Album digital sur la page de garde crée par l’auteur
Remerciements
Je voudrais tout d’abord adresser toute ma reconnaissance à la directrice de ce mémoire, Madame Es-Sallak Nada, pour sa patience et son implication. Je la remercie pour ses remarques pertinentes et le temps qu’elle a consacré à m’apporter les outils méthodologiques indispensables à la conduite de cette recherche.
Mes remerciements vont aussi à mon encadrant Monsieur Laaroussi Ahmed, sa disponibilité et ses judicieux conseils ont fortement contribué à alimenter ma réflexion et m’ont permis de pousser plus loin ma recherche.
Je désire remercier les membres du jury et les professeurs de l’Ecole Nationale d’Architecture de Fès, qui m’ont fourni les outils nécessaires à l’élaboration de ce mémoire.
Je voudrais exprimer toute ma gratitude à ma famille : Ma mère, mon roc, mon abri et refuge, mon père, mon repère et mon sauveteur, et ma petite sœur, ma source d’espoir et d’optimisme. Je m’estime chanceuse de vous avoir à mes côtés. Merci d’être toujours là, de m’avoir accompagné, aidé et encouragé à franchir cette épreuve qui ne sera pas la dernière. Je ne serai pas là où j’en suis sans ma grande famille, mes tantes, oncles et cousins, merci du fond du coeur. Un grand merci à mes amis qui m’ont épaulé et soutenu lors de ces recherches. Ils se reconnaîtront :) <3.
Interprétation de l’imbrication de plusieurs concepts dans la définition du littoral et son usage. Photographie et édition par l’auteur - Littoral de la ville de Tanger
Lelittoral est un territoire, il est par conséquent le champ d’exercice d’un pouvoir et le support de représentations et pratiques sociales; un ensemble de lieux impactés par les individus qui y habitent et impactant réciproquement leurs spatialités respectives. Le littoral est aussi un paysage, à la fois matériel et idéel, perçu et vécu. Ce paysage original correspond aux caractéristiques environnementales du lieu et associe un objet qui est vu, et un sujet qui voit et qui interprète ce qu’il voit.
Ces deux aspects fondamentaux (territoire/paysage) de ce que peut représenter le littoral ont été pris en considération pour l’étude du phénomène de littoralisation, de l’interaction entre paysage et urbanisation sur le littoral : il s’agit là d’une tentative de saisir ce qui fait la matérialité du paysage et la manière dont il est perçu et valorisé de façon à aboutir à la territorialisation des individus et une modification, au final, du territoire.
En transposant ces notions générales au cas particulier de la ville côtière de Saidia et en introduisant les problématiques spécifiques auxquelles elle fait face en tant que station balnéaire, nous nous doteront des outils et instruments nécessaires afin d’appréhender le développement de la station touristique à une échelle globalisante. Notre intention est d’ouvrir le champ de réflexion d’une perspective limitative d’un développement touristique balnéaire à un développement ancré dans une réalité sociale, politique, environnementale à caractère régionale qui alimente celle locale. Il s’agit de voir la problématique de la saisonnalité de la station balnéaire de Saidia comme la partie émergée de l’iceberg et de saisir l’opportunité d’y voir plus qu’une aubaine d’un développement immobilier justifié par l’aménité paysagère du lieu, et de la considérer autant qu’une occasion de nous pencher sur les possibilités d’un développement alliant attractivité et durabilité territoriale.
Résumé
Abstract
The coastline is a territory, consequently it’s a field of exercise of power and a support of representations and social practices; a set of places impacted by the individuals who dwell in them and whose respective spatialities are reciprocally impacted by their actions. The coastline is also a perceived and experienced landscape, it deeply associates an object which is seen and a subject who sees and interprets what he sees.
These two fundamental aspects (territory/landscape) of what the coastline represents have been taken into consideration for the study of the phenomenon of urbanization on the coastline and its interaction with the landscape: this is an attempt to grasp what makes the materiality of the landscape and the way it is perceived and valued in such a way as to lead to the territorialization of individuals and the evolution, ultimately, of the territory.
By transposing these general concepts to the particular case of the coastal city of Saidia and by introducing the specific problems it faces as a seaside resort, we will provide ourselves with the tools and instruments necessary to apprehend the development of the tourist resort on a global scale. We intend to open the field of reflection from a limiting perspective of a tourist seaside development to a development anchored in a social, political, and environmental reality at a regional scale that impacts the local one. The problem of the seasonality of the seaside resort of Saidia as it presents itself is only the emergent part of the iceberg, the matter here is seeing more than just an opportunity for a real estate development that could be justified by the landscape amenity of the place, we need to consider it as much as an occasion to lean on the possibilities of a development allying attractiveness and territorial sustainability.
نم ةعومجم هنا ؛ةيعماتجلاا تاسرمالماو تلايثمتلا معدو ةطلسلا ةسرمالم ناديم وهف لياتلابو ،ةقطنم وه لحاسلا ا ضيأ لحاسلا برتعي .مهلاعفأب ليدابت لكشب مهنكامأ رثأتت نيذلاو اهيف نونكسي نيذلا دارفلأا اهب رثأتي يتلا نكاملأا تايوتسم لىع ،ناكملل ةيئيبلا صئاصخلا عم قفاوتي وهف ،سرمام و كردم ،ءاوس دح لىع ليايخ و يدام ا يعيبط ادهشم هاري ام سرفيو ىري ا عوضومو ،ىر ي ا نئاك يعيبطلا دهشلما طبري .ةئيبلا هذه نم هكاردإ متي ام لثيمو ،ةفلتخم لىع ضرحتلا ةرهاظ ةساردل رابتعلاا في ليحاسلا طخلا هلثيم الم )دهشم / ةقطنم( ينيساسلأا ينبناجلا نيذه ذخأ مت اهيلإ رظن ي يتلا ةقيرطلاو يعيبطلا رظنلما ةيدام لعجي ام مهفل ةلواحم هذه :ةيعيبطلا رظانلما عم هلعافتو لحاسلافاطلما ةياهن في ةقطنلما ليدعت و دارفلأا ةملقأ لىإ يدؤت ثيحب اهريدقتو اهب ةددحلما لكاشلما ميدقت للاخ نمو ةيلحاسلا ةيديعسلا ةنيدلم ةصاخلا ةلاحلا لىإ ةماعلا ميهافلما هذه لقن للاخ نمنحن .عساو قاطن لىع يحايسلا عجتنلما روطت مهفل ةمزلالا تاودلأاب انسفنأ دوزنس ،ليحاس عجتنمك اههجاوت يتلا يعماتجا عقاو لىع زكترت ةيمنت لىإ يحايسلا رحبلا ئطاش ريوطتل دودحم روظنم نم يركفتلا لاجم حتف لىع نومزاع تسيل اهسفن حرطت ماك ةيديعسلا عجتنلم ةيمسولما ةلكشلما .ليحلما عقاولا لىع رثؤي يميلقإ قاطن لىع يئيبو سيايسودهاشلماب هريبرت نكيم يراقع ريوطتل ةصرف درجم نم ثركأ ةيؤر مزلتسي انه رملأاف ،ةلكشلما نم يحطسلا ءزجلا ىوس ةيميلقلإا ةمادتسلااو ةيبذاجلا ينب عمجت يتلا ةيمنتلا تايناكمإ في رظنلل ةصرف اهبرتعا و لب ،ناكملل ةزيملما ةيعيبطلا
صخلم
1. Zone sinueuse où s’établit le contact entre la mer ou un lac et la terre. (Le terme a un sens plus large que rivage et côte, qui désignent respectivement les domaines du littoral soumis directement ou indirectement à l’action de la mer.)
2. Ensemble des côtes d’un pays, d’une région, d’un océan, d’une mer : Le littoral de la France, de la Bretagne, de l’Atlantique, de la Manche.
Mouvement de concentration croissante des populations et des activités industrielles ou touristiques sur les parties littorales des continents.
1. Portion de l’espace terrestre dépendant d’un État, d’une ville, d’une juridiction ; espace considéré comme un ensemble formant une unité cohérente, physique, administrative et humaine : Le territoire national.
2. Étendue dont un individu ou une famille d’animaux se réserve l’usage.
3. Espace relativement bien délimité que quelqu’un s’attribue et sur lequel il veut garder toute son autorité : Sa chambre, c’est son territoire.
1. Étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle : Paysage forestier, urbain, industriel.
2. Vue d’ensemble que l’on a d’un point donné : De ma fenêtre, on a un paysage de toits et de cheminées.
1. Action de gouverner ; manière de le faire.
•Bonne gouvernance : Capacité d’un gouvernement à gérer efficacement les ressources économiques et sociales d’un pays et, le cas échéant, à mettre en oeuvre des politiques pertinentes en vue de son développement, dans la transparence et le respect de l’État de droit et des institutions.
Processus par lequel les populations humaines modifient ou transforment l’environnement naturel. (La déforestation, l’élevage, l’urbanisation et l’activité industrielle sont parmi les principaux facteurs d’anthropisation.)
Glossaire Source
Larousse.fr Littoralisation Territoire Paysage Gouvernance Anthropisation
Littoral
:
1. Le littoral anthropisé : ville côtière et station balnéaire
LalittoralisationouL’urbanisationaulittoral
a. Typo-morphologie des littoraux b. Le tourisme balnéaire catalyseur du phénomène d’urbanisation c. Stratification urbaine dans les premières villes balnéaires françaises
2. Le littoral : Un paysage désiré, unespace convoité
Lepaysagelittoralmatérieletimmatériel
a. Paysage matériel et visible b. Représentation du paysage et ses usages c. Importance des vues dans le désir du littoral
3. Le littoral : Un paysage support de représentations
D’unespaceàunlieuàdesmodesd’habiter
a . Espace contenant / Espace contenu b. Espace perçu / Espace vécu c. Habiter le littoral : de l’espace au lieu
Chapitre Introductif Avant propos Résumé Glossaire 03 04 05 06 07 08 09 Sommaire ... I. II. La construction d’une territorialité littorale : Paysage et Représentations Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance 1. Exposition du sujet et problématique de recherche a. Constat B. Problématique C. Question principale D. Hypothèse 2. Méthodologie de la recherche 3. Intérêt de la recherche 4. Cadre théorique a. Etat de l’art et Positionnement
12 14 17 18 20 21 23 26 29 CONCLUSION Partie I 30
Synthèse d’analyse
1. Un espace gouverné, un paysagepréservé ?
Structurationdesdynamismesd’actionssurle littoralmarocain
a. Définition spatiale du littoral marocain b. Le territoire : système d’acteurs et d’actions c. Gouvernance de l’espace littoral d. Cadre juridique spécifique du littoral
2. Le tourisme balnéaire : Forme d’acculturation du Marocain Miseenperspectivehistorique
a. Rapport du marocain à la mer b. Entre le sacré et le ludique : Le Moussem et les pratiques balnéaires c. Développement du tourisme balnéaire au Maroc d. Le balnéaire à Saidia : Une identité cachetée française
CONCLUSION Partie II Synthèse Partie I & II
2. Pistes et outils de diversification de l’offre touristique
a. Comparaison des stratégies touristiques à l’international b. L’économie de la connaissance : La recherche, la création et l’innovation c. Le tourisme créatif : Une niche thématique à jour d. La scénographie urbaine et l’événementiel comme outil de mise en tourisme de l’espace
CONCLUSION partie III
III. IV.
Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
1. Présentation et Diagnostic
a. Le balnéaire au Maroc : Vision et Stratégies de développement b. Opportunités et complémentarités fonctionnelles à l’Oriental c. Saidia : entre potentialités et mono fonctionnalité – Analyse thématique
Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
1.
d’aménagement
2. Le projet
Note finale Bibliographie
Vision
Site d’intervention
Logique d’intervention
Proposition
a.
b.
c.
Le Corridor
Les
programme D. organigramme E. zone
33 34 35 36 37 41 43 47 57 58 69 80 81 83 86 89 50 52 129 130 77 91 100 102 104 108 112 92 96 97
a.
b.
Séquences C.
détaillée : Le Quartier Culturel créatif
J’ai
passé la plupart des étés sur les plages dorées de la ville de Saidia, un souvenir qui me réjouit et qui suscite récemment un certain nombre de questionnements : Comment s’attache une personne à un espace ? Et à un espace naturel en particulier ? Quel est le rapport de l’être humain au littoral ? Pourquoi qu’en se remémorant la ville de Saidia, l’image du paysage marin me vient en premier et non pas celui de la ville ? De ce fait quel est le rapport de la ville à la mer ? Pourquoi les souvenirs les plus marquants de cette ville ne se sont produits qu’en été ?
Si l’on considère le littoral en tant que territoire, quels sont les imaginaires derrière la création de notre territorialité ? Quelle est la principale raison derrière le phénomène de la littoralisation ? Quels sont les enjeux et perspectives spatio-temporels d’une ville côtière de loisir ?
Bien qu’il serait intéressant de considérer ces questionnements de point de vue de la mémoire et de l’apport de l’émotionnel dans la construction de la mémoire individuelle et l’histoire collective, il m’est apparu plus judicieux, en prenant en considération les enjeux auxquels fait face le littoral de nos jours, de traiter le sujet de l’optique du territoire, de la territorialité des acteurs et la territorialisation des actions, l’acteur étant un « opérateur générique doté d’une capacité d’agir » (Guy Di Méo, 2006).
Avant propos
•
•
Chapitre Introductif
1. Exposition du sujet et problématique de recherche
A. Constat
2 Chapitre Introductif
Contexte
général
Contexte
particulier
Par l’auteur
Saidia
Lelittoral est à la fois un territoire dans sa définition géographique, politique, juridique et socio-spatiale, il est un paysage ou une série de paysages, mais aussi un support d’activités selon un nombre de représentations sociales et pratiques urbaines associées à cet espace.
Les sociétés entretiennent des relations particulières avec les territoires qu’elles investissent. A travers les cinq sens et la vue en particulier, elles prennent conscience de leur environnement et des paysages qui les entourent. Ces derniers deviennent par un processus d’appropriation vecteur de sens, chargés d’émotions ; un outil puissant dans la projection ou le renouvellement d’une réalité urbaine.
« Le territoire se traduit dans les consciences par des images et par des paysages familiers, vecteurs de fortes charges émotionnelles. Il résulte cependant d’une lente structuration de l’espacetemps dans laquelle interfèrent des facteurs d’ordre économique, géographique, politique et idéologique. Rarement figé, le territoire évolue en permanence au rythme des modifications que subissent ses éléments constitutifs » (Di Méo, 2006, cité dans Robert, 2019, p. 75).
Le territoire littoral connait un engouement pour ses qualités naturelles ainsi que pour son artificialisation qui manifeste son anthropisation. Le géographe Samuel Robert explique ce phénomène par deux ensembles de facteurs. Des facteurs de type anthropo-biologique qui sont derrière le fait que l’être humain entretient un intérêt pour « la mer, et par extension pour les paysages de l’eau, les grands espaces dégagés, les immensités » (Robert, 2019, p. 56). Gaston Bachelard a également évoqué la notion de capacité de l’eau à inspirer l’Humain et lui permettre d’alimenter des réflexions sur lui-même. « La mer est pour tous les hommes l’un des plus grands, des plus constants symboles maternels » (Bachelard, 1942, cité dans Robert, 2019, p. 56).
Le deuxième ensemble expliquant la fréquentation
massive des littoraux du monde est rattaché à la valorisation sociale et culturelle de ces milieux suite à l’affirmation des sociétés de loisirs, et pour cause la révolution industrielle qu’a connue le monde après la deuxième guerre mondiale. Un changement drastique a été relevé dans les pratiques récréatives des sociétés occidentales principalement. Plusieurs facteurs ont permis la généralisation de ces pratiques et les nouvelles valeurs qui s’en suivent, dont notamment la colonisation (dans le cas marocain en particulier), la mondialisation, le tourisme international... S’occuper de soi, se divertir, et avoir un contact avec la nature sont devenus des valeurs cardinales des sociétés d’aujourd’hui.
Le territoire littoral subit une forte pression urbaine, surtout au niveau des villes côtières à vocation touristique dont il est le support. L’étalement des villes vient répondre à une demande touristique de plus en plus sollicitée grâce notamment au modèle urbain des stations balnéaires adopté au Maroc. On assiste à la multiplication frénétique de projets immobiliers et touristiques dans un laps de temps relativement court. Au législateur incombe alors la lourde tâche de formuler un compromis entre l’attractivité et la durabilité du territoire littoral.
Le Maroc dispose de 9 régions côtières et 145 plages sont déclarées zone de baignade. Selon une étude du département de l’Environnement au Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, les plages sont fréquentées pendant la période estivale par 1 million de personnes, avec une fréquentation moyenne quotidienne supérieure à 1500 estivants par plage par jour.
Parmi ces 9 régions figurent celle de l’Oriental, la ville de Saidia y est présente comme destination privilégiée de tourisme régional et national. Depuis l’an 2001, son statut a été renforcé par l’adoption de la stratégie de développement sectorielle : Plan Azur 2010 et Plan Azur 2020. Ces derniers avaient pour objectif d’augmenter le nombre de touristes accueillis par le pays par la création de six stations balnéaires dont la station Méditéranea à Saidia.
3 Mémoire de fin d’études
B. Problématique
Ces constats renferment un certain nombre de problématiques sur différents plans, tant le sujet Littoral est multidimensionnel. Il s’avère ainsi nécessaire d’approcher le sujet au niveau territorial pour mieux comprendre et appréhender le fonctionnement et les enjeux auxquels font face les espaces micro-territoriaux.
Sur la plan économique, il est à souligner que le tourisme en général et le tourisme balnéaire en particulier, ne sont pas des activités dont le succès peut être garanti et définitif. Ce secteur connait des cycles, il est également affecté par les crises qu’elles soient politique, économique, sanitaire … ainsi le développement d’une destination touristique connait une trajectoire fluctuante d’autant plus que la concurrence des destinations est accrue à l’échelle internationale. Dans le cas de la destination de Saidia, la durabilité du tourisme n’est pas garantie du fait du glissement des projets touristiques vers des projets immobiliers. Résultat : spéculation immobilière, mais la crise économique de 2008 n’a pas tardé à faire effondrer tout le secteur immobilier.
D’autre part la saisonnalité de la ville a un grand impact économique qui se manifeste par une flambée des prix pendant la période estivale pour compenser le manque d’activités pendant la période hivernale, ainsi tous les projets touristiques se trouvent abandonnés ou sous utilisés pendant une durée de temps conséquente. Le résultat est tel que les investisseurs fuient à la recherche de zone plus stable en matière de demande. Les marchands voient leur activité baissée et certains des restaurateurs ferment estimant que la marge de bénéfice ne suffit pour maintenir une activité pendant la période hivernale. Cette saisonnalité qui s’explique par l’accent mis sur le
balnéaire a aussi un impact social, il s’agit de tensions entre une population qui habite et une autre qui visite, un sentiment d’injustice et d’incompréhension peut être ressentie par la population locale qui se trouve dans l’obligation de se replier vers l’arrière-pays pour se loger, où le prix du foncier est abordable, alors que la population intermittente s’accaparent du bord de mer laissant les résidences vacantes pour une bonne partie de l’année.
Sur le plan environnemental, on assiste à la fortification dans l’inconscient des populations de stéréotypes paysagers afin de promouvoir le territoire littoral, ce marketing paysager entretient le désir du littoral et conduit inévitablement à son urbanisation. L’occupation dense du trait de côte entraine une dégradation du paysage à l’origine même de la valorisation du littoral. Précisons aussi que des prélèvements de matières premières (sable principalement) pour la construction des projets immobiliers se fait sur ces plages ce qui participe activement au recul du trait de côte.
D’après une enquête réalisée par le ministère de l’Equipement au Maroc, on a recensé la disparition de sept plages, seize autres connaissent une forte érosion sur un total de 47 plages étudiées. Les prévisions concernant l’évolution du trait de côte doivent prendre en considération les scénarios de changement climatique. Un risque de submersion marine est bel et bien réel, certains auteurs avancent une valeur moyenne d’élévation du niveau de la mer de 1 à 1,7 mm par an. Selon les scientifiques de la NOAA (La National Oceanic and Atmospheric Administration, en français l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), le pire des cas a été revu à la hausse et le niveau de la mer pourrait atteindre 2,5 m de plus par rapport au niveau enregistré en l’an 2000, et ce d’ici 2100.
4 Chapitre Introductif
La complexité de la problématique réside dans la recherche d’un compromis entre la variable environnementale et la variable économique. La seule qui trouve son compte dans cette situation de saisonnalité est la nature, elle reprend son droit, le paysage reprend ses couleurs originelles et tout est moins pollué, moins de pollution sonore, moins de pollution lumineuse, moins de pollution physique. Il est ainsi crucial, en plus de s’atteler au problème de l’attractivité de la ville, de revoir cet équilibre Homme/ Nature dans l’espace littoral et d’introduire le problème de durabilité du littoral.
Questions spécifiques
• Comment maintenir une vocation touristique tout en préservant les qualités paysagères littorales ? Quels enjeux pour une ville côtière à vocation touristique ?
• Comment se définit l’espace habité par rapport à l’espace visité ? Quelle relation le marocain entreprend-il avec la mer ?
• Quels sont les facteurs déterminants l’attractivité d’une station balnéaire ? Comment la culture et l’art peuvent-ils participer à l’expression d’une identité urbaine ?
5 Mémoire de fin d’études
Quel modèle de développement alliant attractivité et durabilité territoriale proposer pour la station de Saidia ? Par l’auteurSaidia
C. Question principale
D. Enonciation de l’hypothèse
Dans ce monde constamment en changement ; un fait qui peut être perçu comme étant positif dans la mesure où nous soyons tous à jour, aménageur, urbaniste et architecte inclus au premier rang ; il est tout à fait possible de déceler de nouvelles méthodes de développement innovantes pour atteindre les objectifs qu’on admet être l’attractivité du territoire et sa durabilité dans le sens de sa préservation, dans le cas du développement du littoral. Par le biais d’outils techniques et technologiques désormais vulgarisés permettant la découverte de sentiers non encore battus dans le domaine de l’aménagement, conception et design, on pourrait intégrer dorénavant de nouvelles notions dans l’équation de « durabilité + attractivité » définissant les perspectives actuelles de l’aménagement (promut par la loi littoral, la stratégie nationale de développement durable et ainsi que les documents de planification territoriale, du moins au niveau des points qui concernent le littoral où ils se rejoignent), à l’image de la notion de l’éphémère et du virtuel. Quel serait l’apport de l’éphémère et du virtuel dans la définition de l’identité d’un territoire, d’un paysage, d’une mémoire ?
La notion d’éphémère peut nous renvoyer en l’occurrence à une certaine mise en scène, une théâtralité de l’espace dans un créneau horaire particulier pour un but spécifique, on peut se référer dans ce contexte au domaine de la scénographie et de l’événementiel. Là encore, faire usage de l’évènement à lui seul comme levier de développement urbain est une idée consommée tant les exemples sont nombreux, de Cannes avec son festival du film, à Angoulême avec son festival de la bande dessinée en ne mentionnant que ceux au niveau de l’hexagone. Les exemples se multiplient à l’international également. Quant à la notion du virtuel, elle nous projette dans un futur dont on vit les prémices actuellement. Bien que cette notion soit une qualité qui s’intègre parfaitement de point de vue conceptuel à la notion d’attractivité (marketing urbain) et de durabilité (eg. via la réalité augmentée), elle n’est pour autant que très peu évoquée dans le monde d’aménagement pour ne pas dire d’architecture et de construction qui sont essentiellement définit par leur matérialité (actuellement du moins). Il est peut être difficile de s’imaginer vivre dans un monde totalement virtuel, bien que ceci se fait d’ores et déjà à travers les réseaux d’environnements virtuels (Metaverse), mais éviter toute interaction avec le sujet serait
une stagnation dans un monde qui va toujours de l’avant, ce qui veut dire qu’on serait en fait entrain de reculer plutôt que de stagner. On a évoqué jusque-là l’éphémère et le virtuel comme notions à investiguer. Il faut néanmoins préciser que ces notions introduisent des outils, des moyens qu’il va falloir définir le cadre dans lequel ils vont être mis en œuvre et surtout l’objectif à atteindre pour lequel il serait légitime de déployer de tel gros moyens. Or dès qu’il s’agit de développement territorial, un chantier manifestement grand, la légitimité de notre approche se trouve justifiée dans la mesure évidemment d’affirmer son efficacité.
Le tourisme balnéaire et particulièrement dans le cas de Saidia, bien qu’il soit générateur de revenus, présente un certain nombre de limites comme tout modèle économique et urbain. Comme précédemment évoqué, le secteur touristique est loin d’être le plus stable de tous les secteurs économiques mais il se trouve que même dans le cas de la meilleure saison que peut connaitre une ville balnéaire, une récession est inévitable et la raison est précisée implicitement dans ce qui précède : ‘La meilleure « saison »’ et non la meilleure année, le tourisme associé au contexte balnéaire réduit l’activité à une saison particulière : l’été. La période estivale touchant à sa fin, la ville entre dans une phase de « lits-froids » qui n’est pas sans conséquences sur les recettes de la commune et activité économique et commerciale de la population locale. Si la ville est très convoitée pour ses paysages naturels et artificialisés durant la saison estivale, il serait intéressent de se pencher dans un premier temps sur les mécanismes d’attachement de l’individu à un espace ou éventuellement à la mémoire de cet espace, son identification par rapport à un paysage qu’il modifie par la nature des relations qu’il entreprend avec ce dernier. Dans un second temps, il faut penser à une nouvelle vocation qui s’emboitera avec la vocation saisonnière présente de sorte à la compléter temporellement et de la booster et dynamiser dans le sens d’un développement territorial plurifonctionnel.
L’hypothèse émise ici est qu’une diversification fonctionnelle de la ville balnéaire (tourisme de villégiature, économie culturelle créative, économie bleue, économie de l’éducation et tourisme commercial et d’affaires) promue par les moyens technologiques d’aujourd’hui sera un levier de développement approprié à la ville de Saidia, en ne se limitant pas au cadre urbain où elle est circonscrite mais au territoire d’où elle jaillit.
6 Chapitre Introductif
2. Méthodologie de la recherche
Lesrecherches pour ce travail ont été menées en deux temps. D’abord d’un point de vue théorique, par la lecture d’ouvrages, thèses et articles qui se rapportent au sujet de l’urbanisation du littoral, de l’attachement aux lieux, la gouvernance politique, le tourisme et tourisme balnéaire dans le contexte marocain particulièrement, rédigés par des praticiens et chercheurs du domaine de l’urbanisme et de la géographie. Dans un second temps, des investigations pratiques menées dans différents domaines abordant ce sujet (psychologie de l’environnement, mobilité, géographie et aménagement du territoire) ont été répertoriées et analysées, ainsi que des projets se rapportant au sujet de la culture et l’art ont été étudié et présentés en tant que benchmark servant de base conceptuelle référentielle à adapter au contexte de notre sujet d’étude.
Partant du constat qu’un lien peut être développé entre un lieu et une personne (Audas, 2011) et par extrapolation entre un paysage naturel et urbain qu’est le littoral et toute une population, nous notons les répercussions de ce lien qui peuvent se manifester en des actes modificateurs de ce même paysage à des fins diverses mais particulièrement économiques. Le postulat est que la culture et l’art par leur capacité à identifier un espace, le démarquer et en faire un objet désirable peuvent être une potentielle vocation permettant de faire face aux mutations de ce territoire en permanente évolution et surtout combler les interstices d’une vocation touristique, certes rentable mais dans des conditions économique, sociale, politique voir récemment sanitaire particulièrement stable et florissante à une échelle mondiale. Cet effet boule de neige que peut connaitre le secteur touristique le rend difficilement prévisible et par conséquent les actions à entreprendre, fondées soit elles, sont perpétuellement soumises au risque qu’elles deviennent obsolètes dans un contexte en perpétuelle mutation. Dans ce sens, une partie de la méthode de la recherche s’appuie sur une approche diachronique, puisqu’une partie du mémoire se construit sur l’étude des origines du tourisme balnéaire au Maroc, l’évolution dans le temps des pratiques récréatives autochtones.
7 Mémoire de fin d’études
3. Intérêt de la recherche
Le travail envisagé présente une tentative d’embrasser de façon exhaustive les éléments qui entre en relation dans la formulation d’une expression architecturale adéquate à la zone littorale et plus précisément au support principal d’étude : la ville de Saidia. Du Macro au micro, l’approche tient compte des plans : environnemental ; urbanistique ; historique ; juridique ainsi que les aspects sensibles qui relèvent de la vocation et des usages et pratiques dans l’espace cernée dans le littoral. L’intérêt étant d’appréhender le sujet par ses paramètres temporel et spatial et une meilleure formulation de possibles réponses aux différentes problématiques relevées et aboutir à une projection fondée et réaliste pour la zone.
8 Chapitre Introductif
4. Cadre Théorique
A. Etat de l’art et Positionnement
Ce compte rendu présente les idées les plus concluantes pour le travail de recherche du mémoire relevées d’une littérature qui a couvert les sujets pertinents pour l’analyse et l’assimilation de la problématique dégagée au préalable. Ces idées seront présentées sous deux volets : « Géographie » et « Sciences de l’habiter ».
Sous
le volet « Géographie », une analyse du tourisme national au Maroc au niveau macro-spatial a pu être établi à travers le travail de thèse de Berriane, il a cherché à embrasser le phénomène dans sa globalité et à l’échelle de tout le pays. Il s’agit “d’une tentative cherchant à dégager quelques idées générales pouvant servir de grille d’analyse à des études ponctuelles ultérieurement (études de cas de stations touristiques)” (Berriane, 1989, p. 648). De son travail peuvent être relevé des conclusions fondamentales dans la détermination de l’origine des pratiques récréatives au Maroc et leur évolution de point de vue socio géographique. Ainsi, Berriane (1989) précise que “L’étude du tourisme en pays en voie de développement se doit d’intégrer désormais la dimension interne de ce tourisme” (p. 649), le phénomène touristique n’est désormais plus limité aux sociétés industrielles, on le retrouve, sous différentes formes, au niveau des pays technologiquement peu avancés qui ne présentent pas les caractéristiques d’une société de consommation. Son travail met en évidence également l’intérêt d’adopter une approche socio géographique pour l’étude du tourisme dans les sociétés en voie de développement :
“L’intérêt de cette démarche c’est qu’elle permet non seulement d’analyser et de comprendre le développement du tourisme et ses différentes formes mais elle fournit également des éléments de réponses plus ou moins satisfaisants pour la compréhension des projections spatiales de ce tourisme. Le choix des sites les plus fréquentés, le basculement des centres d’intérêt touristiques de l’intérieur vers le littoral, la diversité et les contrastes de la morphologie, des paysages et de la dynamique entre les stations et au sein de la même station, s’expliquent en grande partie par les dissemblances socio-culturelles des différents groupes sociaux et leurs comportements spécifiques” (Berriane, 1989, p. 652).
Sous le même volet, un autre travail de thèse a été un pivot dans la compréhension des fondements conceptuels et méthodologiques de l’urbanisation sur le littoral méditerranéen du côté européen au niveau macro et en focalisant sur l’espace IVM (Interface Ville Mer) au niveau micro. Ce travail de Robert questionne les modalités d’aménagement et de gestion durable de l’espace et de l’environnement sur les côtes qui subissent une pression remarquable relatives à des enjeux écologique, économique, social, politique et culturel. Il peut en être conclu que l’analyse de notre problématique doit se doter d’une base théorique pluridisciplinaire afin de pouvoir assimiler notre sujet d’étude ‘Littoral’, un ‘espace de fortes contraintes tout en étant le cadre de nombreuses opportunités pour les sociétés’ (Robert, 2019, p. 199).
Vu le rôle indéniable de la variable population dans la formulation de notre problématique, un deuxième volet est manifestement important à mettre en place sous lequel vont être présenté le restant des conclusions fondatrices de notre hypothèse. Il s’agit du volet des « Sciences de l’habiter », au carrefour entre aménagement de l’espace et sciences humaines et de la société. Le travail de thèse de Audas porte sur le rapport sensible que développent les habitants envers les lieux urbains qu’ils habitent dans leur dimensions sensorielle, poétique, émotionnelle et affective en mettant l’accent sur les caractéristiques temporelles inhérentes aux individus et aux lieux, l’intérêt étant de mettre en évidence les points d’accroche des lieux à partir desquels les individus établissent leur relation affective et selon lesquels cette dernière évolue. Le travail étant focalisé sur l’individu permet de saisir “les changements de sociétés induits par les processus d’individualisation et de subjectivation grâce auxquels les individus s’inventent eux–mêmes en mobilisant particulièrement leurs expériences spatiales” (Audas, 2011, p. VII).
9 Mémoire de fin d’études
Le travail de Hatt Emeline, à la croisée entre urbanisme et tourisme, s’est emparé de ‘l’analyse de l’image urbaine des destinations touristiques’ en adoptant comme sujet d’étude les stations touristiques fordiennes ex nihilo en France dans les années 1960-1970. Cette thèse présente dans quelle mesure l’aménagement et la gestion des espaces publics participent à l’image et à la notoriété des destinations, plus pertinent encore, elle révèle les marqueurs ‘micro territoriaux’ identifiés par les touristes, ‘les habitants temporaires’ (Hatt, 2011, p. 3), sur lesquels les projets de requalification pourraient prendre appui. Le travail présente une approche transversale alliant la réciproque entre conception et réception (usage) dans une conception chronotopique de l’urbanisme, ceci afin de saisir les enjeux de restructuration.
La fonction spécifique autour du concept de scénographie dans la fabrique de la ville contemporaine a été le sujet d’étude d’E. Gangloff. Cette thèse nous servira de base conceptuelle effectuant la transition entre la problématique relevée et l’hypothèse à formuler. Elle revient sur “l’essor de la ville événementielle, créative
et culturelle et la multiplication de propositions artistiques éphémères déployant des dispositifs scénographiques dans l’espace public qui font évoluer les modes d’action des acteurs de la fabrique urbaine” (Gangloff, 2017, p. 3). En prenant comme sujet d’étude la scène nantaise, “laboratoire des formes que peuvent peut prendre la scénographie urbaine”, ce travail nous renseigne sur un mode de faire la ville contemporaine à l’interface entre urbanisme du divertissement et utopie artistique.
Ces idées ont été renforcées et appuyées par la lecture d’ouvrages, d’articles, de textes de lois et rapports de stratégies d’aménagement autour des sujets évoqués dans les thèses présentées cidessus.
La littérature a largement couvert tous les éléments que ce sujet nécessiterait en matière de recherche, chaque discipline a permis l’analyse d’un point se rapportant au large et pluridisciplinaire sujet du littoral, notre approche se trouve alors inédite par notre positionnement en tant que médiateur entre diverses domaines impliqués dans le champs d’investigation de notre recherche.
10 Chapitre Introductif
Par l’auteur
11 Mémoire de fin d’études I.
Par l’auteurSaidia
La construction d’une territorialité littorale : Paysage et Représentations
et
A. Typo-morphologie des littoraux
Lesvilles côtières et les stations balnéaires sont définies entre autre par les caractéristiques géographiques du territoire où elles s’insèrent. Il est intéressant de se pencher sur les caractéristiques intrinsèques que dicte la typomorphologie de chaque territoire et la façon dont elle forge l’identité de chaque station. Ainsi les usages et pratiques ainsi que les projections urbaines vont varier selon les atouts et limites de chaque territoire.
La plupart des stations aménagées ex-nihilo sont implantées sur des plaines côtières, celles-ci présentent l’avantage d’être facilement accessibles et en liaison directe avec la mer. Ceci dit les aménageurs selon leur vision territoriale et économique s’adaptent à la nature du terrain et ajustent son relief, ils peuvent même s’étaler sur le plan marin et créer de nouveaux territoires : des îles artificielles.
12 La construction d’une territorialité littorale :
Figure6 Cap Pointe Figure7 Delta Figure 5 Archipel Figure 4 Lagune Figure 3 Estuaire Figure2 Détroit Figure1 Tombolo Figure 8 AberRia Figure 9 Fjord Figure10 Crique/Anse/ Calanque Figure11 Etang Figure 12 Atoll Figure 13 Flèche Figure 14 Sebkha
1. Le littoral anthropisé : Ville côtière
station balnéaire
Selon l’Encyclopédie canadienne (1), « une plage est une accumulation de sédiments formés par l’action des vagues. Les plages qui forment une lagune, un bassin ou un estuaire sont considérées comme des barrières côtières, qui comprennent aussi les flèches et cordons littoraux, les tombolos et les pointes. Une falaise littorale est une paroi abrupte, souvent verticale, produite par l’érosion du roc par les vagues. Les sédiments résultant de l’érosion des falaises et des bluffs sont recyclés et réutilisés lors de la formation de plages, de marais et d’habitats marins. »
Le linéaire côtier au Maroc est d’une
(1) https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/ formes-littorales
Figure 1 : https://www.researchgate.net/
Figure 2 : https://l-express.ca/quiz-les-detroits/
Figure 3 : https://www.futura-sciences.com/
Figure 4 : https://www.yabiladi.com/
Figure 5 : https://croisiere-deluxe.fr/
Figure 6 : https://fr-academic.com/
Figure 7 : https://www.canonvannederland.nl/
Figure 8 : https://es.wikipedia.org/
Figure 9 : https://info.wisatabaru.my.id/
Figure 10 : https://www.miss-classy.com/
Figure 11 : https://fr.m.wikipedia.org/
Figure 12 : https://mk.m.wikipedia.org/
Figure 13: https://www.accessiblenatureuk.com/
Figure 14 : https://planet-terre.ens-lyon.fr/
longueur de 3500 km avec une zone maritime de plus d’un million de km². Il est dominé par trois formes morphologiques : les côtes rocheuses constituent la majorité du linéaire à hauteur de 63% (Mansour, s. d.), les zones humides représentent 35% du littoral marocain qui est généralement classées en tant que SIBE (Site d’Intérêt écologique et biologique) à l’image de l’embouchure de l’Oued Moulouya. Finalement on trouve les plages sableuses, il s’agit des zones les plus rares dont le pourcentage du linéaire s’élève à seulement 2% parmi lesquels figure la plage de la ville de Saidia notamment.
Figure 15 : https://www.britannica.com/
Figure 16 : https://seos-project.eu/
Figure 17 : https://eau.seine-et-marne.fr/fr
Figure 18 : https://bretagne-environnement.fr/
Figure 19 : https://www.faithfulglobalconnection.com/
Figure 20 : https://www.futura-sciences.com/ Figure 21 : https://rennes.onvasortir.com/
13 Mémoire de fin d’études
Linéaire côtier du Maroc
Figure15 Péninsule Figure 16 Baie Figure 17 Zone humide Figure 18 Dunes côtières Figure19 Golf Figure 20 île Figure 21 Marais salant
Du tourisme thermal au tourisme estival
initiée par des aristocrates anglais au cours du début du 18 ème siècle, ils créent des stations balnéaires où, selon leur croyance, on pouvait régénérer l’organisme par la suffocation dans les eaux froides de l’océan. Ils exportèrent par la suite cette pratique de l’autre côté de la manche, en France, et sera réservée à une élite, avec une architecture élaborée et un parcours de promenade en front de mer.
Jusqu’au début du 20ème siècle, les bords de la méditerranée ne sont fréquentés qu’en hiver, ils offrent un dépaysement et une clémence du climat. La période de l’entre guerre et surtout après la deuxième guerre mondiale marque un changement fondamental dans les pratiques balnéaires. Le succès des plaisirs de la mer s’accompagne d’une banalisation de l’urbanisme, plus d’usagers et moins d’exigences. A l’ère de l’économie industrielle, le tourisme connaît une croissance fulgurante à la faveur de l’augmentation du niveau de vie, de l’avènement de la société des loisirs, de l’amélioration des moyens de transport et de la mobilité individuelle (Robert, 2019, p. 17). L’économie touristique devient le moteur d’une urbanisation accélérée des littoraux, cadre privilégié pour le développement de nouvelles pratiques récréatives.
Les aménagements sont planifiés dans une stratégie publiquement assumée de développement territorial, à la fois facteur d’attractivité et de création d’emplois ; au Maroc (Plan Azur 2010 – 2020), en Turquie, en Tunisie, en golfe persique, etc.
La fin du 18 ème siècle marque un tournant dans les paradigmes relatifs à l’espace côtier en occident. Alors qu’il était considéré comme un espace malsain et dangereux par une population traumatisée par la peste et craignant ainsi l’introduction de miasme par l’immersion dans l’eau, le littoral est vu sous un nouveau jour dès lors qu’on lui octroya une fonction thérapeutique et esthétique par une élite européenne. La transition fut
Pour mieux saisir la littoralisation que dynamise le secteur touristique au Maroc, une contextualisation du phénomène est indispensable. Comme le précise le géographe Mohammed Berriane, il n’est guère facile de remonter le temps pour trouver une origine historique aux déplacements de type récréatif, pour la simple raison que rares sont les spécialistes qui se sont intéressés à ce sujet. Ceci dit, certaines pratiques autochtones analysées de près peuvent s’avérer révélatrices de ce qu’on peut considérer être une forme de récréation au Maroc. Mohammed Berriane (1989) présente une forme de déplacementséjour qui, dès l’origine, et malgré son caractère sacré accordait une place de choix aux pratiques de loisirs. Il s’agit de la fréquentation des Moussem, habitude très ancienne mais encore vivace de nos jours et connaissant des mutations assez intéressantes à analyser (p. 116).
14 La construction d’une territorialité littorale : SOURCE https://jenikirbyhistory.getarchive.net/amp/ media/affiche-plm-lhiver-a-nice-2ef096
B. Le tourisme balnéaire catalyseur du phénomène d’urbanisation
L’attractivité du littoral
Pour comprendre la raison derrière l’engouement que connait le littoral, une identification et catégorisation des facteurs responsables de ce phénomène peuvent être révélatrices des réponses recherchées. Avant de s’atteler à l’analyse des raisons socio-culturelles que dynamise différents évènements historiques, on s’attardera dans un premier temps sur le côté psychique, la définition du beau et l’interpellation de la mer. Les historiens et géographes ont révélé qu’un lien entre l’esthétique du paysage, la force d’attraction entre l’Homme et la mer et l’urbanisme des premières stations balnéaires est bel et bien existant. Les aménagements urbains dans nombre de stations sont là pour témoigner que ce qui compte, c’est matérialiser et renforcer ce contact avec la mer. Une infrastructure et différentes structures sont mises en place pour assurer une exaltation des sens : regarder la mer, sentir son odeur iodé, écouter le bruit de ses vagues, et se rafraîchir dans ses eaux. Ainsi des jetées, des promenades, des hôtels sur pilotis viennent combler cette demande avide de proximité physique et visuelle de la mer. En arrière-pays, ce contact est maintenu par le biais de belvédères et boulevards panoramiques qui permettent une vue sur la côte. Le développement du tourisme balnéaire est en partie le résultat d’une recherche d’agréments paysagers. A une échelle plus grande, des liaisons entre des villes côtières ont été conçues de sorte à prolonger cette vue panoramique, à l’image de la route reliant la ville de Saidia à la ville de Nador au Nord du Maroc.
L’Homme nourrit un intérêt particulier pour la mer, et par extension pour les paysages de l’eau, les grands espaces dégagés, les immensités (Robert, 2019, p. 56). Peu importe la culture ou la société qu’a colorée notre esprit, on reste interpelé par la mer, bien que notre relation avec celle-ci est manifestement dif férente les uns des autres. Gaston Bachelard a mis en évidence que l’eau, l’un des quatre éléments des philosophies traditionnelles (avec l’air, la terre et le feu), alimente puissamment les rêves de tout être humain (Bachelard, 1942, cité dans Robert, 2019, p. 56). Selon lui, l’eau inspire et évoque un amour maternel. Il a cette capacité d’orienter la personne vers une réflexion interne. « La mer est pour tous les hommes l’un des plus grands, des plus constants symboles maternels » (Bachelard, 1942, p. 133, cité dans Robert, 2019, p. 56).
La mer aurait alors cette capacité d’évocation, elle est en même temps un spectacle qui fait sens et qui est recherché (Bachelard, 1957). Son horizon dégagée permet à l’esprit de voyager et crée par sa grandeur et son homogénéité un espace propice à la rêverie, une échappatoire pour ceux qui passent leur vie dans des boîtes labélisés.
Robert (2019) rapporte l’histoire de ce producteur andalou de légumes sous serre de la Costa del Sol qui, après avoir cité tous les problèmes auxquels il est confronté dans son métier, ajoute :
15 Mémoire de fin d’études
Vue aérienne de la ville d’AgadirMaroc Source : Google Earth
‘’Cuando estoy harto de todo eso, me voy a la playa para ver el mar, descansar o pescar, para lavarme la cabeza’’ (Luginbülh, 2012, cité dans Robert, 2019, p. 57). Traduction : « Quand j’en ai marre de tout ça, je vais à la plage pour voir la mer, me reposer ou pêcher, pour me vider la tête ».
Le deuxième facteur expliquant l’attractivité du littoral serait le facteur social et culturel, ce dernier ne relève pas des qualités intrinsèques du paysage maritime ou littoral, mais plutôt à l’évolution des représentations sociales, au point où le même paysage qui se dressait auparavant, stimule dorénavant un nouvel intérêt. En effet, après la deuxième guerre mondiale, l’occident et bouleversé par la révolution industrielle qui ne manqua pas de chambouler les pratiques du monde entier. Ceci se traduit notamment par une amélioration des conditions de vie, des moyens de transport, l’organisation des horaires de travail et la fixation des durées de congés, dès lors les salariés sont à la recherche de destination pour se détendre pendant leurs vacances. Avec l’avènement du tourisme, le littoral devient alors la cible d’une majorité des populations du monde. On cherche la nature pour se détendre, prendre son temps, s’occuper de soi et se divertir.
A cette valorisation sociale et culturelle de la mer se superposera une évolution des usages et des pratiques sociales qui, de nos jours, valorise plus que jamais le loisir tout en manifestant cette volonté de vouloir profiter les aménités paysagères qu’offre le
littoral. Bien qu’on apprécie le littoral pour sa nature, on le valorise d’autant plus pour ses aménagements qui y créent une atmosphère agréable et conviviale. Le résultat de ces faits se transpose dans le domaine de l’urbanisme. La valorisation sociale et culturelle est alors le moteur d’un étalement urbain sur les littoraux, l’économie touristique et résidentielle met en valeur ces espaces en les aménageant (Robert, 2019, p. 57).
Pour revenir à notre question de pourquoi un tel engouement pour le littoral, Robert (2019) admet qu’il est difficile de se prononcer et désigner qui des facteurs précités serait responsable. Serait-ce le paysage naturel ? Le climat ? L’offre de loisirs ? Les hébergements touristiques ? Le phénomène est d’autant plus intéressant dans la mesure où le littoral, urbanisé soit-il ou vierge, il reste attractif. Le littoral dans son état naturel est un espace insolite aux yeux des voyageurs à la recherche d’aventures et d’endroits loin de la dynamique des villes, il est tout aussi estimable aux yeux des promoteurs touristiques qui y voient une opportunité de développement et de création de richesses. Un littoral aménagé est attractif par la variété de son offre touristique mais les visiteurs restent toujours attachés au paysage maritime. « Ainsi, partout dans le monde, des littoraux sont aménagés, urbanisés et transformés parce qu’il existe une demande sociale de paysage côtier et qu’il est économiquement rentable d’y répondre » (Robert, 2019, p. 55).
16 La construction d’une territorialité littorale :
Vue aérienne de la ville de CannesFrance Source Google Earth
C. Stratification urbaine dans les premières villes balnéaires françaises
L’implantation de la station commence par la présence d’une plage.
Les espaces publics liés à la plage.
• Le Boulevard de la mer ou Promenade des anglais; mise en scène balnéaire.
Le front de mer; ensemble urbain structurant la station: alignement de résidences, hôtels, campings.
Les centralités urbaines, des équipements de divertissement ou de transport: Gare, Casino, Grand Hôtel…
Les quartiers résidentiels en arrière pays.
• Les équipement de loisirs (Golfs, Terrains de sport…) à la périphérie de la station. Plage
17 Mémoire de fin d’études
loisir
Espace vert Quartier résidentiel Quartier résidentiel Equipement de
Front de mer Boulevard de la mer
2. Le littoral : Un paysage désiré, un espace convoité
Lepaysagelittoralmatérieletimmatériel
A. Paysage matériel et visible
Lamatérialité du paysage
Samuel Robert, géographe, expose un sous-système correspond à la matérialité du paysage selon le modèle conceptuel des bisontins. Ce modèle met en évidence que le paysage est un objet, une réalité concrète, un support (Robert, 2019, p. 59). Le paysage est la réalité anthropique qui forme le cadre de vie de l’Homme. C’est l’environnement dans ses aspects topographiques, géologiques, hydrographiques, écologiques et humains. Ainsi le paysage prend en considération tout ce qui a trait au relief, aux cours et plans d’eau, aux formations végétales et espèces animales, aux espaces urbains et interventions sur l’environnement… etc (Robert, 2019, p. 59).
De façon schématique, l’interaction entre trois catégories d’éléments abotiques, biotiques et anthropiques serait responsable de la formation de la matérialité du paysage C’est trois catégories de facteurs octroi par défaut un caractère dynamique au paysage, il est alors en constante évolution suivant l’état de la relation qu’entretiennent ces éléments (Robert, 2019, p. 59).
L’action anthropique, contrairement aux dynamiques de la nature, se manifeste dans une durée de temps relativement courte, avec un impact considérable sur le paysage (Robert, 2019, p. 59). Elle contribue à l’accélération de certaines des dynamiques naturelles depuis que l’Homme a peuplé la terre. La révolution industrielle qu’a connue le monde au début du 18ème siècle, l’avènement des machines, la maîtrise de l’énergie et l’éducation ont permis à l’Homme d’exploiter plus de ressources naturelles, donc encore une transformation plus massive et systématique des milieux. L’Homme a pu démultiplier ses capacités d’intervention sur l’environnement (Robert et Chenorkian, 2014, cité dans Robert, 2019, p. 59). Il est important dans ce contexte de se rappeler des leçons du passé, des civilisations dont la disparition est attribuée à une liste de facteurs où figure la dégradation de l’environnement comme piste probable, à l’image de la civilisation Maya.
Si le paysage est le produit des trois facteurs cités, notre littoral aujourd’hui est le résultat d’une relation où l’anthropique a pris le dessus sur les deux autres catégories de facteurs. La pression de l’augmentation de la population justifie une urbanisation intense et des aménagements s’étalant de plus en plus le long des littoraux.
18 La construction d’une territorialité littorale :
Lavisibilité du paysage
Plusieurs travaux ont montré que la perception du paysage matériel ne se fait pas qu’à travers la vue. En effet, la conscience de l’environnement est conditionnelle à la perception de ce même environnement en faisant appel aux cinq sens de l’être humain. L’environnement peut être appréhendé par l’odorat (l’odeur de l’iode près de la mer), l’ouïe (le bruit des vagues, du vent), le toucher (le confort de glisser sa main dans un sable aux grains fins) et le goût (la saveur d’un plat de poissons grillés). Mais la faculté de voir est celle qui prédomine dans le processus d’appréhension de l’environnement ou d’un paysage surtout s’il couvre de larges étendues (Robert, 2019, p. 60).
Ainsi, dans le même modèle présenté du système des bisontins, un deuxième soussystème ‘paysage visible’ est présenté. Il correspond à ce qui peut être objectivement vu de par la matérialité du paysage mais aussi la propriété de l’espace géographique d’être visible. Indépendamment de sa perception visuelle par un observateur, l’environnement présente des possibilités d’être vu qui sont inégales dans l’espace (Robert, 2019, p. 60).
La visibilité des éléments du paysage dépend des caractéristiques propres à chaque objet. Un objet très grand ou très petit, d’une couleur chatoyante ou plus discrète, va être facilement ou difficilement vu, déterminant ainsi s’il sera reconnu ou non comme élément appartenant à cet espace. L’identité visuelle est définie par ces caractéristiques qui, superposées aux valorisations culturelles et sociales déterminent la nature des aménagements de l’espace. Robert (2019) donne l’exemple du littoral, qui par la volonté d’une recherche d’aménités paysagères gagne à être explorer par la visibilité de ses composantes paysagères (p. 72). Ce sont les vues qui sont valorisées comme agréments paysagers, ce constat justifie la mise en valeur de l’espace ce qui a en conséquence un impact sur le paysage matériel.
L’appréhension de la visibilité d’un objet dans un espace géographique ainsi que l’intervisibilité des objets dans un même espace dépend principalement de données photographiques et de données à référence spatiale collectées. Robert (2019) nous renseigne sur ces données
et leur importance dans la lecture d’une zone d’étude déterminée : on distingue les masques topographiques correspondant au relief, premier facteur de visibilité d’un espace, ou non dans son environnement. Puis les masques de couverture qui rassemblent tous les éléments au-dessus du niveau du sol, il s’agit soit d’éléments naturels (végétation) ou d’artifices (constructions, aménagements) qui peuvent obstruer la vue à leur tour (p. 62).
19 Mémoire de fin d’études
Par l’auteurSaidia
Une réalité, un support que détérmine des facteurs biotique, abiotique et anthropique.
Représentation de ce qui peut être objectivement vu. Visibilité de l’objet et intervisibilité de l’ensemble des lieux constitutifs de l’espace.
Paysage utilisé, résultat de pratiques et actions entreprises.
B. Représentation du paysage et ses usages
Larelation entre les deux systèmes jusque-là exposés est sous l’influence d’un troisième système que le modèle des Bisontins a pris en considération. Le paysage matériel correspondant au soussystème ‘producteur’ du paysage qui alimente le sous-système ‘visible’ tout en étant influencé par le sous-système ‘utilisateur’. Robert (2019) décrit le processus comme suit : le paysage visible passe les filtres perceptifs, et sert de support aux représentations, il fait ensuite l’objet de recherche, d’aménagement et de gestion, qui en retour altèrent le paysage matériel et en conséquence modifient la visibilité du paysage (p. 61).
Le troisième sous-système agit sur lui-même et entre en rétroaction avec les composantes du modèle, représentant pertinemment les jeux d’acteurs et d’actions en lien avec le paysage (Robert, 2019, p. 61).
Le modèle conceptuel établit par
Robert (2019), ici présenté, met en évidence les différents aspects que comprend la problématique de l’urbanisation du littoral du point de vue paysager.
Robert (2019) précise que les représentations sociales sont étudiées par deux méthodes. La première étant l’enquête de terrain et la deuxième consiste en l’analyse de corpus textuels qui révèle l’opinion générale sur un sujet à un moment donné (p. 62). La première méthode peut prendre plusieurs formes : entretiens, questionnaires, ateliers participatifs. Elle présente l’avantage de cerner les représentations des acteurs dans territoire mais nécessite tout un travail d’organisation et de logistique. La deuxième méthode, que nous avons employée, se base sur une analyse de textes de presse et textes de loi, de discours de personnalités, de registres de consultations publiques, de documents juridiques et d’urbanisme afin de mettre
Représentation schématique des trois modèles conceptuels du paysage
en avant les éléments saillants représentatifs de la problématique (Robert, 2019, p. 62). L’étude du paysage représente une entrée pertinente dans l’analyse et la compréhension des dynamiques territoriale, mais à condition que cette production de connaissance soit établie dans une perspective intégrée, c’est-à-dire comprenant à la fois l’aspect matériel, immatériel ainsi que les représentations et usages de ce même paysage. La recherche doit profiter aux actions sur terrain, aux processus de gestion et de mise à jour des structures pour ainsi devenir un support au développement économique et urbain des villes. Cette perspective se base sur l’étude du présent pour projeter dans le futur, Robert (2019) cite Paul Claval à ce sujet : les paysages « parlent des hommes qui les façonnent et qui les habitent actuellement, et de ceux qui les ont précédés ; ils renseignent sur les besoins et les rêves d’aujourd’hui, et sur ceux d’un passé parfois difficile à dater » (p. 64).
20 La construction d’une territorialité littorale :
01 02 03
C. Importance des vues dans le désir du littoral
dans cette dimension ci (Luginbühl, 1995 ; Robert, 2009, cité dans Robert, 2019, p. 109). Il présente par ailleurs l’approche spatiale, sociale et territoriale de l’étude du paysage de par la dimension ‘visibilité’ comme une opportunité.
Le sous-système ‘visibilité’ crée le lien entre la matérialité du paysage et ses représentations sociales. Robert (2019) explique plus en détails ce rapport : la vue permet une relation spatiale, une liaison optique entre un lieu et un ensemble de lieux (entre un point de vue et l’étendue géographique depuis le point de vue) et une interaction entre l’Homme et son environnement (p. 109). Cette double intéraction par la vue caractérise le paysage car ce dernier « relève du voir autant que du vu, du sujet autant que de l’objet » (Berque, 2000, cité dans Robert, 2019, p. 109), et parce qu’il est « entre la Nature et la Société » (Bertrand, 1978, cité dans Robert, 2019, p. 109).
Dans l’un de ses travaux, Robert (2019) étudia les éléments qui fondent les représentations sociales du paysage dans le contexte littoral. Car l’appréciation de la mer pour sa réalité matérielle ou apprécier la vue sur mer ou encore prendre du plaisir à s’adonner aux activités balnéaires relève d’une valorisation différée du même espace et par conséquent mènera à différents aménagements.
Evidencepatrimoniale des vues
Comme nous l’avons précisé, la relation de l’être humain à l’environnement qui l’entoure passe par tous ses sens, mais c’est la vue qui lui permet d’appréhender son entourage, Robert cite Donadieu et Périgord : « là où il y a une étendue à regarder, il y a du paysage » (2005, cité dans Robert, 2019, p. 109). Tous les sens sont importants dans le processus d’appréhension sensible du paysage mais ce n’est que par la vue que le premier contact s’établit et que l’espace est perçu. Il est alors clair que si le paysage littoral est aussi convoité, objet d’aménagement et de transformation urbaine, c’est qu’il offre une aménité agréable au regard et valorisée socialement (Robert, 2019, p. 109).
Etant géographe, Samuel Robert s’est intéressé au sujet de l’urbanisation du littoral et le rapport des vues au déclenchement ou l’extension de l’urbanisation du point de vue de sa discipline. A sa surprise, la géographie ne s’est jamais attelée à la relation entre les sociétés humaines et l’environnement littoral
De l’enquête du projet VIPLI-Med (Robert et al. 2016, cité dans Robert, 2019, p. 110) sont présentées les réponses à deux questions supposées évaluer la dimension visible du paysage par rapport à celle matérielle et idéelle. La première question posée dans le cadre de la thèse est une question d’évocation : Des 15 termes représentant de façon équitable les dimensions conceptuelles du paysage (matérielle, visible, perçue), choisissez 5 à 10 mots qui vous évoque le plus un paysage côtier. 97% des réponses incluait le mot ‘mer’, en s’arrêtant sur ce résultat on pourrait croire que la matérialité du paysage impacte les représentations plus que les autres dimensions conceptuelles, mais au-delà du mot ‘mer’, les autres termes reliés à la matérialité n’ont été que faiblement choisis. En contrepartie, les mots ‘horizon’ et ‘vue’ sont présents à hauteur de 71% et 58% respectivement des données traitées, révélant l’importance de la visibilité dans les représentations sociales du paysage côtier (Robert, 2019, p. 110)
Ce qui a été conclu de cet étude est que la ‘mer’ dans ses dimension scénique, panoramique et matérielle jouent un rôle central dans les représentations, à croire que la centralité dans les villes balnéaires ne serait pas créé par l’aménagement mais par le paysage naturel existant et dominant. Selon Robert (2019), “les vues ont un caractère inaliénable” (p. 113). Ceci laisse entendre que la vue sur la mer depuis un espace public est un droit et que le fait s’en priver peut être comparé à une spoliation. Ainsi une vue masquée par un nouvel édifice serait une privatisation d’un bien commun. Le statut des vues est comparable à celui de l’accès au littoral et à la mer, leur gratuité est légitime et justifié. Or, sur les littoraux on assiste à une concurrence accrue pour l’accès au foncier, et les vues appartiennent à ceux qui peuvent se les permettre (Robert, 2019, p. 113).
21 Mémoire
de fin d’études
Par l’auteurSaidia
Analyse de la visibilité de la mer Pour démontrer qu’un lien existe entre la visibilité de la mer et l’urbanisation, Robert (2019) a suivi une démarche cartographique qu’il qualifia de simple et originale (p. 115). Il est partie d’un raisonnement basique : si effectivement y aurait un lien entre visibilité et urbanisation alors les lieux sur la ligne côtière seront davantage urbanisés du fait qu’ils soient en interaction directe visuellement avec la mer et qu’ils soient avantagés de leur simple topographie. Et dans le cas où ils ne le sont pas encore, ces zones seraient sous une forte pression urbaine. Il explique davantage ce raisonnement en précisant que, dans le cas où des espaces terrestres se trouvent à distances égales du rivage, offrant une vue sur mer du seul fait du relief, alors ils devraient être davantage urbanisés ou subissant une forte pression pour l’être. La visibilité dont il est question reste du moins virtuelle du fait de l’existence d’éléments végétaux ou anthropiques pouvant altérer la vue, mais ceci n’empêche pas de passer la théorie à l’examen.
Le résultat confirme que la visibilité de la mer a une influence sur la destinée et l’occupation des sols validant ainsi l’existence d’une relation
entre la visibilité de la mer et l’urbanisation du littoral (Robert, 2019, p. 115). Ce résultat ne serait pertinent que dans la mesure où l’on pourrait l’intégrer dans la gestion paysagère de l’espace. En France, comme au Maroc, le paysage visible n’est envisagé qu’en termes d’impacts visuels. Le législateur interdit de porter atteinte à la perception visuelle d’un monument ou d’un objet classé dans un nouvel aménagement projeté. « La visibilité du paysage est donc préférentiellement appréhendée via les notions de nuisance ou de préjudice visuel, ou a contrario, d’insertion environnementale » (Robert, 2019, p. 118).
De l’expérience de Robert (2019), des échanges structurés avec des partenaires territoriaux ont permis une étude plus approfondie de l’intérêt d’une connaissance des vues et de la visibilité du paysage pour la gestion des territoires. Une démarche intégrée modèle qui se base sur des « investigations reposant sur la géomatique et le corpus des analyses de visibilité » a été mis en œuvre pour solutionner des problématiques relatives à l’aménagement et à la planification spatiale, et élaborer une démarche de diagnostic du paysage visible pour un territoire de gestion (Robert, 2011 ; Robert, 2018, cité dans Robert, 2019, p. 120).
22 La construction d’une territorialité littorale :
Cinque TerreItalie.
Source : Wikipédia.org
3. Le littoral : Un paysage support de représentations
D’unespaceàunlieuàdesmodesd’habiter
A. Espace contenant / Espace contenu
Audas (2011) nous rapporte que dans l’ouvrage Critique de la raison pure et plus précisément dans la partie consacrée à l’esthétique transcendantale, en opposition à la science de la pensée pure nommée logique transcendantale, Kant étudie la sensibilité comme cette capacité de recevoir des représentations des objets qui nous affectent (p. 82).
Tous les phénomènes ou objets extérieurs à nousmêmes ne « correspondent à rien d’autre qu’à de simples représentations de notre sensibilité, dont l’espace est la forme, mais dont le vrai corrélat c’està-dire la chose en soi, n’est aucunement connu par-là ni ne peut l’être – corrélat sur lequel au reste on ne s’interroge jamais dans l’expérience » (Kant, 1997, p. 125, cité dans Audas, 2011, p. 82-83). Autrement dit l’espace n’est pas une réalité issue d’une expérience mais une condition a priori de la possibilité des phénomènes (Audas, 2011, p. 83). Ce que Kant cherche à exprimer c’est que l’espace, tout comme le temps, sont des créations de l’esprit humain qui lui permettent de structurer et ancrer sa présence au monde (Audas, 2011, p. 82).
« Il y a deux formes de l’intuition sensible comme principes de la connaissance a priori, à savoir l’espace et le temps » (Kant, 1997, p. 119 cité dans Audas, 2011, p. 83).
Alors qu’on ne pensait l’espace que dans sa dimension euclidienne que détermine les dimensions de longueur, largeur et hauteur, telles qu’énoncées par Descartes en 1644, une nouvelle dialectique considérant l’espace comme produit humain en plus d’être une substance métaphysique fit apparition (Di Méo, 1991, cité dans Audas, 2011, p. 84). Audas (2011) fait référence dans ce sens à deux philosophes : Kant et Heidegger. Ces deux figures nous guident dans la différenciation entre l’espace pur et l’espace qu’organisent les hommes (l’intuition sensible) en créant ainsi des lieux (p. 84).
On retrouve l’idée kantienne de la conception de l’espace chez Heidegger qui défendait l’idée selon laquelle il existait « une prédisposition mentale à ‘recevoir’ l’espace ». Il définissait ce qu’est la vie de l’Homme sur terre, « soit une vie liée à l’espace, à sa transformation, à sa qualification pour en faire « son » espace, un lieu » (Heidegger, 1958, cité par Audas, 2011, p. 84).
Cette transition de l’espace au lieu, ou comme l’explique Di Méo, d’espaces qui « reçoivent leur être des lieux (produits par l’activité humaine) et non l’espace kantien » (Di Méo, 1991, p. 37, cité dans Audas, 2011, p. 84) se produit par le fait d’accorder des significations symboliques et développer des représentations
affective vis-à-vis de l’espace en question. On n’est plus dans l’espace « substance » ou la « forme pure » dès lors qu’on appréhende l’espace comme une perception guidée par notre intuition sensible (Audas, 2011, p. 84).
L’espace ainsi envisagé est bel et bien une forme qui par ses conditions spatiales uniques définit la manière dont les évènements vont s’y dérouler et la façon avec laquelle nous accueillerons ce qui y sera rencontré. « L’espace est l’unique, immédiatement représenté d’avance dans notre accueil de ce qui est rencontré, […] l’ensemble des dimensions de l’à-côté, de l’arrière et du dessus, c’est-à-dire une manière dont nous accueillons ce qui est rencontré, donc une détermination de notre sensibilité » (Heidegger, 1971, p. 207, cité dans Audas, 2011, p. 84). Dans ses écrits sur la ville et l’urbain, Paquot souligne qu’il y a « des places ou des parcours urbains agréables à emprunter et d’autres qui sont effrayants et repoussants » (Paquot, 2000, p. 74, cité dans Audas, 2011, p. 84).
L’acceptation actuelle de l’espace reste marquée par la conception kantienne où on distingue un espace contenant, une forme, une abstraction, de l’espace contenu qui est la réalité vécue, personnelle et hétérogène. Audas (2011) nous rapporte l’éclairage de Hall dans “la dimension cachée” quant à la dialectique espace contenu/contenu en précisant que le contenu ou le temps perçu dépend directement de la culture et du vécu de l’individu, à contrario du contenant qui est une conception Galileo-newtonienne, un cadre réel qui existe indépendamment des objets qui s’y trouvent ou des phénomènes qui s’y déroulent, il est dans ce sens appréhendé par une certaine neutralité (Hall, 1971, cité dans Audas, 2011, p. 85).
En effet l’espace absolu de Newton est immuable et rigide, indifférent à ce qu’il pourrait contenir et les multiples dimensions de l’existence humaine. Il est définit par les sciences exactes comme cadre de référence permettant l’identification des états (mouvement ou repos) des objets dans une approche métrique (Audas, 2011, p. 85). Du point de vue des sciences sociales, l’espace « est toujours relatif à l’existence, à l’histoire et au milieu de vie » (Berque, 2005, p. 53, cité dans Audas, 2011, p. 85).
Bien que ces deux acceptations diffèrent selon leur intégration ou non de l’expérience humaine, l’intérêt de notre approche est de mettre en évidence l’existence d’une expression sociale dans la réalité matérielle de l’espace. L’espace est « un régime de visibilité des substances sociétales » (Lévy et Lussault, 2003, p. 330, cité dans Audas, 2011, p. 86).
23 Mémoire de fin d’études
Espace perçu
L’espace contenant, ... le support aux processus complexes d’appropriation et d’identification..., l’espace dans sa dimension euclidienne que détermine les dimensions de longueur, largeur et hauteur (Audas, 2011, p. 79)
Interprétation par l’auteur
24 La construction d’une
territorialité littorale :
Espace vécu
Interprétation par l’auteur
L’espace vécu peut ainsi être défini comme un espace identifié et pratiqué, doublé de représentations et comportant un aspect imaginaire relatif aux souvenirs, attentes, espoirs, craintes …de l’individu (Audas, 2011, p. 240)
25 Mémoire de fin d’études
B. Espace perçu / Espace vécu
Il est pertinent dans notre approche de révélation du processus de création d’une territorialité de s’attarder sur un processus tout aussi révélateur: celui du passage de l’espace perçu à l’espace vécu. Nous chercherons à travers cette transition l’explication de la construction d’une relation avec l’espace qui pourrait se traduire en termes affectifs. Il s’avère que l’espace représente un support aux processus complexes d’appropriation et d’identification qui en interagissant et en s’alimentant l’un et l’autre participent à la construction d’une telle spatialité (Audas, 2011, p. 95).
L’appropriation signifierait bien plus que le fait qu’un objet intègre la sphère de l’intime par une transformation de l’imaginaire autour de lui afin qu’il devient représentatif de l’identité individuelle. Il s’agit d’un processus bien plus complexe qu’explique Moles et Rohmer : « L’appropriation de l’espace, c’est l’ancrage que réalise l’individu dans un univers que le psychologue, dans sa rationalité métalinguistique, imagine au départ comme uniforme et illimité» (Moles et Rohmer, 1998, p. 65, cité dans Audas, 2011, p. 95). « Or, le monde n’est pas uniforme et illimité pour l’être, il l’appréhende dans « un conflit constant entre l’intuition qu’il a d’être le centre de l’univers, et la perception qu’il subit de l’existence d’autres êtres qui se partagent l’espace » (Moles et Rohmer, 1972, p. 72, cité dans Audas, 2011, p. 95).
Une autre définition est présentée par Feildel où « l’appropriation serait un phénomène essentiellement cognitif puisqu’il engage la capacité de l’individu de se représenter lui-même, avec d’autres, dans un espace, comme constituants de cet espace, et lui donnant ainsi un certain sens » (Feildel, 2010, p. 206, cité dans Audas, 2011, p. 95). Ainsi dit, la réalisation de soi dépendrait de l’action portée par l’individu vers le monde ou la réalité objective qui l’entoure (Fischer, 1981, cité dans Audas, 2011, p. 95).
Le processus d’appropriation serait donc une acquisition théorique et pratique des savoirs, savoirfaire et des connaissances autour d’un espace, permettant « de s’y mouvoir sans s’y perdre, mais aussi d’en user de façon pertinente ou stratégique » (Ripoll et Veschambre, 2005, p. 10, cité dans Audas, 2011, p. 95). Ce processus est ainsi décrit par les deux spécialistes en géographie sociale et sociologie comme « une intériorisation cognitive », il serait en d’autres termes un ensemble d’apprentissages acquis dans l’objectif de se familiariser avec un lieu, mais ça ne s’arrête pas là. La transformation de l’espace en une propriété de l’individu et le développement d’un sentiment d’appartenance passe par l’octroi à ce même espace de significations symboliques et identitaires (Audas,
2011, p. 98). Le rapport au lieu est réciproque dans le sens où une identité du lieu se crée en même temps que l’individu conscientise sa propre présence par rapport à ce même lieu et ce à travers le type de rapport entretenu (Audas, 2011, p. 95).
Il s’agit finalement d’un processus qui dépasse la simple identification par la cognition. L’appropriation relève du sens personnel qu’on donne à l’objet convoité en introduisant par là une dimension affective. Audas rapporte les propos de B. Feildel qui souligne que ce processus ne pourrait se faire loin des sensations, des émotions, des perceptions, des représentations voir même des constructions imaginaires et idéologiques mobilisant ainsi la dimension affective de l’identité, le « sentiment de soi » (Lipiansky, 1992, cité dans Audas, 2011, p. 95).
Dans la quête de compréhension de la relation qu’entretient l’homme avec le littoral ou encore l’homme et son environnement en général, le processus ‘appropriation’ s’avère d’une importance inouïe puisqu’il est révélateur des mécanismes de fonctionnement de ces relations objet de notre recherche. Cette notion nous intéresse du fait que sa dimension affective se présente comme une condition nécessaire pour que l’individu s’attache, s’ancre et se sente appartenir à un espace (Audas, 2011, p. 96).
L’appropriation est rattachée à la construction de la territorialité des individus soit par des marqueurs du vécu, en référence à la spatialité que crée une personne, ou des marqueurs idéels, en référence aux significations symboliques associées au lieu (Audas, 2011, p. 97).
Il existe une corrélation entre les différents processus d’appropriation d’où l’indication par doubles flèches sur le schéma des influences réciproques possibles entre chaque phase. La perception de l’espace serait corollaire aux constructions identitaires à la création de liens symboliques menant finalement à la formation de divers sentiments envers l’espace. Autrement dit « la perception de l’espace participe de l’édification de l’identité sociale et spatiale et conditionne les significations accordées à l’espace » (Audas, 2011, p. 97).
« Les relations inverses sont tout autant valides en ce que les significations données à l’espace influencent l’identité puisque celle-ci n’est pas figée dans le temps tout autant qu’elle change les manières de percevoir l’espace » (Audas, 2011, p. 97).
26 La construction d’une territorialité littorale :
Ces trois composantes de l’appropriation de l’espace permettraient la construction d’une relation entre l’individu et un espace, et de l’exprimer par la formation d’une territorialité en accordant à ses représentations et pratiques des valeurs symboliques (Audas, 2011, p. 97).
Audas (2011) fournit une explication détaillée de chaque étape du processus de la formation de la territorialité :
1 – « L’appropriation-perception se présente comme une relation entre l’individu et l’espace dans laquelle il appréhende l’espace par ses perceptions, ses pratiques et ses représentations (formées par l’image que l’individu se fait de lui même dans la vision qu’il se crée de l’espace) » (Audas, 2011, p. 97). La réalité physique de l’espace conditionne la perception de l’individu de cet espace et influence les possibles pratiques et représentations crées.
2 – « L’appropriation-identification implique que l’individu s’identifie à l’espace par un processus d’identification qui met en jeu les dimensions sociale et spatiale de son identité » (Audas, 2011, p. 97-98). Audas fait référence au concept de place identity qu’introduit Proshansky (1983). L’espace serait ainsi repéré par des signes qui le singularisent en même temps que l’individu s’identifie par rapport l’espace reconnu et délimité. Ce processus met en évidence un ancrage symbolisé par une connexion entre l’individu et le lieu.
3 – « L’appropriation-signification de l’espace est le processus par lequel l’individu entend donner du sens à sa relation avec l’espace » (Audas, 2011, p. 98). Cette étape est tout aussi réciproque en ce qu’elle détermine la signification que donne la personne à l’espace et qu’elle reçoit par sa relation à ce même espace dans une confrontation des identités individuelles et spatiales. Un sentiment d’attachement est noté en ce qu’il reflète une appartenance, une forme d’ancrage ou un enracinement.
La présentation du mécanisme complexe d’appropriation par la perception, l’identification et la signification de l’espace nous fournit une explication de processus selon lequel l’individu va s’identifier et se représenter lui-même dans l’espace en lui conférant des significations symboliques et affectives (Audas 2011).
La territorialité de l’individu « reflète la multi dimensionnalité du vécu territorial de chaque individu » (Raffestin, 1980, cité dans Audas, 2011, p. 98). L’espace vécu peut ainsi être défini comme un espace identifié
et pratiqué, doublé de représentations et comportant un aspect imaginaire relatif aux souvenirs, attentes, espoirs, craintes …de l’individu. Il traduit les modalités par lesquelles s’expriment le « là » de l’être dans le monde et nous avons nommé territorialité (Audas, 2011, p. 98).
Schéma réalisé par Nathalie Audas, p. 96. “De l’espace perçu à l’espace vécu : entre appropriation et identifcation, la construction d’un rapport à l’espace”
27 Mémoire de fin d’études
L’espace contenant se dote d’un contenu, et le matériel se voit complété par un imaginaire que dicte pratiques, représentations et interrelations sociales.
Les représentations sociales peuvent âtre assimilées à des grilles de lecture qui fournissent, pour chaque individu, une façon de saisir et comprendre le monde qui l’entoure, de se positionner par rapport au restant des individus de sa société, d’identifier ce qui les rassemblent et relient, et d’agir et réagir selon des justificatifs. Tout ce qui nous entoure nous façonne : Les idéologies, les religions, le marketing publicitaire, l’éducation prodiguée par les parents et par l’institution scolaire, sont autant de « machines » à produire des normes, des valeurs et des références qui structurent la société et influencent les représentations sociales. Ceci dit, même si les représentations sociales restent fondamentalement collectives, elles se construisent de façon individuelle et permettent de distinguer des groupes au sein de la même société (Robert, 2019, p. 66). Robert (2019) fournit un exemple autour des représentations du littoral qui peut être transposé au cas marocain : « les Français selon qu’ils sont enseignants, catholiques, écologistes, habitants de Saint-Tropez, ou conchyliculteurs de l’étang de Thau », ils ont une représentation différente de l’espace littoral. Autrement dit, bien que les représentations sociales fondent des groupes sociaux, elles n’effacent pas pour autant l’altérité entre les individus (Robert, 2019, p. 66).
Une ‘représentation sociale’, selon la discipline de la psychologie sociale, se structure autour d’un noyau
identifié par son intensité et un système périphérique L’étude de la représentation sociale ne pourrait se faire par l’analyse de la signification de chaque élément qui la compose individuellement, ces derniers sont liés et forment une base solide collectivement partagée (Robert, 2019, p. 67). Les deux composants noyau et périphérie sont interdépendants. Ils permettent à la représentation sociale d’être stable et durable, mais aussi mouvante, flexible et adaptable.
Le système périphérique est composé d’éléments complémentaires au noyau central, facilitant l’identification de la représentation vu que le noyau est difficilement accessible. Il révèle les différentes formes qu’une représentation peut revêtir de par sa capacité à s’adapter et à se renouveler, et permettent aussi de fournir « l’expression de formes originales ou plus personnelles de la représentation sans compromettre ses fondements » (Robert, 2019, p. 67).
Cette distinction entre noyau et système périphérique nous renseigne sur la façon dont une représentation sociale peut façonner l’imaginaire de l’individu, à unir des individus par des fondements communs sans pour autant réprimander leur individualité et leur capacité de se renouveler. Une telle coopération interdisciplinaire nous permet de lever le voile sur la raison d’être des multiples pratiques récréatives et balnéaires, elle fournit un apport méthodologique et expérimental aux architectes et urbanistes pour mieux décrire les phénomènes psycho-sociaux et aller davantage vers l’explication de différents processus notamment celui de l’urbanisation du littoral (Robert, 2019, p. 68).
28
construction
La
d’une territorialité littorale :
Par l’auteur
Rabat
Encontinuité avec la présentation de la définition de l’espace et de la construction de la territorialité, nous nous penchons dans ce sous chapitre sur un phénomène dont on a eu un aperçu avec Heidegger quand ce dernier a définit la raison de l’Homme sur terre comme étant « une vie liée à l’espace … à sa qualification pour en faire son espace, un lieu » (Heidegger, 1958, cité dans Audas, 2011, p. 84). Cette transformation, plus que nominale, de l’espace au lieu, est en rapport avec le processus d’appropriation pour créer la territorialité des individus. Tuan l’explique en ces mots : « Ce qui au départ est un espace quelconque devient un lieu dès que nous le connaissons mieux et que nous lui accordons une valeur. […] L’espace se transforme en lieu lorsqu’il acquiert une définition et un sens » (Tuan, 1977, p. 10-138, cité dans Audas, 2011, p. 122).
Il se trouve qu’un lieu peut être qualifié d’espace vécu, car il se profile autour des valeurs communes dans lesquelles se reconnaissent les individus (l’idée du noyau des représentations sociales qui unit les individus) des habitudes et des rythmes créés par leurs pratiques sur ce lieu (expression du « là » des individus), un lieu ayant une histoire et un devenir. Par conséquent, « Le lieu possède, en effet, à la fois une architectonique fixe et des registres changeants selon l’intensité de la présence de ces ingrédients à différents moments» (Lévy, 2003, p. 561, cité dans Audas, 2011, p. 122). Cet espace est ainsi identifié par ces mêmes ingrédients, notons que cette notion fait référence à l’auteur Proshansky (1978, cité dans Audas, 2011, p. 90) que nous évoquions précédemment et qui affirmait que le lieu est empreint d’une identité nommée « place identity ».
Pezeu-Massabuau qualifie le lieu par « neuf instruments ». Les instruments tels que rapportés par Audas (2011, p. 122-123) sont énoncés comme suit : le premier instrument est évoqué comme étant « un mythe, une croyance, un
principe », il explique que chaque civilisation s’est donnée une vision spécifique de l’espace à construire.
Le deuxième représente « une figure à construire espace à vivre » il met en avant une dimension spatiale que complètera le troisième instrument par sa dimension temporel, ainsi un lieu ne peut se concevoir hors du temps, il est en cela « une gestion de la durée » créant des temporalités au gré des changements dont il est le support.
Selon le quatrième instrument, un lieu est un « matériau fondamental » qui « permet à celui qui l’occupe de se sentir enclos dans une portion solidifiée de l’espace ». Comme cinquième instrument, l’auteur précise que les lieux sont les dépositaires « d’une pratique de l’habiter ». Pezeu-Massabuau intitule son sixième instrument « l’exigence esthétique » et une manifestation d’une recherche du beau qu’émis chaque société comme l’une des conditions du bonheur d’habiter. Le rapport à autrui que suppose Habiter un lieu figure comme le septième instrument. Le huitième nommé « emprise fonctionnelle » éclaire le fait que les individus ne font pas qu’occuper des lieux mais qu’ils lui affectent diverses fonctions. Finalement le neuvième instrument introduit le concept de durabilité et constitue « un état à préserver » « que doit impérativement conserver le lieu pour durer dans le temps en maintenant son efficacité ». Par ces neufs instruments PezeuMassabuau met en évidence que les lieux sont la condition première de l’habiter
Dans le cadre territorial de notre champ d’étude, il est pertinent de nous questionner sur le rapport d’échelle entre le lieu et le territoire. Si le lieu est l’espace vécu de l’individu en plus d’être la condition première de son ‘habiter’, comment se manifeste la relation de l’individu avec le territoire ? Il est évident que la différence première entre les deux serait d’ordre d’échelle et de lisibilité géographique, mais comme le précise Audas (2011, p. 129), évoquer cette question devrait plutôt nous inciter à nous pencher sur la manière dont les lieux
s’emboitent les uns les autres pour former un territoire tant du point de vue matériel que symbolique. Di Méo met l’accent sur la fonctionnalité du lieu en opposition à l’abstraction du territoire qui est vécu et ressenti mais non circonscrit visuellement « Le territoire souvent abstrait, idéel, vécu, et ressenti plus que visuellement repéré et circonscrit (lorsqu’il n’est pas d’essence politique), englobe les lieux qui se singularisent, à sa différence, par leur valeur d’usage, par leur saisissante réalité » (Di Méo, 2000, p. 43, cité dans Audas, 2011, p. 122). Ainsi le lien individu/territoire reste abstrait alors que celui avec le lieu se concrétise par la réalité de tous les jours. L’habitant pratique son lieu de vie et se le représente au travers de ses activités (Robert, 2019, p. 69). Cette mise en échelle du territoire s’avère nécessaire en matière de développement territorial et d’aménagement urbain. La large proportion du territoire ne peut à priori être développée et maitrisée que par la connaissance et l’action ciblée sur les lieux, qui en s’associant les uns aux autres physiquement, fonctionnellement et esthétiquement, favoriseront l’évolution du territoire entier.
Si l’on considère le fait d’Habiter le lieu dans un contexte littoral, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre les deux notions de lieu et paysage, le lieu devient ainsi un paysage où se manifestent les relations entre ses dimensions ‘matériel’, ‘visible’ et ‘utilisé’ évoquées précédemment. « En habitant le paysage, les populations impriment leur marque. Par leurs pratiques, elles se l’approprient et s’y identifient » (Robert, 2019, p. 69). Ce processus conduit inévitablement à une forme d’attachement, à la création d’une spatialité, à une appropriation de sorte que la population s’identifie par l’identification de ce paysage.
Le paysage est habité tout autant qu’il « habite » ses habitants (Robert, 2019, p. 69).
29 Mémoire de fin d’études
C. Habiter le littoral : de l’espace au lieu
CONCLUSION PARTIE I
L’expression sociale que renferme la demande vis-à-vis du littoral est l’idée phare mise en avant au niveau de cette première partie du mémoire. Ce phénomène d’attractivité du littoral n’étant pas exclusif au contexte marocain, cette partie regroupe les éléments de littérature révélant la genèse de l’anthropisation du littoral par la recherche de la source d’intérêt envers l’espace maritime en France particulièrement, vu le rôle d’influence qu’elle joua dans le sens d’évolution des pratiques sociales au Maroc au cours du siècle passé.
Conséquence logique de l’attrait pour les vues côtières en général et sur la mer en particulier, l’enseignement d’intérêt concerne la démonstration d’un effet de la vue sur mer dans l’urbanisation/ artificialisation du littoral. En étudiant la cartographie de la visibilité de la mer élaborée par Robert (2019), la prédisposition des espaces côtiers à offrir la vue sur mer a pu être mise en relation avec une occupation des sols dominés par les territoires artificialisés. Cet effet, qui ne se limite pas au bord de l’eau, témoigne du tropisme pour les vues paysagères spécifiques du littoral et implique des effets particuliers en matière de gestion du territoire. Dans le champ de l’urbanisme, de la stratégie foncière ou de la gestion paysagère des territoires, il est dorénavant nécessaire de prendre en compte les possibilités d’un éventuel usage des analyses de visibilité du paysage pour penser avec les acteurs concernés les problématiques territoriales auxquelles ils sont confrontés.
30 La construction d’une territorialité littorale :
Dans le cas de notre étude, l’une des finalités de cette approche de territorialisation et de compréhension des spatialités habitantes pourrait être, de déterminer si l’urbanisation du littoral correspond bien, partout et toujours, à la satisfaction d’un désir de rivage et si, le cas échéant, ce désir est bien satisfait.
L’idée avancée ici est que l’urbanisation pourrait ne plus servir seulement les attentes de populations désireuses de vivre près de la mer, objet qu’ils s’approprient et auquel il s’identifient, mais correspondrait davantage à la réalisation d’un projet dont le mobile principal serait financier. La promotion immobilière basée sur un marketing paysager du littoral continuerait d’argumenter sur les ressources paysagères de la côte, sans pour autant offrir des relations directes avec ces aménités.
La dimension paysagère du littoral est alors l’élément qui détermine sa valeur monétaire. Les vues et le paysage visible sont perçus comme bien commun ce qui interroge la faible prise en compte de la dimension du paysage visible dans les politiques publiques. Ce dernier questionnement nous conduit à la deuxième dimension d’analyse du territoire littoral abordée au niveau de la seconde partie du mémoire: La gouvernance des acteurs dans le littoral marocain. Le chapitre qui suit focalise sur le cas marocain en particulier et son arsenal juridique en matière de gestion des territoires littoraux.
31 Mémoire de fin d’études
32 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance II. Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance Par l’auteurSaidia
1. Un espace gouverné, un paysage préservé ?
Structurationdesdynamismesd’actionssurlelittoralmarocain
A. Définition spatiale du littoral marocain
Délimitation de la bande réglementaire du Littoral
« Littoral: zone côtière constituée:
Côté terre: …sur le domaine public et les eaux maritimes intérieures tels les estuaires, les baies, les étangs, les sebkhas, les lagunes ainsi que les marais salants et les zones humides communiquant avec la mer et les cordons dunaires côtiers;
Côté mer: du rivage de la mer et de l’étendue des eaux maritimes situées au-delà de ce rivage jusqu’à une distance en mer de 12 milles marins. »
La Loi Littoral n°81-12, Article 2
33 Mémoire de fin d’études
Saidia
Acteur Attracteur
B. Le territoire : Système d’acteurs et d’actions
Endogène Symbolique
Exogène Transitionnel
Matériel Idéel
« Ces différents types d’acteurs inscrivent de fait le territoire considéré dans un jeu d’échelles géographiques qui lui confèrent des significations multiples et diversifient les angles de vue sur sa destinée, son aménagement et l’occupation de son espace, son développement, etc. Quelle que soit la situation de l’acteur par rapport au territoire, on notera que son discours est essentiel. C’est le vecteur du sens (des sens différents) qui lui est conféré et qui nourrit les actions dont il est l’objet » (Di Méo, 2006, p. 7)
GuyDi Méo précise dans son article « les territoires de l’actions » que « Acteurs et actants possèdent des compétences intentionnelles et stratégiques. Ils se distinguent à ce titre des agents. Même si ces derniers ne négligent pas l’action, ils sont à la fois moins actifs et moins autonomes que les acteurs/ actants » (2006, p. 7). Il distingue trois grandes catégories générales d’acteurs par rapport à leur appartenance au territoire, support de leurs actions. Les acteurs endogènes, exogènes et transitionnels (2006, p. 7). La première catégorie regroupe les acteurs issus du territoire où ils agissent, en opposition aux acteurs exogènes qui vont l’investir de l’extérieur. Entre ces deux catégories il présente la troisième comme étant une situation intermédiaire : à l’image des résidents secondaires des villes balnéaires, des acteurs ayant optés pour un style de vie nomade et sont ainsi très mobiles, les MRE (Marocains Résidents à l’Etranger), ces derniers bien même qu’ils ne soient plus en lien direct avec leur lieu de résidence primaire, ils maintiennent des liens que dictent des intérêts économiques et stratégiques ou/et un rapport social et émotionnel avec leur territoire d’origine, assurant une forme de conservation des attaches territoriales.
Le territoire est le résultat de transactions, de débats, de stratégies, d’intentionnalités, et d’interactions, ce qui fait de lui un espace de l’action (Di Méo, 2006, p. 7). Comme le précise E Roux, H Gumuchian, E Grasset et R Lajarge dans leur ouvrage « Les acteurs, ces oubliés du territoire » ; la territorialisation des acteurs dépend principalement du degré de leur participation intentionnelle dans les processus à implications territoriales (2003, cité dans Di Méo,
2006, p. 7). Di Méo nous explique que les acteurs s’organisent dans un système et choisissent le territoire, support de leurs actions, selon des objectifs qu’ils qualifient de centraux. Ces objectifs peuvent prendre la forme d’attracteurs concrets, symboliques, matériels et idéels (2006, p. 7). Ils sont gérés soit de façon implicite ou contractuelle. On citera à titre d’exemple le statut juridique que confère la dénomination Parc National ou Réserve Naturelle qui assure la protection effective du site à priori d’intérêt écologique ; les résidences secondaires à accès privé ; le paysage maritime et les SIBE à préserver, etc. Il détaille aussi les liaisons selon une logique proxémique qui peuvent se former entre attracteurs et territoires disposés en réseaux. Il s’agit d’attracteurs mettant en relation des territoires sans tenir compte de la proximité spatiale de ces derniers, à l’image des réseaux des villes ou encore les complémentarités fonctionnelles entre les régions (Di Méo, 2006, p. 8).
Di Méo a noté ces dernières décennies la multiplication des territoires de l’action sociale, ceci a pour résultat une manifestation des territorialités différenciée et spécifique. Le constat de ce lien social renouvelé serait expliqué par les transformations actuelles du rapport spatial des individus. L’action territoriale est influencée par des enjeux économiques, de développement durable, culturelle, politique etc. Et étant donné que le territoire est devenu un instrument de distinction entre les sociétés, ce dernier se nourrit et s’alimente d’une dynamique compétitive qui inévitablement devient force fondamentale dans son évolution (2006, p. 12).
34 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
Territoire
Ministère de l’Equipement.
Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau, et de l’Environnement. Département de l’Environnement.
Littoral
Collectivité locales (Région, Province, Commune).
Ministère de l’Intérieur.
Ministère de Commerce et d’Industrie.
C. Gouvernance de l’espace littoral
Comme le précise Majid (s. d.), le littoral est le champ d’actions de plusieurs intervenants en termes de planification urbaine et territoriale, de ce fait la coordination, l’harmonisation et la cohérence des interventions est nécessaire afin d’éviter toutes ambiguïtés quant aux responsabilités respectives des acteurs ainsi que leur part dans la prise de décision, et assurer une complémentarité des compétences et spécialisations. Ci-dessous un tableau récapitulatif des intervenants dans la gestion du littoral.
Principaux intervenants dans la gestion du littoral :
• Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau, et de l’Environnement. Département de l’Environnement
- Conception et mise en oeuvre de la politique gouvernementale dans le domaine de l’environnement
- Coordination interministérielle
-Elaboration des outils juridiques de protection de l’environnement
• Ministère de l’Equipement
- Gestion du domaine public maritime (DPM) et des ports -Délimitation du DPM (Programme volontariste de délimitation renforcée dès l’année 1997, procédure complexe impliquant plusieurs intervenants)
- Assurer la sécurité de la navigation des navires de commerces
- Prévention de la pollution marine
Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, et des Eaux et Forêts
- Elaboration de stratégies nationales (Plan Maroc vert et Plan Halieutis)
- Veille sur l’exploitation rationnelle et la protection des ressources halieutiques
• Ministère de l’Aménagement du Territoire
Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, et des Eaux et Forêts.
Ministère de l’Aménagement du Territoire National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville.
Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération.
Ministère du Tourisme.
National, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville -Elaboration de schémas de développement et d’aménagement du territoire - Elaboration des documents d’urbanisme (SDAU, PA, PDAR)
- Elaboration des Schéma Directeur d’Aménagement Urbain du Littoral (SDAUL)
• Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération
- Participation à l’élaboration et au suivi des conventions internationales relatives à la mer - Coopération internationale relative à l’exploitation des ressources de la mer
• Ministère du Tourisme - Elaboration de politique touristique (Plan Azur, Vision 2020)
- Participe à l’élaboration des outils d’aménagement -Suivre la mise en œuvre des zones à vocation touristique - Aménagement et équipement des sites touristiques
• Ministère de Commerce et d’Industrie -Veille à l’application des règles en matière d’environnement - Amener les unités industrielles à respecter les normes en matière de rejets
• Ministère de l’Intérieur - Elaboration des Schémas Directeurs d’Assainissement
• Collectivité locales (Région, Province, Commune) -Gestion de l’environnement (lutte contre l’insalubrité, collecte et gestion des déchets, gestion de l’assainissement)
Source (Cellule littorale – MedWetCoast Maroc, 2005)
35 Mémoire de fin d’études
D. Cadre juridique spécifique du littoral
Lesincohérences de l’action publique au niveau du littoral sont en relation direct avec un autre problème : la difficulté de définir les limites de l’espace littoral. Le littoral appartient au domaine public et il est sujet de plusieurs textes de lois sectorielles qui restent tout de même inefficace pour la protection du littoral. Les zones côtières étaient régies pas une circulaire du premier ministre dont l’objectif principale était la mise en tourisme de l’espace littoral. On confia la mission de l’examen des grands projets touristiques à la CICATEL. Dans cette perspective de développement plutôt économique du territoire, la circulaire n’était pas en mesure de mettre en place des directives dans le sens d’une gestion intégrée de ces milieux naturels fragiles et espaces à évolution rapide, assurant ainsi leur protection, préservation et développement.
Mansour Majid (s. d.) nous renseigne sur l’importance de la traduction des conventions internationales en des projets de lois internes ainsi que leur importance dans la disposition des éco systèmes et espaces naturels d’un statut juridique assurant leur protection. Le cas des zones humides illustre parfaitement cette situation. Bien que sous les garanties de la domanialité publique, ces zones restent menacées par l’anthropisation continue des littoraux tant qu’elles ne soient pas gouvernées par leur propre loi et pas seulement par la loi sur l’eau dans le droit des ressources naturelles. Ces zones ne sont effectivement protégées que si elles sont soumises à un régime particulier de protection de droit national. En effet, toute action susceptible de nuire au milieu naturel dans l’étendue de l’aire protégée est interdite ou alors fait l’objet de restrictions. La loi 22 – 07 distingue les aires protégées selon leurs caractéristiques et leur octroie le statut soit de Parc national, Parc naturel, Réserve biologique, Réserve naturelle ou Site biologique.
Il est à noter que, ponctuellement sur le territoire national, les documents d’urbanisme tiennent compte des prescriptions de la convention Ramsar avec pour résultat la soustraction de zones humides à l’urbanisation.
La loi 81 – 12 a muni le littoral marocain d’une arme juridique, assurant sa gestion responsable et transparente. Elle représente une avancée dans la réflexion autour de l’aménagement de l’espace
côtier. Ceci dit, en superposant les directives que vient imposer cette loi avec l’arsenal juridique du domaine de l’urbanisme notamment la loi 12 – 90 relative à l’urbanisme et la loi 25 – 90 relative aux lotissements et groupements d’habitations, on note quelques chevauchements imprécis et surtout quelques décalages temporels quant à la mise en application des outils de planification que vient introduire respectivement chaque loi : le SRAT et SDAU d’une part et le PNL et SRL d’autre part (Majid, non daté). Le Plan National du Littoral et le Schéma Régional du Littoral (Loi Littoral) ont pour objectif de déterminer « les orientations et les objectifs généraux à atteindre en matière de protection, de mise en valeur et de conservation du littoral, et la définition des espaces littoraux à réhabiliter ou à mettre en valeur ».
Cette loi pose, entre autres, comme principe de base, une occupation en profondeur du littoral : “- Une bande d’inconstructibilité de 100 mètres minimum à compter de la limite haute du rivage. Cette largeur peut être augmentée si le recul de la côte le justifie ;
- Interdiction de création de nouvelles routes côtières à 2 kilomètres de la ligne de rivage (la servitude de retraits des infrastructures de transport, ne concerne pas les routes de desserte locale et les boulevards de mer) ;
- Amélioration des conditions d’accès à la mer puisqu’il s’agit d’un domaine public (servitude de passage transversale) ;
- Limitation et regroupement de l’urbanisation. Celle-ci doit se faire en aménageant des coupures afin d’éviter une occupation linéaire et diffuse du littoral. “
36 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
2. le tourisme balnéaire : forme d’acculturation du marocain
Miseenperspectivehistorique
A. Rapport du marocain à la mer
Mohamed Berriane dans sa thèse « Tourisme nationale et migrations des loisirs au Maroc » nous renseigne longuement sur l’évolution du rapport qu’entretiennent les marocains avec le littoral ainsi que leurs temporalités touristiques (1989). La forte concentration estivale est à la fois cause et conséquence de l’une des caractéristiques du tourisme marocain, elle est aussi derrière la généralisation du tourisme balnéaire au Maroc chez toutes les couches sociales. Dans une société où la religion et la culture désapprouve tous les comportements découlant de la pratique récréative balnéaire et la fréquentation des plages, on assiste à un vrai paradoxe en voyant une adoption de plus en plus accélérée des plaisirs de la mer chez la société marocaine. Une « révolution » dans les mœurs comme la dénomme Berriane (1989), difficile à cerner et à expliquer.
Dans une tentative d’approcher le problème, on est confronté à deux visions opposées expliquant le rapport des marocains à la mer et au littoral. La première représente un point de vue externe, colonial, où les marocains sont décrit comme étant “allérgiques” à la mer (Montagne, 1923, cité dans Berriane, 1989, p. 351). Cette expliquation sera réfuté par une deuxième formulée par des autochtones qui selon eux “la mer a plutôt (...) profondément modelé l’histoire’’ des marocains (CH. Ferhat, 1979 et M.A Mekouar, 1986, cité dans Berriane, 1989, p. 351). Ils mettent en avant le rapport étroit qui unit le Maroc et le bassin méditéranéen depuis la Haute Antiquité et pendant tout le Moyen Age. Les pays et peuples du Maghreb ont, pendant des siècles, joué le rôle d’intermédiaire entre le continent africain et européen mais cette dynamique ne durera pas longtemps puisque la côte deviendra “une ligne de défense” à partir du XVème siècle, siècle des invasions du littoral marocain par les Portugais et les Espagnols (Berriane, 1989, p. 351).
“Pendant longtemps, les pays maghrébins ont tourné le dos à la mer qui leur avait amené la plupart des envahisseurs; tout au long de l’histoire, des ports, comptoirs commerciaux, commandaient le débouché des volets terrestres; les puissances européennes les ont longtemps contrôlés ou les ont utilisés comme têtes de ponts ou bases de conquêtes” (J.F. Troin, 1985, cité dans Berriane, 1989, p. 351).
Ces têtes de ponts que les Européens ont réussi parfois à contrôler pendant de longues périodes (Mazagan, Azemmour, Safi, Asilah, etc.), ont fait du littoral, pendant les siècles suivants, un “espace de confrontation et non une base de contacts et d’échanges; il est ponctué de marabouts ayant animé la défense du pays, et de forts assurant jadis sa défense” (Naciri, 1985, cité dans Berriane, 1989, p. 351). Le rapport du marocain à la mer est resté longtemps entaché par ces évènements historiques gravés dans le subconscient collectif. A ces pesanteurs de nature historique s’ajoute d’autres
d’ordre naturel. Si la mer méditerranée offre des plans d’eau calmes et des plages abritées, elle reste tout de même difficilement accessible depuis l’intérieur du pays. Du côté atlantique, l’hostilité et la violence de l’océan ont fortement participé à la méfiance des marocains de ce dernier bien que séduit par les longues étendues sableuses qu’il offre (Berriane, 1989, p. 351). En effet et jusqu’à la fin des années 1960, on rapporte qu’il était interdit de se rendre seuls à la plage de peur des noyades. D’après M. Brunot (s. d.) que cite R. Montagne : “la vie maritime de Salé, si intense au XVIIème siècle, n’a été qu’un accident passager provoqué par des étrangers”, alors qu’A. Bernard (sans références) cité par le même auteur, pense que “les Berbères, ont toujours été de piètres navigateurs. L’eau n’est pas leur élément, ils en ont peur”. R. Montagne écrit: “Les Marocains n’aiment pas la mer, n’y connaissent rien, l’Atlantique leur inspire une frayeur profonde” (R. Montagne, 1923, cité dans Berriane, 1989, p. 351).
Selon Berriane (1989), on ne peut tout de même pas lier la répulsion vis-à-vis du littoral qui s’est manifestée au cours des siècles derniers uniquement à cette peur d’origine historique ou naturelle, il introduit par là le facteur culturel et religieux qui joua un rôle prédominant dans la diffusion relativement tardive du loisir balnéaire tel que conçu de nos jours (p. 352). Il est important dans ce contexte de rappeler que la religion musulmane s’oppose à la promiscuité entre les deux sexes et à la découverte de certaines parties du corps publiquement. Ainsi, la ségrégation spatiale qu’induisent les pratiques balnéaires se trouve à l’opposé des préceptes culturels et religieux de la société marocaine. Le conscient collectif est alors marqué par ce sens d’inhibition vis-à-vis des comportements introduits par le loisir balnéaire ce qui explique entre autres l’appréhension dont le littoral est sujet. Ceci dit, les bains de mer n’étaient pas totalement absents des traditions marocaines. Ils apparaissent néanmoins comme des pratiques rituelles performées loin des regards et non comme une recherche des plaisirs de l’eau. Et même plus tard quand la fréquentation des plages devint régulière, elle se faisait dans le respect d’une séparation des sexes et les familles se tenaient loin de la foule (Berriane, 1989, p. 352).
Le loisir balnéaire est introduit dans sa forme contemporaine par les colons, c’est ainsi que la fréquentation des plages est devenue de plus en plus familière chez la population marocaine dès les débuts des années 1960. Ce sont les classes aisées, les plus réceptives aux modèles étrangers, qui commencent à fréquenter les plages. Vers la fin des années 1960, on assiste à une généralisation chez toutes les couches sociales, de toutes les régions du pays, du loisir balnéaire. Un vrai déferlement de la part d’une population dense et variée auquel va succéder le phénomène de masse que nous connaissons aujourd’hui (Berriane, 1989, p. 353).
37 Mémoire de fin d’études
• Le profil du touriste sur les plages marocaine de la méditerranée
“Le tourisme n’est ni une activité ou une pratique, ni un acteur ou un espace ou une institution : C’est l’ensemble de tout cela mis en système. Et ce système comprend les touristes, les lieux, les territoires et les réseaux touristiques, le marché, les pratiques, lois, valeurs et jeu des autres institutions sociales” (Knafou, Stock, 2003, cité dans Aderghal, 2017, p. 3).
Selon Violier, le touriste est définit par la condition spatiale qui est celle d’être loin de chez soi, et la condition temporelle qui implique une durée de séjour d’un minimum d’une nuitée et un maximum d’un an, en dessus de la barre du minimum, on ne parle plus de touriste mais d’excursionniste (2009, cité dans Aderghal, 2017, p. 3). Bien que l’étude de l’espacetemps du tourisme ou de la mise en tourisme d’un lieu puisse nous guider vers la définition du profil ‘touriste’, il est tout aussi important de se pencher sur le rapport qu’entretient l’Homme avec les lieux à travers la mobilité touristique.
La mobilité touristique telle que définie par l’équipe MIT (2002, cité dans Aderghal, 2017, p. 4), se base sur le « fait de quitter son lieu de vie habituel afin d’aller habiter temporairement d’autres lieux ». Cette définition nous permet de comprendre comment le touriste pratique les lieux (Stock et Duhamel, 2005, cité dans Aderghal, 2017, p. 5). Un intérêt particulier est prété à la façon dont le touriste se déplace dans les lieux, il s’agit de la notion de la pratique touristique, fondamentale dans la recherche socio-économique du tourisme et la construction du système touristique (Equipe MIT, 2002, cité dans Aderghal, 2017, p. 4).
La pratique touristique
La pratique touristique est ce qui relie le touriste au lieu. Une notion sociologique qui comprend ce que l’individu fait et le sens qu’il attribue à son acte (Cuveliez, 1998, cité dans Aderghal, 2017, p. 4). Dans la géographie, il existe une adéquation entre le lieu et la pratique. L’équipe MIT distingue plusieurs formes de pratiques dont les principales sont : le repos, le
SOURCE https://www.parismuseescollections. paris.fr/es/node/360826
jeu et la découverte (2002, cité dans Aderghal, 2017, p. 4). Trois notions englobant tout ce que le touriste pourrait faire. Une quatrième pourrait être rajoutée à la liste, le shopping. Cette pratique est le résultat de la mondialisation et de la fast fashion. Il accompagne le voyage d’agrément pour devenir une nouvelle forme du tourisme. Ces différentes pratiques ne sont pas répertorié indépendamment les unes des autres, elles sont, bien au contraire, combinées dans les activités touristiques. Il n’est pas rare de trouver des villes littorales qui offrent un produit touristique très varié, à l’image de la ville de Barcelone qui propose à la fois un tourisme culturel, commercial, sédentaire et festif. Ainsi deux facteurs déterminent les motivations touristiques selon Mountinho, la personnalité de l’acheteur et les caractéristiques du produit (1987, cité dans El Hassouni, 2013, p. 3). Pour Dann, la décision de voyager et le choix de la destination reposent également sur deux ensembles : l’incitation (push) et l’attraction (pull) (1977, cité dans El Hassouni, 2013, p. 3).
Au Maroc les loisirs représente le motif principal pour la majorité des touristes étrangers. 77% d’entre eux choisissent le Maroc à cette fin (Aderghal, 2017, p. 8). Dans son article, Soumaya El Hassouni (2013) distingue un soubassement psychologique et un soubassement socio-anthropologique des motivations touristiques (p. 3-4).
De point de vue psychologique, ces motivations correspondent à des besoins de distinction, de changement, de contact, de regroupement familial, ou encore des besoins plus personnels comme la séduction ou l’infantilisme. Bien que cette catégorisation nous facilite la compréhension de la nature du rapport entre touriste et destination, il est toutefois difficile de caser les motivations de millions de touristes dans ces catégories exhaustives. Le comportement du touriste reste bel et bien complexe et rarement défini par une seule motivation (Boissevain, 1996, cité dans El Hassouni, 2013, p. 4).
De l’optique socio anthropologique du comportement touristique, M.F. Lanfant indique deux visions différentes : la francophone qui s’intéresse aux fondements socio culturels du tourisme, et l’anglophone qui se rapporte à l’évolution des modes et pratiques touristiques (1987, cité dans El Hassouni, 2013, p. 4). Il est certain que la révolution industrielle, et celle de l’information et de l’informatique ainsi que le développement technologique ont influencé le système de valeurs. Selon Nahrath et Stock, les touristes s’approprient l’espace en le transformant en lieux, mais c’est aussi leurs pratiques qui modifient la qualité de l’espace (2012, cité dans Aderghal, 2017, p. 1).
38 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
Les
de Tanger - 6 août 1844
bombardements
Ces pratiques, comme le précise Berriane, prennent différentes formes selon la nationalité ainsi que l’influence culturelle subite dans un contexte géographique précis. Ceci le mène à dire que le rapport à un territoire diffère chez chaque touriste et que les représentations d’un espace dépendent de ses pratiques effectives (1992, cité dans Aderghal, 2017, p. 1).
Aderghal (2017) a pu tirer de la recherche intitulée « Tourisme des nationaux, tourisme des étrangers au Maroc: articulations, stratégie des acteurs et appropriation de l’espace » un certain nombre de caractéristiques du tourisme dans la société marocaine. Il se caractérise par une recherche de promiscuité et du regroupement familial, expliquant une faible fréquentation des hôtels et formes d’hébergement commerciales. Il a été relevé aussi que une adoption généralisée des plaisirs de la mer chez la population marocaines. Un autre point rapporté est la fragmentation au niveau des pratiques touristiques au Maroc. On note la présence d’une minorité qui séjourne dans une ambiance décrite comme occidentale ou européenne, et une majorité à cheval entre des pratiques importées et pratiques traditionnelles (p. 5).
Aderghal (2017) prend pour espace d’étude la ville de Tétouan. Les éléments d’analyse ainsi présentés sont révélateurs du comportement touristique dans notre ère d’étude (la ville de Saidia) de par la promiscuité géographique des villes et la similarité des vocations et pratiques touristiques dans les deux villes.
On releva une prédominance d’un tourisme domestique mobil. En effet, l’étude menée par Berriane confirme ce constat : le tourisme domestique au Maroc est un phénomène important qui a débuté dans les années 1980 (1992, cité dans Aderghal, 2017, p. 5). Le littoral est ainsi une destination touristique nationale et non internationale. Selon l’étude d’Aderghal (2017), le marché touristique se composait essentiellement des déplacements domestiques pendant l’été 2014. 70% des réponses recueillies mettent en évidence qu’il s’agit
Mémoire de fin d’études
d’un territoire fortement convoité par les Marocains résidents dans d’autres villes et les Marocains résidents à l’étrangers, d’ailleurs ce résultat peut être confirmé par une observation sur terrain (p. 5). Le littoral est manifestement et majoritairement convoité par une population nationale, parfois même régionale seulement à l’image de la ville de Saidia.
Le tourisme au Maroc est fortement associé au tourisme domestique, responsable d’un volume de déplacement et apport financier important. Selon l’Observatoire du tourisme, 47% des résidents marocains ont effectués des déplacements qui rentrent dans la catégorie des déplacements touristiques, en l’an 2014.
D’après les résultats de l’enquête effectuée par Aderghal (2017), c’est la classe moyenne qui fréquente le littoral de la ville de Tétouan, la tranche d’âge prédominante est comprise entre 30 et 50 ans (77%) suivie par les plus jeunes de 30 ans. 60% de leur échantillon représentait des salariés de la fonction publique et du secteur privé. Des estivants d’une classe moyenne, qui au Maroc, connait des disparités importantes. Dans le cas de cet étude, il s’agit principalement d’une classe moyenne supérieure capable d’auto financer ses déplacements (p. 8).
Pour ce qui est de la justification du choix de la destination touristique, Aderghal (2017) précise que 60% des touristes enquêtés justifient leur déplacement vers le littoral de Mdiq (ville près de Tétouan) par la qualité des plages, une mer non agitée et moins profonde par rapport à d’autres destinations. 33% de ces touristes sont attirés par le climat, les paysages touristiques et la qualité du cadre (p. 8).
Selon Chebat « Un ressenti affectif associé à des images rattachées aux sites touristiques contribuerait aux choix du touriste » (1997, cité dans Aderghal, 2017, p. 5). Ceci suppose que le motif proprement touristique constitue la principale raison qui pousse au voyage vers notre destination.
Recherche de promiscuité et du regroupement familialMénages appartenant à la classe moyenne
77% entre 30 et 50 ans
Salariés de la fonction publiques ou secteur privé Un fort usage résidentiel non marchand
Motivés par la qualité des plages
Loisirs balnéaires: Piquenique, Baignade, Jeux de plage
Déambulation Promenade
Voyage d’agrément
Pratiques rituelles
39
Tourisme domestique
Une autre caractéristique du tourisme national est les pratiques d’hébergement. Les touristes étudiés n’ayant pas de profil touristique homogène du fait de leur appartenance à une classe moyenne hétérogène en terme de capacité financière, le processus de fabrication de l’espace touristique sera tout aussi diversifié que les touristes qui le crée. L’étude fait ressortir un fort usage résidentiel non marchand, ainsi plus de la moitié des ménages enquêtés sont propriétaire d’une résidence secondaire (Aderghal, 2017, p. 8).
La situation a la particularité d’associer dans un même espace une population à la fois résidente et touriste, un mode d’habiter traduisant plusieurs dynamiques avec plusieurs lieux de vie, en l’occurrence la résidence principale et secondaire.
La classe moyenne fréquentant le littoral se démarque par son modèle de consommation. Avec l’évolution des moyens financiers, cette catégorie peut se permettre des pratiques sociales précédemment réservées à une couche sociale supérieure. L’article d’Aderghal (2017) précise à ce sujet que cet effet de mimétisme est soutenable grâce aux failles des politiques sociales de l’Etat, où des logements sociaux censés résoudre une problématique d’habitat se trouvent détournés pour être utiliser comme résidences secondaires (p. 9). C’est le cas notamment des logements sociaux situés dans les villes de Mdiq, de Fnideq ou de Martil qui constituent un investissement immobilier mis sur le marché de location et s’inscrivant une partie de l’année dans la sphère du tourisme marchand mais non signalés aux impôts (Aderghal, 2017, p. 9).
La société marocaine a connu une évolution sans précédent en termes de pratiques sociales, le rapport à soi et à son corps a changé par rapport à ce qu’il a été il y a 50 ans de cela. On accorde désormais plus de temps à soi, et plus d’importance au loisir On note une émancipation des individus dans la société marocaine avec pour résultat l’émergence de nouveaux comportements et une affirmation des pratiques de bord de mer, surtout sous l’influence du tourisme international qui donna au littoral et aux plages cette image dorée entretenue jusqu’ici. Ce processus est à l’origine du développement du tourisme balnéaire au Maroc et à Tétouan en particulier comme le précise Aderghal (2017, p. 11).
Il s’avère que 97% des marocains se rendent à la plage soit pour piqueniquer, se baigner ou s’amuser à jouer sur la plage. L’analyse croisée entre les pratiques et les lieux de leur manifestation met en évidence des clivages socioculturels (Aderghal, 2017, p. 11). Les lieux touristiques s’adressant à une classe supérieure sont différents de ceux pratiqués par une population de la classe moyenne. Ainsi les lieux fréquentés sur le littoral par les deux catégories
ne répondent pas aux mêmes exigences de prestations, aux mêmes détails esthétiques, ni aux mêmes critères de confort.
L’espace touristique du littoral de Tétouan a été aménagé pour assouvir les besoins récréatifs d’une élite, des établissements touristiques et résidentiels de haut standing offrant toutes les conditions nécessaires pour profiter de l’espace balnéaire. Ces établissements se caractérisent par leur aspect fermé, constituant de véritables enclaves avec des voies d’accès privatisées à la plage, séparés totalement du restant de la ville (Aderghal, 2017, p. 12).
La classe moyenne est caractérisée par un comportement intermédiaire que dynamise une tendance de ritualisation. Ainsi les déplacements sont pensés à l’avance dans une contrainte temporelle imposée par les congés et les vacances des enfants et où la destination est fixée d’avance. Une autre de leurs caractéristiques comportementales est la recherche de lieux animés, offrant plus d’opportunités de rencontre et d’interactions sociales (Aderghal, 2017, p. 13).
Les activités diffèrent le jour de la nuit, si les activités de la majorité des marocains sont la beignade, les piquenique et le jeu, celles-ci restent reservées à la période diurne. La soirée est dévolue à la pratique de la déambulation La promenade maritime, le centre-ville, les quartiers commerçants sont les plus fréquentés, ce qui met en évidence l’importance de l’espace public dans la destination touristique (Aderghal, 2017, p. 13-14).
De ce constat peut être confirmé une hiérarchisation des lieux touristiques, « la plage, la promenade et les centres de Mdiq, Fnideq et Martil sont les lieux les plus pratiqués par les touristes, ce qui, a selon nous, créé une centralité touristique sur le littoral qui prend forme par la continuité entre les lieux, les pratiques et les mobilités ». Cette notion de centralité a été étudié dans son aspect théorique par la géographie ainsi les lieux sont centraux car « la demande atteint les niveaux nécessaires pour que l’offre s’avère rentable» (Demattei, 2003, cité dans Aderghal, 2017, p. 15).
Cet espace est central d’un point de vue touristique du fait qu’il soit « le fait d’habitants temporaires dont le mode d’habiter est voué à la seule recréation » (Knafou et al., 1997, cité dans Aderghal, 2017, p. 15). Là la centralité n’est pas étudié dans son aspect spatial ou qualité d’espace mais plutôt dans « sa spatialité c’est-à-dire d’actions produisant des centralités. Elle émerge par la pratique in situ d’habitants temporaires ». Bien qu’identifié par les espaces à fonction hôtelière, le littoral est tout aussi reconnu par ses espaces publics où les fréquentations continues font d’eux une centralité marquante (Aderghal, 2017, p. 15).
40 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
B. Entre le sacré et le ludique : Le Moussem et les pratiques balnéaires
Desanalyses effectuées par des géographes allemands intéressés par le sujet des loisirs et de la récréation dans les sociétés d’Orient, ont révélées que les pèlerinages effectués par les arabes auprès de leurs saints sont à l’origine des déplacements à but récréatif.
La récréation est ainsi définit, comme le rapporte Mohammed Berriane, comme étant un phénomène culturel spécifique qui subit des changements à mesure de la multiplication des facteurs qui entrent en jeu dont notamment le niveau de développement, l’environnement naturel et les influences étrangères (E. Grôtzbach, 1981, cité dans Berriane, 1989, p. 114).
Le tourisme et les loisirs peuvent prendre différente forme au niveau national, à l’exemple de « Nzaha » pratiquée dans les milieux urbains au Maroc, et qui consiste en des balades et pique-niques en périphérie de la ville, là où l’urbanisation cesse et la nature commence. Il peut prendre la forme de séjours en montagne, fréquentation des sources thermales ainsi que les voyages dont le but principal est le pèlerinage mais qui comporte tout de même un aspect récréatif.
Mais voilà que les touristes européens arrivent et que toute une planification et urbanisation se met en œuvre pour leur accueil à l’occidental. La réaction des acteurs autochtones est présentée par les géographes allemands en trois catégories : la première étant la juxtaposition de deux espaces accueillants deux clientèles différentes avec de minimes adaptations des formes traditionnelles, la deuxième y est décrite comme étant une adaptation d’une classe particulière (l’élite et une frange de la classe moyenne) à des pratiques touristiques importées ou dites occidentales. Il s’agit principalement d’un phénomène d’imitation de ces formes de tourisme par cette classe qui aurait supposément le « privilège » de fréquenter les mêmes espaces que les touristes étrangers, ceci en opposé à des pratiques autochtones qui restent manifestement ancrées chez la classe populaire et chez les ruraux (Berriane, 1989, p. 113-115).
Enfin la troisième catégorie peut être décrite comme étant l’intermédiaire entre les deux précédentes dans la mesure où elle réfute cette narration séparatiste entre un peuple traditionnel et un peuple moderne. Les auteurs parlent ici plutôt d’une interpénétration des différents comportements récréatifs pour aboutir à une seule forme de tourisme et loisirs qualifiés de « moderne » dont figure les séjours en bord de mer.
SOURCE https://www.leconomiste.com/
Au Maroc a priori se manifeste les trois catégories à la fois, on sépare, on imite et on échange Chaque région et chaque destination offre un contexte social et un passé unique participant considérablement à la définition de la forme de tourisme qui s’y est développé
Du Moussem à la station balnéaire
L’action de voyager en arabe est désignée par le mot ‘Saha’, mais il est originellement employé pour désigner des voyages religieux qu’entreprenaient des mystiques dans le cadre d’une recherche d’expériences individuelles. ‘Saih’ désigne alors la personne ayant accomplie l’action de voyager précédemment décrite. De nos jours ce mot signifie ‘touriste’ (Berriane, 1989, p. 116).
Le moussem en arabe classique est la traduction de ‘saison’, sa deuxième dénomination est ‘laamara’ du verbe ‘amara’ signifiant remplir ou habiter, ces deux définitions suffisent pour révéler les caractéristiques clés de cette pratique (Berriane, 1989, p. 117). Le Moussem est en effet un pèlerinage collectif pratiqué en des périodes précises de l’année. La plupart des Moussems dont la date de tenue est liée au calendrier agricole et non pas hégirien se concentrent pendant les deux mois d’Août et de Septembre. La saison des moissons touchant à sa fin, le moussem vient annoncer la fin de l’année agricole et offre peut être l’unique distraction dans le monde rural. Le moussem est concrètement un rassemblement et une convergence de populations vers un même point, le sanctuaire d’un saint, pour des motifs religieux et récréatif (Berriane, 1989, p. 118).
41 Mémoire de fin d’études
Fantasia - Moussem Moulay Abdellah Amghar
Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
Un premier exemple dans l’histoire socio-culturelle au Maroc d’une manifestation récréative dédiée aux loisirs et distractions malgré son caractère sacré (Berriane, 1989, p. 118).
La question qu’on pourrait se poser et comment un acte religieux s’est retrouvé associé à la récréation et aux foires et fêtes populaires. Des éléments de réponse ont été fournis par F. Reysoo dans ce qu’elle appelle la triade pèlerinage-foire où en Arabie pré islamique se tenait des ‘maouassim’ (pluriel de ‘moussem’), des marchés à des carrefours de routes caravanières où s’effectuaient commerce tout en s’accompagnant de concours de poésie à l’image de ‘Souk Okad’ (Berriane, 1989, p. 117). Bien qu’il ne soit pas totalement désacralisé, le moussem reste une manifestation religieuse qui n’exclut pas la récréation
Au Maghreb s’organisait des foires annuelles et des marchés bi-mensuels. J.F Troin souligne d’après ses analyses qu’un lien peut être établi entre marché, marabout, fêtes et pèlerinages (1975, p. 241-242, cité dans Berriane, 1989, p. 118). Berriane met l’accent sur l’interpénétration entre le sacré et l’économique et la perpétuation de certaines pratiques sous de nouvelles formes dans nos sociétés contemporaines, à l’image des achats de produits locaux de stands de foire qu’on rapporte chez soi, des pratiques qui refont surface dans les stations balnéaires (Berriane, 1989, p. 145). L’accent est mis sur un phénomène tout aussi important et révélateur du processus à l’origine de nos pratiques récréatives actuelles, il s’agit des inversions symboliques, comme les dénomme F. Reysoo dans son étude sur les fêtes patronales (1988, cité dans Berriane, 1989, p. 133). Quatre points concluant sont ainsi mentionnés :
1. La rupture avec la routine quotidienne et la réadoption du mode de vie nomade – dont témoigne le déplacement de la famille.
2. L’espace domestique qui est privé et intime en temps normal, se transforme en un espace public lorsque la femme qui l’occupe relève les pans de la tente pour suivre ce qui se passe à l’extérieur.
3. La sobriété et la modestie du régime alimentaire dans la vie courante cèdent la place à une certaine opulence.
4. Certains codes régissant les relations entre les sexes, au niveau notamment de la ségrégation spatiale, semblent être transgressés.
Ces inversions permettent de comprendre quelquesunes des conduites des vacanciers-campeurs marocains d’aujourd’hui, celles-ci trouvant leurs origines dans ces mêmes pratiques. L’observation des mutations affectant
“ La pratique balnéaire trouve donc son origine lointaine dans l’histoire des foires religieuses et leurs aspects économiques et sociaux de l’Arabie préislamique, mais aussi dans le mouvement maraboutique et la tradition des souks - deux phénomènes spécifiques du Maroc-, et, enfin, dans les rites agraires du monde bérbéro-méditerranéen ” (Berriane, 1989, p. 118).
de nos jours ces moussems confirme cette conclusion (Berriane, 1989, p. 133).
La transition de la récréation de type Moussem à celle que l’on connait dans les stations balnéaires d’aujourd’hui, est dictée par l’évolution de ces mêmes points qu’on a relevés et qui caractérise la pratique du Moussem.
Plusieurs marabouts sont situés sur la côte: Sidi Kaouki dans la région d’Essaouira, Sidi Abderrahmane au sud de Casablanca, Moula Koubtine et Moulay Bou Selham au Nord de Kénitra, pour ne citer que ceux-là (Berriane, 1989, p. 146). Les bains de mer se pratiquaient d’ores et déjà pendant les moussems mais pour des motifs différents de ceux invoqués aujourd’hui, la rhétorique derrière cette pratique a évolué afin que cette dernière prenne la forme actuelle avec ses spécificités culturelles et sociales (Berriane, 1989, p. 352).
Comme le souligne Berriane, la culture et la religion ont eût un rôle d’inhibiteur vis-à-vis des pratiques balnéaires importées, pour ainsi dire, le fait de découvrir des parties de son corps et que les deux sexes puissent pratiquer le même espace dans une certaine promiscuité n’étaient pas bien vu de point de vue religieux (Berriane, 1989, p. 352). Ceci dit le bain de mer figurait tout de même autant que pratique dans des événements à caractère sacrés tel le moussem. A Moulay Abdallah, une ancienne pratique réunissait des femmes qui, à marée basse et dans une ambiance de fête, prenaient des bains collectifs à proximité d’une résurgence d’eau légèrement douce ; ou encore à Moulay Bou Selham ou des groupes de pelerins, hommes et femmes, s’avançaient vers la mer pour s’asperger les pieds d’eau de mer (Berriane, 1989, p. 146).
Cette pratique (le bain de mer) … était vue, comme un acte de purifica tion et de recherche de bénédiction … Ces pratiques sont vécues par les pèlerins comme des étapes rituelles du moussem (Berriane, 1989, p. 146).
L’attitude vis-à-vis de la mer a connu une forte évolution dès lors que les moussems sont visités par un grand nombre de pèlerins venus de la ville. L’exemple cité par Berriane est la plage de Moulay Abdallah, où les comportements des visiteurs sont similaires à ceux qu’on pourrait voir sur les stations balnéaires : concentration des baigneurs, le port de maillots de bains, et comportements sur le sable et dans l’eau reproduisant les clichés courants des loisirs balnéaires modernes et banalisés (1989, p. 147).
Il est évident qu’on s’éloigne ici des motifs traditionnels de la visite d’un moussem : on n’est plus dans la sacralité de l’acte de baignade ni dans la recherche de bénédiction, les visiteurs sont plutôt à l’assaut des plaisirs de la mer et des attractions foraines qui les accompagnent. On note ainsi un recul de la forme traditionnelle des pratiques de la mer qui cède place à des formes de plus en plus modernes que renforce un nouvel imaginaire, de nouvelles pratiques et surtout de nouvelles infrastructures.
42
C. Développement du tourisme balnéaire
C-1. Facteurs exogènes du développement du tourisme balnéaire
• L’influence du tourisme international et des MRE
Cen’est qu’à partir de la deuxième partie de la décennie 1960 que le Maroc fit son apparition sur le marché du tourisme international, en suivant à l’instar d’autres pays, les recommandations de la Banque mondiale soutenant l’intérêt du tourisme international dans le développement. Le Plan Triennal 1965-1967 est venu consolider cette décision, en faisant du tourisme international l’une des trois priorités du développement et en fournissant des efforts considérables pour l’encouragement de ce secteur. Il s’agit principalement d’une action étatique. Le secteur public se chargea de la majorité des investissements, pilota les opérations d’aménagement et guida l’ensemble des efforts vers la création de destinations attractives pour les capitaux privés nationaux ou étrangers. C’est ainsi qu’un flux de touristes internationaux se diffuse au Maroc, irrégulièrement et inégalement réparti sur le territoire national faut-il rajouter. Le tourisme devient alors l’un des principaux régisseurs de l’organisation spatiale de certaines zones, mais aussi le nouveau facteur de modification des équilibres et des économies locales (Berriane, 1980, cité dans Berriane, 1989, p. 193).
Le phénomène qui nous intéresse dans le développement du tourisme international au Maroc, mis à part le bouleversement des économies régionales, est l’effet d’entraînement qu’ont subi les comportements touristiques des nationaux, tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit d’un phénomène touchant certaines régions plus que d’autres et qui a évolué en trois phases telles qu’exposées par Berriane (1989, p. 193-194) :
La première phase est celle qui précède l’installation du Maroc sur le marché du tourisme de masse. On notait l’existence de trois types de tourisme : Un tourisme de séjour aristocratique (hommes d’affaires et croisières), limité et répandu au niveau de quelques villes côtières en plus de la ville de Marrakech ; un tourisme plus diffus pratiqué par des circuits privés qui sillonnaient le Sud intérieur et le Moyen-Atlas; enfin un tourisme d’estivage, pratiqué par les résidents étrangers et quelques nationaux et dont les destinations étaient les stations balnéaires (J.F. Troin, 1967, cité dans Berriane, 1989, p. 193).
La deuxième phase s’étale depuis la fin des années 1960 jusqu’au début de la décennie qui suit, c’est la période de réception des premiers touristes étrangers suite à la politique misant sur le tourisme pour le développement national. Les vacanciers sont venus en grands nombres à la recherche des trois ‘S’ : Sea, Sun et Sand. Ces touristes ont été dirigés vers la côte Nord qui a été désigné par les pouvoirs publics pour accueillir les premiers investissements de cette première phase. C’est ainsi que
au Maroc
le tourisme balnéaire commença à prendre de plus en plus de terrain et que les premiers villages de vacances émergèrent.
A partir des années 1970, la tendance est au tourisme sédentaire. Le changement du comportement touristique de la clientèle française prédominante, l’attraction de nouvelles nationalités scandinaves et allemandes, le poids de certaines tours operators, l’évolution des moyens de transport et le déplacement par avion aux destinations touristiques sont tous des facteurs ayant fortement participé au développement des séjours balnéaires et sédentaires particulièrement. En réponse à ces changements, l’attention des pouvoirs publics s’est tournée vers de nouvelles côtes, avec pour exemple le lancement de la station d’Agadir. La ville concentrera à elle seule plus du quart des touristes.
Les lieux de tourisme connaissent dorénavant une grande affluence et de grands rassemblements introduisant de nouvelles pratiques, de nouveaux modèles de consommation et comportements observés par l’œil curieux des autochtones. Contrairement à d’autres pays maghrébins où s’est développé le tourisme balnéaire, comme la Tunisie à titre d’exemple, le Maroc n’a pas connu une diffusion rapide de ces modèles importés vers l’intérieur du pays. Dans le cas tunisien, l’étalement a été promu par le maintien d’un tourisme itinérant. Les lieux de rencontre entre les visiteurs étrangers et les nationaux sont donc multiples (Berriane, 1989, p. 194). Le tourisme balnéaire sédentaire au Maroc à participer à une certaine fragmentation sociale entre une population en confrontation directe et régulière avec les étrangers et une autre vivant loin des champs de pratique des nouveaux comportements récréatifs.
L’influence entre les deux cultures aux niveaux des destinations touristiques s’est faite en dépit d’une volonté manifeste de séparation entre la population locale et étrangère au départ. Cet isolement sociospatial fut décrié et remis en question par les aménageurs et touristes par la suite (Berriane, 1989, p. 195). La rencontre avec cet ‘autre’ comme le nomma Berriane se faisait dans les ruelles des médinas, les terrasses de café et sur les plages. Cette fusion culturelle s’est accentuée au fur et à mesure de la multiplication des rencontres et des échanges bien souvent chargés de préjugés. L’hôtel et les stations balnéaires restent les espaces où se croisent les touristes étrangers et des individus appartenant à la classe supérieure ou dans une moindre mesure à la frange privilégiée des classes moyennes. Ils constitueront « les noyaux d’une amorce du tourisme endogène » (Berriane, 1989, p. 196). Un effet de mimétisme est relevé chez certaines couches moyennes qui faute de ne pouvoir satisfaire à ce modèle toute l’année, l’adopte pendant leurs courts séjours au bord de la mer. Il est pourtant bien clair que bien plus que son influence directe sur les habitudes et
43 Mémoire de fin d’études
comportements des Marocains, ce sont les équipements et infrastructures du tourisme international qui seront décisifs dans le changement de paradigmes relatifs au littoral
Cette évolution du tourisme a eu un impact inévitable sur le chemin d’évolution de la société marocaine. Berriane rapporte avec justesse les réflexions de M.Bousnina, J.M. Miossec et H. Picheral sur les rapports entre culture et espace géographique : ” l’apparition d’une innovation colportée par un voyageur, qu’elle soit lentement acceptée ou imposée, provoque une ouverture sur un espace culturel plus grand que la communauté ne peut percevoir dans sa totalité ” (M. Bousnina et al., 1981, cité dans Berriane, 1989, p. 199).
Ainsi la fréquentation des plages, l’acquisition d’une résidence au bord de la mer, et les plaisirs de la mer en général (bronzage, apparition des sports nautiques, jeux de société, habitudes vestimentaires et culinaires, mixité, mise en valeur de la beauté féminine) représentent toutes des pratiques qualifiées d’importées ou étrangère à la culture marocaine de l’époque (Berriane, 1989, p. 200). Il faut néanmoins préciser que l’évolution sociétale et les nouveaux comportements touristiques ne pourraient être attribuables aux touristes étrangers à part entière, le cinéma et la mode sont autant de facteurs qui entrent en considération dans le processus d’acculturation du Marocain surtout avec l’urbanisation massive des ruraux Ce dernier s’imprègne de ces modèles et les adopte comme siens.
« Les touristes ne sont finalement que le modèle vivant illustrant l’image globale d’une culture supra-nationale » (Berriane, 1989, p. 200).
En étudiant les influences extérieures, Berriane montre un lien entre trois éléments essentiels qui sont l’héritage de la colonisation, l’influence du tourisme international et les effets entrainants des émigrés (1989, p. 176-203)
Les MRE (Marocains Résidents à l’Etranger) pendant leur séjour annuel au Maroc effectuent des voyages avec leurs familles et amis diffusant ainsi l’habitude du camping moderne et des voyages au fin fond des campagnes. Ils ont en conséquence un fort pouvoir d’entrainement sur les nationaux. Mais ces trois éléments explicatifs restent insuffisants à rendre compréhensible le développement spectaculaire du tourisme national au Maroc, il faut prendre en considération la part des facteurs endogènes dans le tournent touristique.
C-2. Facteurs endogènes du développement du tourisme balnéaire
• Les transformations de la famille et de la société urbaine
Les mutations familiales et de leur dynamique nous ont permis de comprendre dans un premier temps les transformations qui ont affecté les habitudes touristiques et de loisir de la société urbaine marocaine.
Plusieurs facteurs s’interpénètrent : du rajeunissement de la population à la scolarisation, en particulier celle des jeunes filles, au le travail des femmes et les nouveaux modes de vie, tous ont entraîné l’apparition et le
développement des familles jeunes de type conjugal et des besoins nouveaux en matière de logement, d’éducation, de travail et de loisirs (Berriane, 1989, p. 204). De nouvelles conditions socio-professionnelles ont favorisé le développement d’un nouveau modèle de vie familiale sans pour autant qu’il devient la règle générale dans la société marocaine. La famille traditionnelle et élargie est toujours présente. Les relations entre les nouvelles cellules constituées et le groupe familial élargi se maintiennent pour des raisons économiques, sociales ou psychologiques. Cependant l’attachement aux nouvelles valeurs citadines appelle à un besoin de départ et d’évasion. La taille dorénavant restreinte de la famille et le cumul des revenus des deux parents permettent ce déplacement (Berriane, 1989, p. 205). Le maintien de solides relations avec le groupe familial élargi, conjugué à une décohabitation imposée par l’éloignement du lieu de travail, multiplient également les occasions de départ pour les participations à la vie du groupe (fêtes familiales et religieuses). Tout concourt donc à faire de ces familles restreintes des candidats aux départs en vacances (Berriane, 1989, p. 205).
Le développement d’une classe moyenne représente l’une des transformations les plus importantes de la société marocaine (Berriane, 1989, p. 206).. Cette catégorie sociale a été renforcée dès le début des années 1970 grâce aux actions déployées par l’Etat afin de constituer un cadre économique et social adapté à cette classe. Parmi les actions engagées on note un recrutement massif au niveau de la fonction publique, la scolarisation, le renforcement des secteurs public semi-public et privé, la politique de logement dans les principales villes, et la promotion des PME grâce au processus de la marocanisation... Cette classe représente la classe tampon entre une classe aisée et une masse populaire démunie. De par leur effectif réduit et leur indépendance financière, les nouvelles cellules familiales sont sensiblement réceptives à la valorisation du loisir et du tourisme dans les milieux urbains (Berriane, 1989, p. 206). Ces classes moyennes, hétérogènes mais ouvertes à la fois aux classes supérieures et aux classes pauvres, jouent un rôle important dans la diffusion d’un ensemble de valeurs auxquelles elles sont fermement attachées. Cependant, la participation de la classe moyenne au mouvement touristique national relève aussi d’un besoin propre à cette catégorie, qui n’est pas qu’imitation (Berriane, 1989, p. 206).
• Le rôle de la scolarisation
La scolarisation joue un rôle essentiel dans la diffusion des besoins de déplacement du tourisme moderne. Cette scolarisation, ouverture de l’âme, règle la vie annuelle des familles, ainsi que les besoins de type individualiste qu’elle apporte et éveille (Berriane, 1989, p. 207).
Ce n’est plus la forte chaleur estivale qui explique la lourdeur des vacances d’été, mais la nécessité d’occuper les longues vacances scolaires qui coïncident avec la saison estivale. Aussi, le contact avec les autres qu’exige la vie scolaire a un inévitable effet de spectacle. Les parents sont obligés de répondre aux demandes des enfants pour plusieurs raisons. D’une part, un nouveau type de relation entre les parents et leurs enfants a émergé. Les premiers, dans leur désir de réunir les conditions idéales de réussite
44 Le territoire littoral au Maroc
Pratiques et Gouvernance
:
– notamment scolaire – de leurs enfants, ontcompris le rôle des vacances et du temps libre dans cette réussite. Les membres de la famille deviennent exigeants et ajoutent des aspirations complémentaires à l’éducation : ils revendiquent le droit au ‘Hobby’ en échange de la réussite scolaire, préoccupation majeure des parents. D’un autre côté, ces parents réalisent en quelque sorte qu’ils ne peuvent pas vivre sans vacances organisées (Berriane, 1989, p. 207).
• Le rôle du salariat
Pendant les années 1980, la notion de « vacances », encore peu connue à la campagne, est très bien accueillie par les citadins travaillant dans le secteur moderne. Elle est également – et de plus en plus – adoptée par les travailleurs indépendants qui sont en contact étroit avec les travailleurs qui appliquent la législation du travail dans le secteur de l’emploi. La journée de huit heures a été instituée à l’époque du Protectorat sous l’impulsion du gouvernement du Front Populaire, un dahir fut promulgué en juin 1936 (Boudahrin, 1984, cité dans Berriane, 1989, p. 207). C’est ainsi que nous assistons à la fermeture des commerces et des services dans les quartiers résidentiels des classes moyennes à supérieures les dimanches et pendant trois à quatre semaines en été. Cependant, aucun règlement ou législation n’impose cette fermeture. Les propriétaires de ces commerces et services décident de s’adonner à des loisirs qui varient avec le temps de travail, de manière tout à fait spontanée et libre. Il s’agit d’une façon de s’adapter au rythme « travail/loisirs » de leurs clients, et à la fois pour répondre aux attentes de leurs enfants pendant les vacances scolaires, et peut-être sont-ils sous l’influence des pratiques de leurs clients ou ressentent-ils simplement ce besoin de rupture (Berriane, 1989, p. 207-208).
La notion de vacances, inconnue il y a 65 ans ou réservée aux seuls ressortissants étrangers, s’est donc ancrée dans les esprits. La signification de ce mot ne se limite pas à sortir du travail - être en congé payé - mais signifie également sortir du lieu de travail pendant ce congé annuel et plus précisément pendant les vacances scolaires (Berriane, 1989, p. 208).
• Le rôle de la motorisation
En introduction à un article portant sur “les transports routiers de voyageurs dans la région de Casablanca”, Berriane rapporte les remarques de M. Bonnefous en l’an 1953 : “De tous temps, les Marocains ont montré pour les voyages le plus vif engouement. Sans vouloir chercher l’explication de ce penchant dans un reste d’attirance vers le nomadisme, on ne peut que constater le nombre élevé des voyages rituels : pèlerinages traditionnels, réunions sociales impliquant des déplacements comme les souks et les moussems, et se rendre compte de l’attrait exercé sur les habitants de ce pays par les migrations de tous ordres Ce goût a été avivé depuis que voyager est devenu synonyme d’utiliser un engin à moteur” (Bonnefous, 1953, cité dans Berriane, 1989, p. 208). Conséquence de l’influence européenne, la motorisation des moyens de transport accroît la mobilité des Marocains dans l’espace et diversifie les destinations. Depuis, de grandes sociétés de transport et quelques petits transporteurs desservent
Mémoire de fin d’études
toutes les destinations par la route, tandis que l’ONCF modernise et étend son réseau (Berriane, 1989, p. 208-209).
Cependant, une grande innovation a marqué la société depuis les années 1960 : la voiture particulière s’est généralisée à certains groupes sociaux. Le parc automobile, qui continue d’augmenter lentement mais régulièrement depuis le début des années 1970, atteint 828 812 véhicules en 1987, dont 67 % sont des voitures particulières (Berriane, 1989, p. 209). Cependant, les ménages de fonctionnaires étant plus ouverts à leurs habitudes de déplacement, la possession d’un véhicule personnel facilite et parfois encourage ces déplacements. Cette classe sociale, qui se compose principalement de familles bénéficiant de congés payés et disposant de véhicules de transport privés, représente une classe qui peut réagir avec les classes supérieures aux messages des médias qui encouragent et diffusent de nouvelles habitudes culturelles (Berriane, 1989, p. 210).
“ La banalisation des cultures aboutit au développement d’un sentiment d’appartenance à un monde reconnu à travers des signes internationaux ” (M. Bousnina et al., cité dans Berriane, 1989, p. 211).
• Le rôle des mass médias
Adam a souligné l’impact de la radio en tant qu’outil de changement social du fait qu’elle imprégnait le cœur de la maison (Adam, 1972, cité dans Berriane, 1989, p. 210). La radio a été activement soutenue ultérieurement par le cinéma et la télévision, grâce à la puissante influence de l’image. La chaîne de télévision nationale puisait largement dans un stock de feuilletons américains et européens pour remplir ses grilles de programmation. Le feuilleton égyptien qui se présentait comme une alternative à cette occidentalisation des thèmes, est lui-même occidentalisé superficiellement et n’est qu’un sous-produit de cette culture supranationale. La deuxième chaîne est privée, associée à deux chaînes étrangères, l’une française et l’autre canadienne. Enfin, avec la télévision directe, les satellites étaient destinés à servir. L’Europe déborde de la Méditerranée pour couvrir la majeure partie de la région marocaine (Berriane, 1989, p. 210). De ce fait, la télévision joue un rôle efficace dans la diffusion des clichés que l’on retrouve sous toutes les latitudes : les hôtels, les piscines, la douce voix des hôtesses, les aéroports, les autoroutes, les lundis à la maison, les pelouses, les week-ends, les t-shirts des collèges américains, les jeans et les militaires. La publicité diffuse des images qui promeuvent indirectement le tourisme de loisirs et le tourisme moderne. Cette influence se mesure par l’émergence et la diffusion rapide de la mode vestimentaire chez les jeunes. En effet, toutes les scènes qui célèbrent le côté rafraîchissant des différentes boissons se déroulent dans une piscine ou une plage, où les acteurs se prélassent dans le plaisir de l’eau structure l’image moderniste du bonheur et de la bonne santé relativement facile à reproduire. Elle imprègne l’inconscient du spectateur et se reconnaît dans la tendance selon laquelle les citadins accordent une place de choix aux pratiques balnéaires par tous les moyens possibles (Berriane, 1989, p. 210-211).
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“ Essai de schéma synthétique des différents facteurs explicatifs du développement du tourisme et des loisirs au Maroc ” (Berriane, 1989). Elaboré par M. Berriane (1989), réinterprété par l’auteur.
46 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
D. Le balnéaire à Saidia : Une identité cachetée française
D-1. Evolution de la ville de Saidia
Le choix du site de la ville de Saidia a été motivé par le sultan Hassan Ier, il y fit construire une casbah en 1883 à des fins militaires, à environ 587 m de la côte et sur les rives du Oued Kiss qui marque la frontière entre l’Algérie et le Maroc. Mais l’essor de Saidia en tant que centre touristique revient aux colons français qui en ont fait un centre d’été dès les premières années du protectorat. Ainsi, vers 1930, la présence de colons a déclenché l’urbanisation de la côte de Saidia en établissant les premières structures parallèles à la côte.
“La plupart des villes côtières comme Agadir, Essaouira, El Jadida, Casablanca, Rabat, Salé, Kénitra (Mehdiya), Larache, Asilah, Tanger et Al Hoceima sont dotées à l’époque coloniale d’un secteur balnéaire qui comporte un minimum d’équipements commerciaux et de loisirs ainsi que des cabines et des moyens d’hébergement. Ailleurs, de petites stations balnéaires sont lancées sur des littoraux vierges de toute présence humaine. C’est le cas … de Martil et Saïdia sur la côte méditerranéenne” (Berriane, 1989, p. 179).
Trois grandes étapes peuvent être distinguées dans l’urbanisation récente de Saïdia :
• la genèse du noyau du centre urbain vers l’indépendance ;
• les décennies 1960, 1970 et 1980 ;
• la période entre 1989 et 2014 ;
Le développement du tissu urbain de la ville est allé dans plusieurs directions à partir du noyau mentionné. Au cours des années 1960, 1970 et 1980, on note l’explosion de la structure urbaine de Saïdia sous l’influence du développement du tourisme social, et ce, dans trois directions (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 3-4-5)
Carte : Processus d’urbanisation de Saïdia entre 1958 et 2014
Source : Photos aériennes (1958 et 1988) + image de Google Earth (2015). Elaboration K. Haddouti sous ArcGis (2016)
Au-delà de la forêt de Tazegrart, de nouveaux quartiers sont apparus parallèlement au noyau ancien. Une partie de cette nouvelle structure a été construite aux dépens de cette forêt. En même temps, certains douars continuaient de croître en arrière-pays. C’est le cas de douar Lakhtatba qui est relativement proche du centre en question.
Autour de la casbah, on retrouve le site originel de Saïdia avec une zone résidentielle permanente et secondaire développée autour de la casbah et du marché à l’est de la ville.
Saïdia connaîtra un développement touristique social sans précédent en front de mer. C’est un tourisme qui s’est développé grâce à la mise en place de divers équipements et infrastructures d’estivage touristique, qui sont alloués aux salariés ou fonctionnaires des entreprises et des établissements publics et parapublics dans le cadre de leur action sociale L’essor de ce type de tourisme aura des conséquences importantes dans l’urbanisation de Saïdia, car les structures d’hébergement sont consommatrices d’espace, d’autant plus qu’elles contiennent aussi bien des tentes, des bungalows que des villas. Les services sociaux dans les établissements publics et parapublics ont à disposition seize terrains de camping depuis 1990.
La croissance démographique de Saïdia s’est poursuivie de manière continue, notamment au cours des années 1980 avec un taux de croissance annuel moyen de 5,76%, après avoir connu une faible croissance annuelle moyenne de 0,79% entre 1960 et 1982. Entre 1989 et 2014, le statut touristique de Saïdia s’est confirmé et continua son développement en arrière-pays. Pendant cette période, l’urbanisation de Saidia s’accroit à un rythme remarquable. On n’observe qu’un étalement vers le sud des quartiers situés près de la forêt de Tazegrart (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 4).
47 Mémoire de fin d’études
Saidia - Evènement du 15 Août
SOURCE https://web.facebook.com/Lesamisde saidia/
Depuis 2005, dans le cadre du Plan Azur, la nouvelle station touristique de Saïdia imprime un grand changement à l’urbanisation du site, puisqu’un nouveau pôle urbain viendra s’ajouter à l’agglomération à l’ouest et loin du centre-ville initial.
L’ouverture de nouvelles localités à l’urbanisation ne serait pas possible s’il n’y avait pas la volonté d’ériger la ville de Saïdia en station touristique internationale (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 4) Des hôtels et des équipements de loisirs touristiques ont été créés, confirmant le caractère touristique de son urbanisation. La dynamique spatiale de la structure urbaine de Saidia durant cette phase a été accompagné d’une croissance démographique soutenue : (8780 h en 2014 contre 2563 h en 1994) avec un taux de croissance moyen annuel de 10,15% durant la dernière décennie (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 4). Ce plan s’est étendu à tout le Maroc avec la naissance de six stations touristiques intégrées : Saïdia, Plage-Blanche, Mogador, Mazagan, Lixus et Taghazout. Mediterrania-Saidia est la nouvelle station touristique de Saidia. Lancé par le promoteur immobilier espagnol FADESA, le projet couvre une surface de 713 hectares. Depuis fin 2007, la prise de participation de 50% par le groupe marocain Adohha dans sa filiale FADESA-Maroc a réduit la participation de l’Espagne au projet. Il s’agit du plus grand projet touristique jamais entrepris au Maroc. Il comprend un port de plaisance, des hôtels de luxe, des villas, des appartements, des résidences de tourisme, des villages touristiques, trois golfs 18 trous, un parc aquatique, un centre de thalassothérapie, un centre de congrès, une clinique et des installations sportives (Salmon M. et al., 2010, p. 98-99).
De même, pour la modernisation de la région limitrophe du projet, d’importantes infrastructures ont été mises en place en termes de routes, d’alimentation en eau potable, d’électricité, de lutte contre les inondations… etc. Enfin, il
faut noter qu’entre l’embouchure de la Moulouya et le NSTS se trouve un site d’intérêt biologique et écologique, qui bénéficie d’un statut de conservation spécial, depuis 1994 (Salmon M. et al., 2010, p. 99).
Ainsi, trois décennies après l’ouverture de Saidia en tant que station balnéaire, sa surface bâtie, 14,71 hectares, a presque quadruplé à la fin des années 1980, atteignant plus de 57 hectares Mais c’est dans les phases finales que cette croissance devient importante : la surface bâtie a augmenté de 12,5 %, dépassant les 186 hectares en 2014. Cette remarquable expansion urbaine de Saïdia est principalement due au développement rapide des équipements touristiques. En effet, leur surface bâtie en 2014 était d’environ 58,5 hectares, soit près du tiers de la surface bâtie totale et 1,7% du territoire de Saïdia (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 4).
La contribution du tourisme à l’urbanisation de Saïdia fait de cette ville un cas intéressant d’étude de l’évolution des espaces urbains côtiers du littoral marocain (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 5). Des calculs montrent que la superficie couverte par les équipements touristiques de Saidia dépassait 497 hectares soit 14,35% de son territoire en 2014. De plus, les résidences touristiques sont de plus en plus implantées à Saidia. Il occupe une part importante du tissu urbain de la ville. En 1983, la ville comptait 594 résidences secondaires, contre seulement 202 résidences occupées par des résidents.
Il s’avère que l’expansion urbaine de Saidia tend à se faire davantage à l’intérieur de son territoire, bien que sa bande côtière ait été la première à être occupée par une zone bâtie. Ainsi, la part de cette zone située à moins d’un kilomètre de la mer représentait environ 93,4% en 1958, 91% en 1988 et 71,1% en 2014 du total de la surface bâtie (Haddouti et Zerrouki, 2017, p. 5).
48 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
Le 15 août était le jour où la ville de Saidia organisait un grand événement festif comportant un grand nombre d’activités sportives et culturelles. Cette fête a été initié par les colons qui passait leur été dans la ville, le choix de cette date n’est pas arbitraire, les français célèbrent en cette date le jour de signature du Concordat de 1801 rétablissant la religion catholique en France et le date de naissance de Napoléon.
« …Depuis 1930 jusqu’à la fin des années 1970, le 15 août était fêté à Saidia en grande pompe. Chaque année pendant le protectorat français au Maroc, l’association patronale organisait des événements majestueux et singuliers que les visiteurs de la région avaient le plaisir de vivre à cette occasion. Un programme diversifié qui sublimait et enchantait les petits comme les grands. De nombreuses activités étaient programmées. Concours d’élégance automobile, tournois sportifs, cyclisme, tir aux pigeons, fantasia, des loisirs, shows et enfin une grande soirée de danse et de musique, bal populaire, feux d’artifice et un grand banquet au restaurant les sablettes (hôtel Hannour aujourd’hui), idéalement situé en plein cœur de la ville à la place Mispoulet (place 20 Août aujourd’hui). L’organisation de cet événement s’est prolongée plusieurs années après l’indépendance du Maroc sous la direction d’un comité de fête mais remplacé ensuite par le festival de Saidia. » (https://web.facebook.com/Lesamisdesaidia/)
49 Mémoire de fin d’études
SOURCE https://web.facebook.com/Lesamisde saidia/
Saidia - Evènement du 15 Août
CONCLUSION PARTIE II
Considérant que l’urbanisation résulte pour partie des politiques publiques menées sur les territoires, cette recherche nous a servi à mettre en relation les données factuelles de l’urbanisation avec les dispositions prises localement pour l’encadrer et les discours tenus par les acteurs publics. Cette orientation de travail a pour objectif de rechercher la cohérence mais aussi les décalages pouvant exister entre des intentions, des actes, des représentations et la réalité des changements sur le terrain.
En recensant l’ensemble des outils de planification spatiale, des trajectoires de planification ont été reconstituées. Parallèlement, les mesures plus ou moins fortes de protection de l’environnement ont été inventoriées, ainsi que l’ampleur des superficies concernées (locale, régionale ou nationale). Les deux approches (trajectoires de planification urbaine et niveau de mise en œuvre des protections environnementales) vont ensuite être combinées en vue de produire une base d’analyse pour la commune de Saidia.
L’importance de l’enracinement des habitudes touristiques dans la culture marocaine est le deuxième résultat qu’il convient de souligner dans cette conclusion. En effet, le développement du
50 Le territoire littoral au Maroc : Pratiques et Gouvernance
tourisme dans le Maroc d’aujourd’hui apparaît plutôt comme une continuité des pratiques d’hier. Or, comme l’a indiqué Berriane (1989), les pratiques récréatives d’aujourd’hui ne sont pas la formulation d’une série de facteurs internes ou externes, mais plutôt le résultat de leur imbrication. D’autres facteurs qu’on pourrait qualifié d’exogènes sont entrés dans la formulation de la forme actuelle des pratiques touristiques au Maroc dont notamment le mimétisme des classes sociales supérieures et moyennes en direction des modèles occidentaux, identifié au niveau du chapitre C.
L’imbrication des déplacements hérités de la tradition et des pratiques récentes s’accompagne d’une revitalisation des anciennes formes, comme les moussems à titre d’exemple. Le Moussem est une manifestation récréative illustrant cette imbrication qui s’accompagne d’emprunts mutuels entre les deux formes : des pratiques traditionnelles s’inspirant des modèles de comportements touristiques récents et des formes de tourisme récentes intégrant des conduites traditionnelles. Il est la preuve de la porosité des pratiques et leur capacité à intégrer de nouveaux paradigmes ainsi que leur adaptation aux contextes sociaux en constante évolution.
51 Mémoire de fin d’études
Synthèse des parties I et II
Dans
la quête d’une formulation d’un modèle de développement approprié à la ville de Saidia, il a été primordial de se doter des instruments de réflexion nécessaires afin de pouvoir appréhender les problématiques générales auxquelles font face les stations balnéaires et villes côtières et celles particulières au contexte marocain et la ville de Saidia. Le processus d’appréhension de la littoralisation que motive le secteur touristique a été scindé en trois phases, chacune révélera soit la problématique dans sa matérialité et réalité physique (substance) ou alors dans sa dimension sociale et psychologique (sensibilité).
L’intérêt de notre approche dans un premier temps est de mettre en évidence l’existence d’une expression sociale dans la réalité matérielle de l’espace et de la demande vis-à-vis de cette réalité.
La première partie nous renseigne sur la monétisation du paysage. L’urbanisation au littoral correspondrait simplement à une recherche de rentabilité en répondant à une demande sociale de paysage côtier. Bachelard explique poétiquement cette demande par cette force d’attraction de la mer qui représente un symbole « maternel » chez les êtres humains. La mer dans ses dimensions scéniques, panoramiques et matérielles joue un rôle central dans les représentations.
Il se trouve que le paysage dans sa matérialité est définit par trois éléments « abiotiques, biotiques et anthropiques » et évolue selon l’état de relation entre ces éléments. Ces derniers définissent le matériel et introduisent implicitement les sous-systèmes ‘visibilité’ et ‘représentations’ qui permettent l’évolution du paysage. La demande sociale vis-à-vis du littoral correspondrait à la volonté d’une recherche d’aménités paysagères, ce qui en soit, gagne à être explorer par la visibilité de ses composantes paysagères. En effet, la visibilité du paysage crée le lien entre sa matérialité et les représentations qui en sont faites.
Le processus de modification du paysage matériel commence par le passage du paysage visible par des filtres perceptifs, il sert en conséquence de support aux représentations. Il fait ensuite l’objet de recherche, d’aménagement et de gestion, qui en retour altèrent le paysage matériel et en conséquence modifient la visibilité du paysage. Ce processus nous révèle le moment et l’impact de l’intervention de l’architecte / urbaniste
52 Synthèse des parties I et II
Par l’auteur
dans la formation des paysages urbains.
Toujours dans la recherche de la manifestation d’une expression sociale dans la matérialité de l’espace, nous nous sommes attardés sur la notion d’ « appropriation ». Ce processus est en relation directe avec les sensations, les émotions, les perceptions, les représentations voir même les constructions imaginaires et idéologiques mobilisant ainsi la dimension affective de l’identité. L’appropriation est rattachée à la construction de la territorialité des individus soit par des marqueurs du vécu ou des marqueurs idéels.
L’espace vécu, en opposition à l’espace perçu, est un espace ‘approprié’, identifié et pratiqué, doublé de représentations et comportant un aspect imaginaire relatif aux souvenirs, attentes, espoirs, craintes …de l’individu. En s’appropriant l’espace et en créant leur territorialité, les individus deviennent des acteurs dans leurs territoires respectifs, inscrivant de fait le territoire considéré dans un jeu d’échelles géographiques qui lui confèrent des significations multiples et diversifient les angles de vue sur sa destinée, son aménagement et l’occupation de son espace, son développement, etc.
La seconde partie est dédiée à la compréhension de ce que la territorialité de l’individu implique en termes d’actions dans le cadre défini du littoral. Ces acteurs (endogènes, exogènes et transitionnels) agissent selon la nature du rapport qu’ils entretiennent avec le territoire (idéel, matériel, symbolique …), ainsi le territoire littoral connait l’intervention de multiples acteurs dont figurent ceux étatiques. Ces dynamiques d’action sont contrôlées et gouvernées par un arsenal juridique relatif au domaine de l’urbanisme (la loi 12 – 90 relative à l’urbanisme et la loi 25 – 90 relative aux lotissements et groupements d’habitations) ainsi que la protection, la mise en valeur et la conservation du littoral (loi 81-12). Ces lois présentent quelques chevauchements imprécis et des décalages temporels quant à la mise en application des outils de planification que vient introduire chaque loi (PNL, SRL, SNAT, SRAT, SDAU, PA).
Nous avons questionné le rapport que l’acteur marocain entretiens vis-à-vis du littoral de point de vue historique afin d’apporter un éclairage sur le développement des pratiques récréatives en général et balnéaires en particulier au Maroc.
La pratique balnéaire trouve son origine lointaine
dans l’histoire des foires religieuses et leurs aspects économiques et sociaux de l’Arabie préislamique, mais aussi dans le mouvement maraboutique et la tradition des souks - deux phénomènes spécifiques du Maroc, et, enfin, dans les rites agraires du monde bérbéroméditerranéen.
La pratique touristique est ce qui relie le touriste au lieu. Une notion sociologique qui comprend ce que l’individu fait et le sens qu’il attribue à son acte. Or la société marocaine au fil du temps a connu plusieurs changements de paradigmes attribués principalement aux différents évènements historiques qu’elle a connus. La deuxième moitié du dernier siècle marqua une grande évolution dans les pratiques récréatives du marocain. On note une émancipation des individus dans la société marocaine avec pour résultat l’émergence de nouveaux comportements et une affirmation des pratiques de bord de mer, surtout sous l’influence du tourisme international.
Durant la période coloniale, la plupart des villes côtières comme Agadir, Essaouira, El Jadida, Casablanca, Rabat, Salé, Kénitra (Mehdiya), Larache, Asilah, Tanger et Al Hoceima sont dotées d’un secteur balnéaire qui comporte un minimum d’équipements commerciaux et de loisirs ainsi que des cabines et des moyens d’hébergement. Ailleurs, de petites stations balnéaires sont lancées sur des littoraux vierges de toute présence humaine. A l’exemple de la ville de Saïdia sur la côte méditerranéenne. Cette ville à vocation balnéaire a vu son statut touristique renforcé par une volonté d’ériger Saïdia en station touristique internationale avec le Plan Azur 2010. Une ville limitée à une identité monofonctionnelle qui a restreint les perspectives de son développement.
Dans ce sens, le travail qui suivra cette recherche théorique, vise à s’atteler à cette problématique en proposant un projet qui appuiera la vocation touristique en la détournant du balnéaire à la culture et la créativité, tout en introduisant de nouvelles fonctions permanentes s’étalant le long de l’année compensant la saisonnalité des fonctions actuelles. Ce pari de qualité urbaine concorde avec la prise d’importance de la mise en récit de la ville et l’élaboration d’une nouvelle narration urbaine fondée sur une réponse aux besoins économiques, sociaux et la création d’une identité propre à la ville de Saidia.
54 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia III. Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia Par l’auteurSaidia
Diversité Connectivité
Habitabilité
Dansle prolongement de la méthode hypothéticodéductive adoptée, le travail qui s’en suit portera sur une confrontation des données factuelles et théoriques rassemblées, à la réalité sur le terrain que révèlera une analyse du site support de notre intervention. Il s’agit de comprendre comment notre territoire fait face à la pression urbaine et d’identifier des situations types, manifestant des
postures d’anticipation, de suivisme, voire d’attentisme. Les cohérences ou encore les incohérences qui vont être identifiées entre les orientations qui se dégagent de la doctrine adoptée et la réalité de la ville de Saidia vont nous guider vers l’évaluation des actions à entreprendre dans notre projet, ainsi par le biais de cette base théorique dont on dispose que nous allons pouvoir développer un projet architectural et urbain.
Inclusivité
Identité Dbaru i l i t é
Harmonie
Axe
A H B E C D G F Délimitation géographique Gouvernance urbaine Urbanisation littorale Représentations du paysage maritime Pratiques balnéaires Tourisme balnéaire EnvironnementalInstitutionnel Social Culturel Urbanistique Infrastructrel Economique Architectural
Scénarios
Axe d’analyse de la ville de SaidiaDiagnostic
de recherche théorique sur le littoral au Maroc
Orientations stratégiques
d’aménagement
La Nouvelle Station Touristique de Saïdia (NSTS), appelée Mediterrania-Saïdia, est un des plus grands chantiers touristique Maroc. Le programme initial comportait une marina (port de plaisance, centre commercial, base nautique), des hôtels de haut standing, des villas, des appartements, des résidences touristiques, des villages touristiques, trois parcours de golf de 18 trous, un aquapark, un centre de thalassothérapie, un palais des congrès, une clinique et des équipements sportifs (piscines, stades de football et d’athlétisme, courts de tennis).
56 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
01 Taghazout Agadir 02 Mazagon El
Jadida
03
Mogador Essaouira
1. Présentation et Diagnostic
A. Le balnéaire au Maroc : Vision et Stratégies de développement
Plan Azur 2010 et 2020 sont des plans de renforcement des destinations touristiques existantes à travers la création de stations balnéaires de nouvelle génération avec un investissement global de 5 Milliards d’euros. Ces stations sont MédiSaidia, Larache, Mazagan, Mogador, Taghazout et la Plage blanche)
Plan Azur : Béni ou maudit
Selon les médias le plan est en deçà des objectifs fixés, un rapport de la cour des comptes sur la société marocaine d’ingénierie touristique montre un bilan déficitaire loin d’atteindre les chiffres escomptés. En terme de capacités litières seul 2.7% de l’objectif fixé a été atteint sur l’ensemble des six stations crées (Saidia, Larache, Mazagan, Mogador, Taghazout et la Plage blanche). Un retour sur investissement peu convaincant pour un plan qui a vu une consécration d’1.3 milliard de dirhams pour la station de Taghazout seulement. Les raisons derrière ces défaillances sont multiples, le développement des stations est freiné par des problématiques d’ampleur économique (la crise financière de 2008), de business model glissant vers des aménagements immobiliers ou encore de manque de visibilité et de valorisation des destinations.
PLAN AZUR : Création de six stations balnéaires au maroc Perspectives touristiques à long terme
Dans ‘Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?’ qui s’articule dans le cadre de ‘Prospective Maroc 2030’, le HCP présente trois scénarios pour une politique touristique à long terme. Une ambition d’élever le niveau du débat d’un tourisme comme secteur indépendant vers un secteur participant à la construction d’un Maroc nouveau, performant socialement et économiquement.
Le premier scénario développe la possibilité d’une exploitation judicieuse des ressources du littoral. Ce scénario mise sur la compétitivité du produit touristique marocain dans le pourtour méditerranéen
par une optimisation du rapport qualité/prix, bien que le souci majeur dans cette équation reste l’amélioration de la qualité : une amélioration des infrastructures, des services touristique ; le prix demeure un facteur avantageux puisqu’il reste bas par rapport aux zones de la méditerranée du nord. Cette stratégie nécessite entre autre un partenariat public/privé, plus d’opérateurs touristiques de qualité, plus de contrôle et de gestion afin de gagner des parts de marché dans un secteur fortement concurrentiel.
Le deuxième scénario suit les recommandations du Plan Bleu et s’axe sur le développement d’une destination touristique focalisant sur la durabilité comme facteur de compétitivité. La durabilité est une politique difficilement applicable dans un contexte touristique qui crée plus de dommages environnementaux qu’il n’en résout. La question est alors abordée, comme le précise le rapport, du côté de l’aménagement du territoire, de l’affectation des ressources et de l’identification des forces et faiblesses locales en matière d’activité et d’environnement. Ce scénario mise sur l’intégration du développement durable à travers les interstices que mettent en place cette connexion tourisme et aménagement.
Le troisième scénario est celui d’un tourisme de la connaissance basé sur la réalisation personnelle de chaque touriste. Dans un contexte de conflits régionaux, il serait souhaitable de mettre sur table des propositions d’intégration et de rapprochement entre les deux rives de la méditerranée. Ce scénario met en évidence l’importance d’acteurs auparavant peu associés au tourisme. Il mise sur une participation pluridisciplinaire et un développement de secteurs hétérogènes : système de santé, système universitaire et tout fournisseur de services pour un touriste associant à la fois tourisme et travail, tourisme et bien être ou santé ou encore le tourisme avec la formation et la recherche.
57 Mémoire de fin d’études 04 Plage Blanche Guelmim https://orientalmarocain.com/ 05 Lixus Larache 05 Mediterrania Saidia
Préfecture Oujda Angad
Commerce, Services, Economie sociale et solidaire
Province de Berkane
Agriculture, Agro-alimentaire, Tourisme
B. Opportunités et complémentarités fonctionnelles à l’Oriental
Industrie, Logistique et Tourisme
Agriculture, halieutique et Tourisme
Province de Nador Province de Driouch Province de Guercif
Agriculture et Logistique
Province de Figuig
Agriculture, Tourisme et Energies renouvelables et Mines
Province de Taourirt
Agriculture, Tourisme et Logistique
Province de Jerada
Agriculture, Tourisme et Mines
Le contexte régional où s’inscrit la ville de Saidia est en constant développement et dispose d’un fort potentiel économique.
Une infrastructure à portée internationale : Le complexe portuaire Nador West End, L’aéroport Oujda Angad.
Une diversité des domaines de production au niveau de la région de l’Oriental : Tourisme, Commerce, Agriculture, Pêche,
Industries, Services ...
Un capital humain : Une majorité de population jeune.
Un capital naturel : Littoral : plages sableuses (2% seulement du linéaire côtier national), Montagne : zone forêstière et grottes historiques, Désert et Oasis.
Un capital culturel identitaire.
58
de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
Appropriation
SRAT - RÉGION DE L’ORIENTAL HTTPS://WWW.AGRICULTURE.GOV.MA/AMZ/
La région en chiffres
km²
Le découpage administratif de la région regroupe une préfecture : Oujda - Angad et 7 provinces : Berkane, Taourirt, Jerada, Figuig, Nador, Driouech et Guercif.
Selon de le Recensement Général de l’agriculture la superficie agricole utile est estimée à 891 479 hectares.
9 ème PIB/Hab
Les activités du secteur tertiaire (services marchands et non marchands) qui ont contribué en 2018 à hauteur de 47,5% du total du PIB régional et représente 68,6% de la valeur ajoutée de la région en 2019.
Avec 26,1 Hab/Km² et 6,8% de la population nationale en 2014, la région de l’Oriental enregistre une faible densité régionale.
La population régionale compte 50% de femmes, un taux de scolarisation de 92,3%, un taux de chômage de 18,1% et un taux d’urbanisation 65,4%.
1.5 millions des Marocains résidents à l’étranger sont originaires de la région de l’oriental.
5
Le port de Nador, Bani Nassar,
Le port de Ras El Ma, Le port de Sidi Hssaine, Le port de plaisance de Saïdia, Le port de Marchica
La région cumule 700 km en périmètre fron talier dont 500 km avec l’Algérie.
59 Mémoire de fin d’études
90130
30% des MRE sont originairede la région
10% de la superficie agricole utile nationale 42,5% de la population est active
5% du PIB national
Ports
44,6% de la population a moins de 25 ans 200 Km sur le littoral méditerranéen
MONOGRAPHIE GÉNÉRALE - RÉGION DE L’ORIENTAL
HCP 2019HCP 2019 HCP 2019 HCP 2019 HCP 2019 HCP 2019 HCP 2019
2019
MONOGRAPHIE GÉNÉRALE - RÉGION DE L’ORIENTAL
HCP
60
l’espace
Appropriation de
littoral : Cas de la ville de Saidia
61 Mémoire de fin d’études
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63
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65
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67
https://oujdaregion.com/
https://steemit.com/
La ville de Saidia en images à différentes époques
68 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
Analyse thématique
Lepotentiel touristique et balnéaire de la ville de Saidia en particulier et la zone littorale allant jusqu’à Ras El Ma présente un certain nombre de limites que la crise sanitaire a mis en exergue. Une diversification des activités s’avère alors nécessaire pour faire face à la saisonnalité que connait la zone.
Le projet de la nouvelle station touristique de Saidia a bénéficié d’un montant total d’investissement de 12 milliards de DH. Il compte un programme étoffé d’équipements structurants qui, à nos jours, n’a été que partiellement réalisé;
Parmi les projets qui ont vu le jour, nombre sont sous utilisés voir délaissés, à l’image du centre commercial «Médina» ainsi que toute la marina.
Une analyse thématique du territoire de la commune de Saidia s’impose comme outil révélateur des Forces, Faiblesses, Potentialités et Menaces au niveau de la zone. Une cartographie et un tableau synthétisant toutes les données à notre disposition vont nous guider vers la formulation de notre proposition d’aménagement ainsi que le choix de la zone d’intervention.
69 Mémoire de fin d’études
C. Saidia : entre potentialités et mono fonctionnalité
Tableau synthèse d’analyse - SWOT - ville de Saidia
Dimension
CaractéristiquesPrésentation Forces Faiblesses
Caractéristiques physiques du milieu
Le cadre naturel correspond à une vaste plaine côtière plane dont l’altitude est inférieure à 6 m, avec une largeur constante de 2,5 km à l’est de Oued Moulouya.
Les sols dans la plaine côtière sont argileux salés, avec la présence d’une nappe phréatique salée à une faible profondeur.
La ville de Saidia dispose d’une bande côtière de plages sableuses longue de 14 km
La plage entre Ras El Ma et Saidia s’étire sur 22 km, la plus longue de l’ensemble du littoral méditerranéen marocain
Processus d’accrétion ou d’érosion rivage
Environnementale
Espace vert et SIBE
La forêt de Tazegrart constitue l’unique espace vert naturel dont dispose la ville de Saidia, elle a connu un démaigrissment important suite à l’étalement urbain qu’a connu la ville. L’embouchure du Oued Moulouya bénéficie du statut de SIBE.
Des paysages marchandisés par marketing territorial La végétation a un rôle écologique très important dans la protection de la zone de l’ensablement en fixant les dunes
Réseau hydraulique
Démographie
Plan Azur Plan Rail 2040 Plan Halieutis
Stratégie Nationale de Développement Durable
Schéma Régional d’Aménagement du territoire (SRAT)
Schéma Directeur d’Aménagement Urbain (SDAU) Plan d’Aménagement (PA)
La commune de Saidia figure dans le bassin de Oued Moulouya, il reçoit au cours de son trajet en plaine, les apports du drainage de la nappe phréatique des Triffa par I’oued Cherraa et par la colature d’Aïn-Reggada qui draine le secteur irrigué de Madagh Stratégies sectorielles nationales Documents d’aménagement Outils de planification
La loi 81-12 a introduit le Plan National du Littoral (PNL) et le Schéma Régional du littoral (SRL)
La population légale de la commune de Saidia selon le RGPH en l’an 2014, s’élève à 8780, soit une évolution de 163,03 % par rapport au l’an 2004. Le poids démographique de la commune reste faible dans la province de Berkane avec un taux de 3,04 %.
La province de Berkane compte un nombre important de sites d’intérêts historiques et architectural
Présence d’une variété typo morphologique decôtes dans une même région
Disposition du littoral de ressources halieutiques importantes
La région connait un climat semi-aride des précipitations faibles et irrégulières (300 mm/ an)
Patrimoine matériel
A Saïdia : • Kasbah de Saîdia • Tombes Sidi Ahmed et Sidi Idriss • Église Pascalet
Mobilisation des forces nationales et régionales dans le sens d’une vision partagée
La loi 81-12 contient plusieurs dispositions et réglementations visant à protéger le littoral de l’invasion de l’urbanisation et ses effets pervers sur le paysage urbain et les systèmes écologique littoraux.
Manque d’infrastructures de pêche niveau de la commune de Saidia Ressources financières limitées et rythme des investissements privés ces secteurs
L’harmonisation entre le SRL et les autres schémas et plans se heurterait à entraves liées aux différentes échéances de leur mise en œuvre et de leur révision.
La présence d’une population jeune selon la répartition par âge et par sexe de la population de la province de Berkane.
Riche patrimoine naturel et culturel au niveau de la région
Taux d’analphabétisme est de 24,1% niveau de la commune de Saidia.
Ségrégation socio-spatiale relativement marquée au niveau de la commune Saidia.
Manque de promotion et mise en valeur du potentiel culturel de la région ville
Patrimoine immatériel Tendance d’urbanisation
Evenement récréatif ayant eu lieu dans la ville de Saidia pendant la période coloniale : La fête du 15 Août
Le Moussem comme pratique récréative autochtone
La croissance du tissu urbain de la ville de Saidia s’est dirigée dans plusieurs directions à partir du noyau (la casbah) et ce, dans trois directions. Autour de la casbah, au delà de la forêt, et le long du front de mer.
La superficie occupée par les installations à vocations touristiques de Saïdia dépasse 497ha, soit 14,35% de son territoire en 2014.
Une économie résidentielle assez développée avec une offre diversifiée
Typologie urbaine diversifiée mais vocation affirmée
Important stock du résidentiel qui reste écouler au niveau de la station Medite ranéa
70
l’espace
Cas de la
de
Appropriation de
littoral :
ville
Saidia
Institutionnelle Sociale Culturelle Urbanistique Architecturale
Opportunités Menaces Orientations
Options Scénarios d’aménagement
Des plages de sables dorés attractives pour le secteur touristique
Belvedère sur toute la ville depuis le dénivelé délimitant la ville du côté Sud d’une pente de 15 à 30 degrés
Le port de plaisance constitue un obstacle au transit sédimentaire expliquant la dynamique déficitaire à l’est de l’embouchure de Moulouya
Aggravation du phénomène d’érosion des côtes de par leur urbanisation massive
par le Unicité de la zone vu la présence de faune et flore remarquable
Les pressions anthropique et urbaine s’exercent sur une biodiversité qualifiée de remarquable
Pratiques des usagers non respectueuses de l’environnement
Nuisances et pollutions relatives à des aménagements et des activités balnéaires
Durabilité
semi-aride et irrégulières pêche au
Possibilité de développement d’activités touristiques écologiques autour de Oued Moulouya et son embouchure
Rarification des ressources en eau requises par toutes les activités économiques et pour la consommation domestique
Elevation du niveau de la mer atteindra 2.5 m en l’an 2100 (Prévision de la NOAA)
Pollution de l’eau et contamination chimique de la mer
Accélération du processus de régionalisation avancée faible dans
d’érosion du autres à des échéances révision.
L’élaboration du SRL capitalisera sur les parties de SRAT et de SDAU, dédiées, au diagnostic stratégique territorial et surtout au niveau cartographique.
24,1% au relativement commune de
La population jeune peut porter un regard nouveau envers l’espace, ce qui participera activement à l’édification d’une nouvelle identité sociale et spatiale plus attractive et dynamique.
valeur et la Développement d’un tourisme culturel
Usage de la culture et la créativité dans les différentes dimensions de la gouver nance urbaine
Résurrection de mémoire festive locale et régionale
Enjeu de coordination et chevauchement des compétences suite à l’intervention d’une multitude d’acteurs au niveau du littoral
Clivage social entre une population qui réside et une population qui visite
Dégradation de la valeur du patrimoine soit par manque d’actions de restauration et mise en valeur, l’effet de l’anthropisation ou l’usage non respectueux du caractère original des lieux
sans reste à Medite
Armature urbaine fonctionnel et en cours de développement
Dégradation de la qualité environnementale et paysagère du territoire
Prélèvement du sable nécessaire aux différents remblais et constructions dans la plaine littorale
Protéger et valoriser le patrimoine naturel et environnemental Renforcer le statut juridique du SIBE par son classement en aire protégée Gérer responsablement les ressources en eau dans les projets touristiques
Création d’un circuit piéton et cyclale le long du Oued Moulouya et la zone SIBE
Dynamiser la mise en application des stratégies sectorielles localement
Création d’un Parc national autour de la zone SIBE
Mise en place d’un programme urbain à destination de la majorité sociale et à usage non saisonnier
Création d’un parcours culturel et gatronomique sur la route méditéranéenne
Intégrer la ville dans une politique régionale de valorisation du patrimoine culturel
Création d’une gare intermodale
Développer des méthodes de gestion de l’eau à l’echelle des unités d’habitation
Reboisement de la ville et la création d’un parc urbain
Création d’un centre de recherche lié à l’eau et l’environnement
Optimiser la temporalité de l’usage du foncier et développer des stratégies d’occupation selon la temporalité d’usage Assurer la résilience de la ville vis à vis des
Création de pistes cyclables traversant la ville
71 Mémoire de fin d’études
Concilier développement touristique et protection des milieux
Harmonie Inclusivité Identité Habitabilité Assurer une coordination spatiale et temporelle dans la mise en oeuvre des programmes Mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel local Aligner l’urbanisme sur les principes du développe ment durable Embrasser la diversité sociale Plusieurs programmes prometteurs sous condition
du respect de l’engagement des parties prenantes
Pluviométrie et Humidité
Aperçu géomorphologique
Le régime pluviométrique est irrégulier, phénomène également caractéristique du climat méditerranéen, mais accentué pendant les deux dernières décennies du siècle passé. Les précipitations annuelles sont rela tivement importantes, et varient entre 250 mm et 530 mm (Ruellan 1970). Notons que 70 à 80 % des pluies tombent entre les mois de décembre et de mai.
Vents dominants
Les vents dominants dans la zone souffle du côté Nord Est et Nord Ouest avec la présence de vents de l’est secs et chauds (chergui) qui favorise la montée des eaux dans cet estuaire qui agit sur la salinité du site.
Températures moyennes
Lacôte marine s’étend entre Ras El Ma et Saidia est composée d’une plage sableuse longue d’environ 22 km, séparée de la plaine des Chrarba par un cordon dunaire bas, interrompu uniquement au niveau de l’embouchure de la Moulouya (Hammada.S 2007).
Les montagnes des Oulad Mansour sont une falaise qui correspond à une flexure qui relève des calcarénites du Quaternaire fossilisé sous le Quaternaire récent de
la plaine. Elle est limitée au nord par la dépression de Chrarba et au sud par les plaines de Tarifa (Hammada.S 2007).
La plaine côtière des Chrarba (ou de Saïdia) représente une dépression côtière située à l’est de l’embouchure de Moulouya sur une distance de 12 km environ, elle est constituée essentiellement de limons vaseux continentaux et, localement, de sables actuels (Hammada, 2007).
Les variations spatiale des températures sont faible (Khattabi 1995); les moyennes des maxima du mois le plus chaud (août) varient entre 25°C et 31°C en plaine (Triffa). Le mois le plus froid (janvier) présente des minima moyens de 9°C à 12°C en plaine. Les températures moyennes de la période estivale sont plus ou moins faibles sous l’influence de la proximité de la mer, de la fréquence du brouillard et de l’extension des surfaces irriguées de la région.
Impacts de la NSTS *
Lastation balnéaire de Saidia a été largement critiquée d’un point de vue environnemental du fait de la destruction d’une surface très importante d’habitats naturels patrimoniaux pour le Maroc, notamment de la juniperaie endémique, composée de Genévriers rouges et Pistachiers de l’Atlas, ainsi que de nombreux habitats de milieu dunaire. Au-delà de cette perte nette en habitats patrimoniaux, la station balnéaire a également perturbé le
fonctionnement des milieux naturels situés à l’intérieur du SIBE par la construction d’infrastructures annexes, telles que le canal de protection et la route de contournement. Par ailleurs les effets notoires de la digue de la Marina sur les courants sédimentaires depuis l’embouchure de la Moulouya et les modifications du trait en résultant sont également fortement dénoncées aujourd’hui (Melhaoui et Sbai 2008).
La plage entre Cap de l’Eau et la ville de Saïdia a connu trois événements d’importance ayant modifi é son profil: la crue de 1963, la construction des barrages sur le même oued a engendré un recul du delta (traits de 1970 et 2009) et la construction du port de Saïdia en 1997 a stoppé le transit sédimentaire vers l’est (trait de 2009) (Fond de carte: image satellitaire de 2009).
NSTS Nouvelle Station Touristique de Saidia
74 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
(Marc Salmon, Abdelkader Sbai, Taïeb Boumeaza, M. Benata et André Ozer)
HAMMADA (2007) -ETUDES SUR LA VEGETATION DES ZONES HUMIDES DU MAROC pp.84-88
Analyse environnementale www.meteoblue.com www.meteoblue.com www.meteoblue.com
Saidia
Saidia
Saidia
En l’absence de cartes et de modèles topographiques des lieux, le travail sera basé sur une modélisation personnelle de la topographie de la zone d’intervention basée sur des images satellites Google Earth et les courbes de niveaux générées par le logiciel de modélisation
3D et de cartographie « SketchUp ». Vu les limitations par rapport aux proportions de terrain à modéliser permises par le logiciel, on présentera les courbes de niveaux de la partie des montagnes intégrée dans la zone d’intervention du projet.
Mémoire de fin d’études
Montagnes oulad mansour Plaine de chrarba Plaine de chrarba NSTS marina Pique : 73m
TOPOGRAPHIE DE L’axe Marina - Montagnes Oulad mansour
Courbes de niveau de la zone identifiée des Montagnes Oulad Mansour
Juncus rigidus Juncus rigidus est une espèce de jonc connue sous le nom commun de jonc de mer. Il se trouve à l’intérieur des terres et par la mer dans des habitats salins sableux.
inventaire de la flore
Laplupart des espèces ont une faible extension dans le site, les plus répandues sont présentées ci-dessous (Arthrocnemum macrostachyum, Juncus acutus, Inula crithmoides, Phragmites australis, Suaeda vera, Juncus rigidus, Scirpus lacustris, Sarcocornia fruticosa et Tamarix canariensis) (Hammada.S 2007).
Scirpus lacustris Appelé aussi Jonc des chaisiers ou Jonc des tonneliers Elle croît dans les zones humides et est utilisée comme plante pour lutter contre l’érosion.
Sarcocornia fruticosa Arbrisseau halophile à rameaux à articles charnus, assez commun sur le littoral du Maroc et sebkhas.
Arthrocnemum macrostachyum Communément appelé la Salicorne glauque. Le nom vient du mot grec hymen (membrane) en référence aux ailes membraneuses sans écailles et avec des poils très éparses et peu visibles.
Inula crithmoides
L’Inule fausse criste ou Inule percepierre est une espèce de plantes vivaces côtières
Tamarix canariensis C’est une espèce de plante à fleurs, un arbuste ou petit arbre pouvant atteindre 4 m de haut.
Juncus acutus Le Jonc piquant. Plante vivace d’environ 1 mètre qui pousse dans les eaux des marais salés et sur les dunes et est utilisé pour lutter contre l’érosion.
Phragmites australis Le Phragmites australis produit des tiges robustes supportant de grands épis de fleurs brun-violacé et de longues feuilles vert-bleuté. C’est une plante de base pour la phytoépuration.
Suaeda vera La Soude ligneuse ou Soude vraie est originaire du bassin méditer ranéen et d’Europe occidentale.
76 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
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SYNTHèse d’analyse et perspectives de diversification fonctionnelle
L’intérêt de cette synthèse est de mettre la lumière sur la transition entre chaque information répertoriée concernant le site et son implication dans ce qu’il en adviendra. L’analyse suit la logique du général au particulier, du régional au local. Saidia est ainsi présenté dans son contexte régional en identifiant ses potentialités et limites. La cartographie élaborée vise à présenter l’état des lieux : les fonctions existantes et les repères urbains, l’infrastructure viaire et l’accessibilité des noyaux de la ville, l’identification des limites les zones protégées et inondables, ainsi que les zones verts actuelles et anciennes afin mesurer l’ampleur de l’impact de la NSTS.
Le tableau SWOT dressé présente tous les éléments, de façon exhaustive, qui peuvent entrer en jeu dans le processus de formulation d’un projet pour la station de Saidia. Pour chaque thématique du tableau, une orientation est proposée, des options puis des scénarios d’aménagement sont envisagés, allant du général au particulier, de la stratégie aux objectifs aux moyens d’atteindre ces objectifs (diagramme illustrant cette logique page 55). Les sept orientations correspondant à chaque thématique d’analyse sont : Durabilité, Harmonie, Inclusivité, Identité, Habitabilité, Connectivité et Diversité. De ces orientations des options sont déduits traduisant la vision de chaque orientation en des directives applicables sur terrain. Les scénarios d’aménagement viennent ensuite comme la réponse matérielle
directe aux problèmes présentés dans la perspective de chaque option respectivement. Chaque proposition de projet découle d’une option, assurant ainsi que la proposition finale retenue pour être développée en projet soit fondée et relié directement à une problématique au moins, relevée de l’analyse thématique du site. Cette analyse est complétée par des données factuelles concernant les caractéristiques climatique, géomorphologique, topographique et végétale du site.
Les critères du choix du projet tiennent compte à la fois des conclusions de l’analyse et du benchmark établi présenté dans ce qui suit. Le premier critère est lié au degré de compatibilité de chaque scénario avec les orientations dont il ne découle pas directement. Plus le scénario couvre d’orientations en proposant un projet fédérant, plus il aura de chance d’être sélectionné comme le projet de développement territorial pour la ville. Il serait néanmoins tout aussi intéressant de combiner plusieurs propositions compatibles afin d’atteindre le projet optimal. Le tableau présenté ci-après présente les scénarios d’aménagement proposés et les projections sélectionnées. Le second critère sera détaillé au niveau du benchmark. Il stipule que le scénario choisi devrait mettre en avant un tourisme qui peut coopérer avec les autres industries créatives et mieux les intégrer dans une perspective de développement d’une économie de la connaissance.
77 Mémoire de fin d’études
Actions proposées
Stratégie Régionale
Création d’un circuit piéton et cyclale le long du Oued Moulouya et la zone SIBE
Création d’un Parc national autour de la zone SIBE
Création d’un centre de recherche lié à l’eau et l’environnement
Reboisement de la ville et la création d’un parc urbain
Création d’un parcours culturel et gatronomique sur la route méditéranéenne
Réhabilitation de la Casbah de Saidia
Création de pistes cyclables traversant la ville
Harmonie
Création d’une gare intermodale
Développer un portefeuil d’événements urbain
Restructuration de la marina de Saidia
Scénarios d’aménagement proposés Projection développée
Stratégie Régionale
Stratégie Nationale de Développement Durable
Protéger la zone par sa mise en valeur et la sensibilisation quant à sa fragilité
Assurer un statut juridique protégeant la zone SIBE
Développement pratique et théorique autour de l’environnement aquatique
Stratégie Nationale de Développement Durable Plan Halieutis Stratégie Régionale
Rétablir en partie la superficie originale de la forêt déboisée
Stratégie Nationale de Développement Durable
Plan Rail 2040
Privilégier la mobilité durable cyclable
Favoriser le déplacement par les moyens de transport en commun
Plan Azur
Plan Azur
Stratégie portuaire Nationale, horizon 2030
Respecter la dimension durabilité dans l’execution du projet
Mettre à disposition population d’un espace public
Intégrer la population habite dans un plan relogement
Accessibilité de la facilitée à une plus population
Mettre à disposition population d’un espace public Formation et emploi Mettre en place une programmation thématique inclusive Faire de la marina un pour tous
78 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
DurabilitéHarmonie Inclusivité
Identité
Mettre en valeur le site de Moulouya comme élément constitutif de la ville
Habitabilité
Connectivité Diversité
Connecter la zone urbaine à la zone naturelle
disposition de la espace vert emploi
disposition de la espace vert
Mettre en valeur la culture culinaire autour du poisson
population qui y plan de
Préserver le monument représentatif de l’édification de la ville
Assurer un ratio d’espace vert par habitant convenable
Connecter fonctionnellement les villes du littoral méditérranéen
Intégrer une économie de la connaissance
la ville plus large
une thématique espace
Résurrection de mémoire festive locale et nationale
Forger une nouvelle identité pour la ville
Développement d’infrastructure de transport favorisant la dynamisation de la ville et ses activités
Rendre la mobilité cyclable sûre, efficace et agréable
Faciliter l’accès à la ville
Développer un tourisme gastronomique dans les régions du littoral
Développer un tourisme culturel localement et au niveau de la région
Ajuster la nouvelle fonction au contexte socio économique
Faire de la NSTS un noeud urbain, le point fédérateur dans la ville
Développer un tourisme créatif, expérientiel basé sur une programmation spatiale et temporelle de la ville
Développer un programme urbain originale Impact direct Impact moindre
79 Mémoire de fin d’études
Durabilité
Harmonie
Pistes et outils de diversification de l’offre touristique
A. Comparaison des stratégies touristiques à l’international
Lesterritoires, notamment les destinations touristiques, sont appelés à agir de manière compétitive dans le but de mettre en œuvre des stratégies qui les différencieront des autres territoires avec lesquels ils sont en concurrence
1. Il est donc nécessaire d’apprécier et d’organiser les différentes
composantes de l’environnement naturel et bâti (montagnes, églises, châteaux, monuments, etc.), ainsi que l’ensemble des ressources immatérielles, telles que la culture ou les marques locales et même les ressources humaines, afin d’avoir une image complète de toutes les ressources touristiques au sein d’un système local donné.
2. La deuxième étape conceptuelle fondamentale est celle où l’application de modèles de gestion économique à une destination touristique aboutit à la définition d’un « lieu » comme un « produit ». La destination touristique acquiert sa propre identité globale, et peut donc suivre les mêmes modes de gestion stratégique adoptés dans le secteur des entreprises.
80
de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
Appropriation
2.
Niveau des recettes / Nombre de touristes (en l’an 2018)
Par l’auteur
Trois Pays, Trois stratégies touristiques, Une clientèle “connectée”
France : le numéro 1 en termes d’attractivité touristique avec plus 86 millions de touristes en l’an 2018.
Turquie : success-story turque ; La Turquie est passée de 10 millions de touristes en 2010 à environ 40 millions en 2015.
Espagne : Un secteur qui a aidé l’Espagne à surmonter la grave crise économique que le pays a traversée, en étant un des moteurs de la reprise
La spécialisation du tourisme sur le segment « soleil et plage », arrivé désormais à maturité, met en évidence de nouveaux défis, tels que la concentration géographique et temporelle des flux de touristes sur les côtes, une congestion dans l’utilisation des infrastructures touristiques et l’épuisement de ressources naturelles a été à l’origine d’une réflexion qui a débouché sur la nécessité d’une diversification de l’offre touristique faisant appel à une étroite collaboration entre l’action publique et le secteur privé, dont le bilan apparaît positif.
Face à un touriste « connecté », donc rapidement informé, plus exigeant, plus individualiste et à la recherche de nouvelles expériences, on retrouve quelques axes communs aux politiques publiques des trois pays susmentionnés:
B. L’économie de la connaissance : La recherche, la création et l’innovation
La description du projet présentée ci-après est un extrait de la synthèse du groupe de travail «Les modalités de mise en œuvre des stratégies de développement économique par des métropoles européennes», par Christian Lefèvre et Anne-Marie Roméra, s’intitulant “Entre projets et stratégie Le pari économique de six métropoles européennes” (2007).
LE QUARTIER DU SAVOIR ET DE LA TECHNOLOGIE
Sur un peu plus de 200 hectares d’ancien terrain industriel, se concentrent plus de 1.500 entreprises liées aux médias, aux technologies de l’information, à l’énergie, au design et à la recherche scientifique. Le terrain industriel du Poblenou, ancien théâtre de l’industrialisation à Barcelone, accueille aujourd’hui un cluster de savoir. Mais le futur ne renie pas le passé et de nombreuses entreprises sont installées dans d’anciennes usines ou dans des bâtiments industriels de style moderniste. L’ancienne fabrique textile de Ca l’Aranyó est maintenant le campus de Communication de l’Université Pompeu Fabra, et l’entrepôt de draps Can Munné est devenu le siège de l’école de design Bau.
Aujourd’hui différents studios d’artistes et de créateurs, comme celui du graphiste Javier Mariscal, côtoient des bâtiments à l’architecture plus contemporaine, comme la Tour Agbar, de l’architecte Jean Nouvel, ou le bâtiment Barcelona Growth Centre, de l’architecte Enric Ruiz Geli, un cube aux quatre faces différentes qui a reçu les plus hautes récompenses en matière d’efficacité énergétique, de durabilité et de design.
Rénovés ou de construction nouvelle, les bâtiments du 22@ sont devenus des icônes de la ville et ont transformé un quartier industriel en un laboratoire d’innovation constante. La tradition au service de l’avant-garde, les anciennes fabriques remodelées pour atteindre les plus hauts degrés de durabilité. Le Poblenou revit à une nouvelle époque dorée de l’industrie du savoir.
UN DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE FONDÉ SUR L’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE
Une métropole où la recherche, la création et l’innovation sont au cœur du développement, semble à la portée de la capitale catalane. Pour mener à bien cette transformation et en établir la cohérence, la ville a identifié sept secteurs, sept «moteurs» correspondant à la mise en place de sept clusters.
Il s’agit de : - 22@media, relatif au secteur audiovisuel - 22@ICT, pour les technologies de la communication et de l’information - 22@biocorporation, pour le secteur de la bio-science - 22@campus, pour la constitution d’un nouveau modèle des espaces de la connaissance - 22@entrepreneurs, pour l’attraction de talents de niveau international - 22@technology, pour la création et le transfert de technologie - 22@social, pour la cohésion sociale
Derrière cette identification, se révèle clairement la labellisation «22@», élément de marketing territorial. Outre cette labellisation des entreprises qui viendront s’installer (et qui, pour certaines, se sont déjà implantées à Poblenou), ces dernières doivent et devront satisfaire à certaines règles environnementales, comme par exemple être non polluantes et peu consommatrices d’espace.
81 Mémoire de fin d’études
LE PROJET 22@ Barcelona
La transformation urbaine des zones industrielles de Poblenou
LE PROJET 22@ Barcelona
La transformation urbaine des zones industrielles de Poblenou
UN PROJET QUI S’INSCRIT DANS UNE STRATÉGIE COLLECTIVE LARGEMENT ACCEPTÉE
Le projet 22@barcelona repose sur un double pari : d’une part que le développement économique futur se fasse par l’économie de la connaissance ; d’autre part que la qualité urbaine soit un facteur d’attraction des entreprises.
La ville de Barcelone jouit d’une longue histoire de planification stratégique. Le premier plan a été lancé en 1988 en préparation aux jeux Olympiques de 1992. Aujourd’hui, nous en sommes au 4e plan, qui a la particularité de concerner l’ensemble du territoire métropolitain (AMB4 + cinq communes).
Le plan stratégique se structure autour de trois grandes orientations : - un développement économique fondé sur la durabilité, l’emploi et la formation ; - des liens forts entre mobilité et territoire basés sur un équilibre entre activités et logements et sur la durabilité; - la culture et la cohésion sociale (la culture comme élément structurel du développement).
Cette mobilisation s’effectue par le biais de trois types de structures : (1) le conseil général du plan stratégique, (2) la commission déléguée et (3) des structures d’aide tournées vers la réflexion et le lien avec les forces économiques et sociales.
FAIRE DU DÉVELOPPEMENT EN FABRIQUANT LA VILLE
Cette ambition repose sur deux éléments : un tissu urbain compact et une mixité des usages.
Ce pari de la qualité urbaine comme facteur d’attraction du développement économique nécessite de conserver ce qui existe déjà, de ne pas faire table rase du passé du quartier. Cela signifie aussi qu’il faut maintenir la population sur place, car il ne peut y avoir de vie urbaine sans habitants. Poblenou est un quartier populaire dont la population résidente loge dans un habitat de densité moyenne et de qualité médiocre. Les commerces et services existants correspondent au niveau économique et social des résidents. Leur maintien et leur intégration est donc un enjeu important du projet.
LA FLEXIBILITÉ COMME PRINCIPE ET COMME MÉTHODE
Il n’y a pas de plan général 22@, mais un ensemble de règles établies après discussion.
C’est le cas des règles de constructibilité, qui sont négociées pour chaque opération. C’est aussi le cas de la règle qui attribue un COS supérieur aux propriétaires acceptant les @activités.
Il importe alors d’élaborer une classification urbaine qui permette la mixité d’usage, c’est-à-dire opter
pour l’abandon du zonage et de règles détaillées. Cette souplesse ne doit pas non plus s’arrêter au foncier. Elle doit aussi concerner les immeubles.
Ainsi, sur le territoire du projet, les nouveaux immeubles ne doivent se conformer a priori à aucune condition morphologique.
Il en va de même pour les édifices existants : leurs transformations ne sont soumises à aucune prescription. La souplesse doit aussi concerner le temps, c’est-à-dire que les règles doivent pouvoir s’adapter progressivement.
Pour mettre en œuvre ces principes et ces règles, les responsables du projet ont élaboré des mécanismes de transformation souples. Il existe ainsi plusieurs sortes de plans, adoptés en fonction des situations, ce qu’on appelle des «plans secondaires». Un plan secondaire peut concerner plusieurs îlots, un seul, un morceau d’îlot, des parcelles de plus de 2000 m², de simples immeubles. Sur l’ensemble du territoire du projet, six zones sont réservées au secteur public. Elles représentent près de la moitié de la surface totale à transformer et doivent servir aux équipements collectifs, aux infrastructures collectives et aux espaces verts. Le reste peut être aménagé soit par le public, soit par le privé par le biais de plans secondaires.
82
de l’espace
la ville de Saidia
Appropriation
littoral : Cas de
LE PROJET 22@ BarcelonaLa transformation urbaine des zones industrielles de Poblenou
LE PROJET 22@ Barcelona La transformation urbaine des zones industrielles de Poblenou
C. Le tourisme créatif : Une niche thématique à jour
Anne Gombault (2014, p. 2-5) dans son agenda de recherche sur le tourisme créatif nous renseigne sur le sujet en mettant en évidence que dans un monde qui connait un renouvellement perpétuel des contextes économiques, sociaux, politiques et idéologiques, le tourisme créatif intervient comme une nécessité du secteur touristique à se réinventer afin de se différentier par rapport à d’autres destinations dans un marché très concurrentiel et assurer une performance des lieux touristiques positive. Le régime d’innovation permanente de l’économie de la connaissance explique le recours massif au capital intangible que mettent à disposition les industries culturelles et créatives.
Cela peut être réalisé soit par la mobilisation des « ressources existantes du territoire, de travailler sur l’identité, le positionnement et la différentiation du territoire, mais encore d’une forme d’auto-expression, de formes d’edutainment, sources d’atmosphères créatives, récréatives, expérientielles » (Gombault, 2014, p. 2-5). Comme le souligne Prat (2013) « Les différentes manières d’exprimer la culture d’un territoire représentent les méthodes par lesquelles la créativité est semée, pour devenir disponible pour d’autres élans créatifs ».
Le tourisme créatif offre la possibilité aux voyageurs développer leur potentiel inventif grâce à la participation active à des cours, des expériences ancrées dans le lieu de séjour. Les touristes deviennent en conséquence des « skilled consumers » ou « postmodern travellers », ils sont maîtres de leur séjour et viennent enrichir leurs savoirs et combler leurs désirs par des expériences touristiques créatives originales (Gombault, 2014, p. 2-5). Comme l’écrit Sternberg, “les touristes sont des touristes parce qu’ils veulent compenser le désenchantement, la sécularité et la banalité de leur vie par la confrontation
temporaire à l’altérité – l’aventureux, l’étranger, l’ancien ou le spectaculaire. Les entreprises touristiques font leur affaire de concevoir, de produire et de vendre de telles expériences” (Sternberg, 1997, p. 954, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35).
Richards et Wilson en identifient trois types convergents : l’expérience d’activités spectaculaires ; l’expérience d’espaces créatifs ; la co-production d’autres activités créatives, le développement personnel servant de base à l’expérience touristique (2006, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35).
L’insertion du tourisme parmi les industries créatives met en évidence deux points : D’une part l’intégration dans ce nouveau champ culturel autant marqueur que vecteur majeur de celui-ci, combiné aux autres industries créatives (Löfgren, 2003 ; Richards, 2009, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35). D’autre part, et inversement, la culture devient à la fois input du processus de production et un output, en d’autres termes, la culture est dorénavant ressource et produit du tourisme (Gombault, 2011).
Les industries créatives sont les “industries dans lesquelles le produit ou le service inclut une contribution essentielle de type artistique ou créatif, et qui sont habituellement porteurs de valeur artistique, culture ou de loisirs” (Caves, 2000 ; définition reprise par Barrère, 2006, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35). Paris complète cette définition originelle en les désignant comme des “industries (au sens de ‘secteur’ ou ‘filières’) dans lesquelles le produit final est un objet de création”. “Un processus, un acte par lequel un ou plusieurs créateurs conçoit” cet objet : “une œuvre, un message publicitaire, un plat culinaire, un dessin de produit…” (2007, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35).
83 Mémoire de fin d’études
Il faut distinguer entre “industries de la création” (Caves, 2000, cité dans Gombault, 2011) comme industries de la créativité artistique et culturelle de la notion générale de créativité (Galloway et Dunlop, 2006, 2007 ; Bilton, 2007, cité dans Gombault, 2011) que Throsby définit comme la capacité à produire des idées originales et inédites ou de nouvelles façons de résoudre des problèmes (2008, cité dans Gombault, 2011), alors que dans les industries de la création, la créativité d’un individu, d’un groupe, d’une entreprise, d’une industrie, d’un territoire fait référence à la qualité et à la quantité de contenus de création de tout ou partie de sa production (Paris, 2007, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35).
De toutes les définitions scientifiques et institutionnelles des Industries de la création, on recense plus d’une dizaine de disciplines regroupant les arts visuels et le patrimoine ; le spectacle vivant ; les industries culturelles traditionnelles, dont le cinéma et l’audiovisuel en général, la musique, l’édition, les jeux vidéo, les médias, etc. ; les services créatifs comme le design, l’architecture, la publicité, les relations publiques, les technologies de l’information et de la communication, l’éducation, la recherche, etc. ; les industries du goût comme l’artisanat, le luxe, la mode, la gastronomie, les vins et spiritueux, etc. ; les industries de loisirs et de divertissement comme le tourisme, l’hôtellerie, le sport, les parcs d’attractions, le jouet, les loisirs créatifs, etc (Gombault, 2011, p. 18-35).
Ces disciplines ont été catégorisées selon le modèle des cercles concentriques de l’économiste de la culture Throsby (2001, cité dans Gombault, 2011, p. 18-35) qui distingue :
Les activités de création artistique et culturelle (core
creative fields ou core creative arts), c’est-à-dire les activités créatrices d’où viennent “les idées de création pure”. Ces activités sont définies par leur valeur d’expression (esthétique, spirituelle, sociale, historique, symbolique, authentique) ; elles requièrent la protection des droits de leurs auteurs ;
Les industries culturelles, où les idées créatrices sont utilisées et reproduites comme input majeur dans le processus de production ;
Les autres industries créatives, où les idées créatrices sont utilisées comme input dans le processus de production, sans pour autant constituer le principal ou le seul centre d’intérêt de ces industries (les services créatifs, les industries du goût, les industries de loisirs et de divertissement). Le tourisme fait partie de cette dernière catégorie.
Cette nouvelle catégorisation du champ culturel se base sur une liaison établie entre le monde des arts et le monde du commerce, ce qui en résulte ce sont les industries créatives (Caves, 2000, cité dans Gombault, 2011) telles que définies préalablement. Il s’agit d’une hybridation du tourisme (Craik, 1997, cité dans Gombault, 2011) qui croise différents business models de différentes industries de façon à générer de nouveaux processus de production.
Comme le rapporte Gombault (2011), Barrère (2007) décrit “une sorte de continuum” du plaisir ou du goût luxueux (au sens d’un “luxe démocratique, marchand, industriel, de masse”) entre industries du voyage, de la restauration, de l’hôtellerie, du design et de la mode, du vin, du parfum… « Le tourisme a toujours été une industrie créative, mais il ne l’a sans doute jamais été autant » (Gombault, 2011, p. 18-35).
84 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
Les arts visuels et le patrimoine ; Le spectacle vivant ;
Les industries culturelles traditionnelles, dont le cinéma et l’audiovisuel en général, la musique, l’édition, les jeux vidéos, les médias, etc. ;
Les services créatifs comme le design, l’architecture, la publicité, les relations publiques, les technologies de l’information et de la communication, l’éducation, la recherche, etc. ;
Les industries du goût comme l’artisanat, le luxe, la mode, la gastronomie, les vins et spiritueux, etc. ;
Les industries de loisirs et de divertissement comme le tourisme, l’hôtellerie, le sport, les parcs d’attractions, le jouet, les loisirs créatifs, etc.
85 Mémoire de fin d’études
Les activités de création artistique et culturelle
Les industries culturelles
Les autres industries créatives
Quand la scénographie devient urbaine
Gangloff (2017) dans sa thèse identifie l’année 1970 comme la date à partir de laquelle le concept de scénographie urbaine se détacha de la pratique de cette discipline en tant qu’un art de la scène exclusivement, intégrant par là le rapport longtemps oublié qu’entretenaient le théâtre et la ville. Elle nous informe plus sur ce nouveau rapport entre scénographie, urbanisme et architecture en citant les propos de Marcel Freydefont : « La scénographie désigne l’élaboration d’une vue urbaine, cadre logique d’une représentation théâtrale, et l’organisation du point de vue que l’on a sur elle. La mise au point d’une forme symbolique de l’espace, véritable ossature invisible qui dessine le vide, régit le regard et les trajectoires, a donc modélisé à la fois la scène et la ville. Métaphore irremplaçable de la vie, le théâtre est aussi une métaphore de la ville. Brunelleschi, Bramante, Vasari, Buontalenti, Falconetto, Genga, Peruzzi, Raphaël, Sangallo, Scamozzi, Serlio, Palladio témoignent de ceux qui à travers la scénographie ont conjugué architecture, peinture, sculpture et théâtre. » (Gangloff, 2017, p. 150). Après l’art dramatique, l’exposition reste l’un des domaines d’application privilégié de la scénographie.
Cette pratique explose pendant les années 1990 avec la conception de lieux d’expositions en France (Cinés-Cités par le scénographe François Confino, Le Jardin Planétaire par le scénographe Raymond Sarti…etc). Il s’agit d’expositions où la compréhension des œuvres qui y sont présentées nécessite une scénographie de l’espace (Gangloff, 2017, p. 194-195).
Dans sa thèse que nous rapporte Gangloff, Marion Lyonnais questionne la présence du théâtre dans les musées et nous rapporte que le scénographe est avant tout un « dramaturge de l’espace » qui considère la qualité la relation public/acteurs/scènes comme primordiale (Gangloff, 2017, p. 195). La relation public/ scène est assimilée dans le musée à la relation visiteur/ exposition. Par ailleurs, la spectacularisation des musées vise à faciliter la connaissance des objets exposés en s’appuyant fortement sur une histoire que les visiteurs peuvent facilement s’approprier. La présentation de l’ensemble des œuvres au public selon une organisation thématique, historique, disciplinaire…etc, met en avant la notion de parcours sur laquelle se base les scénographes pour aménager l’espace.
Raymond Sarti, à travers la métaphore du “regard voyageur” associe le travail de scénographie à la relation et au passage (Gangloff, 2017, p. 195). Enfin, la collusion de pratiques poursuivant le même but se dessine autour d’un processus de création singulier mené au théâtre et dans le champ de l’exposition. Selon Marion Lyonnais, ce qui a de commun avec le spectacle et l’exposition, c’est l’acte de voir ou plutôt « de donner à voir » (Gangloff, 2017, p. 195). C’est la reconnaissance d’un processus créatif qui met Un art entre deux arts. Les scénographes sont appelés à travailler avec l’espace.
SOURCE https://www.levoyageanantes.fr/
Il existerait un autre domaine dans lequel les scénographes interviennent de plus en plus, et qui nous semble cristalliser bien des problématiques de ce groupe professionnel, celui des espaces publics, et des villes en général. Il participe à la co-création de spectacles de plein air en concevant le dispositif scénique qui va avec. Le scénographe sort de son domaine d’origine et découvre de nouvelles pratiques qui émergent de cette nouvelle association avec la ville. Le rôle inouï de la scénographie ne se manifeste qu’à travers « l’ossature invisible qui dessine le vide » (Gangloff, 2017, p. 151) en faveur d’une ville qui cherche une identité propre à elle. D’une scène à un ornement et objet désiré, la scénographie urbaine transformant les lieux de vie en lieux de récit. La scénographie appelle à un retour aux origines de la ville dans ses dimensions spatiales et sensibles, reliant l’environnement théâtral à l’environnement architectural et renouant le lien entre deux pratiques qui se sont dissociées au fil du temps. La ville et ses espaces urbains sont les lieux concrets de la rencontre contemporaine entre la création artistique et l’urbanisme. Une connexion s’opère et développe la fonction de la scénographie dans l’espace urbain.
« Un trait notable de cette évolution relève précisément de l’intérêt croissant et explicite porté par les professionnels de l’urbain à l’environnement sensible des rues. De nombreux indices témoignent de cette tendance relativement récente : émergence de nouveaux domaines de compétences issus des métiers du spectacle et transférés à celui de la ville (scénographes urbains, designers sonores, concepteurs lumières…) » (Jean-Paul Thibaud, 2008, cité dans Gangloff, 2017, p. 154).
SOURCE https://www.koeniggalerie.com/
86 Appropriation de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
D. La scénographie urbaine et l’événementiel comme outil de mise en tourisme de l’espace
Installation Projet Estuaire - France
Installation Projet Estuaire - France
L’urbaniste Bernardo Secchi suggère que l’urbanisme est une écriture et met en exergue le lien qu’il peut y avoir entre construction de récit et construction de ville ; «…Les mythes et les images ne sont pas des fantasmes ; ils assemblent les attentes les plus fortement enracinées dans la culture des lieux et de leurs habitants ; ils fondent des jugements et des valeurs ; ils guident des comportements individuels et collectifs en unifiant l’interaction sociale et en la rendant possible. Les mythes et les images sont des formes de conception d’un futur possible qu’ils cherchent à anticiper. Les proposer exige un sens très élevé de la responsabilité, une déontologie particulière. C’est pour cela que l’urbanisme — peut-être plus que d’autres disciplines —, entre étude du passé et imagination du futur, entre dimension technique et artistique, demande une grande liberté, une rigueur intellectuelle et morale. C’est peut -être peu de chose, mais c’est le sens de cette leçon que j’aimerais voir retenu. » (cité dans Gangloff, 2017, p. 153).
Notons enfin qu’il existe trois fonctions principales de la scénographie dans l’espace urbain : La gestion de l’espace et du temps autour de ce qu’on appelle le changement de décor au théâtre devient la gestion de l’espace et du temps dans la ville. Ce rapprochement admet l’exploitation théâtrale des propriétés de l’espace urbain et l’utilisation d’une approche scénographique à des fins de recomposition urbaine. La relation scène/ salle autour du schéma dramatique s’articule en fonction de l’interaction avec l’utilisateur, de la capacité d’appréhension du vivant. Entre l’action et le spectateur, l’usager est parfois co-créateur du projet artistique. Enfin, en considérant la dramaturgie comme moyen pour créer un espace symbolique, on intègre d’office la mise en récit de la ville et l’élaboration d’une narration urbaine (Gangloff, 2017, p. 25).
Le potentiel de la culture dans le développement territorial
Alors que des auteurs tentent d’analyser les valeurs créées par la culture, certains chercheurs émettent l’hypothèse depuis les années 1970, sur une mutation du capitalisme évoquant des changements de système d’un capitalisme industriel catalyseur de l’urbanisation vers un « capitalisme cognitif » selon Carlo Vercellone, ou alors « hypercapitalisme » selon Bernard Stiegler ou encore « capitalisme d’artistes » selon Gilles Lipovetsky et Jean Serroy (Gangloff, 2017, p. 33).
Le résultat de ce glissement a été l’essor de l’économie créative, qui s’est parfois décliné en une « économie contributive », selon la formule du philosophe Bernard Stiegler développée au sein de l’association Ars Industrialis (Gangloff, 2017, p. 138). Dans l’ère post-Fordienne, l’économie actuelle a émergé et la connaissance, l’inventivité et la créativité — émanant pour large partie des industries culturelles créatives — deviennent alors des valeurs prises en compte dans une forme d’économie dite créative. Avec l’existence de métropoles, de nouvelles formes de gouvernance émergent. Philippe Chaudoir observe l’émergence d’une nouvelle figure urbaine qui se cristallise autour du terme de ville événementielle à partir des années 1980. Le sociologue nous indique que
: « Le terme de ville événementielle pourrait désigner alors la manière dont les villes tendent à se positionner, sans intermédiaire, comme porteuses d’un projet urbain spécifique et actrices dans une concurrence inter-métropolitaine. Les formes que prennent ces positionnements sont variées mais s’organisent-le plus souvent autour de la réalisation de grands événements sportifs, politiques, artistiques et culturels à vocation internationale mais aussi dans la promotion d’une image globale. » (Gangloff, 2017, p. 140).
Avec l’avènement de l’économie créative, il n’est plus nécessaire de se focaliser uniquement sur la valeur marchande des objets produits par l’industrie culturelle, mais aussi d’évaluer leurs valeurs non marchandes, selon ce que Dominique Sagot-Duvauroux pourrait qualifier de valeur vaporeuse de la culture (Gangloff, 2017, p. 138).
Les équipements et aménités culturels sont donc pris en compte dans les études d’aménagement de la ville. L’économie créative affecte la façon dont le territoire est produit, et met en œuvre une forme de nouvel urbanisme. L’urbaniste-géographe Hélène Morteau notait dans sa thèse en 2016 que le territoire devient un support à l’organisation de la production : «Autrement dit, dans le cas des ICC, le territoire tend à se substituer à l’entreprise comme support de l’organisation de la production » (Gangloff, 2017, p. 138-139).
L’essor des industries culturelles et créatives modifie le rapport que nous entretenons avec le territoire, qui n’est plus seulement un espace physique que nous construisons mais aussi “une entité productrice de valeur et vectrice d’identité” (Gangloff, 2017, p. 139).
87 Mémoire de fin d’études
Projet Estuairehttps://jardinspossiveis.wordpress.com/
88
de l’espace littoral : Cas de la ville de Saidia
Appropriation
Conclusion Partie III
L’économie de la connaissance a pris le relai d’une économie touristique basée uniquement sur le loisir dans les différents Benchmark présentés. Le projet « 22@barcelona » vise un développement économique tiré par l’économie de la connaissance et la qualité urbaine come moyen d’attraction des entreprises. Dans le cas du projet « Estuaire », des aspects scénographiques autour de la prise en compte de l’espace, l’éphémère et la culture ont été mis en avant. Les dimensions que prend ce projet singularisent la discipline de la scénographie par rapport à l’architecture et l’urbanisme tout rendant clair les points de rencontres possibles entre les différentes branches de métiers artistiques et techniques.
Le tourisme est ainsi intégré dans une dimension culturelle s’imprégnant du caractère créatif des autres industries. La culture devient produit et ressource de ce nouveau tourisme. Cette réinterprétation du tourisme intervient comme une nécessité pour le secteur de se réinventer dans un marché de destinations concurrentiel et pouvoir ainsi assurer une performance positive des lieux touristiques.
Dans ce sens, et vu du prisme d’un développement motivé par l’économie de la connaissance, on peut identifier la scénographie comme un outil efficace dans la valorisation du potentiel touristique d’une destination et l’incorporation d’un tourisme créatif dans notre destination. On peut identifier trois leviers scénographiques qui peuvent être employés par la ville dans son projet de développement urbain voir territorial; l’accroissement de l’offre artistique événementielle, l’esthétisation du cadre de vie et la valorisation des aspects sensibles et l’inclusion d’une dramaturgie pour ré-enchanter la ville. Ces leviers sollicitent une dimension théâtrale qui implique l’attribution de nouvelles fonctionnalités de la scénographie autour de la ville créative en la racontant, et en employant à l’échelle urbaine des techniques de marketing, faisant de la ville un objet de désir. Il n’est plus seulement question de démocratisation culturelle, mais aussi de développement urbain, social, et économique.
89 Mémoire de fin d’études
90
de développement local : Recherche, Business et Divertissement IV. Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement Par l’auteurSaidia
Modèle
1. Proposition d’aménagement
A. Vision
Une vision adaptée au contexte économique libéral
Selon
le journal le Matin, depuis le mois d’octobre 2019, un programme intégré de financement a été affiné et ajusté en faveur des porteurs de projets. Le programme s’articule autour de trois grands axes, le financement des startups, la coordination des actions d’accompagnement des startups au niveau régional tout en incluant les populations rurales. Il comprend un certain nombre de mesures visant à faciliter l’accès des jeunes au financement dans les projets et les très petites et petites entreprises.
Les jeunes marocain(e)s sont créatifs/créatives et ne manquent pas d’idées entreprenariales, ceci dit ils/ elles sont confronté(e)s à un tas d’obstacles financiers, professionnels ou encore personnels. Imaginons alors un espace, où jeune et moins jeune, peuvent venir développer leurs idées, se former, rencontrer d’autres personnes tout aussi ambitieuses qu’eux, voir même trouver leur partenaire de projet, être conforonter à des entrepreneurs expérimentés et des professionnels du domaine où ils comptent réaliser leurs projets, une structure qui leur offrira une période d’incubation pour monter un dossier professionnel et les préparera à confronter un marché concurrentiel, trouver des investisseurs et mieux vendre leurs projets, tout cela dans un cadre urbain agréable et dynamique.
Le projet offre un espace optimale de germination des idées entreprenariales, le HUB est un espace multifonctionnel qui va être conçu dans la logique de
phasage de création d’une strat-up :
• Inspiration, culture générale et spécifique quant au contexte local et régional; Information par rapport au marché visé, et Formation par rapport aux sujets spécifiques en relation avec le projet proposé ainsi que les sujets généraux relatifs à l’organisation des entreprises et l’esprit entreprenarial; Crash test du projet, confrontation aux clients et investisseurs potentiels.
Le HUB formellement présente une alternance entre espaces destinés au grand public et espaces destinés spécifiquement aux personnes venant se former et bénéficier du programme d’incubation entreprenariale. Le public est intégré stratégiquement pour bénéficier des fonctions créatives du HUB ( communication événémentielle, résidence artistique, loge de création, show room, projections, tables rondes, espace communautaire...) et être inciter à participer au processus de création des entreprises en étant consommateur et critique du produit ou service développé dans le HUB. L’intérêt de cette organisation spatio-fonctionnelle est de susciter chez le visiteur l’envie de comprendre et de connaître les nouvelles idées entreprenariales, de l’intégrer dans une démarche participative de développement régional et ainsi l’insciter à découvrir un programme de divertissement à retombée sociale et économique à priori dans sa zone de résidence.
91 Mémoire de fin d’études
Existant Légende Projeté
Voie carrossabletemporalité 2
Station Grands taxis
Parcours piéton / cyclabletemporalité 0 / 1
Piste cyclable / voie carrossable - temporalité 1 / 2
Piste cyclable / voie carrossable - temporalité 1 / 2
Equipement Loisir / Sportexistant
Zone de restauration Hôtel étoilé
Parcours de Golf Espace vert naturel SIBE
Gare intermodale projetée
Parking vélos
Marina
Zones à réhabiliter
92
de développement
Business
Divertissement
Modèle
local : Recherche,
et
Lien «Ville - Casbah» et «Moulouya - SIBE»
A B B. Site d’intervention
à restructurer carte des projections
HUB Créatif Régional
Lescénariod’aménagementdéveloppé
Le projet HUB prendra la forme d’une série de séquences aménagées le long d’un axe délimité par la gare projetée et la marina existante, l’action entreprise au niveau de chaque section dépendra de ses spécifités spatiales et fonctions actuelles qui vont être réajustées ou modifiées pour s’aligner avec le programme du HUB.
Le projet créera une nouvelle centralité dans la ville, le HUB sera le premier contact des visiteurs avec la ville les introduisant à une agglomération qui a plus que le produit balnéaire à offrir, une vision intégrant loisir et intellect. Le HUB aura un impact local et régional dépassant la NSTS*, et intégrera des solutions aux problématiques majeures auxquelles fait face la ville; mobilité, durabilité, attractivité.
• Laboratoire urbain : Développement des idées de projets proposées par les participants à une échelle réelle par l’usage de technologie de simulation et confrontation au public.
• Summer Camp Crash Test : Tester les projets auprès de la population visée lors de la saison où la ville est la plus fréquentée.
Créer une nouvelle dynamique urbaine mobilisée par la Recherche, la Formation et l’Innovation :
Recherche stratégique de niches thématiques pour investissment à grande valeur et rentabilité pour la région.
Formation sans professeur aux sujets qui touchent de près ou de loin le domaine de l’entreprenariat.
Mise en tourisme stratégique de la ville :
Développement d’un tourisme d’affaires : Optimisation de l’usage des équipements de la NSTS, Organisation de conférences et séminaires en rapport avec le domaine entreprenarial et de création.
L’ambition du projet est de :
Offrir une plate forme de test et d’incubation de poteurs de projets applicables dans la région de l’Oriental :
Développement d’un tourisme créatif : Usage des espaces publics de la ville comme support de manifestations créatives organisées ainsi que l’exposition des travaux menés dans le HUB.
Création d’un planning événémentiel pour la ville : Résurréction de mémoire festive locale en concordance avec le programme du HUB.
93 Mémoire de fin d’études
Zone 1
Marina
zone limitrophe à la mer à fort potentiel touristique Inadéquation entre offre et demande
Zone 2
zone stratégique dans le chemin de distribution de la gare à la marine Terrain bien desservi par voies carrossable du nord au sud et de l’est vers l’ouest
Zone 3
Terrain limitrophe à une zone résidentielle au sud et à l’est, parcours de golf à l’ouest, Terrains recouvert d’une végétation naturelle et présente une pause dans une zone à tendance plutôt résidentielle
Zone 4
Zone résidentielle très animée pendant la période estivale et deserté pendant le reste de l’annéeLes équipements de proximité sont présents à un rayon d’un km
Zone 5
Zone marquant la fin du périmètre de la NSTS
Zone 6
Dégradation de l’aménagement urbain à partir de cette zone Zone 7
Douar Bounoua
Zone limitrophe à la rocade Des bâtiments éparpillés dans la zone avec la présence d’équipement de proximité Mosquée...
Zone 8
Montagne Ouelad Mansour
Pique 70m Percées sur la mer Barrière entre plaine côtière et arrière pays Zone idéal pour aménagement d’espace de randonnées, d’escalde et de détente
94 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Zone 1 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 3 Zone 4 Zone 4 Zone 5 Zone 5 Zone 6 Zone 6 Zone 6 Zone 6 Zone 7 Zone 7 Zone 8 Identification des zones limitrophes à l’axe Marina
Gare
-
95 Mémoire de fin d’études Zone 1 - Marina Zone 1 - Marina Zone 1 - Marina Zone 1 - Marina Zone 2 - Zone 3 Zone 4 - Résidences Zone 3 - terrain vague Zone 6 - zone 7 Zone 6 - Zone 7 Zone 1 - Marina Vue sur le port de plaisance Exemple de commerces abandonnés Vue depuis la marina vers les montagnes Oulad Mansour Entrée Est de la médina aménagée Infrastructure routière en bonne état Terrain vide avec résidences en arrière plan Dégradation du l’état d’aménagement de la route Terrains couverts d’une végétation endémique Les montagnes de Oulad Mansour vues depuis la route nationale Résidences secondaires Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur Par l’auteur
Etape 01 : Identification des zones limitrophes à l’axe Gare-Marina
Le Corridor connectant la Gare multimodale à la Marina est l’axe structurant du projet HUB. Ainsi la première étape fut l’identification des parcelles limitrophes à cet axe, ainsi que leur caractéristiques propres. La délimitation des zones suit la délimitation des parcelles telle que fixée au niveau du PA de la ville. Les critères d’identification d’une zone comme étant indépendante sont ainsi les limites du foncier ainsi que l’homogéneité de l’occupation de son sol.
Etape 02 : Sélection des zones d’intervention
La sélection des zones d’intervention a mis en priorité les zones clès dans le parcours Gare-Marina. La zone 1 a un accès direct à la mer et comporte des équipements clés dans l’identification de la ville balnéaire : Le port de plaisance, la ‘Médina’ qui présente une opportunité foncière inédite. La zone 2 est importante du fait qu’elle soit le noeud entre deux axes structurants: Le corridor et l’axe de la Casbah au SIBE*. La zone 3 non encore construite présente des qualités paysagères originales et une variété d’espèces végétales endémiques. La zone 5 est intéréssante du fait qu’elle soit limitrophe à des résidences fermées à occupation saisonnière, ainsi la zone maintiendra une vocation résidentielle que renforcera le HUB par ses projections. La zone 6 présente une opportunité foncière à saisir: de grands terrains non aménagés regroupés dans une zone bien identifiable à la limite du périmètre de la NSTS. La zone 8 est intéressante à la fois par son positionnement en arrière pays mais aussi par son relief et sa fôret propice à un aménagement paysager avec un belvdère sur la ville. Les zones non sélectionnées nécessitent une intervention qui s’éloigne de la vision du projet comme réponse à une problématique qui ne concerne pas que le site dans ses proportions réduites, mais plutôt la synthèse des dysfonctionnalités que connait la ville, relevées au niveau de l’analyse.
96
Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
C. Logique d’intervention
Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 5 Zone 6 Zone 8 Zone01 Zone Zone02 02 Zone05 Zone05 Zone Zone06 06 Zone 07 Zone 07 Zone 08 Zone 08 Zone01 Par l’auteur
2. Le projet
Recherche + +
Divertissement
=
Business HUB Créatif
“La première question de recherche en stratégie (et idéalement de recherche-action, au plus près du terrain), pour l’avenir du développement du tourisme comme industrie créative, est de savoir comment le tourisme peut coopérer avec les autres industries créatives et mieux les intégrer, en d’autres termes, de mieux explorer “ce que peuvent apporter” les industries créatives au tourisme et “ce qu’il peut apporter” aux industries créatives. La seconde question de recherche liée est alors celle de la gouvernance, qui est de veiller à ce que, placé dans cette perspective, chacun des acteurs de la chaîne de valeur, dans le respect de ses finalités propres, puisse bien se développer, afin de limiter le nombre des exclus et des perdants, effet inhérent à cette hypermodernité” (Aubert, 2004).
97 Mémoire de fin d’études
Chaîne de valeur informationnelle
Coopération multidisciplinaire
Collaboration entre différentes disciplines associées à la performance territoriale par la création d’un environnement créatif qui les réunit
Synthèse d’actions
Synergie Recherche et Business
Espace de rassemblement
Création d’un cadre idéal pour l’innovation par la mise à disposition de laboratoires et espaces de travail et d’expérimentation collaboratifs assurant flexibilité et confort
Synthèse d’actions
Mobilité écologique
Création d’un réseau de circulation à faible empreinte carbone et plus de connections piétonnes et cyclables
Synthèse d’actions
Des espaces crées pour le grand public
Accès aux espaces publics assuré pour tout le monde avec une inclusion ponctuelle dans le processuf éducatif du Cluster
Synthèse d’actions
Zone Entreprenariat Zone Formation Zone Touristique
Intégration paysagère
Ancrage du projet dans son milieu naturel - Mer et Montagne
Espace coworking / Café Ateliers / Workshops
Laboratoires / Espace de collaboration
Inclusion de tous les acteurs
Développement d’un modèle économique inclusif et un éco-système d’affaires tiré par le tourisme
Espace d’exposition Espace de restauration Terrain de sport
A B C D ... 1 2 3 4 ...< input(x) = ...> MontagneMer
Développement d’une expertise disciplinaire
Création d’un éco système localisé autour de la rechecrhe et l’innovation dans le Tourisme
Pistes cyclables Parcours piétons ombragés le jour et illuminés la nuit
Création d’une trame verte
Usage des qualités naturelles pour le développement d’activités récréatives et sportives
Aménagement des espaces verts dans l’esprit du lieu avec une végétation locale
Vie urbaine diurne et nocturne
Programmation de l’évolution de l’usage des espaces au cours de la journée
Espaces et
HUB - Champs d’appliquation des innovations
Formulation de solutions sur la base des conclusions des recherches entreprises
98
de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Modèle
Inclusivité Identité fonctionnelle et spatiale
Durabilité, Environnement et Bien être Un publics Aménagement Laboratoire Académie Aménagement Parc
Synthèse d’actions
Attractivité nationale et internationale
Création d’un cadre académiquement, socialement et formellement attractif pour les chercheurs dans le champs touristique
Soutien et Accompagnement
Mise en place d’un processus d’incubation pour les porteurs de projets et leur mise en relation avec les acteurs opérant dans le domaine
Laboratoire : Recherche et Développement Académie : Formation et Enseignement
Usage d’énérgies renouvelables
En phase opérationnelle, le cluster fonctionnera grâce aux énérgies renouvelables
Aménagement paysager
Un aménagement à temporalités différentes
Zone de rencontre et d’échange, Zone de transition et mobilité, Zone de détente et relaxation ...
Développement d’une destination touristique inédite
Une lecture spatiale simplifiée pour un espace attractif et innovatif accessible
99 Mémoire de fin d’études
d’expérimentation
d’exposition des
publics flexibles : Support de plusieurs activités et manifestations culturelles et artistiques
ambiances
Concentration (Formation Recherche), Transition
Déplacement), Détente,
Incubateurs Laboratoires Entrepreneuriaux
Un axe principal : Chemin distributif Logique de composition fonctionnelle claire Espace
et
travaux entrepris dans le HUB Espaces
Plusieurs
:
(Mobilité et
Animation ...
Conception de bâtiments passifs énérgétiquement
Un environnement de communication entre acteurs publics et privés Aménagement d’espaces ouverts et fermés
E X P E R T S Entrepreneur Projet Séquence 1 Séquence 3 Cadre régionalEtudiante Chercheur Touriste Projet
Parc urbain Recherche & Développement Laboratoires / Cellules de travail . . . Animation & Divertissement : Activités sportives, manifestations artistiques . . .
100
développement
Business
Modèle de
local : Recherche,
et Divertissement A. Le Corridor Gare - Marina Gare Observatoire Quartier Culturel Créatif Espace vert Résidences Grandes écoles Entreprises Marina
L’intégration
d’une zone dédiée spécifiquement à l’enseignement et une autre aux entreprises aura le mérite de favoriser la diffusion de la recherche dans le tourisme et faire émerger les besoins des entreprises dans le secteur touristique favorisant ainsi leur adaptation aux nouveaux critères d’une destination attractive. A long terme cette démarche intégrée faisant appel à une multitude d’acteurs de différentes disciplines assurera la structuration des efforts fournis en les ciblant vers la création d’une meilleure expérience touristique. Parmi les mission du HUB figure aussi l’organisation d’évènements et manifestations scientifiques, pédagogiques, artistiques et culturelles.
Une mobilité renforcée le long de l’axe gare - marina
Pistes cyclables
Télécabines
Voies carrossables
Chemins piétons
Laséquence détaillée du Corridor est le Quartier Culturel et Créatif ou la séquence Meet. A mi-chemin entre le loisir et la formation, le projet tente de renouer avec l’art et l’artisanat marocain tout en le croisant avec les technologies contemporaines. Le projet vise à créer une destination touristique où les premiers bénéficiares seront les locaux, à intégrer un nouveau tourisme tiré par la connaissance, le développement de soi et l’épanouissement personnel.
101 Mémoire de fin d’études
La séquence Shop sera intégrée au niveau de la Zone 1. L’opération projetée est un réaménagement de la cité ‘Médina’ existante en maintenant et renforçant sa fonctionnalité commerciale qui a été projetée avec une meilleure adéquation entre l’offre et la demande locale, ainsi la population visée serait la population locale plutôt qu’étrangère.
01 02
B. Les Séquences
Une multifonctionnalité stratégique
Les
La séquence Meet prendra place en Zone 2. C’est une séquence à fonctionnalité hybride, l’intermédiaire entre la récréation et la formation. Elle offre aux différentes composantes éducatives du HUB un espace de vulgarisation, d’expérimentation sociale, d’animation, d’expression et de projection de manifestations culturelles et artistiques dans une ambiance conviviale que colorie fortement le loisir et le divertissement.
Séquence focus
espaces de divertissement, de commerce et de formation sont organisés en des séquences dont la disposition suit la dynamique propre à chaque activité qui s’y déroule, en assurant au final un parcours homogène rassemblant à la fois des espaces stimulants et des espaces calmes dans une logique d’alternation. Les séquences les plus hétérogènes en matière d’activités sont structurées par des nœuds spatiaux facilitant la gestion de l’espace. Ceci dit, le « Corridor » qui est l’axe reliant entre la gare et la marina servira de repère spatial dans chaque séquence du Hub. Mise à part sa fonction de circulation et de mobilité, l’aménagement du corridor suivra la dynamique et fonctionnalité des séquences.La séquence Focus s’articulera dans la Zone 3. Dans la logique d’altérnation des ambiances pronée, cette séquence aura une dynamique plus calme et intégrera des espaces en relation avec la nature. Des cellules de travail, de relaxation et de méditation seront mise en place dans un cadre à caractère paysager.
102 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Séquence Shop Séquence Meet 03
Séquence develop Séquence reside
La séquence Reside prendra place dans les deux zones identifiées 4ème et 5ème. Cette séquence est à vocation résidentielle et accueillera la nouvelle population qu’attirera le HUB. La séquence avoisine des résidences secondaires occupées saisonnièrement dans la Zone 4. Cette problématique va être adressée par la recherche de moyen d’optimisation de leur usage par leur intégration dans la séquence du HUB.
La séquence Develop s’articulera dans la Zone 6. C’est la zone où seront projetées les grandes écoles assurant la formation dans les disciplines en relation avec l’innovation et la recherche dans le domaine du Tourisme. Dans une démarche participative de la création d’une destination touristique à Saidia, des annexes de chaque département seront installées au niveau de la séquence Meet pour assurer l’intégration du grand public dans la recherche touristique.
séquence experiment Séquence Gare
La séquence Experiment s’intégrera dans la Zone 6. Cette zone sera dédiée aux entreprises partenaires du HUB. Un espace d’incubation et d’expérimentation dans les champs de recherche de l’enseignement disposé dans le HUB va être également intégré dans la séquence, créant ainsi une zone de mise en application des innovations.
Séquence collaborate
La séquence Collaborate prendra place au niveau de la Zone 6. Cette séquence créera la liaison entre les différentes disciplines enseignées dans la séquence Develop ainsi que l’expertise de la séquence Experiment. Elle regroupera différents espaces favorisant le partage et la collaboration afin de créer une synergie pluridisciplinaire dans le HUB. Cette séquence intégrera également un guichet administratif unique.
La séquence Gare prendra place dans la Zone 8. La gare multimodale est un projet structurant au niveau de la ville, elle permettra à terme de renforcer les liaisons entre Saidia, le HUB et les autres pôles de la région. Repère urbain, elle aura un rôle crucial dans le développement de la mobilité dans la ville et assurer une circulation durable et efficace au niveau du Corridor.
Séquence move
La séquence Move est la dernière séquence du HUB est se situera dans la Zone 8, au niveau des montagnes de Oulad Mansour. La séquence consiste en l’aménagement au niveau du site de parcours piéton et cyclable aboutissant à un belvdère en hauteur donnant sur la ville et offrant une vue sur le Corridor du HUB et la mer.
103 Mémoire de fin d’études
04
05 08 06 09
07
Affaires
Parc d’affaires
Espace Production
Centre Start up Espace Entreprises Centre de conférence
Laboratoires entreprenariaux Ateliers
La fabrique - Essai et Prototype Bureaux Summer Camp - Crash Test
Services
Commerces
Résidence
Restauration
Loisir et Sport
Transport
Enseignement
Gestion HUB Autoformation Promotion et Information
Co working
Exposition Innovation
Biénnale Moussem
Département Gestion interne
Outlet - centre shopping
Résidences estudiantines
Café / Terrasses café Restaurant Food truck / Food court
Cinéma plein air Parc urbain Amphithéâtre Padel Zone VJ Karting Terrains de sport
Parking deux roues / voitures Réseau de pistes cyclables Gare et dépendances
Auditorium Département Innovation et Stratégie touristique Département Communication Département Design & Art Département Commerce et Administration des entreprises Département Informartion et Statistique
Médiathèque Cellules de travail Installations Slack
Espace de Présentation Espace d’exposition Pavillons
Espace coworking Espace de rencontre Studio workshops
Studio Projection créative
Pavillons
104
de développement
Recherche, Business
Divertissement
Modèle
local :
et
Education Collaboration Evénéments
C. Programme
Un espace multifonctionnel
105 Mémoire de fin d’études
Surface unitaireNombreSurface totale
Programme
Espace de Jeux 500 1 500
Plateforme jeux nautique 100 1 100
Pavillon d'exposition 25 4 100
Plateforme de pêche 200 1 200
Espace de détente
Restaurants et dépendances 300 - 400 6 2400
Locaux techniques et sanitaires 500
Commerces _ 17000
Food Court 3000
Parking 12,5 400 5000
Locaux techniques et sanitaires 1000 29800
Sous total Séquence Shop Séquence Meet
Studio Projection artistique 500 1 500
Médiathèque 400 1 400
Espace d'exposition 250 1 250
Espace de Présentation 200 1 200
Studio Workshops 150 2 300
Amphithéâtre ( Cinéma plein air + Evénements ) 1000
Espace VJ + Graphiti 500 1 500
Salle de jeux + Dépendances* 300 1 300
Bowling + Dépendances* 150 1 150
Piste patin à roulettes + Dépendances* 1000 1 1000
Tennis de table 95 2 190
Escalade 500
Skateparc 1000 1 1000
Squash 60 3 180
Cafés 200 2 400
Restaurant et dépendances 200 1 200
Locaux techniques, vestiaires, sanitaires 1000
Auberge de jeunesse 1600
Poste de surveillance 25 4 100
Hall d'accueil 200 1 200
Ateliers 150 4 600
La fabrique - Essai et Prototype 500 1 500 Salle de cours 65 4 260 Summer Camp - Crash Test 300 1 300 Gallerie 200 1 200 Espace coworking 400 1 400 Espace de restauration 300 1 300 Espace de détente 200 1 200 Caféteria 80 2 160 Ateliers 300 15 4500 Bureaux 70 15 1050 Locaux techniques et sanitaires 100 Bureau de Gestion et Administration du Quartier 1415 Hall d'accueil Espace accueil et attente Bureau responsable - Animateur Cluster 70 1 70 Bureau d’ordre 25 1 25 Secrétariat 70 1 70 Service coordination 200 1 200 Service régie et comptabilité 200 1 200 Service logistique 200 1 200 Service informatique 100 1 100 Salle de réunion 100 1 100 Salle personnel 100 1 100 Espaces collaborateurs 150 1 150 Locaux techniques et sanitaires 150 Parking 12,5 100 1250 Terrains de sport 1000 1000 22355 Cellules de travail 9 15 135 Installations Slack 9 20 180 315 Accueil 100 1 100 Administration 100 1 100
106
développement
Modèle de
local : Recherche, Business et Divertissement
Séquence Shop 200 1 200 Sous total Séquence Meet Séquence Pause Sous total Séquence Pause
107 Mémoire de fin d’études
Col
abor
Ateliers - Salle de conférence - Guichet administratif unique
ment 200000
Gar e Gare multimodale et dépendances 4000 4000 4000 Observatoire
Terrasse
Esapce
Ecoles
Campus
Entreprises Sous total Séquences Develop - Collaborate - Experiment
Locaux techniques 25 2 50 Espace personnel 50 2 100 Espace de stockage 150 1 150 Chambres 12 150 1800 Espace commun 150 2 300 Cuisine 200 2 400 Laverie 150 2 300 Parking 12,5 50 625 Centre étudiants 500 1 500 4425 Séquence Develop Séquence
l
at e
Séquence iExper
Séquence
250 1 250
Café 200 1 200 Belvédère 40 2 80 530 261425 2000 24000 285425 Sous total Séquence Reside Séquence Resi de Espace vert (Ratio 12 m²/habitant) Surface totale du HUB *Dépendances = Accueil - Vestaires - Douches - Sanitaires
Grandes
-
Espace
Séquence Move Sous total Séquence Move Superficie totale des séquences Estimation habitants permanents Sous total Séquence Gare
108
D.
Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Organigramme spatio-fonctionnel
109 Mémoire de fin d’études
Zone 1 Séquence Shop Zone 2 Séquence Meet
Elément
Zone 3 Zone 4 Séquence Focus
Bâtiment
Parc urbain
110 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Nature de l’espace projeté comme élément du cluster
architectural Agglomération de bâtis avec espaces verts associés
entouré d’un espace vert
Zone plantée avec parcours piétons
Circualtion piétonne +0.00 Passage de transition Balade piétonne Passage animé
Spécificités des espaces qui cimentent le Cluster Exposition Performance Patio / Terrasse Forum Relaxation Café Les principales missions du Cluster Académie Auto Education Collaboration en interne Collaboration avec externe Fonction indépendante Fonction en relation avec le programme Cluster Caractéristiques Fonctions clés Type d’espaces publics Intéractions Bâti / Environnement Flux des personnes
Transition clé Connection à
Zone 5 Zone 7
Séquence Test Séquence Collaborate Séquence Develop
au niveau transition piétonne animé formaliser
Inclusivité du programme
Harmonisation des ambiances entre espace public et privé
Zone 6 Zone 8 Zone 9 Séquence Reside
Espace public Espace privé
RDC accessible au public
RDC destiné exclusivement aux usagers du bâtiment
Zone 10 Séquence Move
Qualité visuelle des espaces Percées sur la mer
Scène visible depuis la façade principale, exposition à la lumière naturelle
Vue sur LE CORRIDOR
Vue sans obstruction sur un espace vert
Vue sur bâti
Vue sur une place / espace de rassemblement
Connections à la mer depuis différentes parties du Cluster
Relation visuelle Accès à la mer
Vue directe Depuis une élevation
Vue distante
Accès direct Proximité immédiate Passage à travers un bâtiment
111 Mémoire de fin d’études
Campus
LaLtraduction formelle de notre concept suit la logique de rationalité adoptée depuis le début de notre travail. Comme précisé, l’objectif derrière le choix de ce programme est l’introduction d’un nouveau type de tourisme dans la ville de Saidia, un tourisme qui s’intègre avec la vision global du HUB régional créatif que catalyse une vision de développement tiré par une économie de la connaissance. La séquence que représente le quartier regroupera à la fois des ateliers artistiques, des workshops et des espaces de co-working, des espaces de sport et de divertissement, des espaces de détente et de socialisation ainsi que des hébergements et des espaces de restauration, le tout noyé dans un aménagement paysager frugal. Notre volonté est de garder et renforcer l’atmosphère naturelle du site.
Avec un programme aussi important, le risque que la lecture du quartier devienne ambiguë pour le visiteur s’accentue. La problématique ici relevée fut la première contrainte du projet, d’où l’intérêt de la mise en place d’une trame claire pour le plan afin maintenir la porosité d’un espace qui pourrait facilement devenir visuellement saturé. La trame crée ainsi des percées visuelles dans l’ensemble du quartier laissant libre court aux yeux du visiteur de découvrir tous les espaces que le projet à
offrir. Où que l’on se positionne, espace fermé ou ouvert, le regard n’est pas obstrué par le bâti. L’implantation et la matérialité des volumes proposés s’intègrent dans le site grâce à l’utilisation du bois et la transparence du verre.
Toujours dans l’optique de valoriser la vue au niveau de l’espace, le projet tient compte de l’importance de la visibilité de la mer et du paysage maritime ainsi que l’intégration du projet dans le site. Puisque notre projet se situe à une faible distance de la ligne marine, il s’étalera sur le terrain afin de préserver à ceux en arrière-pays le droit de jouir de cette aménité paysagère. Ce gabarit, par la même occasion nous permet d’étaler le programme sur la superficie du terrain en créant des cellules diverses fonctionnellement. Cela fait profiter les usagers de tout l’espace à leur disposition en suscitant un sens de découverte renforcé par le programme diversifié.
Afin d’optimiser la surface bâti et faciliter l’intégration du programme au site dans les contraintes susmentionnées, un tableau de modules surfaciques a été mis en place pour que chaque espace s’incorpore dans les limites de la zone désignée à être construite comme préétabli au niveau de la grille. On présentera alors pour chaque surface donnée un certain nombre de formes pouvant la contenir.
112 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
E.
113 Mémoire de fin d’études
114 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement Délimitation zone constructible et création du volume01 Jonction avec l’existant : Corridor du nord au sud et voie de l’est à l’ouest02 Préservation de percées visuelles traversant tout le projet05 Détermination de la hauteur selon la règle des percées06 modules surfaciques étapes de formation du quartier
115 Mémoire de fin d’études 4 zones distinguées se dégagent03 Application de la grille 25*2504 Le bâti, les places et les placettes sont aménagées07 Aménagement intérieur des volumes pour une circualtion fluide entre les ateliers08
Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
quartier culturel créatif
Zone centrale du quartier : Zone à multiples temporalités
Le quartier se veut être un espace de communauté et de partage. L’aménagement paysager permet ainsi de créer l’atmosphère idéale pour les activités programmées, et la zone centrale en est le parfait exemple. Cette zone représente le trait d’union entre la séquence qui précède et celle qui va suivre. Elle focalise donc sur l’importance d’une mobilité efficace pour pouvoir transiter entre les séquences du HUB, mais aussi de desservir vers les espaces composant le quartier.
L’aménagement en parcours nous permet à la fois de séparer les circulations selon leur temporalité et d’octroyer à cet espace une flexibilité d’usage : les parcours piétons peuvent être le lieu de projection de différents évènements et manifestations artistiques. L’affectation d’une identité propre à cet espace qui sera le premier contact du visiteur depuis l’axe principal du HUB a été primordial. Le défi a été l’usage des éléments végétal, minéral et aquatique à bon escient afin de créer un espace plaisant et attractif.
Aménagement paysager
Aménagement de plans d’eau et fontaines dansantes le long des parcours piétons et assises Piste
116
Piste cyclable Parcours piétons avec structures d’ombrage
Prolongement de l’axe central du HUB dans le quartier avec une circulation en hauteur
Connexions piétonnes directes entre les deux rives à travers les plans d’eau et espaces verts
117 Mémoire de fin d’études
Cinéma plein air
Pistes cyclabes aménagés depuis la gare et reliées aux corniches
Parcours aménagé depuis la gare rattaché aux corniches
Café
Théâtre plein air Piste patins àroulettes
Espace
Ateliers scénographie
Ateliers couture
Ateliers calligraphie
Ateliers peinture
Ateliers tapisserie
Ateliers design
Lesplaces sont aménagées selon le type d’atelier qu’elle juxtapose dans une logique de complémentarité. La place est soit un espace tampon, une pause entre les activités ou encore un espace de communauté et de collaboration. Conscient de l’importance d’une bonne gestion des ressources aquatique dans un contexte de sécheresse, il a été nécessaire de tenir compte
118 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement
Ateliers photographie Médiathèque Centre de langues
VJ Espace Ateliers joaillerie
Raccordement au réseau routier existant et aménagement d’une voie de circulation transitoire
Positionnement du Quartier entre la marina et un espace vert
Circulation interne fluide assuré par un réseau de chemins piétons développé
Accès direct de la marina à la gare via l’axe de desserte
de cette contrainte au niveau de l’aménagement paysager. Ainsi on a privilégié les plantes endémiques, et limité les espaces nécessitant un arrosage régulier tel les surfaces gazonnées. Les places offrent ainsi de larges surfaces couvertes d’agrégats de pierres naturelles utiles au drainage des eaux naturelles et qui présente l’avantage d’être à la fois résistant et écologique.
119
La fabrique Café Summer Camp Espace coworking Bureau de gestion Cafés Espace Bowling Salle de jeux Espace Paddle Attractions Manège VJ Ateliers culinaires Espace associations Espace d’exposition Espace P.C Ateliers musique et danse Hebergement Hebergement Restaurant
A
A’
121 15.
16.
17.
31.
32.
33.
nord Plan Masse Quartier Culturel Créatif 0 20 40 60 80 m
Cafés
Ateliers culinaires
Espace Associations
Cinéma drive in
Parking deux roues
Pont / Belvédère Accès Quartier Terrain de SportT.S Zone détaillée
Espace stockage
Bureau responsable Joaillerie
Bureau responsable Tapisserie
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
Plan
Ateliers 35 et 36
0 1 2 3 4 m B B’
Salle de cours Scénographie
Salle de projection Scénographie
Atelier Scénographie
Stockage matériel
Bureau responsable Scénographie
Photocopie/Impression
Rayonnage
Service fonctionnement médiathèque
Service Emprunt
Espace de travail
Salle de cours
Workshop Centre de langues
Studio d’enregistrement
Bureau professeurs
Bureau responsable
Local technique
Atelier Calligraphie
Boutique Calligraphie
Workshop Calligraphie
Workshop Couture
Atelier Couture
Boutique Couture
Boutique Joaillerie
Atelier Joaillerie
Atelier Pierres
Salle de cours Tapisserie Zone détaillée du Quartier Coupe perspective BB’
RDC surélevé de 0.9m du niveau du sol
Légende
30. Atelier Tapisserie 31. Workshop Tapisserie 32. Espace stockage Tapisserie 33. Salle
34. Boutique
35. Workshop Peinture 36. Workshop Design
37. Boutique Design 38. Salle
Design d’objet 39. Studio Photographie 40. Salle
cours Photographie 41. Exposition Photographie 42. Bureau responsable Photographie 43. Salle matériel Photographie 44. Bureau responsable 45. Bureau
46. Salle
47.
48. Salle
49.
50. Stockage
51. Stockage
52. Peinture/vernis 53.
54.
55. Bureau
0 4 8 12 m
de cours Peinture
Peinture
d’objet
de cours
de
professeurs
de cours Musique / Danse
Salle de répétition Musique
de répétition Danse
Atelier Maquette
matériel
bois / matières premières
Assemblage
Travail du bois
responsable Factory
124 Modèle de développement local : Recherche, Business et Divertissement Façade Atelier Ech 1:50
125 Mémoire de fin d’études Coupe Toiture / Façade Ech 1:20
126
de développement local : Recherche, Business et Divertissement Ambiance Place
Modèle
127 Mémoire de fin d’études Ambiance Workshop
128
de développement local : Recherche, Business et Divertissement Ambiance Place
Modèle
Surles pas de ceux qui m’ont précédé à la réflexion autour du développement urbain d’une station balnéaire, je souhaite par le présent travail formuler une proposition d’aménagement d’un site qui m’est particulièrement cher.
Pendant la saison estivale à Saidia, on est projeté dans une dynamique sociale et économique soutenue, les parasols sont plantés le long des plages, une foule immense s’engouffrent dans les espaces de restauration, la foire aux jeux bat son plein, des éclats de rires, des jurons, du marchandage devant les étalages, la vie est même nocturne, les gens savourent leurs glaces en regardant au loin les vagues méditerranéennes se replier sur elles-mêmes à l’infini. La brise fait frémir les plus chétifs et les moins actifs, mais on ressent cette sorte de motion dans un espace qui nous emporte. Des enfants en trottinette d’autres en roller se rivalisent, les plus âgées sont pris dans un va et vient sur un bout de terre pavé au bord de la mer, tel un pèlerinage dont chacun en tire un plaisir et profit personnels, l’occasion pour certains de passer en revue leur quotidien, d’autres de chercher l’attention des passeurs ou d’apprécier un moment en compagnie des amis ou de la famille.
A la fin de la saison estivale, l’intensité de ces émotions et le nombre d’activités quotidiennes s’atténuent jusqu’à cesser totalement, cette presque course avec le soleil commence à prendre fin à partir du mois de septembre. L’école commence, le travail reprend, et la ville qui n’a pour vocation que le loisir se voit vider de sa population éphémère. Les plages reprennent leur souffle, les restaurants ferment leurs portent, les hôtels voient le nombre de leurs clients chuter et la ville entre dans une phase d’hibernation en attendant la saison chaude ou la prochaine période de vacances pour renaître de ces cendres.
Cette paralysie temporaire de la ville a été l’élément déclencheur de l’intérêt envers le sujet Saidia, d’autres couches se sont rajoutées à la problématique par la suite. L’aboutissement de cette recherche est ce mémoire entre vos mains.
129 Mémoire de fin d’études
Par l’auteur
Saidia
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131 Mémoire de fin d’études