ÂŤÂ l’impression d’être la mĂŞme personne . Il est alors de bon ton de se demander si une telle proximitĂŠ ne pourrait pas venir empiĂŠter sur l’identitĂŠ propre de chaque membre d’un duo et ainsi dĂŠborder du simple cadre du travail. Mais ça, les personnes que nous avons rencontrĂŠes n’ont pas franchement l’air de l’avoir dĂŠjĂ ressenti ni mĂŞme d’y avoir rĂŠflĂŠchi.

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ÂŤÂ Moi, j’ai une confiance aveugle en mon binĂ´me , rĂŠsume simplement OcĂŠane Boucar. En une phrase, l’illustratrice nous fait prendre conscience de ce privilège inestimable accordĂŠ seulement Ă celui qui sait s’abandonner Ă l’autre : celui de ranger le vieil adage qui clame haut et fort qu’ on ne peut compter que sur soi-mĂŞme  dĂŠfinitivement au fond du placard. Pour Ludivine Proisy aussi, le verdict est sans appel : ÂŤÂ S’il n’y a pas de confiance dans n’importe quel projet en commun, c’est vouĂŠ Ă l’Êchec.  Quand on en dĂŠborde, par contre, c’est tout bĂŠnef. ÂŤÂ Si un des deux vient avec une envie, notre intĂŠrĂŞt c’est d’Êcouter cette envie, parce que ce sera toujours la meilleure façon de faire. MĂŞme si l’idĂŠe peut paraĂŽtre un peu surprenante au dĂŠpart, ça nous sort de notre confort, c’est stimulant alors que sinon, on aurait tendance Ă rester dans son truc , affirme JĂŠrĂ´me Mulot. En plus de crĂŠer de fortes ĂŠmulations, cette confiance en l’autre et en son travail a aussi le gros avantage de permettre de gagner du temps, comme c’est le cas chez Groduk & Boucar oĂš ÂŤÂ s’il

PO R T R AIT

Quel sentiment commun jouissif, en mĂŞme temps, que de pouvoir relâcher toute pression et faire de l’autre le parfait ĂŠgal sur qui l’on peut se reposer. Le risque quand on est si proches par contre, c’est que l’Êchange soit si fluide et les idĂŠes si limpides que ça en devienne parfois un peu dĂŠroutant, Ă la limite du mystique. ÂŤÂ C’est assez ouf comme on pense de la mĂŞme manière. Par exemple, il

I N E PAR MAN

faut faire plusieurs propositions pour une commande, chacune en fait une, comme ça, ça divise par deux le temps de travail. 

47 — DOSSIER

Francis & Marcel

• UNE HABITUDE CHELOU DE TA MEILLEURE AMIE Ă€ BALANCER ? C'est plutĂ´t une habitude qu'on a prise Ă deux : on regarde des rediffusions de C'est mon choix pendant qu'on travaille ensemble. Je ne les regarde jamais seule ! Â

• UNE ANECDOTE SECRĂˆTE PEUT-ĂŠTRE ? Elle avait un Skyblog qui me fait trop rire, qui lui, restera secret. • QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ? Jack et Hubert dans OSS117, juste parce qu'ils me font marrer.

De bas en haut : Marcel, Ludivine et Manon

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

ÂŤÂ Si un des deux vi en avec une envie, no t tr intĂŠrĂŞt c’est d’Êcou e ter cette envie, parce que ce sera toujours la meilleure façon de faire. Âť

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Ruppert & Mulot

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• UN PERSONNAGE DE BD : Capitaine Haddock • UN ÉLÉMENT : la bière • UN DESSIN ANIMÉ : Le Livre de la Jungle • UNE STAR : Al Pacino • UN SUPER POUVOIR : voir Ă travers les habits • UN FILM : Scarface • UNE CHANSON : P.I.M.P de 50 cent • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE : Gandalf • UN ANIMAL : une vache • UN OBJET : un coupe-ongle

 À force de travailler ensemble, on est devenues très potes, on a plein de potes en commun. On va boire des coups après le travail. Tout le monde pense qu’on habite ensemble. Mais ĂŞtre en coloc et se voir h24, ça serait pas possible non plus. On sait garder nos vies privĂŠes, on n’est pas en mode trop fusionnel sur le cĂ´tĂŠ amical , nous explique OcĂŠane Boucar. Chez Ruppert & Mulot, duo depuis presque 20 ans, la vie a naturellement fait son boulot en dessinant des chemins bien distincts pour les deux hommes : ÂŤÂ On est complètement diffĂŠrents en dehors du travail. Moi, je suis en couple, j’ai une petite fille, j’habitais en banlieue et bientĂ´t Ă Nantes. Lui, il est au cĹ“ur de Paris, au cĹ“ur de la fĂŞte. Moi au bout d’un moment, quand je dois aller chercher ma fille Ă la crèche et que lui prĂŠpare sa soirĂŠe, je ne vais pas pouvoir le suivre jusqu’au bout de la nuit.

Ça n’empĂŞche pas qu’on reste proches, mĂŞme si ça fait quelques annĂŠes, en devenant plus âgĂŠs, qu’on construit d’autres choses. Mais sa vie Ă lui amène quelque chose, comme ma stabilitĂŠ apporte aussi quelque chose.  L’apport mutuel, voilĂ donc le bĂŠnĂŠfice le plus royal dont peuvent allègrement profiter les deux tĂŞtes chercheuses d’un binĂ´me. Et c’est bien pour ça que nos trois couples ont choisi ce mode de fonctionnement singulier. ÂŤÂ On est deux, on a deux fois plus

ÂŤÂ Il nous a souvent de n rrive ou pareil sans se s habiller co et ça, c’est v ncerter raiment chelou  de forces. Et puis aussi deux fois plus de skills, parce qu’il y a les tiens et ceux de la personne Ă cĂ´tĂŠ. Donc t’es deux fois plus blindĂŠ pour faire des choses , rĂŠsume bien OcĂŠane Boucar. Chez Francis & Marcel aussi, le duo est un refuge dans lequel il est confortable de se laisser porter : ÂŤÂ Le bonheur d’être en duo, c’est d’avoir cette synergie, de se motiver Ă deux. Le duo nous permet vraiment de nous dĂŠvelopper et de gagner en confiance. 

SSIONS AVEC FLORENT • QUELLE EST LA QUALITÉ PRINCIPALE DE JÉRĂ”ME ? La fainĂŠantise, le fait que JĂŠrĂ´me trouve toujours le moyen de tirer au flan Ă la première occasion. Du coup, ça m'enlève de la pression et je peux glander pareil.

• UNE HABITUDE CHELOU DE TON MEILLEUR AMI Ă€ BALANCER ? JĂŠrĂ´me a la mauvaise habitude ne pas aimer la totalitĂŠ de mes idĂŠes, il critique parfois leur qualitĂŠ et c'est assez agaçant. • UNE ANECDOTE SECRĂˆTE ? Un jour, j'ai vu JĂŠrĂ´me dans une boite de nuit parisienne, il voulait se battre avec des videurs de trois fois sa taille. • QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ET POURQUOI ? Fox Mulder et Dana Scully parce qu'ils sont tellement amis qu'on dirait qu'ils sont amoureux.

Illustrations tirĂŠes de l'Ĺ“uvre de Ruppert et Mulot

Florent (Ruppert) et JĂŠrĂ´me (Mulot)

đ&#x;‘€ 49 — DOSSIER

Ruppert & Mulot

Et comme dans tout bon couple qui se respecte, si l’on veut qu’une relation fonctionne, alors il faut être prêt à faire des concessions. L’acceptation de la critique et le contrôle de l’ego en sont deux bien importantes.  La base des dÊsaccords, c’est quand il y a trop d’ego. Quand tu te

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Si il Êtait‌

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• UN FL ORENT PAR JÉ PERSONNAGE DE BD : Rahan s'il avait un peu d'humour -• UN ÉLÉMENT : le feu • UN DESSIN ANIMÉ : Fantasia • UNE STAR : Steve Mcqueen • UN SUPER POUVOIR : la capacitĂŠ de s'amuser partout • UN FILM : Las Vegas Parano • UNE CHANSON : Parlez-Moi d’Amour de Lucienne Boyer • UNE CRÉATURE LÉGENDAIRE : le Minotaure • UN ANIMAL : un taureau • UN OBJET : un sèche-cheveux

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INSTANT CONFESSIONS AVEC R Ô ME JÉ

• QUELLE EST LA QUALITÉ PRINCIPALE DE FLORENT ? Sa fulgurance. Il a toujours des idÊes cool/ bizarres qui sortent de je ne sais oÚ.

• UNE HABITUDE CHELOU DE TON MEILLEUR AMI Ă€ BALANCER ? Parfois, quand on travaille Ă l'atelier, je vois Florent en train de lever les bras et se mettre Ă danser lascivement du torse. En gĂŠnĂŠral, c'est signe qu'il y a quelque chose de bien qui va sortir. • UNE ANECDOTE SECRĂˆTE PEUT-ĂŠTRE ? Florent fait rĂŠgulièrement des sĂŠances de sèche-cheveux nu sur le carrelage de la salle de bain de l'atelier prĂŠtextant des sĂŠances d'attention flottante pour avoir des idĂŠes mais je pense surtout qu'il aime ça.

dis que cette idĂŠe, c’est la tienne et que tu lâches pas. Si t’as peur d’être abĂŽmĂŠ parce qu’on va corriger quelque chose de toi, ça va pas ĂŞtre possible. Il faut accepter de donner ce que tu peux donner et accepter que l’autre va peut-ĂŞtre tout rayer , explique cartes sur table JĂŠrĂ´me Mulot. Et c’est avec une mĂŠtaphore aussi vĂŠgĂŠtale que parlante que ce dernier conclut joliment : ÂŤÂ C’est comme une grande salade composĂŠe, tout le monde fait la bouffe, t’Êpluches les concombres, tu mets les raisins. Et si jamais tu veux pas qu’il y ait de raisins, on peut enlever les raisins, c’est pas si compliquĂŠ.  Finalement, l’artiste ayant choisi de partir bille en tĂŞte en tandem plutĂ´t qu’en biclou monoplace nous prouve que le logos est toujours aussi tendance qu’à l’Êpoque d’Aristote. Pour se laisser glisser sur l’autoroute de l’accomplissement artistique, il suffira alors ÂŤÂ simplement  de trouver sa moitiĂŠ artistique, de savoir parfois se remettre en question et de gentiment mettre son ego de cĂ´tĂŠ pour le bien de la cause. Et tout ça, on est d’accord, ça fait dĂŠjĂ pas mal.

Photos du bureau partagĂŠ de Ruppert & Mulot

 C’est comme une grande sa la composÊe, tou de t le monde fait la bouffe, t’Êpluc h les concombre es s, tu mets les ra isins. Et si jamais tu veux pas q u’il y ait de raisins, on peut enlev er les raisins, c’est si compliquÊ  pas

→ Textes et propos recueillis par : Élora Quittet & Maxime Gueugneau

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• QUEL EST TON DUO PRÉFÉRÉ ? Fox Mulder et Dana Scully (comme Florent). Ils n'ont rien à voir, et même s'il prennent des chemins de pensÊe diffÊrents, ils œuvrent pour le même but : la recherche de la vÊritÊ.

n a deux  On est deux, o es. fois plus de forc is ux fo Et puis aussi de plus de skills 

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Des amitiĂŠs Ă bas bruit

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

L'ĂŠcrivaine et ancienne rĂŠdactrice en chef de la revue des littĂŠratures graphiques Hors-Cadre, Sophie Van der Linden, nous dresse un panorama de l'amitiĂŠ dans la littĂŠrature jeunesse, comment elle y est traitĂŠe et, parfois, magnifiĂŠe.

đ&#x;‘€ 51 — INVITATION KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

L’amitiĂŠ est peu ĂŠtudiĂŠe, en illustration comme en d’autres domaines. Ce que nous en savons repose ainsi sur notre propre approche. Et sur nos souvenirs de cette littĂŠrature. De Wilhelm Busch, le plus ancien sans doute, avec ses insĂŠparables garnements Max et Maurice. Un modèle qui Khalil Gibran, Le Prophète, 1923 contaminera la bande dessinĂŠe enfantine, avec ses titres aux noms ĂŠvocateurs : Pim Pam Poum (Rudolph Dirks), Zig et Puce (Alain Saint-Ogan)‌ Souvenirs, aussi, d’Arnold Lobel et de ses Ranelot et Bufolet (1970), qui, eux aussi, n’ont eu de cesse de produire des ĂŠchos, jusqu’à la rĂŠcente sĂŠrie Taupe et Mulot, d’Henri Meunier et Benjamin Chaud (HĂŠlium, 2019). Plus tardif, Loulou (L’École des loisirs, 1989) nous revient en tĂŞte et toutes ces amitiĂŠs antagonistes qui suivront, provoquant d’insoutenables mises sous tension, tel L’Ami du petit tyrannosaure, de Florence Seyvos et AnaĂŻs Vaugelade (2003). Il en est d’autres bien sĂťr, mais, dans l’Êdition jeunesse, leur fait barrage une masse de livres aux histoires d’amitiĂŠs sur recette pour parents angoissĂŠs. DĂŠmonstratives et appuyĂŠes, bavardes, elles verbalisent Ă outrance le ressenti et les ĂŠmotions des protagonistes dans une dĂŠrive psychologisante qui ne cherche mĂŞme pas Ă masquer ses intentions. Que reste-t-il, dès lors, d’un peu singulier Ă observer ? Ce qui est singulier dans l’illustration jeunesse, c’est l’importance de l’animal. Son statut anthropomorphe, qui ne nĂŠcessite pas le dĂŠtour du merveilleux. Les animaux sont lĂ , parlent, se tiennent sur deux pattes et cĂ´toient les humains. Ils peuvent donc ĂŞtre les amis des humains. Non pas comme des animaux domestiques. Mais comme des alter ego. Ce schĂŠma a donnĂŠ des albums inoubliables. Comme le discret et dĂŠsormais introuvable Kuma Kuma et moi, de la Japonaise Kazue Takahashi (Autrement jeunesse, 2005). Dans l’Êcrin dĂŠpouillĂŠ d’un album de petit format, l’amitiĂŠ se montre et se dit pudiquement dans le blanc de la page, dans le blanc du texte, dans le creux d’actions ordinaires qui ont valeur d’ÊvĂŠnements mais reconnaissent leurs limites. ÂŤÂ Nous ne parlons pas beaucoup , assume le narrateur alors qu’il dĂŠguste le ÂŤÂ thĂŠ

En amitiÊ, toute pensÊe, tout dÊsir, toute attente, naissent et se partagent sans un mot, avec une joie secrète.

đ&#x;‘€ INVITATION — 52 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

grizzly  de son ami l’ours. Les sentiments, comme retenus par cette narration minimaliste, sont pour le lecteur comme des bombes Ă retardement ĂŠmotionnelles dont on ne peut que supposer et fantasmer l’explosion. La crĂŠatrice belge francophone Anne Brouillard s’est fait l’une de ses nombreuses spĂŠcialitĂŠs de ces amitiĂŠs interspĂŠcistes. L’une d’elles, celle du chien noir Killiok et de l’homme en rouge, se donne Ă voir dans les images d’un album, La Terre tourne (Le Sorbier, 1998) dont le texte traite un tout autre sujet. Le rapprochement et l’amitiĂŠ de l’homme et du chien sont surtout montrĂŠs dans une scène lors de laquelle ils partagent un gâteau, installĂŠs Ă ĂŠgalitĂŠ autour d’une table. Vingt plus tard, elle convoque Ă nouveau les deux personnages dans sa grande Ĺ“uvre du pays des Chintiens, en plusieurs volumes (Pastel, Ă partir de 2018). Les personnages se parlent dĂŠsormais. Mais de leur amitiĂŠ, rien n’est dit. On les retrouve simplement en fin d’ouvrage, encore une fois, autour d’une table, toujours Ă partager un thĂŠ et des gaufres. Ă€ cĂ´tĂŠ de ces premiers exemples d’un mĂŞme motif – l’amitiĂŠ mutique humain-animal autour d’une table –, il serait amusant d’en rechercher d’autres. Il en est au moins un troisième, suĂŠdois cette fois – et on peut au passage remarquer cette ĂŠtonnante convergence au-delĂ des mers et des continents : Japon, Belgique, Suède... On le trouve dans la sĂŠrie de l’artiste Jockum NordstrĂśm mettant en scène Sailor le marin et le chien Pekka, dont les deux premiers volumes ont ĂŠtĂŠ traduits en France par Cambourakis (2017). Ă€ la fin du premier volume, Sailor et Pekka font des courses, le chien rejoint le marin Ă table pour dĂŽner. Avant cela, ils seront allĂŠs en ville, auront subi une panne de voiture, rencontrĂŠ un clown, fait des courses, se seront rendus chez le tatoueur du port. De leur amitiĂŠ, rien n’aura ĂŠtĂŠ dit. Mais ils ont ĂŠtĂŠ montrĂŠs, ensemble. Dans le deuxième volume, les sentiments de l’un pour l’autre seront convoquĂŠs de manière un peu plus explicite, par le biais de l’inquiĂŠtude, et de l’ennui, ressentis par Pekka lors de la maladie de Sailor. Ce dernier remis sur pied, nous n’assistons pas Ă de longs discours mais Ă la mise en scène des hĂŠros rĂŠunis autour de ÂŤÂ l’Êlectrophone  pour mettre de la musique et danser. Et cela suffit Ă exprimer la joie d’être ensemble Ă nouveau. Dans un mĂŠmoire universitaire de sciences de l’Êducation consacrĂŠ Ă ÂŤÂ La relation d’amitiĂŠ et ses reprĂŠsentations chez des ĂŠcoliers de quatre Ă cinq ans  (Margot Charras, Espe d’Auvergne, 2016), on est frappĂŠ de lire les tĂŠmoignages d’enfants dĂŠfinissant un ami. Pour tous les interrogĂŠs, un ami c’est quelqu’un avec qui on rigole, on joue, on

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regarde la tĂŠlĂŠvision, on se promène, etc. Pour tous ces enfants donc, sans exception, un ami c’est quelqu’un avec qui on fait quelque chose. Ce que ces albums mettent en scène est bien le faire de cette amitiĂŠ gĂŠnĂŠrique. C’est le propre de l’illustration que de montrer. Sur ce thème, elle est donc plus que jamais dans son rĂ´le. Et sans doute pourrait-elle se dĂŠfinir comme ÂŤÂ pour la jeunesse  par le traitement mĂŞme de ce sujet. Dans cette possibilitĂŠ de montrer une amitiĂŠ en actes sans nĂŠcessitĂŠ de la verbaliser. Car finalement, les enfants se dĂŠclarent peu leurs amitiĂŠs. Mais les illustrateurs vont plus loin encore, Jockum NordstrĂśm en tĂŞte, avec ses dessins rugueux, faussement maladroits, presque ÂŤÂ bruts  pour ce grand artiste qui bĂŠnĂŠficia d’une grande rĂŠtrospective au LaM (Lille MĂŠtropole MusĂŠe d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut) en 2013. L’art brut est avant tout une rĂŠfĂŠrence pour le SuĂŠdois. Olivier Douzou, crĂŠateur et ĂŠditeur (aux ĂŠditions du Rouergue) parle Ă son propos de nĂŠo-primitivisme dans son rapport au dessin d’enfant. Ă€ l’Êvidence, ce dĂŠcoupage rapide, tracĂŠ Ă la règle, des vignettes, le coloriage des formes, les profils des personnages renvoient aux caractĂŠristiques du dessin d’enfant. Mais aussi cette narration par l’absurde, ce glissement des situations. Et pourtant, Jockum NordstrĂśm fait bien plus qu’imiter le dessin d’enfants. Car sa technique est lĂ , discrète, qui ĂŠtaye des perspectives, agence des compositions savantes, orchestre une cohĂŠrence graphique. Et ses pages de garde, qui insèrent des vues des lieux de la crĂŠation, en une logique toute post-moderne, sont lĂ pour rappeler le statut de l’artiste. Ce qu’offre ici NordstrĂśm, c’est un art de l’enfance bercĂŠ par une enfance de l’art. Et c’est peut-ĂŞtre, aussi, une superbe dĂŠmonstration de ce que peut ĂŞtre l’illustration pour la jeunesse dans ses formes les plus originales, libres et stimulantes. → Sophie Van der Linden

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Visuels dans l'ordre d'apparition : Max et Maurice Ou les 7 tours de deux petits garçons, Wilhem Busch, Flammarion, 1952. Pim, Pam, Poum, pauvre capitaine, Rudolph Dirks, Dupuis, 1966. Zig et Puce Ă New-York, Alain Sain-Ogan, Hachette, 1930. Ranelot et bufolet, Lobel arnold, L'Ecole des Loisirs, 1970. Taupe et Mulot, Notre part du ciel, Henri Meunier et Benjamin Chaud, HĂŠlium, 2020. Loulou, GrĂŠgoire Solotareff, L'Ecole des Loisirs, 1989. L’ami du petit tyrannosaure, Florence Seyvos et AnaĂŻs Vaugelade, L'Ecole des Loisirs, 2003. Kuma Kuma et moi, Kazue Takahashi, Autrement jeunesse, 2005. La terre tourne, Anne Brouillard, Le Sorbier, 1998. La Grande ForĂŞt, Le pays des Chientiens, Anne Brouillard, L'Ecole des Loisirs, 2016. Les ĂŽles, Le pays des Chientiens, Anne Brouillard, L'Ecole des Loisirs, 2019. Sailor et Pekka font des courses, Jockum NordstrĂśm, Cambourakis, 2017. Sailor est malade, Jockum NordstrĂśm, Cambourakis, 2017.

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La bibliothèque idÊale "meilleurs amis" du Festival BD Colomiers

LA BIBLIOTHĂˆQUE IDÉALE — 54 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Amandine Doche et Yoann Gibert sont les heureux organisateurs de BD Colomiers, festival de la mÊtropole toulousaine au goÝt très sÝr et à l'ambiance chaleureuse. Ils listent et commentent ici cinq albums oÚ l'amitiÊ joue le personnage principal. BD Colomiers aura lieu du 13 au 15 novembre.

3. 1.

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GHOST WORLD de Daniel Clowes (ed. CornĂŠlius) Une meilleure amie, c’est avant tout celle avec qui on refuse de grandir, comme Enid Coleslaw et Rebecca Doppelmeyer, les plus grandes anti-hĂŠroĂŻnes de la BD amĂŠricaine. Dans Ghost World, la BD culte de Daniel Clowes, les deux adolescentes passent leurs journĂŠes Ă errer dans une ville amĂŠricaine oĂš il ne se passe pas grand-chose. Elles consacrent leurs journĂŠes Ă s’interroger sur le sens du monde, tout en cherchant Ă exorciser leurs angoisses existentielles. Avec un sens du rĂŠcit inimitable, une bonne dose de cynisme et un humour qui n’oublie jamais d’être lucide, Clowes livre un chef d’œuvre de justesse sur cette pĂŠriode souvent compliquĂŠe et sur l’amitiĂŠ adolescente. Un bijou !

LA MAIN HEUREUSE de Franck Duchazeau (ed. Professeur Cyclope) L’amitiĂŠ est un puissant remède contre l’ennui. C’est en tout cas ce qu’estime Frantz Duchazeau dans son road-movie autobiographique La main heureuse. MalgrĂŠ l’ÊtĂŠ qui bat son plein, Franz s’ennuie sĂŠvère dans le patelin qui l’a vue grandir. Jusqu’à ce que son meilleur pote Mike lui annonce qu’un concert de la Mano Negra s’organise Ă Bordeaux. Pour les deux ados, la question est vite rĂŠpondue : un ami, c’est avant tout celui avec qui on traverse la France en mobylette pour se taper le concert d’une vie.

5.

WOLVEN de Enzo Smits et Ward Zwart (ed. MĂŞme pas mal) Au Pays-Bas aussi les journĂŠes s’Êcoulent lentement quand on est un adolescent pris au piège d’un ĂŠtĂŠ caniculaire. Mais Ă l’ivresse du rock et de la mobylette, les auteurs flamands Enzo Smits et Ward Zwart prĂŠfèrent le spleen de l’adolescence et la langueur des premiers amours. Wolven se penche ainsi avec justesse sur le destin troublĂŠ de trois adolescents qui ont du mal Ă trouver leur place dans une ville (une vie) oĂš tout semble aller Ă la dĂŠrive. Une BD sensible et au dessin envoutant.

4.

ANNA ET FROGA de Anouk Ricard (ed. Sarbacane) Les meilleurs amis, c’est aussi ceux avec qui on se marre et avec qui on partage ses chwingue sans hĂŠsiter, comme dans Anna et Froga, de la gĂŠniale Anouk Ricard ! Entre chamailleries et moments de complicitĂŠ, Anna partage son quotidien avec ses meilleurs amis : Froga la grenouille, Christophe le ver, RenĂŠ le chat et Bubu le chien. Si vous avez un enfant dans votre entourage, piquez-lui son Anna et Froga, rigolade assurĂŠe !

MON AMI DAHMER de Derf Backderf (ed. çà et lĂ ) L’ami peut ĂŠgalement ĂŞtre cette personne tout aussi attachante que malaisante‌ voire complètement creepy. C’est le cas de Jeffrey Dahmer, un adolescent solitaire et perchĂŠ qui finira par devenir un des pires serialkillers de l’histoire des États-Unis. Mais avant d’être condamnĂŠ Ă 957 ans de prison, Jeffrey avait une bande de potes. L’un d’eux, Derf Backderf, a dĂŠcidĂŠ de dĂŠcrire la personnalitĂŠ de ce tueur en devenir dans Mon ami Dahmer, une BD sombre et documentĂŠe, devenue depuis une rĂŠfĂŠrence en matière de true crime book.

55 — LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE

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J KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Pink Floyd - Echoes (Live at Pompei) Pour commencer en beautĂŠ, je dirais que l’ÊvĂŠnement fondateur dans notre lĂŠgende amicale avec Elliot est un aqua* dans les toilettes d’Arthur Vonfelt, l’ami commun qui nous a prĂŠsentĂŠs. Lorsque l’aqua est devenu dĂŠsagrĂŠable, on a fini par aller s’Êcrouler dans le salon. Et lĂ , rĂŠvĂŠlation partagĂŠe, on a regardĂŠ Live At Pompei de Pink Floyd. Je crois qu’on se connaissait dĂŠjĂ de loin mais ce jour-lĂ , on ĂŠtait enclins Ă communĂŠment redĂŠcouvrir l’ampleur de l’œuvre. Jimi Hendrix - Power to Love Live at Fillmore East, 1970 Tout de suite après avoir rencontrĂŠ Elliot chez Arthur, on a donc passĂŠ l’intĂŠgralitĂŠ de notre temps libre Ă fumer des joints et Ă jouer de la musique dans la cave d’Arthur, si bien que l’appellation ÂŤÂ cave d’Arthur  est aujourd’hui devenue un concept qui entre nous ne dĂŠcrit plus seulement le lieu mais surtout l’Ênergie qui y rĂŠgnait. Entre 2007 et 2009, on devait avoir entre 15 et 17 ans Ă ce moment-lĂ et je me souviens qu’on ĂŠtait dĂŠjĂ tombĂŠs d’accord pour dire que c’Êtait les sixties de nos vies. J’ai choisi ce morceau parce que je me souviens qu’il y avait eu dĂŠbat sur le placement rythmique quand on essayait de le rejouer et que ça illustre bien le genre de problèmes qu’on avait Ă l’Êpoque. Dave Hamilton - Cracklin’ Bread Dans la mĂŞme pĂŠriode, il avait aussi ce morceau qu’on rejouait comme base de jam, je le mets ici parce que Dave Hamilton et son album Detroit City Groove sont tous deux malheureusement oubliĂŠs, alors si Dave est encore vivant ou s’il m’entend du ciel : sache que ton album est encore ĂŠcoutĂŠ et rejouĂŠ dans des caves d’Arthur. The Black Keys - Unknown Brother Un groupe que j’ai beaucoup entendu mais pas beaucoup ĂŠcoutĂŠ, qui correspond Ă peu près Ă la fin de la cave d’Arthur, au passage du bac et Ă l’inattendu dĂŠcès d’un ami commun dont les Black Keys ĂŠtaient le groupe prĂŠfĂŠrĂŠ.

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Paul Kalkbrenner - Aaron Je me souviens d’une courte pĂŠriode oĂš on ĂŠcoutait ce morceau en disant que c’Êtait de la minimale et en pensant que Berlin c’Êtait le nouveau spot cool alors qu’avec le recul, Paul Kalkbrenner est Ă la minimale ce que Justice est Ă la French House, et Berlin ĂŠtait grillĂŠ depuis le jour oĂš des gens comme nous ont eu envie d’y aller. Maceo Parker - What You Know About Funk Donc voyage Ă Berlin, en plein hiver. Comme on ĂŠtait un peu des blaireaux, on n’avait pas captĂŠ que Berlin l’hiver, c’Êtait Moscou et en plus qu’on ĂŠtait mineurs et qu’on ne connaissait personne. Donc hormis ce fameux soir oĂš on a fini par rouler des pelles Ă des inconnu(e)s dans un bar gay, on est surtout restĂŠs Ă l’appart Ă mater des South Park et Ă ĂŠcouter de la zik, notamment ce morceau de Maceo Parker qui ne reprĂŠsente pas du tout le genre d’ambiance qu’on ĂŠtait venue chercher Ă Berlin. Nicolas Jaar - Space Is Only Noise If You Can See + Tame Impala - The Moment ArrivĂŠe Ă Paris, on a dĂŠcouvert Ableton live, Nicolas Jaar et Tame Impala, deux grosses rĂŠfs communes en termes de musique mais surtout de carrière et de processus crĂŠatif. Daniel Avery - Drone Logic + Emmanuel Jal - Kuar (Henrik Schwarz Remix) Depuis qu’on a commencĂŠ Ă pouvoir passer de la musique fort devant des gens dans les soirĂŠes, il y a deux morceaux que j’ai dĂŠcouverts en pleine soirĂŠe qui me rappellent Elliot, le premier, Drone Logic qui avait ĂŠtĂŠ jouĂŠ en B2B avec Julian Starke et l’autre, Kuar, jouĂŠ en B2B avec Étienne Piketty dans la grange du festival Pete the Monkey.

*Aqua ĂŠtant l’abrĂŠviation de ÂŤÂ aquarium , concept assez dĂŠbile qui consiste Ă fumer un ou plusieurs joints dans une pièce fermĂŠe si possible minuscule, pour que la fumĂŠe ne se dissipe pas, formant ainsi une sorte de hammam sec au cannabis

đ&#x;‘€ PLAYLIST — 56

Back 2 back version besta

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Jefferson Airplane - White Rabbits Je me souviens d’une soirĂŠe dans un appart Ă Strasbourg (parce que c’est comme ça qu’on fait la fĂŞte Ă 17 ans) oĂš une fille a pris une guitare et a commencĂŠ Ă jouer cette chanson. Au dĂŠbut c’Êtait chaotique et on s’est regardĂŠs avec un air moqueur. Mais en fait, cette personne avait vraiment un truc et le moment s’est avĂŠrĂŠ assez magique. Jacques est tombĂŠ amoureux d’elle et la relation a ĂŠtĂŠ aussi chaotique que le dĂŠbut de la chanson. Funkadelic - Friday Night, August 14th On ĂŠcoutait ĂŠnormĂŠment de funk quand on ĂŠtait adolescents. Avec le recul, je trouve que les Funkadelic ĂŠtaient les meilleurs. C’est une bĂŞte de groupe. Joe Bataan - Ernestine Jacques avait trouvĂŠ ce CD Ă la mĂŠdiathèque de Strasbourg et on l’adorait. Je me rappelle qu’on l’Êcoutait dans la cuisine de sa mère en fumant des joints. On est allĂŠs se coucher ensuite dans sa chambre et je me suis fait piquer par une guĂŞpe qui ĂŠtait sous la couette. Ça m’a fait super mal, mais j’aime toujours les animaux.

Michael Jackson - Workin’ Day and Night On faisait pas mal d’Air Guitar sur cette chanson, notamment car le riff de guitare a un placement rythmique complexe. Pink Floyd - Echoes (2011 Remastered Version) Un soir, on dormait chez un ami commun, Arthur, qui joue encore aujourd’hui avec moi en live. On avait mis Ă rude ĂŠpreuve un bang artisanal fait de bouteilles en plastique ce soir-lĂ , et je m’Êtais endormi. Au milieu de la nuit, je me rĂŠveille et lĂ , je ne sais pas qui avait mis ça mais je dĂŠcouvre le solo de David Gilmour sur Echoes - live at Pompei. J’ai ouvert les yeux pendant le plan en travelling derrière les amplis du groupe et j’ai vraiment vĂŠcu ça comme un rĂŞve. Ça ne paraĂŽt pas grand-chose comme ça, mais je pense honnĂŞtement que c’est un des plus beaux moments de ma vie. Led Zeppelin - No Quarter (1990 Remaster) On faisait beaucoup de guitare avec Jacques Ă l’Êpoque et on avait vraiment une passion pour les guitaristes. Je me rappelle qu’on dĂŠbattait sur comment Jimmy Page faisait pour avoir ce son de guitare sur ÂŤÂ No Quarter . Louis La Roche - Prick Stick Quand on est arrivĂŠs Ă Paris, on s’est mis Ă ĂŠcouter plus de musique ĂŠlectronique, notamment ce morceau que je redĂŠcouvre et que je trouve vraiment nul. Mais c’Êtait la pĂŠriode, ça me rappelle plein de bons souvenirs. Saint-Preux - Concerto pour une voix Quand Jacques faisait des playlists sur mon iPod, il mettait toujours un morceau complètement HS. J’ai fait de mĂŞme pour celle-ci !

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Mike Oldfield - Tubular Bell Pt. 1 Quand on faisait la fĂŞte, on dormait souvent sur place, genre dans le salon des gens. On mettait toujours de la musique pour dormir, et Jacques mettait rĂŠgulièrement cette track. Ce qui ĂŠtait top au dĂŠbut, mais le morceau passe par des phases extrĂŞmement intenses qui provoquent des rĂŠveils tout aussi intenses.Â

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57 — PLAYLIST

Les couples mettent au monde un chĂŠrubin pour sceller leur union et montrer leur amour aux yeux de tous, ces deux-lĂ ont prĂŠfĂŠrĂŠ enfanter un label. Jacques et Petit Prince, alias Elliot, sont les boss de la maison de disques Pain Surprises, des artistes solo accomplis et ĂŠvidemment, des copains depuis un sacrĂŠ bail. Le premier a pris l’habitude de crĂŠer des mĂŠlodies ĂŠlectro entĂŞtantes Ă partir de n’importe quel objet posĂŠ sur sa route. Le deuxième lui, excelle dans la pop volontairement mielleuse et vient de sortir l’ensorcelant Les plus beaux matins. Pour nous, tous deux ont retracĂŠ leur amitiĂŠ Ă travers des playlists interposĂŠes, entre histoires de douce dĂŠglingue, d’expĂŠrimentations et de rĂŠvĂŠlations communes.

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IMAGIER Les Chiens Devant l’Êvidence, il ĂŠtait impossible de reculer. Qui crie ÂŤÂ wouf wouf  quand le cĹ“ur est en berne ? Qui donc fait monter le taux d’ocytocine d’un simple regard ? Qui d’autre t’autorise Ă acheter les croquettes Royal Canin dont on rĂŞve depuis l’enfance ? Le chien, poto de l’homme depuis au moins 15 000 ans.

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Les huit dessins suivants ont ÊtÊ glanÊs parmi les portfolios d’illustrateurs et illustratrices d’aujourd’hui et offrent diffÊrentes vues de nos toutous chouchous. Ils sont extraits d’un petit imagier, Les Chiens, qui regroupe vingt-huit dessins d’autant d’illustrateurs, accompagnÊs de textes plus ou moins informatifs. Il est sorti le 24 septembre.

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instagram.com/clairemilbrath

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Claire Milbrath | Orange Dreams, projet personnel, 2020

đ&#x;‘€ IMAGIER — 60 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Émilie Gleason | Extrait de la sÊrie Dogs, projet personnel, 2017 emiliegleason.com

đ&#x;‘€ 61 — IMAGIER

domiziatosatto.com

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Domizia Tosatto | Extrait de Le manuel des Caniches et autres chiens de compagnie, Ion Éditions, 2019

đ&#x;‘€ IMAGIER — 62 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Manon Cezaro | Extrait de A Special request, Look Back and Laugh Books, 2020 manoncezaro.com

đ&#x;‘€ 63 — IMAGIER

galerieannebarrault.com

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Guillaume Pinard | Caniche, 2019, Courtesy de l’artiste et de la Galerie Anne Barrault, Paris

đ&#x;‘€ IMAGIER — 64 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Manon Debaye | Extrait de PĂŠnible, auto-ĂŠdition, 2019 manondebaye.com

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instagram.com/charlotte.dumortier

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Charlotte Dumortier | Projet personnel, 2016

đ&#x;‘€ IMAGIER — 66 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

AndrĂŠ Derainne | 4 pm, projet personnel, 2019 instagram.com/andre.derainne

ð&#x;‘€ KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

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a i n a t e r Mau

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Reg rentre Ă la maison

Mauretania, de Chris Reynolds, Tanibis, 292Â pages, 27Â euros > tanibis.net

Et tous les voisins se sont garÊs dans l’allÊe, ils pensent peut-être que personne ne reviendra plus jamais

La maison est vide : ses parents ne sont donc plus lĂ

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đ&#x;‘€ FOUTU â– Il y a tout de mĂŞme de bons cĂ´tĂŠs Ă voir notre

monde s’effondrer. Les incohĂŠrences font loi, le non-sens règne en maĂŽtre et on voit enfin le bout de cette drĂ´le d’histoire que fut la civilisation capitaliste. Et puisque la porte est Ă prĂŠsent entrouverte, autant la dĂŠfoncer totalement en oubliant la biensĂŠance qui d’ordinaire tenait le monde tant bien que mal. C’est cette idĂŠe qui semble ĂŞtre Ă l’origine du livre d’Antoine Boute (texte), StĂŠphane De Groef (graphisme et dessin) et Adrien Herda (dessin), Manuel de civilitĂŠ biohardcore, sorti conjointement chez Tusitala et FrĂŠmok. Il s’agit, avec ce livre, de prendre les devants face Ă une situation qui nous mènera de toute façon Ă l’enfer. PlutĂ´t que de rester avachi dans son canapĂŠ Ă manger des chips, autant suivre les conseils de ceux qui savent. Ceux qui savent concocter une boisson ĂŠnergĂŠtique Ă base de venin de scorpion et de sperme de taureau. Ceux qui savent crĂŠer une super-race de sanglier-cochon promotrice d’anarchie. Ceux qui savent, aussi, faire vivre les parcs d’attractions avec des piscines de larmes. Ils sont les professeurs, ils sont très didactiques. Les fiches pĂŠdagogiques s’enchaĂŽnent page après page, avec leurs recettes toujours absurdes et souvent violentes. Mais ce qu’elles dessinent en creux, avec leurs appels Ă dĂŠtruire le monde qui est et Ă le recomposer telle une utopie radicale, c’est surtout les fausses routes que nous empruntons aujourd’hui. La poĂŠsie et l’humour incisifs d’Antoine Boute sont lĂ pour percuter quelque chose qui tient Ă la fois du rire et de la consternation. En cela, la lecture du Manuel de biocivilitĂŠ hardcore est un moment rare dans notre ĂŠternel voyage bibliophile. Ă€ ce titre, les ÂŤÂ interprĂŠtations graphiques , ainsi qu’elles sont appelĂŠes dans le livre, apportent leur pierre Ă l’Êdifice. Adrien Herda et StĂŠphane De Groef suivent pas Ă pas ce chemin tortueux qui mène du livre d’instruction insurrectionnel Ă la grande marrade post-apocalyptique. Les dessins aux crayons de couleur et la typographie manuelle renforcent l’esthĂŠtique d’urgence quand les couleurs chatoyantes et les rĂŠfĂŠrences Ă la culture globale affichent son absurditĂŠ. Le Manuel de civilitĂŠ biohardcore est un livre hors norme, beau et dĂŠrangeant, malsain et malin, un coup de sang drolatique et coupant face Ă la rĂŠalitĂŠ. Manuel de civilitĂŠ biohardcore d’Antoine Boute, StĂŠphane De Groef et Adrien Herda, FrĂŠmok & Éditions Tusitala 64 pages, 24 euros > fremok.org / editions-tusitala.org

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PARALLĂˆLE â– Il faut bien avouer qu’on ne connaissait pas Chris Reynolds avant la rĂŠĂŠdition orchestrĂŠe par les ĂŠditions Tanibis. De ses Ĺ“uvres des annĂŠes 1990, nous ĂŠtions ignares. Une erreur, sans doute. Mais nous ne remercierons jamais assez la maison d’Êdition villeurbannaise d’avoir publiĂŠ le recueil Mauretania de l’auteur gallois. Car ce qui nous est arrivĂŠ dans les mains est quelque chose d’unique et du genre qui fait exploser le cerveau. Il y a tout d’abord la patte graphique. Tout de noir et blanc vĂŞtue, la bande dessinĂŠe de Chris Reynolds nous plonge immĂŠdiatement dans l’inconnu. Avec des cernes surabondants et une attention particulière Ă l’architecture, on a ĂŠventuellement quelques rĂŠminiscences des essais de Frans Masereel ou FĂŠlix Vallotton dans cette utilisation du contraste comme ĂŠtalon de l’expression graphique. Ici, elle n’est pas utilisĂŠe par dĂŠfaut. C’est un choix. L’univers que nous prĂŠsente l’auteur grand-breton nĂŠcessite cette radicalitĂŠ esthĂŠtique. Pour se fondre dans la dimension parallèle de laquelle Chris Reynolds veut nous parler, les nuances n’ont pas leur place. Elles sont dĂŠjĂ toutes dans le rĂŠcit d’un monde autre, si proche et si ĂŠloignĂŠ que la moindre ambivalence dessinĂŠe serait une fausse piste. Mauretania est une bande dessinĂŠe de science-fiction comme on en voit peu. Nous ne suivons pas les aventures d’un hĂŠros aux prises avec un monde qui devrait changer. Ici, tout est Ă ras de terre. Les bâtiments, le paysage et les infrastructures sont au premier plan de l’œuvre. Ce n’est pas un futur qu’on nous propose, mais une alternative. Ă€ partir de lĂ , Chris Reynolds pose ses fantasmes. Un dĂŠtective, un super-hĂŠros, une apocalypse, tout vient prendre place dans un monde sensiblement ĂŠquivalent au nĂ´tre mais oĂš tout est possible. C’est Ă nous, lecteur, de combler les vides. Une confiance sans bornes lie l’auteur de ces nouvelles vieilles de plus de vingt ans avec ceux qui les liront dans l’Êcrin offert par Tanibis. Avec ses histoires mystĂŠrieuses, il nous pose la question stimulante du ÂŤÂ et alors ? Vous en faites quoi ? . Comment lui rĂŠpondre, alors qu’il ne nous donne que des bribes ? C’est l’imagination qu’il titille, et avec elle l’envie de se plonger dans ces lieux ĂŠtranges, ces discussions anodines, ces ĂŠnigmes sans intĂŠrĂŞt. C’est Ă nous de nous en sortir avec une ĂŠtrangetĂŠ qui refuse le spectaculaire. La dimension Mauretania de Chris Reynolds ne se targue pas d’extraordinaire mais s’enfonce dans une banalitĂŠ confondante. De celles qui, parce qu’elles ne nous mâchent aucun travail, nous donnent les fruits les plus beaux. Une expĂŠrience folle, mais en toute discrĂŠtion.

Manuel de civilitĂŠ biohardcore

69 — SÉLECTION PRINT

> SĂŠlection Kiblind

đ&#x;‘€ SÉLECTION PRINT — 70 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

CitĂŠville/ CitĂŠruine APRĂˆS â– Fruit d’un coup ĂŠditorial Ă trois bandes, CitĂŠville/ CitĂŠruine de JĂŠrĂ´me Dubois nous a fait dĂŠpenser un peu de ronds. Pas de souci. DĂŠcouverte sur les stands festivaliers de Fidèle Éditions Ă la fin 2017, la sĂŠrie de fanzines CitĂŠruine faisait ĂŠcho aux ĂŠpisodes de CitĂŠville du mĂŞme auteur dans la revue Nicole des ĂŠditions CornĂŠlius. Les deux projets augmentĂŠs sortent aujourd’hui dans deux livres diffĂŠrents mais inextricablement liĂŠs, la ville restant dans le giron de CornĂŠlius quand les Éditions Matière rĂŠcupèrent, elles, les ruines. Chronologiquement, CitĂŠville se situe avant CitĂŠruine. JĂŠrĂ´me Dubois y dĂŠcrit, en neuf ĂŠpisodes oĂš l’absurditĂŠ rayonne, la dĂŠliquescence d’une sociĂŠtĂŠ moderne. Si l’humour est omniprĂŠsent, c’est le genre d’humour qui crĂŠe la gouttelette d’anxiĂŠtĂŠ le long du dos. L’Êvidence de ses inspirations transforme ses dessins en sombres prophĂŠties : l’hyperconsommation y règne en maĂŽtre, les liens de solidaritĂŠ ont ĂŠtĂŠ dĂŠnouĂŠs et l’empathie semble avoir ĂŠtĂŠ effacĂŠe du registre des sentiments. La raideur du trait de l’auteur de Jimjimbang vient souligner un monde en manque de courbes, de souplesse et de compassion. La lumière y est crue, l’ombre pesante et les nuances quasi inexistantes. L’architecture et l’urbanisme imposent leur vision froide aux ĂŞtres vivants qui n’ont que leurs visages pour imprimer un semblant de vie. Ceux-ci portent en eux tout le calvaire d’une existence menĂŠe Ă contre-courant : les traits sont hideux, fatiguĂŠs et dĂŠsespĂŠrĂŠs. PrĂŠsentant exactement la mĂŞme construction, le mĂŞme dĂŠcoupage et les mĂŞmes plans que CitĂŠville, CitĂŠruine s’inscrit dans une suite logique. Ă€ force de flotter dans le nĂŠant, les habitants ont fini par couler. Les rues sont vides, les bâtiments abandonnĂŠs et la population a disparu. Une vie, autre, s’y affirme. Des traits nets de JĂŠrĂ´me Dubois, des formes gĂŠomĂŠtriques qui s’accumulent et de l’alĂŠatoire de la ruine naĂŽt un renouveau de l’esprit. L’abstraction prend d’assaut cette ville sans mouvement, laissant le lecteur divaguer lui-mĂŞme dans une zone graphique non identifiĂŠe. Seul, ici ou lĂ , le vĂŠgĂŠtal offre de l’espoir. Un sentiment ĂŠtrange, car il ĂŠtait un absent notable de CitĂŠville. C’est alors qu’on se demande si les pages de CitĂŠruine ne viennent pas paradoxalement soulager celles de CitĂŠville, si, Ă la dĂŠchĂŠance, nous ne prĂŠfĂŠrons pas l’abandon. Il fallait bien deux livres pour offrir une expĂŠrience pareille. CitĂŠville de JĂŠrĂ´me Dubois, Éditions CornĂŠlius, 184 pages, 22,50 euros. CitĂŠruine du mĂŞme auteur, Éditions Matière, 184 pages, 19 euros > cornelius.fr / matiere.org

America na

HUMILITÉ ■Ne dites

pas qu’on s’est encore fait avoir. Ne dites pas qu’il s’agit d’un ĂŠnième livre sur la marche, comme elle nous rend plus fort et plus perspicace face Ă la vie qui va. Ça n’est pas tout Ă fait ça. Oui, Americana de Luke Healy traite bien d’un long pĂŠriple pĂŠdestre Ă travers les États-Unis, d’une expĂŠrience qui a bouleversĂŠ l’existence de l’auteur. Mais les choses sont un peu plus compliquĂŠes. En suivant le Pacific Crest Trail (PCT), de Campo Ă la frontière mexicaine au Bon, je vais camper ici. Manning Park jouxtant le Canada, Luke Healy n’entendait pas donner de leçons philosophiques ou piquer une tĂŞte de gondole sur les ĂŠtalages dĂŠdiĂŠs au dĂŠveloppement Tu parles d'un plan, c'est les plus grandes personnel. Le PCT, pour Luke Healy, est une chiottes ‥ ciel ouvert du monde. Argh ! incarnation de son dĂŠsir d’AmĂŠrique. De cette AmĂŠrique dont le fantasme imprègne son pays et dont il veut se gaver jusqu’à Êtouffement. Alors, il est parti dĂŠcouvrir ça pendant cinq mois, pas après pas, l’ÊtĂŠ avant l’Êlection de Donald Trump. Si le livre est largement consacrĂŠ Ă la marche de l’auteur, ses difficultĂŠs et ses erreurs, la trame de fond est tout aussi importante. Le fameux truc de la petite histoire qui rejoint la grande trouve ici une dĂŠclinaison d’autant plus intĂŠressante qu’elle est faite avec humilitĂŠ. Le gars en chie, c’est certain. Et il n’en cache rien. Mais c’est la façon dont il se raccroche aux branches qui vient toucher ce qu’il nous Je repense ‥ ce graffiti en traversant le maquis aride. Je n'arrive pas ‥ me l'Ă™ter de reste de gentillesse pour les inconnus. Si la la tĂ?te. Je ne comprends pas lĂ­espagnol mais jĂ­ai bien vu que c'Ăˆtait un hommage aux morts. JĂ­imagine que ces noms sur la liste sont ceux des personnes qui ont perdu la vie en essayant de passer la frontiĂ‹re mexicaine. volontĂŠ personnelle est un facteur, elle n’est Je culpabilise de faire du tourisme dans un endroit que d'autres essaient d'atteindre au pĂˆril de leur vie. pas le seul et tant mieux, car elle est amenĂŠe Ă J'ai appris que des personnes cachent des rĂˆserves dĂ­eau dans le dĂˆsert pour les gens qui franchissent la frontiĂ‹re. J'ai aussi appris que les agents de la Border Patrol dĂˆtruisent ces caches. flancher rĂŠgulièrement. Les rencontres avec les Bien sËšr, ils ne touchent jamais aux rĂˆserves dĂ­eau du PCT. autres marcheurs et avec le territoire semblent ĂŞtre les vĂŠritables fils rouges de cette marche interminable. Ils sont des points d’appui indispensables pour celui qui ne se considère Ă aucun moment surhomme. L’homme prend son H majuscule lorsqu’il se confronte aux paysages et Ă la sociĂŠtĂŠ de ses congĂŠnères. Ă€ aucun moment, il ne fait ĂŠtat d’une quelconque supĂŠrioritĂŠ, il se met Ă sa place sans fanfare ni trompette. Face Ă l’habitant et aux autres marcheurs, face Ă ses ĂŠmotions ou face aux paysages, la prouesse de Luke Healy est de se caler dans le bon tempo de l’observation subjective, interagissant souplement avec son environnement. La normalitĂŠ face Ă l’incroyable. L’auteur sait aussi jouer de la modestie graphique. Devant l’Êpoustouflante AmĂŠrique, le dessinateur convoque un trait simple et une couleur rare, ĂŠvoquant la possibilitĂŠ du monumental plutĂ´t que de foncer dans l’esbroufe. Le dessin ĂŠtablit ainsi avec l’auteur une relation sans filtre tout au long des 4 280 km du trail. Exit les effets de manche, l’empathie se dĂŠploie et fait disparaĂŽtre tous les petits dĂŠfauts du hĂŠros dans un sentiment proche de la sympathie. Oui, oui, on l’aime ce Luke. On est avec lui. Tiens bon, mon vieux. 50

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Americana, de Luke Healy, Casterman, 336 pages, 23Â euros > casterman.com

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CO IN NORMAL â– Pour

Ma Mam est biza an rre

celles et ceux qui n’ont pas le plaisir d’avoir enfantĂŠ, il faut savoir que la parentalitĂŠ ne vous transforme pas immĂŠdiatement en influenceur¡se couches sur Instagram. Les mamans ou les papas continuent, contre toute attente, d’être des humains Ă part entière, avec leur passĂŠ et leur prĂŠsent, leurs passions et leurs singularitĂŠs. Le livre ĂŠcrit par Camille Victorine et dessinĂŠ par Anna Wanda Gogusey vient prĂŠcisĂŠment rappeler tout ça. Ma Maman est bizarre prend appui sur l’expĂŠrience de son autrice, agent artistique, danseuse et performeuse, tatouĂŠe, fĂŠministe et mère : une personne avec des convictions, du goĂťt et des aspĂŠritĂŠs qu’elle porte sur elle. Camille Victorine pose, avec son texte, le droit simple et inaliĂŠnable d’être elle-mĂŞme et d’en faire profiter sa fille. La force de ce livre jeunesse et d’aller se frotter Ă des espaces, des moments et des individus trop souvent passĂŠs sous silence. Des vernissages aux festivals, des soirĂŠes entre amis aux manifestations, les pages confrontent le jeune lecteur Ă une chose rare : la vraie vie. Le dessin d’Anna Wanda Gogusey rend la pareille au texte. D’une ligne claire et sans se dĂŠtourner du rĂŠel, elle libère la magie de chacun de ces lieux, de chacun de ces instants. En affirmant haut et fort que la maternitĂŠ n’est pas un sacerdoce, Ma Maman est bizarre vient ĂŠcraser le principe de normalitĂŠ et donne Ă chacun¡e le droit de vivre son amour pour ses enfants de la manière dont elle ou il le souhaite. Une ĂŠvidence qu’il est toujours bon de rappeler. > Ma Maman est bizarre, de Camille Victorine et Anna Wanda Gogusey, La Ville brĂťle, 48 pages, 15 euros > lavillebrule.com

VICE-VERSA â– Tout

Houbi

est une question de point de vue. Il suffit de dormir le jour, par exemple. Alors, vous vivez la nuit. Avec les ĂŞtres de la nuit, les bruits de la nuit, les tempĂŠratures de la nuit et la lumière de la nuit. Et qu’y voyez-vous lorsque vous n’êtes – au mieux – ĂŠclairĂŠ que par la lune ? Les nuances du sombre. C’est prĂŠcisĂŠment la vie que mène Houbi, le hibou imaginĂŠ par Julien Hirsinger et Constance Verluca et dessinĂŠ par Charline Collette. Et ça lui va très bien, jusqu’à ce qu’il croise la route d’un animal de jour et que celui-ci tente de lui expliquer les couleurs. Parce qu’il a rencontrĂŠ la diffĂŠrence, un nouveau monde s’ouvre devant Houbi. Il ne changera pas de vie, mais il saura qu’il est un possible ailleurs, Ă un autre moment. En dĂŠcouvrant les couleurs, il dĂŠcouvre d’autres formes de beautĂŠs, d’autres formes de vie. Et votre enfant, lui, s’ouvre en mĂŞme temps Ă l’autre et Ă la beautĂŠ du monde. La beautĂŠ du monde, puisqu’on en parle, bĂŠnĂŠficie lĂ du travail d’une de ses plus zĂŠlĂŠes admiratrices. Le texte s’orientant sur le voir, la charge sur les ĂŠpaules de la dessinatrice Charline Collette ĂŠtait d’autant plus lourde. Mais elle s’en tire, comme Ă son habitude, Ă merveille. Adoptant son style naĂŻf mais attachĂŠ au geste et Ă la matière, elle livre une copie sans faille. Tout en douceur pour les images de nuit, la palette ĂŠclate au moment oĂš les couleurs se font jour. L’admiration dans les yeux de Houbi pour le nouveau monde risque bien de se reflĂŠter dans les vĂ´tres. > Houbi de Julien Hirsinger, Constance Verluca et Charline Collette, L’Agrume ĂŠditions, 44 pages, 14,50 euros > editionslagrume.fr

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

dessinateur, Fabio Viscogliosi est l’un de ces hommes aux mille vies dont on se demande si leurs journĂŠes font bien 24 heures comme pour le commun des mortels. Ou peut-ĂŞtre ce monsieur dispose-t-il, Ă l’instar des poulpes, de cerveaux dissĂŠminĂŠs dans chacun de ses membres. Cascade, sa troisième production en moins d’un an (après le roman Harpo et le disque Rococo), arrive Ă point nommĂŠ pour tenter d’infiltrer un peu mieux la bĂŞte. L’auteur lyonnais tient du pĂŞcheur. Sur un flux continu de pensĂŠes, il mène sa barque, laissant traĂŽner l’Êpuisette parce qu’on ne sait jamais. Par chance, l’eau est poissonneuse. La Cascade en question ne cesse d’alimenter l’auteur en inspirations diverses. Un souvenir, un lieu, un film, un livre, un paysage, le courant amène sous de nombreuses formes de quoi nourrir l’esprit de Fabio Viscogliosi. Et on sent que chaque prise fait vibrer une corde qui, par la magie de la propagation des ondes, en fait vibrer d’autres. Nous parcourons alors cet ÂŤÂ espace merveilleux oĂš la pensĂŠe dĂŠambule , comme il le dit lui-mĂŞme, ce ÂŤÂ huis clos au grand air . Cette promenade donne lieu Ă un amoncellement de bribes, des morceaux de pensĂŠes qui ouvrent au lecteur d’autres chemins qu’il sera Ă mĂŞme de dĂŠcouvrir par lui-mĂŞme. Car s’il s’agit d’un ouvrage extrĂŞmement subjectif, il n’en reste pas moins que le lecteur est mis Ă contribution. Fabio Viscogliosi possède ce don de serrurier, dĂŠbloquant des portes nouvelles pour celui qui prĂŞte attention Ă ses dires et Ă son dessin. Il ne reste alors qu’à les emprunter. Le tour de force de cet ouvrage se situe ĂŠgalement dans la manie qu’a l’auteur de dĂŠdoubler les points de vue. L’image est ici bien plus qu’une illustration du texte. Des traits simples et des couleurs ĂŠclatantes parviennent Ă inviter le lecteur Ă se pencher aussi sur le dessin. Il dĂŠcouvrira alors qu’au-delĂ de l’efficacitĂŠ graphique s’articule une vision complexe faite d’abstractions, d’Êmotions et de sous-entendu. LĂ aussi, Fabio Viscogliosi pousse Ă l’interprĂŠtation, Ă la prise en main de son Ĺ“uvre. De très autobiographique, Cascade devient alors universel. Et le torrent qui y est dĂŠversĂŠ ruisselle Ă son tour chez celui qui prend le temps de s’y plonger. Cascade, L’Association, 120 pages, 32 euros > lassocation.fr

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BOUILLON â– Musicien, ĂŠcrivain,

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71 — SÉLECTION PRINT

Cascade

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đ&#x;‘€ SÉLECTION PRINT — 72 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Les Aventures de Munich dans Marcel D uchamp INTERVALLE â– Roman Muradov est une sorte de petit miracle et nous avons bien de la chance que Dargaud traduise ses Ĺ“uvres. Parce que c’est pas si ĂŠvident que ça. Si ses travaux d’illustrateur tournent largement dans la grande presse amĂŠricaine (New Yorker, New York Times, Vogue), ses bandes dessinĂŠes sont plus confidentielles, gĂŠnĂŠralement courtes et d’une race non ordinaire. On les trouve autoĂŠditĂŠes, dans une revue lituanienne (KuĹĄ, une merveille) et aussi bien chez les Anglais de Nobrow et d’Uncivilized Books. Aujourd’hui, demain, hier, première parution française datant de 2016, rassemblait ces productions ĂŠparses dans un grand carambolage de styles et de rĂŠcits, dĂŠvoilant une palette ĂŠtourdissante. Les Aventures de Munich dans Marcel Duchamp, lui, ne tire pas dans tous les coins. L’objectif du livre est clair puisqu’il s’agit de narrer le sĂŠjour Ă Munich de Marcel Duchamp de 1912 dont on ne sait rien. De ces trois mois, il ne nous reste que les dates et les suppositions. Ă€ ce petit jeu, Roman Muradov s’offre les coudĂŠes franches grâce Ă ce dribble intellectuel qu’il pose dès le dĂŠpart : ÂŤÂ Pour que les faits demeurent les faits, toute conjecture, si peu plausible soit-elle, doit simplement ĂŞtre niĂŠe par une autre conjecture d’Êgale valeur permettant un nombre infini de suppositions entre deux faits entrecoupĂŠs.  Ă€ partir de lĂ , l’auteur peut tout son soĂťl faire les dĂŠtours qu’il veut. Il ne s’en prive pas et commence le livre en coupant le bras du cĂŠlèbre plasticien. Mais ce blanc-seing donnĂŠ Ă l’imagination n’est pas une simple coquetterie. En se libĂŠrant de la vraisemblance, Roman Muradov peut se rapprocher d’une certaine vĂŠritĂŠ. De ce qu’il se passe dans la tĂŞte de Marcel Duchamp, nous ne saurons rien car pas une de ses paroles, ni une de ses pensĂŠes n’est consignĂŠe ici. C’est le monde qui tourne autour de lui. La ville, les artistes, l’amour, le tourbillon d’une Europe qui s’agite avant de s’enfoncer dans le chaos deux ans plus tard. L’artiste est le produit de son ĂŠpoque lit-on dans les pages des Aventures. C’est on ne peut plus vrai, non seulement l’Êpoque mais aussi le moment de sa vie viennent travailler en permanence Duchamp, le plongeant dans une zone non identifiĂŠe. Le trait vif et ĂŠvanescent de Roman Muradov vient rendre compte du flou des pensĂŠes, des ĂŠlĂŠments qui la traversent, de l’irrĂŠalitĂŠ de la situation. Ce style unique, tout en ĂŠvocation jusqu’à l’abstraction, atteint ici des sommets. Il faut voir les dessins de Roman Muradov pour se rendre compte qu’on a lĂ un artiste hors norme. Et si en plus, il sait si bien ĂŠcrire, on baisse les armes.

Les Aventures de Munich dans Marcel Duchamp, de Roman Muradov, Dargaud, 120Â pages, 22,50Â euros > dargaud.com

e r è i n r e La D de rosel’ÊtĂŠ ÉBAUBI â– Lucas Harari est arrivĂŠ dans le monde de la BD avec la classe de ceux qui vivent sans brouillon. Son premier livre, L’Aimant, thriller architectural sorti en 2017 chez Sarbacane, avait valu Ă son auteur un sacrĂŠ paquet de louanges, auxquelles se rajoutaient les nĂ´tres. Il remet aujourd’hui son titre en jeu avec La Dernière Rose de l’ÊtĂŠ, toujours chez Sarbacane. DĂŠjĂ , le dĂŠcor change, et c’est important chez Lucas Harari. Des gris et imposants bâtiments des Thermes de Vals de son prĂŠcĂŠdent livre, nous passons Ă la lumière et au charme d’une ĂŽle mĂŠtropolitaine non identifiĂŠe en plein ĂŠtĂŠ. Il faut se figurer un mix entre l’Île d’Yeu et l’Île de Porquerolles, pour faire court. Les ĂŠlĂŠments restent toutefois au premier plan, hier la montagne, ici la mer. Et, malgrĂŠ les touristes, l’espace reste intime. Lucas Harari joue avec l’insularitĂŠ pour crĂŠer un monde Ă part, avec ses personnages rĂŠcurrents et une ĂŠnigme concise. Un thriller en bonne et due forme qui met en scène un hĂŠros solitaire autour duquel tournent de mystĂŠrieux personnages, rencontrĂŠs comme on trĂŠbuche. La fin fait peu de doute, mais le rythme est haletant. Lucas Harari met toute son ĂŠnergie dans une narration qui alterne contemplation et action, dĂŠtails et grandes envolĂŠes. Tout ça au service de la vraie force de Lucas Harari : son dessin. La simplicitĂŠ relative de l’histoire met ici en avant la maĂŽtrise sans faille de la ligne claire par l’auteur parisien. Sous la haute influence de ses aĂŻeux des annĂŠes 1980, Serge Clerc et Yves Chaland en tĂŞte, Lucas Harari livre un rĂŠcital. Son ĂŠditeur ne s’y est d’ailleurs pas trompĂŠ, livrant Ă la BD un ĂŠcrin superbe et imposant. C’est parce qu’il y a Ă l’intĂŠrieur une myriade d’images Ă couper le souffle. Comme pour son prĂŠcĂŠdent effort, Lucas Harari laisse son trait occuper le devant de la scène. N’hĂŠsitant pas Ă s’offrir de pleines pages, voire des doubles pages, il vient caresser l’œil du lecteur – devenu ici spectateur – et enchaĂŽner les orgasmes visuels. Devant La Dernière Rose de l’ÊtĂŠ, on lit peu, on admire. La Dernière Rose de l’ÊtĂŠ de Lucas Harari, Éditions Sarbacane, 192 pages, 29 euros > editions-sarbacane.com

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UTOPIE RETRO â– Foulard nouĂŠ autour

des cheveux, mains vissĂŠes sur le volant d’une CitroĂŤn CZ et tĂŞte qui dodeline de gauche Ă droite, nous voilĂ au dĂŠbut des annĂŠes 70 Ă l’Êcoute de Concorde. Doux voyage parsemĂŠ de bonbecs acidulĂŠs et funky (Silenzio), de jams langoureux (Vol d’après-midi) et de subtile disco-pop francophone (Train de Minuit), l’album du trio Le Couleur est un ravissement. Ajoutez au pĂŠriple la voix caressante de la chanteuse et quelques envolĂŠes instrumentales psychĂŠdĂŠliques, et vous voilĂ dans un trajet utopique. Concorde de Le Couleur Disponible chez Lisbon Lux Records > lisbonluxrecords.com

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MANIFESTE SENSIBLE â–

Ce n’est pas une dÊcouverte, l’artiste jongle lui aussi entre la joie et la tristesse, alors il est normal que ses albums soient mallÊables en fonction de ses Êmotions. Au revoir excentricitÊ, bonjour simplicitÊ. Avec l’Êvocateur Life Is Crazy, Sean Nicholas Savage replace les mots au centre de son art. Usant de sa voix immaculÊe puis ÊcorchÊe, le Canadien les nimbe de dÊlicatesse pour Êcrire un manifeste rÊflexif oÚ seuls le piano et les cordes ont le droit de s’inviter. Narratif, puissant, suffisant, Life Is Crazy nous fait aimer le spleen.

Life Is Crazy de Sean Nicholas Savage Sortie le 2Â octobre chez Arbutus / Modulor > arbutusrecords.com

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Laurence-Ann

L’AUTRE MONDE ■Si elle Êtait guide spÊcialisÊe dans

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les visites des dimensions parallèles, Laurence-Anne rĂŠcolterait les meilleurs avis. Accident, son premier EP sorti chez Bonsound, est une invitation Ă l’Êgarement et Ă la fascination pour ce qui nous entoure. Des ĂŠchappĂŠes art rock et post-punk se greffent au chant des oiseaux, transpercĂŠes par la voix sensuelle de l’artiste quĂŠbĂŠcoise qui nous laisse idĂŠaliser l’ailleurs. Foutraque et si dĂŠlicat Ă la fois, cet album trace un chemin enchantĂŠ dans une jungle imaginaire oĂš chaque ĂŠlĂŠment devient une curiositĂŠ. Accident de Laurence-Anne Disponible chez Bonsound > bonsound.com

73 — SÉLECTION MUSIQUE

DĂŠlage

AMEN â– Deux ans qu’on ne l’avait pas vu et voilĂ que DĂŠlage se dĂŠcide Ă descendre l’Êchelle qui mène de ses confortables tĂŠnèbres au monde des humains. MissionnĂŠ pour envoĂťter le terrien Ă coups de mĂŠlodies enveloppantes, le musicien allemand vient dĂŠbattre de l’amour tourmentĂŠ via des chansons occultes qu’il se plaĂŽt Ă interprĂŠter en allemand, en anglais et en français. Une messe noire et synthĂŠtique en 8 parties oĂš la pop vient s’imbriquer Ă la Neue Deutsche Welle, invoquant les saints patrons John Maus et Nick Cave. Twist and Doubt de DĂŠlage Disponible chez Field Mate Records > fieldmaterecords.bandcamp.com

n o s d i v a D e Mari & L’Œil Nu EXPLORATION ■Admirablement

entourĂŠe d’AsaĂŤl R. Robitaille (Bataille Solaire) et de Pierre Guerineau, son mari et binĂ´me dans Essaie Pas, Marie Davidson revient en tant que groupe. Satisfaisant un dĂŠsir commun inĂŠpuisable d’exploration artistique, L’Œil Nu dĂŠlivre un album hybride s’autorisant autant de crochets du cĂ´tĂŠ de la disco (Worst Comes to Worst) et de l’Êlectronique (Lead Sister) que du spoken word. Chantant en anglais et français des discours dĂŠsabusĂŠs sur la vie d’artiste, Renegade Breakdown est une Ĺ“uvre aussi inclassable que lucide. Renegade Breakdown de Marie Davidson & L'Ĺ’il Nu Sortie le 25 septembre chez Ninja Tune > ninjatune.net

J arvis s e Yv PROCESSION â–

Chamane officiant dĂŠsormais chez ANTI-, le MontrĂŠalais Yves Jarvis sait se faire aimer de tous ceux qui croisent sa route grâce Ă une mĂŠthode d’envoĂťtement bien rodĂŠe dont tous les prĂŠceptes sont rassemblĂŠs dans son troisième album Sundry Rock Song Stock : 1° de sublimes harmonies vocales Ă la Fleet Foxes apposĂŠes Ă de la pop folk (In Every Mountain), 2° des parenthèses modulaires parfaitement contrebalancĂŠes (Ambrosia), 3° des envolĂŠes baroques (Emerald), 4° des mĂŠlodies rock prog Ă la King Crimson. Et voilĂ , vous ĂŞtes pris au piège.

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LEXOMIL â– ÂŤÂ Rien ne sert de courir  disait l’autre. Après deux ans et demi de façonnage en parallèle de ses tournĂŠes avec Rouuge et Wild Wild Waves, please_don’t sort sans prĂŠtention l’objet façonnĂŠ par ses moments d’errance solitaire et d’Êmerveillement. Pause requise dans un monde Ă 200 Ă l’heure, wandering_around est un idĂŠal d’anthropomorphisme oĂš les synthĂŠs ont le droit d’avoir la flemme, oĂš la basse s’autorise des sorties de route et oĂš la batterie fait fi de son agressivitĂŠ habituelle. Une sorte de Grizzly Bear sous tranquillisants qui permet enfin de souffler. Wandering_around de please_don’t Disponible via L’affect Records & AB Records > laffectrecords.bandcamp.com abrecords.bandcamp.com

BeSl abrina lao uel

FORMULE ADÉQUATE â– Comme une chimiste dans son labo, Sabrina Bellaouel a passĂŠ ces dernières annĂŠes Ă mĂŠlanger diverses substances pour donner naissance Ă la formule idĂŠale. Se refusant Ă suivre la notice qui lui dicterait la mĂŠthode Ă suivre, l’artiste a crĂŠĂŠ la sienne. Preuve irrĂŠfutable de son efficacitĂŠ, l’album We Don’t Need to Be Enemies est un assemblage idĂŠal de matières sonores qu’on pourrait croire opposĂŠes comme l’afrobeat (Nasser), le R&B  (If ), l’opĂŠra (La Chute) et la house, et qui ensemble donnent un tout nouveau et addictif. We Don’t Need to Be Enemies de Sabrina Bellaouel Disponible chez InFinĂŠ > infine-music.com

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

please_don

Sundry Rock Song Stock de Yves Jarvis Disponible chez ANTI> anti.com

đ&#x;‘€ SÉLECTION ANIMATION — 74

ANIMATION â– Marion Lacourt est illustratrice, graveuse et rĂŠalisatrice de films d’animation. DiplĂ´mĂŠe des Arts DĂŠcoratifs de Paris, elle fait un crochet par les Beaux-Arts de Hambourg oĂš elle apprend la lithographie. Son film Moutons, Loup & Tasse de ThÊ‌ a reçu le Prix Émile Reynaud 2019 et a ĂŠtĂŠ sĂŠlectionnĂŠ dans les plus grands festivals internationaux.

VoilĂ une biographie bien courte, jetĂŠe comme une feuille froissĂŠe, Ă laquelle elle n’attache pas grand intĂŠrĂŞt. Non par vanitĂŠ et dĂŠdain – certainement pas – mais simplement parce qu’elle prĂŠfère parler de ses rĂŞves, de ses dessins et de ses films. Ses rĂŞves, ça oui elle y accorde beaucoup d’importance. Dans un petit carnet noir, elle cultive un mĂŠlange disparate de dessins et de notes, qui grandit chaque matin vaporeux selon les faveurs du rĂŠveil. Le souvenir du rĂŞve griffonnĂŠ prend sur les pages la forme d’un ÂŤÂ rĂŠsidu dessinĂŠÂ Âť qui tente de prĂŠserver le ressenti, l’impression unique et fidèle, comme si on voulait garder intact le parfum, la couleur d’un sentiment. C’est son Journal monotypĂŠ, qu’elle ne consacre qu’à la matière onirique. Dans ses autres carnets, elle met un peu de tout. Des ÂŤÂ petits riens  comme elle dit, qui deviennent pourtant très souvent le point de dĂŠpart de grandes choses illustrĂŠes, fixes ou animĂŠes, peu importe finalement : la question du mouvement se dĂŠcidera plus tard, dĂŠchargĂŠe de toute contrainte formelle.

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

Journal MonotypĂŠ

Affiche de la Fête du CinÊma d’animation, 2020

Moutons, Loup & Tasse de ThĂŠ, "Eyes", 2019 Moutons, Loup & Tasse de ThĂŠ, "People", 2019

Tous ces ingrĂŠdients, extraits de matière onirique et de petits riens, entrent dans la composition de ses films si ĂŠtranges et contemplatifs, dont toute trame narrative semble absente. Comme dans un rĂŞve, fabriquĂŠ avec des matĂŠriaux du rĂŠel rĂŠagencĂŠs dans des postures surrĂŠalistes et sens dessus dessous, ses crĂŠations se prĂŠsentent en ÂŤÂ expĂŠriences immersives ouvertes . Elle veut que le film reste ÂŤÂ ouvert  pour que chacun puisse construire une interprĂŠtation personnelle, Ă partir de sa propre histoire. Elle veut que l’on visite ses Ĺ“uvres comme des rĂŞves, accompagnĂŠ par le lâcher-prise naturel de l’inconscient, dĂŠlivrĂŠ de l’emprise de la logique et prĂŞt Ă accueillir aimablement la seule sensation esthĂŠtique. Sur un plan esthĂŠtique, justement, ses rĂŠalisations s’illustrent d’abord par un dessin enfantin faussement naĂŻf, un jeu de vides et de pleins cheminant sur la ligne claire, mais surtout par le traitement des couleurs et l’utilisation de la lumière. C’est pour cette raison qu’elle a choisi le banc-titre multiplans comme instrument de prĂŠdilection, qui lui permet de capter la lumière, de s’amuser avec. Cet outil, hĂŠritĂŠ des prĂŠmices du cinĂŠma d’animation, est composĂŠ de quatre plaques de verres qui se superposent, rĂŠtroĂŠclairĂŠes par le bas : la lumière traverse les plaques de verre en remontant vers l’appareil photo, fixĂŠ au-dessus des plaques. L’appareil capte donc la combinaison des quatre couches successives superposĂŠes ; et la photo prise correspond Ă une image du film, rĂŠalisĂŠ Ă l’ancienne dans la plus pure tradition. Sur les plaques de verre, elle dessine directement avec des encres de lithographie, gĂŠnĂŠralement très ĂŠpaisses et visqueuses, mais qu’elle parvient avec technique Ă appliquer en couches très fines et prĂŠcises, comme du filtre colorĂŠ. Parfois, elle alterne avec les outils des graveurs, qui lui permettent de gratter certaines couches de couleurs, d’Êvider des espaces, de laisser passer la lumière. Tout ceci prend forcĂŠment un certain temps. Deux ans pour la rĂŠalisation de son film de 12’ Moutons, Loups & Tasse de ThÊ‌. Mais quand on voit le rĂŠsultat, la prĂŠcision du trait derrière l’illusion flottante et la douceur du mouvement dans la maĂŽtrise du rythme, on se dit que ça valait vraiment la peine.

s m l fi s e L de Marion Lacourt

> Pour avoir un aperçu en mouvement des films de Marion Lacourt, rdv sur Kiblind.com. > Filmographie sĂŠlective - Gnose, film d’Êtude, ENSAD, 2010 - Page d’Êcriture, Tant mieux Production, 2014 - Dune, Arte, 2019

Dune, 2019

01.10 AU 04.10 @ PARIS X ĂˆME ■À une pĂŠriode oĂš les informations fusent

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Bula

et sont omniprĂŠsentes qu’on le veuille ou non, Formula Bula dĂŠcide de lâcher du lest et de se concentrer sur l’essentiel. Bien conscient de la chance qu’il a d’exister cette annĂŠe, le festival dĂŠdiĂŠ Ă la bande dessinĂŠe et aux arts graphiques a pris soin de sĂŠlectionner six expositions dissĂŠminĂŠes dans plusieurs lieux de Paris et sa banlieue. On pourra ainsi tomber nez Ă nez avec ÂŤÂ I am the Eggman  et les dessins absurdes et minimalistes de JosĂŠ Parrondo, ÂŤÂ Murmures aux archives  prĂŠsentant la crĂŠation d’une bande dessinĂŠe in situ et ÂŤÂ Miniatures, le disque pour enfants en France (1950-1990)  et ses trĂŠsors discographiques retrouvĂŠs par Radio Minus. Autour de la mĂŠdiathèque Françoise Sagan (Paris Xe) , un vĂŠritable village tournĂŠ autour de l’Êdition rassemblera 25 maisons. Et car qui dit ambiance de village dit forcĂŠment animations, Formula Bula nous gâtera ĂŠgalement avec le Superlotobula, ainsi qu’une kermesse fluviale en compagnie des ĂŠditions Misma.

LYON BD Saison e d’automn DE SEPT. À DÉC. 2020 @ LYON ■Alors qu’il a ÊtÊ contraint

– vous savez pourquoi – de remplacer son festival annuel par une version en ligne en juin, le Lyon BD ne s’est pas dĂŠmontĂŠ. Malin comme tout, il revient avec une saison de propositions artistiques ĂŠtendue de septembre Ă dĂŠcembre. Et quel plaisir pour nous autres, ĂŞtres privĂŠs de culture depuis des mois, que de pouvoir enfin imaginer un peu d’agitation dans nos mornes vies. Ça dĂŠmarre d’emblĂŠe avec la soirĂŠe d’ouverture : un concert dessinĂŠ rĂŠunissant le collectif electro Acid Arab et quatre dessinateurs. Des expositions en veux-tu en voilĂ envahiront ĂŠgalement la capitale des Gaules, comme ÂŤÂ Super (HĂŠros) , l’exposition de l’œuvre de Mathieu Sapin ou encore l’exposition des planches d’Un travail comme un autre d’Alex W. Inker Ă l’atelier Kiblind (ah ben, ça alors). Ă€ bien noter aussi, une rencontre avec Riad Sattouf au thÊâtre des CĂŠlestins pour la prĂŠsentation du tome 5 de L’Arabe du futur et une prise de contrĂ´le du musĂŠe des Tissus par une dizaine d’auteurs. Merci Lyon BD, ne changez rien surtout.

10.09 AU 10.10 @ SLOW GALERIE, PARIS â– Douce,

03.10 ET 04.10 @ LE HASARD LUDIQUE, PARIS â– Il y a un âge oĂš les seules illustrations

existantes pour nous ĂŠtaient celles avec des dauphins et des couchers de soleil. Et puis, on a grandi et on s’est rendu compte qu’elles pouvaient traiter de beaucoup plus de sujets. La majoritĂŠ passĂŠe bien sĂťr, nous avons pu nous familiariser avec l’illustration plus coquine, le dessin de fesse qui fait rougir mais qui parfois, est lourd de sens. C’est celui-ci en particulier que le marchĂŠ de l’illustration impertinente met en avant dans un but de questionner la sexualitĂŠ normative et de normaliser le dĂŠsir. Pour ce faire, 30 artistes calĂŠs sur le sujet, dont Camille Deschiens, Hyperbaudet, NoĂŠmie, Studio Bara, Élodie Lascar et Candice Roger dĂŠballeront leurs crĂŠations lĂŠchĂŠes. Une fois les allĂŠes du marchĂŠ ĂŠcumĂŠes, se perdre dans l’exposition ĂŠrotique autour de l’homme nu ÂŤÂ Lusted Man  sera une excellente option. Tout autant que de participer aux animations drags, de se faire tatouer (soyons fous) et d’aller suer sur le DJ set de Barbara Butch.

nia

VinylesMa

01.10.20 AU 21.02.21 @ MUSÉE DE L’IMPRIMERIE, LYON ■TrÊsor dont on hÊrite

ou que l’on chine, le vinyle est avant tout un objet d’attachement. ApprĂŠciĂŠ principalement pour son format et sa matĂŠrialitĂŠ, il est devenu au fil du temps un objet d’art. Avec sa pochette de 30 centimètres de diamètre, il a permis aux artistes de tout temps de voir leurs crĂŠations reprĂŠsentĂŠes de la meilleure des manières. Après un long travail de recherche, le MusĂŠe de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon nous embarquera dans le processus de fabrication de ce support mythique. Il prouvera le lien ĂŠvident et indissociable entre musique et graphisme en exposant le travail de grands designers du monde entier. En partenariat avec Lyon BD, VinylesMania recevra ĂŠgalement 15 dessinateurs dont la mission sera de rĂŠaliser la pochette de vinyle idĂŠale. Ă€ travers un tour du monde musical et graphique, il nous fera aussi dĂŠcouvrir des disques africains peu connus du grand public, en collaboration avec le projet Africa 2020 de l’Institut français.

Mirages

de Pierre-Emmanuel Lyet → SÊlection Print : Maxime Gueugneau → SÊlection Musique & Events : Élora Quittet → SÊlection Animation : Jean Tourette

KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

fuyante, tapageuse, lĂŠgère ou artificielle, la lumière a le pouvoir merveilleux de transformer les objets et formes sur lesquelles elle se pose et d’en faire dĂŠcouvrir tous les dĂŠtails selon son humeur. FascinĂŠ depuis toujours par elle, PierreEmmanuel Lyet en observe les moindres mouvements. Quand la nature est la plus studieuse et s’exĂŠcute parfaitement, l’artiste diplĂ´mĂŠ de l’École supĂŠrieure des arts dĂŠcoratifs de Paris s’empresse de dĂŠgainer ses crayons de couleur pour essayer de reproduire ces ravissantes nuances. En rĂŠsultent des dessins aux couleurs presque irrĂŠelles tant elles sont flamboyantes et Ă la poĂŠsie ĂŠternelle, figĂŠe Ă tout jamais sur le papier. Tenue Ă la Slow Galerie Ă Paris, l’exposition ÂŤÂ Mirages  rassemblera Ă un seul endroit tous ces moments suspendus, comme autant de parenthèses enchantĂŠes de la vie de tous les jours, et viendra confirmer la singularitĂŠ touchante du travail de Pierre-Emmanuel Lyet.

Le MarchĂŠ de l’illustration impertinente n°3

75 — SÉLECTION EVENTS

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77 — REPORTAGE GRAPHIQUE

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REPORTAGE GRAPHIQUE — 78

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79 — REPORTAGE GRAPHIQUE

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ð&#x;‘€ REPORTAGE GRAPHIQUE — 80 KIBLIND Magazine → 73 → Meilleurs amis

→ Maxime Gueugneau & Simon Bournel-Bosson extrait de Azur, KIBLIND Éditions, oct. 2020

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16.10.2020 – 22.08.2021 Exposition, Lyon

un refuge en terre malgache

Design graphique : KIBLIND Agence

y a k a M

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Club Mate vue par Virginie Morgand pour KIBLIND

CLUB-MATE.FR WWW.INSTAGRAM.COM/CLUBMATEFRANCE ð&#x;‘€

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