Julie BOURQUARD
Année de Master 2 Sous la direction de Jean-Marc HUEBER Mémoire dans le cadre du diplôme d’Architecture
Construire en pays Catalan au XXIème siècle Les matériaux locaux au service d’une architecture catalane bioclimatique et respectueuse de l’environnement.
Banyules sur Mer
Décembre 2012
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille Département H21, Habiter le monde au 21éme siécle
Remerciement Je voudrais remercier Sébastien Frère pour avoir pris le temps de me parler de l’histoire du Moli d’en Cassanyes et Nina Debey Frère pour m’avoir guidé dans les rues de Perpignan. Un grand merci à David Guarrigolas, compagnon du devoir, pour m’avoir éclairer sur la construction ancienne et la condition sociale des siècles derniers dans les Pyrénées-Orientales. Merci à Jean Peytavin qui a pris le temps de répondre à mes questions sur le coût et le temps de construction de différents murs. Merci à Thierry Duclerc de m’avoir orienté dans mes recherches. Et enfin je remercie l’équipe enseignante du séminaire science constructive du département H21 de m’avoir encadré ce semestre durant l’élaboration de mon mémoire, à savoir Isabelle Fasse Calvet, Mohamed Belmaaziz, Daniel Halik, Marc-André Valey-Dabat et Jean-Marc Hueber.
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Sommaire Remerciement.................................................................................... 3 Sommaire........................................................................................... 5 Préambule......................................................................................... 7 Avant-Propos.................................................................................... 8 ABCDaire......................................................................................... 9 Introduction..................................................................................... 10 Problématique................................................................................... 11 I Un héritage technique et culturel................................................... 12 Territoire d’étude.......................................................................... 12 Resources naturelles.................................................................... 13 Répertoire des matériaux locaux..................................................... 14 Mode de vie traditionnel................................................................ 20 Typologie de construction traditionnelle catalane.......................... 22 Typologie constructive lié aux matériaux locaux.............................. 28 Technique de construction catalane............................................... 30 Évolution économique et sociétale................................................. 34 II De nouvelles mises en oeuvre pour les matériaux locaux................ 38 Techniques modernes et contemporaines......................................... 38 Techniques adaptées aux matériaux locaux....................................... 44 Logique d’industrialisation des matériaux locaux............................. 46 III Une architecture bioclimatique de qualité environnementale en pays catalan.................................................................................. 48 Contraintes locals........................................................................ 48 Principes et notions à prendre en compte....................................... 48 Qualité environnementale............................................................. 53 Établissement de nouvelles typologies constructives...................... 53 Conclusion...................................................................................... 63 Bibliographie.................................................................................... 64 Sources........................................................................................... 65 5
Préambule Le mémoire de fin d’étude en architecture est du temps qui m’a été accordé pour faire des recherches sur le sujet de mon choix et d’en parler avec un regard personnel pour y apporter quelque chose de nouveau. Depuis que je suis en école d’architecture j’ai appris à voir les choses d’une autre façon. Cependant notre terrain d’apprentissage a presque toujours été Marseille et ses environs alors que j’ai grandi en Catalogne Nord. J’ai donc étais curieuse d’appliquer ce nouveau regard sur cette région qui me tient tant à cœur et qui a plein de secrets à me dévoiler. Je voudrais que ce travail me permette de prendre de l’élan sur la voie professionnelle que je convoite, à savoir l’architecture bioclimatique, la protection de l’environnement et l’art de vivre. Ainsi, j’ai étudié l’architecture vernaculaire Catalane et les matériaux locaux pour leur donner une dimension bioclimatique, contemporaine, écologique et culturelle nouvelle.
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Avant-propos L’architecture bioclimatique, les maisons passives et les maisons à énergie positive existent déjà et leur mise en œuvre est maintenant bien connue. Cependant le lieu d’encrage, c’est à dire le paysage, la culture, les savoirsfaire et les matériaux locaux, n’est pas pris en compte dans la réflexion à grande échelle sur la construction respectueuse de l’environnement. Coller dans un paysage quelconque un prototype de maison verte serait suivre le même processus de construction du siècle dernier insuflé par la révolution industrielle et le changement brutal de nos sociétés. Ce sont ces inovations économiques qui ont rangés l’architecture vernaculaire et ses savoirs-faire dans le passé pour s’affranchir de son coût, de ses problèmes techniques et de son esthétisme témoin d’un mode de vie dépassé. Les solutions qu’elle apportait à des problèmes thermique et climatique locale ont eux aussi été oubliés. Le réchauffement climatique du en grande partie à la consommation considérable des bâtiments en énergie et le coût grimpant de cette dernière a nourri la réflexion et le développement d’une architecture alternative moins énergivore. La pollution de notre environnement, coupable d’une dégradation générale de l’état de santé des êtres vivants, mène à une nouvelle prise en considération des matières premières, de leur extraction à leur mise en œuvre. La prise de conscience lente mais collective permet de partager les idées et d’accélérer le processus de production et de construction de bâtiments sains à moindre dépense énergétique. Désormais la petite échelle devient de plus en plus intéressante par l’approfondissement de la question sur les valeurs écologiques : Construire où ? avec quoi ? Comment ? Pourquoi ? Pour qui ? Avec comme intention de réponse, la préservation d’un écosystème environnemental, économique et social.
ABCDaire
Techniques constructives Identité régionale
Paysage
Architecture bioclimatique Tirer profit des ressources Matériaux locaux naturelles Qualité environementale dans un soucis de respect de l'environnement Confort au service de l'habitant Culture Catalane qui habite une région. Propriétés physiques
Économie Savoir-faire
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Introduction Comme tout département, les Pyrénées-Orientales a ses propres références culturelles antérieur à la diffusion des modèles nationaux du dernier siècle. L’architecture catalane, qui se lit facilement dans le paysage local de part le choix des matériaux, est un repère géographique et culturel efficace. Il est évident qu’ « ici » et « là bas » ne sont pas les mêmes réalités et n’ont pas les mêmes contraintes. Pourtant, nous construisons à peu près partout pareil car nous cherchons à atteindre des objectifs communs, relatif au XXIème siècle, qui sont le respect de l’environnement, le confort et l’économie d’énergie avec pour outil l’architecture bioclimatique et écologique. Si l’architecture bioclimatique s’inspire des cycles de la nature et que l’architecture vernaculaire est naturelle alors il y a peut être un lien à faire entre les deux en un point donné ? D’ailleurs, l’architecture ancienne catalane était peut être une forme d’architecture bioclimatique ? Les matériaux locaux exploités dans le temps sont ils utilisables en construction contemporaine et sous quelle forme ? Toutes ces questions nous mène à la problématique suivante ; Comment en revisitant des savoirs-faire traditionnels et des propriétés de matériaux locaux contribuer à la réflexion et à la conception d’une architecture catalane bioclimatique et respectueuse de l’environnement ? Pour répondre à cette question il faut d’abord s’immerger dans l’histoire du lieu étudié puis dans l’héritage culturel et architectural existant par l’assimilation des matériaux locaux et des techniques de construction traditionnelle. Par la suite, il faut s’intéresser aux techniques de mises en œuvre nouvelles et leur possibilité d’exécution avec les matériaux locaux pour définir de nouvelles typologies de bâtiments écologique fidèlent au processus de construction ancien et à leur lieu d’implantation. Mes compétences ne m’ont pas permi d’établir des chiffres et des données précis. Je développe une réflexion personnelle basée sur un processus ancien de la pensée constructive passant du lieu d’implantation aux choix du matériaux et à leur mise en oeuvre. La question du lieu de construction est la porte d’entrée d’une réflexion globale à une échelle locale qui tiendrait à réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement.
Problématique
Comment en révisitant des savoirs-faire traditionnels et des propriétés de matériaux locaux contribuer à la réflexion et à la conception d’une architecture catalane bioclimatique et respectueuse de l’environnement ?
I Un héritage Culturel II Un héritage Technique III De nouvelles mise en oeuvre pour les matériaux locaux IV Une architecture bioclimatique et qualité environnementale locale
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I Un héritage technique et culturel Territoire d’étude Le Roussillon est devenu le département des Pyrénées-Orientales après le traité des Pyrénées en 1656. Avant ça, la Catalogne regroupait depuis 1172 les Pyrénées-Orientales françaises et la région de Catalogne espagnole où la langue officielle est encore le Catalan. La culture s’y est donc développé entre les influences de la France, de l’Espagne et plus subtilement entre d’autres pays méditerranéens. Son territoire se définit géographiquement par les massifs des Pyrénées au Sud et à l’Ouest, ceux des Corbières au Nord, par la mer méditerranée et les étangs de Leucate à l’Est. Les sousrégions sont très diversifiées de part le changement rapide entre plaine et montagne et cela se ressent notamment dans la ressource locale en matériaux à travers différentes typologies de constructions anciennes.
Carte des Pyrénées-Orientales
Resources naturelles Je ne m’intéresse qu’au département des Pyrénées-Orientales et ferme les yeux volontairement sur les régions voisines pour tirer profit des resources de ce territoire. Les autres régions étant là que pour soutenir la production locale en apportant ce que la région n’est pas capable de produire.
Carte géologique des Pyrénées-Orientales
13 Carte de l’exploitation des matériaux en Pyrénées-Orientales
Répertoire des matériaux locaux Construire avec ce que l’on a de plus proche, et non avec ce que l’on fait venir de loin, est déjà une économie en énergie et en coût de transport. D’ailleurs, il se dit qu’il est plus adapté de se protéger du climat à un point géographique donné avec ce que l’on y trouve en terme de propriété des matériaux. De plus cela serait une base de développement et de sauvegarde pour l’économie et la culture locale. LE BOIS Pour des raisons atmosphériques et hygrométriques il vaut mieux utiliser le bois du lieu où l’on construit. Le bois n’est que très peu exploité (Vallespir, Cerdagne et secteur col de Jau) et la majorité des récoltes part à l’extérieur du département pour être débité en éléments de construction. Contrairement aux idées reçues, la forêt des Pyrénées-orientales est en constante expansion depuis 150 ans, durant lesquelles elle a quadruplé. Selon une Étude Régionale Bois énergie, AEF et IET en 2007, l’exploitation de la forêt pourrait passer de 20% à 58%.
Le pin sylvestre est connu et très apprécié dans la filière bois. Le pin à crochet est en cours d’homologation comme bois de charpente. Il a l’avantage d’être naturellement imputrescible et n’a pas besoin d’être
traité. Ils sont tous les deux exportés mais depuis peu ils sont exploités sur place, comme les grumes de douglas des Fenouillèdes. Ils sont en partie débités en planches et charpente dans la scierie intercommunale « Capcir -Haut-Conflent » ouverte en 2010. C’est un investissement aidé par l’État et la région pour la relance de la filière bois, suite à une tempête dévastatrice, révélatrice de l’appauvrissement de l’économie montagnarde. De grosses quantités de bois tombé devaient être débitées. Pour répondre aux attentes des clients (privé, entreprise, artisan), le débitage est fait sur mesure, du tasseau à la charpente en passant par la planche. Le traitement du bois est réalisé par étuvage à très forte température ce qui évite l’utilisation de produits chimiques. Le bois non sciable et les chutes sont transformés en bois déchiquetés utilisés par les chaudières publiques ou privées du territoire ou directement par la chaudière du séchoir à bois. Les commandes peuvent même être livrées à domicile et les prix sont concurrentiels. Les arbres fruitiers sont plus souvent réservés à la construction de meubles. Les autres avantages de ce circuit court qu’est l’exploitation du bois local est que l’entretient des forêts engendre une économie locale et la protection de l’environnement. Des emplois directs et induits ont été créés et les risques d’incendie sont diminués.
L’ARGILE L’argile est depuis très longtemps utilisée sous forme de brique dans les Pyrénées-Orientales comme le témoignent les grands monuments de Perpignan à savoir le palais des rois de Majorque, le Castillet et la cathédrale Saint-Jean. Les tuiles en terre cuite recouvrent les toits de la plaine, des vallées et les zones de moyenne montagne. Cuit, les matériaux ne sont pas renouvelables mais recyclables. En revanche, il n’y a jamais eu de construction en terre crue ou du moins il n’y en a aucune trace dans le patrimoine catalan. Le gonflement de l’argile et le manque de maîtrise de ce matériau en sont peut être les raisons. Elle a cependant un potentiel dans la construction grâce aux recherches poussées et contemporaines de l’utilisation de ce matériau dans de très nombreuses régions du monde comme en Australie. 15
LA PIERRE Provenant de l’épierrage des champs ou du terrain à construire, la pierre, comme la terre, est un matériau utilisable de manière simple de nos jours car on la trouve presque partout. En plus d’être un beau matériau, elle s’inscrit dans une démarche de développement durable. En effet, elle est naturelle et ne pollue donc pas l’espace intérieur car elle ne nécessite pas de produit de finition et se patine avec le temps. Elle a une inertie thermique intéressante, elle est recyclable et si son extraction est soumise à une réglementation environnementale stricte alors les impacts sur le paysage et l’environnement est moindre. D’après la carte géologique des Pyrénées-Orientales, qui vient confirmer les observations des pierres dans les constructions, il y a la présence de schistes, de granites, de gneiss, de marbres et de calcaires. Les galets de rivières sont aussi des pierres utilisées dans la plaine et la vallée de la Têt. CALCAIRE Le calcaire est présent dans la vallée de l’Agly et dans les Corbières. Il pouvait être utilisé sous forme de bloc de construction ou bien transformé en chaux, par la cuisson de la matière première, pour être utilisée comme liant et enduit. Il y avait des fours à chaux un peu partout où le calcaire pouvait être extrait. Contrairement au mortier de ciment qui fait sa prise à l’eau, le mortier à la chaux fait sa prise à l’air. Quel que soit le type de matériaux (brique, pierre ou bois), la maçonnerie liée au mortier de chaux a besoin de respirer. Les enduits de ciment imperméabilisent la surface d’un mur maçonné alors que l’enduit de chaux est respirant et souple mais il doit être le moins perméable possible pour éviter l’intrusion d’humidité par l’extérieur. La meilleure solution est de le lisser plutôt que de lui donner un aspect rugueux. Sa mise en œuvre ne doit pas être faite en période de gel. Le calcaire peut aussi être transformé en plâtre, matériau qui est déjà plus répandu que la chaux dans la construction contemporaine et qui est lui aussi idéal pour la construction écologique.
LE ROSEAU Le roseau est très présent dans le département, il pousse au bord de tous les points d’eaux, des rivières, des étangs, des ruisseaux qui sillonnent la plaine et même sur les terrains vagues et le bord des voies routières et ferrées. Il est utilisé dans la construction de cabanes de pêcheur au bord des étangs. Mais ailleurs, les propriétaires ou les collectivités locales défrichent et brûlent en tas les roseaux qui sont parfois un vrai fléaux. Pourtant, sa teneur en silice lui donne une durabilité exceptionnelle et une résistance aux agents climatiques. Il est aussi un bon support pour l’application d’enduit en argile, chaux ou plâtre. C’est une matière première qui, de part sa quantité et ses propriétés, est un potentiel pour la construction écologique catalane. Bien sur, son exploitation doit être contrôlée et répondre à des normes environnementales pour éviter la détérioration de milieu fragile comme au bord des étangs où la faune en dépend. Il ne s’agirait que de la récupération des roseaux défrichés en bord de voie de chemin de fer, de l’entretien des roselières naturelles ou tout autre endroit où le roseau constitue un risque d’incendie. LE LIEGE Le liège, qui est l’écorce du chêne-liège, est une ressource elle aussi ancienne mais dans la fabrication de bouchons, liée aux activités viticoles. De nos jours le liège peut être utilisé comme isolation mais son exploitation resterait faible ou du moins à l’échelle de la sous-région par la présence enracinée de l’industrie du bouchon et par la limitation des ressources. LE FER Les minerais de fer des contreforts du Canigou étaient très réputés mais les « forges à la catalane » ont disparu avec l’apparition des hauts-fourneaux dans l’Est de la France. Leur exploitation avait commencé à l’époque des Romains, en -200 ans avant Jésus Christ, et a marqué le patrimoine catalan. C’est au XIVème siècle que l’économie minière a pris de l’ampleur avec le
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perfectionnement des forges hydrauliques. Arles-sur-Tech était la plaque tournante du fer dans le Vallespir avec la présence des mines de Batère et la sous-région est réputée pour ses maîtres ferronniers. La tradition a perduré, ce matériau a servi pour la construction de passerelles, de balcons, de portails, de grilles, de croix et autres éléments architecturaux catalans. Ce matériaux a donc un fort caractère culturel et il peut être une ressource intéressante pour un développement plus industriel dans la construction. Ses caractéristiques structurelle et renouvelable ont une place dans la réflexion sur une architecture locale.
Il y a plusieurs bonnes raisons économiques d’utiliser les matériaux locaux : lorsque les matériaux sont à portée de main, le temps et le coût de transport est réduit, ce qui permet aussi d’éviter les délais de livraison responsables de retard de chantier lors des ruptures de stock sur les chantiers et chez les fournisseurs. En cas d’urgence, un maître d’ouvrage peut aller lui même chercher les matériaux qu’il a besoin en petite quantité. En fin de chantier, les matériaux non utilisés peuvent être facilement retournés en magasin, ce qui permet une économie de matière et de budget.
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mode de vie traditonnel Les riches propriétaires se faisaient construire, par les plus grand soin des artisans, des maisons avec des matériaux nobles comme le marbre, la brique, le fer forgé de façon admirable et de belles pierres taillées. Les hôtels particulier et maisons de maîtres Plan carré organisé sur espace central. Cour intérieure ou patio et escalier (en plaine) ou hall et escalier intérieur (en montagne). Dans les villages il peut se caractériser par un jardin. RDC : caves, remises et dépendances. 1er étage : Pièces principales. 2e étage : les Chambres. Dernier étage : les chambres de domestiques. A l’arrière un escalier indépendant relie les étages. La modérature de ces façades est un élément important de ce type d’immeuble où la richesse du propriétaire doit s’y lire à la qualité de la pose des pierres taillées ou des briques. L’entrée se caractérise par une porte monumentale en planches ou panneaux de bois travaillés dans une embrasure de pierre taillée parfois sculptée. La pose de chéneaux, en terre cuite vernissé fait à la main, sur des corniches en cayroux était un luxe avant de s’étendre à toutes les constructions, avec l’apparition d’éléments en terre cuite moulée puis en zinc et tôle d’acier pour la zone de montagne.
Hôtels particuliers du XIXème siècle Perpignan
Les autres construisaient avec ce qu’ils trouvaient sur place. L’histoire de leur vecu est forgé et à forgé le paysage architectural. Des extensions été faites au fur et à mesure avec les moyens du bord ou, par la suite, avec de nouvelles techniques industrielles plus rapide et moins chères à la pose. Le choix économique passait avant le choix esthétique ou écologique. Les maisons « laides » étaient donc témoin de la pauvreté des familles.
Exemple de reconversion des bâtiments du Mas Cassanyes à Sorède avec un changement d’activité d’une génération à l’autre. La bergerie du XIXème siècle a été transformée en cave au XXème siècle. Héritage riche et divers.
La population vivait dans des bâtis regroupés en village, où les noyaux anciens sont toujours présents, ou dans des constructions isolées correspondant aux élevages et aux exploitations agricoles des terres. Les propriétaires terriens avaient de grandes bâtisses qui servaient essentiellement à l’exploitation et une petite superficie au dessus des étables et écuries était réservée à l’habitation. Les Immeubles collectifs Un immeuble de 5 à 6 niveaux en ville et 3 à 4 niveaux dans les villages sur une trame rectangulaire avec un logement par niveau et une façade sur rue étroite. Les maisons familiales Sur 4 niveaux maximum dont une remise à l’origine inhabitée en rez-de-chaussée et un grenier dans les campagnes. Parfois ce grenier était ouvert pour faire sécher les récoltes.
Villefranche, Années 1880
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Typologie de construction traditionnelle catalane Pierre maçonnée La structure en pierres maçonnées est renforcée par des chaînes et des encadrements d’ouverture en briques ou en pierres taillées. Les gros blocs se trouvent en partie basse et la taille des pierres diminue avec la hauteur pour une meilleure résistance du mur. Sur les grandes portées se sont des contreforts montés en cayroux qui supportent les poutres. Parfois, des rangs de cayroux tous les 50cm sont intégrés lors du montage du mur dans un soucis de prise de séchage du mortier de chaux lors de la pose puis de séchage du mur lors de l’utilisation. En montagne, il n’y a a pas de lit de cayroux mais des chaînes d’angle en pierre taillée. Pour les constructions simples, à moindre coût, le linteau est en bois, les jambages en terre cuite et l’appui en terre cuite ou dalles de pierres de calcaire. Le linteau est fait en cayroux lorsque la maison devient plus importante. Parfois un enduit recouvre les façades. Il existe aussi une méthode dite « romaine » utilisée en plusieurs endroits du département. Il s’agit de monter la paroi intérieure et extérieure, parfois à l’aide d’un coffrage, puis de couler un béton romain au cœur de l’ouvrage. Le béton romain est une des désignations du béton à base de mortier de chaux. Caractéristique physique Mur respirant, laissant filtrer la vapeur d’eau. La remonté capillaire de l’humidité du sol fait que le premier niveau est un peu humide. Si un enduit étanche est ajouté il finira par se décoller. La désagrégation du mortier de ciment puis le délitage de la maçonnerie est possible. Il faut favoriser le mortier de chaux. Remarquable capacité à la déformation du à la plasticité du mortier à la chaux et à la forme plus ou moins arrondie des pierres. Coût de construction d’un mur en pierre ; 220 Euros / m² pour 50 cm. Coût de construction d’un mur en agglo ; 60 Euros / m² pour 20 cm. Ces chiffres expliquent l’intéret financier de l’époque de choisir les méthodes de constructions modernes plutôt que les méthodes traditionnelles.
Mur en pierre 50 cm Maison de village en pierre
Maison de village en galet de rivière et cayroux
Mur en galet de rivière et lit de Cayroux 44 cm
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Brique maçonnée Elle est surtout utilisée dans les villes de la plaine. Les ouvertures sont faites par un linteau en cayroux qui forme un arc brisé ou par des blocs de granite. Parfois un enduit recouvre les façades. La corniche est réalisée par des couches décalées de cayroux empilés parfois en quinconce. Caractéristique physique Contrairement au mur en pierres (galet, schiste ou granit), la brique supporte mal l’humidité. Par contre, les encadrements d’ouverture et les chaînes d’angle sont tout aussi solides structurellement. Coût de construction ; 70 Euros / m² pour un mur de 22 cm d’épaisseur ou 140 Euros / m² pour un mur de 44 cm d’épaisseur.
Immeuble en brique dans Perpignan
Mur en Cayroux 44 cm Mur hétérogène soigné en cayroux, galet, granit taillé
Mur hétérogène pierre de tout venant 50 cm Mur hétérogène agricole avec pierre de tout venant et cayroux
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Pan de bois Les murs en pan de bois sont utilisés pour faire des encorbellements, autrement dit pour alléger des porte-à-faux, mais le reste de la construction est en pierre. Il faut veiller à ce que les murs ne soient pas surchargés, par des doublages en briques par exemple. Les façades sont toujours enduites pour protéger le bois. Les toits s’avancent suffisamment pour protéger au mieux la façade de la pluie. L’encadrement des ouvertures est constitué par la structure bois. Caractéristique physique Le bois doit être bien protégé de l’humidité pour ne pas se détériorer et prendre ses caractéristiques structurelles.
Mur en Pan de bois 20 cm
Maisons de centre ville en encorbellement
Maisons de centre ville en encorbellement
Coupe d’une maison à encorbellement
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typologie constructive liée aux matériaux locaux
E D C
A B
A Granit - Dorres
B Ardoise - Valcebollère
Cette carte met en évidence la logique de construction avec les matériaux disponible à proximité du lieu d’édification du bâtiment.
C Schiste - Taulis
D Galet - Saint-Jean-Lasseille E Brique - Perpignan
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Technique de construction catalane Escalier à voûte catalane
Escalier à voûte «catalane» ou «sarrasine»
Paillasse en brique platrière pour le moulage de l’escalier
Fer forgé
Campanile de la cathédrale Saint-Jean et balcon en fer forgé
Tortugada
Cheneaux en terre cuite vernissée
Tuiles maçonnée et tuiles en llose
Toit en tuile de terre cuite maçonnée
Toiture en llose, tuile en ardoise
Porche
Porche en Cayroux et porte clouté
Porche en Granit taillé et porte en fer forgé
Linteau et ouverture en Cayroux
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La rareté de bois exploitable pour faire des poutres de longue portée a fait que les trames de construction variant entre 4 et 6 mètres entre deux murs portants. L’absence de ferme à aussi conditionné les maisons à pente unique. Les zones entourant la plaine du Roussillon étaient plus pauvres et cela se remarque dans la construction par l’absence d’éléments en façade, de chéneaux ou d’éléments importés des régions voisines (comme la brique et le bois). Les petites maisons, les petites ouvertures, l’absence de jambage et les nombreux murs de refend témoigne de la fragilité de la maçonnerie. En façade, la présence d’enduit est plus rare qu’ailleurs et il n’y a pas d’ordonnance dans les ouvertures qui sont souvent en quinconce. L’humidité, les infiltrations d’eau et le manque d’isolation sont les défaillances principales du bâti ancien. Une étanchéité en toiture défaillante, des remontées d’eau par capillarité dans les murs des rez-de-chaussée et la dégradation des mortiers et des sections de bois ont rendu grand nombre d’habitations mal faites obsolètes.
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Evolution économique et sociétale L’activité économique fut florissante pendant le royaume de Majorque (1276-1349) mais les conflits successifs avec les pays limitrophes ont étouffé cet élan jusqu’à l’arrivée des chemins de fer. La fin du XIXème siècle est la période de bouleversement de l’équilibre économique et social de la Catalogne Nord. Les modes de vie et les besoins de confort ont évolué avec l’industrialisation puis les avancées sociales. La référence à suivre n’était plus la tradition mais le mouvement moderne. Il a révolutionné la vision sociale tout autant que les formes architecturales. L’exode rural et les immigrations espagnole puis maghrébine ont provoqué une crise quantitative du logement. Les grands ensembles sont apparus et avec eux les techniques de construction plus rapide et moins chère avec des matériaux issus d’une nouvelle industrie où les termes de qualité environnementale et de santé publique n’étaient pas encore pris en compte. Concernant les bâtiments existants, leur entretien a lui aussi était envisagé de manière moderne, suivant un effet de mode pour tourner une page de la condition humaine comme me l’a expliqué Sébastien Frère : « L’enduit a recouvert ces murs qui rappelaient la misère et la souffrance des familles ».
Palais des rois de Marjorque à Perpignan,forteresse du XIVème siècle
Enduit âbimé sur un mur en brique
De façon générale, les trottoirs, les rues, les caves, les murs et les menuiseries ont été étanchéifiés par du goudron, des dalles et des enduits qui protègent les façades des intempéries et cachent leurs irrégularités. Les flux d’humidité du sol et les écoulements des eaux de pluies ont été perturbés et se font plus difficilement. L’humidité remontait par capillarité dans les murs et, piégée derrière les enduits, elle remontait plus haut encore avant de ressortir des murs en les effritant. En été l’inertie des murs était agréable mais en hiver, même si la masse stockait et diffusait un moment la chaleur, il fallait la chauffer et les déperditions étaient importantes. Les techniques de maçonnerie catalane ont donc été remplacées par la production industrielle du parpaing et de la brique creuse. C’était moins cher mais peut être pas plus économique en terme de consommation d’énergie pour le chauffage ou l’entretien et donc en terme d’empreinte écologique. En effet les constructeurs associaient la solution de l’isolation avec celle du chauffage qui compensait les pertes soit disant inévitables de chaleur. Or, l’évolution des recherches techniques prouve le contraire aujourd’hui avec les maisons passives.
Ville nouvelle du moulin à vent à Perpignan, construit en 1962
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Au XXème siècle, outre les aspects d’ordre architectural, esthétique, qualitatif ou culturel, la revalorisation du bâti ancien est un enjeu pour l’économie locale. En effet les entreprises du Bâtiment et des Travaux Publics sont tombés en crise par l’asphyxie de leur activité et de leur savoirfaire. Il devenait moins cher de construire en neuf, en périphérie des villes que d’acheter des maisons de villages qui n’étaient plus compatibles avec les nouveaux modes de vie et qu’il fallait rénover. Les centres historiques se sont en partie vidés à cause de ces raisons et le pouvoir politique de l’époque en a pris conscience ; « Se préoccuper aujourd’hui du bâti ancien, c’est se placer dans la perspective d’un retour ou d’un rattachement des villes et des hommes qui y habitent à leur passé et à leurs racines, ou, tout au moins dans les petites communes, dans la perspective d’une sauvegarde de la continuité du bâti avec le passé. Car réhabiliter, ce n’est certes pas faire revivre l’ancien « tel quel», en guise de décor. C’est avant tout adapter au bâti existant un nouveau mode de vie, révéler dans l’ancien la matière à faire du neuf, et revitaliser ainsi l’ensemble de nos villes et de nos villages, dans le respect de notre patrimoine commun. » Guy MALE Sénateur, 1988. Les enjeux actuels comme l’étalement urbain et la mobilité sont de bonnes raisons de revaloriser ces centres anciens où se concentrerait de nouveau les activités. La hausse constante du prix de chauffage et le gaspillage qui pèse lourd sur nos écosystèmes remet en question de façon évidente l’efficacité énergétique des bâtiments neufs et anciens. Le scandale des produits nocifs pour la santé utilisés depuis l’industrialisation, notamment en construction, souligne la vitalité de s’entourer de matériaux sains. Les techniques constructives doivent désormais répondre à des attentes exigeantes d’économie d’énergie, d’écologie, de santé et de confort.
Le Barcarès, avant la deuxième guerre mondiale
Nouveau quartier touristique Argelès sur Mer, 1939
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II De
nouvelles
matériaux
mises
en
oeuvre
pour
les
locaux
Techniques modernes et contemporaines Après les techniques anciennes de construction re-exploitables je m’intéresse aux techniques modernes ou contemporaines non originaires de la région mais pouvant être mis en œuvre avec les ressources locales énumérées précédemment. Brique monomur La brique monomur est un nouveau produit écologique car 100% naturel, qui a fait ses preuves et qui est de plus en plus utilisé de part ses nombreux avantages. La brique est passé de 4% à 20% du marché des constructions neuves en 15 ans. Il s’agit de briques creuses à petites alvéoles verticales qui assure une isolation par ses poches d’air inertes et qui dispense souvent de toute isolation supplémentaire sous un climat tempéré européen. L’inertie thermique qu’elle apporte et la régulation de l’hygrométrie sont là aussi un gros avantage grâce à sa constitution. Elle est aussi structurellement très résistante et certaines sont homologuées antisismiques. Elle peut être sous forme de bloc, de linteau, de conduit de cheminée, de cloison, d’articulation et de plancher. Des bâtiments peuvent être ainsi montés entièrement en brique.
Résistance thermique d’un mur en brique monomur de 37,5 cm = 3,13 m².K/W 50 cm = 4,17 m².K/W
Construction en terre crue Il existe de nouvelles méthodes de mise en œuvre de la terre crue, il s’agit du pisé dit contemporain qui ressemble beaucoup au béton de ciment. C’est un béton de terre crue et de chaux qui a pour rôle de rendre solide ce matériau de construction. La méthode est mis en œuvre avec succès en Australie depuis les années 1980. Il existe aussi des constructions anciennes où les murs de terre n’ont que l’argile comme liant. Il existe aussi le béton de terre crue qui est coulé comme du béton, dans des banches ou autre coffrage, puis il est vibré afin qu’il se place correctement dans les interstices et pour libérer les bulles d’air. La chaux sert de liquéfiant naturel pour l’argile à l’étape de préparation du béton de terre crue. Une autre méthode consiste à monter un mur avec des briques de terre crue séché, comme avec des briques cuites. Le pôle CraTerre à Grenoble a publié un livre « le traité de construction en terre » qui est le fruit de leurs recherches sur ces modes de construction écologique et économique.
Mur de terre crue coulée à l’aide de banche
Construction d’un mur en brique de terre crue seché
Résistance thermique d’un mur en pisé de 40 cm = 2 m².K/W Pisé, terre tassée entre deux banches
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Construction bois La construction bois est une technique de mise en œuvre rapide et facile d’un matériau naturel et parfois brut qui par son utilisation fixe le CO². Sans ré expliquer les avantages de l’exploitation du bois sur l’environnement, la construction en bois limite les fondations et le volume structurel nécessaire, elle est rapide et légère lors de la mise en œuvre et s’implante sur les terrains même les moins accessibles. Cette technique est à adapter au département avec le bois local et le milieu approprié. En effet, le bord de mer n’est pas un site idéal car le bois supporte mal le sel. En revanche la zone de montagne semple très bien appropriée.
Construction d’une maison en ossature bois
Résistance thermique d’un mur à ossature bois et isolation en ouate de cellulose de 30 cm = 4,16 m².K/W
Composition du mur ; Bardage bois / Tassot / Pare-pluie / Isolation et ossature bois / Pare-vapeur / Plaque OSB / Tassot / Ba13 Coupe d’un mur ossature bois
Toit végétal Le toit végétalisé est une méthode très convoitée dans la construction bioclimatique et écologique. Il a un intérêt écologique et sanitaire car bénéfique pour la biodiversité, l’hygrométrie et la diminution du CO² dans l’atmosphère (à faible dose certes). Il est d’une grande résistance aux intempéries et d’une isolation thermique et phonique appréciable. Enfin, il a un impact paysagé et environnemental positif. Son installation est plus coûteuse mais l’allongement de la durée de vie de l’étanchéité fait qu’il est moins cher qu’un toit un tuile ou en ardoise.
Toiture plate végétalisée
Résistance thermique d’une toiture végétalisée avec isolation en fibre de bois de 40 cm = 4 m².K/W
Composition du toit ; Végétation / Substrat / Filtre / Drainage / Étanchéité résistance à la pénétration des racines / Isolant / Pare-vapeur / Élément porteur 41
Isolation en roseau Sous forme de bottes ou de panneaux, le roseau est un isolant efficace en toiture, paroi et sol. Les tiges de roseau sont empilées parallèlement, comprimées mécaniquement et reliées à l’aide de fils de fer galvanisés pour former des panneaux de 2 à 10 cm d’épaisseur, à la fois solides, rigides dans le sens des fibres, flexibles transversalement, et faciles à mettre en œuvre, par cloutage ou vissage. Les roseaux sont aussi utilisés sous forme de treillis comme coffrage perdu ou comme paroi de support pour les finitions
Enduit appliqué sur un support en roseau
Résistance thermique d’un panneau d’isolation en roseau de 12 cm = 2 m².K/W 8 cm = 1,33 m².K/W
Panneaux de roseaux
Isolation en liège Cette matière première est réduite en granules puis expansée à la vapeur à haute température en four autoclave. Les granules y brunissent, se dilatent et s’agglomèrent entre eux par l’effet de la résine qu’ils contiennent, la subérine. L’aggloméré est ensuite découpé selon les épaisseurs désirées. Son pouvoir isolant tient à l’air enfermé dans ses cellules fermées.
Chêne liège des Albères dont le liège a été exploité
Résistance thermique d’un panneau d’isolation en liège de 5 cm = 1,19 m².K/W 10 cm = 2,38 m².K/W
Panneaux de liège
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Techniques adaptées aux matériaux locaux
Résistance thermique d’un mur en Cayroux avec une isolation en fibre de roseau de 60 cm = 2,52 m².K/W Parement/Isolation/Brique 4 cm /12 cm /44 cm
Mur en brique avec isolation extérieur en fibre de roseau 60 cm
Résistance thermique d’un mur en pierre avec isolation en mélange de chauxchanvre de 60 cm = 2,78 m².K/W Pierre / Chaux-bois / Pierre 22 cm / 16 cm / 22 cm Mur en pierre avec isolation au milieu en mélange chaux-chanvre 60 cm
Résistance thermique d’un mur en deux parements de Cayroux avec isolation en fibre de roseau de 60 cm = 3,05 m².K/W Brique / Isolation / Brique 22 cm / 16 cm / 22 cm Mur en brique avec isolation au milieu en fibre de roseau 60 cm
Comparaison avec une technique moderne
Résistance thermique d’un mur en agglo de béton avec isolation en laine de verre de 34 cm = 2,91 m².K/W Enduit / Agglo / Isolation / Ba13 2 cm / 20 cm / 10 cm / 2 cm Mur en agglo avec isolation intérieur en laine de verre 35 cm 45
Logique d’industrialisation des matériaux locaux Pour être potentiellement utilisés, les matériaux locaux doivent en premier lieu être exploités, ce qui est actuellement peu le cas dans les PyrénéesOrientales. J’ai donc fait des hypothèses d’industrialisation de ces matériaux selon mes observations et ma connaissance de la région. Adaptation industrielle et ouverture de briqueterie Pour la production de brique monomur dans les Pyrénées-Orientales il faudrait que la briqueterie déjà existante, à savoir la briqueterie artisanal Saint-Marcel à Saint-Jean-Pla-de-Cort, adapte ses équipements de production pour une activité plus industrielle. Et même si elle devait rester une briqueterie artisanale, de nouvelles briqueteries industrielles pourraient être envisagées en plaine, par exemple à Perpignan, Salses ou Argelèssur-mer. Techniques de cuisson de la terre argileuse par l’énergie solaire La puissance du four solaire d’Odeillo est équivalente à la puissante nécessaire pour cuire une tonne de brique par heure. Même si ce four n’est pas adapté à la cuisson des briques, une nouvelle installation pourrait être envisagée et financée par les économies d’énergie que permettrait ce nouveau four solaire de cuisson comparé à un four électrique actuellement utilisé. Mise en service de nouvelles scieries L’ouverture de nouvelles scieries dans le Capcir , en Cerdagne, en Vallespir ou dans les Aspres permettrait le découpage du bois sur place plutôt que de l’exporter pour qu’il revienne ensuite sous forme d’éléments de mise en œuvre.
Usine de transformation des roseaux et chute de bois en isolant Une installation industrielle servirait de lieu de collecte des roseaux et des bois élagués par les collectivités locales pour les transformer dans un second temps en matériaux de construction. Le bois et le roseau seraient réduits en fibre pour en faire de l’isolation sous forme de rouleau compact d’une épaisseur donnée. Le roseau pourrait aussi constituer des panneaux d’isolation de roseau compact sans être broyé. Usine de transformation du liège en isolant Il faudrait étudier le potentiel d’exploitation du liège pour savoir s’il est industrialisable, même à petite échelle, pour fournir les chantiers environnants en plaques d’isolation en liège. Four à chaux-plâtre Aujourd’hui les fours ne sont que des lieux touristiques et les mines de Dolomite, Calcite et Gypse sont abandonnées. L’extraction du calcaire et sa transformation sur place dans des fours serait une nouvelle impulsion pour la propagation de la chaux et du plâtre comme élément de construction de qualité. Le caractère inépuisable et gratuit de l’énergie solaire pourrait faire que ce four fonctionne aussi au solaire. Exploitation des mines de fer et transformation en élément de construction Les mines inexploitées de fer autour du Canigou pourraient redevenir un filon de l’industrie métallurgique. Même à une échelle artisanale, qui serait peut être plus adaptée à la quantité des ressources, cette activité participerait à une économie locale et revaloriserait l’utilisation du fer forgé dans l’architecture.
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III Une architecture bioclimatique de qualité environnementale en pays catalan Dans ce dernier chapitre, j’ai imaginé des systèmes constructifs bioclimatique impliquant les matériaux locaux à des endroits différents du territoire. L’architecture bioclimatique s’adapte au rythme naturel climatique de son lieu d’implantation en tirant profit des avantages et en s’affranchissant des contraintes pour répondre de façon optimale à un confort naturel. Dès la conception, le choix de la forme et de l’orientation du bâtiment diminue les besoins en énergie et donc le coût et les impacts environnementaux. Contraintes locals Les irrégularités du climat méditerranéen sont ici amplifiées par la présence des reliefs créant une protection, mais aussi une concentration des effets du vent, de la pluie, de la neige, du soleil et de leurs conséquences. Le vent dominant du Nord-Ouest, la Tramontane, est un vent sec, violent et glacial en hiver mais dégage le ciel de ses nuages. Le Marin venant du SudEst humidifie l’air et le vent d’Espagne venant du Sud, en tourbillonnant au pied des Pyrénées, apporte des pluies, parfois diluviennes. Le climat varie aussi d’une micro-région à l’autre. L’endroit le plus ensoleillé en hiver est la Cerdagne alors qu’en été c’est la plaine du Roussillon. La Salanque est l’endroit le plus sec et le Vallespir le plus humide. Principes ET notions à prendre en compte Pour établir ces exemples de construction, je prends en considération des principes de réflexion globale sur bâtiment, à savoir le confort thermique, l’hygrométrie, la ventilation, l’étanchéité à l’air et à l’eau, l’isolation, l’inertie thermique, l’apport et la protection solaire.
Principe d’inertie thermique, isolation, énergie solaire, confort thermique
Principe d’étanchéité à l’eau et à l’air, ventilation, hygrométrie
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Confort thermique La notion de confort thermique est celle dont dépend les autres notions énumérés ci-dessus. Car dans une logique de construction bioclimatique c’est avant tout pour le confort de ceux qui vivront dans un bâtiment que l’on doit définir la mise en œuvre des matériaux, leur proportion, leur ordre et leur épaisseur. L’humidité relative de l’air peut varier entre 35% et 70% sans causer de désagréments particuliers. En été l’air doit être plutôt sec pour ne pas que le processus de transpiration soit ralenti par un air humide. La ventilation rentre donc en jeu. Cependant les mouvements d’air accélèrent les échanges thermiques par convection au niveau de la peau donc lorsqu’ils ne sont pas volontaires ils sont désagréables. Pour éviter ces courants d’air parasites l’étanchéité à l’air du bâtiment est nécessaire et la ventilation doit être adaptée. Une ventilation naturelle forte en été et une douce ventilation double flux en hiver sont à favoriser. La sensation de froid nous vient d’un échange thermique par rayonnement avec une paroi froide. Si la paroi est chaude, nous avons une sensation plus confortable. L’isolation et l’inertie thermique sont indispensable car ils évitent entre autre les ponts-thermiques et stockent de la chaleur avant de la rediffuser en hiver ou sauvegarde la fraîcheur du bâtiment en été. L’apport de la chaleur et de la lumière solaire est très agréable en hiver mais doit être limité en été pour éviter la surchauffe du bâtiment et l’éblouissement. Hygrométrie La gestion de la vapeur d’eau, générée par les activités intérieures, dans un bâtiment est primordiale car si elle se condense en eau sur et dans les parois elle peut engendrer l’apparition des moisissures et la détérioration des matériaux qui perdront de leur efficacité thermique ou structurelle. Un air trop humide en été apporte des sensations désagréables. La régulation hygrométrique interne peut être régulée avec une bonne ventilation. La constitution de l’enveloppe peut être envisagée de deux façons. Soit elle laissera migrer les vapeurs d’eau à l’extérieur grâce à des murs perspirants (composés de frein vapeur et de matériaux dont la résistance
de la migration à la vapeur d’eau diminue de l’intérieur vers l’extérieur), soit elle sera composée d’un pare-vapeur et d’un pare-pluie qui empêcheront cette migration en hiver comme en été vers l’isolant qui doit être protégé. L’humidité remontant par capillarité depuis les fondations dans les murs doit être prise sérieusement en considération. Cette eau doit pouvoir retourner dans l’air et donc elle doit pouvoir sortir du mur naturellement. Un enduit étanche ne ferait que déplacer le problème et la dégradation de celui ci serait inévitable. Par contre, un drain en pied de mur pourrait limiter cette humidité. L’étanchéité intérieure doit être bien conçue pour que cette eau ne rentre par dans le bâtiment mais rien ne doit l’empêcher de remonter et de s’évaporer au contact de l’air extérieur. Étanchéité à l’eau A l’inverse, l’étanchéité à l’eau du bâtiment doit être faite pour éviter que l’eau extérieure pénètre dans le bâtiment. Il s’agit donc de bien soigner la toiture, les éléments de jonctions en façade comme les menuiseries et l’étanchéité de la façade. Étanchéité à l’air L’étanchéité à l’air est faite pour éviter toute intrusion de l’air extérieur à l’intérieur pour que ce dernier soit contrôlé par la ventilation afin de réguler l’hygrométrie et la température intérieure. Ventilation Du point de vue de l’hygiène, la ventilation des espaces intérieurs est indispensable à l’évacuation et au renouvellement de l’air vicié par les activités humaines et par les pollutions intérieures. La réglementation française fixe des débits d’air à renouveler chaque heure en fonction des espaces et des activités qui s’y déroulent. La ventilation naturelle est idéale en été ou lorsque les températures extérieures ne sont pas froides. Une sur ventilation nocturne permet de faire baisser la température du bâtiment (température des parois et température de l’air) surtout en plaine, là où il fait le plus chaud durant l’été. En hiver, et surtout en montagne, la ventilation contrôlée à double flux (échange calorifique entre air vicié sortant
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et air neuf entrant) éviterait les déperditions de chaleur. Enfin le ventilation hygroréglable est une bonne solution pour renouveler uniquement la quantité d’air nécessaire. Elle limite la consommation d’énergie mais est tout de même une perte calorifique. Inertie thermique L’inertie thermique est l’un des outils principaux de l’architecture bioclimatique en terme de confort thermique car par sa capacité thermique (capacité de stockage) elle atténue les variations de température entre intérieur et extérieur. Ainsi, une forte inertie ralentit la baisse de température en hiver et l’augmentation de température en été. Elle peut aussi retarder la période de début de chauffage en automne. Isolation L’isolation est une barrière qui empêche les calories de partir en hiver et de rentrer en été. Elle doit être adaptée au maximum pour éviter les pontsthermique qui sont des points de déperdition de la chaleur et donc de l’énergie. Par son action, elle permet aux parois à inertie de se réchauffer et donc crée du confort thermique. Plus la capacité de conduction d’un matériaux est faible, plus il est efficace pour retenir la chaleur. La résistance thermique d’un mur dépend de la conduction thermique d’un matériau et de son épaisseur. Plus elle est élevée, plus l’isolation est efficace. Énergie solaire Enfin, une fois toutes ces notions appliquées à un bâtiment, l’énergie solaire vient compléter le système avec un apport de chaleur direct, gratuit et renouvelable. C’est la solution la plus saine, la plus agréable et la plus économique qui soit de chauffer un bâtiment. Cette source étant non permanente, il faut concevoir la façon de la capter et de la canaliser par le biais de l’inertie et de l’isolation. En revanche, pour un confort d’été, il est préférable de s’en protéger au maximum à l’aide de protection solaire (toit dépassant, casquette solaire au dessus des ouvertures, brise soleil verticaux ou horizontaux, végétation caduque). Cette énergie est largement exploitable dans le département (2000 h en montagne et 2700 h en plaine).
qualité environnementale Plusieurs principes de qualité environnementale concernent ces exemples de construction au stade de réflexion de la conception. Il s’agit avant tout des matériaux locaux. Par leur utilisation les impacts sur la pollution de l’environnement sont minimisés car les distances de transport sont moindres ainsi que le rejet de CO² et de polluants dans l’atmosphère. De plus ils sont naturels car ils ne subissent pas de transformation chimique ce qui est donc favorable pour le confort olfactif et la qualité de l’air intérieur notamment. Leur extraction doit rester maîtrisé (exemple d’un parc forestier écocertifié) et sobre pour l’impact sur le paysage et les nuissances sonores. L’insertion du bâtiment dans le site est une autre notion de qualité environnementale et l’utilisation des matériaux locaux y contribue au même titre qu’une bonne réflexion sur l’orientation et l’implantation d’un volume dans un lieu. La réduction de l’éclairage artificiel au profit d’un éclairage naturel doit être prise en compte dans les exemples exposés postérieurement. Établissement de Nouvelles typologies constructives J’ai essayé d’établir de nouveaux modèles constructifs avec toutes les données exposées précédemment, notamment sur des matériaux locaux et leur mise en œuvre possible. Comme les typologies anciennes elles dépendront de l’environnement de construction et des ressources proches. J’ai donc choisi quatre milieux distincts des Pyrénées-Orientales pour les élaborer : Une zone de montagne, une zone de vallée et de pied de montagne, une zone de plaine et une zone de bord de mer et d’étang.
Zone 1 Montagne
Coupe du département
Zone 2 Vallée et basse-montagne
Zone 3 Plaine
Zone 4 Bord de mer
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Pour chaque exemple je favorise l’utilisation de matériaux laissant migrer la vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur du bâtiment pour que l’hygrométrie soit régulée de façon naturelle. Les pare-pluie ou parevapeur utilisés ici sont des films écologiques à base de lin.
Zone 1 ; Région de montagne
Ressources Matériaux
Forêts, carrière de granit, ardoisière Bois, panneaux de laine de bois, granit, ardoise, toit végétal
La localisation des forêts et les conditions climatiques font du bois le matériau idéal pour une hypothèse typologique de construction à cet endroit là. Le pin à crochet et le douglas non traités sont disponibles et conviendraient pour ce type de construction. La structure du bâtiment est composée d’une ossature bois posé sur un sous-bassement en granit qui protège le bois de l’humidité du sol et des épaisseurs de neige qui tombe en hiver. L’humidité qui remonte par capillarité dans le sous-bassement sèche et une couche étanche appliquée sur le dessus du mur de pierre évite les remontées jusque dans l’ossature. L’isolation est en laine de bois protégée par un pare-pluie laissant la vapeur d’eau transiter de l’intérieur vers l’extérieur et un bardage en bois non verni les recouvre. Le toit est soit végétalisé (dans quel cas il faudrait revoir une structure plus résistante), soit en ardoise d’un village voisin avec encore une isolation en fibre de bois. Le sol est un plancher, posé en hauteur au dessus d’un sol en terre compactée et isolé lui aussi par des panneaux de laine de bois.
Coupe typologique hypothétique de la zone de montagne
Résistance thermique d’un mur en ossature bois et bloc de terre crue avec isolation en laine de bois de 40 cm = 4,18 m².K/W
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Zone 2 ; Région de vallée et de basse-montagne Ressources Matériaux
Rivières, argile, carrières, calcaire Gallet, schiste, terre crue, panneaux de roseaux, chaux, terre cuite, cayroux
Les rivières qui s’écoule dans cette zone, entre la montagne et la plaine, sont des ressources indirect en roseaux et en gallet. La présence de calcaire et d’argile sont l’occasion de mettre en oeuvre une maçonnerie à la chaux et des murs en terre crue. Aussi, d’anciennent carrières de grès et de schistes sont exploitables dans cette zone. La structure et le parement extérieur est en maçonnerie de chaux en galet de rivière (avec lit de Cayroux), en grès ou en schiste sur un sousbassement de même nature. Le parement intérieur de la structure est fait en terre crue par la technique du pisé, du coulage d’argile ou des briques en terre séchée avec des appuis en maçonnerie. Entre les deux parements se glisse une isolation en panneaux de roseaux protégés des excès d’humidité venant de l’extérieur par un pare-vapeur. Le sol est en terre cuite sur chape maigre coulée sur une isolation là aussi faite en panneaux en roseaux. Un dallage en béton et une étanchéité font la liaison au sol. Les porches et les ouvertures sont en Cayroux si la maçonnerie est en galet ou semblable à la pierre de construction, grès ou schiste.
Coupe typologique hypothétique de la zone de vallée et de basse-montagne
Résistance thermique d’un mur en maçonnerie et pisé avec isolation en laine de roseaux de 55 cm = 3,35 m².K/W
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Zone 3 ; Région de plaine
Ressources Matériaux
Argile, calcaire, roseaux Brique monomur, chaux, panneaux de roseaux, carreaux de terre cuite
C’est en plaine que s’étend une terre argileuse largement utilisable en plusieurs lieux pour la fabrication d’éléments de constructions en terre cuite et en terre crue. Le calcaire est là aussi présent pour une utilisation de la chaux comme enduit. La structure est en maçonnerie de bloc de terre cuite dit monomur. Un drain est réalisé au pied du mur pour limiter les remontées d’humidité par capillarité. Un enduit à la chaux vient s’accrocher facilement sur la face crénelée extérieure. L’intérieur est lui aussi enduit à la chaux ou au plâtre. L’isolation est assurée par les poches d’air que renferme les blocs de terre cuite donc un ajout de panneaux isolant est inutile. Le sol est en terre cuite sur chape maigre et panneaux de roseaux repose sur un hérisson ventillé en façade. La vapeur d’eau est libre de s’évacuer par les murs puisqu’ils sont perspirants et l’humidité du sol est limité par la présence d’un drain et d’un hérisson ainsi que d’une étanchéité sur la fondation. Une serre bioclimatique avec ventilation naturelle possible est prévue pour réguler la température de la maison en été comme en hiver.
Coupe typologique hypothétique de la zone de plaine
Résistance thermique d’un mur en bloc monomur de 50 cm = 4,17 m².K/W
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Zone 4 ; Région de bord de mer
Ressources Matériaux
Roseaux, sable, gravier Bois, panneaux de laine de roseaux, Cayroux
Il ya un peu de ressources disponibles en bord de mer, à part quelques matériaux que l’on retrouve aussi en plaine. Cependant le choix d’utiliser des matériaux d’une autre région est dictée par les conditions climatiques, la nature du sol et une logique de durabilité des matériaux là où les embrunts marins salés attaquent rapidement le béton et les enduits. Et c’est parce que le bois de la montagne est léger et le plus résistant au climat de bord de mer qu’il est judicieux de l’utiliser dans cette zone. Son transport est donc justifié et rentabilisé selon le cycle des matériaux. Le sous bassement est en maçonnerie de Cayroux, avec barrière étanche, sur lequel est posé une ossature bois, en douglas ou en pins à crochet de Cerdagne. Le roseau sert d’isolation et une épaisseur de bloc de terre crue assure une inertie appréciable surtout en été. Des contre-cloisons intérieures en panneaux de plâtre et tasseaux de bois sont envisageables à certains endroits notamment pour y faire passer des réseaux électriques ou pour en faire des murs chauffants alimentés par de l’eau chaude solaire. Le sol est en terre cuite ou en pierre posé sur chape maigre, panneaux de laine de roseaux et hérisson de gravier et de sable lavés et prélevés directement sur le site de construction. Un simple film d’étanchéité sépare le sol naturel sablonneux du hérisson. Une serre bioclimatique avec ventilation naturelle possible est prévue pour réguler la température et l’hygrométrie de la maison en été comme en hiver.
Coupe typologique hypothétique de la zone de bord de mer
Résistance thermique d’un mur en ossature bois et bloc de terre crue avec isolation en roseaux de 40 cm = 3,75 m².K/W
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Les coûts de construction sont inconnus car la production des matériaux locaux n’existe pas encore. En règle générale le chauffage est prévu par un poêle à granulés bois et/ ou chauffe-eau solaire avec appoint électrique circulant dans des murs chauffants. La forme de l’habitat peut être dessinée autour d’une cour intérieure (intérêt bioclimatique) ou avec une serre à ventilation naturelle possible pour la régulation de la température intérieure en été comme en hiver.
Les coûts de construction d’un bâtiment dépendent des moyens de mise en œuvre, du budget et des compétences du maître d’ouvrage. Le bâtiment peut être construit par des professionnels, par le maître d’ouvrage assisté d’une main d’oeuvre et d’un architecte ou par le maître d’ouvrage seul. Ces techniques de construction doivent rester à portée de main de la population et ne pas être réservées à une classe aisée. La provenance des matériaux, qui peuvent parfois être disponibles sur le terrain de construction, rend d’autant plus accessible ces systèmes constructifs à qui souhaite se lancer dans l’aventure de bâtir soit même son foyer. L’architecture bioclimatique conçue avec des matériaux locaux est un couple gagnant de l’économie d’énergie et de la réduction de l’empreinte écologique.
Conclusion Nous avons parcouru un répertoire de matériaux et de typologies architecturales traditionnels des Pyrénées-Orientales. Puis nous avons élargi les références en y incluant de nouvelles mises en œuvre possibles avec les ressources existantes déjà exploitées ou non. Le croisement de ces ressources et la pertinence du lieu de leur mise en œuvre a donné de nouveaux exemples de constructions dans des sous-régions différentes de la Catalogne Nord. Les matériaux locaux ont un avenir et un rôle à jouer dans la construction et la rénovation, plus que ce qui pouvait être envisagé avec les techniques de mise en œuvre contemporaines, au service d’une architecture respectueuse de l’environnement. Bien sûr l’auto-construction et l’éco-construction existent déjà mais parfois l’une sans l’autre ou avec un manque de subtilité et de cohérence dans la réflexion globale. En déterminant ces systèmes constructifs, qui demandent une réflexion technique et conceptuelle particulières, c’est donner un guide à ceux qui ont la volonté de construire sans savoir comment. C’est un outil qui permettrait aux habitants d’agir par eux mêmes pour la protection de leur environnement, pour leur identité culturelle et pour leur économie. C’est une façon de semer un mouvement à l’échelle du territoire, pour que la démarche se répande et continue de fonctionner par le biais de tous les acteurs possibles et pour qu’elle ne reste pas que dans les mains expertes des professionnels. Ainsi, l’architecture catalane peut suivre un processus de construction traditionnelle mis au jour du XXIème siècle, pour répondre à de nouveaux enjeux tout en étant en cohérence avec son lieu d’encrage et en étant porteuse d’une identité locale.
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Matériaux terre cuite http://saverdunterrecuite.fr/spip.php?article3 http://www.argiles.fr/Files/AleaRG66.pdf http://www.argiles.fr/
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Énergie pacifique, propre, humaine. http://www.arte.tv/fr/programmes-a-la-semaine/244,broadcastingNum=1390278, day=7,week=47,year=2012.html?fromRSS=true
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Site Durand et fils constructeur Catalan http://www.durandetfilsentreprise.com/
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