La grille d’arbre. Un produit en mutation dans le projet urbain.

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La grille d’arbre Un produit en mutation dans le projet urbain.

Kévin RODALLEC 1


Couverture : Grilles d’arbres Paris, par Patrick Deby, 1993.

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La grille d’arbre Un produit en mutation dans le projet urbain Séminaire d’initiation à la recherche : Archéologie du projet urbain. Encadré par E. Monin et C. Blain. Kévin RODALLEC Mai 2018

École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille

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Figure1. Paris de Nuit, 1932. Tirage argentique d’époque, tampon «PHOTO BRASSAI Copyright by Gyula Halasz Paris (13e)» Archives Brassaï, Centre Georges Pompidou, Paris : Paris de Nuit. N. 121. Boîte 13. Planche 65. En ligne : http://www.yannlemouel.com/index.jsp, consulté le 26/05/2018

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Table des matières Introduction

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Partie I L’arbre en milieu urbain : le bouleversement haussmannien.

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A.

L’arbre dans les grands travaux du Second Empire : invention et innovation. 13

1.

Le végétal dans la politique d’assainissement

13

2.

Un contexte contraignant pour l’arbre

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3.

L’innovation au service de l’arbre urbain

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La grille d’arbre, un produit, une industrie

B.

23

1.

Description du produit et fonctions premières

24

2.

L’industrie de la fonte en pleine expansion

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Partie II De la démarche haussmannienne aux réflexions contemporaines : la grille d’arbre se complexifie.

37

A. De nouvelles méthodes de fabrication, l’ évolution matériel du produit

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1.

Les progrès de l’industrie au service de la grille d’arbre

2. La pratique de l’espace public : La nécessité d’adapter la grille

43

47

B.

Le modèle en catalogue face au modèle conçu pour le projet urbain

1. La grille sur catalogue conçue par les fabricants

47

2.

53

A la recherche d’une esthétique

55

1.

Un produit à intégrer dans le paysage urbain

55

2.

Déchiffrage du design et symboliques des modèles.

58

C.

Processus de conception : une approche pluridisciplinaire

5


Partie III La place de la grille d’arbre dans la ville : Études de cas

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A.

Paris : Un patrimoine en perdition

1.

La grille d’arbre du Second Empire, un patrimoine

64

2.

Les menaces face à l’identité de la grille de Paris

66

B.

Lyon : Un patchwork de grilles sur les trottoirs

73

1.

Une accumulation des modèles

74

2.

Quelles conséquences sur la gestion ?

76

3.

Instaurer une cohérence globale

77

Angers : Vers une nouvelles gestion du pied d’arbre.

82

1.

Se passer de la grille d’arbre

85

2.

Quelles alternatives ?

C.

88

Conclusion

94

Annexes

97

Bibliographie

109

Remerciement

115

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L’arbre urbain1 est l’ expression d’un paradoxe opposant le naturel et l’artificiel. Par sa verticalité, il reflète la transition entre les dynamiques souterraines et les dynamiques aériennes. À la charnière entre ces deux milieux s’exprime une confrontation inévitable. La grille d’arbre illustre toute la complexité de ce point de tension engendré par l’implantation d’une nature dans un contexte artificiel. La création de ce produit montre à la fois la nécessité de tenir compte des besoins de l’arbre tout en domptant, d’une certaine façon cette nature. Ainsi la grille d’arbre est-elle un moyen de protéger le système racinaire des agressions venant du sol ou un moyen de protéger le sol des agressions venant du système racinaire ? Le traitement du pied de l’arbre en ville constitue un sujet sensible entraîné par différents conflits d’intérêt. L’article de Patricia Pellegrini, «Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ?» écrit en 2012, exprime toute cette complexité. 1. Terme repris de nombreuses chartes de l’arbre en ville.

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Ce point de départ amorçant la question de la grille d’arbre mérite d’être poursuivi pour pouvoir saisir la place qu’occupe le produit sur le plan physique, économique ou conceptuel dans le paysage urbain Français. Depuis plus de 150 ans, la grille d’arbre perdure. Le premier modèle imaginé par Gabriel Davioud2 sous le Second Empire, se décline. Le produit est aujourd’hui de plus en plus complexe et reste encore bien méconnu. La connaissance produite à son sujet est très hétérogène selon le prisme sous lequel on l’aborde. La documentation technique est produite en quantité par l’ensemble des fabricants et sociétés de mobilier urbain. Pour autant, la grille d’arbre est souvent abordée comme étant un élément de mobilier urbain parmi d’autre. A l’inverse, rares sont les ouvrages entièrement consacrés à ce produit et rares sont les réflexions menées sur sa place dans l’espace public. Il est pourtant essentiel de traiter la grille d’arbre de manière contextualisée pour comprendre sa complexité. En effet, elle participe à la fabrique du paysage urbain, elle interagit avec son environnement et l’évolution de la grille d’arbre en témoigne. Depuis quelques dizaines d’années, le processus de conception de l’espace public est en véritable transition. De la même façon, l’évolution des modes de gestion du patrimoine arboré des villes fait émerger de nouvelles réflexions. En parallèle, les méthodes de fabrication ne cessent de progresser depuis la première révolution industrielle. 2. D’après B.Landau, consultable dans : Lefebvre Georges, Bibliothèque de l’ingénieur des travaux publics, 1860.

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Dans ce contexte requestionnant la fabrication et la gestion du paysage urbain, il est essentiel de porter une attention à ces éléments parfois encore considérés comme des accessoires de voirie. Or, la grille d’arbre n’a rien d’accessoire car sa présence reflète de nouvelles façons de penser la ville. C’est dans ce contexte qu’elle apparait sur les trottoirs parisiens dès les années 18603. Si la ville de Paris a su porter une réflexion particulière à son égard, les autres villes ont aujourd’hui beaucoup de mal à se positionner sur son usage. Considérée comme un véritable sujet de manière tardive, il est aujourd’hui important de saisir quelles sont ses forces et ses faiblesses mais aussi ses enjeux dans le paysage urbain. Comment la grille d’arbre participe-t-elle à la fabrication du paysage urbain en perpétuelle évolution ?

3. LANDAU Bernard. La fabrication des rues de Paris au XIXe siècle : Un territoire d’innovation technique et politique. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°57-58, 1992. Espaces publics en villes, pp 24-45, p27.

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I. L’arbre en milieu urbain le bouleversement Haussmannien. Depuis le XIVe siècle, les travaux de plantation d’alignement d’arbres se sont succédés. Si le siècle des Lumières instaure les prémices de «l’arbre urbain»1, les grands travaux de plantations mis en place sous l’administration d’Haussmann sont sans précédent. La seconde moitié du XIXe siècle marque un profond changement dans la façon de considérer l’arbre en ville. La volonté de garantir le bon développement de l’arbre en milieu urbain, associée à une logique d’embellissement de la voirie mène à la création de la grille d’arbre.

1. DORION Noëlle, Petite histoire des alignements à Paris du XIVe aux XIXe siècles.

Figure2. Transport d’arbre sur le boulevard Saint-Michel (1877), Charles Marville / BHVP / Roger-Viollet. En ligne : http://blogs.paris.fr/histoiresdeparis/2012/08/19/transport-darbre-

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I. A. L’arbre dans les grands travaux du Second Empire, invention et innovation. Les plantations effectuées avant le Second Empire sont peu valorisantes. En effet JeanCharles Adolphe Alphand les qualifie de «chétives» dans ses traités.2 Il établit le constat suivant : «Les anciens boulevards de Paris étaient autrefois garnis de plantations chétives, dont ou ne prenait aucun soin. La plantation des arbres était confiée à des entrepreneurs qui répondaient de leur reprise, et qui étaient chargés, en outre, et de leur entretien et de l’abattage de ceux qui dépérissaient dans un sol tout à fait impropre à la végétation.» Le Second Empire marque alors une rupture dans la façon de concevoir la place de l’arbre en ville. L’attention portée sur l’état sanitaire des arbres est alors au cœur des préoccupations. Cela implique à la fois une nouvelle organisation des services, de nouvelles méthodes de plantation mais aussi la préoccupation d’une gestion sur le long terme.

I. A. 1.

Le végétal dans la politique d’assainissement.

« C’est encore lui [Napoléon III] qui décida la plantation d’arbres sur les trottoirs de celles des voies dont la largeur permettait cette emprise. Sa mémoire, tant calomniée, mériterait d’être bénie par la population entière de la ville qu’il a dotée de ces féconds embellissements, de tous ces espaces verdoyants, dispensateurs de salubrité, défenseurs de la vie humaine que leur influence bienfaisante prolonge, offrant par surcroît, des lieux de repos et de plaisance aux travailleurs et à leurs familles ». Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p173. L’usage du végétal pour faire de Paris un poumon de verdure prend diverses formes sous l’administration d’Haussmann. Plusieurs principes furent déjà énoncés précédemment sur les plantations d’alignement dans la capitale. « En 1832, Partiot, directeur du pavé, propose un règlement sur la largeur respective des trottoirs et chaussées, calibrés en fonction de la largeur des essieux des différentes sortes de voitures. Il propose en outre, d’établir des trottoirs de 4 mètres pour les rues de plus de 20 mètres, de façon à pouvoir y planter des arbres « sans inconvénients pour les façades » : il s’agit du premier texte abordant à Paris la question des plantations d’alignement sur trottoirs »3 . Le Baron nomme Adolphe Alphand comme ingénieur en chef du service des promenades et plantation en 1860.4 Il apporte une importante contribution pour mettre en place la tâche ambitieuse d’assainissement de la ville. 2. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873, p 243. 3. LANDAU Bernard. La fabrication des rues de Paris au XIXe siècle : Un territoire d’innovation technique et politique. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°57-58, 1992. Espaces publics en villes, pp 24-45, p27.

4. Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p107. 13


Figure3. Coupe des voiries, implantation des arbres en fonctions des gabarits des voies. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.558-559.

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La nécessité d’intégrer le végétal dans la conception de la ville entraine de profonds changements. Ainsi, le tissu urbain devient davantage structuré par d’immenses percées permettant d’aérer et d’assainir la ville. Dans la même logique, les espaces tels que les bois et les squares sont créés ou alors redessinés. C’est notamment le cas du Bois de Boulogne et de Vincennes5. L’intégration systématique d’arbres d’alignement sur les voiries fait partie d’un des principes élémentaires mis en place dès la seconde moitié du XIXe siècle. Il est important de remarquer un certain systématisme et pragmatisme dans la méthode employée par Haussmann et Alphand. En effet les boulevards sont tous plantés et es anciennes plantations sont remplacées : « Avant tout, je chargeais le service des Promenades et Plantations de remplacer les arbres dépérissant des Boulevards intérieurs et extérieurs, et des Avenues existantes » écrit Haussmann dans ses mémoires.6 Adolphe Alphand énonce également une relation très forte entre le gabarit des voies et leur capacité à accueillir les alignements d’arbres. « Aujourd’hui (entre 1867 et 1873), toute voie de plus de 26 mètres de largeur est bordée, sur chaque contre-allée, d’une rangée d’arbres. A partir de 36 mètres, il y en a deux rangées. Pour les largeurs de plus de 40 mètres, on établit, en général, un plateau dont le milieu reçoit des plantations, et qu’on sépare, de chaque côté de la façade des maisons, par une chaussée et un trottoir. Dans tous les cas, les lignes d’arbres sont placées à 5 mètres au moins de la façade des maisons; l’intervalle qui les sépare est aussi de 5 mètres, et elles sont éloignées de 1m,50 de la bordure des trottoirs ». 7 Ainsi, il est possible de souligner à la fois l’approche fonctionnelle visant à assainir la ville mais aussi et surtout cette vision esthétique largement présente. Alphand parle d’ailleurs de l’arbre comme élément contribuant à «la décoration des avenues ». 8 Sous le Second Empire, plus de 200 000 arbres d’alignement sont ainsi plantés le long des trottoirs de la ville.9 Parmi les essences fréquemment utilisées figurent le Liriodendron, les Vernis du Japon, les érables, les chênes d’Amérique, les marronniers, les peupliers, les platanes. Ces espèces sont privilégiées car elles sont facilement transplantables. Les taux de reprises suite à leur plantation sont particulièrement élevés. Certaines essences dépendent aussi de choix plus personnels : « On doit à mon goût prononcé pour les Marronniers des jardins de nos palais, l’emploi très généralisé de cette essence d’arbres dans nos plantations de tout ordre. Je m’accuse aussi d’avoir favorisé les Platanes, dont le nom vient de la largeur de sa feuille. J’en avais également admiré de superbes dans le Midi ». 10 Georges Eugène Haussmann.

5. DE MOCAN Patrice, Paris Les jardins d’Haussmann, Paris, les éditions du mécène, 2009, p57.

6. Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p254. 7. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.245. 8. Idem. 9. DE MOCAN Patrice, Paris Les jardins d’Haussmann, Paris, les éditions du mécène, 2009, p145. 10. Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p255.

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I. A. 2.

Un contexte contraignant pour l’arbre

La volonté d’assurer les meilleurs conditions pour l’arbre passe notamment par la compréhension du sol urbain. Ce milieu est jusqu’alors peu connu des scientifiques ou botaniste. Pour preuve, ce n’est qu’en 1840 qu’un scientifique allemand démontre le rôle essentiel du potassium, du magnésium ou encore du phosphate dans la nutrition de la plante. Sont ensuite découverts le fonctionnement biologique de la photosynthèse ou encore la génétique des plantes.11 C’est le début de la botanique moderne. L’émergence de ces connaissances et la compréhension du sous-sol permettent des progrès dans l’intégration de l’arbre en ville car le milieu urbain présente de nombreuses contraintes. D’une part le revêtement de sol imperméabilisé contraint le système racinaire puisque l’eau et l’air pénètrent plus difficilement dans le sol. Ce dernier, constituant le milieu d’ancrage et le milieu nourricier pour l’arbre est également plus pauvre en milieu urbain. La terre peut être de mauvaise qualité mais il est surtout compliqué de l’enrichir. Le revêtement imperméable empêche l’enrichissement par la décomposition de la matière organique. En effet, en milieu naturel, la chute des feuilles mais aussi les différents dépôts organiques liés à la faune et à la flore permettent d’enrichir le sol lors de leur décomposition. Ce n’est pas le cas en ville. D’autre part, le milieu urbain et l’ensemble des activités sont défavorables à l’arbre. La température est plus élevée en ville, ce qui entraine une évapo-transpiration plus importante pour celui-ci. De plus, le taux d’hygrométrie est faible et les courants d’air sont fréquents. Enfin, l’eau ruisselant des surfaces imperméables est souvent de mauvaise qualité pour le système racinaire, particulièrement lorsqu’elle ruisselle des voiries. Elle peut être chargée en sel et en métaux lourds, constituant alors une forte toxicité pour l’arbre. Les sols urbains d’aujourd’hui sont le résultat de siècles d’occupation par l’Homme. En France, depuis le Moyen Age, le niveau des villes s’est élevé par l’accumulation de déchets et des décombres de l’activité humaine. La présence des sols fertiles s’est considérablement réduite. Enfin, une contamination de ceux-ci est parfois présente en raison de la succession des activités humaines et de leur intensification (artisanat puis industries). Les sols en ville ont la particularité d’être très hétérogènes verticalement et horizontalement.12 Le sol est constitué de couches dont la composition varie en fonction de la profondeur. Il est également très variable d’un endroit à un autre. De plus en plus, les terres de remblais génèrent des sols composés d’éléments grossiers de tailles variables. Ils sont majoritairement compactés, ce qui rend difficile la prospection des racines. Ainsi les caractéristiques phy11. MAGNIN-GONZE Joëlle, Histoire de la botanique, Delachaux et Niestlé, Paris, 2004, p181. 12. Des solutions végétales pour la ville, n°2, Angers, Plantes et cités, 2016.

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siques, chimiques et biologiques de ces sols sont généralement incompatibles avec un développement et une croissance adaptés des plantes et des arbres en particulier. « La ville laisse peu de place aux sols fertiles porteurs de végétations. Compactés, imperméabilisés, parfois pollués, ils peinent à remplir leurs fonctions. Réussir la plantation et la reprise d’arbres relève donc parfois du défi ». 13

Figure4. Profil d’une fosse deplantation en milieu urbain, MAILLIET Laurent et BOURGERY Corinne, L’arboriculture urbaine, collection mission du paysage (Institut pour le développement forestier), p224.

13. Des solutions végétales pour la ville, n°2, Angers, Plantes et cités, 2016.

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Figure5. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.113.

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I. A. 3.

L’innovation au service de l’arbre urbain

Conscients de ces différents phénomènes, les ingénieurs du Second Empire mettent en place d’importantes innovations. Un ensemble de procédés se développe alors pour assurer au mieux la reprise de l’arbre suite à sa transplantation, puis pour pouvoir assurer un bon développement des sujets par la suite. Alors que le développement de l’arbre est maîtrisé par l’Homme, il doit présenter un bon état sanitaire. La grandeur des travaux engendrés sous l’administration d’Haussmann permet d’envisager des procédés très ambitieux pour les plantations d’arbres d’alignement. Un arrêté du 15 avril 1845 vient fixer les règles d’établissement dans le cas parisien.14 C’est ensuite le 7 juin 1845 que la construction de trottoirs est rendue obligatoire dans toutes les villes de France. Le trottoir devient alors le support des arbres. La plantation est quant à elle facilitée par la création de chariots spécialement conçus. Alphand explique dans ses mémoires qu’il en existe de trois tailles différentes de manière à pouvoir planter ou transplanter des arbres de hauteur variées : « Le petit chariot (fig. 46 à 49), employé au bois de Boulogne, et qui coûte 700 francs; Le chariot à deux chevaux (lig. 50 a 53), qui revient à 1,100 francs; Enfin le grand chariot (fig. 55 et 56), construit en dernier lieu, en fer et en fonte, et à l’aide duquel on a transplanté, à Paris, les grands marronniers de la place de la Bourse et ceux de la place du Châtelet. Le prix de ce chariot est de 8,500 francs ». 15 Les grands travaux d’élargissement des axes de circulation s’accompagnent également d’un important travail souterrain. En effet, les méthodes de plantation se veulent innovantes et rationnelles. La création de nouvelles avenues permet de creuser des tranchées continues sur toute la longueur de la voie. Celles-ci étaient larges de trois mètres et à peine plus profondes qu’un mètre. Ce procédé est d’une certaine manière précurseur de ce qui est appelée aujourd’hui la trame brune. Cette trame tente par exemple de favoriser la mise en réseau des fosses de plantations, de manière à faciliter les dynamiques souterraines d’un pied à l’autre. Si la préoccupation n’est pas à l’enrichissement de la pédofaune (faune du sol) néanmoins tout est pensé pour assurer au mieux le développement de l’arbre.

14. SIMON Philippe, Les 1ères fois qui ont inventé Paris, Paris, Pavillon de l’Arsenal, Picard, 1999 p 246. 15. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES

PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.113.

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Figure6. Planche grilles et corsets d’arbre, ALPHAND Gabriel, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.113.

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En parallèle, la mise en place des réseaux d’égouts est perçue comme une opportunité pour l’alimentation en eaux des plantations. Un ingénieux système d’irrigation est ainsi installé. Le long des voies s’étire un drain communiquant avec les branchements d’égouts permettant la répartition de l’eau au pied des arbres.16

Figure7. Drainage accouplé , tuyaux en terre cuite, CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896, p 68.

Enfin, un ensemble d’accessoires de voirie est développé pour assurer la protection et la pérennité de l’arbre. C’est dans ce contexte qu’apparaissent la grille d’arbre et le corset d’arbre. Ce dernier est décrit par Alphand comme étant : « un petit appareil, que l’on revêt d’une couche de peinture verte, est formé de neuf branches de deux mètres de hauteur, fortement recourbées à la base, et réunies par sept liens circulaires en bois, attachés par du fil de fer ». 17 Avant sa création, les troncs étaient parfois entourés d’épines de manière à protéger les arbres des agressions. La méthode est jugée primitive selon Georges Lefebvre. Il rajoute dans son traité des plantations d’alignement, que la grille d’arbre, qu’il qualifie de « construite », est exclusivement utilisé à Paris. 18 Les corsets d’arbres illustré sur la figure suivante, sont deux des premiers modèles issus de l’industrie. Le premier mesure 2,10 m de haut pour une largeur de 0,55 m à la base. Le modèle en fonte pèse 14,00 kilos. Le deuxième produit est légèrement plus petit, il mesure 1,95 m de haut et sa base est de 0,55 m de large. Ce modèle pèse 11,50 kilos. 19

16. CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896, p 68. 17. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES

PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.43. 18. LEFEBVRE Georges, Plantations d’alignement, promenades, parcs et jardins publics : service municipal, 1897, p79. 19. En ligne : https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/vo2_pl444-grilles-darbres-et-corsets-darbres/ consulté le 24/02/2018.

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I. B.

La grille d’arbre, un produit, une industrie.

« Beaucoup de moyens ont été essayés pour recouvrir la petite surface de sol ainsi ménagée, et arrêter le dallage du trottoir lorsqu’il y a lieu. On a tout d’abord employé des plaques de bois et de tôle notamment; mais, comme ces plaques interceptaient la pénétration de l’air dans le sol, on s’est assez généralement arrêté à une grille en fonte, qui est aujourd’hui presque exclusivement employée à Paris ». 20

Figure8. Dépot de grilles d’arbres du service de la Voirie, rue des Cévennes, 1957, photographie Seeberger. LEMOINE Bertrand, Mimram Marc, Paris d’ingénieurs, édition du pavillon de l’Arsenal, Paris, 1995, p90.

20. LEFEBVRE Georges, Plantations d’alignement, promenades, parcs et jardins publics : service municipal, 1897, p 80.

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I. B. 1.

Description du produit et fonctions premières

En 1855, Haussmann adjoint à Alphand un architecte. Il s’agit de Gabriel Davioud, que le Baron a choisi pour ses qualités de décorateur. Il est en charge de dessiner l’ensemble des édicules et accessoires de voiries.21 En 1859, Davioud dessine la grille d’arbre de Paris, aujourd’hui si célèbre. 22 Par ailleurs, la reconnaissance de son travail fut tardif. Il est pourtant à l’origine de l’ensemble des éléments relevant de l’architecture du mobilier urbain, des fontaines aux bancs en passant par les candélabres. Son travail est fidèlement photographié par Charles Marville, comme le souligne Béatrice MÉON-VINGTRINIER 23, à son sujet .

Figure9. Tribunal de Commerce, en construction, du boulevard du Palais, 4e arr. Date attribuée d’après la mention de : 26 mai 1863, par Charles Marville, négatif sur verre au collodion ; 28,9 x 37,9 cm.

21. Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p.128. 22 D’après B.Landau, consultable dans : Lefebvre Georges, Bibliothèque de l’ingénieur des travaux publics, 1860. 23. MÉON-VINGTRINIER, Béatrice « Le mobilier urbain, un symbole de Paris », Histoire par l’image, En ligne : http://www.histoire-image.org/fr/etudes/mobilier-urbain-symbole-paris, consulté le 24/03/2018.

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Dans le Guide de l’ingénieur pour l’établissement et l’entretien des plantations d’alignement sur les voies publiques, Jules Nanot établi la description suivante : « Cette grille, qui a la forme circulaire, a un diamètre de 1 à 2 mètres; au centre, on ménage une ouverture proportionnelle au diamètre des arbres; elle est coupée en quatre parties, appelées panneaux, afin de pouvoir être mise plus facilement en place; la figure 16 nous montre, en D, D, un panneau. Au-dessous, le sol est creusé en forme de cuvette en C, C, afin de retenir les eaux pluviales et d’arrosages. Pour maintenir la grille à la surface de cette cavité, on plante quatre piquets a, a, a, a en cercle autour du pied de l’arbre: c’est sur leurs têtes, et sur le sol naturel en S, qu’elle est posée. Quelquefois, ces piquets sont remplacés par un monticule de terre entourant l’arbre. » 24

24. Nanot, Jules. Guide de l’ingénieur pour l’établissement et l’entretien des plantations d’alignement sur les voies publiques, par Jules Nanot,.1885. p166-167.

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Figure10. Planche grilles et corsets d’arbre, ALPHAND Gabriel, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, 1867-1873 p.113

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A cette description peuvent s’ajouter des éléments complémentaires. L’épaisseur de la grille varie entre 15 et 20 mm. 25 Les fentes permettant la porosité de la grille sont quant à elles variables. Le poids est considérable puisqu’une une grille en fonte pèse en moyenne entre 100 et 200 kilos selon la taille du modèle. A la fin de l’année 1859, Davioud et Alphand mettent en place trois grilles de tailles différentes. 26Ainsi, la plus petite grille est composée de deux panneaux. La largeur est de 1,260 m et le diamètre intérieur est de 0.50 m. Ce modèle en fonte pèse 85 kg. La deuxième grille d’arbres est composée de 4 parties. Sa largeur est de 1,750 m et le diamètre intérieur est de 0.60m. Ce modèle pèse quant à lui 162 kg. Enfin le modèle le plus grand est lui aussi composé de 4 panneaux et sa largeur est de 1,980 m. Trois dimensions existent pour l’ouverture intérieure. Le premier diamètre intérieur de 0.480 m, c’est la grille ayant le plus de matière, elle pèse alors 220 kilos. Le diamètre intermédiaire est de 0.60 m pour une grille de 210 kilos. Le dernier diamètre disponible pour le tronc est de 0.790 m. Ce modèle pèse quant à lui 200 kilos.27 De ce fait, par son envergure, l’objet occupe une surface importante des voiries. Le motif et les formes que Davioud donne à la grille de Paris ne sont pas fait au hasard. Tout d’abord le motif doit assurer une fonction. En effet les fentes de la grille assurent la perméabilité du sol. La forme circulaire quant à elle permet d’assurer le même traitement sur l’ensemble du périmètre entourant le pied de l’arbre. À l’inverse, une forme carré ne permet pas une perméabilité équitablement répartie. Une lecture plus esthétique de l’objet révèle les inspirations de l’architecte. Les motifs de Davioud sont souvent qualifiés de pittoresque ou d’inspirations orientales.28 La répétition systématique presque mathématique du motif rappelle par exemple l’art fractal très présent dans la culture orientale. La grille d’arbre permet d’apporter de meilleures conditions pour l’arbre et notamment les racines. D’une part, elle assure une protection du système racinaire en évitant le tassement du sol mais aussi d’autres agressions liées à l’usage de l’espace public. Elle assure également une perméabilité entre le sol et le sous-sol de manière à permettre l’échange et en oxygène et en eau. La porosité assure l’enrichissement du sol par l’apport d’engrais ou le dépôt d’une litière (décomposition de la matière organique). La grille est aussi un moyen d’éviter la dégradation du sol par un revêtement trop proche du tronc et constitue donc une mise à distance entre l’arbre et le revêtement de sol. Son rôle est aussi esthétique comme en témoigne 25. Selon les coupes des fiches techniques de la fonderie DECHAUMONT, voir annexe. 26. D’après B.Landau, consultable dans : Lefebvre Georges, Bibliothèque de l’ingénieur des travaux publics, 1860. 27. En ligne : https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/vo2_pl444-grilles-darbres-et-corsets-darbres/ consulté le 24/02/2018. 28. Haussmann, Georges Eugène (1809-1891), Mémoires du Baron Haussmann, 1893, p 203.

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l’importance accordée au motif. Elle permet une démarcation entre le tronc et le revêtement de sol tout en mettant en valeur le pied de l’arbre. La grille d’arbre est aussi un support pour l’intégration de corsets d’arbre ou de tuteurs puis plus tard pour l’intégration de spots lumineux par exemple. « Le prix de la grille en fonte varie généralement entre 30 et 40 francs, suivant son poids. La pose de quatre panneaux et la fourniture des piquets, lorsqu’il y a un certain nombre de grilles à poser sur une même voie, coûtent 2 francs environ ». 29 Le prix de la grille d’arbre constitue près d’un quart des dépenses réalisé pour la plantation d’un arbre. Soit environ 40 francs sur un coût total de 174.07 francs, main d’œuvre comprise. A titre de comparaison, un franc dans les années 1860/1880 vaux environ 2 euros actuellement.30 La fonte est en réalité utilisée pour fabriquer l’ensemble des édicules et accessoires ornementaux dans la modernisation de la capitale. La grille d’arbre révèle en fait, un véritable âge d’or de la fonte.

29. Nanot, Jules. Guide de l’ingénieur pour l’établissement et l’entretien des plantations d’alignement sur les voies publiques, 1885. p167. 30. En ligne , https://www.histoire-genealogie.com/De-la-valeur-des-choses-dans-le, consulté le 20/05/2018.

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I. B. 2.

L’industrie de la fonte en pleine expansion

La création de la grille d’arbre en fonte s’inscrit dans un contexte économique et industriel bien particulier. Au XIXe siècle, l’industrie de la fonte connaît un essor fulgurant. La société française artisanale et agricole est en pleine transition au point de parler de révolution industrielle. Le modèle économique et idéologique se veut rationaliste. Ainsi le produit relevant du savoir-faire artisanal subit une forte concurrence de la production en série. La grille d’arbre, au même titre que de nombreux éléments urbains est le produit de ce mode de fabrication. La planche ci-contre issue d’un des ouvrages d’Alphand illustre la façon dont les accessoires de voirie, produit en fonte, s’imbriquent dans l’espace public. « Ce mobilier urbain consacre l’âge d’or de la fonte et la naissance d’un art du décor de la rue. Le soin dont témoigne sa mise en œuvre et son positionnement s’inscrit dans une logique de composition des espaces et de leurs usages ».31 Le matériau fait l’œuvre d’innovations et de progrès techniques. L’association du fer, résistant à la traction et de la fonte, résistante à la compression permet de créer des objets facilement manipulables et toujours plus performants. La diversité des produits créés par les fonderies de France et d’autres pays comme l’Angleterre est considérable. Ainsi, l’espace privé mais aussi et surtout l’espace public sont colonisé par ce matériau. En 1825, par exemple : « le projet de Mallet est basé sur un réseau de tuyaux en fonte de fer pour la consommation d’eau par les particuliers ». Très rapidement, un marché se fonde sur la production d’éléments d’art décoratif : c’est la fonte d’Art. Elle désigne à la fois l’usage de la fonte de fer mais aussi le savoir-faire des fonderies dans le but de produire des pièces associant l’art et les progrès de l’industrie. De cette manière, toute une typologie de produits se développe. Ainsi, les pièces de fonte d’art concernent d’une part les pièces destinées à l’ornement des façades ainsi que la serrurerie et d’autre part le mobilier urbain. Les éléments urbains tels que les candélabres parisiens, les fontaines Wallaces, les colonnes Morris, les vespasiennes ou encore la grille d’arbre constituent le symbole de cette industrie en pleine expansion. Dès les années 1830 les premiers candélabres viennent éclairer les nouvelles rues parisiennes. En 1837 : « Jacques Ignace Hittorff conçoit pour la place de la Concorde les modèles des vingt colonnes rostrales et des quatrevingt candélabres qui figurent parmi les réalisations en fonte les plus ambitieuses du XIXe siècle ».

31. RENARD Jean-CLaude, L’âge de la fonte. Un art, une industrie, 1800-1914, Paris, Les Editions de l’amateur, 1985, p96. Figure11. ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, Paris, J. Rothschild éditeur, 1867-1873. p561 En ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6276852z consulté le 22/11/18

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Figure13. Cloche en fonte évitant les liquides nuisibles à la végétation. LEFEBVRE Georges, Plantations d’alignement, promenades, parcs et jardins publics : service municipal, 1897, p82.

Figure12. Cuvette intermédiaire recouverte de grille facilitant l’arrosage et l’aération du sol. CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896, p 63.

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Sous le Second Empire, les fonderies du Val d’Osne, de Sommevoir et de Wassy (aujourd’hui groupées par GHM et DE SALIN) alimentent la ville de Paris en pleine modernisation. Parmi les fonderies encore aujourd’hui présentes, la plupart furent fondées dans la seconde moitié du XIXe siècle. Par exemple, la fonderie DECHAUMONT est créé en 186032, et la fonderie VINCENT en 188033. Ces fonderies accordent toujours une place à la production de grilles d’arbre en fonte. La fonderie DECHAUMONT est aujourd’hui détentrice du marché lié à la capitale ce qui lui assure d’importantes quantités de production. Sous le Second Empire, ces fonderies produisaient également un ensemble de pièces associées à la grille d’arbre. Conscients du besoin d’apporter les meilleures conditions pour l’arbre, les ingénieurs du XIXe siècle ont développé différents procédés complémentaires à la grille d’arbre. Les documents de Georges Lefebvre et les traités de plantation d’Adolphe Chargueraud illustrent ces nouvelles pièces produites en fonte quelques années après le début de la production des grilles. La figure n°.. illustre le produit comme étant une «sorte de cloche en fonte» permettant d’éviter la propagation d’eaux nuisibles au système racinaire. Chargueraud montre quant à lui le développement du système de cuvettes et de grilles intermédiaires, illustrées figure n°...« Pour les plantations anciennes, il serait dans bien des cas très utile d’installer des grilles intermédiaires entre les arbres dans la ligne de plantation (fig.12), là où elles permettraient un arrosage bien profitable et l’utilisation facile des engrais nécessaires à l’entretien de la végétation de ces arbres ».34 Lorsque l’arbre croît, son système racinaire s’ancre dans le sol jusqu’à ce que l’extrémité des racines captant l’eau s’éloignent considérablement du pied de l’arbre. Ainsi, pour assurer l’alimentation en eau et en engrais, ces autres grilles en fonte furent imaginées. Elles garantissent alors la perméabilité des cuvettes intermédiaires. Ce procédé semble par ailleurs ne plus être utilisé de nos jours.

Grille à surface pleine (dite Masson) recouverte par le bitume.

Grille à surface pleine, coupe transversale.

Figure14. CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896, p 64.

32. En ligne : https://www.fonderies-dechaumont.com/ consulté le 15/11/2017. 33. En ligne : http://www.fonderie-vincent.com/, consulté le 15/11/2017. 34. CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896, p 64.

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« Alphand et ses collaborateurs ont promu presque involontairement un art urbain de caractère industriel. Car en sommes, qu’est-ce que l’art industriel sinon celui dont les produits se tirent à 15 000 exemplaires ? « Telle est en fait la seule distinction véritable que l’on puisse établir entre les productions modernes, terres moulées, bronzes, fontes, mosaïque, bois découpé, etc… et les œuvres patientes du Moyen Age et de l’Antiquité », écrit l’ingénieur des ponts et chaussées C.A Oppermann en 1858. 35 Les expositions universelles du XIXe siècle constituent alors un enjeu majeur permettant de diffuser le résultat des progrès de l’industrie. De 1851 à 1867, les expositions s’alternent entre Paris et Londres. En 1855, en 1867 ou encore en 1900, la France accueille l’événement.36 La capitale montre fièrement ses travaux de modernisation et d’embellissement.

Figure15. L’avenue de Villiers vers 1900 En ligne: http://www.musee-henner. fr/musee-atelier/la-plaine-monceau, consulté le 15/04/2018.

35. LEMOINE Bertrand, Mimram Marc, Paris d’ingénieurs, pavillon de l’Arsenal, Paris, 1995, p 46-47. 36. En ligne, http://www.expositions-universelles.fr/1900-exposition-universelle-Paris.html consulté le 08/05/2018.

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II. De la démarche Haussmannienne aux réflexions contemporaines : la grille d’arbre se complexifie. La grille d’arbre est en perpétuelle mutation. Ce produit issu de l’industrie témoigne des progrès et des innovations techniques ayant eu lieu ces deux derniers siècles. Sa fabrication évolue mais la mutation de la grille ne s’exprime pas simplement par son approche physique ou matérielle. Sa place dans la ville et la façon dont elle est considérée par les acteurs du projet urbain expriment aussi une transition. La grille parisienne se décline pour s’adapter au mieux à son environnement. En parallèle, la diversité des modèles explose à la fin du XXe siècle. La grille se complexifie tant dans le processus de conception, de fabrication que de gestion. Mais alors, comment les fabricants et les concepteurs se sont-ils emparés du produit ? Comment la grille est aujourd’hui conçue et quelles en sont les répercutions sur le paysage urbain ?

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Figure16. Grille d’arbre AREA, second standard succédant celui d’Haussmann. En ligne : https://www.area.fr/mobilier-urbain/arbre/grilles-entourages-arbre/, consulté le 06/04/2018.

38


II. A.

De nouvelles méthodes de fabrication, l’évolution matériel du produit

II. A. 1.

Les progrès de l’industrie au service de la grille d’arbre

La révolution industrielle amorcée dès les années 1840, prône l’age d’or de la fonte sous le Second Empire. Dans les années 1980 de nouveaux modèles viennent concurrencer le motif de Davioud. De nouveau produits en fonte aux motifs très travaillés se multiplient (fig 17). En parallèle, les premiers modèles en acier apparaissent. Les progrès de l’industrie, notamment sur les découpes de matériaux, promettent alors un avenir certains à une seconde puis une troisième génération de grille d’arbre.

La fonte moulée est le matériau initialement utilisé pour fabriquer les premières grilles d’arbres. Sa production présente plusieurs avantages. D’une part, le temps de production est rapide dans le sens où la pièce adopte sa forme définitive dès le coulage. Elle remplit également directement sa fonction sans nécessiter d’étapes supplémentaires. Les délais du dessin à la création de la pièce sont très courts.37 La fabrication est simple, souple et de ce fait économique, d’autant plus que le prix de la matière première est inférieur à de nombreux autres alliages. Les prix du marché sont également peu fluctuants. Enfin, la pièce en fonte présente un ensemble de caractères spécifiques très intéressants parmi lesquels une grande résistance et une bonne coulabilité rendent le matériau facile à manipuler.38 Le prix de la fonte, estimé en janvier 2018 varie entre 15 et 30 centimes d’euros selon la qualité du matériau.39 Par ailleurs l’empreinte écologique engendrée par sa production remet en question le choix de ce matériau. Les fontes aujourd’hui utilisées pour produire les grilles d’arbre sont des fontes ductiles. La notion de ductilité désigne la propriété d’un corps pouvant être étiré sans se rompre. Le matériau est issu d’une véritable innovation technique datant de 1943. Il s’agit d’une fonte grise à laquelle est ajoutée une dose de magnésium. De ce fait, le matériau devient davantage résistant à la traction, résistant aux chocs. De plus il possède une haute limite d’élastique et une capacité d’allongement importante.40 Les grilles en fonte de ce type sont souvent choisies pour supporter une fréquentation et une charge importantes. Elle résiste notamment au trafic de catégorie C, c’est à dire au passage de poids-lourds (voir annexe n...).

37. DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017. 38. En ligne : http://www.pamline.fr/caracteristiques-fonte-ductile, consulté le 15/04/2018. 39. En ligne: http://www.prix-metaux.net/fonte.html, consulté le 15/04/2018. 40. En ligne : http://www.pamline.fr/caracteristiques-fonte-ductile, consulté le 15/04/2018.

39


La grille d’arbre évolue au rythme des innovations de l’industrie. Ainsi, la gamme de grilles d’arbre en acier créée à partir de 1987 par la société AREA connaît un grand succès. Gilles Boudon, fils du fondateur de la société affirme : « Avec l’introduction de l’acier mécanosoudé à la place de la fonte, notre père avait créé le nouveau standard qui a succédé à celui d’Haussmann ».41 La société met en avant les multiples avantages de l’acier. En effet, le matériau est robuste et résistant aux déformations. Les bandes d’aciers soudées entre elles assurent une grande solidité à la grille d’arbre. De plus, la longévité du produit est garantie car le matériau est inoxydable. Les pièces colorées par des méthodes innovantes ne peuvent être altérées par le soleil. Enfin, l’acier totalement recyclable est un des avantages phare du produit. La société affirme : « 40% de l’acier que nous utilisons provient d’acier recyclé ».42 Les innovations et les nouvelles préoccupations environnementales font alors de l’ombre au modèle parisien. Plus récemment, les industries se sont emparées des nouvelles techniques de découpe de matière. Il en découle de nouvelles manières de fabriquer la grille d’arbre. En 1961, a lieu la première émission laser. Par ailleurs, l’invention est datée de 1979 lorsque la société italienne Prima Industrie met en place le premier système de découpe laser. 43 Les premières applications de découpe laser par les industries datent des années 1990. À partir des années 2000, le système se démocratise permettant ainsi la personnalisation d’une multitude de produits. Depuis 2007-2008, la performance des machines s’est considérablement améliorée. 44 L’évolution de la découpe au jet d’eau s’aligne sur les progrès de la découpe au laser. En effet, les débuts de cette technologie apparaissent dès les années 1960. Ce procédé (DEP) de Découpe à Eau Pure trouve cependant rapidement ses limites. Dans les années 1980, la découpe au jet d’eau abrasif se développe permettant ainsi de perforer les ma41. En ligne : https://www.lemoniteur.fr/articles/la-seconde-revolution-desgrilles-d-arbre-32265227 consulté le 15/11/2017. 42. En ligne : https://www.area.fr/mobilierurbain/ consulté le 08/05/2018. 43. En ligne : https://www.kob-one.com/blog/histoire-et-creation-de-la-decoupelaser/ consulté le 11/05/208. 44. En ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9coupe_laser, consulté le 15/04/2018.

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Figure17. De nouveaux modèles, Photos de grille d’arbre, Nice, par Saint Gobain. 1985 et 1986 , Archives de Saint-Gobain. Doc PAM 1PH654, consultation le 05/12/17,


tériaux les plus durs et dont l’épaisseur est plus importante. L’insertion de granulats poussés à haute pression par le jet d’eau permet une meilleure performance. Ce procédé se perfectionne notamment dans les années 1990. D’après les spécialistes, la technique abrasive serait «mature» depuis les années 2008-2010. 45 Les grilles réalisées de cette manière peuvent ainsi proposer des motifs très précis dont les découpes sont parfaitement exécutées. Contrairement aux modèles en fonte, ce n’est pas la matière qui donne la valeur au produit mais davantage la complexité des découpes. Plus le modèle est vidé de sa matière plus il est cher. Inversement, plus la grille en fonte utilise de matériaux plus elle est chère. 46 Cette «troisième génération» de grilles d’arbre au motif personnalisable à l’infini vient bouleverser les modes de productions traditionnelles et son économie. En parallèle, le développement du numérique vient lui aussi nourrir le champ des possibles pour proposer des pièces toujours plus variées et innovantes. Certaines grilles faites en tôle d’acier par exemple sont personnalisables avec un décor imprimé numériquement appliqué par thermo-laquage et protégé avec un vernis polyuréthane thermo-durci. 47 La société Acropose propose ce type de procédé. Il est appliqué de la même manière sur d’autres types de mobilier urbain tels que les bancs ou les tables.

Figure18. «Troisième génération» Grille d’arbre en acier Corten, découpe laser, par Streetlife, En ligne : http://www.streetlife.nl/fr/selecteur-de-produits/produit/bande-de-grille-corten, consulté le 20/05/2018.

45. SAURET Jérôme, fabrication par enlèvement de matière, la découpe jet d’eau, juin 2015. En ligne : http:// eduscol.education.fr/sti/sites/eduscol.education.fr.sti/files/ressources/techniques/8866/8866-198-p50.pdf consulté le 14/03/2018. 46. Entretien avec DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017. 47. En ligne : http://www.acropose.com/buissonniere-graph-grille-arbre.html consulté le 05/01/2018.

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42


II. A. 2.

La pratique de l’espace public : une nécessité d’adapter la grille

La grille d’arbre se situe à la charnière entre les dynamiques souterraines et aériennes liées aux usagers de l’espace public. Elle subit une pression forte car elle doit pouvoir répondre à de nombreux enjeux divergents. Elle doit être compatible avec l’ensemble des pratiques exercées sur l’espace public. Jusqu’à la fin du XXe siècle, c’est majoritairement le modèle haussmannien qui s’impose en France. Seule la ville de Paris a jusqu’alors systématisée son utilisation. Par ailleurs, les nombreux conflits et manifestations ayant eu lieu dans les rues de Paris ont mis à rude épreuve la pérennité des grilles sur les trottoirs de la capitale. Les événements de 1871 lors de l’insurrection contre le gouvernement, la manifestation antiparlementaire de 1934 (annexe 5) ou encore le soulèvement de mai 1968(annexe 4), entraînent le vandalisme des grilles d’arbre.48 Elles constituent alors dans ces contextes des projectiles ou des éléments de défense que les manifestants ont su s’approprier lors des affrontements. À la suite des événements de février 1934, les fabricants cherchent à renforcer leurs produits de manière à éviter ces situations. C’est du moins ce qu’un des documents d’archives de Saint Gobain laisse entendre : «Vous avez vu que les plaques de fonte constituaient des projectiles extrêmement commode en cas d’émeute, pour lapider les malheureux gardes et agents de police. Peut-être devrions nous étudier des plaques de fonte très épaisses et incassables.» Courrier adressé à Monsieur Henri Cavallier, à Hermanville le 9 aout 1935.49 Si le produit change peu durant les cents premières années, des réflexions sont menées par les fabricants pour améliorer sa performance. Tout d’abord la qualité des fontes a évoluée à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que le produit se perfectionne. Les nombreuses dégradations et la difficulté de garantir la présence de la grille d’arbre dans le temps révèlent les limites du produit. Il doit alors s’améliorer pour pouvoir s’adapter au mieux à l’arbre ainsi qu’aux usages de l’espace public qui exercent une forte pression sur la grille.

48. Observation suite aux nombreuses illustrations présentes en ligne. 49.Archives de Saint-Gobain. Doc PAM 174..02, Consultation le 05/12/17.

43


Le modèle haussmannien a également été décliné de manière à contrer les problématiques liées au dépôt d’ordures. Effectivement, certains pieds d’arbre recueillent de nombreux déchets venant se loger dans les interstices de la grille. De manière informelle certaines grilles sont équipées d’un grillage fin, installé sous la grille pour éviter notamment le dépôt des mégots de cigarettes.50 De

Figure21. Grille d’arbre pleine, Paris, novembre 2017, Kévin RODALLEC.

Figure19. Grille d’arbre au diamètre intérieur segmenté, Angers, février 20018, Kévin RODALLEC

Figure20. Grille d’arbre avec charnières,

http://www.francinox.com/fr.

44

manière plus formelle, la grille haussmannienne a également été remplie. Le motif est toujours apparent grâce à un léger relief, mais le remplissage des fentes remet en cause l’usage premier du produit. Dans certains cas cette mutation permet d’éviter que le pied du mobilier de terrasse de café ou restaurant ne s’y coince. Dans la même logique que la grille d’arbre dite « Masson » (ref, p33) développé au XIXe siècle, la grille d’arbre pleine protège également le système racinaire des eaux nuisibles pour l’arbre. Dans une autre mesure, ce sont les préoccupations liées au vieillissement de l’arbre qui ont mené les concepteurs à imaginer des modèles pouvant s’adapter au développement du tronc de l’arbre. L’objectif est de pouvoir proposer une grille dont le diamètre intérieur peut s’agrandir afin d’éviter un étranglement de l’arbre ou l’éclatement de la grille. Deux procédés ont alors été imaginés. L’un, développé en 199551, consiste à concevoir la grille d’arbre en plusieurs parties. La partie la plus petite accompagne l’arbre les premières années, elle est ensuite simplement enlevée (annexe 7). L’autre, consiste à concevoir la grille de manière à ce que les fentes puissent être découpées à la meuleuse afin d’agrandir le diamètre intérieur. Ces modèles sont alors fabriqués en acier car la découpe de fonte est inenvisageable dans ce contexte. Si certains modèles sont véritablement décrits comme étant conçus dans cette logique, l’ensemble des grilles dont les fentes sont concentriques peuvent être découpées. Enfin d’autres innovations sont venues perfectionner le produit. La nécessité d’accéder aux fosses de plantation a amené une société à développer une grille en inox dont l’ouverture est facilitée par un système de charnières.52 Cette innovation s’adresse 50. PELLEGRINI Patricia, Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ? (dossier trame verte urbaine Vol. 3, n° 2 | Juillet 2012), p6. 51. Brevet d’invention, Kronimus Martin, 1995, INPI, En ligne : https:// bases-brevets.inpi.fr, consulté le 15/12/2017. 52. En ligne : http://www.francinox.com/fr/mobilier-urbain/grille-arbre-eninox consulté le 04/03/2018.


notamment aux applications en intérieur comme les centres commerciaux par exemple. Elle facilite également les interventions de nettoyage. Le produit est aussi soumis à des normes. Outre la qualité des matériaux employés, ce mobilier urbain doit depuis 2009 appliquer les règles liées aux personnes à mobilité réduite (PMR). De ce fait, selon l’article 45 de la loi du 11 février 2005 : « La chaîne du déplacement, qui comprend le cadre bâti, la voirie, les aménagements des espaces publics, les systèmes de transport et leur intermodalité, est organisée pour permettre son accessibilité dans sa totalité aux personnes handicapées ou à mobilités réduites ».53 Dans ce cadre, la norme P98-350 contraint les concepteurs et les fabricants à produire des grilles dont les fentes sont inférieures à 20 millimètres. La règle cherche à éviter que les roues des fauteuils roulants ne puissent s’y coincer mais elle s’adresse également aux personnes munies de canne ou bien aux poussettes par exemple. Ces grilles réglementées sont aujourd’hui obligatoires. Il existe par ailleurs, certains cas où la règle ne s’applique pas. En effet l’ensemble des surfaces que l’usager n’est pas censé pratiquer n’est pas soumis à cette règle. Les motifs du produit ne sont alors pas contraints. Cette norme a donc un impact direct sur le design de la grille. La grille d’arbre de Paris a donc été révisée. La fonderie DECHAUMONT produit la nouvelle grille haussmannien réglementée PMR (annexe 6). La capitale n’a cependant pas encore appliqué le nouveau produit sur l’ensemble des voiries. La ville de Paris a depuis été soumise à plusieurs procès. Certains boulevards ou avenues sont même pointés du doigt par l’Union nationale des moins valides. En 2009, l’association met en avant la non-conformité du Boulevard des Maréchaux et du Boulevard Jean Jaurès. 54 La difficulté à réunir l’ensemble de ces innovations en un seul produit et les contraintes divergentes s’exerçant sur le pied d’arbre ne permettent pas aujourd’hui de créer un produit «miracle ». De plus, l’ensemble de ces mutations venant complexifier le produit, tendent à réduire les problématiques de sécurité, d’accessibilités ou de pérennités.

53. En ligne : https://www.boutique.afnor.org/norme consulté le 09/05/2018. 54. https://informations.handicap.fr/art-accessibilite-20-2964.php consulté le 01/05/2018.

45


5,0t – 4 S

Grille d’arbre en fonte grise massive. Forme périphérique ronde, orifice intérieur rond. Composée de quatre segments, deux couvercles d’arrosage. Segments

Grille d’arbre No. commande.

vissés entre eux et mis en place

Supplément de prix :

Projecteur encastré, cf. page 37

dans le cadre-support auto-portant. Couche de peinture, couleur

Segment équipé d’un dispositif d’accrochage pour le projecteur

Cadre-support, cf. page 38 Fondation en béton, cf. page 39

RAL 9011, noir graphite, par

encastré RAVENNA 220.

immersion.

Système antivol.

Cadre-support No. commande

Dimension nominale Dimensions en mm A

B

H

S

E

Fondation en béton No. commande

No. commande

Hauteur 260 mm

Hauteur 400 mm

30.12400.6 30.12401.6

R1500 / R620 R1800 / R620

1500 620 70 1820 620 70

30 30

30.41215.6 30.41218.6

30.70015.6 30.70018.6

30.70015.7 30.70018.7

30.12402.6

R2000 / R825

2000 825 70

30

30.41220.6

30.70020.6

30.70020.7

A B

Dimension périphérique cadre-support Dimension de l‘orifice intérieur de la grille

H

Hauteur d‘encastrement du cadre-support y compris la grille d‘arbre en fonte

S E

Largeur des fentes des orifices en fonte Profondeur d´encastrement de la grille d‘arbre en fonte à l‘intérieur du cadre-support

S E R P O R 5,0t

SERPO R

(cf. dessin, page 9)

620/825 290

H

Design : Jean-Michel Wilmotte

1480/1800/1980

365/472/505

365/472/505

18

19

46


II. B.

Le modèle en catalogue face au modèle conçu pour le projet

Les approches et les points de vue divergent quant à la place qu’occupe la grille dans le processus de conception du milieu urbain. La grille d’arbre s’est démocratisée, banalisée, standardisée. Parfois choisie sur catalogue, l’architecte paysagiste peut s’emparer de cet objet et le concevoir dans une logique d’intégration au projet. Deux démarches s’appliquent, révélant de ce fait deux visions bien distinctes de l’objet.

II. B. 1.

La grille sur catalogue conçue par les fabricants

Si les accessoires et composants du milieu urbain existent depuis plusieurs siècles, les spécialistes s’accordent à dire que le XIXe siècle marque un point de départ important dans la considération du mobilier urbain. Cependant, ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XXe siècle que son usage et sa production se démocratise vraiment dans les villes françaises.55 La notion même de «mobilier urbain» naît dans les années 1960.56 Ainsi de nombreuses sociétés ont émergées de manière à se consacrer entièrement à ce marché en pleine émergence. Les fonderies ont également revue leur production et certaines ont alors mis en place une ligne de production dédiée au mobilier urbain en plus de la production de pièces dédiées à l’industrie.57 Les modèles de grilles d’arbre commencent alors à se décliner sous la production de sociétés telles que Saint Gobain. Les projets d’aménagement de l’espace public sont à ce moment pris en charge par des bureaux d’ingénierie V.R.D la plupart du temps. En effet, les aménagements de cette époque sont souvent dédiés à la voiture. Les architectes et paysagistes ne se sont pas encore pleinement emparés de la conception de ces espaces publics.58 De ce fait, le mobilier urbain et donc la grille d’arbre n’est pas encore le fruit d’une collaboration pluridisciplinaire. Le choix de la grille est alors fait sur catalogue. Cette première façon de développer de nouveaux modèles de grilles est aujourd’hui encore bien présente et s’est considérablement développée. 55. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 56. PINCIN Fabrice, une brève histoire du mobilier urbain, Extrait de « Domestiquer l’espace public », éditions Archibooks, 2011. 57. DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017. 58. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. Figure23. Catalogue société Hess, 2007, p18-19. Figure22. En ligne : http://lepamphlet.com/tag/arbre/ consulté le 12/05/2018.

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Il est possible de dissocier les sociétés qui conçoivent la grille d’arbre de celles qui la fabriquent. Par ailleurs, certaines sociétés regroupent les deux activités au sein de leur structure, ce qui facilite considérablement le passage de la conception à la réalisation. Ainsi, le catalogue de ces fournisseurs présente souvent plusieurs dizaines de modèles de grilles. Les entrepreneurs développent alors différentes stratégies. Certains choisissent de produire des grilles stockées puis vendues sur catalogues tandis que d’autres produisent sur commande. C’est ce deuxième choix qu’a adopté la société de mobilier urbain Signeu Graff par exemple : « Au niveau de la fabrication, nous faisons tout sur commande, nous ne faisons jamais de stock car c’est trop onéreux. Dès qu’un client nous passe une commande, c’est transformé en bon de préparation au niveau de la fabrication. Nous avons tellement de modèle que ce serait insensé. »59 La société compte en effet plus de 80 modèles sur catalogues. C’est le fabricant de mobilier urbain présentant la plus grande offre de grille d’arbre sur le marché français. La fonderie DECHAUMONT localisée à Toulouse compte également une grande diversité de modèles «Si l’on parle en gamme, nous devons en avoir une trentaine sur les 15 dernières années ; dans une gamme on peut avoir trois, quatre tailles différentes, plus des trous différents donc ça peut aller très vite ».60 Bien que le marché dépende de la conjoncture économique et des budgets accordés à l’aménagement de l’espace public, la concurrence est aujourd’hui croissante entre les fabricants de mobiliers urbains. La responsable marketing de Signeu Graff témoigne : « Pendant des années il avait énormément de budget notamment pour le mobilier urbain, entre 2000 et environ 2013. Aujourd’hui nous sommes de plus en plus d’acteurs sur le marché, les budgets vont mieux en 2018 mais de 2013 à 2017 les collectivités ont été beaucoup restreintes, le marché a beaucoup souffert des restrictions budgétaires puisque le mobilier urbain n’était pas un budget de dépense prioritaire ».61 Ainsi, il existe aujourd’hui plusieurs centaines de modèles de toutes formes. La diversité des produits ne cessent de s’accroître d’autant plus que les modèles personnalisés sont de plus en plus demandés. Si la conception d’un produit peut se faire directement du client à la société de mobiliers urbains, d’autres acteurs interviennent souvent à leur côté pour développer des grilles adaptées au milieu qui lui est destiné.

59. CATHERINE Annekathrin Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018. 60. DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017. 61. CATHERINE Annekathrin Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018.

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II. B. 2.

Penser la grille d’arbre dans le projet urbain

Les architectes et paysagistes se sont emparés de la grille. Ils sont aujourd’hui nombreux à avoir développé un modèle dans le cadre de l’un de leur projet d’aménagement de l’espace public. Ce choix est motivé par différentes explications et révèle l’approche du concepteur. De la même manière que d’autres mobiliers urbains, la grille est pensée comme un support permettant d’exprimer la philosophie du projet. Les grilles d’arbre conçue dans cette logique sont indissociables du lieu qu’elles occupent. La forme, le motif ou encore l’implantation sont autant de paramètres sur lesquels les concepteurs jouent pour faire de la grille un constituant même du projet. Les exemples suivants tendent à rendre compte des différentes démarches pouvant être menées sans pour autant prétendre à une approche exhaustive. L’agence Obras localisée à Paris a développé une grille en collaboration avec la fonderie DECHAUMONT. Le projet du réaménagement de la place Saint Michel à Bordeaux mené de 2010 à 2015, a entraîné d’importants travaux notamment sur la trame au sol où le revêtement en pavé a été totalement remplacé. Sur cette place un grand Ginkgo Biloba (arbre aux quarante écus) y était implanté.62 La beauté du sujet et sa taille imposante en fait un symbole emblématique du lieu. La nécessité de la conserver semble alors évidente. L’agence prend le parti pris de développer une immense grille d’arbre adaptée aux dimensions du conifère. Elle prend une forme linéaire venant s’insérer dans le prolongement du pavage et s’étirer sur un coté de l’arbre. Elle assure ainsi une porosité au niveau du sol sur une surface considérable tout en prolongeant l’espace appropriable par les cafés et restaurants. La grille est ici propre à l’arbre, conçue pour lui, dans une logique d’intégration à l’espace réaménagé.

Figure24. Photos de la grille d’’arbre Gingko, par l’agence Obras. non daté, En ligne : http://www.obras.fr/ consulté le 09/05/2018.

62. En ligne : http://www.obras.fr/projet.php?id=40 consulté le 09/05/2018.

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La fonderie DECHAUMONT a également développé d’autres grilles d’arbre au projet avec l’Atelier villes et paysages en 2012 63. La démarche est ici bien différente. Dans le cadre de l’aménagement de la rue piétonne Joffre à Pau, il est question de patrimoine que l’agence cherche à mettre en valeur. Le quartier Joffre menant sur la place Reine-Marguerite est un lieu chargé d’histoire. Ainsi, le projet s’articule notamment autour d’un motif décliné sur l’ensemble du mobilier urbain et il se prolonge même sur les plaques d’égouts et les éclairages extérieurs projettent son ombre la nuit. Le motif s’inspire des dentelles de la Renaissance de la rue Saint-Louis à Pau.64 Le dessin est reproduit sur la grille d’arbre de manière à en générer les vides, assurant la perméabilité du sol pour l’arbre. La démarche cherche ici à instaurer une harmonie afin d’ affirmer la singularité et l’unité du lieu. Ces grilles d’arbre conçues spécifiquement pour le projet, tissent de ce fait un lien avec le site. A l’inverse des modèles en catalogue, ces motifs ne peuvent être appliqués pour un autre projet tout en conservant tout son sens. Figure25. Mobiliers au motif dentelle. http://www.quartierslumieres.com/paujoffre/

Figure26. Grille d’arbre motif dia de los muertos, En ligne : https://www.

ironagegrates.com/, consulté le 25/01/2018.

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La grille d’arbre « Dia de los muertos » a également été imaginée de manière à révéler le patrimoine culturel et l’identité d’un lieu. Le motif de ce modèle de grille est riche en signification. Il fait écho à l’une des plus célèbres fête d’Amérique latine, le Jour des Morts. Ce produit trouve pleinement sa place sur les trottoirs de Valencia street à San Francisco. Le quartier est sous une forte influence de la culture latino-américaine. Chaque année s’y déroule la célébration du Jour des Morts. La grille inscrit de manière permanente cet évènement dans l’espace public et renforce ainsi la culture régnant dans ce quartier. Le produit est conçu par John Dennis et Martha Ketterer de la société Américaine Iron age designs.65 63. En ligne : https://issuu.com/fonderiesdechaumont consulté le 09/05/2018. 64. En ligne : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/03/31/ joffre-la-revolution-pietonne,231050.php consulté le 09/05/2018 65. En ligne : https://www.ironagegrates.com/, consulté le 25/01/2018.


La société Galerie Courtier, localisée au Luxembourg et en France a su s’emparer de la technologie pour mettre au point de grille d’arbre dites 2.0.66 Ces grilles d’arbre « connectées » ont été développées avec le paysagiste Jérôme Espagiliere. Son poste au bureau d’études en urbanisme, aménagement et paysage chez UPE 2.0 lui a permis de mettre au point ces pièces uniques adaptées à l’arbre qu’elles protègent. Les grilles furent imaginées dans le cadre du réaménagement de l’une des rues de la ville de Freyming-Merlebach en 2014. Au total, 25 modèles sont répartis le long de la rue Maréchal Foch et la place du 05 Décembre. Le système imaginé consiste à découper les motifs de la grille sous la forme d’un QR code. Le motif peut ensuite être scanné via les smartphones de manière à faire apparaître la fiche identitaire de l’arbre. Le système de l’arboretum est en quelque sorte remis au goût du jour. Ces créations sont une manière de renforcer le lien entre l’arbre et la grille dans le sens où ils sont indissociables l’un de l’autre.

La conception de la grille d’arbre faite spécifiquement pour le projet dépasse le rôle simplement fonctionnel. Cette élément participant à la construction du projet, prend de ce fait une valeur considérable. La grille conçue par les artistes ou les concepteurs est récentes. De ce fait, cette pratique à la fois pluridisciplinaire et basée sur la singularité des lieux, révèle les nouvelles façons de concevoir l’espace public au XXIe siècle.

66. En ligne : http://www.galeriecoutier.com/fr/node/68, consulté le 11/02/2018.

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II. B. 3.

Processus de conception, une approche pluridisciplinaire

La grille d’arbre fait graviter un nombre important d’acteurs et de professions ne serait-ce que pour sa phase de conception. Afin de répondre à certains marchés spécifiques ou de se distinguer de la concurrence, les fabricants s’entourent souvent d’experts et d’artistes pour mettre au point des pièces uniques. De manière à développer des grilles performantes pour la santé de l’arbre, certaines entreprises ont imaginé des modèles en collaboration avec des responsables d’espaces verts ou des paysagistes. Leurs points de vue et leurs conseils s’ajoutent alors aux compétences du designer et de l’ingénieur chargé de rendre le produit réalisable. Par ailleurs, le principe de la grille d’arbre reste toujours le même. Si la société Signeu Graff s’est entourée d’experts en matière d’arbres pour le lancement de leur production, il ne leur est pas nécessaire d’avoir leurs conseils en permanence.67 Parmi les différentes professions gravitant autour de cet objet, les artistes plasticiens apportent eux aussi leur contribution. Il n’est pas rare que les clients ou les fabricants fassent appel à des artistes indépendants de manière à créer des pièces uniques à haute valeur ajoutée. Il s’agit de véritables œuvres d’arts ! La fonderie VINCENT a réalisé les 107 grilles situées Cours Victor Hugo à Bordeaux. Les pièces sont dessinées par l’artiste Danielle Justes. Sa démarche est la suivante : “Je les ai conçues à partir d’une petite gravure à motifs floraux qui est conservée au musée d’Aquitaine”. Elle a été découverte lors de fouilles effectuées en 1986 cours Victor Hugo, pendant la construction du magasin Darty. “J’ai fait tourner le motif en spirale pour en faire ces grilles”. Danielle Justes a également fait des empreintes de l’écorce des tilleuls qui ont été arrachés pendant les travaux afin de garder leur trace, et quelque part, leur mémoire. 68

Figure27. Modélisation des motifs floraux des grilles d’arbre, par Danielle Justes. En ligne : http://www. hugo-blog.com/?p=139 consulté le 09/04/2018.

67. CATHERINE Annekathrin Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018. 68. En ligne : http://www.hugo-blog.com/?p=139 consulté le 09/04/2018. Figure28. Illustration de gauche, Photo de la grille d’arbre conçu par Danielle Justes, Bordeaux. En ligne : https://www. flickr.com/photos/50879678@N03/21651546160 consulté le 09/04/2018.

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Figure29. Grille d’arbre par Danielle Justes, En ligne : http://danielle-justes.com/portfolio/ graphes-flamboyants/ consulté le 20/05/2018.

Figure30. Grille d’arbre par J.M. Bonnard, En ligne : http://jeanmarcbonnard-art.blogspot. fr/p/design.html consulté le 09/04/2018.

La conception de cette grille est très astucieuse. Elle est en relief et constituée de deux couches. La première joue un rôle de support. Elle constitue une trame où l’écartement des barreaux génère des fentes inférieures à 20 mm. Par-dessus, une deuxième couche est superposée. Le motif floral et l’empreinte de l’écorce sur la fonte révèlent les textures d’une grille très travaillée et prenant tout son sens dans le milieu qu’elle occupe.

En 2011, le plasticien sculpteur et designer JeanMarc Bonnard a apporté sa contribution dans la réalisation d’un modèle de grille aujourd’hui présent sur la place de la Mairie d’Arcachon. 69 L’artiste a travaillé sur deux propositions de grilles d’arbre. Le modèle sélectionné fut par la suite fabriqué par la fonderie VINCENT. De la même manière cette fonderie a collaboré avec le sculpteur Jean-Paul Douziech pour concevoir une grille d’arbre sur-mesure dans la cadre d’un marché privé. Il s’agit de l’aménagement de la villa du groupe U2 à Saint Jean Cap Ferrat. 70

Figure31. Grille d’arbre par J.P Douziech, . En ligne : http://www.fonderie-vincent.com consulté le 09/04/2018.

Figure32. Grille d’arbre par M CORAJOUD, In : (dossier trame verte urbaine Vol. 3, n° 2 | Juillet 2012) p6.

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Le célèbre paysagiste français Michel Corajoud a lui aussi travaillé sur la conception de grilles d’arbre dont le modèle porte son nom. Ce produit fut conçue par le paysagiste en 1998 dans le cadre de la réhabilitation de l’avenue d’Italie dans le 13e arrondissement de Paris. Pierre Gangnet et Michel Corajoud ont travaillé ensemble sur ce projet. 150 arbres furent plantés et équipés de grilles.71 69. En ligne : http://jeanmarcbonnard-art.blogspot.fr/p/design. html consulté le 09/04/2018. 70. En ligne : http://www.fonderie-vincent.com consulté le 09/04/2018. 71. PELLEGRINI Patricia, Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ? (dossier trame verte urbaine Vol. 3, n° 2 | Juillet 2012) p6.


II. C.

A la recherche d’une esthétique

La grille d’arbre à toujours exprimé une dimension esthétique et cela depuis son invention. Dès lors qu’elle dépasse simplement son aspect technique et fonctionnel, la grille est un élément modelable pouvant remplir son rôle tout en déclinant sa forme, sa couleur, sa matière… Cette objet est souvent considéré comme un élément attrayant permettant ajoutant une valeur au pied de l’arbre, par opposition à une végétation spontanée non maîtrisée.

II. C. 1.

Un produit à intégrer dans le paysage urbain

Une première dimension esthétique concerne son design en tant que tel. « La laideur se vend mal » dit Raymond LOEWY dans son ouvrage du même titre, paru en 1953. Nombreux sont les fabricants de mobilier urbain à revendiquer la dimension esthétique de leurs produits. Pour vendre, la grille ne doit plus simplement assurer sa fonction première mais elle doit se différenciée notamment par son esthétisme afin de se démarquer de la concurrence. Ainsi, certaines sociétés n’hésitent pas à en faire de véritables slogans marketing : «Une façon esthétique de mettre en valeur les pieds d’arbre grâce à l’acier corten et son effet rouille, découpé au laser pour y inclure les motifs de votre choix » ou encore «L’acier corTen pour embellir vos pieds d’arbre ». 72 La grille d’arbre, au même titre que les vêtements, n’échappe pas à la mode et aux tendances. Il est d’ailleurs possible d’en dégager certaines. Les motifs symboliques et figuratifs tels que les feuilles ou les ancres marines se vendaient relativement bien dans les années 2000.73 La grille n’a pas échappé à la mode de l’acier corten tout comme les projets d’aménagement de l’espace public. La grille d’arbre effet rouillé plaît beaucoup à partir des années 2010. Nombreux sont ces modèles encore largement sur les catalogues actuels et constituant les collections de 2017. Aujourd’hui, ce sont davantage les formes très rectilignes ou encore les grilles très sobres et épurées qui plaisent. L’esthétique de la grille d’arbre révèle souvent l’esthétique du projet. Le designer peut agir sur tout un ensemble de paramètres pour créer les plus beaux modèles. Les sociétés fabriquant de nouveaux modèles doivent également enlever certaines grilles de leurs catalogues car les modèles considérés « démodés » ne se vendent plus. Dans un souci d’esthétisme, les designers s’intéressent également à l’intégration de la grille dans son contexte. D’une part, la grille d’arbre par sa forme et sa dimension doit pouvoir assurer une intégration 72. En ligne : http://www.toleriefine-metallerie.com/realisation/grille-pied-arbre-acier/ consulté le 01/04/2018. 73. Annekathrin CATHERINE Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018.

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avec le revêtement de sol. Les modèles de formes rondes sont souvent difficiles à associer avec des matériaux modulaires tels que des pavés ou des dalles. Ces éléments sont majoritairement rectilignes, de forme carrés ou rectangulaires, leur calepinage est de ce fait peu propice à épouser les contours arrondis d’une grille ronde. Les pavés autobloquants rendent l’intégration de la grille particulièrement difficile car leur forme sont plus complexe. De ce fait, les revêtements en matériaux coulés tels que les enrobés ou les bétons sont bien plus propices à adopter la forme courbe des grilles rondes ou ovales. Il y a donc de véritables réflexions menées en amont du projet pour pouvoir assurer une bonne intégration entre le mobilier et les matériaux de sol. Les préoccupations sont ici techniques et esthétiques. Les grilles carrées ou rectangulaires peuvent quant à elles suivre les logiques de calepinage ou s’adapter aux dimensions des matériaux modulaires. Ainsi, les dimensions des grilles rectilignes sont souvent standardisées de la même manière que les pavés ou les dalles. L’objectif est d’éviter au maximum le besoin de découper les matériaux modulaires. Ce fonctionnement est onéreux car cela nécessite une tâche supplémentaire pour la main d’œuvre et une perte de matière liée aux chutes générées. C’est pour cela que de nombreux fabricants proposent une typologie de dimension comme Acropose qui organise les formats de la manière suivante : Micro : 990*990 mm, Mini : 1240*1240 mm, Medium : 1480*1480 mm, Max : 1960*1960 mm. D’autres dimensions reviennent fréquemment pour les pièces de forme carrée : 1000*1000mm, 1200*1200mm, 1420*1420mm, 1480*1480mm, 1500*1500mm, 1800*1800mm, 2000*2000mm. Dans un souci d’esthétique et de cohérence entre la grille et le revêtement de sol, certains fabricants développent également des pavés ou dallages dont les motifs sont similaires à ceux du mobilier urbain. Ainsi, la société Santa & Cole a développé des pavés au motif similaire de celui des grilles d’arbre. Le sol devient alors un prolongement cohérent de la grille. A la recherche d’esthétique et de formes toujours plus innovantes certaines sociétés sont amenées à créer des modèles rendant les limites spatiales du produit plus floues. La société Française A.M.I (Amélioration, Modernité, Innovation)74 a par exemple développé un modèle permettant une intégration entre la grille et le pavage au sol (fig.33).

Figure33. Entre grille d’arbre et pavés, En ligne : http://www.toleriefine-metallerie.com/ consulté le 10/03/2018

74. En ligne : http://www.toleriefine-metallerie.com consulté le 01/04/18.

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Le produit est décomposé, il n’est plus simplement constitué d’un seul élément trouvant sa place autour du tronc. Il s’agit d’un ensemble de pièces s’éparpillant sur l’espace public et permettant d’assurer une perméabilité du sol jusqu’au niveau des extrémités du système racinaire. Le modèle n’a dès lors plus de dimensions bien précises. Le procédé est à la charnière entre un mobilier urbain et un revêtement de sol. Il est possible de considérer l’interaction de deux manières : Soit la grille se décompose en plusieurs pièces de manière à s’éparpiller entre les pavés, soit le pavé devient perméable en reprenant les caractéristiques de la grille. Les modèles de grilles prennent des formes toujours plus variées et les matériaux permettant la production de cet élément se diversifient. Ainsi, la façon dont est traité le pied de l’arbre en milieu urbain dépasse le simple usage d’une grille d’arbre. Le développement des revêtements de sol drainant et le souci d’intégration entre la grille d’arbre et les matériaux de surface rendent parfois les limites de l’objet difficiles à définir. Jusqu’où peut-on considérer qu’il s’agit d’un grille d’arbre et jusqu’où peut-on la considérer comme étant mobilier urbain ? Si la grille est conçue dans avec une attention particulière pour son esthétique, elle ne fait pas toujours l’unanimité. Bien que la notion du « beau » soit très subjective, il est possible d’évoquer le côté peu valorisant de certains modèles. Le premier point remettant en cause l’aspect esthétique de la grille ne concerne généralement pas le design de l’objet en soit mais plutôt la mauvaise intégration. Elle est souvent générée par le développement de l’arbre ou bien par des défauts de pose. En d’autre sorte, cet objet génère des micros espaces parfois peu qualitatifs et devient vite mal perçu en vieillissant. La grille d’arbre a aussi le triste défaut de constituer des espaces de dépôts d’ordures. Les mégots de cigarettes y sont particulièrement nombreux. Ces accumulations de détritus au pied des arbres remettent en cause l’esthétique de la grille d’arbre. Ce phénomène grandissant s’est notamment accentué depuis la loi du 1 février 200775 décrétant l’interdiction de fumer dans les lieux publics en intérieur. Ce constat de « grille poubelle » à plusieurs fois fait l’objet d’articles de presse ce qui rend compte de l’ampleur du phénomène. Le produit perd aussi souvent en qualité lorsque l’Homme intervient pour éviter l’éclatement de la grille par l’arbre. Nombreuses sont les grilles aujourd’hui conçues pour adapter leur circonférence intérieure au développement du tronc de l’arbre. Par ailleurs, l’intervention de l’homme, pour agrandir cet espace intérieur nuit la plupart du temps à la qualité du produit initial. La photo suivante illustre cette intervention. L’objet présente alors un contraste regrettable entre les belles courbes découpées nettes en usine et les découpes « grossières » faites à la meuleuse par la main de l’Homme.

75. En ligne : https://www.legifrance.gouv.fr/, consulté le 26/05/2018.

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II. C. 2.

Déchiffrage du design et symboliques des modèles.

Les designers développant des modèles de grilles aux motifs évocateurs sont parfois très imaginatifs. Les grilles possèdent toutes un nom afin de qualifier le modèle. Ce sont les différents produits d’une gamme, déclinés autour d’un thème ou d’un élément commun. Si le nom aide parfois à comprendre tout l’imaginaire et la symbolique que révèle la grille, il n’est pas toujours évident de saisir son sens au premier abord. Les quelques exemples suivants tendent à aider la lecture des motifs et de leurs sens.

Grille d’arbre Gaïa Le mot grec γαῖα / Gaïa, signifie « Terre » dans la Grèce antique.76 Le design de la grille évoque ici la terre. La couleur comme la forme de la plaque affirme cette métaphore du chaos à travers le motif de terre craquelée. Grille d’arbre Horus Ce modèle fait ici référence à la mythologie égyptienne. En effet, cette forme rappelle celle de l’œil d’Horus qui est la divinité égyptienne à tête de faucon. L’œil d’Horus présente une symbolique de protection, de santé physique et de fécondité. 77 Tel sont les rôles que remplit la grille vis à vis de l’arbre. Grille d’arbre Cambium La conception et l’esthétique de cette grille reprend le motif d’une coupe transversale d’un tronc. Les motifs circulaires évoquent de ce fait les cernes des arbres, souvent comptés pour estimer l’âge du sujet. Le cambium est le tissu qui est responsable de la formation du bois chez l’arbre. Figure34. Modèles conçus par Sineu graff, série 3000 Les Essentielles En ligne : https://www.sineugraff.com/ consulté le 20/03/2018.

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76. En ligne :https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/g/gaiea, consulté le 02/05/2018. 77. En ligne : http://www.egypte-ancienne.fr/horus. htm, consulté le02/05/2018.


Grille d’arbre Kandinsky La grille Kandinsky s’inspire des travaux de l’artiste russe Wassily KANDINSKY. Ce fondateur de l’art abstrait aux côtés de Picasso et Matisse est l’un des artistes les plus célèbres du XXe siècle. Le design est ici relativement similaire à l’œuvre Molle rudesse peinte en 1927. 78 Grille d’arbre Henri Matisse Le motif de cette grille s’inspire des œuvres de l’artiste Henri Matisse. Célèbre pour la réalisation de portraits et de peintures fauvistes, la grille suivante s’inspire notamment du tableau : The Sheaf peint en 1953.79 Grille d’arbre Piet Mondrian Célèbre pour ses tracés rectilignes et la dominance des couleurs primaires dans ses œuvres, Piet Mondrian est un artiste de renommée internationale. Le modèle de cette grille reprend les formes rectilignes et très géométriques illustrées par exemple à travers sa dernière œuvre : Broadway boogie woogie réalisée en 1943.80 Grille d’arbre Paul Klee Le découpage de bandes épaisses en courbes fait directement référence aux travaux réalisés par l’artiste Paul Klee. A partir des années 1930, ses œuvres sont notamment caractérisées par des formes épaisses, rompant avec l’aspect rectiligne. La grille rappelle ici par exemple les œuvres Feat of Klee ou Park near lu (1938). 81

Figure35. Grille d’arbre en hommage aux artistes du XXe siècle par Santa & Cole, En ligne : http://www.santacole.com/fr/ consulté le 24/03/2018 Détail annexe 10.

78. En ligne : http://encyclopeinture.canalblog.com/archives/2017/09/11/35495950.html, consulté le 23/02/2018. 79. En ligne : http://www.matissepaintings.org/sheaf/ consultéle 23/02/2018. 80. En ligne : https://www.moma.org/collection/works/78682, consulté le 23/02/2018. 81. En ligne : https://www.repro-tableaux.com/a/paul-klee.html, consulté le 23/02/208.

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III. La place de la grille d’arbre dans la ville : Etudes de cas Cette troisième grande partie relève d’une approche davantage spatialisée où sont traités les cas de trois villes présentant des enjeux et des objectifs très différents vis-à-vis de la grille d’arbre. Ces études de cas montrent les relations et les confrontations entre les villes en mutation et la grille d’arbre. Les différentes stratégies et modes de gestions à son égard témoignent de ses limites.

Figure36. Grilles d’arbres Paris, Patrick Deby, 1993. En ligne : https://www.kazoart. com/artiste-contemporain/593-patrick-deby consulté le 12/03/18

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Le boulevard vue d’en haut, Gustave Caillebotte, 1880, huile sur toile


III. A.

Paris : un patrimoine, en

perdition. « La réussite du mobilier urbain du second Empire se mesure au fait qu’il a été constamment renouvelé à l’identique et copié jusqu’à aujourd’hui ».82 En effet, ce mobilier urbain reflète l’identité de la ville. Sa présence à travers les siècles amène à considérer ces éléments comme un véritable patrimoine. Par ailleurs, l’ensemble de ces éléments urbains dessinés par Davioud est loin d’être la seule gamme de mobilier sur l’espace public de la capitale. Si les standards haussmanniens sont encore présents, de nouveaux produits sont venus coloniser la ville. De la même façon, la grille d’arbre assiste à ce phénomène de diversification. De plus, la politique environnementale visant à privilégier le développement d’une faune et d’une flore au pied des arbres témoigne d’une évolution des mœurs. Si la question fait débat, les initiatives visant à retirer la grille au profit de micro jardin se démocratise dans la capitale. Ainsi, le patrimoine que constitue la grille d’arbre est aujourd’hui mis en danger.

82. PINON Pierre, Atlas du Paris haussmannien : la ville en héritage du Second Empire à nos jours, Paris, Parigramme, 2002.

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III. A. 1.

La grille d’arbre du second empire, un patrimoine

La grille d’arbre dessinée par Davioud constitue un patrimoine pour la capitale française. C’est un héritage du XIXe siècle présentant une valeur sur le plan esthétique, historique ou encore économique. Ce produit au motif si reconnaissable reflète aujourd’hui l’identité de la ville. Nombreux sont les supports illustrant la ville de Paris à travers la grille d’arbre. Cet objet est véritablement utilisé comme un marqueur permettant d’identifier les lieux. Ainsi, les artistes se sont emparés de cette icône afin d’affirmer l’identité parisienne. L’œuvre d’Haussmann et de ses associés est illustrée à travers la peinture ou la photographie sous le Second Empire. Telles sont les premières représentations révélant la grille d’arbre dans l’espace public parisien. Ces œuvres contribuent à véhiculer l’image d’un patrimoine. Ainsi les peintures de Gustave Caillebotte permettent d’illustrer le paysage urbain au lendemain des premières opérations de modernisation de la ville. Le célèbre tableau Rue de paris, temps de pluie, témoigne des grandes percées effectuées dans le tissu urbain. Les premiers éléments urbains tels que les candélabres apparaissent dans cette œuvre de 1877. Quelques années plus tard, le banc et la grille d’arbre sont illustrés à travers l’huile sur toile intitulée Le Boulevard vu d’en haut, peint en 1880 par l’artiste français.83 Malgré le mouvement impressionniste de Caillebotte, qui rend les contour plus flous, la grille et sa structure se lisent facilement. Le modèle circulaire composé de plusieurs panneaux est clairement lisible tout comme les différents arceaux, au nombre de six sur ce modèle. D’autres peintres tels que Guy Dessapt ou Pierre Saez illustrent le paysage urbain de Paris. Ces peintures contribuent à révéler la façon dont la grille d’arbre a traversé le temps et témoignent du systématisme haussmannien à son sujet. L’illustrateur Jacques Tardi a aussi joué un rôle important dans la représentation du paysage urbain de Paris. Outre l’architecture et les édifices symboliques, le mobilier urbain et la grille d’arbre se retrouvent fréquemment sur les planches de dessin( fig 37). Si le mode de représentation ne rend pas compte du modèle précis, la forme circulaire et radioconcentrique de la grille est signifiée. Ces dessins témoignent aussi de la capacité à restituer un paysage dans sa globalité tout en portant un regard sur ces éléments précis et significatifs. La représentation de la grille d’arbre à travers le temps montre comment s’est constitué cet héritage. D’autres éléments permettent de véritablement affirmer que ce produit à une valeur historique et patrimoniale telle que la vente aux enchères de modèles de grille d’arbre datant du XIXe siècle. C’est le cas de la société de vente volontaire LUCIEN-PARIS.84 83. En ligne : https://www.baudelet.net/val-yerres/gustave-caillebotte/le-boulevard-vu-d-en-haut.htm consulté le 30/04/2018 84. En ligne : http://www.lucienparis.com/html/fiche.jsp?id=2874465&np=&lng=fr&npp=10000&ordre=&aff=&r consulté le 16/11/2017.

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Leurs ventes à succès intitulées « Paris mon amour » témoigne de l’attachement à la ville. Les expositions attirent plusieurs milliers de visiteurs. La grille d’arbre a pris petit à petit une importance dans le paysage urbain au point de générer aujourd’hui des produits dérivés. En effet, les maquettistes se sont emparés de la grille d’arbre afin de représenter le plus fidèlement l’espace public et le traitement des pieds d’arbre dans leurs maquettes. La grille d’arbre haussmannienne constitue un tel patrimoine qu’elle engendre des enjeux touristiques. D’après M. Dechaumont un marché est en cours de réalisation pour appliquer le modèle de la ville de Paris sur le site de Disneyland Paris. En effet, les fabricants, les gestionnaires de la ville de Paris et du site du célèbre parc ont bien conscience de l’aspect identitaire que véhicule la grille du Second Empire. Ce patrimoine aux enjeux touristiques est alors utilisé pour signifier le rattachement du site à la capitale. En effet le parc localisé à Marne-laVallée est géographiquement placé en dehors du cœur touristique de la capitale. La ville de Paris serait d’ailleurs assez laxiste sur l’usage de son modèle dans les banlieues alentours selon les explications de Jean Baptiste Dechaumont. 85

Figure37. La grille d’arbre dessiné dans le paysage urbain de Paris. Jacques TARDI Planche 21, case 1 : Burma laisse Héléne boulevard de Strasbourg, devant le Théâtre Antoine.

85. DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017.

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III. A. 2.

Figure38. grille d’arbre, promenade Richard Lenoir

Les menaces face à l’identité de la grille de Paris

Le projet urbain, aujourd’hui conçu par des équipes pluridisciplinaires et notamment constituées de concepteurs, architectes et paysagistes, a entraîné un changement considérable dans la façon de fabriquer l’espace public. Les concepteurs se sont emparés du mobilier urbain et donc de la grille d’arbre pour pouvoir intégrer au mieux ces éléments dans leur projet. Nous l’avons vu précédemment, Michel Corajoud a développé sa propre grille d’arbre. Le modèle fut appliqué dans le cadre du réaménagement de l’avenue d’Italie à Paris. Cette réflexion non pas globale mais locale menée à l’échelle d’un projet et non pas à l’échelle de la ville entraine une diversité de modèles malgré l’héritage fort du standard haussmannien. Le modèle est encore produit aujourd’hui. La fonderie DESURMONT détient aujourd’hui le marché mais d’autres motifs apparaissent au pied des arbres parisiens. 86 Ainsi il est possible de se questionner sur le devenir du modèle traditionnel. La diversité des produits est grandissante à Paris et il semble possible de distinguer les modèles conçus au projet, imaginé par les concepteurs et la grille d’arbre de voirie.

Figure39. Grille d’arbre canopée des halles, Paris 2017, Kévin RODALLEC.

Figure40. Grille d’arbre Issy-les-Moulineaux, Paris 2017, Kévin RODALLEC.

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Parmi les nombreux exemples, la Promenade Richard Lenoir située dans le 11e arrondissement de Paris présente des grilles d’arbre originales, conçues lors du projet d’aménagement mené en 1994 par Jacqueline Osty, paysagiste et David Mangin, architecte87 (annexe 8). Le design est plus contemporain, la forme circulaire traditionnelle est remplacée par de grands panneaux rectangulaires. Le motif permettant une porosité de la grille est de forme plus organique et rompt avec l’aspect très structuré et répétitif du modèle de Davioud.

86. DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017. 87. MANGIN David, «une apparente simplicité » In : Paris projet, espaces

publics n 30-31. APUR, 1993. p56.


Ce même motif se retrouve à travers une autre grille située à la Canopée des Halles au pied de jeunes platanes. Le projet est inauguré le 5 avril 2016 et conçu par Patrick Berger, Jacques Anziutti et leur équipe. Les arbres plantés à l’ouest de l’édifice sont mis en scène à travers un tuteurage monumental. Le modèle de la grille habillant leur pied reprend le motif situé sur la promenade Richard Lenoir. Il est de forme ronde et composé de 4 panneaux. Indépendamment des grands projets de la capitale, nombreux sont les projets d’aménagement d’espace public intégrant la grille d’arbre sans utiliser le modèle propre à la ville. Qu’il s’agisse du Paris intra-muros ou non, la métropole voit véritablement une diversité de modèles se développer. Le modèle traditionnel haussmannien a subi de fortes modifications liées à la pratique de l’espace public. A cela s’ajoute la diversité des nouvelles formes, des nouveaux matériaux et des nouveaux motifs. Les modèles traditionnels du XIXe siècle tendent donc à se raréfier. D’autres phénomènes aux enjeux économiques et écologiques génèrent un véritable débat sur la présence de la grille d’arbre. Les démarches visant à végétaliser le pied de l’arbre en milieu urbain se multiplient considérablement. Ces initiatives se démocratisent au détriment de la grille d’arbre et remettent en question le systématisme instauré sous l’administration du baron Haussmann. La flore spontanée tout comme la création de micros jardins au pied des arbres se développent notamment dans le cadre du plan biodiversité de Paris. « Voté en novembre 2011 par le conseil de paris, le plan biodiversité est un programme de 30 actions pour préserver et enrichir la biodiversité sur le territoire parisien.[…] Paris est aujourd’hui une des premières grandes métropoles européennes à s’être dotée d’un plan Biodiversité. Le plan s’articule autour de trois grands axes : renforcer la Trame verte et bleue, faire de la biodiversité un élément structurant de l’action municipale et sensibiliser les citadins et mobiliser les acteurs du territoire grâce à l’observatoire Parisien de la biodiversité. […] Le plan intègre des objectifs précis d’ici 2020, la plantation de 20 000 arbres par exemple » 88 Dans ce contexte, de nouvelles préoccupations sociales, économiques et environnementales émergent. Le pied d’un arbre est un micro espace pouvant être végétalisé de deux manières et sollicitant différents types d’acteurs. D’une part, il peut être un support pour une flore ornementale ou un potager. Dans ce cas, les résidents ou les groupes scolaires par exemple sont invités à investir les lieux. Dans le second cas, la végétation résulte de la non-intervention de l’homme ou bien d’une gestion permettant de récréer de micros-écosystèmes. L’opération est alors menée par la ville et les services concernés. Mis en relation les uns avec les autres, ces espaces constituent des surfaces considérables. 88. JACOB Philippe, « Le plan biodiversité de Paris, une politique ambitieuse pour la flore spontanée », in Mieux intégrer la flore spontanée en ville, n°1, Angers, plantes et cités, 2015, p24.

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Figure41. Kévin RODALLEC Avenue des Champs-Elysées, Paris, 8e ar. 2017.


Le pied d’arbre peut donc être considéré comme un support de culture, qu’ils s’agissent de plantes et fleurs d’ornement ou bien de potager. Nathalie Blanc s’empare du sujet sous une approche esthétique. Selon elle : « C’est une nature sociale et produite, c’est une nature voulue et aimée. En somme, une analyse riche de l’environnement doit prendre en considération les multiples dimensions de l’expérience de la nature en termes d’échelle d’analyse. Deux échelles en particulier sont concernées : à grande échelle, le pied d’arbre et les micro-surfaces urbaine (interstices, toitures, façade ... ». 89 Le permis de végétaliser est mis en place depuis le 30 mars 2015 à Paris. Il donne la permission aux particuliers de contribuer à la végétalisation de l’espace public tout en leur donnant un droit sur ces petits jardins. Le paysage urbain de Paris illustre alors un traitement hétérogène du pied d’arbre. Les trottoirs expriment aujourd’hui la transition entre la société d’hier et celle de demain. La grille haussmannienne cohabite avec le micro-jardin du résident. Les deux démarches prônent toutes deux une modernisation de la conception de l’espace public. Par ailleurs, l’idée de ville jardinée exprime de nouvelles manières de pratiquer et de s’approprier l’espace public au détriment de la grille. « Peut-on faire retirer les grilles d’un arbre pour le végétaliser ? Oui, il est possible de demander le retrait des grilles d’un arbre » répond la ville de Paris.90 Ce mobilier urbain constituant un patrimoine et un symbole de la capitale est même remis en cause sur la plus belle avenue du monde (figure 40). L’incapacité à maintenir la grille autour des arbres en développement laisse place aux espaces jardinés. Cette situation exprime la difficulté à maintenir cet héritage en place. Depuis 2015, plus de 1430 permis ont été délivrés. 91 Le succès grandissant de cette campagne contribue lui aussi à la diminution de la grille d’arbre. La seconde façon de végétaliser les pieds d’arbres est davantage à l’initiative des politiques décomposées par arrondissement. De ce fait, le traitement des pieds d’arbres est souvent soumis aux différents points de vue des élus. Ainsi, en 2012, Patricia Peligrini écrit dans son article intitulé «Pied d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ?» : «[...] si certaines mairies sont favorables à un développement du végétal, comme celle du 20ème d’autres sont plus réfractaires à sa présence non maîtrisée, notamment la mairie du 17ème ».92 La situation de Paris mérite d’être évoquée car l’adoption d’une gestion différenciée et la tolérance de la végétation spontanée questionnent la pertinence de nombreuses grilles d’arbres dans la capitale. Ainsi, une nouvelle approche du végétal naît et se confronte aux réflexions menées au XIXe siècle sur sa place dans la ville. 89. BLANC Nathalie, Les nouvelles esthétiques urbaines, Paris, Armand Colin, 2012. 90. En ligne : https://www.paris.fr/permisdevegetaliser consulté le 25/01/2018. 91. En ligne : https://www.paris.fr/actualites/jardiner-dans-la-rue-et-si-vous-demandiez-votre-permis-de-vegetaliser-4464 consulté le 01/05/2018. 92. PELLEGRINI Patricia, Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ? (dossier trame verte urbaine Vol. 3, n° 2 | Juillet 2012). p11.

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Figure42. Rue d’Alesia, Paris, 6 juin 1906. En ligne : https://www.delcampe.net consulté le 14/11/2017.

Figure43. Rue d’Alésia, Paris, Aout 2017. En ligne : https://www.google.fr/maps consulté le 03/05/2018.

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Peu de documents permettent de comprendre la manière dont étaient gérés les adventices les siècles précédents. Par ailleurs, sous le Second Empire c’est une nature maîtrisée qui s’intègre dans le paysage urbain. Les écrits d’Alphand ou de Lefebvre préconisent l’arrachage des « mauvaises herbes » sur les pelouses ou les voiries. Les réflexions contemporaines sur l’acceptation de cette flore spontanée lance alors un débat opposant souvent la grille et la végétation au pied des arbres. Depuis environ dix ans, de nombreux changements dans la gestion du végétal en espace public sont apparus. La mise en application des techniques de gestion différenciée, la prise en compte de la trame verte et bleue ou encore les nombreuses lois liées à l’interdiction d’usage de pesticides révèlent les préoccupations actuelles des villes. L’article écrit par Patricia Pellegrini en 2012, rend compte des différents conflits d’intérêts au sujet du traitement des pieds d’arbre. « Si l’arbre d’alignement est géré à Paris par la direction des espaces verts, son pied relève de trois autres directions. Voirie, Propreté, Urbanisme. Cette gestion en partage est complexe et met à l’épreuve l’idéal de développement durable. […] Une coordination de l’espace public a été créé afin d’établir une gestion prenant en compte la diversité des points de vue, elle abrite les choix en fonction de l’usage des rues et de l’image que l’herbe renvoie.»93 Ces réflexions montrent de quelles façons l’usage de la grille d’arbre est aujourd’hui remis en question. Le quasi systématisme instauré sous l’administration d’Haussmann est aujourd’hui contraint par un ensemble de préoccupations que sont la sécurité, la propreté ou la richesse faunistique et floristique. La ville au lendemain des travaux de modernisation et d’assainissement présentait avec beaucoup de rigueur et de systématisme les alignements parfaits d’arbres dont le pied était habillé d’une grille adaptée à son lieu d’implantation. Les troncs bien érigés et associés aux grilles d’arbre contribuent à accentuer la lisibilité des perspectives établies sous le Second Empire. Le pied des arbres d’alignement révèle aujourd’hui de nouveaux paysages. Les trottoirs ne sont plus aussi rythmés par le motif répétitif de la grille circulaire. De plus en plus, se développe une alternance de traitement où la grille, la végétation spontanée, la terre compactée se succèdent et s’alternent engendrant un rythme davantage saccadé, ponctué par de micros-jardin ou potagers fleuris. La diversité de ces espaces illustre aussi une chronologie. En effet, la grille du XIXe siècle côtoie celle du XXe siècle ayant subi des évolutions et cohabite également avec les grilles du XXIe siècle, découpées au laser ou au jet d’eau dont la présence est également requestionnée par les réflexions environnementales actuelles.

93. PELLEGRINI Patricia, Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ? (dossier trame verte urbaine Vol. 3, n° 2 | Juillet 2012), p19.

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III. B.

Lyon, un patchwork de grilles sur les trottoirs

A l’inverse de Paris, la ville de Lyon hérite d’une diversité de modèles sans réelle identité ni harmonie. Cette étude de cas part du constat suivant : « une cinquantaine de modèles différents sur les espaces publics de la ville ». 94 La ville de Lyon a subi des mutations avec tout un ensemble de modèles qui se sont accumulés. Il est donc intéressant de comprendre comment se positionnent les villes ou les métropoles telles que Grand Lyon face à cette situation. Lyon, ancienne capitale française, constitue aujourd’hui une métropole en s’associant avec 59 communes réparties sur 538 km2. Elle comptabilise 1 281 971 habitants en 2014.95 Depuis les années 2000 la métropole se penche sur de nombreuses questions liées à la qualité des espaces publics lyonnais. Des réflexions sont menées sur le traitement de l’arbre en ville mais aussi sur le mobilier urbain. Ainsi, la question de la grille d’arbre est aujourd’hui un réel sujet pour la métropole.

Figure44. Un patchwork de grille sur les trottoirs de Lyon, Direction de la voirie Ingénierie Arbres et Paysage Grand Lyon, Fiche grille d’arbre, 2009.

94. Direction de la voirie Ingénierie Arbres et Paysage Grand Lyon, Fiche grille d’arbre, 2009. 95. En ligne : https://www.grandlyon.com, consulté le 10/02/2018.

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III. B. 1.

Une accumulation des modèles

La modernisation haussmannienne sous le Second Empire a engendré un rayonnement sur l’évolution des villes de France. L’ouvrage Villes haussmanniennes: Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille de Claude Heurteux et Patrice de Moncan témoigne de cette influence sur les villes françaises. Ainsi, de nombreuses villes comme Lyon ont appliqué les principes de modernisation de la ville. Lyon s’est inspirée de la réflexion cohérente menée de façade à façade intégrant le végétal, le minéral et le mobilier urbain. De ce fait, les bâtis sont relativement hauts avec une logique de face à face au milieu duquel la voirie s’équilibre en un tiers avec la largeur des trottoirs de part et d’autre. Les principes de plantation furent appliqués à la ville lyonnaise tout comme le choix des essences d’arbres. Ainsi, une grande campagne de plantations fut effectuée de la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu’à la première Guerre Mondiale. Le platane est majoritairement présent, les tilleuls ou encore les marronniers sont aussi largement plantés. 96 Le platane à feuilles d’érables (Platanus x acerifolia) reste l’espèce la plus commune dans le paysage urbain de la métropole lyonnaise. Le tilleul est encore bien présent avec 3 155 pieds toutes variétés confondues. Le marronnier est en revanche moins présent aujourd’hui puisqu’à peine 400 sujets sont plantés. « Nous, à Lyon, nous n’avons pas de traces écrites comme les promenades de Paris d’Alphand, ou le traité des jardins d’Édouard André. Nous n’avons pas ce genre de références littéraires qui parlent de grilles d’arbre ». Frédéric SEGUR. Par ailleurs la reproduction de cette modernisation fut adaptée à la morphologie et au tissu urbain de chaque ville. Ainsi, des ajustements s’expriment et se distinguent de la ville de Paris. Ces ajustements ont une dimension économique. Cela s’exprime à travers l’emprise des voies, bien moins conséquentes que celle de la capitale. En effet, il est très compliqué d’appliquer les gabarits des boulevards parisiens sans faire table rase du tissu urbain existant. A titre de comparaison, un boulevard haussmannien a une emprise d’environ 40 mètres parfois plus. A Lyon, les gabarits des boulevards sont davantage de l’ordre de 25 mètres. Les quelques voies de gabarits supérieurs qui existent à Lyon sont d’ailleurs antérieurs à la modernisation de Paris sous le Second Empire.97 Cette économie s’est exprimée sur l’emprise mais aussi sur les grilles. Ainsi la systématisation du mobilier urbain et de l’usage des grilles mis en place à Paris ne se sont pas appliqués à Lyon. L’arrivée de la grille est bien en étroite relation avec la plantation des arbres en milieu urbain. Au tournant de la première Guerre Mondiale, un long moment creux d’environ 30 ans s’installe jusqu’à la fin de la seconde Guerre Mondiale. L’aménagement de l’es96. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 97. Idem..

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pace public et la question de l’amélioration du cadre de vie ne sont plus une priorité dans ces contextes de guerre et d’entre-deux guerres. Durant les trente Glorieuses et notamment dans les années 1970 et 1980, la politique d’aménagement fut très destructrice vis-à-vis du patrimoine arboré de la ville. En effet, l’heure est à la démocratisation de la voiture : « nous avions plutôt tendance à couper les arbres pour créer du stationnement, pour élargir les routes, plutôt que d’en planter. Donc il y avait très peu d’intégration d’arbres, il y avait vraiment peu d’argent mis la dessus car c’était surtout le déplacement de la voiture qui était recherché »98 Frédéric Ségur responsable du service arbre et paysage de Grand Lyon. A partir des années 1990, il y a une réaffectation des politiques urbaines. Elles cherchent alors à limiter la place de la voiture par le biais du développement des transports en commun et d’autres modes de déplacement. L’objectif est de pouvoir retrouver une qualité d’espaces publics et de voirie qui s’était perdue dans cette période où la voiture était omniprésente. Un service est alors créé au sein de la métropole pour mener à bien cette nouvelle façon de concevoir la ville. Le responsable du service Arbres et Paysage de Grand Lyon constate au début des années 1990 l’absence de grilles sur les alignements historiques. Peut-être ont-elles été enlevé ? Par ailleurs, aucune photo historique de la ville de Lyon n’illustre la grille d’arbre auparavant. « Nous avions des cadres d’arbres plutôt en terre, parfois il y avait de l’enrobé au pied de l’arbre, parfois du béton mais très rarement des grilles. »99 La métropole Grand Lyon se détache également des bureaux d’études VDR pour la conception des projets urbains. Ils se tournent alors vers de nouveaux acteurs. « Nous avons commencé à travailler avec des architectes puis avec des paysagistes et aujourd’hui, c’est devenu quelque chose de systématique sur tous les travaux d’aménagement urbain » explique Frédéric SEGUR. L’emploi de la grille d’arbre est arrivé dans ce contexte, bien après son apparition à Paris. Ce fut d’ailleurs le cas de la plupart des villes de province. Ce n’est qu’à partir des années 1990 que la grille s’est développée. M. Jean-Pierre Lorho de la Direction des Jardins et de la Biodiversité de Rennes affirme « Les grilles sont très récentes environs 30 ans, peut être davantage pour le cœur historique, place Saint-Anne ».100 En réponse à ce constat, le service Arbre et aysage met en place une grande opération de plantation. « Nous avons développé une politique de conception et de gestion de la nature en ville et des arbres sur les espaces publics » Ainsi le nombre d’arbres sur l’espace public a doublé en 25 ans, passant de 45 000 à plus de 100 000 arbres aujourd’hui. 101 98. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 99. Idem. 100. LORHO Jean Pierre. Direction des jardins de la ville de Rennes, entretien téléphonique le 13/12/2017. 101. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018.

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III. B. 2.

Figure45. Luminaire pour la ville de Lyon, proposé par Wilmotte. In: Catherine, Un nouveau mobilier urbain pour l’agglomération lyonnaise, le centre ressources prospectives du Grand Lyon, 2008.

Quelles conséquences sur la gestion ?

Le mobilier urbain a pris une place considérable dans les villes à partir des années 1960. Alors que la capitale a standardisé son mobilier urbain depuis la seconde moitié du XIXe siècle, Lyon ne met en place cette réflexion qu’en 1990.102 « La Communauté urbaine de Lyon décidait, conjointement avec la Ville de Lyon, de lancer un concours auprès de designers et d’architectes pour obtenir une ligne de mobiliers urbains cohérentes, apte à signifier l’unité et l’identité de la cité. Implantés d’abord sur des espaces-tests, les éléments de ce mobilier (luminaires, bancs, potelets, poubelles…) sont installés progressivement, depuis plus de 15 ans, sur l’ensemble du territoire, au fur et à mesure des opérations d’aménagement ».103 La grille d’arbre hérite d’un passé très différent et les questionnements à son sujet sont très tardifs : « Dans les années 1990, il y a eu à Lyon tout un travail sur le vocabulaire des espaces publics, en ce qui concerne les matériaux utilisés et le mobilier urbain, ce qui a conduit à une standardisation du mobilier urbain puisqu’il a eu un appel d’offre sur les potelets, les lampadaires, les bancs… Depuis cette date-là, nous avons pratiquement une unicité d’utilisation de ces mobiliers urbains sur la métropole. Ce qui est assez drôle, c’est que dans la réflexion menée à cette époque, la question des grilles d’arbre n’est pas du tout apparue comme un sujet à traiter. Cela montre qu’il n’y avait

102. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 103. FORET Catherine, Un nouveau mobilier urbain pour l’agglomération lyonnaise, le centre ressources prospectives du Figure46. Banc Wilmotte, Places des Archives, Lyon, 2008. Photographie Stéphane Autran. In: FORET Ca- Grand Lyon, 2008. En ligne : https://www.millenaire3.com/ therine, Un nouveau mobilier urbain pour l’agglomération lyonnaise, le centre ressources prospectives du ressources/un-nouveau-mobilier-urbain-pour-l-agglomeration-lyonnaise-1991, consulté le 24/03/2018. Grand Lyon, 2008.

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pas cette culture, pas de tradition, pas de références. […] Donc au début des années 1990 il n’y avait vraiment pas cette culture de l’arbre qui est arrivée un peu plus tard et ça a vraiment échappé à cette réflexion sur l’harmonisation du mobilier urbain.»104 Ces explications de Frédéric Ségur permettent de comprendre pourquoi Lyon hérite d’une diversité de modèles de grilles. L’absence de règles entraîne une multiplicité de grilles. Elles sont alors conçues projet par projet, sans réflexions cohérentes globales à l’échelle de la métropole. A partir du milieu des années 1990, les architectes et les paysagistes s’emparent progressivement de cet élément dans le projet urbain. Chaque concepteur choisit son modèle et certains imaginent leur grille afin de se détacher des modèles en catalogue. En moins de 20 ans, une cinquantaine de modèles sont installés sur l’espace public lyonnais, selon les observations de la direction de la voirie, ingénierie arbres et paysage, effectuées en 2009. L’absence de règles permettant de cadrer l’utilisation de grilles a aussi entraîné un usage pas toujours justifié, peut-être parfois mal employé. « A partir de là, est apparu l’utilisation de la grille, soit pour des questions esthétiques, soit pour des questions d’accessibilité, soit pour la protection de l’arbre, ce n’était pas toujours bien défini ».105 C’est dans ce contexte qu’apparaissent les premières réflexions sur la grille d’arbre. Rapidement, la métropole doit faire face à plusieurs problématiques aux enjeux économiques, politiques, environnementaux… Au début des années 2000, les directions de voiries, d’espace public, d’aménagement mais aussi certains nombres d’élus s’emparent de la question afin de décider de la position à adopter au sujet de cet élément urbain. Une première position consiste à affirmer une unité et une identité de la grille d’arbre. Ce point de vue s’inscrit dans la continuité de la politique d’harmonisation et de standardisation du mobilier urbain effectuée dans les années 1990.106 Cette décision est un moyen d’inscrire la grille d’arbre comme un élément identitaire au même titre que la ligne de mobiliers urbains développée pour l’agglomération lyonnaise. L’enjeu est également politique puisque la standardisation de la grille d’arbre, de la même façon que les bancs ou les luminaires permet de signifier une appartenance à l’entité urbaine Grand Lyon. Ainsi, les communes périphériques adoptant le modèle identitaire revendiquent leur rattachement à la métropole. 107 L’argument économique a quant à lui été vite remis en cause. Le fait de privilégier un seul modèle ou bien une déclinaison d’un modèle permet une certaine économie. Pour autant, le 104. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 105. Idem. 106. Idem. 107. FORET Catherine, Un nouveau mobilier urbain pour l’agglomération lyonnaise, le centre ressources prospectives du Grand Lyon, 2008.

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faible pourcentage d’arbres équipés de grilles n’implique pas un enjeu économique majeur. Frédéric SEGUR a suivi l’affaire. Malgré une concrétisation, la voie de la grille standardisée trouve rapidement ses limites : « Cette voie de la grille unique a été étudiée, on avait un architecte en interne avec qui nous avons travaillé sur le design d’une grille. L’idée c’était de designer (du terme design) une grille puis ensuite passer le marché de réalisation en appel d’offre, des marchés à commande avec des fournisseurs. Mais c’était très difficile à organiser surtout pour des quantités imprévisibles et puis nous avons eu des soucis de propriété intellectuelle par rapport au design des grilles. Du coup cela semblait vraiment trop compliqué de partir dans cette voie-là. » 108

III. B. 3.

Instaurer une cohérence globale

Dans un souci économique mais aussi contraint par la faisabilité, la métropole s’est tournée vers une autre méthode. Ce positionnement tolère la diversité des grilles et la mise en place de règles permettant de réguler son utilisation s’imposent. Ainsi, la mise en place de « fiches, grille d’arbre » est réalisée en mai 2009 afin de fixer les règles sur l’usage de la grille d’arbre et d’énoncer des conseils et recommandations à son sujet.109 La métropole fait face à deux problèmes majeurs auxquels il faut pouvoir apporter des solutions concrètes. D’une part, la diversité des modèles rend très difficile le réemploi de grille sur de nouveau pied d’arbre. En effet, les grilles sont de formes et de tailles très variées, il en existe de formes elliptiques, triangulaires… Lorsque l’arbre grandit et que ces grilles sont enlevées sous la pression du développement de l’arbre, il est impossible de réutiliser ces modèles si spécifiques. La métropole ne peut gérer des stocks importants comme c’est le cas à Paris. Les modèles standardisés permettent bien plus facilement ce réemploi dans le sens où les tailles et les formes sont bien définies. En réponse à cette problématique, la métropole veut privilégier les formes simples (rondes ou carrées) dont les dimensions extérieures sont comprises entre 160 cm et 200 cm tout en préférant les modèles de grandes tailles.110 D’autre part, la qualité et le lieu d’implantation des grilles présentent un second point problématique. De nombreuses grilles cèdent dans des espaces soumis à de fortes contraintes. Le 108. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 109. Les grilles d’arbres, rôles et conditions d’utilisation des grilles direction de la voirie, voirie ingénierie arbres et paysage, Mai 2009, consulté le 15/10/17. 110. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018.

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passage de voitures ou camions peut facilement nuire à la pérennité de la grille. C’est un problème majeur car dès lors que la grille n’est plus à niveau ou présente un défaut quelconque, elle devient un élément dangereux pour les usagers de l’espace public. La sécurité est d’ailleurs la priorité pour le gestionnaire de la grille d’arbre. L’absence de standardisation rend aussi plus compliqué le remplacement d’une grille cassée. «Par exemple sur certains projets, nous avions un moule qui a été fait pour faire la grille mais bien sûr, le constructeur une fois qu’il avait réalisé le nombre de grilles, il se débarrasse de son moule. Il ne peut pas forcément les garder éternellement. Donc nous ne pouvions plus faire de remplacement de grilles ».111 Afin d’éviter au maximum ces situations, les préconisations se portent également sur les lieux d’implantation conseillés et à éviter pour la grille. Ainsi, sur les surfaces à fortes pression de l’usager, les grilles sont préconisées. Il y a donc une relation forte entre le lieux d’implantation de la grille et la fréquentation des usagers. La carte suivante (p80) illustre cette corrélation. Ainsi le produit se retrouve sur les grandes places ou encore les abords de la gare car se sont des lieux de forte urbanité. Elle joue alors véritablement son rôle en évitant le tassement du sol lié à cette fréquentation. Sur l’ensemble des surfaces étroites, la grille d’arbre est aussi conseillée. Elle permet d’agrandir la surface praticable pour l’usager. Enfin, sur les surfaces carrossables telles que les places ou les marché, la grille est conseillée de manière à protéger l’arbre. Toutefois, le modèle doit être adapté à ce type de pression et doit s’accompagner de corsets d’arbre ou d’autres protections. Il est possible de distinguer trois catégories d’usagers pour la grille d’arbre. La classe A pour le piéton, la classe B pour la voiture et la classe C pour les camions et poids-lourds (annexes 9).112 A l’inverse, sur de larges trottoirs, la grille n’est pas obligatoire. Sur des bandes de stationnement la grille n’est pas non plus conseillée. En réponse à la politique d’aménagement centrée sur la voiture, de nombreux arbres ont été plantés non plus sur les trottoirs mais sur les bandes de stationnement. Ainsi la ville, a hérité de nombreuses grilles sur ces espaces. Ce contexte est pourtant peu adapté à la pérennité de la grille. Le matériau choisi pour la grille est lui aussi soumis à des règles et des prescriptions. En effet, outre l’aspect esthétique, les matériaux présentent des propriétés très diverses. Il est important de pouvoir utiliser le meilleur d’entre eux selon la situation. 113 Pour pouvoir assurer au mieux la pérennité du produit, il est essentiel de pouvoir anticiper les usages qui vont s’y dérouler, de manière à prévoir les pressions qui peuvent s’exercer sur ce mobilier. Le choix du modèle nécessite donc une réelle compréhension de l’espace tant dans la façon dont il est pratiqué que dans la façon dont il va évoluer. Ces fiches consultables par tous sur le Net s’adressent avant tout aux aménageurs. Les 111. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 112. Streetlife, mobilier urbain, produits pour arbres : collection 2016-2017, Leiden, streetlife, 2016, p54. 113. Direction de la voirie Ingénierie Arbres et Paysage Grand Lyon, Fiche grille d’arbre, 2009.

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Implantation des grilles d’arbre sur le territoire Lyonnais D’après l’open data Grand Lyon

Place Wilson

Place du Général Brosset Abords de la Gare de Lyon Part-Dieu Place Bellecour

Avenue Berthelot

Quartier Tony Garnier

Légende

Légende

Arbres d'alignement Arbres d’alignements :

Equipés d'une grille d'arbre Equipés d’une grille d’arbre Non équipés Non équipés

80 0

200

400

600 m


architectes et paysagistes disposent alors de préconisations permettant de cadrer et orienter le choix de la grille d’arbre ou bien de fixer les règles pour le développement d’une grille spécifique au projet. Aujourd’hui, la communauté d’agglomération Grand Lyon privilégie les modèles dont le diamètre intérieur s’adapte au développement du tronc de l’arbre. L’objectif est d’intervenir le moins possible sur la grille d’arbre car les opérations de démontage ou de remplacement sont coûteuses. Il est par ailleurs impossible pour la communauté d’agglomération de pouvoir estimer le budget investi dans ce produit. Au même titre que le reste du mobilier urbain, la grille d’arbre est comprise dans le budget de l’aménagement qui globalise l’ensemble des dépenses. Il n’y a donc pas de poste de dépense propre à la grille d’arbre. Il est de ce fait difficile d’évaluer le poids économique que représente ce produit tant dans l’investissement de départ que sur le long terme.114 Aujourd’hui environ 3000 arbres sont plantés par an et seulement quelques dizaines de grilles d’arbre sont mises en place chaque année. Par ailleurs, aucun recensement ni statistique ont été effectués récemment. Le service Arbre et Paysage du Grand Lyon ne dispose donc pas de recul pour pouvoir appréhender l’évolution de la place de la grille d’arbre. Intuitivement, Fréderic SEGUR pense une légère tendance à la baisse. Par ailleurs, ce n’est pas véritablement les fiches visant à cadrer l’usage de la grille d’arbre qui en sont responsable. En effet, le besoin de nature en ville a pris une ampleur considérable dans de nombreuses villes françaises. Ainsi, la végétalisation des pieds d’arbre est davantage privilégiée. Cela entraîne donc une légère tendance à la baisse de ce mobilier urbain. « En 20 ans nous sommes passés de 1% de pieds d’arbre végétalisés à 25 ou 30 % ». 115

114. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018. 115. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018.

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III. C.

Angers : Vers une nou-

velles gestion du pied d’arbre.

Angers est aujourd’hui classée première ville verte de France selon l’Observatoire des villes vertes.116 La ville affirme aujourd’hui une position bien tranchée sur la gestion du végétal notamment en milieu urbain. Le traitement des pieds d’arbre sur l’espace public n’a pas échappé aux réflexions. Aujourd’hui, la ville d’Angers compte très peu de grilles d’arbre et les gestionnaires du patrimoine arboré privilégient d’autres méthodes alternatives.117 A l’heure de la gestion différenciée et du développement durable, les pieds d’arbre sont de plus en plus végétalisés. Si la grille persiste dans les lieux à forte fréquentation, d’autres méthodes sont mises en place et expérimentées pour remplacer ce mobilier urbain. Cette étude de cas permet de comprendre comment sont gérés les pieds d’arbre en l’absence de grille. Cette étude n’a rien d’exhaustive. La ville d’Angers n’illustre pas un modèle parfait en matière de pieds d’arbre cependant son étude permet de comprendre les avantages et les inconvénients mais aussi les innovations et les limites des autres procédés faces à la grille. 116. En ligne : http://www.observatoirevillesvertes. fr/ consulté le 14/03/2018. 117. Blanco Philippe Responsable Gestion Patrimoine, direction Parcs Jardins et Paysages d’Angers Loire Métropole, entretien téléphonique le 02/02/2018.

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Figure47. Vers de nouveaux traitements du pied de l’arbre Angers, mai 2018, par J. Souchay.

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III. C. 1.

Se passer de la grille d’arbre

Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, Angers compte environ 5 000 arbres d’alignement. Si le patrimoine arboré a toujours été en hausse, son augmentation n’est pas constante. En moyenne, 300 arbres sont ajoutés chaque année si l’on prend en compte la différence entre les arbres supprimés et les nouveaux arbres plantés. Une augmentation timide s’est effectuée dans les années 1960 puis d’importantes campagnes de plantation furent mises en place. Effectivement, en 1976, 796 arbres se sont ajoutés au patrimoine arboré. En 2001, ces sont à nouveau 753 arbres qui se rajoutèrent. Ainsi, en 40 ans, la quantité d’arbres d’alignement a triplé à Angers. En 2017, la ville recense environ 16 000 arbres de voirie.118 Par ailleurs, seulement 200 grilles d’arbre se trouvent sur l’espace public angevin, soit 1,25% d’arbres équipés.119 Selon le responsable du patrimoine arboré de la ville, la présence de la grille d’arbre serait encore amenée à diminuer. En effet, la volonté de se séparer de ce mobilier est parfaitement désirée et assumée. « Nous ne souhaitons pas développer ce produit, au contraire les contraintes de coûts élevés en investissement et de poids pour les manipulations en entretien étant trop importantes. Par ailleurs, nous préférons dans la mesure du possible végétaliser les pieds d’arbre pour des jeunes plantations ».120 En effet, la grille d’arbre entraîne des coûts très importants lors de l’investissement et d’autre part à travers sa gestion. Cependant avoir des pensées plus respectueuses de l’environnement ce n’est pas simplement mettre du « vert » au pied de l’arbre, c’est également se rendre compte que la production de grilles a un impact sur le bilan carbone notamment pour les modèles produits en fonte.121 Ainsi, privilégier l’usage de la végétation plantée ou spontanée n’est pas simplement un moyen de revendiquer une démarche écologique, c’est aussi un moyen de privilégier des méthodes dont la production et la mise en place sont moins polluantes. Cependant, les gestionnaires du patrimoine végétal d’Angers ont conscience que la grille n’est pas toujours remplaçable. En effet, si l’on étudie la répartition des 200 grilles d’arbre existantes, 118 grilles se trouvent sur le Boulevard Foch. Ce grand axe souligné par les arbres d’alignement constitue un lieu de forte fréquentation où se concentre de nombreux services, 118. Chiffres issues du Centre d’archive municipale d’Angers. Inventaire des arbres d’alignements Varia1656, Consultation le 09/02/2018. 119. BLANCO Philippe Responsable Gestion Patrimoine, direction Parcs Jardins et Paysages d’Angers Loire Métropole, entretien téléphonique le 02/02/2018. 120. Idem. 121. BRUCKER Christiant responsable du patrimoine arboré de Strasbourg, entretien téléphonique le 14/11/2017.

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bars, cafés et restaurants. Le boulevard est très fréquenté et il semble difficile pour la ville de se séparer de ces grilles. Son utilisation reste la méthode la plus efficace pour lutter contre le tassement de la terre, agrandir la surface piétonne des trottoirs et éviter une dégradation du système racinaire. Ce boulevard, long d’environ 600 mètres, est orné d’arbres d’alignement depuis plusieurs siècles. Les plantations se sont succédées sans pour autant équiper les arbres de grilles bien que les corsets d’arbre furent systématiques. Ce n’est qu’à partir des années 1930 qu’apparaissent les premières traces témoignant de la présence de grille à Angers.122 La photographie illustrant le grand café du boulevard révèle ici la présence du modèle traditionnel haussmannien (fig. 48). Par ailleurs rien n’indique que son usage devient dès lors systématique. Des travaux de replantation du boulevard ont lieu en 1950. Les archives liées à ces plantations n’indiquent pas l’usage de grilles alors que les tuteurs et corsets d’arbre sont pourtant utilisés.

Figure48. Grille d’arbre sur le boulevard du maréchal Foch, 1939. http://recherche-archives.angers.fr consulté le 06/05/2018

122. En ligne : http://recherche-archives.angers.fr consulté le 06/05/2018.

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Figure50. Grille d’arbre de la ville d’Anges, Boulevard du Maréchal Foch, Angers, Février 2018, par K. RODALLEC.

Figure49. Grille d’arbre de la place du ralliement, Angers, mai 2018. par J. Souchay.

Les abords de la gare largement plantés d’arbres sont également équipés puisqu’ici 25 grilles sont recensées. L’étude de cas de la ville de Lyon mettait en avant une relation entre lieux d’implantation et dynamique urbaine. Le même constat s’applique ici. Ces deux espaces très fréquentés concentrent plus de 70 % de la totalité des grilles d’arbre. La ville a adopté un modèle identitaire (fig. 50). Ce même modèle représente 70% des grilles d’arbre dans l’espace public angevin. Le produit est donc peu diversifié et suis une logique d’unité. Pour autant, aucune réflexion ne fut véritablement menée pour harmoniser la grille d’arbre puisqu’elle n’est clairement plus désirée. Ainsi, très peu d’énergie lui est accordée, ni charte du mobilier urbain ni charte de l’arbre ne préconisent l’usage du produit. Le mobilier en fonte fut fabriqué par la fonderie Mayenaise fermée depuis 2015. De forme carré il mesure 1 400 mm sur 1 400 mm et le trou intérieur varie de 400 à 600 mm.123 Le motif est constitué de fentes rayonnantes et les sections proches du tronc peuvent être coupées à la meuleuse afin d’élargir le diamètre intérieur. Ce modèle est complété par quelques autres designs relativement similaires. Ils révèlent une sobriété à travers des modèles en fonte ou en acier dans les tonalités grises et aux fentes courbes générant des motifs simples et épurés. Ce traitement du pied d’arbre est utilisé dans les espaces à forte urbanité. Par ailleurs plus de 15 000 arbres de voiries sont aujourd’hui plantés sans grille.

123. En ligne : http://www.hellopro.fr, consulté le 26/04/2018.

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III. C. 2.

Quelles alternatives ?

Afin d’assurer un bon développement de l’arbre, les concepteurs et les gestionnaires des espaces verts de la ville agissent de plusieurs manières. D’une part, la plantation d’arbres se trouve généralement dans des espaces perméables. La conception des voiries et espaces publics doit intégrer des bandes plantées ou des surfaces engazonnées comme support pour les arbres en milieu urbain. Ainsi, les situations entraînant de fortes contraintes pour l’arbre sont limitées et le traitement du pied de l’arbre ne présente pas de contraintes particulières. En effet, choisir de planter l’arbre sur ces surfaces perméables est aussi un moyen d’assurer au mieux la reprise suite à la plantation mais également un moyen de garantir un bon développement des sujets à long terme. Ces choix également génèrent des paysages différents. En effet, un arbre planté dans une condition agronomique pauvre restera probablement plus chétif. A l’inverse un arbre même en milieu urbain, s’il dispose de meilleures conditions pour le système racinaire, occupera une place bien plus importante.

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Figure51. Gravier résine, rue Saint-Laud, Angers, 2017, En migne https://www.google.fr/maps, consulté le 20/05/2018.

Figure52. Développement du système racinaire en milieu contraint, Place de l’Académie, Angers, mai 2018, par J. Souchay.

Lorsque l’arbre se trouve dans un milieu urbain contraignant son développement, la ville d’Angers utilise différents moyens pour garantir la porosité du sol. Il est possible de voir l’usage de graviers stabilisés drainant au pied des arbres de la rue Saint-Laud. Les matériaux évitent le tassement et assure une petite arrivée d’eau. Pour autant, la méthode ne garantit pas une aussi bonne porosité que la grille d’arbre. Les matériaux ne permettent pas non plus d’enrichir le sol mais ils sont pour autant couramment utilisés car il permettent d’agrandir la surface piétonne, évitent toute végétation indésirable et s’adaptent au développement du tronc par leur souplesse. Cette méthode est également utilisée dans de nombreuses autres villes. Il est important d’évoquer l’absence de traitement du pied de l’arbre. Lorsque le sujet est très développé, son alimentation ne s’effectue pas au pied du tronc mais plus loin, au niveau des extrémités de son système racinaire. De ce fait, la majeure partie des grands arbres ne présentent pas de traitement particulier à leur pied. C’est le cas à Angers comme pour l’ensemble des villes. Par ailleurs, cette situation entraîne des espaces peu qualitatifs. Le développement des racines soulèvent fréquemment le revêtement de sol. Cette situation peu alors remettre en cause la sécurité de l’espace public mais aussi les usages dédiés à la voirie. Il arrive par exemple que les places de stationnements proches de grands arbres deviennent inutilisables. Le Boulevard du Général de Gaulle à Angers est par exemple aujourd’hui peu qualitatif au niveau du traitement du pied de l’arbre. Angers n’illustre donc pas un modèle parfait.Par ailleurs il est essentiel de souligner leurs efforts

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liés à la végétation au pied de l’arbre et les innovations en cours sur ces problématiques. En effet le végétal est un pilier sur lequel s’appuie la ville pour se développer. Ainsi, le développement de la végétation spontanée fait l’objet de réflexions et d’enquêtes notamment par rapport à sa réception auprès du grand public. « La diminution et l’abandon du désherbage chimique en ville favorise le développement de la végétation spontanée. Alors que les pieds d’arbre, les allées ou les trottoirs étaient traditionnellement « nettoyés » à l’aide de produits phytosanitaires et de pesticides, les démarches sans pesticide laissent place à un nouveau paysage urbain.» 124 En 2009 – 2010, La société Plantes et Cités a mis en place une enquête permettant de comprendre les perceptions du publics sur la végétation spontanée. Malgré le fait que nombreux soient indifférents à la question, il est important de retenir certains points. Ce qui plaît particulièrement, c’est la présence de fleurs et de couleurs. A l‘inverse, l’absence d’intervention de l’Homme et la présence d’espèces qualifiées de « piquantes » déplaisent. Parmi le panel hétérogène constitué de 420 personnes, 14% d’entre eux associent cette flore à de la saleté lorsqu’ils doivent répondre à ce qui leur déplaisent. 125 Il est donc possible de considérer que ce n’est pas la flore en soit qui déplaît mais davantage l’absence de maîtrise de la part de l’Homme. Par opposition, la grille est notamment appréciée lorsqu’elle permet de contrôler l’insertion du végétal dans le milieu urbain. Cette étude permet donc de comprendre que la grille d’arbre est souvent mieux reçue car elle fait « propre ». C’est d’ailleurs ce que plusieurs interlocuteurs m’ont affirmé car elle met en valeur le pied de l’arbre, habille la voirie à travers les motifs du mobilier et permet une intégration entre l’arbre et le revêtement de sol. Depuis 2008, plusieurs expérimentations sont lancées. « Une centaine de rues, sur un patrimoine communal de 1 200 rues (soit 400 km), sont actuellement en test « zéro pesticide ». Les quais de bord de Maine sont entretenus avec le procédé «waipuna» (désherbage à la mousse de coco) ». 126 La gestion de ces espaces s’aligne sur une tolérance de la végétation spontanée. Lorsqu’elle n’est pas désirée, les méthodes telles que l’arrachage manuel ou mécanique sont privilégiées tout comme la mise en place de paillage.

124. AIME-SAINTES Jeanne et PROVENDIER Damien, « Des perceptions différentes sur les plantes spontanées », in Mieux intégrer la flore spontanée en ville, n°1, Angers, plantes et cités, 2015, p12. 125. Idem. 126. En ligne : http://www.angers.fr/fileadmin/plugin/tx_dcddownloads/Info_Zero_Pesticide.pdf consulté le 06/05/2018.

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Figure53. Tapis de sedum au pied des arbres, En ligne : https://www.plante-et-cite.fr consulté le 12/03/2018.

Enfin, la ville expérimente et développe des méthodes innovantes pour intégrer une végétation au pied des arbres. Les gestionnaires des espaces verts de la ville ont travaillé avec la société d’ingénierie horticole Plantes et Cités. L’objectif du projet développé consiste en la « végétalisation des stabilisés sur trottoirs, des terre-pleins centraux, pieds d’arbre d’alignement...en conditions agronomiques très limitantes […] La ville d’Angers sur les secteurs boulevard Beaussier, Arago, rue de la Meignanne, rue Henri Arnauld, allée du Grand Servial expérimente une végétalisation de ces surfaces, à partir de Sedum implantés sous forme de tapis pré-cultivés en pépinières. L’objectif de gestion au terme de la phase d’installation est le plus extensif possible... »127 Ce projet mené en 2009 permet aujourd’hui un recul et de tirer des observations sur ces méthodes. Olivier Damas en charge du projet m’a fait part des limites de l’expérience lors d’un e-mail. «Sachez qu’avec le recul sur l’expérience les Sedum ont montré des limites dans leur pérennité, dû en majorité aux piétinements, et autres réalités urbaines, pour lesquelles le Sedum est très sensible. Il vaut mieux végétaliser en vivaces plus grandes (certains Sedum compris), qu’en tapis ».128 Depuis, la ville continue d’expérimenter des traitements s’appuyant sur le végétal pour traiter les pieds d’arbre. La création d’une nouvelle ligne de tramway passant notamment par l’avenue Patton sera le support d’expérimentation. Des essais à base de 35 mélanges de semis différents seront appliqués pour traiter au mieux le pied des nouveaux arbres qui seront plantés de part et d’autre de l’avenue.129 127. En ligne : https://www.plante-et-cite.fr consulté le 12/03/2018. 128. DAMAS Olivier Chargé de mission «Agronomie, sols urbains / Innovation végétale» société Plante & Cité, Angers, échange par mail à compter du 25 / 01/ 2018. 129. BLANCO Philippe, Responsable Gestion Patrimoine, direction Parcs Jardins et Paysages d’Angers Loire Métropole, entretien téléphonique le 02/02/2018.

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L’étude cas de la ville d’Angers montre qu’il est compliqué de se passer totalement de ce produit car la grille répond à de nombreuses contraintes qu’il est difficile de compenser totalement par d’autres méthodes. Par ailleurs, le développement de surfaces perméables et plantées au pied des arbres assurent de bonnes conditions pour l’épanouissement des sujets. Cependant, l’incapacité à traiter l’ensemble des espaces de cette manière génère des situations complexes révélant la confrontation entre le milieu urbain et le développement de l’arbre. Pour assurer au mieux la porosité des pieds d’arbres sans utiliser de grilles, la ville se tourne vers des méthodes innovantes qui atteignent par ailleurs leurs limites. Bien que la grille d’arbre soit concurrencée par un ensemble d’autres procédés, elle semble avoir encore de longs jours devant elle. Les fabricants ne sont pas inquiets pour son avenir. Madame Catherine de la société de mobilier urbain Signeu Graff affirme : « Vous savez les grilles d’arbres ce sera toujours un sujet. […] en milieu urbain, sur les voiries, en hyper centre-ville … là en général on retrouve beaucoup de grilles […] Tout dépend du lieu d’implantation, mais nous ne remarquons pas de baisses particulières ».130

130. Annekathrin CATHERINE Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018.

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Par sa simple présence, la grille d’arbre participe véritablement à l’architecture du sol. La répétition de ses motifs au rythme des arbres d’alignement structure l’espace public. Elles font partie « du paysage de nos semelles »131 pour reprendre les mots de David Mangin. La diversité des formes et des matériaux dialoguant avec les revêtements de sol génère autant de combinaisons possibles pour construire l’espace public. Sa capacité à s’adapter lui assure une place dans le paysage urbain au fil des siècles car la grille d’arbre subit différentes temporalités. D’une part elle doit s’adapter à la croissance de l’arbre, ce qui relève d’une temporalité courte. D’autre part, elle doit s’adapter à l’évolution des pratiques urbaines mais aussi à celles de la conception de l’espace public, ce qui relève d’une temporalité plus longue. Sa capacité à être déclinée et réinventée selon chaque situation, lui assure une place tant dans la ville du XIXe siècle que dans la ville du XXIe siècle. Alors que la ville est sans cesse réinventée, la grille d’arbre l’est aussi. Les acteurs participant à la fabrication et à la gestion des villes ont considérablement changés ces 150 dernières années. La grille d’arbre participe pleinement à la fabrication du paysage urbain dès lors qu’elle est pensée par les concepteurs ou en pluridisciplinarité avec les concepteurs d’hier et d’aujourd’hui. En effet, un modèle développé spécifiquement pour son lieu d’implantation, rompt d’une part avec la banalisation ou la standardisation de l’espace public. Ce modèle renforce également l’identité du lieu, assurant d’autant plus la légitimité de sa présence. 131. MANGIN David, une apparente simplicité, In : Paris projet, espaces publics, n 30-31. APUR, 1993. p53.

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La grille d’arbre joue encore un rôle essentiel dans la fabrication de l’espace public, car elle a cette capacité à dépasser son rôle fonctionnel envers l’arbre. Elle peut constituer un symbole, un patrimoine, ou devenir un support d’expression. Le modèle identitaire propre à une ville, prend de plus en plus de sens dans un contexte de métropolisation des villes françaises. La grille permet aujourd’hui de signifier qu’un lieu est rattaché à une métropole montrant un enjeu politique. C’est aussi la prise en considération de ce produit par les gestionnaires qui lui assure un devenir. Les réflexions menées sur la gestion de la grille d’arbre furent tardives. Hormis Paris, les autres villes se sont questionnées sur le sujet que très récemment. La nécessité d’apporter un cadre à son usage, permet à la grille d’arbre de s’intégrer au mieux dans l’espace public. Cela révèle aussi une nouvelle approche passant du local au global car la grille d’arbre doit aujourd’hui s’intégrer dans une réflexion à l’échelle d’une ville ou d’une métropole. Parfois remise en cause par les politiques de développement durable et souvent jugée coûteuse, la grille d’arbre semble toujours trouver sa place en milieu urbain. Elle renforce même la sensation d’urbanité. La prise en compte de tous les enjeux qu’elle représentent lui assure encore un devenir. Cependant son usage n’est pas systématique et reste aujourd’hui très ponctuel. En France, environ 5% 132 des arbres plantés en espace public sont équipés d’une grille d’arbre.

132. Selon les chiffres recueillis par certaines villes Françaises (annexe 11).

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Annexes : Ces annexes sont d’une part constituées de documents permettant d’illustrer les produit proposés par les fonderies à la fin du XIXe siècle. Le modèles disposent également de précisions techniques, proposant ainsi une lecture plus complète du produit. D’autre part des illustrations complémentaires (Annexes 4 et 5) permettent de comprendre les proportions que peuvent prendre les dégradations de la grille d’arbre dans l’espace public. Les photos témoignent à la fois de sa vulnérabilité mais aussi de son imposant gabarit. Le produit non plus placé au sol mais à la verticale, rend compte de sa taille par rapport à une personne. Plusieurs documents tels que l’annexe 8, 9, 10 et 11 permettent également d’expliciter certaines affirmations. Ainsi des illustrations complémentaires apportent plus de clarté à certains propos développés dans le mémoire. Enfin ces documents annexes sont complétés par plusieurs entretiens téléphoniques réalisés lors de la phase de recherche. Contacter ces interlocuteurs est un moyen de générer des informations fiables sur la fabrication ou la gestion de la grille d’arbre. C’est également une façon de confronter les points de vue entre fabricants, gestionnaires et concepteurs. Les entretiens consultables en fichier audio concernent les acteurs suivants : - CATHERINE Annekathrin Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018 - DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017 - SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018

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Annexe 1

Type d’objet représenté: Équipement de la maison et du jardin Détenteur du document: ASPM Nom du catalogue: Bayard & Saint-Dizier - F4 N° de la planche: 321 Intitulé de l’oeuvre: Grilles d’arbres. En ligne : https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/bay_f4_pl321-grilles-darbres/ consulté le 04/04/2018

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Annexe 2 La fonte d’art, les premiers dérivés du modèles haussmannien. Détenteur du document: Bar le Duc, Nom du catalogue: Tusey Dufilhol et Chapal 1896 N° de la planche: 304,Intitulé de l’oeuvre: Ventouses, grilles d’arbre 99


Annexe 3

Type d’objet représenté: Équipement de la maison et du jardin, Détenteur du document: ASPM Nom du catalogue: Bayard & Saint-Dizier - F4 N° de la planche: 321 Intitulé de l’oeuvre: Grilles d’arbres Année de publication: Non précisé

100


Annexe 4 Des étudiants de la Sorbonne arrachent des grilles d’un arbre le 3 mai 1968 à Paris AFP/Archives En ligne : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2018/03/19/mai-68-vu-par-l-afp-dans-lasorbonne-occupee,2303991.php consulté le 14/02/18

Annexe 5 « On replace les grilles d’arbres après les émeutes du 6 février 1934» A Paris France, https://www. gettyimages.fr consulté le 10/05/2018. 101


Indice 0 30 NOVEMBRE 2010

FONDERIES DECHAUMONT GRILLE D’ARBRE PARIS

Espacement barreaux <20mm

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1415

Ø 900

40

15

12069267

1415

1415

Ø 1000

40

15

SERIE : Fiche technique, Grille d’arbre de Paris PMR Annexe 6 fonte  Matériau EN-GJS-500-7 DECHAUMONT  Revêtement bitumineux Jean-Baptiste, Chef d’entre Norme handicapé espacement < 20 mm prise de la FONDERIESbarreaux DECHAUMONT à 29Boulevard Joffrery – BP 50305 – 31605 Muret Cedex Toulouse. Tel : 05.34.46.02.30 – Fax : 05.61.56.19.63 102 E-mail : fd@fonderies-dechaumont.com


Annexe 7

Brevet d’invention, Kronimus Martin, 1995, INPI, En ligne : https://bases-brevets.inpi.fr, consultÊ le 15/12/2017. 103


Annexe 8

MANGIN David, une apparente simplicitĂŠ, In : Paris projet, espaces publics n 30-31. APUR, 1993. p57.

104


Annexe 9

Streetlife, mobilier urbain, produits pour arbres : collection 2016-2017, Leiden, streetlife, 2016, p54.

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Annexe 10

Figure54. Wassily KANDINSKY; Soft Hard 1927

Figure55. Feat of Klee (1938) Photo: Kunstmuseum Basel

Figure56. Broadway boogie woogie de Piet Mondrian 1943, 127cm x 127cm, Musée d’art moderne de New-York

Figure57. Henri Matisse, The Sheaf, 1953© Succession Henri Matisse/DACS 2014

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Annexe 11

23 000 arbres / 1840 grilles / 8%

38191 arbres / 3129 grilles / 8,1%

3285 arbres / 69 grilles / 2%

24850 arbres / 1200 grilles / 4,8%

16000 arbres / 200 grilles / 1.25 %

- Toulouse : D’après la Direction des Jardins et Espaces Verts, mairie de Toulouse, Mail reçu le 22/01/2018. - Lyon : D’après l’exploitation de l’open data Arbre d’alignement, en ligne : https://data.grandlyon. com/environnement/arbre-dalignement-mftropole-de-lyon/ consulté le 10/20/2018. - Brest : D’après Sophie MANCELON, Assistante de direction - Espaces verts. Mail reçu le 05/12/2018. - Strasbourg : BRUCKER Christiant responsable du patrimoine arboré de Strasbourg, entretien téléphonique le 14/11/2017. - Angers : D’après BLANCO Philippe, Responsable Gestion Patrimoine, direction Parcs Jardins et Paysages d’Angers Loire Métropole, entretien téléphonique le 02/02/2018.

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108


Bibliographie : ALPHAND Adolphe, LES PROMENADES DE PARIS, BOIS DE BOULOGNE, BOIS DE VINCENNES PARCS, SQUARES, BOULEVARDS, Paris, J. Rothschild éditeur, 1867-1873. BARLES Sabine, La ville délétère, médecins et ingénieurs dans l’espace urbain XVIII-XIXe siècle, col. Champ vallon, 1999. (cet ouvrage permet de comprendre le rôle des ingénieurs et des médecins dans le processus d’assainissement des villes et notamment celle de Paris). BLANC Nathalie, Les nouvelles esthétiques urbaines, Paris, Armand Colin, 2012. CHARGUERAUD. A, Les arbres de la ville de Paris, Traité des plantations d’alignement et d’ornement dans les villes et sur les routes, 1896. CONRAUX Aurélien (dir.) HAQUIN Anne-Sophie (dir.) MENGIN Christine (dir.) Richelieu : Quatre siècles d’histoire architecturale au cœur de Paris, BnF Éditions INHA, 2017. DE MOCAN Patrice, Les jardins d’Haussmann-Paris, Paris, les éditions du mécène, 2009. DE THEZY Marie, MARVILLE PARIS, Paris, hazan, 1998. DES CARS jean, PINON pierre, Paris Haussmann, Paris, pavillon de l’arsenal, 1991 DUBY Georges, Histoire de la France urbaine. Tome 4, La ville de l’âge industriel : le cycle haussmannien, Seuil - DL 1983. KREBS Stéphane, Guide d’inspiration paysagère Jardin, Paris, Favre, 2016. GILLIG Charles-Matern, BOURGERY et AMANN Nicolas, L’arbre en milieu urbain conception et réalisation de plantations, Infolo, 2008. KRAUEL Jacobo, BROTO Carles, Eléments urbains design contemporain, links, 2010 p.202-211 LAURENT Stéphane, Chronologie du design, Paris, flammarion, 1999. LEMOINE Bertrand, Mimram Marc, Paris d’ingénieurs, édition du pavillon de l’Arsenal, Paris, 1995. LENOBLE Robert, histoire de l’idée de nature, Publié par Paris Albin Michel, 1969. MAGNIN-GONZE Joëlle, Histoire de la botanique, Delachaux et Niestlé, Paris, 2004. MUSY Marjorie (coord.)Une ville verte, les rôles du végétal en ville, Versailles, éditions QUAE, 2014.

109


MAILLIET Laurent et BOURGERY Corinne, L’arboriculture urbaine, collection mission du paysage (Institut pour le développement forestier). PINON Pierre, Atlas du Paris haussmannien : la ville en héritage du Second Empire à nos jours, Parigramme, 2002. RENARD Jean-CLaude, L’âge de la fonte. Un art, une industrie, 1800-1914, Paris, Les Editions de l’amateur, 1985, SIMON Philippe, Les 1ères fois qui ont inventé Paris, Paris, Pavillon de l’Arsenal, Picard, 1999. STEFULESCO Caroline, L’urbanisme végétal, collection mission du paysage (Institut pour le développement forestier).

Revues : PLANTES ET CITES, Mieux intégrer la flore spontanée en ville, n°1, Angers, Plantes et cités, 2015. PLANTES ET CITES, Des solutions végétales pour la ville, n°2, Angers, Plantes et cités, 2016. STREETLIFE, Mobilier urbain, produits pour arbres, Leiden : Streetlife, 2016.

Document en ligne : CORVOL André, La nature en ville, XVIIe-XXe siècle, cahier d’étude forêt, environnement et société, 1994. http://infodoc.agroparistech.fr/doc_num_data.php?explnum_id=5291 consulté le 17/11/2017

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DUBOST Françoise, BERNADETTE Lizet, La nature dans la cité De l’hygiénisme au développement durable, Bienfaisante nature, 2003. http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_2003_num_74_1_2125, consulté le 18/11/2017.

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HAUSSMANN Georges Eugène, Mémoires du Baron Haussmann. 1893. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6417109p.r=plantations%20haussmann?rk=21459;2, consulté le 27/11/2017

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SOARES Isabelle, VANDROUX Béatrice, MAGALON Nicolas, Référentiel conception et gestion des espaces publics, Grand Lyon, 2010. https://www.grandlyon.com/pratique/publications-voirie.html consulté le 20/02/2018.

TORTOCHOT Éric (coord), Design(s) de la conception à la diffusion, Rosny-sous-bois, Bréal, 2004. https://books.google.fr/books?id=znfWxf0SE2MC&pg=PA28&lpg=PA29&ots=z926AnBKK0&focus=viewport&dq=corset+d%27arbre+haussmannien&hl=fr#v=onepage&q=corset%20d’arbre%20haussmannien&f=false, consulté le 15/02/2018.

Sitographie : https://www.delcampe.net/fr/collections consulté le 10/10/17 https://vicedi.com/trottoirs-de-paris/ consulté le 15/10/17 http://bases-modeles.inpi.fr consulté le 14/11/17 (intérêt pour les brevets d’invention) https://www.inpi.fr consulté le 14/11/17 (intérêt pour les brevets d’invention) https://www.grandlyon.com/metropole/59-communes.html consulté le 18/04/2018 https://informations.handicap.fr/art-accessibilite-20-2964.php consulté le 01/05/2018 http://www.expositions-universelles.fr/1900-exposition-universelle-Paris.html consulté le 08/05/2018.

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Entreprises/ Fabricants consultation en ligne : http://www.ghm.fr consulté le 10/10/17. https://www.area.fr consulté le 11/10/17. https://www.streetlife.fr consulté le 22/10/17. https://www.sineugraff.com/fabricant-mobilier-urbain consulté le 22/10/17. http://www.seri.fr/grille-d-arbre-mondrian_prd_140_fr.html consulté le 22/10/17. http://canterbury-designs.com consulté le 22/10/17. http://www.archiexpo.fr consulté le 22/10/17. http://www.acropose.com consulté le 23/10/17. http://emea.ejco.com consulté le 07/11/17 (en contact pour récupérer des documents notamment sur l’histoire de la production de la grille d’arbre). http://www.galeriecoutier.com/fr/node/68 (consulté le 25/03/18). http://www.toleriefine-metallerie.com consulté le 01/04/18. http://www.escofet.es/ consulté le 02/01/2018. http://www.galeriecoutier.com/fr/node/68 consulté le 23/03/18. http://www.francinox.com/fr/mobilier-urbain/grille-arbre-en-inox consulté le 02/04/2018. http://www.univers-et-cite.com/ consulté le 03/04/2018. http://triplaitaly.com/homepage/triplaurbano/ consulté le 04/04/18. http://pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?pid=94315 consulté le 09/04/2018.

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« Paris l’instant » de Philippe Delerme. http:/florentin.over-blog.org/page/12%20 consulté le 25/10/17 .

Jean Marc bonnard. Plasticien, sculpteur, designer. http://jeanmarcbonnard-art.blogspot.fr/p/design.html consulté le 09/04/2018.

Le blog du cours Victor Hugo à Bordeaux http://www.hugo-blog.com/?p=139 consulté le 09/04/2018.

112


Archives : Archives de Saint-Gobain. Consultation le 05/12/17. Centre d’archive municipale d’Angers. Consultation le 09/02/2018.

Entretiens et contacts : BLANCO Philippe Responsable Gestion Patrimoine, direction Parcs Jardins et Paysages d’Angers Loire Métropole, entretien téléphonique le 02/02/2018. BRUCKER Christiant responsable du patrimoine arboré de Strasbourg, entretien téléphonique le 14/11/2017 CATHERINE Annekathrin Responsable Marketing, Signeu graff, entretien téléphonique le 21/03/2018 (voir fichier audio). DAMAS Olivier Chargé de mission «Agronomie, sols urbains / Innovation végétale» société Plante & Cité, Angers, échange par mail à compter du 25 / 01/ 2018 DECHAUMONT Jean-Baptiste, Chef d’entreprise de la FONDERIES DECHAUMONT à Toulouse, entretien téléphonique du 28/11/2017 (voir fichier audio). LANDAU Bernard, nommé chef du Service de l’Espace public et du Mobilier Urbain à la Direction de l’Aménagement Urbain de la Ville de Paris de 1994 à 2001. Échange par mail en mai 2018. SEGUR Frédéric, Responsable service Arbres et Paysage, Patrimoine Végétal, Métropole de Lyon, entretien téléphonique le 18/04/2018 (voir fichier audio).

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Remerciement Je remercie tout d’abord Éric Monin ainsi que Catherine Blain pour m’avoir accompagné dans ce travail d’initiation à la recherche. Ils ont su me guider dans mes investigations et dans mes réflexions. Je tiens également à remercier l’ensemble des interlocuteurs que j’ai pu côtoyer pour m’avoir apporté de précieuses informations ainsi que leur point de vue varié sur le sujet. Enfin je remercie ceux qui m’ont entouré durant la réalisation de ce travail pour m’avoir apporté leur point de vue critique ainsi que leur aide dans la relecture de ce mémoire.

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Présente depuis plus de 150 ans, la grille d’arbre ponctue les trottoirs au rythme des arbres d’alignement. Elle trouve également sa place sur les parkings ou autres surfaces minérales plantées. Ce travail propose un regard exclusif à travers le temps sur cet objet souvent peu considéré. Pourtant, ce véritable mobilier urbain soulève de nombreuses questions. Comment expliquer la présence des grilles d’arbre sur les trottoirs de nos villes ? Comment a-t-elle évoluée ? Quel est son impact et sa relation avec le paysage urbain ? Le design, la fabrication mais aussi les matériaux utilisés ou encore l’économie engendrée sont autant d’éléments abordés permettant de rendre compte de sa complexité. Voilà une mise en lumière sur cet objet bien méconnu.

Present for more than 150 years, the tree grate punctuates sidewalks at the rhythm of alignment trees. It also finds its place on car parks or other planted mineral surfaces. This work offers an exclusive attention through time on this object not very well-known. Yet this urban furniture raises many questions. How to explain the presence of tree grates on the sidewalks of our cities? How did she evolve? What is its impact and its relationship with the urban landscape? The design, the production but also the materials used or the economy express all the complexity of this product. This is a highlight on this object not very well-known.

Fonte 116

Mobilier urbain

pied d’arbre

Alphand

Grate tree


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