Mémoire 100 ans - La vallée de l'Erdre

Mémoire 100 ans de paysage Emeriau Justine DEP1

LA VALLÉE DE L’ERDRE DE LA RIVIÈRE, AUX PLATEAUX AGRICOLES

AVANT PROPOS

© entreprendre-proximite.com

On entend souvent dire de l’Erdre qu’elle est «la plus belle rivière de France». Une phrase que l’on doit à François Ier, et que bien des locaux connaissent.

Il ne serait pas très objectif de confirmer ces propos, mais ayant habité à moins de 500m de celle-ci, je dois bien avouer trouver ces paysages magnifiques. Si j’ai choisi de prendre comme territoire d’étude le lieu où j’ai grandi, c’est que je savais justement, ne pas tout connaitre de celui-ci. J’ai pris ce travail de «Cent ans de paysage», comme une opportunité d’aller creuser, là, où je ne l’avais finalement jamais fait. Spoiler alerte, ça a parfaitement fonctionné. J’ai pu découvrir des endroits dont je ne soupçonnais ni l’existence, ni la beauté, et je sais désormais que mes balades sucéennes auront une toute autre saveur. A mi-chemin entre les paysages de mon enfance et ceux d’une partie de ma famille, je me suis donc promenée le long de l’Erdre, au fil de l’eau. Ces balades, commencées il y a une vingtaine d’années, ont fait de moi l’étudiante en paysage que je suis aujourd’hui. Vivre dans un tel cadre, avec une telle diversité de paysages, m’a sans aucun doute, appris à poser un regard tout particulier sur les paysages de l’eau, que j’espère continuer d’explorer ces prochaines années. En attendant, je vous laisse avec cette citation, qui, je l’espère, saura vous donner envie de venir suivre mon voyage, au fil de l’eau: « Vaste plan d’eau sinueux aux berges tantôt abruptes tantôt indistinctes, où l’eau et la terre se côtoient et s’imbriquent souvent de manière diffuse à la faveur des marais et des boires, l’Erdre n’est ici qu’une succession de perceptions contrastées et déconcertantes par leur renouvellement. Caractère sauvage et harmonie subtile se conjuguent ou alternent pour le plaisir du randonneur ou du promeneur, qu’il soit sur l’eau ou sur la berge. La diversité écologique et le caractère changeant qu’elle induit au fil des saisons, jouent un rôle de premier plan dans la richesse des perspectives et des ambiances. »1 1. Ouest-Aménagement, 1992 - Étude écologique de l’Erdre. Tome 1 : Présentation Générale. Ouest-Aménagement, Syndicat Mixte de l’EDENN

TABLE DES MATIÈRES Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

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Introduction La vallée de l’Erdre, un territoire rivulaire oscillant entre bocage et zones humides

PARTIE 1- LA VALLÉE DE L’ERDRE AU FIL DE L’EAU

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10-51

Une vallée singulière, aux paysages multiples

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Un séquençage au fil de l’eau

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1. Des Huppières à la Jaille, un paysage pluriel 1.1. Des paysages rivulaires dominés par la ripisylve et autres forets alluviales

- Des berges boisées fermant le paysage et les vues sur l’Erdre

- Une richesse écologique , faunistique et floristique

- Des vallons encaissés faisant entrer l’eau dans le bocage

- La tourbière de Logné 1.2. Une sauvegarde du bocage par l’élevage

- Un paysage semi ouvert ponctué de boisement

- Parcelles céréalières, les quelques traces du remembrement

- Pression foncière et habitat rural diffus sur le bocage «traditionnel» 1.3. Une urbanisation tournée vers l’Erdre, le cas de Sucé sur Erdre

- Installation urbaine sur le méandre

- Des berges privatisées

16-29 18-19

2. De la Baraudière au Château du Pont Hus, l’Erdre lacustre, d’un marais à l’autre 2.1. Les plaines, un paysage horizontal fermé par une ripisylve dense

- Une rivière aux allures de plan d’eau

- Une nature sanctuarisée, des berges inaccessibles 2.2. La gestion des marais, comme atteinte directe au paysage

- Le marais de Mazerolles

- Le marais de la Blanche Noé

- Le marais de la Grande Bodiniere 2.3. Aux extrémités est-ouest, des paysages agricoles variés

30-39 32-33

3. De Tomblehoux au Port Saint Martin, une mutation du paysage rural 3.1. Une disparition progressive de l’Erdre au profit des paysages de grandes cultures

- Rétrécissement du lit de l’Erdre et «cabanisation»

- Simplification des paysages par les grandes cultures 3.2. Un tissu urbain hétérogène

- Derrière le paysage agricole, un habitat rural diffus et des lotissements

- Nort-sur-Erdre, futur pôle structurant

40-49 42-47

Bloc de synthèse des paysages

22-25

26-29

37-37

38-39

48-49 51

PARTIE 2- LES TRACES DE L’HISTOIRE SUR LES PAYSAGES DE L’ERDRE

52-59

1. Des paysages dessinés par l’aménagement de l’Erdre 1.1. L’Erdre avant Barbin 1.2. Une rivière navigable

- Chaussée Barbin

- Canal de Nantes à Brest 1.3. Les travaux de comblement à Nantes 1.4. Une voie de communication aux portées économiques, régie par le niveau de l’eau 1.5. Endiguement des marais de Mazerolles

54-55 54 54 54 54 56 57 58-59

2. Les mutations progressives des coteaux bocager 2.1. Un paysage agricole partiellement bouleversé

- Le bocage Sucéen, terre de polyculture et d’élevage

- Des activités historiquement liées à l’eau

- Photocomparaison 2.2. Les folies nantaises, traces d’un passé bourgeois

- «La rivière aux 365 châteaux», l’architecture au fil de l’eau

- Plus qu’une simple architecture; parc, organisation du domaine et emprise sur les marais 2.3. Du remembrement à la déprise, vers une urbanisation progressive

- Ouverture du paysage suite aux bouleversements des pratiques agricoles

- Photocomparaison

- Étalement urbain et expansion industrielle

- Photocomparaison

60-73 60-63

64-65 66-73

PARTIE 3- QUELS PAYSAGES POUR DEMAIN ?

84-97

1. Acteurs et politiques publiques 1.1. Des acteurs à différentes échelles 1.2. Quels acteurs, quelles actions pour une meilleure gestion / valorisation du territoire ?

- Site inscrit, site classé, quelles incidences sur le paysages ?

- Le PEAN des trois vallées, entre protection du patrimoine bocager et outils de planification

- PLUi, SCOT, quelle prise en compte du paysage dans les documents d’urbanisme ?

- L’EDENN, au cœur de la gestion du bassin versant

76-83 77 78-83

2. Entre constance et métamorphoses, une évolution contrastée sur le territoire 2.1. Séquence 1 - Sucé-sur-Erdre 2.2. Séquence 2 - Les marais 2.3. Séquence 3 - Nort-sur-Erdre

84-97 86-89 90-93 94-97

Conclusion / Remerciements / Bibliographie

99 / 101 / 102-103

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Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

INTRODUCTION Le mémoire « Cent ans de paysage » est un travail d’étude et de recherche ayant pour objectif la mise en œuvre d’une démarche d’investigation, principalement portée sur les paysages et leurs évolutions. La dimension temporelle doit donc être l’axe structurant de ce travail, et permettre un questionnement plus personnel sur les dynamiques paysagères et l’avenir des territoires étudiés.

Pour ce faire, il a fallut avant toute chose, porter un nouveau regard sur le territoire choisi, celui-ci étant une séquence de la vallée de l’Erdre. Apres plus d’une vingtaine d’années à le côtoyer, il était nécessaire de faire un pas de côté pour aborder cette recherche de la meilleure des manières. Se déplacer sur le terrain, à plusieurs reprises, arpenter les petits chemins, les plus grands, découvrir chaque jour un peu plus sur ce territoire, telle a été mon expérience. D’autre part, un nombre important d’échanges avec les acteurs de cet espace, m’a permis de mieux en comprendre les enjeux et dynamiques, mais aussi son histoire. La richesse de ces échanges combinée à de multiples lectures, ont suscité chez moi toujours plus de curiosité. La nécessité de devoir un jour s’arrêter pour entrer dans la réalisation concrète de ce mémoire, j’entends par là, l’écriture, a même été un peu compliqué. Cependant c’est alors un deuxième travail qui s’amorce. Apres la recherche et l’accumulation d’informations, le travail de hiérarchisation, d’organisation de ces mêmes informations, n’en est pas moins prenant. Des questionnements en sont alors ressortis et c’est avec l’écriture, mais aussi le graphisme, que tout cela s’articule aujourd’hui.

La vallée de l’Erdre, située dans les Pays de Loire, et plus particulièrement la séquence qui nous intéresse, de Sucé-sur-Erdre à Nort-sur-Erdre, est une vallée dont les paysages furent petit à petit dessinés par les aménagements liés à cette rivière. Peu de politiques publiques ayant une réelle incidence sur ces paysages, cette séquence oscille entre bocage et zones humides protégées. Comprenant trois grandes situations particulières, un bocage historique, en partie sauvegardé, de vastes espaces de marais et tourbières, ainsi que les prémices d’une commune devenant pôle structurant, les questions sont nombreuses. Comment cette vallée, au paysage si complexe va-t-elle pouvoir évoluer ? Son évolution va-t-elle être la même selon ces trois situations ? Quelles temporalités seront-utilisées et quelles en seront les échelles ?

Photographie des bords de l’Erdre, près du pont de Sucé-sur-Erdre

• Comment le bocage Sucéen peut-il être maintenu ? reconstitué, complété ?

Quel est l’avenir de cette maille bocagère qui tend à se déstructurer et comment l’articuler avec une pression foncière importante ?

• Quel avenir pour la gestion des zones humides ? Certains marais seront-ils ennoyés, rendus accessibles au public, ou complètement sanctuarisés ?

• Comment l’Erdre retrouvera-t-elle une place dans le futur pôle structurant que devient Nort-sur-Erdre ? Est-il possible que la rivière reprenne toute son importance entre paysages de grandes cultures et zones d’activités ?

C’est notamment à ces questions que ce mémoire, va tenter de répondre. Pour cela, une première partie fera état des paysages actuels. Un état séquencé en trois parties qui vous en facilitera la lecture. Puis une seconde étape viendra questionner le passé, l’histoire de ces paysages, les événements qui ont pu les bouleverser. Enfin, c’est en partant des politiques publiques, mais aussi des échanges avec certains acteurs du territoire que plusieurs scénarios prospectifs vous seront proposés.

Très bonne lecture à vous.

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La Pouèze

Carte QGIS du territoire étudié

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Nort-sur-Erdre

Nantes

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Carte schématique du réseau hydrographique de l’ensemble du bassin versant de l’Erdre, réalisée à partir de documents de l’EDENN

Sucé-sur-Erdre

LA VALLÉE DE L’ERDRE UN TERRITOIRE RIVULAIRE OSCILLANT ENTRE BOCAGE ET ZONES HUMIDES Selon l’atlas des paysages de Loire Atlantique, la vallée de l’Erdre longe le «plateau bocager du Sillon de Bretagne» et fait partie de «l’unité paysagère des contreforts ligériens vers l’Erdre et le Segréen». Cette unité se dessine à l’échelle d’un bassin versant allant de La Pouèze, à Nantes, c’est à dire du Maine et Loire, jusqu’en Loire atlantique. Longue d’une centaine de kilomètres, l’Erdre est une rivière particulière dont le lit s’est dessiné au fil des différents aménagements menés par l’Homme. On retrouve d’ailleurs au sud, de Nort-sur-Erdre à Nantes, une partie navigable résultante de ces aménagements, alors que la partie nord, elle, ne l’est pas. Autrefois modeste rivière au lit marécageux formée de bras à l’embouchure, aujourd’hui comblée ou déviée, l’Erdre est une succession de plaines (étendues d’eau), et de séquences plus étroites, de rives sauvages et de tronçons boisés, de marais et de parcs paysagers.

Nort-sur-Erdre

Sucé-sur-Erdre

Située au nord-ouest de la France, dans les pays de la Loire, puis en Loire Atlantique, la partie de la Vallée à laquelle je m’intéresse s’étend de la ville de Nort-sur-Erdre à celle de Sucé-sur-Erdre.

Un territoire d’une longueur, nord-sud, de 14km à vol d’oiseau, et d’une superficie totale d’environ 8 500 Ha. Portion de voie navigable, ce choix me permet de vous présenter l’ensemble des richesses liées à cette vallée, des coteaux bocagers aux paysages ouverts des marais.

D’autre part, à seulement vingt minutes de la métropole Nantaise, la vallée de l’Erdre apparait comme un espace attractif et touristique. Un territoire situé en zone périurbaine, rapidement accessible aux citadins Nantais souhaitant s’éloigner de la ville et se rapprocher «d’espaces de nature».

Entre les paysages marécageux, ceux liés au Canal de Nantes à Brest, ou encore au petites communes installées au bord de l’eau, la rivière offre de nombreuses richesses.

Carte QGIS, localisation du territoire étudié par rapport à la Métropole

L’Erdre

La Loire

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Nantes

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Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

1. LA VALLÉE DE L’ERDRE, AU FIL DE L’EAU

Les paysages offerts par mon territoire s’articulent au fil de l’eau. La vallée de l’Erdre nous propose à la fois des plateaux culminants à 70 mètres, comme des plaines discrètement vallonnées, parcourues de nombreux ruisseaux, formant vallons encaissés et rivières alluviales. Des espaces à plus basse altitude, ouvrent notre regard sur de vastes espaces de marais, à la biodiversité incontestable. Le long de la rivière, ce sont les nombreuses propriétés privées et châteaux, qui nous guideront jusqu’aux paysages de grandes cultures, plus présents au nord.

Pour mieux comprendre l’ensemble de ce territoire et la succession de paysages qu’il nous propose, cette première partie vous le présentera en trois séquences. Ces séquences ont été choisies suite à de nombreuses recherches, mais aussi aux sessions de terrains, souvent révélatrices de l’organisation de ces paysages. Nous irons donc à contre-courant et remonterons progressivement le court de l’Erdre, partant du sud de Sucé-sur-Erdre, pour retrouver une rivière plus sauvage en arrivant sur Nort-sur-Erdre. Nous passerons donc d’un paysage de bocage partiellement sauvegardé, aux paysages horizontaux que proposent les marais, pour finir aux milieux de vastes exploitations céréalières, non loin d’une commune en pleine expansion.

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Paysages de bocage Marais et forets alluviales Reseau hydraugraphique

1. UNE VALLÉE SINGULIÈRE, AUX PAYSAGES MULTIPLES La vallée de l’Erdre se constitue de différentes structures paysagères. Comme précédemment évoqué, on y retrouve notamment des marais, des forets alluviales, des prairies inondables, un bocage «historique», des boisements isolés, des parcelles agricoles ainsi qu’un chapelet de petites communes s’articulant autour de l’eau.

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Avant de se pencher avec plus de précision sur le séquençage que je vous propose, il m’a semblé pertinent d’introduire les paysages de la vallée par un petit état des lieux des différentes structures paysagères qui les composent.

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1. Ripisylve et forêt alluviale Espace de transition entre le milieu aquatique et terrestre, elles agissent comme régulateur du débit des eaux et filtre de potentiels polluants, mais protègent également les berges de l’érosion.

2. Marais Réservoir de biodiversité, tant sur la faune que la flore, ils sont des espaces d’une richesse importante, aujourd’hui menacés par la transformation et l’uniformisation des paysages.

3. Bocage Essentiel au maintien de la biodiversité ainsi qu’à la filtration de certains polluants, le bocage et son réseau de haies participent activement à la qualité paysagère de la vallée, car partiellement préservés.

4. Chapelet de communes Installation urbaine sur le méandre ou les bords de l’Erdre, leur développement est étroitement lié à la présence de la rivière.

La richesse toute particulière de la vallée ne tient non pas dans l’individualité de ces structures, mais plutôt dans les interrelations qu’elles proposent.

En effet, si ce territoire offre une telle diversité écologique, mais aussi de paysages, c’est que cette diversité s’articule de manière intelligente allant du fond de vallée, jusqu’aux plateaux bocagers. C’est donc pour cette raison que le séquençage au fil de l’eau apparait comme l’un des meilleurs moyens de comprendre le paysage, et d’en faire ressortir les qualités paysagères dans leur ensemble.

Illustration cartopgraphique des structures paysagères du territoire d’étude

Bocage Sucéen

Marais sauvage de Mazerolles

Boisement ponctuel de la vallée

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Echantillon des paysages de la 1ere séquence

Echantillon des paysages de la seconde séquence

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Echantillon des paysages de la dernière séquence

2. UN SÉQUENÇAGE AU FIL DE L’EAU La première séquence, sans doute la plus complète s’articule autour de la commune de Sucé-sur-Erdre.

Elle est l’exemple le plus complet des paysages de cette vallée. On y retrouve donc une commune en constante évolution, des zones humides comme la tourbière de Logné, l’une des dernière tourbières à sphaignes du massif armoricain, une rivière à la ripisylve dense et aux berges presque entièrement privées, mais aussi et surtout, un vaste bocage bien que quelques peu bousculé, encore bien présent à certains endroits.

La seconde séquence, se compose essentiellement d’espaces de marais: les marais de Mazerolles (le marais sauvage et le marais endigué), le marais de la Grande Bodinière ou encore le marais de Blanche Noé. Mais c’est également au niveau de l’Erdre que les paysages changent puisque la rivière s’élargit et laisse place a de vastes plans d’eau qui donnent à l’Erdre des allures lacustres. Aux extrémités la maille bocagère s’est distendue et les paysages agricoles s’ouvrent petit à petit. Cette seconde séquence se caractérise par ses paysages horizontaux.

La dernière séquence se traduit par un rétrécissement du lit de l’Erdre et l’ouverture du paysage sur les espaces agricoles de grandes cultures. Le bocage a disparu et laisse place à des hectares d’exploitations rivalisant avec l’extension industrielle et urbaine de la commune de Nort-sur-Erdre. Les paysages horizontaux se poursuivent donc d’une autre manière, ponctués ici et là d’habitat rural diffus ou de nouveaux lotissements.

3 2 1

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DES HUPPIÈRES À LA JAILLE, UN PAYSAGE PLURIEL Bloc diagramme de la séquence Sucéenne

La Jaille Proprietées privées le long de l’Erdre

Pression foncière Boisement ponctuel

Erdre Vallon boisé Axe routier majeur D178

Folies Nantaises et leur parc surplombant l’Erdre Les Huppières

Zone humide Tourbière de Logné

Plateau bocager semi-ouvert 17

DES PAYSAGES RIVULAIRES DOMINÉS PAR LA RIPISYLVE ET AUTRES FORETS ALLUVIALES Des berges boisées fermant le paysage et les vues sur l'Erdre Cette première séquence se caractérise par la présence d’une ripisylve importante, constituée en grande partie d’aulnes et de saules, mais aussi de quelques bouleaux, avec une strate arbustive quasiment inexistante. Plutôt dense, cette ripisylve ferme le paysage mais offre, en revanche, à la vallée de l’Erdre un caractère sauvage et verdoyant très apprécié. Ces «murs végétaux» viennent rompre l’horizontalité d’une rivière très calme. Ce milieu humide offre, par ailleurs, des fonds de vallons très boisés où l’on retrouve d’autres espèces variées comme l’osmonde royale, l’iris des marais, divers carex ou encore la fougère des marais. Les paysages de berges sont évidemment fortement influencés par l’eau à immédiate disposition.

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Une richesse écologique, faunistique et floristique

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Eau que l’on retrouve également plus loin dans les terres avec de nombreux petits ruisseaux souvent très boisés. Qu’il s’agisse de ripisylve ou plus largement de forêts alluviales, les boisements jouent un rôle majeur dans notre perception du paysage mais aussi dans le maintien de la biodiversité, la régulation des nutriments et l’écrêtement des crues. Les problématiques de ce type de paysage, sont souvent liées à la gestion des berges, avec une opposition entre la volonté d’ouvrir le paysage sur la rivière ou celle de préserver les écosystèmes en place et par la même occasion leur qualité paysagère. Sur l’Erdre et plus particulièrement autour de Sucé-sur-Erdre, on remarque que la ripisylve est globalement maintenue à quelques exceptions près, le port, la Chataigneraie (propriété de la commune).

La Tourbière de Logné Classée Réserve Naturelle Régionale en 2011, sur 61Ha, la Tourbière de Logné est l’un des espaces les plus protégés du territoire étudié. C’est aussi l’un des lieux les plus inaccessibles car fermé au public dans le but de préserver la biodiversité qui s’y développe. C’est d’ailleurs, l’une de dernières tourbières bombées (tourbe blonde), à sphaignes du massif armoricain.

Elle est aujourd’hui gérée par l’association Bretagne Vivante, et ce depuis 1996, notamment suite au programme LIFE tourbières de France.

En terme d’environnement et d’écologie, cette tourbière est d’une richesse surprenante, ZICO, zone Natura 2000 et protégée par un arrêté de biotope. Elle est un site d’intérêt écologique majeur. On y retrouve par exemple, plus de 200 espèces de plantes vasculaires, une grande diversité d’insectes et près d’une soixantaine d’oiseaux.

En ce qui concerne le paysage, il est plus compliqué de se prononcer du fait que cet espace ne soit pas réellement visible, ni accessible. Il est de ce type d’espace dont on connait l’existence mais dont l’Homme ne peut jouir, il est de ceux que l’on protège au nom de la biodiversité et que l’on sanctuarise.

En son cœur, on peut y observer certains éléments paysagers, tels des taillis et fourrés marécageux, des roselières et cariçaies, des étangs, des landes éricacées ou encore des prairies humides et boisements.

Des vallons encaissés faisant entrer l'eau dans le bocage Que ce soit au niveau de l’Hocmard, rive droite, ou aux Huppières, rive gauche, l’Erdre est connectée à un réseau hydrographique bien plus grand que son simple lit. Ces fonds de vallons encaissés, mi-marécageux, sont propices au développement d’une végétation luxuriante. Là encore, c’est la proximité de l’eau qui vient influer sur les paysages. On retrouve par exemple à la suite des Huppières, la tourbière de Logné, zone humide très protégée. Nous retrouvons également l’eau au cœur du bocage, avec des points à plus faible altitude et donc des prairies devenant inondables ou des boisements parfois immergés. Bien que le vallonnement soit assez faible sur le territoire, il ne faut pas oublier que nous sommes au cœur des marais de l’Erdre.

Photographie prise au coeur de la tourbière, © nature.loire-atlantique.fr

Ripisylve et forêts alluviales de la première séquence

Marais de l’Erdre

Aulnaie marécageuse au bord de l’Erdre

Parc botanique Ganuchaud

© EDENN

Sucé-sur-Erdre

Ripisylve dense sur les berges de l’erdre

Les Huppieres

Vallon de l’Hocmard

Tourbière de Logné

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Prairie inondable Carte QGIS retravaillée, hydrographie et boisements

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Sucé-sur-Erdre, plateau bocager semi-ouvert

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UNE SAUVEGARDE DU BOCAGE, PAR L’ÉLEVAGE Un paysage semi ouvert, ponctué de boisements C’est un paysage agricole particulièrement lié à l’élevage qui caractérise les alentours de Sucé-sur-Erdre. Pratique qui sans conteste à jouer un rôle important dans la conservation du bocage historique de cette première séquence. Là où peu sont passés à l’agriculture céréalière, beaucoup on maintenu une activité d’élevage, principalement de bovins.

Les parcelles ont donc été peu touchées par le remembrement et les haies bocagères souvent préservées. On se retrouve donc avec une majorité de parcelles allant d’1Ha à moins de 5Ha, alors qu’à quelques kilomètres, en allant notamment sur Saint-Mars-duDesert, les superficies vont jusqu’à 15-20 Ha, soit plus du triple. Ce maintien de petites parcelles a permis aux haies de ne pas être arrachées ou brûlées et donc de continuer à activement participer au paysage, en nous offrant un plateau bocager semi-ouvert. Au sein de celles-ci, on retrouve majoritairement du chêne pédonculé, quelques robiniers, géraniums, coquelicots, ronces et autres lierres. Les haies bocagères sont un lieu d’abri, de nourriture ou encore de reproduction, elles sont donc indispensables au maintien de la biodiversité.

Pourtant, elles sont à certains endroits et notamment suite à la déprise pastorale en train de disparaitre sous l’enfrichement de certaines parcelles laissées à l’abandon.

Le bocage sucéen, c’est également de nombreux boisements isolés. Sylviculture ou parcelles devenues friches, puis micro-forêts, ces arbres, le plus souvent déjà âgés font partie intégrante du paysage. On trouve chênaies, peupleraies ou encore aulnaies très facilement lors de ballade «en campagne». Les sous bois sont couverts de ronces, lierres, cerfeuil des bois, lathrée clandestine, fougères, parfois ajoncs ou noisetiers, dominés par les grands arbres déjà évoqués, principalement chêne et châtaigniers. Ces bois sont souvent traversés de chemins en terre, servant autrefois aux agriculteurs, et parfois encore. Aujourd’hui, ils sont les itinéraires favoris des randonneurs et cyclistes. On peut régulièrement y croiser biches, chevreuils, lièvres, sangliers, ou reptiles. Une faune ravie par ces espaces de «nature» encore intacts, qui pourtant sont menacés comme nous le verrons plus tard dans ce mémoire.

Occupation des sols, Sucé-sur-Erdre

Parcelles céréalières et maraîchage, les quelques traces du remembrement Selon la carte d’occupation des sols, les prairies et forêts de feuillus restent prédominants sur le territoire. Néanmoins, on remarque quelques cultures céréalières (maïs, blé, légumineuses, colza) principalement situées à l’ouest de la vallée. On y observe des parcelles de plus grandes superficies et un réseau de haies moins dense ou parfois même inexistant. C’est d’ailleurs sur ces grandes parcelles à l’ouest, que l’espace urbain s’est développé. Pour autant, les boisements plus tôt évoqués n’ont pas disparus. On trouve ici et là quelques arbres isolés ou taillis maintenus par les agriculteurs. De ce côté le paysage s’ouvre davantage et le regard peut courir sur des centaines de mètres de culture. Sur la rive droite, à l’ouest donc, le bocage est également marqué par la présence de la voie ferrée venant traverser le paysage. Ligne ferroviaire que l’on ne voit pas tant, du fait d’alignements d’arbres plantés sur une bonne partie de sa longueur.

Lorsque que l’on prend le TER Nantes-Chateaubriant, c’est d’ailleurs au cœur d’un «couloir végétal» que se passe la majorité du trajet.

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Carte QGIS de l’occupation des sols sur la commune de Sucé-sur-Erdre

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Habitat rural diffus et pression foncière sur le bocage traditionnel

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Ce bocage est particulièrement ponctué d’anciens corps de ferme, souvent dans leur état d’origine appartenant toujours aux mêmes familles, ou bien parfois rachetés puis rénovés par de nouveaux propriétaires. Ces anciennes bâtisses en pierres sont en quelques sortes les traces d’un passé fortement lié à l’agriculture. A cela, s’ajoute de nouvelles constructions ponctuelles, ainsi que des quartiers bien plus récents, principalement construits sur d’anciennes grandes parcelles agricoles. Ce qui fait des franges de la communes un paysage parfois paradoxal avec des habitations pavillonnaires «modernes» organisées en immenses lotissements faisant face à de vastes champs. Rive gauche, le paysage n’est ponctué que d’habitats individuels (à deux bâtiments collectifs près), arborant dans la majorité des cas, quelques centaines de m² de jardin privé. Rive droite, dans le bourg et quelques nouveaux lotissements, des habitats collectifs sont identifiables. Quelques haies bocagères sont disséminées entre les petits villages.

Villages qui se densifient progressivement, comme

celui de la Filonnière (rive gauche), où les chemins se transforment en rues, et accueillent de nouvelles constructions plus récentes. Viennent alors s’entremêler différentes architectures dans un village qui parvient à conserver une certaine identité. En parallèle de ces nouveaux lotissements, il y a également quelques habitations diffuses, qui émergent ici et là, construites ou complètement rénovées. Elles apparaissent au détour d’un champs, d’une haie, comme perdues au milieu du bocage. Souvent ce sont de jeunes agriculteurs qui reprennent une exploitation, ou créent la leur.

Exploitations que l’on reconnait au loin, longs hangars, toits en taule, elles se fondent assez bien dans le paysage. Constructions horizontales plus que verticales, elles sont souvent à moitié cachées par ce fameux réseau de haies qui vient délimiter leurs parcelles. Ces différentes architectures se côtoient et prennent place petit à petit dans le bocage avec des intégrations plus ou moins réussies, mais faisant tout de même partie de la richesse du paysage Photographie de Sucé-sur-Erdre, rive gauche, par Francis Gardeur, L’Erdre : «La plus belle rivière de France» photographiée du ciel

Village de la Filonnière, ancien corps de ferme rénové

Lotissent récent avec ses maisons individuelles à droite et ses logements collectifs à gauche

Habitat isolé, pâturage et exploitation bovine en arrière

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Intégration paysagère d’une exploitation bovine grâce aux haies existantes

Construction individuelle d’agriculteur, et future parcelle de maraîchage

Au niveau paysager, le plus frappant reste peut être la proximité de l’étendue arborée située au nord-est du bourg, aujourd’hui Parc Botanique Ganuchaud. Il est caractéristique des masses arborées longeant l’Erdre sur presque toute sa longueur, de mon territoire d’étude.

D’autre part, on observe un relief particulier avec une pente relativement douce rive droite et quelque chose plutôt de l’ordre de la falaise rive gauche. Relief qui disparaît progressivement lorsque l’on s’avance vers les marais.

UNE URBANISATION TOURNÉE VERS L’ERDRE, LE CAS DE SUCÉ SUR ERDRE Installation urbaine sur le méandre

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Le centre-bourg de Sucé-sur-Erdre est situé sur la rive droite de l’Erdre.

On peut y observer un centre historique de petite superficie, ce qu’on appelle le bourg. Puis des bâtiments plus récents se dessinent le long de la D37. Les habitations, et nouveaux lotissements, eux s’organisent principalement le long de la voie ferrée et plus loin, toujours le long de la D37. La totalité des commerces et services se trouvent sur cette rive droite, alors qu’on ne trouve que du résidentiel et de l’agriculture rive gauche. L’accès public à l’Erdre, ne se fait réellement que rive droite, en raison, entre autre, du relief. On y trouve par exemple le port, s’étalant de part et d’autre du pont, sous la forme de quais; le quai Bliesranbach et le quai Cricklade. Le pont, datant de 1871, est bordé des deux côtés par de grands platanes qui dirigent la vue sur le cœur de Sucé-sur-Erdre, sa mairie et son église Saint-Etienne. Ce n’est qu’en son point le plus haut qu’il nous offre une vue imprenable sur l’Erdre, au nord comme au sud.

Occupation des sols par l’urbain, Sucé-sur-Erdre

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Photographie de Sucé-sur-Erdre, par Francis Gardeur, L’Erdre : «La plus belle rivière de France» photographiée du ciel Carte QGIS - Espace urbain, Sucé-sur-Erdre

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500m

Des quartiers pavillonnaires mêlant habitat individuel et logements collectifs, route de Casson

Voie ferrée, longtemps abandonnée avant sa réhabilitation pour le lancement du TER NantesChataubriant.

La route de la Mairie (D47) traversant Sucé-sur-Erdre, du sud au nord, de carquefou à Casson.

Pont de Sucé et ses platanes, vu du quai Cricklade, où l’on aperçoit des bateaux en mouillage. A gauche, les cèdres du parc privé de Monretrait

Le parc de la Mairie, étendue enherbée, plantée ici et là de quelques platanes, où trônent les jeux pour enfants, avec à gauche la nouvelle médiathèque.

Un des seuls point où les berges sont accessibles rive gauche:, en face de Monretrait. Ripisylve dégagée (quelques aulnes), et vue imprenable sur l’Erdre et ses propriétés privées, rive droite.

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Habitats collectifs récents, abritant quelques commerces et un pôle médical

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Des berges privées La ripisylve très présente, évoquée précédemment, laisse place ici et là aux parcs paysagers de propriétaires privés, donnant sur l’Erdre. Parcs paysagers que cherche à preserver la DREAL. Mais qui font par ailleurs debats lorsque l’article L21312 du Code général de la propriété des personnes publiques, autorisant un droit de passage le long des cours d’eau, sur le principe de la servitude de marchepied, n’est pas respecté.

A Sucé-sur-Erdre, on compte par exemple, près de 200 propriétés privées donnant un accès direct à l’Erdre. Au-delà des conflits sociaux et juridiques que cela entraîne, on observe de réelles conséquences sur le paysage, notamment liées à la gestion de cette ripisylve.

Le fait que ces berges soient privées offre, à première vue, deux types de paysages bien distincts; une ouverture sur un parc paysager, ou au contraire une ripisylve «entretenue» permettant une certaine intimité aux habitants. Là où quelques uns accordent une importance au paysage et à cet article, en permettant le passage avec un système de gestion différenciée par exemple (cf photo a). D’autres, contre ce droit de passage et avec une volonté de dégager la vue sur l’eau, n’hésitent pas à prendre des initiatives en ce qui concerne l’avenir de certains arbres, avec des tailles parfois inadaptées (cf photo b).

Vue dégagée sur l’Erdre depuis la demeure, rives et architectures pouvant être contemplées depuis la rivière.

Vue partielle sur l’Erdre depuis la demeure, et volonté d’intimité par le maintien des masses arborées sur la berge

28 a

b

© Collectif l’Erdre pour tous Extrait cadastral retravaillé de la commune de Sucé-sur-Erdre, mise en évidence de la privatisation des berges

Mise en évidence des zones privées le long des berges à Sucé-sur-Erdre Parcelles habitées Parcelles cultivées Parcelles publiques

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DE LA BARAUDIÈRE AU CHÂTEAU DU PONT HUS, L’ERDRE LACUSTRE, D’UN MARAIS À L’AUTRE Bloc diagramme de la séquence des marais

Vallon secondaire boisé

Canal de Nantes à Brest Marais en friche Marais endigué de La Grande Bodinière Mazerolles Chateau du Pont-Hus

Commune rurale Petit-Mars

Paysage agricole sujet au remembrement

La Baraudière Marais sauvage de Mazerolles

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© Francis Gardeur

©Atlas des paysages de la Loire Atlantique

© EDENN

LES PLAINES, UN PAYSAGE HORIZONTAL FERMÉ PAR UNE RIPISYLVE DENSE

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Une rivière aux allures de plan d'eau

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Cette seconde séquence est marquée par une horizontalité déconcertante. L’Erdre, à ce niveau, s’étend sous la forme de vastes plans d’eau que l’on appelle «plaines».

On en retrouve notamment deux, la plaine de Mazerolles longue de 3km et large d’1km, et celle de la Poupinière, plus au nord, longue d’1km et large de 500m.

Ces larges plans d’eau aux allures lacustres sont loin d’être naturels. Ils ne sont finalement que le résultat de travaux d’endiguement réalisés quelques siècles plus tôt, en aval. Cela nous donne pour cette séquence, un fond de vallée d’une échelle bien plus importante que sur les deux autres séquences, avec une eau stagnante, retenue par l’écluse Saint-Felix, à Nantes.

Le fruit de ces aménagements offre donc un paysage paisible, où se reflètent soleil et végétation des marais. C’est ici, face à un véritable miroir d’eau, que l’on se retrouve, observant une rivière qui semble s’être mise sur pause. On peut d’ailleurs

assister à des couchers de soleil aux reflets uniques, venant s’éteindre derrière la Guillonnière et les forets avoisinantes, par exemple. Ces plaines sont aussi l’un des terrains de jeu favoris des amateurs de sports nautiques, avec par jour de vent, des dizaines de planches à voile volant sur l’eau. En hiver, avec un peu de brume, l’eau nous offre de toutes nouvelles ambiances, un peu mystérieuses, irréelles et fantastiques. C’est alors le moment de venir se balader sur les deux seuls circuits pédestres approchant la plaine de Mazerolles d’aussi près, la Baraudière (rive gauche) et l’île de Mazerolles (rive droite, faisant face au marais de Mazerolles).

La stagnation de l’eau, en plus de l’ennoiement des marais, résulte également d’un profil altimétrique particulièrement plat puisqu’on observe un seul mètre de dénivelé entre Nort-sur-Erdre et Nantes, et plus largement, 80m entre La Poueze et Nantes.

Une nature sanctuarisée, des berges inaccessibles Éléments paysagers essentiels de cette séquence, les plaines sont entourées d’une épaisse ripisylve et d’espaces marécageux impénétrables. On y trouve aulnes, saules, peupliers ou frênes, formant une barrière visuelle dense sur les paysages de marais situés derrière. C’est l’addition de cette horizontalité liée à l’eau et de la force de cette ripisylve qui concède au lieu une atmosphère pittoresque très agréable lors d’une balade sur l’eau.

Cette inaccessibilité aux berges, notamment due à différentes protections, Natura 2000 principalement, permet à la biodiversité de se développer et de se maintenir en paix. C’est un moyen de sanctuariser ces espaces de «nature» et d’en faire des lieux mystérieux, et sauvages. Les seuls interventions humaines se limitent au curage des ruisseaux se jetant dans l’Erdre, et à une lutte contre la jussie, du côté de Mazerolles.

Ce n’est donc qu’en étant sur l’eau que l’on peut observer de près ripisylve et marais, aucun sentier pédestre ne peut réellement nous faire découvrir l’intérieur de ceux ci, exception pour les marais de la Blanche Noé, plus au nord. Ici où plus loin, la meilleure manière de découvrir les paysages de la rivière reste celle de la navigation, de préférence avec des embarcations sans moteurs. Il est très agréable, une fois arrivé au niveau des marais, de pouvoir entendre les nombreux chants des oiseaux qui composent Mazerolles (rive gauche) et la Grande Bodinière (rive droite), ainsi que le bruit du vent dans les arbres. Mélodies qui nous offrent un paysage sonore dépaysant de ceux plus urbains que l’on peut apprécier vers Sucé-sur-Erdre ou Nort-sur-Erdre. Sur un espace comme celui-ci, la combinaison des sens est essentielle pour une compréhension complète du paysage.

Rare vue semi-dégagée sur le marais sauvage de Mazerolles, on aperçoit les roselières, entre aulnes et saules

Aulnes, saules et peupliers, d’une hauteur vertigineuse, agissant comme barrière visuelle sur l’île Saint-Denis, propriété privée en arrière plan

33 Ripisylve marécageuse très dense où certains arbres morts semblent sortir de l’eau

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Les marais de l’Erdre, un paysage horizontal

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LA GESTION DES MARAIS, COMME ATTEINTE DIRECTE AU PAYSAGE Les marais de Mazerolles se divise en deux marais distincts: le marais endigué, protégé d’une digue de 6km, ennoyé l’hiver et asséché l’été; ainsi que le marais sauvage, qui lui, est en contact direct avec l’Erdre et les variations de son niveau d’eau. Deux marais aux paysages distincts, dû à leur gestion bien différente. Le marais sauvage, est moins entretenu et souvent immergé. Le marais endigué lui, est régulièrement entretenu par l’Homme avec l’arrachage de la Jussie (lutte contre la fermeture des milieux), des travaux d’abattages et de curage. Deux entreprises exploitent également la tourbe, d’où l’origine de larges bassins d’extraction. Mais c’est également grâce à l’agriculture, à l’élevage, ainsi qu’aux chasseurs que ce marais trouve son équilibre. Sans la fauche, le pâturage expansif et les quelques travaux d’entretien, le marais ne serait qu’une large friche.

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Le marais de Blanche Noé est l’un des marais de l’Erdre où l’on retrouve la plus grande diversité de types de milieux selon les documents Natura 2000. Il y a, à la fois, des prairies humides entretenues par les agriculteurs (fauches tardives, pâturage extensif), toujours pour de l’élevage bovins, des boisements humides mais aussi secs, de nombreuses roselières (phragmitaie, cladiaie, phalaridaie), ainsi que des fourrés d’arbustes ou des prairies abandonnées. Prairies ni fauchées, ni pâturées dont l’entretien ne se fait plus et qui se transforment rapidement en friches. Conséquence notamment, de la déprise agricole sur le territoire. D’autre part, c’est l’un des seuls marais accessible par un sentier pédestre. Une boucle de 17km entre le marais et le canal de Nantes à Brest, des chemins de halages, aux alignements d’arbres, en passant par certains étangs.

Le marais de la Grande Bodinière est l’un des exemples le plus parlant à l’évocation d’abandon. C’est un marais principalement composé de parcelles privées dont certaines sont entretenues, comme celles qu’occupent les chasseurs et quelques agriculteurs. Néanmoins, une grande partie reste délaissée, pour des raisons économiques (peu de rentabilité), agronomiques (peu de valeur fourragère), technique (portance du sol limitée). Ce qui cause une fermeture du marais ainsi qu’une homogénéisation des habitats. En revanche, les dernières études menées présentent une diversité faunistique et floristique importante, une richesse que plusieurs acteurs souhaitent conserver. En matière de paysage, on trouve dans ce marais des forêts de feuillus, avec certains espaces dédiés à la sylviculture, quelques chemins de terre, des étangs et petites mares.

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Les marais de l’Erdre, un paysage horizontal

Échantillon photographiques des paysages des marais de Mazerolles

© enpaysdelaloire.com

© nort-sur-erdre. stationverte.com

© enpaysdelaloire.com

© visorando.com Échantillon photographiques des paysages du marais de Blanche Noé

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Échantillon photographiques des paysages du marais de la Grande Bodinière

Sucé-sur-Erdre, côté est Sucé-sur-Erdre, côté ouest Canal de Nantes à Brest, Nort-sur-Erdre Le Lavoir, Sucé-sur-Erdre

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AUX EXTRÉMITÉS EST-OUEST, DES PAYSAGES AGRICOLES VARIÉS De part et d’autre de ces marais, on retrouve le bocage que nous avions laissé en séquence une. Un paysage agricole avec des surfaces de parcelles différentes, où l’on retrouve d’avantage de culture comme le maïs, le blé, l’orge, ou le colza. Mais ce sont également des activités de maraîchage, jusqu’ici peu évoquées qui apparaissent rive droite comme rive gauche.

On en retrouve principalement au nord du canal de Nantes à Brest ainsi que quelques petites parcelles au dessus du marais de Mazerolles. De ce côté, deux exploitations se démarquent, ce sont celles de la tourbe, qui servaient autrefois comme chauffage et est aujourd’hui devenue très prisée dans le monde de l’horticulture. Inaccessible au public, on note tout de même en passant, le forte odeur de la tourbe et les tas de terres, allant du brun au rouge, qui nous font deviner , bien avant d’arriver, la présence des exploitations.

Pour le paysage agricole, les espaces de pâturage conservent leur dimension et parfois leurs haies bocagères, alors que les parcelles de grandes cultures s’étendent sur plusieurs hectares avec pour reliquats de l’ancien bocage, quelques arbres ici et là. Lorsque l’on traverse cet espace, les vues sont bien plus ouvertes au nord, qu’au sud de la séquence, on sent comme une progression de l’ouverture du paysage.

L’une des transitions fortes s’opère lors de la traversé du canal de Nantes à Brest et plus ou moins du passage de Casson à Nort-sur-Erdre, lorsque l’on vient de Sucé-sur-Erdre. Canal aux abords aménagés pour des raisons purement touristiques mais aussi d’entretien. On y observe donc un paysage où l’eau est contrôlée, dirigée, avec un sentier partagé la longeant. Un corridor vert, planté des deux côtés de divers feuillus.

D’autre part, on retrouve au cœur de ces coteaux au relief assez doux, quelques hameaux peu étendus relativement proche des marais. Comme le montre bien le lieu dit le Lavoir (rive droite) ou encore le Vieux Bourg (rive gauche), ces hameaux sont principalement constitués d’anciennes longères ou bâtisses agricoles rénovées. Une architecture en ardoise et schiste qui nous parle immédiatement de ruralité. Traces d’une histoire agricole importante, elles s’intègrent souvent mieux dans ce paysage de bocage, que certaines constructions récentes.

Les marais de l’Erdre, carte QGIS de l’occupation des sols

Réseau hydraugraphique Cultures d’été Cultures d’hiver Canal de Nantes à Brest

Prairies Foret de feuillus

Le Vieux Bourg

Foret de conifères Landes ligneuses

Petit-Mars

Emprise agricole, sur la séquence des marais

0

1km

Le lavoir

Marais endigué de Mazerolles

Erdre

Marais sauvage de Mazerolles

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Sucé-sur-Erdre

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

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DE LTOMBLEHOUX, AU PORT SAINT MARTIN, UNE MUTATION DU PAYSAGE RURAL Bloc diagramme de la séquence Nortaise

Futur pôle structurant Nort-sur-Erdre

Parcelles de grandes cultures

Habitat pavillonaire - lotissements -

Plateau bocager semi-ouvert

Canal de Nantes Habitats rural à Brest diffus Tomblehoux Disparition progressive de l’Erdre

Expension industrielle 41

UNE DISPARITION PROGRESSIVE DE L’ERDRE, AU PROFIT DES PAYSAGES DE GRANDES CULTURES

Carte du lit de l’Erdre et mise en évidence du phénomène de «cabanisation»

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Rétrécissement du lit de l'Erdre et «cabanisation»

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Une fois le canal de Nantes à Brest et la plaine de la Poupinière dépassés, le cours de l’Erdre se rétrécit et vient petit à petit à disparaitre entre ripisylve et marais. La rivière, large de moins de 30m, devient davantage sinueuse et serpente entre les parcelles agricoles nous menant à Nortsur-Erdre. Ce n’est qu’une fois passé Port Mulon que son lit s’élargit pour nous offrir un dernier plan d’eau, long de 500m et large de 300m, avant l’arrivée au Port Saint-Martin de Nort-sur-Erdre. C’est d’ailleurs sous le nom Plan d’eau, que s’établit cet espace que l’on peut qualifier de «nature». Aménagé d’un parcours historique et sportif, on y retrouve une petite île accessible par un ponton, faisant partie d’un plus large parc s’étirant le long de la rive droite. La rive gauche étant composée de parcelles privées. C’est l’un des deux seuls parcs de la commune avec celui de la Garenne plus à l’ouest. Une fois le bourg traversé, et le pont Saint-George dépassé, l’Erdre retrouve son état initial, celui d’une fine rivière ondulant jusqu’à la Pouèze, large d’à peine 15m. C’est ce que l’on appelle la «Haute vallée de l’Erdre». Déjà peu profonde sur sa partie navigable, environ 2m, elle le devient d’autant moins sur sa partie plus sauvage. La navigation y est interdite et c’est à bord d’un canoë ou en équilibre sur un paddle que la découverte peut alors se poursuivre.

L’Erdre sauvage Port de Nort-sur-Erdre et pont Saint-Georges Le «Plan d’eau»

Séquence fine et sinueuse de l’Erdre, Phénomène de «cabanisation»

Plus intimiste, cette séquence se caractérise notamment par les parcelles en lanière se succédant rive gauche. Complètement inaccessible au public, l’Erdre est de ce coté complètement privatisée, phénomène que l’on qualifie de «cabanisation». Cela se traduit par l’achat ou la location de très fines parcelles dans le seul but d’avoir un accès privé à la rivière.

Ce genre de pratique entraine une dégradation du paysage puisque les berges, du moins rive gauche, sont davantage piétinées et la ripisylve peut être mise à mal dans l’objectif d’ouvrir une vue sur l’eau. Ces parcelles peuvent aller jusqu’à 350m de long, et faire moins de 20m de large.

Plaine de la Poupinière

Fond de carte QGIS, retravaillé sur photoshop

Sucession de vues aeriennes, de la Plaine de la Poupinière au port de Nort-sur-Erdre, © nort-sur-erdre.fr

Port de Nort-sur-Erdre, bateaux amarrés, ripisylve conservée rive gauche et présence «historique» de la minoterie

Plan d’eau, parcours sportif et historique, île à gauche

L’Erdre sinueuse entre des boisements

Lieu dit de la Poupinière, vers Nort-sur-Edre, rétrécissement du lit de la rivière, apparition du paysage agricole et diminution de la ripisylve rive droite

43 Plaine de la Poupinière et marais sauvage de Mazerolles, vers Sucé-sur-Erdre

Plus large lit de rivière aux parcelles privées attenantes

44 Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Nort-sur-Erdre, paysage de grandes cultures

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Simplification des paysages par les grandes cultures

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Le paysage agricole de Nort-sur-Erdre est étroitement lié aux conséquences du remembrement. Aujourd’hui, nous retrouvons d’immenses champs cultivés allant parfois jusqu’à 20 Ha. Les prairies pâturées se font beaucoup plus rares qu’à Sucé-sur-Erdre, de fait, l’agriculture céréalière est la plus présente. On reconnait des cultures d’orge, de blé, de maïs, de colza ou encore de tournesol. Néanmoins, d’autres cultures apparaissent, comme précédemment évoqué, le maraîchage, avec la production d’épinards, choux, haricots ou encore petits pois. Ces grandes cultures impactent fortement le paysage, par leur superficie évidemment, mais aussi par les paysages horizontaux qu’elles créent, et l’ouverture du paysage qu’elles causent. Au début du printemps, il n’est pas rare de voir s’étendre à perte de vue une immense couverture jaune d’un mètre de hauteur offerte par les champs de colza en fleur. Ces superficies et ce type de culture influent également sur les outils et engins utilisés, tracteurs, rampes d’arrosage, enrouleurs, qui viennent aussi prendre part au paysage et le composent au même titre qu’un arbre isolé.

Les chemins en terre que l’on retrouvaient à Sucé-sur-Erdre ont laissés la place à des routes bitumées, bien souvent très chaotiques, où les haies bocagères présentes autrefois ne laissent que quelques arbres en guise de reliquats. On ne retrouve alors, en bordure de route, que de simples fossés bien souvent ponctués de quelques pissenlits, renoncules âcres ou plus rarement de coquelicots.

La déstructuration de la maille bocagère entraine également de nombreuses conséquences liées à l’environnement et notamment la pollution de la rivière. En effet, ces immenses champs, notamment de maraîchage, «nécessitent» parfois l’utilisation de produits phytosanitaires et donc de polluants.

Polluants qui en temps normal, pourraient être filtrés par les haies bocagères et stoppés par un potentiel talus avant de rejoindre les fossés puis, plus tard, l’eau de l’Erdre. D’autant plus qu’une station de pompage d’eau potable, présente au nord ouest de Nort-sur-Erdre accuse le coup de ces perturbations chimiques, avec une qualité de l’eau nettement endommagée.

Occupation des sols, Nort-sur-Erdre

Paysage sud-nortais, léger vallonnement, grandes cultures et reliquats bocagers

Carte de l’occupation des sols, Nort-sur-Erdre Réseau hydrographique Cultures d’été Cultures d’hiver Prairies Foret de feuillus Foret de conifères Landes ligneuses

Très grande parcelle labourée, semis visible sur la gauche, horizontalité du paysage, boisements en arrière plan

Disparition «totale» des haies bocagères, ouverture du paysage

Disparition partielle des haies bocagères longeant la route avec sur la gauche une micro foret de feuillus faisant office de barrière visuelle, opposition ouverture/ fermeture,

Culture maraîchère du chou, grande superficie, pylônes électriques en rupture avec l’horizontalité du paysage, bocage relictuel au premier et à l’arrière plan

Culture maraîchère sous serres, formant un bloc horizontal semblable à certains grands hangars d’exploitation bovines

Maintien fragmenté de la trame bocagère, petites haies sur talus et arbres isolés, à gauche, clôture d’à point en guise de haie, en arrière plan

Route rurale en bon état, longée de haies taillées, donc entretenues, et de fossés forêt de conifères en arrière plan

Couverture jaune sur plusieurs hectares, offerte par la floraison du colza

Sucession de paysages agricoles, Nort-sur-erdre

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Diffusion de l’habitat pavillonaire sur le paysage agricole, © Atlas des paysages

UN TISSU URBAIN HÉTÉROGÈNE

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Derrière le paysage agricole, un habitat rural diffus et des lotissements C’est autour d’une maille bocagère déstructurée que se construit aujourd’hui la commune de Nort-sur-Erdre. Ancien bourg rural, aux habitations caractéristiques des campagnes du nord-Loire, on aperçoit désormais, dès l’entrée de la commune, de nombreux lotissements datant de moins de 10 ans. Au delà des cultures et du paysage agricole, se sont construits, ou plutôt développés plusieurs hameaux jusqu’ici peu habités. On observe une réelle diffusion de l’habitat pavillonnaire sur le plateau bocager, en parallèle d’une densification importante autour d’un bourg étoilé et des ses axes routiers les plus importants (nord-sud; D169, D26, est-ouest; D164). La commune ne compte pas moins de 6 départementales la franchissant, avec une circulation très dense. Ce qui en Hameaux nortais

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fait un point de confluence particulièrement intéressant. On retrouve donc, un paysage agricole entaillé de longues artères, passant au milieu d’étendues cultivées. Par ailleurs, on remarque assez rapidement l’absence de boisements ponctuels comme on a pu en voir lors de la première séquence sucéenne. Le paysage nortais semble fortement marqué par le remembrement, néanmoins pas tant par la déprise agricole. En terme d’architecture, on retrouve bien sur quelques longères mais aussi beaucoup d’anciennes demeures nortaises aujourd’hui rénovées, principalement situées dans le centre-bourg. Différentes époques se côtoient avec également des maisons datant des années 50, des années 2000 ou bien plus récentes encore.

Limite végétale entre le paysage agricole et l’habitat pavillonaire

Ancienne demeure nortaise

Nort-sur-Erdre, futur pôle structurant Le paysage nortais est également marqué par une industrie en voie de développement, avec notamment deux zones importantes: la ZAC de la Sangle, route d’Heric et la ZAC de la Pancarte entre la D178 et la D164. C’est donc aux extrémités est et ouest que le paysage est le plus éclectique, entre paysage agricole, industriel et pavillonnaire. On peut embrasser en un regard trois sous unités bien distinctes. C’est d’ailleurs cette catégorisation qui rend l’ensemble peu attractif. On voit rapidement le travail de l’urbaniste venu distribuer un zonage très cloisonné, où le travail sur les franges et interstices a été mis de côté.

Le paysage de ces espaces se traduit par la présence de bâtiments imposants, de larges axes routiers pensés pour les camions, d’immenses parkings artificialisés en réponse au besoin de stationnement proche de centre commerciaux, et s’annonce par la distribution de larges panneaux publicitaires situés aux extrémités des ZAC. On note également l’échelle des ces zones d’activités, s’étendant sur des surfaces similaires à celles des parcelles agricoles. Le paysage à l’échelle humaine est donc finalement très peu présent aux extrémités de la commune.

Paysages de grandes cultures

Zone d’activités industrielles et commerciales

Carte de l’artificialisation des sols, Nort-sur-Erdre Bâti Zone industrielle Urbain diffus Paysage agricole Hydrographie

ZAC de la Sangle, route d’Heric Carte QGIS - Urbanisation, espaces agricoles et ZAC, Nort-sur-Erdre

Lotissements récents, habitats pavillonaires avec jardins

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SYNTHÈSE DES PAYSAGES DE LA VALLÉE DE L’ERDRE Bloc diagramme du territoire

Futur pôle structurant urbain dense Canal de Nantes à Brest Plaines lacustres, importante échelle de fond de vallée

Fonds de vallon boisés

Bourg étagé, côteaux boisés habités

Paysage de grandes cultures, maille bocagère déstructurée

Plateau incliné vers les marais

Propriétés privées sur les berges Parcs et châteaux surplombant la rivière

Prairies humides, roselières et douves Marais endigué de Mazerolles Roselières, cariçaies, tourbières marécageuses, Marais sauvage de Mazerolles

Habitat rural diffus, petites prairies bocagères, triptyque haie, talus, fossé

Ripisylve dense comme barrière visuelle boisements oligotrophes, et forêt riveraine

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Zone humide Tourbière de Logné

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2. LES TRACES DE L’HISTOIRE SUR LES PAYSAGES DE L’ERDRE

Suite à l’observation et à la description des paysages, réalisées dans la première partie, il convient maintenant d’en comprendre les origines. Cette deuxième partie se penche donc sur le contexte historique du territoire, et tend à rendre compte de l’évolution des paysages étudiés, sur un peu plus d’une centaine d’années. Il s’agit là d’un travail de recherche, de documentation, et de hiérarchisation des informations recueillies, dans le but de comprendre les dynamiques évolutives de la vallée de l’Erdre. Il s’agit également de commencer à questionner les politiques publiques qui ont pu être mises en place au fil des années. Il convient tout d’abord de comprendre et de dater les différents aménagements liés à la rivière, ouverture à la navigation, détournement, comblement, ennoiement des marais. Il est, en effet, essentiel d’amorcer la réflexion par cela, puisque ce sont ces aménagements, qui ont en partie, dessiné les paysages de l’Erdre, tels qu’on les connait aujourd’hui. Par ailleurs, il est tout aussi important d’aborder la question du bocage historique, son histoire et son évolution selon sa localisation sur le territoire. Les conséquences de la déprise agricole, l’étalement urbain et la dimension économique, sont également à questionner pour pleinement appréhender les paysages actuels. C’est en restant dans une logique de séquences que sont construites les pages suivantes.

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1. DES PAYSAGES DESSINÉS PAR L’AMENAGEMENT DE L’ERDRE L’ERDRE AVANT BARBIN Sans les nombreux travaux d’aménagements qu’elle a subie, l’Erdre ne serait restée qu’une modeste rivière au lit sinueux et surtout marécageux. Elle n’aurait été navigable que sur la partie urbaine de Nantes, et n’aurait jamais connu son succès auprès de la bourgeoisie venant y passer quelques semaines aux beaux jours. Bien que la partie en amont de Nort-sur-Erdre soit tout à fait intéressante, c’est bien la séquence entre Nantes et Nort-sur-Erdre qui fait sa renommée.

UNE RIVIÈRE NAVIGABLE Chaussée Barbin

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Au VIe siècle, sous la dynamique de l’évêque Félix entreprenant de grands travaux sur le territoire Nantais, la chaussée Barbin est construite. Cette chaussée, située 100m, au nord de l’actuel pont de la motte rouge est le dernier franchissement de l’Erdre avant le pont Saint-George à Nort-sur-Erdre. L’aménagement de cette chaussée, qui n’est autre qu’une digue, à pour objectif l’ennoiement des marais insalubres de l’Erdre mais aussi celui de rendre la rivière navigable entre Barbin et Nort. Le niveau de l’eau de l’Erdre est alors élevé de 2-3m, puis suite au remplacement de la digue par une écluse, en 1828, l’Erdre se retrouve à 3,81m au dessus du niveau d’étiage de la Loire. Cette écluse permet également aux bateaux le franchissement de l’ancienne digue jusque là impossible, et donc de descendre jusqu’à la Loire. Avec la construction de l’actuel pont de la MotteRouge, la chaussée Barbin est entièrement détruite en 1887.

Canal de Nantes à Brest

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Carte de Cassini Carte de l’Etat Major 1950 Schema simplifié de l’évolution du lit de l’Erdre, du XVIIIè à nos jours

2020

L’écluse de l’Erdre, évoquée juste avant, est notamment construite suite à l’aménagement du canal de Nantes à Brest. Un canal long de 364km, traversant la Bretagne est aménagé entre le XVIIe et le XIXe siècles sous l’impulsion de Napoléon, qui souhaitait ici, contourner le blocus maritime imposé par les anglais. Le territoire étudié dans ce mémoire, fait partie du premier bief du canal, entre l’ancienne écluse de l’Erdre (aujourd’hui déplacée et devenue l’écluse Saint-Felix), et l’écluse de Quiheix située entre Sucé-sur-Erdre et Nortsur-Erdre, sur la rive droite après avoir dépassé la plaine de la Poupiniere. *Informations historiques à prendre au conditionnel au vue des ressources actuellement disponibles

1934 > Mise en eau et inauguration du nouveau cours de l’Erdre

1938-1942 > comblement de l’ancien cours de l’Erdre, anciennement Boulevard de l’Erdre, puis aujourd’hui, Cours des 50 otages

1929 > Début du chantier de l’Erdre, Bassin Ceineray (Versailles), création du canal St-Felix (800m de longueur, 7.90m de largeur), à son débouché, l’ancien bras de la Loire (le bras StFelix) est isolé, remblayé et transformé en bassin à flot (3.5Ha) grâce à la nouvelle écluse (l’écluse St-Felix) 1926-27 > Comblement du bras de la Bourse

Début 20e / 1920 > Inondations, envasement, assèchement des cours d’eau, causent la fragilisation des demeures nantaises, les ponts s’écroulent, les eaux stagnes et rendent insalubres certains quartiers. La place manque pour la voiture et le train > L’Erdre est donc détournée sous les cours Saint-Pierre et Saint André.

Croquis schematique de l’Erdre navigable dans les années 1900

Chaussée Barbin Chaussée des Halles, puis écluse

Niveau de l’Erdre avant écluse Niveau de l’Erdre de 1828 à 1934 (écluse)

La Loire

Niveau entre les halles et barbin avant écluse

Schéma du niveau de l’eau réalisé d’après un visuel du Musée de l’Erdre

-60 à -70cm

1925 > L’administration Ponts et Chaussées présente un « avant-projet d’ensemble des travaux à effectuer dans le port de Nantes », comprenant la suppression des bras de la Loire, île Feydeau, et le comblement et détournement de la Loire > Projet accepté par le conseil municipal puis financé par la ville (plan Dawes 14-18)

1858 > Rapport d’un « projet pour l’assainissement et l’agrandissement de la ville de Nantes et la rectification du chemin de fer d’Orléans au moyen de la dérivation du canal de l’Erdre et de la suppression du bras Brancas » (déjà évoqué en 1636 dans « itinéraires de Bretagne » par Dubuisson-Aubenay, puis en 1724 dans des actes de mairie > Projet bien plus ancien que celui du comblement des bras de la Loire, mais non retenu.

1804 (17 mars) > Napoléon décide de relier Nantes, ville commerciale et Brest, ville militaire. L’Erdre et l’Isac (affluent de la Vilaine) sont reliés artificiellement par le système de biefs-écluses. Il faudra près de soixante ans de travaux pour sa réalisation complète.

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550-583 > Création de la chaussée Barbin à Nantes

Dans les années 1920, la forte présence de l’eau dans la ville de Nantes pose problèmes. Que ce soit pour l’Erdre ou la Loire, la succession d’inondations, de fragilisation d’habitations, la stagnation d’eaux insalubres, l’envasement de certains chenaux ou l’écroulement de nombreux ponts, entraînent la décision de lancer un vaste programme de comblement au niveau de la Loire, et de détournement concernant l’Erdre. Le projet est accepté en 1925 par le conseil municipal, puis les travaux commencent l’année suivante par le comblement du bras de la Bourse.

Le début du chantier lié à l’Erdre se fait en 1929 avec la création du canal Saint-Felix.

Un tunnel de 800m de longueur et 7,90m de largeur est alors créé sous l’actuel cours Saint-Pierre. La canal débouche sur un ancien bras de Loire, qui pour l’occasion est remblayé, transformé en un bassin à flot de 3,5Ha, et est isolé par la création de l’écluse Saint-Felix. C’est d’ailleurs cette écluse qui, aujourd’hui, maintien le niveau d’eau de la rivière. La mise en eau et l’inauguration du canal sont effectuées 4 ans avant le dernier comblement de l’Erdre, aujourd’hui connu comme le cours des 50 otages.

Erdre

île de Versaille

Bras de la Bourse Loire

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Après travaux

Erdre

Proximité des immeubles Nantais

île de Versaille

Canal Saint-Félix Cours des 50 otages

56 Ancien lit de l’Erdre, futur cours des 50 otages Travaux d’aménagement sur le lit comblée de l’Erdre, octobre 1940 - Le comblement de la Venise de l’Ouest, par Chantal Cornet

Ecluse Saint-Félix

Bassin à flot

Loire Ancien lit de l’Erdre

Réseau hydrographique actuel

Schémas comparatifs des travaux d’aménagement, comblement et détournement de l’Erdre et de la Loire, d’après le mémoire en architecture d’Antoine Wanner (ENSA Nantes), 2020

LES TRAVAUX DE COMBLEMENT À NANTES

Avant travaux

UNE VOIE DE COMMUNICATION AUX PORTÉES ÉCONOMIQUES, RÉGIE PAR LE NIVEAU DE L’EAU

Travaux d’aménagement du Canal Saint-Felix, octobre 1929 Le comblement de la Venise de l’Ouest, par Chantal Cornet

Bras de la Bourse en cours de comblement, à droite l’île Feydeau, 1927 - Le comblement de la Venise de l’Ouest, par Chantal Cornet

Si tant d’aménagements ont été faits , c’est que l’Erdre, dès l’aménagement de la Chaussée Barbin est l’une des voies de circulation fluviale majeure. La rendre navigable a fait d’elle un atout économique et commercial permettant le transport de nombreuses marchandises jusqu’au XXe siècle. Ici, l’ère batelière connait son apogée au XIXe siècle où se mêlent bateaux lavoirs et longs chalands en bois pouvant supporter jusqu’à 110 tonnes de marchandises. La rivière permet de relier Nantes à Nort-sur-Erdre où l’on compte déjà une trentaine de bateliers. Ainsi le transport de nombreuses matières est assuré vers Nantes, tel le bois, la fonte, le charbon, mais aussi et surtout l’approvisionnement de la grande ville en alimentation, céréales, blé, maïs, récoltés par les paysans du nord de Nantes. Dans le sens inverse, se sont plutôt du sable, celui de la Loire, destiné à la reconstruction des villes bretonnes après 39-45, par le biais du canal de Nantes à Brest, des engrais, ou de la chaux qui parviennent jusqu’à Nort-sur-Erdre. La vallée joue un rôle primordial dans le développement de la ville de Nantes, «ce n’est pas seulement le cour inférieur mais toute la vallée qui peut jouer un rôle nourricier pour Nantes»1.

Si la voie navigable prend une telle importance, c’est également car l’Erdre n’est pas longée comme d’autres rivières par des chemins de halages. Pour cause, ses berges instables ne sont pratiquement composées que de marais, ce qui rendrait les déplacements humains comme équestres beaucoup trop compliqués, « sur l’Erdre il fallait dételer : le lac est beaucoup trop large, ses rives bien trop marécageuses, pour utiliser ce mode de déplacement »2.

1. BEDOS Nicole, Le rôle de la vallée de l’Erdre dans l’expansion de Nantes, mémoire 1965.

2. Revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, «Sur les rives de l’Erdre du halage au sentier», Les annales de Nantes et du Pays Nantais, n°292, 2nd Trimestre, 2004 pp. 19-21.

Pourtant en 1844, un projet de création de ces fameux chemins est évoqué, mais vite abandonné suite aux réticences des riverains, de l’importance des travaux et des coûts que cela pourraient entrainer. Le budget est donc davantage dirigé vers les propriétaires de bateaux à vapeur faisant le trajet entre Nantes et Nort-sur-Erdre.

D’autant que cette axe permet à de nombreuses activités liées à l’eau de s’installer à ses abords. On notera les tanneries de Nort-sur-Erdre, les minoteries et leurs moulins, les chantiers navals ou encore de nombreux lavoirs.

Par ailleurs, ces aménagements alimentent également les conversations pour ce qui relève du niveau de l’eau. La volonté d’assèchement des marais nantais est formalisée des 1670 par la signature d’un traité entre les riverains et le propriétaire du moulin de Barbin, l’évêque de Nantes. Parallèlement, ce sont les habitants de Petit-Mars, en 1790 qui réclament l’assèchement des marais de Mazerolles ainsi qu’un accès à l’Erdre, qui leur est éloignée. Ces assèchement visent à l’extension des terres agricoles et à une meilleure accessibilité des berges. Relancés au XVIIIe et XIXe, ces projets n’aboutiront pas par manque de moyens financiers. Aux XVIIe ce sont les meuniers qui posent alors problèmes.

Selon les riverains, les écluses ne seraient pas ouvertes à temps ce qui ennoierait certains domaines en amont de Sucé-sur-Erdre. Les mêmes plaintes continuent au XVIIIe avec cette fois l’entrée des municipalités dans le conflits, venues défendre l’intérêt de leurs habitants et par la même occasion les récoltes irrécupérables car ennoyées.

En effet, un niveau d’eau trop élevé ne permet pas aux agriculteurs, se servant de la rivière comme ressource, de mener à bien leurs cultures. Au XIXe, le niveau leur apparait encore trop haut, notamment maintenu pour permettre une navigation sans risque. Plaintes qui ne seront pas prises en compte au profit des transports fluviaux.

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ENDIGUEMENT DES MARAIS DE MAZEROLLES L’existence même des marais de Mazerolles remonte au quaternaire, où la formation d’une cuvette ne fut pas, par la suite, comblée par les sédiments. Mais les aménagements évoqués précédemment, plus particulièrement la création de la chaussée Barbin entre 550 et 583, y sont également pour quelque chose. En effet, c’est suite à cela que les marais sont ennoyés. La forêt riveraine est inondée, les arbres se couchent et pourrissent petit à petit. C’est donc la succession de ces deux événements qui permet la naissance des marais de Mazerolles.

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Marais, qui, par la suite se diviseront en deux grandes unités; le marais endigué de Mazerolles et le marais sauvage. C’est l’aménagement d’une digue en tourbe de 6km de long, qui permettra un niveau d’eau inférieur à celui de l’Erdre, et donc la possibilité d’un marais desséché en été, qui s’inonde en hiver. Pour la gestion de l’eau, viennent s’ajouter la construction d’une écluse et d’une station de pompage, ainsi qu’un réseau hydraulique bien particulier, constitué de douves et de boires. C’est le marais endigué (830Ha). Il est composé d’environ 35km de canaux et de douves, 400Ha en prairies humides et roselières, 150Ha en bois marécageux et de deux étangs de 200Ha toujours en eau (cf comparaison photographies aérienne).

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L’endiguement d’une partie du marais est réalisé dans les années soixante à des fins agricoles. Après des tentatives de cultures intensives infructueuses (maïs, tulipes, pommes de terre), à cause d’un sol tourbeux beaucoup trop riche en nutriments, les terres seront soumises au pâturage des bêtes, où la «rouche», leur sert de fourrage.

Parallèlement, le marais est déjà exploité avant l’endiguement pour sa tourbe noire, dès les années 1940-1950. Une exploitation artisanale à des fins de combustible qui se transformera en exploitation industrielle au début des années 70, peu après l’endiguement du marais et l’echec des cultures envisagées. Pour ce faire, de longs bassins d’extraction seront creusés, portant une atteinte direct au paysage. Sur Mazerolles et Logné près de 915 000 tonnes sont extraites chaque années à des fins horticoles ( terres de bruyères, terreau). Exploitation controversée quant à son impact écologique qui prendra fin en 2028, suite au dernier arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation. Suite à l’échec de cette semi-polderisation, la gestion hydraulique ne cessera d’être discutée entre les acteurs du marais. Les gestionnaires (Association Syndicale Autorisée des Plaines de Mazerolles, assurant la gestion, l’organisation des pratiques, chasse/pêche, et l’entretien du marais endigué ) souhaitent conserver cette manière de fonctionner qui offre donc un marais ennoyé en hiver, et desséché l’été, en se situant 1,30m en dessous du niveau de l‘Erdre. Alors que d’autres questionnent l’utilité de la digue. En effet, certains se demandent l’intérêt de conserver une digue qui ne sert pas l’objectif initial.

MARAIS ENDIGUÉ

MARAIS SAUVAGE

Extrait de photographie aerienne, © Géoportail

1950 1961

1979

2020 1985

1999

Extrait de photographie aerienne, © remonterletemps.ign Extrait de photographie aerienne, © Géoportail

Ruisseaux et fossés Prairies inondables Ensemble des marais de Mazerolles, avant endiguement

Bassins d’extraction de la tourbe et système de douves

Présence d’un quadrillage de petits canaux

Digue de 6km de long

Ile Saint-Denis

Ile Saint-Denis

Parcelles agricoles en lanières sur la frange nord-est

Enfrichement puis reboisement du marais sauvage

Dans les années cinquante, les marais de Mazerolles ne font qu’un. On note cette immense zone de marécage, non boisée, drainée de quelques fines douves. On remarquera la seule présence de l’île Saint-Denis, entourée d’eau et de quelques parcelles grignotant le marais sur la frange est. On © IGN 2019 - www.geoportail.gouv.fr/mentions-legales suppose une majorité de prairies inondables et d’espaces Longitude : 1° 29′ 39″ W non consommés.

Latitude : 47° 22′ 16″ N 1000 m

/mentions-legales 1° 29′ 39″ W 47° 22′ 16″ N

Apparition de la digue séparant le marais endigué du marais sauvage, mais aussi de nombreux bassins rectangulaires d’extraction. Toute la partie sauvage s’est abondement boisée, s’étalant même au sud du marais endigué, alors que ce sont plutôt des prairies inondables que l’on retrouve au nord. On note toujours la présence de l’île Saint-Denis, artificialisée par de nouveaux canaux.

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2. LES MUTATIONS PROGRESSIVES DES COTEAUX BOCAGERS

Prairies en pâturage

Plateau agricole

Installation sur la rive droite Parcelle viticole Petit hameau

UN PAYSAGE AGRICOLE PARTIELLEMENT BOULEVERSÉ

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Le bocage Sucéen, terre de polyculture et d'élevage

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L’évolution du paysage Sucéen se traduit par une conservation partielle du bocage historique, liée à la continuité des activités d’élevage bovins. Mais évolue également beaucoup, en raison de l’expansion urbaine du début des années 80.

A la limite de l’unité paysagère du «bocage du Sillon de Bretagne», la commune de Sucé-sur-Erdre, bien que tournée vers l’Erdre, hérite elle aussi d’un paysage aux mailles bocagères denses et structurées.

S’articulant au fil de l’eau avec des activités liées à la rivière, navigation de plaisance, guinguettes au bords de l’eau, sports nautiques, les coteaux de la vallée de l’Erdre n’en restent pas moins des espaces agricoles longtemps exploités.

«Depuis longtemps, l’Erdre, grâce aux prairies qui bordaient ses rives, grâce aussi aux vastes étendues de marais à sec l’été, a eu une tradition pastorale. [...] tout au long du Moyen-âge et jusqu’au XXe siècle les bords de la vallée en amont de Nantes permirent le développement de l’élevage bovins. Cet élevage était lié à la polyculture traditionnelle qui règne dans tous les cantons des plateaux au Nord de la Loire. Les marais comme les prés servaient de pacages: leur végétation était employée pour les litières des bêtes.»1 1. BEDOS Nicole, Le rôle de la vallée de l’Erdre dans l’expansion de Nantes, mémoire 1965.

Paysage fermé par de nombreuses haies bocagères et routes longées d’alignements arbustifs et arborés, le paysage de cette première séquence compte cependant, au 18e siècle, moins d’espaces de boisements. Boisements ponctuels qui se développeront petit à petit notamment le long de la rivière et des vallons encaissés. Se disséminant également à travers le bocage agricole au fil des parcelles abandonnées par la déprise. L’installation d’agriculteurs auprès de la rivière s’explique, sans grande surprise, par la ressource en eau qu’elle peut fournir. Ne pas en être trop éloigné permet d’abreuver les bêtes en cas de besoin, mais aussi d’arroser les cultures pour ceux en possédant. D’autre part, l’eau est nécessaire pour la culture du fourrage servant par la suite à nourrir le bétail. Comme sur une bonne partie de la vallée de l’Erdre, l’organisation du modèle agricole s’étage du fond de vallée jusqu’au plateau. On retrouve donc au pied de la rivière, dans les espaces plus marécageux, des prairies humides, fauchées ou pâturées, puis plus on avance sur le coteau et plus on retrouve quelques parcelles céréalières où se dressent un ou deux moulins. Tout cela ponctué de petits hameaux plus tard devenus lotissements.

Réseau de haies représentatif du bocage Sucéen Investissement progressif de la rive gauche

Bloc paysager de Sucé-sur-Erdre, aujourd’hui

Tourbière de Logné

Extension de l’habitat au delà de la voie ferroviaire Reliquats bocager, fragment de haies et arbres isolés

Étalement urbain sur la rive gauche Densification des hameaux existants

Densification des boisements, résultat de la déprise agricole Vaste parcelle agricole

Bloc paysager de Sucé-sur-Erdre, début 20è siècle

Lotissements d’habitats pavillonnaires

Peu impacté par le remembrement des années 60, le paysage sucéen ne change pas réellement d’échelle entre le début du 20e siècle et aujourd’hui. Les parcelles bien qu’un peu élargies restent à «taille humaine» et la structure paysagère reste approximativement la même. En revanche il faut reconnaitre que dès les années 70, les paysages sont fortement bousculés par la déprise agricole. Des parcelles sont laissées à l’abandon, du fait de leur petite taille ou de leur faible productivité, notamment liée au sol tourbeux et aux espaces de marais, très présents sur le territoire. On note d’ailleurs l’abandon puis la disparition de parcelles viticoles pourtant bien présentes au XIXe siècle. Ces espaces s’enfrichent alors et deviennent progressivement de petits boisements complètement indépendants ou bien propices, par la suite, à la sylviculture.

On retrouve alors, chenaie, peupleuraie, bétulaie, sur de petites parcelles témoignant du bocage passé.

D’autre part, ce territoire péri-urbain très proche de la métropole nantaise devient progressivement convoité. Le prix du foncier s’envole et la pression urbaine devient petit à petit trop importante pour que les agriculteurs et éleveurs puissent y résister. La commune de Sucé-sur-Erdre, et plus largement l’ensemble des communes de la vallée commencent alors par se densifier au niveau du bourg puis s’étendent ensuite sur les parcelles agricoles victimes de la déprise. L’étalement urbain exulte dans les années 80, où la ville double le nombre de ses habitants.

Des activités historiquement liées à l'eau

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Photocomparaison, port de Sucé-sur-Erdre, activités et fêtes liées à l’Erdre a. Photographie de 1907, l’Erdre près du pont b. Photographie de 2021, prise du pont de Bliesranbach c. Photographie du début 20è, Un coin du port, avant les régates, d. Photographie de 2017, les RDV de l’Erdre

Après l’apogée commerciale de la rivière, et l’arrivée du train dans la commune en 1877, l’Erdre perd sa valeur marchande mais gagne de plus en plus de plaisanciers. Installées au bord de la rivière, les Sucéens ont très tôt, pris l’habitude de profiter des plaisirs que l’eau pouvait leur apporter. Le port de la commune a toujours connu des bateaux amarrés mais aussi le départ de nombreuses régates. «Ville d’eau», les quais, de part et d’autre du pont, ont toujours été un lieu très dynamique, vivant. Avec la présence de bars, brasseries et guinguettes, des lieux festifs où sucéens et nantais étaient amenés à se côtoyer. Car en effet, cette voie d’eau qu’est l’Erdre, permettait au citadins de se déplacer «en campagne» et ainsi de profiter des paysages et loisirs de la vallée.

D’autre part, à la fin du XVIe, Sucé-sur-Erdre se retrouve être le fief des protestants, chassés des lieux de cultes nantais suite à l’Édit de Nantes de 1598. Tous se retrouvent donc jusqu’à la fin du XVIIè, pour l’office célébré le dimanche matin, la commune étant facilement accessible via l’Erdre depuis Nantes.

Un bon nombre de personnes se retrouvaient donc à Sucé, et son attraction d’ordre plutôt touristique faisait écho dans les bourgades alentours. Attraction qui continue au fil des années, se transformant progressivement en un lieu d’habitat idéal, dès lors l’installation urbaine se fit de plus en plus pressante. Ce qui n’empêcha pas à la commune de conserver cette identité rivulaire avec l’organisation de nombreux événements liés à l’eau, comme les Rendez-vous de l’Erdre ou les Voiles de l’Erdre par exemple.

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Sucé-sur-Erdre, la Jacopière Zoom sur le maintien fragmenté du bocage historique, © Géoportail

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XVIIIe

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Apparition structurante de l’Erdre et de la future D178. Lieu dit de «la Jacopière» identifié et totalement intégré aux zones humides, voir espaces de marais (entre la Tourbière de Logné au sud et les marais de Mazerolles au nord).

1820-1866

La future D178 toujours signifiée, mais de manière plus précise, comme «route départementale empierrée, sans arbres». Apparition plus précise d’un petit boisement, et de beaucoup de zones de marais, faisant écho à la carte de Cassini. Le reste semble s’apparenter à des parcelles agricoles. Les voies de circulations sont représentées comme chemins d’exploitations.

1949

2020

Bocage breton «type», avec de petites parcelles en mosaïque et un réseau de haies très complet, faisant le contour de l’ensemble des parcelles, mais longeant également chacune des routes.

Conservation de l’espace boisé identifié sur la carte de l’Etat Major. Apparition de quelques vergers, et peu d’habitations.

Agrandissement de quelques parcelles, alors que d’autres conservent leur superficie initiale. Le bocage est partiellement préservé, avec un réseau de haies encore visible mais une disparition de celles longeant la D178. Les espaces de boisement sont multipliés par quatre.

Apparition d’une petite ZAC au nord-est, d’une exploitation maraîchère au nord et de quelques habitations.

Parcelles restées de la même taille, encadrées en blanc Parcelles devenues boisements, entourées en vert Route départementale D178, surligné en orange Moulins, Pointé en jaune

Sucé-sur-Erdre Déprise et disparition des paysages agricoles au profit de l’urbanisation, © Géoportail

XVIIIe

Lit de l’Erdre approximatif, avec un territoire presque totalement recouvert par des zones de marais. Une apparition de lieux dits, sans mise en valeur de la commune de Sucé sur Erdre. Fondée en 1793, elle est simplement indiquée par une petite église.

Densité de l’habitat urbain, entourée en blanc Étalement des boisements, entourées en vert Moulins, Pointé en jaune Traversée de l’Erdre, flèche rouge

1820-1866

Implantation de la commune sur le méandre de l’Erdre, principalement rive droite, avec un relief a priori fortement marqué au niveau de la Turbalière et de Monretrait. La présence de marais et de boisements ponctuels est à noter, le reste étant principalement des parcelles agricoles. On note d’ailleurs quelques parcelles de vignes, aujourd’hui complètement disparues. D’autre part, cinq moulins sont localisés (Min).

1949

Modification majeure aux conséquences fortes sur le paysage, l’implantation du «Pont de Sucé» en 1871. Suite à cela, on observe un déploiement progressif de l’habitat sur la rive gauche particulièrement le long de l’Erdre. La voie de chemin de fer , mise en service en 1877, est pour la première fois visible.

De petites parcelles agricoles typiques du bocage breton s’articulent sur les coteaux.

2020

Sur ce secteur, on peut noter une disparition importante des terres agricoles au profit de l’espace urbain qui s’est à la fois densifié mais aussi étalé. La rive gauche se retrouve couverte de lotissements et logements pavillonnaires alors que quelques villages plus anciens persistent. La déprise agricole laisse aussi la place à de plus importants espaces de boisements, principalement au nord de la ville.

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LES FOLIES NANTAISES, TRACES D’UN PASSÉ BOURGEOIS

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«La rivière aux 365 châteaux», l'architecture au fil de l'Erdre Dès la fin du XVIIIe, l’ambiance romantique et pittoresque de la vallée attire les grandes familles bourgeoises désireuses d’avoir une maison secondaire à la campagne.

Aristocrates, industriels, ou simples héritiers de fortunes monumentales, nombreux sont ceux qui possédaient, à l’époque, un château ou un manoir dans le bocage nantais. On compte, aujourd’hui, le long de l’Erdre (entre Nantes et Nort-sur-Erdre) près d’une vingtaine de constructions de ce type.

Certaines catégorisées comme Folies Nantaises, ces architectures aux styles remarquables font de l’Erdre une vallée privilégiée. Demeures aux architectures éclectiques, elles sont souvent agrémentées d’un immense parc paysager de style anglais, où l’on retrouve de nombreux arbres remarquables souvent plusieurs fois centenaires. Ces parcs et domaines ont fortement impactés le paysage de la vallée, et parfois même pris le pas sur les marais.

Château de la Chataigneraie (1860, style baroque Napoléon III). Résidence du peintre Chabas, il appartient désormais à la commune de Sucé-sur-Erdre

Château de la Jaille (1920, style Louis XVI) l’une des dernières folies construites, domaine autrefois ayant appartenu à la famille Descartes

Chateau de la Claverie, 1827, pavillon de style empire, proprieté de la famille Claveau puis acquit par Georges Ganuchaud, qui l’embellit

Manoir de Port-Huber (1810, style italien), ancienne demeure du célèbre armateur et collectionneur Thomas Dobrée, qui donnera son nom à l’un des musées de Nantes

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Photographies de Francis Gardeur, L’Erdre «la plus belle rivière de France», photographiée du ciel - mises en noir et blanc Fond de carte QGIS retravaillé

Cartographies des demeures et châteaux longeant l’Erdre, de Sucé à Nort

Plus qu'une simple architecture; parc, organisation du domaine et emprise sur les marais L’implantation de ces demeures, folies et manoirs ne s’arrête pas à leur «simple» architecture. Leur incidence est bien plus important et souvent lié à la superficie totale du domaine qui leur est associé.

Domaine se composant principalement de trois éléments paysagers importants, parfois quatre, à savoir: la bâtisse, le parc paysager, les dépendances, le domaine agricole. De nombreux bourgeois avaient tout d’abord la volonté d’une vue plongeante sur l’Erdre mais également la possibilité d’accoster directement sur leur domaine. C’est pourquoi de nombreux parcs sont totalement ouverts sur l’Erdre et offrent une vue imprenable sur les différentes architectures des demeures. D’autre part, ces parcs, eux aussi symbole de prestige et de richesse, ont la particularité de compter de nombreux arbres remarquables comme certains tulipiers, cyprès chauves, marronniers, ou d’immenses séquoias.

Ces parcs sont pensés et conçus comme de grandes toiles, à une époque où les paysages bucoliques et champêtres de Poussin, par exemple, connaissent un franc succès. Ainsi, au fil de l’Erdre, les parcs vont être «travaillés: des plantations, des vallonnements, des modelés artificiels sont réalisés, des essences rares sont introduites, car l’essentiel est de «rendre sur le terrain l’effet qu’un peintre rend sur sa toile».1 De vastes domaines agricoles composés de petites parcelles permettront aussi un certain maintien du paysage bocager existant. En revanche ces terres seront bien souvent les premières victimes de la déprise agricole et se verront divisées puis vendues comme parcelles habitables, ce qui contribuera à l’extension urbaine.

Extrait carte de l’état major, © Géoportail

Par exemple, on voit, pour le manoir de la Baraudière, son nom apparaître dès la carte d’Etat Major. En revanche, le domaine semble à cette époque, perdu au milieu des marais, entre Mazerolles, au nord, et la Filonnière, au sud-est. Marais que l’on retrouve dans les photographies aériennes suivantes (1950 et 2020), mais dont l’ampleur semble avoir largement diminuée. On peut supposer que l’installation se soit faite au détriment des marais alors existants. Le domaine s’est agrandi sur la carte et l’on y observe tout un tas de parcelles agricoles attenantes. Parcelles en partie victimes du remembrement entre 1950 et 2020, dont la superficie a bien augmenté. Le parc paysager, au sud de la demeure semble dans les années 50 être également cultivé sur sa partie est, alors qu’il ne s’agit aujourd’hui plus que d’une vaste étendue enherbée.

Marais de la Filonnière

Extrait photographie aérienne 1950, © Géoportail

Marais de Mazerolles Erdre

Marais de la Filonnière

1. G.Thouin, Plans raisonnés de jardins, 1819 Manoir de la Baraudière, XIXe, propriété de la Famille Herbert de la Bernadiere, puis de la famille Rolland Photographies de Francis Gardeur, L’Erdre «la plus belle rivière de France», photographiée du ciel

La Baraudière

Extrait photographie aérienne 2021, © Géoportail

Parcelles céréalières de petite superficie

Paysage de bocage au réseau de haies dense et fourni

DU REMEMBREMENT À LA DÉPRISE, VERS UNE URBANISATION PROGRESSIVE

Emeriau Justine - La vallée de l’Erdre, au fil de l’eau

Ouverture du paysage suite aux bouleversements des pratiques agricoles Présent dès le moyen-age, et n’ayant pas subi les systèmes d’assolement, comme la majorité du grand ouest, le bocage du nortais se voit étoffé au fil des siècles notamment au XVIIIe, puis au XIXe avant de subir les modifications liées au remembrement. Systématisée, l’organisation des haies mise en place sur le territoire, permettait également d’éviter servitudes collectives et féodales.

Nort-sur-Erdre est la commune, du territoire étudié, la plus touchée par le remembrement. Dès les années 60 de nombreuses terres ont été regroupées dans l’objectif d’obtenir de plus vastes parcelles agricoles. Parcelles plus propices à l’agriculture céréalières mais aussi plus adaptées aux imposantes machines, à l’image des moissonneuses batteuses, venues remplacées bœufs, chevaux et charrettes. On retrouvait également, dès le moyen-age de nombreux moulins (jusqu’à 15) alimentés en eau par la rivière, et approvisionnés en céréales par les parcelles environnantes.

Bien plus qu’un simple élément paysager, la haie bocagère ne faisait, à l’époque pas le poids, face aux enjeux économiques du remembrement. Dès les années cinquante, on disait déjà de celui-ci, qu’il engendrerait « des conséquences climatiques, des problèmes d’eau, d’érosion des sols. » Paul Matagrin1 soulignait alors, «Notre équilibre écologique ancestral s’est brisé et nous ne savons pas encore quelle sera la limite de ces destructions irréversibles».

Aujourd’hui, le constat est sans appel, les paysages ont été bouleversés par ces changements et la maille bocagère s’est totalement distendue, causant une baisse accrue de la biodiversité mais également une sur-pollution des sols et cours d’eau du territoire. La réintroduction des haies dans l’aménagement des territoires agricoles de la vallée est l’un des enjeux les plus important des prochaines années.

Des actions sont d’ailleurs en cours, menées à la fois par l’Entente pour le Développement de l’Erdre Navigable et Naturelle et la chambre d’agriculture.

Prairies en pâturage Petites fermes d’élevage Reliquats du bocage nortais «historique» Vaste parcelles céréalières (blé, maïs, colza) Ancien corps de ferme rénové

Baisse considérable de la diversité écologique

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Disparition du réseau de haies, ouverture du paysage Évolution du paysage de bocage nortais (1900 à gauche © delcampe.net, 2021 à droite)

1. A l’époque, directeur de l’École nationale supérieure d’agronomie de Rennes

Bloc diagramme «type» des paysages de Nort-sur-Erdre, avant et après remembrement

Ligne ferroviaire plantée d’alignements arborés

Photographies anciennes, Famille Lecomte, en haut début des vendanges, en bas tour en tracteur dans le bocage, 1970 - archives familiales

Dessins schématiques, passage d’une agriculture manuelle aux machines mécaniques, changement des pratiques agricoles, années 50

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Nort-sur-Erdre, le Plessis-Pas-Brunet Zoom sur les conséquences paysagères du remembrement, © Géoportail

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1820-1866

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Majoritairement territoire agricole, le sud-ouest de Nort-sur-Erdre est dès Cassini marqué par la présence de longues départementales venant rejoindre la commune. On note, à gauche, le lieu dit du Plessis où semble s’être installé quelques habitations rurales. Le reste du territoire est parcouru de chemins d’exploitations.

1949

Toujours présentes, les deux routes départementales viennent traverser un paysage de bocage composé de petites parcelles en mosaïque, toutes entourées de haies. On note l’apparition, à droite, d’un champs de courses au milieu du bocage, l’étalement progressif de la commune en haut à gauche ainsi que la densification du lieu dit du Plessis.

2000

Le remembrement passé par là, les parcelles sont parfois passées du simple au décuple en quelques années.

Agrandissement des parcelles au détriments des haies bocagères qui ont elles disparues. L’étalement de Nort-surErdre se fait d’autant plus remarqué, la densification du Plessis ne s’arrête pas et l’on peut remarquer l’apparition d’une ZAC au nord de la commune (en haut sur la carte).

2020

Les quelques parcelles ayant subsistées dans les années 2000 sont à nouveaux regroupées et le territoire ne comprend plus que de vastes terres céréalières. Plus qu’elle ne s’étale la commune de Nort-surErdre se densifie, tout comme la zone d’activité précédemment évoquée.

Le paysage se trouve uniformisé.

Nort-sur-Erdre, entre la Noé-Guy et Port Mulon Mutation des espaces de marais , enfrichement et reboisement, © Géoportail

1820-1866

Lit de l’Erdre, déjà reporté de manière réaliste, on note de vastes espaces de marais principalement situés rive gauche. Quelques habitations sont visibles à la Noé Guy ou encore au Port Mulon, avec une fois de plus la présence d’une départementale aujourd’hui toujours en activité.

1949

Apparition du champs de course sur la droite, avec des espaces de marais peu boisés tout au long de l’Erdre. Des parcelles agricoles en lanière semblent investir peu à peu les marais sur la rive gauche. Tandis que le reste du bocage se compose de petites parcelles en mosaïque.

2000

Création d’un plan d’eau à l’extrémité sud de la commune de Nort-sur-Erdre avec l’ennoiement d’une partie des marais.

Les parcelles en lanières évoquées précédemment ont définitivement pris le pas sur les espaces de marais qui se sont eux enfrichés puis reboisés. Le reste du bocage, victime du remembrement s’est transformé en laissant place à de vastes terres agricoles.

2020

Étalement urbain à noter au sud-est de la commune avec l’implantation de lotissements pavillonnaires et d’une zone d’activité. Densification des boisements au niveau des parcelles de marais, accentuant d’autant plus leur caractère de lanière et privatisation des berges. Enfrichement de parcelles à l’abandon suite à la déprise agricole, et reboisement de celles-ci.

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Étalement urbain et expansion industrielle

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Cité prospère au XIXe siècle, les activités économiques de Nort-sur-Erdre tournent très largement autour de la rivière, ou du moins de ses ressources.

On retrouve, par exemple, beaucoup de tanneurs, une minoterie au pied de l’Erdre, de l’agriculture ou encore un chantier naval. A ces activités s’ajoutaient l’extraction de la houille, une mine de charbon, un hippodrome à l’importante renommée ou encore une usine de faïence. Aujourd’hui l’agriculture reste une part importante de l’occupation du sol nortais, en revanche les activités économiques ont, elles bien évoluées. Des ZAC sont venues s’y implanter et la commune ne fait que grandir. La remise en état de la ligne ferroviaire additionnée aux nombreuses départementales traversant la commune, précédemment évoquées, font de Nort-sur-Erdre l’un des futurs pôles structurants du Nord de l’agglomération Nantaise.

L’étalement urbain, avec en parallèle, une densification du centre bourg viennent renforcer cette idée. On retrouve donc peut de traces du passé historique de la ville hormis quelques bâtiments (gare, église, minoterie et les maisons bourgeoises nortaises).

Par ailleurs, dernière commune de l’Erdre navigable, Nort-sur-Erdre à toujours été un petit port tranquille, mais aux dynamiques, néanmoins, commerciales. De nombreux chalands venaient jusqu’ici pour y récupérer bois, minerai, fer, fonte, tissus ou charbon de terre. Aujourd’hui la rivière n’est plus un atout commercial mais le reste toutefois d’un point de vue touristique. En effet, la vallée, déjà dans les années 60 connait un regain d’intérêt, notamment pour son charme «naturel» et ses paysages bucoliques. Jouant de sa proximité avec la métropole mais aussi de son caractère rural, bien que quelque peu effacé, la commune aborde une image de ville en développement. Jouer sur des dynamiques économiques (industrielles, touristiques), mais aussi de son emplacement permet à la commune de s’assurer un avenir prometteur. Le potentiel d’expansion est tel que l’on retrouve plusieurs dizaines de nouvelles constructions par an.

Le risque serait d’être arrivé à un stade où c’est désormais l’économie qui conditionne l’aspect des paysages, et non plus la rivière comme autrefois.

Des projets sont à l’étude concernant le désengorgement des voies de circulation, jusque là densément empruntées. Une route de détournement est donc envisagée de manière à désenclaver le centre ville, notamment avec la création d’un viaduc passant au dessus de l’Erdre. De ce que l’on peut observer aujourd’hui et au regard de l’histoire de la commune, les paysages de Nort-sur-Erdre sont passés du rural, à l’urbain contemporain en à peine 30 ans.

L’étalement urbain à Nort-sur-Erdre, des années 50 à aujourd’hui

D121

D178

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D164

D164

ZAC de la Sangle

D16

ZAC de la Pancarte

D26 D178 2020 2000 1950 Carte schématique de l’étalement urbain, Nort-sur-Erdre, d’après photographies aériennes © Géoportail

Maille bocagère dense et structurée du début du XXe

Importante demeure nortaise (non mitoyenne) des familles bourgeoises

Actuelle D69

Marais et bocage historique nortais

Carte postale, Le pont St-Georges et les marais - Côté Ouest ©www.delcampe.net

Carte postale, Nort-sur-Erdre - Côté Ouest © delcampe.net

Habitat rural diffus, corps de ferme ou longère

Articulation des constructions du bourg à l’image d’un village-rue aux maisons mitoyennes

Organisation de l’habitat le long des voies de circulations, maisons sur plusieurs étages, avec façades donnant sur la rue et jardins à l’arrière

Actuelle D16

Extension de la minoterie ? tannerie ?

Le pont St-George marque la fin de la navigabilité de l’Erdre mais aussi le passage de l’urbain aux zones humides et marécageuses du nord de Nort-sur-Erdre

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Photocomparaisons, Nort-sur-Erdre © delcampe.net et © geneanet.org

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La gare de Nort-sur-Erdre (1877), après un arrêt de la ligne ferroviaire en 1980, la ligne Nantes-Orléans, reprend du service en 2014 pour le TER NantesChateaubriant, on passe des machines à vapeurs, à l’électrique...

Demeures nortaises, en face de la gare, très bien conservées, elles témoignent de la noblesse de certains nortais ayant bâti leur fortune sur la tannerie, ou encore les chantiers navals

Le Pont-Saint-George const la fin de l’Erdre navigable, d’une passerelle piétonne en

truit en 1761, marquant avec aujourd’hui, l’ajout n acier

La minoterie de Nort-sur-Erdre (1898), bâtiment emblématique du cœur de bourg, aujourd’hui en attente de requalification, elle témoigne des activités passées et notamment du lien à la terre que les nortais entretiennent avec leur territoire

Une architecture conservée bien que partiellement modernisée, un aménagement viaire récent laissant peu de largeur aux voies de circulation pour offrir des trottoirs de chaque cotés de la rue.

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3. QUELS PAYSAGES POUR DEMAIN ?

Pour finir, il est question de proposer différents scénarios prospectifs. Du scénario tendanciel, au scénario volontariste, il convient de s’appuyer sur les deux premières parties étudiées, pour construire ce dernier chapitre. Il est, ici, nécessaire de recouper les différentes politiques publiques mises en place, de comprendre les interrelations entre acteurs du territoires et d’aborder les projets déjà mis en route.

Comme nous avons pu le constater, les paysages de la vallée de l’Erdre sont pluriels et s’articulent tous, plus ou moins, de manière différente. D’une part, la question des haies bocagères et de leur réinsertion semble primordial, dans l’évolution des paysages du territoire. D’autre part, l’avenir d’hectares de zones humides est encore en suspend, avec la possibilité de changement de propriétaire, de rachat ou encore d’abandon.

Pour finir, il est important de questionner l’avenir des paysages rivulaires et de leur articulation possible, avec les paysages de grandes cultures soumis, eux, à une forte pression foncière.

Cette dernière partie s’articulera selon deux grands points, à savoir, un état des lieux des politiques publiques et acteurs associés au territoire, puis le questionnement d’une évolution contrastée entre constance et mutations.

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1. ACTEURS ET POLITIQUES PUBLIQUES Nantes Métropole

DES ACTEURS À DIFFÉRENTES ÉCHELLES Sur l’ensemble du territoire étudié, de nombreux acteurs participent à la bonne gestion des paysages. A des échelles parfois très différentes et avec des moyens qui varient beaucoup selon les structures. Trois pôles semblent se détacher, avec d’un côté ceux qui financent, qui ne sont pas quotidiennement sur le terrain, mais sont porteurs du projet dans de plus grandes instances, comme le Conseil Départemental, la Région, les Communautés de Communes. Ce sont ce que l’on peut appeler les derniers décisionnaires. Puis, il y a ceux qui permettent aux projet de prendre vie, concrètement sur le territoire, les associations qui défendent des protections parfois européennes, où d’autres qui s’occupent de la gestion sur le terrain, comme Bretagne vivante.

Enfin, les usagers, qui participent, eux aussi au maintien des paysages par le biais de contrats Natura 2000, en pratiquant ces paysages ou en intégrant des associations de défense de l’environnement. A cela, s’ajoute pour finir, un dernier volet, où l’on pourrait parler de sensibilisation. Principalement composé d’associations, il est ici question, d’informations, de pédagogie, de transmission, avec des actions auprès des écoles menées par la Fédération des amis de l’Erdre par exemple. Mais cela peut également être des associations de défense, qui alertent sur certains projets lancés par les décisionnaires.

Schématiquement mis dans des cases, ces différents acteurs sont pourtant parfois amenés à bouger et à faire de la gestion et de la sensibilisation, ou du financement puis de la gestion. Tout dépend de la structure et du projet dont il est question. De grosses structures comme l’EDENN, distribuent à la fois des financements, contribuent à la mutualisation des différentes actions sur l’ensemble du bassin versant, s’occupent de l’organisation d’événements ou pilotent des sites Natura 2000 comme les Marais de l’Erdre. Pour mieux comprendre les incidences que peuvent avoir ces structures et leurs actions sur les paysages, nous allons voir par la suite, quelques-uns de ces acteurs, leurs rôles et les politiques publiques, qu’ils peuvent mettre en place.

Le Département (Loire Atlantique)

La Région (Pays de la Loire)

Financement/Décisions La chambre d’agriculture Clubs nautiques, loueurs de bateaux La Communauté de Communes Erdre et Gesvres

Usagers Habitants, agriculteurs

Sportifs, Randonneurs, Pecheurs, Chasseurs, Plaisanciers Association La Jacopière

Erdre et Nature

Musée de l’Erdre

La Fédération des amis de l’Erdre

Domaine de Mazerolles

Gestion/Protection

L’EDENN, Syndicat mixte du bassin versant de l’Erdre

Sensibilisation

La DREAL

Bretagne vivante

La ligue de protection des oiseaux

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QUELS ACTEURS, QUELLES ACTIONS POUR LA GESTION DU TERRITOIRE ?

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Site inscrit, site classé, quelles incidences sur le paysage ?

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La vallée de l’Erdre devient site inscrit en 1971, sous la loi de 1930 (entre le pont de l’autoroute A11 et le pont de Sucé sur Erdre sur les deux rives de la rivière). Cette inscription relève de la reconnaissance du caractère exceptionnel des lieux et en permet la protection. «Un site inscrit est un espace naturel ou bâti de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque qui nécessite d’être conservé»1, ici la vallée est inscrite pour le caractère pittoresque de ses paysages.

Cette inscription vient se compléter en 1998, de la mention site classé. C’est à dire qu’elle entre «dans le cadre de la protection d’un «paysage», considéré comme remarquable ou exceptionnel». Le site classé recouvre près de 1320 hectares et ce classement «doit permettre la protection des principales composantes patrimoniales [de la vallée] (parcs et châteaux, belles demeures, ports et autres hameaux pittoresques composant avec la présence de la rivière) et la préservation des grandes perspectives paysagères sur et depuis l’Erdre».2 La politique des sites est une protection de niveau national où les territoires, paysages, bâtis, concernés sont considérés d’intérêt général. Depuis 2009, c’est la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) qui se charge de la mise en œuvre de la politique des sites et des paysages. Son intervention relève de la gestion et du maintien de l’état actuel des sites mais aussi de la protection de ceux-ci. La DREAL, par la mise en œuvre de cette politique patrimoniale, ne fait qu’appliquer la Convention Européenne du paysage, signée en 1993.

1. Définition du ministère de la culture, culture.gouv.fr 2. Article publié le 12/02/2021, La vallée de l’Erdre (Loire Atlantique), pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr

Carte QGIS, sites inscrit et classé, de Sucé-surErdre, à Nort-sur-Erdre

Ces différentes inscriptions imposent à tout projet, la validation de celui-ci par une autorisation préalable, délivrée par le Ministère chargé des sites. Avant cela, le projet doit être présenté à la DREAL, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et à la CDNPS (Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites), qui doivent donner leur avis. Les travaux ne devant pas avoir d’incidence sur les paysages, même les abattages et coupes sont soumis à autorisation.

D’un point de vue paysager, ces recommandations peuvent avoir une forte incidence notamment sur la sylviculture et les différentes gestions possibles.

Par exemple, le traitement irrégulier sera privilégié face à d’éventuelles coupes rases. Cela permet donc de conserver un existant porteur de l’identité du territoire et bien souvent participe activement au cadre de vie des habitants, ainsi qu’au bon développement de la biodiversité.

Sites inscrits et sites classés de la vallée de l’Erdre

Le PEAN des trois vallées, entre protection du patrimoine bocager et outil de planification D’un point de vue patrimonial, le territoire étudié est également soumis au PEAN (périmètre de Protection d’Espaces Agricoles et Naturels périurbains )des Trois vallées. Le PEAN est un outil de planification et de gestion mis en place par le Département, destiné à freiner la consommation d’espaces et l’étalement urbain sur les espaces agricoles et naturels, et donc à lutter contre l’artificialisation des sols. Entre dans ce cadre les ENS (Espace Naturel Sensible) qui présentent un caractère écologique, paysager remarquable et/ou menacé. Ces périmètres sont régis par le code de l’urbanisme, et constitués par le partenariat de communes volontaires et de la Chambre d’Agriculture, avec le Département. Ils permettent, une fois l’espace identifié, de leur assurer un avenir en tant que terre agricole et donc non constructible. De ceux-ci découlent des programmes d’actions pouvant porter sur le foncier agricole, l’environnement et l’aide apportée directement aux exploitants. Sur un territoire comme celui de la vallée de l’Erdre, à dominante agricole et dont le paysage bocager est traversé par les nombreuses formes de l’eau (rivière, fossés, zones humides, mares), il semble, en effet, important d’en protéger les espaces agricoles et naturels. Face à la pression foncière du nord de la métropole nantaise et à la diversification des cultures, les différents périmètres PEAN permettent un maintien des activités agricoles, et leurs donnent une certaine lisibilité en les rendant plus pérennes. Par ailleurs, cet outil permet la conservation d’un patrimoine paysager historique, qu’est le bocage, et dont les actions participent à l’élaboration d’un cadre de vie offrant des paysages variés et porteurs de l’identité du territoire.

Périmètre du PEAN des trois vallées Espaces Naturels sensibles Organisation de l'entretien des équipements structurants (haie, chemins, hydraulique…

Organiser la coexistence des usages (agriculture, randonnée…) et des usagers du territoire (agriculteurs, piétons, motards…)

Organisation collective des éléments structurants (drainage, irrigation, bassin tampon, haies, agroforesterie, mares, parc de contentionembarquement…

Valoriser les produits issus des espaces naturels (bois des haies et des petits boisements

Incitation au défrichement et à la remise en état de culture

Amélioration des cheminements et des accès aux parcellaires agricoles ou forestiers, sécurisation des déplacements

Organisation négociée de l'espace agricole : lutte contre les effets déstructurants d'une gestion non concertée, prévention des conflits d'usage Promouvoir le maintien ou la restauration d'une agriculture capable de contribuer à la gestion et à l'entretien des espaces naturels, souvent issus de l’activité agricole historique

Quelques actions du Péan des trois vallées

Extrait cartographique des zones de préemption des espaces naturels sensible et périmètre du Péan des trois vallées, © loire-atlantique-.fr

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PLUi, SCOT, quelle prise en compte du paysage dans les documents d'urbanisme ?

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Les municipalités, sont également en mesure d’intervenir sur le devenir des paysages. Les communes, seules peuvent porter des projets, mais sur ce territoire le travail se fait généralement à l’échelle de la Communauté de Communes, celle d’Erdre et Gesvres. Cet EPCi regroupe 12 communes sur près de 50 000Ha, dont les communes du territoire étudié pour ce mémoire, à savoir Sucé-sur-Erdre et Nort-surErdre. Les missions de l’intercommunalité relèvent principalement du «développement économique et de l’emploi, de l’aménagement de l’espace (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal), de l’aménagement, entretien et gestion des aires d’accueil des gens du voyage, de la collecte et traitement des déchets ménagers et assimilés et de la gestion des milieux aquatiques et préventions des inondations»1. Son champs d’action en matière de paysage se résume donc principalement à deux thématiques: l’eau et l’urbanisme. On retrouve d’ailleurs, au sein de l’EPCi, la Direction de l’Aménagement de l’Espace, où s’articulent un service Urbanisme/Aménagement, ainsi qu’un service Eaux et Milieux aquatiques. Erdre et Gesvres est donc responsable du PLUi et participe également à la gestion et l’entretien des marais de l’Erdre aux côtés de l’EDENN et d’autres associations.

Finalement, peu de place est accordée au paysage dans une si grande structure. Beaucoup semble être fait au niveau environnemental avec différentes actions menées pour sensibiliser acteurs et habitants du territoire, en revanche seul le service Eaux et Milieux aquatiques semblent se pencher sur l’aspect paysager de potentiels projets. D’autant plus que la CCEG à sur certains territoires des droits de préemption, comme sur Sucé sur Erdre par exemple. Droit qui induit inévitablement des bouleversements paysagers.

Aujourd’hui, sur la commune de Sucé-sur-Erdre, un projet de ZAC mené par la communauté de communes tente de voir le jour. En effet, le projet de ZAC du lieu dit de la Jacopière, est situé au sud-est du territoire, à cheval entre Sucé et Saint-Mars du Desert. Inscrit au PLUi, et déjà évoqué dans le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale), ce projet est déclaré comme un parc d’activité «voué à être développé en extension urbaine, se situe en dehors des éléments majeurs de la Trame Verte et Bleue, malgré une certaine proximité avec un corridor boisé. Il s’agit d’une recomposition des zones à urbaniser déjà présentes dans le PLU concerné».1 Or, le projet ne se fait pas en extension urbaine, puisque sur les 65Ha initiaux du projet, seulement 2,1Ha concerne la zone d’activité existante, à savoir la Ceriseraie. Les hectares restants étant agricoles ou naturels, ponctués de petits hameaux.

D’autre part, il faudrait que le projet n’ai aucune incidence sur la trame verte et bleue, ce qui est a priori confirmé par le SCOT. Or quelques pages plus tard, une carte identifiant les réservoirs de biodiversité et les corridors écologiques indique clairement que la Jacopière se trouve entre deux réservoirs majeurs, alors même qu’un corridor écologique la traverserait.

D’autre part, l’Autorité environnementale (Ae) dans son avis sur le SCOT Nantes / Saint-Nazaire, expose des réticences: «En vue de renforcer la lisibilité des parcs d’activité industrielle, le DOO2 en fixe une typologie (parcs majeurs d’intérêt métropolitain, parcs d’activité structurants d’intérêt métropolitain, parcs d’activités de proximité 58 ). Une cartographie annexée précise les localisations des deux premiers types de parcs, et fait apparaître trois réserves foncières pour les projets « majeurs » futurs [...] ainsi qu’une réserve pour un projet « structurant » au lieu dit La Jacopière sur la

commune de Saint Mars-du-Désert (communauté de communes d’Erdre et Gesvres). L’Ae note que le dossier soumis à l’Ae, dans ses différentes composantes, ne fournit pas d’éléments d’évaluation de la création envisagée d’une zone d’activités à La Jacopière, hors pôle structurant, notamment au regard des incidences environnementales et des mesures d’évitement qui ont pu être recherchées.

L’Ae rappelle que la création de la ZAC de La Jacopière, telle qu’elle est appréhendée à ce jour, doit faire l’objet d’une évaluation de ses effets et des mesures d’évitement, de réduction et de compensation. »1 Là, où les études environnementales du projet n’ont pas encore été menées à bien, le PLUi semble aller à l’encontre des préconisations de l’Ae du SCOT. En parallèle, des voies s’élèvent, une association est créé des 1984 (lors de la première évocation du projet initial, s’étendant alors sur 180Ha), l’association de la Jacopière, suivie par d’autres telles que Bretagne Vivante, la Ligue de Protection des Oiseaux ou encore France Nature Environnement (Loire Atlantique) et Agir pour le Biodiversité (Loire Atlantique). Dans ce cas précis, là ou les documents d’urbanisme et de planification devraient évoquer les incidences de tels projets sur le paysage, ce sont à des associations de devoir le démontrer devant la justice. Il leur a fallu expliquer en quoi cette ZAC portait une grave atteinte à la biodiversité, ainsi qu’au bocage «historique» présent sur le site. Où l’on compte d’ailleurs, presque 3km de haies bocagères «historiques» dont 950m sont classés comme «alignement remarquable à protéger».

L’intervention d’un paysagiste ainsi que la réalisation d’études d’incidences sur les paysages existants, devraient être systématiques lors de la conception de tels projets.

1. Document d’Orientation et d’Objectifs (DOO) du SCOT Nantes - Saint Nazaire, p55 2 Avis de l’autorité environnementale (Ae) sur le schéma de cohérence territoriale (SCOT) Nantes - Saint Nazaire

1 Avis de l’autorité environnementale (Ae) sur le schéma de cohérence territoriale (SCOT) Nantes - Saint Nazaire

Extraits de photographies aériennes, comprenant le périmètre du projet de la ZAC, document Zone de la Jacopière, Lancement des études environnementales, réunion du 7/12/2020, © Erdres et Gesvres

Révision du projet de ZAC par la CCEG, abandon de 21Ha Périmètre actuel du projet: 45Ha, en jaune ZAC existante de la Ceriseraie, 2,1Ha

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L'EDENN, au coeur de la gestion du bassin versant L’un des principaux acteurs du territoire est l’EDENN (Entente pour le Développement de l’Erdre Navigable et Naturelle). C’est un syndicat mixte agissant sur l’ensemble du bassin versant, couvrant donc 53 communes en Loire Atlantique et Maine et Loire, dont la principale mission est «d’animer la reconquête de la qualité des eaux et de la biodiversité de l’Erdre»1 à cette grande échelle. Pour cela, l’EDENN mène différentes actions liées à la biodiversité, à l’eau mais aussi aux usages qui lui sont rattachés.

L’EDENN est composé de cinq communautés de communes, dont celles d’Erdre et Gesvres (qui régit le territoire d’étude de ce mémoire). Ces EPCi, ont donc tous des élus, désignés par leurs soins, qui les représentent au sein du syndicat mixte.

Structure référente du SAGE Estuaire de la Loire, et animatrice des sites Natura 2000, l’EDENN assure à la fois la coordination des actions proposées par le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux, mais s’occupe également depuis 1998, des Marais de l’Erdre, de leur protection, gestion et animation (désignée opérateur local Natura 2000 en 1996).

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Présentation site web EDENN.fr

82 L’EDENN intervient donc, au niveau de la gestion de l’eau, comme le dernier maillon de la chaine, © EDENN

Etant à l’initiative des demandes de subventions auprès de l’Agence de l’eau et de la Région, c’est le rôle de l’EDENN, d’ensuite les attribuer aux différents acteurs locaux, sous la forme de deux contrats distincts: le CRBV, Contrat Régional de Bassin Versant (3 ans), et le CTBV, Contrat Territorial de Bassin Versant (5 ans, pour l’Agence de l’eau). Ces derniers ont été adoptés selon un stratégie collective allant de 2017 à 2021 et ont eu comme objectifs principaux la restauration et l’entretien des milieux, l’amélioration du fonctionnement naturel de la rivière, l’acquisition de zones humides pour en assurer la gestion ou encore la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires en zone non-agricole. L’EDENN a donc assuré la coordination de ces actions, l’accompagnement des acteurs et projets tout en menant par ailleurs des campagnes de sensibilisation (destinées aux acteurs et usagers).

«La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 transpose en droit français la Directive Cadre sur l’Eau. Cette loi reprend et rénove les lois sur l’eau du 16 décembre 1964 et du 3 janvier 1992 qui établissent les bases du droit français de l’eau (Agences de l’Eau par bassin, système de redevances, etc.)»1. Cette loi permet la définition d’outils de planification et de gestion tels que les SDAGE, SAGE et contrats de rivière. C’est donc de cette Loi LEMA et de la DCE, que découle l’ensemble des mesures ensuite mises en place au sein du bassin versant de l’Erdre, et plus précisément sur celui des Marais de l’Erdre. Elle exige, par exemple, le maintien d’une gestion douce des cours d’eau, le respect de la continuité écologique dans la réalisation de petits aménagements hydrauliques, renforce le rôle de la police de l’eau, et donne, également, des outils juridiques dans la protection et la préservation de certains espaces comme les frayères.

1. Etat des lieux du Bassin Versant, EDENN, 2016

Échantillon photographiques d’actions menées par l’EDENN, arrachage de la jussie, curage des fossés, sensibilisation, © EDENN

Les incidences de ces contrats de bassin versant sur les paysages de la séquence concernée, à savoir le sous bassin versant des Marais de l’Erdre, se manifestent par différentes interventions. Il s’agit dans ce cas du curage et de l’ouverture des milieux au niveau des marais, de la restauration de la végétation des rives (plantation et entretien de la ripisylve), de la lutte contre la jussie (espèce invasive), de la coupe de certains arbres, de fauche avec exportation, mais aussi d’interventions morphologiques de continuité écologique se traduisant par l’aménagement de petits ouvrages. Dans ce cas, le maître d’ouvrage est la Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres, et plus précisément le service Eaux et Milieux aquatiques. Sur le terrain, ces actions sont menées par différentes associations, on retrouve notamment Bretagne Vivante, qui s’occupe principalement de la gestion, des marais de Blanche Noé mais aussi de la Tourbière de Logné depuis 1996. D’autres, comme l’Association Syndicale des Plaines de Mazerolles (ASPM), qui regroupe l’intégralité des propriétaires du marais endigué de Mazerolles, s’occupent de la protection et de la gestion du marais afin d’en préserver les divers usages ( agriculture, chasse et pêche, petit éco-tourisme et sensibilisation au site).

Carte QGIS, périmètre Natura 2000, de Sucé-surErdre, à Nort-sur-Erdre

Parallèlement, comme précédemment évoqué, l’EDENN est l’opérateur local Natura 2000 désigné pour le site pilote des Marais de l’Erdre. La première action menée a été celle de la constitution d’un comité de pilotage, dont la mission principale étant l’élaboration d’un Document d’Objectif (DOCOB), suivant les directives Habitats et Oiseaux, établi en concertation avec les acteurs locaux. Ce DOCOB a été validé en 2003, et a été suivi de la désignation officielle des marais en ZSC (Zone de Conservation Spéciale - Directive Européenne Habitat, Faune, Flore), en 2004 puis en ZPS (Zone de Protection Spéciale - Directive Européenne Oiseaux) en 2006. Ces mesures de protection entraînent, lors de la conception d’un projet, une évaluation des incidences Natura 2000. Sans interdire systématiquement la mise en place du projet, cette évaluation a pour objectif de se baser sur les enjeux liés aux ZPS et ZSC pour l’élaboration du futur projet d’aménagement. Il est à noter qu’un projet réalisé non pas dans le périmètre Natura 2000, mais à proximité, doit également être soumis à cette évaluation. La désignation Natura 2000 permet donc une protection de la faune et de la flore et donc d’une certaine manière, des paysages qu’elles composent. Bien que le volet paysager ne soit pas réellement encore inclus dans la mesure.

Périmètres Natura 2000

Natura 2000, c’est également la mise en place de contrats agro-environnementaux avec les agriculteurs propriétaires de terres identifiées au sein du périmètre de protection. On parlait avant, de Contrats Territoriaux d’Exploitations (CTE), puis de Contrats d’agriculture Durable (CAD), contrats progressivement modifiés par la réforme de la PAC. Aujourd’hui, on parle de Mesures AgroEnvironnementales (MAEt (territorialisées), MAEc (climatiques)). Ces contrats sont proposés aux exploitants locaux, pour leur apporter une aide dans la restauration et l’entretien de leurs parcelles en tenant compte des recommandations Natura 2000 inscrites dans le DOCOB. Ces engagements se font généralement sur une période d’un an, mais peuvent aller jusqu’à 5 ans. Les enjeux de ces mesures s’appuient sur le Document de Cadrage National (DCN), ils sont definis par la Région, désormais autoritée de gestion du FEADER (Fond Européen Agricole pour le Développement Rural), puis inscrit au sein du Programme de Développement Rural (PDR).

Sur le site des marais de l’Erdre, ces contrats permettent par exemple, une gestion agricole mesurée des marais. Actuellement, 9 MAEc sont en cours, ce qui représente une surface contractualisée d’environ 296,79Ha. Cela permet aux agriculteurs de continuer à travailler tout en préservant la biodiversité.

La gestion des espaces leur est alors confié et c’est notamment grâce à cela que le marais peut lutter contre la fermeture des milieux, et donc celle des paysages. Ces contrats permettent aux marais de ne pas muter en friche mais aussi le maintien et la gestion des prairies inondables, la préservation de prairies permanentes et naturelles, la mutation de terres cultivées/labourées en espaces de prairies, la réhabilitation des fossés et douves, et la lutte contre les espèces invasives telles que la Jussie.

Par ailleurs, d’autres contrats existent, ceux destinés aux propriétaires de parcelles non agricoles, les Contrats Natura 2000 (3 en cours). Il existe également les chartes Natura 2000, dont sept sont actuellement en cours sur le site des Marais de l’Erdre, représentant environ 43,28Ha.

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2. ENTRE CONSTANCE ET MÉTAMORPHOSES, UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE SUR LE TERRITOIRE

L’application de ces différentes politiques publiques participe à la gestion des paysages, leur préservation et donc leurs potentielles mutations dans le temps. C’est en s’appuyant sur ces actions déjà mises en place, que nous pouvons envisager différents scénarios prospectifs. Au vu de la superficie du territoire étudié, il est évident que les évolutions ne seront pas les mêmes selon le site questionné.

Certains paysages auront tendance à être complètement bousculés par différentes pressions urbaines, quand d’autres maintiendront un équilibre finalement trouvé. C’est donc entre constance et profondes métamorphoses que le territoire peut potentiellement évoluer ces prochaines années.

Vous trouverez, à la suite, deux hypothèses par séquence, se référant à la fois aux paysages actuels, à leur évolution passée, mais aussi aux dynamiques en cours.

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 1 suivant l’hypothèse d’un constant développement industriel et urbain

Étalement de l’habitat pavillonnaire sur les paysages agricoles et franges des marais

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Bloc diagramme de l’état actuel des paysages de la séquence 1

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Sectorisation des espaces du territoire: zones humides hyperprotégées, zones d’activités commerciales ou industrielles, rivière, urbanisation par l’habitat pavillonnaire

Future ZAC de la Jacopière, 45 Ha et 20Ha de potentielle expansion, au détriment de presque 3km de haies bocagères historiques dont 950m sont classés comme «alignement remarquable à protéger».

SÉQUENCE 1: SUCÉ-SUR-ERDRE Scénario que l’on pourrait qualifier de tendanciel, cette première hypothèse sur l’évolution des paysages de la première séquence, s’inscrit dans les dynamiques aujourd’hui en marche. A savoir l’extension des activités industrielles et urbaines.

Le développement des activités industrielles au détriment du bocage historique Ici, les paysages se voient petit à petit bouleversés suite à l’installation progressive de zones d’activités commerciales et industrielles. De nombreuses parcelles agricoles disparaissent au profit d’une artificialisation des sols et de la création de «pôles» d’activités le long de départementales grandement fréquentées. A l’image du projet de ZAC à la Jacopiere, projet porté par la Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres et inscrit au PLUi alors même qu’il va à l’encontre des recommandations du SCoT, ces aménagements se feraient au dépend d’espaces agricoles et de «nature» témoignant du bocage historique sucéen. Une partie de l’histoire des paysages du territoire serait alors effacée alors que d’autres solutions semblent possibles (cf page suivante). L’exemple de la Jacopiere, projet d’une cinquantaine d’hectares additionnés à 20Ha de potentiel d’expansion, montre d’une manière assez claire comment l’économie peut aujourd’hui rapidement prendre le pas sur les paysages et le cadre de vie qu’ils offrent. De tels projets, sans réelle étude d’incidence environnementale, ni même paysagère ne peuvent évidemment pas prendre en compte la complexité de ce qui compose le bocage présent sur le territoire.

Une compartimentation des espaces, imposée par l’urbanisme; industrie, habitat, zones humides L’un des risques majeurs de ces dynamiques en cours est de se diriger progressivement vers une problématique que connait bien la commune de Nort-sur-Erdre, celle de la compartimentation des espaces. C’est à dire de se retrouver avec des espaces qui n’interagissent pas, ou plus, alors que la mixité de paysages agricoles, pavillonnaires et industriels pourrait être source d’une qualité paysagère insoupçonnée. Cette séparation, due au non travail des interstices et franges entre les secteurs, revient à dresser une barrière, qui peut également se manifester visuellement, venant accentuer les différences. Les interrelations entre structures paysagères faisant la richesse des paysages de la vallée, il est totalement contradictoire de venir catégoriser, sectoriser, tel ou tel espace. D’autre part, la protection de certains espaces, comme la Tourbière de Logné, donne la sensation de pouvoir, presque, tout faire sur les parties de territoire non désignées comme à sauvegarder. Cette opposition déjà bien présente entre ce qui est à préserver ou non relève d’une dichotomie qu’il conviendrait de nuancer.

Un étalement de l'habitat pavillonnaire sur les paysages agricoles et de marais Grands projets qui ne sont pas les seuls à venir petit à petit grignoter le bocage puisque l’étalement urbain, se manifestant aujourd’hui par la création de lotissements, y joue également un rôle prépondérant. D’une part, les quelques vastes parcelles victimes de la déprise sont transformées dès que possible en quartier d’habitations pavillonnaires, avec des espaces extérieurs de plus en plus petits, et des interstices très peu travaillées.

De l’autre, chaque m² qui semble être disponible au sein de l’espace déjà urbanisé, devient immédiatement construit. Aucun délaissé, aucune petite friche n’est réellement envisagé comme un potentiel espace de «nature». Espaces qui auraient pourtant raison d’exister (cf page suivante). Cet étalement de l’habitat pavillonnaire sur les paysages agricoles, mais aussi sur les franges de marais protégés, s’il n’est pas correctement pensé, nuit à la biodiversité, aux paysages bien sûr, mais également au cadre de vie des futurs habitants.

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 1 suivant l’hypothèse d’une recomposition de la maille bocagère et de la revalorisation du lien à l’Erdre

Reconnexion à l’Erdre par la mise en place d’aménagements doux et de continuités paysagères au sein des plateaux

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Bloc diagramme de l’etat actuel des paysages de la sequence 1

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Mixité des espaces d’activités industrielles et commerciales, d’habitations et de «nature» Recomposition de la maille bocagère par la réintroduction d’un réseau de haie et le maintien de l’existant

SÉQUENCE 1: SUCÉ-SUR-ERDRE Cette deuxième hypothèse concernant la séquence 1, relève de dynamiques pouvant être mises en place par les acteurs du territoires, pour le bien des habitants et des paysages, si communication et compromis sont envisageables.

La valorisation et l’affirmation du lien à la rivière, par l'aménagement raisonné d'espaces communs et la continuité d'espace de nature jusque sur les coteaux

Recomposition d'une maille bocagère adaptée aux pratiques agricoles d'aujourd'hui et conservation des éléments paysagers identitaires du territoire

Finalement peu questionnée aujourd’hui, où en tout cas peu valorisée, la relation à l’Erdre et donc à l’eau est une direction à suivre. La mise en place de projets questionnant la place de l’Erdre au sein de la commune permettrait la potentielle remise en question de parcelles privées donnant sur les berges de la rivière, mais aussi la place qu’elle occupe sur les plateaux, d’où elle est imperceptible. Il serait donc question d’appuyer la création de continuités entre la rivière et les espaces plus éloignés en se servant de potentiels délaissés, disséminés ici et là, permettant la création d’une sorte de fil, nous conduisant jusqu’aux berges.

Berges qui pourraient être partiellement aménagées à l’image d’espaces comme la Baraudière où Mazerolles qui permettent un accès direct à l’Erdre et la possibilité de se promener. L’idée d’une commune investissant les interstices des espaces pavillonnaires, pour l’instauration de sentiers reliant différents parcs et points de vue semble participer au scénario plus «paysager» de cette seconde hypothèse.

L’une des premières actions à mener est sans aucun doute la recomposition du réseau de haies bocagères. Loin de souhaiter revenir aux paysages du siècle dernier, ce qui serait bien entendu impossible, il est plutôt question de réfléchir à la façon dont ce réseau pourrait s’articuler autour des activités et pratiques en place. Il s’agit donc de questionner les espaces disponibles et les surfaces nécessaires aux pratiques agricoles, mais aussi industrielles et commerciales. D’autre part, des actions de sensibilisation et d’information pourraient être lancées auprès des habitants pour la valorisation et la protection des haies bordant parfois leur jardin. Cette restructuration de la maille bocagère s’accompagnerait d’un réel travail de conservation d’éléments paysagers, reliquats du territoire. Porteurs de l’identité du territoire et témoins des paysages passés, les arbres isolés, le réseau de chemins, les alignements d’arbres, les boisements ponctuels, ou le patrimoine bâtis (moulins, four,...), ont une place et un rôle à jouer dans cette seconde hypothèse. Ils viennent affirmer le caractère et l’unité de ce paysage.

La composition d’un espace partagé participant à l'identité du territoire et garantissant une lisibilité des paysages claire et complète Plutôt que l’implantation de vastes zones d’activités, cette nouvelle hypothèse propose l’intégration des bâtiments et activités au sein du bocage. Cette manière de voir les choses suppose l’adaptation de l’économie au paysage et non l’inverse, comme actuellement.

L’enjeu se trouve donc dans la réussite d’une mixité d’usages, de pratiques et de bâtis au sein d’une même situation paysagère. Il s’agit là, de créer des liens et interactions entre les différents espaces, de manière à rendre harmonieux un territoire complètement hétérogène. Ce travail passe évidemment par l’aménagement des franges et interstices mais aussi par la localisation, au préalable, des équipements envisagés. Une réflexion complète doit être menée avec les différents acteurs et intervenants dans le projet.

Ces aménagements doivent donc être pensés avec l’aide d’un(e) paysagiste, ce qui est aujourd’hui rarement le cas, pour permettre l’utilisation d’un vocabulaire paysager, évoquant vues, percées, ambiances, atmosphères, sensations, et non simplement celui des urbanistes et des élus.

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 2 suivant l’hypothèse d’un changement de gestion extrême Enfrichement des parcelles agricoles délaissées par l’abandon de la gestion

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Bloc diagramme de l’etat actuel des paysages de la sequence 2

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Sanctuarisation des zones humides et inaccessibilité à ces milieux

Disparition de la digue et ennoiement du marais, retour au début du 20e siècle

Risques accrus d’inondation pour les prairies de pâturage et hameaux à proximité

SÉQUENCE 2: LES MARAIS Zones humides protégées, la question de cette deuxième séquence s’avère pourtant être plus compliquée que le simple maintien de mesures de protection. Ces espaces sont soumis à de fortes pressions ainsi qu’à de nombreuses évolutions possibles.

Disparition de la digue, ennoiement du marais et fermeture des milieux L’un des scénarios les plus extrêmes serait l’abandon de la digue et donc l’ennoiement du marais de Mazerolles. Aujourd’hui, dû à un potentiel changement de propriétaire, ce marais en particulier, est soumis à de nombreux questionnement, dont celui-ci.

L’abandon de la digue signifierait la fin des activités agricoles aujourd’hui présentes sur le marais endigué, mais aussi la disparition des prairies humides, taillis et boisements qui composent cette surface. L’inondation de ces éléments causeraient une perte accrue de la biodiversité ainsi que la fermeture de certains milieux. De nombreuses espèces seraient amenées à disparaitre et d’autres invasives, comme la Jussie, viendraient envahir le site. Ces bouleversements seraient également perceptibles aux «limites» du marais, là où de nombreux hameaux sont implantés, et où pâturent de nombreuses bêtes dont des dizaines de chevaux. Les parcelles agricoles seraient davantage inondées en hiver, alors qu’elles le sont parfois déjà, et de nombreux ligneux ne survivraient probablement pas à ce trop d’eau imposé. Parallèlement, cela modifierait fortement le niveau de l’eau et donc potentiellement le dessin du lit de l’Erdre. La question de la navigabilité serait aussi probablement remise en question.

Sanctuarisation des zones humides, espaces innaccessibles D’un point de vue plus «anthropique», si l’ennoiement et l’arrêt de la gestion avaient lieu sur ce territoire, cela signifieraient potentiellement leur sanctuarisation quasi-définitive. Les lieux deviendraient donc totalement inaccessibles et ces espaces aux paysages si singuliers, au fort potentiel, disparaîtraient du cadre de vie des habitants qui ne pourraient irrémédiablement plus en profiter. D’autre part, cette non-gestion et leur sanctuarisation, donneraient aux marais un aspect encore plus mystique, irréel, ce qui pourrait discréditer leur existence et leur protection aujourd’hui pleinement justifiée par de nombreux rapports et interventions sur site. La sensibilisation serait d’autant plus compliquée à mettre en place si aucune action sur le territoire ne peut être envisagée. Les marais deviendraient donc des délaissés abandonnés où ne survivraient que quelques espèces.

Arrêt des activités agricoles et de gestion, mutation vers la friche Par ailleurs, l’arrêt des activités agricoles sur les espaces de marais, comme cela a pu, un temps, être le cas sur le marais de la Grande Bodinière, entraînerait une progressive mutation vers la friche. Si la gestion aujourd’hui mise en place venait à disparaitre, une forte compétition s’installerait au sein des milieux, ce qui entraînerait très rapidement une fermeture des milieux ainsi qu’une perte de la diversité faunistique et floristique actuelle. Ce scénario très «pro-nature» voulant permettre à ces espaces une re-naturation naturelle, est envisageable d’un point de vue théorique, mais aurait, contrairement à ce que l’on peut initialement penser, de nombreuses répercussions négatives sur le territoire et les paysages qui le composent.

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 2 suivant l’hypothèse du maintien des activités agricoles et de l’ouverture partielle des marais au public Affirmer une continuité écologique et paysagère représentative de la richesse du territoire entre zones humides, vallons boisés et berges de l’Erdre Maintien des activités agricoles et de la gestion par le syndicat (agriculteurs, propriétaires, chasseurs, pêcheurs)

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Bloc diagramme de l’etat actuel des paysages de la sequence 2

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Maintien des activités nautiques de loisirs dans le respect des milieux et écosystèmes en place, la meilleure manière de découvrir cette séquence étant sur l’eau

Ouverture partielle des marais sur l’ancien site d’implantation des exploitation de tourbe, dans un objectif de sensibilisation et d’appréciation de ces paysages si singuliers

SÉQUENCE 2: LES MARAIS Ce second scénario se construit sur la base de mesures de gestion déjà en place et s’appuie sur des exemples concrets dans l’objectif de concilier espaces protégés et accessibilité aux publics, sur ce territoire de marais.

Le maintien des activités agricoles sur les espaces de marais, gestion et préservation Les contrats natura 2000 en cours, portés par l’EDENN, semblent aujourd’hui fonctionner.

L’équilibre trouvé entre préservation et gestion agricole permet aux marais d’évoluer de manière positive. L’entretien des prairies humides, douves et autres roselières réalisés à la fois par les agriculteurs mais aussi par les chasseurs (notamment par les membres de l’Association Syndicale Autorisée des Plaines de Mazerolles), permet aux différents milieux de se régénérer et de lutter contre leur tendancielle fermeture. La régulation actuelle des espèces se manifestant par un accord trouvé entre la Ligue de Protection des Oiseaux et la Fédération de chasse permet un cadre naturelle favorable pour l’ensemble de la biodiversité composant le marais. D’autre part, des marais entretenus permettent une meilleure qualité de l’eau et la conservation d’un niveau correct, permettant, eux, le maintien des activités nautiques de loisirs pratiquées sur les plaines de Mazerolles et de la Poupinière. L’équilibre ne se trouverait donc pas qu’au sein du marais mais bien à l’échelle de la séquence, voir du territoire étudié.

La mise en place de continuités écologiques et paysagères entre les espaces naturels sensibles Au delà des espaces définis comme Espaces Naturels Sensibles, et auxquels on prodigue une attention particulière, il est important de questionner les corridors écologiques reliant ces espaces. On connait leur incidence très positive sur la biodiversité et plus particulièrement sur le maintien d’une faune active, mais ce que l’on souligne plus rarement, c’est l’impact paysager que sous tend ce type d’aménagement. Ici, l’idée serait de venir créer tout un réseau de corridors, aux dynamiques paysagères s’inspirant du bocage et permettant la connexion des fonds de vallons et des marais par exemple. Un territoire aussi riche, comprenant vallons boisés, espaces de marais, bocage, boisements ponctuels et berges à la ripisylve dense, mérite la possibilité d’être parcouru par une maille connectant tous ces espaces les uns aux autres et offrant ainsi un paysage reflétant réellement sa richesse.

Sauvegarde des espaces de marais, sensibilisation des acteurs et usagers, par l’expérimentation d’une ouverture partielle au public Le maintien de cette gestion différenciée et donc de l’équilibre en place serait également renforcé par l’arrêt de l’exploitation de la tourbe dans le marais (fin du dernier arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation en 2028). Cet arrêt serait l’opportunité de proposer un projet d’aménagement doux de la partie anciennement exploitée. Cet aménagement se traduirait par l’implantation d’un sentier de faible emprise et dont le dessin serait réalisé de manière à ne pas trop investir les espaces sensibles (reproduction, habitats écologiques, etc...), et la mise en place, tout le long du parcours, d’une campagne de sensibilisation et d’information. A l’image d’autres marais, ces déambulations ne pourraient être réalisées qu’accompagné d’un guide, ou complètement libres dans un périmètre défini. Une possible ouverture au public, même partielle, permettrait à la fois une sensibilisation des habitants du territoire, une meilleure connaissance des milieux et des espèces qu’ils abritent et l’accès à un espace de «nature» peu anthropisé.

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 3 suivant l’hypothèse d’une augmentation de l’artificialisation des sols et de la mise au second plan des paysages rivulaires

Étalement urbain d’habitations pavillonnaires sous forme de lotissements Bloc diagramme de l’etat actuel des paysages de la sequence 3

Projet de contournement au dessus des marais, de l’Erdre, de la ligne ferroviaire, des habitations et départementales Infrastructure ayant des incidences en matière de paysage

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Artificialisation des sols par l’extension des zones d’activités industrielles et commerciales

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Disparition des paysages rivulaires au profit des habitations et de l’artificialisation des sols

Maintien des grandes cultures céréalières et potentielle extension des parcelles de maraîchage sous serres

SÉQUENCE 3: NORT-SUR-ERDRE Cette première hypothèse de l’évolution des paysages de la troisième séquence, relève plutôt de dynamiques tendancielles. Ce scénario s’appuie donc sur les évolutions et actions en cours et imagine le paysage si les directions ne sont pas révisées.

Une artificialisation des sols en constante augmentation Si les dynamiques actuelles ne changent pas, Nort-sur-Erdre à pour vocation de devenir l’un des pôles structurants du nord de la métropole nantaise, à l’image de Grandchamps -des-Fontaines, par exemple. Cette tendance conduira à une artificialisation excessive des sols due aux trop nombreuses futures implantations de zones industrielles et commerciales. Les extrémités est et ouest connaîtront de plus en plus de grandes zones, qui s’installeront le long des départementales les plus empruntées, et prendront toujours plus d’espace sur les terres agricoles. Ces terres cultivées puis rachetées, ou à l’abandon suite à la déprise, se transformeront en espace de production intensif aux sols non perméables. Ce qui causera toujours plus de pollution, des sols et de l’eau (finissant sa route dans l’Erdre), et entrainera également la destruction du peu de reliquats bocagers restants, tels que les arbres isolés ou reste de haies bocagères. Cette artificialisation des sols, à l’incidence négative pour la biodiversité et le cadre de vie, modifiera fortement les paysages et intensifiera le réchauffement climatique. La commune perdra potentiellement le peu de caractère rural qui lui reste, et la sectorisation actuelle ne fera que s’accentuer.

L’intensification des pratiques liées aux grandes cultures et l’uniformisation du paysage La commune se constituant majoritairement de grandes parcelles de cultures céréalières, aujourd’hui ancrées dans une dynamique d’intensification, les paysages de culture ne devraient que s’élargir. Si les dynamiques restent les mêmes, c’est un énième remembrement auquel les agriculteurs et habitants devront faire face. Toujours plus de superficie pour plus de production. Un paysage ouvert qui offrira des céréales à perte de vue comme on peut le voir dans l’est de la France.

Le regain d’intérêt pour le maraîchage, dû aux bouleversements climatiques et à la modification du régime alimentaire de certain(es), aura également une incidence sur le territoire et ses paysages. Nous retrouveront davantage de cultures maraîchères potentiellement couvertes par des étendues blanches de serres en plastique. Loin d’être en rupture avec les parcelles céréalières, ces étendues ne seront que la continuité du paysage horizontal que nous offrira cette troisième séquence.

La disparition progressive paysages rivulaires, et reliquats bocagers Si la démographie de la commune continue d’augmenter, la construction de lotissements ne fera que s’accroître et l’habitat envahira progressivement les terres agricoles par manque de place au cœur du bourg. Ce mitage se fera aussi sur les espaces de marais situés le long de l’Erdre, au nord et au sud de la commune. Une dynamique qui reculera, à nouveau, les paysages de la rivière, au second plan. Ce développement aura, sans aucun doute, de belles retombées économiques, mais cela au détriment d’un paysage que l’on devrait sauvegarder et même réhabiliter. L’aménagement de ZAC aura des effets dévastateurs, comme exposé précédemment, mais les projets comme celui du détournement en auront tout autant, si ce n’est plus. Devant franchir des marais, la ligne ferroviaire Nantes-Chateaubriant, de nombreuses départementales, des lotissements mais également un important gazoduc, ce détournement nécessitera la création de nombreux ponts et notamment la réalisation d’un viaduc de 130m de long pour traverser l’Erdre. Ce sont donc des hectares de paysages qui seront bouleversés.

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Maintien du contournement avec une attention particulière aux espaces franchis, franges et lisieres travaillées

Restriction de l’étalement pavillonnaires par les lotissements et densification progressive des hameaux, aux formes architecturales et paysagères plus caractéristiques de l’identité de la commune

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Bloc diagramme de l’etat actuel des paysages de la sequence 3

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Bloc diagramme prospectif de la séquence 3 suivant l’hypothèse de la requalification des délaissés et d’une mutation des pratiques agricoles vers quelque chose de plus durable

Affirmation des continuité s écologiques et paysagères possibles entre l’Erdre, ses affluents et le canal de Nantes à Brest Conception d’espaces d’activités industrielles et commerciales s’inscrivant dans les continuités paysagères souhaitées

Reconstitution d’une maille bocagère adaptée aux nouvelles pratiques agricoles encouragées

SÉQUENCE 3: NORT-SUR-ERDRE Ce second scénario se veut plus optimiste, et résulte d’actions proposées dans la séquence 1 et 2. C’est l’addition de celles-ci qui peut permettre à Nort-sur-Erdre de rester le futur pôle structurant souhaité tout en ne négligeant pas l’aspect paysager.

Limiter le mitage des terres rurales et l'enclavement des espaces agricoles periurbains Au vu des dynamiques d’implantation actuelles et de l’augmentation de la population nortaise, il est nécessaire de repenser la forme que vont prendre les logements et quartiers des futurs habitants. Ici, le lotissement laisse place à une densification des petits hameaux, s’étalant progressivement. Cela permettra d’éviter une uniformisation des formes architecturales et paysagères. De plus, ce type d’organisation, beaucoup moins orthonormé, permettra une intégration plus facile et efficace dans le trame bocagère recomposée. L’objectif étant aussi de désenclaver de petites parcelles originellement coincées entre deux lotissements. Cette ligne de conduite devrait permettre un certain équilibre entre déploiement de l’habitation, car nécessaire, et préservation d’une identité rurale chère à la commune.

Requalification et valorisation des délaissés, interstices et franges communes à l'habitat, l'agriculture et l'industrie La requalification de certains espaces tels que les franges, délaissés ou interstices que laissent les espaces d’habitation, les zones industrielles et commerciales ou parfois même l’organisation des parcelles agricoles, peut-être un réel levier d’amélioration du cadre de vie des nortais. Ces espaces qui sont habituellement peu, ou pas, travaillés doivent retrouver une force et une identité au sein de la commune. C’est eux qui permettront à Nort-sur-Erdre de devenir ce futur pôle structurant tout en arborant une réelle réflexion sur les paysages. Travailler les transitions, les espaces qui jusque là ne font que frontières, permettre la circulation, créer du lien entre les espaces, c’est donner du poids aux aménagements initialement prévus pour l’économie. L’enjeu est de pouvoir faire cohabiter ces futurs infrastructures en jouant avec leurs abords. D’autre part, une fois ces interstices travaillées, elles pourront d’autant plus faire sens si elles permettent de connecter des espaces de «nature» avec des espaces beaucoup plus urbanisés.

Ainsi de la ZAC de la sangle, nous pourront, par exemple, aller à pied jusqu’au canal tout en traversant un hameau qui se sera bien étoffé. Les bords de l’Erdre pourront également être reconnectés au reste de la commune, et notamment aux espaces les plus dynamiques. Des liens se tisseront donc à la manière d’une immense toile, qui contrera cette sectorisation évoquée plus tôt.

Mutation d'une agriculture intensive vers une activité de maraîchage à plus petite échelle Sur cette troisième séquence, où l’on retrouve principalement des terres céréalières et maraîchères, l’un des nombreux enjeux liés aux paysages de demain, est celui de l’évolution des pratiques agricoles. Sans parler d’un retour dans les années 50, il serait intéressant d’encourager une agriculture et un maraîchage à petite échelle. Cela permettrait également la réintroduction d’un potentiel réseau de haies bocagères. Il en va de pouvoir convaincre, et sensibiliser sur ces pratiques trop destructrices et énergivores, au profit de pratiques plus sensibles et durables.

Néanmoins, il est important que Nort-sur-Erdre conserve son patrimoine agricole, caractéristique du territoire. Peut-être que d’autres manières de faire pourraient être envisagées, d’autres cultures aussi. On sait que la vigne fût un temps cultivée, pourquoi ne pas y retourner, ou trouver dans cette volonté de diversification la possibilité de ralentir l’importation de denrées produites à l’étranger, avec l’implantation de parcelles en permaculture par exemple. Il ne s’agit pas seulement de produire de la nourriture locale, cela participerait aussi au développement économique de la commune, à l’implantation et au bien être des acteurs locaux, mais aurait également une incidence positive sur les paysages qui sont bien souvent davantage pris en considération dans ce type de production.

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CONCLUSION

La vallée de l’Erdre s’avère être bien plus que la juxtaposition de simples paysages rivulaires. Elle puise sa richesse dans la complexité de ses paysages, et la diversité de ses structures paysagères. Territoire aujourd’hui très prisé, d’un point de vue foncier, les recherches effectuées pour ce mémoire, ont pu démontrer qu’il était nécessaire de porter une certaine vigilance sur ce point. Composés de zones humides, et d’Espaces Naturels Sensibles, une attention toute particulière doit également être portée sur ces espaces. Déjà sujets à certaines protections et dont la gestion semble avoir enfin trouvée un équilibre, il semble encourageant de continuer sur cette voie. Les paysages agricoles étant très présents sur le territoire, davantage d’actions pourraient potentiellement être menées pour leur sauvegarde, et la recomposition de leur bocage. Certaines initiatives sont lancées, il faut aujourd’hui, réussir à correctement les mettre en place.

Territoire aux paysages précieux, la vallée de l’Erdre doit continuer à être préservée, tant par les acteurs, aux manettes des projets et commandes publiques, que par les usagers qui la pratiquent quotidiennement. Il me semble, par ailleurs, important de considérer le regard sensible, et l’expertise que peut apporter un(e) paysagiste, face à des paysages en perpétuelle mutation. L’étude paysagère de tels espaces devrait être davantage mise en avant, et permettrait, sur ce territoire en tout cas, d’aborder certains projets d’aménagements sous un tout nouvel angle.

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REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier Alexandre Moisset, professeur référent pour mon mémoire, qui a pris le temps de tous nous accompagner tout au long de ce travail. Merci pour vos conseils et votre patience. Je remercie également Bernard Davasse pour ses remarques à mi-parcours et le partage d’un ancien mémoire.

Il me semble également important de remercier tous mes interlocuteurs, que ce soit en présence, par téléphone ou en visio, merci de m’avoir accordé du temps alors même que la situation sanitaire était compliquée.

Pour finir, et pas des moindres, merci à ceux qui m’ont soutenue ces derniers mois, ma famille, mes amis, mon amour.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrages: Cornet, C. (1996) Nantes, Le Comblement de la Venise de l’Ouest, Éditions C.M.D Gardeur, F. & Durel, E. (2014) L’Erdre : «La plus belle rivière de France», photographiée du ciel, Éditions Geste Guévenoux, J., Schreiber, M. (1997) L’Erdre, Éditions Ouest France Guidet, T (2017) Le réveil du canal, Hors-série Place Publique Hevouët, P. (1995) Promenade au fil de l’Erdre, Éditions Sner Monti, M. (1985) L’Erdre, histoire de la plus belle riviere de France, Éditions Le Cercle d’or Richard, F., L’Erdre et ses marais, Syndicat mixte EDENN7

Mémoires: Vilette, P. (2016) Les paysages de l’eau de la vallée de l’Erdre, d’une ressource hydraulique à la mise en valeur d’un patrimoine, Mémoire 100 ans de paysage, ENSAP Bx Wanner, A. (2020) Erdre, portrait d’une rivière cohabitée, Mémoire de master, ENSA Nantes Bedos, N, (1965) Le rôle de la vallée de l’Erdre dans l’expansion de Nantes, Mémoire

Revues: Revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, «Sur les rives de l’Erdre du halage au sentier», Les annales de Nantes et du Pays Nantais, n°292, 2nd Trimestre, 2004 pp. 19-21.

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CONTACTS

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Youenn Fenard Directeur/animateur de Bassin versant Syndicat mixte Edenn

Christian Olivier et Jacques Cercler Ancien et nouveau directeur de l’Association la Jacopière Défense Cadre de Vie et Environnement Sucé/Erdre, St-Mars

Jean Luc Maisonneuve Ingénieur biodiversité/natura 2000 Syndicat mixte Edenn

Gwendoline Monier Chargée de mission Zones Humides Fédération des amis de l’Erdre

David Guérin-Marthe Chargé de mission - Musée de l’Erdre

Monique Javierre et Joseph Violain Collectif l’Erdre pour tous

Solène Michelot Responsable service Urbanisme/Aménagement Communauté de Communes Erdre et Gesvres Marie Marcieca et Florent Segalen Responsable Service eau et milieux aquatiques Communauté de Communes Erdre et Gesvre

SITOGRAPHIE L'Erdre: Rivière L’erdre, Cours d’eau en France (annuaire-mairie.fr) Erdre — Wikipédia (wikipedia.org) Voies Navigables - Fluviacarte Patrimonia : Erdre (nantes.fr) l’Erdre (gralon.net) Structures: Convention européenne du paysage du Conseil de l’Europe (coe.int) La Loire-Atlantique, un département au naturel - (nature.loire-atlantique.fr) Sites et paysages - DREAL Pays de la Loire (developpement-durable.gouv.fr) Atlas des Paysages de la Loire-Atlantique (loire-atlantique.gouv.fr) Accueil | Le site Natura 2000 des Marais de l’Erdre (n2000.fr) Accueil - Edenn (edenn.fr) La tourbière de Logné: Réserve Naturelle Régionale de la tourbière de Logné (bretagne-vivante.org) Tourbière de Logné (reserves-naturelles.org) Villes et tourisme: Suce-sur-Erdre | Site officiel de la Ville de Suce-sur-Erdre (suce-sur-erdre.fr) Nort-sur-Erdre | Site officiel de la Ville de Nort-sur-Erdre (nort-sur-erdre.fr) Découvrez les chateaux de l’Erdre - Ports de Nantes (ports-nantes.fr) Erdre Canal Forêt : Brochures touristiques (erdrecanalforet.fr) Tourisme Loire-Atlantique (tourisme-loireatlantique.com) Patrimoine & Histoire de Sucé (free.fr) Documents iconographiques Delcampe (delcampe.net) Géoportail (geoportail.gouv.fr) Remonter le temps (remonterletemps.ign.fr) Google maps (www.googlemaps.f) La Loire Atlantique vue du ciel (Vuduciel.loireatlantique.fr)

Documents d'urbanisme PLUi de la Communauté de Communes d’Erdres et Gesvres - Rapport de présentation, diagnostic territorial - Rapport de présentation, évaluation environnementale - Orientations d’Aménagement et de Programmation (sectorielles)

http://plui.cceg.fr/fileadmin/documents/CCEG/Documents_PLUi/1_RAPPORT_PRESENTATION/1.1_DIAGNOSTIC/1.1._DIAGNOSTIC.pdf http://plui.cceg.fr/fileadmin/documents/CCEG/Documents_PLUi/1_RAPPORT_PRESENTATION/1.3_EVAL_ENVT/1.3._PLUi_CCEG_EE_VAPPRO.pdf http://plui.cceg.fr/fileadmin/documents/CCEG/Documents_PLUi/3_OAP/OAP_SECTORIELLES/3.2.OAP_SECTORIELLES.pdf

SCoT Nantes Saint-Nazaire - Rapport de présentation. Vol 1 - Rapport de présentation. Vol 3 / Évaluation environnementale https://www.nantessaintnazaire.fr/wp-content/themes/polemetropolitain2015/publications/SCOT_RPvol1_19122016.pdf https://www.nantessaintnazaire.fr/wp-content/themes/polemetropolitain2015/publications/SCOT_RPvol3_EVAL_19122016.pdf

Plan d’actions du PÉAN des 3 vallées

https://www.loire-atlantique.fr/upload/docs/application/pdf/2014-02/pean3vallees_plan_actions_.pdf

MEDIAS ET EXPOSITIONS Médias vidéos: Le marais de Mazerolles au fil des saisons, Aymeric Guillaume, 2016 (50min) Exploitations des tourbières, INA, France 3, 10 juin 1995, Collection « En flânant avec Roger Gicquel » (5.32min) La Domaine de Mazerolles, Loire Atlantique Tourisme, 2016 (2.17min) Exposition: Musée de l’Erdre, Les Renaudières Carquefou

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