Mémoire de recherche • Travail de fin d'études

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IUT Bordeaux Montaigne DUT Information – Communication Filière Communication des organisations

Mémoire de recherche – Travail de fin d’études

La représentation de soi au travers de la communication digitale : Le cas d’Alexis Ren

Sous la direction de : Aurélie Blot et Jérémie Ballarin

Mémoire présenté par Julie Boussaud

Soutenu le 8 juin 2017

Année : 2016-2017

Note obtenue :



IUT Bordeaux Montaigne DUT Information – Communication Filière Communication des organisations

Mémoire de recherche – Travail de fin d’études

La représentation de soi au travers de la communication digitale : Le cas d’Alexis Ren

Sous la direction de : Aurélie Blot et Jérémie Ballarin

Mémoire présenté par Julie Boussaud

Soutenu le 8 juin 2017

Année : 2016-2017

Note obtenue :


Remerciements Ce mémoire de DUT est le résultat d’un travail de recherche de plusieurs mois. En préambule, je souhaite adresser tous mes remerciements aux personnes qui m’ont apporté leur soutien et qui ont ainsi contribué à l’élaboration de ce mémoire de recherche, travail indispensable pour valider mon DUT Information – Communication à l’IUT Bordeaux Montaigne. En premier lieu, je tiens à adresser un immense merci à ma directrice de mémoire Madame BLOT, professeur à l'université de Bordeaux Montaigne, qui a cru en mes capacités, a su m'aiguiller avec justesse dans mes questionnements, et ce, avec beaucoup de patience. Son implication dans mes recherches, son aide lors de l’élaboration de ma problématique et son suivi durant la finalisation de mon travail m’ont permis de mener à bien ce mémoire. Mes remerciements s’adressent aussi à Monsieur BALLARIN, Social Media Manager et intervenant à l’IUT Bordeaux Montaigne, pour sa collaboration en me fournissant sa perception sur mon sujet et ses possibilités d’approfondissement. Pour finir, je souhaite aussi témoigner ma gratitude envers tous mes proches et amis pour leur précieuse aide, notamment à la relecture et à la correction de ce mémoire.


Sommaire Remerciements ..............................................................................4 Sommaire .....................................................................................5 Table des sigles et abréviations ..........................................................6 Introduction ..................................................................................8 Partie I -

Cadre théorique ........................................................ 11

Partie II -

Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren ................ 43

Partie III -

Synthèse et discussions des résultats .............................. 76

Conclusion .................................................................................. 92 Bibliographie ............................................................................... 94 Tables des illustrations .................................................................. 98 Tables des annexes ..................................................................... 101 Annexes ................................................................................... 102

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Table des sigles et abréviations RSN

Réseaux socionumériques

SNS

Social Network Sites

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Introduction


Introduction Force est de constater la montée en puissance des nouveaux usages en vigueur sur Internet depuis le début des années 2000. En effet, l’avènement des médias sociaux a bouleversé les usages des internautes et ouvrent à de nouveaux modes de communication. En parallèle, les réseaux sociaux connaissent depuis quelques années une portée qui attire l’attention des entreprises ou encore des hommes politiques en termes de stratégies communicationnelles. Cependant, très peu s’interpellent sur la stratégie digitale des personnes révélés par Internet et devenus célèbres par les réseaux sociaux. C’est dans ces circonstances qu’est né le désir de réaliser cette recherche. En tout premier lieu, nos interrogations portaient sur les usages des médias socionumériques dans une stratégie digitale de communication personnelle. Mais très vite, la question de l’exposition de soi sur Internet est apparu et a finalement amené à réfléchir sur la mise en scène de soi sur le net à travers les réseaux sociaux. Ainsi, à l’ère de la communication digitale, Internet joue un rôle de plus en plus essentiel dans la représentation de soi sur le net. A ce titre, comment Internet est-il devenu un outil au service de la communication du « self » ? Il apparaît alors intéressant d’étudier la manière de s’exposer en ligne, les différents types de représentation de soi et ainsi que le rôle d’Internet quant au processus de mise en scène de soi. Dans le cadre de notre étude, nous nous focaliserons sur les réseaux sociaux. Ce mémoire se propose donc, par le canal d’une étude sur Alexis Ren, de mener une réflexion sur les représentations de soi sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement l’exposition d’Alexis Ren sur Instagram et Snapchat. De quelle manière s’expose-t-elle pour fédérer une telle communauté ? Quelle est sa stratégie de communication digitale pour bâtir une image de marque auprès de ses quelques 8,8 millions d’abonnés sur Instagram ? Comment met-elle sa personnalité en valeur ? Comment le selfie peut-il contribuer à la communication de soi ? Telles sont les préoccupations qui sous-tendent cette étude.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Nous inscrivant dans une démarche déductive, nous allons tenter de répondre à ces questionnements par le biais d’une analyse sémiologique de l’image que renvoie Alexis Ren sur Instagram et Snapchat, couplé à un questionnaire auprès des utilisateurs des réseaux sociaux afin d’analyser si ces signaux sont compris par les internautes qui la suivent. Ce travail vise à mettre en évidence une dynamique actuelle tournée vers la mise en scène de soi sur les réseaux socionumériques (RSN). La figuration de soi en ligne reposerait en parti sur une forme d’expression de l’identité photographique. Et elle servirait à instaurer une image de marque basé sur sa propre représentation. Ainsi notre propos se penche d’abord sur l’image de soi sur le net, s’intéresse ensuite à l’usage des réseaux sociaux dans le cadre du processus de mise en scène d’Alexis Ren et relève enfin de la question de l’impudeur en ligne et des possibles dérives d’une telle surexposition. La première partie de ce mémoire tend à présenter le cadre théorique propre à notre sujet. Après quoi nous présentons et justifions la méthodologie adoptée. Émane alors la présentation des résultats et une discussion sur l’efficacité de cette stratégie qu’adopte Alexis Ren. Enfin, nous terminons par une conclusion où nous présentons les grandes lignes de cette recherche et où nous exposons les limites ainsi que les pistes de recherches ultérieures.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique


Partie I – Cadre théorique

Partie I - Cadre théorique Chapitre 1.

Contexte général

Internet a pris une ampleur mondiale facilitant l’échange et la communication entre les individus. Depuis sa création, cette technologie n’a cessé d’évoluer pour s’adapter aux besoins des utilisateurs. Né dans les années 1960, il est à l’heure actuelle utilisé par 3 milliards d’individus dans le monde. Formidable outil de documentation, de communication et de publication, Internet a pris aujourd’hui la forme de ce que nous appelons Web social.

A. Du web social aux médias sociaux En effet, depuis quelques années, nous avons vu le web subir une mutation très forte. Jusqu’aux alentours de 2008, nous pouvions considérer le web comme un espace de distribution de contenu avec des producteurs de ressources vers les utilisateurs. Avec l’arrivée de ce qui a été appelé Web 2.0, les utilisateurs agissent de plus en plus et sont impliquées dans les réseaux et les espaces de productions de contenu, par exemple les blogs, wiki, le partage de vidéos, ou les encyclopédies tels que Wikipédia. Les utilisateurs deviennent donc des producteurs et des diffuseurs de contenu. Le fait d’avoir des utilisateurs se positionnant en tant que producteurs des ressources du web a fait disparaître la barrière entre les distributeurs, les producteurs et les utilisateurs. Le web actuel devient un système centré sur l’utilisateur. Les acteurs du web, « eux », d’avant le web 2.0, devient « nous », les utilisateurs du web, acteurs de ce qui s’y passe, s’y créer et s’y produit. Cette fusion des réseaux sociaux et des médias sociaux a fait naître le Web social contemporain. Ainsi, Millerand et Proulx (2010)1 définissent le Web social selon cinq caractéristiques. Tout d’abord, les auteurs soulignent la capacité des utilisateurs à créer, modifier, remixer et partager des contenus. Vient ensuite l’utilisation simplifiée des outils en ligne qui se présentent alors comme accessibles à tous. Le

1

MILLERAND F., PROULX S., et RUEFF J.(dir.), communication », Communication, Vol. 30/1 | 2010

«

Web

social.

Mutation

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

de

la

11


Partie I – Cadre théorique

Web social se caractérise également par la notion de travail collaboratif entre les usagers et de réseautage, dont Wikipédia en est l’exemple. Le modèle économique de ces plateformes constitue la quatrième variable de ces applications logicielles au premier rang duquel se trouve la notion de gratuité, puisque financé par la publicité, la donation, la vente de données ou bien encore la version « premium » payante. Enfin, le dernier élément caractéristique du Web social réside dans la pluralité des outils et services accessibles sur le web qui sont très divers (blogs, wikis, réseaux sociaux numériques...). Son utilisateur est notamment amené à se mettre en valeur à travers des sites de socialisation et à s’exprimer à travers des blogs. En somme, le Web social nous propose aujourd’hui tous les outils et services pour communiquer, partager et travailler avec les autres, quel que soit le moment, le lieu et sur n’importe quel sujet. Nous nous intéresserons tout particulièrement aux médias sociaux, catégorie du Web social qui repose sur des principes participatifs selon lesquels les utilisateurs peuvent intervenir dans le processus de création et de diffusion de contenu, les propulsant ainsi au centre du dispositif. Mais les médias sociaux se caractérisent également par l’aspect relationnel de ce nouvel espace sociotechnique, mettant au premier plan l’interaction sociale des individus.

B. Médias sociaux et réseaux socionumériques La montée en puissance des médias sociaux sur Internet a bousculé les modèles traditionnels de communication. Ces derniers regroupent une grande variété de dispositifs tels que les blogs, les wikis, les forums, les sites de partage de contenus médiatiques (musiques, films, photos, vidéos), les microblogs, les sites de bookmarking et ceux qui suscitent notre intérêt, les réseaux sociaux numériques. Ces supports médiatiques logiciels permettent aux usagers de maintenir une présence, de communiquer et d’interagir en ligne en suscitant les échanges interactifs. Boyd2 et Ellison définissent les réseaux sociaux (social network sites) ainsi : « […] We define social network sites as web-based services that allow individuals to (1) construct a public or semi-public profile 2

Danah Boyd est une chercheuse à la School of Information de l’Université de Berkeley en Californie.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

within a bounded system, (2) articulate a list of other users with whom they share a connection, and (3) view and traverse their list of connections and those made by others within the system […] » (Boyd et Ellison, 2007)3.

Les réseaux sociaux s’appuient donc sur les informations que donnent les utilisateurs d’eux-mêmes pour construire leur profil, mais également sur les liens qu’ils créent avec d’autres utilisateurs par le biais de la plateforme. Ainsi les réseaux sociaux apparaissent comme des espaces complets pour publier son profil, discuter, échanger, partager ses humeurs ou ses centres d’intérêts, agrandir son cercle d’amis. Il s’agit donc d’ensembles complexes qui permettent d’être en contact et de partager sa vie quotidienne avec les autres. Les réseaux sociaux sont donc un sous-ensemble des médias sociaux.

C. Fonctionnalités et usages des RSN En quelques années à peine, les réseaux dits « sociaux » ont acquis une place centrale au sein des différents usages d’Internet. Parmi les plus visuels d’entre eux, nous allons nous tourner vers Instagram et Snapchat qui apparaissent aujourd’hui comme des réseaux socionumériques actuels majeurs.

a. Instagram Au rayon des applications sociales qui détrônent Facebook et qui rencontre notamment un franc succès auprès de la génération des digital natives, j’ai nommé : Instagram. Alors qu’est-ce qu’Instagram ? De prime abord son nom peut avoir une connotation vis-à-vis du terme « instantanéité ». Et en effet, cette notion est au cœur de la proposition du jeune réseau social puisque (en théorie) il permet de partager des contenus

graphiques

fraîchement

réalisés.

Mais

commençons

par

le

commencement. Instagram est une application pensée à l’origine pour smartphones uniquement. Il s’agit donc d’un réseau social prédestiné à une utilisation mobile, ce qui fait encore une fois écho à la dynamique d’instantanéité. Mais désormais, elle est accessible depuis n’importe quel moteur de recherche sur un ordinateur par

3

Boyd D.M, Ellison, N.B. (2007), « Social network sites: Definition, history, and scholarship”, Journal of Computer-Mediated Communication, 13 (1), article 11. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

exemple. Le but du service est le partage public de photos, et depuis peu, de vidéos. Aussi, l’application est gratuite. La différence avec l’appareil photo du smartphone, c’est l’automatisation de la diffusion en ligne et les nombreux filtres disponibles pour améliorer ses photos, comme les très fameux filtres rétro, ainsi que le format carré de chaque photo.4 Pour l’utiliser, il suffit d’adopter un nom d’utilisateur, ou simplement d’utiliser l’inscription via son propre compte Facebook. Pour trouver des amis « à suivre » ou pour être « suivi », il est simple de trouver des personnes que l’on connaît grâce aux contacts de son téléphone, ou de son compte Facebook. En pratique, Instagram permet de suivre des photographes amateurs ou professionnels, de classer et choisir par thème photographique et de se « tagger » en se géolocalisant avec ses amis sur ses photos par exemple. Il est possible de commenter et « aimer » chacune des photos. La plateforme propose également une messagerie privée, à l’image de Messenger pour Facebook. Rappelons d’ailleurs que depuis son rachat, Instagram fait partie du groupe du géant Marc Zuckerberg5. Sur ce service, l’ouverture est de rigueur et les photos sont accessibles au public, comme pour Flickr, à moins de régler son profil sur privé. En laissant cette possibilité à l’utilisateur, Instagram se positionne à la frontière entre Twitter et Facebook. Ainsi, on peut choisir une utilisation qui reste dans la sphère du privé et de son cercle d’amis, ou bien faire le choix d’une visibilité totale, ouverte au public qui peut ainsi consulter vos photos. On estime aujourd’hui à 150 millions le nombre d’utilisateurs actifs par mois et une moyenne de 55 millions de photos échangées chaque jour. Ces chiffres montrent bien que le phénomène du réseau social génère un véritable enthousiasme pour ce nouveau mode de communication auprès des utilisateurs d’Internet.

4

A savoir que de moins en moins d’usagers utilisent ces filtres (la monde est à l’authenticité) et l’application permet depuis peu de publier dans un autre format que le format carré d’autrefois. 5 En effet, Instagram a en quelque sorte lancé la « mode » des rachats très onéreux d’applications smartphones à succès par de grands groupes du web. Le service s’est fait racheter en 2012 par Facebook pour 1 milliard d’euros. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

b. Snapchat Cependant, Instagram n’est pas le seul réseau social visuel à être populaire. En effet, forte de ses 70 millions d’utilisateurs et de sa moyenne d’âge de 18 ans, Snapchat est l’application montante chez les adolescents. Ce service de partage de photos et vidéos a construit sa popularité sur le caractère éphémère des fichiers envoyés. Snapchat est donc une application pour smartphone permettant de partager des photos, vidéos et dessins. Sa particularité ? Les contenus envoyés sont éphémères6 et disparaissent au bout de 10 secondes maximum. Depuis mai 2014, Snapchat s’est doté d’un véritable service de chat ainsi qu’un module de conversation vidéo. Pour utiliser Snapchat, il suffit de télécharger l’application (gratuite) e se créer un compte en renseignant un nom d’utilisateur, email et mot de passe. L’utilisateur peut ensuite prendre des photos et vidéo qu’il enverra à un ou plusieurs de ses contacts inscrits sur Snapchat. Pour chaque envoi, chacun décide du temps de consultation du média : de 1 à 10 secondes. Le compte à rebours démarre uniquement quand le récepteur ouvre le fichier. Une fois ouvert, il « disparaît » 1 à 10 secondes plus tard et l’émetteur reçoit un accusé de réception. Cependant, rien n’empêche le destinataire d’effectuer une capture d’écran. Pour information, Snapchat fait des envieux mais tient à son indépendance. Ainsi, l’application a refusé une offre de rachat de Facebook7 de 3 milliard de dollars et une autre de 4 milliards de Google.

D. La génération Y Plusieurs études permettent de mettre en évidence la popularité des réseaux socionumériques chez les jeunes. En effet, « l’affichage de soi » pour cette tranche au moins de la société que l’on nomme les digital natives ou encore la « Génération Y » est très présent. Il s’agit de cette génération qui désigne les adolescents et jeunes adultes ayant grandi au moment où l’usage d’Internet généralisait. Aussi

6

En réalité́ les photos ne sont pas détruites et toute information laisse nécessairement des traces, des métadonnées. 7 A ce propos, Facebook n’ayant pas réussi à racheter Snapchat, a décidé de copié l’usage de la « Story » et de le proposer sur ses réseaux sociaux Instagram et Messenger. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

désignées sous le terme de millenials, ces personnes nées entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 et ont une grande facilité à utiliser cette technologie. Très friands des nouvelles technologies, ils consacrent donc une grande partie de leur temps à communiquer avec leurs amis, ce qui constitue d’ailleurs les premiers signes de leur individualisation. Ils sont ainsi très à l’aise avec l’idée de partager en ligne. Les études montrent en effet que les jeunes de 18-24 ans sont adeptes d’une certaine mise en visibilité. La transparence vis-à-vis d’éléments personnels comme le nom de famille, photos d’eux-mêmes, de leurs proches et de leurs intérêts personnels s’est généralisé pour devenir finalement une pratique courante. Cette pratique tend désormais à se banaliser et s’étendre même auprès des populations plus âgées. Grands utilisateurs des réseaux socionumériques, mais également grands contributeurs, les jeunes de la « Génération Y » sont, dans le cadre de notre étude, les utilisateurs qui suscitent le plus de questionnements, notamment leur facilité à se mettre en scène sur un réseaux social comme Instagram ou Snapchat.

En conclusion, nous avons pu voir les fonctionnalités et usages de certains réseaux socionumériques. Le réseau social Instagram est, quant à lui, très populaire auprès des internautes, et plus particulièrement auprès des digital natives. La consultation ainsi que le partage de photos, ou encore les interactions entre les utilisateurs se révèlent être de formidables moyens pour effectuer une présentation de soi en ligne et pour se mettre en scène.

Chapitre 2. Image de soi sur Internet et les réseaux sociaux A. L’identité numérique Nous avons pu voir précédemment de manière très brève les fonctionnalités et usages du Web social. Nous avons également établi la popularité de ces usages par la « Génération Y », notamment quant aux RSN.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

a. La dynamique « expressiviste » Étant maintenant en 2017, nous commençons à avoir un certain recul historique par rapport à l’avancé de ces réseaux sociaux dans nos sociétés contemporaines. Et une des caractéristiques qui a pu être mis en exergue à plusieurs reprises lors de diverses études sociologiques est le fait que nous sommes entrés dans un société où l’on se montre. Nous avons d’ailleurs de plus en plus de difficultés à nous cacher. En effet, alors que l’on tenait le Web pour être le lieu par excellence de la dissimulation et des identités cachées, aujourd’hui nous pouvons affirmer que le constat de l’affichage de soi sur les RSN a pris le pas sur l’anonymat. Il est même frappant de constater avec toutes les inquiétudes relatives à la surveillance numérique et au respect de la pudeur, que les usagers prennent beaucoup de risques avec leur identité. Toutefois, il est important de préciser que le Web social n’est pas à l’origine de cette dynamique mais il participe à sa manière à ce que nomme Allard (2007) « la

dynamique

“expressiviste”

qui

traverse

les

sociétés

contemporaines avancées ». L’exemple des boutons de fonctionnalités « J’aime » et de partage qui nous incitent à nous exprimer illustre par exemple le fait qu’Internet encourage l’expression de soi. Notre société est donc une société où l’on se montre. Il s’agit d’une société de l’exposition de soi. Cela ne veut pas dire révéler toute sa vie, mais marquer sa marque d’individu dans la société. Ainsi, la mise en récit de soi s’est généralisée auprès d’un public bien plus large que la communauté des bloggeurs. Cependant, si les utilisateurs du Web social ont le désir de se montrer sur Internet, ils n’en veulent pas moins se protéger. Les deux tendances sont de pairs, aussi opposées qu’elles puissent paraître. En effet, il n’a jamais été autant question de confidentialité et de privacy aujourd’hui8. Face à ce constat, comment les usagers des réseaux socionumériques arrivent-ils à s’exprimer sur le web tout en se préservant ? Que doit-on montrer de soi aux autres ? Il apparaît alors intéressant

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Sur les sites de social networking, de nombreux dispositifs sont offerts aux utilisateurs pour brider l’accès à leur profil à leur cercle d’amis proches uniquement. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

d’étudier les différents formats identitaires et les stratégies de visibilité proposées par les social network sites (SNS).

b. Des identités multiples Dans les sociétés qui s’individualisent, les individus souhaiteraient exister audelà des catégories d’appartenances dans lesquelles ils sont assujetti d’office. Il y a donc une nécessité de se distinguer, avoir des identités les plus plurielles possible, démontrer en quelque sorte une « signature » de l’individu, que nous pouvons exposer à un moment ou à un autre. Cardon9 (2008) affirme alors que nous produisons constamment des facettes de soi différentes. Selon lui, « la représentation que nous offrons aux autres [et que nous allons appeler identité] dépends des circonstances ». Ainsi, nous construirions différemment la représentation que nous offrons aux autres en fonction des situations. C’est pourquoi, nous pourrions désigner le phénomène en parlant « d’identités multiples ». Mais une fois encore, il ne s’agit pas de quelque chose de nouveau et certainement pas une des conséquences de l’émergence du numérique. En effet, le sociologue Ervin Goffman10 a écrit en 1972 un livre s’intitulant La mise en scène de la vie quotidienne. Goffman propose alors une définition de l’identité qui est absolument centrale. Sa conception part du faire que le monde social est un théâtre » et que chaque interaction est une mise en scène avec un rôle d’acteur. On a donc à faire à une théâtralisation des interactions11. Selon lui, ces interactions diffèrent selon les contextes. Et en effet, que nous nous adressions à un collègue, une compagne, à des enfants ou bien encore à un inconnu, la personne avec laquelle nous sommes en interaction modifie notre prestance, la manière dont nous parlons, la manière dont nous nous comportons...Il apparaît alors que quelque chose de notre identité a changé en raison de cette interaction.

9

Dominique Cardon est un sociologue français, professeur à Sciences Po/Medialab depuis 2016. Ervin Goffman est un sociologue et linguiste américain du XXe s., d’origine canadienne. 11 Les concepts exposés par Goffman ont été appliqués sur les RSN par les chercheurs Coutant et Stenger (2010) 10

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Goffman, contrairement aux psychiatres, ne considère pas l’identité comme quelque chose d’authentique et de profond. A contrario pour lui l’identité se trouve à la surface de notre peau et serait le lieu d’un travail de sociabilisation au quotidien. Nous nous construisons ainsi notre identité grâce aux retours que les individus avec qui nous interagissons nous renvoient en retour. C’est d’ailleurs pour cette raison que les adolescents n’étaient pas tout à fait enthousiastes à l’idée de voir leurs parents ou professeurs arriver sur Facebook. C’est parce que l’on ne peut pas parler à tout le monde de la même manière. Ainsi, nous nous adaptons au contexte en question. C’est également l’avantage du Web social : nous tenons le rôle que nous souhaitons à tout moment. Partant de ce principe, il y aurait bien des possibilités de variations identitaires. On peut alors qualifier l’identité de somme agrégée de toutes les interactions avec les autres. Et le numérique est venue accélérer, renforcer et encourager cette dynamique. Le Web social se positionne alors comme le support d’une intensification incroyable de cette idée selon laquelle chaque individu doit se montrer dans ses facettes les plus riches et les plus nombreuses. Il est donc intéressant de décomposer les différents formats d’identité qu’un individu peut être amené à rendre public sur les réseaux socionumériques. Il apparaît en effet que le design de l’identité sur les plateformes numériques présente un caractère bien plus stratégique que la « gestion de la face »12 que nous utilisons au quotidien dans nos interactions « réelles », c’est-à-dire en face-à-face.

c. L’expression de l’individualisme Comme nous l’avons dit précédemment, le numérique est venu encourager l’idée que nous avons des identités aux multiples facettes et a contribué de façon importante à pousser l’individualisme contemporain. En effet, pour être reconnu par les autres, il faut dépasser les composantes identitaires élémentaires que la société nous a imposé par destin, par statut ou par naissance et qui nous définissent ainsi par défaut.

12

(Goffman, 1973)

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Sexe, âge, genre, profession, situation matrimoniale, autant de caractéristiques stables qui semblent alors nous définir durablement. En réalité, nous refusons d’être simplement associé à une catégorie que nous n’avons pas forcément choisie. Pour certains13, l’identité ne se définit pas dans ce que nous sommes (être) mais bel et bien dans ce que nous faisons (faire), créons et produisons, ceux que nous aimons, ce qui renvoie à la manifestation de nos actions, nos choix et nos centres d’intérêts. Nous avons ainsi, d’une part, tous les traits qui sont attachés à l’identité corporelle. « Mais nous avons également, d’autre part, tous les traits qui [à travers le récit intime ou encore la représentation photographique] invitent à une caractérisation de l’individu dans ce qu’il a de plus personnel » (Cardon, 2008). Cette dynamique soulevée par Cardon peut alors se schématiser ainsi14 :

1.être <—> faire tension entre : - Ce

que la personne est dans son être (sexe, âge, statue matrimonial, origine, etc.). « Je suis défini par mon corps, mon origine, ma situation sociale ».

- Ce

que fait la personne (ses oeuvres, ses projets, ses productions, les valeurs qu’elle défend). « Je suis l’auteur de ma vie ».

=> extériorisation de soi

FIGURE

1 : DUALITE DU SOI ENTRE ETRE ET FAIRE

Selon Cardon, « La fabrication identitaire apparaît comme un processus dynamique, public et relationnel [...] ». Ainsi l’identité personnelle apparaîtrait comme un

13

(Allard et Vandenberg, 2003) Cette schématisation est une reproduction de celle effectuée par Bachelet R. sur la typologie des identités sur Internet en 2014. 14

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

processus et non un état (prédéfini), une activité davantage qu’un statut. Or, toujours selon Cardon : « […] Ce processus épouse étroitement les potentialités des technologies numériques dont la plasticité et l’interactivité favorisent la production et l’enregistrement des transformations des signes de soi que les participants s’échangent sur les plateformes relationnelles. »

Ainsi, le Web social n’a cessé d’encourager l’individualisme, de par cette prolifération d’engagement participatif que nous incitent à développer les interfaces des plateformes relationnelles. On expose nos goûts, nos amis, nos activités ou nos œuvres. Et cette technique de présentation de soi est caractéristiques des RSN15. Ainsi, Internet apparaît comme un espace technique qui est censé exprimer des identités et un outil de définition de soi. Sur les SNS règne une logique d’autoproduction de soi-même selon laquelle l’individu doit dépasser sa situation identitaire initiale. Ces propos rejoignent la dynamique de « Personal Branding » que nous évoquerons un peu plus tard et qui est d’usage notamment dans le monde de l’entreprise. L’idée est que l’individu doit prouver ses qualités en les démontrant et exprimer sa singularité afin d’affirmer son identité. En somme, lorsque l’on « s’exhibe », la notion « s’exposer » revoit ici à l’idée de « marquer sa marque » d’individu.

d. Le désir de transformation de soi Mais une part de l’identité réside également dans ce que l’on aimerait incarner et donc la manière de se projeter soi-même vers un devenir possible. C’est l’affirmation d’un désir de réinvention du « moi ». En effet, nous possédons différentes facettes du soi : le soi réel, qui fait référence à la perception qu’a l’individu de lui-même ; le soi idéal, qui fait référence à la perception que voudrait avoir l’individu de lui-même ; le soi social, qui fait quant à lui référence à la façon dont l’individu se présente aux autres et enfin le soi social idéal, qui fait référence à la manière par laquelle l’individu voudrait se présenter aux autres.16

15 16

Boyd et Ellison, 2007. Le concept de soi a été étudié par Rosenger et Roger.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Dès lors que nous signalons aimer quelque chose, que l’on précise être intéressé par un thème en particulier, prenons l’exemple de la musique ou bien de la politique, instantanément, nous arborons une « couleur ». Se présente alors un tunnel d’engagement qui va aimanter les individus pour projeter leur identité. Nous pourrions parler ici d’identité virtuelle. L’identité virtuelle dont il est ici question est celle qui est censée refléter une identité réelle. Cependant, le terme virtuel ne s’oppose pas à réelle mais potentielle. Afin d’éviter les confusions, nous parlerons plutôt d’identité projetée (sur Internet). Il ne s’agit là pas exactement du moi mais de l’image de moi que j’aimerais bien que les autres se fassent de moi. Et cela ne signifie pas nécessairement mentir ou construire artificielle une personnalité qui n’est pas la sienne. Jauréguiberry

affirme

qu’Internet

représente

une

«

possibilité

inédite

d’expérimentation de soi ». Dans le contexte où il n’y a pas de présence physique sur le web, ce dernier devient un lieu où l’on peut aisément « s’essayer » à différentes formes de soi et délivrer son identité projetée. Il est en effet plus facile de parler de soi derrière son ordinateur sans voir son interlocuteur. Le Web social s’affirme ainsi de plus en plus comme un espace d’expérimentation sociale. Nous avons donc ici à faire au processus de simulation de soi que facilitent les technologies du web, en autorisant les personnes à endosser des rôles qui échappent à leur univers quotidien. Et les réseaux socionumériques donnent aux utilisateurs du Web social le pouvoir de modifier leurs apparences jusqu’à menacer l’authenticité des définitions de soi.17 C’est un phénomène que l’on observe particulièrement sur les sites de rencontre. Bon nombre d’utilisateurs y déforme dessus plus ou moins partiellement certains attributs de leur personnalité et se « sculptent » une image d’eux-mêmes. L’individu manipule alors sa propre identité afin d’être réellement pris par ses interlocuteurs pour celui qu’il fantasme d’être. Il y a donc une manipulation identitaire à laquelle un individu va pouvoir se livrer en superposant une identité virtuelle à son identité réelle, une identité fantasmée à son identité sociale. Ainsi, l’identité projetée s’inscrit dans cette fantasmagorie identitaire du numérique. Nous essayons de

17

Ce propos peut par exemple s’illustrer dans l’affichage du genre : le fait se faire passer pour un garçon alors que l’on est une fille ou inversement. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

renvoyer vers les autres une représentation idéale de nous qui n’est pas tout à fait nous, mais ce désir de projection est sincère. Nous avons donc à faire à un phénomène de distance à soi, qui pourrait par ailleurs être un premier élément de réponses quant à la question de préservation de soi lancé auparavant. Le réglage réflexif de cette distance à soi est donc un mouvement qui se caractérise en opposant « les traits identitaires que les personnes endossent simultanément dans leurs vies numériques et réelles (réel) et ceux qui constituent des projections dans des rôles qui échappent aux contraintes de réalité que rencontrent les personnes dans leur vie quotidienne (projeté) » (Cardon, 2008, p.102). Cette dynamique soulevée encore une fois par Cardon peut alors se schématiser ainsi :

2.réel <—> projeté tension entre : - La

personne dans sa vie réelle (quotidienne, professionnelle, amicale). « Je suis tel qu’au quotidien ».

- Une

projection de soi. « Je prend au autre identité ».

=> simulation de soi

FIGURE

2 : DUALITE DU SOI ENTRE REEL ET PROJETE

Nous avons ainsi une production identitaire qui est fabriqué dans le Web social. La présentation de soi sur les SNS relève des stratégies des plateformes relationnelles numériques, mais également des stratégies et tactiques qu’opèrent les utilisateurs pour produire la meilleure impression d’eux-mêmes.

En conclusion, l’individu tente, depuis toujours, de donner la meilleure image de lui-même (Goffman, 1973). Avec l’arrivée des nouvelles technologies, et notamment d’Internet, il semblerait que ce phénomène ait pris un tout autre ampleur, ouvrant ainsi les frontières et permettant une exposition de soi sur le net. En effet, la multiplicité des expressions identitaires confère au Web social la possibilité de s’adonner à faire jouer ses identités. Il est alors pertinent de La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

s’interroger sur les formats de visibilité en lien avec la cartographie des traits identitaires sur le web.

B. La mise en scène de soi sur les réseaux sociaux Derrière la question de mise en scène de soi sur les RSN, c’est la question de l’exposition de soi et des différents formats de visibilité qui est sous-jacente. Car en effet, l’image sur les réseaux sociaux numériques est au cœur de tout. Ces plateformes relationnelles, de façon très habile, accorde une grande visibilité aux profils. Les travaux de Gunthert sur l’image sur les SNS mettent à jour une image qui se construit en relation avec les autres. Comme nous l’avons déjà établi, sur les réseaux sociaux, nous nous montrons. Mais ce phénomène n’est pas le fruit d’un pur narcissisme, non, car si nous nous mettons en scène sur Internet, c’est pour ceux qui nous regardent. Nous sommes effectivement en attente perpétuelle de reconnaissance et de validation de la part des autres. L’exemple frappant serait la photo de profil sur Facebook. Quand cette dernière n’atteint pas un « j’aime » en l’espace d’une heure, on constate qu’elle est automatiquement remplacée. Ainsi, la question de la visibilité est au cœur de l’expérience. L’exposition n’est pas individuelle et solitaire. Elle est en fait constamment une bouteille adressée aux signaux de reconnaissance que vont nous apporter les autres.

a. Les formats de visibilité Les réseaux socionumériques structurent l’expression identitaire en designant des espaces de visibilité aux périmètre différents. En effet, il est possible de classer les réseaux sociaux selon l’importance qu’ils accordent chacun au profil de l’utilisateur. Nous pouvons dans un premier temps évoqué la cartographie des modes de présentations des profils sur les plateformes relationnelles établie par Coutant et Stenger (2010). Cette carte permet d’identifier, d’une part, un premier axe en matière de présentation de soi, à savoir négocié ou narcissique. Par ailleurs, les chercheurs mettent en évidence une deuxième variable qui est la proximité, avec l’intimité (communication avec un cercle rapproché de personnes) et l’extimité (communication avec un maximum d’individus).

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Cette cartographie se rapproche fortement de celle réalisée par Cardon, évoquée précédemment. En découlent alors cinq modèles de mise en scène de son identité18 : -

Le paravent : les participants tiennent à rester cachés et s’attachent à dissimuler les traits de leur identité civile en les masquant.

-

Le clair-obscur : les participants dévoilent les caractéristiques souvent très personnelles de leur identité en profitant du fait que les pages soient privés pour leurs non-amis. Ce modèle est à l’image du réseau social Facebook où comparé à avant les utilisateurs font davantage attention à qui ils acceptent en ami. Il est nécessaire qu’il s’agisse des liens de proche à proche soit l’ami d’un ami sinon rien. Ce modèle s’exprime dans une liste fermée d’amis préalablement connus dans la vraie vie.

-

Le phare : les participants rendent visibles de nombreux traits de leur identité, leurs goûts et leurs productions et sont facilement accessible à tous. Le partage de contenus permet la création de grands réseaux relationnels qui favorisent les contacts, la rencontre avec des inconnus et la recherche d’une audience. « Le modèle du phare signe la rencontre du web social et des dynamiques d’autoproduction, dont MySpace, Flickr, DailyMotion ou YouTube sont les incarnations. » (Cardon, 2008, p.27)

-

Le post-it : les participants rendent visibles leur disponibilité et leur présence, mais ils réservent cet accès à un cercle relationnel restreint. A l’image de Twitter19 et du développement récent de services de microblogging20, la visibilité y est étroite. Les réseaux sociaux du post-it deviennent alors les réceptacles des retombées de nos propres vies.

-

La Lanterna magica : les participants se manifestent dans des espaces de rencontre en trois dimensions dans lesquels ils glissent leur identité dans des avatars.

18

Ces modèles ont bénéficié du travail de synthétisation entrepris par Vrignaud C. dans son mémoire sur le rôle de la photographie dans le processus de mise en scène sur Facebook, à l’Université du Québec à Montréal. 19 Avec sa fameuse phrase d’accroche : « Qu’est-ce qu’il se passe ? » (En traduction française) 20 Dans le micro-blogging, les individus ne livrent ni leur identité civile (souvent déjà connue de ceux qui les « suivent » (followers) en s’abonnant à leurs micropublications) mais leur disponibilité, leur état d’esprit et leurs activités. (Cardon, 2008) La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Ainsi, les deux grandes familles de réseaux socionumériques sont d’une part, les réseaux « en clair-obscur », de petite envergure et où la visibilité est restreinte. L’idée ici est d’être vu des gens qui nous connaissent mais pas des autres. On se montre, on raconte sa vie, on partage beaucoup de photos, des choses très quotidiennes, mais pas devant tout le monde. D’autre part, nous pouvons distinguer des réseaux sociaux dont l’objectif est de se montrer, non pas dans le récit quotidien de sa vie mais de montrer quelque chose de soi, un centre d’intérêt qui va nous permettre de nous lier avec des gens qui ne nous connaissent pas, des inconnus. Le récit de soi s’articule autour de la chose qui nous a réunis et nous avons ici une sociabilité qui ne se connaît pas nécessairement dans le monde réel. Ce modèle de réseaux sociaux intègre une visibilité bien plus importante, à l’image d’Instagram par exemple. Ainsi, pour des réseaux beaucoup plus grands, l’identité qui est montré n’est pas de raconter sa vie quotidienne. Selon Cardon, les sites qui ont connu le succès le plus important sont toujours ceux qui ont su hybrider contenus autoproduits et mise en relation. Le Web social aurait accentué le modèle du phare consistant à intimement mêler rencontre sociale et partage de contenus. Grâce à ce type de modèle, nous devenons presque « ami » avec une personne, une personnalité ou bien une star. Dans le clair-obscur, nous avons à faire à un caractère exclusif tandis que le modèle du phare a lui un caractère inclusif et se caractérise par l’importance du nombre de contacts et par des réseaux beaucoup plus divers. Notons également que sur les plateformes du modèle du phare, « le réalisme de l’identité est moins nécessaire que l’expression d’une personnalité attractive »21 car, au fur et à mesure que le réseau d’ami s’agrandit, le lien de confiance s’estompe. Afin d’élargir leur visibilité, les utilisateurs du phare doivent, « à la manière de micro-médias, produire des contenus susceptibles d’attirer à eux une population plus hétérogène socialement et culturellement. [...] Elle installe ainsi une logique opportuniste et calculatrice. ». (Cardon, 2008, p.50) Ainsi, selon les différents types de réseaux sociaux et la visibilité que chacun confie à l’affichage du profil, c’est la manière même de présenter son identité qui se

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Cardon (2008, p.32)

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Partie I – Cadre théorique

modifie. Par ailleurs, on se s’expose pas de la même manière selon le public qui nous regarde. Cardon affirme que « le principe d’extension du réseau relationnel introduit de nouvelles dimensions, la visibilité, la calculabilité et l’exhibition, dans la fabrication des relations sociales. » On peut donc faire l’hypothèse que certaines plateformes relationnelles encouragent chez leurs utilisateurs un rapport stratégique et calculatoire à leur propre identité. Et la capacité à régler la distance aux faces en serait une des caractéristiques.

b. Typologie des expositions de soi sur Internet Nous avons vu auparavant que notre identité numérique ne reflète pas toujours exactement notre soi réel. Sur le web, on dévoile une identité projetée, ce qui permet d’avancer la théorie de mise en scène de soi sur les RSN. Pour reprendre cette idée « d’image voulue », nous pouvons nous demander si l’on montre vraiment tout sur Internet ? La réponse serait non. En effet, il est rare de vouloir projeter de soi une image renvoyant à des sentiments de tristesse ou de mélancolie par exemple. Selon une étude réalisée en 2009, les utilisateurs des plateformes de social networking sont très pudiques avec ce type d’émotions jugées trop négatives et dévalorisantes pour l’individu. En revanche si sur le Web social la tristesse serait taboue, l’impudeur corporelle, elle, serait bien présente. Ainsi, l’étude de 2009 a révélé des différences dans la manière de s’exposer et de se dévoiler sur les RSN. Nous avons tout d’abord l’exposition standard où il s’agit simplement d’une mise en avant des moments forts d’une vie sociale uniquement, à savoir des photos de couple, de famille, de mariage, etc. Vient ensuite l’exposition de l’impudeur corporelle où il s’agit ici d’insister sur la provocation, le corps. Puis nous avons l’exposition du cool et la culture de l’exhibitionnisme, qui n’a rien à voir par ailleurs avec la nudité. Cette mise en scène s’exerce à travers des photos par exemple représentant l’individu dans sa théâtralisation (où tout est « forcé »). On veut montrer l’archétype d’une vie riche, intense et cool. Pour donner un exemple, l’individu ne verra pas d’inconvénients à partager une photo de lui ivre, mais à condition d’être entouré d’amis. Ainsi, il véhicule l’idée de la fête et c’est alors acceptable. Cette culture de l’exhibitionnisme tend à se généraliser à l’image de soi, selon Cardon (2008). Enfin, nous avons également l’exposition du trash. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

Ainsi, et ce depuis l’apparition des réseaux sociaux numériques, ce qui a été beaucoup démontré est l’idée que s’exposer n’est pas quelque chose qui est fait sans contrôle. Au contraire, on calculerait même le dé-contrôle. L’exposition de soi en ligne est une stratégie sociale qui est loin d’être aléatoire. Nous sommes donc bel et bien confrontés à une mise en scène de soi. Et nous utilisons cette nouvelle manière de s’exposer comme un moyen de produire et de singulariser son individualité. Par ailleurs, il apparaît que si l’on souhaite augmenter son nombre d’amis, qui est normalement évalué à 120-150 selon les chercheurs, nous nous devons de montrer plus, nous devons en dire plus, partager plus de photographies, et notamment des autoportraits et selfies. Ainsi, nous sommes dans une dynamique de conquête d’un espace relationnelle plus étendue que la plupart des individus. Enfin, la pudeur face aux émotions négatives peut s’expliquer par le fait que, comme évoqué précédemment, si nous acceptons de nous exposer de la sorte sur Internet, c’est pour nous montrer dans des situations où la construction de soi est plutôt euphorique. Ainsi, on peut dire que les réseaux sociaux sont, dans la plupart des cas, toujours positifs ou du moins, leurs utilisateurs cherchent sans cesse à y figurer une image positive. À titre d’exemple, la fonctionnalité de localisation géographique « Je suis à.… » de Facebook n’est utilisé que quand la situation prête à valoriser l’individu et le présenter dans une localisation « glamour », un lieu « stylé » ou « chic ». Ainsi, les signes que nous envoyons sont les signes que nous construisons car nous attendons de la reconnaissance des autres. Les pratiques d’exposition de soi répondent toujours à une dynamique de conquête relationnelle.

En conclusion, nous avons différentes postures et ainsi différentes expressions de soi. Des nuances existent selon le public à qui l’on s’adresse : nous ne communiquons pas de la même façon si nous sommes en train de nous exprimer sur notre vie personnelle ou si nous sommes en train d’exposer des projets ou notre vie professionnelle ou à des tiers hors du cercle de nos proches.

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Partie I – Cadre théorique

Ainsi, une bonne partie des plateformes relationnelles du Web social produisent de nouvelles normes d’échanges et de sociabilité. Mais comment ces plateformes permettent-elles cette possibilité ? L’interface même de l’outil offre toutes les fonctionnalités pour que chacun puisse se mettre en scène comme il le désire. Le simple fait de renseigner son profil revient déjà à se raconter. Mais au-delà de cela, les RSN accordent une place primordiale à la photographique. Sur ces réseaux, on se raconte via des visuels et cette fonctionnalité permet à chacun de montrer une facette de sa personnalité en offrant la possibilité à notre réseau de l’aimer ou de la commenter.

C. La photographie comme outil de mise en scène de soi L’image sur les réseaux sociaux est donc une question centrale. On considère que la mise en avant des images sur le Web social a été inventé à un moment où les réseaux socionumériques ont pris conscience du poids iconographique comme condition d’appel au clic. Aujourd’hui, même un réseau social comme Facebook s’est adapté à cette tendance, en proposant des photos de couverture. Il n’y avait pas suffisamment d’images dans la première version de Facebook qui ne proposait qu’un petit carré en guise de photo de profil. L’appel au clic était alors moins fort. Ainsi, la photographie se place aujourd’hui au cœur du fonctionnement de beaucoup de services de réseaux sociaux. Cette tendance peut également se confirmer par l’explosion de plateformes de partages notamment visuelles tels que Pinterest, Tumblr, Instagram... A l’heure du tout images, il apparaît alors de plus en plus difficile de se cacher sur le Web social. Si auparavant, nous pouvions créer à l’intention des autres une image de soi complètement aléatoire et ainsi rencontrer de multiples fausses identités, aujourd’hui, avec l’avènement du picture social media marketing22 et de manière générale, l’explosion des images de tout type sur les RSN, la tendance est à se montrer et à se mettre en scène, nous l’avons dit, mais de la façon la plus honnête et réel possible qui soit (nous y reviendrons23). Les frontières entre identité virtuelle et identité réelle deviennent alors floues. L’identité virtuelle s’invite dans notre 22

Le social media marketing est une pratique communicationnelle qui consiste à utiliser l’image, la photo, la vidéo ou les illustrations pour faire passer un message. 23 Se reporter au chapitre 2 de la partie III pour développer ce point. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

quotidien (à l’image du réseau social Snapchat) et en réalité, les deux types d’identités s’entremêlent présentement au quotidien.

a. De la photo MySpace au selfie a1. L’autoportrait sur MySpace : l’ancêtre du selfie

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1 : LE SELFIE A L ' EPOQUE DE MYSPACE

L’auto-photographie connectée sur MySpace a vu le jour en 2005. Aujourd’hui, on peut affirmer que cette manière de se prendre en photo soi-même est l’ancêtre du selfie. La photo « MySpace » désignait une photo de soi, prise avec La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

un angle légèrement surélevé par rapport à son visage, centrale dans la figuration de soi. Nous avons alors vu apparaître ces formes d’expression d’identité photographie, prises au commencement devant un miroir, car à l’époque les téléphones portables ne proposaient pas encore la fonctionnalité d’appareil photo permettant de réaliser ces autoportraits. Un des usages importants de la photo « MySpace » chez les jeunes est de se prendre soi-même en photo. Il s’agit d’une façon de se regarder et de se montrer aux autres. En effet, l’auto-photographie connectée n’est plus seulement une photo que l’on projette vers le monde pour en garder souvenir ou mémoire. Sur ces premiers autoportraits numériques apparaissaient quasi systématiquement le bras tendu de la personne. On peut penser que ce bras permettait de prendre de la distance visà-vis de soi-même, il s’agissait là d’une forme de mise à distance entre soi et soi. Aujourd’hui, l’invention numérique du selfie stick a repris ce principe et permet d’affirmer à chacun que pour se prendre en photo soi-même, il est préférable de prendre un peu ses distances vis-à-vis de soi-même. a2. La popularisation du selfie “Selfie” n’est pas le nom d’une innovation technologique particulière, mais de la focalisation médiatique sur la représentation de soi sur les réseaux sociaux. Ainsi, l’autoportrait MySpace a laissé place à l’appellation « selfie ». Preuve du succès de ce mot, il possède même sa propre définition depuis 2014 dans le très sérieux Oxford English Dictionary. En voici la définition (traduite en français) : « Selfie : une photographie que la personne a prise elle-même, généralement prise par un smartphone ou une webcam et téléchargé sur un média social ».

Ainsi, le selfie est social et populaire. Tout le monde prend aujourd’hui des selfies. Les célébrités et stars du show business, le président des Etats-Unis, même le pape François participe à cette mode, en partageant leurs photos sur les réseaux socionumériques tels que Facebook, Pinterest, Snapchat et à peu près partout ailleurs où ils le peuvent.

La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

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2 : SELFIE ELLEN OSCAR 2014 TWITTER

3 : LES NOMBREUX SELFIES DE JAMES FRANCO

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Partie I – Cadre théorique

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4 : SELFIE ROYAL DU PRINCE WILLIAM

Sur Instagram, depuis le 17 janvier 2011 (date à laquelle le premier selfie a été téléchargé sur le réseau et tagué comme tel), 7,3% des publications sont des selfies (pour 150 millions d’utilisateurs actifs mensuels)24. Instagram est donc souvent utilisé pour des analyses sur le selfie. Ce réseau social est en effet considéré comme « le royaume » du selfie car son usage est encouragé par les effets correcteurs disponibles, c’est-à-dire les différents filtres automatiques. Ainsi, Instagram serait davantage le lieu du selfie sophistiqué, avec ses filtres qui incitent à améliorer l’image originale, mais également le lieu du selfie banal et du documentaire routinier. En ce qui concerne le selfie Snapchat, parce qu’il est « éphémère » prête davantage aux grimaces et à l’absurde. Tout est permis pour les utilisateurs car « rien ne reste ». Ainsi, Instagram serait le réseau social des selfies les plus « stylés » tandis que Snapchat serait le lieu des selfies les plus amusants. Aussi, les discours semblent affirmer que le selfie consisterait à se montrer dans ses plus beaux atouts, en somme apprêté au mieux. Le selfie comprend également une dimension liée à l’univers connecté qu’il englobe. En effet, à l’image s’ajoute les commentaires, les légendes, le feedback, la communauté...C’est donc un réel phénomène de communication.

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Ces données nous parviennent du mémoire de Alicia GUET-BROHAN sur le selfie en 2014

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Partie I – Cadre théorique

Par ailleurs, le selfie est la photographie représentative d’un culte de l’instantané. À l’immédiateté́ de la photographie s’ajoute celle du numérique, du téléphone portable connecté, et des réseaux sociaux. L’instantanéité́ est autant dans la prise de vue que dans le partage du cliché. L’hypothèse selon laquelle le phénomène selfie serait un culte de l’instantané́ suppose que la photographie soit à̀ chaque fois unique et spontanée. Or si cela s’avère réel25, certains selfies sont parfois le résultat de prises multiples ou minutieusement travaillés. En ce cas le selfie n’est plus représentatif d’un temps réel mais d’une volonté́ de maitriser l’image. Les filtres automatiques d’Instagram viennent remettre en question la notion d’authenticité́ et d’esthétique « sur le vif ». La frontière entre les termes « spontané », « instantané », « naturel », « sophistiqué », « retouché » ou encore « travaillé » amène alors à de nouveaux questionnements.

b. L’usage de la photographie dans l’expression de soi Ce phénomène grandissant est devenu si viral que les sociologues se sont mis à l’étudier sérieusement. On peut à présent affirmer que les femmes prennent plus de selfies que les hommes. Le selfie amène également à découvrir la pratique conversationnelle d’une photographie sur les réseaux socionumériques. En effet, à l’ère du numérique, la photographie remplacerait le texte. On pourrait affirmer que la conversation est devenue visuelle. Dans un article de Réseaux, Jean-Samuel Beuscart, Dominique Cardon, Nicolas Pissard et Christophe Prieur26 ont analysé l’usage de la photographie sur les SNS. Ils évoquent notamment l’étude de la plateforme de partage de photos Flickr27, qui met en avant le fait que sur le web, la photographie est à la fois sujet et objet des conversations. Elle est détournée de son sens originel pour devenir l’acte central de toute communication. Le partage des photos numériques est donc l’avènement de nouvelles manières de « faire conversation ». Et Flickr, en étant à la fois un réseau social et une photothèque, a délibérément mis en exergue un usage interactionnel, ludique et conversationnel des photographies des utilisateurs. Le pari de Snapchat 25

Hypothèse suite à une étude où l’on demandait aux participants combien de clichés prenaient-ils en moyenne avant d’être satisfaits de leur selfie. 26 Beuscart, J. S., Cardon, D., Pissard, N., & Prieur, C. (2009). Pourquoi partager mes photos de vacances avec des inconnus ? Réseaux, (2), p. 94. 27 Réalisé par Beuscart en 2009. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

se résume d’ailleurs à l’idée de converser uniquement avec des photos. Et nous pouvons aujourd’hui affirmer la réussite de ce réseaux social auprès des utilisateurs de RSN. En conclusion, le selfie s’intègre parfaitement dans les pratiques du numérique et des réseaux de communication. L’unité du selfie résiderait dans cette intimité partagée et particulièrement dans la communication qu’il permet d’engager, avec notamment les commentaires, véritables leviers pour entamer une conversation et créer du lien social.

Chapitre 3. Stratégie de dévoilement de soi sur Internet Comme nous l’avons sous-entendu dans le chapitre précédent, il existe dans nos sociétés contemporaines un projet stratégique pour l’individu de se faire reconnaître sur le Web social, dans sa vérité pour ensuite accéder à une autre identité et revendiquer une appartenance choisie. Selon Casilli28 (2011), la réussite sur un réseau social est l’art du dévoilement. A travers ce chapitre, nous allons donc aborder les techniques de mises en scène de soi et de mise en visibilité qui ressortent du même besoin de médiatisation de l’individu, ce besoin qui a longtemps été celui des seules organisations, institutions...

A. La gestion de l’identité numérique a. Le Personal Branding Stuart Hall29 a dit: « Who needs identity? » (Qui a besoin d’identité ?) puis a répondu à cette question en expliquant que finalement, tous les individus ayant quelque chose à vendre avait besoin d’une identité. Pour revenir sur ce qui a été dit auparavant, les pratiques communicationnelles orchestrées par le Websocial et les réseaux socionumériques ont favorisé la dynamique expressiviste de nos sociétés contemporaines. Ainsi, les utilisateurs des sites de social networking usent d’une certaine exposition et mise en scène de leur identité qu’ils médiatisent. Lorsque

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Antonio Casilli est un sociologue spécialiste des réseaux sociaux. Stuart Hall est un sociologue réputé qui compte parmi les figures centrales des Cultural Studies britanniques. 29

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Partie I – Cadre théorique

l’on s’expose sur Internet de la sorte, on marque son individualité en affirmant sa marque personnelle. Internet a donc fait émerger de nouveaux besoins, notamment celui de se rendre visible. Il est essentiel de savoir contrôler son image sur la toile, si nous ne voulons pas qu’elle le fasse à notre place au détriment de ce que nous souhaitons dévoiler de nous-mêmes. En ce sens, on peut dire qu’une manière de gérer sa visibilité et donc son identité sur le web est d’utiliser le Personal Branding30. Le Personal Branding a toujours existé. Faire de notre personne une marque, mettre en avant ses réussites, ses atouts, ses expertises, capitaliser sur sa réputation... Le concept de mettre en évidence la plus-value de chacun est vieux comme le monde. Nous portons en nous une marque distinctive qui nous rend unique, une marque qui compose notre identité. L’ambition du Personal Branding est alors de faire émerger puis de faire connaître aux autres cette identité et ce, dans l’optique d’accroitre sa visibilité ainsi que sa notoriété dans son domaine de référence. En somme, créer et gérer sa marque personnelle, authentique, forte dans un domaine d’expertise bien défini. Cette pratique a véritablement trouvé son essor avec le Web social et la multiplicité des outils numériques. Ainsi, l’objectif du Personal Branding est de développer une communication claire sur notre personnalité, afin de nous démarquer. Parmi les outils du Personal Branding, on retrouve donc les réseaux socionumériques. Le Personal Branding, aussi appelé « marketing de soi », « self marketing » ou encore « design de soi », se révèle être un formidable outil de communication de soi et d’autopromotion, particulièrement d’un point de vue professionnel. C’est pourquoi, il est très répandu chez les patrons ou cadres d’entreprises, les indépendants, les salariés et même les étudiants en recherche de stage par exemple. Mais parmi les publics ciblés, on retrouve également les influenceurs du web. Certains sont donc passé maîtres dans l’art de la mise en scène du quotidien. Notons qu’une des marches à suivre en termes de valorisation de l’identité est de s’associer à une valeur positive, se montrer à travers des photographies, se déterminer une identité graphique et enfin, démontrer ses talents. Contrairement

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Le concept de Personal Branding a été développé aux Etats-Unis à la fin des années 1990 par Peter Montoya et William Arruda même si le Personal Branding a toujours existé. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

à ce qui pourrait être pensé, la visée du Personal Branding n’est pas de se vendre tel un objet mais de savoir vendre ce que l’on est capable de faire. Et votre présence sur les réseaux socionumériques donne à voir non seulement ce que vous faites mais également qui vous êtes. On peut alors se demander comment l’identité se trouvet-elle reformulée par ces standards et comment conter sa vie à travers un champ d’images et de petits objets industriels standardisés.

b. Image de marque, réputation et notoriété : trois notions à distinguer Auparavant nous avons évoquer le terme de « médiatisation » d’une identité numérique dans le concept de contrôle social et de gestion de l’identité. La médiatisation de la marque (on parlera ici de marque personnelle d’un individu) amène à la notion de support de l’image de marque. En règle générale, les signaux envoyés par une organisation sont portés jusqu’aux individus ciblés par des supports de communication, en l’occurrence des médias. Chacun de ces supports ont des caractéristiques différentes pouvant déformer ou amplifier le message. Dans notre cas, le support de médiatisation du message est le Web social et les types de média qui lui sont associés, dont les réseaux sociaux. La révolution numérique est donc un vecteur de réputation et les médias qui lui sont associés tels que les SNS sont des moyens de gestion indéniables. Dans ce domaine, trois notions existent et sont alors à bien distinguer : image de marque, réputation et notoriété. b1. Image de marque Avant de parler d’image de marque, il est important de s’attarder sur la notion « d’identité de marque ». Il s’agit de la façon de mettre en avant les caractéristiques qui nous semble attrayantes pour nos cibles. Par ailleurs, Kotler et Dubois (2004) définisse une marque comme : « […] un nom, terme, signe, symbole ou design ou combinaisons de termes qui tentent de définir les produits ou services d’un vendeur ou groupe de vendeurs et de les différencier de ceux des concurrents [...] ». (Kotler et Dubois, 2004)

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Partie I – Cadre théorique

La notion d’identité de marque renforce l’idée de contrôle d’une organisation ou d’un individu sur son image. En effet, on peut résumer l’identité de marque comme étant les éléments que la marque ou la personne souhaite qu’on lui associe. L’image de marque intervient quant à elle dans le processus de médiatisation de la marque. Elle pose alors la question « à quoi on associe cette marque ? ». Selon Keller (1993) l’image de marque se définit comme étant « les perceptions portant sur une marque reflétée par les associations à la marque détenues dans la mémoire du consommateur ». On peut alors résumer l’image de marque comme étant les perceptions que les gens ont de la marque. Il s’agit de l’image projetée par l’individu à son public. b2. Réputation Sur Internet, communiquer en son nom de manière positive, efficace et pérenne est un exercice difficile, dont dépend en grande partie la réputation numérique. Il s’agit de l’image de marque « perçue ». En effet, la représentation de l’image de marque par un public passe par la reconnaissance des attributs de cette marque. La perception des signaux engendrés par une marque provoque une réaction, un comportement chez les cibles. Si la perception de l’image de marque a laissé une sensation positive, il y a plus de chances de découler sur un engagement. Ainsi l’enjeu pour une marque est que ses cibles lui associent les termes auxquelles elle souhaitait être associée. b3. Notoriété La notoriété peut tout simplement se définir par la mesure du degré de présence de l’individu dans l’esprit d’un public. Appliquée au web communautaire, cette dernière variante apparaît complexe à gérer. En effet, la marque peut être connu par la communauté d’Instagram et non ailleurs. Ou bien la notoriété d’une personnalité peut se limiter à la barrière de la langue. La notoriété sur le Web social peut alors s’évaluer en analysant les communautés virtuelles tels que les réseaux sociaux ou forums, les moteurs de recherche, en fonction de certains mots-clés, ou bien sur des sites ou blogs liés aux domaines d’expertise de la marque par exemple. Si la marque est très présente, en découle une forte notoriété.

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Partie I – Cadre théorique

En conclusion, on peut voir qu’une personne peut se mettre en scène comme un média sur Internet. Trois notions sont à retenir en termes de gestion d’identité ; l’image de marque qui fait référence à l’image projetée ; la réputation qui fait référence à l’image perçue par un public ; et enfin, la notoriété qui est le résultat de la projection et de l’appropriation que le public s’en fait.

B. Les Influenceurs du Web social Si dans le schéma classique des choses, jusqu’alors on pouvait voir les célébrités et les personnages en tant qu’associés à la marque, des égéries, on découvre aujourd’hui qu’avec seulement pour outil Internet, une personne peut devenir une marque en elle-même et se positionner en tant que ce que nous appellerons un « influenceur »31. Ce phénomène se révèle notamment dans les plateformes de réseaux sociaux et/ou de sites communautaires, destinées à des individus en premier lieu et non à des marques, qui proposent maintenant des services à de vrais professionnels. On peut ainsi nommer Facebook Business ou bien la possibilité pour Instagram d’activer certaines fonctionnalités comme « contacter » destinés en premier lieu à des professionnels. Ce qui montre bien que les marques, forcées de constater la montée en puissance ainsi que la portée des sites relationnelles et communautaires, ne pensent plus à bâtir leur stratégie digitale sans y intégrer les réseaux socionumériques et investissent dorénavant le Web social. Par ailleurs, la personne « lambda » qui aura atteint la plus grande visibilité accroîtra sa notoriété et deviendra alors une « personnalité » à part entière. Sa réputation deviendra alors un véritable business, à l’image des entreprises et institutions. Le fait pour des influenceurs par exemple de choisir l’heure et la fréquence des posts sur les réseaux sociaux s’apparentent en effet aux stratégies digitales développées par les entreprises. On peut alors se demander quel est le discours d’accompagnement pour ces influenceurs ? Comment parler, de manière métaphorique, de l’endroit que l’on s’apprête à rejoindre (en s’abonnant à quelqu’un) ? La réponse à cette question serait en parti l’image. On voit en effet l’image de ce monde parsemée de petites 31

Les influenceurs comprennent les préconisateurs qui recommandent, les prescripteurs dont les choix s’imposent aux acheteurs, et les leaders d’opinion, à titre professionnel (par exemple les journalistes) ou du fait de leur autorité naturelle. (Mercator 11e édition, p.407) La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

icônes personnelles qui restent un contact. D’un point de vue humain, on mobiliserait des métaphores tels que le Contact, l’Amitié, le Partage, qui, en tant qu’humain, nous concernent tous et nous prennent par notre bord le plus sensible et le plus symbolique. Si on analyse les messages qu’un réseau social nous renvoie tel que Facebook, ce dernier se défini en effet comme « un monde de partage entre amis » et non comme un simple réseau de contact. Le premier message est bien plus porteur, injectant une forte dose d’imaginaire chaleureux et communautaire à l’écran. En effet, la stratégie des influenceurs consiste à injecter des idées affectives qui joue sur le caractère affectif. Ainsi, de la même manière que l’ensemble de la société, sur le Web social, les marques ne suggèrent que des éléments symboliques tels que la joie de vivre ou encore le bonheur.

a. Le visual social media marketing Au vu des personnalités d’Internet les plus connus tels que Kim Kardashian, Cyprien, Norman, Emma CakeCup... tous proviennent de plateformes relationnelles qui, mêlant réseaux sociaux et partage de contenu, accordent une place primordiale au visuel et à l’image. Nous avons vu auparavant qu’un des meilleurs leviers pour affirmer sa singularité réside dans l’image. Par ailleurs, les visuels représenteraient une ressource favorisant l’engagement. Dans un paysage numérique construit sur la visibilité, le « visual social media marketing » ou autrement appelé « picture marketing » tend à se répandre de plus en plus et notamment chez les influenceurs du web. Intégré dans une stratégie de communication, il s’agit pour un créateur de contenus de susciter le désir, l’envie auprès de cibles. De jeunes réseaux sociaux sont d’ailleurs nativement « visual social media centered ». On peut alors citer Instagram, Snapchat ou encore Pinterest.

b. Le cas d’Alexis Ren Alexis Ren est une jeune californienne de vingt ans, révélé par les réseaux sociaux et notamment Instagram où elle bat tous les records d’abonnées et compte à son actif pas moins de 8,8 millions de personnes qui suivent son actualité chaque jour. Ses posts quasi quotidiens atteignent en effet chacun environ 200 000 j’aime et en moyenne 600 commentaires. Elle a donc tout naturellement été certifiée par La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie I – Cadre théorique

la plateforme relationnelle et y est qualifié de « personnage public ». Sur son profil, on peut voir également la mention « contacter » ce qui signifie qu’elle utilise ce réseau social à des fins professionnels. On peut donc la qualifier « d’influenceuse ». Par ailleurs, Alexis Ren utilise fréquemment la fonction story que propose Instagram. En parallèle, cette instagrammeuse entretient une carrière de mannequin depuis l’âge de ses treize ans. Sur ses photos, la jeune femme n’hésite pas à se montrer en petite lingerie ou bikini. Ainsi, son compte Instagram a la plus grande communauté. Mais Alexis Ren figure également sur d’autres réseaux sociaux : Snapchat, Facebook, Tumblr, Twitter et YouTube. Mais ces derniers sont moins fédérateurs. On peut d’ores et déjà affirmer que les réseaux sociaux de prédilection d’Alexis Ren sont ceux tournées vers le visuel. Ainsi, cette jeune influenceuse produit une série de signaux et il apparaît alors intéressant de se pencher dessus. C’est pourquoi dans la partie suivante, nous analyserons les informations qu’Alexis Ren projette afin d’établir sa stratégie de communication on-line.

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5 : PAGE INSTAGRAM D ' ALEXIS REN (24/04/2017)

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Partie II – Étude de cas


Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

Partie II - Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren Chapitre 1.

Approche méthodologique de l’étude

Ce chapitre a pour but d’exposer la méthodologie employée pour mener à bien notre étude. Après avoir abordé les concepts théoriques qui encadrent l’étude sémiologique de l’image et la recherche quantitative, nous présentons le choix de notre méthode de recherche puis explicitons nos techniques de récolte de données avant de conclure sur les limites de cette enquête.

A. Contexte et terrain de l’étude proposée Cette recherche soutient un double objectif, à savoir : déterminer la stratégie de communication d’Alexis Ren qui est mis en place dans le cadre de processus de mise en scène de soi puis, étudier sa réception auprès de son public visé. La recherche de terrain qui sera réalisée pour permettre de répondre à ce dernier objectif empruntera une stratégie de recherche quantitative. Notre recherche portant sur un dispositif basé sur Internet, les données vont être recueillies auprès de personnes participant à un questionnaire en ligne. Ces informations seront ensuite recueillies, analysées et réinterprétées au fur et à mesure de la recherche de terrain. L’étude portera donc sur Alexis Ren afin de rendre compte de la mise en scène de soi qui est effectuée, et ce notamment par le biais de la plateforme relationnelle Instagram.

B. Le choix d’Alexis Ren Alexis Ren se rend très visible sur le web, ce qui fait d’elle une personnalité d’Internet. En effet, la jeune femme provient de la génération des digital natives, celle qui, d’après nos observations, est la plus à l’aise avec l’idée de s’exposer en ligne et notamment sur les RSN. De ce fait, Alexis Ren représente un sujet potentiel quant au processus de mise en scène de soi. De plus, cette instagrammeuse utilise un réseau social qui découle à priori du modèle du « phare », puisqu’avec ses 8,8 millions d’abonnés, on peut affirmer que son cercle « d’amis » englobe un nombre

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

plus important de personnes, en comparaison avec la majorité des utilisateurs des réseaux sociaux. Ainsi, on peut penser que pour accéder à une telle visibilité, la jeune mannequin a dû adopter une stratégie de dévoilement. Par ailleurs, on peut citer la cinquantaine de comptes associés à Alexis Ren, en tant que fan page, qui la considère comme une inspiration, un véritable modèle, et les nombreux hashtags à son égard. On peut alors se demander comment Alexis Ren a-t-telle réussi à se démarquer pour intéresser des gens qui ne la connaissent pas ? On peut d’ores et déjà rendre compte de son omniprésence sur son réseau social de prédilection puisqu’elle poste une photo à peu près toutes les vingt-quatre ou quarante-huit heures sur son Instagram. Or dans une stratégie digitale, il est conseillé de poster régulièrement afin de toujours se rendre visible. On préconise alors un à deux contenus par jour, mais pas plus pour ne pas paraître omniprésent et lasser son public. Alexis Ren, en appliquant a priori ce principe, a donc une réelle présence en ligne. Il s’agit donc d’une véritable stratégie, dans un premier temps de présence, mais également de contenus, que nous nous apprêtons désormais à analyser visuellement.

C. Les différents types de recherche Alexis Ren étant très présente sur le réseau social Instagram, qui est l’une des plateformes relationnelles les plus visuelles, le choix de l’analyse sémiologique de l’image apparaît alors comme judicieux afin de déterminer son image de marque et ainsi sa stratégie digitale. Il s’agit donc d’une méthode de recherche du type qualitative. Pour rappel32 : « […] La recherche qualitative vise à comprendre des phénomènes. Elle cherche à répondre aux questions “comment” ? et “pourquoi” ? Elle s’appuie sur des données diverses : par exemple, comprendre le sens de propos recueillis (via des entretiens par exemple). Le chercheur est impliqué dans la situation. Elle s’inscrit dans une démarche inductive. Le résultat n’a pas vocation à être généralisé. Il s’inscrit dans un contexte (le terrain : la classe, ...) et concerne 32

Les généralités sur la recherche quantitative et la recherche qualitative nous parviennent du guide de rédaction de mémoire du Cafipemf, rédigé par Nicolas Pinel, conseiller pédagogique. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

le groupe étudié. La réussite d’une recherche qualitative passera la richesse des données récoltées [...] ».

Ainsi, nous répondrons aux questions : « pourquoi fédère-t-elle une telle communauté ? » et « comment met-elle en valeur sa personnalité ? ». Afin d’étudier la portée de cette stratégie ainsi établie par l’étude sémiologique de l’image, il nous faut ensuite étudier son efficacité. Une fois l’anticipation des réactions de son audience effectuée, nous nous proposons de vérifier cette hypothèse, nous inscrivant ainsi dans une démarche inductive. Pour rappel : « […] La recherche quantitative vise à dégager des lois et principes généraux pour expliquer et prédire. La méthode quantitative repose sur l’analyse statistique des données collectées. Les données recueillis sont numériques, rigoureuses (enquêtes). A cet effet, la taille et le choix de l’échantillon sont à envisager en amont (entre 100 et 1000). Le chercheur est extérieur à la situation analysée. Elle s’inscrit dans une démarche déductive. La réussite de la recherche quantitative s’appuiera sur la qualité de l’échantillon et la pertinence de l’outil mis en œuvre [...] ».

Ainsi, le questionnaire semble être l’outil le plus adapté pour réaliser une recherche quantitative. Sa caractéristique à empiler des réponses à des questions facilite cette vision quantitative. Le questionnaire a donc pour objectif d’obtenir des renseignements sur l’objet d’étude. Enfin, il doit s’effectuer sous la forme écrite. En conclusion, notre but était d’analyser la stratégie digitale d’Alexis Ren. Pour ce faire, il nous a paru pertinent d’analyser ses usages des réseaux sociaux en ligne en deux phases. Nous adoptons donc, dans le cadre de notre recherche, une stratégie dans une premier temps qualitative, puis dans un second temps, quantitative. En somme, comme beaucoup de recherches, la nôtre oscille entre ces deux méthodes dans une approche mixe qui combine les deux types.

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

D. La vision d’Alexis Ren Une stratégie digitale efficace est une stratégie digitale claire et précise. Dans ce sens, il est intéressant d’effectuer en prémices des recherches sur le parcours d’Alexis Ren (l’histoire de la marque) et sa perception sur sa propre exposition sur Internet, notamment à travers ses interventions en dehors du cadre d’Instagram, par le biais d’interviews ou de foires aux questions par exemple. La marque d’Alexis Ren est-elle présente ? Parle-t-on d’elle ? Ainsi, lors d’une Q&A33 sur YouTube, Alexis Ren affirme être devenue populaire un peu par hasard, suite à une photo d’elle en bikini noire à l’âge de quatorze ans que le photographe aurait ensuite posté sur son compte Tumblr. Suite à quoi la photo serait devenue. Quand les gens ont découvert qui elle étais, tout le monde a simplement commencé à la suivre, suivre, suivre...

a. Son histoire avec Jay Alvarrez La popularité d’Alexis Ren proviendrait également de sa relation avec Jay Alvarrez. Deux modèles au physique extrêmement avantageux qui sont incroyablement populaires sur Instagram34. En effet, elle mannequin, lui créateur de contenu audiovisuel, à seulement dix-neuf ans, chacun d’entre eux est ce qu’on pourrait appeler une « star » d’Instagram. L’image du couple parfait qu’ils renvoyaient à l’écran faisaient en effet rêver des milliers de personnes et le tag le plus populaire à l’époque les caractérisant était « couple goals », terme que l’on pouvait retrouver à foison sous chacune de leurs photos Instagram partagées sur leurs comptes respectifs ainsi que sous les vidéos que diffusait Jay Alvarrez sur YouTube. En effet, les deux amoureux ont publié des courts métrages décrivant leurs vacances romantiques sur YouTube. Ces vidéos seraient d’ailleurs extrêmement intéressantes à analyser. En effet la plus visionnée35 met en scène en l’espace de cinq minutes le jeune couple explorant

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Le terme “Q&A” signifie “questions and answers”, l’équivalent d’une foire aux questions en anglais. 34 Pour titre d’indication, Alexis comptabilise à ce jour 8,8m d’abonnées sur Instagram quand Jay en compte lui 5,2m. 35 Datant du 29 mars 2015 et récoltant tout de même 24 millions de vues. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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le monde ensemble, notamment en Californie et pratiquant diverses activités très réjouissantes (on peut alors faire le parallèle avec la culture du « cool » avancée par Cardon). On les voit notamment avec des chiots, dans des voitures de luxe, en train de sauter dans une piscine, faire du snowboard, du surf, réaliser des sauts en parachute, faire une virée en hélicoptère, en montgolfière, etc. La complicité du couple semble « crever l’écran ». En effet, on les voit sourire, se taquiner et être très proches intimement. Par ailleurs, on ne les entend pas parler, il y a seulement une musique entraînante en fond sonore qui rend la vidéo extrêmement dynamique, ce qui peut laisser imaginer le poids de ces prises de vue. Cette vidéo, à l’image d’une publicité, est un concentré de valeurs euphoriques. On véhicule ici l’image d’un couple « de rêve », qui parcourent le monde et profitent pleinement de la vie. En résumé, l’image parfaite du bonheur avec en prime, une vision de l’Amour, de l’Insouciance et des Loisirs...de quoi faire rêver. La présentation de leur relation ou l’image qu’ils créent de leur relation « vend du rêve » pour reprendre une expression populaire chez les jeunes. Cette vidéo illustre donc à la perfection le fait d’injecter à forte dose des valeurs humaines, positives et affectives. Leur relation est magnifiée et présentée simplement dans les meilleurs moments (si tant est que ces moments soient réels). Ensemble, Jay et Alexis ont illustré les objectifs particuliers d'une société démographique (blanche, jeune, sportive) et, en tant que tels, le duo est devenu très commercialisable. Ils ont d’ailleurs fait des publicités en couple pour Snapchat, Express et le tout nouveau Hyundai Tucson. Jusqu’ici, leur image de marque se résumait donc à être jeunes, beaux et amoureux et leur message était « voici du rêve ». Leur couple était alors devenu un modèle pour beaucoup de leurs abonnés qui voyaient en eux un idéal à suivre. Mais voilà, depuis l’été 2016, Jay et Alexis ont arrêté de se suivre sur Twitter, déclenchant une vague de marée d’emojis qui pleurent de la part de leurs fans. La plupart de leurs photos de couple ont été supprimées de leurs comptes à tous les deux. Seuls les clichés sponsorisés sont restés. Alexis s’est alors exprimé sur

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Twitter : « I am too full of life to be half loved » (je suis trop pleine de vie pour être à moitié aimée). Par ailleurs, Jay ne poste plus de vidéos avec Alexis.

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6 : COMPTE INSTAGRAM DE JAY ALVARREZ (3/05/2017)

Le couple s’est séparé, et ils ont d’ailleurs quelque peu étalé leurs rancœurs sur les réseaux sociaux Twitter ou Snapchat. Le mythe s’est alors effondré et l’image de marque basé sur le bonheur parfait de leur couple avec.

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7 : PHOTOS RETIRES D ' INSTAGRAM

En effet, on peut penser que la stratégie d’Alexis Ren a cette époque était de faire rêver sa communauté. Mais quand est-il à présent ? Il est intéressant de voir La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

comment le compte d’Alexis Ren a changé (depuis la suppression d’une grande partie de ces photos ci-dessus), ainsi que l’image qu’elle véhicule désormais.

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8 : EN 2015

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9 : EN 2017

En effet, en 2015, la page Instagram d’Alexis était composée à 80% de photos de son couple, où figurait son petit ami de l’époque Jay Alvarrez. En revanche, en 2017, on remarque premièrement que depuis sa rupture, Alexis Ren a également changé physiquement, puisqu’elle s’est offerte une nouvelle couleur de cheveux et est passé de blonde à brune. Cette transformation physique ne fait que renforcer cette idée de changement que laisse présumer ses photos. De plus, sur ses clichés, elles semblent jouer encore plus à fond la carte de la sensualité.

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Depuis sa rupture, Alexis Ren ne souhaite pas vraiment s’exprimer sur le sujet lors d’interviews par exemple. On suppose qu’elle souhaite tourner la page et montrer une autre facette d’elle-même, peut-être changer quelque peu son image.

b. Ce qu’on apprend d’elle sur Internet En réalisant des recherches extérieures à Instagram sur Alexis Ren, on se rend compte qu’étonnement il n’y a pas beaucoup de ressources. En effet, à dehors de son compte Instagram et Twitter, on ne trouve pas grand-chose. Elle ne possède pas de page Wikipédia, mais Google a tout de même mis une fiche renseignement sur elle, renvoyant à ses photos, son nom complet, sa taille et les membres de sa famille. Quand on lance une recherche avec le nom d’Alexis Ren, voici ce que Google nous propose :

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10 : RESULTAT RECHERCHE GOOGLE SUR ALEXIS REN

Sans surprises, les deux premiers mots qui suivent sont donc ses deux réseaux sociaux favoris, à savoir Instagram et Snapchat. Vient ensuite le nom de son expetit-ami Jay Alvarrez, puis plusieurs membres de sa famille. Enfin, les mots clés qui apparaissent plus tardivement renvoient au domaine de la beauté et de la mode : style, cheveux, workout et visage. Ceci nous donne une première indication sur la réputation d’Alexis Ren et l’image perçue par le public, c’est-à-dire les La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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termes auxquels elle renvoie, les termes nous venant à l’esprit ou tout simplement suscitant notre intérêt ou notre curiosité quand on prononce le nom de cette personne. Ce premier travail nous incite donc à analyser plus en la stratégie de la jeune femme. Alexis Ren a fait l’objet de très peu d’interviews ou d’articles, et encore moins en français. Quelques sites en anglais et en français dressent brièvement son portrait et parlent notamment de ses caractéristiques physiques tels que ses mensurations. Cependant, quelques sites people (en anglais) enchaînement les articles courts sur elle, à l’époque où elle était en couple et maintenant. Parmi eux, on peut citer Cosmopolitain, Public, Elite Daily, Unilad ou encore Perez Hilton. Ces derniers ne font que colporter les actualités croustillantes qui se déroule dans sa vie, d’autres dressent simplement le portrait de son couple « parfait ». Il existe néanmoins (en anglais toujours) des articles légèrement plus conséquents et avec plus de recul. On peut ainsi citer GQ Uk et The CUT (site relié au New York Magazine « pour les femmes qui veulent voir les dernières tendances de la mode ») et qui est des seuls à avoir obtenu une vraie interview avec Alexis. En ce qui concerne les médias français, L’Essentiel a rédigé un très court article reprenant l’interview de The CUT. Ce manque d’informations en français illustre le fait que la majeure partie de l’audience d’Alexis Ren se situerait principalement aux EtatsUnis, en Angleterre et en Espagne. Ainsi dans cette interview, Alexis Ren s’exprime sur de nombreux sujets. Elle dit notamment gagner son argent grâce aux médias sociaux et au mannequinat. Cependant, elle précise : « [...] je dis non à tant de choses, jusqu'à ce que je me dise "je porterais ça de toute façon" ou "je ferais ça de toute façon"... Ma plus grande préoccupation c'est de ne jamais apparaître comme une vendeuse. Et être venu"

Alexis Ren pourrait en effet avoir des sommes incalculables avec des thés drainants ou des gaines de sport sur Instagram, mais jusqu'à présent, elle dit « éviter le piège #ad ». Cela a fait son succès unique sur l'application et un modèle pour les stars des médias sociaux aspirants. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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b1. Ses réseaux sociaux Ensuite, Alexis Ren s’exprime sur les différents réseaux sociaux qu’elle détient et ses différents usages. Pour elle, Snapchat correspond plus à la vraie elle, tout ce qu’elle fait en réalité. Elle apprécie beaucoup ce réseau social36 car elle ne peut rien éditer37 dessus. Twitter en revanche représente son « boundary pusher ». Quant à Facebook, elle ne l’utilise pas vraiment. Sa page est plus une page dédiée aux fans, où est simplement reposté son contenu Instagram. Selon elle : « Facebook correspond plus à des gens...peut-être plus âgées, qui ne sont pas trop dans Instagram et Twitter. [...] Ma famille a Facebook, vous savez ce que je veux dire ! ... ». Cette déclaration fait ainsi écho à ce qui a été exprimé dans le cadre théorique. En effet, on ne s’expose pas de la même manière selon notre public. b2. Sa stratégie Afin de garder tout son contenu « intriguant et amusant », Alexis Ren voyage constamment. Une partie du travail consiste à conserver un bronzage uniforme. Mais son réel travail est « de garder [ses] mensurations » dit-elle. C’est pourquoi elle fait beaucoup de sport et mange vraiment tous ces bols d'Acai qu'elle publie sur Instagram. Elle déteste quand les gens disent qu’elle utilise Photoshop sur son corps avant de publier son contenu. Dans presque toutes les photos de son Instagram, Alexis ne porte pas grand-chose. Elle avoue « le sexe fait vendre », puis réplique : « […] Je ne travaille pas autant sur mon corps pour le cacher ensuite. Je fais des efforts au niveau de mon alimentation et de mes entraînements sportifs pour être comme je suis, ce n’est pas pour ensuite dire “non, non, ne me regardez pas”. Cela n’a pas de sens pour moi. J’adore montrer mon corps car j’en suis fière. J’ai le sentiment de l’avoir mérité parce que j’y travaille tous les jours. Je

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Mais depuis l’apparition des story sur Instagram, Alexis Ren est très active là-dessus, avec en moyenne douze photos ou vidéos partagées par ce biais. Dans le cadre de notre étude, nous nous focaliserons donc sur cette fonctionnalité d’Instagram plus que sur le réseau social Snapchat. 37 Cette affirmation laisse entendre que derrière ses photos Instagram, il y a un gros travail de mise en scène et d’amélioration de la photo. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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suis vraiment en bonne santé et c’est l’une des choses sur lesquelles je suis le plus fière. […] ».

Elle souhaite donc se montrer comme une femme indépendante, qui a payé pour toutes les choses qu’elle possède. Par ailleurs, quand elle parle de ses fans, elle les identifie surtout comme des jeunes filles. Ainsi, elle effectue de nombreux lives sur Instagram afin d’être proche de celles et ceux qui la suivent, se montrer « humble » et essayer de conseiller les gens comme elle le peut. A la fin de l’entrevue, accompagné d’ailleurs d’une assistante de son équipe de journalistes, Alexis Ren offre ceci : « Mon objectif de vie en ce moment est d'avoir dans ma garde-robe un bikini et un manteau de fourrure et rien d'autre. » À l'avenir, Alexis espère transformer son succès en bikini en emplois tournés plus dans la mode et ainsi développer sa carrière de mannequin. Son idole est Gigi Hadid et grâce à sa visibilité et sa notoriété, elle a déjà une liste de grands noms pour qui elle a travaillé en tant que mannequin, comme Calvin Klein ou L’Oréal par exemple. b3. Son image Alexis Ren affirme être en train de tester ses limites en ce moment avec les médias sociaux, ce qui est amusant pour elle. Elle termine donc son entretien en disant : « […] I have a very puppy girl image, so it’s been fun to kind of be like, Hey, guess who’s turning into a woman. »38

Elle déclare alors avoir eu jusqu’alors une image de fille tout gentille, mignonne, adorable et souhaite quelque peu changer cela et affirmant être devenu une femme. Ainsi, Alexis Ren entend bien que son corps l’a aidé à devenir le phénomène des réseaux sociaux tel qu’on le connaît aujourd’hui. Elle reconnaît le fait qu’elle a ce corps, que les gens aiment le regarder et que pour le maintenir ainsi, elle doit travailler. Elle admet ainsi que pour renvoyer cette image sur les réseaux sociaux, cela lui demande du travail et n’est pas sans efforts. Pour elle, s’exposer et

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Ces propos sont proposés dans l’interview d’Alexis Ren par le site The CUT du New York Magazine, réalisé le 11 octobre 2016. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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principalement exposer son corps « fait partie du job » dans le cadre de son objectif professionnel qui est d’accéder au monde du mannequinat, elle démontre ainsi ses qualités, tels que nous l’avons vu dans le Personal branding, en mettant en avant son corps.

Chapitre 2.

Analyse sémiologique

A. Objectif de l’analyse sémiologique L’analyse sémiologique que nous nous apprêtons à présent à réaliser a pour but d’analyser les informations projetées par Alexis Ren à travers ses pages de réseaux socionumériques tels qu’Instagram. Le but est de décrypter l’ensemble des caractéristiques d’Alexis Ren qui sont diffusées au travers de signaux émis par ellemême et son équipe qui la gère, dans l’objectif d’établir sa stratégie de communication digitale.

B. Présentation de l’analyse sémiologique Grâce à la veille effectuée, nous avons compris que pour Alexis Ren, poster une photo n’était pas un acte spontané. A travers sa page Instagram, elle manifeste un certain univers de sa personne qui renvoie à une sphère d’images. Ici, on cherche donc à déterminer les connotations auxquelles elles renvoient. Pour effectuer cette analyse sémiologique, nous avons décidé de nous attarder sur cinq clichés d’Alexis Ren sur Instagram, afin d’établir sa stratégie de manière la plus réaliste qui soit. Ces cinq photos proviennent d’une période assez rapprochée. En effet, elles proviennent toutes de la période s’étalant du mois d’octobre au mois de février 2017 et seront présentées de manière chronologique. La pluralité de ces clichés sera censée refléter au mieux l’ensemble de la mise en scène d’Alexis Ren. Bien évidemment ces photos seront accompagnées d’autres réflexions et observations générales sur le profil d’Alexis Ren et la dynamique générale qui s’y déroule. D’un point de vue méthodologique, nous utiliserons la méthode de sémiologie de l’image, enseignée par M. Blin en première année.

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a. Les photos analysées a1. Photo n°1

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11 : PHOTO 1 D ' ALEXIS REN

Pour notre première analyse, il s’agit d’une photo d’Alexis Ren datant d’octobre dernier. Il est précisé que cette photo a été prise à Bora Bora. On remarquera que sur les autres photos il n’y a pas de précisions sur le lieu. Ceci fait référence à ce que nous avons expliqué dans le cadre théorique et le fait que la plupart du temps, nous n’utilisons cette fonctionnalité que lorsque nous sommes dans une destination glamour. Et ici, c’est le cas. Pour beaucoup de gens, Bora Bora représente en effet une destination de rêve. Ici il est intéressant de constater que l’arrière-plan est aussi important que le premier plan et que les deux sont indissociables. Il s’agit donc d’une photographie qui a été recadrée. Sur cette image, le sujet principal est bien évidemment Alexis Ren. Il s’agit donc d’un format carré.

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Le cadrage est donc centré sur Alexis. On se situe entre un plan américain et un plan moyen car la photo coupe le sujet un peu plus haut que les cuisses mais tout de même plus bas que l’estomac. On a donc une valeur narrative, on accorde de l’importance au fait qu’Alexis Ren se trouve au milieu d’une eau bleu turquoise. Cependant, l’attention est vraiment sur elle. La mise en valeur de l’arrière-plan ne fait que renforcer la présence d’Alexis, qui attire donc l’attention du spectateur. Ce cadrage est bien évidemment stratégique, pour mettre en valeur le ventre d’Alexis Ren, sans trop en dévoiler car on présume qu’elle est nue. Au niveau de la composition, la ligne directrice est celle que représentent les courbes du corps d’Alexis Ren, qui dessine un « S » comme si on voulait envoûter le spectateur. Ce ligne de force est d’autant plus contrasté avec la raideur des trois autres éléments (l’eau, la montagne et le ciel), tout trois bien distincts en arrièreplan. Nous avons une belle profondeur de champs. En effet, le cadrage assez rapproché sur Alexis sous-entend que la modèle est près de nous tandis que l’arrière-plan est flou tout autour d’elle. En effet l’arrière-plan est très minimaliste et ce flou permet de mettre encore une fois l’accent sur Alexis. Et nous avons également une vue en contre-plongée afin de magnifier le sujet et de lui donner encore plus d’importance et de prestance. Le rôle de la lumière est également très important sur cette photo. Elle effet, le soleil (lumière naturelle, en extérieur) percute le modèle et met ainsi d’autant plus en lumière ses formes, le modelé du sujet. Cette lumière, non diffuse, illumine simplement les contours du sujet, à l’image d’une aura tout autour d’Alexis, mais surtout la clarté de la mer derrière elle. Ici, Alexis Ren est plus sombre mais ce n’est que pour renvoyer à la fraîcheur qu’elle incarne. Dans cette photo, le bleu est la couleur qui domine puisque que le noir de la montagne et le beige de la peau du modèle représentent des couleurs assez neutres. Nous avons donc différentes teintes de bleu qui peuvent renvoyer au calme, à l’infini ou encore à la sérénité. Ce dernier terme est d’ailleurs tout à fait adapté à l’attitude du modèle qui semble être en paix et dans un état de calme absolu, avec ses yeux fermés, dans une La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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posture statique. Sa tête baissée et ses mains sur sa poitrine peuvent renvoyer à une posture de sagesse, de pureté et également à une séance de prière. C’est aussi un équivalent symbolique de l’assentiment respectueux face à une situation. Ce geste peut ainsi exprimer la soumission intime et profonde d’Alexis Ren à une autorité de nature spécifiquement divine, comme la mer qui est un des quatre éléments spirituels et astrologiques avec l’air, le feu et la terre.

En conclusion, lors de ce premier cliché, Alexis Ren est extrêmement bien mise en valeur. Son corps l’est aussi. Cependant, l’arrière-plan a beaucoup d’importance et donne tout son intérêt à cette photo. Même si Alexis reste le sujet principal, on veut mettre ce sujet dans un contexte qui prend alors tout son sens. Ainsi, à la fois Alexis se fond très bien dans ce décor paradisiaque mais tout semble néanmoins être fait pour la mettre en avant. Aussi, Alexis n’aborde pas d’expression faciale, pas de contact visuel. Elle semble donc personnifiée, tel une sirène sortant de cette eau cristalline, presque magique. Elle apparaît alors telle une figure impériale, avec simplement un bijou mais ce cliché semble dire : « Il ne faut pas grand-chose pour la sublimer, regardez cette beauté divine, à l’état brut ». Il s’agit d’une photo à caractère esthétique que l’on pourrait aisément qualifier d’art, à l’image d’un tableau. Ce cliché a plutôt été bien accueilli par le public, puisqu’il a tout de même récolté 601k j’aime et 10.7k commentaires. Ici, ce qui est présenté au spectateur est à la fois de l’impudeur corporelle lié à la nudité d’Alexis, mêlé à une vision du voyage et de l’évasion spirituelle.

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a2. Photo n°2

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12 : PHOTO 2 D ' ALEXIS REN

Cette deuxième photo est également un cliché où Alexis Ren est mise en scène. La photo a encore une fois été recadrée dans un carré. Il s’agit d’un portrait de profil avec la tête en position de ¾ face. Cette position est très flatteuse pour la silhouette humaine, et aussi très répandue en termes de portraits. La tête d’Alexis est légèrement penchée vers le bas et nous l’observons dans une vue en plongée. Ces éléments sont également très caractéristiques des portraits. Nous nous situons entre un plan moyen afin d’attirer l’attention du spectateur et un plan rapproché où l’on montre les réactions émotionnelles du personnage. On se sent ainsi proche du sujet, comme dans la confidence. D’ailleurs c’est en quelque sorte le cas, puisqu’en description, elle nous confit une petite exclusivité. On apprend également qu’il s’agit d’un travail avec une marque. Il s’agit donc probablement d’une photo d’après shooting, où Alexis se met en scène de la même manière qu’elle l’a fait devait l’objectif d’une caméra professionnelle. Elle incarne un rôle, celui de la séduction. En effet, quand on s’attarde de près sur la pose de ce modèle, certains éléments, comme l’épaule dénudée, le regard perçant, la La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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bouche entre-ouverte ainsi que la posture de la main prend de son visage, sont typiques des poses que l’on peut observer dans les magazines de mode. Notons qu’Alexis Ren poste de plus en plus de photos de ses shootings de la sorte, car elle en décroche aussi certainement plus. Ces photos sont alors très sensuelles, sérieuses et mises en scène à vocation professionnelle. On peut également citer son shooting avec Calvin Klein. Dessus, Alexis Ren prend carrément la pose d’une mannequin, est très sérieuse et sexy, et a partagé ce cliché à plusieurs reprises. Il n’y a pas de profondeur de champ car il n’y a rien à voir en arrière-plan. Nous sommes face à une perspective à double points de vue, ainsi l’arrière-plan est tout de même flouté mais il n’apporte rien, probablement le fond d’une séance de shooting. Contrairement à auparavant, le fond ne représente donc aucun intérêt, le lieu n’est pas indiqué et cette photo n’injecte pas l’idée de voyage. La lumière joue également un rôle majeur. En effet le fond est plutôt sombre et terne et toute l’attention est portée sur elle. Elle scintille de mille feux, notamment grâce à son maquillage qui la met bien en lumière. Nous avons alors une lumière artificielle, en intérieur et projetée sur Alexis. Concernant sa tenue, on devine qu’elle porte un petit haut blanc et une veste en jean, ce qui renvoie à des élément simples et pures, et qui contrastent avec sa bouche rouge, sur laquelle est porté toute l’attention. Cette bouche rouge peut signifier la sensualité, le symbole de la femme charnelle et sexy. Cette couleur fluo est vraiment unique dans cette photo, c’est d’ailleurs la seule couleur vraiment marquée. A côté de cela, nous avons le bronzage d’Alexis Ren qui est mis en valeur, grâce à des tons chauds. En conclusion, cette photo représente clairement une mise en scène, celle qui pourrait se produire lors d’un shooting photo pour la mode. Si Alexis Ren partage plus ce type de contenu, c’est probablement pour prouver ses qualités de modèle auprès d’agences de mannequinat, puisque c’est son objectif de carrière. Contrairement à d’habitude, Alexis Ren en montre moins, est plus dans la subtilité, le charme et l’invitation. Sur cette photo, elle démontre une certaine confiance en elle-même ce qui la rend sexy. Elle est dans une position charnelle et séductrice et encore une fois, tout est mis en œuvre pour la mettre en cœur de la photo.

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a3. Photo n°3

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13 : PHOTO 3 D ' ALEXIS REN

Pour cette troisième photo, nous sommes face à un selfie miroir (à l’ancienne). Ce type de photo est radicalement différente des précédentes, puisqu’il s’agit d’une vision plus banale et plus commune donc sûrement plus naturelle aussi. Quoi que. Cette photo est moins dans l’artifice, car tout d’abord on voit que c’est elle qui a pris cette photo et non un photographe. C’est aussi une représentation d’elle-même dans son quotidien. Elle est donc dans son quotidien et c’est ça qui plait car on pourrait s’identifier à elle. Elle n’est pas dans une destination qui nous fait rêver, on pourrait ainsi totalement reproduire cette photographie. Ici c’est son corps qui est censé nous faire rêver. Car en effet, c’est bien ici l’élément qui est mis en avant. Encore une fois, le fond n’a pas d’intérêt et n’apporte pas de plus-value. Bien qu’elle semble être plus naturelle (pas coiffée, pas de maquillage, etc.), elle aborde tout de même une fois de plus une pose de shooting, ce qui est tout sauf naturel. Cette pose est clairement pour mettre en valeur ses formes. En effet, c’est pour cela que nous avons un plan américain qui s’arrête aux genoux et une La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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inclinaison de la hanche, qui représente une sensualité chez la femme. Le fait de se toucher les cheveux est également un élément qui renvoie au côté sexy. Mais ce qui met le plus en valeur son corps, c’est bel et bien sa tenue. En effet, Alexis Ren est à moitié habillée. Et ce choix est voulu. Elle n’est pas en maillot de bain mais en haut de soutien-gorge, ce qui est tout de même de l’ordre de l’intimité. Certains pourraient donc percevoir ce cliché comme une atteinte à la pudeur. D’autant plus qu’on ne discerne pas vraiment son visage. Elle devient donc un objet, un objet de désir. Elle porte tout de même un jean blanc pour adoucir ce côté « trash » que certains pourraient juger, mais ce jean moulant ne fait que mettre Alexis Ren encore plus en valeur, en faisant notamment ressortir son bronzage. Enfin, de manière générale, cette photo présente des tons très froids et contrastés (encore une fois pour faire ressortir son bronzage). On a tout de même une petite lumière naturelle qui provient de la fenêtre de droite et met encore en valeur le modelé des formes d’Alexis Ren.

En conclusion, ce qui est frappant, c’est la banalité de ce cadrage et de cette photographie, qui contraste avec une pose très caractéristique encore une fois d’une pose de shooting photo, très sexy. Ce type d’affiche de soi n’était pas effectué auparavant. Ici Alexis Ren fait encore une fois preuve de confiance en elle, d’affirmation de sa personnalité et de son corps. Elle s’assume et n’a pas peur de se montrer. L’image qu’elle souhaite renvoyer est en effet une femme au physique spectaculaire et ainsi, elle se représente de sorte à mettre en avant ce trait-là chez elle. Nous avons vu précédemment comment le selfie pouvait-il contribuer à la représentation de soi. Nous savons que le selfie est très fédérateur et engageant. Ici nous avons la preuve qu’Alexis Ren utilise la méthode du selfie pour se mettre en scène. Pour construire sa notoriété, il faut se représenter, en dire plus, en montrer et plus et notamment à travers des selfies. Dans le Personal branding, il est très important de se représenter visuellement et ici, avec Alexis Ren, c’est chose faite. Elle sait que son corps plaît et donc elle se représente avec son corps. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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a4. Photo n°4

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14 : PHOTO 4 D ' ALEXIS REN

Ici pour ce quatrième cliché, l’exposition de soi semble aller encore plus loin. Nous sommes donc dans un format carré, où Alexis est placé au centre. Et d’entrée de jeux, on perçoit que cette photo a mérité une grande mise en scène. On a un plan général où l’on est donc plus proche de l’action. Ici, on attire l’attention en distinguant un personnage dans son contexte. D’ailleurs, on voit bien qu’ici l’action est plus importante car on a une focalisation en contexte. Pour une fois, le fond n’est pas flou, tout est net, y compris l’arrière-plan. On discerne par ailleurs un mouvement au niveau de sa main qui est d’ailleurs magnifiée et qui renvoie à la délicatesse. Encore une fois, le corps d’Alexis Ren pourrait former une ligne droite et perpendiculaire au lit, mais non, elle se cambre et crée une jolie courbe. On a donc une fois de plus une composition avec une courbe crée par le corps humain et qui

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forme un « s », le « s » de la sensualité. Encore une fois, l’attention est portée au centre de la photo. Les couleurs sont encore une fois très sombres, froides et ternes. En revanche, on a toujours ce contraste qui est proposé afin d’embellir le bronzage d’Alexis Ren. Ici encore, la lumière joue un rôle majeur. Elle est naturelle et provient de la fenêtre face à Alexis. Ainsi, le soleil illumine le sujet et amplifie ses formes. Sa posture est très intéressante. Contrairement aux précédentes photographies, nous percevons Alexis de dos. Cette pose est d’ailleurs de plus en plus fréquente sur ces photos. En effet, elle est peu courante et réfère plutôt aux temps d’une autre époque, où les modèles tenaient une pose bien spécifique. Ici on a bel et bien une théâtralisation. En effet, personne ne prendrait une photo de dos si celle-ci n’avait pas un caractère artistique. Au niveau des couleurs, il n’y a rien pour nous distraire du sujet et de sa position. Ici, Alexis se dévoile un peu plus encore. Elle n’est pas nue mais c’est tout comme. Car en effet, on pourrait presque oublier son maillot de bain noir et ses attributs féminins sont tout de même bien visibles. D’ailleurs, nous sommes dans un lieu intime. En effet, posté sur un lit, Alexis renvoie un côté très sensuel. C’est comme si elle se donnait sur cette photo, telle une offrande. Il est aussi intéressant de remarquer qu’elle se montre davantage et pourtant elle est dos à nous et on ne perçoit absolument pas son visage. Il y a donc une distance entre elle et nous. Elle devient là encore un objet de désir. Cet angle nous met sans qu’on le veuille dans une posture de voyeurisme car comme dit auparavant, on rentre dans le domaine de l’intimité.

En conclusion, Alexis Ren arbore une pose absolument pas naturelle. On sait que l’angle a été méticuleusement réfléchi, pour mettre en valeur son corps. Il s’agit d’une des photos qui a le plus de commentaires, qui attise donc les critiques, les admirations aussi. C’est une photo un peu choc mais qui a le mérite de faire polémique et de faire parler.

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a1. Photo n°5

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15 : PHOTO 5 D ' ALEXIS REN

Enfin, pour notre dernière photo, nous avons choisis la représentation d’Alexis Ren dans un plan moyen, un portrait. Le format n’est pas tout à fait un carré. On a en effet le désir de montrer également le haut du corps d’Alexis Ren. Ici, on reste dans une représentation d’elle plus classique, à son habitude. C’est une scène de la vie quotidienne, en extérieur et sous le ciel bleu de la Californie avec ses palmiers que l’on perçoit en arrière-plan. Alexis Ren prend la pose en penchant sa tête sur son épaule et en regardant fixement la caméra mais cette posture est moins travaillée, moins complexe et donc parait plus naturelle. Cette pose la met tout de même à son avantage ce qui la rend plus douce. On a ici une vision un petit peu plus innocente par rapport aux précédentes. D’ailleurs, la description qui est apporté conforme ce point de vue puisqu’Alexis Ren a renseigné « Babygirl ». Aussi, du fait que la scène se passe en extérieur, nous avons des tons beaucoup plus chauds. Encore une fois, au niveau des couleurs, ce qui ressort principalement c’est le beige doré qui ressort de son bronzage et le bleu du ciel en arrière-plan. Ces couleurs sont assez vives. Par ailleurs, le travail avec la lumière est là encore La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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remarquable. En effet, à l’image d’un ange, Alexis Ren est baigné de lumière. Cependant le côté de son visage incliné est moins exposé, ce qui donne du relief à son visage. Aussi, cette photographie renvoie à du vivant, de la réalité car nous avons cette mèche qui est en mouvement. On suppose alors qu’il y a du vent. Cet élément est très important car il donne de la profondeur à ce cliché. En effet, ce mouvement dans les cheveux ainsi que sa poitrine participent à révéler toujours ce côté sexy, malgré elle. En conclusion, cette photo a quelque chose de plus chaleureux (tons chauds) que les autres. Le plan rapproché renvoie à une certaine complicité. On perçoit également une forme de sincérité à travers Alexis qui se représente d’une manière finalement assez simple et naturelle. Aussi, son visage est bien mis en valeur même si l’accent est également mis sur quelques détails qui connotent à la sensualité. Cette combinaison semble être plutôt efficace puisque ce cliché a eu beaucoup de succès auprès de son audience. Elle nous regarde droit dans les yeux, avec la bouche en moue. Elle cherche donc le contact, elle est plus séductrice, elle cherche à être aimée. Ce genre de mise en scène est également une forme d’affirmation car auparavant on la voyait beaucoup représentée avec les yeux presque fermés et le visage rieur. Actuellement, ce n’est pas le genre de représentation qui est favorisé. Alors que nous étions jusqu’alors spectateur de son bonheur, ici ce n’est plus vraiment le cas. Nous avons une configuration différente. Nous sommes confrontés à plus d’honnêteté et de sincérité de sa part, du fait qu’elle nous regarde plus souvent dans les yeux. Alexis joue aussi cette carte pour séduire le spectateur en le regardant avec insistance. Elle est également plus dans la provocation. Mais cette forme de mise en scène fait moins rêver. Ici ce n’est pas tant son bonheur qui fait rêver mais plus son physique, même si nous avons toujours des photos de sa vie de rêve où on la voit joyeuse, etc. Le rapport entre les photos sérieuses et les photos « naturelles » est juste différent.

Ainsi, on se rend compte que les photos d’Alexis Ren sont extrêmement bien mises en scène. La tendance qui ressort de cette analyse sémiologique est que dans chaque cas, tout est mis en œuvre pour présenter Alexis Ren sous son meilleur La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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angle. Aussi, on instaure des images métaphoriques afin de créer une certaine ambiance iconographique.

b. Autres éléments analysés De manière générale, ce qui est très important d’analyser, ce sont finalement plus ses photos dans son ensemble. Car la configuration d’Instagram tend à lier les photos les unes aux autres. Sur Instagram, on raconte une histoire, l’histoire de sa vie, que l’on raconte à chaque fois en plusieurs chapitres et de manière chronologique, symbolisés à chaque fois par une nouvelle photo. Il faut alors voir ce récit dans son ensemble. Dans le cas d’Alexis Ren, il y a un réel effort qui est fait au niveau de l’harmonie visuelle et des couleurs. On a à chaque fois des images très contrastés avec une majorité de tons froids et quelques tons chauds quand la photo est prise en extérieur et que la lumière est naturelle. Mais le rapport entre les deux tend plus à favoriser les tons froids. On voit beaucoup sa peau, de ce fait les couleurs vives qui tranchent sont surtout les tons beiges et également des pointes de bleu. Premièrement ces deux couleurs s’équilibrent et s’accordent bien ensemble. Or le beige est une couleur chaleureuse qui fait référence à la douceur, l’élégance, le naturel, la simplicité, autant d’adjectifs qu’Alexis Ren pourrait avoir envie de projeter sur ses réseaux sociaux. Aussi, on observe une diversité des contenus photographiques. En effet, Alexis Ren est quasiment tout le temps le sujet principal de ses photos, on voit beaucoup de portraits d’elle notamment. Ceci peut être quelque peu rébarbatif. Ainsi, Alexis Ren ruse d’imagination pour toujours se présenter dans une forme différente et originale qui rentra ainsi son contenu attrayant pour son public. Beaucoup de ses photos sont artistiques, des fois entièrement nue et complètement mise en scène, et au niveau de types de photos, on rencontre aussi des selfies (des belfies39 même !), de photos de dos, des photos plus professionnelles provenant de ses shootings où elle est alors très sérieuse et très sexy (où elle joue un rôle, notamment au niveau des poses et du regard). On peut également voir sa vie quotidienne à la

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Un belfie est une déclinaison du selfie qui consiste à se prendre en photo mais en montrant son fessier. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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superette par exemple avec des expressions de joie et puis bien évidemment, on peut la voir dans des lieux assez incroyables. Ainsi, on diversifie les activités, on diversifie les poses, on diversifie les tenues décontractés et habillés, on diversifie les expressions, etc. Toujours dans le but de diversifier son contenu, on observe une forte utilisation régulière de la vidéo. En effet, ce type de contenu est très plébiscité par Alexis Ren qui sur les vingt dernières publications, a utilisé ce type de contenu quatre fois, ce qui fait une moyenne de 20%. Précisons que ce type de contenu est bien réparti (environ toutes les cinq publications) et ne se succède jamais. Ces vidéos sont extrêmement efficaces puisqu’elles sont visionnées entre quatre et six millions de fois. Mais afin de diversifier encore davantage son contenu, ce que nous pouvons observer chez Alexis Ren et son équipe, c’est sa capacité à varier les plans. Même règle que pour les vidéos, on ne poste pas deux selfies à la fois, ou trop de plans d’ensemble à la fois, mais on joue avec toutes ses possibilités de plans afin de ne pas ennuyer le spectateur.

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16 : VARIETE DES PLANS ET STYLE DE CONTENU

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On peut dire que pour une communauté de huit millions de personnes, le public d’Alexis Ren est plutôt actif. Mais on peut déduire que cet engageant ne vient pas uniquement de l’affichage du corps d’Alexis Ren. Bien souvent, on peut associer le succès d’une photo au fait qu’il s’agisse d’un lieu insolite ou bien qu’Alexis Ren nous regarde et que son visage soit assez rapproché.

En conclusion, on peut dans un premier temps affirmer que le choix des photos d’Alexis Ren est stratégique, puisqu’on observe une diversité de contenus, de plans et également une harmonisation des couleurs pour affirmer son identité visuelle. Sa stratégie est de se singulariser, comme on le souhaite aujourd’hui avec la dimension d’individualisation qui est présente dans nos sociétés. Sa signature réside bien évidemment dans l’affichage de son corps. La pose est alors extrêmement importante. Ainsi, comme elle communique grâce aux images et qu’il s’agit d’une pionnière en matière de mise en avant iconographique, en théorie cela appelle au clic et expliquerait alors le nombre impressionnant de gens qui s’intéresse à elle. Aussi depuis peu, on remarque une volonté de la part d’Alexis Ren d’être plus provocatrice et de mettre encore plus volontairement son corps en valeur (photos entièrement nue). Il y a également moins de sourires et autres expressions de joie, ce qui laisse place à plus de sensualité. Certaines photos sont alors plus artistiques et plus mises en scène. On peut également dire qu’une de ses stratégies est d’être toujours active au niveau de la story Instagram. Dessus, elle y paraît bien plus naturelle que sur ses récentes photos, ce qui contrebalance. En faisant ces choix, Alexis Ren souhaite davantage montrer une image d’une femme fatale et moins d’un « babygirl » pour reprendre ces termes. Mais en projetant moins cette idée du bonheur, l’instagrammeuse ne serait-elle pas moins inspirante pour ses fans ? Il est alors intéressant d’étudier comment tous ces signes sont perçues pour tous les followers d’Alexis.

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Chapitre 3. Le questionnaire A. Objectif du questionnaire Nous avons vu qu’en communiquant sur elle-même, Alexis Ren incarnait une véritable marque, diffusant ainsi des signaux auprès de ses fans afin d’affirmer son identité (de marque). L’étude quantitative va donc permettre de déterminer si ces aspects esthétiques et ainsi les signaux envoyés par Alexis Ren sont perçus comme elle l’entend. Le but est ici d’analyser le rapport des followers à la marque personnelle d’Alexis Ren, par les perceptions, les sentiments associés à sa marque d’individu. Grace à ce type d’étude, on peut vérifier si l’image perçue par le destinataire est bien celle que la marque souhaite délivrer ; et si les valeurs qui transparaissent dans ses messages, ses supports, ses canaux, sont bien celles avec lesquelles elle souhaite être associée. En d’autres termes, cela permet de savoir ce que véhicule la marque ou l’entreprise en termes d’association.

B. Description du milieu, de la population et de l’échantillon Pour réaliser cette recherche quantitative, notre choix s’est donc porté sur un questionnaire en ligne. Ce questionnaire a été réalisé avec l’outil Google Forms. Comme il s’agit d’un questionnaire uniquement diffusé sur les réseaux sociaux, nous présumons qu’il ne s’agit que de personnes les utilisant. Ainsi, notre échantillon constitue toutes les personnes utilisateurs des réseaux sociaux et plus précisément, celles possédant un compte sur Facebook et/ou Instagram. Nous n’avons pas voulu imposer comme condition de connaître la personnalité d’Internet en question car dans un premier temps nous souhaitions confirmer l’âge moyen des cibles que touchaient Alexis Ren. Aussi, certains ne la suivent pas sur ses réseaux sociaux mais la connaissent de nom ou l’ont simplement reconnu grâce aux photos mis à disposition. Dans ce cas, il était intéressant de savoir d’où l’avaient-ils connue et d’analyser pourquoi ils n’étaient pas abonnés à elle. Aussi, en fermant le questionnaire uniquement aux personnes connaissant Alexis Ren, certains ne l’aurait pas reconnu en lisant simplement son nom. En effet, on l’associe bien souvent à une image et moins à un nom. Le but était donc d’inciter et La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

d’encourager un maximum de personnes à participer pour récolter un maximum d’avis et que le post tourne. En effet, dans le cadre de ce type de recherche, il est assez important de réunir un nombre d’avis assez conséquent, afin de dégager les principales tendances et que nos conclusions ne se basent sur des analyses solides. Ainsi, nous nous étions donné pour taille de l’échantillon un objectif de 100 réponses. Malgré nous, l’échantillon est constitué de beaucoup plus de femmes que d’hommes. On constate alors que le sujet de la représentation de soi sur les réseaux sociaux impacterait davantage les femmes. Ainsi, nous avons obtenu au total 162 participations, dont 90,1% de femmes (146) et seulement 9,9% d’hommes (16).

C. Présentation du questionnaire a. Conception du questionnaire Concernant la conception du questionnaire, nous nous sommes appuyés sur l’outil Google Forms, qui nous a aidé à créer puis diffuser le questionnaire de manière très simple. Tout d’abord, il a été rappelé en amont le but du questionnaire et nous nous sommes engagés à protéger l'intégrité, l'intimité des participants, ainsi que la confidentialité des données collectées en garantissant l'anonymat. Puis nous avons varié les questions, en allant de la plus impersonnelle à la plus personnelle. Nous avons également veillé à ne pas créer de questionnaire trop long ou avoir trop de questions à réponses longue afin de ne pas décourager le participant. Ainsi, nous avons inséré plusieurs sortes de questions : -

Sur des faits : « Avez-vous fait ceci... ? »

-

Sur des avis (avec ou sans options) : « Pensez-vous que... ? », « que préférezvous entre... ? »

-

Les questions peuvent être à réponses oui/non, à choix multiples (avec une ou plusieurs réponses possibles), sous forme d’énumération d’items d’évaluation (insatisfaisant, satisfaisant, très satisfaisant) ou d’items à classer (classez de 1 à 5 les items suivants...). Ainsi, nous avons utilisé des

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questions ouvertes ou à choix multiples, où le participant doit associer des mots à la marque étudiée, c’est-à-dire à Alexis Ren. Il a donc été de cette manière plus facile pour le participant de donner son opinion, sans avoir à l’expliquer ou la justifier. Cependant, nous leur laissions constamment la possibilité d’une réponse tierce s’ils le souhaitaient. -

Enfin, nous avons également envisager des questions à départ « fermé » avec une ouverture ensuite. Par exemple, après une réponse en oui/non, en leur demandant par la suite : « si oui, précisez », « si non, précisez ».

De manière générale, nous avons tenté de ne pas instaurer d’ambiguïté, de présenter une idée seulement par question et également d’utiliser dans les propositions de réponses des termes simples, clairs et compréhensibles par le public visé. Les formulations tentent ainsi d’être brèves et explicites, sans négation par exemple. Nous avons également veillé à rester neutre dans l’énonciation de ces questions et à ne pas induire de réponses ou orienter implicitement le choix des participants. Les questions ont un enchainement logique et ne sont pas déroutantes. Enfin, nous avons prévu un nombre suffisant de réponses pour ensuite demander aux participants de faire un choix restreint. Par exemple : « pas plus de 2 réponses svp » Voici un tableau récapitulatif des dimensions d’analyse. Dessus, vous retrouverez chaque question et son intérêt dans le cadre de notre étude : QUESTIONS

Leur pertinence et leur intérêt

Questions 1 à 4 : les informations socioprofessionnelles

Réellement pertinence pour nous : elles devaient confirmer l’âge moyen du public d’Alexis Ren et montrer que ceux qui ne la suivait pas bien souvent n’utilisait pas régulièrement Instagram ou Snapchat.

Question 5 : Reconnaissez-vous cette personnalité d’Internet (Alexis Ren) ? (Avec photos à côté)

Déterminer qui l’a reconnue simplement, pour évaluer sa notoriété. Etablir le pourcentage de gens que nous avions perdu à ce stade car si le participant dit « non », le questionnaire s’arrête pour lui.

(Changement de section) Question 6 : Par quel biais l’avez-vous découverte ?

Pour connaître un peu plus ses cibles, d’où proviennent-elles ? et quel a été le moyen de communication la plus efficace jusqu’à maintenant ?

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Question 7 : Suivez-vous Alexis Ren sur des réseaux sociaux ?

Mesurer le taux de personne qui l’a connaît mais qui en plus la suit et ainsi mesurer le pourcentage de gens qui l’a connaît sans la suivre.

(Changement de section) Question 8 : Sur quelles plateformes la suivez-vous ?

Pour confirmer le fait que la majorité de son public la suit sur Instagram.

Question 9 : Regardez-vous sa story Instagram ?

Pour voir à quel point ces followers suivaient son actualité sur cet autre outil faisant parti d’Instagram et où un contenu différent est partagé.

Question 10 : Selon vous, pourquoi avez-vous décidé de vous abonner ?

Recueillir un premier avis général et les faire réfléchir sur ce qui leur plaisait en elle

Question 11 : Suivez-vous d'autres influenceuses du même style qu'Alexis Ren ?

Voir s’ils étaient friands de ce type de contenu ou si Alexis Ren était pour eux unique et différente et surtout en quoi se différenciait-elle de « ses concurrents »

Question 12 et 13 : Si oui...si non... Question 14 : Quel type de contenu vous plaît le plus chez Alexis Ren ?

Voir si c’est en adéquation avec ce qu’Alexis Ren partage le plus souvent

Question 15 : Vous considérezvous comme un(e) abonné(e) actif/active ? (likes, commentaires...)

Mesurez l’engagement de cette partie de son public

Question 16 : combien environ Question 17 : À quel(s) terme(s) associeriez-vous Alexis Ren ?

Perceptions sur la réputation (image perçue) d’Alexis Ren par son public

Question 18 : Selon vous, quel est l'image qu'Alexis Ren souhaite renvoyer ?

Perceptions sur l’image de marque (image voulue) d’Alexis Ren par son public

Question 19 : Êtes-vous d'accord avec cette affirmation : "Alexis Ren est une inspiration, un modèle"

Voir si Alexis Ren représentait une inspiration pour eux

Question 20 : Vous considérezvous comme proche d'Alexis Ren ?

Etudier de plus près le lien qui unit la marque (Alexis) et ses prospects (ses fans)

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

Question 21 : Selon vous, Alexis Ren se met-elle en scène sur ces publications ?

Recueillir leur point de vue sur le fait de se mettre en scène de manière générale sur les réseaux sociaux

b. Diffusion du questionnaire Concernant à présent la diffusion du questionnaire elle s’est effectuée du 26 avril 2017 au soir jusqu’au 2 mai 2017 inclus. Il a tout d’abord été diffusé sur la plateforme Facebook, à travers un post sur notre profil personnel. Nous avons également fait partager ce post, puis publier sur différents groupes ; en premier lieu les groupes liés à l’IUT Bordeaux Montaigne, puis dans un second temps sur le groupe Wanted Bordeaux. Le jour suivant, le questionnaire a été partagé cette fois sur la plateforme Instagram. En effet ce choix était plutôt intéressant comme Alexis Ren est en majorité présente sur Instagram et que notre étude porte sur elle. Ainsi, une publication « flash » a été partagé sur notre profil personnel, avec plusieurs tags et identifications en rapport avec Alexis, puis ensuite relayé sur notre Instagram Story. Enfin, un message a été envoyé aux comptes de fans français d’Alexis Ren. Certains d’autres eux nous ont alors répondues positivement. Enfin, une recherche parmi nos amis Instagram a été effectuée pour savoir lesquels suivaient Alexis Ren sur Instagram. Un message sur Facebook leur a alors été adressés pour s’assurer qu’ils aient bien participé au questionnaire. Puis le jour d’après, nous avons à nouveau partagé la publication sur les groupes de Wanted Nantes et Wanted Paris afin d’obtenir un maximum de réponses. D’autant plus que notre étude ne se limitait pas à une région de France en particulier. Ainsi, les participants proviennent en partie de notre cercle privé d’amis, mais il y a également des inconnus provenant de toute la France.

c. Les limites de l’enquête Le questionnaire est la forme la plus standardisée des méthodes que nous avons choisi d’employer. Il permet d’obtenir une vue d’ensemble et de comparer. Cependant, s’il procure des données, le questionnaire n’est pas neutre. Parce qu’il La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Partie II – Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren

suppose des exclusions, ce sondage ne prétend pas être exhaustif. En s’adressant aux usagers des réseaux sociaux de manière large, l’analyse sera biaisée puisqu’elle considèrera de la même manière ceux qui ne connaissent pas Alexis Ren. En revanche, il est toujours intéressant de récolter des informations sur leurs catégories socio-professionnelles afin de confirmer l’audience d’Alexis Ren (plus de femme, entre 12 et 35 ans). De plus, les questions à choix multiples ont pour but d’être synthétiques, mais il faut considérer que les internautes peuvent ne pas avoir compris la question. Concernant les questions ouvertes, tous n’ont certainement pas compris la même chose. Pour cette raison, certaines réponses peuvent venir fausser l’analyse. Aussi, le questionnaire n’ayant été relayé que par les outils numériques et médias sociaux, on peut considérer que on cible déjà un échantillon. Mais étant donné que le sujet porte sur les réseaux sociaux et en particulier une star d’Instagram, un personnage public sur le net, une personnalité d’Internet, ce n’est pas trop grave. Enfin, le questionnaire n’a pu toucher qu’une partie de notre cercle de connaissances avec un petit peu de bouche à oreille. Globalement, l’enquête porte sur l’avis de nos proches et des habitants de Bordeaux, Nantes et Paris. Tous nos interviewés sont donc français (le questionnaire étant en français). Or la majorité de la communauté d’Alexis Ren n’est pas vraiment en France, mais en Espagne, en Angleterre et surtout aux Etats-Unis d’Amérique (puisque rappelons qu’elle est californienne), de ce fait, il était anticipé que bon nombre de personnes ne reconnaîtraient pas Alexis Ren. De ce fait, on se propose d’analyser simplement l’impact de sa stratégie auprès de son public français.

(Vous pouvez retrouver le questionnaire ainsi que le détail des résultats au questionnaire en annexe 1 et 2)

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Partie III – Synthèse et discussions des résultats


Partie III – Analyse et discussions des résultats

Partie III résultats

Synthèse et discussions des

Chapitre 1. L’efficacité de la stratégie digitale d’Alexis Ren A. L’interprétation des principaux résultats Afin d’analyser les résultats de l’étude quantitative par le questionnaire, nous avons converti les diagrammes de Google Forms en tableau récapitulatif sur Numbers. Ainsi, nous pouvions avoir le détail de chaque participation de manière assez condensé. Dans la cadre de notre étude, il était par exemple parfois intéressant de revenir sur une réponse précédente pour comprendre le choix d’une question ultérieure. Aussi, nous avons mis en valeur le détail des participants qui sont allé jusqu’au bout du questionnaire car ces résultats nous importaient plus que les autres. Mais nous avons également mis en valeur les personnes qui ont reconnu Alexis Ren mais ne la suive nulle part. Ainsi, nous possédons deux niveaux de lecture de ce questionnaire. Nous pouvons parler de manière générale de la notoriété d’Alexis Ren, en englobant ceux qui la connaissent mais ne suivent pas son actualité. Nous pouvons également analyser la réputation d’Alexis Ren avec les personnes qui la suivent également sur les réseaux socionumériques. Premièrement, nous constatons que beaucoup de nos participants ne connaissaient pas Alexis Ren ou ne la suivaient pas sur les réseaux sociaux. En effet, sur un total de 163 réponses, plus de la moitié des personnes ne connaissaient pas Alexis Ren (63,6%). Mais sur les 56 participants restants, encore 39% d’entre eux ne suivaient pas Alexis Ren sur les réseaux sociaux. C’est un écart moins important mais tout de même intéressant à signaler. On peut alors s’interroger sur les raisons de ces 23 participants pour ne pas suivre Alexis Ren sur les réseaux sociaux alors qu’ils la reconnaissent. Pour certains d’entre eux, cela s’explique tout simplement par le fait qu’ils ne l’ont pas connu via les réseaux sociaux mais par un autre biais ou bien qu’ils ne correspondent pas à l’âge moyen du public d’Alexis. Ainsi, 36,4% des participants ont reconnu Alexis Ren et

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Partie III – Analyse et discussions des résultats

seulement 22,2% sur les 163 participations la suivent sur les réseaux sociaux. Le fait qu’une majorité de l’échantillon ne connaisse pas Alexis Ren permet d’avancer qu’en France, relativement peu de personnes suivent cette personnalité d’Internet, pourtant suivis par plus de 8 millions de personnes dans le monde. Tout d’abord, la participation à cette enquête a été plus motivé par les femmes que les hommes. Sans surprises, Alexis Ren touche un public jeune, et majoritairement féminin. En effet, parmi les 56 participants qui ont reconnu Alexis Ren, 7% seulement sont des hommes (4 sur 56). Il est également intéressant de constater que malgré leurs différentes professions (cadre moyen, cadre supérieur, collégien et étudiant), tous les hommes la suivent et l’ont découverte grâce à son ancien petit ami Jay Alvarrez. Seulement 10,7% de ceux qui la suivent se situent dans la tranche des 13-17 ans. Mais ce chiffre aurait pu être plus conséquent. En effet, on présume qu’il y a une majorité de 18-25 car c’est l’âge de la majorité de nos connaissances et des wantidiens (103 étudiants sur toute l’étude). Nous avons également une exception avec un follower (un homme) qui a plus 46 ans. Mais sinon, toutes celles et ceux qui suivent Alexis Ren correspondent à la tranche d’âge de 18-25 ans. Or on constate que plus les utilisateurs sont jeunes, plus ils ont tendances à être présents sur Instagram, et donc à connaître et suivre Alexis Ren. Par ailleurs, parmi ceux qui connaissent ou suivent Alexis Ren, tous ou quasiment ont renseignés en premier lieux qu’Instagram faisaient partie de leurs réseaux sociaux favoris. Ainsi, dans le cadre de notre étude, la majeure partie des followers d’Alexis Ren sont des étudiantes. De manière générale on constate que les réseaux favoris des participants sont en premier lieu Facebook (83,3%), puis viennent Instagram pour 112 participants sur 163 (69,1%) et Snapchat pour 60,5% des participants. Il est également intéressant de constater que très largement, la notoriété d’Alexis Ren vient des réseaux sociaux, mais les sources sont finalement diverses puisque beaucoup l’ont découverture grâce à Jay mais également grâce au bouche à oreille (3,4%), aux articles de presse (3,4%), à la publicité et grâce à un clip.

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Sans surprises également, on remarque que la totalité des followers d’Alexis Ren la suivent largement sur Instagram et uniquement sur ce réseau social. Mais nous avons également des followers qui la suivent sur jusqu’à deux ou trois autres RSN. Généralement, les plus courants après Instagram sont Snapchat pour 8 d’entre eux (22,2%) et Twitter et YouTube à raison de 5,6% chacun. Il est assez amusant de constater que ceux qui la suivent sur plus d’un réseau social sont en réalité uniquement ceux de la tranche d’âge 13-17 ans. Les plus jeunes d’entre eux sont donc les plus fidèles et les plus connectés. Étonnement, la large majorité des followers (91,7%) suivent aussi ces story Instagram. La présence régulière d’Alexis Ren a donc une réelle portée. Concernant les questions ouvertes, les réponses sont très intéressantes. A la question pourquoi avez-vous décidez de vous abonner, les principales raisons avancées sont l’esthétique de son profil, ses voyages, sa beauté et son physique. Pour beaucoup, il s’agit d’une « personnalité inspirante ». Une personne a également répondu aimé voir des photos de ses shootings. Nous avons également quelqu’un qui la suit uniquement par intérêt (« Pour augmenter ma propre visibilité ») et enfin nous avons également un point de vue différent qui parle au passé et a déclaré : « J'aimais ses photos avec Jay Alvarrez » ... En grande partie, les followers sont adeptes de ce style de pages Instagram puisqu’elles et ils suivent également d’autres influenceuses proposant le même type de contenu. Cependant, une personne a répondu : « pas vraiment le même style, je la trouve unique ». Pour la question qui suivait, à savoir qu’est-ce-qui pourrait la rendre différente, le fait qu’elle soit mannequin plutôt que bloggeuse, qu’elle apporte une « version glamour du voyage », qu’elle soit « naturelle » et qu’elle est des formes particulières l’emportent pour beaucoup, même si quelques-uns soulignent que les contenus sont plutôt similaires. Une personne a également fourni une réponse détaillée et très intéressante : « Alexis Ren a un côté peut être plus doux que la plupart des mannequins et it girl, elle a une proximité qu'on n'a pas forcément avec d'autres influenceuse, un côté ado, surfeuse, la bonne copine, il est donc plus facile de s'identifier à elle ou de vouloir lui ressembler » La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Pour ceux qui ne suivaient pas d’autres influenceuses, Alexis Ren « provoque sans trop non plus, elle a une vie de rêve et on ne voit que ça d'ailleurs ». Quelqu’un a également expliqué qu’elle avait suivi les suggestions Instagram, ce qui est plutôt intéressant. Pour le type de contenu qui plaît le plus aux followers d’Alexis, c’est le voyage qui arrive en tête avec 77,8% puis son physique avantageux pour 63,9% et enfin sa vie quotidienne pour 47,2% des internautes. Pour la question de l’abonné actif ou non, on a une majorité de gens qui ne se considèrent pas comme des abonnés non actifs. Cependant, nous avons 66,6% des interviewés qui mettent au moins un like par mois. On perçoit alors que beaucoup de gens sont dans une position observatrice face à Alexis Ren et ne se prononce pas vraiment face à son contenu, qui les interpellent tout de même. Ceci expliquerait pourquoi les vidéos font beaucoup plus de vues par rapport aux likes de ses photos. Aussi ce résultat est à lier avec la question « vous sentez-vous proche d’elle ? » où il y a eu une majorité de non. Pour la question à quel terme associerez-vous Alexis Ren, très largement, la réponse majoritaire a été le physique avantageux (61,1%). Bien souvent, ce terme a été couplé à mannequinat et esthétisme. Beaucoup ont également été en accord avec les autres propositions à savoir Réussite sociale, Adorable et Style vestimentaire. Pour trois autres, les termes associés sont plutôt des critiques : « Egocentrique », « Limite vulgaire », et « Rien » (une personne qui n’a donc pas de préférences). Pour la question suivante, là encore une fois c’est très intéressant car les followers pensent très largement que l’image que veut renvoyer Alexis Ren est une image de Rêve (80,6%). Vient ensuite le terme Joie et Sport. Quelqu’un a ajouté « Être bien soi-même ». Concernant la question où nous demandions aux participants d’exprimer sur une échelle de 1 à 4 leur ressenti sur l’affirmation qu’Alexis Ren serait un modèle, la réponse la plus plébiscité est « pas tout à fait d’accord ». Cependant, plus de gens sont en total accord plutôt qu’en désaccord total avec cette phrase.

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Sur l’avant dernière question pour savoir si le public se sentait proche d’Alexis Ren, nous avons récolté une majorité de non. 8,3% se considère tout de même proche d’elle. Enfin, nous avons quelques réponses « Autres », quelqu’un a alors affirmé : « Plus maintenant qu'elle se montre de plus en plus avec des poses sexy etc. ». Enfin pour la dernière question pour mesurer si le public reconnaissait une certaine mise en scène, on a bien une majorité de oui, avec cependant quelques précisions, tels que : « [...] cela m'importe peu car j’aime l'image qu'elle donne d'elle et c'est tout ce qui m'importe :) ». Certains sont plus mesurés (« Oui parfois » à 30,6%)

B. Confrontation aux hypothèses de recherche Ainsi, faces aux réactions du public d’Alexis Ren, nous pouvons porter un jugement sur l’efficacité de sa stratégie digitale. En effet, on constate qu’elle a bien cerné ce qui plaisait et ce qui ne plaisait pas à son public. Puisque pour la majorité d’entre eux, l’image de marque d’Alexis Ren provient de son corps et de son physique spectaculaire, c’est ce qu’elle met en valeur avant tout. Mais Alexis Ren a bien saisi qu’il ne suffisait pas de poster des selfies pour avoir du succès et satisfaire ses fans. En effet, notre étude a permis de mettre en lumière le fait que les followers d’Alexis Ren aimaient un contenu riche en contexte, comme ses voyages par exemple et sa vie de rêve. C’est donc également quelque chose qui est projeté par l‘instagrammeuse. L’esthétisme de son profil plaît également beaucoup, donc c’est une bonne chose que ces photos le soient. En revanche, le revirement de stratégie qu’Alexis Ren tente d’opérer vers l’image d’une femme plus fatale n’est pas toujours bien compris par son public. En effet, certains d’autres eux ont toujours l’image qu’elle renvoyait auparavant avec Jay Alvarrez, une blonde, « toute mimi » pour reprendre un des termes avec un côté très frais et jovial. Tandis que d’autres pointent du doigt ce changement d’attitude, qu’ils perçoivent comme un trop plein d’exhibition, dans la provocation et donc aussi peut-être comme une forme de narcissisme. En effet, le fait de moins sourire provoque moins de sympathie à son égard par exemple.

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Plusieurs proches sont ainsi revenus vers nous pour s’exprimer davantage sur ce sujet. Et en effet, bon nombre d’entre eux ont une vision négative de certains des derniers clichés d’Alexis. On nous a alors expliqué qu’entre une photo artistique où elle pose nu telle une femme fatale et une photo de couple avec une image du bonheur parfait, la deuxième faisait plus rêver et donnaient plus envie de s’identifier. Cependant, cet avis n’est pas partagé par tout le monde. Nous avons par exemple reçu le témoignage d’une jeune lycéenne qui considère Alexis Ren comme « une femme incroyable » et qui affirme être « fan de son mode de vie ». Puis elle avance qu’Alexis Ren ferait « toujours passer les autres avant elle ». Cette abonnée la considère également comme Adorable et souhaitant véhiculer des émotions de Joie. Ainsi elle se sent tout à fait proche d’elle et ne pense absolument pas qu’elle se mette en scène. Ainsi, Alexis Ren a l’admiration de certaines qui se sont réellement proches d’elle. C’est d’ailleurs le sentiment que nous avons pu observer lors de lectures des commentaires des photos d’Alexis. À ce titre, l’image voulue et l’image perçue ne sont pas en adéquation. Ainsi, on peut se demander quelle est la portée de cette critique. Cette dernière est à analyser sur l’ensemble de sa communauté. Mais en revenant sur son profil Instagram, nous nous apercevons alors qu’une photo sort du lot et nous avait jusqu’alors échappé. En effet il y a un mème40 datant de quelques semaines déjà. Il s’agit d’un post particulier car elle y insère un texte beaucoup plus long où elle s’exprime et semble se justifier par rapport aux critiques qu’elle a pu recevoir ces derniers temps. Il s’agit d’un dessin et ce n’est pas Alexis Ren qui est représenté, ce qui dénote fortement dans son « feed ». On suppose alors que les quelques critiques apparues lors de cette étude sont le reflet de ce qui se passe dans la communauté globale d’Alexis Ren. On ne la juge notamment plus assez inspirante. Et en effet, en s’affichant davantage comme une femme fatale et très mise en scène, Alexis Ren renvoie moins à des valeurs positives et euphoriques du bonheur, qui pouvait être plus inspirant pour certaines personnes.

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Un mème internet est un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur internet

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17 : MEME SUR LA PAGE INSTAGRAM D ' ALEXIS REN

Sous ce post, Alexis Ren affirme ne pas vouloir raconter de fausses histoires ou d’illusions. Selon elle, un contenu jugé inspirant ne l’ai pas forcément pour la personne d’à-côté. Alexis Ren affirme alors que régulièrement, elle n’est pas en accord avec ce que les gens de sa communauté considèrent comme « inspirant ». Elle explique alors : « What I post is me, but a very small percentage ». On peut dire que d’une manière générale, elle invite toujours au rêve, notamment grâce à son style de vie, sa beauté et l’esthétisme de ses photos qui la mettent grandement en valeur, mais cela renvoie moins d’affection vers son public. Bien sûr, certains perçoivent toujours un côté simple et naturelle qu’ils admirent tant chez elle. Car Alexis Ren poste toujours des photos d’elle où elle a une tête d’ange. Elle fait également beaucoup de live Instagram et de story Instagram, ce qui permettent à ses followers de voir une autre personnalité d’elle. Aussi, l’étude a démontré que la vie quotidienne d’Alexis Ren intéressait également beaucoup. Or la jeune femme semble avoir faire le choix de privilégier plutôt des photos très artistiques, très mise en scène et également des photos très sérieuses de ses shootings où elle joue un rôle. Pas sûr que ce parti pris soit le bon

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choix, ou que dans tous les cas le ratio soit le bon, car cela ne renvoie pas au naturel que les fans aiment tant chez elle. Pour autant, nous aurions tort de catégoriser cette stratégie d’Alexis Ren comme inefficace car ici, nous sommes dans une dynamique de conquête d’un espace relationnelle bien plus étendu que la plupart des individus. Ainsi, comme pour une marque, il y a toujours un part de critiques. L’honnêteté d’Alexis Ren sous le post du mème ainsi que l’ensemble de cette étude de cas confirme ainsi nos hypothèses de recherche. En effet, il y a bel et bien une dynamique actuelle, et particulièrement sur Instagram, tourné vers la mise en scène et la médiatisation de soi à travers les réseaux socionumériques. En conclusion, on peut rappeler qu’Alexis Ren cherche à transmettre des valeurs particulières à travers un graphisme haut de gamme et souhaite donc véhiculer des valeurs positives, comme nous tous sur les réseaux. Elle ne montre que ce qui la met en valeur et ce qui est bien dans sa vie. Mais cette affirmation nous mène à nous interroger sur la véracité ainsi que l’authenticité de cette communication personnelle on-line.

Chapitre 2. Les dérives de la mise en scène de soi sur Internet Sur Internet, on peut prendre tout ce qu’on a dans notre vie et le rendre cent fois plus cool que ce qu’il est vraiment. Sur Internet, on peut se mettre en scène et se montrer cent fois plus heureux que ce que l’on est réellement. Sur Internet, on peut créer une image pour soi-même qui n’a rien à voir avec la personne que l’on est vraiment, ce que l’on ressent réellement ou ce qu’il se passe dans notre vie à ce moment-là. C’est d’ailleurs l’avantage du Web social ; on peut se donner n’importe quel rôle, n’importe quelle image. Ainsi, de nombreuses recherches, articles ou bien tout simplement avis ont émergés en s’adonnant à remettre en cause la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux...

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A. Vers un marketing de soi au détriment de la réalité vécue ? Quand on aborde le sujet de l’exposition de soi sur Internet, la question centrale qui revient sans cesse est celle de l’impudeur en ligne. En effet la question de la frontière inquiète et questionne - Est-ce qu’on ne s’exposerait pas trop ? La question se pose alors. En effet, il y a cette distance qui nous protège mais, particulièrement aujourd’hui avec la tendance de la transparence et du #nofilter, le but est tout de même de se représenter « soi ». Ainsi, comment se montrer tout en gardant le contrôle, quelle est la limite à ne pas franchir ? Tout le monde ne s’accorde pas et chacun a sa propre vision sur la question. La question sous-jacente à la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux peut s’illustrer avec le selfie. En effet, si l’on se met tant en scène sur ses photos, peut-on encore les qualifier et notamment pour les selfies, de naturels ou d’acte effectué dans l’instantanéité, comme le prône Instagram ? Ce sujet fait alors débat et chacun en va de sa propre perception sur le sujet. On pourrait alors s’entendre sur une certaine forme de « spontané sophistiqué ». Car plus notre représentation sur les réseaux sociaux est stratégique, plus nous nous éloignons en théorie de notre vraie identité. La question centrale qui se pose finalement quand l’on parle de mise en scène de soi sur les réseaux socionumériques provient du fait que sur Internet, on n’expose pas entièrement son vrai « soi » mais un soi amélioré, qui reflète notre désir d’être perçue pour autre chose que ce que les gens perçoivent de nous en général dans la vraie vie. Nous avons vu dans le cadre théorique que cette identité projetée faisait tout de même partie de notre identité et que par exemple dans les plateformes du modèle de la « lanterna magica », certaines personnalités se sentaient plus encore exprimer leur véritable moi en arborant un avatar. Le problème est que personne ne peut mesurer la distance que chacun met entre ses deux versions du « soi ». Et quels sont finalement les impacts d’une telle mise à distance de soi ? Si cette dernière tant à nous protéger et à gérer notre identité sur le web, elle pourrait bien présenter également quelques problèmes ou dérives. Un problème survient alors quand, comme dans le cas d’Alexis Ren, l’exposition de soi est extrêmement contrôlée et gérée à un niveau professionnel. En effet, un tel niveau de contrôle de soi et une mise en scène tellement parfaite et idyllique La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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fat écho aux publicités. Cette perception n’étant pas très réaliste, on sent ainsi la personne moins vraie et on lui accorde moins de confiance. Le problème est que nous évoluons dans une époque idéologiquement confuse où le plus personnel et le plus industriel se côtoient, ce qui chamboule un peu notre histoire de représentation. Dans les réseaux sociaux, on trouve des espaces pour l’expression personnelle sur le web, mais ce sont également des lieux de productions industriels, de valeurs euphoriques pour les partenaires commerciaux des sites. Roland Barthes41 disait dans La rhétorique de l’image, « [...] le propre de la publicité, du discours publicitaire, c’est d’être pénétré de valeurs euphoriques. » Or nous avons constaté qu’il s’agissait du même processus pour la communication personnelle de chaque individu. Ainsi, lorsque l’on constate que la détermination du discours personnelle d’Alexis Ren pourrait être du côté des publicitaires, on peut effectivement interpréter le rôle de ces réseaux sociaux comme des producteurs de valeurs euphoriques fondamentales. Tout d’abord il y a l’actualité. L’avatar contemporain de l’actualité qui est le buzz se fabrique sur les réseaux. Il marque une actualité très intense et qui est flatteuse pour les partenaires commerciaux, les industries médiatiques ou les hommes politiques. C’est là où la question devient alors épineuse. En effet nous ne sommes ici plus simplement dans le spectre de la marchandise mais dans un spectre généralisé d’acteurs qui cherchent à être dans l’actualité. D’autre part, la deuxième valeur qui poserait problème serait la popularité. Cette notion provenant du monde américain, à l’image d’un teen movie, a finalement pénétré tous nos régimes, en allant de la politique jusqu’au marchand et qui s’est construit par à-coup de clics, par à-coup de « likes ». Ainsi, au vu de la mise en scène que nous orchestrons notamment au niveau de nos photos, aurions-nous basculé vers un marketing de soi au détriment de la réalité vécue ? Le problème vient donc également du fait que, tout comme les marques, nous souhaitons nous mettre en valeur et communiquer sur nous-même de manière positive et valorisante. Mais à force, certaines personnes et particulièrement les 41

Roland Barthes était un philosophe, critique littéraire et sémiologue français. Il fut notamment l’un des principaux animateurs de la sémiologie linguistique et photographique en France. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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nouvelles générations qui sont constamment sur les réseaux sociaux et dont une grande partie de leurs vies dépendent d’eux, ces plateformes relationnelles sont le fruit de la réalité. Nous avons ainsi pu observer la stupéfaction de tous les fans d’Alexis Ren et de Jay Alvarrez à l’annonce de leur séparation car aucuns signes de leurs tensions de couple n’avaient été projeté sur les réseaux. On peut affirmer qu’il n’y a rien de mal à vouloir se représenter à son avantage sur les réseaux sociaux puisqu’il s’agit d’une pratique universelle et foncièrement humaine. Mais où se situe la limite ? En ce sens, il est intéressant de s’interroger sur le sens de cette représentation, que cherchons-nous à faire au-delà ? Dans le cadre des influenceurs tels qu’Alexis Ren, il y a derrière tout cela un intérêt professionnel. En effet, développer une telle stratégie pour Alexis Ren lui permet de vivre, de voyager et d’accéder à son objectif de carrière qui est de s’insérer dans le monde du mannequinat et de la mode. On pourrait dire qu’elle applique simplement un Personal branding, en valorisant ses qualités. En effet, la théorie nous dit que le but d’établir une stratégie de communication digitale, une stratégie de différenciation et maîtriser son image sur le web a pour but de se faire reconnaître dans son domaine d’expertise et d’atteindre une certaine notoriété. Mais si aujourd’hui Alexis Ren aurait accès à certains avantages, ne serait-ce pas au détriment de l’affichage d’elle-même sur les réseaux sociaux, et notamment l’exposition (exhibition ?) de son corps ? Le débat amène une fois de plus à réfléchir. La stratégie de communication personnelle, celle d’Alexis Ren par exemple, semble avoir tellement d’ampleur (rappelons qu’elle a une équipe de managers), que nous sommes en droit de nous demander : Est-ce encore nous que nous projetons ? Dès lors que notre identité projeté est trop différente de notre identité réelle, ce n’est pas sain selon certains. Le risque avec une mise en scène permanente et à trop chercher à être populaire, c’est la course aux likes. Le fait de poster des photos juste dans l’optique qu’elles soient vues, qu’elles soient aimées n’est pas sain. Ainsi, un court-métrage a été réalisé sur le sujet. Dans ce court métrage « Qu'est-ce que tu en penses ? », un gars nommé Scott Thomson se balade sur Facebook. Puis cet internaute fait croire que sa vie est trépidante. Il met alors sa vie en scène sur Facebook pour la course La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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aux likes. Ainsi, ce court-métrage compare la vie sur les réseaux sociaux et celle de tous les jours, et aussi notre capacité à nous mettre en scène.42 Mais de nombreuses autres vidéos ont été créées dans le but de montrer notre addiction aux réseaux sociaux notamment. Ainsi, beaucoup de vidéos sur YouTube ont émergés pour dénoncer ce phénomène, et en rappelant ainsi qu’il fallait prendre du recul par rapport à ces clichés et que les réseaux sociaux n’étaient pas réellement le réceptacle et le miroir de nos propres vies, où semble être embelli et perfectionné, partant du principe que sur Internet, on ne montre que le positif. Une idée a alors été énoncée, qui consisterait à dire qu’en raison principalement d’Instagram, nous sommes devenues « les touristes de nos vies ». Il y a en effet un danger à rechercher l’approbation, la validation (de soi) à travers les réseaux sociaux. On a vu donc, que comme tout le monde, Alexis Ren choisit de montrer seulement des images consensuelles du bonheur, et du plaisir. On peut d’abord se questionner sur la véracité de ses moments de bonheur (le sont-ils vraiment ?). En effectuant ceci, Alexis Ren prive son public d’émotions peu glorieuses à l’image de la tristesse, place donc « aux masques de joie ». C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que des réseaux sociaux visuels tels que Snapchat ont été créé et qu’Alexis Ren utilise aujourd’hui beaucoup cette fonctionnalité de Story. Ainsi, on peut imaginer le travail quotidien pour les influenceurs de montrer constamment la vision d’une vie parfaite, afin de faire rêver. C’est d’ailleurs ce que met en lumière un article de Kombini où, pour une campagne de publicité de Wren Kitchens, des bloggeurs food dévoilaient l’envers de leurs posts Instagram. Ainsi, l’article déclare : « Ces photos sublimées par un filtre et parfaitement cadrées nous renvoient une image faussée, édulcorée de la réalité, semblant parfaitement éloignée du quotidien. »

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Pour le visionner : http://www.gentside.com/facebook/ce-court-metrage-compare-la-vie-surles-reseaux-sociaux-et-celle-de-tous-les-jours_art66607.html La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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18 : CAMPAGNE DE DE PUBLICITE AVEC DES BLOGGEURS FOOD

On peut alors se demander : peut-on devenir malheureux en ne dévoilant qu'une partie de notre vie mise en scène (toujours) sous le soleil avec le sourire et seulement à travers des évènements heureux et consensuels ? Interviewé par Cheek Magazine dans un article intitulé « Pourquoi Facebook et Instagram font-ils de nous des losers ? », le psychologue Sébastien Dupont souligne que la pratique des réseaux sociaux peut avoir l'effet « d'une impression de grossissement de l’effet de solitude face à la mise en scène de la sociabilité des autres. ». Le problème c’est que, les gens, en regardant ces vidéos ou clichés, commencent à se sentir « nuls » à côté, à propos de leurs relations amoureuses ou tout simplement de leur vie. Ils idéalisent et idolâtrent ainsi par exemple Alexis Ren et Jay Alvarez comme des modèles. La plupart du temps, les gens mettent sur les réseaux sociaux une image irréelle d’eux, pour faire de l’argent mais ensuite les followers regardent ça et se disent « mince, je veux ça, ils sont mieux que nous». Ainsi, à quel point cette mise en scène peut-elle impacter négativement ceux qui en sont à la fois les spectateurs et les acteurs ? Une critique de la représentation de soi sur les réseaux sociaux peut alors être établie car elle nuirait dans un premier temps à ceux qui publient du contenu, mais surtout à ceux qui le regarde et comparent ainsi leurs vies à la leur.

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Toutefois, la dernière question de notre questionnaire tend à appuyer le propos du psychologue Dupont. En effet, à la fin de son article, il souligne la capacité pour les internautes à instaurer un recul entre leur vie et la mise en scène qu’ils façonnent sur Facebook ou Instagram : « Une grande partie de cette génération voit ça avec beaucoup de distance […] »

B. « Social media isn’t real » : Le témoignage d’Essena O’Neill C’est alors dans ce contexte que le témoignage d’Essena O’Neill est réellement intéressant. En effet, cette dernière adoptait il y a quelques temps la même stratégie qu’Alexis Ren. Mais finalement, elle porte un jugement très négatif sur ce type de communication de soi et ouvre la porte sur la discussion de la dépendance à Internet et l’emprisonnement dans une identité virtuelle. En effet, la jeune bloggeuse australienne avait décidé il y a quelques mois de montrer l’envers du décor de l’utilisation des réseaux sociaux en dénonçant les pratiques de mise en scène de soi (qui plus est pour des marques). Elle a ainsi posté une vidéo sur YouTube où on la voit non maquillée et non coiffée, et très bouleversée, elle confit alors les coulisses de sa vie qui faisait rêver son demimillion de followers et dépeint une réalité beaucoup moins glamour, la vie d’une jeune adolescente qui rêvait d’être parfaite, d’être aimée, et qui depuis l’âge de 12 ans a cherché une approbation sous la forme de likes et de vues de la part de la communauté. Aujourd’hui âgée de 19 ans, son constat est amer, elle dénonce « des années perdues à vivre une vie fictive, où chaque photo nécessitait une centaine de poses, où chaque photo était en réalité une photo de promotion pour un produit, des photos pour lesquelles elle pouvait être rémunérées jusqu’à 2000$ »43 Ainsi, la jeune femme parle d’engrenage infernal dans ce semblant de « vie parfaite ». Avant de supprimer définitivement son compte Instagram, Essena O’Neill avait retiré les ¾ de ses photos et en avaient seulement laissé quelquesunes afin de modifier les légendes des photos pour raconter l’envers du décor de ces « clichés de rêve ». En voici un exemple avec la photo ci-dessous :

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Ces propos reprennent ceux de l’article de Sandrine Plasseraud, DG de We are social qui décrivait le phénomène pour INfluencia. La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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19 : EXEMPLE DE PHOTOS D ' ESSENA O ' NEIL PROVENANT DE SON COMPTE MAINTENANT SUPPRIME

Ainsi, on ne peut pas nier la ressemblance physique avec Alexis Ren. En effet, le positionnement des deux jeunes filles était le même. Ainsi, nous sommes en droit de nous demander s’il ne s’agirait pas de la même réalité pour Alexis Ren...

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Conclusion


Conclusion Ce

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communicationnelles

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orchestrées

objectif par

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d’aborder

Web

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les et

les

pratiques réseaux

socionumériques. Notre problématique était alors « Comment Internet est-il devenu un outil au service de la communication du “self” ? À ce titre, nous avons pu dégager des composantes majeures qui favorisent et renforcent la visibilité de soi sur Internet et donc la mise en scène de son identité. Ce phénomène peut en effet provenir dans un premier temps de la valorisation de la singularité. Cette tendance à depuis été amplifiée par l’avènement et le déploiement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, notamment grâce au Web social. Ce système induit également un contexte d’immédiateté et de réactivité et ouvre à une diversité des productions de formes expressives. Ce contexte général a donc également fait des réseaux sociaux, formidables canaux de socialisation, sources de connaissances et excellents outils de partage, une arme fatale du Personal branding. Ainsi, dans un paysage numérique construit sur la visibilité, on parlerait beaucoup avec les images. En effet, on dit souvent qu’une image vaut mille mots et aujourd’hui, la représentation de soi passerait beaucoup par une forme d’expression de l’identité photographique. Notre hypothèse principale était de démontrer d’une dynamique actuelle tournée vers la mise en scène de soi, ce qu’a illustré Alexis Ren. En effet, avec cette influenceuse, nous avons pu voir que la plateforme relationnelle Instagram était le royaume du selfie et demandait un certain don de mise en scène. Ainsi, nous vivons dans un ancrage social des pratiques communicationnelles technicisées qui ont favorisé le dévoilement, la mise en scène et la médiatisation de l’affichage de soi. L’interaction devient un « jeu » où les acteurs se comportent comme des stratèges afin de produire une mise en scène de soi qui correspond à l’image qu’ils souhaitent donner d’eux-mêmes. Ce qui nous pousse à nous montrer, c’est de se montrer des gens dans des situations où la construction de soi est plutôt euphorique.

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Aujourd’hui, il y a des codes esthétiques mais pour certains, cette évolution a « le même effet pervers que la publicité ». Il serait alors intéressant d’approfondir le sujet, en analysant par exemple en quoi le réseau social Instagram s’est-il professionnaliser.

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Bibliographie Ouvrages •

Goffman E., La mise en scène de la vie quotidienne - La Présentation de Soi, Les éditions de minuit, 1973, 256 pages.

Babkine A., Hamdi M., Bien gérer sa réputation sur Internet. E-réputation personnelle : mode d’emploi, collection Efficacité professionnelle, Dunod, 2011, 192 pages.

(Ouvrage collectif) Gourvennec Y., Kabla H., La communication digitale expliquée à mon boss, Éditions Kawa, 2013, 360 pages.

Bordeau J., Storytelling et contenu de marque : la puissance du langage à l’ère numérique, Ellipses, Paris, 2012, 235 pages.

Jean-Jacques Lambin, Marketing stratégique et opérationnel, Du marketing à l’orientation de marché, Dunod, 2008.

Faillet C., L’art de la guerre digitale, Dunod, Paris, 237 pages.

Van Laethem N., Lebon Y., Durand-Mégret B., La boîte à outils du responsable marketing, Dunod 2e éd., 2012.

Essais Cardon D., Delaunay-Teterel H., « La production de soi comme technique relationnelle ». Un essai de typologie des blogs par leurs publics, consulté le : 25/04/2017 Cardon D., « Le design de la visibilité ». Un essai de cartographie du web 2.0, Réseaux, 152, 2008, pp. 93-137. Articles Beuscart, J. S., Cardon, D., Pissard, N., & Prieur, C., « Pourquoi partager mes photos de vacances avec des inconnus ? », Réseaux, (2), 2009, p. 94.

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Alexis Ren Coissy E., « “Je travaille dur pour entretenir mon corps” », L’Essentiel, 2016, consulté le : 26/04/2017 La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Tables des illustrations Figures Figure 1 : dualité du soi entre être et faire .................................................... 20 Figure 2 : dualité du soi entre réel et projeté ................................................. 23 Images Image 1 : Le selfie à l'époque de MySpace ...................................................... 30 Image 2 : Le selfie d'Ellen aux Oscars 2014 sur Twitter ...................................... 32 Image 3 : Les nombreux selfies de James Franco .............................................. 32 Image 4 : Le selfie royal du prince William ..................................................... 33 Image 5 : Page Instagram d'Alexis Ren (24/04/2017) ......................................... 41 Image 6 : Compte Instagram de Jay Alvarrez (3/05/2017) ................................... 48 Image 7 : Photos retirés d'Instagram ............................................................. 48 Image 8 : en 2015

image 9 : en 2017 ........................................................ 49

Image 10 : Résultat recherche Google sur Alexis Ren ......................................... 50 Image 11 : Photo n°1 d'Alexis Ren ............................................................... 55 Image 12 : Photo n°2 d'Alexis Ren ............................................................... 58 Image 13 : Photo n°3 d'Alexis Ren ............................................................... 60 Image 14 : Photo n°4 d'Alexis Ren ............................................................... 62 Image 15 : Photo n°5 d'Alexis Ren ............................................................... 64 Image 16 : Variété des plans et style de contenu ............................................. 67 Image 17 : Mème sur la page Instagram d'Alexis Ren ......................................... 82 Image 18 : Campagne de de publicité avec des bloggeurs food ............................. 88 Image 19 : Exemple de photos d'Assena O'neill provenant de son compte maintenant supprimé ....................................................................................... 90

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Tables des annexes Annexe n°1 : Questionnaire .............................................................. 76 Annexe n°2 : Réponses au questionnaire .............................................. 82

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Annexes Annexe n°1 : Questionnaire

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Annexe n°2 : Réponses au questionnaire

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Table des matières Remerciements ............................................................................ 4 Sommaire ................................................................................... 5 Table des sigles et abréviations ......................................................... 6 Introduction ................................................................................. 7 Partie I -

Cadre théorique .................................................................. 11

Chapitre 1.

Contexte général ............................................................ 11

A.

Du web social aux médias sociaux .......................................................... 11

B.

Médias sociaux et réseaux socionumériques .............................................. 12

C.

Fonctionnalités et usages des RSN .......................................................... 13 a.

Instagram .................................................................................... 13

b.

Snapchat ..................................................................................... 15

D.

La génération Y ................................................................................ 15

Chapitre 2. A.

L’identité numérique ......................................................................... 16 a.

La dynamique « expressiviste » .......................................................... 17

b.

Des identités multiples .................................................................... 18

c.

L’expression de l’individualisme ......................................................... 19

d.

Le désir de transformation de soi ....................................................... 21

B.

La mise en scène de soi sur les réseaux sociaux .......................................... 24 a.

Les formats de visibilité ................................................................... 24

b.

Typologie des expositions de soi sur Internet.......................................... 27

C.

La photographie comme outil de mise en scène de soi.................................. 29 a.

b.

De la photo MySpace au selfie ........................................................... 30 a1.

L’autoportrait sur MySpace : l’ancêtre du selfie ............................... 30

a2.

La popularisation du selfie ......................................................... 31

L’usage de la photographie dans l’expression de soi ................................. 34

Chapitre 3. A.

B.

Image de soi sur Internet et les réseaux sociaux ....................... 16

Stratégie de dévoilement de soi sur Internet ........................... 35

La gestion de l’identité numérique ......................................................... 35 a.

Le Personal Branding ...................................................................... 35

b.

Image de marque, réputation et notoriété : trois notions à distinguer ........... 37 b1.

Image de marque .................................................................... 37

b2.

Réputation ............................................................................ 38

b3.

Notoriété ............................................................................. 38

Les Influenceurs du Web social .............................................................. 39

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a.

Le visual social media marketing ........................................................ 40

b.

Le cas d’Alexis Ren ........................................................................ 40

Partie II -

Étude de cas : la stratégie digitale d’Alexis Ren ........................ 43

Chapitre 1.

Approche méthodologique de l’étude ................................... 43

A.

Contexte et terrain de l’étude proposée .................................................. 43

B.

Le choix d’Alexis Ren ......................................................................... 43

C.

Les différents types de recherche .......................................................... 44

D.

La vision d’Alexis Ren ......................................................................... 46 a.

Son histoire avec Jay Alvarrez ........................................................... 46

b.

Ce qu’on apprend d’elle sur Internet ................................................... 50 b1.

Ses réseaux sociaux ................................................................. 52

b2.

Sa stratégie ........................................................................... 52

b3.

Son image ............................................................................. 53

Chapitre 2.

Analyse sémiologique ....................................................... 54

A.

Objectif de l’analyse sémiologique ......................................................... 54

B.

Présentation de l’analyse sémiologique ................................................... 54 a.

Les photos analysées....................................................................... 55 a1.

Photo n°1 ............................................................................. 55

a2.

Photo n°2 ............................................................................. 58

a3.

Photo n°3 ............................................................................. 60

a4.

Photo n°4 ............................................................................. 62

a1.

Photo n°5 ............................................................................. 64

b.

Autres éléments analysés ................................................................. 66

Chapitre 3.

Le questionnaire ............................................................ 69

A.

Objectif du questionnaire .................................................................... 69

B.

Description du milieu, de la population et de l’échantillon ............................ 69

C.

Présentation du questionnaire .............................................................. 70 a.

Conception du questionnaire ............................................................. 70

b.

Diffusion du questionnaire ................................................................ 73

c.

Les limites de l’enquête .................................................................. 73

Partie III Chapitre 1.

Synthèse et discussions des résultats ..................................... 76 L’efficacité de la stratégie digitale d’Alexis Ren ...................... 76

A.

L’interprétation des principaux résultats.................................................. 76

B.

Confrontation aux hypothèses de recherche .............................................. 80

Chapitre 2.

Les dérives de la mise en scène de soi sur Internet ................... 83

A.

Vers un marketing de soi au détriment de la réalité vécue ? ........................... 84

B.

« Social media isn’t real » : Le témoignage d’Essena O’Neill .......................... 89

Conclusion .................................................................................. 91 La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren

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Bibliographie ............................................................................... 94 Tables des illustrations ................................................................ 100 Tables des annexes ..................................................................... 101 Annexes ................................................................................... 102

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Nom et prénom : BOUSSAUD Julie Titre du mémoire de recherche : « La représentation de soi au travers de la communication digitale : le cas d’Alexis Ren »

Résumé : Ce travail présente une étude sur la représentation de soi qu’effectuent les personnalités d’Internet en communiquant sur elles-mêmes avec, à leur disposition les incontournables outils que propose Internet. Dans cette dynamique, une étude de cas sur la personnalité d’Alexis Ren, véritable star sur Instagram, a été effectuée dans le but d’analyser et comprendre sa propre représentation sur les réseaux sociaux ainsi que l’image de marque qu’elle véhicule. Abstract: This work presents a study of the self-representation celebrities can show on the Internet using web tecnologies such as social networks. In that direction, one case study was conducted, based on the Instagram’s star Alexis Ren, to access her personal digital communication strategy on social media and thus understanding the brand image she is promoting. Mots clés : Représentation de « soi », mise en scène, stratégie digitale, identité numérique, identité idéale, identité voulue, identité réelle, image de marque, notoriété, réputation, communication digitale, réseaux sociaux, personnalités d’Internet, expression identitaire.

Composition du jury de soutenance : Madame Aurélie BLOT et Monsieur Jérémie BALLARIN Adresse personnelle : 2140, route du fan 44420 LA TURBALLE Téléphone : 06 89 43 38 96


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