R00TS n°29

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AFROPOLITAN LIFESTYLE

G U A D E L O U P E

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M A R T I N I Q U E

TIAKOLA MÉLO

29

Mode Clarisse Hieiraix, la grâce de Marie-Galante N° Retour Mode sur la Black Fashion Week Beauté Comment entretenir ses locks ? Beauté Dossier spécial NAPPY Racines Les Coolies, hindous des Antilles Racines Coulies, les hindous des Antilles Business Dossier immobilier : comment investir aux Antilles ? Business États-Unis / Afrique : vers un nouvel axe économique ? Gastronomie Marcel Ravin, l’orfèvre floral Gastronomie Végétarien n’est pas hipster Culture/Art Admiral-T rencontre Kalash, E.sy Kennenga & Stony Culture/Art Admiral-T, son portrait chinois

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N° N°

AUTOMNE AUTOMNE / HIVER AUTOMNE 2014 2022 2014



Éditorial

Premium

Comment entamer cette nouvelle édition de ROOTS sans rendre un hommage appuyé à l’un de nos plus fidèles compagnons d’aventure : Didier Teurquetil. Quiconque est familier à l’univers de l’évènementiel, de la mode ou de la beauté afro en France a déjà croisé la route (l’objectif ) de notre cher Didier. Obligatoirement. Photographe à l’éternelle âme d’enfant, Didier était l’un des socles de la diaspora afro-caribéenne. Combien d’entrepreneurs a-t-il conseillés, motivés, combien de marques a-t-il aidées à se lancer, combien de carrières a-t-il orientées, combien de services a-t-il rendus ? Et, tout cela, avec une bienveillance non feinte. Les 276 pages de ce magazine porte d’ailleurs son sceau, lui qui aura réalisé une grosse partie des clichés, dont la majorité des interviews. Son décès aussi brutal que soudain lors de cet été 2022 nous laisse un vide incommensurable et des milliers de mégas octets de souvenirs. Ce numéro t’est dédié, mon ami. En parlant d’âme d’enfant, il était temps de relancer notre rubrique Baby ROOTS, disparue depuis 2017 et dont le retour a été fortement plébiscité. Ainsi, vous découvrirez un dossier spécial d’une vingtaine de pages consacré à la future génération ROOTS. Des portraits d’entrepreneurs dédiés à l’émancipation et la conscientisation de nos juniors : Klesis School et son envie d’éduquer les futurs leaders à travers 6 piliers (entrepreneuriat, écologie, politique, digital, soft skills, finances) ; Hashley Auguste et son groupe Little Nappy autour de la petite enfance ; Laurie Pezeron et ses ateliers de lecture d’auteurs afro pour les plus petits ; Scheena Donia et sa BD « C’est maman qui commande » ou encore My Love Era, la marque de poupées noires, essentielle à la représentation et la valorisation de nos bambins. Le tout introduit par un shooting haut en couleur et réunissant la sublime mannequin enfant Inaya (elle a été l’égérie de Fendi, Dior, Kenzo, Zara Kids...) et la rayonnante influenceuse/ danseuse enfant Tyssia (forte d’un compte d’une centaine de milliers de followers et ayant notamment été l’égérie de la campagne SNCF 2022). De loin mon shooting coup de cœur de l’édition ! Un shooting réalisé par Audran Sarzier, à qui nous devons également la cover. Et quelle cover ! Tiakola, la mélodie des nôtres. Ancien membre du groupe 4Keus, originaire de La Courneuve, Tiakola vit un véritable conte de fée. Une carrière solo qui a explosé, des featurings avec tous les poids lourds français, une cote de sympathie qui n’a aucun équivalent dans le paysage musical actuel, un contrat d’égérie Nike pour la promotion du maillot de l’équipe de France au Mondial 2022, une tournée brillante qui s’annonce à travers toute la France... Et, tout cela, avec humilité et un respect permanent de ses aînés. Pour l’avoir vu personnellement débuter, plusieurs années en arrière, je peux vous assurer que c’est un honneur et une fierté de lui octroyer cette cover papier automne / hiver 2022. Je précise « papier » car, pour la première fois, nous avons également décliné deux autres covers digitales, avec en exclusivité totale deux des figures féminines les plus impactantes du continent africain. Une avec Yemi Alade, African Queen et entertainer inégalée, made in Nigéria. Une avec Halima Gadji, la chouchou du petit écran dans toute l’Afrique de l’Ouest, découverte notamment à travers la série culte « Maîtresse d’un homme marié ». Enfin, il était inconcevable de boucler ce numéro sans un zoom sur la Coupe du Monde au Qatar, dans laquelle sont engagés 5 pays d’Afrique et que nos consultants d’un jour se feront le plaisir de décrypter. C’est le cas de Viriginie Sainsily, pétillante présentatrice sur l’Equipe Tv et Prime Video, qui s’est prêtée au jeu d’une séance photo glamour, dans le non moins glamour Yakuza By Paris. Dans une interview à cœur ouvert, elle reviendra sur son parcours et nous donnera ses intuitions pour le Qatar 2022. De même pour José Pierre-Fanfan. L’ancien capitaine du PSG et actuel consultant sur Canal + Sport nous donnera sa grille de lecture des chances africaines. Comme d’habitude, un magazine riche en contenus, du glow, de la success story, de l’entertainment, du business, de la culture, de la mode...

Entrez dans l’univers ROOTS.

La génération ROOTS est en marche.




Sommaire

27 AUTOMNE / HIVER 2022

Fashion 41

Premium 26

Baby 80

Beauty 116

Business 184

Roots 166

Food 207

Culture / Art 240 016 031 081 117 165 181 205 219 257

Premium Mode Baby Roots Beauté Racines Business Gastronomie Culture / Art Sport

Sport 268



Contributeurs

Elles ont contribué à ce numéro

Matyna Diomandé

Hawo Thiam

Marie-Marthe Kema-Kema

Assistante communication marketing digital Racines : Côte d’Ivoire Actuellement étudiante en communication digitale, passionnée par les voyages, la beauté et le shopping, j’ai décidé en parallèle de mes études de lancer ma marque de vêtements en ligne, tout à mon image : Un style à la fois modeste et classe : @tyn_aljannah Mon expérience de Chargée de communication marketing chez ROOTS a été très enrichissante, ravie d’avoir contribué à ce numéro.

Make-up artist Racines : Sénégal Depuis toute petite j’ai toujours été attirée par le maquillage, l’esthétique… En grandissant, j’ai donc décidé de faire la prestigieuse école d’esthétique Françoise Morice. Aujourd’hui, je suis maquilleuse professionnelle et esthéticienne diplômée. En sortant de cette école, j’ai pu travailler pour de grandes marques de cosmétiques pour peaux noires aux Galeries Lafayette et au Printemps. Je suis désormais entrepreneure et totalement indépendante, un rêve devenu réalité. Je peux dire que je suis totalement épanouie sur le plan professionnel.

Stagiaire en communication Racines : R.D.C Passionnée depuis toujours par la mode, l’art et le luxe. Étudiante en communication pour devenir responsable des relations publiques. Également sensible au sujet de l’évolution de la jeunesse, je contribue à cette cause à travers des activités artistiques pour que ces jeunes puissent trouver leur place au sein d’un groupe, gagner en confiance et accéder à l’épanouissement personnel.

IG : @khaltyna

IG : @mariiekema

IG : @hawo_makeup_and_beauty

Disponible en ligne : www.rootsmagazine.fr - Sur Facebook : Roots magazine - Sur Instagram : @rootsmagazine Rédaction : redaction@rootsmagazine.fr - Publicité / recrutement : direction@rootsmgazine.fr - Casting : casting@rootsmagazine.fr

Faites la promotion de votre activité ou marque dans ROOTS : +33.7.68.40.93.11

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Directeur de publication : Michael Kamdem - Rédaction : Cécilia Manzambi / Yememca / Marie-Marthe Kema-Kema / Andrea Gbomene... Photographie : Didier Teurquetil / Audran Sarzier (cover) / Pata Papara / Wil Zaid / Stephane Bossart / Jali Stylisme : Parole Paris / Antoine Schmidt / Magalie Swelly / Amany Gogo Maquillage : Dean Artist / Hawo Make up / Anjali Beauty Artist / Bonnita Beauty / Glam By Rem Coiffure : Kadi Hairconcept / Ezinris Coiffure / Anjali Hair Studio Diffusion papier : Île-de-France // 30 000 exemplaires Lieux : Ambassades africaines à Paris, restaurants africains à Paris, grands hôtels, instituts de beauté et salons afros, concept stores, boutiques de vêtements, défilés, évènements et concerts... La liste détaillée sur www.rootsmagazine.fr - Périodicité : Semestrielle Impression : Europe - Toute ou partielle reproduction du magazine sans autorisation expresse de l’éditeur est interdite.



Cocktail

ROOTS 10 ANS

Cocktail de lancement de l’édition collector des 10 ans sur la plus belle avenue du monde. 05/12/2021 Photos : Didier Teurquetil IG : @rootsmagazine



Cocktail

ROOTS 10 ANS

Cocktail de lancement de l’édition collector des 10 ans sur la plus belle avenue du monde. 05/12/2021 Photos : Didier Teurquetil IG : @rootsmagazine



MAKING OF ROOTS #27 Automne / Hiver 2022 IG : @rootsmagazine

L by Lise Little Nappy

Dean Artist Djimo

Sonya Pembe

Neya Concept

José Pierre-Fanfan Virginie Sainsily

Dj Titaï

Chaarlity

Be Shine

African Countess


Kader Gadji

Halima Gadji

Yémi Alade & Halima Gadji

Anjali Beauty Manzèl

Tyssia & Inaya

Inaya

African Countess

Idrissa Diabate

Sonya Pembe Brice Tchaga

Maïmouna Doucouré & Laetitia au Gala Les Secrets de Loly

Tiakola


PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER STYLISME AMANY GOGO ASSISTANTS STYLISIME COMMME DES COPAINS & JAJA MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST

Manteau : DAILY PAPER Veste en cuir : VESTIAIRE UNIQUE Cagoule : CHAMPS PARIS


Premium

TIAKOLA

LA MÉLODIE DES NÔTRES

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? William Mundala, je viens de La Courneuve et je suis originaire de RDC. Mon nom d’artiste est Tiakola, mais on me surnomme aussi “La Mélo”. Je suis issu du groupe 4Keus et on est fier d’être là, aujourd’hui, en cover de ROOTS magazine.

Raconte-nous tes premiers pas dans la musique... Je suis issu d’une famille nombreuse, je suis le 8ème membre. Nous sommes une famille où l’église occupait une grande place et on y allait tous les dimanches. Un jour, je vois débarquer 3 tantes qui arrivaient du bled et je ne savais pas qu’elles avaient déjà une petite notoriété dans la musique au Congo : les Kunda sisters. Elle avaient pour habitude de chanter à la maison et à l’église. Je me rappelle même d’un jour où j’entendais plein de voix chez moi et j’ai halluciné ! Les voix de mes 3 tantes étaient parfaitements alignées, une qui fisaient des graves, l’autre très aiguë, etc. À force de les accompagner tous les dimanches à l’église, et les voir chanter, j’ai commencé à comprendre les harmonies, la mélodie, etc. À cette époque, je devais avoir 5 ou 6 ans, et ce fut mon premier contact réel avec la musique.

On t’a suivi depuis tes débuts à l’époque de 4Keus. Depuis, c’est l’explosion avec ta carrière en solo. Quand on est issu d’un groupe, ce n’est pas toujours évident de se dire que l’on est celui qui va tirer son épingle du jeu. Comment as-tu vécu la transition ? C’est vrai, je me rappelle très bien de l’interview, c’était dans une boîte de nuit dans le 8ème, juste avant le tournage d’un clip (rires). Comment je l’ai vécu ? En réalité, je ne l’ai pas vraiment vu venir. Petit à petit, je sentais qu’il y avait de l’attente et on me réclamait de plus en plus de faire des solos. Mais basculer du travail de groupe à une carrière individuelle est une façon totalement différente d’appréhender la musique. Au début, en studio, j’avais des difficultés à poser des deuxièmes couplets, mais je me suis mis à fond dans le travail ! Je me suis dit qu’il n’y a qu’un seul moyen pour progresser : le travail et encore le travail.

Mais sentais-tu que tu avais quelque chose en particulier ? Au départ, ce sont les membres du groupe qui me tenaient ce genre de discours. Puis, j’ai commencé à recevoir plein de retours de gens de l’extérieur qui me disaient : “Tiakola, tu te démarques, tu as quelque chose”. Moi, je ne le voyais pas forcément mais, plus on sortait des sons et devenait populaires, plus je voyais que j’avais quelque chose et que je sortais un peu du lot.

Aujourd’hui, tu es l’un des chouchous de l’industrie de la musique en France... Je n’aime pas trop ce mot, mais on va dire que c’est vrai (rires). Encore une fois, je le repète, si je suis là aujourd’hui c’est avant tout grâce au travail.

Même si tu es encore au début de ta carrière, quels sont les 3 moments les plus marquants ? 1) Le jour de la release party de mon album. Il y avait tous mes proches et des comptes fans qui me suivaient depuis longtemps, j’ai vraiment fêté cela en famille. C’était la libération ! 2) Le disque d’or que j’ai fêté aux Ardentes, en plein festival, j’étais entouré de la famille 4Keus, c’était grand ! 3) Enfin, la Cigale que j’ai fait en octobre dernier. J’ai fêté le disque de Platine avec mes parents, ainsi que tous ceux avec qui je travaille depuis le début, tous ceux avec qui j’ai fait des anciens sons, tout le monde. J’attendais ce moment depuis très longtemps et ça m’a fait kiffer de pouvoir le partager avec les miens.

Quelles sont tes actualités pour cette année 2023 à venir ? Il y a des clips qui arrivent, on va continuer à défendre l’album. Pour 2023, il y aura de belles suprises mais je ne peux pas en dire plus. Je vais continuer à aller en studio et bosser. Et, bien sûr, la tournée qui se déroule dans plusieurs villes de France et qui s’achèvera le 12 mars à l’Olympia.

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Premium

“Mwana Mboka, je suis l’enfant du pays ! On va représenter à vie le Congo.” Tu es désormais l’une des égéries de Nike et ambassadeur du maillot tricolore pour le mondial au Qatar. Quel est ton pronostic pour cette coupe du monde ? Ah c’est chaud ! Déjà, lorsque je vois N’Golo Kanté blessé, c’est compliqué ! Je suis confiant pour une demi-finale pour les Bleus. S’ils se parlent bien entre eux, qu’ils créent une vraie cohesion, ils peuvent aller loin. Même si, sans vous mentir, le Brésil apparaît comme le favori numéro 1. Cette année, sur le papier, ils ont l’air très forts !

Une Coupe du Monde qui se déroulera sans le Congo, dont tu es originaire... (Rires) C’est vrai mais bon, on sera à fond derrière les equipes africaines, que ce soit le Cameroun, le Sénégal, le Maroc, j’espère qu’ils iront le plus loins possible.

Alors justement, que représente le Congo pour toi ? Je commence à y aller régulièrement. J’y suis allé en octobre 2021, puis en août 2022. C’était les deux premières fois et quand j’y vais, je découvre, je kiffe, je me sens chez moi. Je n’ai pas eu la chance de connaître mes grands-parents mais au moins j’ai pu rencontrer mes cousins, mes neveux et j’en suis vraiment fier. Je sais d’où je viens, mais aussi d’où vient ma musicalité : le Congo !

On a pour coutume de dire que les Congolais ont le gène de la musique. Envisagerais-tu, dans un futur proche, de collaborer sur des sons de rumba congolaise ? Bien sûr ou, tout simplement, sur des morceaux samplés. En studio, ça m’arrive d’avoir des idées de vibes congolaises et de vouloir sampler des sons iconiques du Congo. C’est quelque chose que j’aimerais, un jour, explorer et proposer à mes fans.

Si tu avais un message à adresser à la communauté congolaise ? “Mwana Mboka”, je suis l’enfant du pays ! On va représenter à vie le Congo. J’espère qu’avec toutes les guerres que l’on a connu, la situation va s’apaiser. Et si, en tant qu’artiste, je peux aider à remonter le moral de certains, c’est un honneur. Tout ce que l’on souhaite c’est la paix pour le Congo.

Qu’est-ce que ça représente de faire ta première cover magazine ? Ça me fait plaisir et c’est un honneur. C’est une fierté de pouvoir représenter l’Afrique et qui je suis au travers du magazine ROOTS. Partout où je vais sur le continent, que ce soit au Cameroun, au Congo... Je suis chez moi et je ressens des sensations de fou. Donc “ROOTS”, les racines, vous avez été là à mes débuts, on est ensemble !

Si je te dis le mot “ Roots ”, cela t’évoque quoi ? Vu que je suis Congolais, je vais répondre le diamant (rires) !

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Pull : CHAMPS PARIS


Premium

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Teddy : BAARA Pantalon : ASOS DESIGN




Premium

Veste en cuir : DAVRIL Basket : AIR FORCE SUPREME

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Maillot : PSG VINTAGE Pantalon : MARINE SERRE


Premium

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Teddy : BAARA Pantalon : ASOS DESIGN



PHOTOGRAPHE: PATA PAPARA


Entretien exclusif

Premium

YEMI ALADE AFRICAN QUEEN

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Yemi Alade, née le 13 mars 1989 à Abia, au Nigéria. Je suis une auteure-compositrice et chanteuse d’afropop. Vous avez voyagé dans le monde entier. Quels sont vos 3 moments les plus mémorables ? Waouw, c’est une sacrée question ! Je vais commencer par l’un de mes plus anciens : Mon premier concert à Paris, l’un des tout premiers en Europe. C’était au Trianon. Cela a marqué le départ de mon European Tour et ce fut incroyable pour moi ! Le second souvenir le plus mémorable a eu lieu cette année 2022. Quand je suis allée à Porto Rico pour un show strastophérique de 30 000 personnes ! 3 minutes après ma performance, les gens continuaient de crier « Yémi ! Yémi ! ». Je ne comprenais pas ce qui se passait, c’était un moment suspendu dans le temps, particulièrement excitant et que je chérirai précieusement pour de longues années. Enfin, mon souvenir numéro 1 est d’avoir fait partie de l’album qui a gagné un Grammy, aux côtés d’Angélique Kidjo, en 2022. Quelle est la place de Paris dans votre cœur ? J’adore Paris ! Je pense que j’ai été préparée pour Paris toute ma vie. À l’école secondaire, au Nigéria, j’étais l’une des rares étudiantes qui avaient décidé d’étudier le français. J’aime cette langue. Et maintenant que j’ai l’opportunité de voyager à travers le monde, je viens ici aussi souvent que possible. J’aime l’architecture, les gens, la gastronomie. Mais j’aime surtout la façon que les Français ont d’apprécier la culture, c’est un très grand pays de culture ! Je me sens à la maison quand je suis à Paris. Depuis quelques années, on aperçoit de nombreuses collaborations entre artistes Naijas et francophones. Quel est votre sentiment à propos des artistes français ? La seule différence est la langue, mais le feeling reste le même. C’est comme être à la maison. En réalité, comme je le dis souvent, lorsqu’il s’agit de musique, nous évoquons un tout autre monde. Nous sommes tous les mêmes et notre seule langue est la musique. Je peux ressentir des frissons en écoutant un artiste francophone ou hispanophone, sans même comprendre un mot et, a contrario, ne ressentir aucune émotion en écoutant un artiste anglophone. Selon moi, la musique met tout le monde d’accord et fait sauter la barrière des langues.

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Premium

“ Être un role model est parfois lourd à porter. [...] Je suis un être humain, alors permettez-moi de faire des erreurs.”

Mais votre français est très correct, vous pourriez presque tenter de chanter dans la langue de Molière (rires) ? On n’y est pas encore (rires) ! Comme je le disais précédemment, j’ai un peu appris à l’école. Puis, en grandissant, j’ai poursuivi à l’université. Et désormais, à chaque fois que je viens en France, j’essaye de tenir des conversations en français et de parler à un maximum de personnes afin de m’améliorer. Mais merci pour le compliment. Êtes-vous consciente de jouer une place centrale dans la représentation des femmes africaines à travers le monde ? C’est très important pour moi ! Dès le premier jour de ma carrière, j’ai compris que j’avais un rôle de représentation pour les femmes. La représentation est fondamentale. Les petites filles à l’école, lorsqu’elles surfent sur internet ou qu’elles zappent la télévision du salon, elles savent qu’elles peuvent devenir moi et même faire encore mieux que moi ! Ce n’est pas trop lourd à porter ? Être un role model est, effectivement, parfois lourd à porter. Mais je dis toujours aux gens que je suis un être humain, que je fais et ferai des erreurs, alors permettez-moi de faire des erreurs. Mais pour les bonnes choses que je fais, servez-vous, puisez-y toute l’inspiration nécessaire ! Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? La culture. Je pense également à la Terre Mère.

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PHOTOGRAPHE: PATA PAPARA



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Mode

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Coumba, je suis Malienne et je suis la créatrice de la marque COCHADY.

Racontez-nous la genèse de COCHADY...

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Mon père a appris le métier de couturier au Mali, il a exercé ce métier quand il est arrivé en France dans les années 80. Pour ma part, ça n’a pas été une évidence de suite parce que j’ai fait un tas de choses avant, mais j’ai grandi avec cette image de lui sur sa machine à coudre et je pense que c’était un peu ma destinée. La mode a toujours fait partie de ma vie, j’aimais customiser, retravailler les vêtements que j’avais dans ma

garde de robe. J’ai toujours eu cette petite fibre de créativité dans ce domaine. Ça part d’une réelle passion et j’ai fini par en faire mon métier. J’ai mis du temps à lancer la machine, j’ai eu des doutes, la peur de me jeter à l’eau. Par la suite, j’ai commencé, j’ai fait des erreurs, j’ai arrêté, j’ai recommencé… Et finalement, je suis heureuse d’avoir entrepris cette aventure. J’en apprends tous les jours, je rencontre des personnes géniales. C’est un plaisir de voir mes idées, mes gribouillages (le dessin n’est pas mon fort), les patronages, les prototypes prendre forme. Je reçois telle-

ment de positivité que j’en oublie la difficulté (on ne le montre pas mais c’est dur aussi).


COUMBA DIARRA

Mode

FONDATRICE DE COCHADY

D’ailleurs, je me permets de profiter de l’occasion pour remercier toutes les personnes qui me soutiennent au quotidien, ça me donne sincèrement beaucoup de force. J’ai lancé COCHADY en pleine crise sanitaire, comme tout le monde je ne m’y attendais pas. Malgré tout et grâce à Dieu, elle continue de se développer et j’en suis hyper fière ! Comment décririez-vous l’ADN de votre marque ? COCHADY allie élégance et modernité. Elle met l’accent sur la mise en valeur de la femme à travers le détail, en particulier les épaulettes. J’aime également utiliser des matières spécifiques, jouer avec le volume, les asymétries. Apporter une touche de différence sur les vêtements les plus simples. Tous mes modèles sont confectionnés à Paris. Je suis quelqu’un de perfectionniste, j’aime le travail propre et bien fait et c’est un gage de qualité. Je veux que mes modèles soient durables donc je suis très pointilleuse sur le choix du tissu, l’endroit de confection et la manière de faire. L’atelier avec lequel je travaille est à 2 pas de chez moi. Je garde un œil constant sur tout le processus de fabrication.

Votre spécificité est au niveau des épaulettes. Comment vous est venue cette idée de vous démarquer de la sorte ? La première fois que j’ai porté une veste à épaulettes, j’ai eu un sentiment de hauteur, de force et de puissance... Cette allure qu’elles ont le pouvoir d’apporter à une silhouette m’émerveille… Je n’y crois pas mais si je pouvais me réincarner, je serais une paire d’épaulettes (rires). C’était donc une évidence pour moi qu’elles fassent partie quasi intégrante de mon image de marque. A l’époque, elles étaient uniquement réservées aux hommes donc c’est aussi pour moi un symbole d’égalité. Égale, forte, puissante… C’est la femme d’aujourd’hui.

Quelles sont vos sources d’inspiration ? Je puise mes inspirations dans la vie de tous les jours, mes voyages... Il y a beaucoup trop de choses qui m’inspirent, si je dis tout vous allez rire… Il y a certains créateurs que j’aime beaucoup aussi. Mais je veux, lorsque l’on regarde mes modèles, que l’on voit COCHADY et non l’inspiration de…

pas inaperçue. Les prix sont de milieu de gamme. Les coûts de production en France sont élevés surtout lorsqu’on produit en petite série. J’essaie vraiment d’offrir un produit de qualité avec des finitions impeccables et qui soit le plus accessible possible.

Comment se procurer des pièces COCHADY ? Vous pourrez retrouver la collection COCHADY sur le site internet www.cochady.com et nous suivre sur l’Instagram / Facebook / TikTok @cochady. J’organise aussi des pop-up stores dès que j’en la possibilité.

Originaire du Mali, que cela représente-t-il pour vous ? Le Mali c’est la terre de mes parents, de mes ancêtres. Les Maliens sont des personnes simples, gentilles, respectueuses, accueillantes et je suis fière d’être Malienne. J’aimerais, bien plus tard, créer une collection qui représenterait ma double culture.

À qui s’adresse COCHADY ? Quelle est votre gamme de prix ?

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?

COCHADY s’adresse à la femme de caractère qui ose et n’a pas froid aux yeux. Parce que si vous portez du COCHADY, vous ne passerez

Le mot « Roots » me fait penser à un long chemin difficile et semé d’embûches où l’on finit toujours par voir la lumière.


SONYA PEMBE En exclusivité, voici le premier édito magazine pour la it-Girl d’Afrique Centrale, la belle Sonya Pembe originaire de Kinshasa. She’s THE Bomb !

PHOTOGRAPHE DIDIER TEURQUETIL STYLISME NAOMI DADO MAQUILLAGE DEAN ARTIST COIFFURE DIAAM HAIRCONCEPT


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Robe & Manteau : GREGORY ASSAD


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Veste : DEBORAH L BRAND Pantalon : ORAIJE

Col Roulé : GREGORY ASSAD Chaussures plateforme : GREGORY ASSAD




Bijoux : POUR TOI CONCEPT

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Veste & Chemise : GREGORY ASSAD Jean : ORAIJE


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Attaché de foulard : NEYA CONCEPT Pantalon : ORAIJE

Manteau : JIANG WEN



Mode

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Photo : Didier Teurquetil


DIENABA KONATE

Mode

FONDATRICE DE NEYA CONCEPT

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Dienaba Konaté, 38 ans, d’origine sénégalaise, fondatrice de NEYA Concept, une boutique en ligne qui propose un panel d’accessoires de tête en tissus teints et confectionnés au Sénégal. D’où vient cet amour du turban ? Depuis ma tendre enfance, j’ai été entourée de femmes inspirantes qui portaient avec fierté le foulard, sous toutes ses formes ! J’ai toujours évolué avec cette image et, aujourd’hui, le turban fait partie de mon dress code au quotidien : c’est pour moi une affirmation culturelle à travers la mode. J’ai lancé NEYA Concept, il y a maintenant 3 ans, suite à une conversation que j’ai eu avec une femme atteinte d’un cancer : elle souhaitait obtenir des foulards de tête colorés pour illuminer son teint ; et, vivant en Province, très peu de boutiques proposaient ce type d’accessoires. J’ai donc décidé de développer une activité qui réponde à ce besoin, mais en ayant pour objectif de leur proposer des imprimés différents de ce qu’elles pouvaient trouver sur le marché. J’ai opté pour l’unicité, et propose des produits qui vont permettre aux femmes de se démarquer ; se sentir élégantes et, en quelque sorte, uniques à travers des accessoires : - originaux et très tendance - adaptés à tous les styles - avec des imprimés rares voire uniques, peu connus du grand public - fabriqués avec des tissus teints de manière artisanale par des femmes artisanes. À qui s’adresse NEYA Concept ? Quelle est votre gamme de prix ? Nos accessoires sont destinés aux femmes du monde : - les fashion turbanistas - les femmes qui souhaitent tout simplement apporter une touche africaine et unique à leur style - toutes celles qui, de manière générale, souhaitent mettre des accessoires sur leur tête (turbans, bandeaux, bérets, bonnets) ; que ce soit par plaisir (accessoire de mode), besoin (évolution capillaire), ou par nécessité esthétique (alopécie). Les tarifs de nos accessoires varient entre 15€ et 30€.

Comment se procurer vos créations ? La marque NEYA Concept est présente sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook et SnapChat. Nous avons également une boutique en ligne : www.neyaconcept.com Si je vous donne une baguette magique, quelle célébrité serait l’égérie parfaite pour représenter votre marque ? Lupita Nyong’o sans hésitation ! Justement pour son côté “Roots” qu’elle a toujours revendiqué ! Quel est votre prochain défi ? Continuer de développer nos produits, et faire de NEYA Concept une plateforme de référence en matière de choix de turbans, sur le plan national et international. Vous êtes originaire du Sénégal, que cela représentet-il pour vous ? J’avais vraiment à cœur d’associer à ce projet ce que l’on appelle au Sénégal le « Thiossane » (culture traditionnelle) en utilisant du tissu et des techniques particulières de teinture réalisées en Afrique de l’ouest (connus sous les noms de « Thioup » et « Batik »). C’était également pour moi l’opportunité de proposer un partenariat aux femmes artisanes qui travaillent sur ces fameuses teintures et les accompagner dans le développement économique de leur activité. Un message direct à adresser à nos lectrices ? Mon objectif personnel est que chacune d’entre vous se sente belle et unique en toutes circonstances. Si je peux, même de manière minime, contribuer au développement de votre bien-être, alors j’aurais atteint mon objectif ! Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? Héritage ! C’est pour moi primordial de m’imprégner de mes racines. J’ai le devoir de perpétuer cet héritage que j’ai moimême reçu de mes parents, et les transmettre à mes enfants ainsi qu’aux générations à venir.


Mode

ZOOM SUR

LES FASHION WEEKS EN AFRIQUE (1/2)

Forte de son génie créatif, ses couleurs, ses matières, ses motifs ou ses traditions, la mode africaine est une source inépuisable d’inspiration. Certains pays se démarquent particulièrement grâce à leurs créateurs qui gagnent en visibilité. On pense notamment à Kenneth Izé, Thebe Magugu, Adebayo Oke-Lawal d’Orange Culture, Loza Maléombho, Titia Kandolo et sa marque Uchawi… Désormais, des célébrités afro-américaines telles que Beyoncé, Rihanna ou encore Naomi n’hésitent plus à porter des pièces de designers africains. On a encore tous en mémoire le court-métrage majestueux de la Queen B, en hommage aux différentes cultures de la Terre mère. Dans la même dynamique, de plus en plus de fashion weeks sont organisées sur le continent, avec pour volonté première d’impacter l’industrie de la mode en local et à l’international. On peut parler de la Accra Fashion Week au Ghana, qui figure parmi les évènements mode les plus reconnus d’Afrique, sans oublier celle de Lagos au Nigéria, ou encore la Black Fashion Week de Dakar au Sénégal. Mais impossible de traiter pareil sujet sans évoquer le FIMA (Festival International de la Mode Africaine) au Niger et que l’on pourra aisément considérer comme étant la mère de toutes les fashion weeks sub-sahariennes.

ACCRA FW Lancée en 2016 par la créatrice Nana Addo Tamakloe, la ACCRA Fashion Week fait rapidement parler d’elle. Primée à plusieurs reprises, elle réunit des acteurs de la mode ghanéenne et africaine. L’idée est de mettre en place l’évènement mode dont l’Afrique a besoin, inciter les créateurs à élever le niveau sur le continent africain comme en Occident, grâce à des outils indispensables tels qu’un site internet, un canal de distribution, etc. L’objectif de la Accra Fashion Week est de donner à l’Afrique une plateforme où le défilé de mode n’est pas seulement un spectacle mais aussi un business, qui valorise le travail créatif des Africains. En 2021, la Accra Fashion Week avait mis en valeur de talentueux créateurs ghanéens et africains, mais également des créateurs internationaux renommés autant pour leur créativité que pour leurs prouesses. Ainsi, durant cette édition, on a pu observer les collections époustouflantes de Nallem Clothing, Yvonne Ex ou encore Mikoko Deluxe. Sans oublier le volet international, avec Clavon Leonard des États-Unis, Impari Moda d’Allemagne, D’Marsh Couture de Jamaïque et Mark Johnson du Royaume-Uni.

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ZOOM SUR

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LAGOS FW Fondée en 2011 par la directrice artistique, entrepreneure et fondatrice de Style House Files Omoyemi Akerele, le Lagos Fashion & Design Week (LagosFW) est un événement qui stimule l’industrie de la mode nigériane et africaine en fournissant une plateforme aux créateurs pour présenter leurs collections. Elle permet de réunir acheteurs, consommateurs et médias pour voir les collections actuelles des créateurs mobilisés sur l’évènement. Cette fashion week tend à consolider sa place en tant qu’événement de premier plan sur le calendrier de la mode africaine avec des initiatives qui soutiennent, renforcent et développent l’industrie. Audelà du show, l’événement annuel fournit une plateforme physique qui repositionne progressivement la mode en tant qu’outil utile pour le commerce et la créativité au Nigeria. Elle a également élargi son champ d’actions en créant deux plateformes principales qui se déroulent simultanément avec la semaine de la mode : Fashion Focus Africa, qui propose des masterclasses sur l’industrie et Fashion Focus Fund, qui fournit un soutien à l’incubation pour les talents émergents à travers le continent. Par le biais de Fashion Business Series, LagosFW plaide pour un soutien à l’industrie des secteurs privé et public.

Ainsi, il n’est pas rare d’observer la présence de plusieurs Premières Dames de pays avoisinants lors des défilés de clôture du FIMA. Des moments toujours exceptionnels, dans un cadre tout aussi magique : le Sahara. Car c’est bien là la marque de fabrique d’Alphadi. Nous embarquer dans un voyage au cœur du Sahel et promouvoir autant qu’il le peut le travail des artisans de son Niger chéri, de Niamey à Agadez. Fermez les yeux et imaginez... Un podium installé en plein milieu du désert, « Africa » d’Ismael Lo en guise de musique d’ouverture, bienvenue au FIMA ! Tous les plus grands du continent y ont présenté leur collection, d’Elie Kuame à Pathéo, d’Adama Paris à Karim Tassi. Jean-Paul Gaultier, en son temps, fut invité d’honneur de l’une des éditions. Fort d’une crédibilité et d’une longévité inégalées, le FIMA a notamment permis de donner vie à l’École Supérieure de la Mode et des Arts, au Niger, avec pour parrain le regretté François Lesage, grand brodeur. Né au Mali, le créateur Alphadi - que l’on surnomme « le magicien du désert » - est également Président fondateur de la Fédération Africaine de la Couture depuis 1994, dans la continuité de Chris Seydoux.

L’EFFET COVID FIMA Le Festival International de la Mode (FIMA) a été créé par le styliste nigérien Alphadi en 1998, dans le désert de Tiguidit (Niger), pour présenter et valoriser les œuvres de créateurs africains auprès des représentants du monde des arts, des journalistes venant des 4 coins du globe et un parterre de personnalités de haut vol.

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La pandémie de la COVID-19 aura eu un impact dévastateur sur le milieu de mode dans le monde entier. Sans défilé, ni autre spectacle, la frénésie des fashion weeks s’est retrouvée paralysée et de nombreux élans qui étaient déjà bien enclenchés prirent un coup dans l’aile. Cependant, certains ont essayé d’exister en développant les défilés en virtuel. On a pu voir la multiplication d’évènements mode en ligne grâce à des défilés en 3D, avec des mannequins virtuels, à travers le système du « Pay per view » qui consiste à payer pour assister à un défilé, sagement installé dans son canapé.


Ce fut le cas pour les créateurs de la ACCRA Fashion Week, qui ont su rebondir et s’adapter à la tendance du moment : le digital. Du 10 au 13 décembre 2020, le défilé faisait son grand retour sur les comptes Facebook et YouTube de l’organisation. Un concept initié par la créatrice congolaise Anifa Mvuemba en dévoilant sa nouvelle collection Pink Label Congo, le 22 mai 2020, sur Instagram. Le buzz avait été phénoménal puisque c’était l’une des premières fois que l’on voyait un défilé de mannequin virtuel sans visage. Un moyen de toucher un public beaucoup plus large et un choix stratégique bénéfique durant la période de confinement.

Ghana, Lolo Andoche du Bénin, Isabelle Anoh de la Côte d’Ivoire ou encore Grace Wallace du Togo... Sans oublier que l’Europe et l’Amérique étaient également représentées. La mode en Afrique a encore de beaux jours devant elle et le meilleur reste à construire !

Andrea Gbomene

Pour faire face au COVID, d’autres créateurs ont laissé parler leur esprit créatif. Par exemple, la fondatrice et la productrice de la Dakar Fashion Week, Adama N’Diaye (connue sous le nom d’Adama Paris) et son équipe ont tenu le cap face à la crise pour que la mode continue d’exister. En effet, la 18ème édition de la DAKAR FASHION WEEK (créée en 2012) fut l’un des rares événements à avoir lieu. Le show s’est déployé en plein milieu d’une savane, au cœur d’une forêt de baobabs. Un moyen original de respecter les consignes sanitaires tout en mettant en avant la nature et l’environnement. Pour rappeler aux participants que le monde de la mode a aussi une part de responsabilité sur la manière d’agir en faveur de la protection de l’environnement. A Lomé, organiser le festival international de mode au Togo pour faire connaître les jeunes talents et nourrir les ambitions de l’industrie de la mode en Afrique était également un véritable défi, en ces temps de pandémie. L’abnégation du promoteur culturel togolais et fondateur de la marque de vêtement Jacques Logoh (JLO) à vouloir maintenir contre vents et marées la 8è édition du FIMO228 était un pari risqué. Car faire venir une vingtaine de créateurs africains et une quarantaine de mannequins de tout le continent avec des restrictions sanitaires drastiques fut un défi logistique de taille à relever ! Une édition qui proposait un salon FIMO228, un atelier de formation pour les créateurs émergents, des expositions-ventes et deux grandes soirées de défilé. C’est ainsi qu’ont pu se mettre en valeur les créateurs Félicien Gastermann du Bénin, Katie’o du

AFRO GARDEN L’Afro Culture dans vos objets du quotidien ! Afro Garden, c’est l’union entre l’illustration digitale et l’Afro Culture. Elle intervient dans la confection de coffrets et d’objets personnalisés (posters, boxs, mugs et bougies). Mêlant couleurs vives, imprimés wax et différents styles de vie, la marque s’engage à promouvoir des valeurs positives telles que : le vivre-ensemble, la diversité et l’acceptation de soi.

Instagram : @afro__garden / TikTok : @afro_garden Site Internet : www.afrogarden.fr


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Photo : Didier Teurquetil


ASSA KANOUTÉ

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FONDATRICE DE AK STYLE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Kanoute Assa, je suis d’origine malienne, j’ai 30 ans et je suis la fondatrice de la marque AK STYLE.

Racontez-nous la genèse de la marque ? Je suis styliste et créatrice de mode. J’ai choisi mes initiales comme nom de ma marque. AK Style est une marque adaptée à tout style vestimentaire, homme comme femme. Nous confectionnons des modèles africains, afros et européens. Passionnée de mode, je décide en juillet 2018 de lancer ma toute première collection pour femme uniquement. Ayant décidé de par ma passion de mettre en valeur la beauté du tissu africain, je commence à travailler lors de mon lancement avec un tissu appelé lépi, tissu originaire de la Guinée et 100% africain, mais aussi le bogolan, un tissu originaire du Mali et d’autres tissus artisanaux. Je voudrais, à travers ma marque, mettre en valeur et en avant ses petites mains cachées de l’Afrique, en général, du Mali, en particulier. Je voudrais à travers AK Style et grâce à ma voix, être leur porte étendard professionnel et culturel, aux quatre coins du monde. A cet effet, j’ai donc décidé de travailler avec des artisans locaux afin de pouvoir valoriser, pérenniser leurs talents et surtout créer de l’emploi. C’est ma contribution pour le développement de mon continent, pour la valorisation de notre culture, et surtout faire connaître notre identité de par le monde, car la culture est notre première identité. Je voudrais, à travers ma marque, vous faire découvrir mon talent, mon savoir, représenter dignement mon pays, ma culture et mon continent. Je voudrais à travers mes créations représenter la valeur du tissu Africain car il mérite d’être porté haut dans toute sa splendeur.

Décrivez-nous votre offre produit... Au-delà du prêt-à-porter, je fais aussi des créations sur-mesure, en fonction de la morphologie de la personne. Je conseille aussi ma clientèle par rapport au choix du tissu et du modèle parce qu’il ne suffit pas seulement de porter un vêtement, il faut aussi que le vêtement soit mis en valeur.

Comment se procurer vos créations ? On peut se procurer mes produits via les réseaux sociaux : Intagram (AK_STYLE_PARIS), Facebook (AKSTYLE) et SnapChat (AKSTYLEPARIS).

Si je vous donne une baguette magique, quelle célébrité serait l’égérie parfaite pour représenter AK ? Adut Akech, c’est celle qui représenterait le mieux ma marque à l’international ! Elle s’engage à représenter la femme noire dans la presse et la société en général. Je citerais aussi Aïssa Maiga. Elle est une des rares actrices noires en France ayant réussi à se hisser en haut de l’Affiche. Elle est un vrai modèle dans la communauté noire française.

Vous semblez vouloir mettre les tissus africains à l’honneur. Quels sont vos plus gros coups de cœur ? Le Bogolan, sans hesitation ! À la fois tissu traditionnel d’Afrique de l’Ouest et technique de teinture. Le Bogolan est une toile de coton aux couleurs sobres. Fait à la main, il est composé d’animaux, de motifs tribaux, dans les tons jaune et noir, avec des touches de rouge, brun et blanc. Plusieurs ethnies pratiquent encore à ce jour le Bogolan. Héritiers de cette tradition, les Dogons, les Bobos, les Sénoufos et Miniankas, les Malinkés et les Bambaras développent chacun un style singulier évoluant à travers les âges. En effet, la teinture du tissu s’obtient par réaction chimique lors de l’application de la boue sur le support textile. Toutes les nuances colorées sont obtenues à partir de matériaux minéraux et végétaux. De nos jours, l’utilisation des produits Bogolan s’est diversifiée, allant de l’habillement à l’ameublement, à la décoration et à des accessoires divers. Le tissu Bogolan porte en lui la joie, la convivialité et l’amour qui entourent sa réalisation.

Quels sont vos prochains défis ? Faire connaître ma marque à l’international ! Pouvoir faire un jour un défilé de ma collection lors d’une Fashion Week et laisser mon empreinte sur la mode contemporaine africaine.

Originaire du Mali, que cela représente-t-il pour vous ? Sa culture, sa richesse et son histoire.

Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ? Un espoir pour l’Afrique, la black excellence, une fierté pour la diaspora africaine. Je vous remercie de m’avoir donnée l’opportunité de représenter ma marque dans le magazine, en tant que jeune créatrice. Pour, moi c’est le début d’une très belle aventure.


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Loza Maleomboh L’ANNÉE DU TIGRE une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, 1. 2. ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 5. 4. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. Minijupe ROBERTO CAVALLI1990 € 2. Sac à main AMINA MUADDI 806 € 3. Cardigan BURBERRY 890 € 4. Bague GUCCI à motif tigre 390 € 5. Veste en jean MOSCHINO 895 € 6. Mocassins SERGIO ROSSI 561 € 7. Sac cabas BURBERRY 1290 € 8. Short DOLCE & GABBANA 575 € à l’inspiration Touareg 9. MaillotUne depremière baincollection MISSONI 340 € 10. Baskets KARL LAGERFELD 215 € 10. EvaDSQUARED2 Youmbi 375 € 11. Foulard 8.

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Une nouvelle collection plus géométriques et colorées

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Photo : Didier Teurquetil

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Laurène Sanon, 29 ans, Franco-Burkinabé. Je suis community manager et je suis la créatrice de la marque d’accessoires en wax It’s a Wraap !! que j’ai lancé en Janvier 2021.

Racontez-nous la genèse de la marque ?

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L’idée de créer It’s a Wraap !! est née en 2018 pour honorer mes racines africaines. Ma marque allie mes deux passions: les tissus africains et la mode. Tout a commencé en 2018 dans les couloirs de l’université de Miami où j’étudiais le Marketing. Mes amies me disaient souvent que mes foulards de tête étaient très beaux et elles voulaient savoir où se les procurer. C’est comme ça que je me suis dit qu’il y avait une opportunité. J’ai donc commencé à regarder des vidéos sur YouTube pour apprendre à coudre et j’ai ensuite

acheté ma toute première machine à coudre d’occasion. Je me suis entraînée avec des chutes de tissus pour apprendre à coudre correctement et gagner en confiance. J’ai eu la chance d’avoir l’aide de ma famille pour recevoir des tissus du Burkina et c’est ainsi que tout a commencé à Miami. J’ai donc lancé ma marque en janvier 2021 et, quand je suis rentrée à Paris en décembre 2021, j’ai voulu élargir ma gamme de produits et j’ai créé une collection de bobs et des mini sacs en bandoulière pour smartphone. L’idée étant de proposer des accessoires en wax qui s’accordent ensemble comme sur les photos.

Décrivez-nous votre offre produit et votre cible... Je propose des accessoires tels que des bobs et des mini sacs en bandoulière pour smartphone. Mes accessoires It’s a Wraap !! s’adressent aux hommes qui aiment ajouter de


LAURÈNE SANON

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FONDATRICE DE IT’S A WRAAP !! la couleur à leur tenues, et à toutes les femmes qui ne veulent plus transporter des gros sacs et n’avoir sur elles que l’essentiel. (Rires)

ligne de vestes en incorporant d’autres tissus que le wax pour continuer à partager ma culture à travers des tissus locaux.

Si je vous donne une baguette magique, quelle serait l’égérie parfaite pour représenter votre marque ?

Si vous aviez un message à adresser aux femmes ?

L’égérie parfaite serait Yvonne Orji. J’aime son énergie contagieuse et son ambition. J’adore également l’amour qu’elle porte pour sa culture et son parcours d’actrice.

Vous semblez vouloir mettre les traditions africaines à l’honneur. Pourquoi cet ancrage est-il si important ? Les vêtements et les tissus que l’on porte représentent notre histoire et notre héritage. Selon moi, il est est important de les mettre à l’ honneur pour ne pas oublier nos racines et les célébrer. Je suis tout à fait consciente que le wax puise ses origines en Europe, mais il faut tout de même admettre que, lorsqu’on y fait référence, on pense directement au continent africain ! Nous avons su nous approprier ce tissu qui est une partie intégrante de notre culture et l’utiliser dans mes créations est important car c’est une façon de transmettre une partie de notre histoire aux générations actuelles et futures. Quels sont vos prochains défis ? Mon prochain défi est d’étendre ma marque. J’aimerais avoir une

Si vous avez une idée en tête, lancez-vous ! Il y aura des moments où vous voudrez tout arrêter, ou bien même douter de vous-même, mais souvenez vous que si vous avez commencé, c’est que vous avez la capacité et le don d’y arriver. Le chemin pour atteindre son objectif n’est pas toujours facile mais n’hésitez pas à me contacter sur les réseaux, je serais ravie de discuter pour qu’on se soutienne ensemble. L’entreprenariat n’est pas un chemin facile donc il vaut mieux se soutenir pour aller loin.

Originaire du Burkina Faso, que cela représente-t-il ? Le Burkina c’est la famille, c’est là où je puise mon inspiration. Je suis très ravie d’y être allée l’été dernier, car cela m’a permis de me ressourcer, de bien manger et de ramener pleins de tissus. (Rires)

Si je vous dis “Roots”, vous me répondez ? Pour moi, “Roots”, c’est la source de tout et c’est ce qui permet de voir d’où l’on vient pour savoir où aller. Selon moi, dans la vie, il faut savoir puiser dans le passé pour mieux se retrouver.

Handmade African Print Accessories “Feel Elegant, Empowered and Authentic wearing my accessories” Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :

Instagram : @itsawraap_


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Contrôle Contrôle d'identité, d'identité, s'il vous s'il vous plaît plaît Contrôle d'identité, s'il vous plaît Je suis Je Vanessa, suis Vanessa, 38 ans, 38 ans, fondatrice de l’atelier de l’atelier de création de création et duet label du label MANZÈL. MANZÈL. Contrôle Contrôle d'identité, d'identité, s'ilfondatrice vous s'il vous plaît plaît Contrôle d'identité, s'il vous plaît plaît Contrôle d'identité, s'il vous suis Vanessa, 38 ans, l’atelier de création etenvol du label MANZÈL. Originaire Originaire de Ste de Ste Rose enfondatrice Guadeloupe, en Guadeloupe, j'ai pris j'ai mon pris mon envol àlabel 17àlabel ans 17MANZÈL. afin ans de afinpoursuivre de poursuivre mes mes études études en sciences en sciences des des Je Je suis Je Vanessa, suis Vanessa, 38Rose ans, 38 fondatrice ans, fondatrice dede l’atelier de l’atelier de création de création et du et du MANZÈL. Je Originaire suis 38 ans, fondatrice de l’atelier de pris création etenvol duet label MANZÈL. JeVanessa, suisde Vanessa, 38 ans, fondatrice de l’atelier de création du MANZÈL. de Ste Rose en j'ai mon à17 17 ans afin de poursuivre mes études en sciences des Biomatériaux Biomatériaux àSte Paris. àSte Paris. Depuis Depuis jeGuadeloupe, m'y jesuis m'y installée suis installée avec ma petite ma famille. famille. Aujourd'hui, Aujourd'hui, je cumule jemes cumule mes activités mes activités de Maman, de des Maman, Originaire Originaire de Rose Rose en Guadeloupe, en Guadeloupe, j'ai pris j'aiavec mon pris mon envol envol à petite àlabel ans 17 afin ans de afin poursuivre de poursuivre mes études études en sciences en sciences des Originaire de Ste Rose en Guadeloupe, j'ai pris mon envol à 17àfamille. ans de mes études en sciences des des Originaire de Rose enje Guadeloupe, j'ai pris mon envol 17afin ans afinpoursuivre de je poursuivre mes études en sciences Biomatériaux àdirection, Paris. Depuis m'y suis installée avec ma petite Aujourd'hui, je cumule mes activités Maman, d'Assistante d'Assistante de de direction, de Costume de Costume designer, designer, deavec Danseuse de Danseuse semi-professionnelle semi-professionnelle etje d'Entrepreneuse etmes d'Entrepreneuse : de Une : Une vie vie Biomatériaux Biomatériaux à Paris. àSte Paris. Depuis Depuis je m'y je suis m'y installée suis installée avec ma petite ma petite famille. famille. Aujourd'hui, Aujourd'hui, cumule cumule activités mes activités de Maman, de Maman, Biomatériaux à Paris. Depuis je m'yCostume suis avec avec ma petite famille. Aujourd'hui, je cumule mes activités de Maman, Biomatériaux àdirection, Paris. Depuis m'yinstallée suis installée ma petite famille. Aujourd'hui, cumule mes activités Maman, d'Assistante designer, Danseuse semi-professionnelle d'Entrepreneuse : de Une vievie palpitante palpitante ! de!de d'Assistante d'Assistante direction, de direction, dede Costume deje Costume designer, designer, dede Danseuse de Danseuse semi-professionnelle semi-professionnelle etjeet d'Entrepreneuse et d'Entrepreneuse : Une : Une vie d'Assistante de direction, de Costume designer, de Danseuse semi-professionnelle et d'Entrepreneuse : Une: Une vie vie d'Assistante de direction, de Costume designer, de Danseuse semi-professionnelle et d'Entrepreneuse palpitante ! palpitante palpitante ! ! palpitante ! palpitante !la genèse Racontez-nous Racontez-nous la genèse de votre de votre marque marque Racontez-nous la genèse de votre marque C'est C'est le parcours le parcours vie. vie. 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CHRISTOPHE SC

Quels sont vos prochains défis? A vrai dire j'en ai deux. Je travaille actuellement sur ma prochaine collection de maillots de Bain sous le label ICONIC W.I. C'est un projet qui verra le jour très bientôt. Si vous aimez le style Monday Wear vous êtes les bienvenues dans mon univers ! Je suis d'ailleurs en pleine recherche de partenaires et fournisseurs. Mon autre défi majeur est la création d'une collection MANZÈL Couture. J’aimerais pouvoir vous la présenter à l'occasion d'une Fashion Week. Qui sait ! La culture caribéenne est riche, notre carnaval est beau et très inspirant. Je souhaite associer ces inspirations au savoirfaire Haute Couture afin de réaliser des design uniques, surprenants mais toujours plus gourmands. Je suis impatiente de pouvoir embrasser pleinement la mode.

Décrivez-nous votre offre produit et quelle est la gamme de prix Pour vous mettre en valeur de la meilleure des manières avec mes créations je propose une offre à la carte . Vous l'aurez compris, chaque projet est unique et nécessite une attention personnalisée. De la conception du croquis jusqu’au au choix des matériaux, le client a un regard sur l’évolution du projet. L’idée est de pouvoir travailler autour d'une thématique définie en respectant les limites budgétaires du client.

Si vous aviez un message direct à adresser aux femmes qui vont vous lire? Nous sommes en permanence contenus dans des standards, des normes et des règles. Aujourd’hui la mode, comme d’autres, s’affranchit de plus en plus de ces balises qui limitent les impulsions créatives. C’est cette dynamique que nous devons appliquer dans notre quotidien. A mon sens, l'épanouissement est la clé de la réussite. C'est aussi le message que je tiens à transmettre à mes filles.

Comment se procurer vos créations ? Je communique essentiellement les réseaux sociaux. Vous pouvez donc me contacter via Instagram sur la page @manzel_byvanessaboimond. Je prendrai plaisir à échanger avec vous et étudier vos demandes.

Si je vous dis ROOTS (racines), vous me répondez ? Comprendre son histoire pour construire son ambition vers l’excellence.

Si je vous donne une baguette magique quelle célébrité serait l'égérie parfaite pour représenter votre marque? Badgal Riri of course ! Rihanna est l'une des businesswoman et artiste les plus influentes au monde et qui plus est : Une caribéenne ! Elle a su casser les codes a travers son propre style mais également en créant sa marque de lingerie. Etre belle et sexy est accessible à toutes les courbes ! C'est aussi un message qui me tient à cœur et que je souhaite partager avec mes clients. C'est magique de se sentir à l'aise dans ce qu'on porte, de s'assumer et de briller ! Rihanna serait une égérie parfaite ! Quels sont vos souvenirs de carnaval les plus marquants et pourquoi? Mes meilleurs souvenirs sont ceux de mon enfance ! Une fois, à 13 ans et dans l’ambiance d’un déboulé de Mercredi « Des Cendres », un carnavalier m'a marché sur le pied. Le temps de réagir, ma chaussure avais disparu dans la foule. Que faire ? Hors de question de m'arrêter en si bonne ambiance. J’ai continué pieds nus en accompagnant Vaval vers sa dernière demeure. Cet état d'esprit de persévérance et de détermination me guide jusqu'à maintenant.

RGK PHOTOGRAPHIE


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African Countess

PHOTOGRAPHE DIDIER TEURQUETIL STYLISME NAOMI DADO MAQUILLAGE HAWO MAKE UP COIFFURE EZINRIS COIFFURE

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Tenue & Coiffe : MANZÈL by Vanessa Boimond



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Manteau et short : GREGORY ASSAD


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Manteau cape : GREGORY ASSAD




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Kimono : MASSIVI DESIGN


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Photo : Didier Teurquetil


FAMILLE GOMIS

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D&GO TENOLA, LE TISSU MANJAK Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Victoria Gomis, je suis Manjack, originaire de GuinéeBissau où j’ai passé mon enfance dans un petit village qui s’appelle “Calequisse”. Je suis la promotrice de notre tissu traditionnel, le pagne tissé, via la marque D&Go Tenola.

Que souhaitez-vous nous faire découvrir aujourd’hui ? J’aimerais partager avec vous toute l’histoire d’un tissu qui se nomme le “Calatrouce”, authentique et traditionnel, 100% artisanal, confectionné de A à Z avec des matières premières de qualité. Il a traversé des générations ancestrales et plusieurs époques. Ce tissu traditionnel qui est aujourd’hui utilisé pour différentes cérémonies (naissance, mariage...) est une véritable fierté pour nous. À travers ce vêtement, la communauté Manjak se reconnaît dans tous les pays où elle est établie.

Ce tissu est-il réservé à une certaine caste ? C’est un vêtement qui peut être porté par tout le monde. Cependant, ceux qui le fabriquent, les créateurs, ont leurs manières de porter le tissu d’une façon très élégante, en créant des modèles plus élaborés qui demandent plus de pièces et forcément un peu plus d’argent. Les Manjaks sont associés aux métiers de tisserand, ils travaillent toujours à deux et c’est un métier qui se transmet surtout chez les hommes. Le savoir-faire des Manjaks a toujours été l’art de tisser à la main en utilisant différents motifs, couleurs et dimensions.

Aujourd’hui, quelle est votre mission ? Notre mission est d’utiliser ce tissu ancestral pour en faire une nouvelle figure de la mode avec de nouvelles créations plus adaptées à notre époque et notre génération, tout en gardant l’étoffe du tissu d’origine. Hier ce tissu était fabriqué et porté par des Manjaks. Aujourd’hui, l’heure est à l’élargissement des frontières culturelles, nous souhaitons toucher un public plus large, un public sans frontière, partager notre culture tout simplement.

Étant donné la qualité du tissu, quelles sont vos gammes de prix ? Il est difficile pour nous de donner un prix exact. Notre gamme propose des prix alignés comme des prix premium. Les prix varient selon le modèle, les dimensions et la rareté du tissu. Il y a plusieurs combinaisons possibles et tout dépend de la demande. Un devis est bien évidemment envoyé avant chaque commande. Nous travaillons avec des artisans professionnels en essayant de chercher l’excellence pour faire en sorte d’être toujours prêts à répondre à l’attente des clients. Le plus simple est la pré-commande pour nous permettre d’anticiper un maximum.

Vos racines se retrouvent-elles davantage en GuinéeBissau ou en tant que Manjak ? Les deux ont contribué à notre culture, mais c’est sûr que la culture Manjak prend un peu plus le dessus sur notre recherche d’identité. L’Afrique, au-delà des frontières, se caractérise par ses ethnies. Nous essayons de conserver nos racines africaines, notre but n’est pas de nous fermer, mais vraiment de traverser les frontières de toute l’Afrique, à travers ce tissu. D’ailleurs, il faut savoir que les Manjaks qui étaient associés au Sénégal se revendiquent de plus en plus comme venant de la Guinée-Bissau.

Un message à adresser à la diaspora Manjak ? Notre message principal serait de garder nos valeurs de travail et d’humilité, conserver la fierté d’être Mandjak. Nous avons des coutumes et un dialecte propres à nous et qu’il est important de conserver.

Comment faire pour vous contacter ? On peut nous contacter via les réseaux sociaux Instagram et Facebook. On travaille essentiellement sur l’Île-de-France, pour l’instant, mais il est possible de vendre à l’international.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Donner naissance à quelque chose. Ce sont des fondations solides qui permettent ensuite de construire quelque chose de grand !

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JOCELYNE FONDATRICE DE

ETHNIK NATION

D’où vous vient cette passion pour la mode ? Je ne saurais réellement le dire ou l’expliquer car cela a toujours fait partie de moi du plus loin de mes souvenirs. Donner vie à mes idées est une passion viscérale. Pourquoi Ethnik Nation ? Ethnik Nation = La Nation ethnique, car c’est du continent africain que toute culture démarre. En tant que créatrice d’origine africaine, je suis automatiquement associée au wax or notre culture est tellement riche et va au-delà du wax, comme le Bogolan, le Kente qui a été popularisé ces dernières années, le Ndop, le Faso Dan Fani, ou encore le velours de Kasaï (tissage de raphia), etc. L’inspiration de la marque est l’Afrique, tout le continent africain et la richesse culturelle qui provient de ce magnifique continent. Ethnik Nation est une ode aux couleurs, aux imprimés et aux textures. Ethnik Nation invite au voyage. D’où puisez-vous vos inspirations ? Je puise mes inspirations du monde qui m’entoure, de la nature, de mon expérience multiculturelle de la mode. Étant Française d’origine Congolaise, j’embrasse ces deux cultures. Présentez-nous votre nouvelle collection... Cette collection conjugue le savoir-faire de la mode française ainsi que la polyvalence des imprimés et matières textiles africains.

A travers vos créations quel message souhaitez-vous transmettre ? Exporter l’art vestimentaire Ethnik dans le monde entier en proposant des collections élégantes et sophistiquées.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut se lancer dans la mode ? Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Jocelyne, une entrepreneure, j’ai lancé ma marque de textile qui s’appelle Ethnik Nation ainsi qu’une plateforme de vente en ligne. Quel est votre parcours dans la mode ? J’ai mis un pied dans le monde de la mode en me familiarisant avec la personnalisation de mes propres vêtements étant enfant. Devant le petit succès des mes créations, au fur et à mesures des années, je me suis lancée dans la confection de créations sur-mesure homme et femme, de façon autodidacte.

De se lancer tout simplement ! La vie est bien trop courte pour ne rien tenter.

“Ethnik Nation = La Nation ethnique, car c’est du continent africain que toute culture démarre.”

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ETHNIK_NATION WWW.ETHNIKNATION.COM


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Lafya Touré La fondatrice


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LAFYA TOURÉ

FONDATRICE DE MAISON YALICK « Nos pièces sont uniques et originales. Travaillant avec des matières nobles, notre maison de couture propose une large gamme de prix, sur mesure, à la suite d’un rendez-vous individualisé. »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Originaire du Mali, que cela représente-t-il pour vous ?

Hatma Lafya Touré, 35 ans, créatrice de mode. Je suis la fondatrice de la marque Maison Yalick.

Le Mali étant riche en cultures et comptant une soixantaine d’ethnies, j’y ai développé une grande créativité en me baladant de régions en régions. C’est ma richesse.

Pourquoi ce nom Maison Yalick ? « Yalick » représente les dernières syllabes des prénoms de mes enfants. « Maison » car je suis une maison de couture.

Si vous aviez un conseil pour une femme qui aimerait entreprendre ?

Comment définiriez-vous l’ADN de votre marque ?

Foncez, foncez, foncez ! Pas de place pour la peur, ayez du cran et, au pire des cas, qu’est-ce que l’on perd ? Juste le fait d’avoir essayé.

L’ADN de ma marque est tirée directement de mes origines africaines, vous trouverez toujours cette touche ethnique dans nos tenues. J’ai toujours été portée par la mode et le luxe. J’ai donc mixé tout cela et « Paf ! » : Maison Yalick est née.

Quelle est votre gamme de prix ? Nos pièces sont uniques et originales. Travaillant avec des matières nobles, notre maison de couture propose une large gamme de prix, sur mesure, à la suite d’un rendez-vous individualisé. Croyez-moi qu’une fois dans nos confections, on ne pense pas au prix dépensé !

D’où puisez-vous l’inspiration pour créer ? L’inspiration, comme je le dis plus haut, part tout d’abord de mes origines, cette chance d’être issue de la double culture franco-malienne. Ceci rajouté à ma personnalité, ma curiosité à la découverte du monde, les différences dans les traditions, la nourriture, la mode, etc. Cette envie de découvrir ce qui vient d’ailleurs, je l’ai au quotidien dans la rue, en marchant ou m’arrêtant pour regarder juste autour de moi. L’inspiration est, en quelque sorte, ma bulle où je trouve mon havre de paix.

Quel est votre plan de développement à moyen terme ? Il faut savoir que nous avons un showroom où nous recevons la clientèle, situé aux portes de Paris. J’ai eu l’occasion de faire des défilés, habiller des célébrités, donc je dirais que la prochaine étape serait de m’exporter à l’international et pas uniquement en Afrique.

Comment se procurer vos créations ? Via notre showroom qui est situé en région parisienne, mais également à travers mes réseaux sociaux. Nous travaillons uniquement sur mesure et sur rendez-vous.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? « Roots », je pense directement à « Racines ». Je m’y retrouve car je puise ma force dans mes racines.

Instagram : @maison_yalick

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Selector Femme

LozaIS Maleomboh ORANGE THE NEW BLACK une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, 1. 2. ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent 5. 4. sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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1. Jupe FEDERICA TOSI 270 € 2. Montre HERMÈS Cape Cod 2500 € 3. Sandales BOTTEGA VENETA 930 € 4. Sac KARL LAGERFELD K/Kheops 295 € 5. Haut crop ZIMMERMANN 709 € 6. Robe longue ALESSANDRA RICH 1786 € 7. Gavroche RUSLAN BAGINSKIY 265 € 8. Blazer PINKO 395 € Une première collection à l’inspiration Touareg 9. Lunettes BURBERRY 228 € 10. Baskets ADIDAS YEEZY Boost 536 € 10. Eva & Youmbi 11. Blazer DOLCE GABBANA brodé de 8. sequins en soie 2450 €

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Une nouvelle collection plus géométriques et colorées

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PHOTO : ABSON

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Florian Massivi TELA, 24 ans, né à Bordeaux. Je suis le fondateur et directeur artistique de MASSIVI Design.

Racontez-nous la genèse de MASSIVI Design ?

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L’aventure MASSIVI Design a vu le jour, en 2014, à travers le nœud papillon. N’en trouvant pas à mon goût, je décide d’en créer. Ma mère, ancienne couturière, m’a initié à la couture. Cette expérience m’a amené à poster mes créations sur les réseaux. Agréablement surpris de l’engouement suscité autour de celles-ci, j’ai lancé MASSIVI Design, l’année suivante, à seulement 17 ans. Passionné de mode, mon envie de créer des vêtements est innée, d’où mon suivi d’une formation en stylisme/modélisme. Plus qu’une confection, MASSIVI Design, un art de vivre.


FLORIAN MASSIVI

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FONDATEUR DE MASSIVI DESIGN Quel est l’ADN de MASSIVI Design ? MASSIVI Design est une marque bordelaise de confection et de création de vêtements et accessoires mêlant des matériaux ethniques (Samakaka, Wax, Kenté, Bogolan...) et tissus unis, issus de production éco-responsable. Différentes formes, coupes propres à MASSIVI Design, la marque réalise un jeu subtil de détails, ce qui apporte à la pièce l’originalité de celle-ci. MASSIVI Design est très inspirée par les cultures africaines. Nous cherchons à briser les codes en alliant modernité et tradition, en innovant dans nos procédés de création et nos inspirations artistiques, mais surtout en essayant de façon perpétuelle de repousser les limites de la création, de notre création. THINK OUTSIDE THE BOX ! Quelle clientèle visez-vous et votre gamme de prix ? MASSIVI Design vise à engager sa clientèle. Une clientèle qui ressemble à la marque dont se dégage un esprit fort, une puissance, une assurance. Une clientèle qui se veut dynamique et active, diversifiée, s’adressant autant aux femmes qu’aux hommes. Cela se traduit par une implication de nos MaDi’s [nom donné à nos client(e)s] notamment lors de nos shootings photos réalisés grâce à leur participation. Ils posent avec leur pièce confectionnée spécialement pour eux, dans une fourchette de prix s’étalant de 200 à 1000€, selon les matières et le temps de confection.

Vos 3 plus grandes fiertés depuis le début de l’aventure ? 1) Mes interviews télévisées en Angola, en 2019. Un moment symbolique puisque c’était la première fois que je me rendais dans mon pays d’origine. Un voyage dont je rêvais depuis l’enfance. Ce fut une fierté de constater que mes pairs apprécient notre travail. Cette expérience a conforté mon ambition d’implanter la marque sur le sol africain. 2) Partir d’une réalisation de nœud papillon dans ma chambre avec les moyens du bord et être aujourd’hui entouré d’une équipe dans le développement de mon entreprise. Cela est gratifiant que des personnes désirent travailler au sein de mon entreprise et que je sois en capacité de leur offrir cette opportunité, leur permettant de s’enrichir humainement et professionnellement. 3) La sollicitation de Hiro pour des kimonos pour son clip Motema. Un partage artistique et un défi de réaliser des pièces en seulement 48h.

Si vous aviez une baguette magique, quelle égérie serait la parfaite incarnation de votre marque ? Rihanna, pour sa spontanéité, diversité et persévérance. Un charisme mis en avant grâce aux vêtements qu’elle choisit minutieusement de porter, une puissance se dégage, elle donne de l’ampleur au vêtement. Une personne engagée qui s’approprie les marques pour les rendre brillantes, une femme affranchie brisant de nombreux codes.

Quels sont vos prochains challenges ? Vous attachez une importance particulière au service prévente. Pouvez-vous nous décrire le processus de création et votre rapport avec la clientèle ? L’offre de service de pré-vente est importante pour nous, car elle nous permet de développer un canal de vente alternatif plus économique et écologique. Il nous engage à créer un nombre de pièces limitées pour éviter une accumulation de stock d’invenduset la surproduction, et par-delà cela, il amène une certaine rareté, mais aussi une bonne mesure des désirs et besoins de nos clients. Cela nous permet également de nous rapprocher de notre clientèle et de renforcer notre engagement mutuel. En matière de production, notre philosophie est assez simple : aller à l’essentiel, limiter les coûts et par ce biais le gaspillage, notre production est faite sur-mesure, nous fonctionnons donc en flux tendu. Ceci explique donc notre préférence pour le système de pré-vente d’autant plus que cela permet une alternative en terme de circuit de vente, d’être à l’écoute de nos clients et de leurs besoins. Une alternative en terme de consommation qui, à sa mesure, a la prétention de faire un impact écologique indirect. Autre bénéfice, cela nous permet de créer du lien avec la clientèle.

Lancer notre collection prêt-à-porter, ce qui va nous permettre de réduire l’importance du sur- mesure et de passer un palier. Autre challenge, la recherche de financements alternatifs afin de continuer à développer notre activité et de faire grandir la marque, en amenant plus de diversité notamment en proposant des collections Homme/Femme, comprenant des pièces unisexes.

Comment faire pour se procurer vos pièces ? En allant sur le site www.massividesign.com ou en nous contactant directement sur nos réseaux : https://www.instagram.com/massividesign/ sur lesquels nous sommes très actifs et nous nous rendons disponibles.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? ROOTS, impact à travers la culture.


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Selector Homme

Loza Maleomboh GREEN MOOD une mode équitable

Des collections culturellement éclectiques, ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh Zegna, défilé printemps/été 2022 Zegna, défilé printemps/été 2022 Fendi, défilé printemps/été 2022 Etro, défilé printemps/été 2022 est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en C’est l’une des couleurs de cet automne / hiver 2022. Les précédentes fashion weeks qui nous préparaient à exergue la qualité des tissus africains tels la période actuelle ne s’y sont pas trompées, l’heure est aux Green addicts ! Mais n’ayez crainte, nul besoin que le Kentéd’être et leunBazin. Les pièces sont militant anti-éolien ou un néo-zadiste pour profiter de notre sélection mode. réalisées au Voici Ghana et en Côte d’Ivoire, ce et inspirations préférés. un petit florilège de nos looks qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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6. Une première collection à l’inspiration Touareg

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Une nouvelle collection plus géométriques et colorées

1. T-shirt COMME DES GARÇONS PLAY 125 € - 2. Baskets OFF-WHITE Odsy-1000 590 € 3. Veste DOLCE & GABBANA 795 €- 4. Chemise KENZO 395 € Eva Youmbi 5. Chemise longue JIL SANDER 790 € - 6. Pull oversize AMI PARIS 340 €



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Macdieunette Brutus FONDATRICE DE CLEGG

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Macdieunette Brutus, originaire d’Haïti. Je suis créatrice et fondatrice de la marque CLEGG.

Pourquoi ce nom CLEGG ? Ce nom fait référence à ma petite nièce qui se prénomme Clegg Camalaika Valeysha, c’est pour moi un véritable hommage et héritage familial. C’est un nom qui réveille en moi une passion. Cette passion brûle en moi depuis toujours et s’adresse à tous ceux qui, comme moi, ne veulent plus subir mais plutôt être acteur de leur propre vie.

Faire partie d’une communauté métisse, une communauté noire, riche d’histoires. Notre rôle, en tant que caribbean aujourd’hui, c’est de retrouver notre identité, récupérer nos richesses et les mettre à profit pour le rayonnement de nos terres. Par exemple, avec le tourisme, avec l’éducation, avec les connaissances médicinales des plantes pour la guérison.

Vous considérez-vous comme une “ fanm Poto mitan ” ? J’ai toujours été considérée par mes proches comme un pilier, un appui, un soutien, un modèle, une inspiration. Je peux donc affirmer que je suis une femme “Poto Mitan” et d’ailleurs, j’ai souvent utilisé ce mot dans mon pseudo.

Pourquoi vous être lancée dans le secteur des lunettes ? C’est tout naturellement que je me suis lancée vers les lunettes, car c’est un accessoire fort qui me représente, me définit, me dévoile, c’est la continuité d’une identité. La lunette, c’est l’accessoire incontournable et intemporel qui finalise un look.

Comment définiriez-vous l’ADN de votre marque ? Nous sommes une marque inclusive et nous voulons que chaque personne se reconnaisse en CLEGG. Nous n’avons pas de théorie de genre, CLEGG is everyone ! Nous permettons aux hommes et aux femmes de s’affranchir des codes de la société au travers de nos produits à forte personnalité.

Si vous aviez un conseil pour une femme qui aimerait entreprendre ? Ne laissez personne choisir qui vous devez être. C’est à vous de prendre votre place et de l’imposer aux autres. Allez vers vos rêves, n’ayez pas peur de prendre des risques. Continuez à travailler même si vous avez le sentiment que personne ne vous voit, peu importe que vous soyez seule sur votre chemin, continuez à lutter pour ce que vous croyez, même si cela fait mal. Le jour arrivera où votre lumière brillera parce que vous n’avez pas abandonné.

Quel est votre plan de développement à moyen terme ? Quelle est votre gamme de prix ? Entre 60 € et 400 €. Des produits haut de gamme, à la fois intemporels et actuels.

A moyen terme, je souhaite que CLEGG soit connu du plus grand nombre, de la France entière pour aboutir au final à l’international. En y incluant d’autres produits.

D’où puisez-vous l’inspiration pour créer ?

Comment se procurer vos créations ?

Mon inspiration me vient de la vie de tous les jours. Du quotidien. De ce qui m’entoure. Des personnes que je côtoie, et de celles que je croise. Je suis sensible à tout et j’observe la vie avec un œil neuf tous les jours. Car c’est mon terrain de jeu, ma source d’inspiration. Je sais que d’un rien peut naître une idée.

Sur notre marketplace www.clegg.fr, vous pouvez aussi prendre un rendez-vous privé avec nous. Nous faisons également des placements dans la boutique Ambiance SARL située sur les champs Élysée… Et nous comptons mettre nos lunettes dans plusieurs autres magasins.

Originaire des Caraïbes, que cela représente-t-il ?

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?

La Caraïbe est avant tout une région marquée par une histoire particulière, c’est énormément le partage, la générosité, la beauté, la convivialité.

Je réponds famille, je réponds racine, je réponds ancêtres. Les ancêtres qui sont mon soubassement qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

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Mode

Selector Homme

Maleomboh JOUELoza LA COMME CAM’RON une mode équitable « Oh Boy » ! Outre ce classique du hip-hop new-yorkais du début des années 2000, Cam’ron s’est aussi fait connaître pour être l’un des premiers artistes noirs à vulgariser la couleur rose, auparavant chasse gardée de la gente féminine. Son sens du contre-pied et son habilité à mêler les codes de la street à un univers fashion bling-bling ont permis au rose de devenir hype, voire même virile ! Voici un petit selector pour se la jouer comme Killa Cam’ :

Des collections culturellement éclectiques, ses silhouettes sont à la fois modernes mais aussi ethnique et tribale Loza Maleomboh est une créatrice qui ne cessera de nous surprendre. Ses vêtements mettent en exergue la qualité des tissus africains tels 1. 2. que le Kenté et le Bazin. Les pièces sont réalisées au Ghana et en Côte d’Ivoire, ce qui lui permet de créer des emplois Loza Maleomboh est née au Brésil et à grandit en Côte d’ivoire et aux Etats Unis, les différentes cultures qu’elle a connu influent sur ses créations. L’Afrique regorge de talents et de matériaux de qualité, Loza fait parti de ces personnes qui internationalise ces forces.

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2003 - Cam’ron lors du défilé Baby Phat.

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1. Chemise en soie VERSACE La Greca 788 € - 2. Veste bomber PRADA 2 023 € - 3. Chemise CASABLANCA x Browns 50 Lago de Casa 620 € Une première collection à l’inspiration Touareg Une nouvelle collection plus géométriques et colorées - 4. ZEGNA Blazer à simple boutonnage 2 013 € - 5. Baskets NIKE Air Force 1 ‘07 LX 266 € - 6. Défilé DIOR été 2022 EvaMax Youmbi 2 Light Special Box 423 € - 7. Baskets NIKE x Atmos Air - 8. T-shirt PALM ANGELS logo imprimé610 €



MODÈLES INAYA & TYSSIA PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER STYLISME MAGALIE SWELLY MAQUILLAGE / COIFFURE ANJALI BEAUTY ARTIST

INAYA Doudoune : REPOSE AMS Sweat : THE NEW SOCIETY Banane : REPOSE AMS TYSSIA Veste violette : MAIN STORY


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Baby Roots

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Pantalon gris : TAMBERE Blouse fleurie : THE NEW SOCIETY

Lunettes : VERY FRENCH GANGSTERS Livre : LITTLE NAPPY



Cartable rose : CYRILLUS Pull carreaux rose : REPOSE AMS Pantalon beige : MAIN STORY Lunettes : VERY FRENCH GANGSTERS


Baby Roots

Jean : MAIN STORY Bottines argentées : GIVENCHY

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Doudoune : REPOSE AMS Sweat : THE NEW SOCIETY Banane : REPOSE AMS


Baby Roots

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Chemisier : CYRILLUS Jupe : MY LOVE ERA

Poupée : MY LOVE ERA Chaussures : CYRILLUS


Top gold : REPOSE AMS Jupe : MY LOVE ERA Poupée : MY LOVE ERA


Parka kaki : THE NEW SOCIETY Salopette étoiles : THE NEW SOCIETY Sweat jaune : THE NEW SOCIETY Collant violet : TAMBERE Bottines argentées : GIVENCHY


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Manteau laine : THE NEW SOCIETY Pull étoiles : THE NEW SOCIETY Jupe fleurie : THE NEW SOCIETY Chaussures marrons : CYRILLUS


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INAYA Veste Fourrure : REPOSE AMS Blouse rose : THE NEW SOCIETY Jupe blanche : TAMBERRE Collant violet : TAMBERE Baskets argentées : GIVENCHY TYSSIA Veste fourrure : THE NEW SOCIETY Col roulé : REPOSE Jupe tulle rose : RASBERRY PLUM Chaussures marrons : CYRILLUS

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Photo : Didier Teurquetil

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Milly : Milly ADDAE, 29 ans, co-fondatrice et présidente du groupe KLÉSIS, je suis d’origine ghanéene. Guy : Guy INCHOT, 33 ans, d’origine ivoirienne et co-fondateur du groupe KLÉSIS (éducation et formation).

Qu’est-ce que Klésis ? Guy : KLESIS est un groupe, composé de plusieurs entreprises, spécialisé dans La Formation et L’Education. Depuis Juin 2019, notre objectif est de participer à la construction d’un monde meilleur en aidant les femmes, les hommes et les enfants à se réaliser, en les aidant à vivre de leur Vocation. Avec « KLESIS CONSULTING », notre cabinet de conseil certifié Qualiopi, nous formons et conseillons les adultes dans un contexte B2B ou B2C sur des sujets liés au Leadership, la Prise de parole en public, la Vente et le Management. Avec « KLESIS JUNIOR », nous avons développé un concept de renforcement scolaire unique, à travers notre After School, L’Ecole des Futurs Leaders.

Ici, nous détectons, équipons et propulsons le potentiel de nos Juniors pour les accompagner dans l’orientation, la réalisation et l’épanouissement vers leurs vies futures ! Nous avons d’autres marques, toujours spécialisées dans L’Education et La Formation, comme KJ+, le Netflix de l’Éducation, notre plateforme de streaming éducatif, ainsi que MEN’S CODE notre plateforme de développement personnel pour Homme. Milly : L’aventure de L’Ecole des Futurs Leaders démarre avec KLESIS CONSULTING, dont nous tirons les enseignements et le constat suivant : ¾ des projets entrepreneuriaux, intra-preneuriaux ou encore de vie, n’aboutissent pas à cause des limitations, des fausses croyances, du déficit d’impact et du manque de confiance en eux qu’ils ont. Cette crise d’initiative, menée de bout en bout, souligne le fait que l’on apprend les éléments essentiels de la réussite, du management de projet ou bien de la prise de parole que beaucoup trop tard dans notre vie. Par conséquent, c’est en fonction des prédispositions naturelles de tout un chacun nous nous en sortons plus ou moins bien.

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Baby Roots

GUY INCHOT & MILLY ADDAE KLESIS JUNIOR L’ÉCOLE DES FUTURS LEADERS

« C’est un véritable frein au développement économique, social et humain, auquel nous pouvons pallier en abordant ces sujets beaucoup plus tôt et de manière adaptée grâce notamment à la gamification, avec nos enfants. » Si nous voulons un monde plus juste, plus équilibré dans lequel chacun peut s’épanouir, il est de notre responsabilité d’aller plus loin en apprenant à nos enfants des choses qui leur serviront toute leur vie, VOICI LE DEFI QUE RELÈVE KLESIS JUNIOR ! Guy : Au départ, il n’y avait aucune réelle opportunité de business derrière cette idée, mais plutôt un sens du devoir nous poussant à prendre des responsabilités. Milly est la grande soeur d’une longue fratrie et était la « responsable pédagogique » de ses petites sœurs car ses parents ne parlent pas français. De la même manière, j’ai été responsabilisé très tôt puisque j’ai sauté des classes, alors j’ai dû murir plus vite que prévu pour faire face à mon nouvel environnement pas forcément bienveillant. Nos parents nous ont poussés à exceller, notamment dans la maîtrise de la langue française, à l’oral comme à l’écrit pour garantir nos chances de réussite et nous défendre face aux formes de discriminations. Milly et moi avons eu la chance de faire de longues études et d’embrasser des carrières professionnelles intéressantes. Milly était responsable commerciale chez SAP (organisme qui conçoit et vend des logiciels), quant à moi, j’étais responsable des ressources humaines dans divers cabinets de conseil en informatique. Nous avons eu envie de partager les codes et les connaissances que nous avions acquis, c’est comme ça que le Cabinet de conseil KLESIS CONSULTING est né, avant que nous ne développions KLESIS JUNIOR. A partir de là, le constat était sans appel, les parents étaient prêts à investir dans l’Education de leurs enfants mais attendaient qu’une structure soit à la fois viable et efficace pour le faire. Depuis la mise en place de notre Afterschool, nous avons créé un véritable marché en France en multipliant notre CA par 5 en l’espace d’une année.

Comment se construisent vos programmes ? Milly : La pédagogie KLESIS JUNIOR se compose du meilleur de 4 courants indispensables à l’apprentissage de haut niveau : Les pédagogies actives pour stimuler le Junior, les méthodes de travail collaboratif comme l’Agilité pour aider les Juniors à prendre conscience de leur rôle dans le collectif, les neurosciences pour maximiser les qualités cognitives des Juniors en prenant en compte leurs centres d’intérêts et la Gamification pour optimiser l’apprentissage par le Jeu. Brainstorming, mind mapping, feature team, scrum, travail montessorien, types d’intelligence et confiance en soi, nous fusionnons ces méthodes pour construire la Pédagogie KLESIS afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles avec nos Juniors. Et de là découle tout un programme sur 15 ans où l’on accompagne les juniors au fil des années, dès l’âge de 3 ans. Ainsi, il existe 5 cycles de 3 ans sur lesquels - à chaque fois - on approfondit une notion où ils gagnent en compétences, en maturité et développent leur savoir-faire et leur savoir-être. Guy : C’est ainsi, que nous accueillons des Juniors de tout horizon, âgés de 3 à 18 ans diagnostiqués ou non de certains troubles, pour leur offrir le meilleur de ce que l’on ne voit pas à l’Ecole classique. Notre programme est conçu sur 5 cycles de 3 ans, pour s’intensifier année après année, dans le but d’offrir à nos Futurs Leaders l’occasion d’être hautement stimulés et de se dépasser toujours plus au fur et à mesure de leur évolution dans notre programme. De Septembre à Mai, nos ateliers s’articulent autour de nos 6 Piliers d’Avenir que sont : L’Entrepreneuriat, Le Digital, L’Ecologie, L’Intelligence Financière, La Politique et les SoftSkills. 1 Samedi sur 2, nous retrouvons nos Juniors pour le programme de L’Ecole des Futurs Leaders de 14h00 à 17h00, ainsi que pour les ateliers optionnels comme L’Anglais, Le Soutien Scolaire, Le No-Code etc qui ont lieu en matinée. Tout est gamifié chez nous, du Design-Thinking au Brainstorming en passant par la culture générale et entrepreneuriale, tous les enjeux d’adultes, sont transformés en jeux d’enfants. Notre objectif est d’aider les Juniors à ne pas subir les mêmes difficultés et limitations que les générations précédentes, c’est pourquoi nous leurs donnons le goût de l’apprentissage.

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« Selon une étude, 85 % des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui [...] Nous voulons [...] permettre aux juniors, partout dans le monde, d’avoir accès à une éducation alternative qui les prépare au monde de demain. »

Notre activité est destinée aux Juniors et aux Super-Parents (qui d’ailleurs ont également leur programme au sein de L’EFL) conscient que L’Education est le fondement principal de l’avenir de leur enfant, c’est à eux que nous nous adressons. Aux SuperParents qui souhaitent que leurs Juniors développent leur sens critique, moral, dépassent leurs peurs, et s’engagent pour vivre la vie qu’ils souhaitent, L’Ecole des Futurs Leaders est à vos côtés pour faire de ce rêve une réalité.

Côté pratique, si j’ai un enfant et que cela m’intéresse, comment s’inscrire ? Milly : Il faut se rendre sur le site internet www.klesis.fr/klesisjunior, s’inscrire, régler l’adhésion annuelle afin que l’enfant puisse participer aux ateliers et démarrer l’aventure dès septembre.

Quel est le prix de l’adhésion ? Guy : 1420 € l’année, quelque soit l’âge du Junior. Ce montant comprend l’adhésion annuelle qui est de 1350 € ainsi que les frais d’inscription de 70 €. Milly : Ce montant comprend également un suivi avec la famille. Nous avons une équipe, appelée le « Familly Success », qui suit et interagit avec les parents tout au long de l’année. Nous avons aussi des rendez-vous nommés les bilans « Parents-Boosters » dans lesquels on discute du junior, on analyse son évolution, on parle des talents que l’on a détectés, de ses aisances, de ses axes d’améliorations mais aussi des choses aussi qu’il aime moins. Nous vous dirons si votre enfant, en travail d’équipe, apprécie certaines choses, s’il se positionne en tant que leader, s’il aime également jouer le rôle de médiateur dans son équipe, etc. La force de notre concept est le suivi, ce qui fait la différence avec l’école classique où l’on octroie simplement des notes.

Quelles sont vos perspectives de développement ? Milly : On se développe par système de franchises. Nous avons d’ailleurs ouvert notre première franchise à Meaux, en janvier 2022. On se développe également de manière digitale avec la plateforme KJ+ qui est notre NetFlix de l’éducation. Une plateforme sur laquelle des juniors partout dans le monde accèdent à du contenu en streaming, basé sur les six piliers de l’école. L’idée est qu’un enfant qui sort de l’école puisse regarder des émissions cool et ludiques sur différents sujets, au lieu d’être prostré devant la télé à suivre des programmes qui ne lui apportent aucune valeur. Guy : On se développe également de manière organique, avec le nombre de juniors qui double chaque année. On est passé de 50 enfants, il y a 3 ans, à 250 enfants cette année. Milly : Selon une étude, 85 % des métiers de 2030 n’existent pas aujourd’hui et 60 % des enfants qui sont en primaires actuellement auront un métier qui n’existe pas encore. Nous voulons vraiment, avec tous les moyens et supports possibles, permettre aux juniors partout dans le monde d’avoir accès à une éducation alternative qui les prépare au monde de demain, d’où les franchises et la plateforme en ligne. Guy : À travers notre contenu, nous apprenons aux juniors ce que nous découvrons en même temps qu’eux. On parle avec eux de cryptomonnaie ou encore d’intelligence artificielle. Les phénomènes de société sont, au fur et à mesure, adaptés au programme afin que les juniors ne soient connectés à la réalité et apprennent à y apporter des solutions.

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KLESIS JUNIOR RETOUR EN IMAGES SUR LA CÉRÉMONIE DE REMISE DES CERTIFICATS 2022.



Baby Roots

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Photographe : PATA PAPARA

Maquillage : GLAM BY REM

Robe : ETHNIK NATION


Baby Roots

HASHLEY AUGUSTE

FONDATRICE DE LITTLE NAPPY « C’est à la maison, dès le plus jeune âge, qu’on donne toutes les armes nécessaires à nos enfants pour qu’ils puissent affronter le monde en étant fiers de qui ils sont et de leurs origines, langues, histoires. »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Pourquoi ce nom Little Nappy ?

Bonjour, je m’appelle Hashley Auguste, j’ai 29 ans et je suis francohaïtienne. Je suis née et réside en région parisienne. Je suis conseillère en insertion professionnelle et, en parallèle, je suis auteure et entrepreneure.

Je voulais faire un petit jeu de mots simple et mémorable. Donc : Little = Petite & Nappy = Contraction de Naturelle et Happy. Ce qui donne Petite naturelle heureuse / Petit naturel heureux. Ce nom sert à désigner un enfant bien dans sa peau, heureux comme il est.

Revenons sur votre parcours. Comment et pourquoi vous êtes-vous lancée dans le grand bain de l’aventure entrepreneuriale ? Je me suis lancée sans savoir dans quoi je m’embarquais pour être honnête. Tout a commencé par un constat : Celui du manque de diversité dans les livres pour enfants. J’ai eu beaucoup de mal à trouver une héroïne / un héros noir(e) qui nous racontent. Un enfant issu d’une double culture qui vit en Europe avec sa famille immigrée. A part Kirikou, qui est tout nu dans un village, il n’y avait rien d’autre en 2015-2016. Pourtant, ça représente une grande partie de la population française aujourd’hui. Personnellement, je commandais directement sur Amazon USA pour trouver des livres avec des héros qui me ressemblent. Comme en France les études ethniques sont interdites, je me base sur les chiffres US qui ont le même souci de manque de représentation qu’ici. Et en effet, les héros caucasiens et les animaux sont largement représentés dans la littérature jeunesse par rapport aux enfants noirs, asiatiques, indiens, etc. Et, plutôt que de me plaindre que les maisons d’éditions ne font pas assez pour nous, je me suis dit que j’allais me lancer. Parce que, qui mieux que nous peut raconter nos histoires ? Et comment je me suis lancée, j’ai attendu la fin de mon Master pour vraiment commencer en 2018. Je pensais à ce projet depuis 2015 quand je vivais à Taïwan. Donc j’ai commencé par internet, des recherches interminables, des articles et livres sur le sujet pour en savoir un peu plus.

À quel état des lieux correspondait votre volonté d’entreprendre dans l’univers de l’enfant afro ? Estce pour combler un manque d’identification ou de représentativité auprès des plus jeunes ? Les deux ! Les enfants afro ont difficilement le choix en termes de modèles auxquels s’identifier positivement. Un modèle qui leur ressemble à leur image. Pourtant, la représentation compte énormément dans les médias adultes/enfants. Les médias que nous consommons ont une réelle influence sur la façon dont nous nous voyons et voyons les autres, dont nous nous comprenons et comprenons les autres. Pour les enfants, les représentations peuvent être encore plus significatives car ils recherchent des indices dans leur environnement social pour développer et façonner leur compréhension des groupes ethniques et raciaux. Et également se catégoriser eux-mêmes et se construire une identité en tant que personne. Les médias / jouets / jeux jeunesse font partie intégrante du développement des enfants, et plus particulièrement de leur développement ethnique et racial. Dès leur naissance, les enfants reçoivent des informations sur l’ethnicité et la race à travers les personnes, les images et les interactions qui les entourent (Livres, dessin-animés, jeux, poupée, film). Ces expériences influencent la façon dont les enfants ressentent, évaluent et comprennent l’ethnicité et la race pour eux-mêmes et pour les autres.



Baby Roots

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Robe : ETHNIK NATION


Baby Roots

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Chemise : ETHNIK NATION


Chemise : ETHNIK NATION


Baby Roots

« On peut influencer la perception qu’ils ont du monde et qu’ils ont d’eux-mêmes en bien ou en mal. Si on les invisibilise, on leur dit implicitement que leur existence n’est pas importante et qu’il y a une “race” normale, celle qu’ils voient partout. Le reste ne compte pas. » Décrivez-nous l’ensemble des gammes de produits proposés chez Little Nappy... L’univers Little Nappy se décline en : - Livres bilingues sur les aventures de l’héroïne Little Nappy. - Poupées pour enfant en chiffon et en vinyle pour les enfants à partir de 2 ans. - Cahier de coloriage et dessin sur plusieurs thématiques. - Tee-shirt, mug, sweat, poster produits dérivés. - Dessin animé sur YouTube où on suit les aventures de Little Nappy.

Livres, poupées, dessin animé… On ne vous arrête plus. Quelle est votre vision de développement à moyen terme ? A moyen terme, je souhaite avoir plusieurs points de vente selon les thématiques de mes produits, d’abord en Ile-de-France puis à l’échelle nationale en librairies et concept stores.

Si vous aviez un message à adresser aux parents qui vont vous lire ? C’est à la maison, dès le plus jeune âge, qu’on donne toutes les armes nécessaires à nos enfants pour qu’ils puissent affronter le monde en étant fiers de qui ils sont et de leurs origines, langues, histoires. Ce n’est pas à l’extérieur qu’ils doivent apprendre qui ils sont.

Originaire d’Haïti, que cela représente-t-il pour vous ? Y avez-vous des projets, à termes ? Ça me représente moi, c’est une partie de moi. C’est ce qui fait que je fais tout ca, je suis issue d’une double culture, je suis née en France mais j’ai baigné dans la culture haïtienne. En Haïti, mon rêve serait d’ouvrir un orphelinat et exporter également l’univers Little Nappy là-bas.

Si je vous dis “Roots”, vous me répondez ? Racine, origine, là où tout commence.



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Selector Kidz pour LUI

DIABOLO MENTHE

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1. Polo KENZO KIDS 90€ 2. Sac à dos MOLO 45€ 3. T-shirt CONVERSE 20€ 4. Sneakers ASTER 75€ 5. Cardigan TIMBERLAND 75€ 6. Hoodie POLO RALPH LAUREN 115€ 7. Polo KENZO KIDS 100€ 8. Pantalon jogging BOBO CHOSES 85€ 9. Doudoune KARL LAGERFELD 109€ 10. T-shirt GUESS KIDS 29€ 11. 8. Short MOLO 59€

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Selector Kidz pour ELLE

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ROSE BONBON

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1. Pull GUESS KIDS 59 € 2. Surchemise TOMMY HILFIGER 89,90 € 3. T-shirt POLO RALPH LAUREN 63,00 € 4. Hoodie BONPOINT 140 € 5. Sac à dos L’ÉCOLE DES TANN’S 39,90 € 6. Sweat LANVIN KIDS 135 € 7. Pince à cheveux SHOUROUK 125 € 8. Robe KENZO KIDS 95 € 9. Baskets LANVIN KIDS 425 € 10.10.Robe tricots MARC JACOBS 129 € 11. Collants BILLIEBLUSH 25 €


Baby Roots

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis une jeune femme noire, même si j’ai 41 ans (rires), d’origine guadeloupéenne. Je me considère comme étant la plus Africaine des Guadeloupéennes et la plus New-yorkaise des Parisiennes ! Je m’appelle Laurie Pezeron et je travaille dans le domaine de la communication depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, je suis responsable de communication à la Ligue de l’Enseignement et je suis la fondatrice d’un club de lecture dédié aux auteurs afros : READ ! Je les ai choisis car, en terminant mes études, je me suis rendue compte que je n’en connaissais pas beaucoup. Il fallait que je comble cette lacune, surtout que mon premier livre d’Aimé Césaire m’avait

été offert par un Blanc (rires). En 2014, lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, il fallait que l’environnement de mon enfant soit doté de livres et, dans ceux-ci, il fallait qu’il puisse s’identifier. Ce club n’est pas, dans un premier temps, un club pour enfants afros uniquement. Mais l’objectif est que, dans la société multiculturelle dans laquelle nous vivons, la lecture d’un livre ne se fasse pas de manière monochrome.

Quand as-tu crée ce club de lecture pour enfants ? J’ai créé Club Read en 2016. J’emmenais déjà mon fils à la bibliothèque et on pouvait y trouver un large choix de livres pour


LAURIE PEZERON

Baby Roots

FONDATRICE DE READ! Kidz Le Club de Lecture des auteurs afros... Pour nos petits ! enfants. C’est très tôt qu’il faut plonger les enfants dans l’univers de la lecture. En revanche, les livres proposés n’avaient rien à voir avec ce que je voulais lui transmettre. Ça ne parlait pas d’Afrique et, même si les collections jeunesses ont aujourd’hui bien évolué et qu’il y a beaucoup plus de Noirs qu’avant, ils sont encore trop peu selon moi. C’était important pour moi de faire passer le message que les histoires de Noirs ne se résument pas qu’à « Boubou dans la savane ». Il doit exister d’autres scénarios comme « Nicolas est dans le métro » ou encore « Éric va au cinéma avec sa maman ». Il fallait que le personnage noir ne soit pas contextualisé dans un cliché. Il fallait plus de livres sur la famille, les premiers jours d’écoles, les métiers, les voyages. J’ai également remarqué que, lorsque l’on veut parler de diversité et de différence, on met en scène des animaux, on évite d’y convier des humains. Je ne voulais pas que mon fils s’identifie à un lion ou encore à un crocodile, je voulais qu’il s’identifie à un enfant comme lui. Pour mon club de lecture, je m’inspire de ce qui existe déjà et, en suivant plusieurs rencontres dans les bibliothèques, j’ai pris ce que j’aimais bien et j’y ai ajouté ma touche.

Le club est ouvert pour les enfants de quel âge ? De 3 à 7 ans, pour l’instant. En réalité, il évolue avec l’âge de mon fils (rires). C’est un atelier qui concerne autant les parents que les enfants, raison pour laquelle ils viennent ensemble. C’est important que le livre soit au coeur de l’éducation, car il y a des sujets cruciaux à traiter. Je prends mon exemple, lorsque j’évoque le sujet de la monoparentalité, il est difficile de trouver la manière de l’aborder pour qu’il soit compris de tous. Qu’il y ait un livre jeunesse avec des mots adaptés aux enfants permet finalement d’aborder n’importe quelle thématique à travers la lecture. On peut même évoquer la mort, aujourd’hui beaucoup de livres parlent du deuil. Le livre devient un outil d’éducation pour les enfants. J’ai un sujet qui me touche particulièrement, ayant été victime d’inceste. Je ne le veux pas pour mon fils et si, plus jeune, on m’avait éduquée en me disant que mon corps m’appartenait et que les adultes n’avaient pas le droit d’y toucher, je pense que c’est quelque chose qui ne me serait pas arrivé. Il existe plein de livres sur l’intimité qui me permettent de discuter avec mon enfant de sujets sensibles.

Les thématiques abordées ne sont donc pas que ludiques, tu abordes aussi des sujets assez lourds… J’ai pris mon exemple, mais je peux parler de la famille : les familles nombreuses blanches, les familles recomposées, les enfants vivants chez leurs grands-parents, les enfants adoptés ou encore les enfants orphelins. Il existe aussi des livres historiques comme celui sur l’histoire de Rosa Parks, par exemple, qui suscite toujours l’interaction chez les enfants.

Les enfants aiment répondre, aiment chercher et sont très spontanés. Au fil des sessions, ils deviennent de plus en plus ouverts. La séance au club de lecture démarre par une introduction et se poursuit par une petite séance de yoga pour retrouver le calme. Je poursuis par la lecture collective, puis en demandant aux enfants d’aller récupérer un livre et de le lire avec leurs accompagnants. Les plus grands lisent aux plus petits et, parfois, des parents se retrouvent à lire pour plusieurs enfants qui voulaient écouter la même histoire. C’est un moment où le livre est au coeur de tout ce que l’on fait.

À quelle fréquence ont lieu ces réunions ? Les réunions ont lieu tous les mois, sauf pendant l’été. C’est un dimanche par mois, de 15h00 à 17h00 maximum, car l’attention des enfants est courte, puis on termine par un goûter.

Quels sont les tarifs et existe-t-il un abonnement ? C’est 5€ minimum par enfant, mais les parents peuvent faire des dons à l’association afin que l’on puisse financer les livres et que l’on puisse continuer les sessions.

Quelle est ta perspective de développement ? Il faudrait que je voyage davantage avec mon club. J’ai eu la chance de partir à Dakar et en Guadeloupe afin de faire des sessions pour adultes et enfants, mais l’accessibilité aux livres est plus compliquée. Ces livres existent, il faut simplement savoir les chercher. Enfin, j’aimerais proposer un système d’abonnement plus structuré et régulier.

Si tu avais un message pour les parents qui vont te lire ? Il faut acheter des livres pour ses enfants, pas forcément avec des personnages noirs ou écrits par des auteurs noirs, mais il faut les entourer de livres. Je prends l’exemple de mon fils qui a une manière de s’exprimer que, moi-même, je n’ai pas. Quand quelque chose le ronge, il sait le dire et l’expliquer précisément alors qu’il a 8 ans et c’est le fait de lire qui lui permet acquérir du vocabulaire. Et, si l’on me dit que les livres sont chers, je répondrai que l’abonnement Netflix l’est aussi, que les dernières Jordan le sont aussi. Ce n’est qu’une question de choix, les livres sont un budget, certes, mais il y aussi les bibliothèques municipales qui proposent un système de prêt jusqu’à 20 livres par mois.

Si je te dis « Roots », cela t’évoque quoi ? Je pense à mes locks, je pense à un arbre et aux racines que l’on ne voit pas, la partie immergée sous la terre. C’est le socle, la base. Plus on est encré, plus on est émancipé.



SCHEENA DONIA

Baby Roots

C’EST MAMAN QUI COMMANDE ! “ L’éducation « à l’africaine » a droit de cité et beaucoup de bon. [...] nos histoires méritent d’être racontées et si nous ne le faisons pas, d’autres nous caricaturerons toujours. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Scheena Donia, Gabonaise, consultante en image et business, créatrice de contenus, speaker et mère de 4 enfants. Je suis l’auteure de la BD « C’est maman qui commande ». Qu’est-ce que la BD « C’est maman qui commande » ? « C’est maman qui commande » est une satire de l’enfant roi qui rend hommage à l’éducation telle que nous l’avons reçu de nos mamans, entre fermeté et affection. Il raconte le quotidien agité et attachant d’une maman africaine à Paris qui mène à la baguette son petit monde avec humour. C’est un livre que j’ai écrit pour permettre à nos enfants afro-descendants de se voir dans les livres qu’ils lisent contrairement à notre génération qui n’avait pas beaucoup de personnes de BD dont les parcours, quotidiens et mamans nous rappelaient les nôtres. Humour, représentation, famille, valeurs, autorité de la “Daronne” qui ne se discute pas : c’est un peu tout ça “C’est maman qui commande”. Comment est née la BD ? Pour les raisons ci-dessus mais aussi pour relever un défi simple que m’avait lancé un ami : écrire un livre sur un des sujets qui me passionne le plus et dont je parle tout le temps : la maternité. Ma maternité. La maman de 4 enfants que je suis avait forcément un paquet d’histoires drôles sous le coude. On vous sait très proche de votre fille Paloma, présente régulièrement sur votre feed Instagram. A-t-elle participé à la concept de cette BD ?

Il y en a tellement ! Que nos mamans sont géniales dans leur différence, que l’éducation « à l’africaine » a droit de cité et beaucoup de bon, qu’il y a une place pour les femmes noires dans l’édition et notamment le monde de la BD et que c’est à nous d’aller la prendre, que nos histoires méritent d’être racontées et si nous ne le faisons pas, d’autres nous caricaturerons toujours. Et on sait tous combien de fois la « maman africaine » a été caricaturée dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis des années.

À qui ce livre est-il destiné en particulier ? Est-ce davantage pour les enfants grâce au côté ludique de la bande dessinée ou est-ce également pour les adultes/ parents ? Comme toute BD, « C’est maman qui commande » se lit environ à partir de 7 ans, ensuite, il n’y a pas d’âge pour aimer les BD comme il n’y a pas d’âge pour les Marvel. Il y a des personnes qui l’ont acheté pour leurs enfants, pour elles-mêmes et parfois pour leurs mamans. Les vidéos qu’elles m’envoient ensuite sont aussi hilarantes qu’attachantes tellement il y a des choses en commun entre tous ces lecteurs qui, quand ils ne se retrouvent pas dans la BD, y voient leurs mères, tantes, soeurs, frères, neveux ou enfants.

Avez-vous pour projet de proposer un second tome de cette histoire ? Si oui, pouvez-vous nous en parler brièvement ? Nous avons 6 tomes, au moins, en projet et je travaille déjà sur le 2 qui sera un hommage aux Tatas qui sont nos deuxièmes mamans et parce que nos enfants ont souvent tendance à croire que les mamans des autres sont “mieux” jusqu’à ce qu’on aille en vacances chez elle... Et là, patatras !

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Absolument ! Ainsi que son frère. Toutes les histoires sont du vécu, une compilation de souvenirs que je voulais garder quelque part pour mes enfants plus tard. Mes benjamins en sont indirectement co-auteurs tout comme ils ont participé à la validation des croquis de leurs personnages, au choix de couleur de la couverture et par la suite la promo de la BD.

Quel est l’objectif de cet ouvrage, quel message voulez-vous faire passer ?


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Photo : J’aime L’image


Culture/Art

DIANE OBONGO

FONDATRICE DE MyLoveEra Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? OBONGO Diane, je suis d’origine congolaise (Brazzaville et Kinshasa), j’ai grandi en région parisienne à Vitry-sur-Seine (94). J’ai travaillé dans une entreprise de finance pendant près de 7 ans, avant de devenir fondatrice et CEO de la marque MyLoveEra que j’ai créé durant la crise sanitaire du COVID.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer MyloveEra ? Pourquoi vous être lancée dans la poupée noire ? La création de MyLoveEra m’a été inspirée à la suite du mouvement contre les discriminations raciales amorcé par la mort de George Floyd. A cette époque, il s’avère que j’étais dans un élan entrepreneurial, mais mes regards ne se tournaient pas vers le domaine de l’enfance. Il est vrai qu’en 2007 j’avais créé une association humanitaire avec mon frère chirurgien, dont l’un des piliers parmi d’autres était « le soutien et l’orientation des Jeunes ». Toutefois, je n’aurais jamais imaginé que je créerais une entreprise dans ce domaine, afin de contribuer davantage à booster l’évolution de notre jeunesse, pour les aider à se construire et les impacter de différentes façons. Ayant été profondément heurtée par la situation de George Floyd, je me demandais ce qu’il fallait faire pour changer les choses, les mentalités, donner de l’espoir, vivre en harmonie, en s’acceptant et en acceptant les autres ainsi que les différences de chacun. Je me suis mise sur mon piano et, durant ce temps d’adoration, j’ai eu une vision de poupée noire que j’ai premièrement rejeté (rires) car cela n’avait aucun sens pour moi mais cela s’est reproduit instantanément, une seconde fois. Je me suis donc arrêtée, pour prendre des notes et j’ai compris que pour changer les choses il fallait aller à la racine, à l’enfance, à la base du reflet de demain, parce que l’enfant d’aujourd’hui représente l’adulte, le parent, mais également le leader de demain. La poupée noire a pour but de contribuer à combler certains besoins essentiels de l’enfant, tels que l’identification ou l’estime de soi. Elle permet également de favoriser la mixité culturelle. Je pense que le bien-être passe par la confiance en soi et concourt à un meilleur vivre ensemble. J’ai donc décidé d’apporter ma pierre à l’édifice, de changer les choses, selon ma capacité, au travers du jeu dans un premier temps. Je souhaite inculquer à nos enfants des valeurs dépassant les pensées limitantes qu’ils peuvent avoir ou que la société peut leur faire croire de façon volontaire ou non… MyLoveEra a été créée afin de les accompagner dans l’éveil de leurs capacités, leurs dons et leurs talents, cela leur permettra aussi d’envisager que tout est possible. Ce projet permettra, grâce aux poupées MyLoveEra et par le biais d’autres moyens que j’ai mis en place tels que des accessoires en plus des poupées,

de toucher, d’instruire, de motiver les enfants dès le bas âge. Il permettra également de sensibiliser les parents, les familles, afin de transmettre des valeurs positives et de contribuer au rapprochement familial. Il y a tellement de choses à dire sur ce sujet qui me passionne beaucoup (rires). Un enfant qui se sent bien dans sa peau et dans ses baskets n’a rien à envier à personne et peut avancer sereinement et se développer dans un cadre satisfaisant.

Que représente le nom MyLoveEra ? MyLoveEra signifie Mon Ère d’Amour.

Mon Ère d’amour représente l’amour en lui-même. J’ai choisi ce nom pour plusieurs raisons, notamment parce que je souhaite partager mon ère d’amour dans plusieurs sens et à plusieurs échelles car j’aime l’être humain et j’aime partager. L’une de mes citations « Spray and Spread love as a parfum of good smell, everywhere and for all ”. Vaporiser et Répandre l’amour comme un parfum de bonne odeur partout et pour tous.

Décrivez-nous votre gamme de poupées... Je commercialise actuellement 1 gamme de Poupées noires Afro et métissé. Elles ont 3 types de mélanine différents, et des cheveux Afro/frisé... il y a une poupée noire foncée, une noire claire et une métisse (métisse, maghrébine, chabine…) pour varier et permettre à nos enfants d’avoir des poupées qui leur ressemblent afin de pouvoir s’identifier en jouant, mais également favoriser le partage culturel avec les enfants d’autres horizons. Pour motiver les enfants et les guider dès leur plus jeune âge à se surpasser et à dépasser les pensées limitantes sur soi, sur les autres et sur leur future carrière, j’ai créé des accessoires notamment une pièce d’identité de la poupée MyLoveEra relative à la poupée choisie que j’ai brevetée auprès des autorités compétentes. Il y a également des petites histoires autour de chacune des poupées leur permettant de remplir la pièce d’Identité. Elles ont toutes des ambitions professionnelles pour leur avenir telles que juge, ingénieure, ambassadrice par exemple, avec pour but de stimuler l’imagination de l’enfant. Elles ont des sports préférés et bien d’autres surprises. Cela contribuerait également à ce que, dès leur plus jeune âge, les enfants puissent prendre de bonnes habitudes mais également avoir une vision futuriste, et se projeter à travers les passions et les capacités de leurs poupées auxquelles elles s’identifient.


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Les poupées MyLoveEra ont des objectifs et des buts dans la vie mais cela ne les empêche pas de s’amuser également. Cela contribuera aussi au resserrement des liens entre les parents et les enfants en favorisant l’éducation en s’amusant. Ainsi, les parents seront davantage à l’écoute de leurs enfants et passeront du temps de qualité avec eux. Mon frère avait entre 2 et 4 ans quand il a exprimé le souhait de vouloir un jour devenir docteur. Il a été inspiré par un tonton docteur qu’il voyait étant enfant. Aujourd’hui j’ai la grâce de dire en toute humilité qu’il est Chirurgien en France, Chef de service, inscrit dans les livres de médecine et passe au journal télévisé. J’aime donc penser que lorsqu’on a un rêve, une vision et un exemple dès le plus jeune âge, cela nous propulse pour aller plus loin, pour s’accrocher malgré les tempêtes et c’est ce que je souhaite inculquer aux enfants par plusieurs canaux notamment au travers des poupées MyLoveEra.

Quel message voulez-vous faire passer avec votre projet ? Et si vous aviez un message direct à l’attention des parents de fillettes afro-descendantes ? Le message que je souhaite faire passer au travers de mon projet est « Love ». L’amour est, selon moi, une clef qui a tendance à ouvrir beaucoup de portes et mène à un monde meilleur lorsqu’il est utilisé avec bienveillance. Je souhaite véhiculer un message d’amour, d’acceptation de soi et des autres avec les différences de chacun « Je suis noire mais je suis belle, j’aime ma couleur de peau, mes cheveux, la couleur de mes yeux, j’aime tout simplement qui je suis ». Il y a de la diversité mais ta différence fait de toi ton originalité, ton unicité fait de toi ta personne et l’être spécial que tu es. Le message à faire passer est en résumé si tu t’aimes toi-même peu importe ta couleur ou tes origines, tu aimeras mieux les autres. C’est un message d’encouragement, de bienveillance, de transmission de valeur positive en brisant les mythes de l’incapacité dans certaines mentalités. Cela devrait aider les enfants à se développer, à se connaître et à comprendre la capacité qu’ils ont en eux, en faisant ressortir les dons et les talents de chacun. Mon message pour les parents serait de rappeler à nos fillettes, à nos enfants, qu’elles sont belles, intelligentes, qu’importe leur origine ou leur culture. Les encourager à leur transmettre qu’elles ne doivent pas se limiter dans leurs futurs choix socioprofessionnels. Elles ont des dons et des talents encrés en elles qu’il reste à découvrir et à développer. Certaine subissent des sévices, des rejets à l’école (on ne veut pas jouer avec elle dans la cour de récréation parce qu’elles sont différentes…), alors elles

Originaire du Congo, que cela représente-t-il ? Le Congo représente mon pays, le pays de mes parents, mes origines. Je n’ai pas eu l’honneur de m’y rendre fréquemment, mais il fait partie de moi et de mon identité. Je suis vraiment fière d’être Congolaise et j’embrasse mes origines avec amour parce que cela fait partie de qui je suis. Même si je suis née et que j’ai grandi en France, je cultive bel et bien mes deux cultures. Le Congo est un pays avec un peuple merveilleux, doté de beaucoup de potentiel, de capacités, et je pense éventuellement qu’il y a la possibilité d’y faire de grandes choses.

Si l’on vous dit le mot “Roots”, à quoi pensez-vous ? Cela me fait penser aux racines, au commencement. Je dirais qu’il y a des pépites dans nos racines, qui attendent juste d’être révélées et de briller, alors attachons-nous à comprendre qui nous sommes et n’oublions pas nos origines. Chaque individu est unique, spécial et capable de faire de grandes choses avec des racines bien fondées.

Photo : J’aime L’image

“ Rappeler à nos fillettes, à nos enfants, qu’elles sont belles, intelligentes, qu’importe leur origine ou leur culture. ”

ont besoin de leurs parents pour les accompagner à avoir davantage confiance en elles dès leur plus jeune âge et croire qu’elles ont de la valeur et quelles ont certainement une destinée brillante. Je pense qu’il est important de rappeler aux parents que le temps passé en compagnie de leur enfant à communiquer en autre, les aideront davantage à se découvrir et se déployer et leurs inculquer qu’ils peuvent accomplir de belles et grandes choses peu importe leurs classes sociales, peu importe leur couleur de peau, et que tout est possible à condition d’y croire. Investissons en nos enfants dès leur jeunesse car les enfants d’aujourd’hui sont les parents de demain.



MANNEQUIN LISE PIERON PHOTOGRAPHE STEPHANE BOSSART STYLISME PAROLE PARIS MAQUILLAGE BONNITA BEAUTY


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Beauté

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Chemisier : GREGORY ASSAD




Beauté

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Blazer : GREGORY ASSAD


Beauté

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Chemisier : GREGORY ASSAD



Beauté

De gauche à droite : Angela, Lucie, Mariama

Angela, comment fait-on pour switcher d’une formation de juriste à la coiffure, deux domaines qui n’ont a priori rien à voir ? Contrôle d’identité, s’il vous plaÎt ? Lucie : Je m’appelle Lucie, mais on me surnomme Aimie. J’ai 37 ans et je suis d’origine française, avec la double culture franco-guinéenne. Je suis la gagnante des Cantu Curl Awards, édition 2021. J’ai commencé à gagner ma vie dans la coiffure depuis mon plus jeune âge. C’est ce qui m’a toujours plus. J’ai obtenu un CAP coiffure, ensuite je me suis formée dans le maquillage. Je suis passionnée par l’univers artistique en général, que ce soit maquillage artistique ou coiffure artistique. Je fais également de la peinture avec des tresses sur les tableaux. Angela : Je m’appelle Angela, j’ai 25 ans et je suis d’origine camerounaise. Je suis issue, au départ, d’une formation de juriste. La coiffure m’est tombée dessus un peu par hasard jusqu’à devenir une véritable passion. Cela fait 5 ans que j’ai fait de la coiffure mon métier. Mariama : Je m’appelle Mariama, j’ai 27 ans et je suis d’origine franco-sénégalaise et espagnole. Cela fait tout juste un an que je suis dans la coiffure. Avant cela, j’étais dans la vente. Il s’agit donc d’une reconversion.

Angela : Je suis totalement autodidacte. Durant mes années d’études, la coiffure était un passe-temps. Je voulais effectivement devenir juriste et non coiffeuse. C’est avec l’arrivée du confinement, la fermeture des universités et le fait de devoir s’occuper à la maison, que je me suis dit : « Pourquoi ne pas tenter l’aventure ? ». J’ai appris grâce à YouTube et Instagram, grâce à des tutoriels très faciles à reproduire. Mais j’ai prévu de me former à d’autres techniques qui ne peuvent pas être apprises toute seule.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire aux Cantu Curl Awards ? Vous êtes-vous dit : « Je suis la meilleure et je dois le montrer aux yeux de tous » ? Ou alors « Cela peut être une aventure amusante et voyons ce que cela peut donner » ?

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Mariama : Je me suis dit que cela peut être une formidable aventure, alors pourquoi ne pas y participer ? J’ai connu ce concours grâce à la gagnante de la première édition que je suivais sur les réseaux sociaux (Wetshi) car elle est spécialisée dans les fausses locks, comme moi. Plus globalement, dans la communauté des coiffeuses, j’ai vu que pas mal d’entre elles avaient participé au concours. En me renseignant un peu, j’ai compris qu’il s’agissait de coiffure artistique, je me suis donc convaincue d’essayer. Résultat, j’ai atteint la deuxième place. Je ne regrette donc absolument pas de m’être inscrite.


Beauté

Cantu Curl Awards

RENCONTRE AVEC LE TRIO GAGNANT Lucie : J’ai connu le concours grâce à une cliente. C’était l’opportunité rêvée pour faire de l’artistique. Je n’en avais jamais fait avant cela et on m’a encouragée à passer le cap. Angela : Je me suis inscrite dans l’optique de découvrir mon potentiel. Ayant l’habitude de faire uniquement des coupes standards, Cette aventure me permettait d’essayer les coupes artistiques. Je voulais repousser mes limites et voir jusqu’où peut aller ma créativité. J’ai été agréablement surprise par le résultat final (3ème).

Au départ, il y avait 80 participantes inscrites. 10 ont été sélectionnées pour participer au concours final et réaliser les défis artistiques. Sans fausse modestie, en comparant ton travail (Lucie) à celui des autres, ta victoire était-elle évidente ou s’agissait-il d’une réelle surprise ? Lucie : C’était la surprise, je ne m’y attendais vraiment pas. En plus de cela, J’ai eu énormément de soutien. Je ne savais pas que j’avais une telle communauté sur Instagram ! Je ne m’en étais jamais rendue compte avant. Cela me donne envie de m’investir davantage car je pense que j’ai tendance à me sous-estimer. Donc non, ce n’était pas une évidence. J’étais en admiration face au travail des autres filles. C’était donc un honneur pour moi de gagner ce concours, une très belle surprise !

Angela : Je dirais aussi que c’est une révélation car, même si je connaissais la marque, je n’utilisais pas les produits. Le concours a permis de découvrir toute la gamme et j’ai complètement adopté le protecteur de chaleur ou encore le leave-in conditioning qui sont juste incroyables ! Ils font désormais partie de ma routine de vie. J’utilise également les produits pour les cheveux curly. D’ailleurs, ma cousine me les a tous pris ! (Rires) Mariama : J’utilisais déjà le produit Coconut Curling Cream de la gamme Cantu. Le concours m’a permis de pouvoir tester toute la gamme. Grosse révélation également, une découverte pour la coiffure et non uniquement pour l’entretien des cheveux. Je n’aurais jamais pensé me tourner vers cette marque. Je suis totalement addict de la gamme avocat qui me va parfaitement, mes boucles sont incroyables. Je suis contente d’avoir eu des produits à tester et ainsi me rendre compte que Cantu est une très belle marque.

L’aventure Cantu est terminée, quels sont vos prochains défis ?

Julie : Les finitions. Tout doit être bien exécuté, aucun cheveu ne doit dépasser. Angela : L’interprétation. Lorsque que je reçois un thème, j’explore d’abord toutes les possibilités. Je cherche à aller le plus loin possible dans l’expression de mes idées. Mariama : Les fausses locks sont ma spécialité. C’est ce qui me plaît le plus. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre. J’aimerais notamment me former sur les nattes collées.

Julie : J’aimerais m’investir dans la photo artistique. Travailler pour l’acceptation, pour réconcilier les femmes avec leur féminité, notamment celles qui auraient subi un changement comme la perte de cheveux, prise de poids, perte de poids, etc. Je souhaite associer mes passions pour la coiffure et le maquillage afin d’aider les femmes à s’aimer et à retrouver la féminité. Angela : Avoir plus de compétences dans l’artistique, décrocher des contrats. J’aimerais, sur le long terme, organiser un défilé de mes coiffures artistiques. Mariama : J’aimerais développer et vendre mes propres mèches. Je souhaite également développer ma page Instagram pour les cheveux frisés bouclés et faire davantage de shootings dans l’artistique.

Racontez-nous votre rapport à la marque Cantu...

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ?

Julie : Pour être honnête, il s’agit clairement d’une révélation. Je connaissais déjà la marque. Dans ma famille, il y a tout type de cheveux et, parmi mes clientes, j’ai eu beaucoup de petites filles qui, à un certain âge, ont un rapport difficile avec leurs cheveux. C’est tout un rapport que je crée avec mes clientes afin qu’elles aiment leurs cheveux et les produits Cantu ont rendu un fier service. Ils rencontrent un énorme succès auprès de ma famille et de ma clientèle. Mes spécialités sont les tresses, les braids box et les nattes collées et je ne jure que par Cantu. C’est donc la révélation.

Angela : Essence. Julie : C’est une base très importante pour la construction d’une vie, d’une personne, d’une famille. Mariama : Fierté. Plus jeune, je n’accordais pas forcément d’importance à la culture « noire » et c’est en grandissant que j’ai compris que mes origines sont importantes, elles font partie de moi. J’en suis super fière !

Selon vous, quels sont vos atouts majeurs dans la coiffure ?


Ici, aux côtés de son père Cheick Hamala Diabate, grande figure du Mali chez les griots.

Bénin

Bénin

Burkina Faso

Togo


Beauté

FRANCIS OLILO

FONDATEUR DU GROUPE OLILOR “ Côte d’Ivoire en 2019, le Bénin et le Burkina Faso en 2020, le Sénégal en 2021 et le Togo en 2022. [...] Notre objectif est de valoriser tous les métiers de l’artisanat comme la coiffure et l’esthétique, des secteurs de professionnalisation trop souvent négligés en Afrique. ”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Dans quels pays êtes-vous allé, jusqu’à présent ?

Francis Olilo, originaire de Côte d’Ivoire et fondateur du groupe OLILOR. J’ai plus de 25 ans d’expertise dans le domaine de la beauté et l’artisanat. Aujourd’hui, le groupe Olilor se compose d’un salon de coiffure, une école de coiffure et une gamme de produits cosmétiques et d’accessoires.

J’ai commencé par la Côte d’Ivoire en 2019, le Bénin et le Burkina Faso en 2020, le Sénégal en 2021 et le Togo en 2022. Nous organisons des conférences pour expliquer la vision et l’importance des métiers de l’artisanat, faire prendre conscience que ce ne sont pas des sous-métiers. Bien au contraire, cela apporte de la valeur ajoutée à un pays et, par conséquent, tout artisan doit être formé avec des standards internationaux. A la suite de ces conférences, nous proposons des masterclass pour former les personnes sur 3-4 jours puis, à distance et de façon gratuite, pour continuer d’acquérir les moyens de la connaissance. Au total, nous restons une dizaine de jours par pays. Ils ressortent avec une attestation de formation et, par la suite, nous les aidons à préparer l’ouverture de leur institut en leur permettant, notamment, de s’installer avec du matériel professionnel à la pointe, provenant bien souvent de l’extérieur.

Pourquoi cette envie d’ouvrir une école spécialisée sur le cheveu afro ? Après mes études dans le secteur de la beauté, je me suis aperçu des énormes besoins et manques sur la beauté multiethnique. Il n’existait pas de formation en coiffure ou esthétique spécialisée sur le spécificités des cheveux et peaux noirs et métissés. C’est de ce constat qu’est née mon envie de créer une école pour valoriser le cheveu cosmopolite, pas que l’afro. Ainsi, chez Olilor, vous étudiez l’ensemble du spectre du cheveu et des soins de la peau, tout type d’origines confondues. Aujourd’hui, mon combat est de démocratiser cet enseignement sur le territoire africain à travers des tournées estivales.

Racontez-nous les enjeux de ces périples ? Notre objectif est de valoriser tous les métiers de l’artisanat comme la coiffure et l’esthétique, des secteurs de professionnalisation trop souvent négligés en Afrique. Nous voulons contribuer à valoriser nos futures élites de l’artisanat et avoir des nations compétitives au niveau international.

Quel a été votre séjour le plus marquant et pourquoi ? Le Sénégal. Parce que nous avons eu un déplacement massif de tous les artisans, de toutes les régions, de chaque village, avec une véritable soif d’apprendre et de sortir de l’informel. Lors de notre masterclass sur le makeup, nous avons eu plus de 1800 artisans inscrits ! C’est énorme, nous avons dû produire des attestations pendant 2 journées entières ! Pour chaque pays, nous sommes accompagnés par les autorités, ministères de l’éducation nationale, de l’artisanat, chambre de métiers… En somme, tous les secteurs relatifs à l’artisanat.

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Beauté

“ Je suis le premier enfant de la diaspora à ouvrir une école proposant une formation sur la beauté multiethnique, en France. ”

Le but final est-il d’ouvrir des écoles Olilor sur le continent ? Notre but est d’ouvrir des campus - sur le modèle des campus universitaires américains - qui vont former tous les corps d’artisanat, on ne veut pas en favoriser un en particulier. C’est un projet titanesque que nous comptons mener à moyen terme. Nous avons déjà commencé un chantier au Bénin, à Cotonou, et l’ouverture est prévue pour 2023.

Quelles sont vos prochaines destinations ? Pour 2023, je prévois le Mali. J’ai déjà des coordinateurs et une équipe sur place. Tous les secteurs sont prêts à nous recevoir. Ils sont déjà venus assister à nos précédentes conférences et ils voient l’importance de ce qu’on apporte dans l’essor de la vie professionnelle locale.

Quelles leçons tirez-vous de ces différents voyages ? Les autorités ne valorisent pas les métiers de l’artisanat. Dans les pays développés, les métiers de la beauté sont appréhendés de façon positive. Si nous voulons que nos pays soient compétitifs, il faut former les élites de demain pour être productives. Aujourd’hui, on a la matière première mais on ne produit pas.

Comment intégrer l’école Olilor de Paris ? Il est important de préciser que nous n’avons rien à voir avec les centres de formation, il s’agit bel et bien d’une école inscrite au RNE, le registre national des établissements au même titre que les collèges, lycées, etc. Je suis d’ailleurs le premier enfant de la diaspora à ouvrir une école proposant une formation sur la beauté multiethnique, en France. Les périodes d’inscription sont les mois de septembre et mai, nous suivons ainsi le programme de l’éducation nationale. Par ailleurs, les gens en Afrique peuvent bénéficier de nos formations en ligne via Whatsapp et ils participent très bien.

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Si je vous dis mot « Roots », cela vous évoque quoi ? L’évolution des afro-descendants.



Ici, aux côtés de son père Cheick Hamala Diabate, grande figure du Mali chez les griots.

PHOTO : PATA PAPARA

Leto


FABRICE NOUBOUDEM

Beauté

FONDATEUR DE KYLHAIR

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Pourquoi ce choix d’ouvrir un salon mixte ?

Je suis Fabrice Nouboudem, 37 ans, originaire du Cameroun. Je suis coiffeur et le fondateur de KYL’HAIR, un salon cosmopolite qui se veut autant caucasien qu’afro. On y traite tout type de cheveux.

D’emblée, je savais que je voulais un lieu mixte, pouvant recevoir des femmes et des hommes, mais pas dans un avenir aussi proche. C’était prévu pour le long terme. J’avais prévu de me lancer dans le barber parce que je suis plus à l’aise dedans mais, voyant qu’à ce moment-là il y avait beaucoup de concurrence, j’ai saisi l’opportunité de faire à la fois hommes et femmes. J’ai compris que les femmes sont la plus grosse clientèle dans le métier. Alors au lieu de remettre ça à deux ou trois ans, pourquoi ne pas tout commencer d’un coup, et voir où ça nous mène.

Racontez-nous la genèse du salon et le début de cette aventure entrepreneuriale ? Auparavant, j’étais un habitué de Château d’Eau. À force d’y aller et qu’on me rate trop souvent les contours, je me suis dit qu’il était temps que je fasse les choses par moi-même. Comme je suis perfectionniste, j’ai acheté une tondeuse. Et puis, de fil en aiguille, j’ai commencé à me couper les cheveux. Ça a commencé en 2006. Par la suite, j’ai coiffé des amis, ensuite des cousins et cousines… Au bout d’un moment, voyant que je commençais à gagner en popularité auprès de mes amis, j’ai commencé à coiffer des « personnalités ». J’ai notamment coiffé l’équipe de basketball de Nanterre. Et puis, en 2014, j’ai décidé de mûrir ce projet et d’en faire ma profession. Alors je suis allé dans une école de coiffure (Olilor) et j’ai fait valoir tous ces acquis que j’avais depuis 2016. J’ai réussi à obtenir les deux diplômes dont j’avais besoin pour ouvrir le salon : le CAP et le BP. Depuis 2019, juste avant que le Covid ne nous tombe dessus, j’avais déjà le projet qui était finalisé. Il fallait juste entrer en contact avec les banques pour pouvoir financer le tout. Avec le confinement, ça a trainé une année et demie, et j’ai finalement pu commencer à faire mes travaux, ici, en 2021.

Que signifie le nom de votre enseigne, KYL’HAIR ? « Killer », c’est un surnom que mon cousin m’avait donné étant plus jeunes, je ne me souviens même plus sur la base de quoi (rires). L’orthographe n’était bien sûr pas la même, j’ai juste remixé en ajoutant « Hair » à la fin. Je voulais un nom qui me ressemble, avec du sens. Mon credo, chez KYL’HAIR, est de vivre une expérience capillaire unique, une renaissance de vos cheveux !

“ Offrir un lieu qui permette de valoriser la coiffure et ma communauté afro-descendante. Faire un clin d’œil à l’Afrique, tout en restant très cosmopolite. ”

La première chose qui frappe en poussant les portes du salon est le design. Un espace léché, lumineux et raffiné… J’ai voulu faire un truc qui ne ressemble à aucun autre salon de coiffure à Paris. Quand j’ai pris cet endroit, il n’y avait que les murs en béton. J’ai dû penser - avec un architecte – à l’agencement de l’espace, du sol au plafond, en ajoutant ma touche qui était le bois, pour rappeler ma culture. Je viens de l’Ouest Cameroun, une terre où le bois ne manque pas. L’idée était d’offrir un lieu qui permette de valoriser, à la fois, la coiffure et ma communauté afro-descendante. Faire un clin d’œil à l’Afrique, tout en restant très cosmopolite.

Et vous traitez tout type de coiffures ? Par exemple, les locks ou, pour les femmes, les cheveux naturels, les tresses… ? Pour l’instant, les locks et les tresses restent en prévision. Je suis dans un quartier (Nanterre Université, à deux pas de la Défense) où je m’adapte beaucoup à la demande. Pour un début, et pour tout chef d’entreprise qui démarre, il ne faut pas se lancer à perte. J’ai d’abord étudié le marché local. Ce qui était demandé, c’est ce que je fais en ce moment. Je fais les soins, brushings, coupes, transformations… autant sur les cheveux caucasiens que sur les cheveux afro. En ce qui concerne les tresses, nous les réalisons sur cheveux naturels. Et très peu de femmes demandent des tresses avec des rajouts parce que, j’aime bien le dire, beaucoup aujourd’hui sont fières de leurs cheveux et veulent vraiment les mettre en valeur. Beaucoup de mes clientes ne mettent pas de perruques, parce qu’elles sont fières de montrer que leurs cheveux représentent quelque chose de beau et puissant.

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Beauté

“ On se fera un plaisir de vous accueillir et vous servir à la hauteur de ce que vous êtes : des êtres humains et des personnes de qualité. ” Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ? Le Cameroun représente ma base. Même si je ne suis pas vraiment attaché à un lieu ou un projet de vie, car je me considère un peu comme un homme itinérant. Je m’adapte à l’endroit où je suis, mais je ne peux pas oublier mes origines. C’est quelque chose de très important pour moi. Et surtout, les valeurs que j’ai héritées de mon pays et de mon ethnie ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. C’est ce qui m’a permis, aujourd’hui, de chercher à valoriser les gens. C’est ce qui m’a poussé à montrer à ma communauté et à mes proches, plus particulièrement la communauté camerounaise, qu’on peut faire des choses bien, qui ont de la valeur et atteindre des sommets.

Prévoyez-vous, à termes, d’y développer votre activité ? PHOTO: PATA PAPARA

Si vous aviez un message direct pour nos lecteurs ? Si vous voulez vivre une expérience capillaire vraiment unique, passez chez KYL’HAIR. On se fera un plaisir de vous accueillir et vous servir à la hauteur de ce que vous êtes : des êtres humains et des personnes de qualité. Notre volonté première est le souci que nous mettons dans l’humain. Je mets donc un point d’honneur à traiter chaque client avec beaucoup de valeur, afin qu’il se sente unique et privilégié.

J’ai été agréablement surpris la dernière fois que j’y étais. J’ai vu que beaucoup de métiers à la personne se développent, et dans le bon sens. Là où je pensais qu’il manquerait de la formation, je me suis rendu compte que non. Beaucoup de Camerounais se sont formés et sont devenus experts dans ce domaine. Je pense que le marché camerounais est vraiment prêt à accueillir un salon comme KYL’HAIR. Notre qualité d’accueil, notre standing, les gens sont prêts à recevoir un service comme le nôtre et à y mettre le prix. C’est ce qui me conforte dans l’idée d’ouvrir, un jour, une déclinaison de mon salon au Cameroun.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? La terre, le bois, mes racines, ce qui fait ce que l’homme est. Et je remercie aujourd’hui ma famille, mes « roots », qui ont compris et m’ont accompagné durant toute la phase de création de ce projet KYL’HAIR. Sans eux, je n’en serais pas là aujourd’hui.

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KYLHAIR SALON + BARBER

Salon de coiffure cosmopolite FEMME - HOMME ENFANTS TOUS TYPES DE CHEVEUX BOUCLéS

FRISéS AFROS CAUCASIENS

KYLHAIR_SALON92 CONTACT : 09.81.84.88.28 06.27.17.35.16

46 Allée de Corse 92000 Nanterre Nanterre université

RESERVATION: WWW.PLANITY.COM


Beauté

Hawa Diawara La fondatrice

Halima Gdji Koffi Olomidé

Faty Niamé Kouyaté


Beauté

HAWA DIAWARA

FONDATRICE DE BE SHINE PARIS “Le message que j’aimerais faire passer aux femmes est que, dans la vie, si on le veut, on le peut. J’en suis l’exemple. Partie de rien, je ne savais même pas tracer un sourcil, je ne savais rien faire et j’ai vraiment tout appris de A à Z.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Hawa Sirany Diawara, maman de 5 enfants et originaire du Mali. Entrepreneure, titulaire d’un Bac de Sciences Médico Sociales et aide-soignante de métier. Mais je suis aussi la fondatrice de BeShine Paris.

Décrivez-nous l’espace que vous avez ouvert. Quelles sont les prestations que vous déclinez ? Nous réalisons des formations de maquillage comprenant l’auto-maquillage et le maquillage professionnel dans la première salle, sont aussi réalisées les prestations make-up le week-end ainsi que les accompagnements événementiels. La seconde salle est plutôt multifonction, on y fait les shootings photos et on a l’intention de faire des séminaires entre femmes sur différents sujets. La troisième salle est pour l’instant le showroom et j’ai l’intention d’y développer un corner réservé aux robes de soirée et aux bazins. En quoi consiste l’accompagnement événementiel ? L’accompagnement événementiel consiste à assister des gens pour l’organisation d’événements comme les mariages ou autres, nous les dirigeons vers des prestataires qui pourront les aider.

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Racontez-nous votre parcours jusqu’à l’ouverture de votre espace beauté multifonction ? Tout a commencé par une période sombre de ma vie, un évènement qui m’a marquée, le décès de ma mère. J’étais au plus bas et j’ai trouvé du réconfort dans le maquillage. C’était pour moi un nouveau départ, une nouvelle passion, un nouveau domaine. Je me sentais épanouie de faire autre chose, d’apprendre ce dont je n’avais aucune notion. Ainsi, j’ai décidé de prendre des cours de maquillage. J’avais créé mes réseaux. Je maquillais à la maison, d’abord une cliente, puis deux, puis plusieurs clientes. Le jour où j’en ai pris conscience, je me suis posée la question suivante : « Dans quoi me suis-je embarquée ? ». Mes amies ont joué le jeu, en étant mes modèles pendant tout mon apprentissage. Et, sans elles, je ne serais pas où j’en suis aujourd’hui. Quelques mois après mes débuts, j’ai été contactée pour maquiller Babani Koné, une grande artiste malienne, je n’y croyais pas ! De là, se sont enchaînées des collaborations avec plusieurs autres artistes de la communauté tels que Fatim Diabate, Oumou Sangare ou encore Madiare Drame… En décembre 2019, je me suis rendue à Manchester chez P. Lousie Academy pour 5 jours intensifs d’apprentissage de maquillage, c’est de là que je suis revenue plus confiante. Chaque année, je partais au Mali pour faire des prestations make-up lors des mariages ou pour les artistes Maliennes.

Après le COVID, on m’a sollicitée pour maquiller Koffi Olomide lors d’un clip puis, au fur et à mesure, j’ai été contactée pour réaliser des prestations maquillage sur Vegedream, Jessica Aire, KTL, Kennette, Noemie Mabelleuh… En décembre 2020, j’ai ouvert mon tout 1er studio makeup et j’ai commencé à donner des cours de maquillage intensifs. En décembre 2021, je change de studio pour un grand local de 80 m2 situé à Stains.


Beauté

“ On aimerait ouvrir des centres de formations, en commençant par BeShine Bamako, puis BeShine Dakar, puis Kinshasa et plusieurs autres pays d’Afrique. ”

Vous avez travaillé sur la mise en beauté de nombreuses personnalités. Quel est votre top 3 ? Dans un premier temps, Babani Kone qui est une chanteuse Malienne, c’est elle qui m’a contactée, deux mois après mes débuts. Ensuite, Oumou Sangaré, la Diva du Mali et enfin, Koffi Olomide, la légende de la musique africaine. D’où vous vient cette fougue d’entreprendre ? Si vous aviez un message à adresser aux femmes ? Lorsque j’ai quitté le milieu médical, je ne savais quoi faire de ma vie. Travailler pour quelqu’un n’était pas fait pour moi et ma mère venait de décéder. Tous ces éléments m’ont donnée la rage de vaincre et je me suis lancée à fond dans le maquillage. Je suis quelqu’un qui n’aime pas faire tout le temps la même chose, j’aime souvent changer. Raison pour laquelle j’ai voulu développer plusieurs pôles chez BeShine afin de ne pas faire que du maquillage. Le message que j’aimerais faire passer aux femmes est que, dans la vie, si on le veut, on le peut. J’en suis l’exemple. Partie de rien, je ne savais même pas tracer un sourcil, je ne savais rien faire et j’ai vraiment tout appris de A à Z. Vous êtes originaire du Mali, que cela représente-t-il pour vous ? Avez-vous des projets ? Je suis très fière d’être Franco-Malienne. Le Mali a une richesse à travers ses diverses cultures et, dans le cadre de mes activités, je me suis rendue plusieurs fois à Bamako. Il y a beaucoup de besoins en maquillage, les locaux n’ont pas forcément les moyens et demandent à ce qu’on leur envoie du matériel.

Avec mon association qui s’appelle Bonheur et Espoir pour tous, le premier objectif était d’organiser un événement nommé Faso Africa Shine. Ce dernier a eu lieu le 13 mai et a permis, grâce aux dons, de financer des palettes de maquillage complètes. Avec mon équipe, on se rendra ensuite au Mali, on sélectionnera six à huit filles que l’on formera intensivement et on leur remettra chacune une palette de maquillage avec laquelle elle rentrera dans son village. Elles auront aussi deux suivis, un pour savoir si elles ont pu développer leur business, et un autre sur six à douze mois pour les ravitailler le temps qu’elles puissent s’émanciper. Dans un deuxième temps, si certaines filles restent sur la capitale, on aimerait ouvrir des centres de formations, en commençant par BeShine Bamako, puis BeShine Dakar, puis Kinshasa et plusieurs autres pays d’Afrique. Comment entrer en contact avec l’association ? Il existe un lien helloasso, vous tapez « Association Bonheur et Espoirs pour tous » sur Internet et Instagram ou sur mon compte Snapchat : hawasirany93. Comment vous contacter et se tenir au courant des dates de vos formations ou événements ? Via nos différents réseaux sociaux, SnapChat : hawasirany93, sur Instagram beshine_makeup, be_shine_paris, ou sur Internet : www.beshineparis.com. Si je vous dis le mot “Roots” vous me répondez ? Black Excellence.

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FORMATION & COURS MAQUILLAGE PRESTATION MAQUILLAGE pour vos mariages, tournages et occasions spéciales

SHOWROOM

vente & location de robes de soirée

DEVELOPPEMENT PERSONNEL Coaching gestion d'entreprise Coaching shopping Personal shopper

STUDIO PHOTO Séances photos professionnelles Shootings (grossesses, mariages, baptêmes)

Adresse: 2 rue des Huleux, 93240 Stains


Beauté

“Au Sénégal, la tresse est un art ancestral [...] 95% des clientes m’appellent pour tous types de tresses: collées, braids, vanilles,etc. Aujourd’hui, je souhaite devenir LA véritable spécialiste des tresses au naturel, à Paris.”

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Photo : Didier Teurquetil


KADIATA MBOW

Beauté

FONDATRICE DE KADI HAIRCONCEPT Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Te considères-tu comme une spécialiste des tresses ?

Je m’appelle Kadiata, j’ai 37 ans et je suis originaire du Sénégal. Je me définis comme artisan coiffeuse, spécialiste des tresses africaines. Avant cela, j’étais responsable service client pour des grands portefeuilles de marques de luxe. Aujourd’hui, je me consacre à 100% à ma passion qui est la coiffure. Je coiffe depuis toute petite. La coiffure, c’est mon ADN. On va dire que l’on coiffe de mère en fille dans ma famille depuis toujours.

Je dirais oui. Je visualise vraiment cela comme un art à part entière, un peu comme un joaillier qui confectionne sa bague. 95% des clientes m’appellent pour tous types de tresses : les braids, les tresses collées, les vanilles et de plus en plus tous types de tresses et coiffures 100% naturelles (c’est-à-dire sans aucun rajout de mèches). Aujourd’hui, je souhaite devenir LA véritable spécialiste des tresses au naturel à Paris, mais je vais développer aussi la partie soins et entretiens des cheveux afro crépus et texturés. Des retours clients que j’ai pu avoir, il est parfois compliqué de se décider dans le choix du bon produit et du coiffage au quotidien. Il faudrait une astuce simple et accessible à tous. Je veux donc offrir cette expertise à mes futures clientes.

Comment as-tu fait pour te professionnaliser et ainsi étoffer tes techniques ? Je suis autodidacte et effectue beaucoup de veille pour suivre les tendances. Je me suis auto-formée grâce aux vidéos YouTube, Instagram principalement puis grâce à des plateformes de formation aux USA et Afrique du Sud (véritable expertise et connaissance du cheveu crépu en Afrique du sud). Malheureusement, aujourd’hui en France, la coiffure africaine (les tresses) ne fait pas encore partie des référentiels de formation coiffure.

Quel a été le déclic, le moment où tu t’es dit : “Allez, j’arrête tout, je me lance dans l’aventure” ? Tout a commencé l’année 2020, avec le COVID. C’était l’année de la remise en question et de grands changements pour beaucoup d’entre nous. J’ai effectué un voyage au Sénégal, au mois de septembre 2021, pour participer à une formation business qui s’appelle “Autour de Mary”, dans l’accompagnement business et le développement personnel. C’est vraiment là-bas où j’ai eu le déclic et que je me suis rendue compte de ce que je veux vraiment faire.

C’est donc à ce moment précis que tu t’es dit que tu voulais te mettre à temps plein dans la coiffure ? Oui! D’abord, je finalise mon CAP coiffure classique et pratique essentiellement la coiffure les week-ends. J’espère vivement avoir la certification pour vraiment m’y consacrer à 100%, développer la partie prestation de services à domicile, accompagner les femmes sur les soins de leurs cheveux ou même former sur le tressage et l’auto-coiffage.

D’ailleurs les Sénégalaises sont unanimement reconnues par rapport à la coiffure. Peux-tu nous expliquer ce lien particulier qui existe entre Sénégal et coiffure ? C’est vrai que les Sénégalaises sont mondialement réputées comme étant les meilleures tresseuses. Au Sénégal, la tresse est un art ancestral. Nous avons un lien très particulier par rapport à cela dans ma famille. Tout ce qui touche à la coiffure, à l’embellissement de la femme en général, cela fait partie de moi.

As-tu pour objectif d’ouvrir ton propre salon ? Effectivement, sur le long terme, j’aimerais vraiment avoir mon espace coiffure et bien-être. Je veux vraiment que l’on associe la coiffure à un instant de détente et un vrai service de qualité.

Comment fait-on pour te contacter ? Via ma page Instagram @kadi_hairconcept.

Quelle femme noire représenterait l’égérie parfaite pour personnifier tout ce que tu souhaites véhiculer ? L’actrice Aïssa Maïga. C’est une femme élégante, fière de ses origines et qui défend la cause des femmes Noires. Elle fait sa place dans le monde du cinéma sans jamais oublier d’où elle vient et qui elle est. Sublime que ce soit avec des tresses ou en portant ses cheveux au naturel !

Quels sont tes prochains défis, à court terme ? À court terme, j’aimerais développer mon service de prestations à domicile. Proposer mes services en Ile-de-France. La cliente prend juste un rendez-vous et je me déplace, je fais tout ce qu’il faut pour qu’elle soit à l’aise et satisfaite.

Originaire du Sénégal, que cela représente-t-il ? C’est toute mon histoire, ma culture, mon pays d’origine, celui de mes parents. Je suis fière de ma culture sénégalaise et peulh. Dans ma famille, on nous a toujours dit de ne jamais oublier de qui on est. D’ailleurs, les tresses font partie intégrante de la culture peulh. Mon rêve ultime serait d’avoir mon espace beauté au Sénégal.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? « Roots », c’est la fierté, l’enracinement et surtout la transmission. C’est ce que l’on a appris, ce que l’on nous a donnés. À nous de transmettre à notre tour.


Beauté

PIERRES CHAUDES

LE VOYAGE ÉNERGÉTIQUE Un moment de détente avec le massage aux pierres chaudes Points forts du massage aux pierres chaudes • Un effet relaxant instantanément sur les muscles grâce a la chaleur. • Le massage drainant améliore la circulation sanguine. • Une sensation d’apaisement même lorsque le massage aux pierres chaudes est terminé. • Une diminution de la fatigue et du stress. • Un sentiment de plénitude et d’apaisement.

Bien plus qu’un phénomène de mode, le massage aux pierres chaudes a véritablement sa place dans la panoplie des techniques de bien-être. L’action des pierres chaudes sur la peau procure les bienfaits d’un mini-sauna associé à un massage drainant, détoxifiant et relaxant.

Les bienfaits de la thérapie par les pierres chaudes

Le pouvoir des pierres chaudes Composées de lave pure ou pierre de basalte naturel, les pierres chaudes sont nées de la chaleur extrême du magma terrestre, puis du refroidissement brutal par l’eau de la mer. Le minéral a été recueilli et poli par la main de l’Homme. D’une douceur infinie et non poreuses, ces pierres accumulent la chaleur et la fraîcheur pour des effets vraiment incroyables sur le corps. Le massage aux pierres chaudes offre alors une rencontre privilégiée avec l’énergie terrestre. Sur le corps, elles sont positionnées sur les points sensibles pour apporter un effet relaxant immédiat. Sur le front, le ventre, les pieds ou les mains, votre corps appréciera les vertus de la thermothérapie. Après une journée intensive, votre corps et votre esprit ont besoin de se détendre. En vous tournant vers le massage aux pierres, vous éliminez toutes les frictions grâce à la stimulation des points d’énergie sur les différentes parties de votre corps.

Le massage aux pierres chaudes est un voyage d’où l’on revient apaisé et rechargé énergétiquement. De composition ferrugineuse, les pierres en basalte améliorent sensiblement la circulation sanguine et détendent les muscles. C’est pour cela que les thérapeuthes les utilisent autant. Dès la première séance, ce massage : • Procure un sentiment d’harmonie • Relaxe les muscles en profondeur • Favorise l’oxygénation des tissus • Lutte contre le stress et la fatigue • Améliore la circulation sanguine • Augmente le métabolisme cellulaire • Stimule les fonctions lymphatiques • Stimule les fonctions lymphatiques (élimine les toxines) •Génère une sensation de bien-être qui se prolonge longtemps après la séance. À noter qu’il s’agit d’un massage aussi agréable à donner qu’à recevoir, le masseur bénéficiant lui aussi de l’énergie des galets.

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Yememca



Beauté

ZOOM SUR LA FONDATRICE

ASSA

D’

GLAM&BEAUTY

Quelles sont les caractéristiques de votre produit ? Premièrement, il est infrarouge, ce qui est très rare pour les fers à lisser. L’infrarouge va protéger le cheveu et pare-feu avant que la chaleur n’atteigne directement le cuir chevelu. Cela permet d’avoir une meilleure santé capillaire. Sans oublier, l’effet pour une meilleure brillance du cheveu.

Quelle est la gamme de prix ? J’ai fait un prix de lancement à 90€. Je le laisse ainsi jusqu’à fin juillet, avant de basculer à 120€. C’est un prix très compétitif car un lisseur professionnel efficace peut facilement atteindre 200€. C’est un lisseur professionnel, à destination de tous (particuliers ou pros) et tout type de cheveu. Utilisation pour lissage, brushing, etc.

Quel est le circuit de distribution ? Nous avons le site internet pour les livraisons, sinon possibilité de remise en propre pour l’Île-de-France.

Vous êtes originaire de la Gambie et du Sénégal, deux pays « jumeaux ». Qu’est-ce qui, selon vous, fait la particularité de la femme sénégalaise ?

Photo : Didier Teurquetil

La coquetterie occupe une place centrale. Comme on dit chez nous, elles sont très « djongué ». Elles prennent soin d’elles, aiment plaire, être bien coiffées et toujours apprêtées.

Des projets à destination de ces deux pays ? Peut-être davantage en Gambie, là où réside mon père. Pourquoi pas y ouvrir un salon dans un futur proche ou lointain.

Que représentent le Sénégal et la Gambie pour vous ?

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Goumane Assa, j’ai 28 ans, je suis d’origine Gambienne / Sénégalaise. Je suis coiffeuse professionnelle diplômée, depuis 12 ans, et j’ai lancé, depuis quelques mois, ma propre marque de fer à lisser : Assa Glam & Beauty.

Pour avoir vécu durant 8 mois entre ces deux pays, j’ai pu réellement sentir l’atmosphère. Ce que l’on ne perçoit pas lorsque l’on vit à Paris et que l’on descend seulement pour 1 ou 2 semaines de vacances à Dakar. Ce qui m’a le plus marqué est de voir que, même avec peu, ils savent être heureux et profiter de la vie, contrairement à nous autres (Parisiens) qui sommes toujours stressés, à courir derrière l’argent. Voir tous ces gens heureux, bien qu’ayant peu de richesse matérielle, cela m’a donné un énorme coup de boost !

Un message pour les femmes ? Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer cette marque de lisseur ? Étant donné que je suis dans le métier depuis un moment, j’ai une bonne clientèle fidèle qui me suit. Mes clientes me demandaient souvent d’où proviennent les produits ou matériels que j’utilisais afin de savoir comment se les procurer pour ellesmêmes. Du coup, je me suis dit pourquoi ne pas lancer ma propre griffe. Au départ, j’ai pensé à une marque de cosmétiques capillaires (shampoings, masques, sérums...), mais il y a tellement d’offres déjà existantes, que j’ai préféré m’orienter sur autre chose. Au fur et à mesure de ma réflexion, je me suis arrêtée sur l’idée de développer un fer à lisser esthétique et efficace.

Ayez confiance en vous et ne vous laissez pas aller malgré les épreuves de la vie. Le fait d’être bien coiffée, de prendre soin de ses cheveux et de se sentir belle est aussi une manière d’alimenter la confiance en soi.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? L’Afrique !

Instagram : assaglamandbeauty


LISSEUR À LUMIÈRE INFRAROUGE POUR TOUT TYPE DE CHEVEUX.

POUR LES PROFESSIONNELS ET LES PARTICULIERS

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Photo : Marc De Boisrolin

Beauté

Photo : Elliot Bantman

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DEAN ARTIST

Beauté

“J’ai réuni autour de moi une équipe de choc ! Des professionnelles de la beauté (maquillage, coiffure, esthétique...) afin de répondre à toutes les demandes et prestations.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Dean et je suis maquilleuse. J’ai 30 ans, je suis d’origine guyanaise et je vis à Paris.

Être maquilleuse, une évidence depuis toujours ? J’ai toujours aimé l’univers du maquillage et de la beauté. J’ai été très coquette dès mon plus jeune âge mais je ne pensais pas être maquilleuse. J’ai commencé mes études par l’art dramatique parce que je voulais me professionnaliser en théâtre et cinéma. Dans ce milieu, il fallait être maquillée pour des scènes et je maquillais beaucoup en coulisse. Au fil du temps, j’ai développé un intérêt pour le make-up ; et c’est à ce moment que j’ai commencé à me renseigner sur le métier à travers YouTube, avant de m’inscrire dans une école spécialisée. J’avais alors 20 ans.

Avant de faire cette école, pensiez-vous déjà avoir du talent dans ce domaine ? Pas du tout, je n’étais pas douée. En arrivant à l’école, je me suis rendue compte qu’il fallait travailler dur pour essayer d’atteindre un très bon niveau.

Avez-vous été inspirée par certains grands noms du maquillage ? Pas spécialement. Je m’inspire beaucoup du make-up des ÉtatsUnis où se développe un style de maquillage que j’aime bien. En Europe de l’Est, les maquilleuses ont un sens artistique et un sens du détail qui m’impressionnent. Ici à Paris, le maquillage est soft, naturel, des qualités que j’apprécie aussi. Je veux maîtriser toutes ces pratiques pour trouver le juste milieu qui me convient.

Aujourd’hui, pensez-vous maitriser l’ensemble du spectre des carnations (peaux noires, blanches et métissées) ? Oui, je suis spécialisée dans la mise en beauté quelle que soit la carnation de peau. Mes seules réserves sont le body painting et le maquillage à effets spéciaux.

clients français férus de maquillage m’a ouvert de nombreuses portes. Le 2ème moment marquant de mon parcours professionnel, c’est lorsque j’ai quitté cette marque pour me lancer en tant qu’entrepreneure, parce que c’était le grand saut dans l’inconnu. J’ai tout de même fait une formation à la création d’entreprise pour avoir un minimum de bases pour l’entrepreneuriat. Enfin, le 3ème moment marquant, c’est quand j’ai créé mon équipe l’année dernière (cf photo ci-contre). J’ai réuni autour de moi une équipe de choc ! Des professionnelles de la beauté (maquillage, coiffure, esthétique...) afin de répondre à toutes les demandes et prestations.

Originaire de la Guyane, qu’est-ce que cela représente pour vous ? La Guyane, c’est ma terre natale, c’est mon coup de cœur ! J’y retourne régulièrement pour voir mes proches et prendre un bain de nature. Concernant le maquillage, il y a de la demande là-bas puisque, à chaque fois que j’y vais, je ne chôme pas. J’ai ainsi pu y développer une belle collaboration avec une boutique de maquillage et cosmétiques et plusieurs partenariats. J’aimerais bien continuer à m’y déployer.

Quel diagnostic feriez-vous de l’univers du maquillage en Guyane ? Existe-t-il un écart flagrant entre Paris et l’Outre-Mer ? Ce n’est pas à moi d’en juger mais je constate effectivement un écart parce qu’en Guyane nous n’avons pas forcément accès à toutes les formations disponibles à Paris. Pour les autres régions d’Outre-Mer je ne sais pas. En Guyane, il y a de vrais talents mais, selon moi, il faut se former à l’extérieur, il faut bouger. Je ne me forme pas qu’à Paris, j’essaye de voyager un maximum pour acquérir de nouvelles techniques. La Guyane est voisine du Brésil où évoluent de très bons maquilleurs. Il faudrait qu’il y ait des organisations qui favorisent des échanges entre ces professionnel(le)s.

Quels sont les moments marquants de votre carrière ? Le 1er moment est lorsque j’ai intégré le staff d’une marque de cosmétiques. Je travaillais sur les Champs Elysées et j’y suis restée 2 ans. Travailler avec une clientèle provenant de l’étranger ou des

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? Je visualise un arbre. Mais je pense aussi à votre magazine et à sa belle évolution.


Beauté

Vernis Selector

50 SHADES OF BLUE

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1. Vernis Aruba Blue ESSIE 9 € 2. Vernis Green MANUCURIST 14 € 3. Vernis SEPHORA COLLECTION 3,99 € 4. Vernis OFF-WHITE BEAUTY 33 € 5. Vernis Blue Vanilla LE MINI MACCARON 14 € 6. Vernis 713 Dorothy turquoise GUCCI 29,90 € 7. Vernis teinte 18 Bleu Majorelle YVES SAINT LAURENT 18 € 8. Vernis Bleu Sarah MAISON SARAH LAVOINE 18 € Yememca


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Beauté

“ Montrer la femme noire dans la sphère du luxe, celle qui impose le respect et qui inspire les générations futures. ”

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Photo : Didier Teurquetil


JOAN EKOKO

Beauté

FONDATRICE DE VERTUOUS BEAUTY Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Parlez-nous de votre gamme complète...

Joan Victoria Ekoko, 28 ans, d’origine camerounaise. Fondatrice de la maison Vertuous Beauty, cosmétologue et consultante en développement produits cosmétiques.

Pour le moment, la gamme est composée de 5 lip gloss et 3 crayons à lèvres. La formule du gloss est unique et j’ai pris le soin de sélectionner des ingrédients nourrissants tels que le beurre de karité, l’huile précieuse du fruit de la passion ou encore l’huile de coco pour répondre aux problèmes de sècheresse des lèvres. Les couleurs des gloss ont été sélectionnées pour que chaque femme noire, albinos et métisse puisse trouver la couleur de nude parfait. Chaque nom de gloss signifie le mot “femme” en diverses langues africaines ou créole. C’est un clin d’œil à notre cible.

Revenons sur votre parcours... Je suis née et j’ai grandi en France. Mes parents ont toujours mis un point d’honneur sur les études. J’ai obtenu un Master de Chimie spécialisé en formulation cosmétique. Durant ce master, j’ai eu l’opportunité de travailler deux ans en alternance chez LVMH Recherche au sein du laboratoire des produits de soins. Après mon diplôme, je suis partie vivre dans le sud de l’Angleterre et y ai travaillé pendant 8 mois au sein d’un laboratoire qui faisait essentiellement du maquillage. Par la suite, j’ai déménagé à Londres et j’y ai travaillé deux ans en tant que chef de projet développement maquillage. J’ai eu l’opportunité de développer près d’une centaine de produits cosmétiques pour diverses marques. En septembre 2020, je suis rentrée à Paris pour créer Vertuous Beauty qui a finalement été lancée en mars 2022.

Quelle est la genèse de Vertuous Beauty ? La maison a été créée pour rendre le prestige à la femme noire, mettre fin aux stéréotypes et casser les codes. Pour cela, nous avons souhaité montrer une image différente de la femme noire. La femme noire dans la sphère du luxe, celle qui impose le respect et qui inspire les générations futures. J’ai ciblé la peau noire car je trouve qu’il y a encore une sous-représentation de ces femmes dans l’industrie cosmétique. Le marché ne comprend/maîtrise pas bien les produits pour ces peauxlà. Alors, au lieu de faire des produits pour toutes les femmes, je préfère combler les manques à ce niveau-là afin d’être sûre que ces femmes ne soient plus oubliées. Au-delà de l’aspect beauté, il y a un vrai message de représentation que je voudrais faire passer. Cette marque est là pour inspirer les jeunes filles et leur montrer qu’elles n’ont pas à rester dans les cases de la société et qu’elles peuvent aller là où on ne les attend pas. Montrer, grâce à mes clientes, qu’il y a des femmes noires qui sont avocates, médecins, entrepreneurs... et qu’elles peuvent s’inspirer d’elles. D’où notre slogan “Your black is bright”. C’est aussi pour toutes ces raisons que le positionnement luxe a été choisi. Il influe de manière indirecte la représentation qu’on a de nous.

Comment décririez-vous l’ADN de la marque ? L’ADN de la Maison est principalement axé sur le luxe entre l’Afrique et Paris. Je souhaite retourner aux racines, là où tout a commencé mais sans oublier le fait qu’en grandissant en France il y a une double culture qui est présente. Le luxe n’est pas seulement à Paris mais je suis persuadée qu’en Afrique aussi. Ce continent est plein de richesses et nous voulons mettre un point d’honneur à le montrer à travers la communication de la marque. Nous prenons notre plume pour réécrire notre histoire.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ? Être Camerounaise est une force et une fierté. Être Camerounaise est synonyme d’excellence. Quand je me rappelle d’où je viens, je sais que je peux tout faire car « Impossible n’est pas Camerounais ».

Où se procurer Vertuous Beauty ? À date, les produits sont disponibles exclusivement sur notre site ecommerce. Nous essayons aussi de faire des pop up stores, de temps en temps, pour y rencontrer nos futures clientes.

Quels sont vos plans de développement et distribution ? D’ici 1 an ou 2, nous souhaiterions pouvoir ajouter au moins 2 nouveaux produits à notre gamme. Notre but final est d’offrir une gamme complète de maquillage, allant du fond de teint à l’anticernes, en passant par le blush et le rouge à lèvres. Un visage totalement vertueux quoi. Pour les points de distribution, nous souhaiterions avoir des points de vente dans les grands magasins parisiens, ainsi qu’à Londres. Sur du moyen terme, nous souhaiterions être présents en Afrique bien sûr.

Si vous aviez un message direct à adresser à nos lectrices ? Prenez des risques et allez là où on ne vous attend pas !

La femme Vertuous Beauty en 3 mots...

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?

Raffinée, féminine et intrépide.

Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens.


Beauté

Fragance Selector

SUMMER NEVER DIES Terminés les paysages de Saly ou Santorini - pour les plus chanceux. Terminés la canicule et le ciel bleu imperturbable de Paris - pour ceux restés ici. La rentrée est belle et bien là et s’accompagne de son été indien. Mais, pour ne pas sombrer dans la morosité des premières brumes de l’automne, voici notre sélection de fragances qui maintiendront votre esprit à la plage. Notes ensoleillées, florales et/ou fruitées, fraîcheur assurée... Summer Never Dies !

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1. Incense Water SANA JARDIN (100ml) 237€ - 2. Citrus Riviera BDK PARFUMS (100ml) 165 € 3. Sun Delight JIL SANDER FRAGRANCES (100ml) 46€ - 4. Neroli Portofino TOM FORD BEAUTY (50ml) 206€ 5. My Burberry BURBERRY BEAUTY (90ml) 121€ - 6. Orange Crush FUGAZZI FRAGRANCES (50ml) 92€ 7. Flora Gorgeous Gardenia GUCCI BEAUTY (100ml) 136€ - 8. Solution No. 4 OFF-WHITE BEAUTY (100ml) 165€


YOUR BLACK IS BRIGHT

Transformer la routine maquillage des femmes noires, albinos et métisses en expérience de luxe.

www.vertuousbeauty.com @vertuousbeauty


Beauté

Quelques Réalisations :

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Photo : Didier Teurquetil

Instagram : Signature.braidstyle


JELVA AVISTO

Beauté

FONDATRICE DE BRAIDSTYLE Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Jelva Avisto, j’ai 33 ans et je suis originaire du Congo Kinshasa. Je suis comptable de métier et j’exerce une activité secondaire dans la coiffure, connue sous le nom de Signature. Braidstyle et spécialisée, comme son nom l’indique, dans l’univers des tresses.

Comment as-tu atterri dans l’univers de la coiffure ? Étant petite, à l’âge de 12/13 ans, ce sont mes tantes qui me coiffaient. C’était un calvaire puisqu’elles pouvaient mettre des 2/3 jours à terminer ma tête (rires). À un moment donné, j’en ai eu marre. Je me suis dirigée vers YouTube pour m’auto-former. Mis à part internet, j’ai fait partie d’une communauté où il y avait énormément de coiffeuses, notamment l’une de mes mamans dont c’était le métier. J’ai observé comme elle coiffait ses clientes, comment elle prenait soin d’elles et cela m’a donnée envie de le faire aussi.

quelques entrées d’argent supplémentaires. Malgré le contexte sanitaire, j’ai pris le risque de me lancer et d’aller vers les gens. Il y a peu de temps, une de mes clientes m’a fait la réflexion que cela faisait un an, jour pour jour, que je la coiffais et que c’était la première fois de sa vie qu’elle restait fidèle à une coiffeuse. Habituellement, elle était une éternelle insatisfaite qui changeait en permanence de prestataires. Elle m’a dit aimer mon accueil, ma douceur, ma façon d’être à l’écoute et, bien sûr, la qualité de mon travail. Cela a provoqué un déclic. J’ai compris que j’avais, peutêtre bien, ce petit quelque chose en plus.

Quelle est la prochaine étape ? Développer mon concept de coiffeuse à domicile. Je pense qu’il y a une vraie demande sur ce marché. Répondre aux besoins des femmes qui ne souhaitent pas forcément aller dans les salons mais qui préféreraient que les coiffeuses viennent chez elles.

Quelles sont tes plages de disponibilités ? Au bout de combien de temps t’es-tu sentie réellement à l’aise ? Au bout d’un an ou deux. Comme je te le disais, je faisais partie d’une communauté. Ils aimaient ce que je faisais et, voyant que je changeais de coiffure toutes les deux semaines, j’ai commencé à avoir de nombreuses sollicitations et à coiffer les sœurs de ma communauté. Et c’est ainsi que cela a tout démarré.

Uniquement le week-end, vu qu’en semaine j’exerce une autre profession. Je me déplace dans toute l’Île-de-France. Il suffit de me contacter sur Instagram et me demander mes disponibilités. Mes prestations vont de 50 à 150 euros, avec une spécialité Tresses féminines mais, bientôt, je vais proposer des coiffures masculines ainsi que le traitement des locks.

Si tu avais un message pour la gent féminine ? Se former en se coiffant toute seule, n’est-ce pas un immense casse-tête ? Effectivement, c’est du sport (rires) ! Ça fait mal aux bras, mais quand on aime on oublie la douleur et le temps. J’y ai pris goût, au fur et à mesure que je progressais. J’ai commencé à Vitry, chez ma mère, je coiffais mes voisines qui en parlaient à leurs amies et ainsi de suite.

Aujourd’hui, la tresse est répandue dans tous les milieux. Vous avez des Européennes ou Asiatiques qui s’approprient cette coiffure et elle n’est plus réservée qu’aux femmes afro-caribéennes. Je sais m’adapter à toutes les beautés, quelque soit leur origine. Si j’avais un message à destination des femmes, je dirais que je suis unique, que j’ai ma signature personnelle et que je serais vraiment ravie de les accueillir !

Si tu devais définir ce qui caractérise ton style ?

Originaire du Congo, que cela représente-t-il pour toi ?

Question très compliquée mais je répondrais le cœur. C’est ce qui apporte ma touche personnelle. Lorsque l’on travaille avec passion et qu’on y met du cœur, le résultat est visible. C’est pour cela que j’ai appelé mon entité Signature.Braidstyle. Pour chaque coiffure, je vais apporter une signature personnelle, une touche unique sur chaque cliente et qui vient du cœur.

Le Congo, mon pays de cœur, que j’aime énormément... Il y a tant à faire ! L’Afrique est le centre de fabrication de la tresse. On en voit partout. Quand je me balade dans les rues, j’observe et c’est parfois amusant de voir 4/5 personnes en train de tresser sur la même tête. Je pense qu’il faut le développer de manière à ce que ce soit représentatif de notre grandeur. À termes, pourquoi pas descendre à Kinshasa et y ouvrir mon propre salon. Le talent est en Afrique, il faut former ces jeunes femmes qui ont de l’or entre les mains et permettre, à mon humble niveau, de créer de l’emploi en local.

Parmi toutes celles que tu as pu coiffer, y a-t-il eu un tournant particulier ? Signature.Braidstyle est née en 2020, pendant la période covid. C’était difficile, nous étions tous confinés et c’est ainsi que mes proches m’ont conseillée de reprendre la coiffure pour faire

Si je te dis « Roots », cela t’évoque quoi ? L’authenticité.


Beauté

COIFFURES PROTECTRICES POUR L’HIVER

Pourquoi adopter une coiffure protectrice ? En hiver, avec le froid, vos cheveux sont plus rêches avec une casse plus importante. Avec ce type de coiffures, on réduit la casse et protège les pointes abîmées du fait de moins manipuler son cheveu. Elle permet également de continuer l’hydratation de votre cuir chevelu et de vos cheveux tout au long. Quelques conseils avant de réaliser votre coiffure : - Faites un soin profond hydratant ainsi qu’un soin détox pour purifier votre cuir chevelu et activer l’oxygénation de ce dernier. - N’exercez pas de traction trop forte du cuir chevelu. Si vous utilisez des mèches, évitez que ce soit trop lourd. - Hydratez votre cheveu avec un spray hydratant ou un leaving sans rinçage, plusieurs fois par semaine. - Utilisez un sérum pour votre cuir chevelu. - Hydratez vos cheveux et cuir chevelu.

Fulani braids Une coiffure protectrice et pratique pour l’hiver. Vos cheveux sont reposés et protégés du froid et du vent. Souvent ornementé de perles, cauri, bijoux dorés, vous ne vous tromperez jamais avec ce modèle intemporel. Longues, courtes, avec ou sans ornement, vous serez toujours in ! [ à la page]

Sérum de croissance Les Secrets de Loly (26,90 €) Huile capillaire Rosemary mint Mielle (14,90 €) Hco leave in conditioner Design Essential (14,90 €) Leave in conditioner Keracare (11 €)

Cornrows Cette coiffure simple et efficace qui dégage votre visage est un véritable passe-partout. Jouez avec les baby hair et vos tresses en créant des épaisseurs différentes pour sophistiquer votre coiffure. Vous voilà tranquille pour 1 semaine à 10 jours. Pour vos sorties, ajoutez quelques bijoux à vos cheveux.

Twist ou mini twist L’avantage de cette coiffure est qu’elle vous apporte une possibilité infinie de styles : Pompons, Bantu knots, chignons, etc. De plus, vous pouvez les garder 3 à 5 semaines, tout en continuant de faire votre routine lavage et soins aisément.

Les Bantu knots Comme nos mamas africaines ou encore Rihanna et Rita Ora, optez pour cette coiffure qui protègera vos cheveux. L’avantage avec cette coiffure est que, quelques jours après, vous pouvez défaire vos Bantu pour laisser place à des jolies boucles pour votre couronne.

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Par Anjali Hair Studio



Cocktail

DÎNER GALA LES SECRETS DE LOLY

Retour en images sur le gala exceptionnel organisé par la marque Les Secrets de Loly. Dans le prestigieux Pavillon Cambon, un dîner d’une centaine de couverts réunissant le cercle proche de la fondatrice et quelques personnalités, suivi d’une soirée dansante où se sont mêlées les plus belles têtes bouclées de la capitale. 12/05/2022

Photos : Didier Teurquetil IG : @rootsmagazine



Beauté

ASTRID KAMDEM

FONDATRICE DE ASFRIK.COM LA MARKETPLACE AFRIPOLITAINE Asfrik, c’est quoi ? Décrivez-nous l’offre existante et à quels besoins elle répond ? Asfrik.com est une plateforme qui connecte des vendeurs à des clients qui recherchent des produits authentiques qui leur ressemblent. Elle répond au besoin de trouver sur une seule plateforme un ensemble de produits et services originaux. Allant de la mode à la culture, en passant par la beauté et le bien-être.

Quels sont vos produits phares ou marques coup de cœur et pourquoi ? Nous avons un coup de cœur pour les produits et accessoires cosmétiques adaptés aux cheveux texturés, pour les livres d’enfants aux personnages diversifiés, mais également pour les vêtements aux imprimés qui rappellent l’Afrique et ses valeurs.

Quelles sont vos perspectives de développement à moyens termes ? À moyens termes, nous projetons de répondre aux demandes dans plusieurs pays d’Europe.

Si vous aviez un message direct à adresser à nos lecteurs ? Soyez authentique, assumez votre différence. Osez être vous !

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Astrid Kamdem, 27 ans, originaire du Cameroun. Co-Fondatrice et promotrice de la plateforme Asfrik.com

Revenons brièvement sur votre parcours jusqu’à la création d’Asfrik ? Titulaire d’un Master en Logistique et Transport obtenu en France, je débute ma carrière dans le secteur du transport routier. Je m’associe, dans la foulée, à mes partenaires actuels pour créer la plateforme Asfrik.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il pour vous ? Le Cameroun représente une source d’inspiration. J’ai eu la chance d’avoir reçu un bagage culturel assez solide qui me permet d’apprécier la beauté de l’authenticité et de la créativité.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? N’oublie pas d’où tu viens. Ou encore : Ta différence est une richesse.

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Ibrahim Abou

“Nous avons grandi à Aubervilliers [...] On a trouvé cet endroit, on l’a refait à neuf et, aujourd’hui, on est fier de pouvoir accueillir les habitants de chez nous.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

D’où est venue cette envie de créer un barber ?

Je m’appelle Niakate Ibrahim, j’ai 35 ans. Je suis d’origine malienne et j’habite Aubervilliers. Je suis gérant du 49 Street Barber à Aubervilliers, un salon que nous avons ouvert entre frères. Nous sommes également sur le développement de notre marque de textile qui va s’appeler LA BASE et que l’on compte lancer d’ici peu.

C’est tout récent puisque le salon a moins d’un an d’existence. L’idée du projet est arrivée entre frères. On discutait et on s’est dit pourquoi pas ouvrir un barber, c’est peut-être le moment de se lancer dans un projet. Moi, j’étais dans le secteur du nettoyage et, à ce moment précis, j’étais sans activité. Mon frère avait un contact qui était gérant dans un salon de coiffure que nous avons visité. Et on a eu un coup de cœur. En fait, chaque frère est une pièce du salon. Ma sœur aussi d’ailleurs.

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49 STREET BARBER

Beauté

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

“ À partir du moment où tu montes un projet avec les tiens, vous savez dans quel sens vous allez. ”

Chacun a une place dans le business. Le but est d’emmener l’activité à se développer, que 49 street barber grandisse comme franchise et, en même temps, que l’on puisse proposer de nouveaux services tels que les soins, la manucure et autres. On va essayer de bien diversifier l’entreprise et, d’ici la fin de l’année, aménager un coin spécial pour la beauté des femmes.

C’était important de débuter à Aubervilliers, votre ville ? C’est la base. Nous avons grandi à Aubervilliers, les gens nous connaissent déjà dans la ville, alors autant commencer chez nous. Puis, on a trouvé cet endroit, on l’a refait à neuf et, aujourd’hui, on est fier de pouvoir accueillir les habitants de chez nous.

Les habitants ont d’ailleurs dû être agréablement surpris car vous avez totalement transformé l’endroit... Effectivement. Quand on a repris le lieu, il y avait des murs pourris. On a récupéré les clés début en février et on a mis plus de 3 mois de travaux avant de pouvoir ouvrir, le 1er mai, le 49 street barber. La seule petite frustration est de ne pas avoir ouvert en proposant à la fois de l’homme et de la femme. Mais, comme je le disais plus haut, ce n’est qu’une question de temps, deux mois maximum. Et, bientôt, il y aura la possibilité de prendre les rendez-vous sur Instagram, Facebook et Google E-business. Les jours de rendez-vous seront uniquement en semaine : mardi, mercredi et jeudi. On est en train de mettre tout cela en place pour ne négliger aucun détail dans le service apporté à nos clients.

Ce n’est pas si commun de voir des frères faire du business en famille. C’est une fierté ? Il n’y a pas meilleur que la famille. Depuis que tu es tout petit, ils sont autour de toi, personne ne te connaît mieux que tes frères et vice versa. À partir du moment où tu montes un projet avec les tiens, vous savez dans quel sens vous allez. On a lancé ce projet pour aller de l’avant.

Parce qu’il y a plein de monde derrière nous, des neveux, des nièces, des cousins, etc. On a un peu galéré dans nos vies, on a tous un parcours plus ou moins difficile mais, aujourd’hui, on avance avec cette force pour faire en sorte que ceux qui arrivent derrière nous puissent avoir de quoi s’appuyer pour aller de l’avant. Nous, on n’a pas eu la chance d’avoir des exemples pour nous guider. Nous, on a 1 an, 2 ans, 3 ans d’écart, on est des frères, on est des potes. On a fait des erreurs pour être aujourd’hui où on est. C’est une fierté de l’avoir fait avec mes frères, j’avance sereinement dans ma tête. Chaque jour, je me lève et je ne me pose pas de questions car je sais que je suis entouré de mes frères. C’est mon sang. On sait d’où on part et où on veut aller.

Vous êtes originaire du Mali, que cela représente-t-il ? Nos parents sont venus en France. Et pour nous, Inch Allah, le but est de faire le sens inverse. Ils n’ont pas pu apprendre comme nous on a appris, comprendre les choses comme nous on les comprend. Aujourd’hui, on a cette chance là, de pouvoir avoir tout cela en nous. On a compris comment nos parents sont venus ici et dans quel but. Au bled, il y a du monde qui compte sur nous. C’est quand tu arrives là-bas que tu comprends pourquoi ta mère s’est sacrifiée pour aider les siens. Ce sont des familles entières qui dépendent parfois de nous. C’est ce qui donne la force de se battre tous les jours. On sait qu’ici c’est un tremplin. Et on va se servir de ce tremplin pour que derrière ce soit meilleur. Pour que nos proches qui sont au Mali puissent en profiter.

Si je vous dis “Roots”, cela vous évoque quoi ? Le business et le leadership dans la diaspora.

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6 conseils

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POUR UNE BARBE REMPLIE & SAINE Soyez patient avec votre barbe Si vous partez de zéro, préparez-vous à consacrer au moins 6 semaines à votre parcours de barbe. Le taux de croissance moyen de la barbe est de ½ pouce chaque mois. Les follicules pileux doivent être stimulés et votre modèle de croissance doit prendre forme, et cela prend du temps. Dans les premiers stades, vous pouvez remarquer des zones particulières de votre barbe qui semblent irrégulières, ou des endroits qui poussent de façon plus épaisse que d’autres. Vous pouvez même éprouver des démangeaisons de barbe, c’est parfaitement normal. Une barbe épaisse et luxueuse ne se fera pas du jour au lendemain. C’est un processus... vous devez le comprendre et lui faire confiance. Pendant les 6 premières semaines, suivez les conseils ci-dessous.

Lavez-vous la barbe Votre barbe doit être soigneusement lavée au moins une fois par semaine. Selon votre style de vie, vous devrez peut-être laver votre barbe aussi souvent que tous les 2 ou 3 jours. De la nourriture que vous mangez à la pollution de l’air, les poils sur votre visage pousse mieux lorsque les follicules pileux et les environs sont propres. RÈGLE #1- Ne jamais utiliser un shampooing ou un lavage corporel régulier pour votre barbe, car ces produits peuvent dépouiller votre barbe de toutes ses huiles essentielles naturelles. Utilisez un lavage de barbe qui est spécifiquement conçu pour nettoyer et conditionner votre barbe en même temps. Le principal objectif est de nettoyer en profondeur afin de s’assurer que vous êtes sur la voie d’une croissance saine de votre barbe.

Gardez votre barbe hydratée Prendre soin de la texture spécifique d’un homme noir nécessite un peu plus d’effort. Vos poils ont naturellement besoin de plus d’huile, et les glandes naturelles de votre visage ne généreront pas assez d’humidité pour votre peau et votre barbe. La barbe des hommes noirs se nourrit d’humidité, et une huile ou un baume à barbe garderont votre barbe hydratée et douce toute la journée.

Changez votre alimentation pour une meilleure barbe Selon Jim White, diététicien agréé de l’American Dietetic Association, l’état de vos poils faciaux est directement lié à la santé de votre corps. Les acides gras oméga 3 (noix, saumon, huile de lin) vont certainement stimuler la croissance des cheveux. Les protéines (poulet, poisson, œufs) sont également essentielles pour une croissance saine des cheveux. Les aliments riches en vitamine A (épinards, courges et patates douces) amélioreront la peau sous votre barbe. Les vitamines C et E hydrateront votre peau et vos cheveux (ex. brocoli, fruits et beurre d’arachide). En changeant votre alimentation avec des aliments qui soutiennent la croissance, vous devriez voir des résultats en un rien de temps.

Buvez beaucoup d’eau pour aider votre barbe à pousser Il existe une forte corrélation directe entre la consommation d’eau et la croissance de la barbe. Rester hydraté entraîne une augmentation de la circulation sanguine. Une bonne circulation sanguine garantit que votre peau reçoit les nutriments importants dont elle a besoin. Une peau saine est obligatoire pour une barbe pleine et saine.

Hit The Gym !

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Nous connaissons tous les avantages de s’entraîner et de mener une vie active. Mais saviez-vous que l’exercice peut aussi favoriser la croissance de la barbe ? Faire du sport augmente la testostérone, le métabolisme et la récupération du corps, qui déclenchent tous la croissance de la barbe.


COIFFEUR & BARBIER

Ouvert du mardi au dimanche 49 RUE HEURTAULT, AUBERVILLIERS 49streetbarber

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Racines

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“The woman from Ethiopia” par Grazyna Federico


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ROOTS Photograph : Soniyah LAWSON Artistic Director : Amany GOGO Make up : Sabrina TEBSY Model : Binta GAKOU

Chemiser et pantalon : TAMBERE Moccassins : CYRILLUS

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ÉTHIOPIE

BERCEAU DES

SPIRITUALITÉS

L’Éthiopie, connue pour être l’une des mères de l’humanité, a su abriter et conserver son histoire. Entre les multiples découvertes, comme le premier Australopithèque du nom de Lucy dans la région de Hadar, le règne de l’empereur Hailé Sélassié ou encore sa forte résistance face à la colonisation, elle est considérée par beaucoup comme une terre sainte. Propulsée mondialement par son élan rastafari depuis la nomination de l’empereur Hailé Sélassié, « l’élu de Dieu », la popularité de l’Éthiopie s’est longtemps basée autour de ce courant de pensée. Initié dans un premier temps par le dirigeant lui-même, puis ayant rejoint les cotes jamaïcaines en créant une empreinte dans le monde entier, le rastafarisme n’était toutefois pas la seule religion dominant le territoire éthiopien. Représentant environ 60 % de la population éthiopienne, le christianisme est majoritaire sur le territoire, composé cependant de différents courants comme le catholicisme, l’orthodoxie ou encore l’évangélisme. La diversité du christianisme a su s’étendre sur toute l’Éthiopie. Pionnière de la religion chrétienne, les églises gravées dans la roche de la ville de Lalibela restent des éléments iconiques de la culture éthiopienne, créées afin de reconstituer le Jérusalem des chrétiens. Construite sous l’ordre du roi Gebre Mesqel LALIBELA au début du treizième siècle, cette cité se nomme également la Jerusalem Ethiopienne.

Lalibela, la Jérusalem Éthiopienne

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Racines Dès leur arrivée, déjà stigmatisés, ils sont mis à l’écart par les Israéliens. La culture n’est pas la même et reste difficile à imposer, puisque les Falashas suivent les rites éthiopiens. La manière de prier, de se marier ou encore d’étudier restant difficiles à partager avec les autres membres de la population israélienne. Ils subissent énormément de racisme au sein de la communauté et on arrive à dénombrer un taux de suicide élevé chez les beta israéliens.

La tension est à son comble, les deux religions prônant deux idéologies différentes. Les échanges entre les deux camps sont parfois compliqués, l’un ne prenant pas en compte les différences de l’autre. On peut également évoquer le courant évangélique qui, quant à lui, est apparu lors de la fondation de l’Éthiopian Kale Heywet Church, en 1927, par l’organisation chrétienne SIM. Au fur et à mesure, plusieurs autres églises évangéliques voient le jour. Dans un second temps, l’islam représenterait environ 33 % des Éthiopiens. Elle apparaît au septième siècle. Mahomet, le fondateur de l’islam, aurait trouvé refuge dans les régions du nord de l’Éthiopie dans la ville d’Aksum. Il y jouera un rôle majeur aux côtés du roi Nagashi et priera même pour lui à sa mort. Toutefois, le pays reste chrétien, ce qui crée des affrontements entre chaque religion. et des conflits éclatent entre les différents royaumes. L’islam a toujours combattu afin d’avoir les mêmes droits que les chrétiens dans le pays, mais cette requête n’aboutira jamais. C’est lors de l’avènement de la république que le pays devient laïc et que l’état met sur le même pied d’égalité les différentes religions. Mais comment évoquer l’histoire de l’Éthiopie sans parler des Falashas, ces Juifs d’origines éthiopienne, les premiers Juifs noirs à avoir émigré vers l’israël ? Ils vivaient en grand nombre dans les régions au nord du pays, le Tigré et le Wollo et leur but était d’atteindre la terre promise, la terre d’Israël. C’est en 1965 que le premier Falasha est arrivé en Israël et c’est ainsi qu’au fur et à mesure, une bonne partie de la communauté s’y est installée.

À l’heure actuelle, chacune de ces religions tente de vivre en harmonie avec son voisin, même si les juifs ont dû se résoudre à fuir les conflits du Tigré, après avoir dû résister tant bien que mal à des campagnes de conversion forcée au christianisme. Ces légères discordes restent malheureusement encrées au sein de la population et font partie intégrante de la vie quotidienne. Aujourd’hui, de multiples combats sont menés par des dirigeants afin de ne prôner que la paix dans les communautés. On peut citer Abiy Ahmed le Premier ministre éthiopien qui en a fait son cheval de bataille. Parmi les Falashas ayant pu bénéficier d’un rayonnement médiatique mondial, on pense notamment à Pnina Tamano-Shata, ministre israélienne d’origine éthiopienne qui se bat pour les droits de Éthiopiens en Israël. Ou encore Yityish Titi Aynaw, première miss Israel d’origine éthiopienne et qui avait susciter un vent d’espoir, en 2013, lors de son sacre. À l’époque, Barack Obama, alors en visite au Proche Orient, avait insisté pour rencontrer et chaleureusement féliciter celle qui représentait tant d’espoir pour des populations mises en marge de la société israélienne.


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Un Jour, Une Femme

Pnina Tamano-Shata Son combat pour l’intégration des juifs d’Éthiopie

« Mon programme sur les cinq prochaines années prend en compte tout ce qui concerne la vie des nouveaux immigrants. » Dès le début, Pnina Tamano-Shata, née à Wuzaba en Éthiopie, a à cœur d’aider les siens. Arrivée en Israël à l’âge de 3 ans, elle grandit au sein la communauté des Falashas (juifs éthiopiens). Portée par son militantisme, elle vice-préside, pendant ses études supérieures de droit, l’association nationale des étudiants éthiopiens et, en parallèle, est journaliste pour Channel 1. En conciliant ces deux occupations, elle accroît son sens des responsabilités et participe à la vie politique de son pays. En 2013, lors d’une campagne de sensibilisation aux dons du sang, elle se rendra sur place afin de participer au mouvement, mais l’équipe du Magen David Adom refusera son sang et celui de tous les Falashas. Une énorme polémique découlera de ces refus. Marquant ainsi le statut inégal des Éthiopiens au sein de la communauté nationale israëlienne. Lors des élections législatives de la même année, son parti politique remportera dix-neuf sièges à l’assemblée.

Positionnée à la quatorzième place, elle devient la première femme noire, d’origine éthiopienne, à siéger au parlement israélien. Après quelques défaites en politique, elle sera réélue députée, six ans plus tard, le 17 septembre 2019 et le 2 mars 2020. Le premier mai de la même année (2020), elle est nommée ministre de l’Immigration et de l’intégration. Là encore, c’est une première ! Son but, avant tout, est de dénoncer le racisme et de mettre toutes les origines sur un même pied d’égalité, sur une terre qui se veut pourtant sainte. Dans une de ses interviews, elle évoque que sa priorité est de faire avancer les choses et de mettre en place une politique d’intégration des Éthiopiens sur le territoire. Aussi, elle va farouchement batailler pour que les Juifs d’Ethiopie aient le droit au retour en Israël, comme tout juif membre des diasporas étrangères. Meurtris par une guerre qui fait rage dans le Tigré (nord de l’Ethiopie où sont présents de nombreux Falashas), Pnina Tamano-Shata va s’employer à faire valider par le gouvernement un regroupement familial permettant à ceux possédant de la famille en Israël de pouvoir fuire le conflit et rejoindre les leurs, de Tel Aviv à Natania. Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine, elle dénonce un traitement de faveur de la part du gouvernement israélien envers les réfugiés ukrainiens ainsi que l’hypocrisie de la part de ses collègues blancs. Aujourd’hui mère de famille, sa priorité reste de transmettre ses valeurs à ses enfants : « Je veux promouvoir l’égalité des chances dans la société israélienne. » Une femme de courage et de poigne, au destin d’exception !

Luann Pinceau


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JUIFS DU CAP-VERT

DES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE

Première chose à savoir avant de parler des Juifs, c’est que le Cap-Vert est un archipel qui a été découvert par le navigateur portugais Diego Alfonso en 1460. L’État insulaire, composé de dix îles, va être peuplé par les Juifs espagnols et portugais quelques décennies plus tard. Cela à cause de l’Inquisition instaurée par le Pape IV et les rois catholiques, en 1478, visant à combattre toute forme d’hérésie. En 1492, un ultimatum est imposé par le décret de l’Alhambra. Soit la population juive se convertie, soit elle s’exile. Une partie, appelée les marranos (signifiant « porc » en espagnol est « un terme de mépris qui assimile les convertis à des porcs dès lors qu’ils sont soupçonnés de rester fidèles au judaïsme »), reste donc en terres espagnoles et continue de pratiquer le judaïsme en secret. Les autres partent en direction du Portugal où ils retrouvent d’autres Juifs. Au royaume du roi Manuel Ier, les Juifs locaux et exilés ne restent pas longtemps. En effet, ces derniers sont expulsés en 1496. De même que certains Juifs espagnols s’étant premièrement convertis, puis dirigés vers le Portugal par la suite.

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Nicky Kabeya

Par conséquent, ils partent vers la France, l’Europe de l’Ouest, l’Empire Ottoman et l’Afrique du Nord. Mais aussi vers Sao Tomé-et-Principe et le Cap-Vert, des îles que les rois portugais veulent peupler. Leur but étant de bâtir un empire. Pour ce faire, le roi Manuel 1er oblige les Juifs à payer des impôts pour financer son expansion coloniale. Ceux qui n’y parviennent pas se voient être séparés de leurs enfants. Près de 2000 enfants âgés de huit ans et moins sont déportés sur les îles de São Tomé. Certains d’entre eux ne survivent pas à cause du trajet, de la faim et des maladies. Pour les autres, ils sont forcés au baptême pour devenir catholiques. Après cela, une autre vague de la communauté juive arrive sur les îles du Cap-Vert pour fuir les persécutions. Sur place, ils commencent à faire du commerce. On les appelle même los lançados, en portugais, signifiant « ceux qui se lancent à l’aventure ». A cause de leur statut et de l’Inquisition, les marchands juifs s’établissent au XVIe siècle en Guinée et au Sénégal où ils installent des comptoirs pour le commerce d’ivoire, d’or, de peaux et d’esclaves. 300 ans plus tard, ils sont rejoints par les Juifs du Maroc et partent s’installer sur l’île de Santo Antão dans le village de Sinagoga. Il est dit que les Juifs s’y réunissaient pour prier. Des traces de leur présence ne se trouvent pas uniquement sur cette île, mais aussi à São Vicente, à Boa Vista et à Praia, la capitale du Cap-Vert. Aujourd’hui, il reste des cimetières juifs restaurés par les descendants de ces Capverdiens avec l’aide financière du roi du Maroc. En 2017, ces lieux ont été classés au patrimoine historique nationale de l’Etat insulaire.


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HÉROÏNE BIBLIQUE, LA REINE DE SABA ALIMENTE ENCORE LES FANTASMES DES ARCHÉOLOGUES. ENQUÊTE DU YÉMEN À L’ETHIOPIE, SUR LES TRACES D’UN ROYAUME PERDU.

A quoi ressemblait la reine de Saba? Fut-elle vraiment la muse et la maîtresse de Salomon? A-t’elle même existé ? Rien ne le prouve, si ce n’est sa légende, qui court depuis des millénaires à travers les traditions biblique, musulmane, juive et éthiopienne. Depuis cent-cinquante ans en revanche, son fastueux royaume ne cesse de resurgir dans les rapports archéologiques. Un sujet que connaît bien l’archéologue Jean-François Breton, directeur de recherche au CNRS, qui a mené des fouilles dans le désert du Yémen durant 20 ans. « Que cette reine ait été une réalité ou une fiction, les textes anciens donnent de précieuses indications sur la position géographique de son royaume. La Bible hébraïque, où le terme « Sheba » se rencontre 23 fois, évoque une contrée de marchands caravaniers, qui commerçait l’encens, les pierres précieuses et l’or avec Tyr, port antique de l’actuel Liban. » C’est muni de ce viatique littéraire, d’une fine connaissance des langues sémitiques et d’une solide intuition, que, en 1869, l’orientaliste français Joseph Halévy part au Yémen, mandaté par l’Académie des inscriptions et belles lettres. La contrée est alors rattaché à l’Empire ottoman. Au terme d’un long voyage, il débarque dans l’oasis de Marib. Là, au fond d’un défilé rocheux creusé par une puissante rivière, il découvre une cité antique enfouie dans le sable. Aidé par les Bédouins qui vivent là, il va alors relever des centaines d’inscriptions et parvenir à les déchiffrer : elles sont rédigées en sudarabique, le nom donné aux langues parlées avant l’apparition de l’arabe dans l’Arabie méridionale au Ier millénaire avant JC. Or, comme l’Ancien Testament, nombre de ces inscriptions mentionnent le nom de Saba.

« Systématiquement associé au terme « arroser », Saba ne désigne pas un royaume, mais une collectivité dirigée par un mukarrib, un souverain fédérateur, dont les prières à la divinité Almaqah sont récompensées par des crues », décrit l’archéologue. Un premier site prometteur… Mais d’autres candidats veulent lui voler la vedette. En 1871, quand l’explorateur allemand Karl Mauch découvre les impressionnantes murailles du site de Grand Zimbabwe, entre les fleuves Limpopo et Zambèze, il croit à son tour avoir trouvé la capitale de Saba. Même si rapidement, les recherches scientifiques prouvent que ces ruines sont en fait d’époque médiévale et appartiennent à la civilisation bantoue des Shonas, l’ethnie majoritaire au Zimbabwe… En 1896, c’est le négus d’Ethiopie, tout juste victorieux des Italiens à la bataille d’Adoua, qui assure, sur la foi d’une légende médiévale, descendre en droite ligne de l’union de Salomon et de la reine de Saba. Pour proclamer au monde l’indépendance de son pays, il revendique même le titre de « Lion de Juda », la tribu mythique des rois d’Israël. Joseph Halévy s’agace de « ce chef d’œuvre de la spéculation exégétique » et n’en démord pas : pour lui, l’oasis de Marib reste la capitale du royaume antique de Saba. Mais au Yémen, les recherches sont au point mort. Les affrontements entre Ottomans et Britanniques, qui tiennent alors le protectorat d’Aden, empêchent toute prospection. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, en 1951, qu’une équipe américaine arrive à son tour à Marib et découvre le grand temple d’Awwam et son enceinte ovale, à 3 kilomètres de la cité. Las, les archéologues doivent à nouveau plier bagages, chassés par les Bédouins jaloux de leur trésor. Passée la guerre civile au Yémen du Nord et la guerre d’indépendance au Sud, une équipe de l’Institut archéologique allemand reprend le flambeau.


LA REINE DE SABA

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UN POLAR ARCHÉOLOGIQUE

Durant près de vingt ans, de 1985 à 2004, ces spécialistes poursuivent les fouilles du grand temple d’Awwam et étudient la nécropole voisine, découvrent le second temple de Baran, explorent la digue antique et les ingénieux réseaux d’irrigation associés, avant de tenter une chronologie du site. D’autres fouilles, comme celles de l’équipe française de Jean-François Breton, dans le désert de l’Hadramaout, permettent en parallèle d’éclairer la civilisation antique de l’Arabie du Sud. Des traits identitaires se dessinent : même architecture, mêmes divinités, mêmes techniques d’irrigation, même agriculture centrée sur la récolte de l’encens. «Comme en témoignent les vestiges archéologiques, les paysans de la région ont su dés le IIIe millénaire av. JC utiliser les crues qui dévalaient des montagnes après les pluies de mousson pour répartir l’eau et le limon vers les champs» explique l’archéologue. Les choses se précisent à partir du VIIIe siècle av. JC, époque des plus anciennes inscriptions retrouvées à Marib. Différents Etats se côtoient alors dans les vallées-oasis de l’actuel désert du Yémen: l’Hadramawt, Awsân, Qataban et surtout Saba. Marib, sa capitale potentielle, s’affirme de fait comme la plus grande cité de la région et un centre de pèlerinage important.» Le mystère de la mythique capitale de la reine de Saba serait-il enfin résolu ? Pas tout à fait, car le feuilleton rebondit de l’autre côté de la mer Rouge, dans la région du Tigré, au nord de l’Ethiopie. Depuis 1998, des archéologues français puis allemands s’intéressent en effet aux ruines d’un palais en briques et en bois, découvert à Yeha, à l’ouest d’Aksoum. Leurs travaux ont révélé un site aux fondateurs inconnus mais de style typiquement sudarabique, dédié au dieu sabéen Almaqah et remontant au IXe ou VIIIe siècle av. JC. Intrigant.

Mais la suite est nettement plus fantaisiste. En 2008, une équipe de l’université de Hambourg affirme, sans preuves, avoir identifié le palais de la reine de Saba à Aksoum. Dénoncé par la communauté scientifique, le professeur Helmut Zieger, qui dirigeait l’équipe, a depuis été remercié. En 2012, l’archéologue britannique Louise Schofield croit, elle, reconnaître des puits d’extraction de mines d’or de Salomon dans des ruines de tombes anciennes situées sur le plateau de Gheralta. Mais les prétendues inscriptions en sabéen retrouvées se sont avérées dater du IIIe siècle et être en guèze, la langue liturgique de l’Eglise d’Ethiopie. Pas de quoi remettre en question l’antériorité de Marib et son statut de capitale de l’antique Saba. « Selon un scénario probable, des Sabéens ont cependant pu très tôt quitter leur Arabie d’origine, traverser la mer Rouge, large de 300 km entre le Yemen et l’Erythrée et coloniser le nord de l’Ethiopie, juste en face. Ils y auraient perpétué leurs dieux, leur langue et leur savoirfaire en matière de construction. ». Depuis 2014, une guerre civile meurtrière a de nouveau interrompu les fouilles au Yémen. Nombre d’archéologues soupçonnent la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, qui soutient le gouvernement contre les rebelles, d’instrumentaliser le conflit pour s’en prendre au patrimoine pré-islamique. « Parmi la liste des cent sites archéologiques touchés par les pillages, les destructions ou les frappes aériennes, figure le barrage antique de Marib », confirme Jean-François Breton. Une situation désespérante, au regard des promesses archéologiques du lieu ». Un appel mondial a depuis été lancé aux dirigeants français, américains et britanniques pour œuvrer en faveur d’un apaisement. Mythe ou réalité, la reine de Saba n’a pas fini de se retourner dans sa tombe…

Le temple d’Awwam, enfoui dans les sables de l’oasis de Marib, au Yémen, serait un vestige de l’ancienne capitale de la reine de Saba.

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Par Pascale Desclos (Une Limonade a Tombouctou)


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La Reine Elizabeth II et le Prince Philip se protesternant devant l’Empereur Hailey Selassie

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HAILEY SELASSIE “KING OF KINGS”

Souvent surnommé « Lion conquérant du royaume de Judas » ou encore la « Lumière du monde », de par les multiples légendes le reliant à la reine de Saba et au roi Salomon; il est selon la communauté rastafari le dirigeant légal de la Terre car il a été envoyé par Dieu. Il serait son élu. Une vie, pour les autres ?

Un dirigeant, mais pas que !

Dès son entrée au pouvoir, en Novembre 1930, il met en place une politique de modernisation progressive afin que l’Éthiopie puisse intégrer l’organisation des Nations Unies. Il créera également la première université éthiopienne à Addis Abeba, dans la capitale. Amoureux de son pays et, surtout, fervent croyant de la théorie qu’il est Dieu sur terre, Hailée Sélassié met en place de nombreux programmes afin de mettre la nation sur un piédestal. Toutefois, l’Éthiopie qui n’avait jamais été colonisée par un pays d’Europe se retrouve en 1935 dans la ligne de mire des Italiens L’empereur quant à lui quitte le territoire et s’exile en Angleterre afin de trouver un moyen de contre-attaquer sans déclarer la guerre. Et alors qu’aucunes des puissances européennes ne souhaitent le soutenir, durant l’occupation militaire de l’Italie, Haïlée Sélassié menace toute l’Europe qui convoite tant cette terre, si jamais l’Éthiopie devient le centre d’un conflit. La seconde guerre mondiale éclate, les forces armées françaises et celles du Congo belge chassent les Italiens de l’Éthiopie en envahissant le nord et le sud du pays. Entre 1958 et 1973, l’Éthiopie va connaitre trois grandes périodes de famine intense, à tel point que dans certaines régions comme le tigré, des fosses communes seront creusées afin que les cadavres soient débarrassés. Les civils affirment que l’empereur ne s’en préoccupait pas et qu’il étouffait l’affaire au maximum. Des locaux ont même soutenu qu’à cette période, son anniversaire lui avait couté une somme exorbitante, et que ses animaux mangeaient dans des écuelles en or. De multiples rébellions avaient déjà eu lieu pour les mêmes raisons, mais c’est en février 1974 que des violentes manifestations, notamment d’étudiants, vont éclater et entrainer une grève dans toute la capitale. Un an plus tard, une délégation militaire va réclamer à l’empereur l’état d’urgence et s’emparer du pouvoir par la même occasion. Une succession d’actes incompris et non-acceptés par la population, il est passé du sauveur, celui qui était l’envoyé de Dieu à celui qui lors de son assassinat en 1975 était le plus haï de par ses semblables.

Eponyme d’un mouvement né en Jamaïque se basant sur la religion chrétienne et notamment sur l’ancien testament dans le livre d’exode. Rastafari - « ras » qui signifie tête et « tafari » qui signifie « qui est craint » - est le nom littéral d’Hailé Sélassié. Lors de son premier déplacement en Jamaïque, au cours de l’année 1966, il est adulé de tous, certains le considèrent réellement comme Dieu, à tel point que Rita Marley, la femme de Bob Marley reconnait les stigmates du Christ sur ses mains et c’est d’ailleurs cette année-là que son mari va se convertir au mouvement rastafari. Tout ce que les Africains du monde entier vivent, ce serait la Babylone moderne, Dieu les mettrait à l’épreuve en leur faisant subir les fléaux de ce monde. L’objectif final : l’Éthiopie, terre non colonisée par les Européens, le dernier foyer de tous les Africains et le lieu ou règnerait Jah (Dieu). Hailée Sélassié serait donc le messie descendu sur terre, une autre incarnation de Dieu. Après de multiples rencontres avec les Africains de la Jamaïque, Hailé Sélassié installe une Église Orthodoxe Éthiopienne sur le territoire. D’autre part, il offre à la communauté rastafari de la Jamaïque, des terres en Ethiopie dont ils pourront jouir. Il inspire également de grands artistes comme Bob Marley, puisque ce dernier reprend des fragments de son discours devant l’assemblée générale des Nations-Unies pour son morceau War, dans son album Rastaman Vibration. Celui dont le nom résonne aux quatre coins de l’Afrique, voire du globe, comme ayant été l’un des leaders majeurs du vingtième siècle aura donc su créer une mythologie autour de son personnage, rarement égalée dans l’histoire de l’Humanité. À tel point point qu’à l’heure actuelle, beaucoup de membres de la communauté Rasta pensent que l’empereur n’est pas décédé et qu’il s’agit d’un coup monté afin de discréditer leur courant de pensée.

Luann Pinceau

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Hailey Sélassié, la construction d’un messie


Léonora Miano - Photo Jean-François Paga/Grasset

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Léonora Miano

ROUGE IMPÉRATRICE Odysée dans l’Afrique du XXIIe siècle

Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr vient de décrocher le prestigieux Prix Goncourt. C’est un jeune et brillant auteur africain que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire, tout comme, jusqu’à récemment, je n’avais jamais lu Léonora Miano. Ce manque a été corrigé avec la lecture de « Rouge Impératrice », fantastique roman que la suite de l’article vous présentera, parce qu’il vaut le détour…

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Quand j’ai commencé ce livre, ma première impression a été qu’il s’agissait d’une histoire d’amour dont le cadre était une fresque politique peignant une Afrique unifiée. Histoire d’amour entre Boya, universitaire maitresse femme et Ilunga le chef d’Etat du Katiopa (Afrique devenue pays). Ils se rencontrent et savent tout de suite que leurs destins sont liés. Ils ne sont pas pressés et sont préparés à lutter ensemble contre tous les obstacles qui ne manquent pas de se dresser sur leur route : une épouse oubliée (si l’on veut), des gens (puissants) qui ne partagent pas leur philosophie. Leur amour est fait pour triompher. Ce fut ma première impression. Ensuite, j’ai pensé que ce livre parlait plutôt d’une utopie politique agrémentée d’une histoire d’amour. Et même de deux autres. Mais ce qui m’est apparu était que ces histoires n’étaient pas le cœur de l’œuvre. L’utopie politique d’une Afrique unifiée, puissante, rayonnante, fière de ses racines et de son histoire et parlant d’égale à égal avec n’importe lequel de ses partenaires. Une Afrique qui décide de qui sont ses interlocuteurs (en changeant le traditionnel axe Nord / Sud par une vision multilatérale où la Chine et L’inde deviennent les interlocuteurs privilégiés de Katiopa). Une Afrique soucieuse de l’écologie, qui invente et suit sa philosophie propre dans tous les domaines de la vie d’un pays : santé, transports, diplomatie, économie, etc.


Critique littéraire

Doit-on laisser prospérer leur « communauté », au risque que la rancœur et les rêves de suprématie ne les maintiennent hors de la communauté nationale, voire en fasse un danger ? Faut-il les forcer à s’assimiler ? Faut-il les ostraciser ? Faut-il les expulser ? Etonnant renversement, tant l’histoire ne nous a pas habitués à voir traiter d’immigrés les peuples qui ont longtemps considéré les autres de la sorte. Et c’est de cela que parle Rouge Impératrice. Les histoires d’amour, l’utopie de Katiopa sont à mon sens le magnifique décor qui nous permette de réfléchir à la question de la relation aux autres. Doit-on ostraciser un groupe de personnes parce que par le passé des membres dudit groupe ont commis des atrocités au mépris du jugement des actes individuels ? Si on répond oui, peut-on ostraciser un groupe de personnes ? Parce que même s’ils n’ont pas commis de crime dans le passé il est toujours possible de trouver un tort à l’un d’eux, et donc à l’ensemble, avec la logique de la première question. Un peu comme le loup qui voulait manger l’agneau : Si ce n’est toi, c’est l’un des tiens… C’est la question à l’origine de l’affrontement entre Boya et Ilunga d’un côté et Zama et Igazi de l’autre, tous étant pourtant persuadés de bien agir. La même question revient pour d’autres formes d’ostracisme, en rappelant notamment la puissance du féminin. Rappel excellement servi par Boya, l’impératrice rouge. C’est globalement une invitation à réfléchir sur l’inclusion et l’exclusion (malgré les crimes du passé) ce qui nous renvoient aux positions pas toujours partagées par leurs communautés d’un Mandela ou d’un Obama. Et plus globalement invitation à réfléchir à nos rapports avec les minorités où nous nous trouvons (sexisme, tribalisme, racisme, homophobie, etc.). Un grand roman… Leonora Miano a vraiment réussi ce livre, dans toutes ses dimensions : Romantique, politique, éthique. Et historique, en nous semant de-ci de-là des personnages ayant marqué leurs contemporains par leurs actes. Il est vrai qu’elle aime bien l’histoire. Et nous l’aimons bien également après avoir lu ce livre…

Marcel Ebene

175 000

C’est là un objectif me direz-vous. Pourquoi parler d’utopie ? Parce que Leonora Miano conditionne l’avènement de Katiopa à deux principaux éléments qui ne sont, de mon point de vue, ni réalistes, ni souhaitable pour l’un d’entre eux. Quels sont ces éléments ? Le premier de ces éléments est le recours aux voies mystiques. Ilunga, le chef de l’Etat, se téléporte en esprit pour aller évaluer l’Etat du pays, mais aussi pour aller prendre conseil auprès des sages. Ces sages sont les garants de la stabilité de Katiopa, ont des pouvoirs et interviennent même dans le dénouement de l’intrigue. De nombreux romans ont eu recours à des forces supranaturelles, mais ce n’était que des fictions. Ici, ces forces surnaturelles ne sont pas juste un élément fictionnel, elles sont la condition sina que non pour l’avènement de Katiopa. Pour un « rationnel » (d’aucuns diront « matérialiste ») comme moi, il s’agit d’une utopie. Une utopie qui a pour objet de garantir que les dirigeants ont toujours en tête le bien commun. Et c’est là où on en vient au second élément. Certainement dans un souci de se démarquer de l’Occident d’avant la grandeur, Katiopa (surtout ses dirigeants) pense que la « démocratie » n’est pas un objectif. A la place, ils substituent un système où les gouvernants ont pour souci le bien de tous. On l’a vu avec les sages veillant mystiquement. On le voit également avec les ministres et autres dirigeants. Malgré les dissensions, les divergences, tous ne se positionnent que par rapport à ce qu’ils perçoivent des intérêts de Katiopa. Avec de tels dirigeants, point n’est donc besoin d’avoir l’avis des populations. Et celles-ci ne rechignent pas. Presque personne ne bronche. Si tout le monde est satisfait, pourquoi les dirigeants ne seraient pas reélus ? Si tout le monde est satisfait, pourquoi des « opposants » n’auraient ils pas le droit de s’exprimer et de convaincre ? Ils seraient juste inaudibles, vu que tout le monde est satisfait. En quoi la démocratie basée sur ces deux composantes (libertés politiques, élections) serait ou un problème ou liée à l’Occident. C’est cette utopie-là, un régime non démocratique et donc autoritaire qui n’agisse que pour le bien de tous, que pour ma part je trouve non réaliste et non souhaitable car ça ne sera qu’un régime autoritaire de plus. Mais ce n’est qu’une opinion qui n’enlève rien à la puissance du roman. Nous disions que dans le roman, presque personne ne trouvait à redire à la situation politique. Presque personne car demeure le groupe des « Sinistrés ». Il s’agit des Français, organisés autour d’une famille, qui sont restés après l’avènement de Katiopa. Ils ont perdu leurs avantages d’antan. Mais ils n’ont pas voulu rentrer à Fulasi (France en langue Beti). Ils vivent donc là, ne se mélangeant pas aux Katiopiens, suscitant une surveillance attentive, quand ce n’est pas la méfiance, des autorités.

Racines


Racines

Début des tensions A l’époque du règne de Glélé, une querelle de succession au royaume de Porto-Novo oblige le roi Toffa à se réfugier auprès de la cour de Glélé. Ce dernier l’aide militairement pour accéder au trône en 1882. Son objectif réussi, Toffa mène sa diplomatie. Il se rapproche également de l’armée française qui est très puissante sur la côte des esclaves grâce à ses mariniers et ses canonnières. Les Français obtiennent de Glélé la possibilité de s’installer à Cotonou. Le contexte français expliqué, attaquons-nous aux Anglais. Au temps du roi Béhanzin, à l’est de son royaume, les Anglais développent une opulente colonie à Lagos, dans l’actuel Guinée. Ils ont une zone exclusive définie par le traité de Berlin, en 1885. Ensuite, il y a les Allemands qui sont au Ghana et vers le Cameroun. Ils souhaitent étendre leurs colonies au dépend des Français. Pour se faire, ils envoient des gestes et des missions diplomatiques vers le Dahomey pour avoir accès à la zone convoitée. Enfin, les Français se développent à Cotonou. Des commerçants se sont installés dans la ville d’Ouidah et des factories (permettant l’échangent avec les commerces locaux) ont été mis en place. L’armée française n’est plus censée vendre des esclaves alors que les Allemands et le Dahomey continuent ce traffic. Cela provoque des tensions entre la France et le royaume. D’ailleurs, Béhanzin estime que les Français sont allés au-delà des autorisations données par son père sur la ville de Cotonou. Il souhaite donc qu’ils reconnaissent sa souveraineté et qu’ils paient des impôts. Seulement, les Français ne veulent pas se soumettre estimant que le roi en demande trop. Dès lors, ce dernier décide de passer à l’action. Tout commence le 6 janvier 1890. Le prince hériter Kondo, chef de l’ethnie Fons est couronné roi d’Abomey au royaume du Dahomey. Alors âgé de 45 ans, il succède à son père, le roi Da-da Glélé Kini-Kini et change de nom. Désormais, on l’appelle le roi Béhanzin. Ce dernier prend pour symbole le requin, le poisson qui dévore les hommes qui s’avancent trop loin dans la mer. Lorsque Béhanzin accède au trône, le royaume est prospère. En effet, le roi Ghézo, son grand-père, avait réorganisé l’administration de l’empire, constitué une armée puissante et lancé le commerce de l’huile de palme. De plus, le nouveau roi profite du commerce des esclaves. La situation est positive. Sauf que, bientôt, les problèmes surgissent. Pour en comprendre certains, il faut légèrement retourner dans le passé.

Confrontation sanglante Le 24 février 1890, les Européens d’Ouidah sont pris en otage par Béhanzin. Ces derniers remarquent que la force armée du Dahomey est composée de femmes : les Amazones. Le 04 mars 1890, les soldats du royaume convergent vers Cotonou. Ils attaquent à l’aube. Ils parviennent à surpasser les puissances de feu de l’armée française et entrent dans les fortifications. Au corps-à-corps, ils faiblissent à cause de la puissance de tir des armes. Le bilan est le suivant : 29 morts du côté français contre plusieurs milliers du côté du Dahomey. Le 03 octobre de la même année, les otages sont libérés et un règlement est établi pour Cotonou. Cependant, les deux parties ne parviennent pas à un accord satisfaisant. La perspective d’une nouvelle guerre se dessine.

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ROI BEHAZIN

LE DAHOMEY FACE AUX COLONS De son côté, le roi Béhanzin se prépare en se procurant des carabines, des mitrailleuses et des canons Krupp. Seulement, son armée n’est pas assez entrainée pour mener à bien une stratégie de combat à l’européenne. Les Amazones sont beaucoup plus fortes au corps-à-corps et même si les Belges et les Allemands aident au combat, cela n’est pas suffisant. Lorsque la deuxième guerre éclate, les Français ne cessent de gagner bataille après bataille. Celle du Dogba en septembre, celle de Poguesa le 04 octobre et celle d’Adégonle le 06 octobre. Cette dernière se termine par l’extermination du corps des Amazones.

Vers l’exil

En 1892, le roi Béhanzin envoie une lettre à Victor Ballot, le gouverneur français de Porto-Novo pour le prévenir qu’il est prêt à combattre. En France, le parti colonial veut se défaire du roi et de son royaume pour empêcher les Allemands de menacer leurs intérêts commerciaux dans la région. Le président de la République, Sadi Carnot, envoie le colonel Alfred Dodds commandant le 4e régiment d’infanterie de la marine. C’est aussi le petit-fils d’un Sénégalais de Saint-Louis. Il arrive le 28 mai 1892 à Cotonou avec 800 soldats. Le 23 août, deux navires français débarquent avec des milliers d’hommes. De plus, il obtient l’aide du royaume de Porto-Novo. Sa stratégie est de suivre les fleuves à l’aide d’une canonnière, remonter vers l’intérieur, déposer ses soldats et défiler victorieusement à Adomey.

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Nicky Kabeya

Toutefois, Béhanzin ne fléchit pas. Il rassemble les dernières Amazones restantes, chasseuses d’éléphants et libèrent des esclaves en leur promettant la liberté. Mais, ils périssent. La route d’Adomey est donc ouverte pour le colonel Dodds devenu général. Béhanzin veut négocier, mais il est trop tard. Bientôt les troupes françaises atteignent le palais. Le 16 novembre, le roi quitte la ville. Parallèlement, les soldats français arrivent par colonne aux faubourgs de la ville et entrent dans la cour du palais royal le lendemain. Le 18 novembre 1892 Dodds annonce la victoire. L’empereur se cache dans la savane avec quelques-uns de ces fidèles, mais sa situation est intenable. Après un ultime festin avec les principaux de ses chefs et alliés et quelques mots d’adieu, il se dirige vers les Français. Fait prisonnier, un long exil l’attend. En 1894, il est déporté en Martinique et, après des années, il est renvoyé en Afrique. En Algérie. Son désir est de retourner dans son pays, mais on l’en empêche. Le 10 décembre 1906, il décède d’une maladie pulmonaire. Sa bravoure, son courage et sa ténacité sont aujourd’hui salués par les Béninois. De même par le général Dodds, à l’époque.


Racines

OSEI TUTU

SON EMPIRE ASHANTI

Dans la période allant du 18ème au 19ème siècles, l’Empire Ashanti est l’un des États les plus puissants de l’Afrique de l’Ouest. Avant cela, les Ashantis ou Asantes font partie du royaume du peuple Akan. Dans le Ghana central, seul le royaume Denkyira impose sa domination et son autorité sur tous. Cela s’explique par le dynamisme dont il fait preuve dans le commerce côtier avec les Européens. Les dirigeants de ce royaume en profitent donc pour se fournir en armes et autres marchandises. Ils font également peser de lourds tribus aux Etats qui leur sont soumis et condamnent les contestataires. Mécontents face à cette situation, plusieurs chefs de province se réunissent pour tenter de renverser l’hégémonie présente. L’Asanthene (roi des Ashantis) Obiri Yeboa a pour ambition d’unifier les Etats asantes pour former une fédération dominante. En 1670, une révolte éclate. Les insurgés obtiennent plus d’autonomie et les cités peuvent administrer leurs territoires. Seulement, ils ont pour obligation de verser au Denkyira un impôt annuel en guise de preuve de leur vassalité. Après quelques années, s’en est trop pour les états rebelles qui souhaitent entièrement s’émanciper.

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Nicky Kabeya

En 1680, Osei Tutu succède à son oncle, le roi Obiri Yeboa. Il va reprendre les ambitions de son prédécesseur en mettant en place un plan d’unification pour éliminer les Denkyiras. D’après la légende, lors d’une réunion entre les chefs de province, le prêtre Okomfo Anokye « fit apparaître des cieux un tabouret en or [symbole du pouvoir d’un chef ] qui tomba sur les genoux d’Osei Tutu ». Suite à cela, les chefs de province prêtèrent allégeance au roi et au tabouret. Une guerre éclate entre les troupes militaires du Denkyira et les résistants. Ces derniers en sortent vainqueurs lors de la bataille de Feyiase. En 1701, un grand conseil des royaumes devenus indépendants se déroule. Il est décidé de constituer un nouvel État fédéré : l’Empire Ashanti. La capitale est située à Kumasi. L’Asanthene, Osei Tutu, se charge donc de l’unification asante en créant une structure de pouvoir politique, une organisation militaire et une identité spirituelle communautaire. De plus, il fonde le festival culturel Odwira pour célébrer l’union asante, instaure et accroît considérablement l’économie du royaume. En 1717, Osei Tutu meurt au combat contre les Akyems, une population d’un autre État Akan. Son oncle avait un rêve, lui l’a accompli durant son règne.


Un Jour, Une Femme

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DIDO ELIZABETH BELLE Aristocrate, Noire et Britannique ... au temps de l’escalavge

À la mort de son père et de son grand-oncle, elle héritera d’une petite fortune et se mariera à son tour avec le Français John Davinier. Ils auront ensemble trois enfants. Selon sa légende, Dido Elizabeth aurait agi de près - ou de loin - au début de l’abolition de l’esclavage. Si l’on en croit les coulisses de l’affaire Somerset*, sa condition de femme noire dans l’aristocratie blanche a permis que tout esclave fugitif soit libre sur le sol anglais. En effet, qu’une Noire vive aux côtés d’un membre de la cour et se fonde à merveille dans la société anglaise a donné davantage de poids aux argumentations des anti-esclavagistes du milieu du 18ème siècle. Très discrète, mais remarquable, Dido Elizabeth Belle a su s’imposer dans les arcanes de l’aristocratie blanche de l’époque. En mettant en avant ses capacités intellectuelles et sa présence distinguée parmi eux. À n’en pas douter, une figure iconique de son ère !

Éponyme du prénom de sa mère, Dido Elizabeth Belle est née d’une union entre une esclave africaine vivant à Trinidad du nom de Maria Belle et de l’amiral Sir John Lindsay. Aux côtés de son père, elle quitte les Antilles et rejoint l’Angleterre. Elle sera élevée par sa famille paternelle et logera dans leur domaine à Kenwood House. Elle rencontrera et vivra avec sa cousine Lady Elizabeth Murray, du même âge. En grandissant, Dido deviendra la dame de compagnie de sa cousine, puisque dans une position comme la sienne, fille d’une esclave, elle n’est pas considérée comme une femme totalement libre. Elle vit telle une aristocrate mais, paradoxalement, ne participe pas à tous les dîners où se retrouvent des « personnalités » importantes. Une sorte de racisme semble se dissimuler au sein de la société anglaise qui côtoie sa famille. Lors du mariage de sa cousine, Dido Elizabeth prend la responsabilité des chantiers laitiers et avicoles de la maisonneraie de Kenwood. Elle devient même la très proche conseillère et collaboratrice de son oncle Lord Mansfield. Elle est rémunérée à hauteur de 30 livres par an, trois fois plus que d’autres travailleurs, ce qui requalifie son statut. Elle n’est pas une domestique et encore moins une esclave.

*Somerset v Stewart 98 ER 499 est un jugement de la Cour anglaise du Banc du Roi en 1772, relatif au droit d’une personne asservie sur le sol anglais de ne pas être expulsée de force du pays et envoyée en Jamaïque pour être vendue.

179 000

Luann Pinceau

Gugu Mbatha-Raw dans le film Belle (2013)

Dido Elizabeth Belle, vers 1776, et sa cousine Elizabeth. Tableau aujourd’hui attribué à David Martin


TIEBELE UN VILLAGE HORS DU TEMPS Par Luann Pinceau

Mondialement connu pour ses maisons à l’architecture décalée, aux façades traditionnelles et aux motifs ethniques peints sur les briques de boue, Tiébélé est un village situé au Centre-Sud du Burkina-Faso, à proximité de la frontière nord du Ghana. Il a accueilli au 16e siècle le peuple de Kassena ainsi que celui de Gourounsi. Aux cotés d’autres populations, ils décident de s’installer dans plusieurs régions du secteur. Un paradis sur terre, actuellement synonyme de désert. Remarquable par son architecture, réalisée et restaurée chaque année dans un moment d’échange et de transmissions par toutes les femmes du village des plus jeunes aux plus âgées, Tiébélé est un brassage de peuples. Divisé en plusieurs zones, les plus emblématiques sont le domaine princier, là où les princes héritiers résidaient avec leur famille, ou encore le domaine du gardien. Chaque case possède une architecture différente qui correspond à un moment de la vie de l’être humain. La case Draa, qui est plutôt ronde, correspond aux hommes célibataires de tout âge. La case Dinian est réservée aux couples âgés et leurs petits-enfants. En forme de huit, elle est également appelée la « Maison Mère » et abriterait l’esprit des ancêtres. Enfin, la dernière habitation du nom de Mangolo est, quant à elle, dédiée aux jeunes mariés. Regorgeant d’histoires, elles exposent de multiples motifs correspondant à des pratiques anciennes , mais aussi à d’autres plus récentes. Les lignes en forme de croix représentent le filet qui permet de ranger et de suspendre les calebasses. La flèche qui pointe vers le haut correspond à la chasse et à la défense. La canne est synonyme de respect et d’autorité. Le serpent qui est un totem est associé à la visite d’une grand-mère à sa famille. Le lézard, qui est également un totem, est signe de vie. Pour finir, le triangle avec la pointe vers le bas représente un morceau de calebasse, utilisé lors du décès d’une femme. Ces triangles recouvrent le chemin qui mène chez ses parents, afin d’accompagner la défunte vers la vie après la mort.


Les peintures et les couleurs viennent de la terre rouge, du kaolin ou encore du graphite. Le blanc représente la mort, le noir représente la terre et le rouge évoque la force et la puissance. Ces maisons ont également une autre spécificité, celle de la taille de la porte d’entrée, d’environ 80 centimètres. Elle est suivie d’un muret qu’il faudra enjamber afin d’entrer dans la pièce. Le but est de voir qui entre dans la maison et de définir s’il s’agit d’un ami ou d’un ennemi. Propre à la culture Kassena, les caractéristiques du village ont su s’inscrire dans le temps et marquer les esprits, à tel point que Tiébélé est rapidement devenu un paradis touristique. Mais ça, c’était avant… « Nous sommes les seuls à avoir une architecture différente des autres, avec des cases peintes traditionnellement. Il y avait beaucoup de touristes dans cet endroit du Burkina Faso, il y avait aussi une buvette, un petit commerce et chaque habitant gagnait son pain. Il y avait également des guides touristiques, ou encore des restaurants. J’en ai les larmes aux yeux, pour toute la population qui vivait du tourisme. Nous avons été détruits par le djihadisme. » Bob, documentaire de la LCP sur le Tiébélé. Dès les premières attaques terroristes dans les régions du Sahel qui ont peu à peu commencé à toucher le Burkina Faso, en 2015, le tourisme de semi masse que connaissait le Tiébélé a disparu. Les commerces ont fermé et de plus en plus d’hommes vivant dans le village se sont convertis au métier de miniers. Aujourd’hui, le village est quasi désert et espère voir le retour prochain d’une économique touristique, loin des turpitudes géopolitiques dans laquelle semble engluée la région.


BLANC DE NOIRS


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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Michael Banzeye, j’ai 32 ans, originaire de l’Angola, je réside en France depuis mes 11 ans. Je suis un jeune homme passionné par l’évolution économique, la sociologie ainsi que l’histoire. Je dirais aussi que je suis anticonformiste, sans pusillanimité, aimant relever des défis. Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’univers très élitiste des vins et champagnes ? Tout a commencé, en 2015, lorsque je répertoriais l’ensemble des secteurs d’activité dans lesquels je me voyais opérer. Étant donné que j’apprécie le champagne, je l’ai naturellement mentionné sur mon cahier (CRÉER UNE MARQUE DE CHAMPAGNE). Je suis, malgré moi, devenu un observateur du secteur, j’observais sans avoir déterminé quand commencer.

Tout s’est chamboulé, en 2016, lorsque j’ai entrepris l’extension de mon activité dans le secteur du textile avec ma marque de chemises. En planifiant d’ouvrir le concept store Madrosa, en Angola, afin de distribuer plus de marques et produits car je ne voulais pas me cantonner à l’ouverture d’un magasin spécialisé uniquement dans la vente de chemises. Le concept store Mandrosa étant composé de la façon suivante : rez-de-chaussée, 1er étage et son rooftop - lieu dédié à la gastronomie angolaise pour lequel je voulais une boisson phare qui puisse plaire à un grand nombre et, surtout, qu’on puisse déguster à tout moment (rires). S’en est suivie une longue réflexion. J’ai pensé à quelques boissons dont le vin, mais cela me paraissait un peu complexe de par l’exhaustivité des variétés de cépages. Soudain, ma mémoire s’est montrée digne d’un allié et je me suis souvenu ce


MICHAEL BANZEYE

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FONDATEUR DE AFONSO BANZEŸ “ Les cuvées Afonso Banzeÿ sont essentiellement élaborées avec des raisins issus de parcelles classifiées Premier Cru [...] Dans la viticulture champenoise, c’est l’équivalent de ce qu’est Rolls Royce pour l’industrie automobile. ” que j’avais écrit en 2015. Sans sourciller ni tergiverser une seule seconde, l’idée de faire du champagne la boisson phare du concept store Madrosa s’est imposée comme une évidence. Le champagne est un vin effervescent à l’histoire fabuleuse qui a conquis le monde en une poignée de siècles, aux connotations prestigieuses telles que la réussite, la célébration, la joie… C’est donc de cette façon que je me retrouve dans le secteur passionnant de la viticulture. L’offre de vins et champagnes est pléthorique. Quelle est la particularité du champagne Afonso Banzeÿ ? Comment décririez-vous votre offre produit ? En effet, l’offre étant pléthorique, cela prouve la forte demande existante. La marque Afonso Banzeÿ n’a pas vocation à s’adresser à un public de masse mais plutôt de niche. L’idée est d’apporter des cuvées d’exception. Ce qui fait un champagne d’exception, ce n’est pas sa renommée internationale acquise par des opérations marketing. Un champagne d’exception se détermine avant tout par son terroir et ses raisins d’exception, sa classification pour terminer son mode de production. Les cuvées Afonso Banzeÿ sont essentiellement élaborées avec des raisins issus de parcelles classifiées Premier Cru et le mode de production est artisanal. Dans la viticulture champenoise, la classification Premier Cru est l’équivalent de ce qu’est Rolls Royce pour l’industrie automobile. Le champagne est consommé avec enthousiasme, cependant, très peu sont ceux qui ont la chance de déguster une cuvée de champagne d’exception. Quel est votre plan de développement ? Et de distribution ? Aujourd’hui, le développement se déroule de diverses façons sauf comme il a été prévu à l’initiale (rires). Il était prévu que la marque Afonso Banzeÿ soit, dans un premier temps, distribuée en Angola et, en deuxième temps, en France. Les péripéties dûes au Covid m’ont contraint à démarrer par la France. Le lancement de la marque était prévu pour le mois de mars 2020, puis reporté en mai, pour finalement aboutir à un lancement au mois d’octobre 2020 (rires). À ce jour, la distribution se fait fait essentiellement sans intermédiaire via le site internet

www.afonso-banzey.com et nos événements de dégustation. À venir avant la fin de l’année, la marque sera présente en points de vente physiques sélectionnés. L’offre événementielle, quant à elle, sera intensifiée par l’organisation de dîners accords mets et champagne. Décrivez-nous votre philosophie de vie et les valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers votre marque ? Briser des barrières fait partie de mon quotidien depuis que je suis arrivé en France, en 2001. De ce fait, ma philosophie est : Allons de l’avant, sans se laisser distraire par des histoires à dormir debout ! Persévérance et témérité, implication dans son secteur d’activité afin d’apporter sa plus value. Il faut savoir que Afonso Banzeye est mon père, alors lorsque je mets mon nom sur l’étiquette d’une bouteille c’est pour véhiculer une rupture avec sa zone de confort, la qualité et l’autodétermination. Un jeune entrepreneur noir dans le fleuron du patrimoine français. Avez-vous connu des difficultés ? Comme il n’y a pas de gloire à vaincre sans peine, j’ai envie de vous dire que les obstacles étaient plus dûs aux péripéties de la vie qu’aux humains. Certes, j’ai essuyé des refus, encore heureux que les gens soient libres d’accepter de travailler avec moi ou pas, sans être taxés de quoi que ce soit. Je connaîtrais des difficultés si je cherche à faire valider l’exception des cuvées Afonso Banzeÿ par les bobos parisiens, je préfère m’en remettre au comité du champagne pour leur objectivité et sincérité. Je suis ravi d’avoir matérialisé ma pensée. En revanche, ce qui fera de moi un homme fier sera le fait de donner une aura plus importante au label Champagne de Vigneron. Vous êtes originaire de l’Angola, cela représente quoi ? L’Angola est ma mère, ma patrie et mon repère sur terre. Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Retrouver la noblesse jadis de l’homme noir.


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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

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Je m’appelle Philippe Simo, j’ai 37 ans et je suis d’origine camerounaise. J’ai commencé les deux premières années de mon cycle universitaire au Cameroun et, ensuite, je suis venu en France (2008) pour terminer mon cycle d’ingénieur en Génie industriel. Au terme de ce parcours, j’ai commencé à travailler comme tout le monde, comme cadre dans le domaine industriel. J’ai notamment travaillé pour de grands groupes dans le domaine du pétrole et de l’énergie : Areva, EDF, pour de grands projets, essentiellement en France, même si le travail pouvait me faire voyager.

Pendant ce temps-là, un peu comme tous les jeunes qui viennent d’Afrique, on pense à faire du business au pays. C’est donc quelque chose qui trottait dans ma tête. Et, très rapidement, j’ai commencé à m’intéresser, avec mon épargne, à des opportunités d’affaires en Afrique, notamment dans le domaine du foncier. Acheter des terrains, laisser qu’ils prennent de la valeur et revendre. J’ai commencé à faire ça quelques années jusqu’à ce que je tombe sur une opportunité de terrain agricole, que j’achète ce terrain et que l’aventure s’emballe.


PHILIPPE SIMO

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“ INVESTIR AU PAYS ”

A ce moment précis, quel âge aviez-vous ? C’était il y a à peu près dix ans. Si on fait la soustraction, je devais avoir 28 ans. Du coup, je me lance dans l’aventure entrepreneuriale, mais toujours avec mon boulot à Paris, en parallèle, avec toutes les galères possibles bien évidemment, parce que c’est très compliqué de faire du business au pays, au début, quand tu ne t’y connais pas. Tu perds beaucoup d’argent. J’ai subi beaucoup d’arnaques.

Comment fait-on pour ne pas se décourager ? Pour moi, ce n’était pas une option. Mon mindset était clair, je partais du principe que j’allais rentrer en Afrique. Il fallait que je me bâtisse ce qui allait être mon gagne-pain quand j’allais rentrer. Je n’avais donc pas le choix. Je n’étais pas en mode : « Ok, j’ai échoué, je reste en France ». Non. Car rester en France, c’était pour un temps, pour se former, pour apprendre, mais je me voyais en Afrique en train de contribuer à développer des choses et y faire du business.

Quand vous parlez d’Afrique, cela signifie que vous n’étiez pas forcément focalisé sur le Cameroun ? Effectivement. Même si cela restait le 1er pays auquel je pensais naturellement. C’est là où j’avais le plus de repères. Mon défi était de rentrer au Cameroun pour entreprendre. Et, à chaque fois que je perdais de l’argent, je savais pourquoi j’avais perdu de l’argent. Au fond, je réalisais que j’aurais pu éviter cette perte. J’étais juste naïf et faisais trop confiance aux gens. Mais quoi qu’il arrive, à chaque fois que je perdais, c’était des sommes que je pouvais perdre sans me mettre en danger. Ça pouvait être 500 euros, 1000 euros, 2000 euros...

On a parfois l’impression qu’il faut épargner de gros montants avant de se lancer. Et vous, non. Vous aviez cette certitude de pouvoir démarrer avec peu ? Oui parce qu’en fait le déclic pour investir en Afrique se produit quand je rentre en vacances au Cameroun, et que je me rends compte qu’avec 100 euros je peux salarier quelqu’un pendant tout mon séjour. Il y avait des tâches à faire à la maison et la maman te dit « bon toi, tu vas me gérer ça ». Du coup, tu cherches un technicien et tu te rends compte qu’avec 100 euros, tu peux donner du boulot à quelqu’un. À mon retour en France, je réfléchis je me dis qu’en fait, avec peu d’argent, je peux vraiment changer le quotidien de ces gens-là.

Quel est le moment de bascule de jeune cadre salarié, dynamique, qui en même temps fait des petits business en Afrique à serial entrepreneur et futur formateur ? Tout va se faire progressivement. C’est vrai que ça va s’emballer avec internet, mais tout se fait très progressivement. Concernant mes expériences agricoles, je vais beaucoup échouer, beaucoup

d’arnaques, mais je vais apprendre. Alors je vais recommencer, petit à petit, plus prudemment tout de même. Du coup, je vais commencer à avoir de petits résultats. Et puis, j’ai commencé à en parler autour de moi à Paris, à mes collègues. Je leur explique que je fais plein de petits projets, que je fais de l’élevage, de poulets notamment. Je me rends compte que cela suscite un énorme engouement et mes potes d’origine africaine, Ivoiriens, Congolais, Sénégalais… me demandent comment faire la même chose chez eux.

Il y a pourtant souvent la crainte d’investir, surtout dans l’agriculture, si nous ne sommes pas présents physiquement ? Oui, c’est très juste. Mais je me suis posé une question très simple : Comment fait Bolloré ? Bolloré n’est pas dans tous les pays africains, en même temps. Comment Dangote fait-il pour être implanté dans dix pays ? Lui non plus ne peut pas être partout. J’ai fini par me dire que, même s’il est évident que je n’ai pas leur pouvoir financier, je peux m’inspirer de leur méthodologie. Grâce aux process et aux remontées d’indicateurs, en regardant très rapidement un tableau de bord, chacun d’eux peut savoir comment les choses se passent dans n’importe quel pays. C’est de cela dont on a besoin, savoir gérer nos business comme de vraies entreprises, et pas juste comme un petit commerce de quartier. C’est ma fibre d’ingénieur qui va me pousser à formaliser mon activité et me demander quels sont les principaux indicateurs qui peuvent me permettre de savoir si mon élevage de poulets va bien ou s’il ne va pas bien. Et, à partir de là, que je sois dans la ville ou non, je suis efficace. Et d’ailleurs, même si je suis dans la ville, je ne vais pas dormir à la ferme Le gars qui est au pays (Cameroun, ndlr), qui bosse à Douala et dont la ferme est à Edéa, il a le même problème. Parce qu’il ne vit pas dans la ferme. Il est donc possible de piloter son activité à distance, avec les outils adéquats.

À quel moment décidez-vous de partager votre expérience sur internet ? Le 9 mars 2018. À l’époque, je ne sors des vidéos que sur YouTube, car je me rends compte que Facebook ne marche pas du tout. Je vais revenir sur Facebook, un an et demi après, en constatant que les gens prennent mes vidéos sur YouTube et vont les poster d’eux-mêmes sur Facebook. Au début, je me disais que c’était la même audience. Mais en fait non. L’audience que j’ai sur Facebook n’a rien à voir avec l’audience sur YouTube. Je me demande même s’il y a dix abonnés qui sont sur les deux en même temps (rires), tant ils sont différents dans les approches et les commentaires.


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Facebook pour l’Afrique et YouTube pour la diaspora ? Clairement ! Oui. Sur YouTube, ma plus grosse audience est la France, ensuite l’Amérique du Nord avec les Etats-Unis et le Canada, puis vient l’Allemagne. Sur Facebook, ma première audience est la France, la deuxième est la Côte d’Ivoire. On voit que l’Afrique est beaucoup plus présente parce que les données sont gratuites sur Facebook, dans beaucoup de pays africains. C’est ainsi que je décide de développer le média, en me rendant compte que je peux vraiment créer une industrie de formations. Ce que j’expliquais gratuitement, au bout d’un certain temps, commence à me prendre énormément de temps, et je demande donc aux gens de payer pour avoir accès aux informations.

Des évents avec pour mot d’ordre: “ Back to Africa” ? C’est exactement cela. C’est d’ailleurs le nom de ma 1ère grosse conférence qui a vocation à devenir un évènement annuel. La première édition a eu lieu le 8 octobre dernier, au Palais des Congrès de Versailles. Pour cet évènement, l’idée était de faire venir des entrepreneurs d’Afrique à succès, tous anciens de la diaspora. La volonté était d’expliquer à la diaspora vivant en France : « On était ici avec vous, on connaît vos réalités, maintenant on est en Afrique, et voila ce que nous sommes en train de bâtir. Et on a pu le faire parce qu’on est passé par telles ou telles étapes ».

Un conseil pour franchir le cap de l’entreprenariat ? Une étude a été faite auprès des gens qui étaient en fin de vie. On leur demandait quel était leur plus gros regret. Et pour l’écrasante majorité, ils n’avaient aucun regret sur leurs échecs, mais sur ce qu’ils n’avaient jamais osé faire. Si tu as un projet qui te tient réellement à cœur, essaies, pour être tranquille dans ta tête. Selon moi, vivre et mourir sans jamais découvrir son véritable potentiel est un terrible gâchis.

Qu’est-ce que représente le Cameroun pour vous ? Vous êtes désormais à temps plein dans vos activités. Adieu le salariat ? Complètement et ce n’était pas facile. J’aime parler de chiffres pour que les gens se rendent bien compte. Quand je démissionne de ma boite, je touche 3700 Euros par mois. Je n’ai pas quitté mon boulot parce que j’étais frustré ou que je ne gagnais pas bien ma vie. Non. J’estime qu’avec 3700 Euros en France, ce n’est pas moi qui le dit, tu n’es pas à plaindre. Tu gagnes plutôt bien ta vie. J’ai d’abord créé une une société de prestations de services, en France. Je faisais le même travail que dans mon précédent cabinet de conseil, mais à mon compte. Et j’ai totalement basculé sur l’agriculture, la formation et mes autres business en Afrique lorsque tout a décollé.

Un mot sur vos perspectives de développement, notamment le volet évènementiel ? J’ai commencé à faire des formations digitales et des événements afin de former la diaspora africaine pour qu’elle rentre en Afrique. Je me suis dit que rien ne vaut le contact. C’est bien d’avoir beaucoup d’abonnés sur internet, mais est-ce que les gens te suivent vraiment ? Organiser des évènements en présentiel était un vrai test. C’est là où les algorithmes de YouTube et Facebook m’ont vraiment aidé afin de cibler au mieux mon audience. Beaucoup de gens m’ont demandé pourquoi tu n’as pas commencé au Cameroun alors que tu es Camerounais. J’ai répondu aux gens que nul n’est prophète chez soi. J’ai commencé par la France et ça a bien marché. Alors des gens en Afrique ont commencé à me demander : « Et nous ? ». Voilà comment je suis allé en Afrique. J’ai démarré ma tournée sur le continent avec la Côte d’Ivoire, puis le Sénégal, le Benin et, enfin, je suis venu au Cameroun, où j’ai d’ailleurs eu un accueil que je n’attendais pas, un très bon accueil. Ensuite, je suis allé en Amérique du Nord, au Canada et aux Etats-Unis, toujours pour faire des événements en présentiel afin de former des gens.

C’est une question compliquée parce que, autant j’aime énormément le Cameroun et ce n’est pas à démontrer, autant j’évite d’être dans une vision camerounaise du continent africain. Parce que tous ceux qui connaissent l’histoire du continent savent bien que nous n’avons pas décidé de nos frontières. On a les Fangs au Gabon, on a les Fangs de l’autre côté de la frontière, au Cameroun. On a divisé les familles et les peuples. Alors oui, j’ai un attachement profond au Cameroun parce que c’est d’où je viens, c’est là que j’ai appris les bases de la vie. Je suis clairement un fruit de l’éducation camerounaise, de la mentalité camerounaise. Vous savez, les Camerounais ont une mentalité spéciale en Afrique. Je le dis parce que j’ai beaucoup voyagé sur le continent. Cette mentalité fait que les Camerounais brillent là où ils vont. Parce que les Camerounais sont des gens qui n’ont pas froid aux yeux et n’hésitent pas à se lancer.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Savoir d’où on vient, pouvoir faire briller d’où on vient. Certains n’ont pas ce sentiment, se demandent ce que l’Afrique a fait pour eux, parce qu’ils sont peut-être nés en Europe ; mais je reviendrais toujours sur les propos du président ghanéen Nana Akufo-Addo qui disait que peu importe où vous êtes sur la planète, tant que vous êtes Noir, vous êtes associé à l’Afrique. Vous pouvez être le plus grand rappeur du monde, le plus talentueux journaliste, mais parce que vous êtes Noir, vous êtes associé à l’image de l’Afrique. Et si l’Afrique, dont l’imaginaire renvoie à la pauvreté et la misère, se maintient dans cet état de fait, que vous le vouliez ou non, cela va vous toucher. Donc les amis, que vous vous sentiez Africains ou pas, l’Afrique est collée à vous. C’est votre identité, votre racine. On gagnerait donc tous à la relever.


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MAÎTRE

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STÉPHANIE TOURÉ-JENNI “ Cette maladie (la drépanocytose) m’a conduite à la résilience : je ne lâche rien et je vais toujours au bout de mes objectifs ! ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Stéphanie TOURE-JENNI, 38 ans, avocat au Barreau de la Seine-SaintDenis et originaire de la Côte d’Ivoire. Mon cabinet se situe à Bobigny, juste en face du Palais de Justice où j’exerce à titre individuel.

Jeune, femme, originaire d’Afrique subsaharienne et ayant grandi dans le 93, vous êtes une success story française… Pour être franche, mon parcours n’a pas été simple, je devais me battre plus que les autres et toujours me surpasser pour atteindre mes objectifs. Ma condition de femme et ma couleur de peau n’ont pas toujours aidé, j’ai essuyé de nombreux échecs, je suis tombée à plusieurs reprises mais j’ai toujours su me relever. Après avoir obtenu mon baccalauréat Sciences Economiques et Sociales (SES), je me suis tournée vers ce que j’aimais depuis toujours le droit. J’ai obtenu un Master 1 et Master 2 en Droit de la santé. Mon parcours de vie m’a conduit tout naturellement vers cette matière afin de pour voir venir en aide à toute personne rencontrant des difficultés dans le domaine médical. Par la suite, j’ai intégré un Institut d’Etudes Judiciaires (IEJ) afin de préparer l’examen du CRFPA, examen qui m’a permis d’accéder à l’Ecole de Formation du Barreau de Paris qui permet d’obtenir le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA). C’est grâce à ce certificat que vous pouvez exercer la profession d’avocat. Etre issue de l’immigration et vivre en banlieue n’est pas synonyme d’échec. Bien au contraire, il faut juste savoir comment faire briller la flamme qui est en chacun de nous. Peu importe d’où l’on vient tant qu’on a la volonté, la détermination, on peut gravir des montagnes et rien, absolument rien ne peut nous arrêter. Tout le monde a sa place, il faut juste aller la prendre !!!

Avez-vous eu des modèles de réussite ou mentor qui ont accompagné de façon directe ou non votre cursus ? Je répondrais sans hésitation mes parents, ils sont pour moi des modèles de réussite et à la fois mes mentors. En Côte d’Ivoire, ma mère était Sage-Femme et en arrivant en France, elle s’est battue pour que son diplôme de Sage-Femme obtenu en Côte d’Ivoire soit reconnu en France afin qu’elle puisse exercer. Mon père était aussi dans le corps médical, je me souviens qu’il cumulait deux emplois et on le voyait peu. Mes parents se sont battus pour exercer des métiers qui leur permettaient de vivre décemment et de nous offrir une très belle vie.

Les personnes qui m’entourent (amis, proches) et qui sont aussi d’origine africaine sont des modèles de réussite qui ont su se hisser à des postes intéressants tels que kinésithérapeute, chef d’entreprise dans les cosmétiques, médecin, restaurateur, notaire, ingénieur, consultant en finance. Bien s’entourer est très important du fait que cela vous pousse automatiquement à vous élever au même stade qu’eux.

Souvent les barrières mentales brisent des élans ou de futures carrières. Vous n’avez jamais douté de pouvoir accéder à une profession dite élitiste ? Je suis une femme noire venant du 93 cela peut représenter un handicap. Comme énoncé plus haut, en tant que femme noire, il fallait toujours fournir le double voire le triple pour être jugée à ma juste valeur et être acceptée au même titre que les autres. Que l’on soit aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs, nous devons toujours redoubler d’effort en tant que noir pour être reconnu. Je ne compte même plus le nombre de curriculum vitae envoyés afin d’obtenir un emploi ou un stage, environ 400 et c’est 400 sont restés soit sans réponse, soit je recevais des réponses négatives. Autant vous dire que vous avez envie de baisser les bras et de tout abandonner. Pire, durant mes études, lorsque je passais des examens : au niveau des écrits j’obtenais souvent de bonnes notes vu que c’était « anonyme » et dès que je passais les oraux, c’était une autre histoire. Je ressentais à ce moment là, une différence de traitement due à ma couleur de peau. Je devais donc briller et viser l’excellence pour accéder à ce que j’aime. Conseil : ne jamais abandonner malgré toutes les embuches que vous pouvez rencontrer au cours de votre vie.

Quel est votre moteur, votre secret pour aller de l’avant ? Pour tout vous dire, je suis atteinte d’une maladie héréditaire (génétique) qui se nomme la « DREPANOCYTOSE », j’ai la forme la plus grave soit la forme Homozygote (SS). Elle est ma faiblesse mais ma plus grande force. Je souffre en silence, la preuve c’est mon petit secret et très peu de personnes sont au courant. Je ne le crie pas sur tous les toits par peur du regard des autres qui pourraient changer leur opinion sur moi ou surtout avoir une forme de pitié. Je souhaite que les gens me considèrent comme une personne normale.


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Je ne vous cache pas que c’est à cause de cette maladie que j’ai toujours voulu être avocate. Très jeune, j’étais la justicière dans la cour de l’école et je défendais tout le monde. Je déteste l’injustice et je trouve que c’est terriblement injuste d’être malade et de ne pas pouvoir avoir de remède, d’être impuissant. Cette maladie m’a conduite à la résilience : je ne lâche rien et je vais toujours au bout de mes objectifs avec mon handicap. J’avance à mon rythme, lentement mais je ne m’arrête pas : je suis jusqu’auboutiste. D’ailleurs, la drépanocytose est la première maladie génétique au monde et en France. C’est une maladie qui touche essentiellement les personnes noires et les pouvoirs publics ne s’intéressent pas voire très peu à cette pathologie. Ce qui est révoltant !!! Aujourd’hui, il est indispensable de faire bouger les choses. De nombreuses associations existent et oeuvrent pour cette maladie mais j’ai l’impression que les choses bougent très lentement depuis toute ces années de lutte. Il faut donc toucher des personnalités puissantes tels que Kylian M’Bappé, Omar Sy, Rihanna, Burna Boy, Yemi Alade et bien d’autres afin que le message puisse traverser toutes les frontières. C’est malheureux mais un message est souvent entendu lorsqu’une personne influente se bat ou s’exprime pour une cause.

A quoi ressemble une semaine type dans la vie de Stéphanie Toure-Jenni ? Il n’y a pas de semaine type. Les journées ne se ressemblent pas et c’est ce qui me plait. Parfois, je peux planifier une journée de rendez-vous client au cabinet mais dès que je reçois un appel provenant d’un commissariat afin d’assister un client placé en garde à vue, je dois tout de suite être réactive et réorganiser ma journée en déplaçant mes rendez-vous client et filer immédiatement au commissariat en question. J’interviens dans différents domaines (pénal, civil, étrangers, droit de la santé, …) et je suis donc confrontée à plusieurs problématiques. Chaque dossier est important et doit être traité avec la plus grande attention. Parcourir les différents tribunaux, les différents commissariats, se rendre en maison d’arrêt, rencontrer tous types de personnes (clients, confrères, magistrats, greffiers, …) est très enrichissant. Les semaines sont rarement calmes : il y a toujours une urgence à traiter, un nouveau dossier qui peut occasionner le changement de tout un emploi du temps. J’aime transmettre mon savoir et mes compétences et pour cela je prends souvent des stagiaires afin de leur présenter le métier d’avocat à travers l’étude des dossiers, les rdv clients, assister aux plaidoiries ou autres. Ils ressortent à chaque fois grandit de ce stage et certains veulent embrasser plus tard la profession. Là, je me dis que j’ai fait du bon travail et que j’ai fait naître des vocations.

Au delà de votre profession, vous êtes également une femme et maman engagée. Parlez-nous de votre combat pour l’éveil des jeunes et leur donner la pleine conscience qu’ils peuvent tout accomplir… Effectivement, j’ai créé une association pour les jeunes (entre 14 et 25 ans). Les jeunes sont l’avenir de cette société. Il est primordial qu’on leur accorde une place très importante. Je souhaite que les jeunes prennent conscience de leur potentiel, qu’ils puissent atteindre leurs objectifs si ils le veulent vraiment. Vu mon parcours de femme malade, si j’y suis arrivée, ils peuvent largement y arriver. Certains ont juste besoin qu’on les soutienne ou bien qu’on les guide. La réussite n’a pas qu’une seule couleur (blanche), la réussite est pour tout le monde. Il est donc fondamental de transmettre des valeurs aux jeunes et surtout leur permettre d’avoir confiance en eux, de croire en eux. L’association permettra à ces jeunes de trouver un endroit où se réunir afin de discuter sur divers thèmes qui font l’actualité ou pas, de les accompagner durant leur parcours scolaire ou de vie, d’avoir accès à des formations et des stages à travers le réseau qui sera mis à leur disposition. La transmission d’un savoir permet à une société de s’élever et surtout d’évoluer. Mon but est que les jeunes puissent recevoir ces connaissances pour avancer sereinement dans la vie.

Si vous aviez un message à adresser à nos lecteurs ? Allez au bout de vos rêves, au bout de vos objectifs. Travaillez et ne baissez jamais les bras. Si jamais l’envie de lâcher vous traversait l’esprit, ce n’est pas grave, reposez-vous et repartez de plus belle. C’est la finalité qui compte peu importe le temps que vous y mettez.

Comment faire pour entrer en contact avec vous ? Aujourd’hui avec la technologie, on peut me joindre par différents moyens. Téléphone : 06 22 08 27 43, mail : stj.avocat@hotmail.com, site internet : stj-avocat.fr et depuis peu sur Instagram et oui, il faut s’adapter : stjavocat

Si je vous dis ROOTS, cela vous évoque quoi ? Purement et simplement Racines. Cela symbolise d’où l’on vient. Là où tout à commencé. Mon père m’a toujours dit : « Si tu ne sais pas d’où tu viens, tu ne peux te connaître ». Il est donc fondamental de connaître son histoire, ses racines afin de pouvoir s’épanouir pleinement et surtout les transmettre de génération en génération.


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Photo : Griff.Eye


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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Guy-Herve Imboua, aka H Magnum, j’ai 38 ans. Je suis né à Abidjan et suis arrivé en France à l’âge de 8 ans. Je me définis comme un amoureux de la musique, un amoureux des gens. Un mec simple qui prend le temps de vivre.

Comment t’es-tu retrouvé embarqué dans le business de la musique ?

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J’ai toujours été baigné dans cet univers. Déjà au bled, j’écoutais beaucoup de zouglou, j’allais partout où j’entendais de la musique. En arrivant en France, je suis tombé dans un quartier, Saint-Blaise dans le 20ème arrondissement, où il y avait beaucoup de rappeurs. Tous nos « grands » rappaient et je suis tombé dedans. J’ai fait des freestyles et j’ai kiffé. Comme je suis fils unique, dès que je rentrais chez moi, je n’avais que ça à faire, je me suis mis à fond dans la musique et c’est devenu ma passion.


H MAGNUM

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SON EXPERTISE SUR LE BUSINESS DE LA MUSIQUE “ Il ne faut pas penser aux radios mais chercher à « tabasser » le peuple. Les radios n’aiment pas être ringardes donc, dès qu’il y a un mouvement en marche, elles ont peur de passer à côté. ” Énormément de jeunes de quartier rappent dans leur coin. Qu’est-ce qui a fait que tu t’es dit « Je vais en faire ma vie » ? C’est par rapport aux gens qui t’entourent. Au début, tu fais ça pour le délire et tu tombes sur des gens qui vont te dire « Ah mais c’est lourd en fait, on peut faire quelque chose ! ». Je démarre avec Seven, qui est mon mentor du quartier et faisait partie des grands du quartier. Il me met sur sa compil’. Puis, j’intègre un groupe dans le 93, aux Courtillères. On rappe mais c’est du freestyle, rien de sérieux. Ensuite, je rencontre la Sexion d’Assaut. Et c’est Factor, un « grand » du 19ème qui me mets « réellement » dedans en décidant de me produire. Il avait son propre studio et j’ai dit « Let’s go ! ». J’avais des contacts de partout, j’étais connecté avec tous les quartiers.

Tout le monde connaît le nom H Magnum mais peu sont capables de te situer ? Je suis un carrefour d’énormément de choses. Je ne suis pas quelqu’un de calculateur et, au fur et à mesure des années, je me suis rendu compte que j’étais un peu le centre de tout. Je suis le plug (rires). 60% du « game » est passé par moi, sans que ce soit une stratégie délibérée de ma part. Quand j’ai quitté mon producteur, je ne pouvais plus rapper pendant 4 ans à cause de litiges juridiques. Ma frustration était énorme. Du coup, pour rester dans la musique, je donnais de la force par ci, je faisais de la direction artistique par là. J’avais ce flair pour savoir quel artiste ou quel courant musical allait péter. Mais, ayant encore un producteur, je n’avais pas la présence d’esprit de me dire que je pourrais en tirer personnellement profit. J’étais l’homme de l’ombre, je faisais de l’écriture, de la mise en relation… Mais je faisais tout gratuit. C’est lors de ma rencontre avec Scalp (producteur à succès) que j’ai pris conscience de mon réel talent. Il m’a dit « Tu sais que ce que tu fais de façon spontanée, ça s’appelle de la direction artistique et tu devrais le monnayer ». Il m’a également fait prendre conscience que je pouvais gagner ma vie en écrivant. C’est à ce moment que Kendji Girac remporte The Voice et que Scalp, qui était en charge de la production, me confie l’écriture de son album. Ça s’est super bien passé, Kendji a kiffé et on a rebossé ensemble sur d’autres projets. Puis, j’ai commencé à écriture, cette fois-ci officiellement, pour de nombreux autres artistes.

Et c’est là que tu as décidé de te structurer ? Exactement. J’ai alors lancé mon label en indépendant, j’ai signé des beatmakers et j’ai continué à écrire pour de plus en plus d’artistes. J’ai notamment eu une belle opportunité en travaillant avec Fally sur l’album « Tokooos ». C’était vraiment intéressant car Fally voulait intégrer le marché français, mais en gardant toute son identité congolaise. Et, sans prétention, je détenais cette clé. Faire de l’afro qui parle aux gens d’ici mais qui, en même temps, ne te dénature pas. J’ai toujours été avant-gardiste avec la musique afro et nous avons trouvé l’alchimie parfaite. C’était un équilibre subtil à trouver. Un peu comme les rappeurs qui veulent entrer dans la variété. Si tu te rates, tu ne conquiers pas la variété et, en même temps, tu perds la « street ». Alors, tu te retrouves dans un no man’s land artistique et c’est la fin. Le boulot sur Fally a donc été phénoménal. Je lui ai ramené les sons, les prods. À ce moment, je bossais avec DSK On The Beat et je lui disais de mettre des beats afro avec des sonorités européennes. Même si ce sont des trucs tristes, même si c’est du Goldman. Sur ces accords de variété, tu me mets une rythmique afro. DSK a parfaitement capté la vibe et l’album Tokooos a été une merveille. À l’époque de Sexion d’Assaut, Gims avait cette inspiration, mais ce n’était pas vraiment calibré afro. Vu que c’est un gros artiste, il avait beaucoup de monde autour de lui, mais qui essayait de l’orienter vers la pop. J’étais celui qui le tirait vers l’afro (rires). Je pense faire partie de ceux qui ont permis aux sonorités afro de s’installer de façon « sérieuse » en France, et pas juste dans un registre « léger » ou « comique », à l’instar d’autres artistes afro de l’époque, avec tout le respect que je leur dois.

Quelle est recette pour atteindre les artistes Nigérians ? Moi, je conseille aux artistes de chanter de plus en plus dans leur langue. Les Nigérians ont une culture puissante qu’ils valorisent. Ils montrent leurs tissus, leurs traditions, n’hésitent pas à chanter en yoruba. C’est aussi ce qui fait la force et l’authenticité des chanteurs de rumba congolaise. Je vous donne un exemple : Sidiki Diabaté, avec qui je suis en contact permanent. Je me tue à lui dire de faire un album totalement en bambara. Valorisons nos langues et qui nous sommes.


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“ Si on est matrixé par le succès, comment on découvre le talent ? Le futur Gims ou Kanye viendra d’en bas. ” Mais les radios suivront-elles ? Il ne faut pas penser aux radios mais chercher à « tabasser » le peuple. Les radios n’aiment pas être ringardes donc, dès qu’il y a un mouvement en marche, elles ont peur de passer à côté. Si on ne commence pas maintenant, on ne va jamais y arriver. Si un Sidiki dégaine un album en full bambara et que le public suit, que les sons tournent partout, quelle radio ne va pas diffuser ? On ne doit pas se mettre ce genre de freins. Quand les radios passent du Rema, que font-elles ? Elles s’alignent sur la demande. Rema chante en yaourt, qui diffuserait un hit en yaourt ? Mais c’est mort, c’est Rema et, que cela plaise à Skyrock ou non, tu seras obligé de le mettre.

L’ouverture de l’Afrique au streaming va-t-elle également permettre d’accélérer cette bascule ? Je pense oui. Cela va mettre la pression en France et un peu partout, d’ailleurs. Au début, ils nous avaient blagués sur le streaming (rires). Ils nous effrayaient en nous disant que ça allait tuer les artistes. Certes, on est mal payé sur le streaming, mais cela ouvre un champ infini. Tout le monde peut écouter ta musique. Avant, si je n’achetais pas ton CD, je n’allais pas t’écouter. Le streaming rend ta musique disponible dans le monde entier. C’est ce qui a favorisé énormément les Naijas et rendu la musique véritablement universelle. Tout le monde cherche de l’inspi et fouille partout, même les gros artistes. Avec les plateformes de streaming, tu n’es pas à l’abri que le prochain Drake tombe sur un de tes morceaux et en fasse le remake. Il te crédite et, ça y est, tu exploses aux yeux du monde ! C’est un exemple de la puissance du streaming.

Quels sont tes projets, ton actualité ? J’ai sorti mon album « Bansky », que je continue à défendre, avec encore quelques clips à sortir. Je l’ai nommé « Bansky » en clin d’œil au street artiste dont on connaît les œuvres et le nom, mais qu’on n’a jamais vu. Parce que je suis, moi aussi, un artiste discret. Je n’ai jamais rêvé de me retrouver sur TF1 ou autres. La lumière m’a toujours fait peur, mais j’ai toujours aimé la musique et je dois composer avec ce paradoxe. Hormis l’album, je continue à faire ce que j’appelle du « jus de souffrance ». La musique transmet des émotions et, souvent, ce qui transcende se trouve dans l’épreuve et la difficulté. Je continue mes recherches, comment faire de l’afro avec des mélodies françaises, tout en restant stylé et que ça ne fasse pas trop « copié ». L’idée est que ça glisse. Il y a un public francophone qui n’écoute que des artistes francophones mais qui a besoin qu’on lui serve des trucs aussi lourds que ce que peuvent faire les Américains ou les Nigérians. Celui qui avait réussi cette alchimie à son époque, avec le r’n’b, est Matt Houston. Il chantait en français, ça sonnait kainry à mort et ça ne semblait copié sur personne. Par exemple, faire de la « street », mais afro. En ce moment, j’ai un petit dont je m’occupe et on est en train de lui concocter un projet vraiment « street », avec un fil rouge de sonorités afro. Tu peux l’imaginer avec un pitbull, dans son quartier, ce que tu veux, c’est lourd, c’est crédible et en même temps ça sonne afro. C’est un jeune de 20 ans, charismatique et vierge sur toutes les plateformes. Je l’ai repéré, je l’oriente et c’est l’un de mes gros espoirs à venir.

Originaire de Côte d’Ivoire, cela représente quoi ? À distance, j’aide beaucoup d’artistes du bled. J’y vais aussi régulièrement et je compte m’y installer, à terme. La Côte d’Ivoire est un vivier énorme. Tous les jours, je suis en contact avec les artistes locaux. Bon, même si au début on me négligeait (rires). Il faut comprendre qu’au bled, quand t’es une star, ça se la raconte sérieusement (rires). Donc, quand tu viens vers eux avec humilité, ils se disent « : « Mais il est tu-ba, en vrai ! Il est trop accessible, il doit y avoir quelque chose de bizarre… » (rires). J’ai ramené des Kaaris, des Gims… à Abidjan, parce que je suis dans la passion du truc et les gens se demandaient s’il n’y avait pas une entourloupe. C’est comme ça que certains ont négligé au départ et, lorsqu’ils voient que ça explose et que c’est réel, ils nous recontactent. Mais là, je n’ai plus ton temps et je te dis clairement « Tu n’es pas un amoureux de la musique, tu es juste amoureux du succès ».

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Si on est « matrixé » par le succès, comment on découvre le talent ? Le futur Gims ou Kanye viendra d’en bas. Si tu ne prends pas le temps d’écouter ou observer ceux que tu ne connais pas, ceux qui sont simples, comment veux-tu faire avancer le système ? En Côte d’Ivoire, nous avons vraiment un rapport étrange avec la célébrité et les rapports humains. Mais je suis au-dessus de tout cela. Car je ne me considère pas comme un artiste, je n’ai pas cet égo. Je me considère comme un chimiste. Les choses se sont apaisées et j’ai collaboré avec de nombreux artistes ivoiriens : Ariel Sheney, Didi B avant qu’il n’aille chez 92i Africa, les Garagistes que j’ai pluggé avec Gims, etc.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? L’Afrique, tout simplement. Je vois la terre rouge (rires).

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“ J’ai nommé mon album « Bansky » en clin d’œil au street artiste dont on connaît les œuvres et le nom, mais qu’on n’a jamais vu. [...] La lumière m’a toujours fait peur, mais j’ai toujours aimé la musique et je dois composer avec ce paradoxe. ”


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Photo : Didier Teurquetil


ADJI AHOUDIAN

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FONDATEUR DE TIINA SONGO “ Le professionnalisme, le sérieux, l’efficacité, la proximité et la disponibilité. [...] “Tiina Songo” signifie “la maison de l’espoir”. Notre objectif est donc de satisfaire le mieux possible le client et d’être attaché à respecter à la lettre son projet de vie. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Adi Ahoudian, j’ai 42 ans, je suis originaire du Burkina Faso, le pays des hommes intègres. Je suis entrepreneur dans le secteur du BTP, spécialisé dans la rénovation d’intérieur. Revenons sur votre parcours. Vous êtes une des figures incontournables du 19e arrondissement. Pouvez-vous nous raconter cet attachement viscéral et comment vous vous êtes inscrit comme un personnage majeur de la vie de cet arrondissement ? Ah bah c’est flatteur comme question ! Moi, le 19ème arrondissement, j’y suis attaché pour une raison très simple, c’est l’arrondissement de la ville d’accueil. Lorsque je suis venu en France en 1989, je suis tombé dans le 19ème, plus particulièrement dans le quartier Stalingrad-Riquet, qui était un quartier assez délabré, mais un quartier vivant où la communauté africaine était très présente. J’ai grandi dans ce quartier et, depuis, je n’ai pas quitté le 19ème. Je suis donc tombé amoureux de cet arrondissement en arrivant en France et c’est cet arrondissement qui m’a forgé. Pour répondre à votre question, on peut effectivement considérer que je suis très actif dans la vie de l’arrondissement, en qualité d’élu municipal. Ainsi, cela fait 14 ans (depuis 2008) que j’officie en tant qu’adjoint à la mairie. Vous développez désormais une toute autre activité avec votre société de bâtiment, quel a été le déclic et pourquoi un tel secteur ? Pour une raison très simple : Comme beaucoup de particuliers, j’ai été confronté au fait d’avoir à réaliser des petits travaux à la maison, notamment pour l’arrivée de ma fille et, en tant que mauvais bricoleur, j’ai fait appel à un artisan. Et comme souvent, on cherche le moins cher et, en cherchant le moins cher, je me suis cassé les dents puisque l’artisan a fait du mauvais boulot. J’ai dû en rappeler un second, heureusement un peu plus professionnel. Et c’est là où, effectivement, j’ai eu le déclic en me disant qu’il y avait quelque chose à creuser dans ce domaine.

Parce qu’il y a malheureusement trop d’artisans qui sont en fait des bricoleurs, pas forcément des professionnels et que le besoin de structurer ce milieu est énorme ! Selon-vous, quels sont vos atouts dans cet univers aussi concurrentiel ? Le professionnalisme, le sérieux, l’efficacité, la proximité, la disponibilité pour les clients, ce sont des éléments extrêmement importants. Évidemment, comme tout businessman, on cherche toujours la rentabilité, mais ce n’est pas notre objectif premier, comme l’indique le nom de notre entreprise. « Tiina Songo » signifie « La maison de l’espoir ». Notre objectif premier est donc de satisfaire le mieux possible le client et d’être attaché à respecter à la lettre son projet de vie.

Si vous aviez un message à adresser à la diaspora qui va vous lire ? Structurons-nous et travaillons ensemble.

Originaire du Burkina Faso, que cela représente-t-il pour vous ? Le pays des hommes intègres. J’y suis né et j’y ai fait mes premières classes. J’ai grandi dans un petit village Tiébélé, dans la région de Pô. Je suis venu en France à l’âge de 9 ans, j’ai donc toutes mes racines là-bas. C’est mon parcours de vie, c’est ce qui m’a forgé.

Un désir d’y étendre vos activités ou pas spécialement ? On l’espère. Vous savez, en ce qui concerne le secteur du bâtiment, autant ici (Paris) il y a déjà beaucoup de difficultés, autant au pays, il y en a encore plus ! Beaucoup de choses se font déjà, mais je pense que la formation des artisans laisse probablement encore à désirer. Donc oui, à terme, pourquoi pas.

Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ? Je vois la communauté afropéenne. Pour moi, ROOTS est sans aucun doute l’un des meilleurs représentants de la communauté afro-caribéenne en France.


RÉNOVATION D’INTÉRIEUR ET DÉPANNAGE D’URGENCE

Parce que Tiinâ-Songo signifie « la maison de l’espoir » nous avons à coeur de fournir un travail de qualité, réalisé avec soin et dans les règles de l’art.

Fondée par Adji Ahoudiangue, Tiinâ-Songo Services est une société parisienne qui tient ses origines des maisons traditionnelles de Tiébélé au Burkina-Faso. Spécialisée dans la rénovation, et l’aménagement d’intérieur, l’équipe d’experts qualifiés intervient en Île-de-France. Que vous soyez propriétaire, locataire, architecte ou commerçant vous pouvez faire appel à nos services.

www.tiina-songo.fr @tiina.songo


Des professionnels à votre services pour tous vos travaux à domicile, de la petite réparation à la rénovation complète de votre intérieur, en région parisienne. Dépannage et rénovation tous corps d’état Plomberie - éléctricité Peinture - papier peint plaquage - carrelage revêtements de sols Montage de meubles Installation de cuisines et menuiserie

RÉNOVATION D’INTÉRIEUR & DÉPANNAGE D’URGENCE

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“ Mieux

accompagner, Mieux

financer les

entrepreneurs”

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Photo : Didier Teurquetil


HAWA DRAMÉ

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FONDATRICE DE TIME2START Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je me présente, Hawa Dramé, entrepreneure, je fais du conseil et j’ai une structure à impact du nom Time2Start. Une grande passionnée d’entrepreneuriat, j’aime monter des projets et j’aime aider les autres à grandir. Ma mission de vie c’est de donner aux porteurs de projet et aux entrepreneurs une expertise entrepreneuriale basée sur l’excellence, le réseau et les clés d’accès au financement. J’ai grandi en France, à Sevran et je suis d’origine Mauritanienne. Je suis diplômée d’un Master en Grande Ecole à l’ESCP Europe et je suis une passionnée de voyages et de cultures du monde. Je suis Changemakers pour Linkedin, programme à travers lequel je porte les sujets liés à l’inclusion. Je suis également membre du collectif Ascenseur avec lequel on a monté une coalition des acteurs de l’accompagnement et un un système de financement pour les entrepreneurs en amorçage du nom de SENS.

Time2Start. De quoi s’agit-il et pourquoi l’avoir créé ? Time2Start est l’une de mes activités dédiées à l’accompagnement des entrepreneur(e)s. Je pars du constat qu’on a trop tendance à mettre les personnes dans des cases (des cases parfois trop petites d’ailleurs), qu’on a trop tendance à maintenir les clichés et les stéréotypes sur certains profils. De mon côté, je vois avant tout énormément de talents, de créativité, de puissance et de capacité à créer des emplois. Je trouve dommage qu’on nous limite. Quelle est la meilleure manière de valoriser toute cette force si ce n’est en les accompagnant, en boostant leurs réseaux, en leur donnant l’expertise et les outils dont ils ont besoin pour exprimer leurs idées. Issue d’un quartier populaire, j’ai vu également des disparités importantes entre un écosystème entrepreneurial Parisien plutôt dynamique et un écosystème « quartier » moins puissant. Et puis enfin, j’ai rencontré des entrepreneur(e)s dans les quartiers, par exemple, qui m’ont partagée leurs difficultés : pour trouver des fournisseurs, des partenaires et du financement parfois pour des raisons qui ne sont pas liées à la qualité de leurs projets. C’est dommage. J’ai lancé cette activité en voulant créer une communauté, une famille mais surtout en me disant que l’excellence doit être la ligne de conduite des talents de nos territoires car c’est avec la ligne directive de l’excellence qu’on pourra faire bouger les lignes.

On a des programmes spécialisés par secteur (restauration, digital, PAP,…). On travaille avec un accompagnement individuel poussé et rapproché avec des business coachs mais également des experts.

Le mentoring, le coaching, les masterclass se sont développés à vitesse grand V ces 5 dernières années. Comment tirez-vous votre épingle du jeu ? Effectivement, on peut avoir ce sentiment car beaucoup de structures se positionnent en incubation des entrepreneurs. Premier point, nos accompagnements sont pris en charge par nos partenaires… Notre force, c’est la qualité de l’accompagnement et la proximité qu’on crée avec les entrepreneurs. On va donc mobiliser une expertise en externe auprès de grands cabinets de conseils comme KPMG, par exemple. On va chercher l’expertise dont chaque personne a besoin car on ne peut pas tout avoir en interne, et on sait le faire. Chaque entrepreneur(e) qui nous contacte aura un diagnostic qui lui permettra de bénéficier d’un accompagnement au niveau de son besoin et non un accompagnement de masse ou théorique. On met en place des process spécifiques pour être ultra qualitatifs dans l’accompagnement. L’excellence est notre moteur. Pour nous, entreprendre c’est agir avant tout et nos méthodes d’accompagnement sont basées sur le terrain, le réel. En résumé, notre point de différenciation c’est notre méthode innovante d’accompagnement.

Un message à adresser aux porteurs de projets ? Comme d’habitude, je dirai foncez ! N’attendez pas d’avoir le projet parfait ou le soi-disant bon moment, agissez car encore une fois entreprendre c’est agir avant tout.

Si je suis un entrepreneur, comment faire pour vous contacter et démarrer votre programme ? Il suffit de nous contacter via notre site internet : www.time2tart.fr. On vous recontactera ensuite pour mieux comprendre vos besoins et vous proposer un accompagnement adapté.

Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Décrivez-nous votre offre... On a différents programmes d’incubation au plus près des besoins des entrepreneures. On propose, par exemple, une plateforme d’incubation digitale qui nous permet de proposer un accompagnement hybride. On met l’humain au cœur de notre accompagnement. On propose un suivi personnalisé, un accès à un panel d’experts (juridique, commercial, communication, financier…).

Sans réfléchir, cela me fait penser à la musique hip/hop des années 70/80 et à la culture Rastafari. Mais avec du recul, et après avoir réalisé cet interview, Roots me souligne l’importance de valoriser d’où l’on vient car je crois que chacun tire sa force de ses racines et de son parcours.


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Photo : Didier Teurquetil


MARAME DIAO

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FONDATRICE DE REFLÈTE DÉCORATION D’INTÉRIEUR I CRÉATION D’ÉVÈNEMENTS Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Marame Diao, 36 ans, Franco-Sénégalaise, fondatrice de Reflète Ton Intérieur, une agence de design d’intérieur et événementielle. Une véritable passionnée d’art et de déco.

enfants dans un F3. Inutile de préciser que pour faire les devoirs, et être au calme, c’était compliqué. Inconsciemment, durant ma fonction en tant qu’éducatrice, je me suis mise à créer et réagencer des espaces de travail ainsi que des chambres afin de favoriser la réussite des jeunes.

D’où vient cette passion pour la décoration ? Je suis issue d’une lignée de forgerons, mon père avait un atelier où il travaillait l’or. Il dessinait des bijoux afin de les reproduire en partant d’une matière brute.. Je le regardais avec passion transformer cette simple matière en un magnifique bijoux. Cette créativité est un héritage. J’ai donc développé cette passion pour la décoration et le design. Mon professeur d’art plastique me disait souvent que j’étais une artiste. J’avais une manière décalée de reproduire les choses, dans les codes couleurs et l’association des matières. Mes nombreux déménagements m’ont mis a rude épreuve et j’ai fini par compléter mon expertise avec une formation en design d’intérieur.

Parlez-nous du lancement de votre agence « Reflète Ton Intérieur » du démarrage jusqu’à aujourd’hui ? Mon cousin, maître d’oeuvre, a apprécié la décoration de mon appartement et m’a encouragée. Il m’a donc sollicitée à l’accompagner dans la rénovation d’une vieille bâtisse du 16e siècle. Ainsi, je me suis familiarisée avec les logiciels de design comme Sketchup, le suivi du chantier et le management d’artisans. En complémentarité, je suivais des cours afin d’obtenir mon diplôme de décoratrice d’intérieur. De fil en aiguille, j’ai élargi mon réseau, plusieurs clients m’ont contactée pour différents projets d’intérieur et événementiel. J’ai également eu l’occasion de créer des événements ou des projets de rénovation et design sur mesure pour des personnalités du monde du showbiz et du sport. Aujourd’hui, je heureuse que mon travail soit reconnu et apprécié.

Comment jonglez-vous entre déco événementielle et déco d’intérieur ? Personnellement, les deux sont complémentaires. Je suis totalement polyvalente. Je peux aussi bien rénover un restaurant, que des bureaux de direction ou un bien immobilier. Avec la chute du taux des crédits immobiliers, l’acquisition de biens est en augmentation constante. La crise sanitaire a provoqué la fermeture de nombreux commerces et la création de nouveaux concepts commerciaux. Pour le volet événementiel, je fonctionne selon la demande. Par exemple, j’ai organisé la réception privée sur 2 jours d’un comédien célèbre. Il était particulièrement ravi de la prestation.

De quoi vous inspirez-vous ? Je m’inspire du monde, j’aime énormément les designs minimalistes et abstraits. Le minimalisme est vraiment l’un des styles que je préfère, notamment le bois et les matières brutes type travertins, marbres, pierre... J’apprécie tout autant le style contemporain. C’est agréable de voir que les gens reconnaissent ma signature. Ce que je propose reflète beaucoup ma personnalité, d’où le nom « Reflète ton intérieur ». Je me distingue aussi par ma capacité à énormément chiner pour trouver des pièces d’exception afin que le client se sente unique, tout en m’adaptant à son budget.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ? Vous avez développé une véritable expertise pour les chambres d’enfants, comment vous êtes venue l’idée ? En tant qu’ancienne éducatrice spécialisée, j’ai repris une des bases fondamentale la pédagogie Montessori. Dans une maison, les enfants sont les personnes qui ont le plus besoin d’un espace dédié, cet aspect reste important pour moi. D’ailleurs, cette prise de conscience est liée à ma jeunesse. Nous étions une famille de neuf

Cela me fait penser à un chemin/parcours de vie avec une base et une continuité. Ma base, c’est mon identité, la force et le courage de ma mère, une femme très inspirante qui a travaillé dur et m’a transmis ce côté détermination et business. La continuité, c’est ce que je fais maintenant et ce que je compte faire plus tard. Toujours innover et pourquoi pas un jour marcher sur les traces de mon père et designer du mobilier…

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CHEFFE LAYTAH

LE PANAFRICANISME DANS L’ASSIETTE “ La magie est dans le creux de mes mains ” Tes épices favorites ? Piment de cayenne, zèb pays, la vanille fraiche… Ta cuisine favorite ? Il y a pas des cuisines, il ya La cuisine et je l’aime. Ton plat africain préféré ? Ton plat antillais préféré ? En Afrique, j’aime le placali, une spécialité ivoirienne avec une sauce gombo. Je lui ai crée un version 2.0, je la trouve extraordinaire. Aux Antilles, Lambi grillé et sa petite sauce épicée, gustativement tu peux t’évanouir chef… Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis Laytah Konqua, panafricaine militante historiquement à l’origine du « Black Genius Festival ». Amoureuse de la cuisine, je suis aujourd’huit traiteur évènementiel.

C’est quoi la touche Laytah ? Ce qui te démarque des autres traiteurs ? La magie est dans le creux de mes mains… Je suis condamnée à perpetuer la puissance, qu’ est-ce que tu veux (rires) ?

D’où est venue cette passion pour la cuisine ? La passion de la cuisine, c’est une histoire de famille, chez nous il y a un « don » qu’on perpetue malgré nous depuis plusieurs generations. C’est la passion mélée a l’amour qui crée la magie.

Quels sont vos projets de développement à court et moyen termes ? Et bien je suis egalement co fondatrice de Begue events au Senegal dont le but est de fédérer les nouveaux talents locaux et de les produire sur la scene nationale et internationale.. les choses avancent ….

Comment décrirais-tu ton univers culinaire ? Une cuisine authentique et généreuse aux saveurs d’ici et là. Une experience du partage.

Si je vous dis “ROOTS”, vous me répondez ? L’Orijin, ensemble comme un seul.

Un grand chef pour modèle ou inspiration ? Mon inspiration, hummm… comme toutes les femmes je pense que c’est la « mama ». Je suis tentée de te dire que toutes les femmes de mon equipe ont succité l’admiration. Il y a toujours eu l’amour et la partage, c’est un flow qui m’anime aujoud’hui.

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Les aliments ou produits que l’on retrouve régulièrement dans votre cuisine ? J’ai une petite préférence pour les fruits de mer… Que j’aime marier avec des épices du monde entier.


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ETHIOPIAN FOOD PHOTO DUMP



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SAHELIAN FOOD PHOTO DUMP



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P.Diddy, Rick Ross, Kid Ink, Miguel, Omarion, Flo Rida, Frank Ocean, Fabolous, Axel Tony, Booba et Maître Gims, Kalash, X-men, Sike, songhay Recette traditionnelle Erik Peduran... préparée à l’occasion Autant d’artistes passés entre mains deses fêtes religieuses

TUKASU Champagne Préparation

au goût amer

Préparation de la pâte à pain : Délayez la levure boulangère dans de l’eau tiède puis mélangez-la à la farine. Travaillez pour obtenir un mélange homogène. Couvrez et laissez lever au chaud pendant 1 heure. Mélangez la farine et 2 pincées de sel. Faites un puits, versez-y le levain et l’huile. Une cuvéepeu quiàfait tache Mélangez peu en incorporant les ingrédients secs et de l’eau d’eau tiède. les raisons de cet engouement, Il tente d’expliquer Travaillez ce que la« pâte et sans grumeaux. toujours jusqu’à à caribmag.fr Les soit genslisse consomment Divisez la pâte à pain de lalors dimension du champagne lors en duboules carnaval, de fêtesd’une de balle de baseball. famille, aux baptêmes, communions et autres Posez-les dans un en plat,août, couvrez rassemblements, lors etdulaissez retourlever de au la chaud pendant heure. diaspora1 au pays et en fin d’année» Patrick, lui-

pour les Antilles

même fan du nectar pétillant avance un autre

Description argument. «Aux États-unis, les pauvres dans les (c)Danish Cook

Depuis des années, les Guyanais et les Antillais

Ingrédientssont les plus gros consommateurs de champagne de France. Punchs, alcool de banane, planteur... La sauce : S’il est à consommer avec modération, le rhum a - 1 verre d’huile. une renommée mondiale, tant pour son goût que - 5 à 6 gros oignons. pour la multiplicité des formes qu’il prend. Mais - 8 tomates fraîches. le champagne le supplante dans les habitudes - 250 gr de pâte tomates. dedeconsommation Outre-mer. Ainsi en 2007, la - 1,5 kg de viande (mouton ou Guadeloupe et bœuf). la Martinique occupaient déjà le - 8 à 10 dattespremier fraiches.et deuxième rang du nombre de bouteilles - Anis, cannelle moulue, ail, laurier, poivre.jeune entrepreneur importées par an. sel, Patrick, - Poudre de cumin Kwenda [Très parfumée, au étonnement goût prononcé guadeloupéen confie à Roots son face légèrement anisé et subtilement amer.(Origine : Madagascar)] à ce plébiscite. « Dans mon enfance, on préférait le rhum. Maintenant, le champagne coule à flots - 2 à 3 piments frais (facultatif). à toute occasion, c’est dingue. » Dominique Pierre, La pâte : PDG de la marque bien connue Nicolas Feuillatte 1 kg de pâte à pain fraîche ou de farine de blé (prévoir alors 40 gr fait le même constat. «Le taux de pénétration de levure de boulanger). des personnes qui consomment du champagne est de 60% aux Antilles-Guyane contre 30% sur l’Hexagone » se félicitait-il auprès de caribmag.fr, lors de son passage aux Antilles en 2012.

Découpez la pâte àdepain en boules la dimension quartiers portent belles baskets.deAux Antilles, d’un poing. Mettre sur un plat et recouvrir d’une serviette hules populations sont parfois très pauvres Le mide pendant 1 heure. champagne est un gage de qualité, c’est un produit Coupez la viande en gros morceaux, faites-la revenir dans raffiné. En acheter permet de ne pas se tromper et l’huile chaude, ajoutez les oignons préalablement émincés. de montrer qu’on a les moyens. » Faire coup double Faites dorer le tout puis ajoutez la pâte de tomates et la pour une fête réussie, en somme. Patrick réside en moitié des tomates fraîches concassées. métropole et fait partie de la diaspora évoquée par Pilez la moitié des dattes, sans les noyaux. Diluez dans 1 Dominique Pierre. Le jeune homme note toutefois verre d’eau et versez dans la marmite. un bémol. « On en achète par caisses en France Ajoutez les épices, laissez mijoter le tout 15 min à feu métropolitaine, pour les acheminer, car cela reste moyen. très cher de se fournir sur place ». De plus, le climat Ajoutez 2 à 3 litres d’eau, fermez et laissez cuire 30 min à ne moyen. permet pas de produire le champagne sur feu place. L’aubaine que marché Déposez les boules dereprésente pain dans lalesauce, deantillais préférence sur pour les producteurs français n’encourage pas les morceaux de viande. toujours le respect des consommateurs. Ainsi un FerLes boules ne doivent pas être totalement immergées. champagne nommé Code noir a été proposé par la cuites mez la marmite hermétiquement. Enlevez les boules maison Giraud en 2012. Selon cette dernière, après 30 Henri à 35 min. cela laisser fait référence la méthode pressage Bien la marmiteàfermée pendantde la cuisson. et àfois la couleur du cuites raisin.etCertains Une les boules retirées Ultra-marins, de la sauce, disporeprésentés Devoir sez-les dans lepar platle de comité service et gardezde au mémoire chaud. entre réduire autres, ylaont vu quelques une référence à leur histoire, Faites sauce minutes puis versez sur les boules de par pain. marquée l’esclavage et le code noir qui régissait Régalez-vous ! déshumanisante au XVIIème siècle. cette pratique Les militants associatifs se sont mobilisés pour interdire le champagne incriminé.

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Dolores Bakéla


Porcelaine de Limoges Fabrication française

www.waxonthetable.com


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RECETTE GOURMANDE

S’il y a bien une chose que le confinement nous a apporté, c’est du temps coincé chez soi. Certains en ont profité pour faire plus de sport, commencer à apprendre une nouvelle langue, Netflix & chiller mais aussi... cuisiner ! Des photos de bananas breads, brioches maison, tartes, fraisiers et j’en passe ont inondé nos fils d’actualité. Néanmoins, ne devient pas Moulaye Fanny qui veut ! La recette qui va suivre est donc dédiée à mes chers et tendres flemmards, ceux qui veulent se faire plaisir, cuisiner mais pas trop, avec des ingrédients aussi populaires en boisson qu’originaux en pâtisserie ; j’ai nommé : l’hibiscus. Aujourd’hui, je vous propose donc de tester la recette des Cookies Hibiscus Chocolat Blanc signée Kwenda. Kwenda est une jeune entreprise créée par des Franco-Afro-Caribéens et dont le leitmotiv est d’offrir un voyage culinaire («Kwenda» en swahili) accessible à tous. L’hibiscus utilisé vient tout droit du Sénégal. Le principe ? Une préparation tout-en-1 rassemblant tous les ingrédients secs (farine, sucre, pépites de chocolat blanc, poudre de fleur d’hibiscus, poudre à lever et quelques agents émulsifiants) pour réussir vos cookies. Il n’y a plus qu’à ajouter les ingrédients frais (beurre, oeufs) et le tour est joué. Promis, vous n’y passerez pas plus de 15 minutes top chrono ! Ainsi, pour réaliser 15-20 cookies (selon le diamètre) il vous faudra :

COOKIES

HIBISCUS CHOCO BLANC de chez Kwenda

PRÉPARATION 1) Préchauffer le four à 180°C 2) Verser le contenu du pot dans un saladier. 3) Faire ramollir le beurre et le rajouter dans le saladier avec le beurre. 4) Ajouter l’œuf. 5) Bien mélanger le tout jusqu’à obtenir une pâte homogène. 6) A l’aide de 2 cuillères à soupe ou de vos mains, former des boules en les espaçant BIEN (elles s’étalent à la cuisson). 7) Cuire 10-15 minutes (selon la puissance de vos fours et votre préférence entre cookies moelleux ou durs). Les cookies doivent être légèrement dorés sur les bords et peuvent se conserver une semaine dans une boîte hermétique. Vous voyez, même votre frère abonné aux pâtes au pesto peut se lancer ! C’est simple, original (surtout cette petite couleur mauve du fait de la poudre d’hibiscus) et délicieux. Y a plus qu’à déguster !

INGRÉDIENTS - Une préparation Kwenda, - 1 oeuf - 150 de beurre demi-sel

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Recette par Yememca Retrouvez les produits Kwenda sur www.kwenda-world.com

NB : Dans le même registre, Kwenda propose également une préparation de muffins hibiscus chocolat blanc, mais aussi une belle gamme de produits d’épicerie fine sucrée et salée (poudre de baobab, poudre de fleur d’hibiscus, sucre d’hibiscus, vinaigre de Madd etc...), avec pour même thématique les saveurs originales.


Découvrez nos recettes gourmandes et inédites de pastels

Produits frais. Fait maison

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RECETTE

POULET KEDJENOU By Minouchka INGRÉDIENTS

On part en Afrique avec ce Kedjenou, une recette Ivoirienne qui signifie “secouer dedans” puisqu’on n’utilise pas de cuillère pour mélanger durant la cuisson mais on secoue simplement le canari. Ce plat se prépare traditionnellement à l’étouffée dans un canari, comme une marmite en terre, fermé et recouvert de feuilles de bananier. La recette de base est assez simple à réaliser, et comme toute recette familiale et régionale chacun y va selon sa propre recette. On peut la réaliser simplement avec des oignons et des tomates comme une sauce Basquaise, on peut également y ajouter des légumes comme l’aubergine, le poivron, la carotte, le céleri... mais d’après toutes les recettes que j’ai pu lire sur la toile et les vidéos que j’ai visualisé, celle-ci me semble la plus proche du traditionnel kedjenou, un simple plat en sauce à la tomate. Seul bémol est que je n’ai pas de canari en terre fermé, j’ai alors utilisé ma marmite en fonte et c’était très bien. Divers conseils permettent de réussir ce plat, d’une part la cuisson à l’étouffé grâce à une feuille de bananier couvrant les ingrédients et d’autre part le fait de ne pas ajouter d’eau, le jus est obtenu grâce à l’ensemble des ingrédients gardant ainsi toutes les bonnes saveurs.

- Pour 6 personnes - Temps de préparation : 20 min - Temps de cuisson : 50min - 1 poulet de 1,2kg - 2 oignons - 4 tomates bien mûres ou une grande boîte de tomates concassées - 4 gousses d’ail - 2 feuilles de laurier - Quelques brins de thym – 2 cuillères à café de poudre de gingembre Kwenda [Epice puissante, elle saura donner à votre marinade une note relevée et citronnée. (Origine : Madagascar)] - 1 cube de bouillon - Sel - Poivre rouge de Madagascar Kwenda - Piment à souhait - 4 c. à soupe d’huile d’arachide Pour les amateurs d’acidité : Ajouter 3 cuillères à soupe de vinaigre de baobab Kwenda. (Idéal pour déglacer vos viandes blanches, ce vinaigre très doux, saura offrir à vos plats une touche acidulée unique).

PRÉPARATION

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- Faire chauffer l’huile et y faire dorer le poulet découpé en morceaux. - Ajouter l’oignon émincé en lamelles, l’ail pilé et le gingembre râpé. - Faire bien dorer - Ajouter ensuite le laurier et le thym, saler et poivrer - Laisser mijoter encore 5 min - Ajouter les tomates émincées, le cube bouillon et mélanger - Couvrir d’une feuille de bananier, fermer - Laisser cuire 45 min tout en remuant la marmite sans ouvrir toutes les 10 min environ - Le kédjénou signifie “secouer dedans”, alors faire tournoyer la marmite pour remuer. - Déguster le kedjenou avec de l’attiéké ou du riz blanc Moudre quelques grains de poivre rouge de Madagascar Kwenda à ajouter en fin de cuisson.




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Entretien exclusif

KADER GADJI “ Je me suis rendu compte, après coup, que quand les filles m’abordent, elles s’attendent à avoir quelqu’un d’autre, un vrai bad boy. ”

PHOTOGRAPHE WIL ZAID MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST



Entretien exclusif

Culture/art

KADER GADJI ANGE OU DÉMON « Chaque acteur a son rôle qui l’attend quelque part. Biram était mon rôle. » Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Kader Gadji, je suis Sénégalais, j’ai 31 ans. Je suis acteur, comédien et cuisinier.

Raconte-nous comment tu as atterri dans la série « Maitresse d’un homme marié » ?

Cela fait 10 ans que je suis dans le métier. Il y a dix ans, justement, j’étais au Maroc et je prenais des cours de cuisine. Mon objectif, avant tout, était d’être un grand chef reconnu, je n’aurais jamais pensé qu’un jour je passerais à la Télévision. Petit à petit, je me suis inséré dans l’univers cinématographique. J’ai fait d’autres productions avant « Maîtresse d’un homme mariée », mais c’est elle qui m’a rendu célèbre. Sans doute était-ce ma destinée.

Comment ce rôle de Biram a-t-il impacté ta propre vie ? Après la sortie de la saison 1, j’ai fait une dépression, notamment à cause d’une séquence où l’on m’avait demandé de frapper Djalika et Amina (sa fille). J’ai joué cette scène à fond, je les ai frappés et elles ont pleuré, mais avec de vraies larmes. Et quand la scénariste a dit « coupé », tout le plateau me regardait avec des visages remplis de haine, car ils pensaient que je prenais presque du plaisir à le faire. Je suis sorti, j’ai commencé à pleurer et j’ai même voulu arrêter parce qu’ils étaient en train de faire de moi quelqu’un d’autre. Ma sœur est intervenue, m’a prise à part et m’a dit que je devais faire la part des choses, entre l’acteur et ma personne. Il fallait que j’arrête de mettre des sentiments dans ce que je faisais, et c’est à ce moment que Biram m’a fait comprendre que je n’étais pas quelqu’un de mauvais. J’ai su de suite qu’être comme lui n’était pas bon et j’ai compris également que les femmes aimaient, paradoxalement, les bad boys. Une fois, une femme m’a même attrapé par le dos quand je marchais dans la rue et m’a dit : « Pourquoi tu as donné l’eau de Djalika à la voisine ? », en référence à une scène. Les gens y croyaient vraiment. Et c’est ce qui m’a le plus marqué.

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Je n’étais pas censé faire partie de cette série car le casting pour les hommes était déjà bouclé, mais ils ont contacté ma grande sœur Khalima Gadji, qui est l’actrice principale de la série. À ce momentlà, ça faisait la troisième fois qu’elle passait le casting. La scénariste l’appelle et lui demande de revenir le lendemain, je leur dis que je serai également présent. Elle répond qu’ils n’ont pas besoin d’homme, donc de ne pas venir, mais elle le dit sur un ton très sec. Et comme je n’ai pas apprécié sa manière de me rembarrer, j’ai dit à ma sœur : « Dis-lui que je serai là demain et qu’elle me prendra, qu’elle le veuille ou non ». Le lendemain, je l’accompagne au casting. Je discute alors avec Djalika SAGNA (Ndiaye Ciré) l’actrice qui serait ma femme dans la série, en lui disant que j’aimais ce qu’elle faisait et que c’était une bonne actrice. Pendant ce temps, la scénariste discutait avec ma sœur, ne comprenant pas pourquoi j’étais avec elle. Ma chance a été qu’ils avaient besoin d’un homme pour que Ndiaye Ciré puisse passer le casting et je l’ai accompagné en tant que binôme. Lorsque nous sommes entrés dans la salle, l’équipe de production, le propriétaire de la maison de production et la scénariste étaient tous là. Dans la scène, je devais représenter un macho qui venait de recevoir un café sans sucre de la part de sa femme et je devais montrer comment j’allais réagir face à cette situation. À ce moment, je me suis excusé d’avance auprès de Ndiaye et, pendant la scène, j’ai littéralement pété les plombs face à elle, à tel point que le gardien de la maison est venu en pensant qu’il y avait eu un problème et qu’il fallait nous séparer. Lorsque ma sœur et moi sommes rentrés à la maison, ils nous ont rappelés et nous ont annoncé qu’ils me prenaient. Autre petite anecdote, le chef de plateau de la série « Maîtresse d’un homme mariée » avait demandé qui serait le nouveau « Biram » ? En me voyant, il a dit que j’avais une bonne tête de « bâtard » (rires). Son propos m’a amusé et c’est à ce moment que je me suis rendu compte que chaque acteur a son rôle qui l’attend quelque part. Biram était mon rôle.

Etait-ce ta destinée d’être acteur ou un heureux hasard qui t’est tombé dessus ?



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Culture/art Si tu avais un message à adresser aux femmes ? Avant tout, il ne faut pas avoir peur de dire non. Refaire sa vie en ayant déjà des enfants n’est pas impossible, puisque certains hommes ont tendance à dire à leur femme que personne ne voudra d’elle si elle a déjà un enfant. Et allez faire du sport, comme ça si votre mari vous frappe, vous pouvez lui rendre (rires).

Est-ce facile de se détacher de son personnage ou, à un moment donné, as-tu pensé que vous ne faisiez plus qu’un ? Je m’efforçais surtout de prouver aux gens que je n’étais pas Biram. J’avais déclaré, dans une séquence de la série, que j’étais sadomasochiste et que j’aimais frapper lorsque j’avais des relations sexuelles… Et toutes les filles du Sénégal ont cru que j’étais réellement comme cela ! Par exemple, lorsque je faisais l’amour avec une fille, elle m’envoyait un message le lendemain en me disant que, finalement, j’étais doux (rires). Je me suis rendu compte, après coup, que quand les filles m’abordent, elles s’attendent à avoir quelqu’un d’autre, un vrai bad boy.

As-tu demandé l’adoucissement de ton personnage au fils des saisons de Maitresse d’un homme marié ? Oui, car je me faisais de plus en plus insulter, je trouvais également que la scénariste exagérait dans l’écriture de certaines scènes. Je comprenais la réaction excessive des gens, d’autant plus que je recevais des retours d’hommes qui me disaient qu’ils étaient exactement comme moi et qu’ils attendaient de voir ce que j’allais faire pour, à leur tour, changer. Ce rôle m’a fait comprendre qu’énormément de femmes souffrent et qu’on n’en parle pas assez. Par exemple, dans la série, il y avait une séquence où je devais violer Djalika et j’ai demandé à la scénariste comment c’était possible de faire cela à sa propre femme. Pour moi, en tant qu’être humain, c’était impossible et inconcevable. La scénariste m’a rétorqué qu’il existe des hommes qui violent leurs femmes. Le rôle de Biram m’a énormément éduqué et a également permis à beaucoup de femmes de se rebeller contre leurs maris.

Ton challenge va-t-il être d’épouser des rôles totalement différents pour détruire ce per-sonnage et montrer d’autres facettes de ton jeu d’acteur ou de rester sur le même type de rôles et que ce soit ton identité cinématographique ? Toutes les fois où j’ai passé un casting pour un rôle de gentil, je n’ai pas été rappelé, parce qu’apparemment mon visage ne rassurait pas. Même si je voulais faire des rôles gentils, ça ne passait pas. En ce moment, j’incarne le rôle d’un avocat bipolaire qui essaie de changer et de fuir son passé, il est timide, très maniaque et les gens n’ont pas spécialement accroché avec cette facette du personnage. En revanche, lorsqu’il a changé de personnalité puisqu’il est bipolaire, et qu’il est devenu différent, les gens ont de suite apprécié et m’ont dit qu’ils m’ont reconnu à ce mo-ment-là.

Que souhaites-tu faire dans les prochains mois ? T’exporter ou peut-être réaliser des films ? En effet, j’aimerais bien me rendre à Atlanta, dans un premier temps, pour toucher un public international. Mais aussi parce que j’aimerais y introduire de très bons acteurs africains, surtout que ces derniers ont tendance à se suffire de peu. Sans vouloir être prétentieux, si j’avais les mêmes occasions que les acteurs américains, ils n’allaient pas être aussi talentueux que moi. Il est tant de jouer sur leur terrain, d’autant plus qu’à Atlanta le cinéma noir connait une ascension remarquable. Alors pourquoi ne pas s’y rendre ?

Qu’est-ce que le Sénégal représente pour toi ? Cette série a tout de même suscité de nombreuses polémiques, que s’est-il réellement passé ? Certaines vérités étaient révélées et fâchaient. On a reçu énormément de plaintes, d’imams par exemple, des pétitions pour que l’on arrête la série, car elle était jugée trop « vulgaire ». « Maitresse d’un homme marié » est la première série sénégalaise qui a donné la libre parole à la femme. Par exemple l’actrice principale a dit dans une scène qu’elle donnait son corps à qui elle voulait, car il lui appartenait. Lorsqu’elle a prononcé cette phrase, cela a fait polémique ; alors que lorsque mon personnage se décrivait comme sadomasochiste, ça ne choquait personne parce qu’en tant qu’homme, c’était normal de s’exprimer de la sorte alors que pour une femme c’était mal vu. Par ailleurs, la scénariste est très féministe, raison pour laquelle la série évoque et défend énormément les droits et les libertés des femmes.

Je suis le Sénégal. Je suis également Marocain, mais je me sens davantage Sénégalais. J’aime tellement l’Afrique que je ne me vois pas vivre ailleurs. Malgré mon projet de vivre à Atlanta, je n’y resterai pas plus de six mois sans rentrer en Afrique. J’adore mon pays, j’adore l’Afrique, je crois en nous, on est capable de décrocher des Oscars, d’aller le plus loin possible.

Que peut-on te souhaiter pour les cinq prochaines années à venir ? Que l’on puisse faire cette interview à Hollywood, si Dieu le veut !



Premium PHOTOGRAPHE STÉPHANE BOSSART MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST STYLISME NMK AGENCY

Manteau : TANIEU COUTURE


Entretien exclusif

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HALIMA GADJI ICÔNE DU SÉNÉGAL

« Je suis devenue la voix dans des sans-voix ! Je me bats pour des causes qui me tiennent à cœur comme la violence faite aux femmes, aux enfants et la santé mentale »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Quelle est votre actualité pour cette année 2023 ?

Je m’appelle Halimatou Gadji, je suis d’origine sénégalaise et marocco-algérienne, j’ai 33 ans et je suis actrice.

J’ai participé à une série Canal+ qui s’appelle « Le Futur est à nous » et la deuxième saison est prévue pour 2023. Il y a aussi d’autres productions en cours, ainsi que des projets personnels dont je vous tiendrai bientôt informé.

Revenons à la genèse. Etes-vous devenue actrice par vocation ou par un heureux hasard de la vie ? Je suis devenue actrice par vocation, c’est ce que je voulais faire depuis mon plus jeune âge. D’ailleurs, j’ai commencé à aller dans des castings à partir de 1415 ans, mais je n’ai eu mon premier rôle qu’à 22 ans.

Vous avez une fan base incroyable et êtes devenue une figure médiatique puissante depuis l’explosion de la série qui vous a révélé « Maîtresse d’un homme marié ». Comme arrive-t-on à gérer pareille pression ? Est-ce un honneur ou un lourd fardeau ? C’est incroyable, les gens m’ont adoptée après le succès de la série et je suis devenue la voix dans des sans-voix ! Aujourd’hui, grâce à cette notoriété, je me bats pour des causes qui me tiennent à cœur comme la violence faite aux femmes, aux enfants et la santé mentale. Être un personnage public peut être un lourd fardeau mais il faut savoir s’entourer, voir le positif et savoir comment transformer cette notoriété en sa faveur.

Quelles sensations ressent-on en jouant avec son petit frère (également présent dans cette édition) ?

Dire que je suis l’une des plus belles femmes du Sénégal, c’est un peu trop pour moi (rires). À travers mon image, j’essaye de renvoyer du positif à mes soeurs africaines. La dépigmentation touche beaucoup la société, à croire que c’est un problème d’infériorité. Via mes réseaux, je combats ce fléau. Mon message, à toutes les femmes en général, c’est de vous rappeler à quel point vous êtes belles, fortes et intelligentes ! Considérez-vous plus comme des être humains, vous n’êtes pas une faiblesse mais plutôt une force. Vous êtes comme un baobab.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? ROOTS, un magazine qui donne aux Africains la lumière qu’ils méritent. Encore un grand merci pour votre travail !

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Avoir joué avec mon frère était un réel plaisir. J’aimais voir mon frère évoluer mais surtout j’étais très admirative. Après le tournage, à la maison, on s’entraînait ensemble et on revoyait les épisodes pour corriger nos erreurs. Je suis devenue sa plus grande fan.

Vous êtes l’une des plus belles femmes du Sénégal et on vous sait sensible au sujet de la dépigmentation de la peau. Si vous aviez un message à adresser aux femmes d’Afrique qui vont vous lire ?


Tenue : MAISON YALICK Tenue : MAISON YALICK


Culture/art

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Robe & Bijoux : AK STYLE


Culture/Art

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Blazer : FÉLICIOUS



Culture/art

Ici, aux côtés de son père Cheick Hamala Diabate, grande figure du Mali chez les griots.

Leto

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La Cité Rose - Film (2012)

Bande de Filles - Film (2014), Ici aux côtés de Assa Sylla et Karidja Touré


IDRISSA DIABATÉ

Culture/art

ACTEUR & GRIOT DU 19

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

C’est ainsi que tu t’es retrouvé dans « Bande de filles » ?

Idrissa Diabaté, j’ai 30 ans, je vis à Paris dans le 19ème. Je suis acteur, griot, artiste en tout genre. Je suis le fils de Cheick Hamala Diabate, une très grande figure nationale du Mali chez les griots. J’ai profité du temps mou du Covid pour monter mon association Verlavan et réaliser des courts métrages avec des passionnés du cinéma et les habitants de mon quartier.

Effectivement. Après La Cité Rose, j’ai enchaîné quelques projets jusqu’à tomber sur le casting de Bande de filles et ça s’est super bien passé ! J’ai côtoyé de super bonnes actrices comme Assa Sylla et Karidja Touré, les plus connues, mais d’autres encore qui ont pu faire leurs preuves dans ce film. On est tous restés en contact, donc c’est une très belle expérience.

Revenons sur tes débuts dans le milieu de l’acting...

As-tu des modèles d’inspiration en acting ?

C’est un heureux hasard, puisque c’est en 2001 que j’ai trouvé ma voie dans le cinéma, dans un film appelé la Cité Rose où j’incarne le rôle principal. En fait, c’était un pilote avant de devenir un long métrage et j’étais figurant dans ce pilote-là, entre 2008 et 2007, je crois. Ils ont été contactés, plus tard, pour en faire un long métrage. Du coup, ils ont rappelé tous ceux qui avaient participé au projet pilote, il y a donc eu des répétitions avec des jeunes, puis les rôles ont été redistribués dont le mien.

En fait, pas spécialement, mais je m’identifie beaucoup à Denzel Washington. J’aime sa façon de jouer avec son visage, les émotions qu’il dégage dans chacun de ses rôles.

Au début, comment t’es-tu retrouvé dans le court métrage ? Il faut préciser que j’habite à Cambrai dans le 19ème et, dans notre quartier, on a un centre d’animation dont le directeur Sadia Diawara est un des producteurs du film de la Cité Rose. Lui-même a grandi à la Cité Rose, à Pierrefitte. A cette époque, il était sur le projet. Du coup, vu que je suis artiste et que la musique, la danse et tout ce qui est artistique m’intéressait, et comme j’intervenais dans les fêtes de quartiers, j’ai donc été repéré. Avec un ami à moi qui s’appelait Samba, qui est décédé aujourd’hui (paix à son âme), on a donc pu participer à ce court métrage.

Pour une première face caméra, tu n’as pas été intimidé ? Au départ, c’était compliqué, j’étais quand même gêné. Mais au bout d’une heure, la pression est passée et j’ai réussi à être moi-même.

Quels sont tes projets pour 2023 ? L’année 2023 s’annonce lourde parce que ça va faire deux ans que je n’ai pas tourné. J’ai quand même participé à quelques courts métrages et j’ai pu mettre sur pied mon association « Verlavan » durant ces deux années. L’idée est de transmettre un peu mon parcours aux jeunes habitants du quartier et des personnes qui viennent de l’extérieur. Donc, on fait des ateliers de cinéma, on fait des débats, de l’écriture, on fait des sorties puisqu’on est aussi dans le social. Cela a aussi permis qu’on puisse me revoir, de donner envie de travailler avec moi.

Un conseil pour quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans le cinéma ? Déjà, ce n’est pas de la magie, il faut aller passer des castings, il faut fouiller sur internet. Il y a des sites pro spécialisés dans le secteur. Il faut être endurant, sortir et essayer de se faire voir et ne pas avoir honte de demander. Il y a des gens que je voyais en 2016 qui n’étaient personne mais qui, aujourd’hui, ont pu devenir acteurs et participent à des festivals tout simplement parce qu’ils croyaient en eux.

Est-ce au moment du long métrage que tu t’es dit qu’il y avait une carrière à développer ?

Le Mali, ça représente quoi pour toi ?

Déjà, lors du premier court métrage, j’ai été payé et j’étais vraiment content. Je ne me suis pas pour autant dit que je suis devenu acteur. Je me suis juste dit que je participais à un projet simple et puis c’est tout. Ensuite, quand il y a eu le long métrage, je ne voyais pas encore réellement ce que c’était. Le temps est passé et, quand on m’a donné mon rôle, c’est là où j’ai commencé à comprendre que le projet est assez énorme (équipe de tournage, décors, stylisme, etc), j’ai donc commencé à comprendre la chose au sérieux. Je ne savais pas vraiment que je devais arriver où je suis actuellement. On a donc fait le film, il y a eu de bons retours, j’ai eu un agent par la suite qui m’a permis d’avoir pas mal de rôles dans les séries télévisées et certains courts métrages.

Figure toi que je viens tout juste d’être contacté par un réalisateur qui fait un film sur la vie d’un Malien et qui voudrait me faire jouer le premier rôle dans le film. Donc, comme ça fait un moment que je n’ai pas tourné, je me vois bien me relancer avec un projet sur le Mali. Sinon, le Mali, c’est mes racines, mon pays. J’y suis allé en 2019 pour tourner, mais aussi en 2021. Avant, ça faisait quasi 19 ans que je n’étais pas retourné au Mali. Le producteur de mon premier film, Sadia Diawara, est aussi Malien et nous sommes devenus très proches. Notre idée serait de créer une association pour les Maliens de France qui réuniraient comédiens, boxeurs, chanteurs, danseurs... pour faire des projets, ensemble, vers le Mali !


PHOTOGRAPHE AUDRAN SARZIER STYLISME MARGI & PAROLE PARIS MAQUILLAGE ANJALI BEAUTY ARTIST

Bob : KANGOL Veste : NICE PIECE VINTAGE Pantalon : NICE PIECE VINTAGE Shoes : JORDAN 1


Culture/Art

DJIMO

LA VANNE LENTE À L’ASCENSION FULGURANTE

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Djimo, j’ai 31 ans, je suis humoriste. Je viens de Limoges et suis originaire de Guinée.

Vous avez connu une ascension fulgurante. Selon vous, est-ce quelque chose qui vous était prédestiné ou ça vous est tombé dessus par hasard et vous vivez le rêve bleu ? Ça m’est tombé dessus par hasard parce qu’au départ je n’étais pas conditionné à faire ça. J’ai commencé à monter sur scène parce que je m’ennuyais (rires). Et, à force de monter sur scène, j’ai écrit un spectacle et voilà, je suis là. Il se passe plein de trucs, du coup, j’imagine que ça m’a plutôt réussi (rires).

Vous imaginez bien qu’il y a plein de gens qui s’ennuient, mais qui n’arrivent pas forcément à monter sur scène. Alors comment ça s’est passé ? Vous vous ennuyiez, vous vous êtes levé, vous vous êtes baladé et… ? En fait, le truc c’est que moi, à la base, je suis de la province. Je viens de Limoges. Puis un jour, je m’en vais faire un stage dans un hôtel, à Paris. Le rythme c’était trois jours là-bas, à bosser, et deux jours chez moi. Et pendant les deux jours, je m’ennuyais, je cherchais de petites activités à faire sur Paris. Et j’ai commencé à monter sur scène ces fameux jours où je m’ennuyais.

C’est d’ailleurs ainsi que vous avez ouvert votre premier sketch à Montreux, avec le désormais fameux : « Je viens de Limoges ». Comment les Limougeauds prennent-ils le fait que leur ville soit devenue une blague ?

Comment se dit-on un jour : « Tiens, je suis un mec marrant » ? Au début, Je sens que je fais rire mes proches mais je ne sais pas si j’ai le truc quoi. C’est en secret, dans ma tête, mais je ne me dis pas que je vais faire carrière. Je testais juste pour voir. Mais jamais de la vie je ne me suis dis que j’allais faire carrière.

Quel a été le déclic pour vous décider à faire de l’humour votre métier ? En fait, c’est avant Montreux. Après que mon stage à l’hôtel soit terminé, je suis rentré sur Limoges pendant un an. Et pendant cette année-là, j’avoue que je pensais tout le temps à remonter sur scène. Et puis, je me suis dit : « Vas-y ! Je vais économiser de l’argent, je vais commencer à bosser, puis je vais remonter sur scène, je ne vais faire que ça et, dès que je ne peux plus, je rentre ». Et je ne suis toujours pas descendu à Limoges…

Quelle est la scène qui vous aura le plus marqué ? Le moment où vous vous dites : « Je suis en train de vivre mon rêve » ? Je ne sais pas… Peut-être un soir où je jouais aux Paname. Je suis monté sur scène, je jouais, ça marchait bien, et j’ai aperçu dans la salle énormément d’humoristes qui eux-mêmes étaient morts de rire. Je me suis dit : « Ah tiens, t’as un petit truc à faire, tu vois ». C’est peut-être là que j’ai eu le VRAI déclic, que ça m’a fait y croire un petit peu.

Très bien, ils sont conscients du truc (rires). En plus, en France, il y a une petite vanne, pas vraiment une vanne, mais un petit truc dans l’inconscient collectif que Limoges c’est vraiment la campagne quoi. Et ils en sont conscients. Même parfois à la télé, je commence par cette blague et les gens sont super contents (rires).

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Bob : KANGOL Long manteau : GREGORY ASSAD Pantalon : RELANCE PARIS




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Pull & Veste sans manche : NICE PIECE VINTAGE


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La transition de l’humour, la scène, le public qui est proche de vous… à l’univers du cinéma, c’est un tout autre exercice ? Oui, c’est tout autre chose et, là encore, j’ai eu de la chance. Je rentre dedans en tant autodidacte. Il y en a qui font des castings toute leur vie et, malheureusement, n’obtiennent pas de rôle. Moi, encore une fois, j’ai eu de la chance parce que j’ai pu parler à des réalisateurs et à des mecs qui font des films. Et ils m’ont fait confiance. Au début, la bascule n’a pas été très facile. Lorsque tu fais de la scène, tu as le retour direct des gens. Avec le cinéma, tu dois attendre un an, deux ans… Le montage, l’étalonnage et tout le reste. C’est seulement lors de la sortie au cinéma que tu as le retour des gens. C’est ce qui est le plus difficile.

Quel votre regard sur votre travail ? Revoyez-vous tous vos films ou spectacles ? Oui et parfois fois je me fais rire. Je regarde quasi tous mes spectacles, mais au cinéma c’est un peu plus dur. Il y en a qui disent que j’ai un peu le syndrome de l’imposteur (rires). Parce que, parfois, je me regarde et je me dis : « Pourquoi tu mens comme ça ? C’est quoi ces choses que tu racontes ? ». Parce que je me connais, tu vois (rires).

Vous savez que vous êtes connu pour les vannes lentes. Alors est-ce qu’on peut vous voir, un jour, dans un film genre ultra “speed” ? J’espère. Mais j’ai fait un film speed. J’ai joué avec Jean Claude Van Damme. Mais je dois dire que lui, il était speed. Alors pourquoi pas des vrais rôles speed, ça viendra. Il y a encore plein de choses que j’ai envie de faire. Dans le futur, ce à quoi j’aspire, c’est monter mes propres films et faire d’autres spectacles. Et j’espère le faire en restant dans l’humour parce qu’on dit que le plus dur à jouer à l’écran, c’est l’humour. À part si on est humoriste. Mais on peut jouer d’autres émotions. Et j’espère aussi jouer un peu de drama.

Comment vous voir sur scène ? Actuellement, je suis en train de tourner à l’Européen, jusqu’au 10 décembre. Et après, à partir du mois de janvier, je serai en tournée dans toute la France.

Si vous aviez un message à adresser aux lecteurs pour leur dire de se pointer ? Le message serait que s’ils adorent l’humour, c’est le seul rendez-vous qu’il faut prendre.

Outre le théâtre et le cinéma, vous avez également co-lancé une web émission : Amuse Bouche. De quoi s’agit-il ? On invite des gens qu’on aime bien et qui nous inspirent. C’est une discussion, ce n’est pas une interview. On parle de leur métier, leur vision, comment ils gèrent leur vie… Il n’y a pas vraiment de fréquence définie, c’est dès qu’on peut. On va en tourner trois dans une journée et les poster. Ensuite, c’est suspense (rires).

Alors il y a Limoges, mais il y a également la Guinée dont vous êtes originaire. Cela représente quoi ? La Guinée, c’est mon pays d’origine, là où mes parents sont nés, où ils se sont rencontrés ; le pays qu’ils ont dû quitter pour venir en France. C’est un pays en voie de développement, qui essaie d’être en voie de développement et qui rêve de se développer (rires). C’est un pays magnifique mais très mal géré encore. Là, il y a de petits exploits qui sont faits mais ce n’est toujours pas ça. La dernière fois que j’y suis allé c’était l’année dernière et je rêve de pouvoir un jour me produire sur place.

Que peut-on vous souhaiter pour l’année 2023 ? La santé, puis les NFT (rires). J’espère qu’il y aura plein de NFT pour toute la terre entière. Sinon, j’espère que ça va marcher, que les gens vont continuer à aller au théâtre et que je vais voir d’autres projets fleurir.

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ? « Roots », c’est « Racines », ça me fait penser à « Kunta Kinte » qui m’a beaucoup marqué. On était très jeunes ! La première fois qu’on me l’a montré, je devais avoir 6 ans. C’est une très bonne série, un classique que tout le monde doit voir, tout comme il faut voir le film Malcom X avec Denzel Washington.

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Photo : Didier Teurquetil

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Arlette Natacha Yemba Pouth, j’ai 31 ans et je suis Camerounaise. Dans la vie, je suis Crédit Manager. Et sur les réseaux sociaux, je suis la « Présidente des immatures » (rires), ainsi que l’initiatrice de Black Love Connexion.

J’ai traduit avec un ton divertissant certains éléments et expériences de ma vie personnelle, que ce soit dans le domaine amoureux, sentimental ou amical. Je me suis dit pourquoi ne pas retranscrire certains moments qui m’ont marquée, de manière humoristique. Je veux toucher les gens et crever l’abcès.

Qui est la Présidente des Immatures ?

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Être la Présidente des immatures a toujours fait partie de ma personnalité. « La Prési » est un personnage, quelqu’un qui aime rigoler de tout et de rien de manière enjouée. La Présidente est née pendant le confinement, c’était une période pendant laquelle on était complètement enfermé et j’avais besoin de trouver le moyen d’évacuer.

Et qu’en est-il de La Black Love Connexion ? Ce sont deux choses qui sont liées à ma personnalité. Black Love Connexion, ce sont des rencontres entre Afro célibataires que j’organise.


NATACHA YEMBA

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LA PRÉSIDENTE DES IMMATURES D’où est venue cette envie de créer Black Love Connexion ? Je travaille dans le milieu de la finance et certaines de mes collègues m’ont souvent demandé où l’on pouvait trouver des hommes noirs qui travaillent dans le même domaine que nous, des hommes qui ont de la conversation, un certain statut social, etc. Malheureusement, il y avait cet apriori qui voulait que les femmes noires avec de bons revenus se disent qu’il n’y a pas d’homme noirs « à leur niveau », tant financier qu’intellectuel. Black Love Connexion nous permettrait de créer des rencontres dans le cadre amoureux et relationnel et de créer une synergie entre gens qui « se ressemblent ». Avant Black Love Connexion, j’étais donc la bonne amie « entremetteuse » et je créais des couples dans mon cercle amical. D’ailleurs, mes amis m’ont toujours dit de monter une agence matrimoniale car j’avais cette capacité à visualiser quel homme irait bien avec quelle femme. Les matchings correspondaient souvent. Il y en a qui sont à l’heure actuelle en couple depuis plusieurs années, d’autres qui sont même mariés et tout cela c’était avant Black Love Connexion. Et quand est venue la problématique dans le cadre professionnel, où ces femmes et ces hommes cherchaient l’amour, Black Love Connexion était comme une évidence. Créer un espace où des personnes pourraient se rencontrer et se connecter ne pouvait être que positif.

Revenons sur le volet humour. À quel moment t’es-tu dit : « Je suis marrante, me lance, je vais rire les gens ? » Je ne sais pas si je suis marrante, mais je pense amuser certaines personnes, en fonction des sujets que j’aborde. Mais lorsque tu te rends compte que tes vidéos font des dizaines de milliers de vues, tu te dis que forcément il y a des gens que tu intéresses.

Quelle a été la vidéo déclic ? C’était pendant le confinement, je sortais d’une relation de 10 ans avec quelqu’un. On s’est amusé à faire une vidéo où il me demandait de le retrouver dans son lit, alors je lui ai dit non, que c’était la quinzième fois et que j’étais trop fatiguée (rires). Elle a été déclic, parce que beaucoup de couples se sont reconnus à travers cette vidéo, parce que qui dit confinement, dit être enfermé chez soi et dit sans doute avoir une activité sexuelle plus intense. Lorsque l’on a vu l’engouement de cette vidéo, je me suis dit qu’il y avait plein d’expériences que je vis, que certaines personnes vivent et que je pourrais tourner tout cela sur un ton humoristique.

Tes sujets de prédilection s’articulent uniquement autour des thématiques de couples ? Moins maintenant, car entre le moment où j’ai crée le personnage La Présidente des immatures et aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui ont changé, notamment ma situation amoureuse.

Au début, j’en parlais beaucoup, mais j’ai toujours touché à tout, comme l’amitié, les relations, le sexe ou la religion qui reste encore tabou. En gros, j’aborde tous les sujets dont les Afros n’osent pas parler.

Tu travailles dans la finance, « La Présidente des immatures » étant un passe-temps. Cela pourrait-il devenir ton métier et est-ce que la prochaine étape pourrait être un One woman show ? J’y ai déjà pensé, j’ai même déjà écrit certains textes que je présente souvent à mes amis, et même lors des événements Black Love Connexion. D’autre part, je travaille déjà ma maitrise du langage et la présence scénique, mais je ne pense pas avoir assez de cran pour l’instant. Je ne souhaite pas laisser tomber mon salariat qui est un peu ma sécurité. Même si être à mon compte est quelque chose qui me plairait, je ne suis pas encore prête.

Y a-t-il des femmes humoristes qui t’inspirent ? De tête, je dirais Claudia Tagbo car j’aime beaucoup l’énergie qu’elle dégage sur scène. Beaucoup de personnes m’ont déjà comparée à elle, que ce soit ses mimiques ou encore ses blagues. J’aime aussi Florence Foresti ou Anne Roumanoff, car chacune d’elle a une manière assez intéressante d’aborder des sujets qui peuvent être parfois tabou. Et c’est pour cela que je me suis nommée la Présidente des immatures. On aborde des problématiques qui sont certes sérieuses mais qui ont une ouverture humoristique. On peut en rire même si cela reste sérieux.

Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ? Des projets à termes ? Le Cameroun représente tout pour moi. J’ai vécu toute ma jeunesse au Cameroun et suis arrivée en France à 16 ans. La détermination que j’ai dans le cadre professionnel et personnel, tout ce que je peux faire aujourd’hui, cela vient du Cameroun. D’ailleurs ma FanBase est en grande partie camerounaise. À termes, j’aimerais construire au Cameroun, pourquoi pas un orphelinat. Mais étant donné que je suis en France, s’investir à distance reste compliqué. À moins d’avoir la liberté d’une personne à son compte et de pouvoir faire de nombreux allers-retours.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Je pense à la force, à l’union, aux origines, à la Terre Mère.


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Photo : Wil Zaid - Stylisme : NMK agency


CHAARLITY

L’ÉTOILE DU DAHOMEY Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? TRONOU-AYAYI FOLY Charlemagne. Je suis né le 17 juillet 1992, au Togo, mais je suis Togolais/Béninois. Je suis artiste, chanteur, compositeur. On pourrait me classer dans l’univers de la musique afro mais, à mes débuts, j’ai commencé par le rap. J’ai été bercé par les musiques de chez moi : King Mensah, Bella Bellow… Désormais, j’essaye de concilier l’urbain et l’afro.

Comment as-tu mis ton pied dans l’univers musical ? Mon père ne voulait absolument pas que je fasse quoi que ce soit en dehors des études (rires). Donc la musique, pour lui, c’était hors de question ! À l’époque, j’avais un cousin qui habitait à Paris et venait en vacances chez nous, à Lomé (Togo). Il m’a fait découvrir de nombreux morceaux de rap français. Je me rappelle du jour où j’ai écouté avec lui, pour la première fois, « Mon Papa à moi est un gangster » de Stomy Bugsy. Mon père a entendu cela et s’est écrié : « Allez, allez, éteignez-moi ça, c’est quoi cette musique !? » (rires). Il était très chrétien et, lorsqu’il est décédé, j’avais 9 ans. Je suis alors allé m’installer chez ma grand-mère. Elle m’emmenait régulièrement à l’église et je faisais partie de la chorale. Je chantais tel un petit enfant de choeur mais il n’y avait pas que des gens qui chantaient Jésus (rires). À la sortie de l’église, j’avais des amis qui ramenaient leurs baladeurs et on écoutait de la musique. C’est ainsi que j’ai commencé à écrire des morceaux. Arrivé au collège, j’avais un ami Gabonais avec qui on a formé un groupe de rap. C’était une belle expérience. Après le collège, j’ai quitté le Togo et suis allé m’installer chez ma mère, à Cotonou (Bénin). C’était encore mieux là-bas ! Quand tu étais un gars qui savait rapper, on te donnait le respect. Ça tombait bien, ils allaient être servis (rires). Je me rappelle qu’à l’époque, j’avais 14/15 ans, je rappais avec un ami qui s’appelle Roméo et qui est aujourd’hui humoriste. Un jour, j’ai fait un clash dans la rue avec un jeune qui rappait et s’appelait Tchuméo et les gens ont aimé. Par la suite, il m’a proposé de lui faire un refrain et c’est la première fois que je suis entré en studio. Nous sommes allés chez Dagger, qui était à l’époque le même arrangeur son du Bénin et qui avait lancé la carrière de nombreux artistes parmi lesquels Blaze, un des piliers du rap local à l’époque. Le mec chez qui on a posé le morceau a halluciné et c’est comme ça que j’ai commencé à réellement chanter et écrire mes propres morceaux.

Et à quel moment as-tu décidé d’en faire carrière ? Le moment où j’ai eu le déclic, c’est la première fois que je suis monté sur scène. La communion avec la foule, voir comment le public reprenait mes morceaux alors que je n’avais pas fait une énorme promotion... C’était fou ! Du coup, je me suis dit : « Autant faire un métier que j’aime plutôt que ce que les autres aimeraient à ma place ». J’ai longuement hésité car je pensais à mon père. C’était un daron à l’ancienne et je ne sais pas si mes choix lui auraient plu. Je craignais qu’il ne se retourne dans sa tombe s’il savait que je fais de la musique et non pas de longues études comme il l’aurait rêvé. Mais la vie est un choix.

Comment décrirais-tu ton univers musical ? Je fais de l’afro urbain. J’ai grandi avec l’urbain et j’ai du mal à m’en défaire. Je pioche dans ma culture africaine mais je veux rester fidèle à mon époque. Quant aux thématiques de mes chansons, j’aime raconter mon vécu, avec du franc-parler. Je ne peux pas faire que de la punchline. S’il n’y a pas de messages, j’ai l’impression que mon morceau est vide.

Qui sont tes inspirations ? Par rapport aux sonorités, je vais lister celles qui ont bercé mon enfance : Angélique Kidjo, Bella Bellow, King Mensah ou encore Dj Veekay - paix à son âme. Et en terme de parcours, je suis obligé de citer Booba. Sa carrière et son évolution sont incroyables. Il y a des artistes que j’aime beaucoup mais qui n’ont pas su traverser le temps. Lui a réussi.

Quelles sont les actus pour la rentrée ? J’ai le clip de mon dernier morceau « Blanc de Blanc » qui vient de sortir. On a enchainé singles sur singles pour arriver, s’il plaît à Dieu, au projet final qui sera le premier album, avec pas mal de collaborations et belles surprises. Le covid a un peu chamboulé l’agenda mais ce n’était que reculer pour mieux sauter. Vous pouvez dores et déjà profiter des singles qui ont été clippés : « Je m’en fous », « Blanc de Blanc », « Mon Heure » et « À zéro ». Et me suivre sur mes réseaux pour avoir toutes les infos sur la sortie du projet final.

C’est là que tu t’es senti dans ton élément ? J’ai toujours écrit mais je faisais des morceaux que je ne sortais pas. Je chantais devant mes amis et mon petit frère, mais juste pour frimer. Au moment je suis entré en studio pour la première fois, j’ai décidé de sérieusement me pencher dessus. J’ai sorti mon premier morceau et j’ai eu de très bons retours. Je me suis dit : « si les gens aiment bien alors continuons ».

Si je te dis le mot « Roots », cela t’évoque quoi ? Je pense à l’Afrique, le berceau de l’humanité ! Et je te donne une exclu, mon projet va s’appeler « Racines » (rires).


Culture/Art

It’s your boy

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LIMO “Mon style, mes mélodies, mon accent guinéen,

Culture/Art

[...] C’est ce qui me rend unique.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Que nous prépares-tu pour la fin d’année et pour 2023 ?

Mon nom d’artiste est Limo, nom de famille Mansare et prénom Lassimo. Je suis d’origine guinéenne et je vis aujourd’hui en France. Je suis un artiste afro au style musical assez vaste.

Actuellement, avec mon équipe, nous sommes en train de travailler sur le prochain projet qui sortira peut-être en fin d’année, ou début d’année prochaine. Nous sommes toujours en train de faire la promotion du dernier titre qui est sorti : « Tombé pour elle », qui est en train de tourner actuellement et qui a fait pas mal de chemin. En parallèle, on prépare les prochains concerts et tournées.

Revenons sur tes débuts. La musique, je n’y suis pas arrivé sur un coup de tête, mais c’est venu tout seul. Dans mon école, étant petit, il y avait une chorale. C’est là que j’ai vraiment commencé à écouter de la musique et à chanter. Après cela, j’ai énormément consommé de musiques guinéennes et j’ai rencontré pas mal d’artistes avec qui je me suis mis à traîner. C’est tout cela qui m’a donné envie de faire de la musique.

Qu’est-ce qui t’a motivé à entamer une carrière ? Au départ, je ne faisais qu’essayer de reprendre les titres phares de chez moi ou les classiques d’artistes tels que T-Pain, Akon... Ce sont des gens que j’écoutais beaucoup parce que j’arrivais, plus ou moins, à reprendre leurs mélodies. Je sentais que je maîtrisais mon art et que j’étais réellement capable de chanter. Puis, un jour, je me suis dit qu’il fallait me lancer. Il n’y a pas vraiment eu de déclic particulier.

Aujourd’hui, tu es entouré d’une équipe de choc, Jaiye Music. Racontes-nous comment s’est faite la rencontre ? Quand je suis arrivé en France, en 2014-2015, j’ai tout de suite commencé à travailler avec mon cousin, qui avait un studio. Il connaissait pas mal de monde, notamment mon manager actuel : Dez. Après quelques années, j’ai arrêté de collaborer avec ce cousin et je me suis mis à travailler tout seul. Et Dez, entre temps, s’est associé à une autre équipe, auprès de qui il m’a introduit. Une fois les présentations faites, on ne s’est plus lâchés.

Et l’identité artistique, vous l’avez construite ensemble ? L’identité, en réalité, elle a toujours été là. Parce que je ne suis pas sorti de ce que je faisais depuis le pays. J’essaie donc toujours de mélanger mes vibes afro-guinéennes et américaines. Quand je chante, je m’attache à garder mon accent, ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’artistes en France. Mon style, mes mélodies, mon accent guinéen, tout cela est assez particulier et c’est ce qui me rend unique.

Si tu avais la possibilité de faire un featuring avec n’importe quels artistes francophones ou anglophones vivants ? Je choisirais comme artiste anglophone Akon. Et pour l’artiste francophone : Stromae, je trouve qu’il est intelligent. Il pourrait m’ouvrir de belles portes, que ce soit au niveau mélodie, niveau structure des sons, niveau création... Je pense qu’en une seule séance avec Stromae, j’apprendrais énormément !

Tu es originaire de la Guinée, tu as même grandi là-bas. Peut-on le ressentir dans ta musique et qu’est-ce que la Guinée représente pour toi ? La Guinée, c’est la source. Même si je n’y vais pas tout le temps, je me tiens informé sur toute l’actualité. Je suis en contact avec pas mal d’artistes de là-bas. On parle, on échange, donc ça reste la source. Je suis obligé de m’en inspirer. Et, plus tard, j’aimerais bien y monter deux-trois projets. Il ne s’agirait pas de projets musicaux, mais des projets pour essayer d’aider d’autres artistes, notamment en améliorant les conditions d’enregistrement, parce que c’est très compliqué là-bas. Aujourd’hui, ici en France par exemple, tu peux prendre une caméra, tu apprends sur Youtube comment filmer et boum ! Alors que là-bas, juste trouver l’appareil est déjà très compliqué. Il est donc question de pouvoir gérer ce genre de choses, donner accès à du matériel et de la logistique à des jeunes talentueux, dont la Guinée ne manque pas.

Si tu avais un message pour ceux qui te découvrent ? Le premier truc, c’est vraiment de s’abonner à mes réseaux (rires) ! C’est important et ça va me donner pas mal de force. Ensuite, si j’avais un message plus global, je leur dirais tout simplement de croire en soi. Il y aura toujours beaucoup de gens pour te dire « tu ne peux pas ». Il faut se mettre dans sa bulle, s’écouter soi-même et croire en sa destinée.

Décris-nous la femme parfaire, selon Limo ? Pour commencer, ça n’a rien à voir avec la beauté. La femme parfaite, c’est une femme qui est là pour son homme. C’est le bras droit de son mari. Quand son mari a une jambe cassée, elle est là pour le soutenir. Elle le soutient en cas de problèmes et le défend, même s’il a tort. Pour moi, c’est ça la femme parfaite.

Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ? Un baobab.


Culture/Art

“ La suite vous la connaissez : Travis Scott, Shay, TayC... ”

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TITAÏ

Culture/Art

“Impossible de quitter cette Terre sans avoir monté un projet musical impliquant Haïti.” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Quels sont les 3 moments marquants de votre parcours ?

Je suis Titaï, j’exerce comme Disc jockey, mais j’ai également la casquette de compositeur. J’ai la trentaine et suis originaire d’Haïti.

C’est difficile de répondre à une telle question parce que je suis une personne qui savoure les bons et les mauvais moments de la vie. En fait, les moments marquants ne sont pas forcément ceux que j’ai passés avec les artistes. Le premier moment important est en 2016 sur scène avec Travis Scott. Le deuxième moment, c’est lorsque j’ai mixé en Croatie pour le Fresh Island Festival, un souvenir incroyable. Enfin, je pourrais citer la deuxième partie de Sexion d’assaut, à l’Accor Arena avec près de 40000 personnes, un show hallucinant !

Parlez-nous un peu de votre parcours musical, comment vous êtes-vous retrouvé Dj ? En fait, être disc-jockey a toujours été mon rêve, même si ce n’était pas encore vraiment quelque chose de réel. Et puis, dans le fond, ça a commencé comme de l’amusement avant de devenir quelque chose de sérieux. Il est vrai qu’au début, j’étais d’abord dans la danse par l’entremise d’un groupe, et c’est tout doucement que je me suis lancé en tant que Dj à travers le montage des bandes sons. C’est donc à partir de là que la mayonnaise a pris, je me suis lancé dans le domaine avec des petits concerts, des mix pour des évènements dans ma ville. Dans cette mouvance, j’ai commencé à devenir incontournable, surtout dans ma ville et c’est donc comme ça que j’ai pris la décision d’en faire un véritable métier jusqu’aujourd’hui. Et il n’était pas question que je déçoive ma mère qui avait consenti pas mal de sacrifices pour moi. Aussi, vu que je n’étais pas de ceux qui voulaient recevoir des ordres d’un patron, il était « obligatoire » que je devienne un véritable Dj, d’en faire un métier et d’en vivre.

Quel est l’élément qui t’a fait décoller et devenir une référence ? Le début ne fut pas une période très rose pour moi. Vers 2014, je me dis qu’il faut que j’arrête la musique car trop de mauvaises rencontres, de mésententes et d’histoires tordues. Je n’étais pas assez en mode business et, pour 100 euros, j’étais prêt à jouer. C’est à cette période où je mixais pour « que dalle » que les choses ont pris une autre tournure. 2014, 2015, 2016, je commence à mixer dans un club où le public me plébiscite et dans lequel je fais de très belles rencontres. J’ai gagné la confiance du patron du club et, très vite, il s’est assuré que mon nom figure sur tous les supports de communication liés à des shows. Mon nom et mon travail ont alors commencé à prendre de l’ampleur. Peu de temps après, je débarque sur Génération 88.2 et je me crée le carnet d’adresses qui va permettre à ma carrière de décoller, comme le rappeur Niska dont je deviens le DJ officiel. La suite vous la connaissez, Travis Scott, TayC, Shay...

Quelles ont été vos influences musicales ? Au préalable, il faut savoir que je suis dans le rap et, parce que j’ai su faire une différence, j’ai puisé mes influences dans les Caraïbes. Cette culture caribéenne est ancrée en moi. Les musiciens caribéens ont une façon particulière de mixer et c’est de là que je tire mes influences musicales.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait se lancer dans ce milieu mais qui imagine cela comme une sphère inatteignable ? En fait, la première personne que tu dois motiver, c’est toi ! A l’époque, quand je commençais, ce n’était pas vraiment ça. Même quand j’en parlais à mes proches, personne ne me prenait réellement au sérieux. Il n’y a que la détermination qui paye. Mes parents - surtout ma mère - étaient plus portés sur le fait que je fasse des études et que je puisse trouver un emploi, ils ne voyaient pas d’un bon oeil le fait que je devienne Dj. Aujourd’hui, je ne dis pas que je roule sur de l’or, mais quand tu arrives à envoyer ta mère en vacances, tu te dis que tu as réussi et c’est là où se trouvent la satisfaction et la détermination.

Originaire d’Haïti, que cela représente-t-il pour vous ? Quels sont vos projets d’avenir ? De prime abord, Haïti représente l’indépendance, ce pourquoi je me bats aujourd’hui. Ça représente aussi le combat et la détermination. Pour ce qui est des projets, je ne pourrais rien dire actuellement mais, à moyens termes, je pense qu’il serait impossible pour moi de quitter cette Terre sans avoir monté un projet musical impliquant Haïti.

Quelle est votre actualité ? Actuellement, je suis sur Génération chaque dimanche à 21 heures pour un concept qui s’appelle « Social Radio » où je mixe des sons 100% Afro avec d’autres collègues Djs. Par ailleurs, j’ai monté ma structure où j’ai fait signer deux Djs, il y a un album en préparation qui arrivera certainement au courant de l’année 2023, des singles sont également prévus et le tout sera fait à la sauce Afro, avec un mélange de Pop à la française. Je serai moimême à la production.

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ? L’authenticité, le fait d’être naturel, d’être soi-même.



Culture/Art

STÉPHANE BOSSART LE SORCIER DE L’IMAGE

“L’art de mettre en lumière les traits et la beauté des sujets photographiés par des images « Bio ».” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Stéphane Bossart, artiste photographe béninois.

Comment et pourquoi êtes-vous devenu photographe ? La photographie, c’est la passion qui m’anime depuis le début de mon d’adolescence. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré immortaliser les moments de vie, figer ces instants pour l’éternité. C’est donc très naturellement qu’après avoir suivi des formations dans le domaine de l’image, j’en ai fait mon métier. Et ce, en dépit de l’image négative du métier à l’époque où j ai commencé et des nombreux conseils pour choisir une autre voie que celle-là.

Votre travail a été primé et reconnu au niveau international. que est l’ensemble des distinctions reçues à ce jour ? Effectivement, j’ai eu l’honneur de remporter le prix du meilleur photographe d’Afrique de l’Ouest au Togo, en 2018 ; une distinction d’honneur du meilleur photographe à La Nuit de la Diaspora à Paris, en 2018 ; ainsi que le prix du meilleur photographe africain aux African Talent Awards en Côte d’Ivoire, en 2019. Plus récemment, j’ai remporté le second prix du concours « Calling Across the Distance » organisé par Emergent Art Space, en californie.

Quels sont vos projets photographiques pour 2023 ? Quelles sont vos sources d’inspiration ? Elles sont nombreuses et diversifiées. Pour faire simple, « la vie » est ma principale source d inspiration. Plus particulièrement, les vies sociales, culturelles et contemporaines africaines me captivent par leur richesse.

J’ai énormément de projets qui me tiennent à cœur, dont certains devraient voir le jour en 2023, notamment des ateliers photo, des expositions photo et plein d’autres choses... Soyez patients, vous découvrirez tout cela en 2023.

Originaire du Bénin, que cela représente-t-il ? Comment décririez-vous la « touche » Stephane Bossart ? Stéphane Bossart, c’est l’art de mettre en lumière les traits et la beauté des sujets photographiés par des images « Bio ».

Vous avez été le photographe de nombreuses personnalités, notamment Samuel Eto’o. Racontez-nous cette rencontre et ce lien qui vous unit ?

Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ? ROOTS, c’est le meilleur magazine qui nous représente en France et dans le monde. Vous révélez les talents ou, tel un photographe, les mettez en lumière ! Black excellence. Merci ROOTS.

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J’ai effectivement une expertise dans la prise de vue et les portraits des personnalités publiques, y compris politiques. C’est d’ailleurs mon expérience auprès de l’actuel Ministre des sports béninois qui m’a menée à rencontrer Monsieur Eto’o il y a maintenant quelques années de cela. Parce qu’il a apprécié la qualité de mon travail, mon humilité et ma discrétion, il m’a confié la mission de capturer pour lui ses instants précieux et fait aujourd’hui encore appel à mes services pour immortaliser les moments magiques de sa vie. Je le remercie encore et toujours pour cela.

Le Bénin, c’est tout pour moi. Je suis très patriote et fier d’être originaire d’un petit pays aussi spécial, qui a une âme, une culture incroyable et qui ne cesse de s’améliorer. Le premier pays africain à avoir récupéré les vestiges de son passé auprès de l’ancienne puissance coloniale. Le premier pays dont les amazones inspirent internationalement, un pays qui n’a de cesse de se renouveler sans rien renier de son passé. Non tout n’est pas rose au Bénin, mais c’est quand même un sacré pays avec une histoire que tout le monde devrait connaître. Les Béninois sont inspirants. Voilà, j’aime mon pays le Bénin.


PHOTOGRAPHE : DIDIER TEURQUETIL

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Lauryn Leo, j’ai 23 ans, je suis Guadeloupéenne et Guyanaise. Je suis écrivaine depuis maintenant 1 an. J’adore mon métier. Je souhaite à tout le monde d’écrire, d’avoir la force, le courage, peu importe les raisons. Tout simplement parce que cela fait du bien.

On s’était quitté il y a 1 an sur l’écriture de ton 1er roman que tu avais publié : « 66000 mots pour un Je T’aime ». Peux-tu nous parler de cette première expérience ? Le livre avait été plutôt facile à écrire car je l’ai rédigé un peu comme un journal de bord, au moment de ma rupture.

Pour le publier, ce fut un peu plus fastidieux. Il a tout d’abord fallu que je trouve une correctrice, j’ai dû m’y reprendre à deux fois. Une fois dénichée, le livre a pu être publié. J’étais vraiment contente, les gens autour de moi s’intéressaient à mon expérience. J’ai commencé à aller les vendre dans la rue et le contact avec le public fut incroyable ! C’est une démarche inédite et on me le rappelle encore aujourd’hui. Aller voir les gens pour vendre son livre, à l’instar de ce que certains rappeurs faisaient en vendant leurs disques à Clignancourt en créant un contact direct avec les passants.


OBSESSION

Culture/art

Quand les rôles s’inversent

LAURE ONYL La mode ou le prestige en général peuent apporter bien des tourments lorsqu’il s’agit de garder les choses dissimulées. Pourtant, cela n’a pas freiné Robyn Laynn et Krys Ravis dont la relation naissante a failli prendre fin avant même d’avoir réellement commencé. Sous ce nouveau ciel bleu, que pourrait-il bien encore arriver aux deux protagonistes ? Comment as-tu eu l’idée et le cran d’aller vendre tes livres dans la rue, au contact direct des passants ? Parce que j’ai été recruteuse de donateurs pour des ONG donc, forcément, j’avais l’habitude du contact avec les gens dans la rue. Au départ, je voulais juste essayer. Qui ne tente n’a rien et au final, ça a fonctionné. C’est au fur et à mesure du temps, voyant que la technique fonctionnait, que je me suis mise des objectifs de vente à atteindre.

Comment s’est passé le contact avec le public ? On ne te prenait pas pour un Témoin de Jéhovah (rires) ? Effectivement, d’autant plus que je suis installée à Chatelet (rires). Et à Chatelet, vous trouverez de tout, des Prêcheurs, des Evangélistes, même des Communistes contre le réime Chinois (rires). Du coup, j’essaye vite de casser l’appréhension chez mon interlocuteur en lui expliquant d’emblée que je suis écrivaine et j’ai toujours la même phrase d’accroche : « Je viens voir les petits êtres humains qui m’ont l’air sympathique et sont susceptibles d’acheter mes livres ». Soit la personne est réceptive et cela se passe bien, soit non et on passe au suivant.

As-tu eu des retours de lectrices ? J’en ai eu énormément et ça fait chaud au cœur. Tu en as même qui attendent une suite. Il y a une jeune fille qui m’a beaucoup touché alors que je ne l’ai jamais rencontré. J’avais croisé son copain que j’avais arrêté dans la rue. Je lui avais proposé mon livre Domination, mais il avait choisi mon livre sur les Violences Conjugales qu’il voulait offrir à sa petite amie. Quelques jours plus tard, cette dernière m’a envoyé un message pour me dire avoir pleuré en lisant le livre. Cela m’a fait un choc, se dire que mon œuvre procure de telles émotions.

Avec Obsession, tu en es donc à ton 4ème livre en 1 an. Comment tiens-tu une telle cadence ? J’ai envie de répondre que je suis hyperactive (rires). J’avais sans doute quelque chose à me prouver cette année et je ne pensais pas qu’il s’agirait de cela. Je suis quelqu’un d’assez impatiente et j’aime que les choses se fassent rapidement. J’aime aussi que les choses soient bien faites mais je pense que l’on peut faire vite ET bien. JE me suis rendue compte que je pouvais rédiger un livre en 1 ou 2 mois, et Obsessions est celui qui m’a demandé le plus de temps car je l’ai pondu en 3 mois.

Parlez-nous de ce nouveau roman Obsessions ? C’est la suite de mon deuxième livre qui s’appelle Domination, Quand le sexe, la mode et le féminisme s’allient pour ne former qu’un. Je l’ai écrit parce que ce livre me plaisait et que je voulais transmettre un message à la femme, dans le sens où il y a encore trop de femmes qui ne s’aiment pas, que ce soit capillairement, la couleur de peau, les formes, peu importe. Je trouvais cela beau que les belles paroles portées à une femme viennent de la bouche d’un homme. Un livre où on rappellerait à la femme à quel point elle est belle et forte. Et forcément, il faut le faire vivre à travers une histoire. Obsessions, c’est la suite. On entre davantage dans le vif du sujet des émotions des personnages. Il a été dur à écrire parce que je pense que le premier, je l’avais écrit pour moi, mais le fait de savoir qu’il y a des gens qui avaient aimé ce roman et attendaient une suite, je me suis mise une pression énorme pour que ce soit parfait. C’est ce qui explique que j’ai mis 3 mois au lieu de 2 mois

La suite, tes projets ? Je compte écrire un autre livre sur un sujet qui n’a rien à voir. Il s’agira de l’histoire d’un psychopathe et c’est un beau challenge car cela va me sortir de ma zone de confort. Tous mes livres parlaient d’amour et là ce ne sera pas du tout le cas.

Si tu avais un message pour les femmes ? Kiffez votre lecture les meufs (rires) ! Je veux offrir du divertissement, qu’elles se plongent dans le livre et oublient tout le reste. Le but n’est pas de se prendre la tête, la lecture est fluide. Ce sont des thèmes que l’on connait déjà mais qu’on a parfois besoin de se rappeler.

Originaire de Guadeloupe et Guyane, cela peut-il intervenir dans tes intrigues ? Bien sûr, j’y pense pour des livres futurs ! Et, même si ce n’est pas forcément précisé ou flagrant dans le roman, la protagoniste principale est une femme noire. Mes héroïnes sont toujours des femmes noires, à l’exception du livre sur les violences conjugales où je voulais que la couverture soit neutre afin que toutes les femmes se sentent concernées.

Si je vous dis le mot ROOTS, vous me répondez ? Les racines, le sang !


La famille, chaque semaine retrouvez les analyses et décryptages après les grands matchs de notre planète foot.... Et ça se passe au quartier ! Pour cette Coupe du monde 2022, nous ferons un focus spécial sur les pays africains engagés, avec la présence de nombreux guests sur les debriefings de matchs ! Alors, il ne te reste qu’une chose à faire : - T’abonner à notre page YouTube La Cité Debrief, - Nous suivre sur Instagram, liker et partager à fond !


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Entretien exclusif

VIRGINIE SAINSILY “ Ce n’est pas parce qu’on est médiatisé qu’on a l’obligation de défendre publiquement telle ou telle cause. Moi, je le fais ouvertement parce que c’est mon caractère, ma personnalité. ”

PHOTOGRAPHE WIL ZAID STYLISME ANTOINE SCHMIDT MAQUILLAGE BONNITA BEAUTY LIEU YAKUZA BY OLIVIER

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Robe : NÉ chez STAMP PARIS Bijoux : BURMA Pochette : ROGER VIVIER


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Pantalon & Chemise : OUD Sac : HERMÈS mini KELLY Pochette pour le sac : LE BAG Le tout de chez STAMP PARIS Bijoux : YANN SAINT JOHN ROBINSON


Sport

VIRGINIE SAINSILY

PASSIONNÉE, POSITIVE & ENGAGÉE “ Je vis le combo parfait en travaillant pour l’Equipe qui est une maison formidable, et pour Prime. Je ne me suis jamais sentie plus épanouie qu’aujourd’hui. ” Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je m’appelle Virginie Sainsily, j’ai 33 ans, et je suis journaliste présentatrice sur la chaine l’Equipe et sur Prime Video (Amazon). Racontez-nous la genèse de votre parcours. Les médias, le foot… Était-ce une vocation de toujours ou un heureux hasard ? Les médias, c’était ma vocation de toujours oui. Depuis petite, j’ai toujours rêvé de travailler à la télé. J’ai fait mes armes après 2 diplômes d’école de journalisme, j’ai enchaîné les stages à l’étranger, tantôt parce que je voulais voir ce qui se passait ailleurs, tantôt parce que je suis passionnée de voyages et de cultures étrangères. J’ai travaillé 5 ans comme reporter à BFMTV avant d’animer ma propre émission dans la matinale. Puis, j’en ai eu marre des informations négatives et de la course au divertissement dans l’actualité en permanence. Alors j’ai pris mon baluchon et j’ai quitté mon CDI sans trop savoir ce que j’allais trouver derrière. Tout ce que je savais c’était que je voulais traiter uniquement du news positif. Et puis j’ai pris le temps de la réflexion, j’adore le sport, j’ai moi-même pratiqué l’escrime de mes 8 à 18 ans donc je me suis dit pourquoi ne pas tenter. J’ai envoyé des CV, l’Equipe m’a proposé un entretien, et je suis devenue la nouvelle présentatrice du JT des sports dans l’émission du soir. Amazon a suivi juste après. Avez-vous eu une figure d’inspiration dans l’univers des médias et/ou du sport ? Harry Roselmack est mon exemple depuis mes débuts. Il allie et représente tout ce que j’aime : travail, humilité, bienveillance et bonne humeur. J’ai eu la chance de le rencontrer jeune. Par la suite, nous sommes devenus très amis et il m’a toujours accompagnée dans mes projets.

Si vous deviez citer vos 3 moments les plus marquants depuis le début de votre carrière ? Le crash Germanwings m’a particulièrement marquée. Humainement et professionnellement. J’ai été la première sur les lieux, j’ai filmé les seules images revendues dans le monde entier. Je n’étais encore qu’en alternance à BFMTV, cela ne faisait que quelques mois. Les chefs ont vite compris que je n’avais pas froid aux yeux et que j’étais une vraie passionnée. Ils m’ont fait confiance et m’ont permis de gravir rapidement les échelons. Le 2e évènement a été la perte de ma mère décédée suite à un cancer du colon détecté trop tard. Elle est partie moins d’un an après avoir su qu’elle était malade. J’ai tout remis en question à ce moment là. Je n’avais que 27 ans. J’ai dû réapprendre à vivre sans elle, et à faire le tri dans ma vie. Ce qui est important et qui mérite des efforts, ce qui l’est beaucoup moins et qui ne mérite pas que je m’y attarde. Cela a été un réel tournant. Enfin, plus récemment, j’ai redécouvert les plaisirs du terrain lorsque Prime Video m’a proposé de faire les interviews et les commentaires des matchs de Ligue 1. Je vibre, je m’éclate. Je vis le combo parfait en travaillant pour l’Equipe qui est une maison formidable, et pour Prime. Je ne me suis jamais sentie plus épanouie qu’aujourd’hui.


Sport

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Costume : AQUAREL STUDIO Pochette pour le sac : LE BAG Le tout de chez STAMP PARIS

Sac : HERMÈS KELLY Soulier : HERMÈS ORAN Bague : YANN SAINT JOHN ROBINSON


Fourrure : ÉMIL SHABAEV Sac : DIOR Le tout de chez STAMP PARIS Lunettes VERSACE


Pantalon en cuir : SKIIM Top en cuir : SKIIM Sacs : CHANEL Montre : HERMÈS Le tout de chez STAMP PARIS Bijoux : YANN SAINT JOHN ROBINSON


Sport

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Bustier en cuir : FANTÔME Manteau : FANTÔME Bermudas en cuir : FANTÔME Chaussures : AMINA MUADDI Montre : HERMÈS Le tout de chez STAMP PARIS Montre : YANN SAINT JOHN ROBINSON


Sport

“ Le Cameroun [...] Une qualification avec les tripes dans les toutes dernières secondes grâce à un grand Toko Ekambi. Je les vois bien briller au Qatar. ” Votre pronostic pour le Mondial 2022 ? La France ne fera pas grand chose, malheureusement. Les derniers matchs de Ligue des Nations n’ont rien montré et, même si l’effectif est colossal, le collectif n’y est pas. C’est difficile de remobiliser une équipe qui a déjà décroché le Graal. La motivation n’est plus la même. Je doute qu’on réitère l’exploit avec les mêmes joueurs. Au vu de l’Euro dernier, je vois bien l’Angleterre l’emporter.

Si une équipe africaine devait créer la surprise avec un beau parcours, vous miseriez sur qui et pourquoi ? Je dirais le Cameroun. Ils ont arraché leur qualification avec les tripes dans les toutes dernières secondes grâce à un grand Toko Ekambi. Je les vois bien briller au Qatar.

En observant, vous semblez être une personne engagée. On peut, notamment, le remarquer sur certaines tenues #BlackOwned subtilement portées à l’antenne ou sur votre Instagram. Est-ce, selon vous, un devoir en tant que personnalité médiatique de donner de la lumière sur la cause noire ? Pas nécessairement. Chacun fait ce qu’il souhaite. Ce n’est pas parce qu’on est médiatisé qu’on a l’obligation de défendre publiquement telle ou telle cause. Moi je le fais ouvertement parce que c’est mon caractère, ma personnalité. Je dis ce que je pense, je fais ce que je dis. Tout le monde me connait, on sait que je suis comme ça. Si je peux aider, à mon échelle, je le fais. Comme lorsque je me suis rendue 1 mois au Togo en mission humanitaire quand j’ai quitté BFMTV. J’avais toujours rêvé de le faire, de pouvoir me rendre utile. Je n’en avais jamais eu le temps. L’occasion était parfaite à ce moment-là.

Originaire de la Guadeloupe, que cela représente-til pour vous ? C’est ma force. Je viens d’une petite île, où tout le monde se connait. Où l’éducation est stricte, où la vie est tranquille. Il y a des problèmes comme partout évidemment, mais j’ai eu une enfance heureuse entourée de mes 3 frères. Je n’ai pas grandi dans l’opulence, c’est ce qui me fait garder les pieds sur terre.

Que peut-on vous souhaiter pour cette fin d’année ? De partir au Qatar pour couvrir la Coupe du monde ! C’est un rêve de petite fille, ce serait la meilleure chose qui puisse m’arriver.

Si je vous dis le mot « Roots », quelle est la première image qui vous vient à l’esprit ?

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Bob Marley ! Ou Sizzla (rires). Leurs chansons ont bercé toute ma jeunesse. J’ai un dicton qui me revient très souvent à l’esprit, surtout quand ça ne va pas et que le moral n’est pas au rendez-vous. “Quand tu ne sais plus où tu vas, souviens-toi d’où tu viens”. Je rentre très régulièrement me ressourcer sur mon île. Et je suis fière de mes origines.


Chemise : ETHNIK NATION


Photo : Idrissa Diabaté

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Contrôle d’identité, s’il vous plaît ? Je suis José Pierre-Fanfan, j’ai 47 ans, je suis un ancien footballeur professionnel, d’origine Martiniquaise, aujourd’hui consultant chez Canal+ International, notamment Canal+ Afrique et Canal+ France.

On arrive sur la dernière ligne droite de la Coupe du monde qui va se dérouler au Qatar. Quel est ton premier ressenti ? C’est le mondial de l’inconnu. Au-delà du coté exotique, il est en plein milieu de saison, en fin d’année civile et c’est totalement inédit. Inédit pour tout le monde, pas que pour le championnat de Ligue 1 que je suis, mais pour tous les championnats. La préparation doit être particulière pour l’ensemble des joueurs et, quelque part, cela rebat les cartes. Les joueurs vont arriver avec beaucoup de fraîcheur parce qu’en novembre c’est le pic de forme pour l’ensemble d’entre eux.

Cela ne condamne-t-il pas davantage les plus faibles sélections ? Justement, ce qui est surprenant c’est qu’on vient de vivre une dernière fenêtre internationale et beaucoup de joueurs sont blessés, en ce début de saison. Et c’est surprenant car on pourrait imaginer que les joueurs sont frais, ils montent en puissance petit à petit, mais beaucoup sont déjà sur les rotules. La saison dernière avait déjà été harassante, c’est difficile, elle s’est terminée avec plus de 60 matchs pour certains. Malgré les 3 semaines de vacances, tout s’est vite enchainé avec les matchs tous les 3 jours. Ce qui montre déjà que, physiquement, c’est compliqué. Quand je dis que cela rebat les cartes, c’est parce qu’il n’y aura pas de préparation, les joueurs seront libérés par leurs clubs aux environs du 10 novembre. Le premier match de la Coupe du monde sera le 22 novembre, il n’y a plus de matchs amicaux et toutes les nations vont entrer tambour battant dans la compétition.

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JOSÉ PIERRE-FANFAN

DÉCRYPTE LES CHANCES AFRICAINES POUR LE MONDIAL 2022 Quel est le pays favori et celui qui fera la surprise ? Il y a toujours les équipes européennes et sud-américaines qui ont logiquement leur mot à dire. Les stars devront, dans tous les cas, être présentes : Neymar, Messi, Ronaldo... Parce qu’ils ont cet événement en tête depuis le début de la saison et qu’ils se préparent pour cette Coupe du Monde à travers leur championnat domestique. Mais, sans surprise et étant plutôt être cartésien, je vois le Brésil capable capable d’aller chercher quelque chose. C’est une équipe qui a connu des années un peu délicates, qui s’est reconstruite, qui a retrouvé une ossature, des joueurs qui sont aussi revanchards et qui savent que - pour certains - c’est la dernière, il faut aller la chercher. L’équipe de France, tenante du titre, qui est en reconstruction, doit malgré tout essayer d’aller la chercher, son statut l’impose. Mais le contexte est flou, le France connait aujourd’hui de nombreuses difficultés, que soit au niveau de la Fédération, que ce soit sportif au niveau des joueurs, de leurs états de forme et des blessures (Kanté, Pobga...). Enfin, le champion d’Afrique en titre, le Sénégal, pourrait créer la sensation. Parce que, dans quasiment toutes les lignes, ils ont des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs européens. À l’époque, le grand Cameroun avait des joueurs qui évoluaient justement dans les plus grosses ligues, au plus haut niveau, que ce soit à Barcelone (Eto’o), Chelsea (Geremi) ou Arsenal (Lauren), entre autres. Je retrouve un peu ça à l’heure actuelle avec le Sénégal.

LE CAMEROUN

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Là, on va entrer dans une autre compétition. C’était déjà un premier objectif de se qualifier, ils l’ont fait avec brio. Je pense qu’il n’y a jamais de hasard dans le sport de haut niveau. Ils ont été chercher cette qualification donc on ne peut pas la leur retirer. Même si, effectivement, Belmadi et les Algériens auront un tout autre avis, parce que la défaite a été amère. C’était la première étape. Elle est faite. Ça doit leur permettre aussi de grandir. Et maintenant, il y a un président, Samuel Eto’o, qui a déclaré qu’ils veulent gagner la coupe du monde. Ce qu’il faut, c’est décrypter le discours. Moi, je comprends ce qu’il veut dire. Je pense qu’il est conscient que ce serait plus que miraculeux pour le Cameroun de gagner la coupe du monde. Mais en même temps, quand vous participez à une coupe du monde, vous êtes sur un pied d’égalité. On démarre sur la ligne de départ au même niveau que les autres, il a donc raison de tenir ce discours. Mais après, quand on regarde un peu plus, il y a beaucoup d’incertitudes malgré tout côté Cameroun. Il va déjà falloir qu’ils sortent d’une poule où il y a le Brésil, la Serbie et la Suisse. Ce n’est pas facile. Quand je regarde l’effectif, il y a la qualité, mais je pense qu’il n’y a pas une qualité suffisante pour avoir de l’ambition dans ce mondial. Ça manque malgré tout de talents, de joueurs qui jouent au plus haut niveau, de très bons joueurs. On est loin de la génération des Eto’o où, pour moi, il y avait des joueurs qui évoluaient au plus haut niveau, dans des clubs prestigieux. On a une bonne équipe camerounaise qui se doit d’aller chercher une deuxième place et voir derrière, match après match, jusqu’où on peut aller. Mais sincèrement, ça va être difficile pour le Cameroun.


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“Qui peut, mieux qu’un entraîneur local, représenter son pays au plus haut niveau ? J’imagine mal l’équipe de France entraÎnée par un Africain ou un Russe, quand bien même il aurait été un grand joueur.” LE SÉNÉGAL

LE MAROC

Ce sera difficile pour eux aussi. Parce que déjà, pour les cinq équipes qualifiées, il faut sortir un peu de ce plafond de verre qui est posé sur les têtes des sélections africaines. Je pense que c’est pour cela, pour revenir à Samuel Eto’o, qu’il a tenu ce discours, dire « on va la gagner » et non pas juste dire « sortir des poules ou passer les huitièmes de finale ». Il faut avoir cette envie d’aller la chercher. Aujourd’hui, le Sénégal, en termes d’ossature d’équipe, est la mieux armée des équipes africaines. Il y a une continuité par rapport à son sélectionneur qui est en place depuis 7 ans. Dans toutes les lignes, le gardien, l’assise défensive, le milieu de terrain, l’attaque. Même si Mané est un peu en difficulté cette saison du côté du Bayern, l’ensemble des joueurs évoluent dans les plus grands championnats et dans les meilleurs clubs. Ils sont champions d’Afrique en titre et finalistes l’édition d’avant, ce qui montre une continuité dans la performance. Pour valider une aussi bonne génération, il faut frapper fort ! Ils l’ont fait sur le continent africain, maintenant il faut miser sur la scène mondiale. Ces lions de la Téranga doivent vouloir beaucoup plus que les quarts et chercher les demies ! Déjà, il faudra sortir de cette phase de poules et je pense qu’ils en sont capables. Ce serait une déception énorme s’ils n’y arrivaient pas. C’est à l’équipe d’être ambitieuse !

Je pense que le Maroc peut représenter fièrement le continent africain dans cette compétition. Il y a eu un changement de sélectionneur juste avant la coupe du monde. C’est Vahid Halilhodzic qui les a qualifié pour la coupe du monde, mais comme il était contre la venue d’ Hakim Ziyech, pour l’équilibre du groupe, il a été limogé. Les Marocains trouvaient impensable de se priver d’un tel joueur pour la coupe du monde. Je ne suis pas sÛr que ce soit le bon timing. Mais, en termes d’effectif, je pense que le Maroc se doit d’aller chercher un huitième de finale. L’objectif est donc de sortir de leur poule.

LE GHANA Je ne suis pas du tout optimiste sur le Ghana. Ils sont, certes, qualifiés mais c’est une équipe qui, en termes de proposition dans le jeu, va se reposer sur un André Ayew qui aujourd’hui est vieillissant. Donc ça reste très compliqué et très poussif dans le jeu. Je ne les vois pas sortir de leur phase de poule. Donc, une participation, certes, mais je ne les vois vraiment pas aller plus loin.

LA TUNISIE

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Ca va être compliqué. Parce qu’ils partagent leur groupe avec la France, l’Australie et le Danemark. Je les vois en grande difficulté. Ce serait vraiment un exploit qu’ils terminent deuxième de cette phase de poules. L’équipe de France est supérieure ; le Danemark, lorsqu’on voit ce qu’ils ont proposé face à l’équipe de France me paraît également largement au-dessus. Les Tunisiens, là aussi, n’ont pas de joueurs qui évoluent au plus haut niveau, donc qui vont manquer d’expérience au niveau international. La victoire, c’était déjà la participation en coupe du monde.


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Fait historique, on va avoir cinq sélectionneurs de sélections africaines, issus des pays en question, pour la plupart des anciens internationaux, qu’est-ce que ça t’évoque ? C’est une très bonne chose. Ce qu’il faut, c’est ne pas partir dans les extrêmes. Et, à un moment donné, sur le continent africain, on était sur les extrêmes. C’est-à-dire que des entraineurs étrangers, sans Cv et sans vécu particuliers en Europe avait la côte, juste côte parce qu’ils étaient Européens, parce qu’ils étaient Blancs. Ces entraineurs -là, personne n’en voulait en Europe. Et ils trouvaient, paradoxalement, de belles nations africaines à entraîner. Ils ont fait carrière comme ça sur le continent africain. Généralement, quand on voulait des locaux, ils n’avaient pas forcément la formation. Et pas toujours les outils pour travailler. Ça, ça a évolué. Aujourd’hui, si on observe le cas d’Aliou Cissé, il a passé ses diplômes, il a fait ce qu’il fallait pour être en capacité d’entraîner. Et, par la force des choses, il a fallu qu’il y ait des exemples. Le Sénégal, avec Cissé, ils ont montré l’exemple, en lui faisant

Ton Onze de rêve africain (joueurs en activité) ? Onana - Hakimi Bensebaini Koulibaly Bailly - Fofana, Benacer, Zambo Aguissa - Mané, Salah, Osimhen.

Si je te dis “Roots”, cela t’évoque quoi ? L’encrage !

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Photo : Idrissa Diabaté

confiance. Il en est de même avec l’Algérie et Belmadi. Ces deux nations ont montré l’exemple, en montrant surtout qu’elles étaient capables de gagner, avec des entraineurs locaux. C’est une bonne chose, car qui peut, mieux qu’un entraîneur local, représenter son pays au plus haut niveau ? J’imagine mal l’équipe de France entraÎnée par un Africain ou un Russe, quand bien même il aurait été un grand joueur. Quand on parle de l’après Didier Deschamps, sur les postulants, il n’y aura pas d’étrangers. Il faut qu’en Afrique, petit à petit, ce soit le cas pour toutes les nations africaines. Et pour cela, il faut anticiper et inciter les anciens joueurs à se former.


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