Kiblind #54

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Kiblind Atelier imprimĂ©, Coloriage – n°54.




Un regard neuf et poétique sur la vie quotidienne.

Image Yuan Goang-Ming, Landscape of Energy - stillness, 2014 © Courtesy of the Artist

Une Biennale XXL !

Autour de La vie moderne, trois autres expositions à découvrir : Ce fabuleux monde moderne, Rendez-vous 15 et Anish Kapoor chez le Corbusier au Couvent de la Tourette ; et deux plateformes à explorer : Veduta et Résonance.

Infos et billetterie biennaledelyon.com



ENTRïŸƒćł


Édito Pour nos vacances, nous avions choisi les charmes de l'Orient. Et alors que nous bavassions tout Ă  fait simplement avec Leonardo Di Caprio et Virginie Ledoyen sur quelque plage thaĂŻ, leur passĂ© d'artistes en atelier nous frappa comme jadis la pomme esquinta Isaac Newton. Et si nous concevions notre magazine comme un laboratoire, et si nous en faisions un perpĂ©tuel work in progress. La crĂ©ation est un chantier sans fin. Ces travaux, commencĂ©s par le premier hominidĂ© qui traça le premier trait sur la premiĂšre pierre du monde, n'ont jamais eu pour but d'aboutir. Il n'existe pas de ligne d'arrivĂ©e Ă  la course artistique, mais des routes Ă  paver de fantasmes pour mener nulle part. Car, comme bien souvent, la destination n'a aucune importance, seul compte le cheminement ; seuls comptent les types qui injectent le mortier, qui taillent la pierre, qui posent la dalle et qui passent Ă  l'Ă©tape suivante ; seuls comptent les Ă©changes, les rencontres et les confrontations qui naissent d'un processus forcĂ©ment collectif et qui en enfantent aussitĂŽt un autre. Cette Ă©mulation, nous la retrouvons partout, tout le temps, dans une gĂ©nĂ©ration, un mouvement, une exposition, une discussion. La nouvelle formule de Kiblind prend ainsi naturellement la forme d'un atelier. Un espace en continuelle Ă©volution qui mue selon les humeurs du temps, qui se transforme selon les artistes qu'il accueille et qui n'existe que par la pluralitĂ© des acteurs qui y participent. Cette nouvelle maison se visite par piĂšce, comme chez Century 21 : du hall d'entrĂ©e dĂ©composĂ© au vestiaire pour se saper, en passant par la boĂźte Ă  outils, l'espace d'exposition ou encore le salon du chill. Pour ce numĂ©ro 54, le carton d'invitation est lancĂ©, en forme de Kiblind Ă  colorier, pour que tous participent Ă  l'Ă©laboration de cet atelier toujours en devenir. Et aussi pour se faire kiffer, faire pleurer les feutres, et faire parler le style.

Atelier imprimé - Entrée

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rphéon est une mille de caractÚres u répertoire formel versifié qui se comose de six variantes, alisées à partir de ssins obtenus avec fférents outils écriture. Elles peuvent re utilisées ensemble u indépendamment, texte ou en titrage.

R O H N

phone-art et peintures

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Thomas Pregiato

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Maxime Prou et AdĂšle Favreau

Carbonnet, Geoffrey Pellet et Large : Arthur Bonifay, LĂ©o

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Elsa Audouin et Aurélien Arnaud

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Thomas Danthony

Victor Moa i – Dans ta face !!

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N I Z A Kiblind Magazine Grotesque

Alles Gut : Antoine Eckart

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BenoĂźt Bodhuin (typographie)

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Letter Proef Tuin ≈ vagabondage Guillaume Hugon,

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Maxime Prou et AdĂšle Favreau Bingo Shoot

E J U B N Kiblind

CRUCIFORMES

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Tim Lahan, cartoon et barbelés

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H D O B P Jurgen Maelfeyt Catherine de Smet

SuperscriptÂČ â†’ Super types

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Shun Sasaki / Graphiste japonais

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Jérémie Martinez

Kiblind Magazine

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Orphéon Basse Italique

Édito 07 Sommaire 08 En couverture 10 En typo 11 Instant Insta 12 Es klingelt 14

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G A M R N Z O

ENTRÉE

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06

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Atelier E N I ZMuësli A G A (Paris) M D N I L B I K

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Jun Cen – participant chatoyant.

Intro Picto Orphéon 17 Carnet de voyage 18 Infographie radiophonique 22 Documentaire illustré 24 Images de marque 28

34

ACCROCHAGE Antonin Bertrand 34 Anna Wanda Gogusey 35 Groduk & Boucar 36 Aurélien Farina 37 Sarah Boris 38

STAFF Directeur de la publication : JĂ©rĂ©mie Martinez Direction Kiblind & Klar : Jean Tourette  Gabriel Viry Baptiste Viry JĂ©rĂ©mie Martinez

RĂ©daction Kiblind : Maxime Gueugneau Gabriel Viry - Jean Tourette - JĂ©rĂ©mie Martinez Baptiste Viry - Olivier Trias  - Simon Bournel-Bosson AlizĂ©e LagĂ©- Margot Chauvin - ChloĂ© chat - Matthieu Sandjivy. Cahier Mode : DA | Baptiste Viry  - Assistante | AlizĂ©e LagĂ© - Photographe | Thomas ChĂ©nĂ© - Styliste  | Alix Devallois.

Atelier imprimé - Entrée

Léon Maret 39 Louis Granet 40 Roméo Julien 41 Pablo Grand Mourcel 42 Thoka Maer 43

Relecture : FrĂ©dĂ©ric Gude  Merci à : Simon Boileau - Simon Chambon-Andreani David Chauvet - Cyprien Courtalon - Mathilde Dubois Elora Quittet -Manon Raupp - Basil Sedbuk ChĂąteau Fort-Fort - Guillaume Chauchat - Emmanuel Espinasse - Julien Girardot - Ruppert & Mulot. Direction artistique : Klar (www.agence-klar.com)

Orphéon Basse

U B I K C

8


44

SALON CinĂ© club 45 Alice sous la Terre 46 La Danse des morts 46 Francis saucisson Contre l’ñge bĂȘte 47 Jochen Gerner 47

Las Vegas Studio 48 Girl Band 49 Orange Milk Record 49 Pantruche 50 PNL 50

52

VESTIAIRE Paint 53

09

64

SORTIE D'ATELIER Formula Bula #3 65 Transient Festival 66 Paris Electronic Week 66 Maison Sauvage #2 67 Pitchfork Festival 67 Tout Va Bien 68

INFOS Le magazine Kiblind est imprimĂ© sur papier Fedrigoni Couverture : Arcoprint Milk 300g Papier intĂ©rieur : Arcoprint Milk 100g Imprimeur : DEUX-PONTS Manufacture d'histoires 5, rue des Condamines - 38320 Bresson www.deux-ponts.fr

ÉditĂ© Ă  40 000 exemplaires par Kiblind Édition & Klar Communication. SARL au capital de 15 000 euros - 507 472 249 RCS Lyon . 27 rue Bouteille - 69001 Lyon  04 78 27 69 82  - www.kiblind.com  Le magazine est diffusĂ© en France. Liste complĂšte sur www.kiblind.com.

Atelier imprimé - Entrée

Thomas Danthony 68 Lezilus 2005/2015 69 Natalie du Pasquier 69 Roca Balboa 70 Square 72

Ce numĂ©ro comprend un cahier supplĂ©mentaire de 32 pages pour la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes. ISSN : 1628-4146 // Les textes ainsi que l’ensemble des publications n’engagent que la responsabilitĂ© de leurs auteurs. Tous droits strictement rĂ©servĂ©s. THX CBS. Tonight's «la» Night (NY version). Contact : redaction@kiblind.com


En couverture – Ruppert & Mulot

C'est bien vrai qu'elle saoule un tantinet cette SƓur Anne. À parler de vieille façon, Ă  rouiller sur son balcon, Ă  scruter l'horizon. Au dĂ©but c'Ă©tait sympa mais, Ă  la longue, elle est apparue un poil zĂ©lĂ©e, jusqu'au stade « pĂ©nible » des choses. Que ne batifole-t-elle pas avec ses amies ? Pourquoi refuse-t-elle la joie ? OĂč sont ses foutus crayons de couleurs ? Le coloriage, en voilĂ  une saine occupation. Ce coloriage qui dĂ©cuple l'imagination raisonnĂ©e, qui tient tranquille les enfants et qui offre Ă  la paresse sa plus artistique excuse. Pour ces raisons – et bien d'autres, mais nous ne nous Ă©pancherons pas – nous contrarions sans peur l'insolente dĂ©pression de Soeur Anne et lui opposons cette couverture du n°54, Ă  colorier quasi entiĂšrement, et rĂ©alisĂ©e par le satanique duo (Florent) Ruppert & Mulot (JĂ©rĂŽme).

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Cette doublette fait frémir le monde de la bande dessinée depuis plus de dix ans. Eux qui commencÚrent, en créant le fanzine Del Aventure du cÎté de la belle CÎte d'Or, surfent aujourd'hui sur les montagnes de dollars qu'ils amassent album aprÚs album. Depuis leur rencontre avec Jean-Christophe Menu, leur pénétration dans la clique de L'Association, et leur premier ouvrage Safari Monseigneur (2005), ils n'ont de cesse de déconstruire et reconstruire avec magie les rÚgles de la narration et du dessin bien éduqué. Une inconvenance récompensée par un amour sans faille des connaisseurs (Le Royaume, Un Cadeau, Panier de Singe, Sol Care-

lus chez L'Association) et du grand public, lorsqu'ils font un saut chez Dupuis (La Grande Odalisque avec Bastien VivĂšs, La Technique du PĂ©rinĂ©e). Il est sĂ»r que la ligne claire, fine, quasi sensitive et l'humour absurde qui Ă©maillent leurs albums ne peuvent laisser indiffĂ©rent l'homme qui se targue d'ĂȘtre bon. Aussi cette couverture saura-t-elle sans doute le contenter lui l'amateur, lui le coloriste en herbe, lui qui sait apprĂ©cier la bande dessinĂ©e sous son meilleur visage. Les derniers albums de Ruppert & Mulot, Famille Royale et

La Technique du Périnée, ont paru respectivement chez L'association et Dupuis en 2015 et 2014. Plus de Ruppert & Mulot : www.succursale.org Iillustrations : projet sucursale - visite guidée.

Atelier imprimé - Entrée


En typo –

Kiblind Magazine (Benoßt Bodhuin) Orphéon (Marine Stephan) San u Mustonen (Amsterdam). FF

Gaël Darras (Fr)

R O H N

Benjamin Collet & Jeppe Carlsen.

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Gustavo Torres : du GIF


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CNAP // façonnage, impression

Atelier imprimé phone-art et peintures

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Thomas Pregiato

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Emmanuel

Maxime Prou et AdĂšle Favreau

Carbonnet, Geoffrey Pellet et Large : Arthur Bonifay, LĂ©o

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Guy Yanai = peintures et jardins

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Elsa Audouin et Aurélien Arnaud

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Thomas Danthony

Victor Moa i – Dans ta face !!

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N I Z A Kiblind Magazine Grotesque

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Maxime Prou et AdĂšle Favreau gg

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Letter Proef Tuin ≈ vagabondage Guillaume Hugon,

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BenoĂźt Bodhuin (typographie)

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Tim Lahan, cartoon et barbelés

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H D O B P Jurgen Maelfeyt Catherine de Smet

SuperscriptÂČ â†’ Super types

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Alles Gut : Antoine Eckart

AAnna Chevance et Mathias Reynold ee

Shun Sasaki / Graphiste japonais

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Comme cela n'aura pas Ă©chappĂ© aux yeux aguerris, le magazine Kiblind a changĂ© sa typographie. Et la transformation n'a pas Ă©tĂ© faite de maniĂšre porcine. Les nouveaux caractĂšres ont Ă©tĂ© apportĂ©s par deux jolis crĂ©ateurs : BenoĂźt Bodhuin qui a rĂ©alisĂ© pour nous la « Kiblind Magazine », et Marine Stephan , qui nous confie la premiĂšre utilisation post-diplĂŽme de sa « OrphĂ©on ».

ii cc yy

Bingo Shoot

E J U B N Kiblind Atelier E N I ZMuĂ«sli A G A (Paris) M D N I L B I K Jun Cen – participant chatoyant.

Marine Stephan est brillante. L'Ăąge, au chiffre au bas, et son diplĂŽme frais n'y changent rien. Heureux sommes-nous donc de disposer de sa « OrphĂ©on » qui lui valut les regards doux de ses professeurs de l'ESAD d'Amiens. Ces caractĂšres, faits pour ĂȘtre lus de tous, sont en partie inspirĂ©s des bien-aimĂ©es « Optima » (Hermann Zapf) et « Bodoni » (Giambattista Bodoni) auxquelles Marine Stephan ajoute la sainte vibration humaine. Point de grossiĂšretĂ©, mais ce qu'il faut d'intime pour donner Ă  l'outil de lecture, une Ăąme sensible. BENOÎT BODHUIN : www.bb-bureau.fr | MARINE STEPHAN : www.marinestephan.com

Atelier imprimé - Entrée

C'est donc les paupiĂšres et les pommettes rougies que nous vous prĂ©sentons la typographie « Kiblind Magazine » tracĂ©e par BenoĂźt Bodhuin. Ce dernier sĂ©vit depuis une paie dans le monde fabuleux des dessinateurs de caractĂšres - ses « Marianne » ou « Zig-Zag » sont lĂ  pour lui fournir sa rĂ©putation – et qu'il en dĂ©fend ardemment les innovations via son site QualitĂ© Graphique Garantie. Cet Ăąpre militant du bien Ă©crit avec une once de fun nous a fourni ici une typographie qui emprunte Ă  la lĂ©gendaire « Olive Antique » son espiĂšglerie (sic) en se jouant des rĂšgles de correction optiques et ses coupes verticales. À cette « Grotesque classique », BenoĂźt Bodhuin ajoute malicieusement quelques glyphes alternatifs, un lĂ©ger trouble et un dessin joyeux. Tout Kiblind, quoi.

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INSTANT

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Maria-Ines Gul

Felix PfÀffli

Malika Favre

T.H.T.F

Julia Rothman

Gluekit

Shutter Clothing

Raphaël Garnier

Scott Rance Johnson

Bratislav Milenkovic

Lorraine Loots

Conner Perry

Atelier imprimé - Entrée


INSTA

Transmental

El Don Guillermo

Matt W. Moore

Sam Brewster

Thibaud Herem

Anna Lomax

Lennard Kok

Bobby Doherty

Mrzyk & Moriceau

Stefen Knoell

AndraxSupertramp

Felipe Pantone

Atelier imprimé - Entrée

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Es klingelt RÉBUS CONTRE PÈTERIE

LE BOUDOIR DE.. MME MOISY COBTI

par Emmanuel Espinasse

Co-rĂ©dactrice en chef Ă  Ă©tapes magazine depuis 2011 Livres prĂ©fĂ©rĂ©s - Tim Ingold, Une brĂšve histoire des lignes, Éditions Zones Sensibles, 2011. - Ernesto Oroza, RikImbili, Publication de la CitĂ© du design et de l’universitĂ© de Saint Etienne, 2009. - Bruno Feitler, AndrĂ© Stolarski et Elaine Ramos, O design de Bea Feitler(directrice artistique brĂ©silienne), Naify Ă©ditions, 2012. - Patti Smith, Just Kids, Éditions Folio Flammarion. - Emile Zola, Au Bonheur des Dames, la sĂ©rie des RougonsMacquart. Une revue rĂ©cente Volcan, le dernier numĂ©ro de la revue Lagon faite par Sammy Stein, Bettina Henni et Alexis Beauclair. 2015 des folles» (pour la contrepĂ©trie RDV p.62 en bas Ă  gauche. RÉPONSE :«  Les parterres de bouses attirent les mouches comme

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Une lecture du moment Deane Simpson, Young Old, Urban utopias of an aging society, Editions Lars Muller Publishers, 2015/ Direction artistique de Joos Grotens.

PLAYLIST COLORIAGE par M.Gueugneau

1- Velvet Underground – White Light /White Heat 2- Aphex Twin – Yellow Calx 3- Walter Carlos – Theme from A Clockwork Orange 4- A$AP Rocky – Purple Swag 5- Babe Ruth – Turquoise

Un livre de photographie Sophie Bramly, de Walk this way.

6- Bobby Vinton – Blue On Blue 7- Booba – Billets Verts 8- D'Angelo – Brown Sugar 9- Terry Riley – A Rainbow in Curved Air 10- Björk – Black Lake

Atelier imprimé - Entrée

Un livre de chevet Et je relis Les Fleurs du mal de Beaudelaire, on me l’a laissĂ© Ă  cet endroit gentiment. Et beaucoup de presse et de magazines, etc.



CRUCIFORMES


INTRO PICTO Texte — M.Gueugneau Pictos — Klar

COLORIAGE Cet artiste de la

que fut Victor Hugo nous disait il y a peu :

« La forme, c'est le fond qui remonte à la surface. » Respectant à mort les grands hommes de la

, nous suivons son propos

et adaptons la forme graphique au fond qu'elle sert. Plusieurs

différents sont ici à la disposition du menu du

jour  : voyage spatio-temporel, amour, data, illustration, entraide, pictogramme, interview, fraternitĂ©, archives, patchwork et Ă©videmment quelques

. Car c'est bien de la couleur et du

coloriage que nous allons traiter ici dans les grandes largeurs, sous la forme d'un grand

. D'abord, la vision large, avec un

petit tour des multiples usages de nos pigments

de par le

monde et les époques. Et puis on ressert l'étau, avec Michel Pastoureau et sa science, avec Yves Klein et son bleu, avec Pantone et sa magie qui transforme les couleurs en uniquement. Pour finir bien sûr, par un

Atelier imprimé - Cruciformes

.

verts

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CARNET DE VOYAGE Sujet — G.Viry Photographies — Klar

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Un monde de coloriages – Comment expliquer que les cahiers de coloriages pour adultes trustaient encore cet Ă©tĂ© la moitiĂ© des vingt meilleures ventes mondiales de livres sur Amazon ? La rĂ©ponse autour du monde, en histoires et en raccourcis, entre do-it-yourself, effets de mode et art-thĂ©rapie. En voici le Carnet de voyage, qui n’est pas l’apanage de Titouan Lamazou. Atelier imprimĂ© - Cruciformes


INDE - « Cheese nan, pigments naturels et mandala »

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Bien avant l'heure, l'Inde aurait pu devenir le berceau du coloriage. C'est le pays de la couleur, célébré chaque année à grands coups de pigments (la Holi) et du Mandala, représentation cosmique de l'univers et des Dieux, utilisée notamment pour la méditation. Le VJing peut dire merci ; les amateurs de papier devront pourtant attendre le numéro spécial Inde des 100 coloriages anti-stress, édité par... Hachette.

JAPON - « Ambiance feutrĂ©e Ă  Tokyo »

USA - « On cherchait les Indes... »

AprĂšs la RĂ©volution, soumis au blocus Ă©conomique de ses voisins, le gouvernement cherche Ă  produire un crayon « made in France ». En 1795, NicolasJacques ContĂ© invente une nouvelle mine, en mĂ©langeant le graphite et l’argile. Le crayon ContĂ© est nĂ©, sa Manufacture aussi, avant l’introduction progressive des pigments. L’allemand Staedtler arrive plus tard (1835) mais s’approprie, en 2008, la JournĂ©e Mondiale du coloriage, organisĂ©e tous les 6 mai.


 et puis on a trouvĂ© l’AmĂ©rique. Ça arrive, et le premier livre de coloriage, retenu par l’histoire officielle, vient des Etats-Unis. PubliĂ©, en 1879, par les FrĂšres McLoughlin, The Little Folks Painting Book est destinĂ© aux enfants, dans un mouvement de dĂ©mocratisation de l’éducation artistique. La petite maison familiale propose plusieurs ouvrages avant d’ĂȘtre rachetĂ©e, en 1920, par l’éditeur de jeux Milton Bradley (Docteur Maboul, Qui est-ce ?, Une famille en or, etc.).

MĂ©decin psychiatre, installĂ© en Suisse, ami puis ennemi de Freud, pionnier de la « psychologie de profondeurs », Jung introduit le coloriage comme un outil thĂ©rapeutique, Ă  l’instar de sa propre pratique : « Tous les matins, j’esquissais dans un carnet un petit dessin en forme de rond, un mandala, qui semblait correspondre Ă  ma situation intĂ©rieure.» (1918)

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Les crayons vont vraiment se rĂ©pandre, auprĂšs du grand public, Ă  partir des annĂ©es trente, notamment aux Etats-Unis. En 1963, Pentel, fabricant japonais de produits d’écriture, apporte sa petite touche de couleurs, en inventant le stylo-feutre.  «  Spirit of Wonder », revendique l’entreprise, telle une nouvelle merveille dans l’escarcelle des colorieurs.

USA - « Histoire Ă  colorier» AprĂšs plusieurs gĂ©nĂ©rations de livres pĂ©dagogiques ou promotionnels, les cahiers de coloriage amĂ©ricains prennent un sens plus politique, Ă  partir des annĂ©es soixante. En 1962, le dessinateur Mort Drucker vend 2,5 millions d’exemplaires – un record – de son satirique JFK Coloring Book. En 1968, le FBI diffuse, sous le manteau, le Black Panther Coloring Book, reprĂ©sentant des noirs en train de tuer des cochons habillĂ©s en policiers. Pas trĂšs fairplay.

Atelier imprimé - Cruciformes


FRANCE « Buddha-bar»

RÉCIT DE VOYAGE —

ANNE LE MEUR, RESPONSABLE ÉDITORIALE D'HACHETTE PRATIQUE

En 2012, le groupe Hachette, 1er Ă©diteur français et 3e mondial, a le gĂ©nie marketing de lancer une collection de cahiers de coloriages « anti-stress » et carrĂ©ment « art-thĂ©rapie ». Face au succĂšs, il publie deux nouveaux albums, en moyenne, chaque mois : mandalas, forĂȘts fĂ©Ă©riques, chat-thĂ©rapie, flower power, indiens d’AmĂ©rique... Alors que de nombreux Ă©diteurs prennent le pas, Ronan Chastellier, Prof Ă  Sciences-Po et spĂ©cialiste de la consommation, les qualifient de « charlatans modernes » : « c’est une activitĂ© qui reprĂ©sente quand mĂȘme le degrĂ© zĂ©ro de la pensĂ©e ! ».

« En mai 2012, un peu par hasard, nous avons acquis les droits d'un livre anglais de gribouillage. Nous l'avons adaptĂ© pour lui donner un aspect plus graphique et qualitatif. Nous avons Ă©galement ajoutĂ© la mention "art-thĂ©rapie" qui allait bien, finalement, avec l'action de colorier, nĂ©cessitant d'ĂȘtre au calme, de respirer, en partant simplement du principe que les gens se sentent mieux en coloriant. Au dĂ©but, certains art-thĂ©rapeutes Ă©taient dubitatifs sur l'utilisation de leur discipline mais ça participait aussi de sa mise en valeur. Dans la foulĂ©e du premier cahier, nous en avons publiĂ© d'autres avec des mandalas, puis des grands sujets de culture gĂ©nĂ©rale, apprĂ©ciĂ©s des Français. On fait appel Ă  des illustrateurs en fonction de leurs styles et certains nous proposent Ă©galement des thĂ©matiques, sachant que nous devons rester dans une vraie recherche iconographique, avec beaucoup de dĂ©tails, pour intĂ©resser notre public. Depuis trois ans, plus de 1,8 million d'exemplaires ont Ă©tĂ© vendus, Ă  travers plusieurs collections et une centaine d'ouvrages. Les droits ont Ă©galement Ă©tĂ© achetĂ©s par de nombreux pays Ă©trangers. C'est une vraie mode mondiale, qui a Ă©tĂ© relancĂ©e en France ! »

France - « Cahiers Ă  shopper »

Le coloriage revient sur le devant de la scĂšne et, comme souvent, la mode n’y est pas pour rien, qu’il s’agisse de cibler les enfants, les adultes ou encore mieux : les deux. En 2012, Castelbajac sort son cahier et HermĂšs publie une Ă©dition de luxe, Ă  160 euros l’unitĂ©. APC s’associe au magazine espagnol Apartamento et mobilise plusieurs figures de l’illustration contemporaine : Geoff McFetridge, Matt Leines, Reg Mombassa. La marque enfantine Bonton Ă©dite Ă©galement, en français, le cahier « cachĂ© » d’Andy Warhol, rĂ©alisĂ© en 1961, mais publiĂ© seulement en 1990.

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ÉCOSSE «  Whisky interdit » Sur les sentiers de la coolitude, le coloriage s’impose pour les adultes, avec le nouveau siĂšcle, en privilĂ©giant l’axe transatlantique. En 2004, l’illustrateur californien Aye Jay se fait remarquer avec son Gangsta Rap Coloring Book. À Londres, Nina Chakrabarti, d’origine indienne, publie My wonderful world of fashion (2009), permettant de s’inventer des ongles, des tatouages ou de personnaliser ses boots Vivienne Westwood. L’éditeur anglais Belly Kids propose enfin Thrill Murray, un cahier de coloriages dĂ©diĂ© Ă  l’acteur amĂ©ricain le plus cool...

En 2013, Johanna Basford, illustratrice Ă©cossaise et « Ă©vangĂ©liste de l’encre », publie Secret Garden, un album de coloriages parfait pour la communautĂ©, ultra-fĂ©minin et ultra-dĂ©taillĂ©. Le succĂšs est immense et mondial, estimĂ©, selon certaines sources, Ă  prĂšs de 7 millions d’exemplaires. MĂȘme retentissement pour les rejetons, Enchanted Forest puis Lost Ocean. Marabout, l’éditeur français de Jardin Secret, n’a pas pu s’empĂȘcher d’en rajouter sur sa baseline : « Chasse au trĂ©sor anti-stress ».

Atelier imprimé - Cruciformes


PASSEPORT BIOMÉTRIQUE

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— La France est aujourd’hui le premier producteur et consommateur de coloriages pour adultes.

Plus il y aura de coloriages, moins il y aura d’arbres : le raccourci est facile mais, en attendant, de l’Inde au BrĂ©sil, Amazon se frotte les mains. L’étĂ© est dĂ©jĂ  loin, mais 5 ouvrages Ă  colorier font encore partie du Top 20 de ses ventes mondiales. Johanna Basford est traduite dans plus de quinze langues, notamment en Chine oĂč le nombre d’exemplaires dĂ©passe tout entendement. Hachette vend Ă©galement les droits de ses cahiers dans le monde entier dont, rĂ©cemment, en CorĂ©e du Sud, en ThaĂŻlande ou en IsraĂ«l. « C’est un effet de mode, commente Anne Le Meur. Il va sĂ»rement s’essouffler, mais il y aura toujours des adeptes, comme des joueurs de Sudoku ! ».

BrĂ©sil - « Adults only» En BrĂ©sil, comme ailleurs, le coloriage pour adultes est passĂ© au rang de phĂ©nomĂšne d’édition. L’adaptation de Secret Garden aurait dĂ©jĂ  passĂ© le million d’exemplaires, ce qui n’est pas moins Ă©tonnant que le succĂšs de Suruba para colorir. Ces « partouzes Ă  colorier » ont dĂ©jĂ  fait l’objet de deux volumes et de plusieurs rĂ©Ă©ditions, s’inscrivant dans une autre tradition, celle du coloriage Ă©rotique, reprĂ©sentĂ©e notamment par Color my boobs ou Sex position coloring book.

CARTE POSTALE DE MEXICO — « STAR » INTERNATIONALE DU GRIBOUILLAGE, CLAIRE FAĆž EST DÉSORMAIS INSTALLÉE AU MEXIQUE, AVEC SES CRAYONS ET SA MAISON D’ÉDITION.

COMMENT SONT ARRIVÉS LES CAHIERS DE GRIBOUILLAGES ? C’était un projet personnel, qui me tenait Ă  cƓur, visant Ă  « croquer » l’univers du bureau (puis du couple et de la famille), Ă  travers un procĂ©dĂ© simple, accessible Ă  tous. C’était assez novateur Ă  l’époque et diffĂ©rent du coloriage, Ă  proprement parler, puisqu’il y avait un propos et plein de petits messages cachĂ©s, subliminaux. A l’époque, il a Ă©tĂ© difficile de trouver un Ă©diteur et un diffuseur, j’avais surtout entendu des « Ça ne marchera jamais ». Finalement, j’ai pu le sortir avec Panama, qui a Ă©tĂ© rachetĂ©, depuis, par Casterman. LE SUCCÈS A ÉTÉ IMMÉDIAT ? Cahier de gribouillages pour adultes qui s’ennuient au bureau a Ă©tĂ© publiĂ© en 2006 et, en effet, il s’est retrouvĂ© en tĂȘte de gondole, puis en rupture de stock, au bout d’une semaine. Il y a eu de nombreuses rĂ©Ă©ditions. Avec Cahier de gribouillages pour les adultes qui veulent tout plaquer, sorti en 2007, on en a vendu, au total, plus d’un million d’exemplaires. A L’ÉTRANGER AUSSI ? Effectivement, ils ont Ă©tĂ© best-sellers dans plusieurs pays, notamment dans certains, comme l’Allemagne, oĂč l’idĂ©e de s’ennuyer au bureau, ou de tout plaquer, est trĂšs mal vue... Au final, il y a eu 25 traductions, avec des adaptations Ă  chaque culture. Et 9 ans aprĂšs, je continue Ă  recevoir des demandes (Europe de l’Est, CorĂ©e du Sud, BrĂ©sil), ce qui est vraisemblablement liĂ© Ă  la mode des cahiers de gribouillage ou de coloriage pour adultes. En 2016, les cahiers vont Ă©galement ressortir en France.

CHECKPOINT — On a connu Abel et CaĂŻn, Booba et La Fouine, les Marseillais et les Parisiens. Il faut dĂ©sormais compter, dans le monde du coloriage, avec la vraie-fausse querelle des Modernes et des Anciens. Pour de nombreux observateurs, le phĂ©nomĂšne actuel du coloriage pour adultes serait un reflet de la sociĂ©tĂ© post-moderne, soit une rĂ©action Ă  l’utilitarisme, au consumĂ©risme et Ă  l’excĂšs de vitesse. Mais pour d’autres, il exprime aussi le retour Ă  des comportements sociaux « prĂ©-modernes », caractĂ©ristiques de l’Ancien RĂ©gime, au moment oĂč les loisirs des adultes et des enfants Ă©taient peu distinguĂ©s. Dans les travaux de l’historien Paul AriĂšs, cette sĂ©paration fait justement partie du passage Ă  la ModernitĂ©.

QUE SONT VOS « ÉDITIONS ANIMÉES » ? C’est la nom de la maison d’édition que j’ai fondĂ©e pour gĂ©rer tout cela et dĂ©velopper d’autres projets. Je viens de sortir, par exemple, le deuxiĂšme volume du Cahier de dessin de animĂ©, sur le thĂšme de la mer : c’est un cahier de coloriage, destinĂ© aux enfants et reliĂ© Ă  une application permettant d’animer les dessins, de les partager, de les envoyer aux grands parents, etc. www.editions-animees.com www.clairefay.net

Atelier imprimé - Cruciformes

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INFOGRAPHIE RADIOPHONIQUE Sujet — J. Martinez Infographie — Chñteau Fort Fort

Le sens des couleurs en occident selon Michel Pastoureau – En dĂ©cembre 2013, le spĂ©cialiste français de la symbolique des couleurs, par ailleurs historien mĂ©diĂ©viste et directeur d’étude au CNRS et Ă  l’EHESS, donnait sa vision des couleurs sur France Culture. En cinq jours et cinq interview de 45 minutes, soit une par couleur, Laure Adler recueillit le tĂ©moignage de cet Ă©rudit des couleurs. Les infographies qui suivent sont inspirĂ©es par ces 5 volets de l’émission Hors champs

- des goûts et des couleurs.

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« Pour l’historien, le bleu pose un problĂšme passionnant [
]. C’est l’histoire d’un basculement des valeurs. C’est la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e dans le monde occidental, or dans l’antiquitĂ© et Ă  l’époque greco-romaine c’était une couleur malaimĂ©e, dĂ©laissĂ©e ».

Bleu

Atelier imprimé - Cruciformes


« Le rouge est la couleur par excellence [
]. C’est la premiĂšre couleur que l’homme europĂ©en a maitrisĂ©e ».

Rouge

« On a toujours eu peur du noir car nous sommes des ĂȘtres de lumiĂšre ».

Noir 23

« Chimiquement instable, le vert a toujours Ă©tĂ© associĂ© Ă  tout ce qui Ă©tait symboliquement instable : jeunesse, amour, espĂ©rance, chance, jeux, hasard, etc ».

Vert

« La couleur jaune n’a cessĂ© de se dĂ©valoriser. L’histoire du jaune en occident, c’est presque le contraire de l’histoire du bleu ». « Si j’étais un crĂ©ateur, j’investirais dans la couleur jaune ».

Jaune Atelier imprimé - Cruciformes


DOCUMENTAIRE ILLUSTRÉ Texte — M. Gueugneau Illustration — S. Bournel-Bosson

Yves Klein

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e L Qui n’a jamais criĂ©, aux cĂŽtĂ©s de François Valery et Sophie Marceau, son espoir de rĂȘver en bleu azur ? Qui n’a jamais eu envie de se perdre aux confins du ciel et de la mer, lĂ  oĂč la nature se confond avec l’infini ? Qui n’a jamais, enfin, Ă©mis le souhait d’ĂȘtre cette Ă©ponge se gorgeant de la couleur la plus profonde du spectre chromatique ? L’étoile filante Yves Klein

a P

est lui, en tout cas, de ceux qui se sont Ă©pris de l’absolue puretĂ© du bleu. À ce point mĂȘme que son nom restera Ă  jamais accolĂ© Ă  la nuance qu’il crĂ©a, au milieu des annĂ©es 50, Ă  base de pigment outre-mer et d’un mĂ©dium fixatif qu’il dĂ©posera fiĂšrement en 1960 Ă  l’INPI : l’International Klein Blue. Si cette couleur ne reste, malgrĂ© tout, qu’un moyen pour lui

Atelier imprimé - Cruciformes

de parvenir Ă  conquĂ©rir l’espace, elle reste la derniĂšre trace de la plus fascinante histoire d’amour entre un homme et une couleur. Une romance qui permit Ă  Klein, au passage, de s’inscrire effectivement dans l’éternitĂ© alors qu’il mourut Ă  34 ans, en 1962, d’une crise cardiaque. Avec un an de plus que JĂ©sus. CoĂŻncidence ? Oui, il y a des chances.


À l’adolescence, quand d’autres reluquent sans vergogne mĂąles et/ou gonzesses, ce Yves Klein prĂ©fĂšre se perdre en haine des oiseaux.

Ceux-là gñchent en effet sa plus grande Ɠuvre : le ciel qu’il observe longuement et que, lors de songes hallucinatoires, il signera de son nom pour en faire sa plus grande Ɠuvre.

Ses tableaux futurs ne seront que les cendres de cet art fantasmĂ©, une quĂȘte vers l’infini en forme de mythe de Sisyphe, qui rĂ©gulera sa vie et transformera durablement, au passage, l’art du XXe siĂšcle.

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Mais la roue tourne doit tourner et l’adolescent qu’il est n’est pas encore la lĂ©gende qu’il deviendra ; avant cela, l’homme doit se faire jour.

Alors mĂȘme que Teddy Riner ne naĂźtra que quelques 40 ans plus tard, le bouillonnant Yves Klein s’éprend tout de mĂȘme du judo lors d’un long sĂ©jour au Japon.

Des Osoto Gari, Uchi Mata et autres Koka, ce bougre de Niçois ne retiendra que la recherche de la perfection technique.

S’ajoute Ă  cela, une tendance tenace pour le mysticisme qu’il entraĂźne goulĂ»ment chez les adeptes de la Rosicrucian Fellowship, en bon rosicrucien qu’il est.

Avec ces deux passions chevillĂ©es au corps, Yves Klein ne pouvait simplement peindre jonquilles et tulipes le dimanches en compagnie d’un verre de blanc sucrĂ© : ses Ɠuvres se devaient d’ĂȘtre empreintes de spiritualitĂ©, de la concordance du fini et de l’infini, d’une quĂȘte de l’absolu.

La pureté de la couleur sera son premier dada.

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Yves Klein s'Ă©prend donc du principe des monochromes, qu'il peint au rouleau, plus froid, les pinceaux laissant trop de place Ă  la psychologie de l'artiste. C'est une façon de voir. À sa premiĂšre exposition, en 1955, le freluquet s'Ă©parpille et envoie Ă  vau-l'eau des monochromes aussi bien bleus qu'oranges, verts, jaunes ou rouges. Une idĂ©e saugrenue qu'il abandonne bien vite pour ne se consacrer qu'Ă  ce si distinguĂ© bleu, couleur « hors-dimension », dĂ©nuĂ©e de tout accord psychologique, ne pouvant rappeler tout au plus que les Ă©lĂ©ments les plus abstraits de la nature, la mer et le ciel. Encore, c'est une façon de voir.

N'empĂȘche que cet entĂȘtement Ă©crit, pour l'art, l'une de ses plus belles pages et devient, pour l'homme, l'une des plus fascinantes aventures chromatiques de son histoire. Avec un de ses soss calĂ© en peinture, il crĂ©e donc l'International Klein Blue aka le Bleu Klein, mĂ©lange du pigment outremer et d'une rĂ©sine synthĂ©tique nommĂ© Rhodopas. Outre ces Ă©lucubrations de technicien, l'effet est bƓuf pour le spectateur qui se retrouve plongĂ© dans une profondeur rarement atteinte, une dimension nouvelle en fait, oĂč la beautĂ© invisible de l'esprit et de la nature se retrouve captĂ©e sur la toile.

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Les monochromes bleus de l'ami Yvon font mouche chez les Parisiens. Mais le coquin, toujours Ă  la quĂȘte de l'appropriation de l'espace et/ou de la derniĂšre blague Ă  la mode, embraye sur son exposition Le Vide, ne prĂ©sentant...rien. Ce n'est qu'en faisant un tour aux gogues, aprĂšs quelques lampĂ©es de cocktail, que les visiteurs apercevront le fameux bleu, en arrosant le trou des toilettes. La pisse, cette formidable crĂ©atrice.

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Ayant fait le tour, en quelques centaines de monochromes, de la question, Yves Klein jette un coup Ɠil aux modĂšles nues qui dĂ©ambulent dans son atelier (une habitude stabilisatrice, apparemment). La voilĂ , la clĂ©. Plus de lien matĂ©riel entre le peintre et l’Ɠuvre, mais des pinceaux vivants et une tĂ©lĂ©kinĂ©sie qui permet un contrĂŽle total du crĂ©ateur sur le lien qu’il entend construire entre la chair et l’absolu. Le Bleu Klein se retrouve donc badigeonnĂ© sur le torse, les seins et les cuisses de jeunes naĂŻades prĂȘtes Ă  se jeter sans frein sur la page blanche qui leur est offerte.

En fait d’Ɠuvres, il s’agit bien lĂ  d’happenings – parmi les premiers du monde – et d’une nouvelle façon de crĂ©er : un moment, un process et des outils inĂ©dits qui construisent une autre relation, Ă  la fois charnelle et transcendantale, au discours d’un artiste. Le Bleu Klein se chargeant, une fois encore de transporter ces AnthropomĂ©tries dans une autre dimension. Une femme, du bleu, pas de pull.

La fin de sa carriĂšre sera toujours dĂ©diĂ©e Ă  cet infernale course Ă  l’infini, Ă  la captation d’états-moments spirituels, naturels ou de chair ; Yves Klein peindra Ă  l’aide du feu, du vent, de la pluie ou encore mĂ©langera son bleu Ă  l’or (monnaie infinie) et au rose (le sang). Mais plus que ses autres crĂ©ations, le Bleu Klein aura marquĂ© de son empreinte l’histoire chromatique, artistique et philosophique de son siĂšcle. En 8 ans de formulations artistiques publiques (54-62), Yves Klein aura rĂ©ussi Ă  inventer une couleur, Ă  lui donner un corps, un esprit et une mystique comme aucun jusqu’alors. Le Bleu Klein est un couloir vers l’espace infini, et Yves Klein, un sacrĂ© passeur.

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Pantone – En matiĂšre de couleurs, il y a Pantone et les autres. Le fabriquant d’encres, rendu cĂ©lĂšbre par son nuancier et son obscure classification Ă©chantillonnĂ©e, fait figure de rĂ©fĂ©rence dans le petit monde du graphisme, du design et de la mode. En inventant ses propres codes et en communiquant par l’objet sur sa propre image, la sociĂ©tĂ© s’est hissĂ©e au plus haut degrĂ© de notoriĂ©tĂ© qui soit : elle fixe la norme universelle de la couleur.


IMAGES DE MARQUE Sujet — J. Tourette Images — Pantone

Rien n’est tout noir ni tout blanc. Certains parviennent mĂȘme Ă  dĂ©nombrer 50 nuances de gris. Et si l’Ɠil humain a ses limites, l’ensemble des teintes s’étend naturellement sur une palette indĂ©finie, Ă©chelonnĂ©e en intervalles imperceptibles et mathĂ©matiquement infinis, Ă  dĂ©faut d’avoir l’acuitĂ© d’un Dieu et le nuancier de l’Univers. En attendant, le notre se limite Ă  un bon millier de couleurs ; ce qui est dĂ©jĂ  pas mal pour lancer la conversation. Lorsque l’on demande aux enfants la couleur qu’ils prĂ©fĂšrent, il est rare d’entendre en retour le « Warm Red » ou le « Reflex Blue ». Et pourtant, au fond de chacun d’eux, il y a bien une prĂ©fĂ©rence esthĂ©tique naturelle, une sensibilitĂ© intime, pour un rouge plus profond ou un bleu moins soutenu. C’est prĂ©cisĂ©ment l’art de la nuance ; et lĂ  oĂč il y a nuance, il y a justement art. Alchimie et verbe. Quelles couleurs voit Rimbaud, lorsqu’il badigeonne Une saison en Enfer de « A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert » ? Le rouge de son « I » est-il plutĂŽt celui du vin et de l’ivresse ; ou celui du sang, de la guerre ; ou de l’amour ? Ou bien tout Ă  la fois, selon le mot et l’idĂ©e qu’il vient poĂ©tiquement empourprer ? La couleur
 Et comme il arrive fĂącheusement que le cƓur ou les yeux manquent de vocabulaire manufacturĂ© pour en exprimer chaque dĂ©tail, ils Ă©chantillonnent un traducteur beaucoup moins verbeux et effectivement plus nuancĂ© : un nuancier.

14 COULEURS DE BASE —

Ça tombe bien, parce que de la prĂ©cision, il en faut beaucoup dans le secteur marchand. « L’anecdote Kodak » est en cela assez Ă©difiante et permet d’éclairer en quelques lignes tous les enjeux qui se prĂ©sentaient alors pour Pantone. Dans les annĂ©es 60, Kodak faisait dĂ©jĂ  appel Ă  plusieurs prestataires diffĂ©rents pour l’impression de ses cĂ©lĂšbres boĂźtes jaunes de pellicules. Alors inĂ©vitablement, en l’absence d’une codification stricte des valeurs colorimĂ©triques, la nuance imprimĂ©e pouvait varier sur une gamme plus ou moins sombre. Physiquement logique. Le problĂšme, c’est que les clients ont regardĂ© plus loin que la boĂźte : ils en ont dĂ©duit que si elle Ă©tait plus terne, c’est qu’elle venait d’un stock plus ancien ; et de facto que la pellicule Ă  l’intĂ©rieur ne devait pas ĂȘtre de premiĂšre fraĂźcheur
 Aussi, grĂące au code Pantone, les imprimeurs ont pu accorder leur violon et utiliser tous exactement le mĂȘme beau jaune d’Ɠuf de la campagne : le « Pantone 123 ». Par consĂ©quent, si une diffĂ©rence de nuance peut avoir des rĂ©percussions sur l’attitude des consommateurs et ainsi sur les ventes, les enjeux ne sont plus les mĂȘmes. C’est trĂšs simple : il faut une rĂ©fĂ©rence unique et universelle. Il en va de mĂȘme des nations : en fĂ©vrier 2003, le Parlement Ă©cossais a dĂ©battu d’une mesure pour fixer la couleur du drapeau portant sa croix de Saint-AndrĂ©. Car si la notion de « bleu roi » peut varier selon les us et coutumes, la fantaisie, l’ñge des yeux des dĂ©putĂ©s et la finesse du roi, l’étiquette, elle, reste invariable : « Pantone 300 ». Clair, net, prĂ©cis. Et fait rarissime : une marque fixe la norme.

LA RÉFÉRENCE —

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La rigueur dans la reprĂ©sentation exacte d’une couleur intĂ©resse certes la poĂ©sie, mais aussi beaucoup l’industrie. Et c’est ce qu’a bien compris Lawrence Herbert, lorsqu’il rachĂšte Pantone en 1962. Il la connaĂźt bien, cette petite sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©e au milieu du XIXe siĂšcle Ă  Moonachie dans le New Jersey ; il la connaĂźt bien puisqu’il y travaille depuis six annĂ©es dĂ©jĂ  et participe Ă  son activitĂ© principale : la confection de nuanciers pour fabricants de cosmĂ©tiques. Chimiste de formation, sa vision et son innovation a consistĂ© Ă  rĂ©duire la liste des pigments utilisĂ©s dans la production des encres colorĂ©es de 60 Ă  seulement 10 pigments de base, pour garantir une meilleure stabilitĂ© des encres produites tout en Ă©largissant la palette des teintes disponibles. De lĂ  dĂ©coule le Pantone Matching System (PMS) et ses rĂ©fĂ©rences codĂ©es qui tendent Ă  devenir de plus en plus familiĂšres. Aujourd’hui, 14 couleurs de base 01 plus un dissolvant (Transparent White) permettent d’obtenir 2 310 nuances. De quoi ĂȘtre sacrĂ©ment prĂ©cis.

Si Pantone n’est pas la seule entreprise Ă  fabriquer des couleurs et des nuanciers, elle s’est imposĂ©e sur le marchĂ© comme la rĂ©fĂ©rence, notamment dans les secteurs sexy du design, de la mode et du graphisme. Et sans doute moins par la qualitĂ© avĂ©rĂ©e de ses produits que par la coquetterie Ă©purĂ©e qu’elle a su donner Ă  son image de marque. Toute son identitĂ© tient a peu de choses, qui contiennent l’essence et la totalitĂ© de ce qu’elle est : une couleur, un logo typographiĂ©, une rĂ©fĂ©renceproduit. Bref, une signature singuliĂšre dotĂ©e d’une immense vitalitĂ© et capable de s’étendre par dĂ©finition Ă  n’importe quel objet usinĂ©. Ce procĂšs de communication extrĂȘmement puissant, puisque l’objet choisi pour son esthĂ©tique pure devient Ă  son tour support publicitaire, les gens du marketing l’ont trĂšs bien perçu. Ainsi, depuis 2000, le dĂ©partement Pantone Universe s’occupe d’ouvrir le champ industriel Ă  une application davantage grand public. En partenariat avec des fabricants ou sous forme de licences, la marque sort une gamme de produits qui portent son empreinte sobre et significative : boĂźtes, mugs, chaises, coques de tĂ©lĂ©phone, clef USB, boules de NoĂ«l 02 
 et mĂȘme une ligne de vĂȘtements et des bagagesl 03 .

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En 2010, un nouveau cap est franchi avec l’ouverture Ă  Bruxelles d’un Pantone Hotel 04 . De la façade, qui symbolise ostensiblement le nuancier avec ses vitres colorĂ©es, Ă  la dĂ©coration d’intĂ©rieur, la touche Pantone est intĂ©gralement dĂ©clinĂ©e. Et comme rien n’a Ă©tĂ© laissĂ© au hasard, aprĂšs un bon petit-dĂ©jeuner les clients peuvent bien entendu repartir avec leur tasse Ă  cafĂ© ; mais aussi avec les chaises, les serviettes de bains, les boĂźtes de rangement, etc. Monnayant un extra, c’est bien lĂ©gitime.

COLOR OF THE YEAR —

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Gravissant avec brio les marches de la coolitude, des accessoires en vogue Ă  la crĂ©ation de boutiques Ă©phĂ©mĂšres exclusives ou de « Cafe Pantone » tels qu’à Monaco 05 et – bientĂŽt – Ă  Paris et Milan, le fabriquant de couleurs s’est hissĂ© au niveau suprĂȘme de la « Tendance ». HĂ©raut d’un zeitgeist soigneusement Ă©tudiĂ©, Pantone est parvenu Ă  crĂ©er son propre rendez-vous incontournable avec le monde, en dĂ©voilant chaque annĂ©e celle qui sera la « Colour of the Year » 06 . Épluchant mĂ©ticuleusement les carnets de tendance et les collections de mode, de design objet, dĂ©co d’intĂ©rieur, graphisme et peinture, la branche Universe s’offre un coup de com magistral sans autre effort que de faire ce qu’elle fait de mieux : annoncer la couleur. What else ? Si, peut-ĂȘtre se permettre une petite escapade du cĂŽtĂ© de l’entertainment. Cette annĂ©e Pantone a remis les ors aux dĂ©licieux Minions, en gravant dans le marbre de l’éternitĂ© leur sympathique nuance 07 , le « Minion Yellow ». Un Oscar de la couleur ?

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ACCROCHAGE


Les pages qui suivent se composent de dix Ɠuvres originales rĂ©alisĂ©es pour Kiblind par dix artistes de talent, sur le thĂšme de l’atelier imprimĂ© n°54, « coloriage » .

Anna Wanda Gogusey

Antonin Bertrand C'est l'ùme encore vierge de vice qu'Antonin Bertrand, toujours étudiant à l'ECV de Paris, a répondu à notre appel pour cet Accrochage. On l'en remercie, lui et son désir farouche de creuser encore plus les voies insondables de la typographie et de l'édition.

À l'instar d'Usain Bolt, la gagne est inscrite dans les gĂšnes d'Anna Wanda. PassĂ©e par Estienne et Olivier de Serres, la Parisienne de 25 ans a dĂ©jĂ  co-fondĂ© Retard Magazine, la marque Unseven et sĂ©vit pour Vice, LibĂ©ration ou encore l'Espace B.

Paper!Tiger! Aurélien Farina

Groduk & Boucar DerriÚre ces pseudonymes durs en bouche se cachent deux diplÎmées du DMA gravure d'Estienne, bien accrochées par les techniques traditionnelles d'impression (sérigraphie, gravure et tout le tremblement). Elles aiment aussi les dauphins.

Ne dit-on pas « mignon comme un tigrou » ? Ne dit-on pas « beau comme les productions de Papier!Tigre! » ? Si, deux fois si. Ce studio montreuillais composĂ© d'A. Farina (HEAD GenĂšve), G. LĂ©ger et E. Kranioti (ENSAD Paris x2) excelle en objets imprimĂ©s de toute sorte.

33 Sarah Boris

LĂ©on Maret

Sarah Boris a cassé le poster-jeu à l'occasion d'Une Saison Graphique au Havre. Pour en arriver là, la franco-suisse est passée par Estienne et le London College of Communication, avant de ravir ses employeurs que furent Phaidon et l'Institut d'Art Contemporain de Londres.

Ancien de l'ESAD Strasbourg, artisan du renouveau de la BD, acoquiné avec les meilleurs (2024, Requins Marteaux, Belles Illustrations, etc.) et fana de V8 racé (cf. Course de Bagnole), Léon Maret a tout ce qu'il faut pour devenir ce messie dont la France a besoin.

Louis Granet Encore un petit poussin de Strasbourg (HEAR, ex-ESAD) qui nous a fait la technique des yeux doux. On a sombré avec bonheur dans les peintures et dessins de Louis Granet, qu'on a pu voir notamment dans Volcan, et acheter sur Georges 300, son crew.

Super Groupe Pablo Grand Mourcel

RomĂ©o Julien Issu de la pĂ©piniĂšre d'EESI AngoulĂȘme, RomĂ©o Julien est devenu un baobab. Organisateur du FOFF d'AngoulĂȘme, co-fondateur des Ă©ditions Les Machines, auteur d'ouvrages pour FP&CF ou Re:Surgo, le type est dans la place. Celle oĂč il fait bon se promener.

Thoka Maer

Pour donner un peu de clinquant à cet Accrochage, il nous fallait des gens super. Super Groupe, formé de Pablo Grand Mourcel et Lisa Laubreaux, est donc tombé à pic avec ses travaux pour Paulette, Feiyue ou Vélib' grùce auxquels ils ont atteint le stade hyper.

ParaĂźt-il qu'en dehors de France, il se fait des choses bien. Thoka Maer fonde cette rumeur, elle qui de sa vie Ă©tudiante berlinoise (University of Arts) est passĂ©e Ă  une riche vie professionnelle Ă  New York oĂč son dessin brut mais mignon, matiĂ©rĂ© mais nickel, plaĂźt un max.

Atelier imprimé - Accrochage


m

water resistant Antonin Bertrand Ăą†“ Sans-titre antoninbertrand.com


Anna Wanda Gogusey Ăą†“ Catastrophe wandalovesyou.com


Groduk & Boucar Ăą†“ Nelson Mandala grodukboucar.tumblr.com


Colorie avec deux feutres de couleurs complĂ©mentaires ! Si tu as peur de te perdre : les * et les x indiquent l’intĂ©rieur des formes Ă  colorier.

AurĂ©lien Farina ↓ Sans-titre papertiger.ch


Sarah Boris Ăą†“ Feeling blue sarahboris.com


LĂƠon Maret ñ†“ Sans-titre leonmaret.tumblr.com


RomĂ©o Julien ↓ Sans-titre romeojulien.fr


Louis Granet Ăą†“ Sans-titre louisgranet.tv


Super Groupe / Pablo Grand Mourcel Ăą†“ Sans-titre supergroupe.fr


Thoka Maer Ăą†“ Sans-titre thokamaer.com


SALON


CinĂ© club Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? Petit, le grand Simon Roussin Ă©tait comme tout un chacun : il dessinait vaguement et matait Indiana Jones. C’est ensuite qu’il est devenu cette force de la nature que le monde nwous envie. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’il n’était pas l’homme d’une seule passion. Car, non content d’Ɠuvrer Ă  combattre le mal par son trait dĂ©sormais sans dĂ©faut, il a dĂ©veloppĂ© un cortex prĂ©frontal Ă  mĂȘme de pouvoir enfiler et retenir un maximum des pĂ©pites du 7e art. Directement reliĂ©e Ă  son habiletĂ© manuelle, cette nouvelle

aptitude lui permet aujourd’hui de sortir une anthologie des 4 annĂ©es passĂ©es Ă  manger du film. L’auteur des forts recommandables Heartbreak Valley (2024), Lemon Jefferson (2024 itou) ou BarthĂ©lĂ©my, l’enfant sans Ăąge (CornĂ©lius) avait dĂ©jĂ  fait fuiter quelques rĂ©sultats de cette passion, longtemps restĂ©e secrĂšte, dans le magazine So Film et dans sa Voix de Trintignant au tirage extrĂȘmement limitĂ©. Mais pour son retour au bercail, chez Magnani Éditions (oĂč avaient paru Les Aventuriers et Le Bandit au Colt d’Or), plus de blagues, plus

de faux-semblants, Simon Roussin rassemble la montagne de dessins rĂ©alisĂ©s au trait et au feutre et commandĂ©s par les Ă©lans de son cƓur. S’y croisent ainsi acteurs cultes, films beaux, films cultes et acteurs beaux dans une folle farandole mĂȘlant nanars et luxations cognitives de type art & essai. Et son tout donne surtout une monographie de Simon Roussin, une premiĂšre, permettant d’apprĂ©cier l’évolution de cet artiste qu’on aime tant. 200 pages, pour le plaisir. — M.Gueugneau

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sortie

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le 22.1

FAN ART

CinĂ©-Club de Simon Roussin Éditions Magnani, 208 pages, 20 € — simonroussin.blogspot. freditions-magnani.com

Ces sales, bĂȘtes et mĂ©chantes raclures de Blobby Boys font leur entrĂ©e chez Misma Éditions. Comme de bien entendu, ils sont sales, bĂȘtes et mĂ©chants. Et ĂŽ combien plaisants. Blobby Boys, Alex Schubert, Misma Éditions, couleurs, 120 pages, 19 €.

Toute nouvelle, La Maison Coule sort son premier livre Et je sais que mĂȘme si, une habile discussion entre 17 illustrateurs, plasticiens et photographes et 7 textes de fictions. Et je sais que mĂȘme si, La Maison Coule, riso/offset, 40 pages, 20€.

Atelier imprimĂ© – Salon

L’inĂ©narrable Killoffer refait des siennes avec son dernier album qui parle de lui-mĂȘme, de lui et de son ego. Un sujet qui nous enthousiasme pourtant. Killoffer tel qu’enfin lui-mĂȘme, Killoffer, L’association, noir et blanc, 108 pages, 32 €.


Alice sous la Terre Il a eu raison Lewis, le Pays des Merveilles c’est quand mĂȘme plus chic. Il y a fort longtemps, Ă  une Ă©poque que mĂȘme ValĂ©ry Giscard d’Estaing n’a pas connue, vivaient trois petites filles. Et, bizarrement – voire insolemment -, celles-ci rechignaient Ă  passer leur temps et leur menue monnaie dans les jolis accessoires de Claire’s Accessoires. À celles-lĂ , il fallait du beau, du grand, du spirituel. Petites pestes. Alors, un homme, Charles Lutwidge Dodgson, s’est dĂ©vouĂ© pour leur raconter la plus folle histoire jamais contĂ©e. Une histoire qui deviendra, plus tard, Alice au Pays des Merveilles signĂ©e d’un certain Lewis Carroll. Mais, avant cela, ce tube interplanĂ©taire de la littĂ©rature est d’abord nĂ© sous la forme d’un carnet manuscrit et illustrĂ©, offert en 1864 par Dodgson/Carroll Ă  la petite Alice Liddell, sous le nom Alice sous la terre. C’est cet objet que la glorieuse maison FrĂ©mok (Cowboy Henk, pour situer) rĂ©Ă©dite sous sa forme premiĂšre, Ă©criture et dessins originels Ă  l’appui. De quoi offrir aux lecteurs du XXIe siĂšcle un regard neuf car quasiment inĂ©dit sur un livre qui changea Ă  jamais la littĂ©rature. — M.Gueugneau

sortie

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le 20.0

Alice sous la Terre, de Lewis Carroll, FrĂ©mok, 96 pages, 16€ — fremok.org

S GRO CLASS IQUE

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La Danse des Morts, de Pierre Ferrero, Les Requins Marteaux, 136 pages, 22 € — lesrequinsmarteaux.com

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L’alpiniste du Mont VĂ©nus, le gonfleur de mouflette, le collectionneur de minous, Teddy Beat, est de retour dans les BD Cul, sous la plume de Morgan Navarro. Les Vacances de Teddy Beat, Morgan Navarro, Les Requins Marteaux, 128 pages, sortie le 22.09.

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La vie, c'est comme le football. ExceptĂ© le fait que ça dure un peu plus de 90 minutes, et que ce ne sont pas les Allemands qui gagnent Ă  la fin, mais la Mort. Cette fatalitĂ© fait depuis bien longtemps le malheur des hommes banals aussi bien que le bonheur des grands artistes. Ceux-lĂ  en ont fait des poĂšmes, des gravures ou encore de la musique. En bon fondu d'allĂ©gories, Pierre Ferrero s'est Ă©pris lui aussi du thĂšme de la danse macabre et en livre sa version dans La Danse des Morts, sortie fin aoĂ»t, alors que le soleil dĂ©clinait. Les Requins Marteaux ont ainsi eu le bon goĂ»t de faire une nouvelle fois confiance (aprĂšs Marlisou en 2013) au gars d'Arbitraire. Et, comme Ă  son habitude, ça dĂ©pote les potes. Couleurs irrĂ©elles, style reconnaissable entre mille et blagouzes au poil, l'auteur d'Isaac Neutron navigue Ă  l'aise entre le classicisme du thĂšme et narration du turfu. Car si la bataille entre la mort et la vie fait rage comme de bien entendu, elle n'en revĂȘt pas moins, sous le trait et la plume de Pierre Ferrero, les atours dĂ©contractĂ©s de la bonne ambiance. Entre une tĂȘte coupĂ©e et une tentative de viol en bonne et due forme, les pĂ©tards, la glande et la couardise viennent en effet Ă  point nommĂ© dĂ©tendre la tension de ce grand final allĂ©gorique. Psartek, Pierrot. — M.Gueugneau

L’extraordinaire Vincent MahĂ© va faire un tour chez la prestigieuse maison d’édition Nobrow pour son 750 Years in Paris qui brĂ»le de beautĂ©. 750 Years In Paris, Vincent MahĂ©, Nobrow, couleurs, 120 pages, 18 ÂŁ.

Atelier imprimĂ© – Salon

BenoĂźt Preteseille remet l’histoire de l’art Ă  sa place : entre la main des macaques. Une rĂ©flexion drĂŽle, belle et bienfaitrice sur l’art et sa reconnaissance actuelle. Histoire de l’Art Macaque, BenoĂźt Preteseille, Éditions CornĂ©lius, vert, 96 pages, 14,50 €.


Francis saucisson contre l’ñge bĂȘte

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SCU LAT ION 52 PAG ES couleu rs Francis Saucisson contre l’Âge BĂȘte, de Nicolas Pinet, Biscoto Éditions, 14€50 — biscotojournal.com nicolaspinet.blogspot.com

On le prend personnellement. Francis Saucisson est au chĂŽmage, et ça lui va bien. Peu fait pour la routine et la vie de bureau, le flamboyant Français leur prĂ©fĂšre l’aventure d’une discussion avec sa mĂšre ou l’exploit d’une bouderie solitaire. Mais alors que ce dur-au-mal se fait une nouvelle fois virer de son travail, l’inattendu vient frapper Ă  sa porte sous la forme d’un savant poursuivi par des mĂ©chants. Ni une ni deux, le bon Francis se lance dans une Ă©popĂ©e dantesque oĂč il croisera une biche, des morveux et un monde devenu complĂštement teubĂ©. Biscoto Éditions fait, avec Francis Saucisson contre l’Âge BĂȘte de Nicolas Pinet, une entrĂ©e en fanfare dans le joyeux monde de l’édition. Et le choix de perdre sa virginitĂ© avec Francis n’est pas le fruit du hasard. L’autre hĂ©ros Ă  la houpette est en effet membre Ă  vie du all-star game du journal Biscoto, dont il a tenu la baraque pendant un an avant de s’éclipser. Mais il serait, diton, en passe de faire une rentrĂ©e fracassante dans les colonnes du canard. Quoi qu’il en soit, cette premiĂšre incursion de la nouvelle maison d’édition est un brillant strike dont on attend avec impatience les petits frĂšres. — M.Gueugneau

Jochen Gerner

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Les Ă©ditions B42 consacrent une monographie Ă  Jochen Gerner qui interpelle profondĂ©ment sur l’image. L’ouvrage prĂ©sente le travail expĂ©rimental de l’artiste et ses rĂ©flexions Ă  partir de supports imprimĂ©s du quotidien tels que catalogues, magazines fĂ©minins, bande dessinĂ©e, cartes postales. En les recouvrant de peinture ou d’encre noire, en les redessinant, en les dĂ©tournant, Gerner nous en donne sa lecture, nous en montre les dĂ©tails cachĂ©s. Il filtre l’ensemble de l’image pour n’en garder qu’une vision partielle mais ciblĂ©e sur l’essentiel, nous guidant vers une autre dimension de ces documents, de ces images. On redĂ©couvre ainsi des planches de Tintin, de Lucky Luke, de Martine au parc, ainsi que des pages du catalogue IKEA, des cartes postales anciennes, des Images d’Epinal ou des cartes scolaires. Il inventorie, il caviarde, il dĂ©tourne, on en oublie le support original pour ne plus voir qu’une nouvelle narration graphique. Un voyage extraordinaire dans l’univers d’un artiste essentiel qui permettra de dĂ©couvrir des Ɠuvres visibles pour la plupart uniquement lors de ses expositions en France et Ă  l’étranger.

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— Basil Sedbuk

Que les fanatiques du pattern (= motif) se rĂ©jouissent, leurs gourous Anna Murray et Grace Winteringham du site Patternity ont sorti leur livre Patternity : A New Way of Seeing, le 3.09. Patternity : A New Way of Seeing, Patternity, couleurs, 224 pages, 30 ÂŁ.

Parce qu’il fallait bien qu’il y en ait un, voici le cahier de coloriage de cet automne : Beautiful Birds Colouring Book, d’Emmanuelle Walker paru aux excellentes Ă©ditions Flying Eye, petite sƓur de Nobrow. Beautiful Birds Colouring Book, Emmanuelle Walker, Flying Eye, noir et blanc, 96 pages, 10 ÂŁ.

Atelier imprimĂ© – Salon

Jochen Gerner, Monographie, Essai de Christophe Gallois et conversation avec Tom McCarthy disponible aux Ă©ditions B42 en coĂ©dition avec la galerie Anne Barrault 24€ — jochengerner.com editions-b42.com

Un nouveau Magazine Georges est toujours un plaisir pour les sens. Un n° Shampooing pour cette fois avec Roxane Lumeret, Anouk Ricard, Delphine Perret, SĂ©verin Millet, etc. Magazine Georges, n° Shampooing, couleurs, 60 pages, 9,90 €.


Las Vegas Studio Au sortir de trois jours dans le dĂ©sert brĂ»lant du Nevada, on aperçoit au loin un point lumineux. Nous sommes en 1968. Ce point prend peu Ă  peu des formes, des couleurs, une Ăąme. Ce n’est pas vraiment une ville. C’est une icĂŽne, un symbole, une extrapolation ; c’est une forme unique d’architecture « d’en bas ». L’urbanisme, la signalĂ©tique et le fonctionnement mĂȘme de Las Vegas sont le rĂ©sultat d’une volontĂ© populaire inconsciente qui a fait de ce trou perdu et invivable un endroit ren-

dant grĂące Ă  la part inavouable de la psychĂ© amĂ©ricaine. C’est en partant de ce postulat que Denise Scott Brown, Robert Venturi et leurs Ă©tudiants sont partis explorer La Mecque du divertissement de masse, ce tableau majeur du musĂ©e imaginaire de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. Souhaitant en Ă©tudier l’architecture, l’urbanisme et les signes, ils en ont photographiĂ© la vie commune, entre balades automobiles et fantasmagories lumineuses. Ces clichĂ©s, qui Ă©taient

un simple moyen au service de leurs recherches (dont le rĂ©sultat, Learning from Las Vegas, est un classique de l’architecture), reprennent aujourd’hui du poil de la bĂȘte. Car ces photographies, dĂ©lestĂ©es du poids thĂ©orique, renaissent sous de nouveaux jours artistiques et nous livrent une vision de Las Vegas d’une rare fascination. L’exposition arlĂ©sienne Las Vegas Studio et l’édition française (une premiĂšre) du catalogue qui les accompagne est en cela une aubaine. — M.Gueugneau

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Las Vegas Studio : Images des Archives, de Robert Venturi et Denise Scoot Brown, Ă©dition dirigĂ©e par Hilar Stadler et Martino Stierli, Ă©ditions Scheidigger & Spiess, 32€ — scheidigger-press.ch vsba.com venturiscottbrown.org

Biscoto fĂȘte fiĂšrement son 30e numĂ©ro. Et pour cĂ©lĂ©brer celui-ci, le journal plus fort que costaud se penche sur la si belle notion de « coup de main », bien aidĂ© par LoĂŻc Froissart, ÉloĂŻse Rey, ClĂ©ry Debourg, etc. Biscoto Magazine, n°30, couleurs, 16 pages, 3,50 €.

Les Rencontres Photographiques d’Arles ont accouchĂ© cet Ă©tĂ© d’un joli laurĂ©at pour leur concours Books 2015 – Livre d’Auteur avec Tommaso Tanini et son H. Said He Loved Us. H. Said He Loved Us, Tommaso Tanini, Discipula Éditions, couleurs, 120 pages, 30 ÂŁ.

Atelier imprimé - Salon

L’illustre illustrateur anglais Paul Thurlby sort cet octobre un livre alphabet sur la ville de Londres. L is for London est un bon moyen de se prendre son gĂ©nie dans la face. L is For London, Paul Thurlby, Hodder Children’s Book, couleurs, 64 pages, 12 ÂŁ.


Girl Band

sortie

9 le 25.0 TRA VEST I

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Girl Band, Holding Hands With Jamie, chez Rough Trade — girlbanddublin.bandcamp.com roughtrade.com

Girl Band a dĂ©boulĂ© en 2012 avec le single « In My Head » et l’EP France 98. Une poignĂ©e de singles fĂ©roces (« Lawman », « The Cha Cha Cha », « De Bom Bom ») leur a ensuite permis de consolider leur frappe sonore. À croire que ce quatuor de Dublin a choisi un nom fade pour mieux dĂ©concerter, puisant allĂšgrement dans le punk, le krautrock et le hardcore. La formule fait mouche, mĂȘme dans leurs choix de reprises audacieux (les visionnaires Beat Happening ou le producteur techno Blawan). La nonchalance de Girl Band est en effet soutenue par une section rythmique extrĂȘmement solide. Adam Faulkner, batteur imperturbable, semble liguĂ© avec Daniel Fox (basse) qui bien souvent, et avec un seul motif rĂ©pĂ©titif, dresse Ă  lui seul l’ossature de tout le morceau. Long, de prĂ©fĂ©rence, pour que Alan Druggan (guitare) ait le temps de martyriser sa pĂ©dale de distorsion et que cette masse bouillonnante, rĂ©guliĂšrement dĂ©chirĂ©e par les hurlements sarcastiques de Dara Kiely, atteigne des climax propres Ă  vous filer un accĂšs de tachycardie... Leur live, notamment au festival de la Villette Sonique, a dĂ» marquer plus d’un esprit. Girl Band repart sur les routes europĂ©ennes dĂ©fendre un premier album intitulĂ© Holding Hands With Jamie. Le premier single « Paul » est accompagnĂ© d’une vidĂ©o rĂ©alisĂ©e par Bob Gallagher, qui laisse mourir dans la gorge un dĂ©but de rire vite congestionnĂ©... La tension ne semble pas s’ĂȘtre relĂąchĂ©e. — Manon Raupp

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Orange Milk Record Musique et beautĂ© plastique se nourrissent l’une l’autre. L’amalgame entre ces deux derniĂšres a autant de chance de rĂ©sulter d’un carnage auditif et audiovisuel qu’à une explosion dĂ©lectable des sens. Le label Orange Milk Records a fait de cette association sa spĂ©cialitĂ©, en donnant autant d’importance au visuel qu’à la musique qu’il illustre. FondĂ© par le brillantissime magouilleur des sons post-internet, Keith Rankin alias Giant Claw, et par son acolyte Ă  la musique expĂ©rimentale tranchante, Seth Graham, le label de l’Ohio se spĂ©cialise dans la production de vinyles et K7 Ă  l’esthĂ©tique aussi dĂ©cadente que le son y est orgasmique. Preu dĂ©fenseur de la vaporwave, Orange Milk Records prĂ©sente un catalogue d’artistes ayant tous pour point commun une fĂącheuse tendance Ă  produire de prĂ©cieux exploits sonores Ă  l’image de Jerry Paper, Larry Wish, Ryan Emmett, Christopher Merrit, Cream Juice ou Event Cloak. À premiĂšre vue facilement classables dans la catĂ©gorie des musiques expĂ©rimentales, les camĂ©lĂ©ons d’Orange Milk sont pourtant loin de se rĂ©sumer Ă  un seul genre, se baladant du r’n’b au hip-hop en passant par le lo-fi. Une bĂ©nĂ©diction pour Keith Rankin, le boss luimĂȘme, qui se rĂ©gale Ă  grimer les productions avec ses visuels Ă  l’esthĂ©tisme 2000s. À son juste titre de dĂ©fenseur du surrĂ©alisme digital, il semblerait qu’Orange Milk Records n’est pas prĂȘt d’arrĂȘter de dĂ©valer la pente des internets. — Elora Quittet

AprĂšs les inĂ©dites Kyvu Tapes vol.1 1990-1998 de Demian Castellanos, sorties au printemps, d’autres raretĂ©s de son groupe, The Oscillation, refont surface sous le nom de Beyond The Mirror, sortit le 11.09 chez All Time Low Productions.

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Balladur = Somaticae + Romain de Ferron en version pop. Une alchimie au poil qui nous sort enfin un album : ça s’appelle Plage Noire, Plage Blanche et c’est chez Le Turc MĂ©canique.

Atelier imprimĂ© – Salon

Derniers disques sortis : Darren Keen, He’s Not Real et Bruce Smear, Chlorine -— orangemilkrecords.com

Les Lyonnais de Collection ont sorti l’album que le monde attendait, leur premier, MisĂ©rable Miracle, chez AB Records, le 9.09.


Pantruche L’argent n’a pas d’odeur, certes, mais le systĂšme sent. Les bouches de la RATP, aussi. Mais ça n’est pas nouveau, non. Le systĂšme son - lui qui, peut-ĂȘtre un soupçon trop soigneux, s’ennuyait Ă  mourir il y a quelques annĂ©es encore - risquerait cependant de finir par poquer. Ce bon vieux Gepetto (ou l’un de ses confrĂšres, prestidigitateur) dĂ©crĂ©ta un matin, de bonne humeur et la moustache soigneusement dessinĂ©e, que l’heure Ă©tait au grand retour de la techno. Et les marionnettes firent, sans trop savoir pourquoi. Ni mĂȘme... comment. Comme Ă  chaque fois, du coup, les dĂ©licates effluves du renouveau s’évaporĂšrent petit Ă  petit. Elles disparurent mĂȘme, dans certains coins, recouvertes entiĂšrement par l’abondance nausĂ©abonde de ce qu’on appelle dans le milieu le patchouli. Paris, toujours premiĂšre Ă  se manifester, resta premiĂšre aussi Ă  se faire embaumer. Pantruche, capitale des pantes, avait donc logiquement besoin d’un peu d’acide – ce dĂ©tergent puissant, bon marchĂ©, certes, mais toujours efficace – histoire de nettoyer tout ça. Du label, on ne sait que trop peu. Qui en tire les ficelles ? Aucune idĂ©e non plus. Et les artistes, alors ? Aucun casier Ă  leur actif. À l’exception du dĂ©nommĂ© Tin Man, agent de texture, certifiĂ© Deutsche QualitĂ€t, dont la prĂ©sence discrĂšte n’aura sĂ»rement d’autre incidence que d’appuyer l’argumentaire. Verdict du Jury : Atypique ! Parfum issu du commerce Ă©quitable, Ă  la fragrance Ă  la fois Ăącre et rassurante, Les MarĂ©chaux saura troubler les plus exigeants d’entre vous. Viril, vivifiant, mais tout de mĂȘme sĂ©duisant. — Simon Chambon-Andreani

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VA – Les MarĂ©chaux (PNT 01). Sortie prĂ©vue courant septembre. — https://soundcloud.com/ pantruche

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PNL – Le Monde Chico, sortie prĂ©vue Ă  la mioctobre -— facebook.com/pnlmusic

Helena Hauff est fabricante de techno brillante et intelligente. RĂ©jouissons-nous, alors, de la sortie, le 4.09, de son premier album Discreet Desires sur le label d’Actress, Werkdiscs.

PNL. « Peace N’ LovĂ©s », la pax romana et les biftons, la tune et l’autotune. Tout un programme. DerriĂšre l’acronyme, deux frangins de micro descendus des tours de la citĂ© des TarterĂȘts pour faire main basse sur le monde et tout ce qu’il y a dedans. Manque de bol, Tony Montana s’est fait refroidir, la grisaille de Corbeil-Essonnes n’a rien Ă  voir avec les plages de Miami et la vie de rĂȘve n’est qu’un fugace et douloureux mirage. Ne reste au final que ce bitume qui colle aux baskets, le spleen d’une existence Ă  « visser » en blanche des clients fidĂšles, la peine et les poches pleines. Ça, et puis la famille. Que La Famille d’ailleurs, comme le revendique d’emblĂ©e l’album paru en catimini au mois de mars. Des clips jusqu’aux featurings confiĂ©s aux potos du cru, PNL cultive l’entre-soi. FlanquĂ©s de leurs frĂšres de galĂšre, Ademo et N.O.S tartinent les gimmicks tribaux, les rĂ©fĂ©rences Ă  Disney et aux animĂ©s du Club DorothĂ©e sur des BPM effrontĂ©ment lents. Et la torpeur se fraie un chemin jusqu’aux grandes ondes, le boucheĂ -oreille arrachant les pesantes rengaines autotunĂ©es au seul secret du cocon familial essonnien. Pas de quoi changer les habitudes du tandem. Imperturbables, les rappeurs charbonnent sur un nouvel opus. Et en attendant la paie et la paix, ils « emmĂšnent la misĂšre en balade » de l’autre cĂŽtĂ© des PyrĂ©nĂ©es dans “J’suis PNL”. Vivement la prochaine dose, comme dirait ce cher ien-cli HervĂ©. — Simon Boileau Il ya deux ans, Faraway Land propulsait J.C. SatĂ n sur le Mont Olympe de la « nouvelle-scĂšnegarage-française ». Leur nouvel album Ă©ponyme (sortie le 21.09 chez Born Bad) le confirme parfaitement.

Atelier imprimĂ© – Salon

Born Bad encore, avec la compilation qui fait sourire les malicieux, ChĂ©bran : French Boogie 1980-1984 qui met Ă  l’honneur le funk Ă  la française des 80’s. Sortie prĂ©vue en novembre.



VESTIAIRE


chapeau | BAPTISTE VIRY - trench | LACOSTE

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Paint Direction Artistique : Baptiste Viry @ Agence Klar | Photographie : Thomas ChĂ©nĂ© | Assistant photographe : ClĂ©ment Brandely | Stylisme : Alix Devallois | Make-up & Hair : Faustine Hornok @ Backstage Agency | Mannequin : Anna Nevala @ Supreme Management.

Atelier imprimé - Vestiaire


robe | CEDRIC CHARLIER


top | SAMSOE&SAMSOE pantalon | JOHANNES ADELE mules | COTÉLAC


top | COTÉLAC chemise | POMANDÈRE pantalon | JOHANNES ADELE


sweat | ANDREA CREWS jupe | JOHANNES ADELE


chapeau | BAPTISTE VIRY robe | CEDRIC CHARLIER


lunettes | LOTHO chemise | POLDER


blouson | PROÊMES DE PARIS pantalon | AMERICAN RETRO derbies | SARTORE


trench | LACOSTE top | ANDREA CREWS jean | MONKI


KIBLIND Magazine Atelier imprimĂ© En 2015, Kiblind change de peau et se transforme en mutant charmant : l'Atelier ImprimĂ©. Avec cette alliance entre le toucher du papier et la sueur de l'atelier, le magazine cherche Ă  capter l’humeur artistique du temps qui court, court, et nous rend heureux. Entrez, c’est ouvert.

Lieux de diffusion

RĂ©ponse de la contrepĂ©trie p.14 :«  «les partouzes de bears attirent les folles comme des mouches».

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ÉvĂ©nements

— À chaque parution, le magazine prend vie le temps de soirĂ©es-ateliers.

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Atelier imprimĂ©, Coloriage – n°54.

Kiblind

Automne 2015

Kiblind Magazine

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Prochaine soirée-atelier Le 01.10.2015 à la Machine du Moulin Rouge -Paris 18e Prochain magazine 17.12.2015 Suivez-nous


SORTIE D’ATELIER


FORMULA BULA #3

CONSORTIUM FANATIQUE PHYLACTÈRE M. Gueugneau

Il faut le croire, le XXIe siĂšcle n’est pas une mauvaise chose. Bien sĂ»r, quelques anicroches ci ou lĂ  pourraient nous faire penser le contraire. Mais faisons fi de la sinistre rĂ©alitĂ© et plongeons avec dĂ©lices dans les douceurs du 9e art. Car s’il est bien un moyen d’expression qui dĂ©pote ces temps-ci, c’est bien cette satanĂ©e bande dessinĂ©e qui ne cesse de se rĂ©inventer. La faute en est Ă  ces gens, jeunes ou vieux, qui en troublent sans arrĂȘt les frontiĂšres et les codes. Le festival Formula Bula, organisĂ© par ces petits malins de FERAILLE, est lĂ  pour en prouver l’éternelle fraĂźcheur. Cette annĂ©e, c’est le Point ÉphĂ©mĂšre qui aura l’honneur d’accueillir la salve d’auteurs et d’animations qui Ă©mailleront le Formula Bula, 3e du nom. Autour de l’exposition du gĂ©nial et trop rare Francis Masse et de l’installation Discovers d’Emmanuel Bellegarde, c’est en effet une plĂ©iade de gens en or qui arpenteront le quai de Valmy. Entre ateliers, tables rondes, dĂ©dicaces en croisiĂšre (sur le Canal de l’Ourcq), projections et apĂ©ros instructifs, les bienheureux qui se trouveront au Formula Bula auront l’indicible honneur d’apercevoir Antoine Marchalot, Blutch, Pierre Ferrero, Ruppert & Mulot, Delphine Panique, Bastien VivĂšs, Nine Antico, JĂ©rĂ©my Piningre ou encore Daniel Goossens, entre mille autres. Et si leurs oreilles jalousent leurs yeux, un peu de dĂ©hanchement est aussi prĂ©vu avec des concert d’Ichi, Avenue Z ou Bitpart. On vit une Ă©poque formidable.

Auteur de l’affiche : CIZO

Formula Bula #3 les 25, 26 et 27.09 Point ÉphĂ©mĂšre, Paris

ferrailleprod.com

Oh la bonne idĂ©e que les FÉRAILLE ont eue en demandant Ă  Cizo de griffonner cette affiche. Lui, qui ne s’est jamais pris au sĂ©rieux dans la bande dessinĂ©e, lui qui en a toujours repoussĂ© les frontiĂšres. Avec Winshluss, avec le magazine Jade, sur les affiches du Sonic Protest, il dĂ©voile ses aptitudes graphiques, son imagination hors-norme et ses appĂ©tits d’altĂ©ritĂ©. Le pire dans tout ça, c’est que ça pourrait ĂȘtre moche. Ça ne l’est jamais, comme le prouve une nouvelle fois cette superbe affiche de Formula Bula #3.

Atelier imprimĂ© - Sortie d’atelier

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TRANSIENT FESTIVAL

DEMAIN VOIRE APRÈS-DEMAIN M. Gueugneau

Souvenons-nous. L’an passĂ©, alors que nous Ă©tions de paisibles touristes en Saint-Ouen, nous tombions sur le festival Transient. Abasourdis, nous tombions de nouveau, en pĂąmoison cette fois. Et puisque la vie, comme la montagne, est belle, elle dresse Ă  nouveau sur notre route ce mont Fuji des cultures numĂ©riques pour une seconde Ă©dition plus forte, plus haute, plus belle. DeuxiĂšme mouture, donc, pour le Transient qui prĂ©sente, comme l’an passĂ©, quelques-uns des plus croustillants artistes en musique et arts numĂ©riques. On sent pourtant que SinChromatic a pris de la bouteille, et sa sĂ©duisante premiĂšre lui a offert les ailes de la gloire : la programmation passe cette annĂ©e la surmultipliĂ©e. CĂŽtĂ© musique, entre mille autres retenons la venue de Franck Vigroux, Crypto Tropic, Emptyset, Luke Vibert, Neil Landstrumm, Murcof, Voiron, Lucy, Lakker, Mira Calix ou Richard Devine. Cette foisonnante colonie sera accompagnĂ©e, et fort bien soit dit en passant, par les performeurs et artistes en arts numĂ©riques repĂ©rĂ©s par les yeux perçants de cet aigle de Sacha Rolland et de son Ă©quipe du SinChromatic. Une nouvelle Ă©tape sur le parcours touristique du bien-vivre.

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Transient Festival du 5 au 8.11 Ă  Paris

transientfestival.com

PARIS ELECTRONIC WEEK

Paris Electronic Week, du 19 au 26.09 Ă  Paris

pariselectronicweek.fr

CONFÉRENCE RÉESOI AMBIANCE M. Gueugneau

Peut-ĂȘtre pourrait-on penser que le terme de musique Ă©lectronique ne veut pas dire grand chose. On est mĂȘme fortement tentĂ©s d’ajouter un petit s. Car les musiques Ă©lectroniques rassemblent aujourd’hui toutes les esthĂ©tiques, tous les publics et toutes les ambiances. Formellement, elles ne sont pas un style, mais une technologie, elles ne sont pas une fin, mais un moyen. Pourtant. Pourtant, la difficile acceptation des Ɠuvres rĂ©alisĂ©es par ces technologies a fait du paysage chamarrĂ© de ces musiques Ă©lectroniques un tout, Ă  mĂȘme d’ĂȘtre dĂ©fendu. Et c’est cet marginalitĂ© premiĂšre qui a soudĂ© ses activistes et a fait de cette diversitĂ© une vĂ©ritable culture qui aujourd’hui est celle qui domine le monde des musiques actuelles. Mobiliser ses acteurs, dĂ©fendre ses Ɠuvres, en assurer la plus large diffusion : telles sont les missions que s’est donnĂ© l’association Technopol, crĂ©Ă©e en 1996. Et quel meilleur moyen que cette Paris Electronic Week qui, durant une semaine Ă  Paris, propose soirĂ©es, tables rondes, masterclass ou confĂ©rences. AprĂšs le fameux dĂ©marrage-feux-d’artifice de la techno parade, c’est une myriade d’évĂšnements qui Ă©mailleront cette semaine bĂ©nie. Les focus sur le Maghreb, la CorĂ©e et l’Afrique, la tournĂ©e des disquaires parisiens, la prĂ©sentation de quelques petites perles locales et les soirĂ©es endiablĂ©es rassembleront les belles personnes que sont Shinigami San, Ben Vedren, Frederic Galliano, le Cracki Crew, Neue Grafik, le maire de Nuit d’Amsterdam, Antoine Buffard (Trax Magazine), Eric LabbĂ© (ZigZag Club), Brice Coudert (Concrete), etc. Parce que malgrĂ© leurs succĂšs, les cultures Ă©lectroniques doivent encore et toujours ĂȘtre dĂ©fendues. Atelier imprimĂ© - Sortie d’atelier


MAISON SAUVAGE #2

Maison Sauvage #2, le 26.09 au Petit Bain, Ă  Paris

M.Gueugneau

Comme dans toutes les maisons de bonne tenue, une fois la bobinette tirĂ©e, la chevillette cherra sans encombre. S’ouvrira alors, pour le visiteur, une jungle bruyante et brillante oĂč se mĂȘleront tout de go faune et flore pour quelques heures Ă©phĂ©mĂšres mais impĂ©rissables. Le bestiaire de l’endroit est certes d’un genre Ă©trange, mais renferme tout de mĂȘme quelques olibrius dont la compagnie ne sera pas mĂ©chante, loin de lĂ . Mille contrĂ©es peu ou pas explorĂ©es, peuplades absurdes et paysage enchanteurs attendent les invitĂ©es pour un bal comme on les aime : sans correction aucune. Maison Sauvage propose aux derniĂšres chaleurs estivales son deuxiĂšme mini-festival parisien plein de bruit et de fureur. En matiĂšre de bruit, les mĂ©lopĂ©es s’échappant de la pĂ©niche du Petit Bain ont Ă©tĂ© choisies avec soin et parviendront avec dĂ©lices aux oreilles les plus distinguĂ©es. De la noise tropicale de Franky Goes To Point-Ă -Pointre (avec des gens de Pneu ou Headcase) Ă  la trans techno de Giant Swan en passant par l’échappĂ©e belle de Camilla Sparksss de Peter Kernel, les divers bourgeons des musiques actuelles y dĂ©ploieront sans aucun doute leurs fleurs superbes. Pour ce qui est de la fureur, le blind-test de I Heart, les flash tattoos de Monna Satellite et LomĂ© 77, ou la boum orchestrĂ©e par Hello Acapulco y contribueront avec tact et/ou dĂ©raison. De quoi mĂȘler sang et sueur, art et fĂȘte, pour une reprise Ă  la sauvageonne. Pour la surprise-party de la rentrĂ©e, c’est rdv 17h, le 26 septembre 2015 au Petit Bain. Sonner Ă  « super soirĂ©e au top ».

facebook.com/MaisonSauvage

PITCHFORK MUSIC FESTIVAL

INDIE MINI FURIE

MONDE SAUVAGE TOILE M. Gueugneau

Cela n’aura Ă©chappĂ© Ă  personne : Pitchfork pĂšse. Le site, et ses vingt ans de notations Ă  tout va, roule en effet sur les sentiers de la gloire mĂ©diatique sans que personne ne semble en mesure de lui mettre une bonne tĂȘte-Ă -queue des familles. La faute, sans doute, au quart de million de visiteurs journaliers, Ă  son million de suiveurs facebookiens ou Ă  ses 2,7 millions de twittos. GrĂące, surtout, Ă  sa vision quasi-panoptique du monde de la musique qui permet Ă  la grosse centaine de ses rĂ©dacteurs rĂ©guliers de ne laisser passer rien, ni personne. Mieux, les bougres ont du goĂ»t. C’est cette sainte alliance entre oreilles bien formĂ©es et public Ă  l’écoute qui fait la lĂ©gende du site et le succĂšs de ses dĂ©clinaisons rĂ©elles : les festivals. La version parisienne en est ainsi Ă  sa 5e Ă©dition et Pitchfork (bien aidĂ© par les organisateurs Super!) fait brillamment rimer le concret et le virtuel. Finis les players, finie la platitude des Ă©crans, vive la chaire, vive l’os. Nous retrouverons donc, Ă  la fin du mois d’octobre, quelques-uns des groupes adoubĂ©s ces derniĂšres annĂ©es par le mĂ©dia chicagoan. Au premier rang d’entre eux, nous citerons Godspeed You! Black Emperor, Rome Fortune, Spiritualized, Beach House, Four Tet, Thom Yorke, Destroyer, Run The Jewels, John Talabot ou encore l’indĂ©crottable Laurent Garnier. De quoi, sans nul doute, faire perdurer le mythe Pitchfork pour quelques annĂ©es encore.

29, 30, 31 Octobre 2015 Grande Halle de la Villette

Pitchfork Music Festival Paris 2015, les 29, 30 et 31.10 Ă  la Grande Halle de La Villette, Ă  Paris

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pitchforkmusicfestival.com

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TOUT VA BIEN

Exposition Écran Total, du 8.10 au 12.12 Ă  La FenĂȘtre Ă  Montpellier. Exposition Indice Deux, du 19.11 au 24.12 Ă  la Galerie My.Monkey Ă  Nancy

ateliertoutvabien.com la-fenetre.com mymonkey.fr

CE RÊVE BLEU M. Gueugneau

Nous aussi, on rĂȘve en bleu azur. Au moment oĂč nous connaissons le prĂ©nom de notre boulangĂšre, oĂč nous savons exactement le nombre de pas qui nous sĂ©parent du Petit Casin le plus proche et oĂč nous pouvons sans peine rĂ©citer les dates de naissances et de morts des personnalitĂ©s qui nomment les rues de notre quartier, Ă  ce moment-lĂ  il est temps de se barrer. La rouille et la sĂšcheresse inhĂ©rente au rester sur place n’est bon ni pour nous, ni pour notre entourage. Aussi doit-on au plus vite se faire inoculer la maladie du bouger-bouger et se casser loin et vite. Ces dĂ©lices du voyage, Thomas Anthony les rend comme personne dans ces illustrations majestueuses qu’il prĂ©sente Ă  Sergeant Paper jusqu’au 26.09. Tout en aplats et en formes Ă©purĂ©es, les travaux du Londonio-Montpellerien Ă©mettent une puissance diffuse, impressionnante, fascinante. Une expĂ©rience de premier ordre dans le monde de l’illustration.

Exposition Voyage de Thomas Danthony, jusqu’au 26.09 à l’ArtStore Sergeant Paper, à Paris

M. Gueugneau

Moi, hamdoullah, ça va. L’Atelier Tout Va Bien n’a jamais aussi bien portĂ© son nom. AprĂšs la merveilleuse identitĂ© graphique du dijonnais Festival MV et la couverture du Kiblind n°52 (Les Échecs), qui nous ont rendu amoureux fous du duo Mathias Reynoird/Anna Chevance, voilĂ  qu’ils reviennent pour une saison 2015/2016 bien partie pour dĂ©poter. En effet, les CĂŽted’Oriens ont choisi de cueillir le jour et de saisir toutes les opportunitĂ©s pouvant les mener aux portes de la gloire. Mais plutĂŽt que des les franchir simplement, ils envisagent bien plutĂŽt d’en faire sauter les gonds avec deux expositions aux relents estivaux assumĂ©s. L’Atelier Tout Va Bien se paie donc une double visibilitĂ© et une traversĂ©e de l’hexagone sympatoche, avec Écran Total et Indice Deux, respectivement Ă  Montpellier et Nancy. Les mois d’octobre et de novembre semblent ainsi quelque peu traumatiser nos deux graphistes qui repoussent l’échĂ©ance automnale Ă  grands coups de posters brillants, de couleurs altĂ©rĂ©es et de compositions hypnotiques. Et nul doute que nos peaux dorĂ©es par cet Ă©tĂ© fort en ultra-violets se marieront parfaitement avec nos yeux pĂ©tillants.

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THOMAS DANTHONY

GRAPHISME DIJONNAIS SUPÉRIEUR

sergeantpaper.com

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LEZILUS 2005/2015

ASSOCIATION DE BIENFAITEURS M. Gueugneau

Dans la jungle hostile du monde de l’illustration, oĂč la survie est un combat permanent, il est toujours bon de se mettre du cĂŽtĂ© des faiseurs d’or. Et en matiĂšre de joaillerie dessinĂ©e, il est un homme qui a devancĂ© tous les autres, et qui domine la plĂšbe d’une maniĂšre outrageante : ce sacrĂ© Michel Lagarde. Le Parisien aux yeux qui brillent a su flairer comme personne les talents de ces derniĂšres annĂ©es et de celles qui suivront. À l’aide de cette aptitude hors-norme, il a construit son joli manoir Ă  base de galerie, maison d’édition et, bien sĂ»r, d’agences d’illustration. Sur ce dernier point, il a clairement gagnĂ© la partie avec trois agences reflĂ©tant au mieux les diffĂ©rents chemins empruntĂ©s par l’illustration ces derniĂšres annĂ©es : Agent 002, Illustrissimo et Lezilus. C’est le 10e anniversaire de cette fougueuse petite derniĂšre que Michel Lagarde fĂȘte en cette rentrĂ©e 2015, avec l’aide prĂ©cieuse de L’Attrape-RĂȘve et de la Galerie Le Huit. La cadette des agences d’illustration de Michel Lagarde reprĂ©sente en effet l’illustration d’aujourd’hui, cette insolente, cette dĂ©linquante illustration d’aujourd’hui qui se fiche des codes que lui ont transmis ses aĂŻeux. Celle qu’on aime. Pour la bamboche expresse (2 jours d’exposition), nous retrouverons avec plaisir Guillaumit, Zeloot, les Jeanclode, Simon Landrein, Jean Leblanc, Guillaume Kashima ou encore l’illustre Arthur de Pins. On vous l’avait dit : Michel-les-bons-tuyaux.

Exposition Lezilus 2005/2015 : 10e anniversaire du 25 au 27.09 à la Galerie Le Huit, à Paris

lezilus.fr lattrapereve.fr facebook.com/espace.huit

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NATALIE DU PASQUIER

Nathalie du Pasquier, Construction, exposition jusqu’au 25.10 au Studio Fotokino à Marseille

fotokino.org

PEINTURE MOTIF DARONNE M. Gueugneau

L’excellent Studio Fotokino peut se targuer d’avoir l’oeil et le bon. Comme les plus fins limiers, le studio cherche et trouve les perles rares : ceux qui sauront le mieux seoir aux yeux des chanceux qui ont le bon goĂ»t de franchir son seuil. La rentrĂ©e 2015 n’est pas en reste avec la tenue d’une monographie de la succulente Nathalie du Pasquier, qu’on a vue l’an passĂ© collaborer avec American Apparel (ça c’est pour le chic) mais qu’on sait surtout co-fondatrice du groupe Memphis en 1980, bras dessus-bras dessous avec l’inĂ©narrable designer Ettore Sottsass (ça c’est pour la classe). Cette peintre (entre autres) spĂ©cialiste Ăšs pattern et architecture graphique prĂ©sente donc Construction, une monographie de ses tous derniers travaux. Une louable initiative de sa part et de la part du Studio Fotokino, qui verra donc ses murs s’offrir une nouvelle dimension. Celle, unique, que Nathalie du Pasquier entrouvre dans chacun des espaces qu’elle investit. Mine de rien, un sacrĂ© moment de la saison culturelle marseillaise.

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ROCA BALBOA Oui, oui, bien sĂ»r, c’est la sƓur de. L’insouciante Roca Balboa passe son temps Ă  dessiner ou Ă  faire des tattoos ou Ă  border. « Sont-ce lĂ  de saines occupations pour une jeune femme de 2015 ? »,  doivent se demander, inquiets, les gens qui ont pris soin de rabattre leur mĂšche sur le dessus du crĂąne, en vue de cacher

PUISSANCE DAUPHINS COEUR M. Gueugneau

une calvitie naissante. Qu’ils se rassurent, la rĂ©ponse est oui. Car en plus de toucher un maximum d’argent frais, ces activitĂ©s lui permettent de s’exprimer, de s’exposer et de se faire admirer. Car oui, le travail de Roca Balboa est admirable. À nous, donc, d’apprĂ©cier son trait simple, son humour dĂ©contractĂ© et ses

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Exposition Roca Balboa à l’Espace B jusqu’à fin septembre

espaceb.net rocabalboa.com

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fulgurances lumineuses. Des qualitĂ©s dont nous pouvons nous dĂ©lecter sur les sĂ©millants Paulette, Retard Magazine ou Vice et Ă©videmment – c’est l’objet de cet article – sur les murs de l’Espace B, qui brilleront jusqu’à fin septembre grĂące Ă  l’exposition de la Parisienne. Une chance.



72 Tous ces cousins de la musique électronique, contemporaine ou actuelle qui ne se voyaient plus, Marathon ! les réunit avec Koudlam, le Cabaret Contemporain, Dopplereffekt, Saycet, James Holden, Pierre Henry, entre autres.

- Electroni[k] L2&3 1059025 - 1059026

Maintenant Festival Rennes ‱ Du 13 au 18.10 maintenant-festival.fr

Maintenant vu par

Les Jardins SynthĂ©tiques Toulouse ‱ Du 1 au 18.10 jardins-synthetiques.org

Festival BD Colomiers Colomiers ‱ 13, 14, 15.11 ville-colomiers.fr

Le festival Maintenant mĂȘle comme Ă  son habitude arts visuels, spectacles, musiques et nouvelles technologies, avec Adrien M & Claire B, Xosar, Vatican Shadow, Myriam Bleau, Simon Geist, etc.

SQUARE RIAM, quatre lettres qui font le bonheur des esthÚtes marseillais, ceux attachés au évolutions des arts et musiques numériques. La preuve avec la venue de Low Jack, Vincent Epplay, Jean-Yves Leloup, David Merlo, etc.

Marathon ! Île de France 7, 8, 13, 14.11 & 5.12 marathonfestival.eu RIAM Marseille ‱ Du 1 au 30.10 riam.info

L’excellent magazine nĂ©erlandais Foam a la passion de la photographie. Une passion fertile qui lui commande de rĂ©aliser le concours Foam Talent Call pour les moins de 35 ans. Les 21 laurĂ©ats, tous incroyables, seront exposĂ©s Ă  l’Atelier NĂ©erlandais de Paris.

Dominic Hawgood, Rise up you are free from the series Under the Influence, 2014

Croiser les effluves de la modernitĂ© et de l’histoire, telle est la mission des Jardins SynthĂ©tiques qui allie patrimoine et crĂ©ations futuristes. Avec Odei, la Cie Lili Catharsis, Aymeric Hainaux, Turzi, High Wolf, Gordon, etc.

Un jardin d’Eden : il suffit de se baisser pour ramasser les fruits juteux de la BD actuelle, avec les expos de Guillaume Chauchat ou MickaĂ«l Jourdan, les focus sur CornĂ©lius, Les Fourmis Rouge et L’Agrume, et la myriade d’artistes prĂ©sents.

FOAM Atelier NĂ©erlandais, Paris Du 11.11 au 20.12 atelierneerlandais.com




Vue

par

Brecht Evens (1/Ăą€‰4)



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