Irrigations et drainages

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Encyclopédie agrie ole P m iÉ ií

PAR UNE RIÍUNION D’INGÉNIEURS AGRONOMES SOUS

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DIHECTION

DE

W E R Y

Sous-direcleiip de Tlnslitut nalional agronomíqiie

Introduction par le D'^ P. R E G N A R D ■Direcleur de Tlnslitut nalional agronomique 40 volumes in-18 de chacun 400 á 500 pages, ülustrés de nombreuses figures

Chaí|uo volume : broché, 5 fr. ; carlonné, 6 fr. /. -

CUL TURE ET AmEUORA TWN DU SOL

Agricutture^énérale■ Fntri>nit>

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M. P. Diffloth, professeur spécial d’agricullnre. í

Garola, pi’ofesseur déparlemenlal dagriciiHure ................................... \ d’Eure-et-Loir, dir. de laetalion agronomique. //. —

PñODUCTION ET CULTURE DES PLANTES

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i.i-i.— ....................................\ iM. Gauola, professeur déparlemenlal d’agricullure Plantes fourragéres..................i d’Eure-cl-Loir, dir. de la slation agronomique.

Plantes ¡ndustrielles..................j ‘' ‘ 'n!)m™úe

‘ ‘ ■‘ “ slitut agro-

Culture potagére............. ......... í M. Léon Bussard, s.-directeur de la slation d’essais A„hr,„i,s„i*n„a \ deseiiiences il rinslilut agronomique, professeur Arporiciuture.............................^ ¿q,orLicullure de Versailles. Sylolculture.............................. M. Fron, professeur á l’École foresliére des Barres. vifíPiiifiihP ( M. pAcorrrT, répélileur i rinsUtul agronomique, I ■ *...............................\ mailre de conlérences á l’Ecole de üi’ignon. ___ i L kcq, inspecleur de ragriculture de l’Algérie, Cultures méndionales ...............¡ ///. PñODUCTION Zoologle agrlcole........... ...........1

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ET ÉLEYAOE OES ANURAUX

Entonwlogie et Parasltologie\^\_ ü . Guínaux, répélileur á l'Jnsülul agronomique. agricotes................................. ) Zootechníe genérale etZootecti-\ nie dii C/ieüal.......................... j Zooteclinie des Booidés............. mM. P. Diffloth, professeur spécial d’agricullure. Zootecfxnie des MoutQnsXhéores^ \ Poras......................................./ Alimentation des Aninxaux........ M. Godin, ingénieur agronome. AQUiaulture.............................. M. Delonglk, inspecleur général de l’agricullure. Apiculíure................................. M. iloMMíLi,, professeur régional d’apícullure. , .

( M. VüiTEU.iF.H, professeur spécial d’agriciillure á

Aüiculture.................................. j

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( M. Vkü., nncien sous-direcleur do la slation .séri-

Senciculture.............................. j Hüucl.os-dii-liliüne. C/iasse.Elea. du glbier,Piégeage w. A. De L eííse, ingénieur agronome.


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Encyclopédie agrie ole PUBLTÉE PAR UÑE REUNIÓN D’INGÉNIEURS AGRONOAIES SOUS

LA

DIREGTION

DE

G. W E R Y Sous-Direcleur de Tlnslitut national agrono*^iqne

Introduction par le D‘' P. J I E G N A R D Directeur de Plnstitut national agronomique 40 volumes in-18 de cliacun 400 á 500 pages, illuslrés de nombreuses figures

Chaqué volume, broché ; 5 ir. ; cartonné : 6 í‘r.

iV. — TECHNOLOGIE ÁGfílCOLE Technologie agrlcole {Sucrerie f ) JL SailiLA 1 RD, professeur il TEcoIe des industries meunerie, boulangerie, fécu- C agrico icoles de Douai. le.riüj amidonnerie, glucoserié) Industries agricoles de fermen- ] M. Bodlij^nger, chef de Laborafoire á rinslUut tation {(yidrerie, Brasserie,! Pasleur de Lille. Ilgdromels, Distillerie)........... ' ViniñeaHon Vinaigre, (M . P acottet, répétiteur á rinslituL agronomique. I^au^e-V'ie)........................... ( Maítre de conférences h l’Ecole de Grignon. / í Uh- Mahtin, anclcn directeur de l’Ecole d’indus.....................................( trie lailiere de MamiroHe. ^ iM. Kayser, maitre de conférences a l’Inslilut agroMicrobiologie agrioole. * ■■ ( nomique. . ... M. H.-P. Martin, ingénieur agrononie. Électricité agrioole ... -

Machines agricoles____ Moteurs agripóles. . . . .

GÉNIE RURAL M. Coupan, répétiteur & l'Inslitut agronomique.

Constructions rurales..

..

Orainage et Irrigations.

( M. Risí.kr, directeur lion. derinstilut agronomique. ■■ i W ery, s.-directeur de l’Insliíut agronomique.

VI.

-

M. Dangüy, directeur des eludes <\ l’Kcole d’agriculture de Grignon. P ^ fe se u r i rinstitul. agronomique.

ECONOMÍE ET LÉGISLÁTION RURALES

i M. JonziER, professeur l’École d’agricuUure de économie rurale........................ ) Rennes. Législation rurale.............. . M. CoNVERT, professeur h l’Inslitut agronomique. ConiptahUlté agrioole.................. Associations agricoies {Syndi I M. Tardy, répétiteur A l’Institut agronomiifue. cais et Coopévaiive.R).......... f M. P. Rkgnard, directeurde l’Institutagronomique. Hygiéne de la ferme........... (M. Portier, répétiteur á rinstitut agronomique. b. Bussard. Le Llore de la Fermiére.

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Rue^Hautefeuille, 19. prés du Boulevard Saint-Germain. PARIS

Bibliothéque des Gonnaissances Utiles á 4 francs le volum e cartonné Collection de volumes in-16 illustrés d’environ 400 pages Auscher. V a ri de découvrir les sources. Aygalliers (P. d’). V olivier etVhuUe d’oHve. Barré. Manuel de génie saniiaire, 2 vol.. Baudoin (A.). Les eaux-de-vie el le cognac. Bachelet. Cotxseils aux méres. Beauvisage. Les inatiéres grasses. Bel (J.). Les maladies de la vigne. Bellair (G.). Les arbres fruitiers. Berger {E.}. Les ¡üanles jwiagéres. Blanchon. Cañarás, bies, cygnes. — L'arldedclruireles animauxnuisihles. — Vinduslrie des fleurs arli/icielles. Bois (D.)* Les orcliidces. — Lesplantesd'appartements el de fenétrex. — Le peiU jardín. Bourrier. Les industries des abatioirs. Brévans (de). La fabricaiion des Uqueurs. — Les conserves alimentaires. — J.es légumes oí les fruits. — Le pain et la viande. Brunel. Les nouveautés photogrdphiqves. — Carnet-Agenda du phoiograpkc. Brunet. Aide-métnoire de Vagricutiexir. Buchard (J.). Le malériel agricole. — Les consiructions agricoles. Camben(V.)./,e vin el l'arldcla vinification. Capus-Bohn. (hiide du naturalisie. Champetier. J.es maladies dujeunc che val. Coupin (H.). L'aquarium d'cau doñee. — ¡j'amateur de coléopieres. — Vamateur de papillons. Couvreur: Exercices du corps. Cuyer. Le dessín et la peiniurc. Ballet.. Prévisío?! du temps. — Mervcilles du ciel. Dallen. Phijsiologie et hygiene des éooles. Denaiífe. La culture fourragére. Donné. Conscils aux méres. Dujardin. L'essai commcrcial des vins. Dumont. Alimeníation du bélaxl. Dupent. L'ágc du cheval. Durand (E.). Manuel de viticuUurc. Dussuc (E.). Les ennemis de la vigne. Y,spaxíei[k.).LaprátiqxLe deVhomniopaihic. Ferrand (E.). Premiers secours Fontan. La sanie des animaux. FitZ'James. La pratique de la viücnllure. Gallier. Le cheval anglo-normand. George. Médecine domestique. Girard. Manuel d'apicxiUure. Gobin{A.). Lapisciculture en eauxdouces. — La pisciculture en caux salees.

Geurret. Les pécheries de la Méditerranée. Grafíigny. liallons dirigeables. — Les industries d'amateui'S. Granger. Flcurs du Midi. Guénaux. Elevage du Cheval. Gunther. Médecine vétérinaire homxopnihique. Guyot (E.). Les animaux de la ferme. Héraud. Les secrets de la scie7}ce et de l'industrie. , — Les secrets de Valimeníation. — Les secrets de Véconomie domestique. — Jeux el récrcations scientifiques, 2 v. Lacroix-Danliard. La plume des oiseaux. — Le poil des animaux et fourrures. Larbalétrier (A.). Les enqrais. — VAlcool. Leblend et Beuvier. La gymnastique. Leíévre (J.). Les nouveautés électriques. — Le chauffage. — Les 7noteurs. Lecard. Manuel d'ostréicultui'e. — La péche et lespoissons d'eau douce. Londe. Aide-mémoire de Phoiographie. Mégnin. Kos chiens. Montpellier. Élect7'icité á la Maison. Mentillet (L.). Véclairage électi'ique. — Jj amateur dinsectes. — Les insectes nuisibles. Mentserrat et Brissac. Le gaz. Moquin-Tanden. Boianique médicale. Moreau (H.). Les oiseaxtx de voliéi'e. Piesse (L.). Ilistoire des parfu77is. — Chimie desparfums el essences. Pertus (J.). Le Chien. Peutiers. La 7ne7iuise7'ie. Relier (L.). Cmide de Vélevage du cheval. Riche (A.). V ai't do l'essayeur. — Mo7\7iaies, médailles el bijoux. Rémy Saint-Leup. Les oiseaux de pares. — Les oiseaux de hasse-cour, Rolet. J7idust7'ie laiticrc. Reuvier. llygiénc de la premiére enfance. Rudolph. Manuel du jardinier. Sauvaige (E.). Les cultures méditerranéexines. Saint-Vincent (Dr de) .Médeeiixe desfamilles. Tassart. Vinduslrie de lateixiture. — Les tnatiéres colorantes. Thierry. Les vaches lailiéres. Vignon (L.). La soie. Vilmerin (Ph. de). Manuel de floricultüre.

ENVOI FRANCO OONTIIE UN MAMUT POSTAL


ENCYGLOPEDIE AGRICOLE P u b llé e sou s la d ire c tio n d e G. W EFS.Y

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IRRIGATIONS ET DRAINAGES L’EAU DANS LES AMELIORATIONS AGRICOLES


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DIUECTiON

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DE

G. WElíY Ingénieur agiMnome Sous-Direcleur de l’lnstilul .Nuiiona! Agronomique

In trodu ction p a r le D'' P. R EG N A R D Direcleur de rinstiluL iNiUioiial Agronomique Membre de la Société iSalionale d AgiMciilLure de France. dO Tolumcs in-18 de chacun 400 á oOO pagus, ¡Ilustres de nombreuses figures.

Chaqué volume : broché, 5 IV.; cartonné, 6 fr. Agricultut'e générale................

M. P. Dippi.oru. ingénieur agronome, professeur spécial d'agricullure. industries agricoles de ferme/i- ) ^r u • x • u rj t . tation { Cidrerie, lira s s e rie 5,‘' í; 'liT Hlldromels, Disiillerie)......... •M . l - u s M S r de L.Ue. EngraiS...................................\ i\í. Garola, ingénieuragronome, professeur déparPlanteS fourragé/es. í .............. i UMnenLJiUr.tgi-icullure á Charlres. i M. Kisi.eh. diiecLeur honoraire deFInslilut naüonal írrigations et drainages-

MXw."'ÍTi'.wé,.ieu.- atronóme, sous-di.-ecle„r de riiisüLiii aaii.nml agronomique. M. üitikr, m.iih'u <le conférences á l’Inslitut national agroiioinn(ue. ,,. Cereales...................... i .......... Ai. LAVÁb.i<ii;‘Vtgéniüur agronome, anden chef des travauA lie iu .StiUion agricole de Gappelle. Culture Dota^’ ére • . ^ IJussaud. ingénieur agronome, chef des ArtnrlGUltUre . ' \ travaux a i'lnsi-itut natíonal agronomique, pro...... ( füsseur A l'Ji.ole natipnale d'borticuiture. Syloiculture.................................... AI, F ro.n, ingéiiiéür agrónOmé, professeur á l’Ecole foresliéi'tí des .jarres (Loiret). (

Plantes industrielles................

Viniñcatlon (Y in , YinaiffreJ ;‘«?n3'»'eur.-agronome, répéu.our á Eau-de-Vie).................. ) 1iRsUlui nalionai agronomique. Entomoiogie e i parasltologie) , , „ * . . . . . .... (laricoles.......... ............. . Gsorges (lUKNAüx, ingenieur agronome,repélileur ZoolOf^le a ‘'/Vcole'. . '. . . . ^ l’lnslilul nauunal agronomique. ZootecluUe générale et Zootecfi- \ Zootechnie des Booidés........... ( -'h P. Dn-n-OTu, mgemeur agronome, professeur Zootechnie des fíloutons, C h é-( spécial d agricuUure. ores, Porss. ............................) il/Iacflines agricoles................. y .M. Coupan, ingénieur agronome, répéliteur A fííoteurs agricoles...................... ^ l’lnslittil nalional agronomique. Constructions rurales.............. M. Dancuí, ingénieur agronome, directeur des étudos .a ’ Kcole nauonale d’agi’iculture deGrignon. Economie rurale....................... (M. Jou/ ku, ingenieur agronome, professeur k Législation rurale.................... l’Ecole nalionale d’agricullure de Rennes. Comptablllté aglicole............... u. CoNvicur, professeur k l’Institut natíonal agronomiqiie. Technologie agricole [Sucrene, r _ r ^ u .• i.. i mcinierie, boulangerie, /"ecií-) professeur á l Eco nalionale des levie,amidonncrie,glucoserie). ^ indur-lnes agricoles de Douai. Martin, ingénieur agronome, anciendirecteur de Laiterie.................................... rEculenaliona'e -rinnustrie lailiére de AlamiroUe. Anuiculture............................. GKi.fiN(a k, ingénieiiragronome,inspecteur géné’ ral di- I I \r -l u iiliurc. CoiiUEii.. I npnmcne Eu. c-uitra.


ENGYCLOPEDIE AGRIGOLE Publiée par une réunion d’Ingénieurs agronoires SOUS LA. DIRECTIO^í DE

G. WERY

IRRIGATIONS ET DRAINAGES ]/EAU DANS LES AMÉLIOlUTIONS AGRICOLES

G. W E R Y

E . R IS L E R DE

LA SOCIKTÉ DK

IN G IÍK IE U R AGROKOMK,

N A T IO N A L E d ’ a G RIO ü TUK K

SOUS-DIRECTEÜR

FR ANG E , D IREC TEÜR IIO N O R A IR E

¡ntroduction par le D I R K CT E Ü R

DE

L ’ l N ST I T U T

DE

l ’ i N S T IT C T

N A T IO N A I.

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I)K I.’ lN S T lT U T N A T IO N A L AGRONOM IQUK.

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A G R O N O M I Q 1) E

AVEC 126 FIGURES INTERCALEES DANS LE TEXTE

PARIS L IB R A IR IE

J .-B . B A I L L I É R E

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19, rué Uautefeuíllc, prcs du boulerard Saiiil-Corniain 190 4 Tous droits réserv<5s

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E NCYCLOPÉDIE

ACHICOLE

INTRODUGTION

Si les dioses se passaient en toute justice, ce n'est pas moi qui devrais signer cette préface. L ’ honneur en reviendrait bien plus naturellement á Tiin de mes deux éminents prédécesseurs : A Eugéne T isserand, que nous devons considérer comme le 'véritable créateur en France de l’enseignement supérieur de FAgriculture ; n’est-ce pas lui qui, pendant de longues années, a pesé de toute sa valeur scientifique sumos gouvernements, et obtenu qu’il fut créé a Paris un Institut agronomique comparable á ceux dont nos voisins se montraient fiers depuis déjá longteiups? Eugéne R isler, lui aussi, aurait dú plutót que moi présente!’ au public agricole ses anciens éléves deve­ nus des maiti’es. Prés de douze cents Ingénieurs Agronomes, répandus sur le territoire trancáis, ont été faconnés par lu i: il est aujourd’hui notre vénéré doyen, et je me souviens toujours avec une douce reconnaissance du jour oü j ’ai débuté sous ses ordres et de celui.


VI

INTRODUCTION.

proclie encore, oñ il m’a designé pour cire son siiccesseur. Mais, puisque les éditenrs (le cette collecüon ont voulu que ce fiit le directeur en exercice de Flnstitut agronomiqiíe qui présentát aux lectenrs la nouvelle Encyclopédie, je vais lácher de dire briévement dans qnel esprit elle a été concue. Des Ingénieurs Agronomes, presque toiis professeurs d’agriculture, tous anciens élévesde Flnstitut national agronomique, se sont donné la. mission de résumer, dans une serie de volumes, les connaissances pratiques absolument nécessaires aujourd’hui pour la culture rationnelle du sol. lis ont cboisi pour distribuer, régler et diriger la besogne de cbacun, Georges W iíry, que j ’ai le plaisir et la chance d’avoir pour collaborateur et pour ami. ' - ' ■ t L ’idée direetriee dé Foeuvre ebinmune a été celle-ci: extraire de notre enseignemént süpérieur la partie immédiatement utilisablé par l’exploitant du domaine rural et taire connaitre du méme coup á celui-ci les données scientiflques définitivemeñt acquises sur lesquelles la pratique actuelle est basée. Ce ne sont done pas de simples Man.uels, des Formulaires irraisonnés que nous oftrons aux cultivateurs; ce sont de brefs Traités\; dans lesquels les résultats incontestables sont mis en évidencej a cote des bases scientiflques qui ont permis de les assurer. Je voudrais qu’on puisse dire qu’ils représentent le véritable esprit de notre Institqt, avec cette restriction qu’ils ne doiyent ni'ne peuvent contenir les discussions, les erreurs de route, les rectifleations qui ont íini.par établir la vérité telle qu’elle est, toutes choses que Fon développe longuement dans notre enseigno-


INTRODUCTJON.

vn

ment, puisque noiis ne devons pas seulemeiit faire despraticiens, mais formei-aussi des inlelligences élevées, capables de faire avancer la Science au laboratoire et sur le domaine. Je conseille done la lectiire de ces petits volumes á nos ánciens éléves, qiii y retroiivero-nt la trace de lenr premiére éducation agricole. Je la conseille aussi áleursjeunes camarades actuéis, (pii trouYeront la, condensées en un court espace, bien des notions qui pourront leur servir dans leurs études. J’imagine que les éléves de nos Écoles nationales d’Agriculture pourront y trouver quelque profit, et que ceux des Écoles pratiques devront aussi les consulter utilement. Eníin, c’estaugrand public agricole, auxcultivateurs (pie je les oífre avec confiance. lis nous diront, aprés les avoir pareourus, si, comme on l’a quelquefois prétendu, renseignement siipérieur agronomiqiie est exclusif de tout esprit pratique. Cette critique, usée, disparaitra déílnitivement, je Fespere Elle n’a d’ailleursjamais été accueillie par nos rivaux d'Allemagne et d’Angleterre, qui ont-si magnifiípiement développé diez eux renseignement siipérieur de TAgriculture. Successivement, nous mettons sous les yeux clu lecleur des volumes qui traitent du sol et des facons qu’il doit subir, de sa nature cbimi(|ue, de la maniere de la corriger ou de la complcler, des plantes comestibles 011 industrielles qu’on peut lui faire produire, des animaux qu’il peut nourrir, de ceux qui lui nuisent. Nous étudions les manipulations et les transformalions que subissent, par notre industrie, les produils de la ierre : la vinificalion, la dislillcrie, la panifica-


VIH

hNTROOUCTlON.

tion, la fabricalion des sucres, des beurres, des fromages. Nous terminons en nous occupant des lois sociales qui régissent la possession et rexploilation de la prop riétéj’urale. Nous avons le ferme espoir que les agrleulteurs l'eront un bou aeeucil á l’oeuvre que nous leur oñrons.

D'' P au l R egnard , Moinbro de la Socióté nalionale d ’Agi’iculture de France, Dii'octeur de lln s tilu t national agronomique.


IRRIGATIONS ET DRAINAGES L’EAU DANS LES AMÉLIORATIONS AGRIGOLES

IN T R O D U C T IO N On a calculé que, claiis les i'ógious équaloriales, le •Süleil evapore chaqué année uue couclie (l'eau de 3 midres •crépaisseur. La-dessus 11 en revieiit a la nicr imméclialemeiil une liauLeur de 2 mélres qui relomhe en pluie sur la zone méme de sa forinalion. Le rosLe esl emporlé pal­ les courants almosphériques et se condense, quand il roncontre los venís plus froids qui viennent du pule vers réquateur, libérant la chaleur qui Pavait réduite en A-apeur el contrihuanl ainsi á rendre plus tompérées les régions oii ces condensalions se produisenl. Aulour dos lióles el sur les inonlagnes les plus élevées, il se dépose kI os neiges el ailleurs des piules qui se divisen 1 en Irois parlies ; los unos s’évaporenl de nouveau, soil direcleinenl a la surlace du sol, soil aprés avoir alimenlé los ]danles; les aulres s’infillrent dans les lerrains perméables, rósorvoirs naturels doul lo débil plus ou moins régulier Iburnil les sources, eleníin les Iroisiéines ruissellenl á la sui-racc des rocbers et des sois argileux, ■s’écoulenl suivanlles penles else rassomblenl en riviéres lel en íleuves qui retournent á la nier, aprés avoir ai-rosé ■des prairios el í'ourni dos l'orcos motrices a Pinduslrie ou dos voies do Iransporl au coinmerco, mais quob¡uct'ois, bélas! aprés avoir dévaslé Ies pays riverains par des inondalions désastreuses. Eisleu et ^YERY,. — Irrigalions et draina^es. 1


2

INTRODUCTION.

La superficie do la France éiant de S3 millions d'lioctares et la haiileur de pliiic annuelle de 730 mülimélres en moyenne, on peut estimer k 400000 000000 de nñdres cubes le voliime des eaux de pluio qiii y lombent par aii.. Conime les cours d’cau en emmenenl 180 000 000000 de mélres cubes a la mor, l’évaporaLion ])eul elre évaluée a 00 p. 100 de la pluie lombée. Mais ce chilTre représenle la moyenne de chilTres cjui sonl beaucoup moins consi(léral)les sur les rocliers el les penles rapides des ]>ays de montagne et, par conlre, plus eleves dans les [daines couvertes de bois ou do cultures. A (laléves, prés deGenéve, la moyenne do 10 années d’observaüon a donné,. sur un platean faiblemonl incliné, drainé el bien cultivé, 74 p. 100, soit 696 millimidres d’eau évaporée pour 944 milliniMresdepluie. Pendantles mois de juin, juillet, aoút el sejitemhre presque touLe l’eau de pluie élait éva­ porée. Cesontles pluies de l’lnver et lesneiges l'ondantes qui alimentenl les riviéres dans les terrains imper­ meables et les sources dans les terrains perméables. Les condensations de vapeur d’eau sont plus abondanles sur les montagnes que dans les plaines et, sur les plus liantes, elles se fonl k l'état de neigesetdeglaces. Lachaleur qui les a portées á ces altitudes redevient disponible á l'état de forcé liydraudique, de houille Manche, suivant. une expression qui est a la mode depuis quelquc lempsDo plus, la fusión des neiges se produit surloul en été, quand los autres sourcos donnent lo moins d’eau et (|ue Fon en a le plus besoin. Ainsi les glaciersqui couronnent les paysagesdes Alpes sont, comme les lacs(]ui s'étendent dans leurs vallées, des régulaleurs naturels pour le débil des eaux. Les contrées les plus belles peuvent devenir les plus riclies, si leurs habitants savent uliliser leurs ressourcos naturelles, comme les cultivateurs de la Lombardio Font fail pour la création do leurs magnifiíiuos prairies. Suivant lafonnule de Gasparin, clialour X bumiditó = -


hNTROUÜCTlON.

3

végétalion. Plus ccs deux élúmenls sont réunis en justes pi'oportions, plus les produils de la Ierro sontabondanls. La chaleur saus eau fail le désert; riiumidilé en excés cree le marais. Entre ces deux exti'éines, les deux facteurs, plus ou moin Lien équilibrés, l'ournissent des richesses plus ou inoins grandes. Le soled est l'élément le plus régulier. Nous ne pouvons guére modiller la (|uantlté de chaleur et de luiniére qu’une certaine surl'ace de terre i'eroit ]>endant le cours d'une année. Cola dépend de sa situation géographi(|ue. Alais les piules soni disiribuées avec inoins de régulal•ilé; leur abondance varié beaucoup, non seulement avec les lieux, inais avec les années. Presque partout elles sont insul'lisantes pour donner le máximum de végétation (|ue permellrail la chaleur lócale et, de plus, elles lie corros|iondenl pas toujours avec les besoins des plantes. iXous ne pouvons pas taire tomber les piules la oü nous voulons el quand nous le voulons, mais nous pouvons retarder le rulssellement et augmenter l’iníiltralion de cedes qui tombent sur tes montagncs, en y conservant les forels et en construisant des bassins de retenue dans les liantes vallées et, apres avoir ainsi régularisé la descente des eaux, nous pouvons les employer a irriguer nos prairies et nos cultures dan.s les saisons oü elles en ont le [ilus besoin. M. llecbinann, ingénieur en chef et prol'esseur á LÉcole des ])ont et chaussées, estime (|ue nos cours d’eau permetlraient d’arroserenviren un quart de la superlicie totale do notre territoire, tandis que la slalislii|ue n’accuse que 236000Ü liectares de prairies irriguées ; il cite, enlr'autres, d'aprñs les releves l'aits en 1892 pai­ la direction do 1hydraulique agricole, les canaux des Alpines, deCraponne, du Verdón, do Saint-Alartory, etc., dont fensemble pourrait irriguer 233 000 hectaros, et cependant il n’y a encore que 31 000 liectares eíTectiveinent arrosés. A quoi cela tiont-il? — Cortes radministration


4

INTRODUCTION.

des ponts et chaussés a construit Ies gi’ands canaux avee la perfecüoii qu’ellc mol daiis Loid ce qu’elle l'ait, mais lá s’esl aiTétée son acUon dans la ¡)luj)ai’t des cas. Los eau.K élaient amonées á la lele des terraiiis qu'elles devalenl servir áarroser, mais ellos reslaient tropsouvenl sans eniploi, parce que les propriélaires de ces lerrains n’avaienl ni les connaissancos, ni les moyens nécessaires pour faire les canaux de distribulion. II a lallu (|ue le décrel du 27 janvier 1903 vienne, comme le dil le Minislre de ragricullure dans son rapporl au Présidenl de la République, donner á la direclion de riiydraulique, placée aujourd’hui sous Finlelligonle dii'eclion de M. Dabat, une orienlalion plus nellemenl agricole el la compléler, en y créant, á cólé du Service hydrauliquo qui conserve ses anciennes 1‘onclions, un nouveau Service tecbnique, celui des amcliorations agricoles. Ce nouveau Service sera chargé de seconder Tinilialive privée, non seulement pour les travaux d’irrigalion el do drainage, mais aussi pour les échanges el réunions do parcelles sans lesquelsces Iravaux seraienl souvenl impossibles, el pour tous les perl'eclionnemenls qui pourronl les suivre, par exemple, Iracés de nouveaux chemins d’exploilalion, ele. L ’Allemagne el l’Autriche onl depuis une Irenlaine d’années une organisalion analogue el elle y a donné de Iros beaux résullats. Des Forigine de nolre Inslitul agronomi([ue, nous avons envoyé un cerlain nombro de nos meilleurs éleves éludier celte organisalion; leurs rapports, parliculieremenl Lcux de M. Faure, onl beaucoup conlribuó á la l'aii-e connaílre en France el á provo­ que!' la créalion do ce Service des amélioralions agricoles á nolre minislere do Fagricullure. Ces anciens eleves de nolre École supérieuro de FAgricullure onl l'oui'iii le premier noyau du personnel du nouveau Service. El nous sommes persuades que le décrel du 27 janvier 1903 seia Forigine de progrés considerables dans Fulilisalion de nos ricliesses hydrauliques.


P R E M IÉ R E

P A R T IE

L’EAÜ, LA PLANTE ET LE SOL

R O L E P H Y S IO L O G IQ U E D E L ’EAU

I Sous l’iníluencc du soleil el de Teau, les maüeres minérales du sol s’unissent aux gaz de Falmospliére pour nourrii', les plantes. Nons ne ponvons guere modiíier la quanülé de chaleur el de Inmiére, c’est-á-dire d’énergie solaire, qu’une certaine surface rei^oit dans le cours d’une année. Cela dépend de sa situation géographique. Mais nons ponvons accroitre la valeur des récoltes que nous oMenons sui’ celte surface, en y détruisant les végélaux inútiles ou nuisibles el y semantou y plantant ccux qui jieuvent nous rendre le plus de Services. Par les labours, nous pouvons ameublir plus ou inoins profondóment la surface dusol c tl’ouvrii' auxracinesqui viennent s’y fixer et y puiser leur nourriture minérale et azotée, et si cette nourriture est insuflisanle j)our produire de belles récoltes, c’est-á-dire une abondanle fixation de carbone, nous pouvons la complétcr par les engrais. Mais toutcela ne sertárien, si les végélaux ne Irouvent pas en méme temps les 3 á 400 kilogrammes d'eau qui leur son t nécessaires pour foriner 1 kilogramnie de maliére séche, c’est-á-dire, de 1000 000 á 3000000 kilogrammes par


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

hectai’o et par an, soit lüO a 300 milliméLros de liauleiir d'eau (lo iduie. Sans can, le solcil est impiiissant. Sans eau, leseiigrais ne peuvenl pas élre dissous eL pénétrer dans les plantes. De Leus los facLeurs qui contribuent á nous donner des i’écoltes abondantes, c’esL l’eau qu! a le plus d'iníluonre, et, si los piules (pie re(,'OÍvenL nos cliamps pendan! la saison chande sont insuflisantes pouraliinenter nos récolles, nous devons employcr lous les inoyens dont nous disposons pour meltre en reserve dans le sous-sol dét'oncé ou drainé une partió des caux toinbées pendan! la saison froide, ou pour reunir sur nos prés par rirrigation celles qui découlent des Ierres plus élevées. Deja quand le cultivatcura semé son ble, il attend avcc impatience la pluie qui doit le gonder, y développer les premieres radicelles et rendre solubles les matieres ([ue ces radicelles absorboront dans la terre. Ce qui diílerencie principalement la tigc ctlaracinedcs plantes, c’est que la tige rec;oit la lumií're du solcil, tandis ([ue la racine se développe dans robscuriló et dans riiumidité de la terre. On a rí'ussi ii faire végéter la plupart do nos plantes agricoles dans des vases en verre contenant des Solutions nutritivos ii 3 ou 4 pour 1000, mais, pour obtenir leurdéveloppement normal, ¡I a fallu protóger leurs racines conti'e la lumií're par des enveloppos de cartón ou depapiernoir. Si Fon neprendpas cetteprécaulion, le liquide ne tarde pas ase remplir do conl'erves doni la présonce nuitaux plantes([uo Pon veul Tairecroitre. Les racines de ces plantes s’allongent d’autant plus que la solution est moins conccntrée. 11 est, do plus, nécessairo do renouvoler cette solulion de temps en temps, ou, du moins, (Ly injecter de l’air. Dans ces milieux liquides, les racines prennentla forme nórmale qui caractériso leur espíice, fascicutóe comme choz les cereales, pivotantes comme chez les l(jgumineuses, avec racines secondaires et tertiaires s’éloignant plus ou


ROLE PHYSIOLOGIQUE DE L ’EAU.

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moinsde ladirection reidicale et plusou moins ramifiées! Dans Faii- humide, lapesanteur peni avoir sur la direclion dos racines rinlluence que les expéoiences de lahoratoire lui onL l'ait atlribuer [géolropisme). Mais ¡1 n’en est jms de méme dans la Ierre. Pour y pénélrer et s’y allonger, les racines ont a vaincre des ol)stacles mécaniquesplus ou moins considérables suivan t la coinpaci té du sol; pour cela il l'aut qu’elles fassent coin et que ce coin grossisse par le développement de nouvelles cellules autour de leurpoint végétatif. Elles prennent telle direction ou telle autre suivant qu'elles y trouvcntles condilions les plus favorables áleur allongement et a leur grossisseinent, et, parmi ces conditions, celle dont rinlluence paraitprédominer, c’esl rhuniidité. Mais, comme la jirésence et Fabondance de Feau dans la Ierre, varient en general suivant un plan horizontal ou du moins paralltde asa surface, les racinesqui vont vers elle par lechemin le plus court tendcnta prendrc la direction de la verticale ; ce n’est pas du géolropisme, c’est de Vhydrotropisme. En méme temps que Feau, il faut que la racine trouve de Fair; sans cela, elle ne s’allongc plus et tend au conIraire á déj)érir. Enlin il l'aut que cette eau contienne les aliments qui conviennent au développement des plantes. Comme nous le savons, on dislingue a Fexli'émité des racines quatre zones : l° la coiffc, sortc de capuchón protecteur qui se régénere en dedans á mesure qu’il est détruit au dcliors; 2° point végétatif sous la coiíí'e, zone unie oü se l'orment les nouvelles cellules; 3“ une zone couvcrtc de poi/s; et 4“ eiiFin une qualriéme zone sur laquelle les poils ont disparu et qui ne peut jilus absorber d’eau ; c’est dans la deuxiéme et la troisiéme zone que se produit Fal)sorption de Feau. Ces poils ne sont que le prolongement des cellules superlicielles de la racine; ils s’allongcnl plus ou moins suivant Fbumidité do Fairambianl. Quantcctair estires


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humide, ils sont rigides et on y voit des gouUelctles d’eau qui s’évaporent rapldement dansTaii-sec. Dans l’eau, ¡I y en a moins que dansl’air liumide. La longiieui’ des poilsdos céi'éales variede lá 3 ou4 inillimetreset ils cowTent une zone de 40 millimelres, diez le mais encore plus. Loux des légumineuses sont moins longs et moins abondants. A mesure que la radne s’alloiige, la zone pililere se flélrit vers le haut et se roconstitue au niveau de la región unie, en sorte qu’elle se transporte jiaralldement a elle-méme le long de la racino en voio de ci’oissance, tout en conservant toujours á peu pros le méme aspee! et la radne ne suco le sol que dans cello partie activo qui se déplace ; elle oceupe un cylindre dont le diametre est de 4 á6 millimelres diez les cereales, mais son action s’étend au déla, car h mesure que les poils absorbent une parlie de l’eau qui entoureles particulesde tei're, réquilibre temí á s’élablir avec los aulres particules placees plus loin. L ’allongement des racines parait dépendre principalc: ménl de riiumidilé, lour grossissement et la l'ormation des racines secondaires ou tertiaires, de la quantité desi subslances nulritives qui leur arriventit Les poils et les ' ramilications les plus fines des racines latérales se développent dans toutes les direclions; ils enlrent dans les interstices qui séparent les particules de Ierre, se collent contre ces particules et pénetrent dans leurs pores. Les cellules de la zone do croissance augmententde volume; il s’en forme de nouvelles et tout cel ensemble pousso la coiffe de la radne et la forcé á pénétrer, comme un coin, dans le sol. Lette forcé varié dans les diverses plantes; mais elle dépond toujours de la turgescence des cellules de laracine, tui'gescence qui leur estdonnée par Pean qu’elles absorbent antour d’elles. C.omment cette can peut-elle pénétrer dans ces cellules avec les matiéres minérales et azotóos qui doivent servir de iiourrilure aux plantes?


ROLE PHYSIOLOGIQUE DE L EAU.

11 Lorsque deux liquides de composition diflérente sont separes par une membrane, l’équilibre lend á s’éLablir enire lour composiíion aux dépens du liquide le plus i'iclie et au prolil du liquide le plus pauvre. Celte propriété (|ue possedenl les maüeres dissoules de traxerser les inembranes n’esl pas également déparüe a toutes les substances. On peul á ce point do vue les parlager en deux groupes : les crislalloidcs, comine les seis niinéraux, les acides organiques (|ui ti’aversonl lacileiuenl les membranes, (|ui sont facilement osmosables, et les colldidcs^ comme les niatiéresall)uininoídes (álbum ine,caséine, etc.), les gommes, glycogene, etc., qui se montrentdépourvusou á [)eu pi'f's de cette propriété. Les ceüules qui constituent les poils de rextréinité do la racine, recouvertes de leur inembrane de cellulose, constituent de petits appareils d'absorption. L’eau dusol chargée d'élémenfs nutrilifs y pénrtro jiar osinose, |iuis s’y diffuse. Leménie mécanisme s’exeree de cellule á cellule en sorle (jue lasolution nutri­ tivo cliemine peu k peu á travers les lissus du x'égétal. A la Torco de pénéiration propio a la menibrane celluluirc, s'ajoutc la foi'ce osmotiqiie due au protoplasme (jui tapisse les cellules. Celle-ci varié avec l'état d'agi égation du protoplasme, et cela explique Télection que les plantes exorcent sur certaines substances. On comprend ainsi coinment une méiue matiére peut s’accuniuler dans une espéce dóterininéo, tandis qu’elle manque presque onliérement a une aulre qui a été cultivée cependant dans le inénie milieu. Sans cette atlraclion particuliere, et tres éncrgique, qu’exercela matiére vivantesur les substances dissoules, leur pénétration serait trop lente pour suTíiro á Tenli'etien do la vie. La Torce osniolique peut atleindre une valeur relalivement considérable. Dans la vigne nolamment elle Tait. 1.


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LEAU, LA PLANTE ET LE SOL.

pai-fois é(|uilibre á plus il’unc alniosphúre. Elle est bien plus laible ilans les planles herbacées. La pression osmolique osl propoiTionnelle á la conceiitration des solulions. Elle progresse avec la tempéralure. Si les subslances inlrnduites dans le corps végélal par l’osmose y restaieiit sans etre modifiées, l'éiiuilibre entre la coinpositon du liquide interne el celle du liquide externe serait vite établi, et le inouvemenl d’entrée cesserait bientot. Mais cettc circonstance ne se produit que pour les matériaux qui sont inútiles á la jjlante ; les autress’assimilent, seconcrétionnentetdispa]-aissenti'apideinenl en tant (|u’éléments solubles. Le titre de la solution interne décroit, un nouvel appel a lien ile Lextérieur vers l intérieui'. Cet appel est favorisé, comine nous le verrons, par la transpiration de la plante, Ibnction ti'es active á la lumiere et par conséquent en relation immédiate avec rassiinilation du carbone et avec la nulrition genérale. Ici encore, nous voyons inter­ venir le rolo de l’eau. Nous le trouvons aussi dans le phénoméne de la turgescence des cellules, pbénoinéne osmoliqued’unintérét bien grand ])uisqu'il préside avec cclui de Vimbiijilion á la croissance, au développeFig. 1. — Cellule inent cellulaire. nórmale. La cellule peut étre comparée á une petite chambre ou alvéole l'ermée par la membrane cellulosiíjue a (lig. 1) contrelaquelle s'applique la conche hyalino péripbérique du protoplasme h. La scve penétre dans chaqué cellule, attiréc j)ar la torce osmolique, etdecette accumulation d’eau et du principes assimilables resulto, avec un accroissement de la inasse protoplasmique, une pression de plus enplusénergique qui applique l'ortement le protoplasme contre la membrane cellulaire. Celle-ci se distend done, la cellule e.xerce sur elle uno pression qui est contrebalancéo par celle d's lissus voisins. Elle devient


RULE PHYSIOLOGIQUE DE L’EAÜ.

di

(urgescente, et en méme Lemps de nouvelles conches do malieres sécrétées par le protoplasme s’inLercalent entre les anciennes et développent la cellule. La lurgescence n’apparlienl qu'aux cellules vivantes et elle nous apparait comme la canse prochamc de la croissance (1). La forcé développée par la tui’gescence a été mesurée par un pro­ cede indirect. On a trouvé qu’elle atteint souvent uno grande intensilé : 0 atmospheres et denii dans le PlanUigo <implexicaiiUs; plus de 13 atmospheres dans la moelle du grand soieil. Les memhranes de quelques cellules sont assez résistantes pour que la lurgescence soit tres atténuée. Elle ne jone plus alors qu’un rOle secondaire dans la croissance des cellules. ¡Mais alors l’eau penétre par imbibition dans la paroi cellulaire, écarte ses molécules <iui peuvent ainsi donner asile aux formations nouvelles du protoplasme existan!. Ainsi, le corps végélal nous apparait comme composé de cellules plus ou moins arrondies, juxtaposées, puis de longues cellules superposées, oiivertes de maniere á constituer des tubes, ou l'ermées par des diaphragmes <[ui laissent se produire les phénoménes osmotiques. L’ensemble du systéme est gorgé de l’eau qui al'llue des racines vcrs les l'euilles. Cette eau tient en suspensión soit des matiéres minórales, soit des principes organiques deja élahorés. Les unes et les autres.se conci'étionnent par places pour laisser pénétrer d’autres substances. Les mémes phénoménes d’osmose el de difl'usion raménent des l’euilles aux racines les produits de l’assimilation. La pression osmotique des racines, si intensive qu’elle soit, ne serait pas sul'íisante pour expliquor l’ascension de cette séve qui dans certains arbres atteint des hauteurs tres grandes. Son aclion est complétée par la capillarilé et par la transpiration. ( l ) B e lzu n g ,

Annlotnie el physiologie végélaleSi

p.

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L'EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

La capillarité resulte de radhésiojií des liquides aux corps solides qu’ils moulllent, adhesión qui remporto sur la pesauteur et memo sur la forcé ccntrlfuge. Introduil-on un luhe sufíisamment étroit dans un liquide, celui-ri s’y établit á un nivcau supérieur au sien, en ineme lemps sa surface so ere use. Le liijuide esl en quelque sorle un corps visqueu.x, ses molécules ont moins de coliésion entro elles qu’elles n'ont d'atlraction pour le corps solide. Et c’est cette adliésion (jui entraine rélóvalion du liquide et la concavilé de sa sui-face. 11 scnihle qu’il se soit recouverl la d’uno memhrane superlicielle, élastique, loujours tondue, qui altacliéo auxparois du luhe supporle le poids de la colonne surélevée. Cette torce est la tensión superficicllc. C’est la lendance (|ue posséd(! toute sui-lace liquide do se conti'acter de maniriM'á présenler, pour la masse de sa subsiance. la plus pelile surface libro possible. Elle peut supporter une colonne liquide d’aulant plus élevée (]ue le diainétre du tube rapillaire esl plus pelit. L ’étude des phénonienes de capillarilé a conduil lo pliysicien .lamin á une conslalation qui oll're aussi beaucoup d’intérél pour lo sujet qui nous oceupe en ce moinent. Lorsque dans un tube capillairo de petitos colonnes liquides sont séparées les unes des autres par des bulles d’air, elles peuvent résister sans se déjdacer a des prossions considerables. Or, le corps végélal, et les vaisseaux notammenl, nous olfrent une longue suite de tubes capillaires infiniment peliis,. |)arcourus par des filéis li(|uides, continus mais parsemés de bulles do gaz disposées en cbapelets. 11 en resulte (pie los liantes colonnes liquides qui s’étendent du jiied d’uii ai'bre jusqu’á sa rime élevée n’exercent pas de pression sur les racines et ne viennent pas contre-carrer les eH'els de la pression osmotiquo. ¡Mais en outre, et nolis retrouvons ici encoro Eaclion indispensable de l’eau, l’équi,libre de ce long chapelet de bulles de liquide et de gaz est rompu toutes les Ibis qu’un départ d’eau se produit


BOLE PHYSIOLOGIQUE DE L’ EAU.

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a la Ici'ininaison du vaisseau, dans le parencliyme de la l'euille. El c’est précisément ce qui a lieti gráce á la tra'iupiration, l'oncUon, conimc on le yerra, des plus acLives á la lumiere. Le moindre déparl d’eau a-t-il lien ? la pi'ossion dans la colonne gazeuse iminédiatement iníériciirc se détend; el la colonne liquide qu’elle surmontc e.d cnlrainée; Ic phénomene se re[iroduit au-dessous el se propage jusíju'en bas. La colonne li([uide se déplace ainsi toul entiere, soulemie pai' les Torces capillairos, el d’aulaul plus vilo que la Iranspiration esl plus i Iliense. Or, celle-ci s’accomplit sous rinduence des rayons solaires. C’est done l’énergie solairc qui mobilisc la séve el apporle la vie dans loules les pai-lies du végélal. La chaleur, en dilalanl les inde.x gazeu.x, favorise d’ailleurs aussi la pousséc des liquides vers le baúl. C’est líi au moins ce qui se passe dans les vaisseaux ouverts ; les niémes pliénoménes s’accomplisseut dans les vais­ seaux ferinés, mais il s’y. ajoule l’osinose á travers lours cloisons. Ainsi, nous apercevons quel role joue l'eau dans le (i'iénoniene de la circulation de la seve qui préside par e\celience á la vie du végélal el nous nous e.xpliquons l 'S masses enormes d’eau ijui traversent nos récoltes. Le Miécanismo qui préside á ce mouvemenl nous moulre, dans les racines l’appareil de compression, dans les léuiUes l'appareil d’as|iiralion, el dans le systi'me capillaire des inde.x de liquide el de gaz le compensateur, réchappemenl en ([uelque sorle, (|ui assuro la régularité de la marche de la machine. Quanl á Fénergie molrico, c'esl le soleil qui la donne. En élé les vaisseaux se remplisscnt de bulles d ’air, que comprimera Feau inlroduile par la poussée des racines. Vienne le prinlemps, la chaleur dilalera res poli tos masses do gaz. Celles-ci pousseronl Feau vers le haul. Le tronc des arbres, les vaisseaux des plantes ronslitucnl des réservoirs d’eau. Aussi a oil-on raremeut soulIVir


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

de la sécheresse les grands arbres, malgré rimportance de leur t'euillage, parco qu’ils possederit de gros Ironc.s. L’eau d’ailleuvs ne joue pas seulement ce rule de véhicule; elle inlervieiiL direcleinent par ses élémenls constiluants dans la nulriüoii du végélal. Est-elle dócomposée eii ses élémenls, hydrogéne et oxygéne, poui' constituer les hydrales de carhone, amklons et sucres, comme l’a énoncé Bayer? Ou bien fornie-t-elle avec l’acide carbonique conlenu dans les cellules un hydrale qui' se décompose avec émission d'oxygéne? 'l'oujours est-¡l (prelle l'ournil de l’bydrogéne á la planie. C’est la transpiraüon foliaire qui assure la conünuité du mouvemenl ascensionnel de la séve; plus elle esL active, plus la plante s’enrichit en élémenls minéraux, pourvu qu’ils s’assimilent. La transpiralion esldonc un phénoméne capital dans la vie x'égélale. II est exlrémement importan! d'étudier avec soin quels sonl les besoins des plantes en eau et de les comparer aux quantités de piules et de précipitations atmosplióri([ues (¡uo regoit le sol. l\ous y reviendrons. Nous no dirons ici qu’un moldes conditionsgenérales de la trans])ira(ion. L’é^aporation s’entend du dégagement de vapeur qui se produit á la surl'ace d’un corps inerle, comme d’une pirco d’eaupar exemple, ou a la surl'ace d’une plante morte, d’un organisme inanimé. La transpiralion est un phénoméne essentiellement vital. L’une ctrautre sont sensibles ala tempórature extérieure, á l’état hygrométrique, á l’agitationde l’air. Mais alors que l'évaporation est insensible á la lumiérc, la transpiralion est directement actionnée par les rayons lumineux, par ceux que le cbloropliylle n’absorbe pas, c’est-a-dire par les plus rérrangibles du speclrc solaire : á partir des radiations rouges et orangécs. Autre caractére distinclif, dans un milieu saturé, l’évaporalion s’arréte, la transpiralion continué pourvu que la lumiérc ne fasse pas dét'aut. Les tiges vertes et les feuilles surtoul li’anspirent, celles-ci par leur surface inl'érieure principa-


ROLIÍ PllYSIOLOGIQUE DE L ’E\U.

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lemenl. L ’oi’iíice d’éclia{)pement es líe stomaie. 11consiste (fig. 2) en deiix cellules, laissant entre elles une ouverture étroile: l ’osiiolc. Celte derniére étaldit lacommunication entre ratinospliere extérieure et les lacunes des parcnchymes intérieurs. Les sloinatessont ouverts pendan! lejour, fermés ])endant la nuit. Les radiations rouges, bleues et violeltes sont non seulement lumineuses mais encore Ibrtenient calorifiques. Elles provoquent avec la turgescence des cellules du stomate, leur écarlenient et le dégagement de Fostiole. Elles aménent en outre la l'ormation de la vapeur d’eau. Les cellules voisines des méats, qui se vident les premiers, remplissent ceux-ci par osmose et le phénoméne se propage de proclie en proche. La racine l'ournit á la dépense en pompan! l’eau contenue dans le sol. El, ainsi, se F¡v. 2. — Slonmte. Irouve réalisé la montee de la seve qui préside a la nutrition et au développement du végélal. II est extrémement intéressant que ce soient les rayons lumineux, agents de rassimilation du carbone el par consé(iucnt de la l'orinaüon des maliéres organi([ues, qui aménent en inéme temps la transpiration, Gráce á l ’énergie solaire, ce n’est done pas seulement l’eau qui est entrainée á trax'ers lo corps x'égétal, mais encore la maliére minórale. La constitution de nouveaux produits organiques précipile en eíFet les subslances minórales qui n’étaient encore dans les parencbymes qu’a rótat de dissolution, el la racine pourvoit rapidement á leur reinplacement conformément aux lois de Fosmose. 111 La quantilé d’eau qui est conlenue dans lesplantes varié suivant les espéces, mais elle est toujours considerable.


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L ’ EAU, LA PLANTE ET LE SOL,

D'apres Hellriegel : P. 100 (le leur poids (Peau.

Los Les Los Les Les

fouillos d'arhres contiennent — coréalos — jolinos plantos — iógumos frais ' meluns, asiiorgos. salados —

CO 75 80 00 05

Les plantes í'ourragéres, a l’état veri, peuvent conteniide 70 á 80 p. 100 de leui’ poids d’eau. Fanées, c’est-á-dire sécliées a l’air, les plantes penvent encore renl'ermer de 14 á 10 p. 100 d'eau. Une s’agitlá, évidemment, (|uedereandeconstitution, abstracüon faite de celle f[n¡ estcontenne dans les racines. Ces pourcentages permettent de caleuler la quantité d’eau que les récoltes exporten! du sol. Voici quelques chiflresqui se rapportent a de bolines récoltes des principales plantes cultivées : Poids total de la récollc en kilüg^r. poiir 1 licclare.

Hlé d’hiver (rócolto suche) Seigle — — Orge — — -Avoino — — Poní mes de torre............ Topinarnhour................... tiettcrave fourragéi'O....... — sucriórc........... Mais v c rt.......................... Luzcrnc ............................ T ró flo ............................... Ray-grass..........................

.. .. .. .. .. ..

9.Ü00 9.000 (i.600 9.000 30.000 30.000 SO.000

.. .. .. .

60.000 48.000 30.000 32.000

Quantité d’eau cenfermée dans la récolte en kilüirr.

1.3S0 1.3S2 1.020 1.320 2-4.000 24.000 32.800 41.000 30.000 37.000 19.000 17.000

On voit quelle proportion d’eau considéralile (;ontiennent les plantes fourragéres récoltées a l’état vcrt. Eh bien ! cette masse cependant si importante est peu de cbose quand on la compare a la quantité d’eau qui a traversé la plante ¡lendant sa végétation.


ROLE PnVSIOLOGIQUE DE L ’EAÜ.

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Qu’il iious suffise de donncr les chiffres qui ont été fournis par les principaux expérimentateúrs. Tous ont reconnu que la formation dans la plante "de chaqué gramme de matiére séche exige le passage d’un certain nombre de grammes d’eau, nombre variable avec la plante, le^ sol, le climat et l’importance de la récolte, mais toujours considerable. D’autre part, Hellriegel a trouvé que pour élaboi’er un gramme de matirre séche : S.'IS grammes d’cau. 353 — 376 — 283 — 273 — 310 — 363 — 320 —

Lo bló d’óté dcmandait Lo soiglc d’étii — L'avoinc — Les fóves — Les pois — Le trólle rouge —■ Le sarrasin — Lo colza —

M. Risler, á la suite de ses expériences de Caléves prés Nyon (Suisse), a trouvé que pour former un gramme de matiére séche : L ’avoine Lo trélle

dcm andait___

Lo inais Lo foin do praii'ios

250 centigr. d’cau. 263 ' — 216 — 438 —

On peut conclure de ces cbiíTres que pour de bonnes récoltes les végétaux mobilisent approximativenient les (luantités d’eau suivantes : Par liectare.

lilé.... .......................... Soiglc............... ...'....... Avoino........................... Fóves.......... ................. Pois.............................. Trólle............................ Sari-asin........................... Colza.............................

3.042.000 IdlOgr. 1.505.560 — 3.384.000 — 2.145.140 — 1.659.840. — 1.860.000 — 1.764.180 — 2.500.400 —


L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

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Schleiden, le botaniste allemand, avail trouvé qn’un mélange de IKdle el d’avoine, senié il est vrai dans une caisse, c’est-a-dire végélanldans des conditions anormales, avait évaporé, du 12 avril au Ib aoút, 3.284.00Ü kilo­ gramos d’eau par liectare. T R A N S P IR A T IO N D E S P L A N T E S ET Q U A N T IT É S D’EAU A P P O R T É E S PAR L E S P L U IE S

Pour donner une baso ralionnelle aux principes (b; drainage el d’irrigaüon, il faut coinparer les quantilés d’eau don! nos récoltes ont besoin avec cellos que leur apporlent les piules tombées direclement sur les cham|)s oü ellos sonl cultivées.

I. — Consommation d’eau faite par les plantes. Dans les expériences qu’il a faites de 1807 á 1870 sursa ferme de Caleves, pros du lac de Genñvo, M. Risler a trouvé pour la transpiration nioyenne par heure el par déciméli’e carré de surí'ace l'oliaire (1) : Pour la luzorno.................................... — le cliou......................................... — lo gazon....................................... — le b lé ........................................... — le mai's.......................................... — Tavoino........................................ — —

OffqiO Oei',25 0B'',21 0B'-,17b 0b>',1í

la v ign e ........................................... la pom m o do torro........................

0S'',12 0S‘ ,0'J

le chüno......................................

l)B'',()li

— —

lo sapin........................................... lo n o y c r .............................. ..........

0bi',0o2 OB'qU

Pour passer de la, a la transpiration moyenno par liectare, il t'allait déterminer la surí'ace des feuilles qui (I) liechcrchfís sur l'cvuporaíiou du sol Pt des plantos, Geneve, 1S7Í*.


TUANSPIRATION DES PLANTES.

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couvrent chaqué metre caiTÚ de la surface du sol. M. Risler a fail un ceidain nombre de ces dóterminalions, dont Amici les resultáis : Surface (l'évaporalion.

Seigle, 2 mai, suiicrbc rccülto, au moment de l’ép iagc.............................................................. Seigle, 2 mai, aulro clia m p ................................ Blé, 30 mai, tres beau, la (loraison commence. Avoino, 30 juillot, six feuilles bebes;............. Aláis, juillet, plantos distantes de 30 á 33 centim ótres.......................................................... Alais, 12 septonibrc, semé tres épais, pour fourragc v e r t.................................................. Pré gazon, 31 n ia i............................................. Luzerne, i juin, assez bello............................. Luzorno, 3 mai, 4“ annéo, liante do 33 centim. Pornmcs de térro, 30 ju ille t............................. Cliou brancbu, sopteinbrc................................ V igne cbasselas, 23 aoCit.................................. Sapin de 30 á 40 ans......................................... ChOno, troné de 1“ ,13 de circonféronce, á 1 mótrc de liautour..........................................

Sm’aa.St (imu'‘i.yO

■8“ “ <i,00 22“ “ 'i,04 !2™™i,40 7“ m'i,03 12i“ “' ‘i,42 G™'“ 'i,88 8™““ i,00 4™“ 'i,94 llnimq 9m“ <i,00

11 laut remarquer loutel'ois que dans un cliamp de blé, de maís fourrage et de trríle tres épais, comme dans une l'orét toulTue, les feuilles supérieures font ombre aux feuilles inférieures, et par conséquenl diminuént leur évapoi’ation, en sorte qu’il est peu probable (jue la sui'face réellcment active du feuillage dépasse jamais 8 ou 10 mrtres jiar inrtre carié de terre. En se servanl des données qui précédenl et les corrigeant au moyen des observalions faites sur ses cultures de Caléves, sur les quantités de pluie qu’elles avaient recues et la ])roportion d’eau (|ui s’élait écoulée par les drains, M. Risler est arrivé aux cbiífres suivants poui' laconsommalion moyenne ])ar jour des récoltes exprimée en millimétres d’eau : Luzorno..........................

Prairics.....................

ü e 3"'“ ,4

á 7™™,00

3“ “ ,14 á 7“ m,28


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Avoine..................... 2n'">,9 á 4“ ™,9 FÓVCS...................... plus do Smra.OO Maís................................. á4mm_00 Blé........................... 2">ni,C7 ii 2“ m,S0 Trólle.............................. 2n>m,8« Seiglo.............................. 2">i«,2C Yigno....................... 0™™,8() á I"'™,:! Pommos do torre........ 0™™,7-4 á •1™“ ,4 Sapin....................... 0n"“,-5 ii I"'™,! Glióne....................... 0'»m,45 ii 0™m.S Ces chiíTrcs comprennent á la Ibis la transpiration Jes plantes et révaporation Jirecle de la ierre dans laquello elles sonl cullivées. Poiir le blé, la luzerne, la vigne, ele., ceile ierre élait en bon élat de iumure. A Munich, Wollny est arrivé aux chilires suivanis a la suite des expériences qu’il a faites en 1879 et 1880 avec ses lysiméires, caisses en zinc de 30 centimétres de hauleur et 400 centimélres carrés de surl'ace, á l'ond percé de trous qui perineitent de recueillir les caux de drainage. En 1879, l’évaporaiion des lysiméires a été, avec: Les pois..................... I)o •Smm.7 par .jour. Los fóves.................... 2“ m,9 — Les voseos.................. — Lo lupin blanc............. 3™“ ,2 — Le lupin jaune............. ■ 2™“ ,0 — Lo trólle i'ougo.............. 3“ ™,S — L’esparcottc................. 3“ ™,4 — Le sarrasin................. 3“ ™,5 — La moutardo.............. L’avoino tuitivo............ 3“"",.') — — tardivo............ 3”»'>,1 — L’orgo............ 3“ '“,4 — L’liorbo des prairics....... 3“ »',0 — 11 élait tombé du !"■' mai au 1''’ octobre o62“ “ ,07 Je ])luie, soit en moyenne 3“"",67 par jour. En 1880, il y a eu du 20 avril au I''*' octobre 706 miliimétres de pluie, soit 4 milliméres par jour.


TRANSPIRATION DES PLANTES.

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L ’évapoi'aüon des lysiméLres a été, avec : Los p o is ........................... Los le v o s ......................... Les vosees........................ L ’avoine h átive................

D e4 ”''n,0 par jour. — — —

Dans des expériences plus anciennes faites en Allemagne, Schubler avait ü’ouvé 7“ '“,ü par jour pout’ l’évaporalion d’un gazon el Sclileiden 2™“ ,íi pour un mélange d’avoine et de tréfle, un peu plus que la liauleui' de pluie tombée pendant la période de végétaüon. Coiume la lumiére a uno grande iníluence sur la transpiration des plantes, il est évidentque Ton trouverait des cliiífres moins élevés dans les r.onlrées oñ elle est habituelleinen tnioins intense,par exemple dans l’ouestdelaFrance; mais par contre on en trouverait des plus forts dans le sud. U’apres les expérience de Dehérain, de Lawes et Gilbert, la quantité d’eau transpirée pour produire un certain poids do matiére soche est d'autant moins grande que los engrais soiit plus complets et plus ahondants ; mais, si la quantité relative d’eau transpirée diminue, Hellregel a montré que sa quantité absolue, c’est-a-dire le poids d’eau transpirée ]iar metro carré de terre, augniente, quoique dans une proportion moins considérable que la récolte. Evidemment la récolte produite par un hectare ne peut pas augmenter sans qu’il y ait plus d’eau transpiréo par cette récolte; mais l’accroissement de la consommation d’eau est proportionnellement moins grand dans une terre riebe que dans une terre pauvre. Comparons mainlenant les hesoins des plantes avec les quanlités d’eau que leur apportent les piules. Nous empruntonsles moyennes annuelles et mensuelles de piules tomhées en France de 1861 á 1890 a un mémoire de M. Angot, prolésseur á l ’lnstitut agronomique 1). (1) Le Réyime des dans VEurope oecidcntalc {Anuales du Ihireau central métcorologiquc de France, aiinée 189o).


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L ’ iíAU, LA PLANTE ET LE SOL.

liéf/im e des 2^luies en F ra n ce .

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6S Q p H -t-

111m. ni. . Les Seltons................. 146 132 149 •120 109 126 129 134 128 188 182 179 1722 596 Chátillon-siir-Seine. 50 49 58 53 66 79 71 73 6Í 84 71 64 786 22o, 72 65 73 60 65 89 91 81 77 96 99 92 986 186( « 3 Bar-le-Duc.................... 36 28 37 39 47 53 50 47 48 54 48 40 527 56/ P arís.............................. 55 43 52 45 53 5S 68 63 64 70 68 65 704 49* sí Rouen ............................ 78 63 58 43 49 44 54 56 81 116 107 87 836 20 _c> (ilicrboiirjf.................... Brest.............................. 84 7o 0/ 54 49 51 oíl 54 73 91 96 82 824 Cháleaulin.................... 104 90 79 70 64 64 71 67 92 IM 117 115 1044 8^ Ncvcrs........................... 44 53 50 62 72 60 67 53 44 55 56 76 78 62 73 84 99 12 64 816 924 Mural.............................. 28 29 34 42 60 71 57 50 0/ 57 38 32 555 378 Ciermont-Ferrand . . 36 34 43 51 56 /O 62 61 59 62 48 39 626 215 Moulins......................... Orléans......................... 47 41 51 46 54 59 59 0/ 55 68 59 50 646 lOOj 49 44 5(» 46 56 60 00 44 44 63 58 53 622 Tom'á.............................. 1 69 59 73 74 90 82 70 71 73 96 88 12 917 '■’IkI = I.iniogos........................ 6-i 4/ 50 43 44 46 39 41 0 1 82 80 75 668 Suiiil-Nazairc............. ~ 33 0/ 40 47 47 51 55 40 45 61 98 no 69 702 9) RocherorL.................... 4'6 43 50 71 71 78 43 49 58 66 4íi 42 666 194/ Touloiisc....................... Floj'ac............................ 77 89 91 79 92 70 51 64 96 113 81 98 1001 49 43 0/ 71 68 73 50 48 62 76 55 40 692 1881 A lb i................................. Monde........................... 44 61 74 69 63 .jU ; J o 1--1 Caliors........................... /O 733 123 39 39 46 54 62 63 45 42 58 uT) 56 42 601 64 1 VilJeneuve-sur-Lol.. Bordeaux...................... 71 58 64 67 74 81 51 00 66 94 93 74 848 10 liagnéres-de- Bigorre 93 93 120 130 12'’’ 128 63 69 83 107 113 81 1202 555 90 7f» 96 95 75 82 6 0 69 114 141 146 106 115(1 15; Bayonno ...................... Lesear............................ 82 73 j i 12 ■114 114 58 oS 81 O-i- 98 7-i- 1043 lüO' Perpignan...................... 49 50 49 37 4í 3o 4i 47 34 32 17 25 41 84 36 42 484 13 Narnonne.................... Cai’cassontie............... .. 52 51 58 7o 60 58 26 31 59 58 48 48 624 117 ¡ Monlpelliei’.................... 88 64 61 64 58 37 23 53 70 115 78 74 785 29 i cS N lm es.............................. 49 48 44 58 0 0 47 27 4.8 69 83 65 52 645 Dijon................................ 46 59 71 62 62 Besaneon........................ 79 66 86 89 99 112 93 89 87 117 104 87 no8 253> Geneve............................. 42 41 54 61 79 81 78 91 86 107 74 54 848 i08Í " S I.yo n ................................ 34 36 54 67 83 85 87 83 75 96 65 49 814 260\'"^ Grcnoble......................... 52 59 68 67 86 96 12 88 76 123 83 68 938 218] — A rles................................ 44 43 40 0/ 45 42 17 35 59 79 57 51 569 35 46 Marseille......................... 40 26 13 Tüulon.............................. 72 56 65 64 41 29 8 33 63 100 106 71 708 ■18/

Cos cliilfres sonL des moyennes. Mais la quaiililó de pluie ref'ue par un memo champ vai-ie souvent, d’une


TRANSPIRATION DES PLANTES.

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année á I’aulre, dans de Irí'S larges limites, quelquel’ois du simple au décuplo pour les niois corresjíondants de deux aúnées qui se suivent. De la pro\’iennenl en grande ])artie les diíl'érences que les récoltes présentent dans un méme chainp d’une année k Faulre, et ces dilFérences seraient encore plus considerables, s’il n’y avait pas dans le sous-sol de ces cliamps un réservoir d’humidilé, uno sorte de i’égulateur qui absorbe l’excés d’eau lombée dans certains moiset les cede aux récoltes ¡lendant lesinois trop pau%u'es en pluie. Plus ce réservoir a de voluine, c'está-dire plus la térro a été ameublio prot'ondément, soit parles défoncenients, soit p a rle drainage, plus cello assurance inutuelle conlre la sécheresse sera el'ficace.

II.— Comparaison entre le régime des piules et les besoins des principales récoltes. Les zones de végétation dos dilFérentes planles dépondent [irincipalcment de la température et do la lumiére qu'elles írouvent dans ces zones. 11 leur l'aut pour arriver á íleurir et k fructiíier une certaine somme de tempé­ rature entre des limites extremes de Iroid et de cbaud. Mais elles ne peuvent arriver k un développement assez grand pour que leur culture soit proíilable, et quolquefois méme elles périssent, si elles ne peuvent pas absorber assez d'eau pendan! cette periodo de végétation. II l'aut done que des pluios suflisantes poui' leur fournir l’eau dont elles ont besoin tombont pendan! cette période de végétation, ou que la térro puissele urfournirun supplément provenant des pluies antérieures absorbéos par ello. Parcxemple, lefi/énepousse que lorsque la tempéi'ature moyenne s’éléve au-dossus de 0° pendan! jilusieui’s jours consécutil's. Or, d’aprés iM. Angot, les moyennes mensuellos ont élé, pendan! los années 1831 a 1897 (1) : (I) Eludes sur le cUmat de la France, IS09 {Hurcau central metéorolojique).



TRA.NSPIRA.TION DES PLANTES.

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Ainsi dans tout le nord de la France, jusqu’aux enYii’ons de París, et stir tous les poinls les plus élevés du centre, le blé ne pousse que Irés peu et tres raremeiit et, par conséquent, transpire aussi tres peu pendant les cinq mois de novembre, décembre, janvier, levrier et mars, et, co)nmc la moisson a lien a parür de juület, c'est pen­ dant les mois d’avril, mai et juin f|u’il consommé le [ilus <l'eau; c’est alors qu’il luí en l'aut 2 á 2“ '",7 par jour en inoyenne ou 60 á 80 millimi'dres par mois. Or, ces condiüons ne so trouvent pas remplics, romme on peut le voir dans le lal)leau ci-dessus, au.x environs de Lille, de Rouen el de París. Par cxemple, dans la Bi’ie, les pluies ne donncnt en inoyenne, pendant les mois d’avril, mai et juin, que 1 á 1 millimetre et demi d’eau par jour. Lebléabesoin •d’un supplément d'environ 1 millimetre par jour, soit ÍH millimetres pour les trois mois. Pour les trouver, il Taut qu’il ait recours á l’lmmidité que la terrea emmaga•sinée dans ses prolondeurs pendant Pliiver et le premier printemps. Si cette terre estcapable d’en reteñir 25 p. 100 ■et si le blé ne soullre de la sécheresse qu’á la limite de 10 p. 100, il peut en consommer environ 15 p. 100. Or, pour une terre pesan! 1400 kilos parmétre cube, 15 p. 100 ■dans une épaisseurde : 30 centimótrcs roprésentent 63 millimélres de hautour d’eau. 40 — — 84 — — SO

103

11est done nécossaire que les racines du blé trouvent un sol assez aeré pour C[u’elles puissent y descendre jusqu’a plus de 40 centimétres de profondeur. II eu est ainsi dans les limons l'ertiles qui couvrent les plateaux de la Picardie, etc. Souvent ce limón a plusieurs mélres •d'épaisseui’ et c’est gráce k ses propriélés physiques si íavorables a la production du blé que l’on peut y obtenir «des récoltes de plus de 40 hectolitres k l’hectare. RiSLEn ct W ery. — In'igations el drainages. 2


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Quand ce limón repose sur la craie ou sur le calcaire gi'ossier, sos propriétés s’accentuent encore plus dans le sens de la perméaldlilé, perméaljililé pour l’air qui est toujourscorrélative déla perméabité pourl’eau ; l’une suit l’autre. Si le limón n’a pas assez d’épaisseur pour consorver assez d’Jiumidilé jus([u’á la maluralion des va­ rietés lardives, il esl prudent de ne culUver que des bles precoces. Dans une grande parlie de la Franco, les ce­ reales et á plus forte raison les fouri'ages consomment toules les eaux de piule (|ui tombent directement sur eu.x |)endant la saison la plus active de leur végétation. lis en ret.'oivent rarement trop, mais souvent ils n’en ont pas assez. Maissnl y a, comme dans la Brieet le paysde Caux, de l’argile au-dessous du limón et surtout si ce limón n’est pas tres épais, les racines des cereales ne peuvent pas y ])énétrer á une grande prol'ondeur, soit parce que la compacité du sous-sol leur o])pose un obstado insurmoníable, soit parce que ce sous-sol n’est pas assez aeré; il faut le leur ouvrir au moyen des défoncements et du di’ainagc et, en l’ouvrant aux racines et a Fair, on l’ouvre en mome trmps aux caux de pluie qui peuvent y des­ cendre et y foniier des reserves pour les temps de séclieressc, au lien de s’écouler inútiles vers les ruisseaux et les riviéres ou de taire du mal, en restan! stagnantes á la surface. (le sont les piules de fautomne et de Fliiver (|ui sont nuisibles dans les torres argileuses á sous-sol impermeables. Non seulement il est dil'licile d’y l'aii'e les labours et scmailles en temps convenable, mais les blesy sont exposés á soutlVir, dans les endroits oi'i les eau.x resten t stagnantes, ou a étre déchaussés quand il survient des alternatives de gels et de dégels. Autrofois on clier-, (Jiait il diminuer ces dégáts en faisant des billons et desfossés á ciel ouvert dans lesquels venaient aboutir lesdénnjures et les sillons d’égóuttenient. Le meilleur de la teri'e et des engrais était entrainé dans ces fossés et allait.


TRANSPIRATION DES PLANTES.

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se pei'dre au loiii; le.s Ierres mal ameublies, mal aerees el, par conséquent, mal nitriíiécs ou plutót dénitriüées, ne laissaienl pas descendi'e les racines á des profondeiirs suffisanles poiir qu’elles puissent résisler aux sécheresses dii prinlemps et de Teté. L ’eau elle-meme, s’écoulanl oii s'évaporant á la surface, ne se conservail pas dans le sous-sol el les récoltes souíTraient de la sécheresse des que les pluiescessaient de tondíer. Mais aujourd’luii, en ameublissanl ces terrains compacLs, en oiivranl leur sous-sol au passage de l’air, de l’eau et en méme temps á la pénétraüon des racines, on y diminue á la l'ois les e.xcés de riiumidilé pendanl riiiver el les excés de la sécheresse pendanl la période oíi la végétation a le plus besoin d’eau. ün peut laire cela jusqu’á un cerlain poinl par les labours profonds el les défoncements, mais on lo fait mieux encore el d’une maniere plus durable par le drainage. Eu augmentanl Tépaisseurde la couche meublc et active du sol, le drainage régularise l’approvisionnemenl des plantes en eau. C’esireau stagnante qui est nuisible dans le sol, mais il en est tout autrement pour l’eau en mouvement, pour celle qui ne i'ail quepasserellraverserla couchesupérieure du terrain. Celle eau entrame avec elle les produils de l’oxydation des matiñres orgaui(|ues renlérmées dans le sol et y attiro á sa suite une nouvelle provisión d’oxygéne; elle aero le sol et le résultat le plus imporlant du drai­ nage régulierdes Ierres auparavanl imperméables est d'y portel’ la couche d’oxydation a une profondeur plus grande, celle oñ les luyaux sont places. Le drainage, agissant comme les trompes que l’ou emploie dans nos laboraloires, tend constamment á taire le vide au-dessus de lui et il en résulte en méme temps une forcé mécanique qui, enlrainant une cerlaine quanlité de parlies fines, sable et argüe, augmente de plus en plus les intersticcs par lesquels Lean et á sa suite Lair pcuvent pénétrerdans le sous-sol. De cello eau, la Ierre argileuse


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

en retient 23 á 33 p. 100, e lle reste, facilenient pénétré parlesracines des plantes, contient alors assez d’oxygñne pour en fournir á ces racines et en méme temps poiir nitrilier les substances organiíiues qui doivent leur servir d'aliments. Les laboursprofonds t'aits ii la suite du drainage en complñtent raction, mais, sans drainage, l influence dos labours profonds est beaucoup moins grande et moins durable : lis ne pénetrent ordinairement (|u’ii 40, rarement á plus de 30 centimñtres de prolbndeur ; lis i'avorisent Laccés de l’eau jusqu’á cette prolbndeur, mais la cette eau reste stagnante et, ne pouvant chasser par en bas l’air chargé d'acide carl)onique qu’elle rem­ place, elle le relbule par en liaut et empéclie ainsi l’arrivée d’un air plus pur. L ’ai:oine consommé rolativement plus d’eau que le ble, onviron 230 kilos pour l'aire 1 kilo de matiere secbe, le mais seulement 216. Comme chaleur et lumiere la zone de culture du mais coincide h peu prés avcc cello de la vigne, mais il a besoin d’uneplus grande quantité d’eau. A Caleves, la vigne (k raison de 12 á 13 000 ceps par liectare) evapore dans les beaux jours de juillct environ 1 kilogramme d’eau par cep, soit 1,2 á 1,3 millimétre par liectare. Pour faire de la lecule, du sucre ou de l’alcool, los pays a climal tempére ont la pomme de Ierre et la betlerave ; la promiére se contente de 0,73 á 1,5 miliimrtre d’eau en moyenne et de terres légéres, la seconde a liesoin de plus d’eau, surtout pendan! les mois do juillet, aoút et septembre et, sur les plateaux des environs de Paris, elle soull'rirait de la sécheresse, si ses racines ne pouvaient pas trouver une reserve d’liumidité dans les couclies profondcs du limón. Parmi les légumineuses qui serven! de Iburragesi Vcsparcellc asi celle qui exige le moins d’eau. Le tréjle en demande prés de 3 millimétres parjour pour préparer sa premiére coupe et la seconde dépend complétement de la quantité depluie qu’il rcQoit pendan! l’élé.


TRA.NSPIRATION DES PLANTES.

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La Iranspiratiüii de la luzerne esl encore plus ahondante (pie celle du tiM-íle ; elle atteint au moins 3,4 millimélres par jour el les.piules de prinlenips ou d’été (jui tomlient lialiituellement dans notre climat sonl loin de ce chifl're. 11 l'aut done cpie la luzerne ail recours a l’liuinidité que la Ierre a emmagaslnée pendaniPlilver, et c’est pour cela qu’elle alme les Ierres á la l’ols profondes et fraiclies qul serven! en quelque sorte de réservolr pour les masses consldérabies d’eau donl elle a besoln. SI ces Ierres peuvent en reteñir 23 p. 100 en poids, la luzerne peut en consommer 13 p. 100 sans arriver á la limite oii elle trouve lo sol trop sec. Or, pour une conche de 60 centimf'tres de profondeur, 13 p. 100 l'ont 126 inillimñtres d’eau (pii, tires de la terre dans l’espace de deux mois, équivalent á une piule de 2 millimetres en moyenne par jour. En Pajoutanl a la piule qul tombe réellement pendant les inois' d’avril, mal et juin, par e.xemple, pour les environs de París á 1“ “ ,33, on arrive a une moyenne de 3,33 millimetres d’eau par jour qul peut sufíire a la consommation de la premif're coupe d’une luzernií're. Mais, ])our alimenler la seconde et la troisieme coupe, 11 l’aut ([u’elle aille puiser gráce. á sos longues racines, á des |)rol'ondeurs de plus en plus grandes que 60 centimedres. Lelaest possihle dans les limons qul ont plus d’un metro d’épaisseur et qul reposen! sur des terrains perméahles comme le, calcaire grossier ou la craie. Quand 11 y a do Pargile au-dessous du limón et que lé drainage y a été í’ait á un metre comme dans la Crie, les racines de la luzerne descendent jusqu’au niveau des drains. Dans le -sud de la Franco, on arrive á ohtenir jusípi’á 4 ou 3 coupes do luzerne par an, soit 12 á 13 000 kilogrammes par hectare de l’ourragc sec, mais pour cela il faut Parroser. Avec beaucoup de soloil et heaucoup d’eau, (dle devicnt réellement la merveille du mesnage, comme l’a dit Olivier de Serres. Le chiirre de 7 millimetres par jour que Schühler,


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Mai'ié-Davy et M. Risler ont. trouvé pour róvaporalion des pruiries natiirelles suppose également que ces prairies sonl abondamment pourvues d’eau dans la saison la ])lus chaude del’année, c’esL-á-dire, irriguées. Ce chillre n’est pas loin de celui d’un lilre par seconde el par heclaro (gnim Q4 par jour) que Fon emploie pour Firrigalion dans le Midi. Dans son mémoire sur Femploi des eaux dans les irrigations, Hervé-Mangon cite uneprairie deFlsle(département de Vaucluso) oíi ¡1 a jaugé 1 lit. 126 par seconde et par heclare. Les eaux de pluie qui loinbent direcleinent sur un hectere de prairie n’alleignent nulle parí en l'rance des moyennes a[)prochant de 7 milliinélres. Le tablean ci-dessusne donne Fmillinietres pourla moyenne d’avril, mai et juin qu’aux Setlons, dans le Morvan. 11 toinbe plus de 3 luétres á Bagneres-de-Bigori'e et á Besansón. Mais á Grenoble, Genéve, Lyon, Limoges, il n’y en a qu’environ 2 millimetres et demi; á, Nancy, Lille, Bouen, environ 2 et á Darisl,;jü. Or, avec une moyenne de t et demi et 2 millimetres et demi de pluie par jour pendanl les mois oü la croissance deFherbedoit se taire, il est impossiblc d’obtenir des foins abondants. II faut qu’outre Feau des piules qui tombent directement sur elles, les praiiies puissent proliter de cellos qui sont tombées sur dos toi'rains sitúes enamont et qui leur sont amenées, soit par des sources si ces terrains sontperméables, soit par les cours d’eau qui s’y sont formes, s’ils sont imperméables. G’est une ii’rigation naturelle qui résulte de la nature des terrains qui sonl éclielonnés sur les pentes des montagnes et des vallées et nos travaux d’irrigation ne font qu’imiter et compléter cello irrigation naturelle, en accumulant sur une méme sui'face les apports d’eau que la pluie a failsplus haut sur des terrains inclines ou permeables. Tantut ce sont Ies íilets d’eau iníiltrés dans les lentes du granit que le métayer du Limousin réunit dans des púcherics pour arroser des


CIRCULATION DE L’EAU DANS LE SOL.

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prairies élablies dans le l'ond des vallons ; lanlót ce son! les piules tombées sur les plateauxcrevassés des calcaires jurassiques qui vonl se perdre dans les Avens el qui reparaissent plus bas á la surlace des mames du lias ou de l’oxfordien et serven! á y arroser les prairies et h abreuver le bétail nourri sur les berbages. Nous en citerons de nombreux excmples dans le cbapiLre consacré au régime des eaux dans les diverses lorinations géologiques. Parlout, il es! bon de faire des prairies permanentes dansles parües basses des !errains que Fon exploüe. ün augmente ainsi lesapporlsd’eauque ces terrains recoiven! direclemen! de la pluie en y l'aisan! arriver Fexcéden! de celle qui es! !ombée sur les hauleurs e! en méme lemps on les enricbi! au muyen des maüéres ferülisanles, e! surlou! des nürales, que ceüe eau a enlevés dans les cliamps. P H É N O M E N E S P H Y SIQ U E S ET C H IM IQ U E S Q U I A C C O M P A G N E N T LA C I R C U L A T I O N D E L ’EA U DAN S LE SOL

Nous venons de monlrer le rule considerable que Foau joue dans Falimenlaüon, dans le développemen! de la plante. G’es! Fhisloire de Feau pbysiologique. Elle en a une aulre encore don! les mulüples chapüres ne son! pas moins in!éressan!s. Nous voulonsparler desphénomenes don! dependen! sa présence e! sa circulaüon dans le sol. En lomban! sous forme de pluie, ou de neige, en se précipüan! a Fé!a! de i'osée, Feau apporle au sol des élémenls don! nous connaissons Fimportence pour la végélalion : de Foxygrne; de Facide carbonique; de Fazole combiné; ammoniaque ou acide nürique. Nous en indiquerons plus !ard les proporüons. Lorsqu’aprés avoir remplilesintersüces quiséjiaren! Icsmolécules lerreuses,


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L liAU, LA PLANTE ET LE SOL.

elle s'écoule dans le sous-sol, ou que suivaiiL les pentes des couclies impermeables ello va sourdre au loin, ello amone de l’air, pourla remplacer, daiislescouche.squ’elle á Iraversées el (ju’elle abandonne. Ainsi la |iluie, aprés avoirfourni elle-méme de l’oxygénc au sol, parson mouvemenl dans les couclies profondes, amone une aéraliou d'autant plus ¿mergique que sa masso esl plus forte el sa descenle plus rápido. La propriété qu'elle possede d’augmenterde volume en se congelan! en fait rau.xiliaire du laboureur. La Ierre qui a été Iravailléo avant riiiver se reconnai! vite au printemps. Les alternalives de gel el de dégel ron!, comme réduite en poussiere. Mais, bien plus, c’esl en, parlie gráco áclle ([ue la Ierre s’est forméo a l’origine et qu’elle continué á se l'ormer en cerlains endroits. L ’eau par ces allernatives de gel et de dégel désagroge Iesroches plus ou inoins poi'euses oü ello s’inlillrc. Entrainés par les torrents ou les cours d’eau, les minérau.x l'rotlés les uns contre les aulres s’efl'ritent en limón impalpable. Aidés de l’eau, l’acide carbonique et l’oxygéne de l’air s’attaquent á la plupart des roches et les réduisent en torres fines. Les roches silicatées perdent leurs bases : potasse, soude, chaux, magnésie et donncnt des carbonates qui sont éliminés par les eaux. Le silicato d’alumine qu’ellos renferment demeure intact et en s’hydratant formo l’argile. Quant a l’oxydo de fer, il reste avec ralumine. Le granit subit la méme altéralion. Les scliistes se déti'uisent et se délitent avec beaucoup de facilité. Les pierres calcaircs en présence de l’acide carbonique se dissolvent lentement dans l’eau. L ’eau exerce done une action directo tres importante sur la formation de la Ierre arable, soit qu’elle agisse mécaniípiement lorsqu’elle est transforméc en glace par le froid et qu’elle fait ainsi éclater, en y pénétrant comme un coin, les roches les plus duros, soit que


CIRCULATION DE L’ EAU DANS-LE SOf..

■X‘6

chai'gée tracide carboniquc elle les aüaque lenlemenl. Nous n’envisageons id que l'eau qui eslconlenuc dans le sol. Aussi n’évoquons-nous qu’en passantractioiicon■sidérable que les glaciers exercent sur les rodies qui lorment leur lit. Onsaitqueces massesenormes deglace se déplacent lenlemenl el que duranl leur marche les cailloux, les pierres qu’ils enchássenl usonl lesparois des roches voisines, en arrachenl des fragmenlsqu’ils Iransporlonlau loin, comme Talleslenl les moraines qui ceignenl leur fronl. On a mis en lumiere dans ces derniéres années le róle indirecl, rnais Ires importanl cependaht, que les élres inférieurs el les organismes infinimenl pelils jouenl dans la décomposilion des roches el la Ibrmation de la Ierre arable. Los microorganismos, qui pullulenl dans le sol, produisenl lous de l'acide carboniquc ou nilrique. S’ils s’élablissenl sur une rocho deja plus ou moins décom(losée, il esl évidenl qu’ils aidenl á sa deslruction. G’est ce que M. ¡Münlz a constalé. « Un des exemples les plus « frappanls, dil-il,m ’a élé fourni parun massifdes Alpes » de rOberland bernois, le Faulhorn (Pic-pourri) qui esl « conslilué par un calcaire schisleux noir el friable én « voio d’émiellemenl el donl loule la masse esl envahie « par lo fermenl,nilrique. » Aux sai)les, aux argües, au fef el á la chaux viennenl s’ajoulcr l'humus qui résulle de la décomposilion de la maliére prganique, des résidus des végélaux (|ui se sonl succédé sur le sol. C’esl le lémoin el le gago de la ferlililé. Cello décomposilion des maliéres organiques á laquellc il esl dú s’efl'eclue gráce á l’inlervenlion aclivc des mici’obes, á celle des champignons, á cello des vers de Ierre, comme l’a montré Darwin. Les lombrics se nourrissenl de feuilles morios, de débris de planles; leurs cxcrémenls formenl de riiumus. En oulre, ils sillonnenl la Ierre en lous sens, luidonnenl ainsi de véritables fa§ons el favorisenl sa pénélration par l’air el par Fcau.


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L’EA.U, LA PLANTE ET LE SOL.

La terre est quelque chose de vivant, a dil M. Derthclot. Mais ce quelque chose ne peut élre vivant qu’ála condition de conlenir assez d’eau pour y entrelenir la vie. 11 faut de l’eau pour le développemeiiL des algues (|uiíixent Tazóte de Tair (Schlresing íils et Laurentj. 11faut de Teau pour nilrifier (Schhcsing et Münlz). La nüriíication, qui a un si grand intérét pour la fertilisation du sol, s’arrñte coinplétenient dans la terre soche. Des que la (erre contient0,03p. 100 d’eau, la nitritication s’y étahlit; 0,10 a 0,15 p. 100 parait étre le degré d’humidité o|)timuin. 11 est clair d’ailleurs que la nitritication élant un phénomene d’oxydation, elle cesserait de s’opérer si la terre était gorgée d’eau, parce qu’elle ne contiendrait alors plus d’oxygéne. La vie mici’obienne exige pour s’e.xercer de Teau et des matieres organitpies. On peut la développer au máximum dans les sois en leur fournissant de Teau et des fumures. Les plantes assimilent Tacide carbonique de Tair pour former de la matiére organique. Les animaux qui se nourrissent de plantes en forment a leur tour. 11 est nécessaire que cette matiére organique soit ensuite décomposée alin que Tacide carbonique et les matieres minérales qu’elle renferme rentrent dans la circulation. Ainsi se trouve ferméle cyclode la vie. Cesont les organismes inférieurs animes par la chalcur, par To.xygñne et par Thumidité qui se chargent de cette décomposition, qui dégradent peu á peu la matiére organique. Comme Ta dit Pasteur, sans eux, la vie cesserait parce que la torre serait hienlót encombrée de cadavres. L’eau est absolument indispensable a leur activité. Dans les milieux absolument secs ils suspendent leur utile fonction. L ’eau acquiert done ici une nouvelle importance ; la symétrie, Tbarmonieque Ton admire dans les phénoménes natui'els; le cyclc que parcourent leurs agents réapparaissent dans Tétude des rapports entre Teau et la matiére organique. Aprés avoir contribué a


CmCULATION DE I/EAU DANS LE SOL.

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la creer., en donnanl avec la lumiére et la chaleur, la vie auxplanles, l’eau contribue a la délruire. Et elle assuie ainsi sa perpétuilé.

III. — Pouvoir absorbant des ternes. Nous avons précédemment montré commenl, gráce aux pliénoménes de Fosmose, les plantes extraient du sol leurs aliments nihiéraux. Elle les retiren! des Solu­ tions nutritivos qui se trouvent dans la Ierre. Elles peuvent les soustraire du stock insoluble des matieres fertilisanles du sol, gráce au pouvoir dissolvant des sucs de la racine. Mais il est avanlageux que le sol contienne sulfisamnient d’eau, pour que les matieres fertilisantes circulent, qu’elles arrivent ainsi á la portée des plantes. D’ailleurs, nous avons vu quelle est Fimportance du role que jone Feau dans leur circulation á travers le Lissu végétal. On peul se demancler si les quantités d’eau conside­ rables qui sont nécessaires a Fexercice de ces phénoménes ne vont pas entrainer dans les prolondcurs du sous-sol les élóments de l'ertilité réunis souvent a grands frais á la sui'l'ace. La pluie, Firilgalion, Fapport de Feau enlin, ne pourront-ils pas devenir nuisibles? épuiser les terres'? Non, gráce a une propriélé reniarquable (jui a élé découverte en 1819 par Fltalien Gazzeri, en 1848 par les Anglais HuxLable et S. Thompson : celle que ])Osséde la térro végétale de íixcr certains principes l'ertilisanls. Sans cela, pas de l'ertilité possible. La pluie entrainei'ail immédiatement les aliments des plantes. L ’irrigation ne serait pas possible. Elle laverait les terres a mort. Iluxtable constata qu’en fdtrant du purin sur de la torre on obtient un liquide incolore dépourvu de mauvaise odeur. De son cóté, Thompson reconnut, a. peu prés a la mémc époque, que la Lei're retient á Félat


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

insoluole ranimoniaque d’uné dissolutioii amrnoniacale alcaline ou méme Pammoniaque d’im sel Leí que le chloi'hydrale, le sulfale ou le nilrate. Way éleiidit ces recdierches á d’aulres subslances. El il li’ouva que le pouvoir absorban! des Ierres s’exerce encore á I'égard de loutes les bases alcalines el terreuses nécessaires aux végélaux. Ainsi, comme l’adit 51. Sclilcesing, « le sol n’est plus senlernenl le laboraLoire oü se forment les principes l’erlilisants eL oíi ils sonl prepares sous la l'orme (pii convienl pourleur assimilation ». 11 nous a|)paraít encore comme un magasin oü ils s'accumulenL, « sonl mis en reserve «. Liebig, Bi'usllein el dans ces dernieres années M. P. de .Mondésironl complélé les premieres rechcrclies qui onl été faites sui' le pouvoir absorban!. Way a mesuré sa valeur. II s’exerce tres énergiquemenl mais il esl facilemenl satisfait. La j)roportion des principes absorbes ne dépasse pas 2 ou 3 milliémes du poids de la Ierre, ce qui représenle 6 000 á 9 000 kilogrammes d’alcali par liectare du poids sujiposé de 3 000 000 de kilogrammes; c’est-a-dire une quanlilé de beaucoup supéricure á ce que réclament les plantes les plus exigcanles. Les quantilés d’alcali íixé dépendenl d’ailleurs du degré d’approvisionnement du sol. Ainsi, le |)Ouvoir absorban! du sol esl presque nul pour la sonde el la cliaux. 11 esl beaucoiq) plus grand pour la polasse el Pammoniaque. Lo sol, en olfel, esl incessamment dépouillé de ces deux bases. Toules les plantes consomment de la polasse. Quant á Pammoniaque, il esl á chaqué inslant transformé en acide nitrique. La sonde n’est ])rosque pas ulilisée par les plantes. La cliaux existe presque loujours en stock suffisant. Si Palcali esl presenté sous forme de sel, nili-ato de polasse, sulfate d’ammoniaque, la base sculo esl íixée; Pacido se combino á la cliaux du carbonate de cliaux qui préexisle dans la Ierre el s’échappe. La condition dne


CIRCULATION DE L ’EAU DANS LE SOL.

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qua non de la lixaUoii de ces álcalis donnés sous formo de seis, c’esl la présence de la chaux dans le sol. Si elle n’y existe pas, la maliére ferülisante n’est pas fixée. Elle le serait, si elle s’était ofl'erte á la Ierre sous forme de soluUon dans Feau. Ainsl la Ierre fLxera Fammoniaque d’une dissolution ammoniacale, méme en Fabsenco dn calcalre. Des divers acides, seul Facide pliosphorique est. relenu par la Ierre. ¡Víais ce n’esl pas le pouvoir absorbanl qui s’exerce en sa faveur. 11 se combine avec les bases du sol pour former des phosphales insolubles, circonstance bien heui’euse aussi puisque Facide pbospliorique est Fun des éléments les plus précieux aux plantes. L ’acide nitrique ne peut former, Ini, que des seis solubles et le sol ne le retient pas. Aussi, ce principe fertilisant, d’une si gi'ande imporlance, n’est-il pas conservé au sol. 11 en est de méme pour la chaux qui se dissout dans Feau en présence de Facide carbonique donl Fatmospbére conlinée dans le sol est chargée. Le pouvoir absorbant du sol rentre dans la classe des phénoménesattribuésaFariinitécapillaire(M. Scbioesing). 11 s’exerce sur les dissolutions aqueuses des álcalis. II s’exerce sur leurs dissolutions salines pourvu que gráco au carbonate de cbaux, les seis puissent, par un écbange, se transl’ormer en carbonates. 11n’appartientni au calcaire pur, ni au sable pur, mais á l ’argileou au terrean. Comme toutes les torres végétales contiennent de Fbumus, elles se monlrent toutes douées du pouvoir absorban!.

IV. — Composition des dissolutions contenues dans le sol. 11 est tres intéressant, au poini de vue do Fassecbement des térros ou au contraire de leur irrigation, de connaitre comment Feau une fois dans le sol se comporte vis-a-vis des éléments do fertilité. C’est ]¡ourR isleh ot W e n v . — I r r ig a íio n s e l d ra in a rjes.

3


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L ’EAU, LA. PLANTE ET LE SOL.

([uoi nous devions dirc quelques mots du poiivoir absorbant du sol á l’égard de ces éléments. L'ótudo de la composiüon chimique des dissoluüons contenues dans le sol cst le complément nécessaire de celle du pouvoir absorbant. Ce que nous avons dit de celui-ci lait prévoir immédiatement que les caux qui circulent dans le sol seront pauvres en éléments de fertilité, sauf en ce qui concerne les nitrales qui ne sont pas retenus par les Ierres et le calcaire. Plusieurs expérinientateurs ont analysé les eaux de drainagc, qui représcntent des dissoluüons qui ont traversé le sol et le sous-sol. Voici les résultats obtenus par M. Risler sur sa propriété de Caléves. Le 25 mai 1872 le collecteur coulait tres fort. 11 était tonibé, depuis le commencement du mois, 135 millimétres de pluie. L ’cau de drainage était trouble. Elle conlenait par litre : Ob'’,0127 de matiéres en suspensión, séparées par filtrage ct 0b'',3167 de matióres dissoutes. Ces derniéres so composaient do : Sílice................................................ 0si’,010o Precipité par ammoniaque............. Os*',0073 Carbonate de chaux......................... 0k'’,2370 —■ de magnésie. . ; ............... 0s>',02S7 Acido snlfurique............................... 0ií'',0017 Clüore............................................... 0s>-,0020 Potasse et soude.............................. Offi',0140 Acido nitriquo................................... 0ff‘’,0033 Portes, etc....................................... 0si’j01.30 Total................................

0tf‘',3l67

L’eau renferrnail par litro 42'“,8o do gaz coniposús do : Acide carl)onique.............................. 30““,30 Azote................................................ 10",10 Oxygéne.............................................. 2", 23

Le 8 aoút, aprés une serie de pluies et d’orages qui avaient duré une dizaine de jours, l’eau du méme drain.


CIRCULATION DE L ’EAU DANS LE SOL.

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li'ouble et d’aspect laiLeux, contenait par litre 0e'',083 de matiéres en suspensión et de malieres dissouLes dont 0s‘',0018 d’acide nitrique, niais pas d’aininoniaque. Way a exécuLé de nonibreuses analyses d’eaux de di’aiíiago donl M. Srbbjesing a résiuné les résnllals dans le tablean suivant : Sulislances conlenues

(Inns 1 lUr■c d’eau de drainage, o iliUligr. Potassc .................................. . Do 0 (1 12 ti 45 — Sonde.................................

Chaux................................. M agnósic........................... ■Oxydo de l'cr ot alum ino. S ílic e ................................. . Acide phospliorique........... Anim oniaquo.................... Acide nitriqu e.................... Ghlore ot acide sulfurique.

33 u. 18a

— 0 il 18 — 0 a 23 — 0 a 1,7 — 0,:lá 0,3 — 27 a ICo — Exlrememeiit variables. 3

ii

55

Ces cliilfres montrent que les eaux soulerraines n’entraínent que de l'aibles (|uantités de principes fertllisanls, les nitrales et la chaux exceptes. Les nitrales sont exportes dans des ])roportions réelleinent importantes. MM. Lawes, Gilbert et Waringlon estiment qu’en moyenne les eaux de drainage enlñvent par an áune Ierre non cultivée 47 kilogramines environ d’azote nitri(|ue, ce qui équivaut a nne fuinui'e de 300 kilogramincs de nitrato de sonde. La perte esl beaucouji nioins considerable lorsque les Ierres sont cultivées. Elles varient, du reste, avec les einblavures el les engrais qui ont été misen Ierre. M.M.Lawes et Gilbert ont trouvé pour Lun des champs du domaine de Rothamsted, cultivé en blé depuis 1884, que la moyenne de la quantité d’azote perdue par hectare el par an pendant la période 1874-81, a varió suivant les fumures de 16‘‘i-',73 á 82'‘ B,81.


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

P.-P. Dehérain a l'ait sous le climaL de París, á l’école de Grignon, de tres imporlantcs reclicrclies sur ce sujeL et il a trouvé des résuUats du máme ordre. Les plantes culLivéesabsorbenl les nitrales qui seraient entrainés par les eaux. Le regi-elté savant partait de cette observation pour ])réconiser le moyen suivant de lutler centre l’entrainement des nitrales par les eaux de ]duie; fairc des cultures dérobées apres la moisson. Les plantos fourrageres comme la vesce peuvent etre enlerrées avec proíil á Pautomme et constituer un excellent engrais veri qui incoiq)ore au sol Tazóte f|ui en aurait élé cnlevé par les ¡duies. 11 est évident qu’il esl nécessaire que la lin de Tété ne soit pas trop séche, qu’il ait plu suffisainment pour favoriser la venue de la récolte dérobéo, sans quoi les l'rais nécessités par celle-ci ne seraient pas couverts. Les eaux de drainage représentent-elles bien los dissolutions qui imbibent la Ierre, qui existenl dans son sein? On peut dire qu’elles sont diluées par les eaux de pluie et que ]>ar conséquent elles ont une com])osition dillerentc. Jl. Sr.libesing'a résolu cette queslion gráce á une métbode et á un appareil extróinement ingénieux. Cet appareil déplace les dissolulions contenues dans le sol sans en moditier la composition. Le tablean ci-contre donne Tanalyse des dissolulions extraites de sept Ierres l'ertiles. Ges résultats montrent iminédiateinenl que la composition des eaux contenues dans le sol est sensiblement la meme que cello des eaux de drainage. Comme les eaux de drainage elles sont dépourvues presquo absolument d’ammoniaque, d’une grande pauvreté en potasse et en acide phospborique. Elles sont, encore comme les eaux de drainage, d’une assez grande ricliesse en cliaux et on acide nilrique. Elles contiennent des quantités notables de soude et de clilore. Le calcaire s’y trouve comme dans les eaux congéneres á Télat de bicarbonato de chaux. Sa


CIRCULATION DE L EAU DANS LE SOL.

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teneur est foncüon de la tensión de l’acide carbonique dans ratmosphere conlinée du sol et croil avec elle. Aussi est-elle tres variable.

T E RUE DE

T E U U E l/ iS S Y

nO U LO G XE

( a r g i l o - c a lc a ir e m c u b le ).

Taiix p. 100 d'huiniditó.............. Taux p. 100 d’ac. carbonique dans l’atmospbére de la Ie r r o .............

19,1

0,49

18,8

0,54

( a r g i l o - c a lc a ir e n ie u b le ).

15,8

2,5o

C I> 'Q DE

TEURES

NEAUPHLE -

L E - C H .\ T E A Ü 1 ( a r g i l o - s ilic e u s e s m c u b le s ). j

15,8

15 á 21

2,4

))

1 litre do dissolution contiont : m illig r .

m ü H ír r .

m illig r .

m illig r .

199 Ac. carboniquo.. 117 480 1438 332 Ac. nitriquo....... 30a 154 231 Chlorc................ 7 6 G » Ac. sulfuriquo... íiS 75 50 50 Ac. pbosphoriquo et for......... 0,8 2,8 0 0 29 Sílice.................. 32 2G 34 A m n ion ia(ju c__ traces traces traces traces Ghaux................ 2G4 227 301 G94 13 M agnesio........... 20 21 47 Poiasso.............. 7 3 157 2,G Soudo................ 14 8,8 27 38 Mat. organiíjue. 37 90 04 87

n iillig r .

138 15 12 22

á 200 á GOO á 46 á 50

0,5 á 1,5 23 á 48 1 0 á 0,8 130 á 311 lo á 33 0 á 5 18 ;i 42 24 á 50

Nous avons dit que La\ves et Gilbert estimaient qu’en moyenne les eaux de drainage enlñvent par an, á une térro non cultivée, 47 kilogrammes environ d’azote, ce <[ui équivaut á une l'umure de .300 kilogrammes de nitrate do sonde, mais que la culture diminuait considérablement eos pertes. En ce qui concerne le calcaire, en supposant que l ’atmospliere conlinée du sol renCerme un centiéme


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L’ EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

(l’acide carbonique el qu’ilLombe 00 centimétres de pluie dont le üers pénelre dans les couches prolbndes, on trouve que les 2 000 melres cubes d’eau qui passent du sol clans le sous-sol y enlrainenl annuellement 400 kilogramines de calcaire (1). Ces chillVes ne sont que d’assez grossicTCS approximalions ; mais ils suflisent pour donner une idee des pertes (]ue l’eau pcut Taire subir au so), soil qu'elle provienne des pluies, soil qu'elle y soil arliíiciellement amenée par l'irrigalion. Conlre les pertes d'acide nilrique, les plantes CAillivées olTrenl la mcilleure déTense. L’entrainemenl du calcaire par les pluies ou par des eaux d’irrigalion dépourvues dechaux montre toute rulililé des marnages el des chaulages périodiques. Nous y reviendrons. Dans (juelle mesure les dissolulions salines contenues dans le sol servent-elles á ralimentalion des [liantes? G’est dans le bul de répondre a celte (jueslion el sur le conseil du comte de Gasparin, alors direcleur de rinstilut agronomique de "S^ersailles, que MM. Verdeil el Risler ont analysé, en 1802, les subsiances solubles dans l ’eau des Ierres des Termes qui Taisaienl parlie de cet Instituí (2). lis y ont trouvé par kilogramme de leri'e et par litre d’eau de 1,'2 a 1 gramme de substances dissoutes. Ces exlraits se composaient de 29,SO a 07 p. 100 de matiéres minérales et de 70,30 á 33 p. 100 de matiéres organiques conlenanl 1 1/2 a 2 p. 100 de leur poids d’azole. Vüicile détail do ces analvses : (i) C.-V. G\noi..\, Coutvihutiou á ¡'rfut/e phijaiquc r/e.s sois. (¿) VEnoEiD el UiSLin, Comptes venrlus de l'Aondthnie des sc-ievees, l. XXXV, 1895, el Cours d^agriciilture de (lasjiarin. \. M el annexes.


CIKGULATION DE L’ EAU DANS LE SOL.

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L'EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Les plantes absorhent les principes insolul>les ou relenus par le solgráce au suc acido que sécretent les racines. Le physiologiste Sachs a niontré quelle étail l'action de ce suc en cultivant des plantes dans des vases dont le ond était formé d’une plaque de marbre. Les racines y ont laissé des traces qui prouvent leur aclion corrosive sur le calcaire. Les racines peuvent done attaquer directcinent les matériaux qui contiennent a l’état insolulde leurs aliments. Mais Fon pouvait so demander si les conséquences qiron tirait de ce fait ne restreignaienl pas troj) le i'üle do Facide pliosphorique et de la potasse qui se trouveni dans les eaux a Fétat de dissolution. Les tres remarquables rccherches i[ui ont été entreprises depuis 1898 par M. ScliliBsing lils prouvent que ces dissolutions jouent dans la nulrition des végétaux un role beaucoup plus importan! qu’on ne lo supposait jusqu’ici. Ellos montrent en méme temps une fois de plus quel précieux agen! do fertilité i'eprésente Feau, combien sa présence dans le sol est utile. Et c’est pourquoi nous y insistons. On sait que 1 hectare de torre arable du poids de 3 á 4000 tonnes peut contenir 1 á 2 ou 3 pour 1 000 d'acide pliospborique ou do potasse, soit de 1000 á 3 000 kilogrammes d’acide pliospliorique total, non dissous, et méme fréquemment jusqu’á 4000 kilogrammes de potasse a Félat brut, et bien plus, non dissoute. Les Solutions aqueuses contenues dans le sol ne contiennent que des millioniémes de ce stock, 1 milligramme, parfois 2 ou 3 milligrammes d’acide ])hos¡)borique par litre, un peu plus pour la potasse. En sorte qu’une terre renfermant 13 p. 100 d'eau ne renfermerait á Fétat dissous que 0''B,43 d’acide pliospborique par hectare, quantitó hien faiblc relativement au contenu de la récolte. Elle pourrait aussi contenir 1 á 2 kilogrammes do potasse dite « assimilahle », c’est-á-dire a Fétat soluble, quantité égalcment bien minime si on la


CIRCULATION DE L ’EAU DANS LE SOL.

4S

■compare aux SO kilogvammes de potasse qu’une récolte moyenne de Idé, par exemple, enléve á un liectare de Ierre. Ces dlssolutions, si pauvres, sont-elles cependanl capaldes de fournir aux récoltes les quanütés d’acide pliospliorique el dejiolasse qui leur sonl nécessaires? Si une récolte de ble conlient .30 a ■iO kilograinmes d’acide phospliorique el si celte récolte a transpiré 2 millions de litres d’eau par liectare pour se former, il suffit (|ue cetle eau ait dissous dans la Ierre IS a 20 milligramnies par litre d’acide pliosphori(|ue. Cela est bien d ’accord avec les résullats des reclierclies de M. Sclilcesing lils, coinine avec celles de ¡M. llisler. Des sois de gres stériles el inaptes par eu.x-mémes a alimenter convcnablement desplantes en acide phosplioi’ique ont élé arrosés avec des liqueurs nutritives contenant cet acido a des doses divei'ses. Sur ces sois, on a cultivé diflérentes plantes qui ont dú prélevei' leur acide pliosiihorique a peu pi'és exclusivement sur les dissolulions qu’on leur oll'rait. Sans addition d’acide pliospliorique dans les dissolutions, les plantes sonl reslées inisérablcs. En présence de dissolutions contenant des quantilés d’acide phospliorique de l’ordre de celles qui existent dans les torres arables, ellos ont prospéré; avec des liqueurs á 2 milligrammes par litre, on a obtenu de l'ort beaux maís, et, avec des liqueurs á 0“ g'’,;> et 1 milligramme seulement, des i'écoltes de blé coirespondant a 10 kilogrammos et 18 kilogranimes a Fliectare. Une autre expérience a inonlré que des plantos peuvent s’aliinenter en potasse d’une maniere tres convonable aux seuls dópens de dissolutions qui n’en contiennent que quelques millioniémes. Dans ces expériences, les Solutions nutritives sont naturellement renouvelées d’une maniere constante. Les plantes sont arrosées d’une maniere réguliérc á l’aide de dispositifs spéciaux. Et c’ost gráco á ce contad inces3.


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

sanL avec, le liquide nourricier, si pauvre soil-il, que les jdantes peuvent prospérer. Or, M. Sclila'sing íils a inouLi’é que, dans les condiüons normales, les sois melteuL a la disposilioii des racincs des Solutions donl la leneur en acide pliospliorique et en polasse reste la méme. II a analysó les dissolutions contenues dans un meme sol, ]>i is á la méme époque, mais á des degrés d'humidité dilTérents, et il a constaté (jue le tilre de ces dissolutions en acide phospliorique, comnie en polasse, élail presque coustanl. Ainsi, dans des écliantillons de Ierre tres sáldense de Joinville-le-PonI, riiumidité passant de b á 11,b p. 100 et a 2b p. 100, la quantité d’acide phospliorique conlenue dans le premier litre do la dissolution qui iniprégnail la terre, c.xlrait par dissolution, a été successivement de l™e;r^02, l^'s^lO el l “ K‘',0b. Dans un autre éclianlillon provenant d'une terre de la ferme de M. Brandin, á Galande (Seine-et-.^larne), riiumidité A'ariant de 12,4 p. 100 á 22 p. 100, 1‘eau initiale contenue dans la Ierre variant de b litres á 8'“ ,8 la quantité d’acide pliosphori(|ue i'etirée du premier litre a été de 0“ k'',09 et de 0“ ií'',t2. Ainsi, malgré des variations considerables du laux de riiumidilé la quantité de rélémenl ferlilisant contenu dans la dissolution qui imprégne la Ierre reste sensiblement constante dans le méme sol el au méme moment. Entre le stock d’acide phosphoric|uo ou de polasse insoluble et l’eau s’établit, par des réactions cbimiques tres complexes, un état d’équilibre. 11 est rompu dans un sens ou dans l’autrc suivant les variations de la teneur en acide pbosphorique ou en potasse de la dissolution qui baigne les particulcs terreuses et les racines des plantes. Celles-ci absorbent-elles une cerlainc quantité du principe l’ertilisant, le titre de la dissolution diminue, le stock insoluble fournit immédiatement la dose qui est nécessaire pour rétablir l’é([uilibre. 11 en est de méme s’il est rompu par Farrivée de la pluie ou encore par la


CinGULATlON DE L ’EAU DANS LE SOL.

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pcrsistance de la sécheresse. Cette constance relalive s’oxplique tres bien (juand on réíléchil que la quantité du ])rincipe dissous esl tres petite par rapport au stock (|ui Fenlretient — potasse ou acide phosphoriqiie — en vertii de l’équilibre consideré. Ainsi des remarqnables i‘echerclies de M. Schloesing (ils (1) resulte d’une i)art que les dissoluLions nutritives de Irés faibles teneurs —■ — peuvent fournir aux récoltes les quantités d’acide phospliorique et de potasse nécessaires; d’auli'e part, que le litre de ces dissolutions contenues dans le sol se maintient constarument gráce a un equilibre cliimique. Le renouvellementde la quantité d’acide phospliorique ou de potasse contenu dans le sol s’opére au l'ur et á mesure que les plantes absorbentce qui leur est nécessaire. EL ce renouvellement s’eH’ectue assez vite — en quelques heures pour une Ierre qu’on agite doucement avec de l’eau — de telle sorte que, au cours d’une saison de végétation, ilest capable de fournir aux plantes l’acide phospliorique qu’elles absorbent. Ce renouvellemcnt constant de l’acide phospliorique — et de la potasse — soluble au fur et á mesure que les jilantes le consomment, fait que, malgré sa raroté relative, cet acide pliosphori([uc joue un rOle tres important dans la fertilité des terres. L ’eau luí sert en quelque sorte de véhicule. Elle en transporte tres peu á la fois il est vrai, mais ce transport est incessant. D’ailleurs, comme l’a établi M. Schloesing, le stock d’acide phosi)hori(|ue soluble que peut fournir une Ierre est considérable relutivement aux besoins des récoltes. En agitant 300 grammes do terre avec 1300 c.c. d’eau — suivant un procede particulier, — décantant ensuite 1 litre et le rempla^ant par de l’eau neuve, puis recommeiu’ant ces opérations un grand nombre de fois et analysant divers litres décanlés, (1) M. ScHL^;siKa (ils, (7o«y)<es ¡'endiis de l'Académic des Sciences, 1898.


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

il a pu facilement obtenir le lolal d’acide soustrait par l’eau á 300 grammes de térro et passer de la á l'heclare du poids moyen de 4 000 tonnes, en reslant d’ailleursau-des7 sous du vérilable approvisionnement cherclié, car ré])u¡semenl de la Ierre n’a pas élé achevé. 11a vu ainsi qu’un échanl ilion de (erre de Boulogno(Seine)ponvait donner par épuisement jusqu’á440 kilograinmes d’acide pliospliorique soluble á Pean; la Ierre de .loiiivillo peut en l'ournir 210 kilograinmes, une Ierre de Neauidile 130. Ainsi, ily a dans un hectare de teri'es de fertilité convenalile, comme les précédenles, un stock d’acide phos])liorique solulile á l’eau qui pourrait a lui seul subvenir aux besoins de cinq, dix ou vingt récoltes. Ce stock s’entretient par les engrais, par la décomposition des résidus des récoltes et par celle des débi'is des roches qui oxistent dans le sol. M. Schltcsing fiis (1) fait remarquer que si dans ses expérionces il a dú employer une grande quantité d'eau, relalivement au poids de terre, c’est que c’était le seul moyen d’abaisser le titre des liquides et de leur permettre de dissoudre une quantité sufíisanle d’acide pliospborique. Mais dans les (erres en [dace il y a les racines des plantes. Et colles-ci son! capables d'abaisser le titre dos dissolutions et de prolonger ainsi indéfiniment raction dissolvante exercée sur le sol par une inéme masse d’eau, í'út-elle restreinte. M. Schlcesing a voulu ajouter une démonstration directc du grand role que joue dans ralimentation des plantes l’acide phospliorique soluble a l’eau, au faisceau dos preuves (ju’il avait deja réunios en sa laveur. 11a dosé l’acide phospliorique dos dissolutions aqueuses extraitos du memo sol cultivé et non cultivé. II s’est adressé a deux (erres : Tune, celle de Boulogne, relativement tres riche en phosphates solubles dans l’eau ; Tautre, celle de Galando, particuliérement pauvre. (I) Compies rendas de VAcadém ie des Sciences,

mai 1901.


CIRCULATION DE L ’EAU ÜANS LE SOL.

49

11 a Irouvé des diíTérences telles entre les quantités d ’ackle pliosphorique contení! dans les Solutions extraites des terres non cultivées et celles qui étaient contenues dans les Solutions extraites desterres cultivées qu’elles établissent tres nettement que les plantes ont appauvri á leur proíit le sol, d’une inaniére tres sensible, en pliosphate soluble a l’eau. Mais avec une liabileté et une précision admirables dans des reclierchesd’un ordre aussi délicat, M. Scliloesing Jils est alié plus loin. Ayant sépai-é avec grand soin les filantes de leur sol, il a dosé l’acide pliosphorique dans les plantes entiéres, et rapprocbant Ies résultats obtenus {diminués de la petite quantité d’acide pliosphorique précxisiant dans les grainos somées) de la perte en phos2)hates solubles éprouvée par les sois, il a trouvé que les mais cullivés dans la Ierre de Boulogne contenaient dllü milligrammes d’acide phospliorique alors que les ■36 kilogrammes de Ierre servan! a l’expérience avaient perdu 1012 milligrammes d’acide phospliorique soluble á l’eau et que dans la térro ile Galande les mais récoltés renfermaient 4S0 milligrammes d’acide phospliorique •centre 199 milligrammes perdus par la Ierre. Ainsi, sur la terre l'ertile de Boulogne, les mais ont emprunté aux phosphates solubles á l’cau la presque totalité de pllosidiore assimilé et [irés de la moitié sur la Ierre do Galande. Cos jiroportions son! des minima car l ’épuisemeiitdes sois par les traitemeuts successifsá l’eau n’ayant pas été comjilet, on n’a pas pu évaluer tout le prélévemcnt qui a été operé par les plantes. Les phosphates solubles a l ’eau — la potasse soluble aussi — jouent done uii rOle beaucoup plus important qu'on nc lo supposait jusqu’ici dans ralimentation des plantes. Dos recherches de M. Schieesing íils on peut déduirc de nouvelles conclusions en l'aveur du rule de l’eau dans la végétation. L ’eau des sois peut élre regardée, dit-il, ■comme le véhicule d'une bonne part, peut-étre de la


bO

l ’e a u , la p l a n t e et

le sol.

plus grande parí, de l’acide pliosplioi’i(|ue (el d’autres principes encore) ahsoi’bé par les racines. Plus cxaclement, elle peni consliluer un inilieu de pas'age que traverso l'acidc phospliorique pour se rendre du sol dans les racines; les racines y puisenl cel acide et le sol répai'e la perte. II n’est pas besoin pour cela que l'eau soit ronouvelée ni tres ahondante, hicn qu’elle doive, élant plus abondanle, mieux remplir sa fonction. 11 ii'cst pas besoin non plus qu’clle s'absorbe en ineme lemps que Pacido phospliorique pour que cct acide penetre dans la plante; eau et acide sont indépendants sous ce raiqiort. Ge inilieu de passage, que l’eau représenle, ne laisse circuler que tres peu d’acido phospliorique -á lal'ols; inais la circulation est incessante dans la periodo de végétation et arrive á fournir aux plantes une importante quantité d’aliment. Sans ce jou, une parlie des phosphates non dissous, que les racines n’auraient pas la chance de rencontrer dans le sol et que par suite elles ne pourraient pas attaquer directement, constituerait un foiids inulile á la végétation.

R E L A T I O N S E N T R E LA T E R R E , L ’EAU E T L ’A T M O S P H É R E

Quand la surface de la Ierre est mouillée par la pluie, l’eau penétre de ¡iroclie en proche entre les jiarticules terreuses dont elle iinbibe les pores. Par Pellet de sa gravitó elle descend peu a peu dans les couches prolbndes. Ce premier elFet s’opére assez vite. 11 est suivi d'un second phénoméiie plus lent, celui de Pabsorplion par les couches inlérieures et soches de l’eau conlenue dans les couches saturées immédiatement supérieures. Ainsi seproduit un assécheinent lent de has en haul jusqu’á ce qu’un cerlain équilihre soit élahli. Mais pendant ce temps, l’air extérieur desséche les couches superíicielles


RELATIONS ENTRE LA IERRE, L ’ EAU, L’ATMOSPUÉRE.

oi

(lu sol. El ccílles-ci á leur lour reiirennent aux couches prolondes Teau qu'elles onl de plus ([u’elles. G’esl ainsi, comnie Te-xplique á peu pees dans ces termes Jl. de Gasparin (1), (|ue le lerrain se dessí'c.lie á la Ibis parle haut el par le Las. La rapidiló de l’évaporation lixe la limile inlei'ieure oü s’arréle riiiimidité de maniere que daiis les lerrains secscjui no commuiii'iuciit ¡las mee un réservoir d’eau inféricur, ce no sont ni les conches pro­ fundes, ni les couches superlicielles (pii conliennent le plus d’eau ; ce sont les couches iiiíermcdiahes. \'oilá un premier |)oinl important qu'il élait bou d'étahlir en commen^ant ce chapilrc. Dans ([uelle mesure, la terre saturée par les pluie.s i'etient-ellc l’eau qu’elle areque? Comment l’eau pénetret-elle dans le sol? Comment y circule-t-elle? Quelles rirconstances favorisent son élévation vers les couches du haut, lorsqu'elle provienL de nappes souterraines? Dans quelle mesure la Ierre prend-elle de l’eau au coulacL de l’air humide? Comment se desseche-t-elle par és^aporation ? (Juels sont les moyens a employer pour lavoriser la pénétration de l’eau dans le sol, sa dilfusion, son mainlien et sa distrihulion aux plantes? questions aux([uelles nous allons tácherde repondré dans les quelques pages qui vonl suivre.

I.

Pouvoir d’imbibition des ternes.

La faculté que la Ierre posséde de reteñir l’eau aprés([u’ello a été mouillée, ou son pouvoir d'imbibition, a élé éludiée dans les conditions naturelles des dioses parM. Risler. A Laido d’une sonde, M. Risler prélevait dans des térros en place des échautillons qu'il portait au laboratoire. Lii, il déterminail les qiiantilés d’eau qu’ils contenaienG (1) D e G a s i 'Ai u n . Cours d'ngricufture. t. II.


1)2

l EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

11 a (i’ouvé que ces quanülés variaient de 6,ü p. 100 á 2ü p. 100 du poids total de la Ierre, dans sa propriété de ■Caléves (1). Et il a montré des l'époque a la(|uelle 11 a l'ait ses ex])ériences, c’est-á-dire des 1869, que les ■cliiirres fournis par Scliübler pour mesurer le pouyoir d'imliibiüon des Ierres étaient exageres parce ([u'ils iie ;répondaient pas á la i'éalité des dioses. Schüblei' employait uu jirocedé don! M. Scbla’ sing a montré aussi rinexactitude. 11 prenait 20 grammes de Ierre sécbc, les placait sur un mire et les ari-osait. II laissait le ílKre se ressuyer l)uis le pesait avec la Lerre bumide. Préalableinent il avait pesé le lillrc vide, mouillé et ressuyé. Par la dillérence de pesia; il obtenait le poids de la Ierre bumide, par suite la proportion d’eau retenue dans la lerre l'ig. y. sécbe. 11 oblenail ainsi des ■cbiíTres qui variaient de 26 p. 100 pour le sable siliceux a 190 p. 100 pour riiumus. Pour comprendre quelb; erreur entacbait ces résultats, il faut cxaminer avec un peu de soin la constilulion d’une lerre. Quelle que soit sa nature, elle est composée de pai'l¡cides p, p, plus ou moins grosses et poreuses, séparées les unes des autres par des inlerslices capillaires c, c, c (íig. 3). Ces particules retiennent l’eau a leur suiTace et dans leurs pores gráce á ratlraction moléculaire. Dans les inlorstices qui les séparent, Pean se maintienl á une bauleur verlicale qui dépend des forces capillaires mises en jen et du poids de cello oau. (1) K u g . R isle ii , liecheí'ches s u r l'évaporaíion

Jjenéve. 1879.

du sol ct des p la u ie s.


BELATIONS ENTRE LA TERRE, L ’EAU, L’ATMOSPIIÉHE.

53

Ainsi l’etiu qui s’iníiltre dans un terrain est soumise ■ii cleux influences : la pesanteur el rattracüon par les grains solides. Si lesintersüces sont lai-gcs, il y a beaucoiip •d'eau poui’ peu de surface attractive, la pesanteur l'em2)orte ot l’eau deseend. Si, au conlraire, les vides sont ■de dimensión capillaire, l’attraction moléculaire Temjmrle, elle retient l'eau ou meme la fait remonter. Gonsidérons, avec M. Sclilmsing, un largo tube vertical d ’une hauteur de 30 a 40 centimétres, ouvert á l’exlrémité supérieure, formé á la partie inférieure par une loile tendue liée sur ses bords. Remplissons-le d’une terre plus ou moins fine, aprés l’avoir préalablement irempli d’eau, et laissons l’appareilégoutter. Lacoloration mémede la terre que laissera apercevoir le tube de verre inontre que la teneur en eau va en augmentan! du haut ■du tube vers le l)as. Le tube peut se diviser en Irois parties. Dans la partie supérieure l’humidité de la terre est uniforme et relativement faible; dans la seconde, elle est variable mais croissante du liaut vers lel)as; dansla troisiéme, elle est encore ^uniforme mais beaucoup plus forte que dans la prendere. Dans la partie supérieure les pores seuls sont pleins, les ■canaux capillaires sont vides; dans la partie inférieure les uns et les autres sont gorgés d’eau. Coinmelesparticides qui constituent la ierre ne sontpas toutes de méme grosseur, elles laissent entre elles des canaux capillaires plus ou moins étroits qui retiennent l’eau á une hauteur plus ou moins grande, d’autant plus grande qu’ils se rappro•chent du bas du tube. C’est ce qui exqdiíiue qu’entre les deux parties extremes du tube, d’une teneur á peu prés uniforme en eau, se trouve une région oíi riiumidité va ■en croissant du haut vers le bas. Vers le haut du tube la forcé capillaire n’aura pas pu reteñir, jusqu’a cette hauteur, le poids trop grand de l’eau qui remplissait les petits canaux interstitiels. Gette partie de la terre soumise a l’expérience n’aura


K4

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

gai'dé que l’eau qui a pénélré dans les pores des molécules ou ([ui recouvre leur surl'ace. Au conlraire la Ierre du bas sera saturée d’eau, gráce aux canaux inlersliüels qui en sont gorgés. La Ierre du haut sera ressuyée, celle du bas se trouvera dans les condiüons oiT élait celle que Schübler availjetee sur son filtro. Cesta M. Sclibrsing que nous empruntons les idees ([ui précedent. Nous ne pouvons donner ici qu’une notion tres imparfaite de ses procédés d’expéi'imentation. Voici un tablean qui présente coinparativenient les résultats que lui ont fournis les pro­ cédés de Schübler elle ressuyageen tubes ai)pliqués tous deux aux mémes Ierres. Influence des condHions expérimenLales duns lesquelles o » délevmiiie le pouvoir U’iinbibilioii d’une Ierre. (Los nombres indiquent les taiix p. 100 d'eau rctonue.) DÉTEllMINATION sur un íiHrc. (Procédé Schübler.) 20 10

Sable fin ........... Sable g rossier..

Torro argilcusc. Torro argilo-calcairo moublo. Torro argilo-sablouse............ Torro do foriH (sabio trósfin). Calcaire sableux.

DÉTEÜMINATION dans un tubo oprés ressuyage. 7,3 3,0

Teri’c délcTvée dans Teaii puis jetee sur le íillre.

Terre éniieltée sur le íilh'o puis arrosée avec de l’eau.

47,7

49,0

3b,0

«.5

bl,7

30,0

4b, 7

S4,7

37,5

57,7 40,0

01,8 41,0

42,0 32,0

Ce tableau montre que le procédé suivi par Schübler conduit a des résultats exageres, lis sont communéinent


HELA.TIONS ENTRE LA TERSE, L’ EAÜ, L’ATMOSPHÉRE.

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roproiluils dans les livrcs el nolamivienl dans ceux quí Iraitenl ddiydrauliqueagricole, dedrainage oudMrrigalion. Anssi avons-nous lenu á leur opposei’ les cliiíTres trouvés ]iai' Al. Risler el par M. Sclilnesing. Meislei- a insliliié en Allemagne des recherches dont les résiillals sonl comparables á ceux (|ue fournissent les dosages do l’eaii contcnuc dans lo bas des tubos qu’em[)loyait Al. Scbloesing. Meister se servnü de lubes cylindriques de 10 oenlimelres de haul, de 4 cenlimélres de diaim’dre, fermés á leur partió inlerieure par uno loile métalliquo puis ]iar un Unge mouillé. 11 les remplissait d’eau, puis de la Ierre qu’il voulait essayer. 11 déterminait, apres ressuyage, la quantilé d’eau qu’avait conservée la Ierre souinise á l’expériencc. Nous donnous les cbifrres qu’il a trouvés. lis sonl (res voisins les uns des antros malgré la dilTérence dans la naturo des torres qui ont été soumisos árexpérience. C’est (|ue précisément, iisse rapportcnt á des Ierres qui élaient dans les mémes conditions que cellos qui se trouvaient dans lo l)as des tubes de M. Scbloesing ou á cellos que Scliübler avait jetees sur son lillre. Elles sont gorgées (feau el la nature des éléinents terreux n’intervient plus guére. Eíui.

Ai g i l o .................................................

50.0 p. too do volume.

H u m u s.................................... Tüui'bu.................................... TorrosablBuso(8áp. lOOsable). — (04 — ). Torro do ja rd ín ...................... — ca loa ire........................ G yp so...................................... Sabio qilarlzoux.....................

” 0.3 63,0 45.4 Oa.á 09.0 54,0 52,4 40,4

(Test ce que les agronomes allemands appellcnt la capncilé (Otale de la Ierre pourl’eau {grósste oder valle IVússcr-


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L’EAÜ, LA PLANTE ET LE SOL.

kapacitat) par opposition avec la capacité absolue. La capacité absolue correspond á riiuiniditó de la Ierro siluée dans la parüe supérieurc des lubes dont se servad M. Schbesing. Mayer l’a délei'minée, en eíTet, en se servan! d’un lube de 30 cenümélres de liauteur reinpli d'abord de Ierre jusqu’audeux üers. Cette torre es! inouillée, ressiiyée puis pesée. 11 remplit ensuite compb'deinent le tubo de terre soche. 11 barróse et par une nouvelle pesée il obtienl, aprés son égouttemenl, des chiírres du méine ordre que eeuxque Fon obtientparle procede Sclila'sing. Wollny a determiné la capacité absolue d’un sablequartzeux extrémementlin. lia trouvéqu’elle étaitvoisine déla capacité absolue pour l’eau d’une terre argileuse, comme c’étail facile á prévoir du reste. Lorsque les éléments son! tres lins, les canaux capillaires qui les séparent peuvent soutenir l'eau jusqu’á une assoz grande bauteur. Au fur et á mesure que les éléments grossissent les capacites totales et absolues pour l’eau diminuent, mais la capacité absolue diminue plus rapidement que l’autre. Le ressuyage des Ierres dans les tubes qui dépassenl 10 centimétres de bauteur, ou la détermination de ce que les agronomes allemands appellentla capacité absolue des Ierres par l’eau, donne des resultáis qui se rappi'ocbent des conditionsnaturelles. Voiciquelques chiffres déterminés par Wollny : ürosseui* des éléments en millimélres. 0 .1 7 -0 ,2ü 0 ,2 5 -0 ,:.io 0,50-1,00

Capacité pour roaii en p. lOÜ dLi Vühime. - —------------ ---___— •--- — Leiini, Salde quartzeux. III—----— ■' ««■^ -■ ---------- ^ Totale. Absolue. Totale. Absolue. 40,20 5,08 48,34 •42,91 38,09 » » 4,38 37,10 4,14 ■ 47,76 31,51 34,52 3,66 47,86 ' 31,05

Ges cliiirres permettcnt d’établir des comparaisons •entre les dillérentes tenes. Mais ils ne peuvent donner


RELATIONS ENTRE LA TERRE, L ’EAU, L ’ATMOSPHÉRE.

87

(lu’un classement de ces Ierres au point de vue de leiir faculté de reteñir l'eau. lis se rapportent lous, en eíl'et, ádes Ierres qui ont été émiettées, tandis qu’en réalité les Ierres son! tassées ou au moins compactes. Comme le dit .M. Schloesing, la faculté d’imbibition d’une terre ne peut s’exprimer par un chiíTre invariable. Elle dópend de l’épaisseur de la conche arable, de la nalure du sous-sol, du voisinage possible d’iine na])|)e souterraine. Pour la mesurer il faudra, comme l’a fait iU. Rislerá Caléves, s’adresser a re.xpérience directe. On prendra sur place, aprés des piules, el quand la Ierre sera ressuyée, des échantillons á des profondeurs croissant de 10 en 10 cenlimétres. On les rapportera au laboratoire el on déterminera Ehumidité de chaqué conche. Quoi ([u'il ensoit, on peut dire que, toutes dioses égales d’ailleurs, une terre conservera d’autantmieu.v l’eau que ses élémi'uts seront plus fins. Ajoulons(|uo riiumus a la propriété de conserver particuliérement bien l’eau á cause des nombreuses cellulesa moilié détruiles qu’ilconlicntot (pii s’imbibent de liquide comme le feraituneóponge. L ’argile jouit, pour d’autres raisons, (runo faculté semblable. 11 en résultequo l’apport (riiumus ou d'argile a une Ierre augmente tres sensiblement son pouvoir d’imbibition. Danslemémoire quenousavonsdéjácité,M. C.-V. Garola rapporte le pouvoir d'imbibition des torres au vide que représentent les intervalles qui séparent leurs particules. Les Ierres sont composées d’éléments, pierres, sables, limons et argüe, dont on peut apprécier la linesse grace au.x procédés de l’analyse physique. C’est ainsi qu’on désigne sous le nom de pierres ou graviers, les élémenls qui sont retenus par un tarnis en laiton á mailles carrées (le un millimétre de c6té. Les grains qui traversent le lamis ont done au plus 1 millimétre de diamétre, on admeltant (ju’ils soient á peu pros sphériques. Les grains


58

L ’IÍAÜ, LA PLANTli ET LE SOL.

les plus fins pouvent descendre jusqu’au diamidre de un niilliemede niillimétre. L ’argile colloidale elle-méme lie présente au inicroscope, quand elle est a l’étal de difl'usion, aucune forme visible. Entre ces limites, dit .M. Carola, on peut grouper les írrains, d’aprés ieurs dimensions, en trois catégories prin­ cipales : le sable proprement dit, dont les grains les plus lilis n’ont pasplus de üOmilliémes de diamétre; le limón, dontles dimensionssonlcomprises entre iiOct ii milliémes de millimétre e l l ’argile brute dont les grains ont moins de 5 milliemes de millimétre de diamélre. La densité de la terre cultivée est á peu prés conslanlo et atteint en moyenne 2,62. Mais le poids de runilé de volume varié beaucoup suivant que la terre est rullivée ■ou non, qu’elle est plus ou moins pressée, qu'ellc est l omposée d'élémenls plus ou moins fins. II en resulte que l’espace vidc renlérmé dans un volume determiné de terre, 1 décimétre cube par exemple, varié dans les mémes conditions. Ensoumettant2 grammes de terre fine et séchepréalablement désagrégée a une pression de 12 kilogrammes par centimétre carré, M. Carola a constaté que cet espace vide variait de 38,8 á 47 p. 100 en volume, suivant l’origine géologique. La moyenne s’établirait ainsi a 40 p. 100. L’espace vide est d’aulant plus grand que les particules sont plus lines ou que le sol est plus argileux. Cet espace vide est occupé soitpar del’eau, soitpar de l’air. Lorsque le sol est saturé d’eau il en contient un volume précisément égal a celui de l’espace vide. Mais cet état ne se présente que tres rarement dans la conche arable, si l’on peut admeUre qu’il corresponde á celui des conches profondes. L’eau tend en eíTet a descendre, entrainée par son poids. Elle est maintenue a la surface par l’attraction moléculaire et la capillarité.


RELATIONS ENTRE LATERRE, L’EAU, L’ATMOSPtlÉRE.

ñ9

La qnantilé qu’eii renferment les couches superíidelles est done Ires variable. Toutes dioses restan! égales, elle augmente avec la íinesse des particules et la ric-hesse du sol en argüe et en humus.

U. — Hygroscopicité du sol. Comme tout corps solide, la terre attire l'eau et la íixe a sa surl'ace. Plus les éléments sont fins, plus la surface d’attraetion est grande et plus la terre íixe de l’eau. La quantitóqu'elle peni en retenii-dépend d’ailleurs dePétat liygrométrique de l’air. L ’équilibre tend á s’élablir entre la tensión de la vapeur d’eau dans Patmospliére et sa ten­ sión sur les particules terrestres. Mais quand méme l ’air ne serait pas saturé, la ierre retiendrait de l’eau. Et c’esl précisément cette faculté qui cohstitue son pouvoir hygroscopique. lln ’intervientpas d’ailleurs d’une maniere sensible dans la vievégétale caril n’apporteque de laibles quantités d’eau ausol.ll varié avec la naluredes Ierres et celle de l’enduit qui peut recouvrir leurs éléments. Ainsi desgrains de quarlz recouverts de maliére organique ont le pouvoir hygroscopique de cet enduit et non celui qui leur appartient en propre. Schübler a déterminé avec assez de precisión le pou­ voir hygroscopique de quelques torres. 11 en desséchait b grammes et les élalait ensuile sur des soucoupes qu’il plaqait dans une chambre dont l’atmosphére était á peu prés saturée d’eau. 11 pesait ces échaníitlons de 12 en 12 heures. Voici les résultats qu’il a obtenus (1) : ( 1) ScHLOKSiNr., C o n ir ib u d o n d Vélude de la chim ie agricole { E n c y c lo p é d ie ch im iq u e, t. X).


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL. llijgroscopicUé des Ierres, d'aprés Schl' bleii. 5 D É S IG N .A T IO N

«U.\.M.MES DE

SU R U N E S Ü R F A C E !)E ONT

DES

TERH ES.

TERRE

300

ABSORBE

ÉTENDUE

C E N TI.M . C A IU IÉ S EN

: ----------- .__

__ — ------ -

12 heui’CS. 24 heures. 48 lieures. 72 heures. c e n ltg r . S a b l e s i l i c c u x .................... — c a l c a i r o .................... G v p s e ...................................... A r g ü e m a i g r e .................... —

g r a s s o ......................

T é r r o a r g i l u u s c .................. A r g ü e p i í r e ......................... C a lc a ir o e n p o n d r é fin o . H u m u s ................................... T e r r e d e j a r d í n ................. —•

a r a b io d u J u r a . . .

0,0 1,0

o.s

io

,; í

12,6 16,0 18.6 13,0 40,0 17,;) T,0

c e n lig r .

c e n líg r .

c e n tig r .

0,0 1,6 0,3 13,0 16,0 18,0 21,0 15,6 48,3 22,3 9,6

0.0 1,6 0.5 14,0 17.0 20.0 24.0 17.3 53.0 23.0 10.0

0,0 1.3 0,3 14.0 17,ü 20,3 24,3 17,3 00,0 20,0 10,0

Conimc le failremarqucrM. Schitesing, ces cliid'i’essont. ti’op faibles; riiuniiis dontrhygroscopicilé est debeaucoup' la plus grande ne prend que 12 p. 100 do son j)o¡ds d’eau dans les condilions des expériences de Seliübler. Dans ces expériences l’air de la chambre oü élaicnt exposées lessoucoupesne reslait pas saluré. M. Scblu-sing a mainlenu du sable lin sous une cloclie donl ralinospliére intérieure élait mainlenue ásaluralion parfaitepar la présence d’eau placee dans un vase ouverl. En pesan! de lemps en temps le sable, qui avai! été parfaitenient. déssécbé avant d’élre introduit sous la cloclie, la teinpéralure étant de lii'’ á 20", 11 a oblenu les taux p. 100 d’bumidilé qui suivent. 11 nov. Sable dans Télat n a tu rcl......... 0 Sable calciné. . . 0

13 nov.

lo nov.

21 nov.

0 déc.

22 janv.

1.69 0,6

1.90 0,39

2.33 0,70ii

2,43

2 .30 0,90

0,80

Ces cbiíTres indiquen! un ])oids d’eau absorbe plus grand quecelui qu’indiquaüSchübler. Ceüe dillerence tienl pré-


RELA.TIONS ENTRE LA. TERRE, L’ EAÜ, L ATMOSPRÉRE.

61

cisément a ce ([ue les sables soumis á l’expéi'ience pai' M. SclilcBsing élaienl places dans unealmosphere salurée. Toulefois comme Fau' almospliérique n’est jamais complétement saturé, les resultáis de Scliübler s'approchent assez delavérité. Lo tait á reteñir de ces expériences, dit M. Scliloesing-, c’est que Fhygroscopicité des Ierres est tres faible, autrement dit, il sut'íit que Feau se trouve en tres laible quantité sur les particules terreuses pour qu’elle y posséde la tensión de vajjeur inaxima correspondan! á la température, et des lors une surl'ace de terre se comporte comme une égale surl’ace d’eau dans les mémes conditions. D’aprés M. Carola, des ([u’une terre possiídc 5 p. 100 de son poids d’eau, celle-ci y posséde la tensión maxima inliérente á sa température. Elle evapore alors son eau dans Fair.

III.— Pénétration et mouvement de l’eau dans le sol. La vaprur d’eau neconstituepas pour les sois uno sourccd'humidité de réelle importance. On ne peut com[itcr, pour apporter aux Ierres Feau qui est nécessaire aux récoltcs, que sui' la pluie, les nappes d’eau souterraines et Feau qui est amenée artiticiellement par Firrigalion. II est intérossant d’examiner comment on peut l'avoriser la pénétration do l’eau dans le sol, de Feau de piule surtout, et Fascension des eaux des conches inférieures. Comme le dit P.-P. Deliérain, les lal)ours et les travaux d'ameublissement jouent un róle extrémement importan! quant á la pénétration de Feau dans lo sol. lis ouvront la surface durcie de la Ierre, l’ouillent parlbis le sous-sol et donnent á la terre une consistance tollo qu’elle favorisera Fentrée de Feau. La pluie glisse sans y pénétrer sur un sol qui n’a pas été remué depuis longtemps. Les sarclages, les binages détruisent les R isleix c t W e h y . — In -ir/a tio ?is el d ra in a g es.

4


«2

L ’ EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

mauvaises lierbes. lis économisent ainsi Feau ([ui sci'ait absorbée par ces plantes nuisibles et laissent la Ierre la réserver |)our les bonnes ])lanlos. P.-P. Dehérain a dosé Fhuinidité a diirérenLes prol'ondeurs dans des Ierres ayant été emblavées ou laissées en jachere (20 sepLembre, S octobre 1896); ¡1 a oblenu les résnltals suivants qui monlrent á la i'ois Finíluenee de l’ameublisseinent du sol et celle de la Ierre nue sur Faccumulalion de Pean .dans le sol: Pe U íi 16 cení.

A v o in e .................. Hló.......................... l)ottoravc.s encoro sur picd ........... .lachóre.................. —

14,-4 10.4 10,2 20,1

De 10 De áO De 30 De-i-O Deoü ii h ii á <1 ¿0 cent. 30 cent. .40 cent. .60 cent. 60 cení.

10,8 17,0

10.8 17,3

10.9 10,0

10.:} 10,0

10,2 10,2

17,0 17.3 20,0 20,4 19.319,3 20,0

17,3 20.3 19,8

10.7 19,4 19,4

l.'i.t 19.8 19,8

Les torres en jacbere sont done plus humides, tres sensiblement, que les torres cultivées. D’ailleurs, dans ses cases de végétation do Grignon, Dehérain a recueili, au-dessous, moins d'eau de drainage dans los cases cultivées que dans les torres laissées en jacliére. Pendan! les annécs sécbes les cases en jacliére seules donnaient des caux de drainage. L'ameublissement du sol et la deslruction des ])lantes adventices ont done une grande importance. Le drainage, coinine nous le verrons plus loin, détermine au-dessus des ligues do tuyau.x, lorsque la terre s’asséche, de longues lentes ou crevasses plus ou moins larges qui parcourent la térro do liaut en bas. Ces -ouA'ertures perrnettent a l'eau de pluio de pénétrer dans le sol. En sorte que, citóse inattendue, le drainage ([ui a pour but d’assainir le sol en le débarrassant des eaux sura.bondantes, facilite pendan! la période soche Fapprovisionnement en eau atmosphéri([ue. Par contre, observation dgalement curieusc, los pluies surabondantcs délruisent l ’ameublissement de la térro et la rendent imperméable.


RELATIONS ENTRE LA IE R R E , L’EAU, L’ a TMOSPRÉRE.

63

<c Los (erros qui relionnent le plus d’eau, dilM. Sclilce« sing, sont oelles doiil les éléinenls sont tres flus etquf II ne i'onterment pas une proportion de ciment, mineral « ou organiqne, suí'fisanlo pnur leur conservei' la diviII sion en parlicules. Ces Ierres ne peuvent (jue tres " difficilement se ressuyer. Leurs éléments n’étant ([ue ■< tres l'aiblemenl relies entre eux se sóparent sous Fác­ il tion de Feau et tendent á former des boues oü il n’y <1 a plus do ranaux intersticiels comino dans la terre « meuble, mais seulementdes intervalles capillaires tres « petits qui demeurent gorgés d'eau. Dans les torres i< argileuses, les éléments, si íins qu'ils soient, sont telle« ment cimentós que la plnie no détruit pas l’état partii< culaire ; les particules rompíissent d’eau leurs pores « sans s’écrouler, les interslicos demeurent libres aprés « ressuyage. Ces Ierres gardenl moins d’eau que les Ierres « sableuses ¡i éléinenls tres íins. » Le degré de íinesse des éléments jone nalurellement encore un rede tres important dans la facilité avec laípielle un sol se laisse pénélrer par les pluies. 11 est évident a ■priori, ot on le vérilie du resto bien aisément, qu’une terre á particules tres linos se laisse moins facilement traverser par Feau ([u’une Ierre a particules grossiéres. Le sable á gros grains, par exemple, se laissera tres l’acilement traverser. Les argües, constituées par des éléments tres Iins, relies entre enx jiar le ciment auquel nous faisions Lout á Fheure allusion, oll'riront plus de résistance. Ces jiropriétés ont une grande importance lorsqu’il s’agit de Fassécliemont ou de Firrigalion des torres. L’eau descerní dans la terre par l’effet de la gravité et anssi parce qu'elle estattirée par les conches inl'érieures lorsqu’elles sont moins humilles que celles du baúl. Les laliours, les facons culturales et surtout le drainage ont pour résultat de favoriser l’entrée de Feau, .sa pénétration, son absorption par les couclics supérieures, puis entin


6i

L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

récoulemenL de son surjiliis dans l e . sous-sol oü il s’emmagasine. La previsión d’eau ainsi formée reste la, seule, ou enrichie par les apports des nappes soxiterraines jusqu’au moment oii elle sera appclée vers le liaul á la suite du dessécliement des conches supérieures. Quelle est la forcé qui determine alors son ascensión? La capillarité. Les considérations sur lesquelles nous nous sommes deja étendus inonlrent iniinédiatement que les torces caj)illaires s’exerceront avec d’autant plus d’énergie que les Ierres seront constiluées d’éléments plus filis ou qu’elles seront davantage tassées. D’aulre part, les mouvemenls de l’eau dans le sol sont immédiatement commandés par Fétat de siccité ou d’humidité relatives des conches voisines. On sait que Fascension ou le mouvement capillaire résulle de la tensión superficielle, tendance que posséde toute surface liquide á se contracter de maniere á présenter Faire minima compatihleavec lamasse de sa suhslance. Quand la torre estassez éloignée de la saturation, Feau recouvre les grains qui constituenl le sol d’une minee conche de liquide. On dirait, écrit M. Carola, une hulle de savon dont le contenu d’air aété remplacé par legrain de sahle ou d’argile. « Aux pointsdu contact des grains entre eux, ajoute cet agronome, les enveloppes liquides s’unissent pour formar une conche continué tres minee d'eau au travers du sol, dont Fuñe des faces adhére aux grains terreux avec d’autant plus de forcé que ces grains sont tres petits et se raccordent sous des angles tres aigus, tandis que Fautre surface est en contact avec Fair de Fespace intergranulaire. Celle-ci est une surface lihre d’une tres grande étendue relativo quand le sol est loin de son point de saturation. Elle se rapproche alors de Faire superíicielle des grains du sol qui est tres conside­ rable el atleint en moyenne 250 métres carrés par kilogrammede terreséche. On concoit done que cette forcé, qui est proportionnelle á Fétendue de la surface lihre.


RELATIONS ENTRE LA TERRE, L ’EAÜ, L’ATiMOSPIlÉRE.

63

puisse avoir une action tres importante el contrebalance etau (lela les efl'ets de la pesanleur. » « Si un sol, ainsi partiellenienl saluré, re^oit de l’eau a sa parlie sui)érieure, la méme conche d’eau qui entoure les grains s’épaissit el jiar suile la surface lilire de la lunique aqueuse diminue el avec elle la puissance d'action de la tensión superíicielle. Enfin, quand tous les vides serón! remplis, quand le sol sera salui'é, il n'y aura plus do surface libre el la tensión superíicielle sera nulle dans la terre. » « Considérons toujoin s ce sol non saturé. Supposons-le placó sur un sous-sol de méme te.vture el admettons que la tensión superíicielle soit identique dans les deux conches. Aucun mouvement deau ne se produira. Alais s’il arrice une pluie sur la surface, ré[)aisseur de la lunique aqueuse qui enveloppe les grains augmentant pour le sol, la surface libre diminuera el avec elle la puissance de la tensión superíicielle. Des lors, l'eau sera altiréevers le sous-sol oñ la tensión superíicielle esl plus considerable, jusqu’a ce que réquilibre soit rétabli, abstraction faite de raclion de la pesanleur. Dans ce cas, la tensión superíicielle s’ajouLe a la pesanleur pour faire, descendre l’eau. » « Si le méme lerrain, au licu de recevoir de l'eau, en perd par évaporalion ou par transpiration des plantes, la tunique aqueuse diminuerad'é|)aisseur, augmentera de surface libre el- Taction de la tensión superíicielle s’accroitra en proportion. Cela aura pour résultat un apjjol d ’eau du sous-sol, qui se continuera tanl que les actions seront les mémes. » « Quand deu.x volumes de torre en contad ont une liumidité dillerenlc, il y a loujours mouvement de l'eau du ])oinl le plus húmido vers le point le j’ lus sec par la méme raison elle mouvement (;ontinue tant qu’il y a une dilférence entre les fractions de saturation. « ■« En resume, cliai[ue fois (jue Taire de la surface aqueuse 4.


66

L ’EAU, L.\ PLANTE ET LE SOL.

li])re tlansun poinl dii sol s’accroü, la tensión supcrflcielle leinl ále conlrader, d’oü il resulte un appel d’eau vers le poinl cousidéré. » On a éludié daiis le lahoraloire lo Iransporl de l'eau de bis en baúl dans les sois. On introduit dans dos lubes de 100 cenüiuélres de longueur et ilo 2 centimelres de diainídre l'ermés á une exlrémité, la Ierre que 1‘on se ])roposc d’étudier. Ces tubos plongenl de 1á 2 centimétres par leiu' [lartie inlerieure fermée pai' un liiige lin dans une cuvette d’eau. Et Ton mesure au bout d'un leinps lixe jusqu’á quelle liauteurreau s’éleve dans les diíTéronls tubes. Meisler a trouvé les cliill'ros suivanis : Ii.'U it e iir c u n iillin u 't r c s iiju ’cs ■ I/ lih e u r c .

Argileux.......................... Humus............................ Terre do jard ín .............. Sable quartzoux tros fin. Toui'beux....................... Sablonnoux..................... Gypseux.......................... Crayeux...........................

:U0 ion 290 440 260 460 120 00

(i li. 1

1100 1100 O.'iO 920 iiOO 020 400 330

H50 1140 980 970 K70 600 400 640

l í l l i . l/ ¿

2000 1770 1010 1170 1140 900 820 700

lis montrent que l’eau s’éléve bien plus baúl, au bout d’un certain nombre d’lieures, dans les sois composés d’éléments tres lins, comme l’argile, l’liumus, le sable lia de quarlz, que dans ceu.x qui conliemient des éléments plus gros. CescliiíTres montrent aussi que l’eau se transporte bien plus vi le dans les Ierres dont les éléments sont grossiers comme le sable. Ces terres-lá se dessechent plus vite parco (|ue l’eau y circule plusfacilement, mais si lacouche a([uil'ere est profonde, elle ne pourra y taire sentir son action qu’á une l'aible liauteur. Plus les tubes d’e.xpóriences sont larges, plus est rapide l’ascension capillaire. On en pcut conclure que dans les Ierres en place.


RELA.TIONS ENTRE LA IER R E , L’EAU, L ’ATMOSPUÉRE.

07

l'ascension de l’cau est plus rapide que dans les lubes. II l'aut d’ailleurs se rappeler que les sois naturels présentent pai'fois des crevasses, des l'enles qui inlerrompcnt nalurellement rascension capillaire. Les cxpériences qui ont élé faites sur l'ascension de lean dans les tem's ont touLes monteé que cette ascensión s’opére d’autant plus liaiit que les Ierres sont plus fines. L’expérionce jirouve aussi que lorsf|uc le sol est tres ser, l’ascension capillaire de l’eau s’y fait plus dilTicilement [>arce qii’enti-e les particules terreuses se trouve de l'air ct qu'il s’o[)pose au mouvement ascendant du li(|uido. D’aulre pai‘1, Lean circule plus vite autour de particules deja mouillées. G’estpourune raison analogue (|u’un sol sec s’imbihe si diflicilement sous l’action de la pluie. Celle-ci glisse coinine si sa surface élait liuilée.. Cette circonstance, comme l’a montró l’agronome américain King, explique un phénoméne intéi'essant et á preiniere vue pai'adoxal. M. King a observé, en prenant des échantillons du méme sol avant el aprés une averse, que la Ierre prélevée k quelque distance audessous de la surface était devenue plus séche aprés la j)luie qu’elle ne l’était avant, tandis que la terre de la surface était naturellement devenue plus humide. fie résultat en apparence extraordinairo s’ex[)lique aisément si l’on réíléchit qu’une pluie légére sul'íit seulement á mouiller les conches superlicielles du sol. La capillarité ([ui ne s'y exeirait |)lus, parce qu'elles étaient devenues trop sécbcs, peut s’y taire de nouvcau sentir aux dépens de riiumidité des couclies sous-jacentes. AL King remarque que le bienfait que l’on retire alors d’une pluie légéi'e consiste dans le rélablissement de cette r.apillarité qui favorise ralimenlation des plantes dont leS'.racines ne sont pas profondes. D’aprés Wollny, lo mouvement capillaire de l’eau dans le sol exige (|ue celui-ci renferme une asse/ grande quan-


68

L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

tile d’eau, 30 a 50 p. 100 de ce qu’il en peni contenir quand il est saturé. C’est rassécliemeiit des conches supérieures, pourvu qu’il n’aille pas Irop loin, qui détermine l’ascension capillaire de l’oau conlenuc dans le sous-sol. Lprsqu’il déjmsse une cerlaine limite, variable naturellement avec les teiTes, l’ascension capillaire est interrompue. Les conches supérieures ne peuvent recevoir de cclles qui sont au-dessous que de la vapeur d’eau. Le mouvement est rétabli s’il survient une pluie ou un arrosage qui humecte les canaux capilla!res et en chasse aussi l’air qui les remplit. La présence de seis solubles augmente Lascension capillaire dans une certaine mesure. Ces seis sont entrainés du reste par l’eau et lors([ue celle-ci s’évapore ils se déposent á la surl'ace du sol. G’est ce que l’on jirut constater dansles tei’reshumides dontle sous-sol contieni du sel marin, comme en Camargue par exemple. Les seis í'ertilisants que l ’on incorpore au sol sous forme d’engrais minéraux favorisent done l’ascension de l’eau du sous-sol. lis maintiennent la fraicheur de la Ierre pendan! les périodes de sécheresse, les seis de potasse et de sonde surlout. L ’eau s’éléve d’autant plus facilement dans les lei'res qu’elles sont plus fines ou plus tassées. Nous avons expliqué pomxiuoi. Depuis longtemps les cultivateurs mellenl en pratique celte observation. Le semis, lajeune jdante a besoin d’eau superlicielle. Aussi roule-t-on les ierres aprés les semailles. Les ierres ainsi tassées laisseni l'eau arriver jusqu’á la graine ou a la plante. Plus tard, lorsque le végélal a poussé des racines, on bine la Ierre. L ’eau y péneire d'abord bien plus facilement comme nous l ’avons expliqué ei elle s’y emmagasine mieux. Mais en oulre, Toutil en remuant la terre a interrompu les canaux capillaires. El les conches profondes du sol oü s’étendcnt los racines reslonl plus humides parce que


RELATIONS ENTRE LA IERRE, L’ EAU, L’ATMOSPllERE.

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l’ascension de l’eau de lias en liauL s'eirecLue moins lüen. D’autre parí, si la pluie vient á Lontbei’ elle péneli e plus lacilemeiit dans le sol. Sur un sol lassé, la pluie glisse ou séjourne en ílaques qui s’évaporent. Ainsi, le binage el le sarclage n’ont pas seulemenl pour eíFel de délruire les inauvaises berbes, inais encore de faciliter la pénélralion de Teau dans le sol el sa conservation. C’est cc' i'ésuUat que les culüvaleurs représentent lorsiiu'iis disenl: « üeux binages valent un arrosage. » Les procedes de l'analyse pliysi(|ue pennetlenl de déterininer approximaüvemcnl la grosseur des élónienis qui constiluenlla Ierre, lis pennetlenl aussi d’apprécier le nombre des grains que renlerme un volume de Ierre determiné. Pour eíl'ecluer celte détermination, íl. Carola divise le sol éludió en lots de dimensions fmies, telles (|u’elles onl élé précédemment établies. En supposant que les grains soient sphériques, si Pon designe par d leur diamélre inoyen, el par D la densilé de la matiére terreuse, le nombre des grains N que renlerme 1 gramme d’un lot quelconque est égal a : 6 T IíP l)

Si Pon applique íetle formule aux lots qui ont élé précédemment déPmis, on obtient pour cliacun d’eux : Nombre de grains par gramme.

Graviers (0 '“ ,2 de d iam élre)................. 90 Sables (diamétre m oyen O'™,0;i26)....... ■ -i 980 Limons ( — 00276).... 34G60000 Argüe bruto 1 — 0^^,00021)11)... 43 462 000 000

Connaissant la quanlilé qu'un poids determinó de Ierre renferme de ces dilférents élémenls, on arrive facilemenl á connaitro le nombre de grains i[ue celte terre renferme. M. Carola a trouvé ainsi que le limón d'Arclievilliers


70

l ’kau, la

plante

et l e s o l .

renferme 9 2:i6 239 317 grains par gramme el qu’une argüe a sile.x. de Poiíl'onds en conüent 16 401 688 134. La délerminalion, si grossiére qu’elle soit, du nombre de grains que renferme une Ierre esl inléressanle au point dcAue de l’appréciation de sa perméabililé. Celle-ci est, en eflet, d’aulanl plus lorie ipie Fespaceride renl'ermé dans un A'olume de Ierre délerminé esl plus grand el i|u’il est moins divisé. Elle est done d’aulanl plus faible i|ue le nombre des grains esl plus considerable. Comme c’esl de Fargile brute (diami'dre des grains = O''” ,000,283) donl dépend presíiu’enliérement le nombre des grains que i'cnl'erme uno Ierre cultivée, cela revient á dire comme précédcmment (pi'une Ierre est d’autant plus permeable qu’elle conlient moins d’argile. 11 est clair (pie le tassement des Ierres diminue la perméabililé puisqu’il réduil Fespace vide. Les Solutions salines étendues e.xercenl une aclion Iros remarquable sur la lexlurc du sol el par suite sur sa perméabililé. Des recherebes que M. Garola a poursuivies á ce sujet resulte que le sel de sonde diminue la perméabililé en donnanl au sol plus de compacité. Les autres seis l'avorisent au conlraire la perméabililé el par conséciuenl Fameublissemenl des Ierres. Les seis de (diaux onl donné partoul á M. Garola des résullals re.nar(|uables sous ce rapporl. Les l'acleurs (jui interviennenl dans la perméabililé jouenl un role donl on saisit loute Firnportance lorsqu’ii s’agil do drainage ou d’irrigalion. r

IV. — Dessiccation des ternes. — Evaporation. Nous axons vu commenl les sois pouvaietil se cbarger d’bumidilé. Exaniinons mainlenani commenl ils pem'ent la perdre. Les besoins des ¡liantes leur en soustraient nalurellement des quanlités considérables. Nous nous


RELATIONS ENTRE LA IERRE, L’EAU, L ’ATMOSPIIÉRE.

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pommes éLcndus sur ce sujet dans un autre chapitre. Voici qiielíjues chiirres donnés par Vogel el cités par Delmer qui le rappelleront. É v a p o ra lio n s u r u ne su p e rficie de '/ p ie d c a r ré en IOS jo u r s de ve'ge'íation, e x p rim ée en g ram in es (¿emp. m oy. C.). Sol nu.................................................... Sol recouvcrt d’a v o in e ....................... — d o b l ó ..........................

7.044 21.092 20.169

L ’évaporatiou d’un sol nu dépend de l’élal de división de ce sol, de la finesse de ses éléinenls, de son e.xposition, de l’élaL hygromélri([ue de l’air el des mouveinents inemes de ralmosphere. Pendan! révaporatioii deux phénomenes entren! en jeu. L ’eau s’évaporc á la surfaee de la Ierre el elle se transporte de rintérieur vers celle surfaee. L ’e.xamen atlentif de ces deux phénoménos, comine l’a í'ail Sachs, permet de se hien rendre conipLe de ce qui se passe jquaud un sol so dcsseclie. Chacun des éléments qui constiluent le sol est cntouré d’une conche d’eau plus ou .moins épaisse. Cette conche liquide peut étre considérée conuiie formée de zones concenlriques, qui sont d’autant plus adhérontes au noyau terreux qui est a leur centre, •qu’elles ensontpluspres. Qu’il survienne dans uno région délerminée une déperdiüon d'eaupar ÓA^aporation ou auIremcnt, l’équilihre qui e.xislail entre le systeiue formé par les particules terreuses et l'eau ([ui les entouraitsera rompu. II y aura déiiarl d’eau vers cette région. Cette eau partirá des coliches extérieuros desmoléculesliquides parce (|ue ce sont les moins adhérentes. Lorsque riiumidilé d’une terre est forte, ce transport d’eau se fait sans difficulté. iMais quand une terre est soche, il est bien plus pénible parce que les conches d'eau sont bien plus adhéreníes aux particules terreuses. II en estde méme, toutes dioses égales d’ailleurs, lorsque les éléments qui constituent les Ierres sont tres fins. C’est qu’alors la conche


72

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

d'eau qiii les revét élant beaucoup plus minee, elle est beaucoup plus adhérénte. En eíFel, la suiTace tolale qu’ofrrenL les particules lerreuses étanlsensiblement plus grande que cclle qu'ofrriraienl des éléments grossiers, pour une ménie dose d’humidité, répaisseur de la conche liquide déposée sur chaqué élément esl nécessaii'emenL [dus faible. Ces deux phénoménes, évaporation de la surface, transport de l’eau des éléments vers cette surlace, dominent loule la queslion de révaporaüon ou déla dessiccalion des Ierres. Uno Ierre a éléments grossiers comme le sable évapore plus vite qu’une terre á éléments fin.s comme une terre argileuse parce que le transport de l'eau s’y lera plus lacilement. ¡Mais elle évaporera moins longtemps et une quanlité d’eau inférieure á celle qu’évapore une terre argileuse parce qu’elle conliendra moins d’eau, Pour la méme cause, cette adliérence des conches liquides aux particules solides, adliérence d’autant plus énergique que ces particules sont ])lus fines, une terre argileuse lullera avoc beaucoup plus de succés conire I’évaporatiün qu’une Ierre sablonneuse. Masure a donné les chiñ'res suivants qui conlirment ce que noiis venons de di re : Teinps nécessaire aux (livers élémcnls ];oiir cessei’ de perdre de Teau par évajforíilion spontanée.

Sabio........ Galoairc... A rgü e ....... H u m u s _____

Ilaulcii r d’eau évaporée en millimélres. 3,7 3,5 4,3 4,ü

Quanlité d’eau que reliennent encorc les éléments(]ii¡ nc j)crdent plus ríen par évaporalionj spontanée, en p. 100.

2,1 3,0 7,0 41.0

Le chiíTre qui concerne riiumus a montró que cette subslance est particuliérement intéressante au point de vuc qui nous oceupe. l)u pouvoirque les Ierres a particules íinespossédent de


RELATIONS ENTRE LA TERRE, L ’EAU, L ’ATMOSPtlÉRE.

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conserve!' l’eau plus longlemps que les Ierres a parücules grossieres, il ne fauL pas conclui'e qu’elles alimenleront les plantes plus longtemps. Entre la faculté (Fabsorption des polis radiculaircs, et celle de reteñir Feau adliérenteque possédentleséléments terreux, s’établit une lutte dans laquelle la plante n’est pas victorieuse. 11 arrive assez vite un moment oü la conche d’eau qui entoure les inolécules étant devenue assez minee la racine ne peut plus vaincre son adhesión á la terre. C’est ainsi que Sachs a trouvé que dans un sol argileux á éléments lins un plant de tabaesefane des que Fhumidilé s’abaisse a 8 p. 100, tandis que dans un sol quartzeux agros grains lámeme plantenese fanequelorsquel’humidité s’abaisse á 1,30 p. 100. L ’exposition oxerce une inlluence marquée sur Févaporation. Une terre de móme nature, également arrosée, evapore sensiblement plus á Fexposition sud qu’á celle du nord. Gomment protéger les Ierres conti'e Févaporation ? Le travail du sol,, son émiettemenl, son ameublissement permet a Feau non seulement de s’cmmagasiner dans le sol, de s’y i'épartir uniformément, comme nous Favons déjá dit, mais encore do s’y conserver. L'outil en ouvrant la Ierre permet a Feau d’y pénéti’er; en l’émietlant, en cou|)ant les canaux capillaires qui la porten! jusqu’íi la surlace, il lui permet de résister á Févaporation. Un agronomo allemand, Eser, adonnéles résultats suivants qu’il a obtenus a la suite d’expériences entreprises sur ce sujet: Éoaporalion sur une superficie de 1000 cenlimélres carrés, en 24 heures, exprhnée en gratnmes. Rutes.

13- 14a o ú t........................... 14- 15 — ............................ 15- 10 — ............................ lG-19 — ............................ 19- 20 — ............................ 20- 21 — ............................

Si)l biné.

Sol non renuié.

537 455 165 350 325 225

212 633 lf)7 507 482 325

R isleb et AVerv. — ¡rrigaíions e! drainages.

3


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Ces chiffres confirment bien ce que nous venons de dire. Lescouverlures quel’on peut meltresurle sol,l(!lles que fumier, tourbe, etc., diminuent naturellement l’évaporation. L ’évaporation déteimine a la surface des Ierres bien ameublies la formation d’une sorle de croüle solide qui devient bientOt une protection contre la dessiccaüon. Ce mantean protecleur se forme d’autanl plus vite que les rayons du soleil sont plus ardents, que l'air est plus sec, cliaud et agité. 11 tient k ce que bicntót révaporation l’emporte sur Fapport de l’eau intérieure, que la couclie superficielle le desséclie jusqu’au point oú l’eau ne peut plus s’y mouvoir qiravec une extreme lenleur.

V.— Retrait des ternes. — Fendíllement. Lorsqu’unc terre se desséche, elle éprouve naturellemenl un retrait. 11 résulle qu’elle se l'end sui' place, sur une profondeur plus ou moins grande. En soumettant á la dessiccaüon de petitsprismesde terre,'ona trouvéque 1000 parües cubes se réduisent á : Chaux carbonalée.............................. A rgü e.................................................

O.’iO 940

H u m u s...................................................................... Sable...........................................................................

Piis de rclrail.

8í(i

Ces lentes que Fon rencontre toujours dans les Ierres fortes lorsque la sécheresse a succédé a la pluie permettent á Feau de pénétrer de nouveau dans le sol. L ’air si utile ala vie des racines et a Félaboraüon desaliments des plantes y trouve aussi sonaccés. Cpmme nous Icverrons, le drainage, en asséchant le sol lorsqu’il est trop humide, amóne la formation de ces fentcs et avec d’autant plus d’énergie que le sol est plus aigileux. Lorsque la sécheresse est arrivée, les sois les plus argi-


RELATIONS ENTRE LA TERRE, L ’EAU, L’ATMOSPUÉRE.

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leiix, si avides d’eau, pouiront done, grace au deainage, s’approvisionner plus facilement á la moindre pluie. Aussi ¡leut-on diré, avec M. Risler, que le drainaye apporte de l'eatc aux plantes. C’est une assertion qui parait d’ahord paradoxale. Les faits el le raisonnement la justifienl. Les Ierres durcissent d’aulanl plus en séchant qu’elles son!plus íines.

VI. — Tem pérature du sol et humidité. Les plantes ont besoin de Irouver daos le sol une certaine quantilé de chaleur afin que les phónoniéncs qui président a leur nutriüon puissent s’accomplir. Elles ne monlrenlpas loutes, sous ce rapport, les niémes exigences. Les unes ne peuvent vivre que sous les climats tres chauds; d’autres prospérent, au contraire, sous des lati­ tudes élevées. C’est le soleil qui est pourle sol la source presque unique de chaleur. Boussingault a montré, il y a longtemps, que dans les conditions ordinaires de la pratique lo fumier ne pouvait pas donner, par sa combus­ tión, une grande quantité de calorique, son efíicacité á ce point de vue n’est réelle que si on Femploic en grande abondance comme dans les couebes chandes des jardiniers. Plusieurs circonstances interviennent dans réchaufl'ement de la terre par les rayons solaircs : le degré d’humidité, l’obliquité des rayons, la couleur de la terre, son orien(ation,la température de l'air. Nous ne retiendrons ([ue ce qui concerne l’humidité. Une Ierre húmido s’échautre moins vite qu'une terre séche. Elle perd [)lus rapidement la quantité de chaleur qu’elle contient. Entre deux lots d’une méme terre exposéc au soleil, Tun sec, Tautre humide, Schübler a trouvé une dill'érence de 8 degrés dans la conche superíicielle.


7(5

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

^'o¡ci les resultáis auxquels il est arrivé dans l’e.vamen (Fuii cerlain nombre de Ierres : Températiire dii sol en (legres centigrades.

Sabio quartzoux............................ Ai-gilc m aigro........................... Torre caleairo blanchc et fino . Humus...................................... Torre de jardín.............................. — arable ordinaire............

luí mi(le humide. :57.2:í :57,2;i lili.7o 35,61) 39.75 37,50 .37,ii0 30.88

sec. 4 i,7 5 • » .I 2 •i3,00 47,37 45,25 44.25

Le sol Immide est done constainmenl plus froid que le sol sec. Ce í'ait üenl d’abord k ce que l'évaporation est plus active dans un sol humide que dans un sol sec et qu’elle absorlie nécessaireinent de la cbaleur. 11 lient aussi á ce que la clialeur spécifique de l’eau (1) étant plus élevée que celle des constituanls du sol, il faut plus de cbaleur pour cliaun'erun terrain mouillé qu'un terrain sec. D'aulre par!, l’cau conduisant moins bien la cbaleur que les éléments qui constiluenl le sol, le soleil récbaulle moins l'acilement une térro humide qu’une Ierre séebe. Enfin, l’eau possñde un pouvoir rayonnant considerable. Les couebes supérieures du sol en contad avec l’atmosphére se rel'roidisscnt tres vite. L ’eau qu’elles con(l) On appelJe chalen?' spécifique fVun co?'ps la quanfité de calories qui est nécessaire pour élever de 1** la température de 1 idlogranime de ce corps. La calorie esl runité de mesure. C’est la cbaleur spécií¡t[ue de reau, qui est done égaie a 1 par définition. Voici (Uaprés l'agrononie Pfouiidler la cbaleur spécifique do quelquos-uns des constituanls du sol : Cbaleur spécifique des maliéres dessécbáes

;i 100«.

Sables de riviére, sans bumus....... Sable calcaire............................... Tourbe......................................... 'Ierre a blé tres ferlile.................. la cbaleur spécifique de l’eau élaut 1.

0.1933 0.2081 0,5069 0,2847


IRELA.TIONS ENTRE EA TERRE, L’EAU, L’ATMOSPllÉRE.

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íienneiit descend done en vertu de sa densité plus considérable. Elle est reinplacée par Teau que renl'enne les eouclies inférieures. Celle-ci se refroidit á son Lour et íiinsi de suite. De ces cii'conslances résulle encore qu’un sol huruide, froid par consé(]uent, possede une lempérature plus uniíbrme qu'un sol sec. Les variations de la tempéralure extérieure se font inoins sentir dans le premier que dans le second. 11 s'échauíTe aussi plus lentement au pi'intemps. Ces quelquos nolions sur les relations qui existen! entre le degré d’huniidité des Ierres et leur ternpérature, pre­ senten! beaucoup d’intérét au point de vue du drainage et de rirrigation. Nous aurons á y revenir. En drainant le sol, on fait disparaitre la cause do la lempérature basse des terres liumides, des Ierres argileuses qui son! par conséquentpar elles-mémes « froides d. Un excesd’eau abaisse encore leurtempératurequidevient alors absolument insulTisante et qui nuit aux récolles. L ’irrigation amene de l’eau sur le sol. Celle-ci, suivant son origine, suivant 1‘époquo de l'année, ou méme le .inoment de la journée, peut étre plus chaude ou plus froide que la Ierre. Dans le premier cas, elle la récliauíle, dans le second elle la rafraiebit. Quelle est la ijuanlité d’oau opliina que doit contenir une Ierre pour satisfaire dans les meilleurs condiitions possibles aux exigences des plantes et á celles de son travail inécanique? 11 n’estguére possible de conden;ser dans un chiffre une réponse á cette question. Ce ■cbiíTre vario avecla nature desterres et méme aveclecliinat.Le comte de Gasparin (l)adita])lusieursreprises([u’il ■considere comme un type ideal la Ierre fratche. «Celte heureuse et rare combinaison de toutes les qualilés du lerrain qui ne pormet pas qu’á 30 centimétres de prol’on(1) De Gasi'arin. Cours (Vagriculturc, i. I,

cdilion.


78 .

L’ EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

(leuril aitjamais nioins de 0,10 (riiumidilé dans les plus gi'andes séclieresses de l’élé, ou plus de 0,23 dans la saison des pluies. S’il existait une Ierre qui réunil complñlenient oes qualilés, elle aurail uno valeur plus gj'ande (|ue les Ierres arrosées, puisque sans IVais, sans peine, elle posséderail les propriétés que nous cherclions á leur donnor par rirrigalion. Mais, ajouLo de Gasparin, l’examen descondilions qui constituent une Ierre IVaiche nous prouvera que ce que nous pouvons appeler de ce nom ne remplit pas toujours parfaitemenl Tidée que nous nous en sommes forinée. « Comment une Ierre sera-L-elle fraiclie? 11 l'autqu’elle reqoive une quanUté d’eau sufíisante, qu'elle la laisse écouleravec facilité, que sa surface soit évaporanle, son intérieur filtrant et cependanl absorbanl, de maniere que la profondeur se metto rapidemont en communicalion avec la parüe supérieur. « Quelle sera la source d’liuinidité ? ou un clima! á pluies fréquenles et modérées, ou un rései'voir d’eau placee á une ])e(ite profondeur sous un terrain doué de beaucoup de capillarité. « Quelle sera la condition du prompt écoulement de l’eau rpruo parla surface '! un sol profond et fillrant.— Quelle sera la condition du desséchement de la surface ? un tei'rain coloré et assez chargé de silice ou do sable calcaire. » Quandles torres argileuses do Calevessont soches, par exemple, quand ellos ne contionnent ¡ilus ii 20 centimetres de profondeur que 12,88 p. 100 d’eau, commo en aoút 1867, ilfautau moins 130 milliméti'es de pluic tombée en quelques jours pour que les drains commencent á couler.. Au printemps, quandles Ierres son! encore humides, il sullit (juelquefois d’une pluie do 30 millimélres pour faire couler les drains. D’aprés les rechercbes de ílellriegel riiumidité la plus


LES EAUX DANS LES EORMATIONS GÉOLOGIQUES.

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l'avorable a la végétaüon se trouve réalisée, quand la terre renfcrme de 30 á SO p. 400 de son eau de saturación. LE R É G IM E D E S EAUX DAN S L E S D IV E R S E S F O R M A T IO N S G É O L O G IQ U E S

La géologie nous l'ait connaitre les conches imper­ meables qui se Irouvent dans les dilleronles formations. Si ces couchcs son! á la surface du sol ou tres pres de celtesiirlace, les eauxdespluiesnepeuvenl pas y pénélrer el il y aura lien de les drainer. Si elles sont surmonléesd’assises permeables dans lesquelles les piules peuvent enlrer el s’accnmuler, comme dans un réservoir, elles consliLucnt un niveau d'eau que Fon peni atteindre en creusant des puits ou qui se déverse sur le llanc des vallées, doiinaul lien á des toiirces sur les |)oints oü elles anieurent. Ces sources, capléespar dos procedes qui ressemblenl a ceux du drainage, peuvenl servir á Falimenlaliou des habilauls ou á l'arrosemenl des lorrains silués en coiiLro-bas de leur débouché. Mais le plus souvent les irrigalions se fon! au moyen des eaux do ruissellemeiit qui sonl descendues des lorrains supérieurs el se sonl dejaréunies en ruisseaux ou rivieres plus ou moins volumineuses. Drainages, roclierclies de sources, irrigalions, loul cela dépend de la conslilulion góologique du pays el du régime dos eaux ([ui en eslía consé(|ueuce. Nous devons done nous bascr sur la descriplion géologi(|ue des 1errains pour indiquor les Iravaux qu'il y a lien d’y l'aire dans le bul d'uliliser aussi bien ([ue possible les eaux de pluie qu'ils onl reQues.

I. — T errain s primitifs. Les roches primitives : graniles, gneiss, ele..., sonl généralemenlconsidérées comme impermeables, mais sou-


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

vent elles son l travorsées par des fissures {diaclases) ou des nions qui permetlent aux eaux de pluie d’y pénétrer á des profondeiirs plus ou moins grandes, et de plus elles sont presque toujoursdécomposées sur une certaine épaisseur. Pendan! la décompositon des granitos, 11 se forme des fragments de toutes sortcs de grosseurs : de l'argile, du salde fin, des paillettes de mica, des grains de quariz el de feldspalli, etc. Suivant leur poi<ls et Icur volumc, suivanl la |)ente sur laquelle ils sont accumulés, ces débris resten! en place sur le roe qui les a fournis ou sont entrainés par la pesanteur el les eaux. Sur les pentes faibles, il reste une terre légére et saIdonneuse,- appelée arene en certains pays. Sous le soled de l’été, elle devient bridante. Par conlre, le soussol de roche étant impermeable, il regorge d'eau dans les saisons pluvieuses; il est froid en hiver et quelquefois soulevé par le gel. Ce sont les deux extremes superposés. Généralement, on laboure en travers de la penlo, afín d’empecher que les eaux entrainent trop de particules terreuses. Sur les hautcurs et sur les fortes pentes, on trouve souvent le roe complétement á nu. La terre s’accumule dans les vallons. Elle y est non seulernentplus profonde, mais elle y est mélangée d’argile et plus ou moins imprégnée de carbonates alcalins et terreux que les eaux onl enlevés aux environs. Gette dénudation des parties hautes au proíit des parties basses est plus rapide quand le sol est labouré, moins rapide quand il est boisé ou engazonné. Sous cette couclie meublc, le roe est plus ou moins altéré, plus ou moins rempli de fissures. II est plus prés de la surface dans les parties élevées. Dans les vallons, d est souvent couvert de plusieurs metres de detritus et de terre. Le roe ne suit done pas exactement les mémes ondulations que la surface; il y a des ondulations plus prononcées que celle-ci.


LES EAUX DANS LES FORMATIONS GKOLOGIQUES.

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IJans les pays granitiques, íous les vallons que Ton voit exLérleurement exislenl avec Loutes leurs ramiíicalioiis dans le sous-sol. Les eaux de piulo qui s’inlillreut á Iravers la couclie de salde coulent sur ce roe, aprés eii avoir rempli les íissures, se réunissent dans les dépressions et Ibrinenl sous Ierre des ruisseaux qui tantót s’écoulenL invisibles, tantót surgissenl en sources. Dans la pluparl des terrains graniüques, les sources sont Ires nombreuses, mais précisément parce qu’elles sont nombreuses, la surl'ace qui les alimente ne peut pas étre tres grande pour chacune d’elles. Elles n'ont done la plupart qu’un l'aible débit et quelquefois ce débil ne resiste pas á une séclieresse prolongée. Les sources les plus persislantes se Irouvent dans les déjiressions (lui correspondent aux grandes surl'aces tout entiéres indinées vers ces dépressions. « L'immense quantité de vallées et de petits ruisseaux, dit E. de Beauinont, qui sillonnent dans toutes les direclions les montagnes graniüques du Limousin et de l’Auvergne, so reproduisent dans la partie de la Vendée, de la Brelagne et des Vosges, dont le sol apparlient aux terrains cristallisés. Cette disposition est si prononcée, qu’on peut tracer approximativeinent les limites de ces teirains par la seule considération des cours d'eau. » Celte abondance de sources qui caractérise les conlrées graniüques permet de disséminer les habitaüons et les termes, tandis que dans d’auti-es l'ormations, par exemple dans les terrains jurassiques et crétacés, les habitants sont torces de se grouper en grands villages, le long des rares cours d’eau qui les traversent et d’abandonner á la vaine pature ou á une culture tres exlensive les plateaux qui s’éloignent des centres de populaüon. Aprés avoir traverso les arenes légéres qui se trouvent á la surtace des platcaux, les eaux circulent i)lus ou moins vite dans le tut du sous-sol et apparaissent en iilets nombreux a la partie supérieure des pentes, ou 5.


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l ’e a u , l \ p l a n t e

et

le

sol.

bien, s’iníiltrant dans les lissures el dans les fdons de (juartz ellVité qui Iraversent les roches, elles débouchenl plus bas el donnenl lien á des soiirces plus ou moins abondanles sur les poinls oii oes conduils iialurels viennenl aí'lleurer. Quand ces eau.A n’onl pas d’aulrc issue, elles se répandent dans les cliam|)s et y produisenl des Ibndrieres oíi la cullui'e esl diflicile el oñ les récolles soullrent. Lors(lu’elles débouchenl dans les prés, les graininées sont reinplacées par des carex et des jones el lo sol tend á de­ venir lüurbí'ux. 11 l'aul alors ouvrir une Iranchée a pente aussi lorie que possible avec quelques embrandiemenls jusqu’aux poinls oü répancheinent des eaux se signale pai- rhumidilé de la Ierre ou la mauvaise qualilé des herbes, el y l'aire des drains en pierres ou en luyaux. Les gneiss et les micaschistes Tournissent des pierres piales q.iii conviennenl tres bien pour les conslruire. Quand on n'a pas do pierres piales, on mel les plus grosses au Ibnd de la Iranchée et les petiles au-dessus. Mais, pour ces drains en j)ierres, il l'aul creuser des Iranchées plus larges que pour les drains en luyaux et il n’y a réellenient avanlage á les taire que si les matériaux se trouvent sur place, exlrails pendant les défonceinenls, labours profonds el épierremcnlsque Fon a pi'aliqués sur les champs voisins. Pour drainerdes surfaces d’une assez grande étendue, il esl pi’esque toujoui'S plus économique de se servir de luyaux on Ierro cuite. Les agriculleurs des régions granili(|ues du déparlemenl du Tarn dislinguenl les terrains C[ui sont devenus inarécageux uniquemenl par suite des pluies tombées direcloment sur eux et ceux oü viennent en outre s’accumulcr dos eaux amenéos par les sourcos ou les ruisseaux des coteaux plus élevés. Les paysan du Sinobre donnenl aux premiers le nom palois de Sagnenc et aux seconds celui do GUmchmIcnc.


LES EAUX DANS LES FOHMATIONS GÉOLOGIQUES.

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On Irouve les ¡¡remiers sur les liaiils plaleaux du Sinobre, dans los endroits qui lormenl cuvette el dans lesquels les eaux de pluie s’accumulenl sans pouvoir s’écoulor. Cos terrains-la, dil llernard Lavergne, on n’a prdinairenieiit l ien de niieux á en faire que renoncer á leur cuUure el y laisser pousser des bois ou des ajoncs. Les eaux doñees el souvenl aussi celles des petils ruisseaux son! reunios dans des réservoirs pour arroser les prés qui se Irouvent ou que Fon élablil au-dessous. La capad le de ces réservoirs, que Fon appelle Serbes dans la Corréze ou Pécheries dans la Haute-Vienne, est en général calculée de maniere qu’ils puissent se remplir en deux ou Irois fois vingl-quaire heures, pendan! les mois de niars el d’avril. On rend le Ibnd du bassin impermeable au moyen (Fargile baltue el on Fenloure d’un mur de0“ ,60 á 0“ ,70 d’épaisseur sur 1 mélre a 1“',40 de haulcur, soulenu exlérieuremenl par un conlreforl en Ierre. Une bonde en chálaignier permel de faire écouler Feau. Les levados ou rigoles sonl élagées les unes au-dessus des aulres sur les penles des coleaux, en sorle qu'on peul arroser |iar reprise d’eau. Les Limousins se conlenlenl ordinairement de Iracer les rigoles á vue d’adl, mais elles ont souvenl Irop de penle et Feau, s’accumulanl á exlrémilé inlérieure, y développe des jones et des carex, landis qu’elle se Irouve en Irop petite quantilé dans lo milieu. 11 laudrait se ser­ vir du niveau d’eau pour faire des rigoles don! la penle ne dépasserait pas 1 á 1 centimétro et demi par mélre. Grdce a Faccumulalion des eau.x dans ces pécheries, on peul leur donner plus de chasse, coinme on dil, el les employer ainsi á Farrosement d’une plus grande surface. -Mais, il est essentiel que les eaux passenl sur le terrain et s’y iníiltrcnt ou s’écoulent, sans s’accumuler el resler slagnantes. Sans cola, elles développeraienl dans les prés plus de carex el de jones que de borníes plantes fourra-


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L EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

géres et il faudrait un nouveau drainage pour les emmener plus loin. Les praii’ies situées daos les valides au Lord des ruisseaux sont souvent Irop humides et ne clonnent qu’uu foin grossier et peu nourrissanl. Lá, un fossé de circonvallation est utile pour empócher les eanx qui proviennent des fonds supérieurs de venir s’accuinuler sur la Ierre argileuse de ces lias-l'onds. Quelquel'ois méme, un drainage régulier est nécessairc pour assainir completement ces prairies el alors l’emploi des tuyaux en teiTO cuite est préférable. « Jusqu’á présent, dit Bernard Lavergne (1), les Limousins ont bien su utiliser les sources, tandis que les cours d’eau, grovés ]>ar la servitude de quelques moulinets á farine, sont loin d’avoir fourni toutleureffet ulilo, malgré plusieurs exeinples de dérivation. Le fait tient á ce que chaqué cultivateur peut crouser des réservoirs sans grande (lépense ; il est chez lu i; il n'a pas maille a [)artir avec le voisin ; Lutilisation du cours d’eau exige des travaux d’endiguement, il implique Teniente et Tassociation des riverains, circonstances difficiles á reunir en Liniousin, oü Tesprit d’association n’est pas plus traditionnel que dans le reste de la France. Nos cours d’eau, la Corréze et la Vézére, arrivés dans la plaine de Brives pourraient y arroser une étendue considerable oü Ton substituei’ait des prairies a de mechantes cultures de cereales. « Pour élre dans de bonnes conditions, en terrainsgranitiques, il faudrait avoir au moins autant de prés irrigues ([uede Ierres labourées. » Les eaux sortant du granite no contienncnt pas de sulfato de chaux et Irés peu de carbonate de chaux. Files dissolvent done parfailement le savon et conviennent bien pour la cuisson des légumes, pour le décreusage de la soie, le blanchiment et la teinture des étoíTes, etc. (i) Bkiinahd Lavkrbni:, Vagviculluvc

des Ici'rains pauvres.


LES EAUX DANS LES FORMATIONS GÉOLOGIQUES.

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D’aprés M. Truchot, des eaux sorLant des terrains graiiUiques de FAuvergne contiennent par litre ;

a Ü 3 (/•.

•A O

l/i H p

a a o C /3

Ú 3 a “ o o -5 "S,

M o n taigu l..................... La Gcllc (l'on taine)....... Sauviat {l'ontaine de la Sainto-V ierge)........... Estaudeiiil (fontaine)...

milligr. niiliigr. niMIig!*. niilligr. milligi*. 40,0 traces 2,0 traeos 2,7 2,4 0,0 2,5 3,6 traces 29,0 28,0

25.0 13,0

1,9 8,2

0,4 13,0

traces trdOGS

D’apres Belgrand, les titres hydroUmélriques des eaux do sources des terrains granitiques du Morvan varient «iitre 2 et 7 degrés. Celles qui contiennent le plus de •cliaux proviennent de variétés de roches dans lesquelles Forthose est mélée d’oligoclase ou dont le mica est rem­ placé par de Fampliibole. Dans le Limousin, les eaux ■qui font le plus de bien aux prés sont celles qui ont ¡traversé des terrains provenant de la décomposiüon de ■ces roches. Lorsque les granites sont (raversés par des íissures profondes, il peut en résulter des sources dont les eaux ;Sont a la Ibis plus ahondan tes e f plus purés que cellos qui «irculent dans les parties décomposées de la surface. En ■les captan! au moyen d’aqucducs á recouvrement étanche ■on a réussi a ohtenir des eaux e.xccllentes pour Falimentation des villes de Reúnes, Quimper, Lorien! et Limoges. Le célebre explorateur Nordenskiold a méme réussi á ohtenir des eaux douces ascendantes, en creusant au ■moyen de la sonde au diamant des puits dans les ilots granitiques du littoral scandinave. Sur une cinquantaine •de l'orages, un seul ne répondit pas á son attente; tous les autres donnérent de Feau potable á une prol'ondeur


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L’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

(renviron 32 mütres. Celte eau remonte assez pres de la suiTace pour pouvoir étro uUlisée par une pompea main. Le quarlz et le leplinile, dit Émüicn Dumas dans sa SlaüsUque géologique du Gard, í'orment sur divers points graniüquesdes Cévennes denombreux et puissants filons. Ces lllons, ([ui montrent leur tete sous forme de dyke, jouent un role important dans le régime des eaux de ces terrains : ce sonl des barrages nalurels qui i'eliennent, non seulcment une ])arlie des eaux pluviales (■mirantes á la surl'ace du so!, mais qui arrétent encore dans les prol'oudeurs les eaux pluviales deja inlilLrées. G’est contre les satbandes argileuscs ]ilacées en amonl et au toU de ces divers lilons (jue les inliltraüons viennent s'arréler el donner lieu á des nappes aciuiferes verticales. Les habitanls des Gévennes, connaissant forl bien ce jdiénomene, désignenl ces lilons sous le nom de carals mi conducteurs d’eau. G'est surtout aux environs deSaint.lean-du-Gard qu’on a su uUliscr les nombreux filons a(|uileres qui sillonnent le terrain de cette localité. Lorsque, d’un point élevé, on jelte un coup d’(x;il sur les pentes des monlagnes ([ui entourent cette commune, on est frappé do voir (;a et la, répandus avec une espéce de régularité, de pelits jardins (ícbelonnés sur les hauteurs, c’est qu'á cbacun de eos jardins correspond une petite source naturelle s’échappanl d’un méme lilon. Par une galerie ;i travers bañe percée sur le filón, on a donné issue a l’eau.

II. — Terrains volcaniques. En Auvergne, les basaltes íissurés verücalemenl laissent descendre les eaux qui tombent sur les plateaux jusqu’aux argües impermeables qui supportent ces basaltes; il se forme des sources sur la ligne de jonction des argües et des basaltos et beaucoup de villages sont sifués sur cette ligne.


LES EAUX DANS LES FOBMATIONS GÉOLOGIQUES.

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Dans la Haute-Loire, le plalcau volcanique du Velay présente également, au-dessoiis des scories et des ])asalles pierreux et remplis de lentos, des assises imper­ meables íbrmées par la décomposition de ces roclies, assises qui arrétent les eaux et donnent naissance a des sources (1). Ces eaux sont tres riches en cbaux, en potasso et en acide phospliorique. Aussi sont-elles tres estimées pour Tirrigation, surlout poui' cellc des tcrrains gi'anitiques (]ui se trouvent souvent, en Auvergne et dans le Cantal, au-dessous des massifs ou dos coulées volcaniques.

III. — Terpains pn'maires. Dans le Cotcntin etle Bocage normand, les schisles du camhvien et du silurien fournissent, en se décomposant, des térros fortes qu’il est souvent utile de défoncer et de drainer. On peut se servir des roches que Fon extrait jiar le défoncement pour faire les di'ainages. Les bañes de calcaire quisont quelquefois intercales dans les schisles et les gres par cxemple, aiix environs de Saint-Ló, sont íissui'és et contiennent de Feau. A Grandjouan, en Brelagne, des Ierres achetées autrofois a 100 frailes Fhectare ont été rendues tres productivos au moyen d'une dépense de üOO franes par bectare dont 180 franes environ pour le drainage. A Fautro extrémité de la Brelagne, au Brohet-Bell'on, M. le comte de Troguindy a transformé, par le drainage el les pliosphates, des marais improductifs en lierbages et champs excellenls. Au lieu de tuyaux il sest servi de plaques de schisles pour faire ses drains. Les labours prol'onds lui en ont fourni de grandes quantités et Fassainissement ainsi fait ne lui a pas coúté plus de liíO franes par hectare. ( 1) D aubukk .. Les eaux souícrrnines.


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Dans Ies Ardennes, le devonien forme des plissements Olí series de creux qui conliennent des couclies calcaires tri'sfissurées. 11y a parfois des bétoiresou entonnoirs sur ces calcaires. Les eau.x des pluies les Iraverseiil el voiit s’accumuler dans le l'ond des synclinaux ou glisser le long de ces íhalwegs soulerrains. Si une laille oii une vallée les coupe, il se produif de belles sources. Dans le systéme pernio-carhoniférc, on trouve des Ierres qui varienL depuis les plus argileuses [Beluzes) jusqu’aux sables les plus secs ( Varennes); sources noinbreuses sur los bañes d’argile ou de roches compactes. Quand les conches sont horizontales, les inliltrations des eaux des pluies sont arrétées par les bañes d’argile. (Juand idles sont inclinées, ces infiltrations peuvent se produire sur la tete de leurs al'íleurements et il se forme ainsi des íilets d'eau souterrains qui circulent dans les paidies sablonneuses. Dans les montagnes des Vosges, le gres rouge se com­ puse de couebes alternatives de gres grossier et d’ai'giles rouges.

IV. — Terrains secondaires. Le gres des Vosges est presque toujours lissuré et n’a aucune assise qui puisse arréter les eaux; aussi n’y rencontre-t-on que peu de sources sur les flanes des montagnes; elles apparaissent ordinairement dans le l'ond des vallées. Dans le pays de Bitche tous les villages sont, comme les sources, groupés dans les vallées et le reste de la contrée est á peu pros inhabité. « .Malgré sa porosité assez sensible, dit M. Braconnier (f), le gres bigarré ne laisse passer les eaux qu'avec une extréme lenteur. Les lits irréguliers de schistes argileuxqu'il renferme contribuentá son imperméabilité; (1) BnxcoNMKB, Dcscription des tcvrains de M ciu'ikc-ct-M oselle.


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•aussi les élaiigs sont-üs iiombeeux á sa surface. Les •eaux ne s’inlilIrenL guére que gbáce aux fissures verü■cales, (luut, legres est plus ouuiI gíitS sillonné el qui s'arrétenl le jilus souvent sur "les lits d’argile. En raisüii de l'iiTégularité de ces lils <[iii reÜennonl les eaux, la situaüon ■des nappes aquileres esl tres varial)le; Uiais, én general, ■on les ti'ouve íi de fail)les profondeurs sous les plateaux. » Au müieu des l'orots qui coüvrent la plus grande parlie des Vosges, la production agricole R’oócup'é que les l'onds de vallées oü la terre fine, plus ou moins inélée d’argile, s’est accumuléc et donne quelqué espoir de payer ses iravaux. Ello a utilisé tous les filéis d’eau póur irriguer ses prés, mais les sources qui sortenl du gres des V’osges ■sont pauvres en malieres iertilisantes comino les roches qu’elles ont traversées. ün a cherché á reinp'lacer la qualité des eaux par leur quantité; sur cerlaines prairies, ■on emploie jusqu’á 100 litres et quelquefois plus par seconde et par hectare. ün arrive ainsi a des rendemcnts de SOOO kilos de foin et 1000 kilos de regain par heclare, mais ce sont des fourrages peu nourrissants; ils ne contiennent presque pas de légumineuses. 11 vaudrait mieux ■employer moins d’eau pendant l’hiver et compléler son action par des engrais chimiques : phosphates de chaux ou scories de déphosphoration que Fon répand sur les prés au prinlemps. C’est dans le gres des Vosges que Chevandier de ValdrOme avait fait ses intéressantes expériences sur la production des hois. II avait trouvé que, pour des sapins, raccroissement moyen annuel, sur 80 á 100 ans, élait : ])ans Ies terrains fangeiix d o ........ Dans les terrains seos, d o ............. Dans les terrains arrosés par racciimulalion des eaux pluviales, de. Dans les terrains arrosés par des eaux courantes, do......................

I^íi SO par arbro. — 8>‘ ,20

11'¡,60


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D’apres cela, il avait étalili des séries de fossés horizonlaiix á 12 á la metces de distance pour reteñir les eaux de piule et les torcer á arroser ses arbres, au lieu de s’écouler iminédialempnl le long des penles. -Mais les eaux courantes se sont montrées supérieures aux eaux de pluie á cause des matiéres azoléos et mine­ rales qu’elles tiennent en dissolutioii. En Lorraine, le calcaire coquilUer ou muschelkalk se compose de deux sous-ótages, cliacun de 70 á 100 medres d'épaisseur. Le sous-étage inl'érieur, oü les Lañes de calcaires dolomitiques alternent avec des mames et dos glaises bigarrées, retient les eaux de pluie qui ont li'avcrsé le sous-étage supérieui^ tres lissuró et tres permeable. 11 en resulte un niveau d’cau qui donne lieu a un grand nombre de sourcos. Ces sources arrosent les belles pi'airies établies dans les vallons. Sur les plateaux qui les séparent, la luzerne réussit ii merveille. Partout, c’est une Ierre exccilente, tant par sa composition cliimiíjue que par ses propriétés physiques. 11 en est tout autrement pour les mames irrisées ; elles sont en Lorraine tellement imperméabtes que les eaux de pluie ne peuvent pas y pónétrer et se rassemblent á leur surl'ace en flaf[ues stagnantes que Ton a souvent utilisées pour en taire des ólangs et y élever du poisson. Au-dessous des étangs, les ruisseaux et les riviéres coulent lentement, laisant de nombreux contours dans les vallons a faible pente que tormén t les dépressions des plateaux. La plupart de ces larges vallées sont couvertes de prés, quelques-uns inarécageux et montrant pendant les séclieresses des etílorescences, au milieu desquelles croissent des plantes salicoles, telles que le salicornia herbácea. Des rectiíications de cours d’eau, des drainages pourraient améliorer considérablement les produits de ces prairies. On devrait également en augmenter Fétendue aux dépens des torres les plus fortes, dont la culture est tres dispendieuse. La jachére est presque


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toujours indispensable pour oblenir des récoUes de ble, qui restent mediocres el ne peuvenl que rarement payer au fermier un proíit net. 11 vauL niieux proliler de raplUudc nalurelle que les Ierres ont á s’enlierber pour en faire des prés ct concentrer toulcs les l'orces de la cullure sur les Ierres liautes, el, meme parmi les Ierres liautes, sur les meilleure^.qt les i)lus rapprochées des l'ei'tnes, en reservan! tontos les auti'es pour la production du bois. Le drainago ferait parloul du bien, mais il coúte trop cher dans les Ierres qui ne son! pas bien t'umées cL dél'oncées. Dans ceüe l'onnation des mames irrisées, il ne peut se l'ormer des réservoirs pour les eaux de pluic et par conséqucnt des sources que dans les assises de calcaire doloinilique ou de gres (Keuper) qui y son! intercalées; ces sources sontpeu volumiiieuses et tres sujcttos a tarir en été. T erra in s jurassiques. — On peut di viser les terrains jurassiqucs en trois groupes dont cliacun est coinposé d’uno base argileusc ou marneusc que surmonte une inasse plus ou moins considerable de calcaires remplis de fissurcs, de ci'evasses etsouventde cavernes et, par conséquent. Iros permeables. Les argües du lias l'orment la base de Loolitlie iTilerieur, los mames d'Oxl'ord celle de roolitlie moyen et les mames du Kimnieridge celle du ])ortlandien. On pourrait y ajouter les mames du batbonien qui font une sous-division dans Loolitlie inlerieui'. Outre ces conches principales de mames et d’argiles, il y en a de moins importantes dont les lits plus minees sont épars au miliou des calcaires, mais il ne peut s’y former que des sources tres faibles. Les eaux do pluie qui tombent sur les liauteurs crevassées des plateauxjurassiquesy disj)araissent rapidement; elles s’engouirrent dans les lissures, entrainent avec elles les mames qu'elles rcncontrcnt sur leur passage ct agrandissent de plus en plus ces conduits souteri'ains.


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Elles proiluisent ainsi, á la surface des plateaux, des sortes d’eiitonnoirs, appelés emposienx dans les monlagnes du Jura, bétoircs dans le départemení du Lot, katavothres en Crece, el, dans l’ínlérieur du massif, des réservoirs. Une des dioses qui nous l'rappent lo plus, lorsque nous parcourons des contrées jhra’ssiques, ce sonl des vallons complídenienl secs oü róii’ dlefclie en vain la (race d'un ruisseau au milieu des cliáníps pierrcux qui Ies couvrenl. Quelquefois le ruisseau réussit á se Ibrrner, grdce aux longues penles com erles de gazon ou gráce á quelques lainbeaux de mame qui aí'íleurenlau milieu des calcaires. On le suiL pendanl quelque temps, mais tout a coup on ne le voil plus, il s’esLperdu dans un abime. Quelquefois les ruisseaux persisten! pendant la saison des neiges et des piules, quelquelois méme ils réussissent á former des élangs ou des lacs pendant cette saison, mais ils sont k sec en été. Nous ai'ons vu dans les Alpes Juliennes, prés de la fameuse grotte d’Adelsberg, au-dessus de Trieste, un fond de vallée oü Ton récolte de l’avoine et du foin en été et du poisson en hiver. Ailleurs le lac subsiste toute Tannée, mais on n’en imit sortir aucune riviére; il a son débouclié dans les crevasses de la montagne. Toutes ces eaux traversent les fractures des roches calcaires jusqu’a ce qu’elles soient arrétées par des couches de mames ou d'argiles. La elles produisent des sources nombreuses et cette inégale répartition des eaux a des conséquences tres iniportantes sous le rapport économique. Tandis que dans les contrées granitiques, les formes sont éparsos comme les sources, elles sont réunies, dans les contrées jurassiques, en gros A'illages le long de riviéres qui coulent au fond des vallées. C’ést k la surface du lias que débouchent les sources les plus ahondantes formécs au milieu des calcaires perméables qui les dominent. Les eaux de pluie qui tombent direc-


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temenL sur ces Ierres impermeables y ruissellent, rav¡iionl les partios supérieures el enlrainent dans le fond des valides la Ierre meuble qui couvre les pentes. C’esl un sol tres riche comme composition chimique; l’acide pliosphorique n’y manque pas et toutes les cultures peuvent y donncr des produits superbes, mais le travaO y est diriicile et coúteux. Au printemps et en automne^ il est souvent impossible d’y taire des labours ; il faudrait les drainer pour arriver á supprimer la jacliere et taire des plantes sarclées comme préparation pour le ble. Alais á quoi bon taire ces dépenses, quand les prix actucls des i'écoltes ne pourraient pas les payer? 11 vaut mieux proliter de l’aptitude naturelle des terrains du lias á produire des lierbes et des légumineuses pour y creer des pdturages. Ces paturages n’ont besoin d’étre drainés (|ue sur les points les plus húmidos ct Fon peut proflter de Feau (pie donnent ces drains pour établir des abreuvoirs. Oulrc cette grande nappe (Feau qui se torme sur le lias, on en trouve de tort importantes au-dessus des mames oxtordiennesetdes argües deKimmeridge etde pluspetites a la surtace des bañes de maníes qui sont épars dans lebathonion ct dans le haut du corallien. Quelquetois aussi desdéputs(¡uaternaires sont venus superposer des conches, plus ou moins impermtiahles aux calcaires Fissurés de la serie jurassique. Mais le plus souvent ces calcaires torment desplateaux secs ct arides, comme ceu.x des Causses de FAveyron et de la Lozere. Los habitants n’y ont pas d’autre ressourco (|ue les citernes oii ils cmmagasinent Feau des piules tombóes sur les toitures de leurs bátiments et les mares ou lavar/ncs qui se torment temporairement dans les déprcssions du sol. .Mais, quand la sécheresse dure troj) longtemps, les citernes el les lavagnes sont vides et il taut alors aller chercher Feau dans le Tarn et le Lol. Quelquetois cette can se


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vendsurle Causse ti raison de 2;jccnüincs le lilre (1). Les cultures doiventaussis’adapter áce régimo desédieresse: sur les Causses ce sont les páturages á moutons qui prédominent. Mais, sur les nionlagnes du.lura, oü les pluies sont plus abondanlcs et ])lus l'réquenles, la croissance de riierbe est plus réguliérc et Ton peul y nourrir des hétes ácomes. Le climat y corrígeles délauts du tei'rain. Dans les parties les plus arides et les plus éloignées des villages, c’est la foret qui couvre de vastes éteudues. Les eaux de pluie qui travei'sent les massifsjurassiques s’y chargeut de calcaires. On peut en jugei’ par les stallactites qui se forment dans les grottes á rintéricur de ces massil's et par les incruslations que les sources déposentaleur sortie. Quelquefois ces eaux sont tellement luffeuses qu’elles sont nuisibles, non seulenientaux prés qu’elles arrosent, niais au bétail qui sen abreuve. Les vaciles maigrissent, perdent peu a peu leur lait et, chose curieuse, niontrent une disposition invincible á ronger le bois de leurcreche. Nous connaissons plusieurs lermes oii Ton a élé Toreé de renoncer á teñir des vaches á lait et de se borner á Taire de Lélevage, parce que les eaux des Tonlaines y étaient trop chargées de carbonate de cliauxet probablement aussi trop pauvres en oxygéne, ce qui marche de pair. C’est seuleinent quand les eaux ont traversé des tourbiéres melangées de Tragments de roches calcaires qu’elles se chargent de quantités de carbonate de chaux assez grandes pour devenir mauvaisespour l irrigation et pour ralinientation. Les matiéres organiques leur enlévent en niéme temps leur oxygéne pour en Taire do l'acide carbonique qui Tai'orise la dissolulion du carbonate de chaux. Quand ces eaux Torment des cascades sur les rochers ou (1) E. CouD, Elude góologlque el agricole des iei'rains du departemenl ■de In Lozére.


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Ibnt touniei' des roues d’usines, quand elles traversent des couches de graviers ou séjournent daiis des bassins a larges surl'aces, une partie de Facide carbonique qu’elles conliennentsedissocie et le carbonate de chaux quiseprécipite forme 5, la surface des roches des incruslations. En méme temps, les eaux reprennent de l’oxygéne á l’air et deviennent j)eu a peu moins nuisibles poui' rirrigation et ralimentation. Dans tous les cas, elles font moins de bienaux terrains calcaires qu’aux sois d’ origine granitique qui ont besoin de chauxet, réciproquement, sur les terrains jurassiques, Ies eaux qui sortent des granites, ou d’autres formations riches en potasse, sont plus útiles que les eaux juras­ siques. T e r r a in s in fr a c r é t a c é s . — Dans le nord de la Erance, les terrains infracrétacés, composés d’argiles et de sables verts, formen! entre les derniers coteaux juras­ siques de la Lorraine et de la Dourgogne et les plateaux de la Champagne crayeuse une zone dont la largeur varié de 10 á 20 kilométres environ et que Ton appelle quelquefois la Champagne humide, parce qu’on y A'oit beaucoup de prairies marécageuses, d’étangs et de foréts. Cette région déprimée et humide se prolonge depuis les départements des Ardennes et de la Mame jusque dans ceux de l’Yonne et de la Niévre oíi elle se nomine la P u isa y e.

Outre les bois, ce sont les prairies qui conviennent le mieux dans cette contrée, permanentes dans les jiarties basses, temporaires.dans les terrainsélevés qui s’égouttent mieux ou qu’il est facile de drainer. -Méme lorsqu’elles ne sont pas a découvert, ces couches argileuses qui se trouvent au-dessous de la craie jouent un role considerable dans le régime hydrographique du nord-ouest de la Erance. Elles formen! une sorte de cuvette qui est inclinée versTouest; á Test de la Cham­ pagne, elles sont k plus de 100 métres au-dessus du


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niveau, de la mer; á Grenelle, a plus de 800 nietres audessous, el sur les cutes de la Manche, elles al'íleurent a ce niveau en serte que les eau-v qu’elles ont ramassées en Champagne coulant vers l’Est, ont permis d’étahlir des puits artésiens a París, sur les ¡dateaux' du Pas-de-Calais; les sources qui déhouchent a leur suiTace sur les hords de la mer, sont á découvert á marée hasse et jaillissent au milieu des galets de la grév'e. Ces sources í'ournissent égalemonldePeau au.x valléeslesplus profundes du pays de Caux, de la Picardie et del'Artois. Dans le sud-est de la France, les terrains infracrétacés n’ont pas tout a fait les mémes caracteres que dans lenord; a la Grande-Chartreuse, toute la formation infracrétacée, avec environ 1000 métres de puissance, se développe en amphithéatre autour du couventháti sur la. conche marneuse qui la separe de la liase jurassique d& la montagne, et elle domine la vallée de Plsére jusqu’a. Grenohle etVoreppe. Le néocomien, qui á lui seul a 800 a 000 metros dehauteur, forme des pentes cultivées, gazonnées ouhoiséesinterrompues de loin en loin par dos saillies rocheuses. Au-dessus d’ellcs s’élévent, en crétes ahruptes et en. assises épaisses, les calciiros plus compacts et plushlancs de l’urgonien qui ont également une puissance de-’ queh[ues centaines do métres. Dans la nioitié supéi-ieure,. on trouve quelques hancs do mames (mames á Orbilolines} mais ils sont Irop rares et trop minees pour modiíierle caractére général de ce terrain aride et pierreux. Les calcaires de Purgonien se décomposent nioins facilement que ccux du néocomien. Sur Icshauteui's déboisée» et sur les pentes rápidos, la terre no se formo pas assez. vite pour remplaccr cello que les vents et les pluies ont entrainéc. 11 no resto que des rochers íissurés et remplisde crevasses ou avens, dans lesquelles les eaux vont’ s’engouíTrer pour so rassemhlor au niveau des mames.


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néocomiennes et reparaitre en sources ahondantes sur Ies pentes oü ces mames viennent arileurer. Ces sources seraient encore plus belles et surtout plus régulirres, si la surface des plaleaux urgoniens était couverte do l'oréts, au lieu d’étre constamment hríilée par le soled du midi. A Test du département de Vaucluse, les calcaires lissurés do rinfracrétacé formen! aussi la masseprincipale des Alpes oü s’allmenlent les rhiéres qui arrosent los plaines du Comtat et entr’autres la célebre fontaine de ^'aucluse. Tandis ([ue, plus haut dans les Alpes, les piules torrenlielles, tombant sur les couches imperméables et déboisées du lias, les ravinent, entrainent la terre arable et appauvrissent le pays de plus en plus, les eaux sont absorbeos et emmagasinées dans les avens des calcaires néocomiens qui leur serven! de bassins régulateurs et, gráce aux irrigations, ellos sont d(!venues le princi])al élément de richesse du département de ^"aucluse. Bari'al [lorie ;i 2 1lii licctares la surface irriguée par les Sorgues qui soi'lcnt de la fontaine de Vaucluse, et á 1726 clievauxvapeur la forcé ulilisée par les usines construites sur ces canaux; il eslime de 8 á 9 millions par an raccroissement de ricliesse (|ui en resulte pour la contrée. Le nom de Vaucluse vient de vallis clausa, le val formé; et, en elfet, la fonlaine sort au pied d’une roche escaiqiée qui ferme la vallée commo un rempart de pierre. «Au-dcssuset de chaqué cOlé déla source, dilM. Méziéres (!) monten! en demi-cercle d’énormes murailles d’un ton gris, quclquefois veinéde rouge, dontlaparlie siqiérieure, donteléc et déchirée, découpo vaguemenl sur Thorizon des formes de créneaux et de tourelles golhiques. Cá et lá un írou béant, un nid d’aigle ou un pin suspendu entre ciel et Ierre, cramjionné par ses racines aux flanes ( 1 ) M iiziÉriES,

Elude sur Pélrarquc.

H isler ot W e r y . — Irrigations et drainages.


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du rocher, marquent d’une tache noire les ¡¡arois de cetle forteressc natucelle. « A la racine méme de ces i'ocliers, s’ou\ re une caverne d’oü jaillit la riviere qui descend aussitót par une penle rapide, bondissant avec l'ureur au milieu des Idocs noirátres qu’elle couvre d’une écume hlanche. Des qu'elle se repose, des qu’elle ne rein^onlre plus d’obstacles, elle étend entre deux rives flcuries une nappe limpide, d’une couleur merveüteuse, dont je n’ai trouvé nulle part, ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées, ni en Italie, ni en Espagne, ni en Orient, les teintesdouces et transparentes. Le lacde Zuricli est moins j)ur, le lac de Cúme])lus bleu, la Méditerranée i)lus foncée, les lleuves célebres, le Pénée, l’Alpbée, l’Archéloüs, sont plus argentes; le Sty.x et l’Achéron plus noirs; l’Arno, le Tage, le Guadalquivir, le RhOne plus troubles. La Sorguos seule, d’un vert tendre á la surface et jusqu’au fond de son lit, ressemble a une plante qui se serait fondue en eau. C’est comme une herbe liquide qui court á travers les prés. » En multipliant l’action du soleil du Midi par celle de i’cau, suivant la formule du comte de Gasparin, on produit une riche végétation. Or, que contient l’eau de la Sorgues? — Elle contient par litre : Alumine, silico, l'er carbonaté........ Carbonato do cliaux....................... — do inagnósie.................. S u l f a t o d e c l i a u x ...........................................

0K‘^00.‘i;j OeqiGSIt 0(í‘’,00y3 08''.0J i 7

do inagnéstc.......................

Off',0004

Résidu total........

OsqlSOO

Du carbonate et du sulfate de cliaux, un peu de caibonate et de sulfate de magnéste, des traces de fer, voilá lout ce que les eaux de pluie ont pu dissoudre en traversantles roches néocomiennes et urgoniennes. Ce’sont des eaux pauvres en matiñres fertilisantes; ce n’esi jias encoré de Vherbe liquide-, pour obtenir de leurs prairies


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irriguées Irois coupes paran, ou 7000 á 8000 kilogi'ammes (le foin par liecLare, les cultivateurs du Comtat sont ohligés (FajouLer á la formule du comto de Gasparin son Iroisieme facteur, Vengi'ais. T e r r a in s c r é ta c é s . — La l’ormalion de la craie a cnmmcucé par des terrains qui resscmblent encore jus(|u’¡\ un cerlain point aux argües el aux sables xerls de Finfracrélacé. Ainsi, dans le Perche, les mames du cénomanien et, dans la Thiérache, au nord du déparlemenl de l’Aisne, les diéves argileuses formenl sous le limón des plaleauxuno base impermeable qui retieni leseaux etpermet d'y creer de magnifiques lierbages. Les l)ancs inférieurs de la craie sont eux-mémes marneux et impermeables, tellement impermeables que les galeries préparatoires pour un tunnel sous la iManche, creusées dans ces bañes, sont restóos ápeu pres étanclies sur plusieurs kilomidres, quoiqu’elles ne lüssent séparées de la mer que par une épaisseur de ([uebiues mótres. Mais la craie blanche elki-móme est permeable, parce qu’elle est remplie de lissures. Los eaux pluviales qui lombent á sa surfaco descendent dans ces lissures jusqu'aux conches plus compactes ou plus marneuses. " Si le sol était horizontal, dit Belgrand, les eaux, apres avoir saturé la roche, remonteraient jusqu’á la surface du sol qui deviendrait marécageuse. Quand, au conlraire, la surface du sol est découpée par de nombreuses vallées, comino c’est le cas dans lebassin de la Vanne et de la plupart des pelites rivh-res de la Champagne, la nappocFeau, produite par Fahsorption des eaux pluviales, ne peut remonler sur les plaloaux jusqu'a la surface du sol; son Irop-idcin se dirige, á Iravers la masse do la craie et avec une tres forte pente, vers la vallée la plus profonde qui forme appel, ahsolumenl comme un tuyau de drainage. Le fond de la vallée recevant l'eau par les íissurcs peut étre submergé d'une


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maniere permanente el LransCormé en marais tourbcux. La nappe d’eau se releve done dans le sol permeable de chaqué cúté dii fond delavallée principale. Si ral'lleurernenl de la couche impermeable qui la supporte se l'ait au-dessus du fond d’une vallée, il s’y pi'oduil une source. (Celgrand. LaSeine.) En Champagne, ces sources portent le nom de Sommes et elles sont bien, en eH'et, comme l'a remaniué Helgrand, l ’origine, le sommet de chaqué ruisseau. « Ainsi, dans le déparlement de la Mame, la source de la Suippe s’appelle Sommesuippecelle de la Vesle, Sommevesle; celle de la Sonde, Sommesoude, ele.; dans lo déparlement de l’Aube, la sourcc des Puits s'appelle Sompuis; celle de l’Orvin, Sommefontaine. « Quelquefois les noms de ces sources sont dérivés du tei'ine gallo-romain Dlmia ou Uuie (de diictns, aijuedur, donl nous avons fait conduilo): par exemple, dans FAube, la grande source de Soulaines, Dhuis, et la source d’Aixen-Othe, vallée de la V'anne, Duée. On en trouve également qui proviennent du mol latin fons : ainsi, dans le dópartement de FAube, la source de la Vanne Fontvannes, qui a élé amenée á Paris; la source do FArce, Fonlarce, etc. i< Quelquefois la nappe d’eau souterraine se releve de chaqué colé de la vallée principale par suite de la forcé ascensionnelle que lui donne Finclinaison v o i'S Fouest des couches de craie mámense qui la supportent el si, dans ce relévement, elle atteint le niveau du fond d'une vallée moins profonde, elley produit une source (¡uo Fon appelle Béme ou abime ou Ero, Gouffre, Fosse. n G’est surtout a Faide de citernes el de puits, dil ¡VI. Nivoit (1), que les habitanls des villages do la craie se procurent Feau (|ui leur est nécessaire. Quand un puits vient d’otre creusé, il a d’abord un faible débil : ce n’est ( 1) Nivorr, Géolo(/ie opp¿i(/uce d Vart de V ingenieur.


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qu’au bout d'un cerlain lemps qu'on voiL Feau arriver plus abondante, suée pour ainsi dire par les parois. Quand on tumbe sur une lissure, un trouve naturellenient plus d’eau. Ces puits atteignent parlbis de grandes profondeurs; dans les villages élevés, lis peuvent aller jusqu’á 100 melres et son! alors inlarissables. 11 esl d’ailleurs facile de rendre leur débil plus considérable en crcusant au Ibnd des galeries horizonlalos pour augmenler la surl'acc du suinleinent. L’eau l'ournie par un puits récemmenl creusé est presque loujours Irouble el comme iaileuse. Mais c’est une circonstance donl il n’y a pas lien do sdnquiéter, car les i)arUcules crayeuses qu’elle lie ni en suspensión se déposenl lentoment el Teau devienl limpide au bout de quelqucs mois. La craio se cólmale lacilemenl. Ses poros sont boucliées par les pelilcs particules crayeuses amenées par los eaux et elle devienl alors impermeable. C’est ce que prouve la présence des mares dans les villages cliampenois ; il sul’lit de curer ces mares et d’enlever la bouc erayeuse <[ui en la[iisse le í'ond pour que Leau disparaisse. Pour le méme molif, il l'aut, au contraire, curer les puits do lemps en lemps alin de rendre les suintements plus abondants. Dans le nord-ouestde la Fi ance et jusqu’cn louraine el dans lo Sancerrois, on Irouve souvenl, au-dessus de la craie, de V a r g i l e á s í l e x ou b i e f el au-dessus de cette argüe a silex, du limón ([ualernaire qui forme les Ierres les plus fértiles. Telle est, par exemple, la constitution géologique du pays de Caux. La baso genérale de loute ■ cette contrée se compose de craie qui apparait dans les l'alaises au bord de la mer el des principales vallées. Dans ces vallées, les sources sont abondantes, amenées parla craie mámense; ellos formenl ([uelques riviéres qui onl servi a la .créatiou de moulins et d'élablissements -6-


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L’ EAU, LA PLANTE ET LE Í-OL.

industriéis. On trouvo dans eos vallóes toules les villes manufacturiéres de la Normandie. Mais sur les plaleaux ([u’elles drainent el (|ui onl uno surface bien plus consid(irable, on ne Irouve ni sources, ni centres de po|niIation de (iuel(|ue importancc. Les fermes sont dispersées (tans la cainpagne, au milieu des c.hamps qu’elles cultivent. Les communes ont souvent plusieurs lieues carrees d’étenduo. Dans ces fermes normandos, les cours sont tres vastes ; elles ont quelquefois deux ou trois liectares de surface. Ce sont de véritables vergers gazonnés, que fon appelle viusures dans lo pays. Elles sont entourées de fossés qui sont tout le contraii'e de vérilables fossés : ce sont des sortes de romparts en térro do 1 m. 50 á 2 métres de hauteur, qui servent de clóluro et sur lesquels sont ¡dantos, en douldo rangée, des cbénos et hétres souvent tres grands. Ces arbres servent d’abri aux pommiers, qui auraient de la peine a nouer et á donner du ti'uit sous riníluenco directo des venís do l’ouest. Les eaux de pluie qui tombent sur le gazon de la masure se rassemblent dans une mare creusée dans Iccoin le plus basetcnlourée égaloment d'arbres de liante fútale (¡ui la protrgent centre une évaporation trop rápido. Ces eaux (te mai'e, ordinairement tres cbargées de matiéres organi(¡ues, servent á abreuver le bétail, et l’on comprend qu’elles ne soient pas toujours sans inconvénients pour sa santo. Quant au personnel de la forme, il a pour boisson babituelle uno sorte do piquotte de cidro qui se fabrique en ajoutant de Feau au marc de pommos. La formentation la purifie; les matiores nuisibles tombent au fond du tonneau, et le souliragc donno un liquide jaunátre assez agréable et rafraicliissant, auquel on a soin do joindre de temps en tempsquelques verres d’eau-de-x ie do cidre. Dans les chiUeaux et les habitalions plus confortables que les simples fermes, on a des citernes ma(;onnées oü Fon rocueille les eaux de pluie tombées sur les toitures.


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Pour faire des puils, ¡1 faudrail creuser jusqu a la craie marneuse. Les sources qui alimcnlent la ville du Havre (sources de Hruneval, de Nolre-Dame-du-Cec el de Sainl-Laurent) sorLcnt de la craie marneuse. Ellos proviennent e.xclusivemenl des piules locales donl récoulement, á travers l’argile á sílex et la craie, duro onviron Irenle mois.

V. — T errains tertiaires. A rg ü e plastique. — Dansles déjjarlemeuts de l’Oise, de rAisne el deLEure, l'argilo j)lasl¡quo jone un róleconsidérablo, commc niveau <reau. Ello garnit le l'ond de la grande vallée de LOise el remonle dans ses vallées latél■ales,lua¡s elle s’y dissimule ordinairemenlsous desallu vions épaisscs ou sous les éboulis des sables nummuliliques el du calcaire grossier qui formen 1les ílancsde ces vallées el elle n’y revele sa présence qu’on retenanl les eaux qui arrivenl des ])laleaux voisins et souvenl par Eélat marécageux qu’ello y produit. Pour se débari'asser de ces eaux il faudrail des li-avaux Iro]) dispeudieux; il vaulmieux proliter des apliludes nalurellesdcces terrains ])our y conserver des l'oréts, comme celle de Compiégne, bu y faii-e déla culture maraichére, commc aux environs de Soissons. En se rapprocbant de Paris, on Irouvc, dans le Vexin franjáis, l'argile plastique a Itanc de coteaux, au-dessus de la craie qui formo le fond dos vallées et au-dessous du calcaire grossier, plus ou moins recouvert de limón, qui s’étend .sui- les i)lateaux. C’esI un niveau de sources qui devient importaut quand les masses de calcaii'e grossier et de limón qui lo surmonlent sont assez épaisses et occupenl assez de surface pour absorber beaucoup d’eau de pluie. Les sources qui jaillissent au niveau de l’argile plaslique sont tres nombreuses dans la Aallée de la Alamo,


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■depuis Épinay jusqu’á la Ferté-sous-Jouarre, el, siu' la lisiére qui sépare la Champagne de la Brie, entre la monlagne de Reims el .Montereau. Plusieurs des charmants villages qui s’étendenl au j)ied des riclies vignobles ■d’Épinay sont pourvus de fonlaines alimentées par Fargile plastique. Au sud-est de París, ou reucontrePargile plastique pai' lainbeaux á la surface des plateaux crayeux du Sénonais et sur de vastes étendues dans la partie oriéntale duGdtinais qui se ti'ouve éntrela vallée du Loing et la Puisaye déla basse Bourgogne. Le c.aractñre géiiéralementhumide de loute celte contrée provient précisément de cette couche épaisse d’argile plastique. M a m e s v e r te s , — La plupart des terrains que nous Irou.vons, dans le bassin de París, entre l’argile plastique et les mames vertes sont trop perméables pour donner lien a des niveaux d’eau importants, quand ils sont á une certaineprofondeur, ou pouravoir besoin de drainage, quand ils s’étendent á la surface du sol. Les sables moycns sont aussi secs que le calcaii-e grossier et pourraient, comme l’a dit M. Adolphe Carnot, servir d’absorbants pour les eau.x d’égout de la ville de Paris. Lecalcaire de Saint-Ouen est plus argileu.x, plus dií'fieile a travailler, parce quhl devient trop liumide aprés les pluies et trop compact aprés les sécheresses. 11 en est de méme des mames á gypse. II est quelquel'ois utile de les drainer Quant aux mames vertes, elles forment dans les val­ lóos qui sillonnent la Brie une zone liumide oiT viennent débouclier les eaux qui ont réussi h traverser les terrains á meuliéres places au-dessus d’elles. Villencuve-SaintGeorges, Brunoy, etc., doivent áce niveau d’eauleurs ombi'ages et leur fraicheur. Les chateaux les plus impor­ tants, dit Belgrand, Vaux, prés de Melun, Ferriéres, Saint-Germain prés de Corbeil, n’ont pas dédaigné la peti te source des mames vertes. Cómeme niveau d’eau


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alimente les pulís dans la plupart des grandes et belles termes sltuées sui' les plaleaux de la Llrie. A rg ü es á, m euliéres de la B rie. — Les argües á meulieres, recouvertes en certains poinls d’iine couclie ])lus ou moins épaisse de limón, forment á la surface du platean de la Brie dos tei’res l'roides et liumides dans lesquolles le drainage a rendu (rimmenses sei'vices. C’est dans le dépaidement de Seine-et-Marne, á Forges, pros <le Montereau, que M. du Alanoir íit en 1840 les premiers essais du drainage en F’rance, á Balde d’ouvriers venus <BAngleterre avec Boutillage et les tuya.ux nécessaires pour ce travall (1). En 1849, M. Cliandora draína la terme <l‘Egrenay, expío!tée pai- .M. Decauville, puis celles de Villaroclie, d'Eprunes, etc. Son lils lui succéda en 1850 et, sous sa direction, d’imilienses Iravaux de drainage ont été exécutés avec un succes complet dans le déparlement do Seine-et-AIarne et les départements voisins. i< Si le relief de la Brie, disait, en 1871, Belgrand, le célebre ingénieur qui a conduit á París les eaux de la Vanne et celles de la Dliuy"s(2), était assez accidenté pour donner un rapide écoulenient aux eaux pluviales, cello région aurait une action désastreuse sur les cruos du lleuvo ; cela n’est pas douteux. .Mais ces plateaux sont lollement unis, que nos niveleurs, en trarant Baqueduc de la Vanne, se dópla^aient souvent de plusieurs kilométres pour trouver une dilférencc de niveau d’un metro Les eaux pluviales séjourneraient done á la surface de la Brie et ce richo jiays seiait couverl de ñaques d’eaux stagnantes, si les amas de meuliéres n’exeixaieiit sur les eaux extérieures une action de drainage qui en absorbe une parlie, et si Bindustrle humaine n’ólait venue en aide á la naturo ; dans certaines réglons d'innombrables (rous, restes d’ancionnes carriéres de meuliéres ou de mames, serven!derécipient aux eauxpluviales. C’est vers (1 ) J ' . lÍK N Aun , ítappovt dla Sorietc (VagrictiH ure deMeaux. (ú) HKLcnAND, La Sehic. l i ks


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L’ EAl!, LA PLANTE ET LE SOL.

ces mames que le fermier el le foreslicr inlelligent con(luisenL le sillón pi'ol'ondqui assainille chainpoii la l’oréL En oulre, des ?7ís (diminulil'du mot rwissean) profonds, creusés de main d’homme, sillonnenl ces plaleaux dan» tous les sens et aboulissenl aux al'íluenls des gcands cours d’eau ; ils contribuenlá rassécliemeni, déla contrée et ont rendu possible le drainago (lui a completé l’assainissemenldc la Brie. » M. Arthur Brandin, un des agriculteurs les plus dis­ tingues de la Bidé, a raconté riiistoirc dos améliorations (|ui ont été l'aites successivement dans la l'erme de Galande (cantón de Brie-Comte-Bobert), occupée pac sa famille depuis 1090. « La tecre de Galande, dit-il, argilo-süiceuse, á soussol impermeable, était, comme la généralité des fermes briardes avant le dea inage, húmido et l’roide. Traversée par des fossés qui recevaieni, aloes comme aujourd’hui, les eaux de plusieurs communes voisines, ello souíl'rait d’autant plus de cette situation que ces fossés étaient peu profonds, entretenus par les uns, négligés par les antees, sans nivellement général et d’iin tracé capricieux. De nombreuses mares creusées de main d’homme pone extraire des malériaux de consti'uction ou des amendements, etméme assez souvent dans le seul but d’assainir les Ierres, existaient sur tonto la plaine. Des fossés les réunissaient entre elles et toules les eaux s’en allaient tant bien que mal á rémissairo principal dénommé rú d’Ilandres. Dans les annéespluvieuses elles séjourhaient, quelques soins qneron |)i il, dans les bas-fonds et le sol devenait d’aulant plus dur en été qu’elles avaient mis plus de temps á s’écouler. Pourfaciliter récoulement des eaux,les champs étaient labourés en billons de .3 a 4 mélres. Lorsque le blé était semé, uno sorte de buUoir en bois passait dans les dérayeurs pour en nettoyer le fond; puis la cliarrue tra­ cal t, dans les direclions transversales, d’autres rigoics


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plus profoncles, que Fon aclievail á la pelle et a la béclic <3l qui élaient deslinées á concluiré aux mares el aux fossés les eaux recueillies á la surface du champ. Les drainages, commencés en 18o7, l'urenL conlinués peu ápeu de 1861 a 1869, mais FinconvénienLdu procede par demi-mesures, dans Fexécution d’un Lravail aussi importan 1, se laisait manirestement sentir. En eíl'et, négligeant lesparties lesnioins humides, ons’élait tropsouvcnt contenté do poser des collecteurs dans les l'ossés et les mares c^ue Fon sup[>rimait et c¡uelques drains secoiidaires dans les partios les plusbasses. Bien pende piécesavaient re^u ce drainage régulier dont les ligues peuvent étre, selon la nature du solet du sous-sol, plus ou moins espacées, inais sans lequel il n’y a pas d’assainissement sérieux. Ileureusement c[ue les collecteurs étaient places a une prol'ondeur suflisante. Dans ces conditions, je n’hésitai pas á demander au propriétaire la continuation dudrainage, malgré Faccroissement des cbarges permanentes qui devaient en résulter pour moi. Le drainage permet de supprinier les antiques billons de trois metros de largeur et de faire des planches de l'i á 20 métres. On peut désormais labourer en tout temps des Ierres dans lesquelles jadis il était impossible de pénétrer aprés les jiluies; on peut faire les semailles plus tót, cmployer lessemoirset tousles Instru­ ments perfectionnés. Les luzernes durent une année de plus et sont beaucoup plus bellos. Sur les plateaux de la Brie, les rus sont secs pendan! tout Fété. lis ne coulentque pendan! la saison des pluies et alimentent alors des sources qui débouclient dans les vallons secondaires au niveau des mames Alertes. On a remarc[ué ciue, depuis cjue Fon a drainé les plateaux, et envoyé les eaux de ces drainages directement vers les cours des ruisseaux, un certain nombre de ces sources des mames vertes ont tari. D’autres, plus réguliéres et jilus abondantes, coulent


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plus bas le longdes riviéres dans les vallées pi’incipales, comme du Peüt-Morin, du Cdignon, et ellos proviennenL des teri'ains perméables compris enlre lesmarnos verles et Targile plaslique et sont groupées sur la ligue d’al'lleurement de cello argüe plaslique. >■ M am es á, buitres et sables de Fontainebleau. — Les sal)les de Fonlaineblcau, don! répaisseur alleint quelquol’ois de 40 á 60 melres, absorbenl rnpidement loules les pluies qui lombenl a leur surface et ellos conslituenl ainsi des réservoirs donl la base se compose d’une conche de 2 á 10 mídres de mames im])erméal)les que l’on appelle mames á huílres, á cause de la grande quanlüé d'huilres l'ossiles qu’elles renl'erment. Les villages bális sur les sables do Fontainebleau ne peuvent alteindre les eaux accumulées dans ces réservoirs que par des puils assez profonds, mais ces eaux viennent déboucher sur la ligue d'al'lleurement des mames á huilres dans les vallées don! les sables de Fontainebleau l'orment les parois, comme les jolies vallées de TEssonne, Jo rOrge, de rYvelte, etc., au sud de Paris et le long des coleaux de Meudon et Sévres, jusqu’aux environs de Versaillos. Calcaire de la Beaiice. — Pros de Paris et de Versailles, il y a, au-dessus du sable de FonlainebleaUv des argües á meulióres analoguos á celles de la Crie; leur imperméal)üité a pormis de taire, pros de Trappes, les étangs de SainUlubert et de Saint-Quentin. Mais la véritable Doauce, qui commence au sud d’Épernon, Rambouillel, Dourdan et Étampes, a pour caractérc distinctif la séclicresse. « Débarrassée de tout dópót superposé, sauf une minee couche de limón, dit M. de Lapparent (1), la Reauce est trop soche, trop voisine de la Loirc el Irop progressivement inclinóe vers ce lleuve pour que des cours d'eau ( 1) De LAPi'AItE^T, JJescripfiofi gúologíquQ du bassin paviaicn..


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aiciit i>u s’y établir et y creiiser des vallées. Aussi n’oíTret-elle a Freil qu’une surface iinie, s’étendant de lous coles, sans changemenl perceptible de niveau. Les cliamps, uniformément couverls d e,cereales et de l'ourrages artiliciels, ne sont divises ni par des liaies, ni par des fossés. On remarque la rareté des arbres ainsi que Labsence presque com|)léte d’liabitations isolées. Celte concentration des maisons est la conséquence de la perméabilité du sol qui empéclie rétablissement des mares et obligo á cherclier, par des puits prol'onds et bien oulillés, l’eau nécessaire aux liommes et aux animaux. » On a proposé a plusieurs reprises de taire un canal de dérivation de la Loire ou des élangs du Gátinais pour en distribuer Lean dans les communes rurales de la Beauce. L a Sologne. — En Sologne des lits de sables quartzeux et teldspalhiques allcrnent avec des conches argileuscs, parfaitement stralitiées les uns au-dessus des autres. Les conches sont continúes sur de grandes ■surfaces; certaines couclies argileuses, par oxem|de, notables comme niveau d’eau, sont visibles d’une colline a Tautre á une altiludo correspondante, et dans les pulís des communes volsines les nappes s’établissent a une cote généralement uniforme. Depuis un certain nombre d’années, la créalion des prairies irriguées a lait de grands progrés dans les vallons de la Sologne; et, parmi les agricultours qui se sont dislingués sous ce rap])ort, jo dois citer ¡M. Andró Courtin, anden eléve de rinstitut agronomique. Les Iravaux qu’il a faits dans son domaine du Chesne, pros de Salbris, peuvcnt étro présontós comme dos anodéles. L a Brenne. — La surface dos plateaux présente de nombreux vallons ou de simples déprossions qui ont Itoutes une ccrtaine pente vers les riviéres. Des chausR isleu c I A V euv . —Irrir/alions e/ draincujts. 7


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sées consti'uiles en travers de ceLte pijnte ont permis d’accumuler les eaux de pluie sur les argües qui formen! le sous-sol et de creer un grand nombre d’ótangs qui on! rendu le pays insalubre et flévreux, Mais il es! facile de les desséclier, de les remplacer par des prairies e! de faire des fossés ou canaux pour assainir la conlrée; c’es! ce qu’on a commencé á faire sur beaucoup de poinls. La

p la in e du F o r e z e t le b a s s in

de

R oanne.

— Au poin! de vue liydrographique, les lerrains !erüaires de la plaine du Forez e! du bassin de Roanne, dans la vallée de la Loire, oífren! des caracteres spéciaux. La prédominance dé l ’élémeni argileux s’oppose á riníiltraüon des eaux pluviales e! la faible ponte du sol empéche leur écoulemen! naturel. Aux moindres piules, des ñaques d’eau se formen! sur tous les points, e! ces eaux disparaissen! ii la longue, dans les parties basses, moins par absorption que par évaporation lente. Une conséquence naturelle de ce! éta! de dioses es! l’absence de vérüables sources. A leur place, on observe, au pied de beaucoup de coteaux, de simples suintements d’un régime for! inconstan!. Les eaux de pluie, recues par les dépóts gj'aveleux du hau! des plateaux, s’infiltren! jusqu’á la rencontre d’une assise argileuse qui les raniéne au jour au moindre ])li du sol. De la des écoulements abondants, e! souven! Iroubles, á la suite de plusieurs jours de pluie, mais qui tarissent des que le temps se reme! au beau. Par le méme motif, les puits de ces plaines donnent presque partou! de l’eau á une faible profondeur, mais son abondance varié avec la saison, et en général on la voi! aussi blanchir au inoinen! des piules. On a prolité de Pimperméaliilité du l'ond pour établir, dans la plaine du Forez, un certain nombro d’étangs que Fon fai! altcrner entre Vóvolagti, pendan! loquel on y eléve des poissons, e! Fassec, pendan! lequel on les


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cultive. Mais ces étangs conlribuaient á remire leurs environs lióvreiix; on en a déjá supprimé une grande ()artie pour les remplacer par des prairies. Dans touLes ces Ierres á sous-sol argileu.x, le drainage a une inlluence bienlaisante, non seulement au point de vue agricole, mais au point de vue de la salubrité. L e p a y s d ’e n tr e L o i r e e t A l l i e r . — Le pays d’entre Loire et Allier est un vaste platean découpé par de larges vallées peu profundes et á pente douce, dans lesquelles il a suffi d'interposer de loin en loin des barrages ])Our y reteñir les eau.x et former des étangs. On l’appelle quelquefois la Sotngne hourbonnalse et elle mérite ce noin ou du moins elle le niéritait autrelbis sous certains rapports. Suivant Texeniple donné des 1840 par \'ictor de Tracy, beaucoup de cultivateurs et entre autres M. Cliarbonnier, á Saligny, supprimérent la plupart des étangs inférieurs et les transformérent en prairies irriguées avec les eaux des étangs supérieurs. D é p a r te m e n t du N o r d . — Dans le département du Nord, les argües tertiaires d’Orcliies Ibrmaient des (erres l'roides et imperméables, classées autrelqis de 3' ou 4” classe. Elles étaient tellement humides qu’on pouvait rarement y travailler avant lo mois de mai. Pour l'aciliter l’écoulement des eaux, on y avait tracé des l'dssés qui divisaient les terres á Pinfini et, pour que les bords de ces l'ossés ne s’écroulent pas, on y avait planté des sanies, etc... Le ]>lé rendait tout au plus 20 bectolitres á Pheclare. Le drainage a changé tout cela. A Cappelle, M. Florimond Desprez a coinblé les l’ossés et, aprés les avoir remplacés par des drains, il a arraché les arbres qui limitaient les cliainps et il a formé ainsi des grandes pircos fáciles á cultiver. Les travaux peuvent maintcnant étre commencés des lo premier printemps, et gráce aux défoncoments et aux engrais cliimiques ([ui ont complété ces améliorations, il obtient des rccollos


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moyennes de 30 á 40 quinlaux de blé, 60 á 80 d'avoino, 4;i á 0 000 kilos de belteraves et 30 a 3o 000 kilos de pommes de Ierre.

VI. — Terrains tertiaires et quáternaires du Sud-Ouest de la France. M o lla s s e s e t b ou lb én es. — Dans les niollasses, entrecoiipées de mames plus ou moins sableases, qui conslitiient la masse principale des plaleaux aux environs de Toulouse, 11 n’y a pas de nappe d’eau conlinue. Olí n’y trouve que des sources laibles et irréguliereinent dissémiiiées. La plupart des Termes s’alimenlent au moyen des pulís et ces pulís doivenl étre poussés jusqu’á une certaine profondeur pour Tournir une quantilé d'eaii un jieu notable par la reunión des suintements qui se produisent sur leurs parois. Cependant, les dépOts d’alluvions pliocenes, donl on rencontre les restes sur les sommets de quel(|ues collines de mollasses, sont composés d’argiles et de graviers qui peuvent amener la formation de sources á leur jioinL de contad avec les mames tertiaires, surlout s’ils sont boisés, comme cela devrait loujours etre. A Toulouse, 11 tombe en moyenne 044 millimetres d’eau par an. Mais 11 y a fort rarement do la pluie en juillet et aoút. La végétallon des l'ourrages s’arrete alors et les ruisseaux formes dans les petits vallons pai' la reunión des sources sont á sec. Les prairies qui occupent ces vallons donnent rarement du rcgain. Des terrains quaternaires, que los agriculteurs do la región appellent hoidbénes, forment des terrasses étagécs en général sur la rive gauche des vallées qui desccndent des Pyrénées. Ces boulbénes sont composés de sables et de limons rougeátres, moles á une proportion variable mais loujours assez grande de cailloux. On y rencontre


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souvent, á une ccrtaine profondeur, un conglomérat solide, le fjrepp, ronné de cailloux aggluünés par une nialiére ferrugineuse. Les eaux de pluie s’infiUrcnl l'aciIcinenl dans lo sol perinéalde des Loulbónes, inais elles sonl amHécs, soit par le grepp, soit par les mames lertlaires sur lesquelles ces graviers reposenl, et y fonricn.l une nappo soulerraino qui alimente les puits el les sources. G’esl dans ces condiüons que se Iroment ces soiírc.eSrahondantes que l’on volt jaillir au bord du platean de Lardenne el de Sainl-Simon, sources qu’on avail eu l’idée de capLer pour les conduire á Toulouse oü elles auraionl alimenié un cerlain nombre de fonlaines. Los puits de celte región trouvent presque toujours une eau abondanle á une prol'ondeur de 3 a b mídres. .Les memos considérations s’ap|)liquent á la vallée jiroprement dito, (les eaux sonl claires et saines en general ;leur volume est assez variable, suivant les saisons, mais ellos ne manquent jamais. (Leymerie.)

Peu do régions, dit M. Jaequot (1), présentent autant de lacililés pour Pirrigation que la grande plaine située aux ])ieds des Pyrénées. Les eaux qui descendent de la monlaguo ou de ses conlretbrls, parcouront cette plaine dans toute son élendue. Le üers possede notamment un magnilique réseau de cours d’eau qui les sillonnent, sous formo (réventail, dans la direction du sud au nord. Quelques disposilions tres sim[)les permeltraient de taire servir ces eaux ti Parrosage du fond des vallées el des parlies inlei-ieures des coteaux. - (les ricliesses naturelles de la plaine sous-pyrénéenne sonl soigneusement aménagées dans le Roussillon par des travaux qui remontoni, pour la plupart, á une époque roculée. L ’irrigation s’est imposée dans cette región comme le correctif du climat. Dans le reste de la plaine, au conlrairo, Pirrigation est négligée. (1) JAiigiior.

Dp.^c7'¡pfion f/coíogh/Kc du di’p fU'tcmont du Gei'S-


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L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Le Gers ne possede que deux canaux d’aiTosage de peu d’étendue; ils sont sitúes lous deux dans la partió de la plaine de I’Adour comprise entre Maubourguet et líiscle. Le canal vulgairement connu sous le nom de rALARic, dont Torigine remonte, suivant la tradition, jusqu’aux Visigotlis, est une dérivation de l’Adour. II commence ti Pouzac, un peu au-dessous de Bagneres-de-Bigorre, et se termine au nord de Préchac, dans le Gers. Son étenduo dans ce département est d’environ 8 Mlometres. Dans ces derniers temps, .M. Granier de Cassagnac a relié FAdour á FArros par un canal qui débouche á Plaisance dans cette derniére riviére et produit la forcé motrice d’un moulin. Ce canal est en méme temps destiné á arroser la plaine dans Fangle formé par les deux cours d’eau. Le Gers ne posséde done pas au déla de 13 a 14 kilométres de canaux d’irrigation. G’est peu eu égard aux ressources qu’oífrent, pour Fextension de cetle pratique, les riviéres qui siltonnentle département, et aux avantages qu’on pourrait en tirer. Aussi, bien desprogrés sont encore a réaliser dans cette voie! Une loi du 3 mai 1849 avait alTecté une somme de 6 millions á la construction des réservoirs et des rigoles dérivées déla Neste, dans le but d’améliorer la navigation des riviéres partan! du plateau de Lannemezan, et d’augmenter la quantité d’eau susceptible d’étre aíTectée aux rrigations des territoires Iraversés par ces riviéres. Mais par suite des difficultés íinanciéres et des événements politiques, on dut en 1832 renoncer á améliorer la navigabilité des riviéres en question et se borner a augmente!’ la quantité d’eau disponible pour les arrosages. On construisit, en conséquence, de 1832 a 1862, un canal dérivé de la Neste, sur lequol devalent venir s’embraucher les rigoles d’alimentation de chaqué riviére, el


LES EAUX-DANS LES FORMATIONS GÉOLOGIQUES.

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«n projeta dans la haute vallée de la Neste une série de i’éservoii’s destinés á assurer en tout temps au canal un débil de 7 inétres cubes par seconde. Un seul de ces réservoirs, celui d’ürédon, a été construit jusqu’ici et I ’on n’a pu en conséquence doler le canal de la Neste que d’un volume de 4 métres cubes par seconde.

L ’alimenlation des riviéres par les eaux de la Neste donnait lien á de nombreuses contestalions qui soulevaient des difñcultés incessantes. -Un décret en date de 27 juillet 1889 a mis fin á ces contestalions. Ce décret a réparti le débil de 7 métres cubes prévu pour le canal de la Neste entre les 19 riviéres qui descendent du platean de Lannemezan, mais comme ce débil n’est seulement, pour le mornenl, que de 4 métres cubes, ce volume n’est réparti qu’entre onze riviéres en question. On étudie en ce inoment les pi’ojets de nouveaux réservoirs destinés a permettre de parfaire la dotation de 7 métres cubes du canal de la Neste. En attendant que ces projels soient réalisés, l’eau manc[ue souvent aux nombreuses riviéres qui traversent le département du Gers. Au lleude prendre leurs sources dans les moiitagnes des Pyrénées, comme l’Adour et la Garonne, etd ’étre alimentées pendant l’été par la fonte des glaciers, les riviéres proviennent la plupart des ruisselets qui sillonnent le platean de Lannemezan, platean couvert de laudes {Lannemezan veut dire lande du milicu), complétement déboisé et d’une altitude Irop faible (600 á 660 métres) pour que les piules et les neiges puissenty ótre ahondantes. Tandis que, dans le Haut-Armagnac, partie oriéntale du département du Gers, les collines tout entiéres se composen t de mames et de mollasses, plus ou moins recouvertes pardesboulbénes,ces mames et mollasses ne paraissent plus, dans le Bas-Armagnac, qu’au fond des vallées et sur leurs flanes jusqu’á une certaine hauteur.


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puis vienncnt á mi-liauleur des sables quarlzeux colores en biun clair par de l'oxyde de 1er { s a b l e s f a u v e s ] et á la siirface des plateaux des glaises higarrées. Oes .qlaises bigarrées sonL impermeables eldiriidles k Iravailler. ün peut y Taire de bonnes vignes, api'és les avoir di'ainées, défoncées et amendées avec les mames lacustres que Fon extrait au-dessous d’elles. Mais, en agriciilture, les améliorations qui réussissent aujpoint de vue technique ne sont pas toujours á consciller au point de vue économique. Ce qu'il y a de plus pratique avec ces glaises bigarrées, c’est ce que Tont depuis longtemps les gens du pays : c’est de no pas les améliorer du tout et do s’en servir comme de moyen d’amélioratiou pour les antros terres. On les laisse inculles : ce sont des tongas, landes boisées qui Tournissent du bois, de la litiére et du páturage pour les métairies et qui ont en méme temps une lieureuse induence sur le i'égime des eaux dans la contrée. Département des Landes. — Dans la prairie oriéntale du dépártoment des Landes, les terrains ressemblent encoco á ceux du Bas-Armagnac ; dans sa partie méridionale, ils ressemblentáceux du Béarn. C’est la C h a l o s s c , pays de collines composées d’un diluvium argileux melé de cailloux et reposant sui' un sous-sol de glaises Ijigarrées de rouge. Pour assainir les cliamps on les entoure de í'ossés á ciel ouvcrl, appelés rigolas. A cóté do eos rigoles, on laisse une m a l t e , bordure de 1 metro á de large, sur laquellesont plantees des vignes on hautains soutenus par des cerisiers sauvages ou par des [¡iqiiets. L’eau se trouvo partout; les puits ne dépassent gurre une profondeur de 7 mrlres et souvont ils n’en ont que 4 o u ; et cetle abondance d’eau i)ermet d’avoir des Termes dispersóos dans la campagne au centre des Ierres qu’elles cultivent. Dans le reste du département des Landes et dans une partie de celui do la Gironde, rimperméabilitó dos sables


LliS EAUX DANS LES F0RMATI0N3 GÉOLOGIQUES.

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provieiit (le l'alios, couclie de gríís brun cju’un cimenl de maüeres organi(¡ues et deferafocmé auné jn'ofondeur d’enviroii un medre.

Quand (jii pratique en (íté un Irou un peu large dans le sol, en s’arrélanlá l’alios, on voit le fond de ce trou so remplir peu á peu par iníillralion lalérale, d’un peu d’eau jaune a pedne poLablc. Mais si Fon ])erce l’alios, on trouve immédialeiuenl au-dessous une eau assez abondanle el parfaiteinenl limpide. ün esLparvenu a conserver á celle eau int'érieurc sa limpidilé premiere en recouvrant de cimenl les parois des puils jusqu’á Fallos, de maniere á suppriiuer les inliltraUons de la concho de sable supérieurc. Ce l'ut Cbambrelenl, aloes ingénieur des ponts et chaussées á Cordeaux, qui monlra praliquement, dans le domainedcSainl-Alban qu’il adíela en 1849 á Fierro Ion, (jLie les ])ins marilimes réussiraicut bien, si Fon parvenaila abaisser le niveau des eaux. Gráce a la silualion do Ficrrolon, il pul lacilement écouler ces eaux au moyen de fossés á ciel ouvert ou crasles et des 18bü, ¡1 monlra á FExposilion universelle de Paris, des pins de 3 medres de haulcur qu’il avait obtenus ii Sainl-Alban. Mais commenl appliquer celle mélhode aux grandes Laudes? Commenl écouler les eaux slagnanles sur cello immensc surl'ace? La conslruclion des chemins de l’er devinl le grand auxiliaire tlu dessécliement et du boisemenl des Laudes. Les lerrassemenls de la voie de Bor(leaux á la Teste l'urenl conslruits au moyen de doux l'ossés laléraux, creusés avee dos pentes et des sections réguliéres bien calculóos qui devinrent les premiors évacualeurs des eaux déla conlrée vers les élangs dulittoral de FOcéan.

Pilis vi ni Fouverlure de la grande ligue de Bordeaux il Bayonne. La Gompagnie du Midi íil construiré des roulos agricoles transversales á la voie ferrée et elle élablit, lo long de ces roules, comme lo long du cliemin


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de fer, dos fossés qui avaient assez de penle pour servir á l’écoulement des eaux. Dunes de Gascogne. — En Gascogne, les eaux pluviales qui tombent á la surlace des dunes pénetrenl immédiament dans le sol sans ruisseler á la surl'ace. Elles s'infiltrenl dans le sable el vont loriner une nappe, dont la surface supérieure est ondulée comme relie des dunes, mais avec des ondulalions beaucoup moins prononcées el dont les formes varient d’ailleurs á lasuile des piules eldessécberesses. Considérée en grand, relie surface n’est pas borizonlale; car au niveau dos baúles mers, dans le voisinage irnmédiat de TOcéan, elle s’éléve dans l'intérieur de la cliaine des dunes á lo ou 20 mtdres d’altitude. Cette nappe est alimenlée, soiL exclusivement par les eaux pluviales, soit en parlie par les eaux des étangs. Ses eaux sontdouces par suite de la poussée constante, tant des eaux pluviales supérieures que des eaux des étangs et des marécages éclielonnés jusqu’a la cote. Les puits sitúes á la pointe de Grave, et vers la limite de la cliainea la bauteur de Eoi’ge, ne fournissent que de Eeau douce, méme lorsque, [)ar suite de leur profondeur, ils descendent jusqu’au niveau moyen de la mer, el que pai' suite de leur faible éloignement, leur niveau éprouve des ílucluations en rapport avec celles des fortes marees. A Arcachon les puits ne donnent ([ue dos eaux douces, méme ceux qui sont assez ra[)prochés de la mer.

Vil. — Terrains tertiaires et quaternaires de la Suisse et de l’Est de la France. Le flyscb. — Les terrains tertiaires les plus anciens ([u’il y a dans los Alpes de la Suisse, de la Savoie et du Daupbinésont des calcuires nummuUtiques qui sont, en général, secs et aridesotle/ÍJ/sc/t qui est composé d’une alternance de schisles impermeables et de gi-és peí méables.


LES EAUX DANS LES FORMATIONS GÉOLOGIQUES.

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Par suite de cette alternance, les sources sont nombreuses daus le Ilysch. Malheureusement il en résulte aussi quelquefois des glissements el des éboulements dont les eífets sont désastreux. On peut enrayer ces glissements en empéchant, au moyen de drains en pierres, les eaux d’arriver en quanüté sulíisante jusqu’au lit imperméa])le qui constitue le plan de glissement ou ménie en les recueillant sur un plan de glissement, de facón á ne pas leur permettre de saturer la masse des matériaux instables. Dans ledépartement des Ilautes-Alpes,leflyschest tres développé ; il se trouve souveni au-dessus du lias ; il forme comme lui des Ierres fértiles ; mais, quand ces terres ne sont pas protégées par les forets, elles se dégradent et sont enti'ainées parles torrents. M ollasse. — Les gres et poudingues de la mollasse sont assez permeables, mais leurs bañes alternent de loin en loin avoc des conches de mames plus ou moins épaisses qui rassemblent les eaux et formen! des sources sur les points oü elles afíleurent. Les eaux de ces sources tiennent en dissolution la plupart des matieres qui font partie du ciment des mollasses, des carbonates do chaux, magnésie et fer, etc. Elles sont, en général, tres saines et excellentes ])our J’irrigation. En Suisse, pour ainsi dire, chaqué ferme a sa fontaine qui coule toujours et qui sert non seulement á abreuver ses liabitants et son bétail, mais a laver les planchees des étables et á préparer le fameux lizier, engrais liquide qui contribue beaucoup a augmenter la l'erülité naturelle des terres. Les bois conservés dans la plupart des communes sur les hauteurs qui les environnent régularisent le débit des sources qui coulent au-dessous d’eux. Malgré le nombre assez grand de ces sources, les terres sont rarement assez humides pour exiger des drainages; ces drai-


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nages ne sont útiles que dans les bas-fonds oñ le soussol se compose de mame.

Vlif. — Terrains quaternaires de la Suisse et de la Savoie. Au-dessus de la mollasse, oii li'ouve les altiivionn anciennes, conches de gravlers straliflés qul reposenL sur une mame imperméahle; c’est un niveau d'eau souvent utile. Pilis viennent les dépdls glaciaires, souvent tres épais qui reposent, lanlót sui' ces alluvions anciennes, tantol directement sur la mollasse ou sur les calcaires jurassi([ues. Leur composition minéralogi(|ue varié avec celle des roches qui entourent le hassin oñ les glaces ont enlevé, strié et broyé leurs matériaux. Parlout c’est une accumulalion de déhris de toutes sortes, blocs de pierros, cailloux, sables plus ou moins gi'ossiers enl'ouis dans une argüe compacte que l’on appelle diot en Savoie. La mise en culturo du diot ost principalement une question de mécani(]uo. A l’état de naturc, il est tout ii fait improductit. On peut en juger par ces teppes de diot^ que Fon trouve encore aujourd'hui dans (|uehiues localités de la Savoie, mamelons déserts sur lasquéis poussent quel([ues genévriers et quelqucs lambeaux de pauvre gazon. Ces teppes tendent á disparaitre de plus en plus en Savoie el Pon n’en voit plus guére en Suisse. Pon á pen le diot se transl'orme en torres productivos, mais il l'aut pour cela heaucoup de li'avail. 11 faul, par des minages a hras ou par des dél'oncements a la chari'ue, ouvrir les entrailles de ce sol compact aux racines des plantes que l’on x'eut y cultiver. Pour taire durer les etlets bienlaisants de ces dél'oncements et faire circuler á la l'ois l’eau et l’air dans le sous-sol, il faut drainor. Eníin pour


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y établir une culture intensive, il l'aut de fortes doses de fumier. Tantot l'argile se continué á de grandes proiondeurs péle-niéle avec des blocs anguleux et inai(|ués des stries raraclérislii|ues des terrains glaciaires. Tantot on découvrc des veines de sables ou de graviers. Souvent ces graviers ont été cimentes par des eaux lull'euses et forment une conche de poudingue encore ])lus impénétrable aux racines que le diot. Quelquefois, on peut, en percant un puits perdu á travers ce poudingue, arriver a des bañes de gravier libre et drainer ainsi d'un seul coup plusieurs liectares ou y jeler les drains, si Ton n'a pas ailleurs un ócoulement favo­ rable. La i'ochercbe des sources est tres caj)ricieuse dans les terrains glaciaires. En crcusant des Iranchées dans les endroits oü quebiues indices font supposer leur existence, on rencontre quel([uefois un lilet d’eau abondant; inais laissez-le couler quelques jours, peu á peu il diminuera et bientót disparailra lout a fait. Ce n était ([u une jioche, nid de gravier ou de sable [ilein d'eau, inais isolé au milieu des masses d’argiles et sans coininunication avec d’autres coliches d’eau quipuissent raliinenter. En general, les plaleaux argileux alisorbent pi'u l’eau des pluies qui tombent sureux et ne peuvent par conséquent pas en emmagasiner beaucoup. 11 ne doit done pas se former des sources bien ahondantes dans les masses d’argiles glaciaires. Les plus considérahles débouchent sur les flanes des vallées que les cours d’eau venus du .lura et des Alpes se sont creusées dans les anciennes moraines, et sont tout simplement des inliltrations de ces cours d’eau ; c’est l’eau de la rivdére plus ou moins bien íiltrée dans les conches de graviers qu’elle a 1raversées. Quelquefois aussi le dépót glaciaire, qui revé! par lambeaux les pentes d’une colline de inollasseou de calcaire jurassique, se borne á servir de barriere aux eaux inlil-


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li'ées et accumulées dans ces formations permeables el il suffit de pcrccr cette barriere pour donner jour á une soiirce. Au Mont-sur-Lausanne, une source ussez puissanle pour conlribuer á ralimentalion de la ville a élé créée, en percjant, a travers la mollasse et l’argile quaternaire, une galerie aboulissanl au milieudes blocsd’une moraine tres aquilere. D’autres exemples sont l'ournis par les environs do Villars-sur-Ollon (cantón de Vaud). Dans le vallon du Cbamp-du-Moulin (cantón de Neuchátel), des argües plastiques tout á lait impermeables, á la base d’uu dépOt glaciaire, donnent naissance, sur les bords de TAreuse, á de nombreuses sources (1). La Bresse et les Bombes. — La carie géologi(|ue montee que la plaine bressane estdécoupéc en un nombre 'nfini de mamelons dont le noyau central est composé de mames blcues recouvertes de sables t'errugineux et de limón jaunc ou lehm. Au milieu de ces nombreuses collines serpente un réseau de petils rallons; les eaux, trouvant peu de pente devant elles, l'orment des étangs ou s’écoulent lenlement vers les válleos plus importantes de la Veyle, de la Reyssouse, de la Seille, qui tinissent par aboutir k celle de la Saóne. II pleut toujours beauceup en Bresse : aux environs de Bourg, on enregistre en moyenne 1"',20 de pluie par an, deux l'ois plus qirá Paris. Les Ierres sont difficiles á égoutler, ala fois parce qu’elles recoi ven t beaucoup d’eau, parce qu’elles ont peu de pente et parce qu’elles repo­ sen! sui' un sous-sol impermeable. De la un systéme de labours tout spécial á la Bresse. On í'ait des billons plus ou moins étroits, suivant la récolto a la([uelle ils sont destines. A leurs extrémités, dans les coiilours ou chaintrcs, on se garde de labourer ¡)erpendiculairomcnt a ces bil(i) D a uuhék , L es c a u x souterraines.


LES EAUX DANS LES FOR.MATI0NS GÉOLOGIQÜES.

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lons, comnie on le fait d’habitude. Cela ari’éterait Técoulement des eaux. Au eonlraire, on enléve la Ierre de res cliainti'es au inoyen de lirouetlcs ou de tombereaux, polil­ la IransporLer au niilieu du cbanij) et lui donner ainsi un bombomenl arliliciel. De plus, en travers des rbainlres el paralléleinenl aux billons, on l'ail, sur les points O lí ¡Is pouvenl élrc útiles, de larges fossés d’écouleinent que Ton appelle baragnons, et Fon a également soin de remonter, de lemps en teinps, sur les ])iéces labourées la Ierre fine que les eaux onl entrainée. On forme ainsi une serie de reclangles ou carrés boinbés, donnant íi fensemble des cbainps une peiile laclice qui íacilite leur égoulteinenl el qui perinet de leur rendre les matiéres fértiles que les eaux superíicielles tcndent a leur enlever en les ravinant. Sans douté ce systéme de culture exige beaucoup de travaux, mais les cultivateurs bressans les font dans les momenls oii ils n'onl rien de plus pressé á faire. Sans doute, des drainages au inoyen do tuyaiix places sous terre permetlraient de supprimer tous ces transports de Ierre, de cultiver toute la surface perdue en cbaintres et baragnons et d’auginenter la profondeur des labours, qui ne dépassentguére 0“ ,08 á0“ ,10, el q if il serait dangereux de pousser plus loin, tant que le sous-sol ne peut pas étre aeré. ¡Víais les drainages coiitent cber et ils sont difficiles a bien faire dans des terrains qui ont peii de pente. On en a essayé, inais on prétend que les tuyaux sont plus sujets a s’obstruer dans les Ierres d é la Bresse que partout ailleiirs. Ce reproche me semble, en ell'et, bien fondé, si Fon trace les plans de drainage d'aprés les regles indiquées dans la pluiiart des traites, c’est-á-dii'c en pla<;ant les drains suivant la plus grande pente et les collecteurs en travers. Les collocteurs ont ainsi forcéinont uno pente plus faible (jiie cello des drains, etles eaux qui sont arrivées dans ces drains cbargées de ces sables íins qui


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abondonl dans Ies Ierres de la Bresse en déposenl une jiarlie au inomont ou ellos entren! dans les collecteurs et son! forcees d’y ralentir la vitesse de leur écoiilemenl. Deládes ohsiruclions que Fon pourrail l'acilement éviler, en Iraranl, au conlraire, les collecteurs suivant la jdus firande penle dii lerrain et les di'ains suceurs en diagonale. Chaqué í'erine, ou tout au moins chaqué hameau a une mare et un puits. Quand ce puils n’a que 3 ou 4 métres de profondeur, c’est une sorte de cíteme alimentée par les eaux superíicielles ou par des raisins, peliles sources que forinent les veines de sable intcrcalées dans les argües. Ges puits ont de Feau tres douce, quelquefoís cbargée de matiéres organiquos et ils sont sujets a tarir ajires les grandes sécberesses. Pour avoir toujoui'S de Feau, il faut creuser les ])uits á 12 ou 13 nielres de pro­ fondeur et avoir la chance de rencontrer un de ces bañes de gravier qui se trouvent interposés dans les conches de mames; ils sont alors intarissablcs et donnent dos eaux plus dures, plus calcaires que les précédentes. La Bombes. — Au sud de Bourg, les chaintres et baragnons commencent á disparailre et on n’en voit plus íi Chalamon. II suflit do labourer en planches suivant la pente pour égoutter lo terrain. Puvis a souvent dit que le sol de la Bombes est moins imperméable que celui de la Bresse proprement dite, et il explique ainsi Fusage des chaintres dans cette derniere. Mais je crois que les Ierres de la Bombes sont tout aussi fortes et imperméables que celles de la Bresse et, si on n’y voit pas de chaintres mais beaucoup d’étangs, c'est qu’il y a plus do pente pour écouler les eaux. En elfet la Bombes est une vaste moraine composée de matériaux amenés par les glaciers des Alpes. Ce qui domine dans ces matériaux c’est une argüe aussf compacte et aussi imperméable que le diot de la Savoie. On avait ])ro(ité jadis de cette imperméabilité ct des on-


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(liilalións de sa sul'face pour étaWii’ des étangs daiis les dépressions, en les barraní de loin en loin au moyen dignes, el ces élangs avaient fait de la Dombes un pays Iresnialsain. L ’amélioration de la Doinbes a lente beaucoup d’hoinmes généreux el á léur tele il faut citer Niviere, le l'ondaleur de l’école d’agricullure de la Saulsaie. Niviere était magistral a Lyon el il avail devant lui une brillante carriere, lorsqu’il s'enlhousiasma pour la question de la Dombes el se decida á y consacrcr sa vio el sa fortune. Malheureusement cello fortune n’étail pas á la bauleur de la tache qu’il entreprenail en achotant 407 liectares á la Saulsaie, en y suppi imant les élangs el cherchant á y créei' une culture intensivo. 11 ne se rendait pas compte des énormes dépenses qu’il aurait á faire pour arriver á son bul. 11 croyaitque le (li'ainago seul sufíirait pour transibrmer le sol. Le drainage sans défoncement ne pouvait pas suflire plus que le défoncement sans drainage; de ]dus, il fallait ensuite augmenter les fumures et les engrais cbmplémenlaircs en raison de la conche arable ainsi crééo. Laire. Tune de ces trois amélioralions sans faire en méme tem])s les deu.x autres, c’est ])eine perdue; or les trois réunies coútaient f 200 á 1 300 franes par hectarc. Ellos n’auraiont pu étre payées que par des cultures spéciales, comme la vigne, le houblon, la betterave á sucre, etc.; mais dans la Dombes, le climal et la rareté de la maind’o’uvre ne permettaient pas ces cultures. 11 vautniieux, comme l’a fait ¡M. de Monicault á Versailleux, boiser les plus mauvaises torre, principalement les hautours caillouteuse, ne conserver que les élangs qui ont le plus de profondeur et créer des herbages dans les meilleurs fonds pour y nourrir des beles á comes. 11 y a peu de sources sur les plateaux des Dombes; la disposition et la nature imperméable du lerrain ne s’y prétent pas. La plus grande partie des eaux de pluie


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ruisselle á leur surface, se réunit dans les étangs. s’écoule par quelques peüts ruisseaux ou s’évapore peii á peu (Risler, Géologie agricole). Limón des plateaux. — Nous avons sur les plateaux du bassin de la Seine prés de S millions d’liectares de limón qu’Arlliur Yoimg considérait comme un des plus beaux terrains du monde. II se compose de sable tres fin et d'argile, el, en général, avec Ires peu de ralcaire. Son épaisseur atteint quelquel'ois 12, méme lü meIres. Quand elle est de plus de 2 a 3 metres, on peut y distingue!’ deux parties : la partie supérieure, de couleur plus jaune, plus argileuse, plus pauvre en calcaire que la parlie inférieure, est le limón proprement dit, ce que l’on appelle terre á brigiies dans le pays de Caux et en Picardie; la partie inférieure, séparée de la précédente par une ligne liorizontale ou paralléle aux ondulations de la surface, est grise et plus grossiére, plus sableuse, moins pauvre en calcaire que la premiére; les cultivateurs de la Flandre luí donnent le nom {Vergeron. Lorsque l’épaisseur du limón ne dépasse pas 3 á4 métres, sa masse tout entiére est souvent décalciíiée par le passage des eaux de pluie et transformée en terre á briques. Quand ce limón repose sur un terrain tres permeable, par exemple sur la craie, il est naturellement drainé; on peut le cultiver par tous les temps et souvent deux clievaux suffisent pour la charrue ; c’est une terre l'ranche dans laquelle l’eau et l’air peuvent facilement circuler et qui cependant, gráce á la íinesse du sable qui en forme la plus grande paiiie et á la proportion d’argile qu’elle renferme, conserve presque toujours assez d’bumidilé pour les besoins de la végélation. Ce sont d’excellentes Ierres á beüeraves, á luzerne et a bié. Dans le pays de Caux et dans une partie de la Picardie, le limón est separé de la craie par une couche ¡)lus ou moins épaisse d'argilc d sílex, argüe mélée de caillou, de silex que les gens du pays appellent bief.


LES EAUX J)ANS LES FORMATIONS GÉOLÓGIQUES.

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Les eaux de pluie la Lraversent moins facilemenl; dans les saisons humides, elles se rassembleni, aux] endroUs les plus bas ety forment des nares que Fon utilise pour abreuver le bétail et pour établir aulour d’elles des herbages ou des vergers {masiires). Les arbres plaulés aulour de ces masui-es les protegent centre une évaporaüon trop rapide. On ne trouve point de mares au milieu des cultures qui couvrent les plateaux. 11est probable que los nombreux puits que Fon a creusés depuis un temps immémorial pour extraire la craie ont contribué á assécher ces riches plaines. Quand ils ne servent plus pour le marnage des cbamps, ils í'onctionnent encore eomine piiits perdiis. Ce sont de vastes drahis verticaux qui íbnt cominuniquer le limón, á travers Fargile a silex, avec les bañes flssurés de la craie qui forment la masse des plateaux. Les eaux s’iníiltrent lentement dans la craie et ne reparaissent qu’au fonddes vallées qui sillonnent de loin en loin le pays. C’est un des caracteres principaux du pays de Caux et de la Picardie ; pas de source sur les plateaux, il n’y en a que dans les vallées. 11 est également inutile de drainer le limón, quand il repose sui'le calcaire grossier, comino á Grignon, dans une grande partie du Vexin l'ranrais et du Soissonnais, sur le calcaire lacustre, comme dans le Multieu, sur le calcaire de Beauce ou le sable de Fontainebleau, comme on le voit au sud de Paris. Mais il en est tout autremenl, quand le limón se trouve au-dessus de couches impermeables, comme dans la Brie (voy. a la page tO'i ce qui a été dit de Fargile meuíiére) ou dans une partie du département du Nord. II forme alors des Ierres froides et humides et il est utile de les drainer.


I2S

l ’e a u ,

LÁ' p l a n t e e t l e - s o l '. V

S U B S T A N C E S F E R T IL IS A N T E S C O N T E N U E S D A N S L ’EAU

L ’eau n’existe pas dans la nalure á l’élal de |)urelé. Elle conüenl des matiÍTes en suspensio?! et d’autres en cJissolution. Elle se cliarge des unes et des autres soit en Iraversant l'aLinosphere, solí en circulant ii lasuríace des Ierres, soit dans les tissures profondes du sol d’ou elle ressort en formant des sources. La natui'e et la quanlité des inalit'-res que contient l’eau dependen! naturellement de son oi'igine, des Uírrains qu’elle a traversés ou arrosés. L ’analyse y décele des gaz : oxygene, azote, acide carbonique; des malieres minerales ; cliaux, inagnésie, fer, silicc, polasse ; de l’ammoniaque, de l’acide nüri(|iie et méme parfois de l’acide ])liosphorique. Parini ces malériaux, certains sont d’une grande valeur au point de vue de la l'ertilité. Etmalgré que l’eau ne les ■contienne qu’en quantités ¡níinitésimales, lorsqu’elle se renouvelle constamnienl el en grande inasse comme dans la pratique des ii’rigations d& certains pays, leur apport jone un role Ires impoidant au point de vue de la fertilisation des Ierres. Les liinons que cbarrient quelques cours d’eau représcntent une i'icbesse (l’autant plus grande qu’ils contiennent davanlage de principes útiles aux plantes.

I. — Substances contenues en suspensión dans les eaux. Limons. Ge sont les eaux lorrentielles ainsi que les ri vieres et les íleuves qu'elles alimenten! qui conticnnent le plus de malieres solides en suspensión. Cependant les eaux originairement les plus purés aprés qu’elles ont circulé á la surlace du sol en renferment plus ou moins. L’eau de pluie, elle-méme, apres avoir lavé l’almosphére, est


SUBSTANCESFERTILISANTES.CONTENÜESDANSL’EAU.

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souillée (le poussieres et de germes qui dans Ies pays lu'umeux, dans les grandes villes, la renden! nioins puré que l’eau des sources. Dans les cours d’eau qui reí^oivent des lorrents, la quanlilé des niatiéres solides entrainées peutétre consi­ derable. Ccs cours d’eau corrodent cux-mémes leurs rives avec d’aulanl plus d’énergie (jue lenr jxmte est plus forte et que les Ierres qui formen! leur lit son! plus friables. Les cours d’eau tranquilles, eu.x-mómes, dégradent leurs rives. Et les piules lorsqu’elles tombent sur des berges escarpóos les ravinent et entraincnt souvent dans la riviere los partios les ineilleures de la torre végétale. Los quantités de limón entrainées varíent dans de larges limites. Pour le miime cours d’eau, c’est au moment des crues, en liiver et au printemps, que la proportion des limons qu’il charrie atteint son máximum. Voici quelques chilTres fournis par difieren tes obsei'vations qui donneront une idee des masses énormes qui peuvent ótre entrainées. lis indiquent les quantités moyennes de limons (¡ui sont annuellement cliarriés par <livers lleuves et riviéres :

Métres cubes.

Lo üango.............................. Lo t>ó..................................... L c N il ......... ....................... Le Rlu'ino (á L y o n ).............. La Durance........................... Lo V a r .................................. La Scino................................ La M am o..............................

42.000.000 40.000 000 30 000.000 21.000.000 12.000.000 12.000.000 200.000 lO.j.OOO

Nombre de kilo^r. par niétre cube pendant les crues.

2,3 » » 1,2o 3,03 36,01 2,74 0,ul

Itervé-Mangon a étiulié cette question avec beaucoup de soin. Voici le resulta! de ses observations sur la Durance.


130

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Le poids total des lirnons charries par cette riviére devant Mérindoldu 1"'’ novembre 1839 au 31 octobre 1861, a été de 17 923 321 tonnes. En admettant que ces lirnons déposés sur le sol pe­ sen! en moyenne 1 600 kilogrammes le niétre cube, leur voluine aurail été de 11077 071 nielres cubes. Si ce limón se déposait intégralemenl sur le sol, il recüuvrirait, en un an, d’une conche de 0“ ,01 d’épaisseur, Fénorine surface de 110 770 heclares. llervé-Mangon ajoule que Ton regarde comme tré-s feiTiles, dans le département do Vaucluse, les Ierres arables ([ui possédent 0'“,30 d’épaisseur de ces p¡'écicuses alluvions ou 3000 métres cubes par lieclare. Le volume de limón entrainó en une année par la Durance á ílérindol représenle done la Ierre arable 11 077 071 de — g ---- = 3.692 heclares de sol de premiére ([ualité tres supérieur ii la moyenne de nos Ierres do premiére classe, ou pros de 2 centiémes de la surface arable d’un département moyen. En cinquante ans, ajoute llervé-Mangon, les cau.x de la Durance enlrainent done une quanlilé do sol arable égale á celle d'un déparlemcnt framjais. Ronna dit qu’en Toscane les premieres grandes opéralions de colmatage onl été ell'ectuées avec des eaux boueuses qui déposaient jusqu’á 40 milliémes do leur volume. Lorsque la vilesse des eau.v diminue, ces lirnons se déposenl peu á peu; les partios les plus lourdes lombant les premieres. C’ésl ainsi qué se formen! les immenses alluvions que Ton observe á l'ombouchure du RhOne, dn Po, du Nil el qui conlinuent encore á se former. Au voisinage do la mer, la précipitalion des élémenls impalpables en süspeiisibh dans les fleuves est favorisée par la présence du sel marin qui coagule l’argile. Composition des lirnons. — Les lirnons entrainéspar les coui'S d’eau pcuvenl rej)résenler une masse de tei're.


SU13STANCES FERTILISANTESCONTENUES DANS L ’EAU.

131

considérahle. L ’exemple de la Durance le montee, celiii des colmatages de Toscane en est aussi une preuve. Les dépóts du Nil n'exhaussent chaqué année ses rives que de 1 milhmétre environ. Mais le Nil ne contient pas de grandes quantités de limón : de 0s'’,0434 á 0S'’,491o par litre d’eau, soit en moyenne 0s‘',3126. Avec certaines eaux on peuL ohtenir pendan! une saison de colmatage une couche de 1 á 2 cenümétres d epaisseur et parfois méme de 10 a 20 centimélres. Ces limons oíTrent aux agriculteiu's riverains des cours d’eau des volumes de Ierre tres appréciables. On les ulilise en canalisant les íleuves ou les rivieres et en les faisant passer sur des picces de terre inondées, sur des marais ou des has-lbnds. Les limons en se déposant exhaussent pcu á peu le sol, c’est l’opération du colmatage. Les rive­ rains peuvent aussi proteger conlre les eaux les alluvions que le lleuve a formées et les mettre en culture. Et les Ierres aidilicielles qui sont ainsi constituées sont parfois tres fértiles. EnPin l'agriculteur qui laisse déposer sur le sol (|u’il cultive le limón que chari'ie la riviére voisine, (pii limone ses Ierres, suivant Texpression consacrée, améliore tres sensihlement leur rendement. C’est que les limons de la plupart des cours d’eau renferment des quantités importantes d’éléments nutritil's. Leur composition varié d’ailleurs heaucoup avec les cours d’eau, les régions d’oú ils émanent, les vallées qu’ils ontari'osés, avec le moment méme de l'année oü 011 les examine. Hervé-Mangbn s’est occupé de cette question. Mais comme á l’époque oü il a fait ses ohservations on no prétait pas la méme attenlion ([u’aujourd’luii ii la présence de l’acido phosphoriquo et de la potasse dans les torres arables, il a négligé de doser ces deux élémenls précieux (le lalertilité. Voici quelquos-uns dos rósullats de ses recberchos. Limón de la Durance : Quanlité moyenne annuelle de


132

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

limón contenii dans 1 metre cube d’eau : l ’',i;i4. En voici la composition moyenne et pac an : Movennes

Résidu argilo-siliccux insoluble.. Alumine et peroxyde de t'er....... Carbonate de c lia u x ................... A zote............................................ Carbono........................................ Eau et produits non dosés.........

inensuelles.

exti'émes.

45,02 3,72 41,27 0,00 0,41 9,52

46,650 4,050 41,470 0.098 0.080 0.440

100,00

100,000

Limón du Faj’ {mars 1863) : Poids total de inatiñres solides cntraíné annuellement. Résidii insolublo................................... Alumine ct peroxyde de fer................ Carbonate de chaux.............................. Azote....................................................... Carbono................................................. Eau et produits non dosés.................

44,28 3,03 3o,53 0,12 » 15,04

Voici, d’autre part, le résultat d’analyses completes de limons des quelques cours d’eau qui ont élé faites en 1802 au laboratoire de l’lnstitut agronomique et á cclui de l’École des ponts et chaussées. M atiéres en suspensión, p a r m é lre cube.

Azote organiqu c......... Acide pliosphoriquc... Potassc......................... Ghaiix.......................... M agnósic.....................

Isere. gr.

Rhóiie. gr.

0,310 0,388 0,048 47,040 0,100

0,080 0,080 0,124 6,186 0,370

49,086 ' 6,840 Poids total des matieres en suspensión..........

300,200

40,300

Sorgues. Durance. gr. gr.

0,00i 0,003 0,007 0,410 0,016

0,112 0,074 0,072 12,630 0,049

6,M0^ 7Í^93t " 2,100

5;i,900


SUUSTANCES FERTILISANTES GONTENUES DANS L’EAU.

i :J3

■ Enfiii Yoici la composiLion moyenne du limón des eaux du Nil, au moment de sa crue et au moinent de Fétiage, <l’aprt;s le D'' LetheFy ; Matiéi'es organi(|ues.................... Acido pliosphoi'ique.................. C liaux........................................

Magnesio.............................. l'ota sse..................................... Sondo........................................ Alnniinc et oxydo do f e r ............ S ilico............................................ Acido cai-ljonifiuo et porto.........

C ru e.

É t ia g e .

lii,02 :í ,0 2

1 0 ,3 7

1 ,7 8

0 ,5 7

2 .0 G

3 ,1 8

1 .1 2

0 ,9 9

i

1 ,8 2

l. O G

0 .9 1

0 .G 2

2 0 ,9 2 20,92

2 3 .0 0

iiii.O O

5 8 .2 2

1 .2 3

1 .4 4

100,00

100,00

L’eaii du Nil ne contient guere i)lus d’éléments l'erlilisanls en dissolution que la plupart des riviéres d’Europe. Son limón est au conlraire remarquablement ficho — suftoul au moment de la Cfue — en acide pliosphofique, en potasse et en matiñres organiques. Et Fon imagine l'acilement les résultats merveilleux que doivent ■donner les cultures ainsi arrosées sous le clima! chaud de FEgypte. Toutefois le limón du Nil est pauvre en ealcaire. Aussi les plantes qui exigent le moins de chaux •sont celles qui réussissent le mieux en Égyple (1). Pour ■ap])récier les quantités de matiñres lertilisantes que peuvent apporter aux torres les limons des cours d’eau, ■comparons leur composition á cello du fumier de ferme. Celui-ci contient en moyenne : Azote..................................... Acido pliosphorique............ l’ otasse................................. Cliaux...................................

3 á 5

2 á G 2ii4 .3

p.

1000. — — —

.

(1) Quant 11 la quantité de limón que le Nil chande, elle est sensibleinent inféideure a cede qui est enti'aínée par d’nutres íleiives. Elle varíe d’ailleurs chaqué mois. On a trouvé pour douze mois une moyenne de Oei'jSl^G de ina■ íiéres solides par litre d’eau. RiSLEii

et

W euv . — Ir r ig a iio n s et dra in a g es.

8


134

L KAU, LA PLANTE ET LE SOL.

Les comparaisons que l ’on pcut fairc enlre la composiüon moyenne du fumier et cello des limons sont intéressantes. Elles montrenl que les limoiis de la Seine et de la Mame, pai' exemple, qui contiennent patTois respectivement de 0,00420 a 0,00950 et de 0,00410 á 0,00980 d’azote, sont au moins aussi riches en azote (¡uele fumier et qu’ils constituent ainsi de vérital)les engrais. II ne l'audrait pas cependant se liáter de laire état dos (luantités relativement considéraldes de matieres solides (jue charrient les lleuves au moment des crues, et de la richesse de ces limons en principes fertilisants poui' en déduire, comme l’ont l'aiit certains agronomes, que les cours d’eau jettent k la mer chaqué jour l’équivalent de plusieurs tetes de hétail. La quantité de matieres solides que les eaux retiennent suspendues et leur richesse varientdans des limites trop étendues et á des intervalles trop rapprochés pour que Ton puisse en lirer des condusions cerlaines. Ilervé-Mangon a cependant ditque les 17 723 321 (onnes de matieres solides entrainées par la Durance á Mérindol sont formées ile 9529 368 tonnes d’argile, de 7 033 714 tonnes de carbonate de chaux, de 14106 tonnes d’azote, de 98,21 tonnes de carbono et eníin de 1047871 tonnes d’eau comhinées ou matieres diverses, « le tout i'éuni dans les conditions Ies plus favo­ rables á la constilution des Ierres arables les plus fértiles ». Mais ces chiífres paraissent plutot propres k donner une idee de la puissance fertilisante dos limons ((u’á la mesuror.

II. — Substances contenues en dissolution dans les eaux. Si l’eau contient quelquefois des matieres solides en suspensión, elle en contient toujours en dissolution. Comme nous l’avons déjá dit, la quantité et la nature deces substances dépendent de l’origine des eaux et des.


SUBSTANCES FERTILISANTES CONTEN UESDANSL’EAU.

13;;

couches (le lerrain qu’elles ont traversées ou arrosées. Les eaux sont d’autanl plus efficaces qu’elles contionncnt des élémenls qui n’existent qu’en faible quantité dans le sol qu’clles doivent arroser. G’est ainsi qu’elles peuvent apporter soit de la chaux, soit de la polasse, soit de l’acide phospliorique la oü ces substances font défaut. L’irrigation tire de ce fait un partí avantageux. Nous allons passer rapidement en rovue la coinposition des eaux diverses que nous oíTre la nature. E a u x d e p iu le e t d e u e ig e . — Boussingault, Bineau, Lawes et Gilbert, M. Mün tz ont montré que les eaux niétéoriques contenaient de Tazóte a l’état combiné, carbonate et nitrate d’aminoniaque, de smatiéres organiques empruntées á Tatmosphére, des matiéres minérales, chlorure de sodium, sulfate de soude, oxyde de fer, de Toxygéne, de Tazóte et de Tacide carbonique. La composition de ces eaux varié avec celle de Tatmosphére qu’elles ont traversée. Elles sont plus chargées d’acide carbonique, de matiéres organiques et minérales dans les grandes villes qu’en rase campagne. Les orages aménent la forrnation de Tacide nitrique. M. Müntz a montré qu’á une grande altitude, au-dessus de la zone des nuages, au Pie du Midi, Teau de pluie ne contient plus de traces appréciables d’acide nitrique. Les vents violents exercent leur iníluence sur la composition des pluies en y amenant des poussiéres rccueillies au loin. Cent litres d’eau de pluie portes á Tébullition ont donné ; Azoto................................................

l'.SOS

O xygóne.............................................. Acide carbonique...............................

0L637 0L128 2',073

Boussingault a trouvé comme résultat cTanalysespoursuivies pendant six mois en 1852 que les oauxmétéoricjues


136

L’EAU LA PLANTE ET LE SOL.

obtenues a une grande di.slance des lieux hábitos tilraient en moyenne 0,70 inllligrammes d’ammoniaque par litre. Way, Lawos et Gilbert ont Irouvé que de 1863 á 1836 les pluies, grele, neige, brouillards et rosee ont appoi'té á Rothanisted, lien de rexpérimentation, une moyenne de 8 kilog. 08 d'azote combiné (ammoniaque et acide nitrii|ue) |>ar lieclare et par an. E a u x des r i v i é r e s e t fle u v e s . — 11 a été fait de tres nombrcnsos analyses d’eaux des lleuvcs, des riviéres et des ruisseaux. ilais la composition de ces eaux varié dans de si larges limilos suivant l’époque de rannée oñ Ton opere, suivant le procede que l’ou emploie pour pi'élever l'écliantillon, (lu’il est impossible de comparer les résultats que les dilTérents expérimentateurs ont obtenus. 11 ressort néanmoins de toutes ces recherches que les eaux courantes contiennent souvent des quantités tres impoi'tantes de matiéres ferlilisantes'dissoutes, que certaines peüvont a|)porter au sol une dose d’azote ou de polasse qui est supéi'ieure á cello que próléve une bonne récolte, et qu’enlin la nature de ces aijjiorts dépend essentiellement des. l’ormations géologi([ues qu’elles traversent. Gfaz dissous dans les eaux des riviéres et des fleuves. — ün sait que l’air ,atmospbérique est un mélange de deux gaz principaux : l’oxygéne et Tazóte dans la proportion approximative de 79 volurnes d’azote pour 21 volurnes d’oxygéne. 11 contient en outre de 4 á 6 dix-milliémes d’acide carboni(|ue. L’oau courante en contad avec Tair dissout ces dillerents gaz et rbacun d’oux, d’aprés la loi connue, se comporte comme s’il étaitseul: en sorte que Teau absorbe relativement plus (Toxygéne que d’azote. Les quantités de gaz dissoutes varient d’ailleurs largement suivant la tcmpérature, et, en ce qui concerne Tacide carbonique, suivant la compo­ sition méme des eaux. D’aprés Poggialo et Hcrvé-Mangon, Teau de Seine puisé


SUBSTANCES FERTILISANTES CONTENUES DANS L’EAU.

13'í

en amont de Pai'is les 11 mars et 4 aoút 1833, conlenait ramenés á 0“ el a la pression de 0“ “ ,760 : P o g g ía le .

H erv é -M a n g o n .

Oxygóno.......................

O'.OflOii

0>.0072

Azote.............................. Acide cai'ljonique..........

0I.002J fli,0232o

0',013G 0i,02u4

Et d'aprés Hervé-Mangon les eaux du canal de Carpcntras conliennent par lilre : Oxygéiie............................

OCOOlo

Azote................................... Acide carl)oni(iuo..............

0‘.012:í 0',002 á O'.OOT

Lo rOle de Fazote inlroduit dans le sol á la faveur de Fean peni élre discuté, mais il est clair que celui de l’oxygoné est tros actif. Ce gaz est indispensable aux combustions múltiples qui se poursuivent dans le sol et qui solubilisent peu a peu le stock des matiéres organiques. Quant á Facide carbonique, il altaque les roches, les sables, etc. Et c’est gráce a lui que les plantes peuvent assimiler les substances minérales qui sont conlenues dans Ies inatériaux qui constituent le sol et dans les cngrais mémes. Azote et matiéres minérales contenues dans les eaux des Ileuves et des riviéres. — Hervé-Mangon

parait étre le premier qui se soit occupé, a propos de Firrigation, de la composition chiini([ue des eaux. iMais á Fépoque oii il a e.xécuté ses reclierches on ignorait encore le réle considérable que Facide phos[diorique et la potasse jouent dans la ferlililé. Et il ne s’est préoccupé que du dosage de, Fazote et de celui des álcalis (potasse et soude) de la cbaux, de la magnésie, du chlore de Facide sulí'urique, de Falumino et du peroxyde de fer. Nous ne retiendrons ici que celui de Fazote. 11 a trouvé, enir’autres résuUals, que les eaux qui 8.


138

L ’EAU, LA PLANTE ET LE SOL.

aiTOSaient, dans le ¡Midi, la prairie des Taillades (Vaucluse) conlenaient en moycnne par litre l “ ií,:)83 d’azote, que celles qui servaient árirrigation d'une prairie élahlie auxenvirons deSaint-Dié dans les A'osges, en contenaieni l “ s,380. Aux Taillades, Tirrigation représentail encore un volume total de 16 383 nudres cubes d’eau versee par liectare et par an. A Sain(-Dié, Tirrigation versait sur le sol par hectare et par an 1S4 806 métres cubes d’eau envirón. Tlervé-Mangon a Irouvé que le sol de la prairie des Tail­ lades avait ílxé par hectare et par an 23 k. 442 et celui de la prairie de Saint-Dié 207 k. 880. Ces chiílVes représentent respectivement des l'umures d’envirón 6000 kilos et 52 000 kilos a Tbectare. Un anden eleve de TInstiLut agronomique, AI. Le Couppey de la Foresl, ingénieur des ainéliorations agrieoles, a éludié dans ces dernieres années la coinposition des eaux d’arrosage d'une prairie appelée la Joncherie, située aux environs de Remiremont. 11 a Irouvé que ces eaux contenaient par lilre ; Azote................................................... Potasso............................................... Gbaiix................................................. Acido pliosplioriquc..........................

1“ S,282 2™e,!i20 7“ b',.'iG0 traces.

L ’eau de la Rourne, qui arrose la plaine de t'alence, ne contient, d’aprés les analyses de Ai. A. Alüntz, que 0 gr. 093 par metre cube d’acide pbospliorique. Voici les résullats complets des analyses que Al. A. Alüntz a faiU'S des eaux de la Rourne et de Tlsére : Mati'eres en d in so b ilio n , p a r m é lre cube. Enu (Ic la Bourne.

Isére.

tí''-

Poids total des matiúrcs dissoules..................................... Contcnant; Azote n itriqiie............................ — aramoniacal..................... — or^^anique........................

100,000

g*’-

-

0,038 j 0.100 Í0,2G8 0.130.’

175,000 0.223' 0.110(0,473 0,140-


SUBSTANCES FEliTlLISANTES CONTENÜES DANS L’EAU. Eau de la Bourne. gi’-

Acido pliosphoriquo.................. Potasse....................................... C h aiix......................................... M agn ésio................................... Acide sulfurifiuc........................

0,078 2,180' 80,000 4,000 4,100

139

Iséro. g‘‘-

0,044 3,300 05.000 10,000 48,000

M a íieres en suspensión. Poids total.................................. Contonant : Azote organique......................... Acide pliospliorique................... Potasse (altaqual)le aux acides). Cliaux......................................... Magnésie.....................................

9,400

300,000

0,020 0,01S 0,024 3,570 0,127

0,310 0.388 0,648 47,640 0,100

Sous Ic di nial sec et diaud de la Provence, les irrigations sonl li'í'S uliles et souvenl indispensaldes en donnant l’eau qui est nécessaire poui' satisfaire les besoins de la végélaüon. Dans qnelles limites peuvent-elles également etre bienfaisanles gráce aux malieres que l'eau tient en dissolulion ou en suspensión'? Les excellenlcs analyses que M. A. Münlz a faites des eaux du lllióne, de la Sorgues et de la Durance peuvent nous éclaircr la-dessus. En voici les résullats par métre cube : M a lieres en d is so lu íio n .

Poids total des matiéres dissoutes... Contenant ; Azoto nitrique......... — am m oniacal.. — org a n iq u e..,. Acide phosporique.. Potasse..................... 'Cliaux....................... M agnesio.................. Acide sulfuri<iuo___

Rhóne.

Sorgues. gi*-

Duranco.

185,000

160,000

240,000

0,104 ) 0,828 0,285) 0,130 1,188 0,036 [0,270 0.010 >0,4.35 0,230. 0.130 0,140) 0,020 0,3,32 0,034 2,980 3.740 3.120 84,000 90,600 82,000 9,300 8,700 19,000 22,300 06,500 traces.


i 4-0

L ’ HAÜ, LA PLANTE ET LE SOL.

MaLieves en suspensio 7 i. Púitls to ta l.............. Gontcnant : Azoto organ iqu e.. . . Acido pliosiilioriquo. Potasse attaqiiablo par les acides....... Cbaux....................... Magnésie..................

-iO,.SOO

2.100

lio, 900

0.080 ■ 0.080

0,004 0,003

0,112 0,074

0.124 0.180 0,370

0.007 0,-410 0,010

0.072 12,030 0,049

Comme on le Aoit, les eaux du Rhóne contiennent, pres (lo Tarascón, Leaucoup plus de maüeres mineralesque dans la parlie supérieurc du lleuve. Le sulfate de magnésie, qui s’y trouvc cu quanlité nolable, proviont des apports de la Durance. Le clilorure de sodium y esL égalemenl assez abondant; il y est amené par les sourcesItasses de la vallée, qui son! la plupart assez riclies on sol, parce qu’elles ont passé par dos lerrains qui, cu.xnnimes, en contiennent des dépíjts. Ces nnsmes Lerrains renferment du gypse; de la Tabondance du sulfato de c.haux. Ces eaux, employées á Tirrigalion, pouvent aussi fournir auxplantes toutc la potasse don! ellos ont bosoin. L’acide [)liospliori([ue seul y fait défaut. Quant aux eaux de la Sorgues, les matieres minéralesqiTolles portent avec elles sont insigniíiantes. La cbaux se trouve généralenient en proportion (rf's élovéc dans beaucou > d’eaux de sources el do riviíu’os, gráce a la solubililó du carbonate do cbaux á la faveur d’un exces d’acidocarbonitiue. Dans les diversos analyses que nous avonssousla main, dil M. .loulie,nous la voyons varier de 2k'’,40 par inídre cube a 163?'',70. En général, los eaux do sources et de riviéres se tiennenl, pour le (losage do la cbaux, entre 20 et 70 grammes par mótre cube. Dans la Sauldro qui traverse les lerrains de la Sologne, presque complñtement dépourvus de cbaux, M. .loulie on a trouvó 10s'',60 par mfdro cube, et dans TErioux qui roule


SUBSTANCESFERTILISANTESCONTENUESDANSL’EAU.

141

sur des Lerrains granitiques également pauvres en cliaux, ¡1 en a trouvé 9S‘’,04 par métre cube. Ges richesses en calcaire, qui représentent des apports de 100 a 1 000 kilograinmes de cliaux á l’hectare, ont évidcmment une Taleur d'autant plus grande que les terrains arrosés sonl moins calcaires. Elles expliquen! souvenl, a elles seules, la grande eflicacité desirrigalions.


DEUXIÉME PARTIE EMPLOI DE L’EAU EN AGRICÜLTDRE. — IRRIGATIONS.

DEFINITION

L ’énergie solaire éléve les eaux des mers jusqu’aux sommels des montagnes oü elles s’emmagasinent sous la foi'me de glaciers et de neiges. Au printemps, les rayons du soleil viennent rendre á la circulation ces masses d’eau solidiíiées. Elles descendent de la moníagne vers la plaine, elles mettenl tout á la fois á la dlsposition des hommes leur forcé vive et leurs qualités comme agent de fertilisation. La philosophie nalurelle des dioses indique done qu’il convient de les utiliser dans Tune et l’autre direction au fur et á mesure qu’elles descendent. Et les pays de montagne nous apparaissent comme Taire géographique des usines hydrauliques, productrices de forcé, et des prairies irriguées produclrices de fourrage et par conséquent de bétail. Nous avons moniré que la plupart du temps les pluies n’apportent aux plantes qu’une partie de Teau qui est nécessaire á leur végélalion. L ’irrigation intervient pour fournir le reste. Quel que soit le moyen employé pour se procurer de Teau d’arrosage, quelle que soit Torigine de cette eau : sources, puils, riviéres ou canaux, elle provient toujours de lerrains sitúes á un niveau supérieur á celui du sol irrigué. En définitiv-e, Tirrigation réunil.


DEFINITION.,

143

sui' une surface déterminée, aux eaux tombées sui- celte surfactí, celles qui sont tombées en amont sur une surl'ace l)lus étendue. Irriguer un terrain, dans la généralité des cas, c’est l'arroser avecune quantité d’eau limitée de maniere que cette eau circule k sa surface d’une maniere uniforme sans s’arrtder nulle part. L ’iiTigalion imite Faction de la pluie, en liumeclant le sol et en mettant á la disposition des plantes les éléments nutrilifs qu’il renferme. Elle remedie a Firrégularité des pluies grace aux cours d’eau ou aux réserves constituées pendan! la saison bumide, qu’elle déverse sur les [erres au moment des sécheresses. Mais, en outre, elle peut apporter au sol des substances fertilisantes et elle exerce surlui un cnsemble d’actions bienfaisantes parmi lesquelles Faération joue Fun des premiers rules. Nous verrons que Fon rattache a Firrigation les procédés d’arrosage qui consisten! a couvrir le sol d’une masse d’eau plus ou moins considerable et á Fy laisser séjourner plus ou moins longtemps. Mais qu’il s’agisse d’arrosage á Feau vive ou á Feau dormán te, toute irrigation doit étre suivie d’un assécliement du terrain. Pas d’irrigation prolilable sans un assainissement complet conséculif. Les rigoles d’iirigalion aménent et distribuent Feau k la surface du sol, les rigoles de colaturc la recueillent [)our en débarrasser le terrain aprés Farrosage. Lorsque le terrain est suflisamment permeable et qu’il offre une penle convenable, il est inulile d’établir des rigoles do colature. Une ibis vides, les rigoles d’irrigation font oflice de colateurs. L'arrosage a la main est Firrigation primitivo. C’est la plus coúteuse. Elle est impraticable sur des surfaces de quelque étendue. Gráce á un systéme approprié de rigoles qui s’alimentent á la reserve au moyen d’une prisa d’caii, on économisepresque toute la main-d’a'uvre.


144

EMPLOI DE L'EAU EN AGRICULTUHE.

On utilise les pentes naturelles du sol, oii Ton en crée d’artificielles, de maniere que l’eau descende par son propre poids jusqu’au terrain á arroser et qu’elle s’y répartisse uniformément. EFFETS DE L’ IRRIGATION

Son résultat principal, c’est de compensen l’insuffisance des piules pendant la période active de la végétation. Nous avons montré que les plantes mettaient en circulation des inasses d’eau enormes pour constiluer leur matiére soche. On a pu dire que, pour le méme sol, le poids des récolles est proporlionncl, jusqu’á une certaine limite, a la quanüté d’eau qui a été mise a la disposiüon des plantes. D’autre parí, nous avons aussi monlré combien il était rare que le régime des piules lül en harmonie avec les hesoins de la végélation. Remédier á ce défaut d’équilibre c’est le résultat immédiat de rirrigalion.

Role de l’irrigation commeagentde fertilisation. L ’irrigation joue un róle complo.xe comme agent de fertilisation. Elle a été étudiée sousce rapport par I tervéMangon (18o9-60), Vincent, KcelJioír (1870), Adolf Mayer (1870), Badersleben (1871), Konig (1877-1893). L ’ ir r ig a t io n a é r e le sol. — L’irrigation, comme le drainage, aéi-e puissamment le sol, á la condition (|u‘elle soit bien faite, c’est-á-dire que l’eau passe ct ne reste pas stagnante. En descendant l’eau cliassel’air cliargé d'acide carbonií[ue. Ello apporte, dissous, de l’oxygénc que la terre respire en quelque sorte. /Gráce a cette aclion comburante les matiéres organiques insolubles sont brülées| A la faveurdu ferment nitriquo, olles devicnnent la source d’un stock important d’azote soluble, llervé-


ÉFFETS DE L’IRRIGATION.

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Mangón a trouvé que les eaux de colaturo élaieni, moins ric-lies en oxygene et plus riches en acide carbón ¡que que los eauxYÍerges. Cephénomene se dessine surtoul quand la teinpéralure est sulíisainment élevée. 11 esl done plus marqué en été qu’en liiver, dans les pays du Midi que dans ceux du Nord. TouteCois, il est moins simple que ne l'avaitcru tlervéMangon. Le D'' Konig I’a montré. Directeur de la slaüon agronomique deMünsler, ce savant poursuit, depuis 1875, des recherches tres importantes sur les eaux d’irrigalion. M. Faure, ingénieur agronome, inspecteur des amélioralions agricoles au minislérc do Fagriculture, en a donné uno analysc exccllenle a laquellc nous recourrons |)lusicurs l'ois (I). 11 peut arriver que Fon dose dans Fcau de colalure plus d’oxygénc el moins d’acide carl)oñique que dans Feau d’amcnóe. C’ost que l’on se Irouvc cu |iréseiice do procossus divers qui s’accomplisscnt simullanémcnt ot peuvenl rendi'c le résuUat délinilU’ incerlain. La ricliesse iniliale de Feau el de la Ierre en oxygene, en maliéres organiques el en calcaire, Fheure de Farrosago sont autant de facleurs qui inlerviennent. L ’eau répandue en nappe minee á la surface du sol absorbe avidement les gaz; ouLre Foxygéne que conlient Fair atmospliérique, elle dissout celui que contient Fair conFmé dans les caviles superíicielles du sol el celui que les parties basses des planles émeltent en respiran!. Celle eau devienl done plus riche en o.xygéne que l’cau d'enlrée. Elle le reslera si elle ne pénélre qu’á une í'aible profondeur dans des Ierres pauvres en subslances organiques, c’esl-á-dire peu oxydables el que la tempéralure soit peu élevée. D’aulre par!, elle pourra livrer de Facide carbonic[ue aux parlies verles des planles qu’elle baigne el ne pas le relrouver si elle arrose un (1) A n u a les de ¿'Instituí n alio na l agronom iq‘\ic, n® 15. IrrigaUons, drainages, assaiiiisseinents et aulres améUoraüons foncióres en Alleinagne et dans quelques parlies de rEuropc ccnlrale, II® partie.

R isleu c L W ehy . —

Irriyalions el drainages.

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EMPLOI DE L’ EAU EN AGBICULTURE.

sol pauvre en maliñres organi([ues el en oalcaire. Les phónomenes qui marquent l’oxyílation des teiTes sous rinduence de nrrigation se manifestent d'une ma­ niere toujours plus constante dans les eaux profondes de drainage, que dans les eaux de colature superíicielles. C’est ainsi que la matiére organique est toujours en quantité moindre dans l’eau de drainage que dans l’eau de colature, que l’eau de drainage contient presque loujours moins d’oxygüne, plus d’acide carbonique et d’acide sulí'urique que l’eau d’enlrée. Quoi qu’il en soit, en general, l’irrigation aere le sol. Elle apporte de l’oxygéne qui brúle les matiéres organiques dont le stock tend á s’accroilre sans cesse dans les prairies. Elle mobilise ainsi au proñt des plantes, sous Ibrine d’acide nitrique assimilable. Tazóte insoluble du sol. Celte action est d’autant plus énergique que le volume d’eau employé est plus considerable et que la température est plus élevée. On sait d’ailleurs qu’elle exige la présence dans le sol d’une cerlaine quantité de calcaire. Elle jone dans Texploilation des prés un rOle semblable á celui que remplissent dans la culture des Ierres arables la beche et la charrue. Et cela explique Tintérét des irrigations qui sont pratiquóes avec des eaux pauvres en subsLances nutritives méme dans des pays oíi les pluies sont sufflsamment ahondantes. Xi’i r r ig a t io u s o lu b ilís e le s m a tié r e s fe r t ilis a n t e s con ten u es dan s le sol. — i'Nous venons de dire qu’elle

solubilise le stock d’azole organique contenu dans le sol. Gráce a la quantité d’acide carbonique que les eaux d’arrosage contiennent et á celle qu’elles acquiérent généralement en traversant la terre, elles dissolvent les matiéres minérales et en l'acilitent Tassimilation. L’acide bumique dont elle favorise la formation exerco une action analogue. Ce pouvoir dissolvant peut devenir si grand que le sol en soit appauvri, surtout en calcaire. Une terre arrosée par de grandes masses d’eau stériles


EFFETS DE L’IRRIGATION.

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pcut perdre en partió sa fertilité: elle estirriguce á morí, suivant l’expression alleinande. Les arrosages doivent done étre accompagnés de l’apport des engrais nécessaires pone remplacer les óléments fertilisants qii’elles enliivent au sol poní- les donner aux plantes. ^

L’irrigation peut apporter des matiéres fe rti Usantes. Nous avons consacré lout un cliapitre á Texamen des substanccs fertilisanles que peuvent contenir les eaux. Nous y renvoyons le lecleur. Nous rappellerons seulement ici que leur ricliesse dópend essentielleinent de leur origine et des terrains qu’elles ont traversés. Les matiéres qu’elles contiennent s’y trouvent en suspensión ou en dissolution. 11 ne peut y avoir de doute sur l’action plus ou moins fertilisante qu’exercent sur les Ierres qui les rcQoivent les matériaux solides que les eaux charrient. Elle dópend de la composition cliimique des limons. Nous reprendrons un exemple fameux en rappelantque la fer­ tilité que le Nil apporte á l’Égypte n’est pas due tant á ses eaux qu'au limón qu’il charrie. L ’eau du ileuve no contient guére plus d’azote et de substances fertilisantes dissoutes que la plupart des cours d’eau d’Europe. Elle ne contient méme pas plus de limón que la Durance, mais ce limón est remarquablement riche. L ’eau du Nil litre en eífet 0b'',169 de substances dissoutes par litre. L ’eau du Rhóne en contient 0s'’,184, celle du llliin, OífjlTl, cello de la Loire Osi'jlSS et cello de la Seine en amont du confluent de ce fleuve avee la Mame, 0s'',210. M. Müntz a Irouvé que les échantillons d’eaux du Nil qu’il a examines contenaient de O^sr^gio a l™ff'',067 d’azole par litre. C’estpeu. Hervé-Mangon a dosé de l™B'',ü83 á 1™k'’,773 d’azote dans les eaux do la Durance qui ont servi á ses e.xpériences sur los irriga-


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EMPLOI Dé L’EAU e n AGRICULTUBE.

tions et de ¿ 1“ B'’,380 dans les eaux de la Meurthe. Mais d'aprés le D'' Lethehy la composilion moyenno du limón du Nil serail la suivante : Pcndant la eme. Pendanl l’étiage.

Matiéres organiques......... Acide phosphorique......... C haux................................ Magnésie............................ l’otasse............................... Sonde................................. Alumine et oxyde de l'er.. Silice................................. Acide carbonique et porto.

15,02 1,78 2,06 1,12 1,82 0,91 20,92 55,09 1,28

10,37 0,57 3,18 0,99 1,06 0,62 23,55 58,22 1,44

100,00

100,00

D’aprés Payen, Champion el Gastinel-Dey, ce limón conliendrait de 0,091 á 0,13 p. 100 d’azoLe. Ces chilTres montrenl qu’au moment des crues, surlout, les alluvions que le Nil dépose sont pauvres en chaux, mais remarquablement riches en matiéres organiques, en acide phosphorique el en potasse et que c’est bien á eux qu’est due la richesse proverbiale de la terre des Pharaons. Les analyses que nous avons données dos limons charriés par diíTérents cours d’eau de la France montrent qu’ils constituent pour les térros qui les regoivent un véritable engrais. D’aprés Hervé-Mangon, la Durance et le Var jetteraient chaqué année a la mer rcspectivement 14 000 et 22000 a 23000 tounes d’azote. C’est surloutá Pautomne que les dépóts limoneux sont le plus útiles. A cette époque, en eíl'et, les ruisseaux etles riviéres reQoivent les eaux de pluies qui se sont enriebies en ruisselant sur les Ierres cultivées, les cours de termes C't les routes. Le dépOl du limón se l'ait plus ou moins


EFFETS DE L’IRRIGATION.

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vite sclon la ricliossc de l’eau el la pento du sol. Pour que son acüon reste Idenfaisante, il ne faut pas qu'il se dépose en couche trop épaisse qui intcrcepterait la pénétration de Fair atmosphérique. L’eau contient aussi des matiéres ferlilisantes en dissclulion. Nous avons vu qu’llervé-Mangon avait dosé dans la Durance jusqu’á 1“ S‘',773 d’azote par litre d’eau dcchaux, d’alcali; dans la Meurthe jusqu’á 1“ B‘’,380 d’azote, 4 milligrammes de chaux et 5 milligrammes d’alcali. Le lablcau que nous avons donnó d’autre parí, montre (jue l’lsere contient en moyenne 3s'',390de potasse par mótrc cube, Qsi’,044d’acide pliosphorique, 65 granimes de chaux. Le Rhóne contient re.spectivement asr^ggo, 08>’,332 et 84 grammesdes memos éléments. Et Pon pourrail facilement trouver des caux plus i'iches. D’apres MM. Müntz el Girard, les 57000 mfdros cubes d’eau d’égout versos en moyenne par hoctare et par an dans la plaine de Gonnevilliers pros de Paris, correspondent á 500 000 kilogrammes de fumier de forme, soit256i kilogrammes d’azoto, 1026 kilogrammes d’acide phosphorique, 2109 kilogrammes de potasse. Les torres arrosées pcuvcnt-elles en profiter? llervé-Mangon a étudié comparativoment en 1859 les arrosages du rnidi de la Franco, á petit volume d’eau, 1 litre cnviron par hectare et par secunde, et les arro­ sages du nord des Vosges, donnés áraison de 68 litres et meme 217 litres par hectare et par seconde. 11 s’est attacbé surtout á l’étudo de la fixation de Tazóte. 11 a trouvé dans le Midi comme dans le Nord que lo sol profitait de Tazóte contonu dans les caux d’irrigation. ........ ""wais dans los arrosages á [)ctits volumes du Midi, la quantitó d’azote tournie par les eaux (23 kilogrammes par hectare et par an á la prairie de Taillades) est inférieure á cello qui est exporhíe par les récoltes, et le role de ces eaux, á litro d’cngrais, est tonta fait secondaire.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

Dans les irrigations á gramls volumes des pays froids, les eaux jouonl lo role de vérilables eiigrais azotés. Elles l'ournissenl non seulomenL tout Tazóte cmi)orló |)ai' la récolle, inais aussi celuiqui, rópondanta Taccroisscmcnl de fertilité du sol, se fixe dans celui-ci G’cst ainsi que la quantité d’azole lixée par liectarc ct par an sur la prairie de Saint-Dié, dans les Vosges, a repré­ sente 250 kilogrammes au lieu des 23 kilogrammes gagnés dans le méine temps et par la inéme surface á la prairie des Taillades, dans le Vaucluse. Le débit conlinu de Teau d’irrigation par secondc et parliectare était de 08 litres environ. Hervé-Mangon a trouvé que la tenipórature excr(;ail une action importante sur cette íixation de Tazóte. Elle se réalise surtout enélé et jamais au-dessous de 7“. Pour Tune des prairies d’expéricnces, cello de Saint-Dié, Teau d’arrosage du 23 dócembre 1859 au 3 avril 1860 n’a perdu par son passage sur le pré que moins do 3 p. 100 de son azote, íandis que du 8 inai 1839 au 11 aoút 1860 elle en a perdu plus de 32 p. 100. PourTautre prairie d’expóriences, celle de ílabeaurupt, les portes d’azote ont été respectiveinent de 1 l/2p. 100 et de 30 p. 100 de Tazóte de Teau d’entrée. í‘ Eníin, les eaux ne cédent en élé qu’environ 30 p. 100 de Tazóte qu’ellesrenferment aussi bien dans le Nord que dans le Midi. Au-tlessous d’un certain titre elles deviennent done inertes, en tant qu’engrais. C’est ce qui l'ait dire des eaux qui ont déja serNÚ á Tarrosage qu’elles sont dégraissées. Cen’est pas cependant la un fait d’ordre général. On paie plus cher dans certains pays los eaux qui ont deja ser vi á Tirrigation. C’est lorsqu’elles sont passées sur des Ierres riches et qu’clles se sont ainsi enrichies. Le pouvoir fertilisant de Teau, ne dópend pas seulement do saricliosse absolue en principes fertilisants, inais ele sa riebesse rehUive comparée á celle dos térros qu’elle arrose. • •


EFFETS DE L’IRRIGATION.

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Les recheixlies d’IIervé-Mangon ont montré les diílérences considérables qui existeiit entre les quanlités d’eaü employéos daiis les irrigaüons du Nord et celles du Midi et la raison de ces différences. Alorsque les débitsmoyens pourles parcolles considéréespendantles saisons cntieres varient dans le Vaucluse entre 0''‘,988 ct 4'“ ,393, ils atleignent 68"S61'3 et 217‘‘M33 pour les deux prés vosgiens et ces deux derniers cliillres sous-entendent des débits de 101''‘,285 et 312‘'‘,83b pendant l’hiver. L ’arrosage de la prairie de l’lsle (Vaucluse) par exemple, n’emploie qu’unecouche d’eau de0'“ ,34 d’ópaisseur, tandis quel’eau versée sur la prairie de Habeaurupt (Vosges) couvrirait le sol d’une couche d’eau de 400 métres d’épaisseur, si elle y était réunie á un moment donné. Remarquons d’ailleurs ici que dans ces arrosages intensifs toute l’eau versée esl loin de traverser le sol, la plus grande partió gagne immédiatement les colateurs. Pour la prairie do Habeaurupt étudiée par Hervé-Mangon en 1839-1860 le débil moyen de l’arrosage était par hoctare de 511‘‘‘,2, le débil des colateurs de 453‘‘S6. Le volume d’eau inliltrée et évaporée, etc., ne représentait done plus qu’un débil de 57'“ ,6 par seconde et par heure pendant la durée de l'arrosage. Quoi qu’il en soit, la durée moyennedes arro­ sages surlesparcellesa varié de27'30’ á 6'', 12'pour les prairies de Vaucluse, tandis qu’ellea varié do 147'",13'á 406'",03' pour les praii'ios des Vosges. Et quels' resultáis en ont retirés les unes et lesautresau pointdevue de lafertilité? Les prairies du Midi aux arrosages faibles ont fixé do 8'"B'’,093 á 23’"8'’,442 d’azote par hectare et par an; les prairies des Vosges aux arrosages intensifs en ont íixé de 207'""s>-,880 h 261'"t’'’,110. Sur les premieres, los récoltes ont exporté de 7 200 kilogrammes d’azote á 271''s"',280 de plus que n’en avaient donné l’eau et le fuinier, tandis que sur les secondes ellos en ont laissé aucontraire dos excédents atteignant 153994 el 133 684 kilogrammes, chilfros maxiina d’ailleurs.


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EMPLOI Dlí L’EAU EN AGRICÜLTÜRE.

Dans la vallée de la Moselle, los eaux déposeiil sur les graviers qui formen! la base des prairies irriguées un limón bien fixe qui augmente d’année en année. C’est dans ce limón que se trouvo lazóte dont Hervé-Mangon a constaté la présence et la végétation en lixe d’autant plus qu’elle est plus active. Or la plupart des graminées ne poussent que si la lempérature dépasse 6 degrés. Ces chiíl'res montrentquelles sontlaraison etrutilitéde ces gi'andes masses d’eau que Fon emploie dans les pays du Nord. Ces exemples d’arrosages á grands volumes sont loin d’ailleurs d’étre les seuls que Fon puisse citer. Voici quelques chiíTres qui ont étó releves par diíférents obserleurs: P ar seconde et par hectare.

Sud do l ’Allomagno, Nord, Norrn andio, Bolgique, Vosgíjs, —

Vallúe de la Moscllo, --Nord do FAlleraagno, A''all6o do la Moselle, --Vallée de l’Avre (Euro), — do ITonne,

d’aprés — — — — — -— — -— —

llilsoner......... Palzig............ Debauvo....... . K o o llio f....... . Debauvo....... . M. l'órin....... . F o llz ............. . -V in co n t.......... — ....... . -.... . M. liclgrand . . . —

10 l i t r e s . 12 ___ 16 30 3o 50 05 79 90 96 120 137 152

— — —

— — — — — — —

Hervé-Mangon s’est surtoutattachó aux apporls d’azote. A Fépoque (1859-1860)oñilexécuta sos cxpériences on ne donnait pas encore louLe Fimportance qu’ils méritent, comme élémenls de l'ertilité, á Facide pliosphorique et á potaste. 11 ne s'esL done pas préoccupé de rechercher les quantités des diverses matiéres minérales que les eaux pouvaient laisser. 11 n’a (losé séparément que la chaux,


EFFETS DE L ’IRRIGATION.

lo3

l’alumine et le peroxydc de fer, la magnésie el les álcalis dans lesquels il confond la potasse et la soude. Mais il n’a cepcndant pas négligé d’évaliier la quantité de maücres minórales laissées en bloc ])ar les eaux. C’cst ainsi qu’il trouve pour la prairie des Taillades (Vaucluse), arrosée par un écoulement continu de cent jours á raison d’environ l ''‘,89 par lieure et par seconde, ([ue l’irrigation a laissé 3 619'‘B‘',439 do maliéres solubles á l’hectare. Comme. les eaux avaient apporté, d’autre part, 16 b02'‘ iír,8'ól de matiercs solides, elles ont done laissé en lout 20122''k‘',290 de substances minórales. Or, d’apres les analyses, lo poids des cendres du foin exporté ne s’élevait qu’a 1 197''»'',817. Pour la parcelle de prairie de Saint-Dié soumise á l’arrosage intensif, Hervé-Mangon calcule que les cendres du Ibin récolté pesent 438’'»'',677, cliifl're peu importan! á cOté de celui des matióres minórales laissées par l’eau qui tres probablement, dil-il, l’ournit largement les matieres minórales nécessaires aux plantes. Ilervé-Mangon avait trouvé (pie c’est surtout duran! l’été que se réalise le gain d’azote. Ses expériences limitées aux ajiports de cet élément ne sufliraient done pas a démontrer completement le bien Ibndé, au point de vue chimique, des grandes masses d’eau que les irrigateurs vosgiens emploient duran! l’hiver. M. Risler (Géologie agricolc) a dit il y a longlemps que lesruisseaux des V'osges devaientapporter de la potasse aux prairies irriguées mais qu’elles ne pouvaient leur donner d’acide phosphorique. II a méme monteé que ces irrigations sont de x'rais colmatages qui déposent du limón sur les graviei's; mais ce limón est pauvre en acide phosphorique. Dans un intéressanttravail publié en 1898, M. Le CouppeydelaForest, ingónieuragronome, a cherché quellecontribution apportaienta une prairie des environs doRemiremont les matiéres minórales que contiennent les eaux 9.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGKICULTUKE.

de la Moselle. Ces eaux ne donnérent á l'analyse (luo de faibles traces d’adde phosphorique, r “t’'’,282 d’azote, 2“ b‘‘,92 de polasse et 7“ S'',560 de cliaux par lilre. M. Le Coiippey a trouvé que les eaux de la Moselle, ver­ sees sur la praii'ie de la Jonclierie pendanl tout l’liiver, á raison de 350 litres á la seconde, laissaienl 208 kilogrammes de chaux el 280 kilogrammes de potasse a rhectare. Les irrigatioiis Invernales don! les cultivateurs des Vosges proclament la nécessilé équivaleiiL done á do véi'itables apporls d’engrais. Vincent esl sans doulele f)reinier agronome qui se soil oceupé de rapport des éléments lerlilisanls dissous par les eaux ddrrigalion. Des 1845, il compara la composilion cliimique d’une eau vlerge el de la méme eau api'és qu’elle avait été utilisée á rirrigaUon 1, 2, 3, 4 el 5 l'ois. L ’analyse lui inonlra que la richesse de cette eau en maliéres minérales diminuaU au fur el a mesure de son emploi. i'Lorsque de l'eau passe sur le sol, deux ])ouvoirs distiriets, qui se manifeslonl par des i)liénomenes égalemenl difl'érents, se dispulenl les malieres rerülisanles qu’elle peut conlenir. L ’un, c’esL celle l'aculLé spéciale, propro á la lerj’e arable, de reteñir cerlains éléments, Taulro, c’estle pouvoir d’absorplion des j)lanles. Le premier est d'autant plus énergique quele sol est plus riche en argüe et en humus, qu’il est plus pauvre des éléments dis­ sous dans l’eau. L ’autre agit avec d’autant plus d’intensité que la végélation est plus active. C’estce que les recherclies de Kimig ont montré. D'aprés ce savant, ce n’estpas tantau pouvoir absorban! du sol qu’á l’activité de la végétation (|u'il taut rapporter Futilisation des substances t'ertilisanles qui son! contenues dans les eaux a l'état de dissolution. En second lien, le taux de diminutioii des matiéres minérales dans l’eau qui a serví a l’arrosage est d’autant plus considérable ([uo le sol est moins riche.


EFFETS DE L ’IRfuGATION.

ISS

C’est done au prlntemps eLau commencement de l’été que les eflets de Firrigation se font le mieux sentir. Et ce sontles terrains pauvres, sablonnenx qui en profilenl le plus. Chaqué ólément nutritiT contenn dans Feau d’arrosage esl absorbe en proportions variables ; le pouvoir absorbant du terrain étant le méine, c’est la plante qui régle la propoiiion d’aprés ses besoins. Toutel'ois la polasse l'ait exception; liiver commó été, elle est retenue en égale quantité. Ici, c’est lepouvoir absorbant du sol qui régle le pliénoméne. Quant á lachaux, elle peut étre exportée si la combustions de la matiére organique contenue dans le sol produit plus d’acide carbonique que les plantos n’en ont besoin?, C’esf á une conclusión analoguc a cclledo Konig, (lu’arrivaitP.-P. Dehérain lorsqu’il disai t que les pértes d’azote nitrique par le drainage sont en raison inverse do Fabondance desrécoltes. El Fexamen des resultáis que Fon obtient de Firrigalion avec los eaux d’égout montre aussi que le pouvoir absorbant de la terre ne relient plus au déla d’une cerlaine limíteles substances fertilisanles. Vojlcker (1) a analysé la terre de prairies situées prés d’Edimbourg, ayant re(}u pendant prés de qualre-vingts années consécutives 30 á40 000 métrescubes d’eau d’égout par liectare et par an. Cette ierre contenait par kilogramme : A z o te ................................................... ■Acido phosplioriquo........................... Fotasso................................................

Osr.i 0k‘'.0 ée'',8

Ce sol est restó excessiveinent pauvre malgré los quanlités énormes de matiéres l'ertilisantos déversées a la surface par les eaux d’égout. ( i ) MuiNT/ el GutAiU), Les L n g i'a is. t. 1.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGIUCULTURE.

11 y a du reste longtemps que la praüque a constaté ■que les irrigations produisent les meillcurs ellets sur les sois légers. Les sois argileux sont cependant plus riches en généi'al et leur pouvoir absorbant est plus conside­ rable. Plusieurs observateurs ont constató que les eaux d’irrigation semblent exercer une action fertilisante d’autant plus active sur les prés, jusqu’á unecertaine limite cepondant. qu’ellescouient plus vite. C’est, au fond, ce que Ton exprime lorsque Ton dit : Moins un pré a de pente, plus il faiit d’eau pour Varroser (Villeroy et Muller). Un pré plat ne profiterait pas des substances uliles que contient l’eau dans une aussi large mesure que celui ([ui a plus de pente. Cependant si la pente dépasse un certain dcgré, les eaux passent trop rapidement et abandonnent moins de principes l'ertilisants. En preñan t les proporlions de Tazóte retenu par litre dans les eaux d’arrosage sur ponto forte, llervé-Mangon a trouvé au cours do ses expériences des cliiffres qui le prouvent. ^ Action calorifique de l ’eau d’ lrrigation. —{ Au printemps Teau se réchauífe plus vito que le sol; en automne elle se refroidit moins vite. II en resulte qu’au printemps elle éléve la tcmpéi’ature du sol qui la rcQoit plus rapidement que ne le ferait Tatmosphére et les rayons directs du soleil. Au commencemont de Tliiver, elle le protege contre le refroidissement. La conséqueiico heureuse de ces phénoménes se constate aisément. Les prés irrigués sont vorts plutól que les autres et ils le restont plus longtemps. Lesirrigations de Thiverprotégent los végétations contre la geléc.f Si, méme, le l'roid a surpris les plantes, on peut en prevenir les fáchoux elfets en les arrosant avant qu’elles ne soient dégelées (Muller et Villeroy)./Aussi longtemps que Teau coule sur un pré, elle y mainiient la méme température. A une certaino profondeur, 7 á 10 métres, la torre garde la méme it; upérature voisine de 10 a 13 degrés. L,es eaux qui


EFFETS DE L IRRIGATION.

lo7

proviüiment des couches profondes gardenl, ce degré de clialeur au plus fort de l'hivei’. /Aussi dans les pays oü les IVoids sonl lempérés et de courte durée, les soucces pouvcnl entretenir la végélaUon pendan! toule rannéc. ("esl la raison des irrigations d’hiver du Milanais qui enlrcüennenl les pi'és l'ameux appelés Marcilesd (lelle acüon de l’eau sur la tempéralui'e dú sol rend la praüque des irrigalions de prinlemps tres délicate. 11 l'aut so garder á ce nioinent de 1‘année d'envoyei- sur les torres des eaux qui pourraient en rabaisser la tenipéi'ature. Les eaux des fontuniles qui serven! á Firrigation des Marcites son! des eaux de sources dont la température so mainticnt constaminent en liiver á 10 ou 11 degrés, tandis que cellos des cauaux ne dépasse pas 3 ou 4 degrés. Ellos seraient nuisibles aux cultures pendan! Fété si on ne les laissait pas longtemps se réchauller au contact de Fair. Mais en hiver, pendant 3 ou 4 niois, débitées ii raison de 42 litros á la seconde, ellos couvrent la prairie d’un voile d’eau continu. Cette eau relativement chande s’interposc entre Feau froide et le sol, le réclmuH'e et maintient admirablemeiit la végétation. En avril, lorsque la température de Fair sufFd, on retire Feau continuo. La marciíe est des lors soumise ii de simples arrosages comme les prairies ordinaires, mais donnés plus Iréquemments et avec plus d’abondance. Les marcites couvrent prés de S000 liectares. Elles so loucnt de 230 a 500 l'rancs Fheclare. En 6 á 8 coupes par an, de levrier á octobre, elles produisent jusqu’á 14000 kilogrammes par hectare de l'oin sec. Tandis que dans lo Milanais les prairies ordinaires nourrissent 1 vache trois quarts par heclare, les Marcites peuvent en nourrir 4 et quelquefois méme 3 (1). (1) Nouspuisoiis ces renseignements dans rouvrage de M. lIíaissoN, profcsseur á rinslitut agronomique : Rapports :íuir lea irrigations de la vallce d\^ pQ {Anualea de VInatUut agronomique, n" (3),


158

EMPLOl DE L’EAU EN A.GR1CULTURE.

L’irrigation bien dirigée est un moyen de délivrer les prés des insectes, des animaux et des plantes nuisibles. Les ari'osages conlribuenL á la deslruction des courtiliéres, des taupes, des souris, ele .; ils détruisent les mousses, les bruyéres et les jones s’ils son! bien conduits. lis entreliendraient, au eonlrairc, ou ménie, ils feraienl naitee ces mauvaises plantes s’ils étaient mal dirigés et s’ils laissaient séjourner des ñaques d’eau á la surface du sol. On a d’ailleurs observé que l’irrigation faite á tel ou tel moinent de l’annéc í'avorise la végétation de teñe ou teñe plante (1).

L'irrigation pratiquée avec des eaux stériles épuise les ternes si on n’y apporte pas des engrais complémentaires. Ce que nous avons dit de raction des eau.v montre qu’elles mobilisent on quolque sortc les inatiéros fertilisantes contenues dans la terre pour les meltro á la disposition des plantes. Celles-ci épuiseraient done peu á peu les reserves du sol, si on ne prenait soin de resLitucr ce qu’elles emportent chaqué année. Cette restitution peut élre inutile pour les éléments que les eaux aménent avec elles.Mais elle s’impose pour ceux qu’elies n’apportent pas. D’ailleurs l’oau en déterminanl l’oxydation dos • matiéres organiques se charge d’acide carbonique, en sorte qu’elle peut entraínei' la chaux et los pi'incipcs útiles solubles. 11 y a la une cause d’appauvi'issement, en deliors des prélévementsdes récoltes. Aussi les rendements d’une prairie arrosée avec des eaux slériles ou pauvres, (1) Nous devons l’oljservution do ce fíiil intéi'ossant u M. P . ingénicur agronomo.

dk

MAí.uAnn,


QUANTITÉS D’EAU NECESSAIliES AUX IRRIGATIONS.

159

ne recevant aucun engrais, pourraient-ils haisser peu á peu api’Í!S avoir été tres remarquables á rorigine. Q U A N T IT E S

D ’EAU N E C E S S A I R E S AUX

IR R IG A T IO N S

■On pcut e.xprimer de diverses manieres la quantilé d’eau qui est nécessaire á Tirrigation. On peut supposer que l’écoulement de l’eau soit conünu et diré qu’il correspond á tant de litres á la socondc, par hectare. On peut aussi roprésenter cette quantité par la hauteur de la couche d’eau qui est répandue sur Thectare, en supposant nuiles toutes les déperditions. Enlin, il est quelquefois commode de l’évaluer en infdrcs cubes déversés pendant la saison des arrosages. Ohacune de ces évaluations a son avantage. La premiere perinet d’évaluer l'acileinent la superficie (|ue peut arroser un cours d’cau dont on connait le débil. Elle sert de base en Erance et en Italie pour établir le prix de l’cau fournie par un canal d’irrigation. La seconde permot de déduire approxiinativement de la quantité d’eau que les pluies fournissent pendant la période végétative, cello qu’il convient d’apporter artificiellement pour subvenir aux besoins des plantes. Enlin, la troisiéme donne aisément la superficie que l’on est á niémc d’irriguer avec un réservoir d’une capa­ cité déterininéc. Quand on ein])loie ces formules, il faut bien s’entendre sur la durée de l’arrosage annuel et sur le nombre et la durée des arrosages particuliers. L’irrigation no dure (pdune partió de l’année, Quand on ])arle, par e.xcmple, d’un débit annuel de 1 litre par seconde et par hectare, cela s’entend d’un écoulemcnt continu et /ící?/ de 1 litre par seconde et par hectare pendant toute la durée de Farrosage. Mais cela ne signiíle nullemcnt que lors d’un arrosago la térro ne


160

EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

recevra que 1 litre par seconde ct par liectare. La totalité des 16 352 métres cuhes qui correspondent á ce débil pourra tout autreinenl élre employée. Gol écoulement fictif ne se conlond en aucune faqon avec récoulement cfrectif sur le cliamp ai'rosé. Supposons, pour íixer les idees, que la saison des irrigations s’étende du 1“'' avril au 1"' oclobre, periodo adoptée dans le midi de la Granee, qu'elle comprenne ainsi 183 jours. Supposons oncore (|ue les arrosages aient lien chaqué semaine pendan! une saison enliérn el (|ue Fon dispose d’un écoulement annuol continu de 1 litro par soconde el par liectare. La quantité d’eau dont on disposera chaqué semaine , 15.811.200 pour 1irrigation sera de ---- —----- = 032.448 litres. Le volume d’eau corresjiondra á un débil eirectif par liectare 632.448 de = 7''i ,3 pour la journée d’arrosagc. 24 X 60 X 60 II seraitimpossible do distribuer régulirrement etd'une maniere elí'cctive une quantité d’eau aussi petite que 1litre par seconde et par heclare. On ne peut guére descendre au-dessous de 3 litres. Hervó-Mangon disait 5 litres. Et il ajoutait, d’autre part, qu’un seul homme ne peut bien gouvernei’ et bien surveiller sur les prairies les mieux disposées l’emploi de jilus de 100 a 120 litres par seconde. Le cullivateur qui se propose d’irriguer un pré doit pouvoir se cendre compte de la quantité d’eau (|ui est nécossaire pour obtenir un bon i'ésultat. Inversement, ayant asa disposition une certaine quantité d’eau, il doit pouvoir apprécier l’étendue de tcrrainqu’il est en mesuro d’arroser. On ne peut donner des chiíl'res précis qui permottent de résoudre cette question d’une maniere absolue. Le problome compoi'le des Solutions qui varient suivant les circonstances. H y a d’aboi’d qiie différence tres nette á établir entre


QUANTITÉS D’EAU NÉCESSAIRES AUX IRRIGATIONS.

161

les irrigaUons, purementaiTosaiites, et les irrigaüons feitilisantes. Les premieres dominent, en France, dans la región dii Midi; les secondes dans le Nord et parüculiéremont dans les Vosges. Puis, la nalure dusol et celle du climat joiient un rOle considerable. Les autres conditions restant les mémes, le sol exige d’autant plus d’eau qu’il ost plus perméable et qu’il présente une pente plus faible. Les plantes n’ont pas toutes les mémes exigences. Ainsi, les céréales demandent moins d’eau que les plantes qui constituent les prairies. Enfin le mode d’irrigalion exerce aussi une influence tres notable. Les irrigations par ruissellement, par e.xemple, sont bien plus exigeanles que les iri'igalions par infiltralion. La quantité d’eau nécessaire earii'rigation d’un hectarc est extrémement variable. Pour étre établie avec ([uelquc precisión, elle nécessiterait dans chacun des cas des obsei’vations parliculiéres. Mais en procédant par monograpliies, on releve des chilíres approximatil's dont on peut étendio l’applicalion.

1° Irrigations d’arrosage. Quand l’irrigalion no j)Oursuit d’autro butque celui de complétoi', pendan! la périodo végétaüvc, les rapports des pluies, on peut se rendrc compte d’une maniere approximative de la quantité d’eau qu’elle doit í'ournir aux plantes. 11 sufíit de connaitre, pour la región oü Pon est placé, la q>iantitó d’eau exprimée en millimétros qui est évaporée par les plantes duran! leur périodo végétalive et la hauteur do pluie qui tombo pendan! le méme lemps. (lette derniéro diminuée de cello qui représente l'évapoi'ation á l’aii' libre et de cello qui est é([uivalcnte a l’inliltration représentera un cliilTre qui sera toujoiirs bien inférieur, dans le midi de la France, á la quantité d’eau nécessaire au développement des végétaux. 1! faudra teñir compte dans celte rccherclie des pertes


162

EMPLOI DE L’ EAU EN AGRICULTURE.

que l’eau, qui est amenée par Firrigation, subit par le falt de Finfiltralion et de Févaporalion. Nous avons vu (luc ces perLessontclles-mémcs tres variables puisqu’elles dépendent du sol et du climat. Dans le midi de la France, la pratique agricole et les observations qui ont été faites en divers iieux ont montré que la quantité d’eau nécessairc a Firrigalion, purement d’arrosage, avoisinait un débit annuel continu et flctif de 1 litre á la seconde et par hectare. La saison d’arrosage dure en général 183 jours, du 1“*' avril au 1“” octubre. Le volume d’eau distribué pendan t ce laps de temps á raison de 1 litre par seconde correspond á 15 811 métres cube par hectare, soit á une couclie d’eau d’une liauteur de l “ ,b81 inilliinétres d’épaisseur. Cette quantité d’eau est distribuée en un nombre d’arrosages qui varié entre 12 et 42. Nous cxtrayons de l’intéressant ouvrage de M. P. Lévy Salvador (1) le tablean suivant qui indique pour cette région les espacements des arrosages, leurs durées el les quantités d’eau nécessaires. (1) Liívy Salvado», Ilydraulique agricole.



164

EMPLOI DE L’EAU EN AGKICÜLTURE.

Ce tableau montre que, méme poiir la región du Midi el pour des iri'igalions uniquemenl deslindes á rafraichir le sol, la quantité d’eau nécessaire n’est pas constanle. El celte constatation se renouvelle quand on consulle les chiíTres qui ont élé fournis par Hervé-Mangon el par de Gasparin. Hervé-Mangon a trouvé les résullats qui suivenl, a la suite de ses observalions surquelques irrigations duVaucluse. HARICOTS

PRAIRIE

(Taillades). (Taillades). (Taillades).

(L’lsle).

LUZEUNE

P R A in iE

Nombre d'arrosagos annuels.............. 13 11 nh 38l>4' Duréo i totalo . . . . . 50'46" 3li28' } j)artiellc... Volumel en I r é ....... IC .3 8 3 '1 '! 37.959 ''"= d’eau ^sorti......... 3 . IT flm ' 2 .0 0 1 '” '= 41,393 total......... l ‘ ,89 251,76 Débil u l’arrosago. 261,86 11,89 41,393 moyon jld’été......... I d ’hivor___ 0 0

5

6 21=45' 27 '3 0" 5 .1 2 6 '” '= 0 01,988 0 ',9 7 3 01,988 0

311' 6i'12' 5 .4 0 2 '” '= H20™® 11,226

41,570 11,226 0

M. de Gasparin a voulu élablir une relation entre la nature plus ou moins compacto du sol, pour la región méridionale, etla quantité d’eau qu’ilconvient d’apporter. 11 declare qu’il faut donner : r. 100 •

de sable (l). q u in ze jo u rs á la torre c o n t e n a n t ..

20

onze

40

six

..

60

Irois

..

88

Í

..

(l) La propoi’Lion de sal)lo conteiuic dans lo sol se ilélcrmine ici en desscchant une cerlaine quanlllé de Ierre de 30® a 4 ® el en jiassanl 50 grammes de cello Ierre desséchée sur un crible dont les trous ont de dianiétre; ce qui resle sur le crible est la parlie pierreuse de la Ierre dont on délermine le poids par une pesée. On prend 20 granimes de la Ierre criblée et on la met pendanl plusieurs heures dans un vase plein d’eau de 2 a 3 lilres de capacilé; on agite ensuite viveinenl avec une baguctle de verre, en donnant a la masse


QÜANTITÉS D m u NÉCESSAIRÉS AUX IRBIGAtlONS.

Í6S

El il ajoule, que chaqué arrosage exige une couche d’eau de0“ ,08 á 0™, 10 d’épaisseur, soit 800 a 1000mélrescubes pac hectare; ce qui correspond aux consommalions d’eau suivanles pouc une péi'iode d’accosage qui s’élend du 1“'’ avi’il au 30 seplembcc. TEURE CONTENANT

METRES CUBES.

LITRES PAR SECONDE.

20 p . 100 d e s a b le . 40 — 60 — 80 -

1 2 .0 0 0 1 6 .0 0 0 3 0 .0 0 0 6 0 .0 0 0

0 ,7 7 1,0 3 1,9 2 3,8 3

Nadaull de Buiron a resume ses observalions sudes irrigalions des pcairies dans le lableau suivanl. NOM BRE de jours aprés les{[uels on recüiiimence les arrosages.

7 il 8 10 / (L 8 10 7á8 10 10

V O L U SI E S cm])loyí S

11AUTEU IS d’eau

NOS BRE d’aiTC sages

V - i ^'3

' ^

§ .2

m. 4 3 4 3 4 3 3

24 18 24 18 24 18 18

0 ,0 4 0,0 6 0,0o 0,0 7 0,06 0,08 0,1 0

p

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- i

^■ 3

^ o

m.

m.

m .c.

m .c.

m . c-

0,1 6 0,1 8 0,2 0 0,21 0,2 4 0,2 4 0,30

0,96 1,0 8 1,2 0 1,2 6 1,4 4 1,44 1,S 0

400 600 íiOO 700 600 800 1 .0 0 0

1 .6 0 0 1 .8 0 0 2 .0 0 0 2 .1 0 0 2 .-Í0 0 2 .4 0 0 3 .0 0 0

9 .6 0 0 10 .800 1 2 .0 0 0 1 2 .6 0 0 1 4 .4 0 0 1 4 .4 0 0 IS .O O O

-i

u tí

un mouvement giraloire; on décante quand le liquide est bien animé de ce mouvement, en ayant soin de verser les parlies tenues en suspensión dans l ’eau, et de garder au fond du vase celles qui se sont précipilées. On répéte a plusicurs rcprises la ni6me opéralion sur ces derniéríís parlies, en décantant a chaqué fois, et on s’arrélc quand lagilalion laisse Feau parfaitement claire. be résidu qui tombe au fond du vase élant séché, puis pesé, donnc la projiortion de la parüe sablonnouse qu’il s’agissail de déterminer.


166

EMPLOl DE L ’EAU e n AGRICULTURE.

Les saisoiis d’arrosage sont de six mois, sauf pour lo ctiilli’e qui correspond á la dernierc ligne, il no s’agil la que d’une saison de cinq mois. Les chiíTros ci-dessus sont d’ailleurs relatifs á une année séche et á des prairies á sous-sol ai'gileux. Nadault de Buffon estime que levolume de loOOOmetres cubes, qui correspond á une prise d’eau do 1 litre par seconde pour un hectare pendant six mois, est trop l'ort pour la plupart des prairies. Dans l’étude d’un projet d’irrigation ¡lublié cette année (1903)dans lo Journal d'AgrlcuUurepraiique, M.,) ules Ci'i^vat estime que Ton peut avancer qu’il faut en France pour Firrigation de un hectare de pré : Lilres jiar seconde.

En sol profond, argileu.x, climat frais....... — perméable et climat frais............... — perméable et climat chaud............ — minee, trés permeable, climatchaud. — minee, tres perméable, climat cbaiid et venteux.....................................

0,.'i0 0,75 1,00 1,50 2,00

I Les arrosages d’été que Fon exécute dans lespays méridionaux, surtout afín de compléter Fapport des piules, demandentmoins d’eau que les arrosages i’ertiisantsdu Nord. Nous avons dit que Fon s’accordait en général á leur attribuer par hectare 15 552 métres cubes d’eau paran, ce qui correspond environ á un écoulementde 1 litre par seconde et par hectare pendant les six mois que dure la saison. Ce volumeestrépanduen 18á24fois. Mais ce chiíl're nesaurait servir de base áunerégle absolue etgénérale.Nous Favons déjá dit. 11 doitsubir des corrections suivantla quanlilé de : pluie qui tombe, suivant lanature plus ou moins permé^ able, plus ou moins absórbante du sol; suivant Févaporation, la pente du terrain, etc. C’est plutót un máximum/ Voici quelques chiffres se rapportan t á divers pays. Nous le^ trouvons dans un mémoire de M. Belgrand, inséré en 1852 dans Anuales des Ponts et Chaussées et dans d’autres travaux


OÜANTITÉS D'EAÜ NÉCESSAIRES AUX iftRiGATlONS.

i& l

publiós dansle métnc recueil. lis ont été reproduils par iM. Barral dans son ouvrage surle Drainage etles irrigations. Dans le Roussillon, M. Mescure de Lasplane estime la consommationmoyenned’un heclare áSOOOmetrescubes. Nadault de BuíFon, pourles valléesdelaTeels et du Tliet, limite á4300 métres cubes la quantité d’eau ádonnerpar hectaro et par an. .laubert de Passa descend encore audessous de cette évaluation. Sur Ies territoires de Rivesaltes, Vinca, Elne et Perpignan, d’apres lui, le débit moyen nécessaire a l’hectare ne serait quede 0''‘,169; soit 2 626 mütres cubes par saison. : En Algériel’eau est rare.L’irrigation est conséquemment réservée á satisfaire le besoin d’eau des recoltes. Les cul­ tures d’été: coton, maís, vigne ettabac, nerecjoiventpendant les cinqmois qubs’étendent de mai a septembre que un quart á un demi-litre par seconde et par hectare. Les cultures d’hiver, cércales et fourrages, ne reQoivent que deux ou trois arrosages de 400 métres cubes. Les prairies artiíiciellcs dix arrosages de 400 métres cubes. Malgré que ces doses soient tres faibles, elles donnent des résultats remarquables.’

2° Irrigations fertilisantes. Les irrigations peuvent aussi avoir pour but principal la l'ertilisation du sol, comme dans les Vosges, dans la Gampine belge.í Dans le Milanais, les prairies appelécs marcites doivenf leur production exceptionnelle á la conche d’eau relativement chande (11°) qui les recouvre en hiver. Ces diverses irrigations exigen! des quantités d’eau variables mais toujours supérieures á celles que demanden! les irrigations uniquement destinées a fournir l’eau nécessaire á la végétation.i Dans les Vosges, les consommations sont énormes. Ilervé-Mangon a trouvó les chiíTres suivants pour les prai­ ries de Saint-Dióetd’llabeauiupt don tila suivü’arrosage :


■ 168

ÉMPLOI DE L’EAU EN AGRICULtURÉ. Prairie de Saint-Dié.

Nombro cl’arrosagcs annuels. 8 (T o ta l....................... 08',7 En oté..................... 33',7 moyen- j hiver................ 103',0

d’Habeaurupt.

G 217',7 .49',9 312',8

Dans la Campine belge, rirrigaüon donnc en moyenne 31 litres par se.conde el par hectarc. Les arrosages sont au nombre de 18; 12 du 15 mal au 15 octobre ; 6dul5ocLobre au 15 mal. Les prairies élablies sur des territoires tres permeables absorben! 977 306 metres cubes par liectare el par an. EnNormandie, d’apres Deban ve, les prairies delavallée de la Charentonne (Eure) regoiveiil 141 900 meli'es cubes par hectarc et par an ce qui correíspond ñ un débil conlinu de 4"‘ ,5 parseconde. Les prairies de la vallée de la Risle (Euro) rcqoivenl 504500 inétres cubes par an, soil 16 lilres par seconde. En Italie, dans le Milanais, les marciles exigenl un débil \conslanl de 20 á 42 lilres par seconde; soil 1700 á 3600m. ■cubes par jour ou 63 072 á 1 324610 mélres cubes par an. Vincenl eslimail la quanlilé d’eau nécéssaire aux irrigalions ferlilisanles du nord do l’Allemagne a 121 litres par seconde et par heclare : ce qui correspond á une hauleur d’eau journaliére do 1“ ,043. Dünkelberg donne les chillres suivanls: HAUTEÜU de l’eau versée par jour. Cenlimélres.

30-45 30 24 15

VOLUME d’eau versée par jour. Centim. cubes.

v o u JME d’eau versée par seconde et liar 1ectai*e.

UÉSULTATS de l’irrigation.

Centim. cubes.

3.000-4.500 0,0410-0,0528 3.000 0,0347 2 400 0,0277 1.500 0,0173

Lilres.

42-53 35 28 17

Excollent. Tr6s bon. Ron. Sulíisanl.


QUANt ITÉS D‘ÉAU ÑÉCESSAIBES AUX IftRIGATIOÑS.

169

Les irrigaüons avec les eaux d’égout, ou avec les eaux ¡nduslrielles, s’exécutenl parlbis avec des volumes d’eau énormes. Durand-Claye ditque les terrains permeables de la plaine de Gennevilliers, aux environs de París, refoiventde40 a 100 000 métres cubes d’eau par heclare el par an. Mais lorsqu’on emploie ces eaux résiduaires, 11 s’aglt surtout de les épureret d’ullllserau máximum le pouvolr épuranl du sol. La fertlllsallon passe au second plan en sorte que le plus souvenlcesarrosages donnentlieu aun vérlLable gasplllage des ólémenls ferllllsants. La dlversllé des clilirres que nous venons de clter monlre que lorsqu’ll s’aglt d’lrrlgallons fertillsantes, 11 ne sauralL y avolrde regles precises. En Ihéorle, lesquantltés d’eau données dolvenl varler avec la rlchesse de l’eau en principes ferllllsants, avec la nalure du sol, sa pente, le climat el les récoltes. En prallque on donno le plus souvenl ce que Fon a, les arrosagesélant trop fréquemmenl llmilés par la falble quanllté d’eau donl on dispose. D’ailleui'S dans lecas oü Fon disposerall d’eaux tres ahon­ dantes, mais slériles, il ne faudrait pas abuser des arrosages á grands volumes. On risquerail de lessiver le sol, do Fappauvrir et memo de modlíier sensiblement sos propriélés pliysiques. Nous roprcndrons d'ailleurs Fétude des quantités d’eau nécessalres aux irrigatlons á propos de la conduitc des arrosagcs.

Ilis L F .n etWERY.

— Ir r ig a lio n s el drainages.

10


170

EMPLOI 0E L ’EAU EN AGRICULTURE.

Q U A L IT É S D E S EAU X

E M P L O Y É E S A L ’I R R I G A T I O N

La premiére qualité que doit avoir l’eau destinée á, rirrigation, c’est de ne pas contenir de subslances qui soient nuisibles aux planles. Les eaux qui ont été uülisécs par Linduslrie, nolammenl celles qui ont servi álaver les minerais métalliques, sont souvent mauvaises. Les eaux qui proviennent des tourbiéres, desbois de cliénes ne sont pas toujours bonnes. Au moins est-il nécessaire de les laisser déposer el de les aérer en les laissant courir á l’air avant de s’en servir. L ’origine méme del’eau donne des renseigneinenls sur sa composilion. Les eaux qui ont filtré á Iravers d’épaisses conches de sables sont pauvres. Les riviéres qui ont traversé des terres fértiles, qui ont refu de nombreux ruisseaux sont presque toujours d’un emploi avantageux. En principe, l’eau a des eífets d’autant meilleurs qu’elle provient de terrains plus différents de ceux sur lesquels on Templóle. La couleur de Teau, son aspect fournissent un indico de sa qualité. Une eau trouble, limoneuse, de couleur jaunátre contient généralement plus d’éléments fertilisants qu’une eau tres claire. L’aspect brunátre de Teau qui a travorsé certaines landos ou des tourbiéres ne doit pas tromper. Elle n’est pas bonne dans la généralité des cas. Elle peut cependant étre employée sur des sois calcaires ou ricbement fumés. Enfin, la flore des rives et celle des plantes aquatiques caractérisent jusqu’a un certainpoint la qualité de Teau. On considere coinme de bon augúrela présence des conferves [confervm), du cresson de fontaine {Naslurtium officinale), du cresson de cheval ( Verníca becca bunga), dujonc fleuri [Butomus umhellalus), de la glycérie aquatique {Glyceria aquatica). Au contraire les Cypéracées {Cyperacse), les Joncacées {Júnese), le roseau a


QUALITÉS DES EAUX EMPLOYÉES A L ’IRRIGATION.

171

quenouille {Arunclo donax), la cigue aquaüque {Cicuta virosa) indiquen! une eau de (|ualitc inlerieure. Onpeut cori'iger les eaux et les améliorer. Quand ellos coiiüonnciil dos niaüéi'cs en suspensión qui nuiraienl á la végélalioii, on les laisse déposer dans de petils réservoirs. Quand elles son! trop froides et qu’ellos son! pauvres en oxygéne, comme les eaux qui pi'ovieniient de la l'onto des glaciers, on les laisse circulor á l’air et a la lumiére dans de longs canaux décoiiverts. N'oici, d’apres Vidalin, comment on les améliore dans le Limousin. (les eaux sont rasseniblées dans des i'éservoirs appelés Serbes (du latin, servare, conserver) oü elles s’aérenl tout en recevant quelques eaux écoulóes á la surl'ace du sol qui out entrainé les engrais des terrains supéi'ieurs; ellos recucillent aussi de noinbreuses reuillcs mortes chassées par le ven!. Les algues qui végetcnt en abondance sur les parois du róservoir leur l'ournissenl de la niatif're organiquo assez riclie on azoto. Aussi l’aiguadier, en vidant lo réservoir, doit-il le racler avec beaucoup de soin. Ainsi les eaux s’aerent mieux et elles se mélangent avec les detritus de plantes qui renricliissent. On ne doit pas employer, sans l’avoir cori'igée, l’eau (jui ])ar un défaut de ponte ou par un séjour prolongó dans des l'ossés s’est corroinpue. Elle a pris une teinte jaunatre et ello laisse déposer un sédimenl lloconneux couleur de rouille. On améliore ces eaux en les faisant couler dans des fossés a pente sensible et dont le fond est garni de cailloux. S’il est impossible ii canse de la disposition du tei'rain d’obtonii’ assez do penlo, on élablit de petitos chutes qui attcignonl le niémc résidtat on agi­ tan 1Teau. (1)K. Vidalin, P rn tiq ue dea v'rig a lion s en Franco et en A lg érie.


172

EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTUHE.

E V A L U A T I O N D U D E B I T D ’U N C O U R S D ’E A U

11 pcut 61re uLile de savoir mesurer le débil d'un ruissean ou d’une rigole d’irrigalion. Le débil d’un cours d’eau est égal au produit de la surface de la section mouillée par la vilessc moyenne do l’eau au méme endroil. Pour óvaluer Taire de la secliou mouillée, on clioisil un lieu oíi la ponte soit uniforme, oñ la profondeur soil égale autant que ])ossible a la largcur el oü no se Irouvcnt ni broussaillos, ni obstarles ([ui pourraient modifier le libi'e écoulcmonl de Teau. On dresse sur une cerlaine longueur tes bords el le fond du cours d’eau de maniéi'e a les rcndi'e plans el aleur assurer une pente uniforme. On s’ell'orce de donncr á la seclion la forme d’un trapéze. La profondeui' verlicale de Teau mullii)liée par la deniisonime des largeui’s au fond el á la surfacc donne alors Taire de la section mouillée. Quandon ne peulprocéderainsi, il faul relevei’ le prolil du cours d’eau en plusieursendroils elprendrc la moyenne des résullats. Pour relever un prolil, on tcnd un cordeau d’une rive a Tautre perpendiculairemenl á la diroclion du cours d’eau el le plus pros possible de la surface. Ce cordeau est íixé sur chaíiue rive á un poteau. A des dislances égales marquées sur le cordeau, on pralique des sondages qui donnenl la profondeur do Teau en cliacun des poinls de división. On a ainsi les élémenls néccssaires pour tracer sur le pa])iei' le prolil du ruisseau ou du canal. El la sommo des surfaces des Irapézes que Ton oblicnl donne Taire de la section mouillée. La vilesse moyenne do Teau se déduit de la vilosse moyenne a la surface. Ello esl égale au produit de cello derniéro par 0“ ,80 pour les canaux el les riviéres de moyenne dimensión; ou par 0"‘,087 (Grebenau) pour les


ÉVALUATION DU DÉBIT D’ UN COURS D’EAÜ.

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pelils ruisseaux et les rigoles. On peut déterininer facilemenl la vitesse de l’eau a sa surface par Femploi des flolteurs. On jette dans l’eaii, en choisissant un inomenl oíi il n’y ait pas Fcaiicoup de yent, plusieurs pelils cylindrcs en l)OÍs lourd a l'aible seclion, susoeptilihís d’éinerger presque enliéremenl. A l’aide d’une monlre a secondes, on mesure le lemps qu’ils metlent á parcourir une dislance délerminée, 30 ou 40 métres en aval el en amonl du point oü Ton D a délerminé la se clio n d u cours d’eau. 11 convient de jeter les llotleursáune ccrtaine dis­ Déversoir de jaiige. lance en amonl du poinl oíi commence l’observalion afin qu’ils prennent bien la vilesse de l’eau. La vitesse esl égale au quoliení de l’espace parcouru, 30 á 40 mélres, par le nombre do secondes complées. On repele l’opération plusieurs fois de maniere á oblenir une moyenne. (Juand le cours d’eau esl sinueux, que la seclion en esl irróguliere, mieux vaut employer un déversoir pour mesurer son débil. Pour de pelils ruisseaux on se ser! d’une simple planche en bois ABCD (fig. 4) dans laquelle on entaille une ouverlure reclangulaire uhcd don! l'aréte liorizonlale he est taillée en biseau du colé de Pamonl afín d'oblcnir un orifice en minee paroi. On place cel appareil en Iravers du cours d’eau, perpendiculaireinent á sa diroclion. A l’aide de pierres, d’argile et de gazons, on bouebe avec soin tous les inlorstices de maniere que (oute l’eau passe par l’ouverlure ahed donl les dimensions sonl oq rapport avec le débil, 10.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGHICULTUBE.

Le débil Q par seconde, en litres, esL donné par la for­ mule ; Q = -1000 X 0,403 X 7 X /i V 2,<y/¿.

On connait l — be, largeur du déversoir ; il suflit done de déterminer h, qui représente la hauteur de l’eau audessus du seuil á un endroit oü la dénivellalion de l’eau n’esL plus sensible, c’esL-a-dire un peu en arriére. On peut mesurer h en observan! jusqu’á quel niveau s’éléve l’eau au-dessus du seuil, dans un íube gradué de ü á 6 rnillimétres de diamétre, appliqué eonlre la paroi (ramont du déversoir. On peut aussi disposer une régle de telle sorte qu’elle soit liorizontale et appuyéc. d’une part sur le milieu du déversoir et de l’autre sur un piquet ení'oncé verlicalemenlen amont. La charge h au-dessus du seuil est égale á la hauteur verticale comprise entre le boi'd inférieur de la régle et le niveau supérieur de l’eau. 11 faut que la régle soit assez longue pour atteindre la région oü la dénivellalion de l’eau n’est plus apparenlo. Enfin on peut prendre la hauteur de l’eau immédiatement au-dessus du seuil et la multiplier par 1.178. P R I X D E L ’E A U

11 y a lien de distinguer entre le priw de révíent de Lean et son prix de vente. Leprix de revienl est e.xcessivement variable. 11 dépend évidemment des moyens que Ton emploie pour se proeurer l’eau. Les moteurs hydrauliques la i'ournissent a tres bou marché. Malheureusement il est trés difíicile de pouvoir compter sur la continuilé de leur marcho au moment oü les irrigations sont le plus útiles, c’est-a-dire en été, á l’époque de l’étiage des cours d’eau. Durand-Claye cite dans son ouvrage plusieurs grandes usinos hydi'auliques,


PRIX DE L EAU.

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oii le prix de revient du melre cube d’eau elevé k 10 melres vacie entre 0 fr. 00104 (roue Gicard) et 0 fr. 00352 (roue Sagebien). D’aprés Charpentier de Cossigny, un cheval allacbó a un inanége développe 45 kilogrammétres par seconde. 11 peuL élevcr dansle méme lemps, 8‘‘‘ ,4 de l’eau d’un puils, située á 4 métres de profondeur, a l’aide d’une noria ulilisant les 0,75 du Iravail. 11 peut done fournir par journée de liuit lieures, 240 métres cubes. Si la journée du cheval vaut 3 fr. 50, le inétre cube d’eau reviendra de ce clief á 0 fr. 1458 et les 15 552 métres cubes, regardés comme nécessaires dans le Midi, chaqué année, pour une irrigaüon inoyenne,reviendront á 226 fr. 76sans compter ni ramortissement des frais d’établissement du puits et de la noria iiiFentretien de cette derniére. Les machines a vapeur et les pompes que Ton destine a élever des eaux poui' Farrosage doivent étre rusti([ues. Ou ne peut pas espércr, d’aprés Durand-Claye, qu’elles dépenseront beaucoup moins de 4 kilogrammes de charbon par cheval et pai' tieure; cela correspond a une déponse moyenne d’environ 0 fr. 01 pour Félévation d’un métre cube a 10 métres de hauteur. En somme, on peut tablee dans les cas ordinaires, sans Vintérét et l'amortissement des ouvrages, que Fon evalúe á 10 p. 100 du capital engagé, sur une dépense moyenne de 0 fr. 10 ])our 1 000 métres cubes eleves á 1 métre par moteurs hydrauliques, et de 0 fr. 30 et 1 franc dans lo cas de Femploi de moteurs á vapeur (llechmann). Le grand écart qul e.xiste entre les prix de revient de Feau élevée a Faide dos moteurs a vapeur tient aux circonstances trés variables de leur emploi. Voici les pi'ix de revient de Feau foui-nie par quelques canaux. Nous les extrayons aussi do VHi/draiiUque agrícola de Durand-Claye. Pour les établir on afaitentrer en ligne de compte : les frais de construction du canal d’amenéc et de la prise d’oau, Fintérét et l’amortissement du capi­


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EMPLOI DE L’EAÜ EN AGRICULTURE.

tal, les frais d’entretien el les frais de gardiennage. lis se rapportent au débil c.onlinu de 1 litre par scconde. Canal — — — — —

do Carpontras(Vaucluse).. . du Forez............................... do Saint-Martory ............... de la Boiirne....................... du V erd ón........................... Cavour (Italio).....................

-'iS Íi3 40 85 200 33

fr. fr. fr. fr. fr. fr.

33 33 00 70 00 00

Les canaux franjáis comju'is dans celle éiiuméralion n’ont qu’une portée de 6 á 10 mélres cubes par seconde, landis que le canal Cavour en a uno do 110 mélres cubes. On voit d’aprés ces chillVes quelle est l’énorme diíTórence entre le prix de revient du canal italien et les prix de revient des canaux franjáis. Les canaux á grande por­ tée sont beaucoup plus avantageux, les frais génci-aux, les dépenses nócessitées par rétablissement des ouvrages d'art, correspondent a des débits bien plus con­ siderables. Le prix de vente de l’oau des canaux d’irrigation est tres variable, sur les canaux les plus anciens, la vente se fait généralement á la surface irriguée. Le plus souvent le prix de l’eau avoisine 30 francs par hectare irrigué. Ce procédé de vente est tres défectueux. II encourage le gaspillage de l’eau et les fraudes. Puis le cube d’eau fourni est Irés jual déíini. La meilleure base de larification est incontestablement l’unité de 1 litre par scconde. C’est celle qui est généralement adoptée sur les canaux modernes. L ’eau est alors vendue au litro pendanl la .«aison d’arrosage, lorsqu’il s’agit d’un arrosage discontinu; ou bien au volume écoulé a la seconde pendant toute l’année. La concession d’eau périodique de 1 litre a la seconde, parexemple, donne droit de recevoir au total un volume d’eau de IS 552 métres cubes pendant la durée de six piois


PRIX DE L ’EAU.

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(|iie duro la saison d’aiTosage (lSBu2= 86“ “,4 X 180J. Le prix du libre d’eau l'oiirni dans ces condilions varié suivant les lieux. Pour le canal du Forez, il est de 40 francs pour un demi-litre d’eau par seconde pendan! les six mois que dure la saison des irrigalions. L ’eau conlinue livrée pendan! toule l'année pour ralimenlalion e! les usages industriéis coúle 160 francs le litre. Le prix de vente du litre d’eau continué varié généi'alemenl sur les canaux les plus récemment élablis entre 30 et 80 francs. Au canal du Verdón, le prix du liti'e d’eau est de 70 francs pour la commune d’Aix, de 60 francs pour les autres conimunes. II atteint 80 francs pour les caux continúes. Au canal de Saint-Martory le litre par seconde se paie 66 fr. 67, niais il y a une redcvance máximum fi.xée a BO francs par lioclare. L’eau n’est pas fournie, saiif clauses spécialos, d'uno facón continuo, inais périodiquement. Ainsi, au canal du Forez, chaqué ahonné reqoit en une seule fois par semaine, et, dans uñe meme année, toujours lo meme jour et aux memos heures, la totalité du déhit do la rigole qu’il dossort. Le déhit de celte rigole et la durée de l’arrosage sont regles de telle sorte que rahonné recoive en fin de compte le volume d'eau totale qu’il a souscrit. Los abonnements se contractent généralement pour un minimum d'années, dix ans, et ne peuvent dépasser trente ans. Les clauses et stipulations des contrats sont d’ailleurs Iros variables suivant les localités. En raison des travaux d'a|qiropriation coüteux du sol, qui varient entre 300 de BOO francs ii riiectaro, on doit admettre (lue le prix do Loan en Franco devrait etre en moyonne de 30 francs et iju'il no saurait dépasser 50 francs.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

M O Y E N S D E S E P R O C U R E R D E L ’E A U IR R IG A T IO N S

POUR LES

Eaux de sources. Les eaux des sources, nous l’avons déjádit, possedent souvent la pi’opriélé d’élre sensiblement plus cliaudes en hiver que Lalmospliere. Cela les rend pvécieuses pen­ dan! la saison froide. Et nous aA'ons montré quel paidi merveilleux les Italiens avaienl tiré des sources du Milanais ))our creer les Marcites. Le procédé milanais pourrait s’appliquer dans beaucoup de contrées situées au pied de hautes montagnes ou de [daleaux qui emmagasinenl, puis laissent íilti'er les pluies et les neiges. Toutefois, il faut que la nappe souterraine soit ahondante et que sa profondeui' ne dépasse pas 4 métres. Les f'ontaniles (fontanüi, en ilalien) s’obtiennent en creusant le soljusqu’a la nappe liquide, et en conduisant les eaux jusqu’au niveau de la plaine inférieure a l’aide d’une tranchée. Pour que Lirrigation soit possible, il faut nécessairement que cette plaine soit á un niveau convena­ ble et qu’elle ait une pente sufíisante. Les points oü se trouventles sources sereconnaissentá des suintemcntset a la présence de certaines plantes. En chacun de ces points, on creuse le sol jusqu’a ce qu’on ait bien dógagé le surgeon. Puis, on le coiH'e d’un tonneau sans fond soigneuscment cerclé. Le tonneau est enfoncé jusqu’á ce que son bord supérieur no dépasse que de 7 á 8 centimétres le niveau de Pean. Celle-ci s’écoule en dehors par une échancrui'e qui a élé ménagée a cet efl'el. Les parois du tonneau cmpéclient la vase et la Ierre d’obstruer la source. Chacun des surgeons ayant été ainsi traité, leurs eaux se réunissent dans la vaste cavité au fond de laquelle surgissent les sources. Cette cavité, qui forme la télc de f'ontaine du fontanile, a une forme ¡l■réguli('l'e qui se rapprocbe en


moyens

De

se procurer de l ’ eau.

no

plan (le celle d’une poire, dont la (jueue représente le canal d’évacuaüon des eaux. La longueur de la tete de fontainc varíe entre 80 et 100 mélres; sa largeur entre 10 et 40 métres. Le déhit des fontaniles est variable; il dépend des conditions métóorologicjues. Le voisinage de granéis canaux, sitúes a un niveau su[)érieur, l’augmente. On cite des fontaniles qui débitent jusqu’a 18 et 24000 litros d’eau a la minute. Le procédé des fontaniles pourrait s’appliquer á Cjuelques-unes de nos régions clu centre oá les sources, quoi([ue inoins fréeiuentes que dans le Milanais, sont cependant assez nombreuses. Lorsqu’elles sont espacées, au lieu de les reunir dans une téte de fontaine, on pourrait conduire leurs eaux, a l’aide de conduites, dans un bassin de réception. On peut évidemment substitucr au tonneau un récipient cylindrique en fer ou en bélon. Les travaux de captagc des sources consistent, en général, á dégager les veines qui contiennent l’eau des matériaux rpii les obstruent, sables et pierres, á boucher a l ’aide de corroí argileux ou de ciinent les crevasses ou les vides dans lesquels se perdraient les eaux, puis á les réuniret ales conduire dans un récipient con venable. On améne les eaux d’un point á un autre á l’aide de fossés íi ciel ouvert ou de conduits soulerrains. On peut construiré ces derniers en maQonnerie. On peut aussi se servir de tuyaux de ciment ou de fonle. 11 faut avoir grand soin de ne pas laisser se produire dans la canalisation souterraine de solution de continuité, si petite qu’elle soit, surtout au voisinage des arbres. Les racines pénétreraient vite dans la conduite. Ellos y produiraient un chevelu abondant qui amenoraitdes obstructions. On éviteraavec soin, dans le parcours de la conduite, les coudes brusques qui aménent des pertes de charges. Les vallons des pays de montagne sont plus ou moins


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EMPLOI DE l ' e a U EN AGOlCULTUtlE.

riclies en sources, selon qu’ils sont domines par une étendue plus ou moins considéralile de versanls, surtout lorsque ceux-ci sonl boisés. üans les vallons du Limousin, il y a des sources nonabreuses el des mouillieres. Abandonnées, elles l'ornieraienldes marécages et seraient tres nuisibles, tandisque Fon peul en tirer un partí avantageux pour rirrigalion des terrains inférieurs. Vidalin (1) donno á leur sujet des conseils praüques. Nous croyons devoir les signaler, car ils ont une portée genérale. Si les sources ne sont pas apparenlcs, dil-il, Fliumidité e.xtréme des terrains, la mauvaise qualité de leur produit sont des signes caractérisliques de Fexistence de veines d’cau dans le sous-sol. On exécute alors les travaux suivants. Au moment de la sécheresse, on marque á Faide de piquéis les points les plus humides, puis on attend que les premieres pluics de Fautomno aient rendu aux eaux süutoi'i'aines leui' circulation nórmale. On trace alors sui' le sol l’emplacement qu’occuperont les l'ossés d’assainissement. Ceux-ci doivent partir des points oii s’est manifesté Fexcés d’bumiditó pour aboulir á un collecleur principal tracé dans le thalweg du terrain. On creuse ensuile les l'ossés en commonyant par los collccteurs ct en attaquant le poinl le plus bas pour remonler successivement jusqu’á cliacuii dos points sourciers. 11 i'aut suivro les lilets d’eau qu’on peni découvrir en crousant jusqu’á ce qu’on ait atteinl la veine-mére, aulant que possible. On doit creuser les Irancliées assez profondément pour toucher lo fond imperméable, ou lo roe dur. Dans un sous-sol argileux friable, il est bon d’aller jusqu’á 2 et 3 métres do profondeur pourvu que les eaux puissent atteindre le niveau oü elles doivent déboucher. Lorsqu’une tranchée coupe un íilon de terrain tres per(i) ViDAMN, P r a í i q u c des i r r ig n f i o n s .


MOYENS DE SE PROCURER DE L’EAU.

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méable, on en couvre le fond avec de la Ierre glaise. La pente des fossés doit etre réguliére. 11 faut qu'elle aille réguliérement en croissant, de maniere que la vitesse des eaux ne diminue en aucun cas. On empierre ces

fossés, en suivant les méthodes qui seront décrites plus loin pour l’établissement des drains en pierres séches. Les labours fournissent généralement en abondance les matériaux nécessaires. Le collecteur principal débouche, soit á la surface du sol, dans une rigole horizontale, soit dans un réservoir. Lorsque les sources sont apparentes, on creuse en chacun des points qu’elles occupent un petit bassin s (fig. 5), dont on forme la cliaussée á l’aide de la terre qui provienl des fouilles. Un tronc d’arbre évidé sert de buse á chacun de ces bassins pour le passage de l’eau sous la chaussée. Cctte buse aboutit á une rigole, a, et celle-ci conduit l’eau á un réservoir R de dimensión plus considérable, établi á un niveau inférieur qui réunit déjá les sources S,S,S d’anciens réservoirs et celle d’une mouillére M. Ce réservoir regoit ainsi, avec toutes R isler et W e r y . — Irrigations et drainage. 11


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

les eaux souterraines, les eaux d’égouttement des terrains supérieurs. II peut mettre á la disposition des cultivateurs des ressources assez importantes pour l’irrigation ; r, r représentent une. rigole d’irrigation et v, v figurent des rigoles de déversement. Vidalin donne d’utiles instructions sur Fétablissement des petits réservoirs alimentés par des sources, tels qu’on peut les installer dans les pays de montagne. On commence par tracer á l’aide de piquets Femplacement du réservoir. La chaussée doit avoir une forme légérement convexe vers l’intérieur du bassin, afín de pouvoir mieux résister á la pression de l’eau. Le dessin de l’ouvrage étant arrété, on dégazonne le terrain en /0“ 20\ íormant des briquettes aussi larges que possible ( q^V q )• Elles sont mises de cóté pour servir au revétement. Puis on commence les fouilles pour Templacement de la chaussée. Elles sont descendues sensiblement (1 métre) au-dessous du plafond du réservoir. On les corroie tres soigneusement pour éviter les iníiltrations. C’est Fouvrier le plus habile de Féquipe qui est cliargé de ce travail. Une damette á la main, de solides sabots au pied, il parcourt les fouilles de fondations en tassant énergiquement la terre que lui envoientses aides. Cette terre est choisie dans la partie des excavations oü elle est la plus grasse. Les fondations ayant atteint le niveau du plafond du réservoir, on dispose au-dessus la buse qui servirá á Fécoulement des eaux. Ce n’est autre chose qu’un tronc d’arbre de 6 á 8 métres de long, de l “ ,aO de diamétre, creusé, et percé á une extrémité d’un trou carré, de 1 décimétre carré au plus, qui sert de trou de bonde. Afin que la terre ne soit pas aíl'ouillée sous Foriflce de sortie des eaUx, on la reCouvre de planches de peu de valeur et résistantes a Feau, telles que des planches d’aulne. On continué á élever le corroi jusque vers la hauteur


■ MOYENS DE SE PROCURER DE L’EAU.

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(le la chaussée, puis on procede au revétement. Du colé de l’eau, on emploie. les pierres extraites des t'ouilles, et lorsqu’elles ont épuisées, les briquettesde gazon. Du colé extérieur, on se ser! des matériaux de moindre valeur. Du cóté de l’eau, la pente, du revétement est á peu prés 0,3 de base pour 1 de liauteur; du cóté extérieur, 1,3 de base pour 1 de liauteur. On doit soigner particuliérement la fa(;on de la partie de corroí qui est en contad avec Teau. La profondeur du réservoir doit atteindre 1“ ,80 ou 2 métres, mais ne pas dépasser cette limite. La pression de l’eau pourrait refouler les eaux dans les reines des sources et nuire, par conséquent, á leur débit. 11 est difflcile de déterminer a p'iori quelle doit étre la capacité de l’un de ces petits réservoirs. Y'idalin donne la régle pralique suivante : un réservoir est trop petit, s'il déborde en moins de deux jours; ilest trop grand, s’il n’est pas plein en quatre jours durant rhiver et le ¡irintemps, alors que Ies sources sont dans toute leur pulssance. Le réservoir qui s’emplit alors en trois jours est dans les meilleures conditions possibles de bonne utilisation de l’eau. Mieux vaut d’ailleurs construiré un réservoir trop petit cjue trop grand. Ilest toujours l'acile de lagrandir. Pourqu’un réservoir reste en bon état, ildoit étre l’objet d’un entretien particulier. Chaqué ibis qu'on le vido, il faut le racler avec soin pour enlever les boues, les feuilles mortes, les algues qui poussent sur les bords, etc. Tous les trois ou ([uatre ans, on doit en outre le curer á i'ond. Sans ces précautions, les sources qui ralimentent pourraient étre aveuglées. Pendant Peté, il faut absolument éviter qu'il reste k sec. Les rayons du soleil fendilleraient les parois, les souris, taupes, etc., y causeraient des dégats. Enfm, des miasmes dangereux, origine de íiévres, s’en dégageraient.


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EMPLOI DE L ’EAU EN AGRICULTURE.

EA U X D E P L U I E

Etangs et grands réservoirs. Les eaux de pluie, lorsqu’elles coulent sur des terrains suffisamment imperméables, pourvus d’une certaine pente, peuvent fournir á Tirrigalion des ressources considérables. On les réunit dans des étangs ou dans de grands réservoirs. Ceux-ci oíTrent une eau riche en inatiéresfertilisantes, quis’amóliore encore duran! son séjour dans le bassin. Leur propriétaire jouit d’un avantage précieux sur le riverain des riviéres ou des ruisseaux', c’est qu'il es! lé maüre de sa provisión d’eau, qu’il peu! en user comme bon lui semble. On doit nalurellemen! s’elTorcer de recueillir la plus grande quanlüé d’eaux pluviales possible. Aussi impor!e-í-il d’exécuter des Iravaux dans ce bu!. 11 fau! couvrir les Ierres qui Iburnissen! les eaux plu­ viales d’un réseau de Ibssés. Les collecteurs, Iracés suivan! la plus grande penle, aulan! qu’on le peu!, reQoiven! les (•on!ributions de fossés plus peülsqui sillonnení le sol e! qui son! d’au!an! plus rapprochés que la quanlüé d’eau á recueillir es! plus considérable. Les collecleurs abouüssen! dans le réservoir. L ’emplacement qu’on choisi! pour y élablir un réser­ voir doi! é!re !el,en premier lieu, qu’il corresponde á un bassin capable de remplir le réservoir. En oulre, il fau! : qu’il soi! süué assez hau! alin que le réservoir puisse envoyer ses eaux sur le lerrain qubii veu! Iransibrmer en prairie irriguée; que le sol soi! aussi imperméable que possible ; qu’il soi! !el que le réservoir présenle le moindre développemen! de dignes pour la plus grande surface possible; qu’il y ai! assez de ierre e! de matériaux á proximüé pour conslruire la digne.


EAUX DE PLÜIE.

18S

Le choix de remplacement du réservoir est (oujours Irés délicat et demande beaucoup de sagacité. On peut estimer á 50 p. 100 de la hauteur de la pluie qui tombe chaqué année dans la región, la hauteur de la couche d’eau que Fon pourra recueillir; le reste est perdu par évaporation et par infiltration. 11 est clair que ce n’est lá qu’une appréciation grossiérement approxiniative. On évaluera done la quantité d’eau que con­ liendra le réservoir au produit de la moitié de la hauteur de l’eau tombée sur le] bassin d’alimentation par la surface de ce bassin. Quant k l’étendue des prés que le réservoir permetlra d’irriguer, on l’appréciera en admettantqu’il fauteompter a peu prés 250 métres cubes par hectare et par arrosage, en utilisant l’eau des colalures. Cela donne pour les cinq ou six arrosages annuels unvolume de 2 000 métres cubes par hectare de prairie. Mais la quantité d’eau nécessaire á l’arrosage est variable avec le climat, le sol et le genre d’irrigation. Laprofondeurdu réservoir ne doit pas dépasser 5metros. S’il était nécessaire d’emmagasiner davantage d’eau, mieux vaudrait établir plusieurs bassins. Párelo, qui a construit plusieurs grands réservoirs, a donné d’excellentesindications aleur sujet dans son livre II Irrigation et assainissement des Ierres ». Nous nous en inspirons dans les détails qui suivent. C’est la construction de la digue entourant le réservoir et maintenant les eaux qui doit naturellement deinander le plus de soins. 11 est avantageux de réduire son périmétre au minimum en clioisissant un emplacemenl tel que les terrains environnants forment deja une parlie de laceinture du bassin. Dans les pays de monlagnes, les coteaux ra|iprocliés permeltent de l'aire des digues de peu do longueur. Mais le réservoir doit étre tres profondpour renfermer un cul)e d’eau de quelque importance. Dans les pays de plaines,


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EMPLOI D E .L ’EAU EN AGRICÜLTURE.

c’est Tinverse. Les digues sont longues; la profondeur faible. Entre ces deux extremes se placent Ies pays de collines : ce sont les plus avantageuxpourlacréation des réservoirs daris les vallées. Dans tous les cas, on s’efforcera de diminuer le plus que Ton pourra le développement de la digue. On la trace avec le niveau. Elle peut étre construile soit en maeonnerie, soit en terre. Los digues en Ierre sont les plus recommandables au point de vue de réconomie et de la simplicité de leur établissement. Elles sont tres solides quand elles sont bien construites et elles suffisent á contenir des masSes d’eau relativement considérables. La direclion de l’ouvrage étant arretée, á chaqué proííl en Iravers on place quatre piquéis : deux donnent les areles de la chaussée; les deux autres, les pieds des talus. Les l'ondalions de la digue doivent alteindre autantque possible le sous-sol impermeable ; celles du milieu de l’ouvrage sont de 1 mélre plus profondes. Jamais elles ne sont élablies sur une surface plañe, mais sur une surface raboteuse, obtenue á coups de pioche donnés en travers de la direction de la digue. La terre qui sert á former la digue doit avoir été dressée soigneusement et damée avec des demoiselles. On doit rejeter les gazons etles pierres. Ces matériaux ne servent qu’au revétement. II est mauvais de prendre la Ierre dans l’intérieur des réseryoirs. On doit la prendre sur quelque mamelón du voisinage. La digue prend au sommet une largeur de 1 “ ,S0 a 2 métres. Elle doit dépasser de 0™,70 environ le niveau de l’eau pour des réservoirs qui ne dépassent pas 3 a 7 hectares. II est prudent de lui donner en son milieu plus de hauteur qu’á ses exlrémités. L ’eau qui s’échapperait causerait, la, plus de dégáts qu’aux extrémités oü la hauteur de chute est faible. II faut prévoir, en général, un tassementde 5-.


EAUX DE PLDIE.

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Le lalus extérieur représente une ligne clroite avec une pente de 1 ou 1 3/4 de base pour 1 de hauteur, suivan la nature des Ierres. La penLe du talus intérieur est indépendante de la nature des Ierres ou á peu prés. Párelo place sa naissance a une dislance de la projecüon verticale de la créle du liaut, égale ala hauteur h de la digue mullipliée par 2,80. En tliéoric, le talus doit aíTecter une forme légérement concave. G’est une parahole dont le parametre est égal á la hauteur de la digue au-dessus de la base divisée par 2,80. En pratique, on le trace suivant une ligne droite. C’est l’eau elle-méme qui, peu á peu, lui donnesaformeréelle. La digue étant achevée, on revét les talus des gazons que Ton a enlevés sur son emplacement et dans le voisinage; au besoin, on en sémc. G’est une mauvaise chose que de plantel’ des nrbres sur le talus extérieur, les racines aménent des iníillrations. On peut plaiiter sur le couronnement une bale d’épine blanche ou de grandsajoncs pour empécher les moutons de s’y promener et de causer des dégradations. 11 est recom mandable de faire une plantalion de peupliers en dehors du talus extérieur. On obtient ainsi un rideau d’arbres qui protege, en été, contre les émanations qui peuvent s’échapper de l’étang. On ne doit uliliser le réservoir que six mois au moins aprés sa construction. Les réservoirs se complétent par l’établissement de déversoirs et de bondes ou vannes. Les déversoirs permellent aux eaux de s’écouler librement lorsqu’elles alteignent lo niveau au-dessus duquel elles compromettraient la solidité de la digue. C’est á Laido d'une buse aboulissant á une bonde ou k une vanne que l’on vide le réservoir pour envoyer les eaux sur les Ierres á irriguer. Les déversoirs sont construits on pierres, en briques, en bois, en clayonnage ou en gazon. C’est le gazon qui


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

constitiie le malériel le plus économique et le plus con venable. Les déversoirs sont placés aux extrémités de la digne, vers ses points de raccordement avec le terrain naturel, la oü la liauleur de chute est la plus faible. lis sont placés á 0“ ,70 environ au-dessous du sommet de la digue. On leur donne 3 a 4 métres de largeur. Les eaux qu’ils laissent échapper se réunissent dans un fossé qui longe le talus extérieur. Puis elles se rendent dans le grand fossé de colature qui est établi dans le thahveg de la vallée. Lorsque les eaux qui constituent ainsi le trop-plein de rhiver doivent servir á Firrigation, on les envoie dans le canal d’amenée qui part de la bonde. Une vanne spécialement aífectée á cet objet permet d'interrompre ou d’établir la communication. Les bondes et les vannes de prise d’eau ainsi que les buses ou conduites qu’elles ouvrent et qu’elles ferment alternativement, sont des ouvrages tres importants et tres difficiles á bien établir. Le conduit qui traverse la digue peut étre en bois ou en ma^onnerie. Dans les réservoirs de faibles dimensions on se sert d’un tronc d’arbre creusé. Des que le bassin a quelque importance, il faut établir ce conduit avec des madriers ou des pierres ou des briques. Dans tous les cas, on fera bien de disposer á sa surface extérieure des tasseaux qui interrompront la continuité des infdtrations et qui éviteront ainsi des dégradations graves. On a imaginé diíférents systémes d’ouverture et de í'ermeture de la buse. L ’un des plus recommandables nous parait étre celui qu’il est indiqué par Pareto el que représente la figure 6 . 11 comporte un bondon en bois de charme couvert de peau de buffle. Ce bondon est mú á Faide d’une tige de bois. Celle-ci est guidée et soutenue par une forte charpente engagée á sa partie inférieure dans les murs de souténement qui entourenl la bonde. Le sommet de la tige est terminé par une vis portant deux écrous placés Fun au-dessus de Fautro et


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EAUX DE PLUIE.

que Ton peut mana'uvrer á l’aide d’une clef. Le premier écrou sert á ouvrir, le second a fermer la Donde. On regle l’écoulement suivant les besoins de rirrigation. Un pelit poní íixe permet d’accéder du sommet de la digue a l’endrolt oñ se manceuvre la Donde. Ce systeme de fermeture ainsi que les différents agencements qui sont décrlts dans les traités spéciaux sont déja anciens. Les procédés de construction inoderne,

Fig. 6. — Coupe d’une digue. d’élang, de la buse et de la bonde (systeme Párelo).

Lemploi des tuyaux de fonte et des vannes mótalliques á glissiéres permeltent aujourd’hui d’assurer la vidange des réservoirs d’une maniere plus simple et plus en rapport avec les Desoins de l’irrigation. Quel que soit le systeme employé, il est Don de disposer a la sortie de la bonde un petit réservoir. 11 reqoit le cremier choc de l’eau, diininue la vitesse acquise de celle-ci et empéche le ravineinent. Onpeut avantageusement substituer lesiphon de t'onte ou de tóle Di turné á la bonde ou a la vanne. La branche horizontale du siplion traverso la digue. Elle est disposée au niveau que l’on doit atteindre dans le réservoir et non pas dépasser. La petite branche plonge dans Tétang, la 11.


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EMPLOI D E .L ’EAU EN AGRICÜLTURE.

grande est entourée k son extrémité d’un vase de ü á 6 centimetres de profondeur. Le siphon ainsi agencé s’amorce seul et continué á couler jusqu’á ce que le niveaudel’eau dans le réservoir soitdescendu au-dessous de rextrérnité de la petite branche. L ’eau remplil le vase dans lequel plonge la grande branche et de la s’écoule dans le canal disposé á cet eíTet. Le petit récipient plein d’eau a pour eflet ddnlercepter la communication du siphon avec l’air extérieur. Sans cette précaulion, 1‘air pénétrerait dans le siphon el empécherait l’amonjage de se produire. Pour se conserver en bon élat les réservoirs et les étangs doivent étre l’objet desoins particuliers. Le curage compLe parmi les plus nécessaires. On cure les étangs et les réservoirs á des intervalles plus ou moins rapprochés, suivant que les eaux déposent plus ou moins. C’est á cette condilion seuleinent qu’ils conservent leur profondeur. Les boues que Pon retire constiluent d’ailleurs un bon engrais. 11 faut veiller aux moindres fissures qui peuvent se produire dans la digue, surtout pendant les premiers mois qui suivent sa construction'. On doit les réparer immédiatement. Ces fissures ne se produisent plus que rarement aprés que les gazons se sont bien développés surle lalus extérieur etsurla crétedela digue. C’est une bonne chose que de lapisser le haut du lalus intérieur avec des fascines maintenues á l’aide de piquéis. Elles amortissentle choc des vagues qui peut endommager gravement la chaussée. E A U X D E D R A IN A G E

Les eaux de drainage sont d’aulantplus précieusespour rirrigation qu’elles conliennent, coinme nous l'avons vu, des quantités notables d’acide nitrique et de chaux. Chaqué fois que la disposition des lieux permet de les utiliser pour irriguer des terrains inférieurs, il ne faut


EAUX DES RIVIÉRES ET DES RUISSEA.UX.

Igl

pas négligerde le faire. On doU s’eirorcer, quand cela est possible, de les réunirdansun réservoirpourles employer au temps de la sécheresse. EAUX D E S R IV IE R E S ET D E S R U I S S E A U X

/

f-_

Elles consLituent avec les eaux des canaux d’iiTÍgation les principales ressources de Tirrigation. Mals les riverains ne peuvent généralement pas en disposer á leur enliére volonté. lis son! tenus de respecter les droits des usagers. El des reglemenls spéciaux, qui organisent la jouissance de ces eaux, inlerviennent le plus souvent. Sauf de rares exceptions, les rivieres el les ruisseaux occupenl les parties basses des vallées. lis ne pourraient done servir immédiatement á l’arrosage de leurs rives que si on élevait leurs eaux á l’aide de machines. El cela se fait quelquefois. Mais c’est un procédé qui est relativement onéreux. Généralement, oii irrigue avec les eaux de la riviére dérivée en amont du terrain qu’il s’agit d'arroser. On conduit ces eaux á l’aide d'un canal a tres faible pente jusqu’á la ligue de faite des terrains a arroser sur lesquels elles descendent par reíTet de leur propre poids. Le canal, dontla direction est á peupréshorizontale,contourne les obstarles ou les traverse, soil en remblai, soit en déblai. La riviére continué á descendre dans la vallée. La zone qui se Irouve ainsi placée, entre le canal, situé en baúl, et la riviére qui serpente en bas, peut étre arrosée. La riviére ou le ruisseau qui limite en bas cette zone se trouve naturellement en position de recevoir les eaux en excés. La dérivalion d’un cours d’eau comporte essentiellemenl Irois ouvrages : un barrage, un systéme de vannes et un canal de dérivalion. Le barrage est établi en travers du cours d’eau, en aval de la prise d’eau, á un endroit ofi les rives sont le plus


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EMPLOI DE L ’EAU EN AGRICULTURE.

rapprochées. 11 suréléve les eaux et les oblige á s’engager dans le canal de dérivation. La construction des barrages dépend de Timporlance du cours d’eau qu’il s’agit de dériver. Poui- un simple ruisseau Topéralion est des plus fáciles. Quelques grosses pierres et des trenes d’arbre Fig, 7. — Barrage rustique d’un ruisseau. sul'fisent pour étaCoupe suivaiit AB. bllr á peu de frais et sans ouvriers spéciau.x des barrages tres résistants. Les figures 7 et 8 , reproduites d’aprés Vidalin (1), montrent

OM O.dO 0.9,0 0,10 0,00 Fig. 8. — Barrage rustique ¡(Fun ruisseau.

l’agencement de l’un de ces barrages rustiques. 11 convient toujours de protéger par un radier en bois ou en (1) V. Vidalin, P ra iiq u e des irrig a iio n s cti [France et - en A lgérie, París, 1874.


EAUX DES RIVIÉRES ET DES RUISSEAÜX.

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pierre, ou par de simples enrochements, la partie aval du barragc. On évite ainsi les dégats qu’aménerait le ravinement des eaux lors d’une forte crue. Charpenlier de Cossigny décrit un barrage á chevalets, qui se rencontre assez fréquemment dans le sud de la France. Pour Fétablir, on fixe en travers du lit déla riviére une série de chevalets, tels qu’ils sont rel)i’ésentés de profil par la figure 9 et de lace par la fi­ gure 10 oíi A repré­ sente un pieu de Fig. 9. — Barrageen chevalets, vu ie pi'oíil. forte taille, incliné, et G, C des contre-fiches. Sur ces chevalets, on cloue un platelage en madriers sur lequel on jette, á l’amont, des fascines et des graviers. A l’aval, on garantit le pied de Fouvrage conlre les aífouillements, á l’aide d'un enro chement maintenu par quelques piquéis. Les harrages importants sont construits en pierres ou en héton. On commence par établir en quelque sorte la carcasse du barrage. Profitant de l’époque de Paniiée oü la riviére conticnt le moins d’eau, on bat en travers une série de solides piquéis dont les extrémités supérieures dessinent le Fig. 10. — Bju’- profil en travers du barrage. Ces ])ieux rages en chcsont relies les uns aux autres dans les valels.chevalet deux sens par des moisés. Entre eux, on YQ de lace. enfonco des palplanches ( 1 ). La charpente étant terminée, on remplit les vides de cailloux et de pierres, puis on comble les interstices avec du gravier et de la terre. On recouvre la partie supérieure du barrage, soit avec un planchee en charpente, (i) Chaiu‘emieu de Cossigny, A^o(ío 71s su r les irrig a tions appliguees a u x ierres en cu ltu re, a tix ja r d in s et a u x p ra irie s, 1874.


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTQRE.

soit avec des moellons k forte queue qui forment une sorte de pavage entre les moisés ( 1 ). Cette consiruction nécessite une assez grande quantité de bois de choix, et elle ne résiste pas a l’action dii temps. La chaux hydraulique permet de constituer un bon béton avec lequel on peut faire d’excellents barrages. On commence par en établir la carcasse, coinme il vient d’étre dit, mais il faut employer des bois plus

i i , — Vanne (plan).

légers et de moindre qualité; puis conlre les palplanches on superpose, á la fa50 n des bouteilles empilées en tas, une rangée de sacs grossiers remplis de béton. Ce béton ne tarde pas a prendre. Los sacs se soudent et forment ainsi une solide muraille. On achéve le barrage en remplissant avec du béton Fintervalle limité parcelte mu­ raille. La face supérieure du barrage est garantie conti'e l’action de l’eau par un revétement posé á bain de mortier hydraulique. On peut employer pour constituer ce (1) CiLARPENTiER DE CossiGNY, Lcs irvigations appliquées, 1874.


EAUX DES RIVIÉRES ET DES RÜISSEAUX.

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revétement, des dalles, des moellons ou des briques posees de champ. Les vannes placées á Tenlrée du canal complétent l’ensemble des ouvrages de dérivation. II y a un nombre considérable de modeles de vannes, depuis les plus grandes, qui s’appliquent aux canaux, jusqu’aux plus petites que Ton emploie pour ouvrir ou fermer les rigoles d’irrigation. En principe, une vanne

comporte un seuil horizontal qui occupe le fond de Leau, et deux montants verticauxcontre lesquels glisse la ventelle. Le seuil et les montants sont établis en bois ou en pierre. La ventelle constitue la partie active de l’ouvrage. Elle est mué : soit par la main de Thomme, directement; soit, par Fintermédiaire d’un mécanisme, levier ou crémailliere, avec roue dentée et manivelle, quand elle atteint une certaine dimensión. L ’amont et l’aval de la vanne, des qu’elle livre passage á une quantilé d’eau importante, doivent étro protégés contre les affouillements par un fort planclier ou par un radier en ma^onnerio. Dans les sois peu résistants et dans les ouvrages bien


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EMPLOI DE L’EAU EN AGRICULTURE.

faits, on drague jusqu’au terrain solide a remplacement de l’ouvrage. On bal en ti’avers de la riviére une rangée de pieux sur laquelle repose la vanne. El de chaqué cOté de cette premiére charpente, on coule de forts empatements de héton. Les ligures 1 1 et 1 2 représentent un modele de vanne ordinaire. Les figures 13 et 14 représentent Ja petite

Kig. IJ. — Peüle vanne pour rigoles d’irrigaüon. a, face oú sont rivées les poignées; b, face oú sont rivécs les piéces de renforl; c, coupe agrandie de la partie sunérieure et de la comiere de renfort.

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Fig. 14. — La meme placée dans la rigole.

vanne, d’un usage tres pratique, construí te en fer, que Ton emploie pour ouvrir ou fermer les rigoles d’irrigation. La figure 14 inontre que cette vanne est maintenue fixe á l’aide de deux pierres disposées en aval; on pourrait remplacer ces pierres par des piquéis en hois. Quant au canal de dérivaliun, appelé aussi canal d'amenée ou canal d'alimentalion, il s’ainorce su r le rours d’eau un peu au-dessus du harrage. Ouvert ou fermé par une vanne, il doit suivre dans son tracé la partie supérieure du terrain et présenter le plus de relie!'possihle. Le lecteur trouvera pages 217 et suivantes les regles qui guident son ótahlissement.


CANAUX D’IRRIGATION.

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C A N A U X D’IR R I G A T I O N

Les grands canaux d’iiTigation ne peuvent guére étre exécutés que par l’État ou par des collectivitéscommeles déparl.ements. Ces travaux flnissent par doiiner de beaux revenus, mais k si long terme que les particuliers, niéme conslitués en Compagnies, ne peuvent attendre les résultats de l’opération. L ’État peut poursuivre des c e u vres de longue haleine. II est d’autant plus intéressé á celles-ci, qu’elles augmentent peu ápeula richesse du sol et, par conséquent, le produit des impóts. II doit done nalurellement supporter les pertes que donne dans les pre­ mieres années un canal d’irrigation. Et, c’est Tune de ses missions essentiellesque de doter le pays d’unréseau de canaux qui soit largement sufíisant pour assurer les besoins des agriculteurs. L’ltalie l’a compris de tout temps. Les grandes familles qui jouaient auh’efois le róle de gouvernants ont donné le premier exemple. Le gouvernement a continué. 11 a largement développé leur muvre. Pour les liuit provinces du Piémont et de la Lombardie, dont la superficie totale est moindre que celle de six départements franqais, les canaux et leur dérivation donnent en tout un débit de plus de 800 mélres cubes par seconde. lis arrosent plus de 1 100 000 lieclares ( 1 ). Nous restons bien loin de compte en France. Les principaux canaux d’irrigation sont, en France, ceux de la Brillaune (Oasses-Alpes); de Gap et du Ponldu-Fossé (Hautes-Alpes); de la Vésubie et de la Siugno (Alpes-iMaritimes); de Cuxac-Lespignan et de Raonel (Aude) ; de Peyrolle, de Marseille, de Craponne, des Alpines et du Verdón (Bouches-du-llhóne) ; de la Bonrne (Dróme); de Beaucaire (Gard); de Sainl-Martory (Haute( 1) IIkiusson, Rapport su r les irrig a ü o n s de la vallée du P ó , in Annales de rinstiliit nalional agronoinique, lome VI. París, 1883.


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EMPLOl DE L EA.Ü EN AGRICULTURE.

Garonne); du Forez (Loire) ; du Lngoin (Basses-Pyrénées); de Las-Canals (Pyrénées-Orientales); de Pierrelatte, de Cíirpentras, de Saint-Julien et de Crillon (Vaucluse). 11 y aurait un proíit considerable a posséder davantage de grands canaux d’irrigation. Maisilfaut avouer que les populalions intéressées ne mettent pas beaucoup de zfde a proíiter de la richesse qui est á leur portée. Vers 18931894, sur les 245 641 heclares qui reprósentaient en bloc la superficie arrosable par ces 22 canaux, 51122 hectares seulement, soit a peu prés 20 p. 100, étaient arrosés. Si les canaux de Gap, de Carpentras et de SaintJulien arrosaient eíl'ectivement 2 454, 2 646 et 3 628 hectares pour des surfaces arrosables respectivas de 4000, 5 450 et 4 703 hectares, les canaux de Craponne, du Verdón, de Saint-Marlory, du Lagoin n’arrosaient que 9 500, 2180, 2 224, et 76 hectai’es, alors qu’ils pourraient porter la fertilité respectivement sur 40 000, 34 790, 32 344 et 5000 hectares. On est done loin de tirer tout le partí qu’on pourrait altendre de ce réseau de canaux d’irrigation qui a coúté plus de 150 millions de franes. Pour quelles raisons? Le pi'ix de vente de l’eau est souvent trop élevé. Puis les cultivateurs, insuffisamment instruits des bienfaits de Parrosage, hésitent á faire les avances assez fortes que nécessite Paménagement du sol en vue de Pirrigation, ou ils en sont incapables. L ’aide pécuniaire fournieparle Crédit agricole, Paide technique prétée par PEtat, comino cela se faít en Allemagne et dans d’autres pays, remédieront á cet état de choses. La construction des canaux d’irrigation appartient ii PÉtat, aux départements intéressés et aux grands syndicats. D is trib u tio n de l’ eau. P a r tite u r s . M o d u le s . — La distribution de Peau aux usagers se fait au moyen d’appareils múltiples, qui varient avec les diíTérentspays etauxquels nous ne pouvons consacrer que quelques ligues.


CANAUX D’IRRIGATION.

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On les designe sous le noni de pariitcurs et modules. Les uns sont fixes; ils opei-ent des partages proportionnels suivant des regles immuables. Les aulres sont mobiles; ils pennettent de faire varier á volonté la réparlition. Les parliteurs .íixes les plus simples consistent en inassifs de maQonnerie que Ton dispose xerticalement dans une parlie réguliere du canal, á un endroit oü la seclion est ma(;onnée; ees petits murs sont terminés du cóté de Fainont par un bec triangulaire ou arrondi. Un inassif place au milieu du lit divise le débit du canal en deux parlies égales. Deux de ces inassil's le fractionneront en trois. lis sontalors disposés de telle sorte que leur écartemcnt ticnne compte des remous et des contractions qui peuvent influer sur le cours d’eau. Les déversoirs fournissent une quantité d’eau qui est fonclion de la longueur de leur senil. Le calcul permet de les diviser de telle sorte qu’ils partagent le débit dans des proportions qui soient indépendantes des variations d’épaisseur de la lame d’eau. Les barrages en aiguUles, employés en Espagne depuis le temps des Maures, peuvent diviser l’eau dans un rapport quclconque íixe ou variable. II en est de méme du partileur d'Elche (Espagne), qui a pour organe principal une sorte de bec mobile qui tourne autour d’un axe vertical íixe, situé á i’extrémité d’amont d’un massif de maconnerie semblable á celui que nous avons décrit tout á l’heure. En Italie, depuis le xvi“ siécle, on se sert, pour obtenir des débits constants, d’appareils connus sous le nom de modules. Leur principe est le suivant : amener l’eau du canal dans un réservoir, oü elle est maintenue á un niveau constant au-dessus d’un orilice de sortie de dimensions déterminées. Des loes, l’eau s’écoule par cet oriíice avec la méme vitesse et son débit ne varié pas. Le réservoir communique avec le canal par une ouverture qui est fermée par une vanne. Cetle vanne est manceuvrée de temps á autre par un employé, de telle


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EMPLOI DE L ’EAU EN AGRICULTURE.

sorte que le niveau de l’eau dans le réservoir reste le niéme quelles que soient les variations du niveau de l’eau dans le canal. Les dimensions de l’appareil, celles de la bouche de sortie, el par conséquent le débil, varient avec les provinces de la péninsule. Dans le Milanais, l’once d’eau, servant d’unité pour les irrigations, correspond á la quantité d’eau qui coule librement par une bouche rectangulaire ayant 0™,20 de hauteur uniforme et 0 “ ,lb de largeur, sous une pression constante de 0™ ,10 sur le bord supérieur de rorifice. Pour obtenir un débil de plusieurs onces, on augmente la largeur de l’orifice d’écoulement en mainlenant la hauteur, mais en réalité, on obtient ainsi un débit supé­ rieur, puisqu’on supprime le frottement sur los cOtés du rectangle qui forme l’orifice de sortie. C’est la le défaut du module i tallen. En France, il existe un grand nombre de types divers d’appareils, qui ont pour but de diviser l’eau fournie par les canaux au prorala des dolations respectives. Pour les canaux de laBourne et de Pierrelatte, la parlie principale des appareils de jaugeage et de dérivation est constituée par une vanne appelée martelliére. Elle a élé construite de telle sorte qu’elle permette d’obtenir un débit constant, quelles que soient les variations du ni­ veau de l’eau dans le canal en amont ou en aval. Une fermeture de súreté met le sysléme á l’abri de la fraude. Le module adopté au canal du Forez se compose d’une vanne en fonte inclinée suivantle talus du canal. Elle est manoíuvrée a l’aide d’une vis mise en mouvement par des roues dentées placées dans une boite fermée á clef. Celte vanne ouvre ou ferme une buse qui conduit Pean dans une cuve dit cuve de jauge. L ’eau y perd sa vitesse et elle en sort vers la rigole par un déversoir do jauge. Ce déversoir, établi en minee paroi, est formé d’une plaque de tOle dans laquelle est dócoupée une ouverlure de section constante. |En faisant varier l’ouverture de


GENERALITES

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MÉTHODES D’IRRIGATION.

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la vanne jusqu’á raffleurement de l’eau a une certaine liauteur au-dessus dii déversoir, on obüent un débil déterininé. Des expériences préalables ont permis d’établir une table numérique de correspondance entre les liauteurs d’affleurement de l’eau sur la plaque de jauge el les débits. 11 suffit done au gardien du canal de inano3uvrer la vanne á Taide de la clef jusqu’á ce que l’éiDaisseur de la lame déversante, lúe sur une réglette placée á rintérieur de la cuve de jauge, corresponde bien au débil de la rigole. M A C H IN ES É L É V A T O IR E S

Lorsque l’eau est á un niveau inférieur á celui du íerrain qu’il s’agit d’arroser, on emploie des machines élévatoires. Pour l’élude descriptive el l’emploi de ces machines, nous renvoyons de lecteur á rouvrage de M. Coupan, qui fail partie de cette Encyclopédie (1).

TECHNIQÜE DE L’IRRIGATION G É N É R A L I T É S — M É T H O D E S D ’IR R IG A T IO N

i'On distingue deux genres disLinets d’irrigation. Dans le premier, l’eau demeure immobile ou elle ne s’écoule que tres lentement. Elle est maintenue á la surface du sol, sur une épaisseur plus ou moins grande, parde petites dignes; ou elle remplit des canaux réguliérement espa cés, qui divisen! le champ en longues bandes paralléles. Dans le second, au contraire, elle ruisselle en lame minee, plus ou moins vite, á la surface du sol. Au premier genre, se rattachent Virrigation par infiUration et Virrigation par submersion-, le second, sous le terme général d'irrigation (1) Machines agricoles par Goupan, ingénieur-agronome, répétiteur ü, I’Instilut naüonal agronomique.


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

par ruissellement, comprend Ies irrigations par rigoles horizontales, et les irrigaLions par ados ou planches. L’irrigaüon par infiltralion convient parliculiérement aux cultures labourées et maraichéres auxi[uelles peut aussi s’appliquer la méthode d’arrosage á l’aide des rigoles horizontales. On soumet souvent les prairies á la submersion. Mais c’est presque toujours au ruissellement á l’aide des rigoles horizontales, ou des ados, qu'on demande les arrosages intensifs que réclament les récoltes fourragéres. |Comme nous le répéterons plus loin, le choix k laire entre les rigoles horizontales et les ados dépend surtout de la pente du terrain. A partir de 2jjj p. 10 0 , on adopte la méthode des rigoles horizontales. C’est la plus simple et la plus économique. G’est aussi celle qui exige le moins d’eau. Avec moins de pente, il l'aut adopter la méthode des ados. Et il est alors nécqssaire de disposer d’une quantité d’eau plus considérable| L ’irrigation par ruissellement intéresse non seulement les hautes régions, et en particulier celles du centre et du nord de l’Europe, mais encore elle s’ajiplique presque exclusivement aux récoltes fourragéres ; c’est-a-dire a un produit agricole que le mouvement économique actuel place au premier rang. En outro, c'est des dilTérenls modos d'arrosage, celui dont la technique est la plus délicate et la plus compliquée. Pour ces divers motifs, nous lui consacrcrons plus d’espace qu’aux autres genres d’irrigation. Indépendamment des procédés spéciaux qu’elle emploie, rirrigation par ruissellement peut revétir deux formes distinctes. 1 “ Uirrigalion natureUe. —C’est la forme la plus simple la plus économique. On doitchercher á l’employer chaqué ibis ([ue c’est possihle. Elle s’appli(|ue aux terrains don lia surface et la pente sonttelles qu’elles permotlcntun arrosage régulier soit immédiatement aprés l’élablissement


GÉNÉRALITÉS — MÉTHODES D’IRRIGATION.

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des rigoles, soit aprés de tres l'aibles Iravaux de lerrasseinent. Les dépOts laissés par Ies eaux en s’éconlant, le produit des curages des l'ossés, donnent peu á peu au lerrain la forme réguliere qui convienl le mieux á Firrigaüon. 2 “ LHrrigation artificielle s’applique aux prairies dont la surface est irréguliére, etdont la pente est insufíisante pour permettre un arrosage régulier. Elle est précédée de travaux de terrassement assez importants qui ont pour but d’aplanir le sol et de creer des penles arülicielles. Parl'ois le terrain sera disposé en plans inclinés simples. Tantót ils seront accolés de maniere k former des toits de faible largeur appelés ados. Telles ont été construiles les prairies appelées marcilen de la Lombardie, celles du pays de Siegen et de Luneburg en Allemagne, les ])rairies de la Campine belge. Ce genre d’irrigation a donnó la plupart du lemps de bons resultáis. Mais il nécessite trop souvent des dépenses élevées. L ’liectare de prairie irriguée est revenu parl'ois á plus de 1200 francs, rien qu’en traxaux de terrassement. Ainsi que Fécrit le professeur Dunkelberg, 11 n’y a d’intérét á Femployer que lorsque ; 1 “ On posséde aux moments opportuns assez d’eau pour faire des arrosages intensifs; 2 “ L’assécliement du sol, consécutif a Firrigation, est assuré; 3“ Le sol est facile á travailler, le sous-sol perméable,. que le voisinage fournlt amplement les carrés de gazon nécessaires á la reconstitution ou á la créalion de la prairie, ou que la róussite des semis est certaine; 4“ Le proíit que Fon retire de cette amélioration est sul'lisant pour rémunérer les dépenses; 5“ On est súrdepouvoir entretenir avec soin la prairie. Enlin nous appellerons irrigationrationnelle, Vhr\ga.Vion établie suivant les principes que des 1833 Vincent, le célebre ingénieur agricole allemand, a lo premier posés-


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

et dóveloppés. II n’y a pas a priori de systéme d’ÚTigation qui convienne mieux qu’un aulre. 11 faut loujours approprier le mode d’arrosage a la forme du terrain, aux quanütés d’eau dont on dispose, aux condilions naturelles, en un mol, dans lesquelles on se trouve placé. On einploiera isolément ou simuUanément les' dill'érenls genres d’iiTigation suivant le cas. On donnera évidemment la préférence aux métliodes les plus simples, par­ lan! les plus économiques. Ce sont done les procédés do l’irrigaüon naturelle que Ton devra surtout clierclier á employer. Ldrrigalion arüíicielle n’interviendra que lorsqu’on ne pourra s’en passer. L’irrigation rationnelle ne suppose pas seulement l'appropriation parfaite du sysléme d’irrigalion ala forme du terrain. Elle veut encore que l'on apporle au sol les engrais qui sont nécessaires á sa production. Si l’eau est assez ahondante et assez riche en maliéres fertilisantes, c’est elle qui donne aux Ierres irriguées les engrais dont elles ont hesoin. On la distribue alors en tenant compte de sa teneur et de l’étendue de la surface arrosée. Si elle ne pout seule fournir aux récoltes les matériaux qu’elles exigen t, on complete son action ferlilisante gráce a l’emploi des engrais chimiques.

M É T H O D E S D ’IR R IG A T IO N A P P L I C A B L E S AUX T E R R E S LABOURABLES

Nous ne pouvons nous oceuper des cultures arroséos du midi de la France, de l’ltalie, de l’Espagne et de l’Afrique. Nous ne pouvons davantage tráiler de l’arrosage des jardins et des cultures maraicliéres ( 1 ). Nous croyons devoir consacrer á l’irrigation des prairies l’espace limité dont nous disposons. (1) Voir ii ce propos le volume que M. Léon Bussard a consacré, dans cettd Encyclopédie, au^ cultures maraichéres, page 75.


IRRIGATION APPLICABLE AUX IERRES LABOURABLES.

203

Les métliodes cFirrigation qui sont applicaliles aux ten-es labourables compreiinent: L ’arrosage par déversement á l'aide de rigoles horizontales. L ’arrosage par submersion. L ’arrosage á la raie ou par iníiltration. Nous retrouvei’ons les deux premieres á propos de rirrigation des prairies. Et ce que nous en dirons alors permettra de les appliquer, le cas échéant, aux diverses cultures. Comme Farrosage á la raie ne s’applique guére qu’aux Ierres labourables et aux cultures maraichéres, nous le décrirons immédiatement et nous n’y reviendrons pas.

IVIéthode d’irrigation par infíltration ou á la raie. Elle consiste á taire circuler Feau dans des rigoles paralléles. Ces petits canauxlimitent les étroites planches ou les billons qui portent les cultures. L ’eau penétre par iníiltration jusqu’aux racines. Normalement, elle ne doit toucher ni les feuilles, ni les tiges. Aussi emploie-t-on cette méthode pour Futilisation des eaux d’égout dans la culture maraicliére. Les eaux résiduaires laissent au sol les principes fertilisants dont elles sont chargées. Comme elles n’entrent en contact ni avec les feuilles, ni avec les tiges, elles ne peuvent contaminer cette partie des végétaux qui est destinée á Falimentaüon. 11 l'aut dire cependant que, durant ces derniéres années, á tort ou á raison, on a reproché aux eaux d’égout d’atteindre malgré tout les parties aériennes des légumes cultives dans leschamps d’épandage et d’y déposer les dangereux germes des maladies microbiennes. Quoi qu'il en soit, la méthode d’irrigation par iníiltration est celle quioíTre évidemment le plus de garanties lorsqu’il s’agit d’utiliser des eaux chargées de matiéres organiques et de microbes. R isler ct W erv . —Irrigalions et drainage, 12


206 .

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

Celte méüiode s*applique avec succés aux cultures de plantes telles que les betteraves, les pommes de terre, les divers légumes. Elle est d’autanl plus efíicace quedos

Fig. lo. — Irrigalion i la raie. — Disposilion des rigoles.

rales sont plus ra,pprochées. Celles-ci sont trácées á la charrue. Ellos sont éloignées de 0“ ,60 á0“ ,80de maniere

laU /

1

d .g

£

d

1

Fig. 16. — Ifi’igation íi la raie. — Disposilion des rigoles.

áfo.rmer, apréste buttage, les pétits sillons ou billohs sur Icsquels sont cultives Ies pommes de terre, le ma'is ou les betteraves. Les plantes potageres occupent de petites


IRRIGATION APPLICABI.E AUX IERRES LABOURABLES.

207

planches de 1“ ,50 á 2 mélres de largeur. Les rales sonl peu profondes, de maniere a p.ermettre aux eaux d'irrigaüon d’atteindre facilement la parlie acLive des racines. Les ligurcs lo et 16 montrent commenl est disposé le sol. La ligue <ib, íiguro lü, représenle le canal d’amenée ; ac, le canal d’arrosage du champ acK6 ; d, d, désignentles raies. Celles-ci n’aboulissentpas au canal uc. Les curages que nécessile le fonclionnement du sysléine détériorcraienl vite ce canal qui eslpermanent el qui doitétre tracé avec soin. Elles s’amorcent a une rigole auxiliaire ef qui est alimentée par le canal ac á l’aide des petites coupurcs désignées par la lettre g. Ce canal auxiliaire est tracé á la charrue ct terminé soigneusement á la pelle. 11 est large, et profond de 10 centimétres environ. Sa durée est limilée a celle de la culture. On irrigue le champ par parties plus ou moins considérables suivant laquanlité d’eau disponible. A cet eíTet, on place en i une vanne mobile et on ferme en g la rigole ef a l’aide d’un petit barrage en terre ou d’une vanne mobile. L ’eau arrive dans la rigole ef par les deux premieres coupures. De la elle penétre dans les raies, et arrose toule la partie abgh. Cette surface étant arrosée, on répéte la memo opération sur une surface voisine el ainsl de suite, jusqu’á ce que lout le champ soit arrosé. ,'Aíin d eviler les ravinements qui sont l’un des inconvénients de ce procédé d’irrigatio.n, si le terrain a une forte pente, on dispose les raies transversalement á la plus grande pente, parallélement a la rigole d’arrosage le (fig. 16).\Cette rigole est alors coupée de place en place par des rigoles secondaires de, de, f[ui d’abord tres largos (0“ ,b0) vont en s’amincissant vers rextrémilé. A l’aide de mancBuvres, que les explicalions précédentes et la figure 10 permettent de deviner, chaqué rigole de irrigue lout le terrain qui esta sa droile.


208

TECllNIQUE DE L’IRRIGATION. IR R IG A T IO N D E S P R A I R I E S

Les méüiodes que Fon peut employer pour arroser les prairies appartiennent, comme nousFavonsdit deja, ádeux types distincts : la submersion, ou le ruissellement. Nous signalerons en passant le procédé qui se rapproche du premier et qui consiste á refouler dans les canaux do desséchement les eaux qui égouUent des prairies a sol suffisamment permeable. Nous dirons quelcjues mots de Finondalion des prairies riveraines des cours d'eau sujets a des crues. Nous nous étendrons, avec les détails qu’il mérite, sur le ruissellement qui constitue Firrigation proprement dite et qui est le type d’arrosage le plus employé. On lui reconnait les deux formes distinctes que nous avons déja signalées ; La forme naturelle, lorsque la nature aide suffisamment a Finstallation de Farrosage. La conliguration et la pente du tei'rain sont telles qu’il sufíit de fairc ([uelques travanx d’appropriation et de tracer les rigoles de conduite des eaux pour réaliser Firrigation. L ’irrigation artificielle, au contraire, remanie le sol. Elle eíface les saillies, comble les creux, régularise les pentes ou en crée. Elle donne au terrain les formes qui conviennent le mieux au ruissellement, au prix de terrassements souvent importants et coúteux, Eníin, Virrigation ratiomielle, comme Vincent Fa appelée, vise au produit net. Elle s’elforce d’arroser les prés par Femploi des moyens les plus simples et les plus économiques possibles. Elle pose cetle regle, comme base fondamentale de Fart des irrigations, qu’il faut s’eíTorcer d’appliquerla métliode d’iri'igation (|ui convient le mieux aux circonstances : pente du sol, ([uantité et qualité des eaux et éviter autant que possible les transports de torre, en adaplant le plan de Firrigation au relie! naturel du sol. Elle appliquc done d’abord la métliode ([ui correspond le plus exactement á la nature des choses.


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

209

quitte á modiíier peu á peu le terrain. Et nous verrons que ce n’est pas difficile en employant á des remidáis les Ierres que í'ournissent les curages des canaux et des rigoles et en sachant utiliser les transformations parlielles qui s’accoinplissent chaqué année. L’irrigation ralionnelle établit en principe qu’il n’y a pas de systéme d’irrigation applicable a priori, inais qu’á chaqué circonstance particuliére doit correspondre un aménagement parliculier du terrain et des eaux, qui se rapproclie plus ou moins des diíl'érentes méthodes d’arrosage que nous allons décrire. D E SC R IP T IO N

DES DIF FE R EN T E S D’IR R IG A T IO N

METHODES

, — Humectation pendant la saison sache des prairies drainées á ciel ouvert. Lo procede le plus simple, le plus économique, pour

Fig. 17. — Disposition pour Iminecler un terrain drainé á ciel ouvert,

humecter en été un terrain drainé á l’aide de fossés 12

.


210

TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

ouverts b, b ; a, a, consiste á fermer ces canaux, au moment opportun, á leur débouché dans le collecteuc principal. La figure 17 montee la disposition des canaux et celle de lavanne dqui, lorsqu’elle est fermée, améne le refoulemenl de l’eau. L ’eau s’éléve de proche en proche dans les fossés et pénétre peu á peu dans le sol. En ouvrant la vanne, on délermine au contraire son écoulcment et rasséchement de la prairie. Ce procédé n’est réalisable que si le lerrain est assez permeable et s’il n’offre qu’une l'aible pente. 11 faut en eflet que, d’un cóté, l’eau puisse humecter le sol sans qu’il soit nécessaire d’élever beaucoup son niveau et que de l’autre, en cas de fortes pluies, au moment de la i'écolte, rasséchement puisse rapidement s’effectuer. En sol peu perméable, les résultats sont médiocres, l’eau s’éléve bien dans les rigoles mais elle ne parvient pas á s’infiltrersufíisammentdansle terrain. En somme, ce systéme est applicable surtout aux prés sitúes sur des sois permeables doués de peu de pente, exposés au soleil, oíi l'eau baigne le sous-sol.

II. — Inondation des prairies riveraines des cours d’eau. Submersion naturelle. — Beaucoup de territoires sont sujets k recevoir les crues des cours d’eau qui les traversent. Cette submersion naturelle est pour eux l’origine d’une grande ricliesse. Telles sont, par exemple, l’Égypte et les pampas de l’Amérique du Sud. En France, de grandes étendues de prairies doivent leur ferlilité á des arrosages périodiques de cette nature. Ainsi, les segonaux, zones comprises entre les dignes et l’étiage du Rlióne, d’Avignon á la mer, sont submersibles dans toutes les crues moyennes et ordinaires qui ont lieu durant rinVer. Les récoltes (cércales, vignes, luzernes, etc.) y prospérent sans engrais et presque sans culture. Ainsi,


DIFFÉRENTES MÉTIIODES,D’IRRIGATION.

211

nialgré qu’ils soient exposés aux dommages des inondalions d’élé, ces segonaux valen! de 2500 á 3000 francs riieclare, landis que les gurrigues, situées en dehors des dignes, el qni son! exceplionnellenient sulnnergées en cas d’inondation, valen! au plus 300 francs, pas plus que des laudes improduclives. Onpeulciter encere les prairies qui bordenlla SaOne, de Gray á Lyon, celles qui cOtoien! un grand nombre de riviéres en Normandie, ele. Les conditions essenüelles de ces submersions nalurelles son!, d’une par!, des penles longüudinales fres faibles (0“ ,40 á 0“ ,45 par kilomelre, en moyenne) el des penles Iransversales assez sensil)les pour que les eaux d’inondaüon renlrenl d’elles-mémes dans leur lit au printemps (Ronna).

III.

Irrigation par submersion artificielle.

1“ S u bm ersion s im p le . — L ’irrigalion par submersion suppose un sol pía! e! de faible pente qui ne dépasse pas 2 p. 1000. Si la pente étai! sensiblemen! plus forte, le dépOt des sédiments el des limons, qui constüue Tune des p'aisons d’étre de ce procede, ne pourrait avoir lieu. En outre, les eaux risqueraient d’arracher ou de corroder la Ierre végélale. Enfin, il faudrai! que les bassins de submersion soient entourés de dignes tres élevées ou qu’ils soient tres réduits. Et ce procédé, au lieu d’avoir pour lui l avanlage d’étre tres bon marché, deviendrai! tres coúteux. 11 consiste a submerger le sol sous une conche d’eau d’une certaine épaisseur pendan! un laps de temps qui varié avec la saison, Voici commen! Keelhoff le décrit: Le terrain est divisé en compartiments réguliers (fig. 18) entourés de diguettes qui maintiennenl les eaux. Le plus souven! les eaux qui on! arrosé un terrain


212

TECIINIQUE DE L ’iaRlGATION.

supérieur arrosent ensuite un comparlimenl inférieur. Les compartiinents qui divisent la sudace arrosée sont de grandeur vadable. En général ils ne dépassent pas 10 á 30 ares. On peut leur donner une largeur d’une

Fig. 18. — Irrigation par submersion. Pian d’une installation a qualre comparlimcnls.

cinquantaine de metres. Quant á leur longueur, elle dépend de la pente du terrain. Les digueltes qui les enlourent do toutes parís dépassant de 0“ ,25 la surface de l’eau. Au milieu de chaqué comparlimenl el dans le sens de sa longueur, c’est-á-dire de la pente du sol, est creusée une rigole g (íig. 18) qui sert ala fois de rigole d’amenée des eaux el de rigole de dessécliement. A cet eíTet elle peut étre accompagnée de potitos rigoles laterales h. A l’origine et á rexlrémité de chaqué


DIFFÉBENTES MÉTtIODES d ’ i RRIGATION.

213

compartiment, la rigole g porLe une buse en bois munie d’une vanne. Gráce a ce dispositif on peut reteñir les eaux dans un compartiment ou les laisser écouler dans le suivant. La rigole g doit avoir une pente de 0“ ,001 par métre environ. Sa largeur au plafond et sa prol'ondeur dépendent naturellement de la surface du compartiment et de la quantité d’eau qu’on y envoie. Le pré doit former un plan horizontal dans le sens de sa longueur et s’incliner légéreinent, suivant une pente de 0“ ,00'j environ, de part et d’autre de la rigole g et vers cetle rigole. De celte fa^on l’asséchement de la prairie s'opére complétement aprés que la submersion a duré un temps suOisamment long. Le niveau de l’eau dans la rigole d'alimentation d doit toujours étre plus elevé, de quelques centimétres, que celui du cóté supérieur du plan incliné qui forme la prairie, aíin que celle-ci puisse complétement étre submergée. La figure 18 montre que le pré a été subdivisé en qualre bassins qui forment autant de biefs.

La longueur de ces biefs dépend de la pente du terrain. 11faut en eílet que lo niveau de l’eau dans le deuxiéme compartiment, par exemple, soit inférieur de 1 ou 2 cenLimétres au plafond de la rigole g du premier bief. C’est a cette condilion que Lean contenue dans le premier bief pourra s’écouler complétement dans le second. Souvent on se borne á entourer le terrain de petites dignes aprés avoir comblé les dépressions et rasé les monticules. C’est óconomique, mais alors il arrive la plupart du lemps que les eaux d’un bief inférieur refluent dans celui qui est au-dessus el empéchent son asséchement, Et il vaut mieux proceder a quelques terrassements. Tracé des travau x. — On commence par diviser le terrain en compartiments d’une largeur convenable, SO métres par exemple.


2U

TECHNIQUE DE. L’IRRIGATION.

Chaqué compartiment esl ensuite divisé en son milieu par une ligne qui indique la direclion de la rigole g . Gette ligne esl jalonnée et nivolée. Cetle opéralion montrera en combien de biefs la prairie doil élre jiartagéé. On se préoccupe ensuite d’assurerl’horizontalité du sol de chaqué bief dans le sens de sa longueur. Aíin d eviter les grands déplacements de terrain, il esl essenüel que les déblais que Pon devra taire compensent á pcu prés exactemenl les renihlais. A cetle fin, on procede comme il suit: on s'établit avee le niveau au milieu de chaqué bief et Pon prend les cotes de tous les points du terrain qui présentent des dépressions ou des éminences. La moyenne de ces cotes donne la cote du plan horizontal auquel le terrain doit étre ramené pour que déblais et remblais s’équivalent. 11 suflit done d’établir le milieu de chacun des biefs á la hauteur de cette cote pour (|ue les Ierres fournies par les déblais provenan t de la partie supérieure du compartiment forment les remblais qui sont nécessaires a la construction du compartiment inférieur. On crease ensuite la rigole g et Pon trace les dignes á Paide du niveau et des nivelettes (1). Les Ierres qu proviennent du creusement de la rigole sufíisent généralement á la construction des dignes. On recouvre les crétes de la rigole d’assainissement, la eróte supérieure des plans inclinés et celle des digues a Paide de plaques de gazon de 0“ ,10 de largeur. Le prolil de Pouvrage est ainsi nettement arróté. On défonce ensuite le sol et on lui donne en méme temps le profll désiré. La construction telle que nous venons de la décrire a.été indiquée par KeelliolT pour les prairies submergées de la Campine (Belgique) établics sur un sol perméable. On s’en écarte plus ou moins dans d’autres pays. (1) Voir u ce sujet les notions de nivelleniení que nous esppsons'plus loin á propos du Drainaga.


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

215

C’est ainsi que souvent Ton se conlente d'égaliser le terrain sans cliercher á le rendre rigoureusement hori­ zontal dans le sens de la longueur. Parfois aussi le canal médian g ne sert qu’á ramenéo des eaux, ses crétes dépassent alors légérement le sol de la prairie dont la pente transversale est dirigée vers les diguettes paralléles á ce canal. Dans ce cas on les flanque, k Pintérieur des coinpartiments, de canaux de colaluro qui servent á l’asséchement du pré. Les coinpartiments conservent la pente naturelle du sol dans le sens de leur longueur, pourvu qu’elle demeure faible. A v a n ta g e s e t in c o n v é n ie n t s d e l 'i r r i g a t i o n p a r s u b -

— Elle permet d’arroser des surfaces dont la pente est á peine sensible avec des quanlités d’eau trop faibles pour étre utilisées autrement. Elle transforme en Ierres fértiles des sois médiocres, lorsqu’ils sont suffisamment permeables et que Pean contient des limons riclies en principes útiles. Son établissement et son entretien sont tres simples et peu coñleux. Elle utilise les cours d’eau dont on ne peut disposer qu’au moment des fortes crues et permet de proliter alors de leurs dépóts souvent tres riches; c’est la seule méthode d’irrigation qui s’accommode du páluragé. L’eau soustrait les plantes a Paction de la gelóe. Elle délruit les animaux nuisibles et les plantes telles que les bruyñresetles mousses. Elle permet égalemenl la culture arable et la prairie. Elle est particulierement précieuse pour transformer par le colmatage en Ierres fértiles des sois graveleux ou caillouteux. ■ D’autre part, elle rend les fourrages mous. Leur qualité est toujours inférieure a celle du foin récollé sur des pres irrigués á Peau courante. En sol impermeable, elle nedonne que de mauvais résultals. Elle nepeut étre appli([uée que tres rarement au moment de la végétatioü. Eníin elle ne convienl pas á tontos les plantes. C’est

m e r s io n .


216

TECIINIQUE DE L’IRRIGATION.

ainsi que les légumineuses s’en accommodeiit mal. Elles ceden t le pas aux graininées. L’irrigation par submersion est surtout employée dans la culture du riz. En France, on l’applique, aux praii'ies, aux vignes qu’elle protege efíicacement contre le pliyloxera. En outre, elle peut leur apporter des limonsfertilisants. M a a i é r e d e d o n n e r V e a n . — On ferme la buse placée á l’extrémité de la rigole d’écoulement et on ouvre celle d’amont. Dos que l’eau a atteint la hauteur voulue on réduit l’ouverture de la buse d’introduction. Les arrosages s’exécutent auprintemps et a l’automne. On en limite la durée et le nombre suivant la nature du sol et l’état de la végétation. Un arrosage prolongó lorsque lavégétation est en activité la détruirait promptement. En automne et en hiver onpeut arroserpendant quinzejours et méme un mois. Mais des que la végétation reprend il ne faut donner l’eau que pendant tres peu de temps, vingt-quatre lieures au plus. En été, il sufíit de remplir les rigoles pour entretenir l’humidité. Z ° Submersion avec écoulement continu. — Quand on dispose d’une grande quantité d’eau, son écoulement peut étre continu, les dispositions précédemment décrites demeurant les mémes. L’eau d’arrosage aprés avoir atteint le niveau normal dans le compartiment irrigué s’écoule lentementsur le bief inférieur. Elle est remplacée par de l’eau fraiche, le niveau restan! constan!. Ce procédé prive moins d’air les plantes que la stagnation complete de l ’eau. Lemouvementest réglé de telle sorte quetoute quantité d’eau qui sort du bassin de tete estremplacéepar l’arrivée d’une égale quantité d’eau nouvelle. C’est une pratique de tous points analogue á celle dont nous parlerons á propos du colmatage. 11 est clair que l’on arrive ainsi tres rapidement á des résultats importants quand on peut disposer d’une grande quantité d’eau chargée de limons.


DIFFÉRENTES MÉTHODES n ’ IRRIGATION.

217

IV. — Méthodes d’irrigation par ruissellement. Les prairies, naturelles ou arliflcielles, peuvent éti-e soumisesá l ’irrigation par r¡goles horizontales ou par plans inclinés et a Virrigation par planches en ados. Dans Firrigation par rigoles horizontales ou par plans inclinés, la prairie n’a qu’une seule pente et Feau ne se déverse des petites rigoles d’arrosage que par Fuii des bords. Dans le systeme des ados, le pré présente une succession depetits loits. Les crétes de ces toits sont occupéespar une rigole d’oü Feau déborde également des deux cótés. Les principes de Firrigation rationnelle que nous venons d’énoncer, nous montrent que le choix de Fun ou de Fautre systeme dépend : 1“ Des pentes et de la nature du terrain. 2“ De la quantité et de la qualité de Feau disponible. L’irrigation par rigoles horizontales est la plus simple et la plus économique. C’est celle qui demande le moins d’eau et qui laisse le plus de l'acilités pour rentrer la récolte, elle exige que le sol ait au moins 2 1/2 p. 100 de pente. Les ados permettent d’irriguer les terrains qui ont moins de 2 1/2 p. 100 de pente, et, d’assainir aprés Farrosage les prés marécageux, mais ils exigen! une quantité d’eau plus considérable que les rigoles horizontales. Nous dirons d’abord quelques mots du róle des canaux et des rigoles dans Fuñe et Fautre méthode, et nous montrerons comment il convient de les construiré. Canaux et rigoles d’irrigation. — Quelle que soit la méthode d’irrigation par ruissellement que Fon ait choisie, sa mise en pratique nécessite le tracé d’un certain nombre de canaux et de rigoles. Les uns et les autres forment sur le champ arrosé un systeme circulatoire qui est comparable á celui de Fhomme et des animaux. Les R isler

et W e r y . — Irrigations et drainages.

13


218

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATIQN.

canaux et les rígoles d’arrosage i'eprésenlent les aflój-es et leurs dúrivées. Elles poiienl l’eau cliargée d’oxygéne. Les rigolas de colalure représenlent les veines. Elles emportent au delioi's l’eau désoxygénée et chargée des produits de la comLusLion organique. Nous allons definir

ces canaux et ces rigoles et indiquer les principales considérations qui permettent de les construiré. Toute irrigation suppose une prise d’eau á un canal, á une riviere, á un ruisseau ou á un réservoir. L’eau ost

conduite jusqu’aux chainps a irriguer á l’aide d’un c a n a l ou d e d é r i v a t i o n . Suivant la distance á franchir, suivant les subdivisions du territoire arrosé, ce canal se subdivise en branclie secondaire et tertiaire. Quoi qu’il en soit, c’est sur lui ou sur ses embrancheinents, que naissent et s’alimentent des fossés de moindres dimen sions appelés r i y o l e s d e d i s t r i b u t i o n . Celles-ci portent l’eau á des rigoles de second ordre appelées r i g o l e s d 'a r r o s a g e qui déversent l’eau directemenl sur le sol. Tout arrosage doit étre accompagné d’un asséchement parfait du terrain. Les eaux, apres qu’elles ont ruisseló d 'a m e n é e


DIFFERENTES MÉTHODES D’IRHIGATION.

219

sur le sol, se renden! dans les r i g o l e s d 'é g o u t t a g e ou de et de la dans des fossés plus iniportants qui les emménentau loin et auxquels on donne le nom de?’¿po¿es ou de c f i n a u x d 'é v a c u a l i o n . Lorsque la pente des terrains es! sul'íisanle, les rigoles d’arrosage, une l'oisvidées, constituent les rigoles de colature. c o la tu r e

Formes et dimensions des cananx et des rigoles.

Les canaux d’amenée et de distribution, les canaux d’évacualion des eaux afl'ectent, en leur section perpendiculaire á leur axe, la forme d’un trapeze isocéle ABCD (fig. 21). Les rigoles d’arrosage et de colature, réguiier

Fig.

— Section cFiin canal d’irrigalion el d’iin fossé pour Técoulement des eaux.

sions moindres, sont reclangulaires (íig. 20). Elles n’ont que 10 a lo centimétres de profondeur. Qu'il s’agisse de desséchement ou d’irrigation, la pente des talus, des canaux et des fossés dépend de la nature des Ierres. Elle s’exprime par le rapport de la liauteur DE du talus á sa base CE (fig. 21). Ge rapport est-il égal á -í, on dit que le talus est incliné a 1 de hauteur pour 2 de base. Jusqu’á 0“ ,lo de profondeur, les bords sontverticaux. Passé cette profondeur et pour des fossés creusés en déblai, ils prennent les pentes indiquées ci-aprés : Torre arRilousc.

1 , 1 0,25 1


220

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

Terre franche........................... Terre sablonneusc..................... Torre tourbeuse.........................

A - a

2

A -

1

1 d - a, — 3

1

- á

3

1,3 1

0,5

D’une maniere générale et pour une méme nature de sol, l’inclinaison des talus doit élre d’autant plus consi­ derable que la vitesse, la profondeur de Feau et la pente du plafond sont plus grandes. Les parois des rigoles d’écoulement seront done plus inclinées que cellos des rigoles d’amenée parce que la vitesse de Feau y sera plus grande. S e c t i o n d e s c a n a u x e t d e s r i g o l e s p r i n c i p a l e s . —Nousdésignons par a Ja petite base du trapéze qui représente la section du fossé, par h la liauteur de Feau, au-dessus du fond du fossé. La vitesse moyenne de Feau V esl donnée par la formule: V = K VW

dans laquelle 1 représente la pente du canal ou du fossé; R, le rayón moyen, c’est-á-dire le quotient de la section utile S du fossé par le périmétre mouillé BCGll (íig. 21); K, un coefficient variable. D’autre part, le débit Q du canal est égal au produit de Faire S de sa section par la vitesse moyenne de Feau á Fendroit clioisi pour mesurer la section. Pour une section d’une aire déterminée, ce débit sera done máximum lorsque R sera máximum, c’está-dire lorsque le périmétre mouillé, P, sera minimum. Si Fon designe par m Finclinaison des talus, le calcul montre que pour le profil assurant le débit máximum la valeurdu rapport ^ est donnée par Fe.xpressionsuivante:

(

1)

A _ 1 + V/i + 2?)i


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’ IRRIGATION.

221

et que Fon a aussi (2)

S = / .(. + ¿ )

(3)

V

(4)

^

h 2

toS 2 \ /l +

í

1 + V'l + m

a ' T

11 peut arriver que Fon soit obligé de limiler la profondeur du canal, soit pour diminuer les infiltrations, soit pour entamer le moins possible un sous-sol rocheux; alors, Féquation (2) dans laquelle on remplace h par sa valeur donne facilement celle de a. Quant á R, ii est alors fourni par la formule : R= am

i{am + h) +

2 / í V 'l +

La formule empirique,

g = sicVw jointe aux formules précédentes, permet de résoudre, avec une approximaüon convenable, les diíférents problémes qui se posent dans la pratique á propos du débit des canaux, des dimensions de leur profil et de la grandeur de leur pente. La valeurdu coefficientK a étédéterminéeparplusieurs expérimentateurs. Dans ces derniéres années, MM. Ganguillet etKutter en ont donné Fexpression suivante, qui s’applique particuliérement aux canaux d’irrigation : 2 3 -f

V

0,00135

1

,

1

/ Vr

Le nombre n varié avec la nature de la paroi, dont il mesure en quelque sorte la rugosité. Pour les parois en


222

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

terre, qui seules nous inléressent, il vaut ; 0,028, done 1

7 = 40. 4 Des tables numériques, que nous ne pouvons repi'oduire ici, í'acilitent l’emploi decelte formule ((ui nécessite des calculs assez longs. Mais on peut a la rigueur se passer de ces lables. L ’un des problémes qui se posen! le plus souvent c’est de déterminer la seclion et le profil qui conviennent a un canal de pente donnée pour débiter á la secunde un volume d’eau déterininé. 11 faut proceder par approximations successives. On se donne arbitrairement,d’abord, les dimensions duproíil, mais en les choisissant de maniere qudls corresponden! á peu pres au débi! donné. On en dédui! la valeur de S e! de R, puis on eífeclue les opéraüons. Lo résullal donne-!-il pour Q un chiíTre !rop l'or!, on diminue les dimensions du profll e! Fon fai! un nouveau calcul. On arrive ainsi, aprés quelques essais, á enserrer la soluüon enlre quelques cliiíTres qui ne s’en écarlen! que tres peu. On choisi! ceux qui conviennen! le mieux aux circonslances. Tadini a donné une formule !rés simple, d’une applicaüon fres facile. Elle es! basée sur les expériences qu’il a faites sur les canaux ilaliens. Nadaul! de Buífon Fa reproduüe dans son ouvrage sur les irrigations. II la recommande. Keelhoíf s’en es! servi pour dé!erminer les secüons des rigoles d’alimenlaüon des irrigations de la Campine. Et il en a vérifié Fexactüude. On pourra s’en contenLer la plupar! du temps. La voici : SOh V /i eos <p

a; représente la largeur de la seclion á déterminer ; q, lo volume d’eau que la rigole doi! débiter; /i, la hauteur de Feau dans la rigole; eos o, la pente par métredela rigole. On ne peut d’ailleursaccepter sans reslriction les résultats que Fon obüent avec ces formules. Tant de facteurs


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

223

influencent le mouvement de Feau dans les canaux d’irrigalion, — dépóts de sable, présence d’herbes aqualiques, irrégularités de lasecüon, — qu’il faudrail faire chaqué fois de nouvelles expériences pour obtenir des Solutions exacLes. Mais les chitlres íburnis pac le calcul peuvent servir de base dans la rédaction du plan d’in'igation. L’examen altentif de canaux fonctionnant bien dans la méine nalure de sol peut l'ournir de bons exemples á suivre. On ne doit pas s’écarter de certains principes généraux dans la détermination de la pente. Plus elle est accentuée, plus on peut réduire la section du canal ou de la rigble. On a done avantage á donner la plus grande pente possible puisqu'on diminue ainsi la section et par conséquent Fimportance des travaux de terrassement. Mais, en outre, une forte pente diminue Finfütration parcequ’elle réduilla section etpar conséquent lasurl'ace qui l'avorise les l'uites. D’autre part, la vitesse de Feau ne peut dépasser, pour chaqué sol, une limite qui dépend de sa consistance. Au déla, elle occasionne des atrouillements ou des érosions qui dégradent les parois du canal. Le tablean suivant indique pour les dilTérents terrains les vitesses qu’il convient de ne pas dépasser. 11 existe aussi une limite infériéure dé la vitesse, audessous se produisent des dépéts qui obstruent les rigoles. Ello est ordinairement évaluée á 0“ ,01 par seconde. \'itesse limite Pente par seconde par (au piafond). kiioniétre.

Torcos détrcnipées................. Argilos tondres...................... Sabios...................................... Graviors........................... . . . Gailloux.................................. l’ iorres en gros fragm onts... . Gailloux aggloriiórós.............. Roches tendeos...................... — duros.........................

0“ ,07G 0“ ,GS2 0“ ,30a 0m,C09 0'“ ,914 1“ ,220 t"‘ ,S20 1“ ,830 3“ ,050

0™,016 0“ ,045 0“ ,136 0“ ,433 0“',o70 1“',S09 2“ ,F13 2“ ,786 7” ,342


224

TECHNIQÜE DE L IRRIGATION.

Quand la pente des canaux dépasse ces limites, on interrompt de place en place leurs parcours par de pelites chutes. Ün garnit de pierres ou d’un radier en maQonnerie, en aval, le fond de la rigole, de maniere a éviter les aílouillements. Canal d’amenée. — La pente du canal d'amenée ou de dérivation dépend du niveau de la prise d’eau sur le canal principal, sur la riviére ou le ruisseau, et du niveau qu’occupe la parlie la plus élevée du champ qu’il faut -arroser. On a done intérét a ne pas donner au canal d’amenée une trop forte pente, de maniere á pouvoir arroser la plus grande surface possible. Quand la pente du terrain que Ton cherche á irriguer est tres faible, on suréléve le plafond du canal d’amenée de 0“ ,20 á 0“ ,50. On l’établit alors en remhlai, au risque de perdre beaucoup d’eau par iníiltration. Généralement, sa pente varié de 0“ ,0007 á 0“ ,0014 par métre. La vitesse de l’eau n’y dépasse pas 0“ ,80 par seconde. Sa section est trapézoídale. Elle diminue au fur et k mesure que le canal avance dans son parcours et qu’il n’a plus ainsi k desservir qu’une surface inoins grande. S’il a plus de 2 métres de largeur, sa profondeur atteint au moins 1 métre. La figure 22 représente en plan une irrigation par rigoles de déversement horizontales : ab est le canal d’amenée. 11 est représenté en coupe sur la figure 24. Le canal d’amenée doit étre disposé de telle fa^on que le niveau de l’eau, á son point de raccordeinent avec le canal ou la riviére, soitencontre-basdu seuil de l’ouvrage de prise d’eau, aíin qu’on puisse établir, le cas échéant, un appareil de jaugejige. Mais son plafond doit étre audessus de celui du canal alimentaire, afin d’éviter l’entrainement des dépóts. 11 doit toujours étre muni d’une vanne, de maniere a empécher l’accés de l’eau ou á le régler, soit qu’on veuille le mettre a sec pour eH'ectuer des réparations, soit qu’il soit nécessaire de se


DIFFERENTES METHODES D’IRRIGATION.

22 b

garantir contre une crue du cours d’eau alimentaire. Afín d’éviler les affouillements, on tapisse de plaques de gazon les parois latérales et le l'ond du canal. Sur le canal d’amenée s’amorcent des canaux secondaires qui portent l’eau dans les difTérentes parties de la prairle. Ni le canal d’amenée ni ses dérivés ne duivent servir directement a farrosage. Rigoles de distribution. — Elles s’embranchent sur le canal d’amenée et portent Feau aux rigoles d’arrosage. Leur plafond doit étre sensiblementau-dessousduniveau de Feau dans le canal d’amenée. Elles sonttantót presque horizontales, avec une pente de O^jOOl áO™,015 par métre, tantOt dirigées suivant le sens de la pente du terrain. C’est la direction qu’elles suivent dans Firrigation par rigoles horizontales. La figure 22 indique leur position en ef. Lorsqu’elles sont dirigées suivant la pente naturelle du sol, il convient de les taire larges et peu profondes; on leur donne la section trapézoidale. L ’importance de cette section dépend de la quantité d’eau que la rigole doit porter et de la pente. Quand la pente est tres forte, il est indispensable de les tapisser de plaques de gazon, afín d’éviter les érosions diies á la vitesse de Feau. Elles sont mises en communication avec les rigoles de distribution á Faide d’un tuyau de poterie, ou d’une caisse de forme rectangulaire construite avec des planches de bois. L ’ouverlure de cette communication peut étre fermée avec une vanne ou un carré de gazon. Nous indiquerons leur emplacement, leur longueur et leur espacement, en décrivant les différents systémes d’irrigation. Rigoles d’arrosage. — Les rigoles d’arrosage désignées par les lettres r', r', r”, sur la figure 22, reQoivent Feau des rigoles de distribution et la déversent á la surface du sol. Tantót, comme dansFexemple précédent (íig. 22), elles 13.


226

TECllNIQUE DE L ’IRR1GA.T10N.

ne déversenl l’eau que sur un seul Lord, vers l’aval; tantól, dans le sysLeme des ados, elles déversenl Teau sur cliacun de leurs bords. Dans la méthode d'arrosage par rigoles de niveau, elles sonl horizontales ou n’ont qu’une tres faible pente, un demi-inilliinétre á 3 millimétres par mélre courant. Elles ont ordinairement un profll rectangulaire el mesuren! en général Ib a 16 centimétres de protondeur. Leur largeur peul atteindrc 30 á 33 cenlimétres a leur point de jonction avec la rigole dedislribution. Elle va en diminuant progressivement au fur et .á mesure qu elle s’écarte de celte rigole. Dans la méüiode d'arrosage par ados, les rigoles d’arrosage son! recLangulaires, leur prol'ondeur doil se limiler a 0“ ,0b á 0“ ,08 au máximum, sauf rares exceptions. Le plafond des rigoles est généralemenl liorizontal; leurs bords son! légérement inclines suivant Tócoulement de l’eau. Elles vont en se rélrécissanl au í'ur el a mesure qu’elles s’écartent de la rigole de distribution. Rigoles de colature. — Les rigoles de colature recueillent l’eau aprés qu'elle a arrosé les Ierres el l’envoient dans les canaux d’évacuation. Elles son! doublement útiles. D’abord, elles aménenl l’asséchement du sol, qui est indispensable; puis, quand elles sont bien aménagées, elles permettent de i-employer l’eau á l’irrigation de nouvelles surfaces. Leurs bords sont taillés verticalement dans le sol et le sous-sol. Elles sont plus étroites et moins profundes a leur naissance qu’á leur débouche dans le canal d’éva­ cuation. Leur lai'geur est ordinairement de 0"“,13 á 0“ ,30. Elles sont représentées en e, e', e" sur la figure 23. Les rigoles de colature existen! toujours dans les irrigations par ados ; elles sont placées de chaqué c6té de Fados, en vv, figure 28. Mais elles ne sont pas toujours nécessaires dans la méthode d’arrosage par rigoles horizontales. Les rigoles de distribution, placées dans les


DIFFÉRENTES MÉTIIODES D’iaRlGA.TION.

227

thalwegs, sufíisent presque toujoui's á asséchor le sol quand 11 est suffisamment incliné. On provoque la vidange des rigoles horizontales en les róunissant a la rigole de distribution par la petite branclie c dirigée suivantle sens de la pente (íig. 23). Canaux d'évacuation ou de décbarge. — Le canal d’évacuation re^oit les eaux de colature. 11 les renvoie á la riviére oii il les dirige vers de nouvelles surfaces á arroser. 11 doit occuper lapartie la plus basse du terrain. Le niveau de l’eau doit y étre de 0“ ,03 a 0“ ,10 plus bas que celui du plafond des rigoles de colature qui y débouchent. Sa section doit étre telle qu’il suflise ál’écoulement facile des eaux qu’il reíjoit. Elle est de forme trapézoidale. Ses parois sont recouvertes de gazon (|ui les protegen! contre le ravinement. Siles gazons ne sullisent pas, 011 établit sur le fond des traverses en pierre ou en bois, ou bien móme un pavage sur les parties les plus e.xposées. Pertes d’eau par ¿vaporation et iniiltration. — 11 ^auL naturellement teñir conipte de ces pertes dans la délerminalion de la section des canaux et rigoles, particuliérement pour le canal d’amenée. On peut les évaluer á 13 ou 17 p. 100 sous les climats seplentrionaux et dans les terres de consistance moyenne.

V. — IVléthode d’iprigation par rigoles horizontales. Cette méthode est caractérisée par l’emploi de rigoles d’arrosage horizontales, ne laissant écouler l’eau que d’uii seul bord. Elle ne s’api)lique (ju’á des tei'rains ayant au moins 2,5 p. 100 de pente. A partir de cette limite inférieure, elle peut s’appliquer á des terrains inclinés jusqu’á . 10 p. 100 et méme davantage. Ün l'einploie en pays de montagne, sur des escarpements qui ont jusqu’á 30 p. 100, mais, bien entendu, il s’agit de terres


228

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

recouvertes par une végétation serrée et soutenues artiíiciellement. Suivant que le sol est plus ou moins remanió par des debíais et des remblais, de maniere á devenir á peu prés complétement j)lan pour former des sortes de tables á une seule pente, ou que Fon se borne á faire disparaitre les plus grosses inégalités de la surface, 1’iiTÍgation est arüficielle ou nalurelle. C’est celle-c¡ qui est surtout employée. L’usage de la premiere ne constitue qu’une exception. 1» Irrigation naturelle. — Elle présente tous les avantages réunis : bon marché de premier établissement

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Fig. 22. — IiTÍgaliou par rigolas horizontales (plan).

et d’entretien; économie et répartition égale de l’eau, résultats assurés ; facilités pour procéder á la récolte. Elle consiste á établir dans un terrain ayant au moins 3 p. 100 de pente des rigoles tres sensiblement hori­ zontales, tracées par conséquent suivant les lignes de niveau. Ces rigoles laissent déborder l’eau en conche uniforme, par leur bord inférieur, sur toute leur longueur. La premiere rigole ref-oit l’eau direclement du canal d’amenée; la secón de ramasse l’eau qui a coulé sur la partie du pré qui est établie au-dessus d’elle et la laisse couler au-dessous ; la troiáiéme remplit le méme


DIFFÉRENTES MÉTHODES' D’IRRIGATION.

229

office et ainsi de suite jusqu’á ce que l’eau, qui n’a pas été absorbée, se rende dans une derniere rigole qui sert de canal d'évacuaüon. La figure 22 montre la disposition des divers petits canaux sur un terrain parfaitementplan, n’ayant qu’une

Fig. 23. — liTigalion par rigoles horizonlales avec rigolas de colature sur un terrain vallonné (plan).

seule pente indiquée par les fleches. Les rigoles horizon­ tales sont alors sensiblement tracées en ligne droite. La figure 23 montre LappAcation de la méthode sur un terrain légérement vallonné. Les rigoles horizontales suiven t alors les courhes qu’indique la figure et qui correspondent aux horizontales du terrain. Lorsque la pente du sol est suffisante, qu’elle atteint au moins 4 p. 100, les rigoles de distribution doivent étre tracées de telle sorte qu’elles remplissent la double fonction depouvoir donner l’eau directement á telle rigole du niveau qu’onjuge con­ venable et d'assainir promptement le pré; mais lorsque cette pente n’est pasassez forte pour permettre aux seules rigoles d’arrosage d’assurer l’assainissementparfait de la prairie, quand elle n’atteintpas 3 p. 100, on l'ait précéder


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

ele rigoles d’arrosage de petits canaux de colature représentés en e, e, sur la figure 23. Ces petits canaux se réunissent dans un fossé de section plus considerable, /i, qui aboutit au canal principal d’évacuation. La ligure 24 montre le profil d’un terrain irrigué par rigoles horizontales, les bourrelets h, h séparent les rigoles de colature des rigoles d’arrosage. Le canal d’alimentation ah (fig. 22 et 23) n’arrose jamais directement la premiére planche du pré. 11 ali­ mente les rigoles d’arrosage ?■, r a l’aide des petits canaux v, v (fig. 22). Quand les rigoles d’arrosage, en

Fig. 24. — Profil d’ un terrain irrigué par rigoles liorizonlales

raison de la faible pente du sol, sontplacées á une grande distance les unes des autres, on place dans leurs inter­ valles des rigoles de reprises telles que v, v', v" (íig. 26) qui aident au déversement régulier de l’eau. Canal d'amenée de l ’eau. — Nous renvoyons le lecteur a ce qui a été dit page 224. Rigoles de distribution ou d'alimentation. — Jonction avec te canal d’amenée. — Au lieu de taire l’embranchement a angle droit, il convient de relier les rigoles de distribution au canal d’amenée par uno légére courbe. L ’eau y penétre plus facilement. G’est une régle générale que l’on doit suivreaussipour les rigoles d’ordre inférieur. On empéche l’eau de pénétrer dans les rigoles de dis­ tribution, quand elles ne doiventpas fonctionner, a l’aide d’une vanne á main ou pelle d’irrigation telle que nous l’avons déja décrite (íig. 13 et 14). Pour le profil de ces rigoles, revoir le chapitre précédent. Emplacement des rigoles de distribution. — Les rigoles de niveau ne peuvent guére porter l’eau a plus de


DIFFÉBENTES MÉTdODES D’IRRIGATION.

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I á 40 métres á partir de leur point d'alimentation sur ; les rigoles de dislribuüon. Celles-ci iie peuvenl done pas étre espacées de plus de 50 á 80 métres. Les rigoles de dislribuüon doivent étre placees dans les Ihahvegs etnon sur les ligues de faite. Disposées déla sorte, elles pourront servir de rigoles de colature ou d’asséchement une Ibis Tarrosage terminé. On devra done les Iracer d’abord dans les Ihalwegs de la prairie, quitle a placer dans les intervalles d’autres i’igoles. On cherchera loujours a éloigner les unes et les autres des crétes du lerrain. On commence d’ailleurs par tracer les rigoles horizonlales qui indiquent la forme du terrain. 11 faut s'elforcer de diriger ensuite le tracé des rigoles de distribution de lelle sorte qu’elles coupent les rigoles d’arrosage, autant que possible, a angle droit. Eigoles horizontales ou d’arrosage. — Profil trans­ versal. — 11 est rectangulaire. Ces rigoles sont taillées á pie dans le gazon, comme l’indique la figure 20. Elles onl á peu prés 15 á 16 centimétres de profondeur, ce qui correspond á l’épaisseur du gazon. Leur largeur atteint 30 a 35 centimétres au point de jonction avec la rigole d’alimentation, puis elle va en diminuant peu á peu. Ces petits canaux doivent en eíl'et débiter de moins en moins d’eau au fur et á mesure qu’ils s’éloignent de la rigole de distribution. Pour que le déversement soitrégulier, il convient done que leur section aille aussi cu diminuant. C’est d’ailleurs en faisant fonctionner l’irrigation que l’on reconnaitra, en examinant comment s’opére le déversement de l’eau, si les rigoles d’arrosage doivent étre élargies en quelque point. Les rigoles de reprise qui n’ont pour objet que de faciliter la circulation de l’eau entre deux rigoles d’arrosage conserven! sur toute leur longueur la méme section. Jonction des rigoles d’arrosage avec les rigoles de distribution. — Les rigoles d’arrosage doivent s amorcer


232

, TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.,

aux rigoles de distribution suivant une légére courl)e (lig. 2ü) qui place leur origine pour ainsi dire dans le prolongement du canal alimentaire. De la sorte les moUes de gazon g ou les petites vannes que Ton place dans la rigole distribuIrice, au-dessous du point de jonction remplironl bien leur office. Sans barrer la rigole distributrice, elles forcerontreau á reíluer dans les ri­ goles d’arrosage. L o rsq u e l’on peul se contente!’ de donner aux ri­ goles d’arrosage la direction horizontale, c’est une ingé— Embranciiemenls des rigoles d’arrosage nieuse disposition sur les rigoles de distribution. que celle qui consiste á les raccorder aussi aux rigoles de distribution par une petite branche c (lig. 25) dirigée en sens inverse de la précédente 6, c’est-a-dire de Famont vers l’aval. Ce petit canal est fermé pendant Farrosage. ¡Víais une fois qu’il est terminé, on Fouvre et Feau qui est encore conlenue dans les rigoles d’arrosage trouve un écoulement facile vers la rigole de distribution alors transformée en colateur. Longueur et pente des rigoles d’arrosage. ^ 11 est rare que des rigoles rigoureusement horizontales conduisenl Feau également bien jusqu’á leur extrémité. La plupart du temps, elles fournissent beaucoup plus d’eau á leur origine. On y remedie en les Iraqant obliquement á la plus grande pente du sol. On leur donne une


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’ i RRIGí TION.

pente légére

á 3 millimétres par métre. C’est i

en faisant foncüonner Firrigation que Fon pourra clu reste régler le mieux cette pente. D’ailleurs, on ansurera la bonne répartilion de Feau, en resserrant assez les rigoles de distribution pour que les rigoles d’arrosage ne dépassent pas de chaqué cOté 25 a 40 métres, au plus. Espacement des rigoles d’arrosage entre elles. — 11varíe avec la pente et avec la nature du sol. Quand la

pente est irréguliére, il faut rapprocher les rigoles d’ar­ rosage, parfois jusqu’á 4 ou 5 métres. Mais lorsque la surface du lerrain ne présente que de faibles dénivellations, on peut les ospacer jusqu’á 20 ou 2b métres. On se contentealors de disposerdans leur intervalle quelques rigoles de reprise qui assurentl’égale répartilion de Feau. On les multiplie dans les endroits accidentés. II arrive, á cause des dispositions du terrain, que les rigoles de distribution coupent obliquement (íig. 26) les rigoles d’arrosage et qu’alors toute une zone avoisinant la rigole ab ne soit pas arrosée. On assure son irrigation en intercalant quelques rigoles de reprise telles que v, v', v". L’espacement des rigoles d’arrosage varié aussi avec la nature du sol. Plus il est perméable, plus elles doivent


234

TECEINIQUE DE L’IRRIGATION.

étre rapprochées. En eíl'et, il peut arriver dans ce cas, qu’une bande trop largeabsorbe dans sa partie supérieiire toute l’eau que fournit la rigole, et qu'ainsi, le bas ne soit pas arrosé. 11 est done impossiblo de donner des regles fixes pour déterminerladistance entre lesrigoles qui nousoceupent. Rigoles de colature. — Les rigoles de colature telles que e, e (flg. 23) coloient les rigoles d’arrosage. Elles en sont éloignées de 0“ ,50 a 1 métre. Elles mesuren! lo á 2o centiinétres de large sur 20 a 3o centimttres de profondeur. Leur proíil est reclangulairc el leur pente, dirigée en sens inverse de celui de la rigole d’arro­ sage voisine, peut aller jusqu’á 10 p. 100. Canaux d’évacuation des eaux. — Leur proíil est trapezoidal, comme celui du canal d’amcnée et des canaux d’alimentation. Leurs dimensions sont en rapport avec la masse d’eau qu’ils doivent enlever. Maniére de donner l ’eau. — Si l'aiguadier vent dabord arroser la bande désignée par le cliilIVe 1 sui' la íigure 23, il forme la vanne S, située sur le canal d’ali­ mentation, en aval de la premiére rigole de distribulion ef, l’eau penétre dans les rigoles d’arrosage r, r, se (léverse sur le sol et gagne les rigoles r', r', d’oíi elle peut encore ruisseler sur la prairie, ct ainsi de suite jusqu’á ce (|u’elle atteigne la rigole de colature principale c d. Nous supposons ici pour plus de simplicité que les colateurs e, e, gh n’existent pas. Si l'eau peut ainsi ai'i'oser tout le pré, il sufíira ([ue l’aiguadier veille á ce (|u’elle so répande uniformément. 11 n’aura (|ii’á soigne.r les boi'ds des rigoles. Si l’eau ne peut arroser tout le terraiii parce qu'il est trop étendu ou trop perméable, on la donnera d’abord á une bande de trois oti quatre rigoles ou davantage si l’on peut. Cette section de la prairie étant arrosée, on enverra directement l’eau auné bande inférieure et ainsi de suite, jusqu’á ce que toute la prairie ait été arrosée.


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRKIGATION.

23S

Pour ari'oser, par exémplé, la hancle II et los suivantes en négligeanl la banile I déjá irriguée : la vanne Si étant maintenue, on i'ermera les petitos rigoles v, v et on placera une peüte vanne á main ou une molte de gazon en S2 au-dessous de la rigole r', r'. Si les rigoles de niveau sont trop longues pour que Fon puisse les faire jouer dans toute Jeur étendue, on Igs sectionne á la inoitié ou au tiers en y plaqant de petites mottes de gazon. On se ser! du méine procédé pour les arrosages d’été, alors qu’on dispose de inoins d’eau qu’en liiver. Le pré est sectionne,en bandes verticaies qui sont arrosées successivement. Avantages et inconvénients de Tirrigation par rigoles horizontales. —• Elle est applicable k tous les terrains, depuis la penle de 2,5 p. 100 jusqu’aux plus fortes inclinaisonsdes présdemontagne, quels que soient leur périmétre et leurs mouveinents. Elle est particuliérement précieuse dans les pays tres accidentes, oú elle permet de transforiner des Ierres improductives en prairies de valeur. C’est elle qui permet d’utilisér la quantité d’eau minima, les eaux pluviales, celles qui s’écoulent des terres drainées. Son établissement s’exécute á peu de frais, son entretien et son fonctionnement sont fáciles. Elle découpe le sol en bandes sufíisamment larges qui ne génent pás le passage des voitures ni celui des appareils qui servent a la récolte. Elle n'a guére que deux inconvénients. Elle est inapplicable aux terrains qui ont moins de 2,5 p. 100 de pente. Le ruissellement n’est plus possible, k moins que Fon n’emploie de grandes quan ti tés d’eau et que le sol soit peu perméable. L ’eau arrivant alors en masses plus ahondantes a plus de chasse, comme Fon dil. Elle peut aller plus loin. Pour une raison analogue, Fécoulement de Feau dans


236

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

les colateurs n’a plus lieu réguliérement, et l'assainissem' iit, qui doit toujours suivre Farrosage, est compromis. Quand le sol a moins de 2,6 p. 100 de pente, il faut creer une pente artificielle, comme nous Findiquerons plus loin. Enfin, on reproche a la mélhode des rigoles horizon­ tales de demander certaines connaissances techniqnes á^celui qui Fétahlit. Les rigoles doivent ótre tracées évidemment avec un art qu’on ne peut demander á lous les petUs cultivateurs. Elles exigent Femploi du niveau a lunette ou tout au moins du niveau d’eau. 2“ Irrigation artificielle. — Dans Firrigalion naturelle par rigoles horizontales, la surface du sol n’est pas sensiblement modiíiée. On se borne á taire disparaitre les plus grosses dénivellations. Dans Firrigation artiíicielle, la surface de la prairie est travaillée de telle sorte, aprés Fenlévement des gazons, (|u'elle offre un plan incliné, sensiblement régulier, á pente minima de 4 p. too. Ce mode d’irrigation fournit un arrosage plus régulier, plus intensif que le précédent. Mais il est plus coúteux parce qu’il nécessite des mouvements de terrain parfois assez considerables. On ne Femploie que dans des circonstances exceptionnelles, quand la pente du terrain, supérieure a 2,6 p. 100, est inférieure a 3 p. 100 et pour suppléer aux ados, comme cela se fait, par exemple, dans les Vosges, ou pour compléter leur étahlissement sur la méme prairie. On Fappelle aussi irri­ gation par plan incliné.

Irrigation par rigoles inclinées, razes ou épis de bié. C’est une forme primitive de Firrigation par rigoles de niveau. Celle-ci, qui nécessite Femploi d’un instrument de précision, n’a pu venir que longtemps aprés. L ’irrigation par razes emprunte au mouvement naturel de Feau sur le terrain la direction de ses canaux. L ’hahitant des


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

237

campagnes a dú Femployer, par conséquent, avanl toute autre. Elle n’est applicable qu’aux terrains qui oiit au nioins 2 0/0 de penle mais qui n’ont pas plus de 8 0/0. Au-dessus de cette déclivité, l’arrosage devieiit tres

Fig. 27. — Plan d’enseinble d’une irrigalion par rigoles en « épi de blé ».

incomplet. Elle suppose un terrain réguliéreménl valloiiné, oü les contrel'orts et Ies petites vallées se suivent. C’est au moins dans ces conditions qu’elle foncüonne le mieux. Elle ne peut s’accommoder des dénivellations, entonnoirs ou éminences, que tolérait rirrlgation par


238

TECHNIOUE DE L’IRRIGATIOK.

1‘igoles horizontales. 11 faut done faire disparaitre ces niouvements brusques du terrain par dos déblais et des Tembláis. La méthode eonsiste á Iracer des rigoles de distribution (íig. 27) sur les lignes de faite du terrain et dans ler sens de sa ponte. Sur ces i'igoles s’amorcent de part et d’autre des rigoles d’arrosage. Leur ensemble rappelle un épi de blé, d’oii le nom qui a eté donné á cette méthode. Lorsque le terrain a sul'lisamment de ponte, il est inutile d’intercaler des rigoles de colature entre les rigoles de distribution. Mais s’il en manque, on creuse dans les thalwegs des rigoles de colature. Les eaux se réunissent dans un canal plus importanl. Celui-ci sert de canal d’alimentation á une autre séric de rigoles qui arrosent la section de laprairie établie audessous de la premiére, ou bien il envoie son produit á Lextérieur. Rigoles principales d’alimentation et de colature — Elles se tracen! comme il a été dit au chapitre des travaux préalables a rirrigation. Rigoles de distribution. — Les rigoles de distribution a, b, c s’amorcent á la rigole principale d’alimentation ACC, EG (íig. 27). Elles oceupent toujours les erétes du terrain et sont dirigées suivant sa plus grande ponte. Elles diminuent de largeur au fur et á mesure qu’elles ont desservi les rigoles d’arrosage. Elles conservent la méme largeur de la premiére á la deuxiéme paire, elles diminuent brusquement á partir de celle-ci et conservent la méme dimensión transversale jusqu’á la troisiéme paire et ainsi de suite. 11 est d’ailleurs impossible de fixer d’avance ces diíTérentes largeurs qui varient avec la nature du sol, la pente, la longueur des rigoles, etc. Leur profondeur se maintient constante sur toute la longueur, elle varié de 0“>,20 a 0“ ,2b. Rigoles d’arrosage. — Elles s’amorcent par paires de


DIFFÉ-RENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

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pai'L et d'aulre des canaux de distríbution. Profoiides de 0“ ,20 a 0“ ,23 á leur origine, elles ne conservent que 0” ,18 á leur exlrémité. Leur largeur, d’abord de 0“ ,2a, diminue aussi progressivement dans le niéme sens. Le dóversement de l’eau s’efTecLue ainsi le plus réguliérement possiWe. Leur pente ne doit jamais dépasser 0“ ,00b par melre, sinon l’arrosage s’eíTectue mal, l'eau se portan! immédiatemenl aux extrémilés. Elle ne doit pas étre inférieure á 0™,001. Celle pente doit étre rigoureusement uniforme sur toute leur longueur. La distance qui sépare deux paires de rigoles dépend aussi du sol et de la pente. Elle doit étre comprise entre 3 métres et lo métres aux máximum. Quant a la longeur des rigoles d’arrosage, elle ne peut dépasser 2a métres. Rigoles de colature. — Ces rigoles telles que r, s (íig. 27) sont placees dans les thahvegs. Leur largeur et leur profondeur, de 0“ ,2b environ a l’origine, vont en croissant au fur et á mesure qu'elles recjoivent un volume d’eau plus considerable. Elles réunissent leurs eaux dans des colateurs e, q qui aboutissent au canal d'évacuation CDG. 11 peut étre utile, parfois, de tracer de part et d'autre dos rigoles, qui deviennent alors des colateurs principaux, de petits canaux en épis, sitúes entre les rigoles d’arrosage, qui facilitent le départ de l'eau. On ne prend cette précaution que dans les terrains d'ont la pente est tres l'aible. Avantages et inconvénients de 1'irriga tion par rigoles inclinées. — Son avantage le plus sensible reside dans la facilité et la simplicité de son tracé. Moins que toute autre, l’irrigation par rigoles inclinées exígele concours d’un homme de l’art. Elle estbon marché a établir. Elle s’accommode des terrains dont la pente est inférieure a celle que nécessite rirrigation par rigoles de niveau. Toutefois, elle ne saurait convenir á des prairies ayant mions de 2 centimétres de pente par métre ni á celles qui


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TECHNIQÜE DE L ’IRRIGATION.

en auraient plus de 8. Elle nécessile une certaine conformation du sol; l’existence de ces petils contreforts et de ces petites valides qui caractérisent ce systéme de distribuüon de Teau (lig. 27, p. 237). Elle ne se prétepas aussi bien que l’imgation par rigoles de niveau á l’aiTOsage des terrains tres ondules. 11 laut alors que les razes contournent les accidents du terrain, et on en arrive plus ou moins á une mauvaise irrigation par rigoles de niveau. Elle convient k l’arrosage des surfaces délimitées par­ les périmétres les plus irréguliers, a l’emploi des volumes d’eau faibles ou forls. Les razes distribuent l’eau d’une maniere beaucoup moins uniforme que les rigoles de niveau. Les bords immédiats des rigoles sont toujours plus arrosés que les autres partios du pré, ils donnent aussi plus d’herbe. Plus 11 y a de rigoles, plus il y a done de foin. Aussi la pratiquede l’arrosage deman de-t-elle beaucoup d’attention. On doit souvent modifler la position des carrés de gazon ou des petites vannes qui servent á rétrécir plus ou moins les rigoles. Le plus souvent, on devra se borner á employer ce mode d’irrigation pour compléler l’irrigation par rigoles de niveau dans les parties du pré oü cette derniére ne peut étre employée.

IVIéthode d’irrigation par planches en ados. Les méthodes d’irrigation par rigoles de niveau et par rigoles inclinées sont inapplicables, en général, lorsquela penle du terrain n’atteint pas 2,5 p. 100. Pour les utiliser au-dessous et aux environs mémes de 2,5 p. 100 de pente, il faut disposer d’une quantité d’eau plus conside­ rable et n’avoir aífaire qu’á un terrain permeable, qui ait un grand pouvoir d’absorpüon pour l’eau. Au-dessous de cette pente limitée de 2,5 p. 100, il est done nécessaire de creer une pente artificielle. On y arrive en construisant


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

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desplanches enados. Cette méthodeestlaseule qui permette d’arroser par ruissellement un terrain dont la pente ,0

----¡i

Coupe d’un ados suivanl CD. Fig. 28. — Irrigaíion par planches en ados. Plan d’une serie de trois ados. — EF, canal de díslributíon; 7% ?', rigoles d’arrosage; v, v, v, rigoles de colature: GH, canal de colature.

est insensible et qui assure son assainissement parlait. Elle consiste a disposer la surlace du champ á arroser en bandes rectangulaires accolées deux á deux de maniere a former un toit tres aplati ou ados (íig. 28). Cliacune de R isleu et W ery . —•Irrigations et drainages. 14


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.

TECtlNIQUE DE L ’IRRIGATION.

ces bandes aj)])eléesdemi-planches,flancs ou ai/es,forme un plan incliné qui représente l’un des pans du toit. L ’une des extrémités de la planche, constiluée par la reunión des deux flanes ou ailes, se termine par un troisiéme plan incliné, triangulaire, qui représente le pignon du toit. L ’autre extrémité s’appuie contre le talus d’un remblai. Celui-ci supporte le canal de distribution, EF, qui doit donner l’eau aux ados. Le canal de distribution communique a cet eíTet avec une rigole d’arrosage r, creusée au faite de Fados. A peu prés tracée horizon-

Fi^. 29. — Conslruclion des ados nalurels. Les trois périodes.

talement, cette rigole laisse l’eau couler de ses deux bords sur chacune des demi-planches qui forment Fados. Aprés Farrosage, Feau se rend dans des rigoles de colature v qui séparent chacune des iflanches et de la dans un canal d’écoulement collectif, G il; celui-ci passe aubas des planches. 11est paralléle au canal de distribution et courf á Fextrémité opposée de Fados. Ces dispositions indiquent que Fon construirá Fados en exécutant un déblai et un remblai. La méthode des ados exige done un certain mouvenient de terrain.

La figure 28 donne une vue en plan d’une serie d’ados avec les diffórents canaux et rigoles; EF représente le


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

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canal d’alimentation; r , r , les rigoles de déversement; v, v, les rigoles de colature qui aboiiLisseiit au canal d’écoulement Gil. En bas de la figure son! représen tés un profil transversal des trois planches et le profil longitudinal de l'une d’entr’elles pris suivant CD. Les rigoles d’arrosage, r, n’ont qu’une pente tres faible tandis que les rigoles de colature, v, ont une pente voisine de 1 a 2 centimetres par métre. 11 en résulte que Lados a plus de saillie a Lextrémité oü il se termine en croupe que du cóté voisin du canal de distribution. Chacun de ses flanes ne représente done pas un plan, mais ce que Lon appelle en géométrie une surface gauche-. L’inclinaison de cette surface va en augmentant légérenieut depuis la tete de la planche jusqu’á Lextrémité opposée. L ’eau nc coule done pas sur les planches en suivant une direction perpendiculaireálácrete de Lados. Elle suit un cheminplus ou moins obli([ue.

11 est facile de faire immédiatement sentir quel est Lavantage que Lon retire do cette disposition au point de vue de la redierche de la pente nécessaire a Larrosage. Supposons que lo terrainn’ait qu’une pente de 1 p. 100 ; elle serait insuffisante pour irriguei' avec dos rigoles horizontales. En établissant un ados d'une longueur do 30 métres, sa créte devra se trouver á une hauteur de 30 X 0,01 = 0'“ ,30 au-dessus du sol naturel. Si les flanes de cet ados sont larges de 4 métres, ils ollViront au 0“ ,30 X too. ; 6, 66 p. too. Chacune pignon une pente de 4,0

des ailes de Lados aura done une pente suffisante pour étre arrosée par la rigole r, qui oceupe la créte de Lados. La pente moyenne qu’il convient de donner aux llancs de Lados, dépend de la naturo du sol. Elle doit étre d’autant plus forte que le terrain est plus imperméal)le. Ello varié entre 4 et 6 p. 100. En Lombardie, les prairies appelées Mardtes sont irri-


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TECHNIQOE DE L’IRRIGATION.

guées en liiver avec des eaux relativement chandes. Les flanes des ados ont une penle d’autant plus forte que l’eau est auné tempéralureplus basse. L’eau, qui ari’ive tres vite au has de Fados, n’a pas eu le temps de se congeler (Hérisson). La l a r g e u r des flanes dépend de leur pente et de la hauteur de la créte de Fados au point oü on la considere. Elle doit toujours étre múltiple de la largeur d’un andain, bande de pré que Fon peut faucher d’un coup de l'aux et qui varié entre 1“ ,80 et 2 métres. Elle doit done avoir, au minimuin, 3“ ,60 ou 4 metres. La largeur de la planche entiére comptée comme la somme des deux ailes, depuis le rnilieu d’une rigole de colature jusqu’á Fautre, sera done au ininimum de 1“ ,80 -|- d“ ,80 -(- 0",S0 = 4™,10. Les 0“ ,50 qui s’ajoutent á la largeur totale des deux ailes représentent la largeur de la rigole de déversement supérieur et les deux inoitiés des rigoles de colature comprises dans le calcul.

Lorsque Fados est dirige suivant la pente du terrain, sa l o n g u e n r dépend de cette pente. Plus elle est accen ■ tuée, plus Fados estcourt; autrement les terrassements seraient trop iinportants. Elle est ordinairement de 23 á 30 métres. Lorsque les ados sont dirigés perpendiculairement á la pente du terrain, leur longueur peut étre portée ])eaucoup plus loin, á la condition de donner des dimensions convenables á la rigole d’arrosage. Les ados étant placés dans le sens de la pente du sol, leurs longueur, largeur et ponte latérale et la ponte méine du terrain sont des quantités liées les unes aux autres. Supposons que la pente du terrain soit de 2 p. 100 et que Fon limite á 30 métres la longueur des ados. La hauteur, v, de la créte de Fados au pignon au-dessus du sol, sera donnée par la proportion suivante :

ífo = 3^’ L'ados, pris en son milleu, aura done 0"',30 de hauteur


DIFFÉRENTES MÉTIIODES D’IRRIGATION.

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et si le flanc cloit oíTrii-, la, une pente de 5 p. 100, sa largeur, l, sera de 6 métres. l _100. l = 6™. 0,30“ 3 ’ La longueur do chaqué ados étant déterminée, la prairie se trouve pai'lagée en compartimenls d’égale lon­ gueur. Cliacun d’entre eux comprend une rangée d’ados. Nous verrons plus loin comment sont disposés ces compartiments á la suite les uns des autres et comment peuf s'cíl'ectuer le remploi do l'cau.

Ados natureis et ados [artificiéis. L ’irrigation par ruissellement, pratiquée d’aprés la méthode des ados, peut étre naturelle ou artificielle. Lorsque la forme du terrain le permet, on doit avoir recours aux ados naturels, dont la construclion ne nécessite que lo minimum possible de travaux de terrasscment. Les ados artificiéis exigen! des déblais et des remblais souvent importants. Mais il est rare que le terrain se préte immédiatement, par sa forme, á la construction des ados. Aussi, alors que l’emploi de la méthode artilicielle est tout á fait exceplionnel quand il s’agit d’irrigation par rigoles horizontales, elle est presque toujours de régle ici. Toulefois, il faudra donner la préférence aux ados naturels chaqué ibis que cela sera possible. Les ados peuvent étre dirigés suivant la pente du ter­ rain ou perpendiculairement á cette pente. C’est la premiére orientation qui est le plus généralement adoptée. Nous supposons qu’on l’ait cboisie dans les développements qui suivent. 1» Ados naturels. — On commence par crouser les rigoles de colature, on transporte leurs gazons et la terre que Pon en a extraite au milieu de l’espace qui les separe. On forme avecces matériaux des petites dignes avec talus 14.


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

extérieurs inclinés qui limiteront la rigole de clisli-ilniLion. Pilis en disposant peu á peu de chaqué cOté les Ierres qui proviennent du curage des l'ossés, on arrivera insensiblemenl, quelqueibis au houtde plusieurs années, á former l’ados. Si les eaux d’arrosage sonl limoneuses, leursdépóts aiderontbeaucoupárachévement du travail. La figure 29 montre les diílérenles phases par lesquelles passe rélablissement de Lados. Les rigoles de colalure telles qu’elles sont indiquées sur la figure 29 ne fournissent pas beaucoup de gazon ni

----------J J j a ..................------------ -4.(>i_____ i

..........Ijll-CL_____________ J

Fig. 30. — Aclos natureis de grande largeiir.

de Ierre. Aussi la largeur des flanes esl-elle d’autant plus limitée que la ponto du Icrrain est plus forte. Elle ne peut dépasser .3 métres á 3“ ,50, et les rigoles de colalure sont tres voisines les unes des aulres. Cela est avantageux lorsqu'il s’agil de prés tres iiumides. .\lais ces planches étroites génent la récolte. M. le P‘‘ Dunkell)erg a perfectionné les ados naturels de la maniere suivanle. 11 creusojusqu’á 0“‘,50 ou 1 metre sur l “ ,bO de large les rigoles de colalure. 11 obtient ainsi une grande quantité de gazons et de terres qui serven! á former un bañe de 4 metros de large et d'une bauleur .convenable au milieu do Lospace reservé á Lados (lig. 30). Le reste des gazons et des Ierres extraites des rigoles de colalure et les curages annueis des canaux et rigoles permettent de raccoj'der peu a peu le sommot de Lados aux rigoles de colalure en sui\ ant la pento convenable. La rigole d’arrosage qui oceupe le sommet de Lados n’arrose pas directement les flanes, elle alimento deux rigoles d'arrosage laterales que Lon voit en coupe sur la figure. Chaqué llanc est done li’ailé comino un


DIFFÉKENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

247

comparUment d’une irrigation par rigolas liorizonlales. üri peut aloi'slui donner une largeur allanljusqu’á 13 mélres, ce qui correspond á une largeur de 30 melres pour la planche enliére. La liauleur de chaqué ados au pignon dépend de la penle accordée á chaqué flaiic, de sa lar­ geur el de la pente naturelle du sol. Supposons que les llancs doivent avoir 10 métres de large el 3 p. 100 de penle; le pignon de hados devra élre élabli au-tlessus du lerrain nalurel á une liauleur de •10 X 3 = 0” ,30.

100

La longueur de hados dépend á son lour de la pente du terrain el de sa liauleur au pignon au-dessus du sol. 100 X 0“ ,30 = 13 métres. Elle sera limitée ici á ■ 2“ Ados artificiéis. — La plupart du temps il faudra construiré arliliciellement les ados. Mais on s’ingéniera encore á les établir au prix des plus faibles déplacements possibles du sol, puisque ce sont ces déblais el ces remblais qui rendent la méthode onéreuse. On construit les ados artificiéis en opérant des déblais el des remblais qui doivent étre réduits au minimuin possilile. Dimensions et pente des planches. — Les prairies qui sont soumises á hirrigation artificielle oll'rent á haclion de heau un sol beaucoup moins compact que s’il n'avait pas été remué plus ou moins proí'ondément par les terrassements. Aussi sont-elles plus exposées que d’autres a devenir trop humides. On cloit done veiller plus étroitement ([ue pour les prairies irriguées avec des ados naturels a la pente des llancs. Elle ne doit pas descendre au-dessous de 3 p. 100 au milieu de hados, surloutquand il s’agit de sois argilcux. Ce que nous avons dit précédemment de la longueur des ados et de la largeur dé leurs llancs nous dispense d’en parler ici.


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

La largeur lotale des ados aux flanes étroits varíe entre 4“",o0 et 8™,50. Ces ados ont Favantage de n’exiger qu’une élévation raisonnable de la créle au-dessus du terrain naturel et par conséquent de ne donner lieuqu’á des terrassements réduits. En outre, la grande quantité de rigoles de colature qu’ils comportent, rapprochées les unes des autres, l'avorísent Fassécliement du sol. lis sont tout indiqués pour des prairies á sol argileux. ¡Víais ils génent la circulation des machines agricoles et des voitures. Aussi, quandlanaturedu sol le permet, leur préfére-t-on souvent des planches P la n jdus larges. On en construit qui ont de 15 jusqu’á 30 Pr<^ilsuivcuzl m u . metres de largeur Fig. 3l. — Disposition spéciale pour Tarrosage totale. Mais alors, afín que Farrosage des planches de grandes dimensions, soit régulier, il faut aménager des rigoles horizontales sur les flanes de Fados et sur la croupe. Les figures 30 et 31 indiquent suffisamment cette disposition pour qu’il soit inutile d’entrer dans de longs détails. Ces rigoles auxiliaires communiquent par de petits canaux transversaux avec la rigole de déversement qui devi en t ainsi une rigole de dis-


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

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Iribution. Chacun des flanes de Fados représente, en eíTet, une irrigalion par rigoles horizontales. Aussi la rigole qui suit la créte de Fados doit-elle recevoir une pento et une section plus fortes que lorsqu’il ne s’agit que d’ados étroits. Les flanes affectent la forme d’une surface gauche qui ne permet pas de tracer les rigoles de niveau parallélement ala rigole médiane ni aux rigoles de colature. On les trace directement avec le niveau. Les flanes doivent avoir une pente convenable, conformément á ce qui a été dit plus haut. Ces grauds ados exigen! done plus de terrassements que les petits. Leur entretien est plus difflcile que celui des ados étroits. Les terrassements se déforment et se dépriment, surtout dans les terrains légers; de la, des dépenses. Mais la consommation d’eau est moindre, á surface égale, pour des ados larges que pour des ados étroits. Plus la largeur est grande, en eflet, moins il y a de rigoles de déversement pour arroser une méme surface. Ur, ce sont les rigoles de déversement, surtout en sois légers, qui aincnent les pertes d’eau les plus considérables, á cause des infiltrations qui s’y produisent. Rigoles de distribution. — La rigole de distribution, telle que EF (fig. 28) puise Feau au canal d’alimentation au nioyen d’une huse en bois garnie d’une vanne. Suivant les dispositions des ados, elle est établie soi t dans le sens de la pente générale de la prairie, soit en travers. Son plafond est placé á 0“ ,30, au ininimum, en contrebas de la ligne de flottaison du canal d’alimentation, afín qu’elle ne manque jamais d’eau. Sa largeur et sa profondeur dépendent du nombre et de la dimensión des ados qu’elle doit desservir. On peut se contenter de lui donner une pente de 1 á 3 millimétres par métre. ‘ Au fur et a mesure qu’elle s’éloigne du canal d’ali­ mentation, elle doit porter un volume d’eau moins considérable puisque le nombre des ados qu’elle doit desser­ vir diminue. On peut done diminuer sa largeur au fur


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

et a mesure qu'on serapprodie de son exlrómité opposée a la prise d’eau. Un peut lui donner de 0“ ,25 á 0“ ,50 de profondeur et 0™,b0 de largeur á l’origine. Rigoles d’arrosage. — Les seclions des rigoles darrosage varient avec les dimensions des ados. Pour des ados de 25 a 30 metres de long et de 10 a 12 metros de large, on peut donner á la section de la rigole d’arrosage, a son origine, 0“ ,25 de largeur. 11 convient de les taire peu prol'ondes, surtout dans les lerrains perméaLles. On ne doit guére leur donner plus do 0™,0b dans la généralité des cas, afin d’éviter les infiltralions et de laisser toujours leur plafond au-dessus du niveau de l’eau dans les colateurs. L ’eau ruisselle par-dessus les bords de la rigole d’arrosage aufur et á mesure qu’elle avance dans son parcours. 11en passe done plus dans les partios de la rigole voisinos du canal de dislribution que dans les partios qui en sontplus éloignées. La rigole d'arrosage doit done avoir une section j'éguliéremenl décroissante au tur et a mesure qu’ellc se rapproche de la croupe de Fados. Des rigoles d’arrosage qui ont á l’origine 20 centimtdres de largeur et Ib contimídres de profondeur, pouvent ne plus avoir á Faulro oxtrémilé que 10 cenlimétres do largeur et 0 de profondeur. Trop creuses, surtout en terrain permeable, les rigoles d’arrosage laissent Feau s’iníiltrer dans le sol. On s’en aperqoitvile á Fapparition des jones. Si le sol était Iros permeable, il faudrait recouvrir le fond des rigoles d’arrosage de glaise. Les crétes des rigoles d’arrosage sont élablies de 0™,10 á 0“ ,15 en contrebas de celles de la rigole de dislribution. Les bords doivent avoir uno légére ponte ilo leur origine, voisine de la rigole de dislribution, á leur exlrémité. Si cette pento n’existait pas, Feau se déversorait presque entiérement des lo commoncernent de son parcours. Si elle était trop forte, le débordemenl n’aurail lieu que vers la lin. On régle cello ponle en donnant de Feau et en surveillant son allure. Elle peut varier entro 1 et


DIFFERENTES MÉTHODES D’IRRlGAtlON.

2ol

4 ou 5 millimétres. Le plafond des rigoles est ordinairement horizontal. Daiis les Marcites, les célebres prairies lomhardes, il reQoit une légére penle vers la rigole de distribution (Hérisson), de maniere que l’eau y relourne promptement des que Fon cesse d’arroser. Ces rigoles son! plus proí'ondes que celles que l’on emploie dans les régions du centre el du nord de la France. Lorsque la rigole de distribution ne dessert qu'un petit nombre de planches, on pout á la rigueur la mettre en communiCation, par de simples ouvertures, avec les rigoles d’arrosage. Lorsque Fon cesse les arrosages, on l'erme les ouvertures avec une motte de gazon. Mais si la rigole de distribution doit porter Feau á une grande étendue de prairie, on ne peut plus proceder aussi simplement. Si Fon faisait dans une rigole de cetle, importance, portan! un aussi grandvolumed’eau, autant (Fécliancrures qu’il y a d'ados, il ne serait pas facile de­ les teñir fermées avec des mottes de gazon. D’autre part, l'emploi des buses et des vannes est toujours assez dispendieux. Eníin un canal d’une certaine importance doit avoir une pente uniforme, tandis que Fon peut étro obligé de modifier la pente dmne simple rigole de distri­ bution, le niveau des eróles des ados pouvant baisser. La rigole de distribution, un peu plus élevée que les planches qu’il-s’agitd’irriguer, communique done de place en place avec des rigoles qui lui sontparalléles, de section moindre et ne desservant que 3 ou 4 ados. La communication est établie tantOt á Faide d’une buse en bois ou en pierre munie d’une vanne, tantOt á Faide d’un simple luyan de poterie, que Fon ferme avec une motte do gazon, lorsqu'il ne s’agit que d’unc pelite prise d’eau. Ces Communications ne sontpasplacées directeinent en face des rigoles d’arrosage mais un peu en arriére, afin que Feau n’ait pas la tendance de se précipiter avec sa vitesse acf|uise dans la premiere rigole dont Fouverture ferait face á la prise et qu’elle nouriárait aux dépens des autres.


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

Rigoles de colature. — Ou sait qu’elles ont pour ohjet d’évacuer immédiatement. toule l’eau qu’elles reroiventet d’assécher le pré. Elles aUeignent d’autant mieux ce bul que leur pento est plus accenluée. Elles vont en s’élargissant depuis Forigine de Fados jusqu’au pignon, parce qu’elles reQoi vent des masses d’eau qui vont en augmentant. Leur pente doit étre telle que Fasséchement du terrain s’eíTectue rapidement: de o millimétres par métre au niinimum. On peut lui donner davantage quand c’est possible. Leur largeurestde2o á 30centimétresetleurprofondeur de 0“ ,20 á Fendroit oü elles se jettent dans le canal collecteur. Le niveau de Feau dans celui-ci doit loujours étre en contre-bas duplafond de larigole. L ’eau introduite dans le sol par les rigoles ne doit jamais y rester stagnante. Pour produire ses effets bienfaisants, il faut qu’elle s’échappe rapidement aprés avoir exercé son action. Rigoles collectrices des colateurs. — Ces rigoles, telles que Gil (Fig. 28) ct AA' (íig. 33), ont des dimensions en rapport avec les quantités d’eau qu’elles roqoivent. Lorsque les eaux ne serven! qu’une fois, elles les évacuent. Elles les envoient alors dans un canal d’écoulemont qui les conduit au loin. Le canal DB' (fig. 33) qui doit donner Feau aux planches de Fétage int'érieur, s’einbranche alors avec le canal de distribution. Le plus souvent, on n’abandonne Feau qu’aprés qu’elle a serví plusieurs fois. Ce sont alors les colatures des étages supérieurs ([ui arrosent les étages inférieurs. Nous y rcviendrons un peu plus loin. Toujours est-il que dans ce cas, AA' (íig. 33) n’estplus qu’une rigole de peu deprofondeurquidoitlaisser déborder les colatures par-dessus le chemin C, d’oú elles parviennenl dans la rigole de distribution BB’ ; celle-ci les répartit dans les rigoles d’arrosage de Fétage inlérieur. Chemins d’exploitation. — On niénage des cliernins d’exploitation, tels que C, (lig. 33) entre deux séries d’ados. Ces chemins ont 1“ ,30 á 3 métres de lar-


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

2S3

geur. Jls sont gazonnés et arrosés par la rigole collectrice des colaLures placée immédialement au-dessus d’eux. lis serven! au passage des voitures. S’ils sont jugés inuliles, on confond les deux rigoles AA.', BB' en une seule qui devient rigole de colature pour l’étage supérieur et rigole de distribution pour l’étage inlerieur. Orientation des ados. — La meilleure orientation qu’il convient de donner aux ados est celle du sud au nord. Toutefois ici encore, comine nous le recommandons sans cesse, il faut avoir égard á la forme du terrain et ne pas trop sacrifier á un avantage, assez léger en somme. Dans un seul cas les ados rcQoivent toujours cette orientation; c’est en terrain horizontal, parce que, alors, la direction du canal de distribution est indiíTérente. Les canaux de distribution suivent la direction des horizontales du terrain. Et ce sont eux naturellement qui commandent la direction des ados. Les horizontales peuvent añ'ecter sur le plan une forme sinueuse. Elles peuvent aussi avoir des parties tres nettement convexes et d’autres concaves. La figure 32 montre comment on trace es ados lorsque la courhe qu’elles dessinent s’accuse aussi franchement. Les rigoles de déversement r, r’ forment de petites fourches dans les endroits oü la courbure est le plus accusée. Quand les horizontales ne sont que légérement ondúleos, il suffit de diriger les crétes des ados suivant les perpendiculaires communes aux horizon­ tales successives du terrain. Ces horizontales sont espacées dans le plan vertical de 23 á 30 centimétres. Elles sont d’autant plus rapprochées sur le terrain que la pente est plus forte. Lorsqu’elles sont distantes de 10 a 13 métres, au plus, le terrain a plus de 2,3 p. 100 de pente, et l’on peut lui appliquer la methode d’irrigation par rigoles horizon­ tales. Quand elles sont écartées de plus de 10 á 13 me tres, le RisLEn e t W E R Y .

— Ir r ig a t io n s et d ra in a g es.

13


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TECHNIQÜE DE L’IRRIGATION.

sol a moins de 2,3 p. dOO de pente; el seule est applicable la métliode des ados. La plupai-t du temps les ados sont diriges suivant la pente du sol. Dans la Campine belge, KeelhoíT a cependant employé

Fig. 32. — Disposition des ados en terrain vallonrié. — ah, canal de distribulion; cd, canal de colature; r,r', rigoles d’arrosage; u, v', rigoles de colature.

exclusivementdes ados dirigés perpendiculairementácellc ponte. Le canal d’amenóe ou canal pi'incipa! de dislribuLion occupe le liaut de la prairie et suit ia méme direction que les ados. Plusieurs rigoles distributrices s’embranchcnt sur ce canal et descendent parállélement les unes aux autres du haut en bas des prés. Cliacune de ces rigoles dessert une doublc rangée de planches jusqu’á la limite inférieure de la prairie. En bas et dh'igé


DIFFÉRENTES MÉTIIODES D’IRRIGATION.

255

dans le méme sensquc le canal principal de dislribution, s’élend le canal principal d’évacuaüon des eaux. Les rigoles distributrices sonl établies en rcinblai ainsi que le canal qui les alimente, á moins qn’ilne se trouve naturellement situé a un niveau plus elevé que celui de la prairie. Les rigoles d’écoulement peuvent étre communes a deux séries de planches consécutives ou étre indépendantes les unes des autres. Dans ce cas, Lespace libre qui les sépare forme un cliemin praticable aux voitures. Quelques rigoles de niveau alimentóes par le canal supérieur servent á Tarroser. Los ados établis perpendiculairement k la pente du terrain nécessitent moins de terrassements que les autres. L’aile placee en amont est un peu en déblai; cello qui est en aval, lógérement en remblai. llenrésulte qu’il sufíit de jeter la terre á la pclle suivant la largeur de Fados et que Fon n’a pas de transport á opérer d’une extrémité des planches á Fautre. C’est unecondition économique de premier établissement qui rend avantageuse cette disposition des ados. ¡Víais on ne peut Fadopter que sur les terrains dont la pente est faible. C’est Fétude de cette pente qui permettra de íixer le sens de la dircction des ados.

Emploi de l’eau des colateurs. Les planches d’un étage inférieur peuvent étrearrosées avec de Feau neuve issue du canal d’arrosage placé á la partie supérieure du terrain. Dans ce cas, il sufíit de mettre les canaux de distribution en communication directo avec lui. Mais il y a un grand avantage au point de vue de Féconomio de Feau, a employer cello qui se réunit dans le canal de colature. A cet clfet, on peut établir directement la communication entre ce canal et le canal de distribution de Fétage suivant; ou bien


2o6

TECHNIQÜE DE L’IRRIGATION.

méme, on peut confondre en un seul les deux canaux. Le canal unique est alors rigole de colalure pour les planches supérieures et rigole de dislribution pour les planches inférieures. C’est la maniere la plus simple de procéder. Les figures 34 el 33 représentent cette disposition pour les deux orientations des planches. La figure 33 représente en proíil et en plan, d’aprés

33. — Profil et plan de la portion du terrain oú finissent les planches d’un élage supérieur et oú commencent celles de l’étage inférieur.

Ch. de Cossigny, une portion seulement du terrain oü se terminent les planches d’un étage supérieur et oü com­ mencent celles d’un étage inférieur. Ces planches sont dirigées dans le sens de la pente de la prairie qui est supposée descendre de gauche á droite. Le canal d’alimentation occupe la gauche de la figure, et descend du haut en has de la page. II alimente les rigoles de déversement de la premiére série de planches m . A, en coupe, AA' en plan représentent le canal de colaturo oü se


DIFFERENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

257

réunissent les colatures de chacune des planches; C figure le chemin ménagé an passage des voitures; OB', le canal de distribution qui alimente les rigoles de dislribution de la seconde série de planches n de l'étage inlerieur. Si l’eau ne doit servir qu’une fois, le canal de colalure AA' envoie les eaux qu’il a recueillies dans un canal

Fig. 3-}'. — Remploi de l'caii («idos diriges suivanl la penle dn lerrain^. — ab, cd, ef, gh, canaux de distribution et de colalure; ?', r, r, rigoles d’arrosage; f , v, v, rigoles de colalure.

d’écoulement et le canal BB' communique, plus baut que la figure, avec le canal d’amenée ou l’organe principal de disiribulion. Si l’eau recueillie dans larigole AA' doit arroser l’étage inférieur, elle déborde, arrose d’abord ainsi, le plus souvenl, le chemin C, et se répand dans le canal BB' qui la distribue aux rigoles de déversement des planches n . On peut se dispense!’, lecas écliéant, d’arroser le chemin (i en faisant communiquerentreeuxlescanaux AA',BB'par de petites rigoles transversales. D’ailleurs, on peut supprimer le chemin G, s’il n’esL pas nécessaire, en confondant en une seule les deux lágoles AA', BB’. La disposition precedente se reproduit pour la suite des planclies qui s’étagent sur la pi'airie. Un ll•^‘s grand


258

TECIINIQUE DE L’IRRIGATION.

noniDre d’étages, jusqu'á vingtoutrenLe,peuvent ainsi se superposer. L ’eau y esl remplóyée un nombre égal do Ibis. Mais il est bon de se ménager la facilité de fournir directement de l’eau neuve aux diffórents élages. On satisfait a celte convenance en construisant un canal il; (íig. 34) qui descend le long de la prairie el grace auquel on peut envoyer de l’eau dans chacun des canauxcd, ef, gh. I'

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Fig. 35. — Remploi de l’eau (ados diriges parallélement aux courbes de niveau). — g, rigoles de distribulion; /¿, /¿, canaux de colalure; r, rigoles d'arrosíige; v, v, rigoles de colalure.

11 vaut mieux ne remployer les eaux de colature qu’aprés qu’elles ontun peu circulé á l’air libre. Acet elTel, on irrigue le troisiéme élage avec les eaux de colature du premier et le quatriérne étage avec les eaux de colature du deuxiéme qui a été irrigué avec de l’eau fraiche. Les canaux de colalure opérenl chaqué fois un circuit assez long pendan! lequelleurs eaux s’améliorent. La figure 36 donne un oxemple de cette disposition pour des ados dirigés suivant le sens de la pente du terraln.


DIFFERENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

2o9

La figure 34 correspond á une disposiüon simple et par conséquent pratique. La figure 36 reproduit une comhinaison de rigoles qui demande dans son exécution,

I' ig. 36. — Irrigation par planches en ados diriges normalement aux courbes de niveau avec rempioi de l’eau. — ab, ef, rigoles d’arrosage; cdj gh, rigoles de colatiire.

lieaucoup de travail, de mouvement de Ierres et de soins. Aussi n’est-elle guere pratique a nos yeux et conseillerons-nous, avant de l’adopter, de bien chercher si Ton ne peut s’arréter á, quelque disposition plus


260

TECHNIQÜE DE L’IRaiGATlON.

simple. Dans les améliorations agricoles, il ne faut jamais perdre de vue le cóté économique et se livrer á des travaux qui ne seraient pas amplement rémunérés. En terrains á peu pres plats, allongés dans un sens eL fesserrés dans Taulre entre d’élroites limites, on peut avoir intérét á employerladisposition dite des adose?) gradins ou étagés. Les rigoles principales de colature, les rigoles distributrices et les cliemins sont supprimés. L ’ensemble de ces ados forme de longues planches, cliacun des gradins étant séparé du suivant par un res-

Fig. 37. — Ados disposés en élages ou gradins ( l " disposition).

saut de faible hauteur. Ces ados sont fáciles á construiré. Mais ils ont l’inconvénient de rendre impossible l’envoi d’eau fraiche aux étages inférieurs. Onpeut adopter l'une ou l’autre des dispositions suivantes : Dans la premierc (íig. 37), l’ensemble des ados for­ man! une longue planche, chaqué rigole d’arrosage se termine par un petit ressaut ou plan incliné. Les rigoles de colature se réunissent á la fin de chaqué gradin pour porter l’eau a la rigole d’arrosage du gradin immédiatemeht inférieur. Dans la seconde disposition (íig. 38), a cliaque rigole de colature d’un ados correspond la rigole d'arrosage de Fados immédiatement inférieur.


261

DIFFÉRENTES MÉTIIODES D’IRRIGATION.

La longueur do cliaque gradin dépond de la penlc du IciTain. La íigure 39 i’epi’ésente le plan d’une porüon des prairies irriguées, qui font parüe de la bello exploUation ^ -------- \

17Y >■

Kig. 38. — Ados disposés en élages oii gradins (2« disposilion).

agricole de M3I. Muret fréres, a Nogent-sur-Seine (Seineet-Marne). La méthode d’hTigation en usage esl celle des planches en ados. Les ados n’ont qu’une faible liauteur. C'est le ruisseau dit du Moulin de Ilaut-Champ qui fournit les oaux d’arrosage pour cette partió de la propriété. Voici quelques renseignements sur les conditions dans lesquelles a lieu rirrigaüon. Le Ruisseau du Moulin debite de 20 á 2S hectolitros au moment dos arrosages. Ceux-ci ont lieu généralenienl du !"■ avril á la íin de seplembre. Cependant lorsque le printemps esl froid on ne [les commence qu’apres le avril, aíin d’éviter la gelée. Chaqué arrosage dure vingt-quatre heures. La pente moyenne des canaux d’amenée tels que A, A ost de 0“ ,0036 (3“ “ ,6) par metro. Los rigoles d’arrosage IV ont une pente de 0“ ,0032 (3“ "',2) par niétre. C’est également tápente des rigoles do colalure C, C, C.

15.


262

TECHNIQUE DE L ’ IRRIGATION.

Le grand canal de colalure D, D, D (ouest) a une

Fig. 39. — Irrigations (les prairies de MM. Miiret fréres, a Mogent-sur-Seine (Seine-et-Marne). — A, A> A, canal d’amenée; 1, I, I, rigoles d’arrosage; C, C, C, rigoles de colature; D, D, D, grands et pelits canaux de colalure.

ponte de 0"‘,0041. Le petit canal D, D, D (est) a une pente de 0” ,002.


DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IRRIGATION.

263

La lai’geui’ des planches entre deux rigoles de colature yarie entre 20 et 28 métres. Lalongueur maxiinade cesplanches atteint 220 métres. La pente de chacune des alies des ados est environ de 2 centimétres par métre. Quantité d'eau nécessaire. — L’irrigation par ados exige une quantité d’eau plus considérahle que les autres méthodes. Vincent estime qu’elle doit varier avec la largeur des planches dans les proportions suivantes : Largeur desplanches.

8 métres. 12 —■ 16 —

Quantité d’eau Hauteui* d’eau en litresé la seconde. correspondante.

120 90 60

1™,04 0“ ,78 0“ ,52

Mais il s’agit d’irrigations fertilisantes exécutées dans le noi’d de l’Allemagne etces masses d’eau sont enormes. Dunkelberg, rappelons-le, estime l’irrigation parfaite avec 42-53 litres d’écoulement permanenl ala seconde et parjour; tres bonne avec 35 litres, honne avec 28 litres, sul'lisante avec 17 litres. Ici encore il s’agit d’irrigations fertilisantes. Pour aider á déterminer le nombre et l’étendue des planches qui peuvent étrealimeniéespar une mémeprise d’eau parlielle, Charpentier de Cossigny estime, d’aprés les irrigateurs allemands, qu’un écoulement de 1 litre par seconde peut alimenter tout au plus 20 á 30 métres de rigole d’arrosage versant l’eau des deux cótés. 11 ajoute qu'il vaut mieux fractionner l’espace áarroser, quand on n’a que peu d’eau a sa disposition et irriguer les unes aprés les autres ces parcelles que de disséminer l’eau sur de trop grands espaces qu’elle ne peut qu’humecter. D'ailleurs, le plus souvent les quantités d’eau disponibles varient avec les saisons etce n’est qu’au moment méme de l’arrosage que l’on pourra augmentar ou diminuer l’étendue de l’espace arrosé. Avantages et inconvénients de la méthode d’i r r i-


264

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

gation par ados. — G’est la seule mélhode qiii permette d’irnguer á l’eau courante des terrains qui ont moins de 2,o p. 100 de pente. Et cet avantage esL d’aulanl plus sensible que la pente est plus faibleelque le sol est moins perméable. On pourrait en eíTet, á la riguem', arroserpar laméthode des rigoles horizontales un terrain qui serait presqueplatpourvu qu’il soit perméable et que Ton dispose de beaucoup d’eau, maisil serait impossible de proceder de la sorte s’il s’agissait d’un terrain imper­ meable ou marécageux. Les ados grace á leurs pentes, gráce aux rigoles de colature multipliées, rapprocliées jusqu’á quatre ou cinq métres, créent un drainage énergique. Somme toute, ils permettent de porter la prairie á son plus haut degré de í'ertilité. C'est á eux qu’il faut recourir dans les irrigations d’hiver et chaqué fois que Ton désire employer de grands volumes d'eau pour féconder le sol. C'est gráce á eux, aussi, que Ton a pu crócr les prairies d'hiver appelées Marches en Italie. Le mouvement rapide <[u’ils donnent á l’eau lui permet de couler longtemps en hiver sur le sol sans qu’elle nuise aux plantes. L’inconyénient le plus sensible de ce procede, c’est qu’il est généralement coúteux. Puis il demande beau­ coup do soins et d’habileté pour étre bien ¡nstallé. Les irrigations elles-mémes doiventeti-e surxeillées attentivcment : quelques pierres, quelqiies feuilles abandounées dans une rigole d’arrosage ou de colature peuvent compromettre l’arrosage régulier des planches. Eníin la transformation du sol en planchos bomhées, séparées par des fossés,n’estpas favorable ál’emploi des machines agricoles. Et cet inconvénient est aujourd’hui d’autant plus sen­ sible que la rareté de la main-d’oeuvre pousse de plus en plus á l’emploi des machines. Enfin les mémes circonstances rendent difíicile la circulation des voitures qui transporten! la récolte. On substitue souvcnt aux ados les petites dignes de la


DIFFÉRENTES MÉTHODES D'IRRIGATION.

265

submersion pour le traitement des prairies á faible pente. G’est beaucoup plus simple et parlant plus économique. Maisil est évident que ni le but proposé ni les resultáis obtenus ne sont les mémes.

Irrigation par demi-planches. Supposons que l’un des flanes d’un ados (íig. 49) se réduise de plus en plus jusqu’á ne plus former qu’un lalus insigniíiant á pente tres raide, Fados se sera ainsi transformé en une demi-planche. L ’eau se dóversera de la rigole de déversement sur cette surface et se rendra, aprés avoir irrigué le Lerrain, dans la rigole de colature, pour étre remployée le cas óchéant. Le pré pourra comprendre ainsi une série de demi-planches superposées. Elles sont dirigées transversalement á la plus gi’ande l)ente. Dans ce sens leur pente dépend de la nature du terrain. Ces demi-planches, construites suivant la méthode des ados, aprés avoir fait subir au terrain les remanieinents convenables, seront parfaitement aplanies. L’irrigation et Fassainissement du terrain s’y exerceront avec la méme puissance que sur les ados. L’irrigation par demiplanches s’emploie sur des terrains, dont la pente avoisinant 3 p. 100, est supérieure á cetle qui convient le mieux aux ados sans étre suffisante pour Fétablissement des rigoles de niveau. Elle doit surtout s’employer, concurremment aveccelle des ados, pour achever Farrosage d’une surface dont toutes les parties ne s’accommodent pas de Fétablisse­ ment desplanches entiéres. A ce point de vue, elle com­ plete les ressources que Fingénieur doit avoir á sa disposition pour faire face aux difíicultés de terrain. Elle jone done á l’égardde Firrigation par ados le rOle que remplissent les épis vis-á-vis de Farrosage par rigoles de niveau. Elle exige moins d’eau que n’en rédame la méthode des ados.


TECnNIQUE DE L ’IRRIGATION.

Fig. 40. — Irrigation par demi-planches en lerrain vallonné. — cih, canal cl’amenée; cd, e/’, g h , rigoles de dislribulion; r, r, r, rigoles d’arrosagej V, V, V, rigoles de colalure; k l, inn, op, qr, canaux de colature^ ACE, canal d'évacuation des eaux. l, 2, 3.... 8 coiirbes de niveau. g 8

_ _8 _

7

6

5

4-_3_S

1

7 _ _ 6 _______ 5 _________*

m m M Fig. 41. — Profiis suivant AB, CD, EF.


CHOIX DE LA MÉTHODE D’IRRIGATION.

267

La figure 40 montre rapplicaüon de cette mélliode sur un terrain légérement vallonné, sans remploi de l’eau des colatures. Le remploi de l’eau s’effeclue aussi facilement que lorsque l ’on emploie le systeme des ados. La figure 42 I I .....

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T7 TJI Fig. 42. — Irrigaüon par demi-planches avec remploi de l’eau. — r?*', rigole d’arrosage; v, v', v”, v"', rigoles de colalure.

donne l’exemple d'une disposition convenable. L ’ingéniosité de ringénieur agronome, loujours tenue en éveil par la nécessité de se plier le plus possible aux formes de terrain, peut trouver des combinaisons tres nombreuses. C H O IX D E

LA M É T H O D E D ’IR R IG A T IO N

Irrigation rationnelle. Comme nous l’avons déjá dit, ringénieur chargé d’élablir des irrigations doit avant tout appliquer la méthode


268

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

qui convient le mieux aux circonstances naturelles : relief du sol, quantité et qualité des eaux. 11 doit s’eiroi*cer de réaliser Tarrosage de la faqon la plus simple et par conséquent la plus économique possible. 11 n’y a pas á proprement parler de systémes d'irrigation. 11 y a des méthodes, et chacune d’elles s’applique á une forme spéciale du terrain. 11 n’y en a done pas qui soient a priori meilleures les unes que les autres. Ce ne sonl pas elles abstraction faite des conditions de leur application, qui assurent le bon résultat de Tarrosage. C’est l'opportunité de leur emploi qui en garantit le succés. Sur le méme sol, juxtaposées, doivent se rencontrer quand il le faut les ünes et les autres. C’est affaire á l’ingénieurde savoir les manier comme le peintre use de ses couleurs suivant les parties du paysage qu’il veut représente!’. Nous avons vu ([u'entre les deux mémes horizontales du terrain, espacées de 30 centimétres, dans le plan vertical, l’on devait parfois orienter les ados dans deux sens diíférents. Lin peu plus haut, á droite ou á gauche, la pente du sol aura pu décider de l’emploi des rigoles horizontales ou des demi-planches. La pente naturelle du sol, l’utilitó de réduire au míni­ mum les remaniements du terrain ; parfois, la nécessité d’économiser l’eau, d’assainir énergiquement un terrain naturellement marécageux : voilá quels sont les facteurs principaux qui interviennentdans le choix de la méthode d’irrigation. Nous les avons examinés en décrivant chacune des méthodes. Nous rappellerons seulement ici que chaqué ibis qu’elle est praticable, c’est-a-dire chaqué Ibis que la pente du sol avoisine 2,b p. 100, c’est la méthode de déversement par rigoles horizontales qui s’impose, tant par la simplicité de son tracé, de la conduite des eaux, que par les résultats e.xcellents qu’elle donne.


TROJET ET PLAN D’IRRIGATION.

P R O J E T E T PLAN

269

D ’IR R IG A T IO N

La pi’emiére chose qu’il convienne de faire, c’est d’examiner si Fon dispose d’assez d’eau pour ari’oser, si cette eau est á un niveau convenable pour irriguer le terrain envisagé, et quelle est sa qualité. Cela sera toujours í'acile lorsque Fon se trouvera dans le voisinage d’un grand canal d’irrigation. Lorsqu’il s'agit d'une riviére ou d’un ruisseau, on mesure son débit en employant Fun des procédés que nous avons décrits. Quelques coups de niveau permeüent de se rendre compte de la zone qui peut ñire arrosée. EnFin, il faudra toujours s’entourer des garantios légales qui permettront de proceder aux arrosages sans avoir á craindre de procés avec les usagers ni avec les voisins. Ces premieres consfatations faites, on procédera au nivellement général du terrain (1), en prenant comme plan de comparaison, á lacotezéro, le niveau moyen de Feau au point de dérivation. De cette fa(jon, on distinguera lout de suite les points Irop élevés pour étre arrosés, qui devront étre nivelés par conséquent, et ceux que Feau attcindra facilement. ¡Víais, surtout, cette opération essentielle permettra de déterminer la pente du sol dans ses diverses régions. Elle mettra done Fingénieur á méme de déterminer le systéme d’irrigation qui conviendra á lelle ou telle section de la prairie et de calculer approximativement Fimportance des déblais et des romblais, d’apprécier ensuite combien de fois Feau pourra étre remployée. Ces travaux préliminaires aclievés, on jalonne le canal d’amenée de Feau en disposant les points qui marquent (I) Voir c\ce sujet Ies notions élémentaires de nivellement que nous rappelons dans ce volume á propos du drainage, p. i32.


270

TECríNIQÜE DE L’IRRIGATION.

sa direcüon, de telle serte qu’il n’ait guere que de ^ á 3 p. 1000 de pente (1). Puis on reporte sur le terrain, a Tai de du plan, des hori­ zontales espacées de 2S á 30 centimétres dans le plan Yertical. On marque ces ligues plus ou moins réguliéres á l’aide de petits piquéis. Afin de les dislinguer entre elles, on donne aux piquéis d’une ligue une direclion verlicale, a ceux de la ligue suivante une direclion oblique. On arrondit les contours du tracé. L ’examen de ces horizon­ tales ainsi íigurées sur le terrain permettra de se rendre compte de la position des rigoles horizontales d’arrosage si la pente du sol est d’au moins 2,5 p. 100, de Forientation des ados si la pente est inférieure á 2,5 p. 100. Les horizontales étant distantes de 30 centimétres dans le plan vertical, on traitera par la méthode des rigoles horizontales ou par celle des ados, les sections du Icrrain suivant qu’elles seront comprises entre des horizon­ tales écartées de moins de 13 métres ou de plus de 13 métres. Des considérations demémenature guideront Fingónieur dans la superposition des planches, dans la détermination des diverses sections du pré irrigué, et dans les dispositions qu’il prend pour remployer Feau des colateurs. On ne peut s’étendre longuement sur ces Iravaux que Fhahilelé, la pralique de Fingénieur peuvent faire varier á Finlini. On ne peut que recommander d’appliquer rigoureusement les principes de Firrigation rationnelle; c’est-á-dire opérer par les procédés les plus simples, et appliquer chaqué Ibis la méthode qui convient le mieux aux circonstances dans lesquelles on se trouve. Voilá un premier principe que pose Firrigation ration­ nelle. En outre, elle apprend á déduire de Fécartement (i) Vincent marquait immédialemenl sur le terrain ii l’aide de piquéis Ies horizontales espacées de 25 ou 30 centimétres.


PROJET ET PLAN DTRRIGATION.

271

des horizontales, rorientation qu’il convient de donner aux ados afin de pouvoir les établir avec le minimuin de terrassemenls possibles. Si Fécarteinent des horizontales ne dépasse pas 20 a 2a métres, longueur óptima de Fados, les planches pourront étre dirigées suivant le sens de la pente du sol! Mais si cet écartement dépasse 20 á 25 métres, elles seront di­ rigées perpendiculairement á la pente.

e/*, cf, canaux de dislribulion; gh, ik, rigoles de colalure; crf, canal de colalure.

Sur un terrain quelque peu mouvementé, les horizon­ tales d’ahord écartées k plus de 2o métres, peuvent ensuite se rapprocher au-dessous de cette distance. Alors on placera les ados perpendiculairement a la pente clans la partie du terrain ou les horizontales sont espacées de plus de 25 métres. On les orientera suivant le sens de la pente la oú elles se rapprocheront. (Voy. figure 43). On est ainsi amené á orienter les ados de la maniére la plus rationnelle dans chacun des compartiments du tei'rain délimités par les horizontales. La plupart du temps,les planches sont dirigées suivant la pente du sol. Elles sont étagées les unes au-dessus des


272

TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

aulres. La figure 33, p. 236, représente une portion du terrain oü finissent les planches d'un étage, et oú commencent celles de l’étage immédialementinlérieur; AA', représente le canal de colature des planches de l’étage supérieur; BB', le canal de distrihution afférent au second étage. L ’espace qui les sépare sert de chemin ; il est d’ailleurs gazonné, et le canal de colature peut rirriguer. E X É C U T IO N DU PLAN

On commencera par creuser les principaux canau.x de colature, afin que l’eau que la terre renferme ou qu’on luí aménera ne gene pas les travaux. Dans le méme temps, les places marécageuses ou trop humides s’assainissent et prennent de la consistance. Puis on construit lo principal canal de distrihution; il sera bientót nécessaire pour amener l’eau dans les rigoles etrégler leur pente. Ensuite, on enléve le gazon qui recouvre le sol s’il s’agit d’une vieille prairie. S’il s’agit d'un terrain couvert de bruyéres, d’ajoncs ou de toutes autres plantes vivaces non utilisables et difticiles á détruire, il faut se décider au défrichement á la charrue. Le gazon s’enléve par handes rectangulaires de 30 centimétres de largeur sur 2 á 3 metros de longueur ou par l)laques carrees. Ce travail se l'ait le plus souvent a la main. On coupe le gazon en l’attaquant á coups de Iranohe-gazon. Les figures 44 et 43 représentent un mo­ déle de cet instrument, mais il en existe de nombreux types qui varient avec les pays. On tend préalablement un cordeau á une certaine distance de la ligne suivant laquelle doit étre faite la section. La hande de gazon étant ainsi découpée suivant ses deux cótés, on la détache sur 10 centimétres d’épaisseur a l'aide d'unc pioche á lame tranchante, large de 10 ou 12 cen-


EXÉCÜTION DU PLAN.

273

timétres, longue de 30. Lorsque le terrain n’est pas trop SCO, qu’il n’est pas caillouteux et qu’on opere sur d’assez grandes surfaces, on emploie souvenl une charrue dont le coutre et le soc sont soigneusement aiguisés

Fig. 4j . — Fer de la hache représentée ci-dessus, vu de face el de profil (1/10 d’exécution).

Les bandes de gazon étant ainsi détachées du sol, on les coupera á la longueur voulue á l’aide de la béche. Quand le gazon est tres solide, compact, on roule les bandes, l’herbe en dedans, autour d’un baton, cela en facilite le transport. On chargeles plaques sur des brouettes, aprés avoir laissé de place en place les gazons nécessaires a la confecLion des rigoles et on en forme des tas réguliers sur le terrain en dehors des parlies que Ton doit travailler. Ces gazons seront replacés plus tard sur le sol, apres rachévement des lerrassements.


274

TECIliNIQUE DE L’IRRIGATION.

Lorsqu’il s’agit d’une irrigation par rigolas horizon­ tales, il est inutile d’enlever la surface gazonnée tout entiére. II suffit d’óter les gazons qui recouvrent les endroits creux ou trop bomhés. On ne procede á Tenlévement complet que pour construiré des ados, et encore, suffira-t-il parfois de dégazonner les surfaces qui seront

transforniées en rigolas et d’appliquer les gazons que Fon se sera ainsi procurés de chaqué cóté de Femplacement des rigolas horizontales d’arrosage. Nous avons expliqué comment onprocédait alors en parlan! de la construction des aclos naturels. Mais quand la disposition du sol exigera son remaniement total, on procederá comme nous venons de Fexpliquer. Puis on eíTectuera les terrassements nécessaires. On comblera les creux en se servan! de la Ierre qui l'ormait les saillies. On ameublira soigneusementlesol en le hersant et en le roulant alternativement. Le transport des Ierres d’un point á Fautre de la prairie s’effectuera énergiquement á Faide de la ravale ou pelle á cheval (fig. 46). C’est une caisse en bois ouverte á la partie antérieure dontle fond, d’une largeur de l “ ,üO, est formé d’une épaisse plaque de tóle cintrée á bord tranchant. Elle est munie de deux manches que tient Fouvrier. Quand il les souléve, Finstrument pique dans le sol et


EXECUTION DU PLAN.

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sous l’action du cheval qui le tire en avant, il se charge de terre. Quand l’ouvrier abandonne les manches, la ravale bascule et dépose son chargement. On se ser! aussi de pelles pour jeter la terre a faible distance, de brouettes ou de tombereaux. On complete le travail de la ravale, avec la charrue-niveleuse ou la charrueplanche. C’est une simple planche en bois munie á sa partie inférieure d’une solide plaque de tóte. On la place sur un avant-train ordinaire de charrue (Charpentier de Cossigny). Quand on exécute des terrassements, il faut avoir soin de ne pas mettre de la terre provenan t du soussol á la place de la terre végétale qu’on a enlevée pour faire disparaitre une éminence. Aussi est-il bon de mettre de cótó la terre supeiTicielle, comme on fait pour les gazons. Cette manoeuvre occasionne certainement un surcrolt de peine et de dépense, mais si on ne la pratiquait pas, on fmirait par gáter le terrain super­ ficie! et compromettre la végétation de la prairie. Une fois les terrassements achevés, on trace les diíTérentes rigoles, on construit s’il y a lien les ados ou les derni-planches, puis on replace les gazons. Les plaques sont disposées les unes á colé des autres. De la terre végétale est jetée dans lesintervalles qui les séparent. On humecte le tout et on le bat avec une batte formée d’une plaque de bois munie d’un manche de 1 métre de longueur. Lorsqu'il n’y a pas assez de gazon pour recouvrir a peu jirés complétement la surl'ace du sol, il faut disposer les plaques en quinconces de maniere á former un damier. On remplit de bonne terre les cases et on les ensemence avec des graminées. 11 faut réserver assez de gazon pour tapisser les talus des rigoles et des canaux qui sont exposés au ravinement, quittc á ensemencer ensuite les surfaces planes.


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

Tracé et confection des rigoles dans la méthode d’irrigation par rigoles horizontales. On peut appliquer au nivellement des terraiiis Tune des méthodes que nous exposerons a propos du drainage (1), celle des quadrilatéres par exemple, tracer sur le plan les horizontales et les repórter sur le terrain. Mais souvent, pour de petites superíicies, on détermine sur le pré ou le champ inénie les horizontales, comme nous Texpliquerons aussi plus loin (2). Le niveau á bulle d’air et a lunette permet de viserjusqu’a 200 métres á droite et á gauche de la station. Son emploi permet done de mener rapidement le travail. Le, niveau d'eau réduit h 40 ou 50 métres les visées, suivant la vue de l’opérateur. Mais son maniement est si simple, son usage si bien approprié aux hesoins de l’agriculteur qu’il est plus souvent employé que le précédent. On marque á l’aide de petits piquéis en bois, en commencant par le haut du pré, les points qui sont dans le méme plan horizontal que celui de Laxe do la lunette. Pour diíTérencier les horizontales les unes des autres, on íixe ces piquets alternativement droits et inclines. Les points marqués sont espacés de 4 métres et les horizontales sont espacées de 50 centimétres environ dans le plan vei'tical ; de plus ou de moins suivant que le terrain est plus ou moins declive. Les points qui déterminent le passage des horizontales íorment généralement une ligne brisée. Lapersonne qui dirige le travail les réunit par une ligne courbe sinueuse et continué tracée á la béche, de maniére a éviter les coudes brusques. Cette opération s’exécute avec une (1) Voir 3« parlie. (2) Voir 2'’ parüe.


EXÉCUTION DU PLAN.

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])éche légéi'e. On en proíite pour tracer les courbes de raccordemenl des rigoles d’arrosage avec les rigoles de dislribuüon. Les horizontales élant Lracées directement, coinmenous venons de le dire, ou reportées sur le terrain d’aprés le plan elmarquées á l’aide de piquéis, on trace les rigoles de distribution. Les horizontales permettentde discerner l’acilement les lignes de faite des Ihalwegs. C’est dans les thahvegs qu’on placera les rigoles de distribution pour les raisons que nous avons deja dites. Ün marquera leur emplacement á l’aide de jalons sensiblement plus élevés que ceux qui lixent la direction des horizontales. On indique la direction des rigoles de distribution á l’aide d’un cordeau que les ouvriers suivent pour enlever le gazon. Celui-ci est soigneusement mis de cóté. La rigole achevée il faudra s’en servir, en effet, pour en B

tapisser les parois et la défendre ainsi contre le ravinement. On procede deméme pour les rigoles d’arrosage. Si elles sont rectilignes on en indique la direction á l’aide d’un tordeau; si elles sont sinueuses, avec de petites fiches de bois ou par une raie tracée á la béche. Isous avons supposé jusqu'ici que les rigoles étaient rigoureusement de niveau. Mais nous savons que la plupart du temps elles doivent avolr une légere pente de part et d’autre de la rigole de distribution. Cette pente, qui peut varier de 1 á3 millimétres parmétre, facilite singulierement la répartition de l’eau. Voici commenton peut R isler et W ekv . — Irrigalions et drainages. i6


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

clonner cette penle, en se basant sur le piquetage qui a été fait suivant les courbes de niveau. Soient A, B, C, D, M, flg. 47,1a suite des points obtenus par le nivellement et qui 'sont marqués par des fiches sur une longueur A M d’une trentaine de inútres. Supposons que fon veuille élablir une rigole parlant de A et se dirigeant vers M avec une pente de 1 millimétre et demi par métre. Cette pente donne par 30 métres une dénivellation de 43 millimétres. La rigole devra done aboutir en un point situé á 4 centimétres et demi au-dessus de M. Un coup de niveau donnera ce point immédiatement. Le méme procédé permettra de déterminer les points intermédiaires B', C', D', E'... Ces rigoles d’arrosage ont un profil rectangulaire. Elles mesurent 13 centimétres de largeur sur 10 centimétres de profondeur. Pour les construiré, ilsuflit done d’enlever une plaque de gazon ayant los mémes dimensions. A l’aide du tranche-gazon que nous avons déja décrit, on determine dans le gazon deux sections verticales espacées de 13 centimétres. Puis avec la bécho on découpe la bande ainsi formée en morceaux de 23 centimétres de long. Enfin, on détacheles morceaux a 10 centimétres de profondeur en se servant d’une pioche. Un liomme exercé peut fairc environ 300 métres de rigoles par jour. Mais, il faut transporte!’ les mottes de gazon en des points plus ou moins éloignés selon la destination qu’on leur donne, et cela peut prendre encore beaucoup de temps. 11 l'aut, d’ailleurs, toujours laisser un certain nombre de ces plaques de gazon sur les bords de la rigole. On les utilisera pour former de petits barrages au moment oü les irrigations fonctionneront. Ces mottes de gazon trouvent, d’ailleurs, leur emploi pour garnir des rigoles^ pour revétir des talus en remidáis, pour couvrir des endroits dénudés. Quand les rigoles sont rigoureusement droites, la charrue-rigoleuse permet do les tracer trés rapidement.


EXÉCUTIüN DU PLAN.

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.Mais il n’est guére possible de s’en servir pour les rigoles sinueuses. Nous avons supposé jusqu’ici que le sol était occupé par une prairie. 11 est ])eaucoup plus facile de creuscr les rigoles dans une Ierre recouverte de gazon ; les seclions son! bien plus netles; les Ierres se liennent en place et on n’a pas a craindre les éboulements. Aussi, lorsque le sol n’est pas gazonné, attend-on souvent une année pour laire les rigoles. Mais il peut etre avanlageux cependanl de les tracer tout de suite afin que les semis ct le jeune gazon puissent proliter de l’arrosage. On se contente alors de donner aux rigoles d’arrosago la forme d’un pelil sillón k talus inclinés, quitle á les rectifier plus lard. Les rigoles de colature et le canal d’évacuation sont ouverts en suivant la máme méthode que les rigoles de déversement et le canal d’amenée. Mais le canal princi­ pal d’écoulement, au lieu de n’avoir qu’une pente tres i'aible, reg.oit au contraire la pente maxima. On le garnit done soigneusement de gazon, on y ménage s’il le faut de petites chutes de maniere k le préserver des aífonillements. Une fois terminé le tracé des canaux et des rigoles, on vérilie leur pente et on acliéve de la corriger en donnant l’eau. On la fait reüuer dans le canal d’amenée á l’aide de la vanne et on la laisse pénétrer dans les diíférentes rigoles. On suit attentivement sa distribution et son déversement. 11est facile de corriger, s’il y a lieu, la pente des rigoles.

Construction des ados. 1“ Ados naturels. — Lorsque c’est possible, on se borne k construiré des ados naturels. Mais il faut que la nalure s’y préte, c’est-á-dire que la pente du terrain soit tres faible, et que les eaux soient assez limoneuses poui'


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TECHÍNIQÜE DE L ’IRRIGATION.

que leurs dépots achevent peu á peu, chaqué aiinée, le Iravail de l’ouvrier. Ce procédé a l’avanLage de limitei' a tres peu de cliose le dégazonnemcut, de réduire au mínimum les déplacements de tei're, par conséquent la dépense, et de ne pas interrompre, pour aiiisi dire, la production de la prairie. ün commence par indiquer avec des jalons et des piquéis, Templacement des diversesrigoles et des chemins it’il’iH'liítiñiii'íü

qui séparent les series d’ados. Puis on ouvre los rigoles d’écoulement qui séparent les planches. On o])tient ainsi des mottes de gazon á l’aide desquelles on forme les parois latérales des rigoles d’arrosage. Avant de placer les piquots, on a tendu ii 1“ ,80 des rigoles vv' et i/y' (íig. 48), deux cordeaux dont Técartement est égal á la longeur de l’ados (23 á 30 mélres). Les piquéis sont enfoncés de telle sorte que leurs sommets sur ?’)■' et ee' soient respectivemeut á la cote de la créle de Fados et á celle du fond do la rigole dé colature. Les gazons que fournit Fétablissement des deux


EXÉCÜTION DU PLAN.

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rigoles (le colalure sont places á colé des précédents; de pai’t et d’aulre, de maniere á indiquer la eróte de Fados (íig. 29). Puis on approfondit de plus en plus les colaleurs en gagnanl Fe.xtrémité de Fados, et au l'ur et a mesure qu’on avance, on rejette la terre, aprés Favoir soigneusement émiettée, vers le milieu de la planche. On régularise la surface aussi parfaitement que possible en la hallan t légérement. La deuxiéme partie de la figure 29 représente Faspect de Fados á cettepériode de son établissemenl. Plus tard, les dépóts abandonnés par les eaux Fachéveront peu á peu. Mais 11 n’aura jamais une conformation tres réguliére. 2“ Ados artificiéis. — Aprés avoir l'ait le nivellement du terrain, on trace sur le cótó le plus elevé le canal de distribution de Feau en lui donnant la pente nécessaire. On marque, ensuite, á Faide de piquéis et de cordeaux, Femplacemenl des rigoles de déversement et de colalure, colui des cliemins qui séparent les séries d’ados oubiefs. On s’appuie sur les considéralions que nous avons deja développées pour lixer la direction des ados. Les chemins d’exploi lalion reqoivent une largeur de l™,üO á 3 métres. Le cóté délicat de la conslruction des ados reside dans Finlérét do les établir de telle sorte que dans les Ierras^ semenlsqu’il faulfaire, le volume des déblais compense ii peu prés exactement celui dos remblais. O’est ainsi que Fon réduit, autanl que possible, les déplacemenls de terre qui occasionnent toujours des frais conside­ rables. C’est en disposant la créte de Fados a une cote conve­ nable, qui dépend de la penle du terrain, de la hauteur méme de Fados, qu’on atleint le but proposé. Si le sol de chaqué bicf ou compartiment, l'ormé par une série d’ados, était rigoureusement horizontal, rien ne serait plus facile. 11 sul'íirait de placer la créte de Fados a une hauteur au-dessus du sol, égale a la moitié de la 16.


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TECHNIQUE DE L ’IBRIGATION-

hautem- méme de l’ados. 11 est clair que Ies déldais a ellectuer pour construiré la moilié inlerieure de Fados sufíiraientpourformerleremblai de l’aulre moilié. Le terrain n’a jamais celle disposilion. 11 présenteinvariablement des irrégularitós et une penle quelconque. Mais on peut toujours le transí’ormer en une surface horizontale, de telle sorte que les Ierres qui proviennent des éminences situées au-dessus de celte surface comblent les dépressions siluées au-dessous. J1sufíira done d’abord de chercher la cote du terrain par laquelle passerail le plan borizóntal auquel il peut etre assimilé. Puis on établira la créte des ados au-dessus de ce plan, auné cote égale á la moitié de la hauleur des ados. On procédera done de la maniere suivanle. Aprés avoir divisé le terrain en biefs ou compartiments, s’ilyalieUjOn seplacerasuccessivementápeu presan centre de chaqué bief ou compartiment. On donnera des coups deniveau sur tous les points oü le terrain présentera des des dépressions ou des éminences. En prenant lamoyenne de toules les cotes relevées, on obtiendra celle du plan horizontal, auquel le terrain peut étre ramené pour que déblais et remblais s’équivalent á peu pros. Lette cote, qui doit servir de point de repére pour tracer toutes les parties de la prairie, sera marquée par un pique! solidement fixé dans le sol. Cette maniere de faire suppose que les dépressions et Ies éminences du terrain ont la méme étendue. S’il n’en était pas ainsi, il laudrait, en s en rapportant au coup d’ceil, modifier légérementla cote, calculée en plus ou en moins. Puis on divisei'a le compartiment en ados, suivant la longueur adoptée. On marquera par des piquéis Ies extrémités des rigoles de déversement et d’égouttement. A Faide du niveau, on placera les létes des premiers a une distance, en contre-bas du fpiquet de repére, égale á la moitié de la hauteur de Fados, et los létes des piquets


EXÉCUTION DU PLAN.

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qui marquent les exlrémités ele la rigole d’arrosage (du cóté du pignon), á une distance en contre-liaut du piquel, égale á la méme quanülé. On jalonne les rigoles avec des piquéis intermédiaires qu’on place aux cotes convenables, gi’áce á l’emploi décrit ailleui’s d’un jeu de nivelettes. Enfln, on réunit par un cordeau, alaliauleurvoulue,lespiquets qui jalonnent la créte de 1‘ados. On procédera de méme pour chaqué ados. Si la serie n’est pas trop longue, on peut se contenter d’établir au niveau les cotes des crétes et des extrémités des rigoles de colature. On déterminera les cotes des autres á l’aide de jalons et de nivelettes. Le tracé des travaux élant ainsi exécuté, on dresse les crétes des dillérentes rigoles et celles descliemins d’exploitalion au moyen de gazon de 0“ ,10 de largeur sur a 0“ ,05 d’épaisseur. On dessine de cette fagon tout le proíil de l'ouvrage. Le sol est atlaqué ensuite á la béclie. On i'ejette vers le centre de la planche la Ierre enlevée aux extrémités, vers les colateurs, que Fon approfondit peu á peu, á mesure que Fon gagne la croupe de Fados. On doit soigneusement laisser la conche végétale a la surface. Les couches inlérieures du sol sontstériles. Elles sont aussi moins consistan tes et assurentmoins bien que celles du haut la forme de Fados. G’est une excellente chose que d’opérer á la béche un défoncement aussi prol'ond que possible. Certains ingénieurs, Keelhoff par exemple, en Ibnt une condition nécessaire de succés pour Firrigalion. Ce défoncement assure Fasséchement dusol. 11serait inutile si le sous-sol élait toul a fait imperméable. Dans la confection de Fados, il faut teñir compte du tassement des terres, égal environ au 1/9 de leur volume. On doit exécuter les travaux Fhiver qui précéde Feusemencement.


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TECÍINIQUE DE L ’IRRIGATION.

Une fois les ados étahlis, on régularise la sui'l'ace de leurs alies á l’aido d'un rouleau, on aciieve les rigoles dont on régularise la pente. On vériíie cette penle en donnant de l’eau avec mesure. 11 esl facile de ’voir si celle eau circule facilement dans la direcüon voulue et s’il est nécessaire d’approfondir ou de relever le plafoni de la rigole. Les diflerents canaux et rigoles onl d’ailleurs les dimensions que nous avons précédemmenl indiquées. Les rigoles d’arrosage puisent l’eau dans le canal d'alimenlalion a un niveau de plus en plus bas, á mesure qu'elles s’amorcent i)lus loin dans ce canal en suivant sa pente. Disposition spéciale pour l’arrosagedes planches de grandes dimensions. — Ces planches ne sont pas avantageuses. Elles exigent des terrassements trop imporlants. Mais la configuraüon du sol obligo parfois á y recourir. Afin qu’elles soient réguliérement arrosécs, il l’aut alors aménager des rigoles horizontales sur les flanes de Fados etsur la croupe triangulaire. Les figures 30 et 31 indiquent sufíisamment bien cette disposition poui' (¡u’il soit inutile d’entrer dans de longs détails. Les rigoles sont tracées sur les flanes en s’aidant du niveau. Elles communiquent par de petits canaux transversaux avec la rigole de déversement. Celle-ci est pourvue d’une pente un peu plus accentuée que de coutume et dirigée vers Fextrémité de Fados. Elle doit etro naturellement plus large que si ello n'arrosalt qu’une planche étroite. ün adopte ces dispositions lorsque la largeur des planches atteint IS a 20 métres.

Construction des demi-planches. Si le terrain présente des pentes en sens contraire, il doit étre préalablement a[)lani. Cela étant l'ait, on marquera avec des piquéis le contour et les angles des


EXÉCÜTION DU PLAN.

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planches. Les sommets de ces piquéis occuperont les coles convenables gráce á quelques coups de niveau. Les demi-planches seronl dirigées Iransversalemenl á la plus grande penle du lerrain. La figure 49 montre coinbien 11 esl aisé de les consIruire. La lignemn indique sur ce profd la scclion du sol primilif. Pour former cliacune des deini-planclies, on creuse la Ierro vers le has el on la rejelle vers le haul

I’ ig. 49. — Demi-planches siiperposées (Pi'ofil). — mn, surface priinitive du sol; BD, rigoles d’arrosage; ACE, rigoles d’égoutlement.

de maniere que la demi-planche ait une penle d’environ 4p. 100. Lorsque la penle du sol esl réguliére, le déblai, dans la confeclion de chacune des surfaces arrosées, équivaut á peu pres au remblai. On conslruil les rigoles de dislribulion el de colalure coinine 11 a élé indiqué á propos des ados. Les canaux de dislribulion cd, ef, gh (fig. 40) régnenl suivanl la penle nalurelle du sol. lis porlenl Teau dans chacun des canaux d’arrosage r, r, r. Suivanl que Fon remploie ou non les eaux de colalure, Fenscmble des Iravaux se rapproche des disposilions indiquéos par la figure 40 ou la figure 42. Le plus souvenl le lerrain presentera des irrégularilés de surface. Pour arriver á équilibrer les déblais el les remidáis, on suivra le procédé qui vienl d'élre indiqué pour les ados. A Faide du niveau on cherchera la cote du plan horizontal auquel on peul ramener le lerrain. On établira ensuile le milieu de chaqué planche á la hauleur de cetle cote. El les Ierres á provenir de Fétablissement de la moitié inférieure servironl á former le remblai de la moilié supérieure de la planche.


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TECnNIQUE DE L ’IRRIGATION. D R A IN A G E D ES P R A IR IE S IR R IG U E E S

11 y a toiijours intérét á irriguer des prairies, méme lorsqu’elles manquen! de pente et que le sous-sol n’est pas perméable. ¡Mais 11 faul alors que rirrigation soit accompagnée d’un assainissement énergique. L ’applicalion de la méthode des ados y pourvoit dans une certaine mesure. On ne peut loujours l’employer, aussi convient-il assez souvenl d’exécuter un drainage complet. Des fossés traces á ciel ouvert ne suffiraient pas. En eíTet, les jirairies manquent généralement de penle. Or pour évacuer de faibles quantités d’eau, les fossés á ciel ouvert exigen! beaucoup de pente; si Fcau n’a pas une grande vitesse, elle ne peut vaincre les résistances que luí opposent les plantes qui garnissent bientét les talus. Les fossés s’enibourbent et deviennent rapidement plus nuisibles qu’utiles. Puis, comme nous l’avons dit ailleurs, ils absorben! beaucoup de terrain aux dépens de la production de Therbe. On doit done leur préférer les drains souterrains, formés depierres ou mieux encore de tuyaux en terre cuite. Les praliques ordinaires du drainage s’appliquent encore ici, mais avec les précautions suivantes : 1° Le di'ainage ne peut pas étre independan! du réseau d’irrigation. Les drains ne devront jamais étre placés directement au-dessous des rigoles. lis ne les croiseront méme pas, autant que possible. Lorsqu’un croisement est inevitable, le drain est garantí contre les inliltraüons de l’eau par un manchón ou par l’application de moües de terre glaise comprimée. Les lignes de drains s’arréteront k l “ ,o0 ou 2 mélres des rigoles d’arrosage. 2“ Les drains sont placés a une profondeur de 0“ ,90 á l “ ,fO. lis sonl dirigés suivant la pente du terrain lorsqu’elle ne dépasse guére 3 á 4 p. fOOO et les collecteurs reqoivenl alors une pente artificielle.


DRAINAGE DES PRAIRIES IRRIGÜÉES.

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Le drainage n’est naturellement possiMe que si l’on

Fig. 50. — Plan d’un terraiii drainé et irrigué. — Les lignes poncluées représentent les courbes de niveau; les Iraits doubles représenlent les fossés et rigoles servant h 1’irrigalion; les Iraits pleins figiirent les lignes de drains souterrains; ABC, canal d’amenée; ED, ruisseau servant á l’écoulement des eaux superflues.

peut faire écouler les eaux que le collecteur principal a


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

ramassées. Quand on le peut, comme pour les prés de montagnes, on se serl des eaux de drainage pour irriguer des prairies situées plus has. La figure SO représente, d’aprés Cliarpentier de Cossigny, une prairie drainée d’aprés les principes que nous venonsd’énoncer. L ’irrigaüon y estdonnéepar desrigoles horizontales. D R A IN A G E E T IR R IG A T IO N C O M B IN E S

Méthode de Petersen. L ’agronome allemand Petersen a imaginé, vers 18G0, une combinaison particuliére du drainage et de l’irrigation qui fit grand bruit dans le monde agricole. On vit dans le nouveau procédé le moyen d’apporter aux prairies non seulement les bienfaits de l’arrosage, mais encore ceux d’une aération tres énergique, éminemment favorable a la fertilité de ces terres riches en matiéres organiques. On prétendit que lesystéme Petersen permettait d’utiliser á sa plus haute puissance l’action fertilisante de l’eau et de développer au máximum la production des prés. L ’expérience a montré quecette méthode donne,en eíTet, de remarquables résultats dans les sois impermeables et tourbeux. Elle fournit á la vérité de tres fortes récoltes durant les premieres années. Mais cette production intensive ne peut se mainteñir qu’en restituant au sol par des engrais les principes qui lui sont enlevés et que les eaux ne suflisent pas á lui cendre. Son prix de revient est assez élevé tout en l’étant moins que celui des ados. L ’entretien ne coúte pas tres cher. Mais il doit élre tres régulier, faute de quoi le succés est compromis. La méthode a l’avantage de se préter a l’emploi de fortes ou defaibles quantités d’eau. Le sol, qui entre en contact tres intime avecl’eau, absorbe mieux les substances fertilisanles qu’elle contient. Enfin, le systéme Petersen se


DRAINAGE ET IRRIGATION COMBINÉS.

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préle naturellement beaucoup niieux que celui des ados au passage des machines et des instruments agricoles. On peut lili reproclier de laisser perdre d’assez grandes quantilés d’eau. En eíTel, le sol ne tarde pas á étre sillonné des fentes et des fines crevasses qui caractérisent les sois drainés. A leur faveur, l’eau cominence d’ahord par se rendre dans les drains et h les remplir dans toute leur étendue. Ellen’irrigue le sol qu'aprés. Plus tard, avant de recommencer á arroser, il faudra évacuer toute cetle eau. Elle ne sera uülisahle que si Pon peut s’en servir pour des prairies situées au-dessous des premieres. Quoi qu’il en soit, le systéme Petersen dont on avait d’abord heaucoup á espérer, ne s’est pas répandu. Aussi, nous contenlerons-nous ici de le décrire sommairement. Le principe de la méthode consiste á établir simullanément, dans la prairie, Pirrigatlon et le drainage; de telle sorte, qu’ils soient indépendants Pun de Pautre, et que Pon puisseá volonté taire fonctionner Pun ou Pautre. En fait, leur fonctionnement est alternatif. L ’irrigation ayant été inlerrompue et le drainageayant agi pendan! un certain temps, le terrain étant alors partai tementassaini,onmetle drainage dansPimpossibilitéde tonctionner; on le ferme, comme nous le verrons tout a Pheure.-Puis on arrose, on ouvre Pirrigatlon. Des que les drains sont rcmplis, comme ils nepeuvent plus se vider, Peau ne peut pénétrer davantage dans le sol, elle coule en nappe á sa surtace comme elle le ferait sur une prairie. k sous-sol á peu prés imperméable. Les gazons profitent done alors de Peau a la maniere ordinaire. Puis, au bout du temps convenable, on arréte Pirrigatlon et simultanément on rétablit le drainage, on Vouvre. La nappe deau qui coulait á la surtace penétre alors dans le sol portan t dans sa profondeur la fraiebeur et les matiéres tertilisantes qu’elle conlient. En oulre, au tur et á mesure qu’elle s’abaisse dans les interstices du sol pour gagner les drains, elle produit á la surtace de la prairie unappel RisLEn el AVery . — Irrigations el drainages. P7


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

d’air, une succión, qui entrame les gaz atmospliériques jusque clans les conches profundes. A leur faveur se produisent ces oxydalions si nécessaires á la mise en valeur de la fertilité des sois riches en azote, comme le sonl généralement les ierres de prairies. On réitére ensuite l’arrosage et ainsi de suite, et les mémes eíl'ets se reproduiront. La figure 50 fait compi-endre coinment est réaliséle systéme Petersen : f est le canal de distribution de l'eau, gfles

rigoles horizontales d’arrosage, b,h, les drains souterrains qui viennent se réunir dans le collecteur principal a, dirigé suivant la pente du sol. Aux points de rencontre dechacunedes lignes de drains, avec le collecteur se trouve un appareil de fermeture d que Pon peut mancEuvrer de Textérieur á l’aide d’un mécanisme contenu dans le regard c. La íig. 52 représente la disposition qui a été imaginée par le Schacht et qui a remplacé plusieui's systémes anciens. Les drains ne doivent pas étre distants de plus de 12 métres ; on détermine leurprofondeur d’aprés les pj incipes ordinaires ; mais on les place généralement á t'",25 au-dessous de la surface du sol. Lorsqu’il n’y a que peu


PEUX DE REVIENT DES IRRIGATIONS.

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ou pas d’eau de fond, leur diamétre est de 4 cehtimétres pour les premiers 30 métres et de S cenümélres pour le resLe de leur parcours. Quant a la seclion des collecleurs, 011 la déLermine d’apres les principes ([ue nous ónoncerons dans la 3“ partie de ce volume, á pro­ pos du drainage. L’ irrig a ! ion combinée au drainagead’autres avantages encore que ceux de don n er a l’action de Pean le máximum Fig. 52. d’intensiíé et d’aérer puissammenl le sol; elle convient particuliérement aux terrains tourbeux et marécageux, oíi elle remplace les ados. Elle n’empéche pas la circulalion des machines ni des voitures par le transport des récoltes. Elle permet d’uLiliser une petite quantité d’eau cúmme de tres grands volumos. P R IX

DE R E V I E N T D E S I R R I G A T I O N S

lis dépendent des difíicultés d’établissement, de l’importancedes travaux que nécessite la métliode d’irrigation que Ton a adoptée et duprix de la main-d'amvre. lis va-


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TECHNIQÜE DE L’IRRIGATION.

rient done avec les difficultés du terrain el avecles régions, et il est irnpossible de les élabllr avec precisión a priori. Les irrigations par subinersion et par rigoles horizon­ tales reviennent au meilleur inarclié. Les premieres peuvent coúter de 80 á 150 franes Lhectare ; les secondes, de 80 á 300 l'rancs. L ’aménagement des submersions demande (luelqueibis des tei'i-assements, le pi'ix s’en trouve naturelleinent augmenté. 11 en est de niéme lorsqu'on apporte un soin particulier aux dignes et aux rigoles. Dans son traite sur les irrigations de la Campine, pul)liéen 1856, Keelhoirélablitá703 franes le prixde revient d'un liectare de prairies submersil)les. Mais il comprend dans cetle somnie un défoncementá O™,60 de prol'ondeur, les engi'ais, les semences, soit pour 592 franes environ de fi áis complémentaires; cela réduit done á 110 environ la dépense nécessitée par la submersion pi'oprement dite. Ce sont les terrassemenls, les transports de Ierre (|u¡ majorent le coúl do raménagement des irrigations. L'irrigation naturelie, ([ui suppose qu’on ne niodiiie que tres jieu la forme genérale du terrain, aménera done toujours nioins de dépenses que Lirrigation aiiiíicielle. Ainsi, d'aprés les cliiíTres donnés par les meilleurs auteurs qui ont écrit sui' les irrigations, le prix de l'établissement des ados naturels peut varier, suivant les difíicultés du terrain et les régions, de 95 a 250 franes par hectarc. 11 peut atteindre 400 et 500 franes lorsqu’il s’agit d’ados étagés en gradins. Les ados ai-tificiels reviennent beaucoup plus cher. Mais les chiífres varient ici entre des limites encore plus éloignées parce que Limportance des travau.x est elle-méme tres variable. On peut les comprendre entre 500 franes et 1 500 IVancs k Lhectare, en considérant les chiífres de 600 a 1 000 franes comme représentant la dépense la plus habituelle. On cite des consfructions de prairies qui ont coúté jusqu’á 2 000 franes Lhectare. Ces grands écarts montrent qu’il convient d’estimer chaqué fois la


RÉSÜLTATS APPORTÉS PAR L’IRRIGATION.

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(lépense avec beaucoup de soin, en tenant compte, bien entendí!, dn prix de la main-d’ceuvre dans les pays oü l’on opere. Quantauxfraisannuels d’entretien, ils peuventalLeindre de 20 á 30 í'rancs par hectare irrigué. Ces pi'ix subissent des réduclions tres sensibles lorsque les travau.x sont eirectués par association ou syndicat des propriétaires intéressés. C’est toujours sous cettc forme (|u’ils devraient étrc entre])ris. lis ne comprennent d'ailleurs pas les frais d’établisseinent des travaux d’art, tels que : barrages, aqueducs, ponceau.x, etc.; ils s’appliquent uniqnenient aux projet, plan et installation des rigoles, c’est-a-dire á Tirrigation proprement dite. R É S Ü L T A T S A P P O R T É S P A R L ’IR R IG A T IO N

Avant de réaliser une amélioration agricole, it faut toujours examiner avec soin ce qu’elle coútera et les bónéfices qu'elle rapportera. On ne doit reiroctuer que si elle ainéne un prolit assuré et suflisant pour rémunérer le capital qu’elle a iinmobilisé. En ce qui concerne les irrigations, on peut dire avec M. Dünkelberg que nulle aulre amélioration agricole, sauf rassainissement des Ierres tres humides, ne recompense aussi largement celui qui rentreprend av’ec opportunité. Mais encore faut-il avoir égard á la nature des prés, a leurs quatités, a celles (|ue l’amenée de l’eau ajoutera, aux difíicultés et aux dépenses de Firrigation. 11 peut étre plus sage quekiuel'ois de consacrer á Tacliat de prairies de meillcure qualité l’argent (pie l’on se proposaitd'employer it de coúteux travaux de terrassement. Cependant il est á remarquei' que le prolit que Fon retire de Firrigation est souvent d'aulant plus élevó, relativement, que la valeur du sol est¡)lus l’aible, pourvu que celui-ci se préte, une l'ois arrosé, á la prodiiction do


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TECÜNIQUE DE L’IRRIGATION.

l'herbe et que les eaux soienl quelque peu fertilisanles. La staüsUque agricole publiée en -1892 par le ministéi'O de ragriculture donne les chiffres suivanls pour les rendenients des prairies par liectare, année moyenne :

Prés non irrigués......................... Pi'és submersibles naturellemcnl par les crues des riviéres....... Prés irrigués á l’aide de canaux el de travaux spéciaux............

SUPERFICIES.

RENDEMENTS. PAR HECTARE.

Heclares. 2 008 85d

Kilogrammes. 3 100

1 323 198

3 600

1 070 787

3 800

Oes cliilFres, qui ne sonl que des inoyennes, soiit loiii, bien entendí!, de reprósenler les rendements que Ton oblientdans de bonnes conditions. Si Ton examine lesclioses de plus prés, la statistique méme nous moni re (jue dans le département du Vaucluse, par exemple, la réeolte du foin atteint o 000 kilogrammes par année moyenne, pour les prés irrigues, landis qu’elle descend ii moins de 3 000 kilogrammes, dans des circonstances analogues, pour le Loiret, la Mame, la Haute-Marne et d’autres départements. Mais les meilleurespraij'iesirriguées donnentfacilement 8 000 kilogrammes de foin sec á riieclare. Les Marcites de la Lombardie, qui répondent, il est vrai, á des conditions exceplionnelles, pi'oduisen t en cinq coupes jusqu’á 1a 000 ki­ logrammes a riiectare, et la production des prairies irriguées avec les eaux de la vi lie de Milán atteignent en sept coupes jus(iu’á 20 000 ilogrammes á riiectare (A. Hérisson). L ’iriigalion fait doubler, et parfois méme quadrupler la réeolte. Le capital engagé produit un intérét elevé et s’amoi’tit i'apidement, en méme lemps que la valeur de


IRRIGATIONS DANS LES PAYS DE HAUTES MONTACNES.

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la Ierre augmente souvent dans des proporüons conside­ rables. Du comple rendu des travaux de la coniinission supérieure poiir raménagement et rutilisation des eaux, publié en 1897 par les soins du ininistére des travaux l)ublics, resulte que cette commission admettait (DurandClaye) que Firrigation procure, en moyenne, un accroissement de j-evenu net d’au moins 200 l'rancs par bectare, déduction faite de tous frais ; que la plus-value fonciere qu’acquiert un terrain soumis á Farrosage peut, en conséquence, étre évaluée á environ 4000 francs Fhectai'e, qu’elle jieut méme atteindre un cliiffre relativement plus elevé pour les Ierres de mauvaise qualité. D'aprés Barral, le produit brut des Ierres arrosées est, dans les l!ouches-du-Rb0ne, de 1 300 á 3 000 francs par bectare, au lien de 200 á 300 ou 600 francs á peine pour les meilleures Ierres qui n’ont pas le bénéfice de Firrigalion. Le revcnu net est de 200 á 300 francs plus elevé, ü est souvent quintuplo.

La valeur de la propriété s’accroit dans des proportions analogues, etcette plus-value s’étendparune sorte d’action réflexe (Barral) á toutes les Ierres du domaine. L’État peut done percevoir de ce fait des impóts plus élevés. Et cette considération montre qu’il y a pour lui un grand avantage á favoriser les irrigations. La création et Futilisation pratique des canaux d’irrigation peut done étre une e.xcellente alFaire d’intérét public. I R R IG A T IO N S D A N S L E S PAYS D E H A U T E S M O N T A G N E S B i s s e s d u V a l a i s . — Dans les pays de liantes inontagnes coinme les Pyrénées et la Suisse, on utilise pour Firrigation, et parfois pour Falimentation des villages, les eaux qui proviennent de la fonte des neiges et des glaciers. Du lien de leur forniation, glacier, lac alpesti'e ou ruisseau, jusqu’aux endroits oü elles sont utilisées.


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TECHNIQÜE DE L ’IRRIGATION.

les eaux sont Iransportées dans des canaux tanlót accrochés aux llancs des monlagnes, Lantót courant sur les ci'étes qui borden! les prér.ipices. Dans le cantón du Valais, ces canaux s’appellent bisses. lis y sont tres nombreux et tres iinportants. Les Services qu'ils renden!, leur liardiesse, Fingéniosité des installations qui les accompagnent, renden! tres intéressantes ces bisses. Ilyaurait grand protit á les introduire dans certaines de nos montagnes, oíi les eaux du liaut i’avagent les pentes qu’elles devraient arroser d’une maniere rationnelle. Aussi croyons-nous devoir leur consacrer les quelques lignes qui suivent. Nous les tirons, ainsi que les graviu'es qui les accompagnent, d’un Ires intéressant niémoire de Fingénieur en chef federal, L. Blolnitzki. En 1871, le Valais possédait cent dix-sept de ces canaux. L ’origine de quelques-uns remonte a Féj)oque romaine. Beaucoup furent construits aux xiv“, xv“ et xvi“ siécles. lis recueillent généralement les eaux qui ])roviennent de la fonte d’un glacier ou celles de ces ruisseaux sauvages qui descendent des liantes montagnes; quelquel'ois ils s’amorcent au.x lacs que Fon constriut pour y garder les eaux de fonte des neiges. Gertains canaux puisent done a plus deSOOOmetresd’altitude Feauqu’ils (ransportent. lis ont parfois plus de 48 kilometres de longueur. Tantót ils sont conslitués par des caisses en bois accrochées, comme le montre en A la figure 63, aux flanes a pie des mon­ tagnes; tantót établis en piei’re, ils borden! des précipices (lig. 64). Pai’fois ils sont creusés en tunnel (íig. 66), sur une grande longueur. Quand ils sont menacés par les chutes de pierres, on les place profondémentdans le flanc de la montagne, et on les protege, comme le monti'e la figure 66. Les eaux sont i'eques la nuit dans des réservoirs et elles ne serven! que le jour. L ’usage de Feau est donné á la journée et á Flieure. Chaqué participan! doit utiliser Feau a un moment déterminé. Aussi est-il essentiel que le canal soit toujoui's maintenu en bon état et


IRRIGATIONS DANS LES PAYS DE HAUTES MONTAGNES.

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Eig. 53. — Canaux alpestres ou Bisses du Vulais, d’apr5s -M. L. Blotnilzki,

17.


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TECIINIQUE DE L ’IRRIGATION.

que tout (légát soit immédiatemenL connu et reparé. II faut done le soumeü.i'e á une acUve surveillance, d’aulant plus néce.ssaire qu’il Iraverse souvent plusieurs coin­ munes oü l'eau pourrail élre relenue volontairement ou

Fig. oi. — Bisse élablie au bord d’un précipice.

non. Gette surveillance est e.xercée pour chaqué canal par un ou deux préposés. Elle est ([uelquel'ois facilitée par une ingénieuse disposition représentée par la figure 57. L ’eau

met en mouvement la ¡lelite roue á aubes rep'résentée par la ligure. L’axe de cette roue, au moyen d’une carne, souléve et laisse reloinber un petit marteau qui Irappe sur une planche, Fig. o6. — Bisse protégée conlreles éboulis. iinitant le jeu de l'enclume el produisant un bruit qui s’entend au loin. Quelquel'ois, aíin que le bruit soit inieu.x caractérisé, une seconde roue fait inouvoir un marteau qui donne un son plus has que celui de l’autre. Ces coups s’entendent au loin et lorsqu’ils cessent, c’est que l’eau ne coule plus réguliérement. Le surveillant ainsi prévenu, se dirige aussilót vers le canal et y fait larépa-


IRRIGATIONS DANS LES PAYS DE IIAÜTES MONTAGNES.

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raüon nécessaire. On se serl de plusieurs sortes de barrages; ceux qui réglent TintroducUon de l’eau dans le canal son! conslruits avec des soins particuliers, ils sonl disposés de telle sorte qu’ils n’y laissent pas pénétrer plus d’eau qu’il ne convient, méme lorsqu’ily a les piules d’orage. La figure 'Ó8 indique la construction des barrages qui servenl á la répartition de l’eau. Le partage de l’eau se

í'ig. 57. — Canaiix alpestres ou Bisses du Valais. Avertisseur automatique, d’aprés L. Blolnilzki.

lail de la maniere suivanle : un réservoir en bois reqoit l’eau par Fun de ses cótés, |comme l’indiquent les par­ tios A el B de la figure o8; sur les frois autres cótés, ont élé ménagées '(des ouverlures rectangulaires dont les bords inférieurs sonl rigoureusement horizonlaux. Ces ouverlures ont la méme bauleur, mais leur largeur est en rapporl avec la quanlité d’eau qu’elles doivenl laissei' fpasser. Elles peuvenl done débiter le volume d’eau qui doit passerfdans le canal. Le réservoir a une profondeur assez ^grande pour que


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

les pierres et la teri'e entrainées puissenl s’y cléposer. On

le netloie á l’aide d’une porte qui est représenlée en C sur la figure 58. L IM O N A G E ET CO LM ATA G E

L iim o n a g e. — Le limonage consiste a laisser les eaux déposer sur le sol, d’une maniere uniforme, les limons


LIMONAGE ET COLMATAGE.

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qii’elles cliarrient. Le limonage se disüngue dii colmatage, donl nous paidei’ons plus loin, en ce que : 1“ il n’iníeiTOinpt pas la cuUure; 2“ ¡1 vise surloula ramélioration graduelle du sol, landis que le colmalage cherche surtout á l’exhausser ou a comhler ses dépressions. Nous avons étudié, dans un aulre chapilre, la composilion des limons enlrainés par quelques cours d’eau. Et ce que nous en avons dil sufíil á monlrer rintérét des limonages. lis sonttoujoursárecoinmander, méme quand le sol esl í'ertile. Mais ils sont parüculiéreinent précieux quand il s’agit de sois pauvres ou de sois slériles. Dans le premier cas, ils permettent d’améliorer peu á peu des lerrains qui ne donnaient que de faihles récolles. Les eaux déposent a leur surl'ace des maliéres lerreuses, souvent riches en suhslances l'ertilisantes que la charrue mélange avec le sol. Lorsque le terrain esl de trop mauvaise qualilé pour que rincorporation de limons sullise á en faire de la Ierre arable, lorsqu'il s’agit, pai' exemple, de ces sables ou de ces graviers que l'on rencontre au bord des lleuves, ou que l’on ne puisse allendre assez longteinps poiu' (pie le limón soit mélangé en assez grande quanlité au sol, on peni avantageuseinent tirer parli du sol pi-imitif en le Iransforniant en prairie per­ manente. P ratique des limonages. — Le principe á suivre con­ siste á faire couler lenteinent, sur le sol préalablement aplani, l’eau trouble en nappe tres large et tres minee. La surl'ace du sol doit done étre faildement inclinée et interrom|)ue de place en place par ces levées de terredont nous avons deja parlé á propos de la submersion. Ces dignes sont assez élevées lorsqu’il s’agit de champs culti­ ves oü il faut couvrirde grands espaces libres d'obstacles. Lámeme nécessitó n’existe jms pour les sois encore incultes soumis au limonage. Les levées de terre peuvent done étre tres rapprochées les unes des autres et consister en de simples bourrelets de 1 á 2 décimétres de bauteur


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

tout au plus. Plus tard, lorsque la Ierre sera propre á la culture, la charrue el la herse eílaceront facilement ces inégalités. Nous empruntons ii l’excellente Hydraulique agricole de Charpentier de Cossigny, les détails qui suivenl sur Texécution des limonages. La premiére chose c’esl de régularisei', dans une cerlaine mesure, la surface du sol el de luí donner l’aspect général et la forme qu’il devra présenter une fois Popération terminée. De cette maniere, on ne sera pas exposé a opérer plus tai'd des remaniements de terrainsqui ohligeraientarecouvrir en certains endroits le limón déposé par de la Ierre stérile. Les terrassements préliminaires étant achevés, on établira les bourrelets nécessaires pour reteñir l’eau et on procederá au limonage. On pourra suspendre l'opération lorsque les sables ou les graviers auront été recouverls d’une coliche de terre suffisante pour permettre a la jeune plante d’y prendre pied. On rabatlra les bourrelets, on établira les rigoles de distribution et d’arrosage el Pon ensemencera le tei-rain en graminées. Aussi fréquemment que possible, on introduira dans les rigoles une faible quantité d’eau, de maniere á obtenir, par simjdes iníilIrations, Phumidité nécessaire á la germination, á la levée et au premier développement des plantes. Une fois Pherbe bien enracinée, on pourra commencer á faire couler Peauavec précaution a la surface du sol. Eníin, une fois le gazonnement obtenu á un degré jugé suffisant, Popération entrera dans une troisiéme. phase, celle oü Pon commencera á tirer parti du sol par Pexjdoitation delaprairie, tout en conlinuant Poeuvre d’amélioration fonciére au moyen des limons. La marche á suivre consislera simplement á arroser la prairie avec les eaux troubles, en faisant couler á la surface une couche de. cette eau, également réparüeet aussi minee que possible. Pendant Pliiver, on pourra mettre Peau sur toule la prairie pendant plusieurs semaines consécutives. Mais, á


LIMONAGE ET COLMATAGE.

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parLir <lu niomenl oii I’herbe enti'eraenvégótationacth'e, il conviendra, pour procurei' aii sol l’aéi'age dont il a Ijesoin et ne pas le i’endre marécageux, de diviser la prairie en Irois ou qualre parües que Ton arrosera a lour de róle. On pourra proceder ainsi louíe l’année, saufau momentde la maturité de l'herbe. On veillera toujoursavec soin á ce que l’eau coule lentement et en nappe minee : c’est á cette condiüon seulement que s’eífectuera le dépót des linions. L ’eau qui entre trouble sur le terrain á linioner doit en sortir aussi claire que possible. C’est en hiver et au printemps que les eaux sont le plus cliargées de limons. Les limonages sont trésrecommandables en hiver sur les Ierres non encore ensemencées ou sur les prairies de graminées tant que l’herbe n’a qu’une faible hauteur. Lorsque le sol porte des récoltes, il nefautlimo110 ]' ([u’avec circonspection. Les diílerentes méthodes d’iri’igation se prétent d’ailleurs toutes, plus ou moins bien, au limonage. L ’essentiel est de ne taire arriver l’eau que tres lentement et de retarder, par conséquent, sa descante sur le sol. 11est clair qu'une pente trop forte du terrain rend impossible et incomplet le colmatage. Le limón se dépose toujours en assez grande quanlité dans les rigoles horizontales. On l’en extrait chaqué année á la pelle et on le répand sur les (erres voisines. Quand des champs sont disposés pour l’irrigation par submersion, il faut toujours en profiter pour pratiquer le limonage quand les circonslances s’y prétent, c’est-ádire quand les eaux que l’on emploie sont troubles et que l'élat de la végétation le permet. On couvre le terrain d’eau et on la laisse reposar jusqu’á ce qu’elle soit claire, puis on la fait écouler doucement. Colmatage. — On peut dessécher un marais en élevant peu á peu le sol au-dessus du niveau des eaux voi­ sines de maniere qu’il s’égoulte dans leur bassin. Ce mode d’assainissement convient aux terrains qui présentent des


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TECIINIQUE DE L ’IRRIGATTON.

dépressions sans issue oü les eaux pluviales reslent stagnantes; á ceux qui sont á im niveau Irop bas pour que les eaux surabondanl.es puisseiit s’écouler dans la riviere voisine ; enfin aux lemtoires qui sont submergés par des crues í'réquenles. 11est clairque Fon peut songer á remblayer á la maniere ordinaire l’espacequ’ils s’agitdedessécher. Maisles cours d’eau voisins, s’ils sont suffisamment liinoneux, peuvent transporte!' el faire le dépót, dans des conditions économiques, du précieux remblai qu’il serail impossible d’aller cherche!’ ailleurs. Le coimaiage (de l’italien colmare^ comhler) consiste á faire arriver sur le tcn'ain á assainir des eauxtroubles, a les y laisser déposer, et á les évacuer lorsqu’elles se sont éclaircies. Cette méthode est employée en Italie depuis fort longteni])s et sur une grande échelle. Larapidité des resultáis que Ton peut oblenir dépend des eaux que Ton utilise pour le coimaiage et de l ’époque a laquelle se poursuit l'opéraüon. Avec cerlaines eaux on ne peut obtenir dans le cours d’une saison qu’une couche de 1 á 2 centimétres d’épaisseur, tandis que quelques riviéres tres chargées de matiéres terreuses, comme le Var, donnent un exchaussement qui atteint jusqu’á 10 el20 centimetres dans l’année. Mais le colmatagen’a pas seulement pour résultat l’exhaussement progressif du sol colmaté jusqu’au-dessus du niveau des eaux voisines, il amene en outre la constitution d'un sol l'ertiledont la richesse dépend de celle des limonsapporlés mais qui est loujours tres appréciable. De méme qu’il y a une transition insensible entre les matiéres dissoutes et les matiéres en suspensión dans l’eau, il y a une ti'ansition gi'aduelle entre les ir!'igalions el les Umonages ou colmalages. Telle rivié!'e claire et limpide comme du cristal, en temps ordinaire, foiu'nit aux plantes l’eau dontelles ont besoin et les substances qu’elle a dissoutes : elle irrigue.


LIMOMAGE ET COLMATAGE.

30S

Mais, en cerlaines saisons, apres des pluies lorrenlielles, cetle riviere devient trouble el Hmoneuse, el alors elle peni servil' a colmater. Les colmatages peuvent donner lien á de grands travaux qu’il appartient á FElat d’entreprendro. U tilité des colmatages. — Les colmatages ne consULuenl pas seulement un procédé ingénieux pour assainir un terrain marécageux en l’élevant peu á peu audessus du niveau des eaux, ils atteignent á un sec.ond résullat qui n’est pas moins intéressant: ils retiennent au profit des continents les masses considerables de Ierres l'erüles que les rivieresetles lleuvesenlraineraient á la mer. En dirigeant les eaux chargées de limón, sur les graviers el les sables qui couvrent de grandes surfaces au voisinage des fleuves, par exemple de la Moselle, el en les laissant déposer, on transforme des gréves arides en Ierres fértiles. Avec lo temps on peut obtenir des sois labourables. S’il est impossible d’attendre, on peni assez vite créer des prairies arliíicielles. Celles-ci ne sont pas exigeantes sous le rapport de l’épaisseur de la conche végétale pourvu que l’on puisse les irriguer. Exéeution des colmatages. — Un canal d'anience, greífé sur le cours d’eau, conduit les eaux limoneuses sur le terrain qu'il s’agit de colmater. Aprés qu’elles ont déposé les matériaux dont ellos sont chargées, un second canal dit Címa¿ d'évacuation les emméne. 11 est nécessaire de donner au canal d’amenée une section et une pente telles que ce canal ne laisse pas déposer, avant leur arrivée sur le terrain á colmater, les matériaux solides que Fon désire recueillir. L ’expérience a montré (¡ue, au-dessous d’une vitosse de 30 centimétres par seconde, l’eau abandonne les sables tins qu’elle cliai'rie, et qu’au-dessous de la centimétres, elle laisse déposer les limons. On en a déduit, dhine maniere a|)proximative, que des canaux d'amenée á grande scc-


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

tion doivent avoir une pente de 1/2 millimétre par mélre et que les canaux de petite dimensión, qui se réduisent souvent á de simples fossés, doivent avoir au moins 3 ou 4 miUimetres de pente — lorsque l’on ne cherche á recueillir que les limons. Mais si Ton tient aussi á recueillir les sables íins, il convient de donner 2 millimetres de pente aux grands canaux et 1 centimetre aux plus pelits. Le canal d’amenée se greffe la plupart du temps diroctement sur le cours d’eau limoneux. Ce dernier peut élre un canal d’irrigaüon et traverser .le territoire soumis au colmatage. C’est la circonstance la plus avantageuse que l’on puisse rencontrer. Le colmatage présente de sérieuses difficultés lorsqu’il ne s’agit que de profiter de la richesse en éléments de fertilité des matériaux charriés par les eaux et lorsque celles-ci sont au-dessous du niveau desterres a améliorer. 11 faut alors élever les eaux á l’aide de machines. On fait aboutir le luyau d’aspiration dans le cours d’eau, plus ou moins bas, suivant que Ton désire recueillir des élé­ ments grossiers ou fms. Dans d’autres circonstances il faut creuser un long canal d’amenée et traverser, moyennant indemnité, des propriétés étrangéres. 11 est clair que les frais qui en résultent peuvent rendre onéreuse l’opéraüon. Le canal d'évaciiation conduit les eaux clarifiées dans le cours d’eau ou dans des fossés qui aboutissent á une décharge. Le colmatage peut s’opérer de deux manieres dillerentes : il peut étre intermütent ou continu. Colmatage in term ü ten t. — Le colmatage intermittent n’est recommandable que pour des surfaces á peu prés horizontales lelles que des marais. On entoure la surface á colmater d’une digue en Ierre d’une hauteur convenable prolégée, á l’extérieur, contre les iníillrations, par un fossé de ceinture. Les eaux limoneuses sont


LIMONAGE ET COLMATAGE.

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inli’oduiles dans le bassin sur une épaisseur voisine de un métre, aulant que possible. On les laisse déposer douze ou vingt-quatre heures, suivant leur richesse en limón. Puis on les évacue. L ’opération est recommencée jusqu’á ce qu’on ait oblenu rélévalion de niveau qui a élé jugée nécessaire. On comble ainsi le marais el on en recouvre le fond d’une couclie de ierre qui est souvent tres l'ertile. Parfois, en quelques années, on arrive á le surélever de 40 ou iiO centimetres. De la sorle, l’ancien marais peut égouUer facilement ses eaux. 11 est a l’abri des crues et des infillrations. La parlie de la digue de ceinture qui aboutit au canal d’évacuation doit étre pourvue d’un dispositif spécial. C’est par sos conches superficielles que doit s’écouler l’eau éclaircie, autremenl elle entrainerait avec elle les liarlicules terreuses qui se sonl déposées. On doit done praliquer a la créte de la digue de larges coupures horizontales. Avant l'arrivée des eau.': limoneuses on les referme á l’aidc de planches, de gazons et de piquéis. 11 vaut mieu.x employer un harrage mobile en bois. De longs madriers, de 4 a 3 métres, se superposent, mainlenus entre les rainures de deux poteaux verlicaux. On enleve successivement ces piéces de bois au fur et á mesure que baisse le niveau de l’eau éclaircie. Colmatage continu. — Comme nous l’avons dit, le colmatage inlermittent n’est applicable qu’aux terrains dont la surl'ace est á peu prés horizonlale. Appliqué á des surl'aces qui présenteraienl une certaine pente, il exigerait des dignes d’unc hauteur déraisonnable. En outre, il a l'inconvénient de nécessiter la mise en mouvement de masses d’eau enormes. Uno conche d’eau de 0,70 d’épaisseur répanduc sur le terrain á colmater représente en cffet, par hectare, 7000 métres cubes. 11 faut évacuer ce volume considerable toutes les douze ou vingtquatre heures elle remplacer par un volume égal d’eaux chargées de limons. 11 en résulle fatalement une porte


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TEGUNIQUE DE L ’IRBIGATION.

de temps tres sensible dans la marche de l’opération. Puis des remous se produisent qui peuvent iiuire á la rógularité des dépóts. Le colmatage conlinu n’a pas ces inconvénients, mais il est plus coúteux parce qu’ü donne lieu á des travaux plus importants. 11 consiste, en principe, k laisser circuler tres lentement les eaux limoneuses sur le terrain á colmater qui a été préalablement divisé en compartiments ou bassiiis de surface raisonnable. Cette circulation s’eíTectue de telle sorte que chaqué bassin regoive du compartiment qui le précéde un volume d’eau égal á celui qu’il cede au compartiment qui le suit. Le premier bassin, en téte du colmatage, est en communication directe avec le canal d’amenée; le dernier aboutit au canal d’évacuation. Gráce a la douceur du mouvement d’écoulement des eaux, les matiéres solides qu’elles charrient se déposent peu a peu. Le bassin qui forme la téte du colmatage se comble le premier. Des que ce premier résultat a été atteint, on prolonge le canal d’amenée jusqu’au second bassin qui devient á son tour tete du colmatage, et ainsi de suite jusqu’au dernier. L’aménagement du terrain dépend de la pente. 1“ T erra in horizontal. — On commence par tracer un fossé BODE, autour de l’espace a colmater. Ce fossé retiendra les eaux d’infiltration. 11 fournit laterre nécessaire á la construction d’unedigue de 60 á 70 centimétres de bauteur moyenne qui retiendra les eaux. On partage ensuite le bassin ainsi formé en une série de comparti­ ments a l’aide des dignes a, a', a". Ces dignes seront élevóes de 80 centimétres au-dessus du sol. Leur ligue de faite sera parfaitement horizontale. Cliacune d’elles sera munie d’un long déversoir, de maniere á laisser les eaux s’écouler en tranches minees dans le compartiment voisin. Gomme nous l’avons dit déjá, le premier compartiment recevra la plus grande quantité du limón contenu dans les eaux. Lorsqu’on lejugei'a suffisamment comblé,


LIMONAGE ET COLMATAGE.

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011 élevera la (ligue a de maniere que les eaux ne puissent plus s’écouler vers Faval. El Fon prolongera le canal d’anienée jusqu’au second compartiment. On conlinuera delasorte jusqu’áce queledernier compartiment soit col-

I’ig. 59. — Plan crun champ en lerrain horizontal disposé pour le colmalage.

maté. Quelques traits de charrue suffiront ensuile pour abattre les cnítes des digues transversales et aplanir le lerrain. 2“ Terra in incliné. — L ’aménagement du terrain est le méme. Maisles crétes des digues transversales ne sont

Fig. 60. — Coupe suivant la ligne inn de la figure précédenle.

plus k peu pros situées dans le méme plan horizontal. Elles occupent des plans horizontaux différents, écartés les uns desautres, verücalement, de tO á20 centimétres. Ces digues secondaires seront d’autant plus rapprochées que la pente du terrain sera plus forte. La figure qui représente une coupe du lerrain, suivant la ligne m n de


3dO

TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

la precedenteligure, indique clairement cetledisposition. Quant a la conduitedu colmatage, elle est absolument la méme que dans le cas d’un terrain horizontal. 11 est clair que cette méthode est applicable a un tei'rain de forme et de surface quelcon([ue. En pratique, les dignes transversales occupent la place des courbes de niveau.Leurs crétes horizontales reproduisent done également ces courbes. T r a v a u x de c o lm a t a g e e x é c u té s en F r a n c e e t en I t a lie . — C’est enltalie que la pratique des colmatages a

pris naissance, et c’est dans ce pays qu’elle a donné lien aux travaux les plus remarquables. D’une statistique dressée en 1878 résulte, qu’á cette époque, prés de 2.7000 hectares de terres marécageuses avaient été améliorés par le colmatage, et que plus de 53 000 hectares étaient en voie de transformation. On peut ciler particulierement les colmatages du val de Cliiana en Toscane. En France de grands travau.x ont été aussi exécutés avec succés. Citons ceux des vallées de l’tsére, entre Albertville et la limite du département, etde la rive gauche du Var. Des territoires bas, insalubres, stériles, ont été ainsi transformés. lis sont devenus, gráce aux colma­ tages, d’une fertilité exceptionnelle. C o lm a ta g e p a r le s e a u x s a u m á t r e s . W a r p in g s . —

Les eaux des fleuves des riviéres et des canaux dans lesquels se fontsentir les marées, dounentlieu á d’excellenls dépOts d’une remarquable fertilité. En Angleterre, oú ils sont pratiqués sur les rives de niumber, on leur donne le nom de warping. Ce genre de colmatage consiste á introduire sur les terres á colmater les eaux des fleuves ou des riviéres, au; moment oü les grandes marées en élévent le niveau, et les fontrefluer vers l’amont. Le flotarrache aux estuaire.s des morceaux du sol, et les réduit en limón impalpable. 11 est toujours chargé de débrisde coquilles et de plantes marines. Toutes ces matiéres constituént un excellent


LIMONAGE ET COLMATAGE.

3H

engrais. Aussi les Ierres qui proviennent de leur accumulation produisent-elles de remarquables récoltes, des les premieres années qui suivent leur formation. Iln ’est pas rare que Fon puisse les cultiver pendan! une longue série d’années, sans avoir besoin d’y apporler ni fumier ni engrais. Les céréales, les légumineuses el les ponimes de Ierre y donnent de tres belles récoltes. Les dépóts sont généralement ahondanIs el s’accroissent rapidement. Dans son traite d’assainissenient et d’irrigation, Pareto dit qu’en un an eten n’employant que les grandes marées á la nouvelle et á la pleine lune, on en a obtenu, sur certains endroits, 40 et 4a centimétres d’épaisseur. La maniere de procéder esl tres simple. Si la Ierre a colmater borde la riviére, on Fen sépare par une digne. Cette digne porte deux vannes. La vanne d’amont est ouverte au moment du flot. Elle laisse les eaux pénétrer dans le warping. La digne d’aval est ouverte á marée basse. Elle permet aux eaux éclaircies de retourner a la riviére. On eonstruit des vannes qui s’ouvrent et se ferment automatiquement, sous Faction de la poussée des eaux; leur emploi n’est pas recommandable. Elles fonctionnent généralement mal. Lorsque la terre a colmater est éloignée desbords de la riviére, onl’y rattachepar un canal d’amenée el un canal d’évacuation qui aboulissent aux vannes. Ces canaux doivent avoir une grande largeur, 7” ,80 et 10 métres. 11 est nécessaire en eltet que Faftlux des eaux et leur déparl s’effectuent tres rapidement puisque les marées ne durent pas longtemps. Toutes los eaux introduites á marée liante doivent s’écouler á marée basse. L’efl'et du colmatage se fait sentir jusqu’á plus d’une lieue de la riviére si la saignée est praliquée assez prés de Femboucbure. Des lerrains relalivement éloignés des cours d'eau


312

TECHNIQUE DE L ’ IRRIGATION.

peuvent done bénéíicier encore de cette ainélioration, dont on ne saurait trop vanter rel'ficacité. EN SEM E N C E M EN T ET E N T R E T IE N DES IR R IG U É E S

P R A IR IE S

Transplantation du gazon. Les l'ossés el les canaux, les élévations du sol qu’il a fallu délruire, les bords des chemins, les foréts ou les bois voisins fournissenL des plaques de gazon qui suflisent parl'ois á recouvrir les parLies dénudées de la prairie. On dispose ces plaques les unes á cólé des auLres ou bien on en forme un dainier. Les espaces vides sont remplis de Ierre fine, puis la surface lout enliére esl tassée au rouleau. Mais si le gazon manque, oíi s’il s'agit de Lransformer en prairie une Ierre arable, il l'aut ensemencer. Le clioixellaqualitédes semenoes, l’époque de l’année et la tempéralure exercent nalurellementune grande iníluence sur la réussite de l’opération.

Ensemencement. L’ensemencement a l’inconvénient de retarder un peu lajouissance de la prairie. Mais il a le grand avantage de permeltre déla composer de végétaux choisis et d'éliminer les plantes nuisibles que contiennent souvcnt les vieux gazons. Cet avantage n’est, bien entendu, réel qu’á la condition e.xpresse do n’employer que de bonnes semences, unies dans des proportions avantageuses. Le cultivateur habile constituera lui-méme ses mélanges. 11 associera des plantes hautes qui n’échappent pasa la faux, qui repoussent facilement et donnent ainsi une seconde coupe; il s’efforcera de reunir cellos qui, dans sa región, arrivent k peu pros k maturité á la meme époque. 11


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIGÜÉES.

313

pourra choisit’ de préférence les graminées et Ies légumineuses qui constituent la flore des bonnes prairies siluées dans son voisinage et sur des terres de méme nature que les siennes. Une fois les semences conflées au sol, la na­ ture aidera vite d’ailleurs au maintien des végétaux qui conviennent le mieux au terrain et au climat; elle aménera méme les espéces qui manquaient au mélange, mais qui sont cependant propres au milieu. Nous donnons ci-dessous, d’aprés M. Schribaux, professeur á rinstitut Agronomique, direcleur de la station d’essais de semences, deux exemples de composition de prairies permanentes. Les SO kilogrammes á Fhectare qu’il convient de semer, reviennent environ k 70 francs. Quelques cultivateurs recourent á l’emploi des fenasscs ou fonds de fenil; fonds de greniers á fourrages qui conliennent avec des semences de plantes fourragéres des débris végétaux et des poussiéres. Ce n’est pas une pratique recommandable. D’abord, ces fenasses si elles contiennent les graines des bonnes plantes, contiennent aussi celles des plantes nuisibles. Puis, elles sont bien loin de représenter la composition moyenne de la prairie d’oú elles proviennent. En ellét, un grand nombre de semences tombent sur le pré pendan! le transport des fourrages, d’autres ne sont pas récoltóes, parce que beaucoup de végélaux sontcoupós avant ou aprés avoir múri leurs grai­ nes. Enlin la quantité considerable de matiéres étrangéres qui rentrent dans la composition des fonds de fenil, méme lorsqu'ils sont nettoyés, donne a la semence un volume et un poids considerable. 11 en faut jusqu’á 400 kilogrammes par hectare. C’est encore un inconvénient.

R isler

el

W e r y . — Ir r ig a lio n s et d rainages.

18


314

TECIINIQUE DE L’IRRIGATION.

Com positton p o u r p rc ú rie s p e rm a n en les, cVaprés la S la tio n d’E ssa is de sem ences a nnexée d l’In s lilu t n a tio n a l agronom ique.

NATURE DES ESPÉCES VEGETALES

h employer.

T ré lle v io le t .................. — Ii y b r i d o ............. — b la n c .................. L o tie r corn icu lé........... M inette (lu p u lin e )....... Sainfoin double, á deux c o u p e s ....................... A n th y llid o vu ln éraire (Iréllo jau no des s a b le s )....................... Ray-Krass anuíais....... — d 'I t a lie ........ F rom en ta l (a v o in e é le v é e ) ............................ D actyle p eloton n é....... F léo le des p ré s ............ F étu qu e des p ré s ........ Cretelle des p rés......... S'^ulpin des p r é s .......... P atu rin des p rés......... — c o m rn u n ........ F étu qu e d u r e tte .......... H oulque la in eu se___

1. T eri\E APTE íí. T err E INAPTE A PRODUIRE A PRC DÜIUE DU TRÉFL E VIOLET. DU TRÉFL E VIOLET. Fralche.

Seche.

Fraíche.

Seche.

Kilogr. par heclai’e.

Kilogr. par Jieclare.

Kilogr. par liectare.

Kilogr. par heclare.

■1 2 •1,3 3 ))

1,5 1 2 )) »

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15 7 2 )) » j) )) )) » 4

4 5 3 14 )) » 2 4 )) ))

18 7 1 )) 2 )) )) » )) 4

ha terre doit avoir él.é ameublie pi'ofondément et la surface préparée comine une Ierre de jardín, c’est-á-dire bien divisée et nivelée ; sans ces précaulions Ja plupart des petiles graines ne levdraient pas. En exécutant les Lerrassements nécessaires á rélablissenient de rirrigation,. onaurad’ailleurs eu soin dene pas enfouir la bonne térro Yégétale, mais on l’aura réservée pour la couverture du


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIGUÉES.

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sol. S’il en est besoin, on incorporera des engrais. Un pouiTa presque íoujours employer avec avanlage les scories de déphosphoration (1 000 kilogrammes á l’heclare) cd le chlorure de polassium (2 á 300 kilogrammes á riieclare). Le fumier de l'erme est d’un emploi tres i'ecommandahlej surtout lorsqu’il s’agit de terres pauvres en matieres organiques. Les semences des prairies ont des densités tres différenles. Si Ton répandait en méme temps les graines qui constituentle mélange, le semis serait tres irrégulier. Aussi doit-on diviser les semences en deux lots. Le premier contient les graines tourdes, lotier, minette, anthyllide, lléole ; le second, les graines légéres : ray-grass, fromental, dactyle, fétuques, crételle, vulpin, houlque. Et Ton séme, successivement cliacun des lots. 11 vaut beaucoup mieux employer un semoir á la volée que semer á la main. On choisit de prélérence un temps couvert et calme. On enterre les graines du premier lot, par un léger hersage. Si le temps est sec, on peut donner un coup de fort rouIcau sur le second semis. Si l’air est calme et le sol liumide, mieux vaut n'y pas toucher, ou bien se contenter de herser avec une lierse légére formée de quelques bátons auxquels sonl liées des épines. Le semis peut s’ell'ectuer auprintemps ou áLautomne. 11 doit étre lait de bonne heure á l’unc ou á Lautre saison, on séme de próférence a rautomne dans les pays cliauds. Les plantes sont assez fortes l’année suivante pour rósisler a la chaleur de l’élé. Dans les pays du nord, le semis s’opére généralement au printemps. 11 est recommandable de semer la prairie dans une plante qui servirá d’abri. Elle garantirá les jeunes herbes pendanl leur premier développement. La céréale ou les autres plantes (|ui servent de couverlurc á la jeune prairie dcvront étre semées autant que possible en lignes et tres clair aíin de laisser plus tard de l’air et de la lumiére aux


316

TECHNIQUE IiE L’IRRIGATION.

jeunes herbes. Oii répandra environ les 2/3 de la dose de semence ordinaii'ement employée. On n’attendra pas que la plante de couverture ait múri ses graines pour la récolter. C’est généralement l’avoine de printeinps ou le sarrasin que Ton clioisit comme plante d’abri. 11 n’est pas toujours prudent de se servir d’une plante d’abri lors([ue le sol a été ¡irofondément remué par des terrassements et qu'on y a établi de nombreux fossés d’irrigation. 11 faut en ell'et récolter de bonne beure le l'ourrage vert. Et le passagc de lourds vébicules sur ce sol non encore assis, entrecoupé de canaux, peut compromettre la régularilé de la surí'ace et le bon i'onctionnement de l’irrigation. Pendant les premieres années, la prairie sera tres claire, car les plantes qui la composent (allent tres lentement. 11 ne faudra pas trop s’in([uiéter des plantes adventices qui pourront s’y montrer durant celte période. Elles ne tarderont généralement pas a ceder le pas aux bolines espéces au lur et k mesure que celles-ci se développeront. On pourra de temps en temps donner un coup de faux. On détruira ainsi les plantes nuisibles sans causer grand dommage aux graminées ni auxlégumineuses. L ’eau concourt puissamment au développement de la jeune prairie, mais il faut en user dans les premiers temps avec beaucoup de modération et de soins. On pourra Pemployer a pai’tir du moment oü les plantes auront levé, en prenant bien garde qu'elle n’enlévc pas les jeunes pousses, et qu’elle ne ravine pas le sol. 11 faudra ne la laisser couler qu’en minee íilet. Elle aidera á lutter contre les sécberesses de l’été ; elle favoi'isera le tallage et donnera de la vigueur au.x plantes. Plus tard, lorsque l’berbe se sera enracinée ilavantagc, l’irrigation pourra l'onctionner normalemenl. Les racines en se développant consolideront peu á peu le terrain. On en profitera pour acbever la construction des fossés et des i'igoles.


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIGUEES.

317

E N T R E T IE N D E S P R A IR IE S IR R IG U E E S

Los praii’ies ioriguées demanclent beaucoup de soins. Si 011 les néglige, non seulement le capital qui a été engagé dans leur élablissement est perdu, mais encore ellos peuvent valoir moins qu’avant. 11 fant absolument s’on occuper. C’est une nécessité qu’il fant sérieusenient envisager avaní de creer des pros irrigues. L irrigation paie d’ailleurs Iros largement de retour. 11 l’aul done veiller a ce que les canaux el les fossés soient en bon état de propreté, de maniere que l’eau puisso y circuler libreinent; sinon, dos inondalions parüelles se produisent; l’eau est gáchée et la torre submergée, transforméo on marécago, se couvro de plantes aquatiques. On vórifiera l’état des écluses et des vannes, des ponceaux el autres petits ouvrages. On y exécutera touíes les réparalions nécessairos. 11 l'audra exlii'per les mauvaises lierbes, détruire, le cas échéant, les animaux nuisibles, disperse!’ les taupiniores. Au moment des arrosages, le préposé aux irrigations devra parcourir sans cesse la prairie. 11 veillera á ce que l’cau s'écoule réguliéremenl, a ce que toutes les partios du pré soient également arrosées. 11 devra sans cesse se transporte!’ d un endroit á un aulre, ouvrir ou l'ermer les vannes, disposer dans les fossés les petits barragesconstitués d’une plaque de tole ou d’une motte de gazon. Des que commence la bonne saison, la pratique des arrosages suflit á absorber toute ratlention d’un hoinme aclif et instruil, lorsque la surface des prés irrigues atteint une cerlaine irnportance. On estime qu’un bon agont peut onlretenir et surveiller Tarrosage de vingt á trente hectares. Si la surface aiTosée est moins considerable, on le chargera de travaux supplémentaires ; si elle est au contraire plus impor­ tante, on lui adjoindra des aides au moment des grands travaux. 11 doit connaitre et aimer son art. Suivant Tex­ is.


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

pression tros justo de M. Charpentier de Cossigny, « un bon irrigateur est celui qui s’intéresse á sa prairie commc un bon berger s’intéresse á ses brebis ». L ’entretien des prairies comporte des soins múltiples qui varient avec les saisons. Nous énumérerons ici les principaux. Les plus importants consisten! dans la direclion méme des arrosages, dans la conduite de l’eau. Nous en parlerons á propos de la pratique des irrigations.

Curage des fossés et des canaux. |[ s’impose rigoureusement et doit s’etFertuer en automne, fin septembre a commencement d’octobre, aprés Fenlévement du regain, et au printemps. 11 pre­ pare ainsi successivement la bonne exécuüon des arro­ sages d’automne, qui sont les plus importants, au moins dans les régions septentrionales, et ceux du printemps. Les fossés et les canaux se salissent rapidement pen­ dan! le fonctionnement de l’irrigation. L ’eau y apporte de la Ierre, les racines des plantes s’y développent, des semences y tombent et germen!. Les plantes y poussent d’autant plus vite que l’eau est meilleure et la prairie plus ferlile. Des feuilles mortes s’y réunissent, les obstruent parfois. Puis le passage des voitures et des Instruments, le pas des bommes et des animaux éboulent les bords des canaux et des rigoles. Aussi,leur profilse modiíie-t-il rapidement. L’écoulement de l’eau en est profondément troublé et l'arrosage compromis. 11 est done indispensable de refaire les bords des rigoles aux époques que nous venons d’indiquer. On y arrive l'acilement en délimitant le Iravail á l’aide d’un cordeau et en se servantpour attaquer le sol de la béche ou de la hache de prairie. La terre que l’on extrait du sol en exécutant ce travail n’est pas perdue. Placee d’abord en petits tas á c6té des rigoles, elle sert ensuite á


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIGDÉES.

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sui’élever les paiiies du pré qui se sont abaissées. Si on n’en trouve pas l’emploi pour égaliser la surface, on l ’épand réguliérement sur le pré, en fragments aussi filis que possible. Cette terre est particuliéreinent uüle pour confectionner les ados naturels dont nous avons parlé. En méme lemps qu’on nettoie les fossés, on doit aussi déliarrasser la surface de la prairie des feullles mortes qui la recouvrent en plus ou moins grande quantité. Le ralean á cheval est tout indiqué pour eíTectuer ce travail. Des que le printemps est suffisamment avancé, les herbes poussent assez liaut dans le voisinage des rigoles pour caclier celles-ci á la vue. 11est alors bon de faucber Hierbe sur la largeur d’un andain étroit, le long des rigoles les plus importantes, afin de pouvoir surveiller Farrosage.

Destruction des animaux et des plantes nuisibles. Les taupes rendent des Services en chassant les courtiliéres et les insectes qui s’attaquent directement aux plantes. Mais elles nuisent encore plus á Firrigation. Leurslongues galeries souterraines constituentun sérieux obstacle á la répartition uniforme de Feau ; puis elles bouleversent les travaux et obligent souventá les recommencer. Eníin, les taupiniéres s’opposent a la circulation de Feau. Au printemps, avant la pousse de Fberbe, on doit done les disperser en répandant á la surface de la prairie la terre fine qui les constitue. Cette opéraüon s’exécute aisément á la pelle, a la boue ou a la herse. Mais le rabot des prés permet d’allcr plus vite. C’est un instrument tres simple qu’un forgeron de village peut facilement construiré. 11 se composc essentiellement d'un chássis rectangulaire dont les deux grands cótés, garnis de semelles de fer, formen! patins ot glissent sur le sol. Ce chássis porte trois traversos de


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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

bois. Les deux ti'averses posléi'ieures, inclinées sur leur lace d’avant, sont armées de deux ])lanclies. Les l)ords inférieurs de celles-ci arasent le niveau des patins, par conséquenL le sol. Deux lames de fer feuillard, solidemeiit íi.xées par des boulons sur cesplanches, consULuenl la parüe acüve de rapparcü. Lorsque le i’abot est mis en mouvement, les taupiniéres el les monlicules (lui se trouvent sur son cliemin sont d’abord aLtac[ués par la traverse d’avant. Leur desLrucüon esL aclievée par les lames de fer; la Ierre se dépose peu á peu dans les crcux du gazon. Beaucoup de plantes nuisibles qui infestent les prairies cedenl á Tirrigation, aun bon entretien et á l'apport des engrais qui conviennent au sol. Ainsi, le cliaulage détruil la petite oseille [rumex acetosella). Les bruyeres (erica vulgai'is), les fougéres (pteris aqiiilena), les genéls (genista scoparia) caractérisent les sois arides qui manqucnt d’acide pliosphorique. L’applicalion des pliospliates les fait done disparaitre (1). Mal conduite, Firrigalion ameno une humidité excessive du sol qui provoque l’appariLion des cliardons (cirsium), des jones (juncits), des carex icarex). Les plantos annuelles, telles que le idiinanthe créte de co(j (rhinanthus crista galli), sont assez fáciles á détruire. 11 suffit de les fauclier avant la üoraison. Ün arréte ainsi leur roproduction. 11 estmoins aisé de se débarrasser des plantes vivaces. Elles ne cédent qu’á Larracbage direct et á l’amélioration du sol. Parmi ces dernieres, la plus dangereuse est la coleliique d’automne (colcliicum auliiinnale). C’est une plante vénéneuse, surtout á l’état vert. Mélée au fourrago, elle peut causer des accidentsmortels. Facilement reconnaissable á sa lleur lilas qu’elle montre en automne, elle doit s’e.xtirj)er au pi'intemps. Les renoncules (reniinculus acris, rcnunculus bulbosus) sont moins (1) Voy. Garola, Les Engrais (Encyclopédie agricole).


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIÜUÉES,

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toxiques ; mais on doit aussi les détruire avec soin. On arrache aussi au printemps la grande patience {rumex patientia) et la grande berce {heracleum sphondylium) qui envahit rapidenient los Ierres fraiclies et fértiles. On ne doit pasnégliger lesmousses. Elles cédentgénéralement á quelques hersages pratiqués á l’aide des herses ii mailles ou á chainons. On peut aussi employer le sulfate de fer á la dose de 100 á 300 kilogramtnes par liectare. On débarrasse les prés des arbres de peu de valen r ; leurs racines épuisent le sol et leur ombrage nuit á l’herbe. Enfin, ilconvient de débarrassei'la surface des prairies des feuilles mortes, des menúes branches et des petites pierres qui peuvent Fencombrer. l^our de grandes surfaces, on réunit avantageusement feuilles et brancliagos a Faide du rateau a cheval.

Fenaison Bien irrigúeos, bien soignées, les prairies donnent des récoltes précoces. C’est un avantage. Le culLivateur a tout intérét á faire de bonne heure la fenaison, afín d’avoir moins de besogne un peu plus tard, au nioment de la moisson. Les foins jeunes sont Ies plus ricbes et les plus faciIcment assimHables. lis restent verts el sont plus appétissants. D’un autre cóLé, ils sont Iros aqueux et difficiles á faner. On doit done les coupei' á, la floraison, dans los pi'emiers jours do juin pour le centre de la Franco, mais si Fon a une grande étendue á faucher, il faut nécessaiment commoncer la fenaison de bonne heure. Mieux vaut, en eífet, couper le fourrage un peu trop tót que trop tard. Lorsqu’il a múri. Ies partios los plus nutritivos des substances qu’il contienl dans ses tiges onl emigré dans leurs graines. Or, celles-ci tombenten grand nom­


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TEClIiNIQUE DE L’IRRIGATION.

bre sur le sol, pendant la récollc el son Iransport. Elles se répandeiil dans les Ierres arables voisines aii détriment des récoltes el sont perducs. En outre, le fourrage coupé tardivement, landis qu'il n’cst pas fané el qu’il reste en andains, résiste bien mieux á la pluie que le foin qui a múri. Eníin, une coupe tardive nuil á la repousse, el par conséquenl au i'egain. Le fouri’age coupé á la l'aux ou á la l'aucheuse forme sur le sol des bandes appelées andains. Un le retourno á la fourcbe une ou plusieurs fois, suivant la température el la saison. Dans les grandes exploilalions, on le secoue au moyen des faneuses mécaniques (1). Quand on ne peut pas le rentrer des le premier jour, le soir, le foin est disposé en petils tas appelés généralemenl veilloltes. 11 est mis ainsi á l’abri de la pluie el de la rosée, qui altérent tres vite le foin des qu’il a subi les premiers elfets du fanage. Un disperse le lendemain ces veillottes jusqua ce qu’on puisse les rentrer. Un les reconstilue aprés un nouveau fanage partiel. Aux environs de Paris et des grandes ville, le foin est bottelé. On augmente alors le second et le troisiéme jour lagrosseur des veilloües jusqu’á former des meulons de plusieurs centaines de kilogrammcs qui restent sur place jusqu’au moment du bottelage. Le sol des prairies irriguées reste souvent mouilló, malgrélesoin que Pon a d'intcrrompre les arrosages une quinzaine de jours avant la fenaison. Aussi emploie-t-on parfois des cavatiers ou pcrroqueís pour metlre le four­ rage á l’abri de la terre mouillée. Le foui'rage disposé en tas légers sur ces appareils sé fane rapidcment et sans perdre les feuilles que les faneuses mécaniques arrachent trop souvent. On se serl surlout de ces séchoirs dans certaines parlies de PAllemagne (Wurlcmberg, Baviére), de la Suisse et (1) Voy. CouPA.N, Machines ar/ricoles, París, 190-í.


Fig. 61. — Eraploi des siccaíeur'S d fourrage ou cavaliers chez MM. Muret, a Noyen-sur-Seine. (Photographíe de M. le D' P. Regnard.)

Fig. 62. — Emploi des siccaleurs a fourrage ou cavaliers diez MM. Muref, Noyen-sur-Seine. (Pholographie de .M. le Dr P. Regnard.)


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

de FAutriclie, en général dans Ies vallées étroites el humides oü le soleil ne parait pas longlemps. En France, MM. Mure! en font un large emploi sur les prairies irriguées de leur bello exploitaUon de Noyensur-Seine. MM. Murel appellent siccateurx a fourrages l ’ingénieux modele de cavaliers qu’ils ont adopté. Les figures 61 el 62 montrent des siccateurs que Fon s appréte á charger de foin, el á cóté, des meulons deja terminés. Voici comment MM. Mure! décrivent cet appareil qui leur rend bcaucoup de Services et qu’ils ont répandu peu á peu autour d’eu.v. Le siccateur consiste en un assez gros pieu d’environ 2“ ,70 de longueur, taillé en pointe á Fuñe de ses exlréniités de maniere á pouvoir étre enl'oncé dans le sol. Ce pieu porte de distance en dislance des bras articulés disposés en spirales, au nombre de neuf, el íi.xés au moyen d’un l'ort clou qui sert do pivot. Des tasseaux en bois placés des deux cótés des bras rabatlus les mainliennent solidement dans la posilion horizontale. Le lasseau inférieur empéche le bras de tomber et le lasseau du liaut s’oppose á ce que la charge arracbe le clou servanl d’axe de rotation. Le premier bras est á 0“ ,B0 du sol; la distance entre deux bras consécutifs est de 0“ ,23. Le prix de l’appareil peul étre évalué a 1 IV. 30 ou 2 francs. Le moment venu, le siccateur est planté en Ierre. On ménage le trou qui le reg-oit á Faide d’une tige de fer pointue enfoncée k coups de maillet ou de marteau. On charge Fappareil avec le foin coupé en commeiiQant par les bras inl'érieurs. On a soin que les parlies basses des meulons ne touchent pas le sol. L’air circule facilement á travers le fourrage et Fasséche rapidement sans qu’il ait perdu de feuilles. La pluie glisse sur la partió extérieure du déme que forme le meulon en sorte qu’a Fintérieur celui-ci reste sec.


ENTRETIEN DES PRAIRIES IRRIGUÉES.

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MM. Muret ont constaté que le fourrage chargé sur des siccateiirs avait pu supporter des piules continuelles de quinze jours sans étre détérioré. Chaqué appareil peut supporter la valeur de treize a quinze bottes, ou de quinze á dix-huit bottes de 5 kilogrammes, suivant qu’il s’agit de prairies naturelles ou de prairies artiíicielles. Le foun-age étant sec, il suffit de démonter les meulons pour pouvoir le rentrer. Quant aux siccateurs, une fois leurs bras^rabattus, ils ne prennent que tres peu de place. Quand on n’en a plus besoin, on les abrite sous un hangar ou un appentis. L ’exploitation de Noyen-sur-Seine emploie un millier de siccateurs. Ce procede de fanage a été adopté peu a peu dans plusieurs grandes termes des environs. 11 est clair d’ailleurs qu’il est tout aussi recommandable pour des prairies non irriguées.

Páturage des prairies irriguées. Les pieds des animaux détruisent les rigoles. Ils laissent dans le sol humide des trous qui se remplissent d’eau stagnante lorsque le terrain est imperméable. Les dommages sont d’aulant plus grands que les ani­ maux sont plus lourds, que le sol est moinsperméable et qu’il a davantage de pente. Les prairies irriguées conviennent done mieux á la production du foin qu’au páturage. Cependant, on peut étre obligó d’y envoyer des animaux. 11 faut alors prendre quelques précautions. Ce qu’il y a de mieux á taire, c’est de diviser Ies prairies en plusieurs parlies qu’on soumet á une rotation. On n’irrigue que tres peu ou pas, saut en temps de sécheresse prolongée, les ilots oü páturent les animaux. Les autres sont arrosés avec d’autant plus de soin que l’irrigation dure moins longtemps. II y a, du reste, tout avantage á taucher les páturages une tois l’an. La coupe rajeunit les R isleh

et

W erv . — Ir r ig a lio n s et dra in a g es.

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TECHNIQUE DE L’IRRIGATION.

plantes et suctout elle délruit les inauvaises herbes ers les empéchant de se reproduire. P R A T I Q U E D E L ’A R R O S A G E D E S P R A I R I E S

Nous enlendons par pratique de riirigalion : la déterraination des quantités d’eau aemployer; celledes époques el des jours des arrosages el de leurs intermillences; celle des divers engrais qu’il convienl d’incorporer au sol. Gette pratique est essentiellement variable. Elle cbange avec le climat,lessaisons,les Ierres; laquantitéet la qualité des eaux dont on dispose ; le bul qu’on poursuit. Elle est toujourslrés délicale. El toujours elle jone un róle capital dans lesrésultals que Fon peut obten ir des travaux d’irrigation. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas irriguer du tout que d'arroser mal á propos. Une irrigation mal dirigóe peul compromettre larécolLe d’une année. Laconduile de l’eau exige une surveillance de tous lesinstanls. Nousavons déjá dit qu’avec rentretien des prés, les soins atlentifs qu’ils nécessitent, elle absorbe toute ratlention d'un ouvrier Rabile des que la surface arrosée alteint une quai'anlaine. d’hectares. La diversité des pratiques qu’il l'aut suivre' dans les dill'érents cas qui se présenlent empéclie de formuler des regles genérales. Puis bien des questions restent encore á résoudrc. Toulefois nous énoncerons quelques préceples qui peuvcnt taire l’objet d’une application a peu prés générale.

Quantités d’eau employées. Arrosages suivant les saisons. Irrigations d’hiverIrrigations d’été. Nous avons déjá parlé des quantités d'eau enqdoyées.. Leurdéterminalion est liée á cello des saisons d’arrosage. On peut dire en ell'et qu’il y a deux sortes d’irrigations les irrigations fcrtilisanles qui apportent des engrais au.


PRATIQUE DE L ’ARROSAGE DES PRAIRIES.

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sol et les irrigations ordinaires ou d’arrosage qui luí apportent surtout de l’eau. Les premieres exigen! beaucoup plus d’eau que les secondes. Elles se pratiquént principalement pendan! l’aulomne e! Fhiver, les aulres pendan! le prinlemps e! l’élé. Les premieres í'oncüonnen! du 1'*' oclobre au I ' ’’ avril, avec des intermi Henees va­ riables; les secondes, pendan! le reste de l’année. Ce sont les pays du Nord, rAllemagne, TAngleterre; en France, les Vosges et le Centre qui emploient le plus les irrigations hivernales. L ’ltalie leur doi! les Marcites de la Lornbardie, mais celles-ci en ürent parti á un aulre point de vue. Le Midi de la France ne recourt guére qu’aux irrigations d’ari'osage. Les irrigations fertilisantes de Fhiver n’excluent pas d’ailleurs les secondes. Et c’est ainsi que les prés de FAllemagne, des Vosges franqaises et du Centre de notre pays recoivent non seulement de Feau en hiver, mais encore durant Fété. D’un autre cóté, les irrigations estivales n’apporten! pas seulement de la l'raiclieur aux plantes, elles leur donnent aussi un appoint importan! de substances útiles. Et les irrigations d’hiver, comme les pluies de cette saison, emmagasinent dans le sol des réserves d’eau pour la sécheresse. On ne peu! done pas les séparer tres nettement les unes des autres. Mais les irrigations d’hiver ou irrigations fertilisantes, pour étre efficaces, exigent généralement Femploi de ([uanütés d’eau supérieures á celles que demandent les irrigations estivales. Celles-ci ont surtout pour bu! d’apporter au sol Feau qui manque. Elles completent les pluies ou plutót elles remédient á leur insut'íisance de maniere que la ierre conüenne les 20 á 30 p. 100 d’humidité qu’exige la végétation. Nous avons di! ailleurs comment Fon pouvait approximaUvement détei’miner la c[uan!ité d’eau que ce genre d’irrigation doi! apporter. On compare la quantitó de pluie qui tombe sur le sol pendan! la periodo active de la végétation á la quantité d’eau que les récoltes mettent en oeuvrc. Le


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TECHNIQÜE DE L’IRBIGATION.

résultal de ropération doit élre corrigé á l'aide d’un coefíicient qui tient compte de la nature du sol et du soussol, de révaporation, de la pente du terrain et du sysíéme d’aiTosage adopté. Quoi qu’il en soit, on trouve par cette méthode que, pour le midi de la France, rirrigation qui complete Faction des pluies doit apporter annuellement, a Fhectare, environ 15 000 métres cubes d’eau. Ce volume correspond á peu prés a celui que fournit Fécoulement continu de 1 litre par seconde et par hectare pendan! les six mois de la période active de la végétation du !'=■■ avril au I'*' octobre. Et c’est, en elTet, ce chiíTre que la pratique a sanctionné et que Fadniinistration adopte pour le réglement des concessions d’eau; mais il serait trop élevé pour des arrosages faits sous un cliinat liumide et sur des sois argileux. Et ce serait une faute de le prendre comme minimum et de l’appliquer d’une maniere générale.

11 y a des régions ou les pluies suffisent á la production des fourrages ; par exeinple, en Bretagne, mais il n’en est pas ainsi autour de París. Si, sous le climat des environs de París, il y a des prairies qui donnent de bonnes récoltes, c’est qu’elles sont situées dans des vallons ou du moins en contre-bas de champs et reqoivent ainsi, outre les pluies tombées directement sur elles, les eaux qui découlent des terrains plus élevés qui les en•tourent. Les irrigations d’hiver se poursuivent, en général, du 1'='’ octobre au I ' ” avril. Depuis le mois de dócembre, elles ont lieu pendan! le repos de la végétation. A partir de cette époque, elles agissent done directement sur le sol et non sur les plantes. Les recherches qu’HervéMangon a elíectuées comparativement dans les Vosges et dans le Vaucluse montrent que, durant l ’hiver, les eaux apportent surtout de l’oxygéne et des matiéres minérales. Elles fournissent aussi de Tazóte au sol, mais les plantes n’en profitent que durant l’été.


PRATIQUE DE L’ARROSAGE DES PRAIRIES.

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Les irrigations praliquées a l’automne et en hiver ont done pour résullal, principal de l'ertiliser le sol. Elles ne répondenl plus immédiatement au liesoin d’eau des plantes, et, par conséquent, ce n’est plus lui qui peut en régler Fimportance. D’une maniere générale, les irrigations fertilisantes emploient plus d’eau que les arrosages ordinaires, et les ([uantités qu’elles mettent en jeu sont tres variables. Elles dependen! de la richesse des eaux en principes útiles et des débits disponibles. Foltz fait varier entre 6'j et 90 litres par seconde et par liectare la quantité d’eau qui est donnée aux prés des Vosges. Hervé-JIangon eléve ces chiíTres jusqu’a 68 et 217 litres. Vincent estiniait á 121 litres par seconde et par heclare le débit nécessaire aux irrigations fertilisantes du nord de FAllemagne. En Belgique, Keelhofl' se contente de 31 litres en inoyenne.

La diversité de ces chilfres montre que Fon ne peut énoncer une régle générale. 11 l'aut ajouter que Irop souvent les arrosages sont limités par la l'aible quantité d’eau dont on dispose. En pratique, il faut fréquemment se conlenter de donner ce que Fon a. Enfin, dans le cas oñ Fon disposerait d’eauxahondantes, maispauvres en prin­ cipes fertilisants,ilnefaudraitpas, en été, abuserdesarrosages a grands volumes. On risquerait de le s s iv e r le sol, de Fappauvrir et méme de modifier sensiblement ses propriétés pbysiques en entrainant le calcaire. Puis on sait que les plantes venues dans des Ierres trop humides perdent de leur valeur nutritive et de leur saveur.

Irrigation par ruissellement. Quelques principes d’une application générale. Nous avons dit combien ¡1 était difticile d’établir des principes généraux en matiére d’irrigation. Voici cependant quelques préceptes que nous pouvons consi-


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TECIINIQUE DE L ’IRRIGATION.

dérer comnie la Lase de la conduile des irrigaüons par i’uissellevnenl; 1“ L ’eau doU arriver réguliérement parlout, mais ne séjourner nulle part. Done elle doit élre constammenl en mouvement, ne jamais foriner de ñaques ni de mares qui deviendraient vile des inarécages; 2“ L ’eau doit en parlie pénétrer dans le sol et le traverser. Elle ne doit pas y rester slagnante. Par conséquent, il l'aut que loule irrigation soit accoin])agnée et suivie d’un drainage naturel ou artiñciel aussi complot que ])ossible; 3“ L’irrigation doit done étre intermittente ; 4° On doit inlerrompre les irrigaüons d’autant plus fréquemment que la végétation est plus avancée, que le sol est plus argileux ou que les prés ont moins de ponte*; 3“ L'irrigation doit etre complete; c’est-a-dire sufíisamment abondante pendant un temps assez long; 6“ On ne doit renouveler les arrosages qu’autant qu’il en est réellement besoin; 7“ A moins qu’on ne dispose de grandes masses d’eau ou de sources dont la température soit supérieure á ceñe de l’air atmosphérique, il ne faut pas arroser quand il y a lien de craindre les gelées. En hiver, et surtout au printemps, il faut, au contraire, laisser le sol s’égoutter quand le froid menace; 8“ On ne doit arroser ni en hiver, ni au printemps avec de l’eau dont la température est plus basse que ceñe du sol ou de l’air; 9“ En été, on ne doit pas irriguer en plein soleil, ni au moment oü Lévaporation s’exerce le plus activement. Cette régle doit étre observée avec d’autant plus de soin que l’eau est plus froide. 10“ En général, pour arroser, mieux vaut clioisir, quand on le peut, un temps calme. Un temps brumeu.x etméme pluvieux vaut mieux qu’un temps serein. En été, sur-


PRATIQUE DE L’ARROSAGE DES PRAIRIES.

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loutj'c’cst l’enti'ée do la nuil et le matin qui sont les moments les plus favorables á 1’iiTÍgalion. 11“ Les aiTosages doivent cesser avant la fauchalsoii. Dans les climats septenlrionaux, on les inlerrompt un mois avanl. Aulrement, les baúles lierbes verseraient el pourriraient les plantes tardives qui poussent dessous. Dans les climals secs, la verse est moins á craindre, 11 sufíit d’arreler les irrigations quinze jours avant la récolte. Cetle maniere de procéder permet aussi au sol de se rasseoir. 11 supporlera done avec plus de facilité le j)assage des macliines agricoles. 12“ Aux approches de la récolto, il faut s’abstenir d’arroser longtemps avec des eaux chargées de limón, parce qu’elles recouvriraient le fourrage de terre et qu’elles le gáteraient; 13“ En été, l’eau peut contenir des conferves. C’est un signe de bonne qualité, comme Ton sait. ¡Mais il faut veiller á ce que ces conferves ne se dévelo]>pent pas á la surface des prés. Elles les couvriraient vite d’un mucilage qui délruirait les jeunes plantes. On pare á ce danger en ne laissant pas Irop longtemps les eaux sur le pré, en renouvelant fréquemment les intermittences. Si ce moyen ne róussit pas, Vincent conseille d’asséchcr le sol, puis do ne plus Farroser qu’avec parcimonie, de maniere que le mucilage formé par les conferves, soit seulement humide. On pourra reprendre les arrosages lorsque ces plantes auront grandi et les conferves en se décomposant serviront d’engrais. 14“ Immédiatement aprés l’enléA'ement du foin, on donne Feau de nouveau alin de préparer la pousse du regain. On suspend les ouvrages en lemps opportun pour la récolle de la nouvelle coupe.

lü“ Toute irrigation ralionnelle doit étre accompagnée de Femploi d’engrais appropriés aux circonstances. Interm ittences dans les irrigations d’h iv e r et d'été. — La régle fondamentale de Firrigation, c’est que


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TECHNIQUE DE L’IHRIGATION.

lout arrosage soit suivi d’un égouttement du sol aussi complot que possible. Pas d’iiTigalion profilable sí l’eau ne peut simultanémenl Iraverser librement le sol et si les aiTOsages ne sont pas suivis d’un assainisseinent convenable du terrain.

C’est que l’un des eíTets les plus útiles des arrosagesse manifesté dans l’aération, dans l’oxygénation du soL A ce point de vue, l’eau exerce une double aclion. En I)énétrant dans le sol, elle chasse l’air vicié, épuisé pal­ les réaclions chimiques, les combuslions lentes qui seproduisent au sein de la Ierre. Elle apporte l'oxygénequ’elle lient en dissolution et que la Lerre respire en quelque sorte. Ce phénoméne, les autres rirconstances restan! d’ailleurs les mémes, est d’aulant plus actif que le volume d’eau qui traverso le soldaos runité de tempsest plus considerable. Puis, lorsque Pirrigation sera suspendue, et que le sol s’égouttera, l’air extérieur y pénétrera largement. 11 y sera appelé par le vide que l’eau en s’écoulant aura produit dans les canaux capillaires qui parcourent la lerre. La connaissance de ce double phé­ noméne explique pourquoi les intervalles que Pon doit observer dans les arrosages diíTérent beaucoup suivant les saisons. En hiver, la végétation est endormie. L’irrigalion s’adresse directement au sol. C’est lui qui utilise Poxygéne, les substances fertilisantes que Peau apporte et qui bénéficie de sa température quand elle est suffisamment élevée. 11 n’y a pas lien de provoquer une aération énergique du sol. La quantité d’oxygéne dissous dans Peau sufPit aux oxydalions lentes qui se poursuivent dans la terre. On peut done continuer assez longtemp.s les arrosages et ne les interrompre que lorsque la tempé­ rature le permet. Mais, en été, il en est tout autremenl. La végétation qui est a ce moment dans toule son activité a besoin de trouver dans le soldé largos provisions d’oxygéne. La quantité d’oxygéne dissoute dans Pean


PRATIQUE DE L ’ARROSAGE DES PRAIRIES.

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d’irrigaüon est insulfisanle. La pénéti-aUon fréqiiente de Fair atmosphérique au sein du sol est indispensable. Si elle était Irop espacée, les bonnes plantes disparaitraient peu a peu. Elles seraient remplacées par les plantes dont les racines so ])laisent dans les sois satures d’eau, jones, laiches, etc. En été il l'aut done suspendre les arrosages plus fréqueminent qu’en hiver et pendan! plus longtemps. Entrainée par la pesanteur, Feau s’écoule vers les ligóles et les fossés ou bien elle descend dans les conches profondes du terrain. Elle abandonne done les interstices capillaires du sol. Elle y produit ainsi un vide relatif, une succión qui attire Fair extérieur et celuici vient la reinplacer. En hiver, dans certains prés, Feau peut ruisseler pendant plusieurs semaines sur le sol. Mais á partir du moment oú la tempéralure se maintient á quelques degrés au-dessus de zéro, oü Fherbe commence á reverdir, il convient de réduire la durée des arrosages, d’abord á quatre ou cinq jours avec des intervalles de trois á quatre jours, puis k un ou deux jours et méme a quelques heures au l'ur et a mesure que la tempéralure s’éléve et que la végétation devient de plus en plus active. Cette régle est d’ailleurs en harmonie avec les condilions naturelles de Firrigalion. On dispose de quantités (Feau plus considérables en hiver qu’en été. Durant la saison chande les propriétaires riverains d’un canal d’irrigation ne re^oivent Feau qu’a tour de róle. D’un aulre cOté, les usufruitiers ou propriétaires d’un ruisseau ou d’une riviére ne disposent généralement pas d’assez d’eau pourarroser á volonté. Afin d’arriver a un débit suffisant, ils sont obligés de concentrer ce qu’ils ont sur une portion seulement de Fétendue de leurs prairies. Ils sont amenés ainsi á établir une rotation d'eaii et par conséquent á taire suivre les arrosages d’intermittences plus ou moins longues. 19.


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TECIINIQUE DE L ’IRKIGA.TION.

La saison et la lempéralure ne sont pas du reste les seuls facleurs qui intervieniient dans la durée des arrosages. La nature du sol et sa pente jouent également un róle important dans la question. Plus le terrain est perméable, plus rirrigation peut étre prolongée. La pente exerce une action dans le méme sens.

Conduite de l’eau au momentdes gelées. L’eau en se congelant dans le sol déchausse les plantes eten déchire lestissus. Aussi convient-il de suspendre les arrosages quand on craint la gelée. On recommande de les arréter assez tót pour que le sol soit ressnyé assez prol'ondément. Cette précaution s’impose surtout aii printemps, lorsque la végétalion a re|U’is, el quand on ne dispose que de l'aibles quantités d’eau. Les irrigateurs hábiles s'abstiennent des petits arro­ sages tant que la ciarle du ciel et les vents du nord annonccnt des gelées. Mais quand on dispose de grands volumes d’eau, on ne cesse les iri’igalions ([ue lorsque le temps devient doux. 11 fauL se garder de les interronipre bi'usquemenl au mornent d’un grand l'roid. Au printemps, les eaux Ibuniissent un moyen ¡¡récieux de se préserver contre les gelées, surtout si clles proviennent des riviéres. Les eaux courantes qui, a cette époque, peuvent avoir de 10“ a 12", résistent généralement aux gelées blanches et ne se glacenl pas. Elles sauvent les collets des herbes et les pousses é peine écloses (Vidalin).

Irrígaiions d’automne. On peut discuter sur l’opportuni lé des arrosages d’liiver. Mais toutle monde s’enlend sur reflicacité des arrosages d’automne au point de xiie de l’apport des matiéres l'er-


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ülisanLes. A cello époque les eaux des riviéres el des ruisseaux sonl parliculieremenl riches. Les piules y aménenl le gras des cliamps qu'elles oiil laves. Pilis leur tem|)éralui'e esl plus élevéeque celle de l’aii'.

Ellos slimuleiil done les plantes. Celles-ci s’enracinenl forlenienl el se pi'éparenl ainsi á luller conlro les rigueurs de riiiver. Jusqu’au milieu de novembre,on peul conlinuer Farrosage sur la niéme surface, jour el nuil, sans inlerruplion, pendanl une, deux ou Irois semaines. A partir de la ininovembre on doit craindre la gelée. Alors, on laisse la prairie á sec pendanl un courl espace de teinps, atin qu’elle s'asseclie. S’il ne survient pas de gelée, on peul recommencer les ari'osages. Mais il í'aut les suspendre lous les deux ou li'ois jours afin que le sol ne soit pas trop mouillé el ([u’on puisse facilement rasséclier des que survient le l'roid. Si la lempéralure reste doñee on peul poursuivre l’irrigation jusquo vers le Ib décembre. .Mais si l’eau commence á geler a.vant celle époque, il faul cesser les arrosages e( abandonner la prairie au sommeil hivernal.

Irrigations d’hiver. 11 y a des prairios dans les Vosges qui recoivenl l’eau jiendant foul Fhiver. Les Marciles du Jlilanais doivenl leurs récoltes exlraoi'dinaires aux arrosages efl'eclués iluranl celle saison. Mais ces pratiques résullent de conditions spéciales. On dispose dans les Vosges de quanlités d’eau considérables. Les eaux qui arrosenl les prés lombards sonl aussi données abondamment, a la dose de 42 lilres par seconde el par lieclare, suivanl 51. Hérisson. 5Iais, en oulre, ellos pi'oviennenl de sources el leur lem]iérature esl sensiblement plus élevée que celle de l’air. Elles couvrent le sol d’un voile d’eau qui empéche son refroidissement el méme qui Féchauffe, gráce á sa propre


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

chaleur. On cesse les arrosagcs si l'on peut craindre que l ’eau no gele sur les ailcs des ados. L ’eau des fontaniles (1) atteinlune tempéralure de 10 a l l “ et elle permct naturellement de faire ce (|ui serail impossible avcc l'eau des canaux qui esl souvcnt á 3 ou 4“ seulement audessus de la LempéraLure de l'air. D’une maniere générale esl-il avanlageux d’arroser riiiver ? Cela dépend de la tempéralure et de la quanlité d’eau donl on peut user. Si cette eau est á une tempéralure convenable, si le sol n’est pas gelé, on peut arroser. 11 serait méme permis de continuer l’arrosage si l’eau se recouvrait de neiges ou de glaqons, mais á la condition qu’elle continué á courir. 11estrare soitque Fon ait assez d’cau, soit que la tempéralure pcrmctte d’agir ainsi. 11abituellement, les fossés se couvrent de gla(^ons, l’eau cesse d’y arriver, la glace se forme dans le sol, le souléve, et déchausse les racines. Que Fon vienne á irriguerun sol qui a été soumis á un froid vif, la glace superíicielle fon­ dea. Mais si le froid revient il surviendra un nouveau gel au grand détrimenl des plantes. Aussi est-il raisonnable de recommander, sauf exceptions motivées par le climat et le régime des eaux, de laisser les prés á sec depuis le commencement des gelées jusqu’á la fm de Fhiver et de ne pas se laisser séduire par les apports fertilisanls des riviéres enjanvier. Lorsque le temps est doux Farrosage produit de bous effets. Mais si le froid survient toute la récolte de Fannée peut étro compromiso.

Irrigations de printemps. L ’irrigation de printemps, au moins dans les pays du Nordetdu Cenlre,peutencorepasser pourfertilisante. Quel (1) Les fonlaniles sont les sources dont on se serl pour ces ii'rígntions.


PRATIQUE DE L ’ARROSAGE DES PRAIRIES.

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en est le moment favorable? Les avis sont partagés; les nns clisent mars, les aulres avril. Les premiers rayons dui soleil pi’intanier sont dangerenx quand ils frappent urb sol qui renferme de la glace. Celle-ci fond en ell'et; le sol s’aíl'aisse et les plantes en soullVent. Un bon arrosage faifc alors beaucoup de bien. Mais si la gelée menace de continuer, si le vent est fi'oid, mieux vant ne i'ien faire, surtout si l’eau provient de neiges fondues, si elle a passé sur des Ierres stériles et que la végélation comnience á se réveiller. Dans les régions du Nord et du Centre, on peut commencer Tirrigation dans les premiers jours de mars aussitótquel’onsuppose que Fliiver est terminé. On arrose d’une maniere ininterrompue jusqu'a ce que la Ierre soit dégelée, puis on s’arréte et on laisse le sol s’assécber. On recommence les arrosages vers la mi-avril. On donne d’abordl’eauaussilargementquepossiblc en la laissant huit á quatorze jours, sans interruplion, sur la méme parcelle jusqu’ace que les pointes fines des berbes commencentá surgir de la nappe d’eau. A partir de ce moment on irrigue avec précaution, les journées deviennent chaudes mais l’eau est encore froide. Aussi on n'envoie pas d’eau sur le pré, on le laisse s’écbauíTer lorsque le temps est clair, le soleil chaud et que le vent est doux. Au contraire, on irrigue avecénergie lorsque le temps estfroid, á bourrasques, et que fon craint les gelées blancbes. Si la gelée a déjá saisi la prairie, si le temps est clair et chaud, on arrose avant que le soleil ne soit haut a l'horizon alin d’éviter l’action néfaste d’un brusque dégel. Durant cette période l’eau est cliangée de place tous les deux ou trois jours. Le départ ou farrivée de feau se fait toujours vers 1© soir au moment oíi le soleil va se retirer. Si la prairie présente des parties oüfberbe est grossiérer mélée de mousse, il n’est pas nécessaire de la traiter avec autant de précaution ; au contraire, il est bon de l’arroset


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TECHNIQUE DE L ’IRRIGATION.

d’une la(;on conünue au printemps, surtout quand l’eaii enlraine beaucoup de teire en suspensión. Celte teiTe en se déposanl détruil la mousse, puis elle aídiéve, s'il y a lieu, le nivellemenl du sol. La destruction de la mousse ne dépend pas de la í'eidililé parliculiére du dépót, car le sable lin lui-méme produit de bons ell'els sur les prairies moussues ( ,I e .\n Dir n o n ) (1).

Irrigations d'été. Les irrigations du printemps cessenL áun'e époqiie que l'on nepeut déterminer. Elle dépend des régions, del’arrivée plus oumoins prompte des chaleurs etde la sécheresse. Toujours est-il qu'il convienl á un moment donné de réduire les arrosages. L ’eau que Fon envoie sur la prairie ne sert plus que conime agent de dissolution pour les alimenls des plantes, el surtout elle entretiont leur trans|>iration. La prairie nc reclame aloes que peu d’eau et pendant peu de temps. Donnée en trop grande quantité, Feau rel'roidit le sol, empéclie Fair d'arriver aux racines, abime méme les herbes. L ’eau des riviéres et des i'Liisseaux contient souvent en cette saison de peliles algues, des matléres végétales a peine visibles, de la vase qui se déposent sur les tiges des plantes. Gelles-ci donnenl aloi's un foin qui peut etre niiisible aux animaux, surtout aux moutons. On donno eau lous les S, 8 á 10 joLirs, suivant le sol, durant une nuit. Toutel'ois, si le temps devient froid, on irriguera eneorc d’une maniere continué, méme s’il i>leut; mais en ayant soin de ne pas arroser les berbes longues. ün conserve ainsi au sol une bonne température. Souvent il sut'tit dans les pays du Nord et du Centre, durant les élés chauds, d'entretenir Fliumidité du sol en laissant Féau coulei' dans les rigoles. (l) Rapport de niission de It. J. líignon, ingénieuf ugroiiome, Anuales de l'lnsíUuí agronomiqac, t. XI.


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APPLICATION OES ENGRAIS.

On cesse les ari-osages une quinzaine de jours avant la coupe alin de laisser le sol se vasseoir, saffermir. Apres la coupe, on laisse le sol sécher pendan! dix á quinze jours. On proíite de ce lemps pour réparer les i'ossés que la récolte a pu endommager. Ce iravail achevé, on envoie l’eau de nouveau, sans interruplion, mais avec inodéraüon, pendan! une huüaine de jours. On laisse le sol s’assécher, puis on arrose comme on- le faisai! dans le lemps qui a prócédé la récoUe. Suivan! Féla! de raimosphére, el suivant le sol, on donne done Feau íoules les ciu(¡ a huil nuils si Fon peu!. Que le leinjis devienne froid, ou qudl pleuve abondamnien!, on arrosera jour el nuil comme cela a élé deja recommandé. On cessera aussilOl que le lemps redeviendi-a cliaud. Si Fon altend uno Iroisieme coupe, on suivra les mémes praliques qu’aprés la premiére. Toulel'ois on mellra les pi'airies jdus 101 a sec, car les nuils devenanl plus IVoides le sol s’asséchera moins facilemenl. A PPLIC A T IO N

DES

E N G R A IS

Dans le volume consacré aux engrais qui fail parüe do celle Encyclopédie agricoie, M. Gai’ola estime qu’avec une bonne organisalion des prairies, en ne négligeanl ni les irrigalions, ni les fumures, le cullivaleur progressisle ne doil pas exiger moins de BO á 70 quinlaux de foin a Fhectare. Or, le quinlal de foin moyen récollé, renfermant encore IB p. 100 d’eau, conlient : Azote.......................................... Acide pliosplioriquc.................... Potasse....................................... Cliaux..-.....................................

1^6,80 0'<e,S0 2>í 8,21 l>'s,2i

Une récollo de 70 quinlaux enléve done annuellemenl á la prairie :


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TECHNIQÜE DE L ’IRRIGATION. A z o te ............................................ Acide phospliorique..................... P o ta ss e ........................................ Chaux...........................................

130 kilogranimes. 3o — IñS — 87 —

D’autre part, une récolte équivalenle deblé exporterait en moyenne, d’apresles analyses de M. Joulie reproduites par M. Risler dans sa Physiologie et Culture du Ble ; A zo te ............................................. Acide phospliorique..................... Chaux........................................... Potasse..........................................

82>'b,11 31''S,29 17ks,22 39>is,13

La récolte de 70 quintaux de ble á Tlieclare, paille et grain, est exceplionnelle, et cependant on volt qu’elle appauvrit beaucoup moins le sol que la récolte correspondante de foin. Cela est surtout sensible pour la potasse. Le sol de la prairie, il est vrai, s’enricliit en azote gráce aux légumineuses, mais celles-ci disparaissent vite de la ñore avec l’appauvrissement du sol en potasse. Et d’ailleurs le stock d’azote constitué dans la praft'ie n’est utilisable par les plantes qu a la condition que l’élément calcaire ne manque pas. Or la production de l’herbe, coinme nous venons de le voir, exporte aussi de la chaux en quantité importante. C’est done une faute grave de croire que la production du foin exige moins d’engrais que celle du blé. II l'aut que les plantes de prairie trouvent disponibles dans le sol les matiéres fertilisantes qu’elles exporten!. 11 faut done restituer les matiéres minórales; les légu­ mineuses fixent Lazóte de Lair en sorte que le sol des prairies, quand elles sont anciennes, contient naturellement de Lazóte. Mais cet azote ne devient assimilable qu'á la condition de se trouver en présence de Loxygéne et de la chaux. L'irrigation, qui aere puissamment le sol, apporte naturellement Loxygéne. Elle n’apporte pas toujours le calcaire. On doit alors le fournir au pré.


APPLICATION DES ENGRAIS.

3 it

La quantitó de cliaux, comme les quantités d’acidephosphorique et de potasse qu’il convient de donner á une prairie iiTÍguée dependen! de la ricliesse du sol et (le celle des eaux d’arrosage. On a beaucoup discute autrefois sur la nécessité de fumer les prés arros(ís. Certains agronomes ont prétendu que l'eau suffisait á tout et rendait superílu lout achat d’engrais. Cette généralisalion conduit á une erreur grave. La fertilité ne s’imjirovise pas, et elle ne se maintient qirá la condilion (|ue le cultivateur obéisse á la loi de reslitution quL s'applique aussi bien aux prairies arrosées qu'aux autres.. L’eau, en solubilisant les (íléments nutritifs des ]dantes, stimule la production végétale, elle mol)ilise le stock qui [)réexiste dans la terre. En outre, elle enti'aine par simpledissolulion une partie des éléments útiles que le sol renl'erme. Elle lui donne les (íléments (lu’il ne posséde ]ias, mais elle lui enléve ceux qu'il posséde et qii’elle n’a pas. L’irrigation pratiquée sur des Ierres pauvres, avec des eaux dépourvues de substances lertilisanles, épuiserait done bien vite le sol, si elle n’était pas accompagnée des engrais appropriés. Les récoltes baisseraient i-apidement, en méme temps que la composition de la flore se modiíierait au point de vue cbimique et botanique, les légumineuses cédant le pas aux graminées. Le l'oin deviendraitprogressivement moins abondant et beaucoup moins nutrilif. 11 y a des eaux d’une ricliesse telle qu’elles sufíisent á donner de belles récolteset á entretenir la fertilité lorsque Ton peut les donner en quantités .sufíisantes : lelles le.s eaux d’égout, les eaux résiduaires de certaines industries. La nature et les (loses nécessaires d’engrais dépendent done de la composition du sol, de celle des eaux et de rimportance des récoltes. 11 peut étre dangereux d’arroser les terres trop abondamment avec des eau.x pauvres ou méme incomplétes au point de vue de la fertilité. Ces eaux apportent, par exemple, de la polasse.


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TECIINIQUE DE L’IRRIGATION.

á Texclusion de la cliaux et de l’acide pliospliorique. Elles amenenl immédiateinent sur im sol feidile de belles récoUes, mais cela aux dépens des quantités d'acide idiosphorique et de cliaux qu’il conlient; peu á peu sa l'ertilité dis|)ai‘ait, el d’autant plus vite que rirrigalion est plus aboiidanle. Quand oii ne jiossede pas d'eaux riches, il í'aul s’eífoi’cer d’ii'riguer assez jiour mellre a la disposilion des plantes les quanlUés de substances i'ertilisantes que Fon peut restituei’ au sol pac les engcais, mais il ne faudcait pas aller au déla. Pouc détecniinec la nature des divecs élémenls l'ecülisants que céclaine la pcaiiáe, il est un moyen aussi simple (|ue ceidain; il consiste, suivant Fexpcession pittoresque de Boussingaull, á inteccogec les plantes. Les ]iraicies sont généraleinent tees riches en azote; on se hornera done á déterminerleurs e.xigences en acide pliosphorique, potasse et cliaux. A cet ell'el, on élablii'a Irois parcelles, sur lesquelles on appli(|uera á l'liectare ; 1“ 1 000 kilogrammes de scories + 200 kilogramines de chlorure de potassium; 2“ 1000 kilogi'amines de scories; 3“ SOO kilogrammes de cliaux + 200 kilogrammes de chlorure de potassium. Les écarts entre les rendements des parcelles 2 et 1 donneront la mesure de Fefíicacité de la potasse; les écarts constates entre 3 et 1, celle de Facide phospliorique. Le cliaulage des xieilles prairies non irriguées est toujours avantageu.x; il ¡leut en étre autrement pour les prairies qui reooivent des eaux calcaires. Les scories apporlent 30 ]i. 100 environ de leur poids de cliaux : la dose n’esl pas toujours suriisante el Fessai précédent ne permet pas de s’en rendre conipte. Un aii ou deux ans aprés Fapplication des preniiers engrais, on i'épandra sur la nioitié de la parcelle 2 000 á 4 000 kilogrammes de cliaux


APPLICATION DES ENGRAIS.

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en pondré; par la sude, on jugera de son efíicacité. I^ourquoi relarder l’applicaUon de la chaux? En l’employant en méme lemps que les scories, elle influencerait dél'avorablement l’action de celles-ci et pourrait en masquer en partie les elTets. Quand on posséde un semoir á engrais, les essais méüiodiques dont nous venons de parler sont tres fáciles ■á exécuter : on établit alors de longues parcelles de la largeur seulement du semoir et séparées par des inter­ valles de 3 á 4 métres; si le terrain n’est pas homogene, il est indispensable que les bandes coupent les diíTérentes parties de la prairie qui ont des coinpositions diíTérentes. Nous renvoyons d’ailleurs le lecteur á l’excellent ouvrage de M. Garola sur les Engrais, qui fait partie de cette Encyclopédie.


TROISIÉME PARTIE DÉFENSE CONTRE LES EAUX

I N C O N V É N I E N T S D ’UN E X C É S D’EAU D A N S L E S O L

Nous avons expliqué longuement quel est le rule exlrémement important que l’eau remplit daiis la végétation. Alais l’eau en excés peut devenir nuisible. Et alors 11 faut s’en débarrasser par le desséchement ou par le drainage. A partir de quel nioment l’eau est-elle en excés dans laterre? Et pourquoi est-elle nuisible?En nous rappelant la constitution intime du sol, tel que nous l’avons déjá décrite, nous serons en mesure de répondre approximativement au moins a la premiére question. La terre arable est composée de particules plus ou moins fines percées de pores, isolées les unes des autres, séparées par des canaux tres petits. Lorsque la terre est tres séche, pores et canaux sont vides, l'ombe-t-il un peu de pluie, les pores s’en emparent d'abord avidement. La terre, pétrie dans la main, donne alors une impression de moiteur. Les canaux capillaires sont encore vides, l’air et l’eau peuverit y circuler aisément. Et l’eau continuant á tomber peut y passer aisément pour aller humidifier les couches plus profondes. Alais bieiltút, la pluie ne cessant pas, les canaux capillaires sont gorgés d’eau. Et si cette eau ne trouve pas un écoulement, la terre devient imper-


INCONVÉNIENTS D’ UN EXCÉS D’EAU DANS LE SOL.

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méable. C’est ce qui se passe pour les Ierres argileuses. La ierre moite, qui ne contient que l’eau retenue dans ses pores, est au contraire favorable au développement des plantes. C’est dans cel état heureux que M. de Gasparin la qualifie de fraiche. Chauffée á 100“ elle perd de 10 á 25 p. 100 de son poids. L ’eau qui reinplit les interstices et qui y demeure immobile est nuisible. Tout autre serait d’ailleurs son action, si elle était douée de rnouvement, si elle circulait dans ces canaux capillaires. La porosité naturelle du sous-sol lui assure cette inobilité. Le drainage n’a d’autre but que de la lui donner artificiellement. Et l’irrigation n’est possible qu’ála condition que les eaux qu’elle apporte soient mobiles. C’est alors que l’eau est vraiment un merveilleux agent de fertilité. On peut dire que le point de départ de la nuisanre de l’eau, c’est sa stagnation á la surface de la terre ou dans son sein. Enumérons les inconvénients de l’excés d’eau dans le sol en cherchan t á expliquer leurs causes. I. Les labours sont extrémement difflciles dans les Ierres humides. Parfois, les animaux ne peuvent inéme pas y entrer. L ’agriculteur est obligé d’attendre que la chaleur solaire les ait asséchées. Alors, il est en présence d’un sol dur, compact, que les instruments aratoires ont une peine extréme á entamer. Nous avons dit déjá que les terres argileuses, qui retiennent fortement l’eau, sont celles qui dureissent le plus á cause de la finesse de leurs éléments. Des expériences dynamoinétriques ont inontré que dans des sois humides, la charrue pouvait e.xiger un effort de traction supplémentaire de 2b a 30 p. 100. Les binages, les sarclages, sont également difficiles. En outre, le travail est mal fait. La terre reste en grossesmottes dures. Cesmottes compactes deviennent en temps de sécberesse impénétrables á l’eau; en sorte que, circonstance aggravante, ces terres trop humides en hiver ou au printemps, sont trop soches en été quand


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

les plantes manquent d’eau. Leur état boueux persiste jusqu’aux premiers jours du printemps. Le cultivateur ne peut etrectuer aussitót qu’il conviendrait les semailles de cette saison. Par une année humide, il est quelquefois oldigé de les reculer jusqu’á la lin d’avril ou au oommencement de mai, d’oü un grand retard de la croissance des plantes et de leur maturité. II. Une terre trop humide ne donne qu’un mauvais l'oin. Mais le cultivateur n’est pas méme súr de pouvoir le récolter. La fenaison s’opére mal sur un sol humide. L’humidité du sol et celle de l’air détruisent ^'ite la récolte qui hientót n’est plus honne qu’á taire de la litiére. Les chars, les animaux, les hommes méme dét'oncent le sol en y circulan t. Les i'oues y creusent des orniéres. III. M. Risler a décrit (1) ce qui se passe en hiver dans une terre qui renferme heaucoup d’eau. Le l'roid pénéti'e peu il peu dans le sol humide et congéle l’eau par conches successives qu’il est i’acile de constater. En se congelant, l'eau se dilate dans tous les sens autour de la jeune tige de hlé. Elle agit sur elle comme une tenaille au moyen de laquelle on arrache un clou : d’un cOté, elle la pince, de l’autre, elle clierche á la séparcr de la teri’C sousjacente qui n’est pas encore gelée et des racines inlurieures ([ui s’y ti'ouvenl. Si cette tenaille de glace réussit ii couper la tige, ce (¡ui malheureusement arrive souvent; et si les racines supérieures ne sont pas encore formées, la plante est perdue. IV. L ’un des inconvénients graves des terres trop humides, c’est qu’elles sont/Voides. Tous los phénoménes de la vie végétale réclament de lachaleur. II l'aut que les tiges et les feuilles liaignent dans une atmospliére chande, qu’elles retjoivent les rayons du soleil. II faut aussi que les racines proíitent d’une certaine chaleur. (1) R isler, Physiologie et Culture da hlé, 2« édition, París, 1887, p. 120.


INCONVÉNIENTS D’UN EXCÉS D’EAU DANS LE SOL.

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Les plantes peuvent avoir les pieds plus froids que la tele. Mais ¡1 faut cependant aux racines une certaine clialeur, aíin que puissenl normalement se produire les phénomñnes respiraloires el osmotiques dont elles sont le siége. On connait maintenant Timportance du róle des mici’obes dansla décomposition desmatiñres organiques, c’est-á-dire en somme dans la préparation des aliments des plantes. Le róle de ces microbes et de ces l'ermenls est favorisé par la chaleur. Or, une Ierre humide est exposée á des pertes considérables de calories et, en nutre, elle est privée des restiluüons dont bénéíicient les Ierres séches. L ’évaporation est une premlere cause de déperdition. L ’eau s’évapore á toutesles températures. Maisquandon ne luí fournit pas de chaleur, elle prend aux corps qui Fenvironnent ce qu’il en faut á sa vaporisation. On appelle calorie, la quantité de chaleur qui est nécessaire pour élever de 1 degré la température de 1 Idlogramme d’eau. G’est l ’unité de mesure des quanlités de chaleur. Les physiciens ont trouvé que la quantité de chaleur al)Sorbée par t kilogramme d’eau pour se Iransformer en vai)eurá la méme température élait de üSO calories. Ces übO ca­ lories absorbées par l’eau uniquement pour devenir vapeur, sans que sa température change, ne sont pas sensibles. Ce sont des calories cachées enquelque sorte. On dit quelles représentent de la chaleur latente. La chaleur totale contcnue dans la vapeur, c’est-á-dire la somme de la chaleur latente et de celle qui est sensible au thermométre, est constante et égale á 6'i0 calories. 11 s’ensuit que chaqué kilogramme d’eau que le sol perd par évaporalion lui enléve une quantité de chaleur considérable. Leclerc estime que l’évaporalion d’un kilogramme d’eau abaisse de un degré la température de SiiO kilogrammes de Ierre. Pour íixer les idées, Leclerc a calculé la quantité de chaleur qui serait nécessaire pour vaporiserlaportion desprécipitésatmosphériques qui tombent.


3i8

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

•et qui sous le clima! bclge ne son! ni repris immédiatementpar latmospliére, ni absorbés par les besoins des plantes. 11a trouvé que lachaleur perdue par un hectare de terrain, lorsque celui-ci relien! ceüe porüon des pré■cipüés atmospliériques, équivau! á celle que produirai! la combustión complete de 266 203 kilogrammes de charbon. Pour placer cet hectare de terrain dans les mémes •conditionsqu’un terrain poreuxou artiíicieilement rendu permeable, il faudrait y faire brúler pres de 730 kilo­ grammes de charbon par jour. Nous avons cité cette évaluation parce que, malgré qu’elle ne soit qu’une approximalion assez xague, elle donne idee de la quantité de chaleur tres grande que le sol humide perd par évaporalion. D’ailleurs, l’évaporation fatale qui s’y produit n’est pas la seule cause de son rei'roidissement. Au pouvoir émissif de l’eau qu’il contient, il doit de rayonner lui-méme fortement. 11 est tres probable que renfermées dans le sol, les conches aqueuses descendent de la :surface vers le fond, et sont remplacées par des conches plus chandes qui se refroidissenl á leur tour. L’eau sert alors de véhicule á la chaleur du sol, l’améne á la surface et la disperse dans ratmosphére. Ce n’est qu’en :hiver, lorsque la température extérieure descend audessous de 4“,1 que ce phénoméne ne se produit pas. L ’eau acquiert en eíTet á cette température, comme on le sait, son máximum de densité. Au-dessous, elle devient plus légére, et elle reste á la surface des conches sous-jacentes dont la température ne peul plus s’abaisser que par con•duclibilité. Un sol humide, avons-nous dit, perd de la chaleur. ,11en récupére tres difficilement. En eífet, d’abord, l’eau étant un tres mauvais conducteur de la chaleur, le sol humide est lui-méme mauvais conducteur. 11 en résulte que la chaleur solaire qui .(1) J.-M.-J. L ixleuc, TraHé de drainage, 3* édilion, 1866, Goín.


INCONVÉNIENTS D’UN EXCÉS D’EAÜ DANS LE SOL.

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pénétre assez facilement dans Ies couclies d’un sol sec est arrétée tout pros de la surface d’un sol humide. Aussi á quelques centimétres de profondeur, les sois maré■ cageux gardent-ils la méme température, méme au monient des grandes chaleurs de l’été. L’évaporation, comme nous venons de le montrer, .absorbe sous forme de chaleur latente une quantité enorme des calories emmagasinées dans le sol par la cha­ leur solaire; larosée, en se formaiit, produit le phénoméne •contraire. La vapeur, en se réduisant en eau, abandonne la quantité de chaleur qu’elle avait absorbée pour se former. La rosée est plus chaude par conséquent que le terrain sur lequel elle se dépose. Ce n’est pas seulement á la surface du sol que peut se former la rosée. De vérilables rosées intérieures se produisent dans le sein des sois poreux. Les conches inférieures, séches, de ces sois sont souvent plus froides, pendant le jour, que l’air ■ chargé de vapeur qui les haigne. II en résulte un dépOt <le rosée qui vient compenser dans une certaine mesure la déperdition de chaleur qui se produit á leur surface par rayonnement ou évaporation. Mais les sois humides ne hénéíicient pas de ces restitutions, á moins qu'ils ne :soient drainés. La rosée ne se dépose pas sur un sol mouillé. Et leurs particules sont baignées non pas d’aii-, miáis d’eau, en sorte que la formation d’une rosée intérieure y est matériellement impossible. Les pluies sont généralement plus froides que le sol qui Ies reQoit. Elles abaissent done sa température. Lorsque le sol est perméable, ou qu’il est drainé, elles apportent aux conches profondes la quantité de chaleur qu’elles ont ainsi enlevée aux conches superficielles. Mais lorsqu’il est imperméable, c’est encore une perle sans compensation. D’ailleui's, l’expérience directea montré des diíférences de température entre les sois humides et Ies sois secs de méme nature et de méme exposition, qui contrólent R is l e r etWEBY.

Irrig a tio n s et drainages.

20


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' DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

ce que nous venons de dire. C’esl, ainsi que Schübler, a la suite d’e.xpériences de laboratoire, a recueilli des chifl'res que nous avons déjá donnés et qui sont assez. probants. Un Anglais connu pour ses travaux sur le drainage, Josiab Parkes, a réuni des observalions qui sont d’autant plus intérossantes qu’il a opéré sur des terres en place, c’est-ii-dire qu’il s’est mis dans les conditions naturelles. Les nioyennes de trente-cinq observations faites avec beaucouj) de soin lui ont montré que la température d’un sol drainé excédail de ‘)“,3 celle du méme terrain voisin et non drainé. J. Parkes a montré aussi que, confoi-mément a ce que nous avons tout á l’heure avancé, l’action des pluies contribue á élever dans une forte proportion la teinpéralure du sous-sol lorsqu’elles peuvent traverser les coucbes sous-jacentes. 11 constata qu’aprés une forte pluie d’orage, la température d'un sol drainé á 0“ ,175 de profondeur fut élevée de prés de 2“, malgré qu’elle eút atteint cependant son máximum ordinaire de la journée. V. Mais l'un des inconvénients les plus graves des terres bumides, le plus grave d’entre tous, sans doute, c’est leur impénétrabilité á l’air. L ’eau contient de l’air en dissolution. Une terre qui serait constamment arrosée permettrait aux ])lantes de vivre, les racincs y trouveraient encore de Poxygéne. Mais lorsque l’eau qui imbibe une terre ne se renouvelle pas, les racines ne peuvent plus y vivre. Elles sont aspbyxiées, parce que Poxygéne a vite dispara et que Pair extérieur ne peutrentrer. Or, non seulementcet oxygéne (!St nécessaire á la respiration des racines, mais il est encore indispensable aux transforraations cbimiques si complexes qui se passent dans le seln de la terre; ces transformations pi'ésident á la décomposition des fragments de roches dont le sol est composé, a celle des matiércs oi'gani(jues, á Passimilation des engrais. Elles


INCONVÉNIENTS D’ UN EXCÉS D’EAU Da NS LE SOL.

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préparent aiiisi ralimentalioii des planLes en organisaiiL pour ainsi dire ia l'ertilité (1). La Ierre est non seulemenl un magasin oü sont réunis les matiéres premieres qni serven! á l’alimenlation des plantes, mais c’est encore une usine oü ces matériaux -sont transformés pour devenir des aliments. L ’un des agents les plus actil's de cetle Iransformation, c’est l’oxygéne. II manque aux Ierres humides. Le í'erment nitrique transforme les matiéres azotées insolubles en acide nitrique eten nitrales assimilables. 11jone ainsi un róle capital dans l ’alimentation végétale, carbón saitquel prix il faut attaclier á Lazóte assimilable. Ce I'erment ne peut fonclionner qu’en présence de Loxygéne, puisqu’il le íixe précisément sur les matiéres azotées qu’il o.xyde. Une Ierre submergée, abandonnée i elle-méme, se charge de produits acides, tels que les acides ulmique, humiquc et lannique, qui sont impropres á la vie des plantes. Le produit de la respiralion des racines, Lacide carbonique se dissout dans Lean. Ainsi aiguisée, celle-ci devient un utile agent de décomposition des l'ragments minéraux qui forment le sol. D’autres ferments aerobios, c’est-á-dire (¡ui ont besoin d’oxygéne, sont útiles a Lalimentation des plantes et no peuvent prospérer que dans les sois aeres. La pluie ne pénétre pas dans un sol trop humide, parce que Leau qu’il contient étant immobilisée dans les canaux capillaires, ceux-ci sont pleins. L ’eau que conlient la terre ne circule done pas, et l’air extérieur ne pénétre pas davantage. 11 en est tout autrement lorsque Leau qui imbibe le sol trouve son écoulement. M. Risler a fait une expérience qui le démontre d’une maniere saisissante. Le flacón représenté par la figure 63, contient de (1) Le fer réduit á l’élal de proloxyde devient nuisilile pour la plupartdes plantes, tandis qu’ü l’élat de peroxyde il leur est tj'és utile; aussi la couleur Ifleiuitre du sol indique un étal malsain, tandis que !a couleur jaune roiigeálre indique un sol sain.


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

la torre gorgée d’eau, le robinet c permet d’en tairela vidange. 11 ne communique avec l’air extérieur que par rintermédiaire d’un second flacón, plus peüt, que la figure montre á cóté de luí. La tubulure qui porte l’enlonnoir a été fermée aussitót aprés que la terre a été sufíisamment arrosée. Le robinet e élant fermé, les choses demeurent en Félat, la terre reste privée d’air frais. Mais ouvrons le robinet e , il fera l’oflice d’un drain. L’eau en exces qui imprégne la terre s'écoulera,. et bien peu de temps aprés, on constatcra que des bulles-

Fig. 63. — Appareil imaginé par Jí. Risler pour démonlrcr que le drainageaére le sol.

d’air traversent l’eau que renferme le second flacón. On en déduit que l’air qui recouvre la terre et l’eau contenues dans le grand flacón s’est raréfié, que par conséquent, il a dú pénélrer dans cette terre pour remplacer l’eau qui s’en est échappée. Cette expérlence montre tres clairement le phénoméne d’aéralion qui se produit aprés une pluie dans une terre poreuse ou drainée. Le départ de l’eau qui est tombée, sa fuile dans le sous-sol ou dans les drains améne immédiatement la pénótration de l’air extérieur. Nous verrons, en outre,. que cette circulaUon de l’eau dans une terre drainéeproduit un grand nombre de fentes, ou de crex^asses, qui s’étendent des drains vers la surface du sol et qui sont


INCONVÉNIENTS D’UN EXCÉS D’EAU DANS LE SOL.

3S3

autant de conduils olTerts a l'eaii pour s’échapper et á l’air extéi'ieur pour entrer dans le sol. Chaqué goutle d’eau qui pénetre dans le sol ouvre un canal a l'air atmosphérique. VI. Les engrais pour s’assimiler, ont besoin, nous le savons, de Irouver de rhumidité dans le sol, niais un exces d’eau diminue Icur acüon ferlilisanle, en relarde rassimilaüon. L’eau en excés lave les Ierres et en extrait mécaniquement les principes útiles. Vil. On ne le sait que trop, depuis longteinps, les contrées marécageuses sont aussi dangereuses a Tliomme qu’aux animaux. Les íiévres paludéennes sont le fléau des terrains recouverts d’étangs ou niéme des sois tres humides parsemés de marais. Durand-Claye donne dans son l'raité d’hydraidique agricole (1), le tablean suivant qui fait ressortir l’inñuence des miasmes paludéens sul­ la durée de la vie moyenne dans les Bombes et en Sologne. DUREE de la

RAPPORT DES í\

Bombes.

Solocne

' Birieux...... I St-Germain.. ) Villars........ , Cbalamont.. Loirct......... I ( I Loii--et-Cher.5 Chor........

É T A N GS

la surface totale.

0.42G 0,270 0,340 0,251 0,041 0,007 0,045 0,014 0,006

V IE

MOYENNE.

14 19 23 29

ans. — — —

30 29 34 30

— — — —

22

_

Ces chiíTres se rapportent cerlainement á l’état sanitaire de ces pays avant leur assainissement. lis sont (I) DunAXD-Ci.AVF. et F. Lato.iy , Traiíé d'liijdraulique agricole ci de génie rural, t. II, 1892, París.

20.


354

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

aujourd'liui, en effet, parfaiLement salubres dans leur plus grande étendue. Mais ils monlrenl quelle a pu ñire á un moment donné rintluence désaslreuse de vastes étendues inarécageuses. Les animaux soulfrent eux-memes beaucoup de l’excí’S d’luimidité. lis sonl alleinls, les mouLons en parliculier, de maladies spéciales. Les clievaux el les bovidés qui paissenl surdes prairies donlle sol noyéd’eau eslinou ont les pieds plats, mal conl'ormés. En óté, ils sonl la proie des insectes : laons, insecLes el mousliques. Le bétail ne peut se contenler du mauvais l'oin que donneni les prairies humides. On s’en apei'(;oit á la diniinulion de la sécrétion ladée diez les vaches, au niampie d’ossalure diez les animaux, á leur étal de maigreur. Les plantes elles-mémes sont atteintes de maladies. La rouille des cereales est tres i'réquentc dans les lorrains humides. La vigne souHro surtout d’un excés ddiumidité. On peul dire que c’est la l’un de ses plus dangei'eux ennemis. 11 développe l’anthi'acnose, le pourridié, la dilorose ou jaunisse, etc. Les essences foresliéres el les arbres fruitiers ne vivenl jamais que misérablement dans les sois trop humides. D’abord ils y sonl mal enracinés. Puis, leur tronc se recouvre do rnousses et de lichens. Eníin les feuilles altaquées pai' de nombrcux parasiles ne remplissent pas convenablement Icurs l'onclions. La vie du végélal s’cn ressent, el par conséquent, Tiniporlance de son produit. L ’huniidité favorise merveilleusement la germination et le développement de lous les parasites végétaux qui menacent conslammenl nos cul­ tures el (jui consliluent pour ellos des ennemis exlrémement dangereux. Vlll. Les récolles qu'on obtient sur des sois (rop humides sont nécessairemenl de mauvaisc qualité. Les prairies, par exemple, ne donnent qu’un foin intérieur, comme qualité el comme (luantité. Les mauvaises herbes pullulenl bien vite sur ces sois. Elles éloutrenl les borníes plantes.


INCONVÉNIENTS D’UN EXCÉS 0’EAU ÜANS LE SOL.

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U devient fort difíicile. de les faire disparailre. Le po¿t)?’e d’euu (Polygonwn hydropiper) est caracLéristique, dans la Bi’ie, des terrains encere iiumides. 11 persiste inéme souvenl aprñs qudls ont élé drainés. On n’en vienl á bout qu’avec beaucoup de peine. 11 en est de meme pour le chiendent, Lavoine á cbapelel, les prélcs, etc. L ’une des plantes les plus dangereuses que l’on renconlre toujours dans les prairies Iiumides, c’est le cotchiqiie d'automne {Colchicum autiimnale). Tout le monde ronnait ses larges feuilles, ¡ses fleurs lilas qui apparaissent á rarriére-saison, et son l'ruit bulbeux. C’est un |)oison pour le bétail. 11 sait l’éviler au páturage. Mais il l'aut se garder de le mélanger par inadvertance au fouri'age qui est consommé h l’élable. Les animaux le consommeraient et une pelile (|uantitépeuLles empoisonner. On se débairasse du colchique en arracliant le bullie el en empécliant les graines de múi'ir et de se répandre sur la prairie. C’est avec les jones, les proles, les renoneules, les laiches, le populage, les oseilles, le l'oin d’eau un indice cerlain de rutililé du drairiage. L’excos d’eau supprimé, ces mauvaises plantes codent la place aux bolines. Le drainage est le seul moyen elTicace de les taire disparailre. M. Boitel (1) a déterminé la naturo de la végélation spontanée qui recouvrail, avaiil son assainissement par le drainage, une piéce de Ierre de la l'erme de la Ménagerie, dépendances de l’ancieii Instituí agi’onomique de Versailles. Cette piéce .élait formée d’argile verle de nalure plasLique, un peu calcaire. A l’exemple de Barral, nous reproduisons cette intéressanle détermination, parce (|u'elle peut servir d’exemple (2). Le cliiíl're 100 représenle, dans le tablean suivant, l’espece la plus com(1) M. Boilel ful inspecleur genénil de rtigricullure et professcui’ h l'InslUiil íigronomiquc reconslituc a París en 187C. II avait élé professeur au premier Inslilul agronomique qui fut installé en 1849 t\Versailles. (2) Barral , Drainage, 2® édition. l. I, Paris.


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

muñe; les aulres espéces oiit des chüTi’es de plus en plusbas, á mesure qu’elles deviennenl plus rares. Chiín-es proportionnels. 100 83 67 SO 50 50 50 33 33 33 33 17 17 17

1,2 0,8 0,-4

Nüms lalins des espéces.

Noms vulgaires.

Juncus communis. Plantago lanceolata. Colchicum autumnalo. Equisetum arvenso.

Jone cominun. Plantain lancéolé. Golchique d’autoinnc. Prclo, queue de cheval coudée. Rononculo.

Ronunciilns acris, bulbosus. Garex riparia. Ilypericum tetraptorum. Ajuga generensis. Cirsium palustre. Cardamine pratensis. Agrimonia eupatoria. Valeriana dioica. Galtha palustris. Rumexacetosacrispus. Trifolium pratense, T. repeñs. Orchis latifolia. Anthoxanthum odorantum.

Laiche. Milleperluis des marais. Bugle. Ghardon dos marais. Gardamone des prés. Aigrernoino. Valériane dioíquo. Populage des marais. Oseille órdinaire, oseille crepuo. Tréíle órdinaire, blanc. Orchis á large feuille. Flouvo odorante.

Ainsi, comme le fait remarquer Boitel, de cette flore dont un agronome ne peut apprécier le bouquet, seuls le tréfle el la flouve sont agréables aux animaux. Les aulres plantes sont toutes mauvaises, caractéristiques d’ailleurs des sois humides, et Fon volt emquelles faibles proporLions le tréfle et la flouve entren! dans la composilion de ces tristes páturages.

Nous avons montré dans un chapltre précédent les bienfaits qu’apporte l’eau á la terre. Nous venons de passer en revue les inconvénients de toute nature qu’elle


INDICES DE L’EXCÉS D’EAÜ DANS LE SOL.

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entraine lorsqu’elle est en exces, qu’elle ne circule pas á travers les pores et les canaux intersütiels dii terrain. Elle peut étre la meilleure a«iie ou Fennemie la pire de Fagriculteur. C’estseulement lorsqu’elle tend a humecter le sol dans Ies proporüons idéales qu’a íixées M. de Gasparin que, sous les climats appropriés, elle court á sa surface, et Iraverse rapidement ses couches superíicielles, c’est seulement dans ces heureuses circonstances qu’on peut répéter avec le grand agronome: Humiditii X Glialeur = Fertilité.

I N D I C E S D E L ’E X C E S D ’E A U D A N S L E S O L

On prévoit, d’aprés ce que nous venons de dire, que ce n’est ni la composition chimique, ni méme la composition physique de la terre arable qui sont capables de fournir des renseignements déOnitifs sur son état d’liumidité. La proxiinité d’un s'ous-solargileux, par exemple, empéchera un terrain sablonneux de s’égoutter convenablement. II faut teñir compte de la formation des sources, des iníiltrations, etc., toutes circonstances qui ne dépendent pas complétement de la nature du sol cultivé. Mais il est vrai que le terrain qui a besoin d’étre assaini ne se reconnait la plupart du temps que Irop facilement. Longtemps aprés la pluie, les animaux et les hommes s’y enfoncent. Les travaux aratoires y sont dií'íiciles. La charrue trace des sillons que lustre le versoir. Les eaux de pluie s’y rassemblent et elles y croupissent longtemps. L ’aspect noiratre du sol, Fapparition de vapeurs le matin ou aprés un coup de soleil sont autant de mauvais signes. Une flore spéciale, caractéristique, permet de coinpléter ce facile diagnostic : jones, laiches, préles, roscaux,colchique d’antomne, renonculcs, orchis, cardumine, populage infeslent les terrains humides. Les sources no


3S8

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

jaillissent pas toujours en claires fonlaines. Elles manifestent souvent leur présence par des mouiUéres; celles-c¡ lachenl le sol de larges plaques qui reslent loujours d’une couleur plus sombre que le terrain avoisinant. La neige qui s’y accumule est la derniére á disparaitre. Quelquel'ois cependant aucun signe exlérieur ne révéle a Loeil, d’une maniere sensible, la présence de l’eau. Cependant le sous-sol reste tres humide au printemps el aprés une pluie. Mais l’aspect misérable des récoltes montre le mal dont eiles soufTrent. Trop fréquemmonl les semailles d’liiver sont perdues. Les cereales deviennent lardives et par conséquent exposées á l’écliaudage. Les paysans connaissent généralement bien leurs Ierres. Gráce á des observations quolidiennes, ils savenl si riiumidité persiste á toute époque de l’année, ou si, au conlraire, elle dispai'all pendant les temps de sécheresse. Dans le premier cas, l’eau en excés provient généralement de l’exislence d’une conche impermeable sur laquelle repose le sol arable. Dans le second cas, il s’agit de sources intermitientes, soulerraines, qui ne fonctionnent qu’aprés la pluie. 11 laut teñir comple de toriles ces observations lorsque l’on se propose d’assainir une région. Pour constater la présence flagrante de l’eau dans le sol, on y creuse des trous d'essais d’une profondeur de l “ ,o0 á 2 métres. L'eau y séjourne-t-elle aprcs une pluie, jusqu’a 0“ ,'Ó0 et méme 1 métre de la surlace, c’est qu’il l'aut drainer le terrain. D’aprés le temps qui s’écoulera jusqu’á ce que le niveau de l’eau dans ces trous s’élablisse á une hauleur á peu prés constante, el d’aprés cetle hauleur. Fon pourra déduire des indicalions útiles sur la nappe soulerraine. Cetle eau montera d’autant plus prés de la surface du sol que la constitulion physique de celui-ci sera plus l’avorable a la ca[iillarilé, comme nous l’avons expliqué ailleurs. 11 est recommandahle de disjioser ces trous de maniere que les uns occupent le haut du terrain et les


EXCÉS D’UaMIDlTÉ DANS LE SOL.

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autres les parties basses, les plus éprouvées par l’eau. Afm qu’ils se conserven!, on y inlroduit verlicalement (le petües planches. Elles formen! un puüs ¡Hroi!, á secíion rec!angulaire ou carrée, qui prolége les bords. On les laisse saillir un peu á la suríace du sol afin de reconnaUre leur emplacement. Oe procédé Irés simple donne une idee de la nappe soulerraine, de sa profondeur, de ses variaüons. 11l'ourni! d’uliles indicaíions. On le complélera en éludian! la nalure physique du sol e! du sous-sol, sa penle, e!c. La hauleur que peu! ou ([ue doit aüeindre le niveau de l’eau soulerraine dépend non seulemen! de la nalure du sol e! dusous-sol, du clima!, de l’exposiüon, mais encore des cullures. Le riz, par exemple, es! culüvé dans l’eau. On peu! dire que, dans nos pays, pour les sois arables por!an! des cecéales e! des plantes sarcdées, l’eau soulerraine ne doi! pas se rapprocher á plus de 0“ ,80 de la surface du lerrain. Par le drainage, méme, on la fai! descendro á l “ ,2b ou 1 mélre. Les prairies supporlen! mieux le voisinage de l’eau, e!, méme, elles en on! besoin dans cerlaines limites. On nedoilpasPabaisseraplus de0“ ,801orsqu’elles ne son! pas irriguées, á plus de 1 mélre quand elles son! arrosées. On ne peu! dire qu’un pré es! Irop liumide que lorsque, pendan! la période végétaüve, le plan de l’eau se rapproche de la suríace á moins de 0“ ,60. 11 es! éviden! d’ailleurs ([u’il es! impossible d’élablir une régle lixe. Un sol de faible capillarité, sablonneux, supporle plus facilement le voisinage de l’eau soulerraine qu'un lerrain argileux, compac!. C’es! aífaireau cultivaleur, ou á l’ingénieur agricole, de se prononcer en e.xaminanl avec soin le sol. L E S EAUX N U IS IB L E S ET L E S C A U S E S QUI A M É N E N T U N E X C É S D ’H U M I D I T É D A N S L E S O L

Indispensable a la ferlilüé, a la vie, l’eau peu! cependant devenir nuisible e! méme dangereuse. Les circons-


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DEFENSE CONTRE LES EAUX.

tances qui la transforment en une ennemie sont múl­ tiples. 11 importe de les analyser avec soin. C’est de leur connaissance que dépend le choix des procédés qu’il convient d’employer pour lutter avec succés. La clialeur solaire, source de toute ériergie, met en mouvement la masse liquide qui circule sur le globe. Elle pompe les eaux de la mer. Elle les éleve et les agglomére en fines gouttelettes sous forme de nuages. Transportées par les vents, les nuées gagnent les continents. Elles s’y résolvent en pluie, suiiout aux points les plus élevés, parce qu’ils sonl aussi les plus froids. Sur les montagnes, le phénoméne peut amener la formation d’énormes amas de neige et de glace qui constituent de puissants réservoirs d’eau et de forcé. Peu á peu, en eífet, l’ardeur du soleil les fond. L ’élément liquide, entramé par la pesanteur, se précipite dans les vallées. 11 forme des ruisseaux, des riviéres et des íleuves. Durant son parcours d’abord impétueux, puis bientOL assagi, il offre k rhomme, sous une forme sensible, l’énergie latente qu’il a acquise en s’éle%"ant á une si grande hauteur. 11 répand partout la fraiclieur et la fécondité. Puis il se méle a la mer et le cycle est achevé. L ’eau qui dévale ainsi des régions élevées pour se joindre, aprés un long chemin, aux océans forme cet admirable systéme artériel qui va portel’ de la montagne a la plaine la fertilité et la forcé. Ici, c’est l’énergie captée aux flanes du rocher d’oü elle fait jaillirl’arc électrique; la, les vertes prairies arrosées, étagées aux pentes de&. coteaux; puis, le long ruban du fleuve, ce chemin qui marche, avec son incessante activité: tour á tour collecteur des eaux surabondantes du bassin, ou bien mamelle inépuisable aux múltiples canaux qui portent la fraicheur loin des rives. C’est cependant a cette merveilleuse source de richesse et de vie, á ses tributaires, torrents, riviéres et ruis­ seaux, et á la mer qui les regoit, que nous pouvons iinputer les dommages les plus graves que causen! les


EXCÉS D’HUMIDITÉ DANS LE SOL.

36í

eaux. Abandonnées, elles distribuení d’une main Irop i'ude leiirs bienfaits. A cóló du bien, elles peuvent faire beaucoup de mal. C’est á riiomme de les mainlenir, de les diriger, de les domesliquer pour ainsi dire. C’esL d’abord dans la montagne, aux lieux mémes de leur formalion, alors qu’lndomptées elles couvrent d'écume le roe, qu'elles remplissent les gorges du iracas de leur chute. La, se formen! les torrents. La se préparent les ravages qu'ils exercent. Au commencemen! de l’été, á la fonle des noiges, ou au moment des piules d’orage les eaux se précipilent avec un grand bruU dans Ies vastes entonnoirs qu’elles creusent aux flanes de la monlagne. Elles les ravinent avec l'ureur. Elles arraclient des quartiers énormes de roche, parfois de plusieurs métres cubes. Elles précipilent vers le bas, rochers, pierres el Ierre végétale. Jlais elles ne conserven! pas longtemps leur vltesse. Et bieníót elles déposen! tous ces malériaux dans la vallée, dans le cóne de déjeclvm du torrenl. Elles couvrent ainsi de pierres de grandes étemiues, elles en chassen! toute végétation et les ren­ den! Inhabitables. Parfois, elles précipilent ces débris de la montagne dans les riviéres c]ui coulent au fond des vallées et elles provoquen! ainsi des inondations. C’est le devoir impérieux do toute administration solídense de la conservation (les teri'ains de montagne, de s’appliquer avec énergio a Textinction des torrents. De magnitiques Iravaux ont été accomplis dans ce bul en Erance [lar l’adminislration des foréls, particuliéremcnt dans los HaulesAlpes, autrefois le siége d’efl'royables dévastations. 11 faut done lutter dans Ies i'égions montagneuses, aux sources des grands fleuves, avec les eaux sauvagos. On s’en rend maitre ct on les transforme en auxiliaires bienfaisants gráce á toute une stratégie que nous ne pouvons décriro dans cet ouvrage. Arrivées dans la vallée, plus ou moins étroitement líisLER et W eiiy . — Irrigations el drainar/es. 21


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BÉFENSE CONTRE LES EAU}i“.

enserrées entre leurs rives, les eaux sonl encore red'oulables. Les grandes piules, les l'onles rapides dos neiges en déterminant la crue simultanée des afíluents peuvent tres rapideinent ainener un gi'ossissement considérabledii cours principal, d’oü ces inondations qui aménent parfois de grands désastres; la destruction des habilations et des voies de communication, la ruine des terrains cultivés qu’elles recouvrent de pierres etde débrisCes calamites sont malheureusement Iroptréquontes pour que nous ayons besoin d’iusisLer longlemps. L ’liomme,. ici encore, doit lutter. Et il peul, sinou anéantir le íléau,, mais au moins en réduire les i'avages. Les torrents, les riviéres torrentielles ravineiit le sol; ils arrachent et entrainent des fragments dont la masse dépend de leur Coree vive. Les eaux sapent telleinent leterrain qu’il s’éboule. Ces masses boueuses se pi-écipitent danslesíleuves et les ri vieres etleiu’ donnent, au moment des crues surtou t, ces tein les jaunátres caractéristiques. Ce­ ne sont pas seulement los eaux sauvages qui provoquenl' les érosions; aun degré nioindi-o mais encore tres serrsible, les eaux les plus calmes, les íleuves au cours le plus-régulier rongent sans cesse leurs rives. Les pluies ellesmémes laventcontinuellementles pentes et avecd’autanf: plus de vigueur que lo sol est plus incliné et moins per-^ méable; elles précipitent dans la riviére voisine- Ieserres qu’elles enlévent ainsi et qui constitueiit parlbisla partie la plus fertile du terrain. Ces phénoméne.s d’érosion, de dégradation du sol sont d’autant plus énergiques que l’on s’éléve davantage le long du cours d’eau, vers sa source. Au l'ur et á mesure que Fon dcscend versson eml)ouchure, sa pente diminue ainsi que celle de cha— cun de ses affluents. 11en resulte que la vitesse dé ses eaux diminue aussi. A Fallbuillement vil des rives, a Fabondante avalauche des pierres et des roes projetés par le torrent succéde d’abord, dans le cours impétueux du ñeuve, le brassage vigoureux des matériaux apport és;.


EXCÉS D’IIUMIDITÉ DANS LE SOL.

36S

projelés les uns conli’o les autres, roulés, ils s’usent el lendent á se réduire en galets ou cailloux arrondis. Les Ierres se délilenl, le sable íin se sépare des argües. Tant que sa vilesse est suflisante, l’eau tient en suspen­ sión ces débris et les transporte au loin. Mais que son mouvement se ralentisse, elle laissera déposer, d’abord, les éléments les plus lourds, les graviers, les sables ; puis, peu á peu, les particules les plus tenues sous la forme d’un limón léger. De la, exhaiissement lent mais continu du lit des cours d’eau de la source á Fembouchurc. Toutes les circonstances qui aménent une diminution de vitesse favoriseront ces dépóls: ainsi, les sinuosités ou les boucles que le cours d’eau trace parfois avec une fantaisie apparente, sa jonction vec un allluent. L ’approche de la mer, a Femboucbure, l'avorise surtout la pi'écipitation des matiéres entrainées si tenues (|u’ellcs soient. A Fobslacle naturel qu'elle oppose s'ajouto Faction des seis qu'elle conüenl. lis pi'écipitent, comme Fa montré M. Schlmsing, Fargile fine el celle-ci en traille avec elle les sables lógers qui avalen t pu surnager jusque-la. Les marees peuvent porlcr au large une partie de ces dépóts. lis l'orment des bañes dans les solitudes Iranquilles de la haule mer. Lorsque les marees se l'ontá peine sentir, dans les mers intérieures, comme la Méditerranée, le flot ne peut entrainer ce que le lleuve apporte. 11 Foblige a le déposer avant do moler ses eaux aux siennes. Et alors le cours d’eau exhausse sans cesse son lit. 11 se rejette a droite et á gauche de ses rives pour chercher Fespace qui lui manque. 11 se divise ainsi en plusieurs branches, il divague, formant des deltas-, tels ceux du Rlione, du Nil, du Mississipi. Les lleuves nous apparaissent done comme de gigantesques engins qui transportent de leurs sources á Fextrómité des continents, aprésles avoir comme broyées, des partios plus ou moins considérables de Fécorce terrestre. Dans le haut de leui- cours, ils détruisent, ils aíTouillent, ils an-achent


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

le ten’ain par IVagments. Tandis ([u’ils déroulenl leur long ruLan a travers les Ierres, ils piilvérisent en quelque sorte les matériaux informes qu’ils onl emporlés. A leur einbouchure ils les restituent aux Ierres riveraines, sous forme d'un limón plus ou moins épais, ou ils les abandonnent aux océans. Ceux-ci, de leur cóté, reieltent sur les cotes á pentes douces les débris qirils re^oivent. Ainsi peuvenl se former de grandes étendues de Ierres basses, parsemées de coquilles, de résidus organiques, qui les renden!éminemmenl fértiles. C’est encore une restitution. Le flot les recouvre á marée liante, les abandonne a marée basse. 11 augmente peu á peu l’épaisseur du dépót formé primitivement. Bientót, il ■recule devant lui; il livre á riiomme de vastes territoires susceptibles de produire les plus belles récoltes. Mais la mer peut reprcndre le don qu’elle a fait. 11 faut le pro­ teger contre elle, contre la violence de ses tempétes. On •entoure les terres nouvellement acquises de digues plus ou moins puissantes qui s’opposent aux incursions des flots. Elles deviennent des polders. Parfois, la vague, moins généreuse, tente d’arracher á la cote quelque morceau de Ierre. C’est encore aux dignes que Pon demande de la protéger. Les ílouves travaillent au détriment des rives de la parlie la plus élevée de leur cours, et s’ils restituent en partie ce qu’ils ont enlevé, soit dans les régions basses, soit á leur einbouchure, c’est aux dépens des rives et des pays du haut. Aussi faut-il non sculement éteindre les torrents qui ravagent les montagncs et leurs vallées, adoucir les riviéres torrentielles qui ]irécipitent pierrcs •et gazons, mais encore veiller au cours du íleuve jusqu’á la íin. 11 faut lui assurer un régiine aussi régulier que possible et, pour cela, diminuer le nombre de ses boucles capricieuses, le rcctilier; approfondir, quand il convient, son lit; régulariser, s’il est nécessaire, sa vitesse a l’aide de barrages; défendre ses rives contre lui-méme en em-


EXCES D’nUMIDITÉ DANS LE SOL.

36»

ployant quelques-uns des nombreux arlifices que Ton a imagines. L’ensemble de ces Lravaux conslRue la branclie de l’hydraulique appliquée que l’on appelle la eorrecliou dos cours d’eau. Cette coirecUon du fleuve el celle de ses afíluents, Textinclion des toirents dans la montagne assureni la protecüoii de loul le terriloire intéressé centre raction érosive des eaux. Mais ces lravaux ont encere d’auli’cs elTets qui les légitiment peut-étre plus encere. D’aliord, ils permeltenl au commerce el á Tindustrie de se servir du fleuve, cemme meyen de transpert eu comme producteur de forcé. Puis, ils protégent les riverains centre les inondalions au momenl des crues el centre l’envaliissement de leurs Ierres par la nappe soulerraine lorsque le niveau des eaux s’éléve. Eníin, ils assurent un égout lacile aux lerritolres du bassin loul enlier. Un cours d’eau constitue, en eíTel, avec ses afíluents, le systeme de drainage ralionnel dont la naturea pourvu la región qu’il Iraverse. Placé dans la parlie la plus basse, dans le tlialweg, aboutissant á un réservoir illimité, á la mer, il regoit les eaux qui égoultent el qui descendent des Ierres situées á sa droite et á sa gauche, et il les enlraine au loin. 11aboutit linalemenl aux océans, qui conslituenl le plus grand réceptacle des eaux qui ne son! pas engagées dans les combinaisons de la vie. Mais pour que le fleuve remplisse ce role, il faut que son lit oceupe la partie la plus basse du bassin qu’il doil asséeber. Que les dépóts dont nous avons parló viennent a se produire, son lit s’élévera et avec lui s’éleveronl fataleinent aussi les lits de ses afíluents. Les Ierres voisines ne pourront plus y écouler leurs eaux surabondanles. Le drainage naturel sera supprimé. Les Ierres les plus proches du cours d’eau et de ses afíluents deviendront trop humides. Parfois méme, elles seront submergées. La zone intéressée, tout entiere, en soulfrira. La correclion et la régularisation des cours d’eau fournissent les


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

moyens d’agir directemenl sur récoulemenL naLurel des eaux en maintenant á une profondeur convenable le lit du fleuve ou celui de la riviére. Deux autres procédés assurent aux eaux un écoulement artificiel. Le premier consisle essenüellemenl á couper le territoire de fossés réguliérement espacés, conduisant les eaux dans un réservoir d'oü elles sont extraites a l’aide de pompes aspirantes et élevées assez haut pour qu’elles puissenl s’écouler dans un canal de décharge qui les emméne au loin. C’est gráce a l’emploi de ce systéme que les Ilollandais peuvent débarrasser leur pays des eaux qui le submergeraient. Le second procédé estconnusousle nom de Colmatage. G’est une opération ingénieuse qui livre á la culture les limons qu’enlrainent les riviéres. Abandonnée á elleméme, la riviére laisserait déposer dans son lit les limons au gré des accidents de son cours. Elle ne tarderait pas á s’élever au-dessus du niveau qui convient a Lassechement des Ierres riveraines. Elle les inonderait méme bientót ou elle s’y infiltrerait. Gráce aux hábiles disposiüons que nous avons décrites (1), onl’oblige á déposer ses boues qui sont tres fértiles, soit sur des terrains deja cultivés, soit sur des sables acides. On obtient ainsi peu k peu des sois qui produisent d’excellentes récoltes. lis s’e.xbaussent au-dessus du niveau des eaux du thalweg, et ils s’y égouttent facilement. Dans le colmatage, c’est Lean elle-méme qui est l’artisan du desséchement. Les bíorages peuvent amener des inondations en amont. Ce sont des ouvrages que l’on établit sur les cours d’eau, soit pour creer des réservoirs, soit pour les détourner en partie au profit des usines hydrauliquet et des irrigations. lis surélcvent parfois le niveau de l’eau dans des proportions telles qu’ils compromettent gra(!) Pages 300 á 312.


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EXCES D’ HUMIDITÉ DANS LE SOL.

vemont l’asséchement normal de la región. Les moyens de préservaüon contre ce mal consisten tdansunebonne réglementation des cours d’eau, et dans une pólice bien faite. Tels sont rapidement esquissés les ravages auxquels nous e.xposent les eanx courantes et leur réceptacle com¡mun la nier. D’autre part, les piules, et les inliltrations au voisinage des cours d’eau, peuvent amener la formation de masses d’eaux stugnantes, smlerraines ou superfiddles qui conslituent le danger auquel l’agriculture est le plus communément exposée. •On doit, ici, distingue!’ deu.x cas : I** L’eau siirabondante contenue da7is le sol provient des pluies qui tonibent directemeni sur les lieux considérés; 2“ L'eau surabondante provient non seulement dos pluies ■ou des neiges qui tombent sur les lieux considérés, mais mcore de celles qui sont tombées sur des régions plus élevées « í pat'fois ti'és éloignées. Elles y sont amenées grdce aux dispositions parliculiéres des conches du terrain. Le premier cas répond au ürainage inodemc, le second, au ürainage anden. Enfin, les eaux de pluie peuvent se réunir en masses stagnantes á la surface du sol et former des étangs et des marais. En résumé, nous classerons comme il suit les eaux nuisibles et les ti'avaux de défense que Ton peut avoir ;i diriger contre elles. I. E a u x cou ran tes. 1“ E x ü n c tio n d e s lo r r e n ls . 2 ° C o iT e c tio n t o c tio n

e t r é g u la r is a t io n

d es co u rs

d ’eau . P ro -

c o n tr e le s in o n d a tio n s .

II. E a u x sta g n a n te s .

1" Eaux stagnantes souterraines. 1“ L ’ e a u

en

cxcés

co n ten u e d a n s

le s o l

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p r o v i e n t d e s p l u i e s c iu i t o m b e n t d i r o c - >

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368

BÉFENSE CONTRE LES EAUX. 2 » L ’ea u m ent

en des

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t o m b e n t s u e le s l i e u x c o n s id é i’é s , m a is ( e n c o r e d e c e lle s q u i s o n t t o m b é e s s u r l des

r é g io n s

p lu s

é le v é e s

et

p a r fu is

tr é s é lo ig n é e s .

Drainags anden,

| •'

2? Eaux stagnantes superficielles.

Desséciiement

des marais.

1“ P a r écoulemenl continu. 2° P a r écoulemenl discontina. 3“ P a r cpuisemcnt mócanique.

111. D éfen ses c o n tre l a m er. — P o ld e rs .

Cette classificaüon pourrait ótablir l’ordre dans leiiuel se succéderaienl, dans un Traité dCkydraalique agricule, les chapilres consacrés á la défcnse contre les eaux. Mais dans cet ouvrage, nous ne poux'ons nous occuper que du drainage, et c’est, d’ailleur.s, de lous les travaux de défense que nous avons énumórés, l’opéraUon ([ui intéresse le plus souvent ragriculleur.


DRAINAGE.

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DRAINAGE Poui' éLaMii' les pi'incipes du drainage sur une liase ralionnelle, ¡1 l'aul dislinguer : 1“ les eaux qui proviennenl de la piule tombée direclement sur le lerrain á drainer; 2“ les eaux qui provienneuL des terrains plus eleves, eaux qui s’ajoutent aux premieres, en serle (¡u'il peut y avoir en meme temps sur un hectare de chanip ou de prés les eaux de ]jlnie. lombées en amont sur plusieurs heclares. Les premieres son! rarenienl assez abondanles en élé pour élre nuisibles a la végétation; souvenl elles ne sul'íisent pas a ses besoins. C’esl seulemenl en liiver que les pluies ou les neiges fondues peuvenl raviner les Ierres feries, si leur surface esl en pente, ou rester stagnanles, si elle esl Ires piale ou forme cuvelle. Le drainagc serl á la fois á empéclier ce ravinemenl el a facilitor l'inliltralion de l’exces d’eau dans le sous-sol oíi elle se conserve jiour subvenir aux besoins de la végélalion pendanl le prinlemps el l’élé. C’esl pour ces eaux de sur/'ace (|uc le drainage général el régulier des Ierres {Thorougk draining) a élé imaginé. Son bul esl d’augmenler les propriélés absoi-bantes de la conche arable, en l’approfondissant el de régulariser ainsi l’appi'ovisionnement des récolles en eau. Lo sous-sol, ouverl a l’enlrée el a la circulalion des eaux de pluie, devient pour elles un réservoir ([ui régularise leur débil el leur emploi. Quant aux eaux qui arrivenl des lerrains supérieurs, soit en ruisselant á leur surface, soil aprés s’élre inlilIrées dans les couclies perméables el s’y élre accumulées en nappes souterraines, elles débordent sur cerlains |)oin(s en sources plus ou moins abondanles el plus ou moins réguliéres ou elles formenl des mouilléres duns les prés el les cbamps. Ce sont ces eaux-lá que Ton a drainées suivant les auciennes méthodes, c’esl-a-dirc, lanlól déloui21.


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

nées ou emmenées pour qu’elles ne nuisent plus sur Ies points oíi elle s’accumulaient, inais puissent aii conü'aire servir á arroser des sois Irop secs; lanlot captées pour servir de fontaines el alimenler les í'ermes el les villages. C’esl á l'assainissement des Ierres de la premiére ratégorie que s’applique surtout le drainage modenie. I. — A S S A I N I S S E M E N T D E S T E R R E S QUI NE REQOIV E N T Q U E L E S P L U I E S QUI T O M B E N T D IR E C T E M E N T S U R E L L E S . D R A IN A G E M O D E R N E .

Les Romains savaient assainir les lerrains humides. lis n’employaienl que des l'ossés. (lalon, Varron, Virgile ne parlen! que de l'ossés ouverLs. Columelle es! le pi’emierauteur qui conseille les Iranc.hées soulerraines reniplies á nioilié de petit gravier, de pierres ou de fascines. Palladius (1), venu plus lard, les préconise a son lour. Mais leurs eíforts, semble-t-il, so bornaien! a l’assécheluen! dos fondriéres, des marécages, des sois sourciers. lis ne paraissenl pas s’éLre occupés de rassainissemenl des grandes surfaces, que formen! dans nos contrées les sois argileux, froids ou crus, e! qui no soulTren! que des eau.x de pluies lombées sur elles direclement. lis ne paraissen! done pas avoir connu rassainissemenl syslémaüque qu’exigen! ces grandes élendues uniforménienl mouillées pendan! les saisons pluvieusos; l'emploi simul!ané des Iranchées soulerraines do dilfércnles grandeurs, profondes, orienlées suivan! la penle du sol, (]ui earaclérise dans sos grandes lignes le drainage moderne. G’os! notre grand agronome Olivier de Serres (2) qui recommanda le premier, des 1600, par conséquen! avan! AYaller Bligh (3), non seulement les Irancliées profondes (1) Palladius, dans son ouvra<je : IJe aquoi D u ctib us. (¿) Olivier de Serres, dans son célébre ouvrage : Théáire de l'a g ricu llu re . (3 ) La 3 ' édilion du livre de W m .t e u H i .ig h : The english improver im-


DRAJNAGE. HISTORIQUE.

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nriais encoi'c leur associaüon, el de telle maniere qu’il donne parfaUcmeiiL l’idée, á l’emploi des tuyaux prés, du drainage actuel. VoicicommenL il s’exprime (1) : « .... un grand fossé sera fait depuis un bout du lien jusques á l’autre, de long en long, commenceant tousjours par le plus bas endroit, el par oü remarquerés des sources el huinidilés; dans lequell'ossé plusieurs aulres, inais pelits, pendans en pluine des deuxcostés se joindront, pour y décbarger leurs eaux, qu’il ramasseronl de loules les parlies du Lerroir. Parce inoyen, en contribuant chacun sa portion au grand fossé, icelui, les recueillanl loules, les rapportera asseinblées á son issue. Le grand fossé a Iclle cause esl appeló mere el lous ensemble piedde géline,pour la conformitéqu'ils onl ainsi disposés á la ligure du jiied de cest animal.... De la profondeur des fossés.... , pour qu’en quelque parí qu’on les creuse, faul y aller jusques á qualre pieds ou environ pour bien coupper les racines des sources, bul de ce négoce ». Celle descriplion pourrail presque s’appliquer á celle d’un drainage moderne. En fait, elle repré­ senle jusque vers 1760, avecles procédés anciens d’aveuglemenl des sources, la technique la plus perfectionnée de Passainissement. En 1763, un fermier anglais du Warwickshire, Elkington, flt connaitre un ingénieux procede d’exlinction de l’eau surabondante ii l’aide de puits profonds forés Jusqu’aux conches permeables. Nous en parlerons davantage íi propos de rassainissemenl des Ierres qui re(;oivenl des eaux des terrains plus élevés qu’elles. Mais nous devons dire ici que les procédés d’Elkinglon íirent du bruit. Le Parlemenl brilannique vota en 1793 á Joseph Elkington une récompense de mille livres slerlings (2) pour ses découverles. p ro ved, or ihp S iir v e y o f Husbandry, parut en 16o2. — Waller Bllgh est -considéré en AngleleiTe comme l’invenleiir du drainage systéinalique. (1) B\un,\r., t. í, p. 97 el suivantes, Second livre du Théótre de l'agricu ltu re. (2) 25 000 frnncs.


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11l'auL attendre jusqu’en 1810 pour Irouvei' les vérilables conduites creuses souterraines, origine des tuyaux de polerie que l’on einploie aujourd’hui. El il semble bien que TAngleterre puisse revendiquer l’idóe de ces tuyaux. A TAngleterre aussi appartienl celle de les avoir réunis bout á bou! en longues files parallelos, venanl aboutir dans des tuyaux plus gros qui collationnent les caux et les emmenent au dehors. Apres lout, Olivier de Serres ne décrivaitpas une aulre disposition (¡uand il recommandait celle du picd ilcgéline. Quoi qu’il en soit, ces deux inventions constituent le dfiiinage moilerne, tel qu’il est surtout pratiquó dans les terres argileuses ou dont le sous-sol est impermeable. On eut d’abord recours á des tuiles piales et crcuses, en anglais lile. Le tile dntinage parait avoir été exécuté pour la premiére fois á Netherby, dans le Gumberland, sur la propriété de sir .lames Gi'abam. L'appareil consis­ tan en une tuile creuse reposan! sur une tuile píate (1). Les premieres tuiles furent faites a la main. Mais lorsque le drainage se i'épandit, vers 1840, on imagina des machines pour les fabi-iquer rapidement et en grande quantité. .lames Smith de Deanston, dans le Stirlingshire (Écosse), rendit de grands' Services á la cause du di'ainage. Manufacturier, il parvint, sans connaitre les essais des anciens cultivateurs, a assainir une terre qui étaitannexée ii sa fdalure. Son succés eut un grand retentissement dans le voisinage d’abord; puis dans toute rAngleterre, a la suite de la brochure qu’il publia en 1832 (2), et surtout aprés la polémique qu’il soutint contre .losiah Parkes, ingénieur consultant de la Société Royale d’agriculture. Smith préférait les pierres séches aux tuiles et aux tuyaux. Ge n’était done pas de ce c6té qu’il l'allait chercher les causes de son succés. Mais le premier il recom(1) Barral, Leiíres de M. Hnm oir, l. I, p. 28. (2) Remarles on ihorough D rnining, 1844, 7® édilinn.


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mandait l’organisation syslémaüque dudrainage, ladi\dsion el la continuilé de son acüon. C’est ainsi qu’ildni assurail, dans les sois de la nalure de ceux qui nous occupenl, une, énergie el une puissance inconnues jusqu’aloi’s. II demandan (1) : ([uc les deains soient IVéquenls, espacés de 10 a 24 pieds anglais ; qu’ils fussent profonils de 30 pouces au plus; qu’ils soienlparalleleseléquidlslanls ; que les pelits drains soienl dirigés suivant la plus gi'ande penle. 11 insislail surtout sui' la m'cessilé qu’il y avait, selon lui, á donner aux drains des direclions parallides, el á les rapprocher tres pres les uns des autres. En 1844 el en 1806, Josiali Parkes inséra dans lo Jour­ nal de la Sociélé lloyale d'Anglelerrc, des Iravaux remarquables sur le drainage (2). Dans ces Iravaux, .1. Parkes réclamait aussi le parallélisme des drains, mais, conlrairement á Smilh, il voulail (ju’ils soienl places a une prol'ondeur d’au niolns 4 pieds au lieu de 2 ou 3 el ([u’ils fussent cspacús de 21 a ;i0 pieds au lieu de 10 a 24, la prol'ondeur oompensanl récartenienl. Enlin, il donnait sa préférence a des luyaux de failile calibre. Les vucs de ,1. Parkes llrenl immédialenienl auloi'iló. En ce ([ui concome la profondeur des drains, elles furenl adoplées par la commission que la Chambre desLords nomina en 1846, lorsque le Parlemenl anglais aulorisala premieroavance de fondspublics pour ramélioralion dos leri’es ál'aide dii drainage. Malgré loul le bruilqui sel'aisall de l’autre colé du délroil ii ¡inqios du drainage, malgré les centaines do millions (|ue la nailon anglaise y consacrait, Pagricullure francaise resla assez longlemps ¡ndiirérenle. Le mot drainage (|u¡ vienl de Tangíais to dniin, ógoulter, y était pour ainsi diré inconnu. Le premier arlicle sur le drainage ne parid dans ( ] ) H eiíiiy F. F iiencii^ F a rm D rainage. (2) Jo u r n a l o f Ihr lio ijal A g r icu K u r a l SoctoUj o f EnglantL vol. V ct YOl. VII.


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BEFENSE CONTRE LES EAUX.

le Journal d'agrimlture pratique qu’en 1846. II élait dú á M. .Tules Naville, de Gonéve. En 1830, Hervó-Mangon ingénieiir des ponts el, cliaussées, déjá connu par ses éludes sur les irrigaüons, ful chargé par le MinisLére des travau.x publics d'aller éludier la nouvelle invention en Angleterre, el il publia en 1833 ses Tnstructions pratiques sur le drainageqm reijurenl une grande publicité. Les j)remiers drainages suivant. le systéme décril par Hervó-Mangon l'urenl Tails par Ca­ rean, meinbre de la Société Nationalo d’agricullure, sur Ies domainesqu’il possédaiUlans le déparlemenl deSeineel-Marne, el des lors M. Chandora en exécuta un grand nombre sur les plateaux de la Brie, dont ils ont lieureusement Lransl'oriné les cullures. II Lrouva ensuile un digne successeur dans son IHs ([ui est aujourd’hui, en Trance, nolre enlreprencur de drainages le plus dis­ tingue. A partir de 1830, on vil paraitre en Frailee un grand nombre d’arlicles, de broebures ellivressur le drainage. Citons entre autres, parmi ces arlicles, celui de Niviére, directeur de l’École d’agriculture de la Saulsaie, inülulé : Comment oblenir du dramaqc tout son eff<t iilile [Journal d'ar/ricultiire prulique, 1834) el, parmi les livres plus

imporlants, celui de Barral; celui de Grandvoinnot, prol'esseur a rinsülut agi'onomique [L'arl de Iracer et d'élublir les driiins), et celui de Tjeclerc, ingénieur belge, qui eiit grand succes; puis en Allernagne, celui de Vincent. 'Idus ces livres recommandérent, comme les auteurs anglais [Stephens, Book of the Farm), de placer les petits drains suivant la plus grande pente du sol et les collecteurs en travers (I). (1) BAnnii DK S.aint-Vkn.\nt , professeur a l’Insütut Agronomique de Vers.iilles, pu. lia en 1849 un métnoire dans leqiiel il démontra ]e premier qu’il convient de placer les pelils drains an travers de la plus grande penle. M. Faure, inspecteur des Aniéliorations agricoles, reproduit ce memoire dans le Traité de


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Les expériences comparatives qu’il fit sur sa ferme de Caléves amenérenl. M. Risler á placer, au contraire, les collecteurs suivant la plus grande pente et les petiis drains en diagonale. 11 présenla une note sur celle nouvelle méthode á la Société nationale d’agricullure dans sa séance du 26 niars 1890, el les auteurs de ce trailé l’ont décrite ensuite avec plus de détails dans la Henee générale des Sciences du 15 décembre 1893. M. Chandora avait été amené par sa longue praticpie, á suivre le meme systéme á peu prés en méme temps ([ue M. Risler. Merl (1890) et Gerhardt (1891) le íirent adoptor en Allemagne á la suite de leurs intéressents travaux et aujourd’hui il est e.xposó dans tous les traités importants de drainage, comme celui de Kopp (chez Iluber, l<'rauenleld, en Suisse et ceux de Friedrich et de Gerhardl (chez Parey, á Borlin).

Le grandintérétque les travaux de drainage présentent pour ragricullure leur attira de bonne heure le concours de FÉtat. Des 1832, la nation anglaise accordait des fonds, comme nousl’avons dil, á un laux moderé, aux agriculteurs ([ui voulaient drainer leurs ternes et qui n’avaient pas les capitaux nécessaires. En Frailee, la loi du 10 juin 1854 concede aux propriétaires de terrains susceptibles d’étre drainés, un di'oit indispensable, celui de conduire, souterrainement ou á ciel ouvert, les eaux du fonds drainé a travers les propriétés qui le séparent d’un cours d’eau ou de toute autre x'oie d’écoulement. La loi du 17 juillet 1856 aílectait une somme de cent millions de (Vanes á des préts destinés a faciliter les opérations de drainage (1). La loi du 28 mai 1858 substitua le Drainage et Assahiissemeni agricole des tei'reSy para au moment oú ce livi’e clait sous pi’esse. M. Faure rccommande dans son ouvrago de jilacei* les collecleui’s suivant la plus grande pente et les pelits drains en travers. Voy. la note de la pagj 394. (1 ) Voy. I I e r v k - M a n g o n , p . 3 1 4 . Mod. d e d e m a n d e .


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BÉFENSE CONTRE LES EAÜX.

Crédit foncier de Trance á l’État. Les préts eíTectués étaient remboursables en 25 ans par annuilés comprenant Famortissement du capital et l’intéi'ét calculé ii 4 p. 100. Une décision du 30 aoút 1854 assurait au.x cultivateurs la collaboration gratuile des agents de radminislralion pour l’étude, la rédacLion et la surveiilance des projets de drainage. Au jourd’hui, conforrnóment au décret du 5 avril 1903 et aux circulaires ultérieures, c’est le Service des amélioralions agricoles du Ministere de rAgriculture qui préte aux cullivateurs l’aide technique dont ils ont besoin. A cet ell'et, ils doivcnt adresser une demande au prélet de teur département.

Définition du drainage. En agriculLure le tenue dríiína(/e s’appli([ue communément 5. toutes les O|)érations qui ont pour but de faciliter l'écoulement des eaux nuisibles a la végótation des plan­ tes cultivées. Nous le réserverons á rassainisscincnl inéthodique et complet des champs trop humides á Faide de tuyaux de terre cuite disposés dans le sol suivant un ordre determiné et formant un réseau. Un réseau de drainage forme done un tout complet, systématique. 11 comprend deux catégories de tuyaux : les tuyaux du calibre le plus pelil appelés dvains (íig. 64) qui reíjoivent directement les eaux du terrain a assainir; les tuyaux du calibre le ]dus grand, appelés collecteurs dans lesquels se déversent les drains et qui conduisent les eaux au dehors. Les drains mesurent, en général, 0“ ,30 de longueur, 40 á 50 millimétres de diamétre. lis sont placés bout a bout, en liles paralléles de loO á 200“ au plus, équidistantes, orientées suivant une penle déterminée. Le calibre des collecteurs peut atteindre 65,80 et inéine 150 millimétres de diamétre suivant le volume d’eau a


DRAINAGE.

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évacuer. Disposés eux aussi bout á bout, en lile, ils ci’oisenl les peLits drains.

IVIode d’action d’une saignée souterraine. Supposons (fig. 63) que dans un sol liuniide, á une ceitaine profondeur, suivanl une certaiue pente, on ait établi deux saignées d el d' de secüon quelconque oü l’eau puisse pénéti’er pour s’écouler ensuite. Que se passera-t-il aprés une pluie dans le plan vertical et perpendiculaire h la direction des saignées qui est, supposons-nous, le plan de la figure? Soit ce, le plan de l’eau qui est en oxees sur celle que pout reteñir la terre grdee aux i'orces capillalres. Les molécules liquides entrainées par la gravité ehercherontá se rendre parle chemin oü ellos rencontreront le inoins de résistance vers les espaces d, d' oü ellospourront pénétrer librement. Cellos qui s’en trouveront le plus pros y pénétreront les premieres. Le mouvement do desconté s’opérera plus ou nioins vite, mais réguliérement, par tranches paralléles. Le niveau ce s’abaissera peu á peu et il descendrait jusqu’á celui des saignées d,d' si la résistance de la terre au mouvement de l’eau et la forcé capillaire ne s’y opposaient pas. Mais il aiTivera un moment oü le poids de l’oau ne sera plus assez l'ort pour vaincre ces deux forces; a pai'tir do ce moment la pénétration dans les saignées cessera. Elle cessera d’abord pour les molécules liquides les plus éloignées des saignées; cellos qui sonl situées vers n parce qu’elles ont un plus grand chemin á parcourir, par conséquent plus de frottement á vaincre. 11 restera done encore de l’eau vers n alors qu’il n’y en aura plus en d ni en d'. Et le sol, si perméable qu'il soit, no so desséchera pas jusqu’au niveau des saignées d et tí'. 11 restera toujours au-dessus de ceux-ciune région bumidelimilée par les lignes dn, d’n. La hauteur du point n dépendra de la compacité do la


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

Ierre el de son pouvoir capillaire. Pour un méme écarte-

Fig. {)4. — Disposition cFun ilraínage oú les collecteurs sonl places suivant la plus grande pente du Icrrain et les drains obliqueinent. — c, c, c, courbes de iiiveau; C, C, C, collecleurs; rf, rf, d, drains; R, riviére oii débouchent les coUeclrurs.

ment des saignóes, la ])ente des lignes dn, d'n varié done avec la nature des Ierres, elle peut étre tres faible


DRAINAGE.

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<lans des sois légers perméables, tres forte dans les Ierres argüeuses. Cetle théorie aété d’ailleursvériliéeexpérimentalement. 11 a suffi pour cela de disposer -verticalement dans le sol des lubes de lóle fermés á leur parlie inférieure mais percés de trous alin que l’eau puisse y pénétrer. On vériíiait á l’aide d’une baguette en bois la hauteur jusqu’á laquelle I’eau s’y trouvait. Un ingénieur frangais,

Fig. 6o. — Aclion (rime snignée soulerraine sur Ies eaux conlemies cíans le sol. — ab, coupe de la surface dii sol; d, d', seclion de deux lignes de drain; nd, nd', niveau auquel Pean lend k s’abaisser.

Delacroix, s’est serví de ce dispositif pour étudier la for­ me et la pente de la nappe d’eau soulerraine dans divers sois. 11 a trouvé que cette pente pouvait atteindre 0“ ,f2 par métre dans un sol argileux et 0“ ,024 seulement dans un sol léger. Si le terrain, au lieu d’étre homogene, se compose de conches de diverses espéces d’autant plus compactes qu’elles sont situées á une plus grande profondeur, les lignes inclinées correspondant aux lignes droites Iclles que nd, nd’ se transforment en une suite de lignes brisées. Chacuneaífecte la pente qui convientála conche dans laquelle elle se Irouvo Iracée. On a conclu de cetle aclion des drains sur les eaux contenues dans le sol, que pour en abaisser ógalemenl le niveau ce dans des Ierres de nature diíTérente, il fallait nécessairement soit augmenter la profondeur des drains, soit en diminuer Técartement. 11 ne faut pas négliger, dans ce raisonnemcnt, de faire intervenir la torce de


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BEFENSE GONTRE LES EAUX.

succión, d’aspii’ation des drains; forcé fres réelle comnie nous leverronset quis’opérc avecd’aulantplus d’énergie, que les drains jusqu’á une certaine limite sont plus rapprochés de la surl'ace du sol. Cette torce pneuinatique engage, á la condilion que les drains et les collecteurs soient convenaldeincnt disposés, de descendre á uneprofondeur inoindre qu’on ne le préconisait autretois. 11 en resulte, entre antros avantages, une notable économie.

Comment l’eau pénétre dans les drains et comment ceux-ci suffisent á l’enlever. L ’actlon des saignées qui s’opére aux pointa d d’ se con­ tinué tout le long de leur parcours, et Fon comprend facilement qu’ellc ainene Fabaisseinent de la nappc souterraine. ReinplaQons ces deux saignées perméables lout le long par deux liles de drains. Que se passera-t-il? L'eau ne cherchera pas á pénétrer á travers leur surl'ace plus ou moius poreuse. Elle pénétrora de toutes parts dessus, latéralement, et par-dessous entre les interslices qui les séparent et c’est gráce a eux qu’elle pourra s’écouler. Ces interstices n’ont cependant que quelques millimétres d’épaisseur. Mais cela suflit. Un calcul tres simple le inontre. Admettons qu’un drainage pourbien tonclionner doive écouler en 24 heures l’eau d’une forte pluie. Supposons une chute d’eau de SO millimétres d’épaisseur, ce qui correspondsous notreclimat a une pluie ahondan te, el pour donner plus de torce á notre démonstration supposonsque les drains aient a évacuer toute l’eau tombée alors qu’en réalité Févaporation et les plantes en absorbent une tres forte partie, cela tora pour 1 hectarc SOO 000 litres a expulser en 24 heures. Supposons encore, pour nous placer dans les condilions les plus défavorables, que les files de drains soient espacées de 20 metros, que les drains n'aient que 40“ “ de diamétre el ne laissent entre eux que 1 millimétre.


EFFETS Dü DRAINAGE.

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Chaqué drain devra laisser écouler l’eau qui tombe sur une surface de 0“ ,30 x 20 = tí mq. EL il offre á l’écouleinent de l’eau qui est tombée sur celLe surface un orífice 3,14 x 40 X 1 = 123 mmq. Mais nous le réduirons aux

2

soit á 82 mmq. pour ne teñir compte que

de la parüe qui est réellement utilisée. Pour que le terrain s’égoutte librement, il faudra done que cet espace vide de 82 mmq. laisse écouler par seconde la quantité d’eau lom beesu rtím q.,soit:-^^^Q ^3 ^^^^^^^^= 0>,003. C’est-a-dire que dans le cas extraordinairement défavorable oü nous nous sommes volontairement placés, il sufíira que les inlervalles qui séparent les Luyaux laissent liltrer l’eau gouLLeágoutte. lis seront done tres suftisants dans tous les cas. Mais, bien entendu, a la condition que l’eau une Ibis entrée dans les petits drains puisse s’écouler librement vers les collecteurs, et de ces derniers vers l’extériour du champ. L’intervalle étroit qui sépare deux tuyaux de drainage jone le role du trou placé au fond du pot de (leurs. Et un résoau de drainage représente une inlinité de ces trous. I. — Effets principaux du drainage. L e drainage aére le sol. — Ce que nousavons ditdes phénoménes chimiques qui se passentdans le sol montrerimportauce capitale de cette action du drainage. On peut dire qu’un sol qui n’est pas aéré est un sol meurtrier pour les plantes. S41 Test insuí'íisamment, les végétaux y vivent misérablement et il ne peut plus donner lieu á ces phénoinéues de nitriíication, de dégradation des matiéres organiques qui jouent, nous le savons maintenant, un rule si grand dans la vie des plantes et dans la fertilité. SI. Risler a donné des 1833 (1), dans uneingénieuse expé(1) Journal d’agricullure pratique, 4* seno, t. IV, p. 71.


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BEFENSE CONTRE LES EAUX.

riencefacüe á repro (luiré, la preuve directe de la justesse de cette proposition. .I’ai mis, dit-il, une hauleur de0"',13 environ de ierre légf’rement humide dans un flacón inuni á sa parlie inféí’ieure d’un rohinet e (íig. 66), dont le tube penetre á une peüle dislance dans rintérieur do la Ierre el peut repré­ sen!,er, par conséquent, un drainage avec assez d’exaclilude. L ’ouverlure supérieure du llacon esl ferinée herméti([uement au moyen d’un bouchon, á Iravers lequel passent, d’une parí, un lube árobinel /'quiserla introduire

Fig. 66. — Appar;‘eil imaginé par i\I. Risler pour démonlrcr que le drainageaére le sol.

l’eau, el, de l’aulre, un tube qui communique avec l'inlérieur d’un llacon á trois lubulures rempli en partie d’eau el arrangé detelle maniere que l’air qui y enlrerail par le tube m serait obligó de passer a travers l’eau el de rendre ainsi son entrée visible a rmil. Je commence par fermer le robinet e, j ’enléve le bou­ chon l du pelit flacón, el j ’inlroduis á travers le tube f assez d’eau pour représenter une forte pluie; puis je ferme le robinet f, el je remets le bouchon en /. Tant ciue le robinet e reste fermé, c’esl-á-dire lantque le drainage ne s’opére pas, l’eau inlroduite occupe la posilion a b c d, ol ne penétre que tres lentement sous le


EFFETS DU DEiAINAGE.

m

sol, en (lé|)la(;ant l'ah' qui s'y írouve renl'ermé, el le l'organl á sortir par le haul en bulles qui crévent á lá surlace du liquide. Dans ce cas, l’ean prend la place d’une cerlaine quanlilé d’air, elle améne, il est vrai, l’oxygénequ’elleporleen solution ; mais elle n’en améne évidemment pas assez pour compenser celui qu’elle a l'ait sorlir; par consóquent, le sol renlerme aprés chaqué pluie molns d’oxygéne qu’il n’en renfermait avant cette piule, et c’esl seulementquandreau ainsi introduite sera évaporée qu’il pourra renlrer de l'air. Mais, si nous ouvrons le robinel e, si nous élablissons le drainage, nous verrons les dioses cbanger complélemenl de face. L’air renfermé dans la Ierre, Irouvant á s’échapper par en bas, ce qui devient aisóment visible si l’on plonge rcxlrémilé du robinel dans un vase d’eau, l’eau a b a d s’iníiltre graduellemenl dans la Ierre, el^ tandis que l’air corrompí! est chassé d’un coló, il arrive par en haut de l’air pur que nous voyons Iraverser le flacón laveurpar le lube m. Ainsi le drainage ágil avant méme qu’il s’écoule de l’eau par les (uyau.x. Quand cet écoulement commence, l’aération cesse, pour reprendre aussitól (|ue l’eau aura cessó de garnir la parlie supérieure du sol. Ainsi les di'ains n'agissent pas seulement quand ils. débilent de l’eau;on peut dire que cha([ue Ibis que , tombe de la pluie il y a aéralion parce que cette pluie cliasse devant elle l’air corrompu qui séjourne dans le sol. L ’aération s’opére énergiquenient chaqué Ibis que l’eau s’égoulte dans les drains, parce qu’ense retiranlelle laisse des vides que l’air remptit pour étre chassée denouveau par une pluie. 11 est d’ailleurs possible que dans ccilains cas, l’airexlérieur pénétre dans les drains par leurs bouches. iniérieures el qu’il se dilfuse dans rinlérieui' du sol. On se rend facilement compte de l’aération que produil le drainage en e.xaminant avec soin les modifica-


DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

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lions qu'il apporte a la consütution physique des Ierres argileuses ou compactes. L e d r a in a g e m o d ifie la c o n s titu tio n p h y s iq u e des t e r r e s a r g ile u s e s . — Pourbiennous en rendre compte

considérons trois cas : les tuyaux coulenl pleins (flg. 67), A

B

c

Fig. 67. — ¡\[odificalíon de la struclure du sol c\la suite dii drainage.

ils coulent ii moilié, ils ont cessé de couler. Les leüres A, B, G représentent chacun de ces cas. On sait que les sois argileux possédent la propriété de se contracter en se desséchant. Le retrait qu’ils éprouvent ainsi varié 1

avec leur composition. II peiit étre évalué á — au moins du volume de la Ierre humide. Cette contracUon produitles crevasses que Ton remarque sur les champs deterre com­ pacte pendan t Ies séclieresses de l’été. Mais ces crevasses ne subsisíent pas longtemjis lorsque le sol n’est pas drainé, _ et elles ne péntdrent qii’á une faible profondeur. La premiere pluie qui tombe les remplit en eílet; par son séjour, elle goníle leurs parois qui se referment bientót. II en est tout autrement ans un sol qui est drainé. Revenons a l’e.xamen do la figure 67. Les drains étant •encore pleins (A), la terre ne se desséclie que vers le liaut. De petites lentes se forment simplement á la surface, fentes analogues aux crevasses que nous signalions tout á riieure. Les drains coulant á moitié {B|, le dessécheinent du terrain se produit, les lentes s’allongent vers le


EFFETS DU DRAINAGE.

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bas, (le peliles crevasses se formen! au-dessus du drain. EtTeau ayantcessé loutá lait decoulerrassécliement(C) <lu sol se produisant de haut en bas et de bas en baut, les fentes se rejoignent. Les mémes pliénomenes se produisent laíéralement á droile el á gauche des ligues de drain et il en résulte que bienhU le terrain est parcouru par un réseau de fentes nombreuses (lui s’élendent depuis la couche des drains jusqu'á la surface du sol, formant ainsi des milliers de petits canaux qui serviront de passage á l’eau et á l’air. Lorsqu’une piule nouvelle tomberasur lechamp drainé, ces fissures ne se fermeront pas. L’eau en s’écoulanl les maintiendra ouvertes et elle passera d'ailleurs trop vite pour qu’elle puisse pénétrer dans leurs parois et les gonfler. Non seulement ces crevasses concourent efíicacement a rassainissement et á l’aéraüon du sol, mais elles ren­ den! son travail plus facile en divisan! sa masse qui sans ■elles ne formerait qu’un bloc compact. 11est, d’ailleurs, (ívident que les íissures ne peuvent subsiste!' dans le sol drain(5 et qu’á volume (ígalcesol ne peut pas oíTrir au passage de l’eau et de l’air des interstices plus grands (pie si une partie de l’argile et du sable íin qui remplissaient ces interstices a dispara paisuite de la ¡aicée qu’y produisent les eaux de drainage. Quand les drains se mettent á couler á la suite de fortes piules, les eaux sontsouvent troubles. Ce trouble provient des pai'licules de terre et de sable lin qu’elles porten! en suspensión et (pii se déposent dans les regards ou á la sortie des collecleurs, lors([ue ces collecteurs ne dt'‘!)oucheiil pas immédiatement dans un ruisseau a coui'S i'apide. Mais, si les collecteui's ont une [lenle inoins forte ([ue cebe des petits drains, les dépots tendent á se former aux points de jonction el, j)aT' conséquent, á arrñter peu á j)eu le fonctionneinent du drainage. Cela n’a pas lien dans toutes les teri'es, mais on l’a constaté R i s l e k et A V e b y . — Irrigalions et drainages. 22


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DEFENSE CONTRE LES EAUX.

(lansles argües glaiseuscs de la Suisse et du déi)arlement de l’Ain. L e d r a in a g e p e rm e t a u x te r r e s a r g ile u s e s d e r é s is te r p lu s fa c ile m e n t á l a s é c h e re s s e p a r c e q u ’il fa v o r is e l ’ e m m a g a sin em en t de l ’ea u dans l e sol. — Soutenir que le drainage, dont robjct est d’ex-

traire Tliumidité surabondante, procure de l’eau au sol, c'est une prétention qui'parail inadraissible au premier abord. L'expérience et le raisonnemenl la justitieni, cependant parfailemenl. ün se rend comple facilement de son bien fondé lorsqu’on rélléchit qu’en pei'mettant le passage de l’eau, (jui élail relenue dans les conches supérieures du teri'ain, le drainage peinuet aussi a la pluie de pénélrer dans le sol, que les milliers de fissures (|u’il a ])rovoquées sonl auLant de chemins tracés vers les ronches profondes, que ces fissures divisan! á l’inlini la Ierre la plus argileuse, elles muUiplient son pouvoir absorbant dans des proportions considéi’ables. 11 convient d'ailleui's de remarquer ([ue, gráce á ces entrées successives d’eau et d’air, les colonnes d’eau qui occupent les canaux capillaires du sol sonl séparées les unes des autres, dans le sens vertical, par de petites masses d'air. Elles forment ce que les physicions appellent des chapelets de Jamin. Ce savant a montré que dans ces conditions la capillarité peut s’exercer jusqu’á une tres grande hauteur. Ainsi, l’eau qui remplit les interstices capillaires d’une Ierre drainée peut s’élcver tres haut au-dessus du niveau de l’eau souterraine. En outre, pendant l’été lorsque la terre est séche, les crevasses vides, l’air cxtérieur y pénétre. Comme il ést généralement plus chaud que le sol, il y dépose sa vapcur d’eau, produisant ainsi une sorte de rosée intérieure. Le drainage laisse écouler l’eau surabondante, celle (]ui noie les partientes terreases, qui empeche les piules et l'air de pénétreT' dans le so l: l'eau nuisible. Mais, comme nous l’avons vu, il i'especte l’eau qui remplit los


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pores (les jiarticules et celle que eonUenneiil lenes interstices capillaires. En un mot, 11 assure k la Ierre celle bienfaisante circulation d’air el d’eau qui remplit son sein de lecondité. 11 lui permet de s’abreuver et de s’approvisionner pour la sécheres^se. L e drainage laisse les racines pénétrer plus profondément dans le sol. — En descendant le niveau du plan d’eau souterrain, le drainage laisse les racines, par cela méme, pénélrer plus profondément dans le sol. Elles créent ainsi aulant de petils canaux qui plus tard concourront a faire pénétrer l’air et l’eau dans la Ierre et á y reteñir cette derniére. De cet eíFet du drainage on peut naturellement conclure a de plus belles récoltes, ainsi que i’expérience le montre. Pouvant se nourrir dans une plus grande épaisseur de terre, elles peuvent se contenter d’une richesse relativeinent moins grande de cette Ierre en azote, acide phosphorique, etc. Ainsi, on dit que, pour pouvoir fournir des bonnes récoltes de blé, le sol doit contenir au moins 1 p. 1000 d'acide phosphorique soluble dans les acir'es minéraux. ¡Mais il esl évident qu’un p. 1000 sur une épaisseur de terre de 20 cenlimétres correspond á 3 - p. 1000 sur une épaisseur de 30 centimétres ou 4 i p. 1 000 sur une épaisseur de 40 centimétres. Gráce au drainage, la culture de la luzerne devient possible dans certaines Ierres á sous-sol coinpactoü elles ne pouvaient pas réussir auparavant. II en est de méme pour l’esparcelte et souvent pour les betleraves, la pomme de torre, ele. L e drainage réchauffe le sol. — Un s’en rendra facilemenl compte en se reporlant a ce ([ue nous avons oxposé pages 346 a 3B0. Le drainage réchauíFe le sol d’abord parce qu’il diminue la forte évaporation qui se produit á la surface d’un sol humide. Nous avons dit qu'on pouvait


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

avancei’ que chaqué kilogramme de A'apeur d'eau Ibrmée abaissait de 3“ la tempéralurc de 230 kilogrammes de (erre. D’un autre colé, la température de (la piule, au inoment de sa chulé, pendanl la plus grande partie de l’année, est supérieure á la íempéralure moyenne du sol arable, soit qu’elle arrive déjá chande á la Ierre, soiL qu’elle se soit échaulFée en traversanl les couches superlicielles du sol qui regolvent l aclion directe du soleil. Alus!, en diminuant révaporation á lasurface el en obligeant l’eau de piule á pénélrer profondémenl dans le sol, on augmente la Iempéralure de celui-ci de la chaleur (¡ue l’eau de piule a enlevée aux couches superficielles et de cellos que révaporation lui aurait ótée. Enlin les rosees intérieures dont nous venons de parler apportent aussi de la chaleur. Conséquence : la végétallon se réveille plus íót dans un sol drainé; les plantes y végétent mieux et plus rapidement, les récoltes peuvent s’y l'aire de meilleure heure. Avantages précieux pour tous les pays mais particuliérement sensibles á nos cultivateurs. L e drainage facilite la culture du sol. — 11 est clair que riiumidité disparaissantqui rendait la Ierre impraticable aux attelages et au travall de la charrue, les ensemencements peuvent sel’aire en beautemps, pour le plus grand bien de la germination réguliére, du développement des plantes et de leur maturation. Puis le sol, une fols drainé, est beaucoup plus mouble. Et, de ce chef, on peut économiser 20 á 23 p. 100 de la forcé detraction qu’exigeraient les fa^ons culturales dans une Ierre trop luimide. Quandelles sont drainées, certaines Ierres fortes deviennent nos meilleures Ierres á blé. Slais sans drainage, elles ne donnent que des récoltes irréguliéres, borníes dans les années séches, tres faibles au conlraire dans les années huinides. Pour que les labours préparatoires et les semailles puissent s’y faire assez tót, il faut memo y conserver l’antique usage de la jachére. 11 faut les cultiver en


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billons, ce qui reiid impossihle l’emploi des semoirs mécaniques, des moissonneuses et des ráteaux á cheval, c'esL-a-dire de toutes Ies machines qui permetteiiL aujourd’hui d’éconoiniser la main-d’ceuvre. Les gelées de l’hiver no sont dangeceuses que pour les hlés semés trop lard dans descliamps Irop huniides; c’est quand la tecre regorgo d’eau (|u'eile se dilate sous Liníluence du IVoid et décliausse ou déchire les jcunes plantes. Si ces plantes ont déjá quelques-unes des racines ([ue l’on appelait autrefois racines printanieres, mais qui doivent aii contraire partir du collet des rautomme quand les semailles ont óté faites assez tut, cites peuvent étre sauvées par un roulage ou un hersage donnés á propos, surtout si on y ajoute un peu de nitrato de soude ; sinon elles sont perduos (voir Phijsiologie et culture du ble, par Al. Risler, page 120). L e D r a in a g e a m én e la d is p a r itio n des m a u v a is e s p la n te s . D ans un sol d r a in é le s m a la d ie s d e s p la n te s son t m oins fré q u e n te s , le s g e lé e s m oins d an gereu ses.

— La disparition de l’eau améne nalurcllement celle des nomhreuses plantes nuisililes, que sa présence favorisait aux dépens des vógétaux cultivés. Nous les avons énumérées dans un chapitre précédont. La plupart des maladies des plantes, commela rouille, le charbon par e.xemple, le mildew et tant d’autres, trouvent dans Lhumiditédu sol ou dans celle de Latmospliére un élément tres favorable a leur développement. 11 en est de méme pour certaines maladies et non des moins graves, qui attaquent les animaux. On sait d’ailleurs combien sont malsains aLhomme mome les pays maréa geux ou simplement trop liumides. Le drainage fait naturellement, ici aussi, sentir sa bienfaisante iníluence Pratiqué sur une grande échelle, il transforme l’état sanitaire du pays. 11 fait disparaitro les aífections si répandues dans les pays trop humides; íiévres, rliumatismes et autres maladies.


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

Les céréales sont moins sujeLtes á la verse dans les sois drainés parce qu’elles y trouvent des conditions plus favorables a leur enracinemenl et d’une maniere genérale á leur développeinenl. L e d ra in a g e n’ a p p a u v r it p a s le sol. I I fo n rn it g é n é ra le m e n t des e a u x e x c e lle n te s , s o it p o u r l’ a lim en ta tio n des hom m es e t des a n im a u x , s o it p ou r l’ir r ig a tio D . — Renvoyons le lecteur á l’une des ana-

lyses d’eau de drainage que nous avons données précédeinment (pages 38 et 39). Cette analyse montre que l’eau de drainage n’enléve guére au sol, en quantilé assez sensible, que de la cliau.x, déla magnésie, duchlore, del’acide sulfuriqueet del’acide nitrique. Les autres éléinents de í'erülité lels que l’acide phosphorique el lapotasse reslent íixés, gráce á une propriétéremarquabledusol,lepouvoirabsorbanl,surlaquelle nous nous somines étendus. Des substances exporlées, l ’acidenitrique seul nous intéresse; les Ierres renlermani presque toujours assez des autres substances. On |)arviendra á restreindre sa dépcrdilion; en inaintenant le plus que Ton pourra d’abondanles récolles sur le sol, elles le fixeront au l'ur et a mesure de leur dóveloppement; en n'appliquant les engi-ais nitriques qu’au printemps, aprés les ¡dus fortes piules. Les eaux qui |)roviennent du drainage des Ierres arables sont tres jiures. Elles ont été llltrées par la Ierre. Celle-ci purilie méme les eaux d’égout des villes, á tel point qu’ellcs dcviennent potables á leursortie des drains. La plupart du tcmps, elles constitueront done de tres bonnes eaux d’alimcnlation pour desservir des abreuvoirs, par exemple. On pourra encore les utiliser pour irriguer les terrains places á un niveau inl'érieur. L e d r a in a g e a u g m en te la q u a lit é e t le ren d em en t des r é c o lte s . — Les céréales sont mieux enracinées,

elles ont un grain plus lourd, des tiges plus fortes, plus droites. Leur maturité s’eíTectue de meilleure heure. Elles


THEORIE Dü DRAINAGE.

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sonl ainsi á Tabri de l’échaudago!. Les pommes de Ierre donneni des tubercules bien plus savoureux. Mais nuiles plantes, peut-étre, ne se montrent plus reconnaissantes que les plantes fourragéres. De dur, d’insipide qu’il était sur un sol inouillé, le l'oin devient lendre, parfumé, succulent, sur un sol bien assaini. Cette conclusión élait facile á prévoir aprés tous les avantages que nous venons d'énumérer. On a l'ait de nombreuses expériences pour établir les rendemenls comparatil's de sois de méme nature, de inéme exposition, traites de la méme maniéi-e, mais les uns drainés, les autres non. Barcal cite dans son traite vingt-quatre expériences conduites par des cultivateurs hábiles sur champs drainés et non drainés portant des cecéales, des pommes de teri'e, des turneps et des l'oins. Les accroissements de rendement ont varié de 13 jus((u’á 200 p. 100. II est clair ([ue leprofitque Fon retire du drainagedépend essentiellement de la qualité de la terre drainée, de l’état dans lequel elle ótaitavantl'opération et delamaniere dont celle-ci a été eíTectuée. Mais le prolit est la plupart du temps considérable et on a bien vite regagné la dépense que cette merveilleuse amélioration a nécessitée. On cito un tri'S grand nombre d’exploitations en France, en Angletei'ce et en Belgique oü le capital employé pour le drainage a été rémunéré au taux de 20 á oO p. tüO. Le coút du drainage moderne tel que nous l’avonsdéíini peut vai'ier entre 200 et SOO ÍVancs par hectare. 11 est quelquefois prél'érable de connaitre le prix de revient de drainage au métre courant. On peut l’évaluer á 0 fr. 30 ou 0 IV. 70 environ. II. — Théorie du drainage. I. D éfin ltio n . — Nous rappellerons d’abord que Fon distingue parmi les tuyaux ([ui assurent Fassainissement du sol :


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DEFENSE CONTRE LES EAUX.

l ’ig. 08.

I'ig u re 68. — Schémas de cleux lypes dilTércnls de draina^e. La figure 1 i’eprésenle le plan topographiqiic, et la figure 2 la perspeclive du premiei’ type. La figure 3 représenle le plan torographique, et la figure 4 la perspeclive du second type. — (Dans le syslénie des figures 1 et 2, le le' rain esl drainé suivant le principe recommandé par les traites de draínage. Les figures 3 et 4 font voir, au conlraire, le terrain drainé suivant le principe rationnel recommandé par Ies auteurs du présent arlicle.) c, c, c, courbes de niveau. — d, d, d, petüs drains. — C, C, C, collccleurs. — R, riviére oii débouclient les collecteur.s. (Le sens de l'écoulement des eaux esl indiqué pai‘ des íléches.)


THÉORIE DU DRAINAGE.

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1“ Les petits drains d (fig. 68, A), lis reíjoivent cliredement les caux du lerrain á assainir. lis mesurenl 40 á ')0 millimelrcs de diainetre el 0“ ,30 de longueur. Places bouL á bout, lis son! disposés sous le sol en longues files paralleles. 2“ Les collecteurs C dans lesqucds se dévei’sent les drains. lis mesurenl de 6a á 160 millimélres de diamélre. lléunis bout á bout leur longueur totale ne doit pas dépasser 1000 metres. Les collecteurs aménent directement l’eau au canal de décharge ou á d’autres collecteurs. 11 y a done des collecteurs de 2“ ou 3” rang. Le collecteur du dernier rang qui débouche dans le canal de décharge s’appelle collectmr principal. Son ]ioint de jonction avec le canal s'appolle Lonche. L ’ensemble dos drains et des collecteurs qui aboutissent en un point determiné du canal de décharge, á une houche, forme un si/stéinc de drainage. Lorsque la surface a drainer est assez considérahle, elle peut comporter plusieurs systémes de drainage (fig. 88, p. 4S4) et ainsi, plusieurs bouches d'évacuation des eau.x. Nous examinerons successivement dans ce chapilre: 1“ La direction qu’il convienl de donner aux drains et aux collecteurs par rapport á la pente naturelle du sol; 2“ .La profondeur a laquelle il convient de placerles drains et les collecteurs; 3° L'écartement des drains; 4“ La longueur des files de drains et celle des collecteurs; La penle des drains et des collecteurs; 6“ Le calibre des drains et des collecteurs. I ” Direction des drains et des collecteurs par rap­ port á la pente naturelle du sol (1). — L’orientalion des drains et des collecteurs par rapport a la pente du sol peut avoir lieu suivant deux directions. Les drains peuvent étre dirigés parallélement a la plus grande pente et les col(1) í.e drainage rationnel des Ierres, par R isler el W kry {Jtevue générah

das scie;iee.s’ , 15 dcc. 1893).


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BÉFENSE CONTHE LES EAUX.

lecleui’S obliquemenL (fig. 09), ou i'éciproquement (iig. 70). Dans le premier cas, les drains d son! perpendiculaires et les collecleurs C obliques á la direcdioii moyenne des courbes de niveau; c’est le conlraire dans le second cas. A chacune de ces orienlalions correspond une méthode de drainage. La premiere constitue le drainage longiludiiial, la secondele drainage transversal ou obligue. Le drainage lon­ gitudinal est irrationnel, il a de graves inconvénients. Cependant il a élé jusqu’ici presque universellemenl adopté par les praticiens. Quant aux agronomes et aux écrivains agricoles, c’est le seul qu’ils ont préconisé (1). íl) Au moment oú ces ligi'es élaient <\ Timpression pnraissait rcxcellenl oiivj’age de M. Faure, inspecleur des amélioralions agricoles: pra in a ge et Assainissement agricole des (erres. M. Faure y met en honne placo iin imporLant mémoire de Barré de Saint-Venant qui ful professeur a riiistitut agronomique de Versailles. Ce inémoirc parul le 13 aoiit 1849, dans Ies Anuales des Che7nins v icin a u x . II élait resté ignoré jusqu’ici des auteiirs qui ont écrit sur le Drainage. 11 conlíenl cependant, pour la premiere fois, la démonstralion des avantages du di-ainage transversal, sur le drainage longitu­ dinal. M. Faure areproduil les propositions de Saint-Venant el il en a donné des démonslrations tres claires. fs’oiis ne pouvons reproduire ici Ies délails raathémaliques quelles comporlení; nous devons nous borner á donner la relation qui les résume et ses conséquenco.s Soient ; H, la profondeur des tuyaux de drainage, mesurée verlicalement, en dehors de la surface du sol. h, la profondeur mínima a iaquclle doit élre mainlenue la nappe d’eau aiidessous du sol; la nappe d’eaii étant déíinie comnie elle l’a été précédemment. h, la hauteur au-dessus du drain de rintersection de la na}>pe d’eau avec le plan vertical passant par le drain. ig a, la plus grande pente du sol supposé plan et homogéne. tg p, la pente que fait avec 1’horizon la nappe soulerraine. ig y, la pente des drains supposée orientée dans une direclion quelconque. On a : si S représente la dislance comprise entre les deux liles de drains paralléles, S = 2 (II — 7¿ - h)

Vt g i ¡ , -

— < g -r

Íg2a

Celle formule fail voir que daiis le cas oú a. esl iuférieur á p, c’esl-íi-dii'e dans le seul cas intéressant pour la pralique des drainages : 1» L’écarlemeiil des drains peul élre d’aulant |)lus grand que la penle du sol est plus forte. 2» Pour mémes grandeurs des penles, récartement des drains croit comme


THÉORIE DU DRAINA.GE.

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Hervé-Mangon, qui, apres sa inission en Anglelerre, rendit un si grand Service á ragriculture nalionale en propageant le drainage en France, s’exprime ainsi dansses ¡nstnictions pratiques : « Tracé des petits drains. On pasera dancen principe q u il' faiit diriger les petits drains suivant les ligms de plus grande ■ pente du terrain. » Grandvoinnel, qui l'ut prolesseur á l’Ér.ole nalionale d'AgriculLure de Grignon, puis árinslitut nalional Agronoini(|ue, el qui consacra sa vie á l’élude du génie rural, écrivil vers 1854 un Irailé apprécié de drainage. Dans le chapilre relalif á la direclion des drains d'assécliemenl, on lil : « II n\j a que deux directions possibles pour les drains d'asséchemcnt : ils seront placés soü dans le sens de la plus grande pente, soit transversalement avec une incli7iaison pouvant varier depuis 0 jusqu'á la plus grande pente du sol. Les drainciirs sont actuellement d'accord quant l ’excos ele leur j)rofündcur sur la quanlilé constante A H -/¿; par conséquent, dans une proporlion bien ])Ius grande que la pi'ofondeur H. 3o L’écarteinent dbs drains peut élre d’autant plus grand, toutes dioses cgales d’ailleurs, que l’angle y est plus pelit, c’est-a-dire que la pente des luyaux est plus pelile. II convient done de donner a cette pente sa valeur ininiina, que rexpérience a íixée ii 1/300, el, par conséquent, de Iracer les drains le plus irnnsversalcmeni possible ¡jlutót que de les creuser dans le sens de la pente du terrain, auquel cas y aurait sa valeur máximum égale a a. Ces propositions demontrent done trés uettement la supériorité du drainage transversal sur le drainage longitudinal, oCi les drains sont dirigés suivant la plus grande pente, au jioint de vue de béconomie dans Temploi des tuyaux. Et elles font voir que cette supérioiálé est d’aulant plus marquée que la pente du sol est plus acccntuée. Elles supposent d’ailleurs que los drains ontun diamélre sufllsant á l’écoulement des eaux i]ui s’y rendent et que le terrain conserve, dans toute la profondeui* intéressée, égalité de nature et de capiilarité. 11 est clair que cette derniére condition répond plus a un sol idéal, abstrait, qu’a celui que Ton rencontre dans la pratique. Mais cette restriction n’infirme i>as les déductions précédentes lorsqu’il s’agit de terrains de nature a peu prés homogéne el que la profondeui’ des drains ne dépasse j>as i®,20 a 1®,25, comme c’esí le cas habitud. Harré de Sainl-Venant, toulefois, n’cnvisagc pas cel avantage également trés important du drainage transversal que MM. Risler et Wcry ont signalé et démonlré; savoir, qu’ il supprime les obstriiclions des drains et des collecteurs j'ar suite des dépóts de salíles ou de Ierre.


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BÉFENSE CONTRE LES EAÜX.

á la supériortíé de la premiére posilion sur la seconde. >¡ Enlin Barral, dans Timportant ouvrage qu’il coiisacra vers 1860 au drainage et aux irrigalions, se range aussi á cette Opinión, Elle se retrouve, avec les mémes argunienls, dans les traités publiés á Tétranger et qui font autorité : en Anglelerre, dans l'Encticlopédie agricole de Morton; en Allemagne, dans les traités de Vincent et de Dünkelberg; en Autriche, dans celui de Rereis. Enlin, elle a été reproduite par d’excellentes encyclopédies publiées en ces derniéres années. Cependant, des 1860, M. Risler avait reconnu, á la

suite d’expériences sur lesquelles nous reviendrons, qu’il convenait, au contraire, de placer les collecteurs suivant la plus grande pente du terrain et les drains en diagonale. Les drainages qu’il établit alors, d’aprés ce prin­ cipe, sur sa propriété de Caléves, n’ontpas cessé de Ibnctio'nner réguliérement, sans que des obstructions de drains — l’écueil de semblables travaux — se soient jamais produites. Les drainages exécutés suivant le méme systéme par des draineurs formés á Caléves se sont aussi bien comportes. Ce sont la des vériflcations en grand qui témoignent en i'aveur de la méthode. Des travaux établis suivant l’autre systéme dans des terrains de méme formation géologique, dans le déparlement de LAin, ont donné, souvent, de jnauvais résultats. Les drains ne lardérent pas á se boucher, et cet écliec, suivant des témoignages dignes de foi, contribua adiscréditer le drai­ nage chez les cultivatcurs de la région. En 1890, d’imporlants travaux exécutés aux envii'ons de Montargis, d’aprés la méthode qu’indiquaient tous les livres, ne donnérent que des mécompLes. C’est á la suite de cet insuccés ([ue l’un de nous íit connaitre son procédé á la Société nationale d’Agriculture (1). L ’Exposition universelle de 1889 lui avait d’ailleurs montré que ses idées étaient partagées (1) Note présentée par M. E. R isler h la Société naiionalc d 'A gviculture de Frunce, dans sa séance dii 26 mars 1890 {liuUeÜn des séances, t. L).


THÉORIE DU DRAINA6E.

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Eig. 69.

>.s

'2 : <!r

Fig. 70. Figu res 69 et 70. — Représentalion topographique des deux méthodes de drainage. La figure 69 représente le drainage longitudinal oú les drains sont orientés suivant la plus grande pente du lerrain et les collecte.urs en travers. La figure 70 représenle le drainage obligue préconisé dans cet ouvrage. c, c, c, courbes de niveau. — d, d, d, petits drains. — C, C, C, collecteurs. — R, riviére oii débouchent les coUecíeurs.

R isler et W ery . —

Irrigations et drainages.

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par M. Chandora, entrepreneur, qui a fait en France d’importants travaux de drainage. Eníin, en 1890 et 1891, des ingénieurs allemands éludiérenl la théorie du procédé (1) et en recomniandérent l’applicalion. Les grands avantages qu’il présente sur celui qui est presque unanimement adopté, le crédit méme que ce dernier a trouvé diez nos meilleurs auteurs, nous ont engagés a insister sur cette parlie importante de la théorie du drainage. G’estla pesanteur qui pousse les eaux souterraines dans les drains; c’est elle qui, plus tard, les entraine dans les collecteurs, et fmalement qui les rejette au dehors. Enlever du sol les eaux nulslbles le plus rapideinent el le plus complétement possible, au prix de revien t minimum, telles sont, avec la durée et larégularité du fonclionneinent, les qualilés d’un drainage bien fait. Ces qualités sont immédiatement subordonnées á l’application des deux principes suivants: l ‘>Désqueleseauxontpénélré dans le réseau des drains et des collecteurs, leur vitesse doi t se main teñir ou méme, si c’est possible, aller en croissant. 2“ .Chaqué drain doit assécher la surface maxima. Ce second principe est évident. Quant au premier, en l’appliquant : 1° on augmentera la rapidité de Vasséchement du sol; 2“ on cvitera les obstructions. 11 domine, d’aprés nous, la théorie du drainage; c’est sur lui que cette amélioration du sol doit reposer. Cherchons á le démonlrer. (1) Merl el Gerhardl.


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1“ Onaugmentera la i'apidité de Vasséchement dii sol. — C’est ici qu'il convient de citer Texpérience que l’un de nous exécuta des 1834; elle le conduisit á radoplion du systéme de drainage que nous préconisons. Soit (fig. 71) un flacón á 3 tubulures a, b, c, semblable á ceux don! on se sert communément dans les laboratoires, mais de diinensions plus grandes et muni á sa partie inférieure d’un robinet R. Remplissons-le d’eau jusqu’en mn el, dans la tubulure céntrale b, fermée hermétiquement par un bouchon de caoutchouc, flxons un large enlonnoir. Dans cet enlonnoir, jetons de la Ierre, puis, sur cette Ierre, versons de l’eau. Tant que le robinet R sera fermé, que les tubulures a et c seront ouvertes, l’eau contenue dans la terre ne flltrera que lentement; fermons a et c, ouvrons R. Immédiatement le niveau de l’eau baisscra dans le flacón; par suite, il se produira un vide, une succión vers l’entonnoir; elle sera d’autant plus énergique que le niveau du liquide baissera plus vite. A travers les pores de la terre, l’eau passera beaucoup moins péniblement que tout a Theure, d’autant moins que le flacón, transformé en aspirateur, agira avec plus d’énergie. ¡Mais, que Fon dégage les deux tubulures latérales, la raréfaction de l’air cessera, la íiltration lente se rétablira. Assimilons maintenaiit á la terre de l’entonnoir un terrain détrempé; au flacón lui-méme, le systéme des drains et des collecteurs. Le drainage, une fois amorcé, reproduira en grand notre expérience. Et, de méme que tout á Fheure la terre de l’entonnoir s’égouttait d’autant plus vite, que le niveau baissait plus rapidement dans le flacón, de méme, dans le drainage, la terre s’assécliera avec d’autant plus de rapidité, que la vidange du réseau se fera plus vite. Et il est clair qu’il en sera ainsi lorsqu’une fois entrées dans les drains, leseaux conserveront leur vitesse initiale, et méme, si c’est possible, en acquerront une plus grande; c’est bien la ce que veut notre premier principe.


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2“ On évitera les obslructions. — II est aisé de s’en rendre compte. L ’eau qui pénétre dans les petits drains entraine avec elle les paiiicules terreases qu’elle doit déplacer pour se frayer un passage a travers le sol. Puisque son volume augmente á mesure que s’étendent les ligues de drains et qu’il alteint dans les collecteurs sa grandeur maxima, la quantitó des particules entrainées suit la méme pro- / gression. Elle croit peu h peu avec le volume des eaux, des ligues de drains aux collecteurs. 11 se produit ainsi, dans le réseau, un charriage de matiéres solides beaucoup plus considérable qu’on ne l’imagine; que la vitesse de la masse liquide qui les emporte vienne á diminuer sensiblement, elles se déposeront dans les tuyaux. Ce ne seront d’abord que de petits amas de quelques millimetres d’ópaisseur. Si faibles qu'ils soient, ils n’en constilueront pas moins des obstarles contre lesquels viendront peu á peu se précipiter d’autres particules; fatalement des obstructions se produironl. Si, au contraire, conformément á notre principe, duranl son trajet l’eau conserve sa vitesse ou mieux encore en acquiert une plus grande, elle entrainera les matiéres solides jusqu’au dehors du drainage. C’est dans les collec­ teurs que sa vitesse sera la plus forte, précisément la oíi les particules terreases seront le plus ahondantes. Examinons maintenantjusqu’á quel point les différents systémes de drainage satisfont aux deux principes que nous avons poses. En ce qui concerne le premier, si les ligues de drains occupent la plus grande pente, comme Tont conseillé les auteurs, les collecteurs sont nécessairement diriges suivant une pente plus l'aible. La vitesse de l’eau diminuo par conséquent des qu’elle y entre. En adoptant ce systémede drainage, on l'aillitdonc complétement au premier principe. Les conséquences, nous les connaissons : le drainage fonctionne mal, sans énergie; des dépúts de matiéres terreases ne tardent pas á se former et a obstruer


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les tuyaux. En ouLre, afm que les collecteurs puissent débiter toutes les eaux qu’jls regoivent, ils doivent leur assurer, á défaul de pente, de l’espace. On emploie done des collecteurs de gros calibre, lis coútent plus clier et le prix de revient du drainage en est augmenté. Si, au contraire, comme le réalise notre systéme, les collecteurs ont le privilége de la plus grande pente, des qu’elles y pénétreront, les eaux, loin de ralentir leur course, la précipiteront. En outre, gráce á leur écouleinent rapide dans les collecteurs, gráce á la section relativement faible de ceux-cl, elles exerceront sur les petits drains une sorte de succión. C’est un phénoméne analogue que Ton produit dans la t r o m p e des laboratoires. Cette succión augmentera encore la rapidité de la vidange du réseau ; elle sera d’autantplus énergique que la pente des collecteurs sera plus forte; du reste, la faible section de ceux-ci la favorisera. Notre systéme, seul, satisfait done rigoureusement au principe fondamental du drai­ nage. En l’adoptant, on profitera des avantages que nous avons déjá indiqués : énergie de l’asséchement du sol, — obstructions rares; — en outre, économie dans l’acliat des collecteurs. D’ailleurs, s’il était impossible de maintenir la pente sur tout le trajet des collecteurs, on établirait des regards de place en place; ces regards permettraient toujours d’enlever les dépóts de limons ou de sable et de vériüer la circulation dans les tuyaux. C’est aussi notre procédé qui satisfait le mieux au second principe : C h a q u é d r a i n d o i t a s s é c h e r l a s w 'f a c e m a x i m a . Nous allons le montrer. Cependant c’est un argument favori des divers auteurs de soutenir que ce sont les drains orientés suivant la plus grande pente qui asséchent la surface la plus considérable. Cet argument se relrouve, dans tous les traites de drainage, énoncé comme une vérité absolue. Et l’on en déduit que le drai­ nage exécuté suivant ce systéme économise des drains. En efl'et, dit-on, le canal placé au fond d’une tranchée.


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BEFENSE CONTRE LES EAÜX.

dirigée suivant la ligne de plus grande pente, se trouve symétriquement placé par rapport ala surface el fait sentir son action dans un terrain homogéne, á égale distance á droite et a gauche. 11 n’en est pas de méme quand le tracé s’écarte de la ligne de plus grande pente; le drainage agit entiérement du cóté oü le terrain s’éléve, mais son action se ü’ouve plus ou moins réduite du cóté oü le terrain descend; elle peut méme s’annuler presque complétement, quand le drain est perpendiculaire a la ligne de plus grande pente et que le sol présente une déclivité tres prononcée. C’est la un raisonnement spécieux, mais inexact. D’abord, la pratique s’est prononcée dans le débat. On a constaté a diíTérentes reprises qu’en drainanl suivant les deuxsystémes des superficies égalessituées ápeu présdans les mémes conditions, c’est l’orientation que nouspréconiSons qui a économisé des drains. Puis, dans ces derniéres années, M. F. Merl (1] a donné des explications satisfaisantes de l’effet de la direction des drains surl’étendue de la surface asséchée. li a montré que, contrairemenl aux idées généralement admises, l’avantage est aux drains dirigés obliquementpar rapport á la plus grande pente. Voici un rósumé de sa théorie. Nous nous abstenons de le suivre dans les considérations mathématiques oü il est entré : On peut admettre (fig. 72) que, sur une ligne de drains, chacune des ouvertures O, qui sert d’échappemenl aux eaux, asséche un cone dont cette ouverture représente le sommet et dont l’axe est vertical. L'intorsection de ce cOne avec le plan du terrain détermine l’étendue de la surface asséchée. • Cette interseclion varié nécessairement avec la pente du terrain et celle de la nappe d’eau souterraine. La plupart du temps, c’est uneellipseE. Cherchons quelle est la surface asséchée jjar une ligne de quatre drains de longueur l (fig. 73) dans Tune et l’autre méthode de (1) Neue Theorie dcrBoden-Entwasserung, von F. Merl, Kreis-Cultur Ingenieiir, iii Speier 1390.


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drainage. Soient : S la surface de Fellipse qui correspond á l’un des intervalles séparant deux drains; a et b ses deux axes. II est ^ clair que, dans Tune ou l’autre posilion, la surface de chaqué ellipse cestera la méme. ¡Víais il n’en sera pas ainsi pour la surface lo tale asséchóe. Celle-ci dépend, en eífet, non seulement de la grandeur des ellipses, mais encore de leur orientation. L ’inspection de la figuro 73 le montre facilement. La premiére partie A re­ présente la surface asséchée par quatrc drains orientés suivant la plus grande pente, la seconde B la surface asséchée par les niémes drains orien­ tés suivant la direction opposée. Dans

le premier cas, cette surface est égale k S-|-61; dans le second, k S-|-aL Or, a est plus grand que b ; par consé-


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BÉFENSE CONTRE LES EA'UX.

quent, ce sont les drains, orieiilés perpendiculairement a la plus grande pente comme nous le demandons, qui asséchent la surface la plus considérahle. De la résulte que notre procédé, qui repose sur cetle orientation, réalise d’importantes économies. Gráce á lui, on ouvre moins de Iranchées, on adiéte el on pose moins de tuyaux. Dans les trailés puliliés jusqu’ici domine encore une idée á laquelle on atlribue une importance exagérée. Elle est exploitée en faveur du sysLéme que nous comballons; nous devons done l’examiner. 11 y a, dit-on, dans les

Fig 74. — c, rf, e, fy affleLiremenls des couches impermeables; au-dessous de c et au-dessiis de m le tiibe incliné figure une suite de drains Iracés suivant la plus grande pente du sol.

piéces de Ierre á drainer, des'afíleuremenls de conches impermeables c, el, e, f (fig. 74), qui alternent avec des couches permeables; les drains tracés, comme le monlre la figure, suivant la plus grande pente, seraient destines a couper plus súrcment les eaux qui surgissent á la surface de ces couches imperméables. Mais les drains en diagonale les couperont aussi bien, et, du reste, il arrive bien plus souvent que fon ait á drainer des terrains formes de masses compactes d’argile, comme : sur les plateaux de la Brie, les argües á meuliére; sur ceux de la Normandie et de la Picardie, les argües á silex; dans beaucoLip de pays, les argües glaciaires.


THEORIE DU DRAINAGE.

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Le systéme que iious préconisons satisfait done de tous points aux deux principes qui, noiis Favons reconnu, constituent la base du drainage rationnel. Résumons ses avantages : 1“ La vidange du réseau des drains et des collecteurs s’opére le plus rapidement possible ; par conséquent, le drainage est plus énergique; 2“ Les obstructions de tuyaux sont rares ; 3“ Les collecteurs qui oceupent la plus grande pente, aA'ec un diamétre relativement faible, satisl'ont á Fécoulement d’une masse d'eau plus considerable; les petits drains peuvent étre plus largement espacés. De ce chef résulte une économie dans Fouverlure des tranchées, la pose et Fachat des tuyaux; 4“ Les eíTels généraux du drainage sont plus accentués: asséchement, aératidn, ameublissement du sol, etc. L’économie iminédiate qui résulte de Femploi de cette méthode de drainage est évaluée á 10 p. 100. Nous est-il perinis d’ajoutér que ce mode d’opérer répond le mieux aux conditions naturelles des dioses? Établissons á ce sujet une comparaison; si liardie qu’elle soit, elle n’en traduit que mieux notre pensée. II y a dans Forganisme un appareil quipeut étre comparé k un sys­ téme de drainage. C’est celui des capillaires et des veines. II draine dans toutes les parties du corps le sang pour Famener aux poumons, qui le reviviíient. Les capillaires représentent nos petits drains; les grosses A'eines, les col­ lecteurs. Les physiologistes ont constaté que la vitesse du sang dans les capillaires est bien plus l'aible que dans les veines. Et ils ont expliqué ce pliénoméne en faisant observe!’ que la surl'ace í'ormée par toutes lessections des capillaires est beaucoup plus considérable que celle qui est représentée par les sections des veines principales. Pour la méme quantité de liquide á écouler dans le méme temps, les vitesses A’arient en raison inA'erse des sections. C’est une loi de Fhydi’odynamique a laquelle 23.


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DEFENSE CONTRE LES EA.UX.

n’échappe pas le monde vivant. Appliquons-la au drainage, qui n’est qu’une découverte précieuse du génie de rhomme, et conlentons-nous, avec Bacon, de copier la Nature. La quantité d’eau qui entre dans le réseau des petits drains, pendant un teinps déterminé, doit étre évacuée, pendant le méine temps, par la bouche du collecteur principal. Et, comme la seclion du systeme des petits drains est toujours plus considérablequecelle du systeme des collecteurs, c'est dans celui-ci que la vilessedoit étre maxima. A cette condition, le régime sera normal. Nous y satisferons, de la maniere la plus súre et la plus économique, en donnant aux collecteurs la plus grande pente, puisque la pesanteur est l’agent de circulation dont nous disposons. Le mode de drainage que nous préconisons a provoqué en Allemagne d’intéressantes études. Elles daten! d’ailleurs de ces derniéres annéesetsontdues principalement á Merl (1) et¡Gerhardt (2). Et, aujourd’hui, la plupart des ingénieurs-draineurs d’Allemagne et d’Autriche le préconisent. II est également recommandé par les ouvrages récents sur la matiére (3). Les Allemands l'appellen t drainage obligue ou transversal (Quer Drainage), par opposition á rancien mode qui reijoit le nom de drainage en long ou longitudinal (Lángs Drainage). Mais ils y renoncent quand la pente est inférieure á 1 ; 250 ou 1 : 300, c’est-á-dire 4 á 3,3 p. 1000. Craignant qu’il se forme dans ce cas des obstructions dans les drains suceurs {Saug druin), ils proposent de les mettre, d’aprés l’ancienne méthode, perpendiculairement aux courbes de niveauet, comme les collecteurs aurontalors évidem(1)

M eu l,

Nene Tkeoric der lioden-E niw ñsserung. An sba ch , 1890.

(2) Geiihardt , Um gestaltung der Drainagebauten von Langsdrainagen

zu Q uerdrainagen. Berlín, 1890. (3) Rappelons que Barré de Saint-Venant l’avait pré'onisé des 1849. Voir F a u r e , inspecleur des amélíorations agricoles. Drainage et assainissement agricole desterres. París, Baudry, 1903.


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ment une pente plus faible, de compenser celte diminuüon enaugmentant lediametre de ces collecleuvs. Nous l’avons dil á plusieurs reprises, quand les collecteurs coulent pleins, ce qui, dans tous les terrains drainés, aiTive plusieurs fois par an, ils agissent comme une [rompe, lis fon! le vide au-dessns de l'eau, qui les traYerse, et exercent ainsi dans le terrain drainé une forcé mécanique qui se transmet dans tous les tuyaux et entraine les inaliéres qui tendraient á y former des dépóts. 11 vaut done mieux ne pas augmenter le diamétre des collecteurs, quitte á leur donner, artificiellement, une plus grande pente qu’aux drains suceurs en laissant á ceux-ci, dans ces ciiconstances,la pente nalurelle du sol, c’est-á-dire en les pla^ant perpendiculaireinent aux courbes de niveau. Le raccordement des drains avec les collecteurs doit se faire sous un angle aigu qui doitétre compris autant que possible entre 43“ et 60». Exceptionnellement il peut étre droit. 2 °P ro fo n d e u r á. la q u e lle il c o n v ie n t de p la c e r les d ra in s e t les c o llecteu rs. — En examinant Peífet

qu’une saignée souterraine ou qu’un drain exerce sur les eaux contenues dans le sol, nous avons vu que les eaux s’écoulaientsuivant une lignedn, quipartait déla saignée ou de la file des drains, pour abouLir vers la surface du terrain, en n par exemple (flg. 63, p. 379). C’est la pesanteur, plus ou moins contrariée par la rósistance du terrain, qui determine la chute de chaqué molécule d’eau vers l’espace vide que lui oíTre le drain. La pente de la ligne nd, pour le méme sol, est indépendante de la profondeur du drain si l’on suppose ([ue la nature et la capilllarité du sol resten! les meines sur toute la hauteur intéresséc. 11 en resulte, comme le montre la figure, que plus le drain sera profond, plus grand sera le volume de Ierre asséchée. Aussi, les profondeurs qu’indiquent les auteurs varient-elles suivant les régions.


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

M. Risler pia^ait les drains dans sa propriété de Caléves, en Suisse, á une profondeur de 1“ ,20. Ílervé-Mangon recommande, en France, la profondeur de 1“ ,20. Perels, en Auü’iclie, Gerhardt, en Allemagne, recommandent de leur cóté 1“ ,28. C’est la profon­ deur qu’indiquent aussi les inslruclions de la Commission Silésienne pour le drainage. On s’accorde généralement a adinellre, qu’en Ierre de prairie, il sufíit de placer les drains de 0™,60 á un mólrc au-dessous du sol. En sol tourbeux, Fig. 7o. — Drainage avec rapprocheinent des a cause de FaíTaissepetits drains dans la parlie basse, lI,dusol. inent qui suitledrainage, il íaut aller jusqu’á 1“ ,70 a 1“ ,80, au plus. D’ailleurs, ces chiífres n’ont riend’absolu el c’est áragronoine liabile de les modiíier suivanl les circonstances. Ainsi, par exemple, quand on opere dans un sol poreux avec sous-sol saturé d’eau parce qu’il repose sur une conche impermeable, il laut pousser la profondeur asscz loin pour faire reposer les tuyaux sur la conche impermeable elle-méme. Parfois, lorsque le terrain est presque horizontal, on est obligó de créer une pente arliíicielle. On est alors amené á donner á l’extrémi té supérieure des drains une profondeur moindre de un métre et de pousser l’autre extrémité áplus de 1“ ,2S au-dessous du sol. Parfois aussi la surface du sol présente des irrégularités telles que les drains durant leur par-


THÉORIE DU DRAlNAGrE.

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coui’s sont a des profondeurs variables. Du reste, comme nous le verrons plus tard, en nous occupant des travaux préparatoires, il est toujours bon, avant de commencer les opéralions, de faire des tranchées d'essais jusqu’á 2 metres au moins. Ces sondages préliminaires permettent de se rendre compte de la nature du sol, de la maniere donl l’eau se réunit dans chaqué parlie, etc. Dans un livre qu’il vient de publiersur le sol arable, M. Hall, le successeur du D'' Gilbert a la direclion du célebre laboratoire de Rolhamsted , s’exprime Fiíf. 76.- Drainage avec inlercalalions de petits drains. ainsi : « On a drainé en Anglelerre de 1830 á 1870 environ 3 millions d’acres do terre fortes. 3Iais une grande partie de ces drainages n’ont pas bien réussi parce qu’on a placó les drains á une trop grande profondeur, c’est-á-dire á4 pieds (1™,22) au lien de 2 á 3 pieds (0™,61 á 0“ ,91S), qui est considérée aujourd’hui comme la profondeur la plus convenable «; et, pour confirme!’ son dire, M. Hall a bien voulu nous communiquer une lettre de M. Bailey-Denton fils, l’ingénieur de l’Angleterre le plus expert en drainage. « Aujourd’liui, dit M. Bailey-Denton, personne ne songerait plus á drainer á une profondeur de plus de 3 pieds. » D’aprés M. Brandin, les agriculteurs de la Brie ont la méme tendance á drainer moins profond qu’autrefois. Dans tous les cas, les drains coútent, á longueur égale, d’autant moins cber qu’ils sont moins profonds. Mais on a cru pendan! longtemps qu’on pouvait trouverune compensation en donnant aux drains placés á 1“ ,20 plus


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

d’écarlement qu’á ceux de nioins grande profondeur Cela n'est vrai que dans certaines limites, plus ou moins suivant la nature des terrains. Les collecteurs s’établissent á quelques centimétres, 4 ou S au-dessous des drains, de maniere que l’eau y arrive par une petite chute. Cette disposition favorise la vidange du drain et s’oppose aux obstructions. Les collecteurs doivent arriver dans le canal de décharge ou émissaire, de telle sorte que leur bouche soit toujours située a lo ou 30centimótresau-dessus du niveau des eaux dans cet émissaire. S’ils s’écartent de cette régle, comme cela arrive trop souvent, FeíTet du drainage est compromis et les obstructions des luyaux sont á craindre. Cette nécessité, en terrain plat, oblige parfois á rapprocher les drains de la surface du sol. Alors on multiplie leur eíFet en les rapprochant l’un de l’aulre ou en interposant des files auxiliaires vers Textrémité íig 76). Si le canal de décharge est susceptible de cette amélioration, on l’approfondit et on régularise son cours comme nous l’expliquerons plus loin. Ce n’est pas seulement pour assurer fassechement d’un volume de terre aussi grand que possible, a. égal écartement des files de drains, que fon place les tuyaux á uneprofondeur assez grande dans les Ierres arables; c’est aussi pour éviter que les racines des plantes ne pénétrent dans les drains. Elles les obstrueraient bien vite en eflet. Enlin, tres rapprochés du sol, ils seraientgelés en hiver et obtures ainsi au moment oü ils devraient fonctionner le plus énergiquement. Autrefois, quand on employait des fossés garnis de pierres ou de faiences on ne dépassait pas 0“ ,80 k 1 métre de profondeur. Non seulement on se refusait a faire la dépense supplémentaire qu’entrainent naturellementdes fossés profonds, mais on croyait favoriser ainsi fécoulement des eaux superíicielles.


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Toutefois, la pi-olbndeur des drains ne saurait, dépasser unecei'taine limite variable avecla nalure du sol. Et Ton a été parfois obligó de placer de nouveaux drains audessus de drains situés trop bas pour agir efficacement. C’est que, surtout dans les Ierres fortes, la coinpacité augmente avec la profondeur et qu’a partir d’une certaine limite le drain n’exerce plus son action. En résumé, des drains situés á une profondeur suffisarite, soit de 0“ ,90, 1 mótre á l “ ,2o environ, suivant la compacité du sol, procuren! les avantages suivants : 1“ lis exercent leur eífetplus loin, par conséquent ils peuvent étre davantage espacés. 2“ lis sont moins exposés á la pénétration des raclnes des plantes cultivées. 3“ lis ne sont pas exposés a la gelée. 4“ lis aérent le sol a une profondeur plus considerable. Les eíTets physiques et chimiques que le drainage exei'ce sur le sol se font done sentir á une profondeur plus grande. 3° Écartement des drains. — L ’écartement des fdes de drains a une tres grande importance. Est-il trop grand, les fdes de drains laissent entre elles un espace qui est insuffisamment drainé. Est-il trop petit, le nombre de drains que fon a employés est trop grand. Et comme ce sont les drains et leur mise en place qui coútent le plus cher, on peut ainsi augmenter considérablement, sans aucune utilité, le prix de revient du drainage. L ’écartement des drains dépend, en sol honiogéne : 1“ De leur profondeur, jusqu’á une certaine limite, comme on vient de le voir (t); 2® De la nature du sol, plus ou moins argileux, plus ou moins léger; (J) La formule de Barré de Saint-Venant (voir p. 394, note 1) monlre que l écarlement des drains varié proporlionnellement h. leur profondeur et ménie dans une mesure sensiblement pius forte. Mais l’accroissement de la profon­ deur atteint vite la limite au-delá de laquelle Ies drains cessent d'agir avec leur plein effet, d'autant plus vite que le sol est plus compact.


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DEFENSE GONTRE LES EAUX.

3“ De la pente du sol; 4“ De rorientation des drains; 8“ De la nature des cultures. Plus un sol est argileux, moins profonds son! les drains, plus ils doivent étre rapprochós. Plus un sol est léger, plus profonds sont les drains, plus ils peuvent étre éloignés. Ces regles, qui flxent d’une maniere approchée Pecar-

Fig. 77. — Tfous (lisposés dans le sol pour ajiprécier l’écarlement qidil coiivieiit de donner aux di-ains.

tement des drains, résultent naturelleinent de ce que nous avons dit précédeminent. En sol léger, les résistances étant moindres. Pean pour atteindre une méme profondeur se contente d’une pente plus faible, par conséquentles files de drains peuvent étre plus éloignées les unes des autres. La direction des drains a aussi son influence, ainsi que la pente du sol. En eíTet, dans le drainage oblique, chaqué drain asséche une plus grande surface que dans le drainage en long, et il sufflt de se repórter á notre démonstration, pour comprendre que plus la pente du terrain sera forte, plus grande sera la surface de Pellipse qui représente la


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surfacedu sol qui estasséchée. Aussi le drainage oblique pennel-il un espacementplus granddes drains, et d’autant plus grand que la pente du sol est plus forte. Gerhardt fait remarquer avec ralson que cette régle ne peut s’appliquer lorsque la pente du sol dépasse une certaine limite. Alors, en elTet, les eaux tendent á affleurer a la surface, le drainage naturel cesse ou est géné. Ce cas peut se produire lorsque la diíTérence de niveau entre deux drains consécutifsne dépasse pas 0“ ,b0. On peut en pente raide rápprocher les drains jusqu’á IR métres, mais on ne doit jamais les espacer de moins de 10 métres. Comme moyen detude, Hervé-Mangon conseillait d’étahlir k droite ou a gauche d’une tranchée, dont la profondeur atteint celle des drains, des trous disposés en échiquier (fig. 77). De 0“ ,50 de c6té, ces trous ont la méme profondeur que la tranchée et en sont distants de 2, 4, 6 — 14 métres. Leur distance les uns des autres doit excéder la moitié du plus grand écartement probable des tranchées, soit 10 a 12 métres, afín qu’ils n’agissent pas les uns sur les autres. Afin d’empécber révaporation, on recouvre trous et tranchée de paille ou de menúes branches. Aprés qu'il a plu suffisamment pour saturer d’eau le terrain, on note chaqué jour, matin et soir, le niveau de l’eau dans les trous. On constate que l’eau souterraine les remplit d’autant plus haut qu’ils sontpluséloignés de la tranchée, jusqu’á la distance oü la tranchée ne faisant plus sentir son action le niveau de l’eau est le méme dans deux trous voisins. Lorsque le niveau parait stationnaire dans deux trous consécutifs ou qu’il varié de la méme quantité d’une oliservation á l’autre dans tous les trous á la fois, on note la distance á la tranchée du trou, oü l’eau estsensiblement au-dessous du niveau du liquide dans le trou suivant. Cette distance peutpasser pour ógale á peu prés á la moitié de l’écartement qu’il convientde donner aux drains. L’expérience doit étre répétée plusieurs fois pendan! l’année qui précéde l’exécution des travaux.


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DÉKENSE CONTRE LES EAUX.

Leclerc préconise le procede suivant pour vérifler si deux files de drains sonl siiffisamment espacées. 11 recommande d’établir deux drains paralleles, á la distance présumée convenaWe, et á la profondeur que fon a adoptée. Aprés que ces drains ont dú exercer toute leur action, on examine á quel niveau feau se maintient audessous duterrain. Pour cela on creuse un trou au milieu de f espace qui sépare les deux liles de drain, on en creuse un autre plus prés de Pune des files. Du niveau auquel se maintiendra feau dans ces deux trous, on pourra conclure si les drains ne sont pas trop écarlés. Et fon pourra donner le méme espacement aux drains dans toutes les parties du champ oü le sous-sol a la méme composition qu’a fendroit oü fexpérience a été faite. Aujourd’hui, on posséde généralement assez de données sur les conditions dans lesquelles s’opérent les drainages pour que fon puisse se passerde faire ces expériences qui sont longues et minutieuses. Dans la plupart des terres de la Brie et de la Beauce, les tiles de drains placées á la profondeur de 1“ ,20 sont espacées de 20 métres. Hervé-Mangon estime qu’un écartement de 10 á 11 métres convient a toutes les terres fortes du nord de la France. A Caléves, prés de Nyon (Suisse), M. Risler a espacé ses drains de 15 a 20 métres. Ea terre est d’une nature argileuse. Ce sont la des chiífres isolés qu’on ne peut généraliser. A la suite d’expériences conduites avec soin, la Cominission de la Silésie pour fétude du drainage, a donné des indications que nous tenons i, reproduire. Elles semblent s’harmoniser assez bien avec les conditions dans les­ quelles nous sommes placés. Toutefois, il serait désirable que fon dresse pour nos sois de France un tablean analogue.


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THÉORIE Dü DRAINAGE. Sol Sol Sol Sol Sol Sol

argileux, tres compact............... limoneux, compact.................... limoneux, moyen, avec pierces. limoneux et sablonneux............ sablonneux léger........................ sablonneux tres Ic g e r ...............

10 12 14 16 20 23

á á á á á á

12 móti-es 14 — 16 — 20 — 24 — 30 —

Ces distances se rapportent á une profondeur des drains de 1 metre pour les prairies, de 1“ ,25 pour les Ierres arables. Elles correspondent aunepente du terrain de 0,003 á 0,004 par métre. Les sois constitués de sables tres flns, hydrophiles, nécessitent un drainage plus serré qu’il est bon de déterminerpar un essai. Lorsque la pente est tres raide et aue les drains sont placés en echarpe, les distances indiquées ci-dessus peuvent étre augmentées de 20 p. tOO. Lorsque le sous-sol n’est pas homogéne, qu'il est traversé de couches de nature différente, il faut xarier avec elles l’espacement des files de drain. Les ligues de drains peuvent étre ainsi plus espacées dans certaines parties de la propriété drainée que dans d'aulres. La détermination de l’espacement des lignes de drains jone un róle extrémement iinporlant dans l’exéculion du drainage. D’elle dépend, comme nous l’avons vu, le bon asséchement du sol. Elle exerce aussi une grande influence sur le prix de revient de l’opération puisqu’elle concourt a fixer le nombre de tranchées que Fon aura a creuser et le nombre de tuyaux que Ton devra employer. Aussi la Commission allemande déjá citée recommandet-elle avec raison, aprés Hervé-Mangon, Leclerc et d'autres du reste, de déterminer par rexpérience quel doit étre le meilleur écartement des drains, chaqué fois que Ton se trouve en présence d'une situation douteuse. Ces expériences s’exécuLeront á une profondeur de 1“ ,50 et sur une superficie d’au moins b hectares d’un seul tenant.


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

Longueur des files de drains. — Nous avons dit que chaqué luyan de drainage mesure 0“ ,30 de long. Nous verrons que la longueur d’une lile de drains dépend, pour une surface donnée á assainir, du diamélre des drains, de leur pente, de l’écartement des lignes et de la quantité d’eau á enlever par seconde. Les lignes de drains ont ainsi une longueur plus ou moins grande, qiril peut convenir de couper par un coUecteiir. Quel intérét y a-t-il a élablir de longues files de drains el jusqu a quelles limites? Hervé-Mangon (1) admetlait que des drains de 0“ ,030 a0“ ,03o de diamélre pouvaient avoir jusqu’á 230 métres á 330 métres de longueur pourvu que la pente ne fút pas trop faible, c’est-á-dire sans doute moindre de 3 p. 1000. On se montre plus réservé aujourd’hui. Kopp (2) recommande de ne pas dépasser 120 métres, La Commission royale de Silésie dans ses inslructions bxe le máximum á 200 métres et recommande de ne pas dépasser 130 mélres. Ce sont ses chiíTres que nous adop­ tóos. La grande longueur des files de drains simplilie évidemment le Iravail. 11 faut moins de fossés, moins de collecleurs a gros diamélre, moins de raccordements entre drains etcollecteurs, done moins de dépense. Mais les longues files de drains ont, entr’autres inconvénients, celiii de retarder trop le remplissage des fossés deslinés aux collecteurs. Et dans les terrains peu consistanls, aprés les piules, ces fossés peuvent s’ébouler. Les collecteurs, en terrains plats au moins, sont ouverts avant les drains et ils ne peuvent élre comblés qu’aprés eux. Kopp dit dans son traité de drainage que la longueur d’une file de drains ne doil pas dépasser une (1) HERvit-MANGON, lustrucHons praíiques sur le drainagCy 'g. 37. (2) Traité de drainage, p. 68.


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limite telle que son fossé ne puisse étre ouvert, rempli avec les drains, et refermé le meme jour. Liongueur des co llecteu rs. — Autant que possible elle ne devrait pas dépasser 1000 melres. Elle dépend beaucoup des circonstances. Le chiíTre máximum de 1000 métres est donné par la Commission royale de Silésie. Nous estimons qu’il vaut mieux inlerrompre le collecteur tous les 400 á 800 melres et pratiquer á Textrémité de chacun de ces segments un regará (fig. 112 et 113). Ce regard laisse les eaux déposer le sable et la terre qu’elles onl entrainés. 11 perinet aussi de s’assurers’il n’y a pas d’engorgement dans les branclies du collecteur. P e n te des d ra in s. — La pente des drains doit étre telle que l’eau y ait une vitesse minima suffisanle pour entrainer les particules de terre et le sable fin qui peut y enlrer. Ét elle ne doit pas dépasser un máximum au déla duquel les eaux ravineraient le sol dans les interstices des tuyaux; Friedricli l’óvalué a i métre parseconde, ce qui correspond á une pente maxima de 10 p. 100. On peut évaluer la vitesse minima á 0“ ,20 par seconde dans un sol ordinaire. Elle doit aller jusqu’á 0“*,30 á 0“ ,3o quand le sol est parsemé de conches sablonueuses. Ces vitesses minima correspondent pour les drains de 4 centimétres qui sufíisent généralenient á des pentes minima qui peuvent varier de 2,8 á 10 p. 1000 suivant le sol. En pratique, dans les terrains ordinaires, on admet une pente minima de 0,32 p. 100, soit 1/300. C’est au-dessous de cette pente, que les ingénieurs allemands appliquent le drainage longitudinal. P e n te des co llecteu rs. — 11 est évidemment nécessaire aussi que les collecteurs aient une pente telle que les eaux y conserven! une vitesse minima assez forte pour que les particules terreuses et le sable soient entrainés. Cette vitesse, qui varié de 0“ ,16 a 0“ ,20 suivant que


418

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

les collecteurs coulent plus ou moins pleins, corres­ pondí : Pour les collecteurs d’un cliamétre de S-6,3 centim., á une pente d e............ Pour les collecteurs d’un diamétre de plus de 8 centim., á une pente de___

2 p. 1000.

1,0

D é te rm in a tio n du c a lib r e des c o lle c te u rs e t des d rain s. — Les anciens traités de drainage n’ont pas

traité cette question d’une maniere précise. Hervé-Mangon admet qu’un collecleur de 0“ ,04 á 0™,06 de diamétre avec une pente de 3 p. 1000, sufíit a l’asséchement de 2 á 4 hectares. II conseille, ainsi que Grandvoinnet, les drains de 0“ ,03 a 0“ ,035. Leclerc dit de son cóté que les drains de 0“ ,02o suffisent avec la pente de 3 p. 1000. 11 admet qu’un collecteur de 0“ ,0o de diamétre peut recevoir les drains qui couvrent une surface de 1 liectare et demi. Ilfixe a 0“ ,06 et 0“ ,08 les diamétres des collecteurs qui sufflraient a 2 hectares un tiers et 4 hectares. Ces chiíTres sont trop faihles. La détermination du diamétre qu’il convient de donner au.x drains et aux collecteurs a son importance. Des drains trop petitsne suffisent pas á recevoir les eaux, et feíTet du drainage est incomplet. En outre, ils s’obstruent trés í'acilement. On drainait autrefois avec de tres petits tuyaux. L ’ingénieur anglais Parkes en avait donné l’exemple. Et beaucoup d’anciens drainages ont dú étre complétement recommencés, parce que les tuyaux étaient trop petits et qu’ils s’étaientpeu apeu houchés. D’un autre cóté, les drains et les collecteurs sont d’autant plus chers qu’ils contiennent davantage de matiére, c’est-a-dire qu’ils sont plus gros. 11 est done trés important de s’approcher au moins autant que possible des dimensions minima. En défmitive, lebutdu drainage, c’est de laisser s’écou1er en un temps déterminé la quantité d’eau que re?oit


TflEORlE DU DRAINAGE.

419

Ja surface qu’il faut assainir. Cette quanlité d’eau s’écoule par les drains avec une rapidité qui dépend de leur section et de leur pente. 11 faut done que les drains aient un calibre et une pente déterminés pour qu’ils puissent laisser passer cette masse d’eau dans le temps voulu. Pour résoudre la question qui nous oceupe, il faut done d’abord savoir quelle est la quanlité d’eau qu’il faut faire évacuer par liectare et par seconde pour que le sol soit asséché, c’est-a-dire pour que le drainage en soit convenable. 11est clair que cette donnée principale varié avec l’importance des précipités atmosphériques, avec l’énergie de l’évaporation, avec les propriétés mémes du sol. Elle varié done avec le climat, l’altitude, le sol et méme avec la nature des cultures. On ne peut done que lui assigner une valeur approchée. Vincent pose en principequ’en un mois lOOmilliniétres de liauteur de pluie pénétrent dans le sol et qu’il ne doit pas falloir plus d’un demi-mois aux drains pour recevoir et laisser s’écouler cette masse d’eau. Les drains doivent done, d’aprés lui, laisser passer par 100“ “ jour y;7-¡— =6,3 niillimétres de hauteur d’eau, soit pour 15.1 1 hectare 6“ “ ,8 X 10 000 = 63 métres cubes ou par 65 X 1000 :0»‘ ,786. hectare et par seconde 24 X 60 X 60 Vincent opérait dans le nord de l’Allemagne. Les drainages qu’il a faits, et qui ont compris des milliers d’liectai'es, ont justifié completement sa maniere de voir, mais elle ne saurait s’appliquer en toutes circonstances. 11 est rare qu’il tombe 100 millimétres de pluie dans le courant d’un mois; en Franco, cela n’arrive en moyenne qu’aux Settons, dans le Morvan, et dans le sud-ouest, á Bagnéres-de-Bigorre, á Bayonne, ou dans le sud-est, en décembre, á Toulon.


420

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

De plus, la Ierre en absorbe et peut en reteñir la plus grande parlie ; á 10 p. 100, sur 1 métre de profondeur, ce serait le total. De la, il í'aut conclure que lous les calculs que fait M. Kopp sur la quantité d’eau á enlever (l '‘‘,15 par hectare et par seconde), sur le calibre des drains á employer, etc., sont tres exagérés pour les terrains qui ne reqoivent que les eaux de pluie tombées directement sur eux. lis ne le sont pas; ils pourraient ménie étre trop faibles dans certains cas, quand ces terrains sont inondés par des eaux arrivant d’autres terres en amont. Hervé-Mangon(l) admet qu’il sufíit que tes drains puissent débarrasser le sol en 36 heures de la moitié d’une conche d’eau de 0“ ,01 tombée sur l’étendue de terrain qu'ils doivent assainir; cela donne par hectare et par seconde 0“ ,01 X 10 000 X 1000 X 50_ l = 0 ‘a,368. un écoulement de 36 X 60 X 60 X 100 mais il y a de grandes pluies qui donnent bien 0“ ,02 en 24 heures et alors le débil des drains tel qu’il est défini par Hervé-Mangon doit alteindre 0'>‘,736. Leclerc estime, en Belgique, a 0"‘,57o parhectai’e el par seconde l’écoulement minimum. Kopp l’éléve k 1“ ,12 pour la Suisse, pays oü ilpleut plusqu’en Allemagne. La Commission royale de Silésie, dans ses instrucíions aux ingénieurs géométres et draineurs, íi.xe a 0'“ ,63 le minimum pour les pays de plainesavec faibles moyennes de chutes,annuelles de pluie. Elle réléve a 0"h80 par hectare pour les pays de móntagnes avec fortes chutes annuelles de pluie. Bien entendu, ces chiíTres ne sont valables qu’á la condition que le terrain ne reqoive pas d’eaux extérieures, qu’il reqoive que les eaux de pluie qui tombent direc­ tement sur lui. La Commission Silésienne les a déterminés avec le (1)

H eu vé-M a n g o n ,

Instriictionspmtiques sur le drainage^ p. 38, 3® é d i t .


THÉOHIE DU DRAINA.GE.

42i

plus grand soin, en tenant compte non seulenient des piules mais encore des eaux qui proviennent de la fonle des neiges. A cet effet, elle a installé des stations d’expériences dans les trois régions climatériques qui divisent la Silésie. Elle a pris les moyennes des chutes de neige et de piule pour les quatre mois d’hiver (décembre a mars) et les moyennes des plus fortes chutes de piule pour les mois d’élé. Ces observations ont été répétées pendant un grand nombre d’années. Elles ont serví de bases á la détermi nailon des chiffres qui précédent en admeltant que 50 p. 100 des précipités atmosphériques pénétrenl dans le sol et que le drainage doit les évacuer en quatorze jours. Et ces chiffres se sont répandus dans loule PAllemagne du Nord. On peut admettre que les cblífres fournis par la Commission royale allemande s’appliquent approximalivement aux pays oü la somme des précipités atmosphé­ riques ne dépasse pas 900 millimétres par an. Comme nous l’avons dit, la quantité d’eau qu’il convient d’enlever ne dépend pas seulement de Fimportance des précipités atmosphériques, mais encore de la nature du sol, de son inclinaison, de Fénergie de Févaporation, etc., facteurs qui entrent tous dans la détermination de la fi-action de la somme totale des eaux tomhées qui pénétrent dans le sol. II serait tres utile que des observations analogues á celles qui ont été faites en Silésie soient poursuivies dans les régions de notre pays qui ont besoin d’élre drainées. . . . Nous croyons pouvoir indiquer les chlfTres qui suivent comme représentant approximativement dans la généralité des cas, en France, les quantités d’eau qu’un drai­ nage doit pouvoir évacuer par hectare et par seconde. Sois argileux, compacls, pays do plaines, avec faible moyenne annuelle de piules________ Sois moins impermeables, pays montagneux, avec forte moyenne annuelle de piules........ R isler et W ery . — I r r i g a i i o n s e t d r a in a g e s .

0',65 0>,80 24


DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

422

Dans cequi vasuivre, nous admettrons que le drainage ne doit laisser écouler que O‘‘‘,6o par hectare et par seconde, parce que c’est le chiffre qui parait répondre á la généralité des cas. 11 nous permettra de déterminer immédiatement la surface mínima qu’un draind’une section et d’une pente données peut assécher. Soit ; S, cette surface exprimée en heetares; q, le débit du drain par seconde, exprimé en litres ; h, sa pente pour une longueur l , exprimée en métres; el, son diamétre, — s, sa section, — V, la vitesse de l’eau dans le drain, —

On peut évidemment écrire ; _1___ S. 0 ,6 5

d’oú

q’

D’autre part, l’égalité suivante établit les relations qui lient entre eux d, h et v. Elle a été indiquée par Prony et Eytehvein pour les tuyaux ordinaires. Vincent y a introduit le coefficient

pour les tuyaux de drainage.

U= 3.59f\/;

(1 )

50dh

l + 50 d ‘

j varié comme il suit avec les diamétres d des drains ; o d

=

cm. cm. 4 ,0 0 5,0 0

cm. 6 ,5 0

cm. 8 ,0 0

cin. cm. 10 ,0 0 13 ,0 0

?

= 0,7 1 0 ,7 5

0 ,7 8

0 ,8 0

0 ,8 3 0,8 6

O

cm. 16 ,0 0 0,8 8

Le débit g du drain est égal k[s X v — ^ dire que Fon a :

cm. 18 ,0 0 0 ,9 0

cm. 21 ,00 0,9 2

v, c’est-á-


THÉORIE DU DRAINAGE.

423

ou ( 2)

et

a ^ / 50 dfi

,= , ^^|v/rflWd 2 818

(3)

et en exprimant la pente h pour 100 métres. (

2)

(3)

í = 2,848

dh 2+ d

S = 1 ,5 3 8 S ?

Pour des contrées montagneuses oü la chute des piules est plus considerable, on aurait : (4)

L ’égalité (2) montre que q, débil du drain, correspondant a la surface S qu’il doit assécher, dans les condilions que nousnous sommes données, varié avec le diamétre et la pente de ce drain; qu’elle en est fonction, comme on dit en mathématiques. L’égalité (3) montre que la surface qu’un drain asséche est aussi une fonction de d et de h, et l’égalité (1) indb quait que la vitesse de l’eau dans le drain dépendait aussi de ces deux quantités. 11 en résulte qu’á chaqué surface S qu’il s’agit d’assainir correspondent un débil q des drains et par conséquent un diamétre d et une pente h déterminés, ainsi qu’une vitesse v de l’eau dans les drains. 11 est facile, avec les formules (2) et (3), de construiré des tables qui indiquent, pour les diverses pentes et les divers diamétres de tuyaux, les surfaces correspondan tes qui sont assainies. Nous empruntons aux Instructions de la Commission royale de Silésie les deux tableaux ci-contre. Le premier


424

DEFENSE CONTRE LES EAUX.

T a l l e p o u r d é t e r m i n e r le s d ia m é t r e s d e s d r a in s o u d es c o l l e c te u r s e n

supposanl

n é c e s s a ir e u n

é c o u le m e n t d e

par

s e c o n d e e l p a r h e c ia r e .

SURFACES DRAINÉES

AVEC. DES DKAINS D UN DIAMETBE DE

une penle pour

4 cm.

0cm.

6,5 cm.

8 cm.

10 cm .

13 cm.

ha.

ha.

ha.

ha.

ha.

ha.

ha.

)) 0,2 3 0 ,2 8 0,3 1 0,3 3 0,39 0,48 0,5 6 0,68 0,79 0,9 6 1 ,1 2 1,23 1,3 6 1 ,4 7 1,5 8 1,6 8 1,7 7 1,86 1,93 2,0 1 2 ,0 9 2 ,1 3

)) 0,46 0,5 2 0,5 6 0,6 3 0,7 3 0,9 0 1,0 3 1 ,2 7 1,4 6 1,79 2,0 6 2 ,3 0 2,5 3 2,74 2 ,9 2 3,0 9 3,2 6 3 ,4 3 3 ,5 8 3 ,7 2 3 ,8 7 4 ,0 0 4 ,1 3 4,2 6 4 ,3 8 4,4 9 4,6 0

0 ,9 2 1,0 3 1 ,1 2 1,31 1 ,4 6 1,7 9 2,0 6 2 ,5 2 2,91 3,5 8 4 ,1 2 4,6 0 5,0 4 5,43 5 ,8 2 6,1 8 6 ,5 2 6 ,8 3 7,1 3 7 ,4 3 7,7 1 7 ,9 9 8 ,2 4 8,5 0 8 ,7 3 8,9 8 9 ,2 0

1 ,1 2 1,58 1,7 6 1,9 3 2 ,2 3 2 ,3 0 3 ,0 6 3 ,5 4 4,3 3 5 ,0 0 0,11 7 ,0 7 7,91 8,6 6 9 ,3 7 10 ,00 10 ,60 11,19 11 ,74 12 ,2 7 12 ,77 13,23 13 ,09 14,15 14,58 13 ,0 2 13,44 15,82

2 ,0 2 2 ,8 5 3,1 9 3,4 9 4 ,0 4 4,51 5 ,5 2 6,3 8 7,81 9,0 2 11 ,05 12,76 14 ,27 13 ,63 16 ,88 18,04 19,14 20 ,1 8 21 ,1 6 22 ,1 0 23 ,00 23 ,8 7 24,71 25 ,5 2 26 ,30 27 ,0 7 2 7 ,8 0 2 8 ,5 4

4,00 3,6 3 6,3 3 6,9 2 7 ,9 9 8,9 4 10,93 12,63 15 ,30 17,88 21,91 23 ,3 0 28 ,29 30 ,9 8 33 ,47 33 ,77 37 ,94 40 ,00 41 ,96 43 ,82 43 ,62 47 ,3 4 49 ,00 50 ,59 52 ,16 53 ,67 55 ,1 4 56,58

6,8 3 9,06 10,80 11 ,82 13.60 13 ,27 18,71 21 .60 26 ,46 30 ,54 37,41 43 ,20 48 .30 52 ,90 57,13 61 ,08 64,80 68 .30 71.63 74 .82 77 ,89 80.83 83 ,66 86,39 89 ,06 91.63 94 ,17 96,60

100 métres de

0,1 0 ,2 0,23 0,3 0 0,4 0 0,.30 0,7 5 1,0 0 1,50 2 ,0 0 3 ,0 0 4 ,0 0 5 ,0 0 6,0 0 7 ,0 0 8,0 0 9 ,0 0 10 ,00 11 ,00 12 ,00 13 ,00 14 ,00 15 ,00 16 ,00 17 ,00 18 ,00 19 ,00 20 ,0 0

9. 9.Í 2,3 1 2 ,3 8 2 ,4 3 2 ,3 0


THEORIE DU DRA.INAGE.

42b

T a b l e p o i i r d é t e r m in e r le s d ia m é t r e s d e s d r a i n s o u des c o l l e c t e u r s e n s u p p o s a n t n e 'c e s s a ire u n

é c o u le m e n t d e

0 ',6 S p a r

s e c o n d e e t p a r h e c la r e .

SU R FA CE S D R A IN É E S '

AV EC DES DRAINS

avec

d ’u N

DI AMÉTR E DE

une penle pour

i cm .

0 cni.

ha.

ha.

ha.

ha.

ha.

ha.

» )) )) )) 0,3 4 0,38 0,41 0,44 0,46 0,4 9 0,51 0,53 0,56 0,5 8 0,60 0,03 0,64 0,66 0,6 8 0,6 9 0,85 0,98 1,20 1,38 1,54 1,09 1,8 2 1,95 2 ,0 7 2,1 9

)) )) )) 0.5 7 0,63 0,6 9 0,75 0,80 0,85 0.90 0,94 0,98 •],02 1.06 1,10 1,13 1,17 1,20 1,23 1.27 1,55 1,80 2,2 0 2,5 4 2,8 4 3,11 3,3 6 3,5 9 3,81 4,0 2

)) » » 1,13 1,27 1,3 9 1,50 1,60 1,70 1,79 1,88 1,96 2,0 4 2 ,1 2 2,2 0 2 ,2 7 2,3 4 2.4 0 2,4 7 2,5 4 3,11 3,59 4,3 9 5,0 7 5,6 7 0,21 6,71 7,1 8 7,61 8,0 2

» 1,38 1,6 8 1,95 2,1 8 2 ,3 8 2 ,5 8 2,7 5 2 ,9 2 3,0 8 3,2 4 3,3 7 3,51 3,65 3,78 3,90 4,0 3 4,13 4,24 4,3 6 5,33 0,10 7,55 8,71 9,73 10,66 11,51 12,31 13,07 13,76

)) 2,4 8 3,0 4 3,51 3,9 3 4,3 0 4,6 4 4 ,9 7 5,27 5,55 5,8 2 0,08 6,33 6,5 7 6,80 7,0 2 7,2 4 7,45 7,65 7,8 5 9,6 2 11,10 13,00 15,70 17,55 19,23 20 ,77 22,20 23 ,56 24 ,82

)) 4,9 2 6,03 6,96 7,7 8 8,5 2 9,21 9,85 10,44 11,00 11,55 12,06 12,55 13,03 13,48 13,92 14,35 14,76 15,17 15,57 19,07 2^ ,02 26,96 31,13 34,81 38 ,14 41 ,19 44,04 46,70 49 ,23

6,ocm. 8 cm . 10 cm. líHcin. i6 cm . 18 cm . 21 cm .

100 métres de

0,05 0,-10 0,1o 0,20 0,25 0,30 0,35 0,4 0 0,45 0,5 0 0,55 0,00 0,65 0,70 0,75 0,80 0,85 0,90 0,9 5 1,00 1,50 2,0 0 3,0 0 4,0 0 5,0 0 6,0 0 7,0 0 8,0 0 9,00 10,00

ha.

ha.

ha.

5,94 8,1 2 12 ,12 8,41 11,49 17,13 10,30 14,07 21 ,00 11,88 16 ,25 24 ,25 13,29 18,16 27,11 14,56 19,90 29 ,70 15,73 21,50 32,08 16,81 22 ,98 34,27 17,83 24 ,3 7 36,37 18,80 25 ,69 38,34 19,71 26 ,95 40,21 20,59 28 ,14 42,00 21 ,43 29 ,29 43 ,7 2 22 ,24 30,39 45 ,3 7 23 ,02 31,46 40 ,96 23,77 32,49 48,50 24,51 33,49 49,99 25 ,22 34,46 51,44 25,91 35,41 52,85 26,58 36,33 54,22 32,56 44,50 66,43 37 ,59 51,38 76 ,67 46 ,04 62,92 93 ,92 53,17 72,65 108,45 59 ,44 81,23 121,25 65,13 89,00 132,85 70,34 96,12 143,48 75 ,18 102,75 153,35 79 ,75 108,98 162,67 84,06 114,87 171,46

24.


426

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

correspond á un écoulementnécessaire de 0'“ ,65 par hectare et par seconde; le second á récoulement de 0’“ ,80. Rappelons que la vitesse de l’eau ne doit pas étre infé rieure á 0“ ,22S, ce qui correspond a une pente mínima de 2,0 p. 1000, pour que le sable et les parlicules terreuses soient entrainés par le courant d’eau. La longueur de la file des draL s l, qui coi’respond á une surface asséchée S, est donnée parl’égalité suivante, oü e représente, en métres, l’écartement de deux files consécutives. S= l x e d’oü 1= 1 On en déduit le nombre de drains qui est nécessaire par file en divisant l par la longueur d’un drain. Comme la longueur des drains n’excede guére 160 métres et que fon adopte presque toujours des drains d’un diamétre voisin de 0“ ,04 au moins, il est le plus souvent inutile de calculer exactement leur calibre. Mais c’est un calcul qu’il est intéressant de faire pour les coL lecteurs, d’autant plus que nécessitant davantage de matiére ils coútent plus cher et qu’on tend généralement á en employer de trop gros. On pourrait se servir, a cet eíTet, de tables semblables a celles que nous venons de présenter. Le procédé graphique est plus simple. Gerhardt, le premier, croyonsnous, á l’aide des égalités qui précédent, a construit des grapbiques qui permettent de déterminer tres aisément les calibres des tuyaux qui doivent assainir, suivant une pente donnée, une surface déterminée. La figure 78, p. 428, reproduit l’un de ces graphiques. Les annotations claires qui l’accompagnent nous dispensent d’entrer dans des détails au sujet de son usage. On voit qu’il donne immédiatement, pour une surface déterminée et une pente donnée, le calibre des drains ou


427

THÉORIE Dü DRAINAGE.

des collecteurs, la quantité d’eau débitée á la seconde et la vitesse de cette eau. Appliquons immédiatement le graphique k la détermlnation du diamétre d’un collecteur. Soit(fig. 79, page 429,)ABCD, le collecteur dont 11s’agit, Supposons qu’il ait une pente de 0,3 p. 100 de A en B. et de 0,4 p. 100 de B en D. Supposons, en outre, qu’il ait á recevoir les eaux. De A

en

B . j . ....................

De

De B

en

C ~ ......................

Do

O h »,8 +

en

D ...........................

De

lh »,7

De

G

0'>»,9 =

lh »,7

+ Ita.o =

2 ha_7

Le graphique montre immédiatement que de A en B le diamétre du collecteur devra étre compris entre 0™,0o et 0“ ,06; nous adopterons done ce dernier; que de B en C le diamétre de ce collecteur atteindra 0“ ,07 et de C en D, 0“ ,08. De plus, le graphique indique aussi que de A en B la vitesse de l’eau dans le collecteur sera de 0“ ,30 á la seconde, de B en C et de C en D, de 0“ ,40. 11 est hon d’accompagner le plan du drainage d’un tableau dans lequel on indique pour les collecteurs, avec l’étendue deshassins successifs, les penles, les diamétres etles vitesses de l’eau. Nous donnons ci-dessus le modéle que Fon peut adopter pour dresser ces lahleaux.

1 w«

BASSINS

SEG-

______ _ ,

PENTES

DIA-

élém entaires.

0/0

MÉTRE.

VITESSE a p p r o x im ative de l’ eau.

® Us

MENTS.

■1

A-B

))

Oh,8

0,3

0 cm.

0»,30

B-C

0,9

lh,70'

0,4

7 cm.

0"',40

coinplets.


428

BEFENSE CONTRE LES EAUX.

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Fig. 78. — Graphique de Gerhardt pour déterminer le diamétrc des drains, d’aprés leur pente et la surface qu’ils doivent assainir. On suppose nécessaire un écoulemenl de O',6o par seconde et par hectare.


THEORIE DU DRAINAGE.

429

— L’émissaire i-egoit les eaux qui proviennent du drainage et les conduit au dehors. 11 doit done leur assurer un écouleinent facile. C’est une condition essentielle du bon fonctionnement d’un drainage. Elle est réalisée lorsque les dimensions et la pente de lemissaire sont íelles que le collecteur É v a c u a tio n des eau x. — É m is s a ire .

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S Fig. 79. — Calciil des diamélres des segments d’un collecteur.

principal y débouche au-dessus du niveau des eaux moyennes et que les hautes eaux ne débordentpas. A cet effet le plafond, i’emanié au besoin, doit avoir une pente minima de 0,4 p. 1000. Si elle était naturellement trop forte, on emploieraitles moyens de protection habituéis afín d’empécher le terrain d’étre raviné. On peut admettre que le dél)it moyen des eaux correspond á un écoulement de 10 á 11 litres á la seconde et par kilométre carré de surface drainóe. Partant de ce cliiffre et connaissant la pente du plafond, on peut facilement calculer le niveau moyen des eaux, et par conséquent la situation du point oii doit débouclier le collecteur prin­ cipal. Pour évaluer le volume máximum des eaux que l’émissaire devra pouvoir débiter sans les laisser déborder, onévaluera le dél)it du kilométre carré de surface versante a un cliiíTre variant de 6o á 110 litres par seconde pour les terrains de plaine, et á un chiffre compris entre 110 et 200 litres par seconde pour les terrains de pays montagneux.

Les formules de Ganguillet et Kutter et les grapliiques


430

BEFENSE CONTRE LES EAUX.

qui en facilitent l’application permettront de calculer les dimensions de l’émissaire á l’aide de ces données qui ont été adoptées par la commission de la Silésie. Nous avons dit que les resultáis des observations de cette commission pouvaient étre étendues á la plupart des régions de notre pays, sauf á celles du Midi. La superficie de la surface versante se mesure au planimétre. L’émissaire peut étre constitué par un cours d’eau, un cana;l ou un fossé. Le collecteur principal débouche dans l’émissaire sous un angle de 4S'>, dans le sens de l’écoulement. I I I . — Exécution du drainage. L ’exécution du drainage comporte le programme de travau.x ci-aprés : 1° Elude expérimentale du sol, au point de vue de la .constitution physique, de l’eau qu’il contient, etc. Travaux préliminaires. 2“ Arpentage et nivellement du terrain a drainer. 3° Élablissement du plan et du projet de drainage. 4o Piquetage sur le terrain du réseau de drainage, drains et collecteurs. S° Élablissement desLossés qui recevront les collecteurs et les drains.

6“ Pose des tuyaux. 7“ Recouvrement des tuyaux. 8o Travaux accessoires ; consolidation de l’embouchure des collecteurs, regards, etc. 1“ Étude expérimentale du sol. — Cette étude est toujours nécessaire. Elle fournit des renseignements précieux sur la nature des couches qui constituent le sous-sol, sur le voisinage de couches permeables, ou, au contraire, sur celui des couches qui le sont encore moins que la ierre superficielle; sur la pro-


EXÉCUTION DU DRAINiGE.

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fondeur á partir de laquelle l’eau s’écoule, etc. C’est elle qui fixe la profondeur et récartement des drains. Pour faire cette élude dans les meilleures condilions, il faut creuser de place en place des trous de 1™,80 de long, 1 métre de large et I™,SO de profondeur. 11 faut explorer ainsi les parties les plus liautes et les plus basses du champ. On pourra pousser les recherches plus has á Tai de de la sonde représentée par la figure 80. On exaniinera avec soin si le sol contient des nappes souterraines, a quel niveause tientl’eau. On étahlira avec soin ce niveau par un certain nombre de trous d’essai. Ainsi, on pourra concevoir une idée de la direction vers laquelle l ’eau tend á s’écouler. Le meilleur moment á choisir pour faire ces observalions est celui Kig. 80. — Sonde de Palissy. oü le sol n’est ni trop mouillé, ni déja sec. Quand le sol est trop humide, les trous s’emplissent immédiatement et les observalions sont difficiles, Nous rappelons que ces trous — ou d’autres plus petits — creusés á droite et a gauche d’une tranchée d’essai, disposés en échiquier, fournirontle moyendedéterminer quel doit étre Fécartement des drains. Ces excavations sont placees á des distances respectives de 2, 4, 6, 8, 12,


432

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

14 inétres de la tranchée. lis sont éloignés les iins des autres de 10 á 12 métres, afín qu’ils i'estent bien indépendanls. On examine le niveau de l’eau qu’ils contiennent aprés les piules. Le niveau est naturellement d’auLant. plus bas que le trou est plus rapproehé de la tranchée. 11 s’éléve dans les trous suivants, il reste le móme dans les trous voisins á partir de la distance á laquelle la tran­ chée n’exerce plus son action. Lorsqu’il est sLationnaire dans tous les trous a la l'ois, ou au moins quand il varié sensiblement de la méme quantité d’une ohservation á l’autre, on note la distance de la tranchée au dernier trou oii le niveau s’est assez abalssé au-dessous de celui du liquide dans le trou suivant. L’écartement que Fon doit donner aux drains est égal au double de cette distance. L ’observation doit étre répétée plusieurs fois dans Fannée qui precede Fexécution des travaux. II est bon de portel- en marge, sur le plan, des graphiques qui donnent les indications qu’on a pu recueillir sur la nature du sous-sol. Les coupes sont repérées sur le plan a Faide de chiíTres romains. II sera souvent nécessaire de modifier la surface du terrain par quelques travaux préliminaires. Les sois argileux qui nécessitent le plus le drainage sont coupés fréquemment par les berges, fossés, qui furent pendant longtemps le seul procédó d’assainissement employé. II est indispensable de les faire disparaitre, sauf quelquesuns que Fon conservera pour Fécoulement des eaux de la surface pendant que se poursuit le travail. Si le terrain renferme un creux, il est nécessaire d’y ménager des fossés et une rigole qui emméne les eaux au loin. 2" Arpentage et nivelleinent da terrain a drainer (I), La position des drains et celle des collecteurs, leur nombre, dépendent de la dimensión, de la forme et de.s pentes dü terrain. (1) Tout ce que nous disons ¡ci s’applique aussi á rirrigation


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

433

L'arpentage mesure eL délei'mine avec précision les

piéces de Ierre qu’il s’agit de drainer. Ses opérations son! bien connues, ses instrumentsaussi: chaine, équerre d’arpentcur, jalons, etc. Nous ne pouvons en parler ici. L e iiiv e lle m e n t permet d’apprécier la forme superficielle du terrain el la direcüon de ses penles. 11 joue done un róle d’importance capitale. 11 est á la base des opérations de drainage et d’irrigation. Nous rappellerons les Instruments qu’il emploie et ses mélhodes les plus recommandables dans les circonslances qui nous oceupent. Deux poinls sont au méme niveuu lorsqu’ils sont á la mémehauteur, appelée cote, au-dessus de la surface horizontale représentée par la surface de la mersupposéeprolongée (et que nous pouvons considérer comme plañe, en i’aison de la faible étendue relalive de notre cliamp d’opération), ou au-dessus de tout aulre plan horizontal arbitrairement clioisi. S’ils sont á des hauteurs inégales, ils ne sont plus au méme niveau. Et le nivellement a pour objet de déterminer leur diílérence de niveau. Si Fon réunit par une ligne continué les diíTérenls points de la surface d’un terrain qui sont au méme niveau au-dessus du plan horizontal clioisi, dit de camparaison, ou qui ont la méme cote, on trace une ligne courbe, plus ou moins sinueuse, appelée horizontale ou courbe de niveau. C’est Fintersection de la surface du sol avec un plan horizontal. Le plan de comparaison peutétrearbitrairement clioisi. C’est ainsi qu’il peut passer par le point le plus bas du champ et recevoir la cote o ou qu’il peut étre supposé passer á une hauteur déterminée, 10 ou 20 métres audessous ou au-dessus de ce point. S’il e.xiste dans le voisinage des lieux un point íixe dont on connaisse le niveau au-dessus de la mer, comme les repéres que Fon rencontre sur les roules nationales et les voies ferrées, il vaut mieux rapporter les coles du R isler et AA''ery. — Irrigations

et drainages.

23


434

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

terrain á la cote de ce point et, par suite, au niveaude la mer, qui devient le j)lan de comparaison ; dans ce cas, les cotes prennent le nom á'altitudes. La figure 84 montre en n n., n'n'.., n"n"..., une suite d’horizontales. Si l’on coupe le terrain par une serie de plans horizonlaux, équidistants dans le scns vertical, depuis le point le plus bas jusqu’au point le plus liaut, on obtient une série d’horizontales, nnn, n' nn, n 'n "t i' généralement courbes (fig. 84), qui caractérisent bien le terrain. En pratique, cette équidislance, qiron appelle équidistance des courbes, est d’autant plus gi'ande que le terrain est plus incliné; elle sera, par e.xemple, de 1 métre, 0“ ,S0 ou 0“ ,25. Plus les courbes de niveau sont rapprochées sur le plan, plus forte est la pente du sol et inversement. Leur convexité tournée vers l’aval indi([ue une ligue de falte; tournée vers l’amont, un thaiwcg. La perpendiculaire commune a la ligne (¡ui représente leur^orientation moyenne indique la direction de la plus grande pente du sol. Pour obtenir les cotes des ditrérents points d’un terrain on se sert d’instruments appelés niveaux et mires. 11 y a plusieurs genres de niveaux. Nous dirons quelques mots du niveau d'cau, du niveuucollimateur du colonel Goidier et du niveau á hmelte. C’est le niveau d’eau que Pon peut recommander le plus chaudement aux agriculteurs, poursa siinplicité, son emploi facileetla modicité de son prix. II est parí'aitement sul'íisant chaqué fois qu’il ne doit servir qu’á des opérations de faible portée. 11 permet d’apprécier la cote á 0“ ,01 prés, a une distance de 23 métres; a 0“ ,02 prés á 40 métres : par conséquent, sa precisión n’est plus suflisante lorsque les deux points a observer sont séparés par plus de 80 métres. Passé cette dislance, il l'aut élablir des stations intermédiaires. Le niveau-collimaleiir dti colonel Goulier a l’avantage de ne pas demandar d’eau. En outre, son volumc est tres


EXÉCÜTION DU DUAINAGE.

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pelit. II tient dans une gaine de cuir et se porte en bandouliére. II conduit á peu pres aux ménies résullats et á la móme precisión — á 30 metres — que le niveau d'eau. On lui reproche, toulefois, d’étre d’un maniement dilficile par les grands vents, parce que le viseur houge. D’ailleurs, il ne convient pas non plus pour lesopérations d’enseinble ni de longue portée. Pour celles-lá on fait usage des niveaux á lunette qui permettent de viser jusqu’á 120 metres. Les mires sont les auxlliaires du niveau. Ce sont des regles graduées, destinées á élre placées verticaleinent aux points dont on veut déterininer les cotes. La mire la plus simple se compose d’une régle en bois, graduée en cenlimétres, d’une liauteur de 2 metres. Le long de cette régle peut glisser et s’arréter a l’aide d’une vis de pression ou d’un ressort, une plaque rectangulaire en tole appelée voyant. La lace de ce voyant, tournée vers l’opérateur, est partagée en quatre rectangles égaux. Deux d’entre eux, opposós par le sommet, sont blancs ; les deux antros sont noirs ou rouges. L ’horizontale séparant les rectangles de teinte dillérente se nonime ligue de l'oi. Le voyant porte, en ai'riére, un petit vernier dont le zéro correspond á la ligue de foi et á raideduquel on peut évaluer les millimétres. La mire composée permet d’évaluer des hauteurs supérieures k 2 metres. Elle est formóe de deux partios glissant á coulisse Pune sur l’autro. On les fixe a Paide d’une vis de pression. On peut ainsi atteindre environ 3“ ,90 de liauteur. Les mires sont conliées a des aides appelés porte-miro. Ce sont eux qui doivent faire la lecture sur los appareils que nous vonons de décrire. On construit dos mires-par­ lantes, á divisions tres apparenles, que Popérateur peut liro lui-méme. Le niveau assuro Pliorizontalité parlaito do ia visee.


436

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

Celle-ci renconLre la mire en un point dont la graduation permet d’évaluer la hauleur, au-déssus du poinl, sur lequel cette mire est posée. Le nivellement est simple ou composé : simple lorsque Ton opere íi partir d'une seute et méme sLation pour obtenir la dilférence de niveau entre deux ou plnsieurs points; composé lorsqu’il faut s'établir á plnsieurs stations. La possibilité d’obtonir par un nivellement simple la diOérence de niveau entre deux points dépend de la disp, lance qui separe res points dans le sens horizontal et dans le sens ver­ tical, ainsi que du gen re de niveau et de mire que l’on emploie. Fig. 81. — Nivellement simple. Dans le cas du nivellement simple, pour avoir la diirórence de niveau entre A et B (fig. 81) on place le niveau en C, entre A el B, á peu pres á la móme distance de chacun de ces points, mais pas nécessairement sur la droite qu’ils déterminent, et on lit sur la mire les hauteurs AA' etBB' dont la diílérence fait connaitre le resulta! cherché. Si l’opération se fait en allant de A vers B, la visée sur A est le coiip arriére, celle sur B le coup uvant. Les hauteurs AA' etBB'porlentles mémes dénominations de coup arriére et de coup avant. Si lá diíTérence entre le coup arriére et le coup avant est positivo, le point B est plus élevé que le point A; si elle est négative c’est le point A qui est le plus élevé. Connaissant l’altitude du point A, on obtient celle de B en y ajoutant avec son signe, positif ou négatif, la diíTérence de niveau. Du point C, en faisant pivoter Tinstrument, on peut


EXÉCÜTION DU DRAINAGE.

437

mesurer les dilTérences de hauLeur de tous les points visibles siLués autour de la staüon G. , Aupointdevue delaprécision,ilyatoujoursavantagea

Fig; 82. — Nivellement composé. — A, B, C, D, projeclions verticales; A|, Bj, C,| Dj, projeclions horizontales des points vises.

s’établiravec le nlveau á peu pres également entre A el B. Le nivellement composé est une suite de nivellements simples (lig. 82), eílectués successivement entre A et B, B et C, C et D, soit en trois stations.


438

BÉFENSE CONTKE LES EAUX.

L'inspeclion de la figure monlre fadlemenl que la dilTérence de niveau entre les poinls A el D, est égale á la diílerence entre lasommedescoupsarriére donnés sur les points A, P>, C, el la somme des coups avant dirigés

F¡g. 83. — Nivellenienl par rayonnement.

sur les points B, G el D. Si cctte dillerenee est posltive, le poinl D est plus élevéquelepointA; si elle est négative, c’est le point A qui est au contraire le plus élevé. Si Fon connait Fallitude du point

A, on en déduira celle du point D en ajoulant á Falli­ tude connue la différence de niveau avec son signe. Quand on veut délerminer les altitudes de plusieurs poinls situés d’une maniere indépendanle sur le terrain, on peulprocéder soitparraj/onaemen'íjSoitparc/iemiaemeaí. La méthode par rayonnement est tres rapide; mais elle ne présente pas de vérification. Toutefois son exactitude est sufíisante pour les besoins de Fagriculteur. Ce n’est autre chose qu’un nivellement simple elTectué d’une station sur tous les points dont on cherche la hauteur et que Fon peut viser. Soit M la station (flg. 83), on commence par taire porter la visée sur le point P dont on connait la hauteur P,, soit parce qu’il constitue un repére, soit parce qu’il représente le dernier point dont on ait déterminé Faltitude. Soit P' la hauteur lúe sur la mire. Celle de la ligne de visée, N, en M est égale á p, -j-P' = N.

On fait ensuite porter la mire sur tous les points que Fon peut viser de la station ¡VI et dont on veut connaitre les hauleurs.


EXÉCUTION D[] DRAINAGE.

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SoienL A,, Bi, C,, et D¡, les altitudes ou hauteurs des points A, B, C et D, A', B', C' et D', les résultats des leclures faites siu- la mire en chacun de ces points aprés les coups de niveau. ün a évidemment: A i = N — A';

B i = N — B’ ;

G i = N — C';

D j = N — D'.

On porte les données et les résultats des opérations sur un carnet disposé comme il suit :

POINTS.

HAUTEURS du Yoyant.

COTES des points de repére.

COTES d e i points niveles.

OBSERV.ATIONS.

Dans la méthode par cheininement on se transporte successivement entre chacun des pointS|Ai, Bj, C,, D, (fig. 82), efl'ectuant ainsi un nivellement composé; comme vériíicalion onpeut revenir au point de départen passant par un point E, ou plusieurs arbitrairement choisis. L ’exactitude de l'opération se vériíie par la fermeture du cheininement. 11 y a toujours un écart, mais il ne doit pas dépasser certaines limites qui varient avec la nature des instruments employés, les précautions prises, le nombre des stations, etc.

Les résultats des observations s’inscrivent sur un calepin disposé comme il suit : Il

AUT Eu n du Aoyant.

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DIFKKUENCES d e niveau.

COTES OBSERVATIONS.

Coup

Coiij)

arriúre.

avaiit.

des points. PosiÜTes.

i\égalÍTes


440

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

D é te rm in a tio n des h o riz o n ta le s du te r r a in .

Nous avons dit que les horizontales qui reprósentent les intersections du terrain par des plans liorizontaux équidistants caractérisent la forme du terrain et permettent de tracer les ligues de plus grande pente. Pour dresser un plan de drainage, et méme pour s’orienter directement sur le terrain, il est indispensable de Iracer ces horizontales. On y arrive facilement lorsqu’on connait les quelques principes de nivellement que nous venons de rappeler. Les horizon tales son t ver ticalemen t espacées les unes des autres de 1 métre, 0™,B0 ou 0™,2b, suivant que le terrain est plus ou moins incliné; de la sorte leur distance en plan n’excéde pas 20 a 30 métres. La détermination des horizontales peut se faire sui­ vant trois procédés. Le premier, que Ton peut désigner sous le nom de rnétkode direcle, consiste a chercher sur le teri-ain tous les points qui marquen! les inflexions notables des courbes de niveau, procede précis mais qui nécessite souvent beaucoup de temps pour le levé elle report sur le dessin. La seconde méthode peut s’appeler méthode des carros ou par interpolatim. Elle consiste a diviser le terrain a l’aide deparalléles convenablement espacées, de 10 métres,' par exemple, en un certain nombre de carrés. On détermine les cotes des sommets de ces carrés. Et gráce á ces cotes, un calcul de proportion indique les points de passage des horizontales surtes difl'érentes paralléles. Cette méthode est généralement plus expéditive que la précédente, mais le terrain peut présenter á l’intérieur des carrés des ondulations ((ui échappent a la définition donnée par les courbes. Eníin la troisiéme méthode, dite móthode des profils, permet de teñir compte des accidents du terrain, íout


EXÉCUTION DU DR.UNAGE.

441

en élant plus rapide, gi'áce á Temploi des tracés graphiques. Méthode du Tracé direct des horizontales sur le terrain. — La voici simpliíiée, Lelle qu’elle esl indiquée par Hervé-Mangon dans ses Instnictions pratiques sur le drainage. dnionnage. — On fait tracer sur le lerrain de forme quelconque, ABGDEF (íig. 84) avec des jalons et dans une direcüon arbitraire, mais qu’il convient de choisir suivant la pente genérale du sol, une série de paralléles équidislantes 1, 1; 2, 2 ; 3, 3, etc. Ges ligues peuvent étre espacées de 30 métres les unes des autres dans un terrain tres régulier; on les rapprocherait beaucoup 0 L — plus dans un terrain tres ^ accidenté. Le place ment de ces jalons est on ne peut plus facile ; on trace au hasard Tune des lignes, 4, 4, par e.xemple; puis avec une équerre d’arpenteur, on fait placer perpendiculaireinent á sa direction, et á une distance quelconque, les Fig. 84. — Levé el tiivellemenL d ’ u n te iT iiin . jalons p, p ...; p , p , qui déterniinent deux lignes sur chacune desquelles on mesure avec la cbaine des longueurs égales entre ellos et a l’espacement ([ue Ton veut mettre entre les paralléles. A chacun des pointsíi, b,c,d...;a', b’,c\d'...; déterminés parceschainages, on met un jalón ; ces jalons appartiennent, deux á deux, aux lignes cherchées 1, a, a', 1; 2, 6, b', 2; 3, c, c', 3...; 3, e, e', o, et ainsi de suite, et permettcnt de les) compléter rapidement jen servani, de guidc, au


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

besoin, pour le placement de quelques aulres jalons. Ce premier travail est si simple qu’il siiffil d’opérer une fois devanl des enfants de seize á dix-huit ans ou devant les ouvriers les moins inlelligenls pour qu’ils s’en acquiUent ensuite parlaitemenl bien. Nivcllomonl. — Lorsque les lignes de jalons sont ainsi disposées, le niveleur, muni d’un niveau d’eau ou mieu.x d'un niveau á bulle el á lunette, se place dans un point tel qudl puisse embrasser le plus grand espace possible d’une seule visee ; puis, il fait placer son portemire en un point n de la ligne 1, 1 par exemple, rattaclié au point tixé pris pour repére de nivellementetplacé dans la parlie la plus haute de cette ligne. Le porte-mire, aprés avoir tres solidement íixé le voyant de la mire, place en ce point un jalón facile a distinguer des aulres |)ar la couleur du papier placé á sa tete ou par tout autre signe ; ils se transporte alors sur la ligne 2, 2 et monte ou descend sur cette ligne, suivant les indications de Topérateur, jusqu’á ce que le voyant de la mire se trouve de nouveau dans la ligne de visée du niveau, qui n’a pas dú étre déplacé (1). Le point n de la ligne 2, 2, ainsi determiné, est, évidemment, á la méme hauteur que le premier point n de la ligne 1,1. Le porte-mire y place un jalón semblable á celui qu’il a mis á ce dernier point, puis il se transporte sur la ligne 3, 3, toujours sans clianger le voyant, et (1) Dans ces conditíons, la cote du point n est ie plus souvent qíielconque et nous croyons qu’il est préféraMe de dclerminer ce point de lelle sorte que sa hauleur soit une cote i’onde múltiple de l’équidistance adoptée. A cet eílet. ropéraleiif, aprós avoir établi la hauteur N du plan de visée. commedans le nivellenient par rayonnement fait placer le voyant de la mire a la hauleur (N—M), M représentant un múltiple de 1’équidislance moindre que N elle portemire, sur chaqué ligne 1, 2, 3, ... déplace la mire comme I’indique HervéMangon. Par exemple, si le plan de visée est u to,87, il en retranche lo,50 múltiple de i’équidislance 0,50 et fait jílacer le voyant a 15,87 — 15,50 = 0,37. Quaiid la ligne de foi sera dans le plan de visée, le pied de la míre donnera un point/i a 15,50. Si aucun jiointdu terrain n’alteint cette allilude, on mon­ tera le voyant 0,50 plus haut, c’est-iVdire á 0,87 el le pied de la mire donnera un point n plus has que le précédent á 15,00. [lYote des auíeu?'s.)


EXÉCUTION Dü DRAINAGE.

443

détermine sur ceUe ligue un nouveau point situé au méme niveau que les deux premiers; il continué de la méme maniere pour les autres lignes. Tous ces points n ' se trouventá uno méme hauteur, que nous supposerons, pour íixer les idées, á la mét"es, par exemple, au-dessus du plan pris pour terme de comparaison. Lorsqivil a été ainsi déterminé un point n sur toutes les lignes d’opération, on éléve (puisqu’on a supposé que Ton avait com meneé par le haut de la piéce) le voyant de la mire de Tintervalle que l’on veut mettre entre les plans horizontaux d'opération, soit de 0™,S0, et Ton détermine, toujours sans changer le niveau de place, une nouvelle serie de points ?i'placésdans un plan inlérieur de0™,50au plan des points n, c’est-á-dire á 13,00 — 0,30 ou 14™,30 au-dessus du plan de comparaison. Puis, on éléve de nouveau le voyant de la mire de 0“ ,30, et Ton détermine une nouvelle série de points n ', qui se trouve á la cote 13 mélres— 0“ ,3 — 0“ ,3 = 1 4 métres au-dessus du plan de comparaison, et ainsi de suite. En joignant par la pensée les points n, n ; n , n' ; n", n' par des lignes Iracées á la surface du sol, 11 est clair que ces lignes représentent rintersection du terraiii par des plans horizontaux équidistants. Ces lignes sont ce que Ton appelle les horizontales du terrain. Pour simplilier rexplicalion, on a supposé que Pon pouvait d’uneseule station du niveau apercevoir et déterminer tous les points n, n; n', n' ; n", n", etc.; c’est, en ellet, dans la pratique, le cas le plus ordinaire. Les terrains en culture sont généralement peu accidentes et complétement découverls, el Pon peut presque toujours, avec un niveau á bulle et á lunette, niveler d’une seule station une piéce de 3 ou 6 hectares.

Le déplacement du niveau, s’il était nécessaire, ne serait pas, du reste, une dil'íicultó pour les personnes qui se sont rendu compte des opérations de nivellement. 11 est clair que s'il fallait déplacer le niveau, soit pour pas-


44i

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

ser d’un point d’une courbe horizonLale aun aulre point de la méme courbe, soit pour passer d’une série de points de niveau á la série suivante, inférieure ou supérieure, il sufíirait de faire rester le porte-mire au dernier point déterminé, de déplacer le niveau, de ramener le voyant dans la nouvelle ligne de visee, de le fixer solidement dans sa nouvelle position, et de continueraopérer comme on l’aurait fait sans le déplacement de rinstruinent et sans celui du voyant. Levé. — Quand on a jdacé, en procédant comme on vient de l’indiquer, les series de jalons n, ) i ; rí,n ; n ', n", il ne reste plus, pour rapporter á la fois le plan et le nivellement sur le papier, qu’á chalner sur la ligne 1,1 les dislances 1 n, n n', n', n", n" n", rí" n '" , n"" 1 ; sur la ligne 2, 2, les distances 2 n, ?/"' 3, et ainsi de suite. On inscrit toutes ces distances sur une feuille de papier réglée d’avance, pour représente!’ la position des ligues d’opération, ou méme sur une feuille de papier quadrillée, pour que le plan se trouve immédiatement á Féchelle, et Fon a évidemment toutes les données nécessaires pourdéterminer á la fois les points principaux du périmétre de la piéce et le tracé des horizontales du terrain. 11 sufíit, en eífet, de repórter au burean, sur le papier, les distances mesurées, et de joindre les points ainsi obtenus par des lignes. Méthodedes carrés pour le tracé des horizontales.. — On choisit, comme base d’opération, le bord le plus droit etle plus long du champ, soit AN (lig. 8b); on divise .cette ligne en segments de 10, 20 ou 30 métres, et en chacun des points de división on éléve des perpendiculaires a AN á Faide de Féquerre d’arpenteur. On porte aussi, á la suite les unes des autres, des longueurs égales a 10, 20 ou 30 métres sur les deux perpendiculaires AN NN' élevées aux extrémitésde AN. Et Fon joint entre eux ces nouvcaux points de división. La surface de terrain est ainsi divisée en un réseau do carrés égaux. On marque


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

445

de piquéis en bois les sommets de tous ces carrés, puis on délermine leur hauteur ou alülude el on transcril les coles, déduiles du cacnel de nivelleinent, sur le plan aupres de chaqué point. Supposons que les paralléles AA,., BB., AN, A, Nj, ele., soientespacées de 20 mélres, que les coles des points A,B 4.

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Fig. 8o. — Tracé des horizontales d’un terrain, jiar la niélhode des carrés. — A, B, C, D, E, F, N. — A, B, C, etc., sommets des carrés; X, b, c, a^, ao. d, fí, « 3, f, n, p, tracé d’une liorizontale.

el B, soienl respeclivemenl de 10 medres, 10“>,149 el 9“ ,904, el eníin que nous voulions d’ahord Iracer Thorizonlale colee 10 mélres. Nous délerminerons ses poinls de passage sur cliacune des paralléles A, A..,, BBi, A, N, A.Na- La ligue courbe qui réunira ces poinls sera Thorizonlale cherchée. Délerminons d’abord son interseclion avec les ligues AA..,, BBj. Elle passera d’abord par le poinl A, puisqu’il esl a la colé de 10 mélres. Puis elle pas­ sera súremenl en un poinl h silué enlre B el B,, puisque la cote do B esl supérieure a 10 mélres el colle de Bj moindre.


446

DEFENSE CONTRE LES EAUX.

Ce point b sera plac.é á une distance B6 de B, qui sera dormée par la proporlion. BB| _ coto B — cote B[ B6 ' cote B — cote b 20 ™ "b¿

10m,i49_9m,904 lO n ',1 4 9 — 10

B i = 1 2 ™ ,IC .

Ün procederá de méme pour déterminer chacun des autrespoints de passage c, a¡, a¡, d, etc. Et il sera facile, en suivant la méme méthode, de tracer successivement les horizontales, distancées verticalement de 0“ ,25, 0“ ,ti0 ou de 1 inétre, en partan! des points cotés sur les paralleles : 9“ ,7ü, 9™,50 ou 9 métres. Méthode des p ro íils pour le tracé des horizon­ tales. — Rappelons d'abord que Ton appelle }irofil d’un terrain la ligure géoinétrique qui représente la section de la surface de ce terrain par un plan vertical mené suivant une ligne donnée, tracée sur le sol. Pour léver un proíil, 011 place d’abord, sur la ligne, ordinairement droite ou brisée, qui le determine, des piquets á tous les changements de pente du sol, on cherche la hauteur de ces points par le nivellement et leurs distances horizontales par le chainage. Pour rapporter le proíil, on trace sa projection horizontale sur le plan, avec tous ses points et leurs cotes, inscrites á cóté, puis, en marge du plan, onconstruit sa projection verticale en développant, sur une droite, la pi'ojection horizontale avec tous les points cotés ; en chacun de ces points on eléve ii la droite des perpendiculaires respectivement ógales au.x cotes inscrites et Fon joint leurs exti’émités par une ligne con­ tinué, qui est la projection verticale du profil. G’est ainsi qu’on a procede pour les proíils de la ligure 80, par exemple pour le proíil 6c, projeté verticalement en B, 1, C. Pour niieux accentuer les pentes, Féchelle des hauteurs


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

447

des pi'ofils est ordinairemenl lieaiicoiip plus grande que celle des bases. L’applicalion de la mélliode des profils est résumée dans la figure 86, sur laquelle on n'a indiqué que quel-

ques profils caractéristiques pour éviler la confusión. Soit glih fun de ces profils, projelé verücalement en GKII; pour détei'inincr des poinls de combes de niveau á l’aide de ce profil, on méne des parallídes á 18, 20, 22, 24 métres du plan de com]iaraison, á l’échelle adoptée; rintersecfion de ces droiles avec le prolil donne les points 18 ii 24, que fon raméne par des perpendiculaires


448

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

sur g kh et qui clonnent les points des courbes h ces cotes 18, 20,... D’aulres proüls, convenablement clioisis, détermineront, par le méme procede, d’aulres poiiils a cotes i'ondes ; c’est ainsi que sur le proíil a f on a les points 14, 16,18; sur be, on trouve un point de la courbe 28. II convient de remarquer que, par celte méthode grapliique, on n’obtient des points suftisamment e.xacts que si les profds sont notablement inclinés sur les hori­ zontales, autrement les ¡ntersections avec celles-ci sont trop incertaines et le passage précis des courbes sur les profils ne se déduira ([ue d’un calcul de jiropoidion, comme dans la méthode des carros. En general, la direction des proíils doit étre perpendiculaire aux courbes; ainsi, dans la partie du terrain comprise á droite de gh, ils seront paralléles á gh, tandis qu’ils lui seraient perpendiculaires pour la partie de gauche; ces derniers se projettent suivant les leltres accentuées. Pour un profll isolé comme de, il est inutile de tracer des paralléles au plan de comparaison, telles que 16, 18,20... Enfm la question intéressante de d éterm in er u n p ro fil su iv a n t une d roite donnée ei est résolue par la ligue ET' que Pon obtient en projetant toutes les sections 16, 18, 20,... des courbes sur une paralléle a e i et en donnant aux ordonnées des liauteurs proportionnelles á ces cotes. 11 y aurait encore d’autres queslions á tráiler a propos des courbes et des profils, mais nous sortirions de notre cadre. T r a c é s

d e s

lig n e s

d e

p lu s

g r a n d e

p e n t e

e t

d e s

— La figure 84 montre ennn., n 'n '.., n " n " ..., une suite d’liorizontales dont les plans sont équidistants. En pratique, celte équidisLance des plans, qu’on appelle équidista n ce des uow bes, est d'autant plus grande que le terrain est plus incliné; elle sera, par exemple, de 1 métre, 0“ ,80, 0™,2'í. Plus les courlies de niveau sont rajiprocliées, sur le t h a l w e g s .


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

449

plan, plusforle est la pente du sol, et inversement. Leur convexité, tournée vers l’aval, indique une forme saillanle, bombee, sur laquelle la reunión des points les plus eleves donne une liijne de faite ou de partage des eaux ; tournée vers l’amonL, elle indique une forme creuse dont les points l)as déterminent une ligne de réunion des eaux ou thalweg. Le pj'ofil a/', sur la figure 86, est tracé á peu prés dans un thalweg. Quand on va perpendiculairement d’une courbe de niveau á une autre, on determine une ligne de plus grande pente : c’est le chemin que suivrait une goutte d’eau, descendant librement; le proíil ik suit k peu prés une ligne de plus grande pente (íig. 86). C o n s e r v a t io n

d e s

p o in t s

d u

l e v é

e t

d u

p r o j e t

Comme on l’a vu par ce qui pre­ cede, le levé du plan et des courbes nécessite le clioix de beaucoup de points ; or il y a grand intérét a conserver, par de solides piquéis, sinon lous ces points, du moins les principaux, pour faciliter ultérieurement l’application, sur place, du projet á étudier au cabinet. De méme, aprés racliévement des travaux, nous conseillons de consolider mieux encore plusieurs de ces points, convenablement choisis, et de les marquer spécialement sui- le plan. On aura ainsi, en cas de recherches a faire plus tard, des repéres qui permettront de reti'ouver facilement les détails souteri'ains. s u r

le

t e r r a i n .

P r o j e t

e t

é t a b lis s e m e n t

d u

p la n

d e

d r a in a g e .

Lorsqu’il ne s’agit que d'une petite étendue de terrain, de pente convenable, ragriculteur qui exécute lui-méme le drainage peut á la rigueur se passer d’un plan, surtout s’il a quelque pratique de Topération. Cependant il est loujours próférable d’avoir un plan du drainage, méme dans ce cas. Le plan devient un document que les propriétairesdoiventconserveravecsoin pour y retrouverplus tard la place cxacte des drains afín de pouvoir remédier facilement á une obstruction. Lorsqu’il s’agit d’une sur-


4o0

BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

face importante le plan est indispensable. C’est liii qui perraet d’étudier le Projet de drainage, de donner la meilleure position aux drains et aux collecteurs, d'en ménager le nombre, de retrouver l'acilement, lorsqu’il le faut, la position des uns et des autres. Suivant l’étendue des terrains on peut établir le plan a Péchelle d e ¿ ,

¿

ou méme plus. La feuille

cadastrale, que l’on trouve á la mairie, aide beaucoup dans tous les cas á l’établissement du plan de la propriété avec sespoints les plus remarquables. Les échelles adoptées pour l'ancien cadastre sont .-4 ^7: el

Lne fois

les contours tracés, les sources, les cours d’eau, les fossés, etc., exactement reportes sur te plan, on y marque les cotes des piquets íixés aux sommets des carrés (méthode des carrés) ou aux points qui ont servi á déterminer les prolils (méthode des prolils), puis on trace les horizontales. Ce plan servirá á étudier la meilleure disposition á donner aux drains et aux collecteurs puis a les Iracer. Rappelons qu’un systéme de drainage comprend les collecteurs et les drains qui aboutissent a un point du canal de décharge. Chaqué systéme comprend une surlace de pente á peu prés .réguliére et d’oü les eaux peuventétre l'acilement évacuées vers un canal de décharge. C’est au draineur de savoir les déterminer sur son plan. Lne surface de quelque étendue peut naturellement comprendre un ou plusieurs systémes. Du bon emplacement des drains et des collecteurs, de son appropriation a la topographie du sol, de la détermination des pentes et des diámetros des collecteurs, du choix des bouches d’évacuation des eaux dépend la bonne cxécution du drainage. Ce que nousavons dit précédeininent áce sujet et l’examen attentif du plan permettront á l’ingénieur draineur de faire un bon projet et d’établir lo devis des dépenses.


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

431

Danstous les cas, ringénieur draineur devra examiner avecbeaucoup de soin en quel poinl s’eíTectuera le déversement des eaux. Le point devra étre choisi de lelle sorle que Ton puisse faire écouler l’eau de la plus grande surface de terrain possíble, avec le plus de pente possible et par le chemin le plus courL C’est naturellement le point le plus bas de la propriété á drainer. Le bon écoulement des eaux nécessite d’ailleurs parfois que Fon traverse des propriétés voisines. Les drains s’arréteront loujours á une distance raisonnable des haies, des chemins, des arbres qui bordent la propriété et des collecteurs voisins. Les collecteurs doivent étre établis á une dizaine de rnétres au moins des arbres et des haies vives. 11 est méine prudent de les reculer davantage et d’assainir ces parties á l’aide de quelques drains secondaires qui rejoignent le collecteur. En régle genérale, on n’élablira jamais un drain dans la direction longitudinale d’un fossé ácielouvert, au-dessous du lit de ce fossé en supposant que Fon ait été obligé de conserver ce fossé. Un drain établi dans ces conditions serait bien vite obstrué. Les plans de drainage des diverses parcelles sont dressés en double expédition dont un calque sur toile trans­ parente qui est remis au surveillant des travaux. On reportera avec soin sur le plan, en marquant leur cote, les emplacements des points oñ ontétépratiqués des sondages d’essais. Unelégende indiquera soitsurle plan, soit sur une annexo, les résultats que ces sondages ont donnés. On peut adopter les convenlions qui suivent pour le tracé du plan de drainage. Les cotes des points qui ont serví au nivellement du terrain^sont marquées en noir ainsi que celles des points oii ont eu lien des sondages d’essai. Ces derniers portent des numéros d’ordre.


452

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

Les horizontales sont marquées aussi á Tenere noire, palé, avec leurs cotes. Les clrains sont représentés par des ligues fines bienes. Chacun d’eux porte un numéro d’ordre également á l’encre bleue. On indique avec des chilfros de méme couleur leur espacement et leur profondeur chaqué fois qu’elle descend au-dessous de celle qui est adoptée pour la généralité des drains (1“ ,20). Les collecteurs sont représentés par des lignes égale­ ment bienes mais plus ópaisses. Leur diamétre est exprimé en centimétres en bleu, leur pente a l’encre rouge en 0/0. La direction des pentes est indiquée par des fleches. Lorsque deux collecteurs se réunissent, on indique á l’encre rouge la profondeur du lit du principal. Chacun des collecteurs d’un méme systéme rc(;oit uno lettre arabe minúsculo qui sert a les nommer. Les bassins sont séparós les uns des aulrcs par les lignes de partage des eaux de la surface a drainer. On indiqueces séparations par des lignes poncluées a i’encre rouge. Et chaqué bassin est désigné par un chili're romain. Les points oü les collecteurs changent de pente sont indiques par un fort trait rouge, ceux oü ils changent de diamétre par une croix bleue. Les canaux de décharge sont indiqués en bleu. Dans le canal de décharge, les bouches sont marquées d’un trait rouge. 11 est bon d’indiquer la cote de chaqué bouche, sa section et le niveau moyen de l’eau dans l’émissaire. Les regards sont représentés par de petits carrés a l’encre rouge. Comme annexes au plan, il est indispensable d’établir es proflls du terraln suivant les lignes que suivront les principaux collecteurs. C’est gi'áce á eux qu'on pourra étudier les changements de pente. Dans ces profils en long on indiquera en noir : les bases horizontales, les verticales et la ligne indiquant la surface du terrain, les



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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

numéi’os des points piquetes et les cotes de ces points par rapport á la base : en rouge, les cliiH'res qui indiquent les hauteurs du fossé au-dessus de la base horizontale, la prol'ondeur de ce l'ossó et les pentes au 0/0. Les cotes, autant quepossible, se rapporteront au niveau de la mer. Enfin il faut joindre au projet de drainage les tableaux qui donnent: A. Les longueurs et les écartements des files de drains ;

B. Les diamtdres, les longueurs et les profondeurs des collecteurs; C. Les longueurs des collecteurs; D. Le nombre et le poids de tous les drains et collec­ teurs employés. Entre autres Services, ces labloaux permettront d’aclieter e.vactement les tuyaux qui seront nécessaires et d’évaluer la dépense á faire de ce chef. II est Impossible de reproduire toutes les dispositions des collecteurs et des drains que peuvent exiger les diirérents terrains. C’est la une question d’étude du


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

4b5>

plan, de praüque el d’habileté de la parí du draineur. La reproduction, annexée á ce volume, d’un assez grand nombre de bons plans de drainage, pourrait iilileinent servir de guíele au lecteur. Malheureu-

sement, le formal de l’ouvrage el le peu de place dont nous disposons ne nous permet pas d’acconipagner nolro texte de ces exemples. Nous sommes obligés de nous borner á ne donner que les reproduclions cicontre (íig. 88 el 89) el les deux graphiques (íig. 90 eU91)


456

DÉFENSE CONTRE LES EA.UX.

qui représentenl la solulion de quelques cas parüculiers.

Epoque de l'année convenable á l'exécution da

drainage. — L’été ni l’hiver ne sont des saisons conve­ nables a l’exécution du drainage. En été, le sol est trop duc, trop sec. Enhiver, il esL trop


■ EXECUTION Dü DRAINAGE.

4S7

humicle. En outre, les alternalives de gel et de dégel nuisenl á la construcüon des l'ossés et la neige, en recouvrant les travaux, esL tres incommode. Cependanl, lorsqu’il s’agit d’une terre l'onnée de sable Irés fin, tres imprégne d’eau, c’est pendant la saison séche qu’il faut creiiser les trancbées. En général, c’est au printemps ou á raulomne quon exócutera ces travaux. 11 convienl aussi, nalurellement, d’avoir égard aux récoltes ou aux l'agons culturales. Et sous ce rapport, dans la plupart de nos régions, c’esL la période de lemps qui s’écoule de la mi-aoút á octobre qui est la plus convenable. Piquetage sur le terrain du réseau du drainage. — Lorsque le plan et le projet de drainage sont aclievés, on passe a leur exécuLion sur le terrain. Ce travail est tres simple en lui-méme. Mais il exige beaucoup de soins et des ouvriers tres exercés. Son succés dópend aussi en grande partie des contre-maltres et du surveillant des travaux. Aussi faut-il reconnalLre que l’agriculteur ne peut guére drainer lui-méme que de faibles surfaces. Pour de grandes élendues, il doit s’adresser aux spécialisles. Le plan de drainage étant arrété, le surveillant des travaux en re^oit un calque. La premiére opération qu’il doit taire, avant méme l’arrivée des ouvriers, c'est le jalonnage, piiis le piquetage du réseau du drainage sur le terrain. 11 commence par indiquer le tracé des collecteurs et des drains par des jalons qu’il plante sur l’axe des uns et des autres, a leurs extrémités, et aux points oü ils changent de direction. 11 en dispose quelques autres dans les intervalles laissés par les premiers de maniere á bien ligurer les traces (1). C’est le jalonnage des travaux. (1) On relrouve facilement sur le sol l’emplacement des collecleurs el des drains en s’aidant de la chaine d'nrpenleur. Le plan de drainage indique en eíTel leurs dislances á des poinls fixes, tels que arbres, clótures, etc., et qu’on relrouve sur le sol. R

is l e r

etWEUY. — Irrig a tio n s e t drainages.

26


458

DEFENSE CONTRE LES EAUX.

Les jalons pourraienL etrc facilement cléplacés ou emporlés par le ven!, lis sont remplacés rapidement par des piquéis de hois. Ces piquéis ont une longueur de 0™,50, on les enfonce dans le sol á coups de maillet. lis consliluent des poinlsíixes, invariables, qui serviront de guides pour creuser les Iranchées. lis sont ent'oncés a 0“ ,50 environ de l’axe des fossés, de maniere a ne pas géner les ouvriers et places tous du cOté oü l'on rejettera le moins de Ierre. On en place aux extrémités des drains et des collecLours, d’autres dans leur intervalle de maniere qu’ils soient espacés de 30 metres les uns des autres; on en place aussi a tous les changements de direction et depente et en chaqué point oü la prolbndeur du drain s’écarte de la profondeur nórmale, lis sont enfoncés dans le sol de maniere qu’ils permeltront de vériher plus tard si le í'ossé a bien la prolbndeur voulue sur toute son étendue. A cet eíl'et, leur téte doit dépasser le sol d’une longueur telle qu’en chacun des points qu’ils occupent, elle soit a une hauteur constante au-dessus du point de la tranchée, hauteur égale a la prolbndeur de la tranchée en chaqué point augmentée de 0“ ,10 á 0“ ,40. Pour y atteindi’e on commenee par rattacher les pieds de ces piquets au nivellement généraí de maniere a connaitre leur.j cotes par rapport au plan de comparaison. On sait ainsi que le drain a, b, qui doit éti'e établi en A á une profondeur de i métre, par exemple, au-dessous de la surface du sol, ne devra plus étre au point D qu’á la prolbndeur de 0™,80 pour avoir la pente voulue. Si done la téte du piquet a ne dépasse en A la surface du sol que de 0“ ,25, elle devi'a la dépasser en D de 0“ ,4S pour étre toujours á 1“ ,23 au-dessus du fond du fossé (lig. 102, page 468). INous verrons plus loin comment on peut aligner d’autres piquets, espacés de 10 á 12 méti'cs, surjles premiers et y taire avec un couteau des encoches ou mar(|ues qui soient toutes á la méme hauteur du Ibndde la tranchée. En joignant eos encoches


EXÉCUTION Dü DRAINAGE.

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Fig. 92. — Oiivcrlure crune li’ancliéc de drainage (phol. de Ai. Plaiit, ¡ng’’ agronome).


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

par un cordeau a b on obtient une ligne qui esl paralléle au fond de la trancliée. Elle permet aisémenl, comme nous le verrons, de vériller si la pente de ceLte Iranchée est conslanle. Ouverture des tranchées. — Des apres le piquetage des tnwaux on peut s’occuper du Lransporl des tuyaux el de rouverlure des tranchées. Ces Iranchées ne dolvent naturellement donner lieu qu’au plus peüt mouvement de Ierre possible. Leur largeur au sommet, restreinle au mínimum, variéavec la profondeur qu’elles dolvent atteindre. Elles ont de 0“ ,06 á 0'“ ,07 aufond quand 11 s’agit de drains, et de 0™,10 a pour les collecteurs. La figure 93 donne le proíil d’une trancliée de 1“ ,20 de profondeur. Voici des chiíTres qui peuvent élre admis comme largeur au sommet des tranchées de di verses profondeurs ; P r o f o n d e u r ...................................

t “ ,2 0

1™ ,ÍÍ0

2 ™ ,00

L a r g e u r a u s o m m e t ...............

0 “ ,30

0 '“ ,a 0

0 “ ,0 o

Ces chilfres n'ont ríen d’absolu. lis doivent varier avec la nature du terrain. Les tranchées doivent étre plus larges dans des sois sablonneu.v qui s’éboulent facilement. Les ouvriers ont toujours une tendance a dépasser ces limites. 11 suflit cependant que la trancliée soit assez large pour qu’elle leur permelte d’y entrer et -d’y travailler á 0“ ,60 ou 0“ ,80 du fond. On a essayé de ne donner aux tranchées de drainage que0“",20 d’ouverlure el de taire tout le travail, creusage et pose des tuyaux, sans entrer dans ces tranchées. Mais il a fallu fabrique!’ pour cela des Instruments spéciaux : pelles étroitos, solidement emmanchées, plus longues que cellos qui sont employées ordinairement et munies d’une pédale. II fallait aussi des ouvriers tres vigoureux el tres hábiles. Dans le cantón de Berne, en Suisse, ces essais ont bien réussi pour certaines Ierres. M. Risler en a fait également dans ses terrains d'argilos glaciairos,


EXÉCUTION DU DHAINAGE.

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mais, comme ces terrains conteiiaient beaucoup de pierres qu’il était nécessaire d’extrairo et méme de blocs de grandes, etc., qu’il fallad contourner; comme la pose des tuyaux était tres difficile au fond d’une trancliée de 1™,20 dans laquelle on ne pouvad pas entrer, d a trouvé qu’en déíinitive ¡1 n’y avait pas plus d’économie avec une largeur de 0“ ,20 á l’ouverture qu’avec la largeur habituelle de 0“ ,30 k 0“ ,3b. Les ouvriers sont partagés en équipes de trois, quatro ou cinq hommes suivant Icur forcé, leur habiletó et la résislance du terrain. Supposons qu’il s’agisse de creuser une trancliée de 1“ ,20 de profondeur dans un terrain de consistance moyenne et que l’équipe soit de trois hommes. Le premier ouvrier tracera d’abord la direction et la largeur de la trancliée sur une longueur de 2b métres á l’aide de deux cordeaux qu'il placera a l’écartemen t voulu de part et d’autre de Laxe de la trancliée qui a étó marqué par des piquets comme nous l’avons précédemment dit. Puis á l’aide d’une forte Fig. 93. — ProlU Fig. 9.Í.. _ béche, ou d’une hache d’iiiie Iranchée de Béche de spéciale, il coupera le drainaj^e. drainage. gazon, s’ily alieu, suivant la direction de la trancliée. A partir de ce moment, les travaux s’exécuteront a l’aide d’outils spéciaux. II y en a une variété tres considérable mais, en somme, ils peuvent se réduirc aux quelques types que représentent nos 26.


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

figures. Nous les signalerons au fur et á mesure que nous décrirons la besogne de chacun des trois ouvriers.

Fig. 95. — Béche de dr<a¡nage ii“ 1.

Le premier, apres avoir tracé la direction et la largeur du fossé, donnera un premier fer de béche de 0“ ,30 a 0™,40 de prol'ondeur avec la béche n° 1 (fig. Qü). 11


EXECUTION DU DRAINAGE.

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poursuit ce tcavail sur une longueur de 5 á 6 melres seulernent. Apees l’avoir aclievé, il extrait soigneusement du fond la Ierre qui a pu s’y égrener ou y resLer el il regale avec soin les laces laterales.

Le second ouvrici- donue un second l'er de 0“ ,40 avec la Leche n“ 2 représenlée par la figure 96. Elle est plus longue (|ue la précédenle mais moins large. Le l'ossé approfondi, 11 en égalise le fond avec soin. Quand la


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DlÍFENSE CONTRE LES EAUX.

terre se casse, s’égrene, on emploie avec avanlage une drague píate (íig. 97). | LelroisiemeouvTieracliévo le fossé en creusanl les derniers 0“',40 avec une béche lelle que celle qui est repré­ senle par la figure 98. Elle est encore plus longue et plus étroite que les prece­ dentes. L ’ouvi'ier doit régulariser avec le plus grand soin le fond de la tranchée. A cet eíTet, 11 emploie une drague ou écope semblable á cello qui est représenlée par la figure 99. Cet instrument manié avecquelque habileté permet do donner au l'ond de la tranchée toute la régularité désirable. Lorsque le sol est tres dur, (ju'il résiste á la béche, on emploie un pie á pédale (flg. 100). Dans les terrains do mauvaise consistance, qui s’élioulent, il l'aut soutenir les talus avec de fortes planches de bois maintenues par des étrésillons (íig. 101). Inuüle de dire que ce boisage aug­ mente de beaucoup la dépense. Lorsque le terrain n’est pas trop mauvais, on peut l’éviler en se hatant de placer les tuyaux dans les l'ossés aprés qu’ils ont été ouverls.


EXÉCUTION DU DRA.1NAGE.

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Le partage de la besogne par une équipe de trois ouvriers est absolument arbitraire. Dans certains cas il faut employer quatre on cinq ouvriers, dans d’autres 4"

Fig. 99. — Drague de drainage.

deux sufíisent. Cela dépend, comme nous l’avons dit, de la résistance des terrains el de riiabileté des hommes. G’est un Lravail qu’il y a lout avantage a fairc exécuter á la lache des que les ouvriers y ont acquis quelque habileté.


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BÉFENSE CONTRE LES EAUX.

11 faut avoir granel soin de ne pas mélanger la conche de Ierre superíicielle, la couclie végétale, avec la ierre du fond. Le premier oüvrier qui s'attaque précisémenl á cetle Ierre la jettera toujours du méme cólé de la tranchée. Les autres oiivriers jelleront celle qu’ils extraient de Fautre cólé. De cette faQon, quand on comhlei-a les Ibssés, il serafacilc de remettre á la surface la Ierre végétale. La Ierre sera jelée á C“ ,30 en vi ron des crétes des fossés de maniere qu’elle ne gene pas les Iravailleurs qui circulenl. sur les bords des Iranchées, et qu’elle ne risque pas de contrihuer, par son poids, á Fécroulement des parois. Les gazons, s’il y en a, devront aussi étre mis de cólé avec soin. Les Lrancliées élant creusées, leiir fond et leurs parois soigneusement dressés, il l'auL vérifier si le fond du fossé a bien parlón 1 aussi la pente nécessaire.


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

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Réglement des pentes. — II est de la plus grande importance. Les drains reposen! sur le fond des fossés ; ils ont dónela móine penle que ceux-ci. Et si cette pente est irréguliére, le résuUat du drainage est absoluinent compromis. Voici un procédé pratique pour assurer la régularité de la pente: soit (fig. t02) M N la coupe de la surface du sol par un plan vertical, celui de la ligure. Supposons qu’en A, le l'ossé doive étre profond de 1 métre et que le calcul ait montré que 30 metres plus loin, en D, il ne doive plus avoir que 0“ ,80 de profondeur. Pour donner aux ouvriers cliargés de le creuser un repere, on tend solidement sur des piquéis a, b, c, d, espacés d’une dizaine de metres, un cer­ dean a d, leí qu’il soit rigoureu, i 01. — Trancliée étrésement paralléle au fond de la sillonnée. trancliée. Ce cordeau est done parlout également distant du fond de cette trancliée. 11 formera une ligne de repére, grace á laquelle l’ouvrier vérifiera facilement, comme nous le verrons, si le fossé est bien a la profondeur voulue sur toute sa longueur. Pour tendre ce cordeau, on enfonce d’abord deux piquéis aux points A et D, distants de 30 metres au plus. Les extrémilés supérieures, en tote, de cliacun de ces piquéis doivent étre également distantes du fond a d, de la trancliée. Si la premiére a saillit de 0“ ,2o du sol, la seconde d devra done saillir de 0“ ,4o puisqu’en Ale fossé est profond de 1 métre et qu'en D il n’a plus que 0“ ,80 de profondeur. Puis on fiche dans le sol deux autres piquéis, espacés


468

BEFENSE CONTRE LES EAUX.

d’une (lizaine de mélres. lis concourent a assurer la rigidilé du coi’deau. On marque d’une encoche sur ces piquéis les points 6 el c qui doivent étre sur la meme ligue que les tetes a et d des piquéis plantés aux deux points A et D du fossé, par conséquent á la meme hauteur au-dessus du fond de ce fossé. On determine la posilion de 6 et de c au moyen de 3 nivelettes telles que le modéle représenté parlaflg. 103 ;

Fig. 102. — Réglement des pcnles.

on les construit aisément soi-méme en prenant Irois lattes ou échalas de méme longueur, faisanl une fente á leur exlrémité supérieure et y introduisant une bande de cartón ou un bout de liteau en travers et á la méme hauteur sur les trois nivelettes. Le contremailre en place une sur a. Un des trois aides en place une deuxiéme sur d et un autre aide monte et descend la troisiéme nivelette le long du piquet 6, jusqu’á ce que le contremaitre lui fasse signe que sa base est en ligne droite avec a et d. 11 l'ait alors une encoche avec son couteau á cette place. 11 se transporte ensuite avec la nivelette au piquet planté en C. 11 détermine le pointc comme il vient de déterminer b et il entaille, comme le précédent, le piquet c. Des lors il devient tres facile, gráce aux piquéis 6 et c et de leurs encoches, de réunir les tetes a et d des piquéis extremes par un cordeau suffisammenl bien tendu.


EXÉCUTION DU DHAINAGE.

469

Pour i'égler en chaqué point la profondeur du fond de ia tranchée, on peut se servir du petit appareil de mesure représenté par la íig. 104. On dispose en croix et d’équerre, “ deujf baguettes de bois, liteau ou échalas, bien droites. ün les fixe solidement Tune á l’autre. La baguette la plus longue a une longueur égale á la distance verticale qui separe le cordeau a d (fig. 102) du Ibnd de la tranchée. Pour fixer en chaqué point la profon­ deur de cette tranchée, il suffit done d’appuyer sur le -040--

Fig. 104. - • Équerre pour le rcglement des penles.

Fig. 103. — JNivelelte.

cordeau (fig. 104) la pelite hranche de la croix, l’extrémité do la grande hranche indiquera si le fond de la tranchée a bien la profondeur voulue. Quelques personnes emploient le niveau de nia^on R1SI.ERetWEnv. —h'vigalionset drainages. 27


470

DÉFENSE CONTOE LES EAUX.


•EXÉCUTION DU B.RAlMAGE.

47 1

pour vériliei' les ])cnLes. A cet eflel, 'elles Je placenl suile fond du l'ossé et elles constatent si le íil á piomli laiL l)ien, avec la régle, l’angle qui corrospond á la pente. C(í procede ne donne pas uu résultat exact. Gelui qui consiste a examiner si de l’eau jeté dansle l'ossé seroule réguliéremenl. sans rencontrer d'oJjstacle, n’est, pas plus recommanclable.. Poser des drains. — La pose des. tuyaux esl aussi ‘ Tune des opéralions qui de­ manden! le plus de soins. La plupart des obstruclions onl leur origine dans une pose mal faite. On ne doit la coníier qu’a des ouvriers expérimentés. On les paie a la journée. Dés que le piquelage des travaux est achevé, on peut commencer a ajiporler les tuyaux su e.lerrain. lis sonl déposés dans les endroits les plus commodes et de la transportes le long des collecteurs et des drains a l’aide d'une civiére. Alors que l’ouverlure des fossés se i'ait en - i t ............... q i i - - - ■ parlan! du point le plus 106. — Broche bas, la pose des luyaux les drains. commence au point le plus elevé du terrain. De ceüe faqon c’est de l’eau claire qui coule dans les tuyaux. Au fur et a mesure que la poso avance, on balaie vers le bas la boue qui s'accumule


472

DEFENSE CONTRE LES EA.LX.

dans la trancliée. On coranience par les drains et oii íermine par les collecteurs. Pour parer á la dégradalion des trancliées des collecleurs qui resten! parfois assez longtemps ouverles, on peut y placer provisoireincnt les tuyaux. Plus tard on les replacera aprés avoir nettoyé le fond du fossé et contróle la pente. C’est une mauvaise pratique, sauf dans les sois tres coulants, que de placer sur les drains une conche de paille de seigle ou d’avoine. Autrefois les tuyaux s’emboltaient á leurs extrémités dans des manclions. On a renoncé á ces manclions, les tuyaux appuyés sur eux par leurs houts se cassaient quelquefois sous le poids de la terre. Aujourd’hui on ne se sert de manchons que dans les sois (jui peuvent s’aítaisser et donnerainsi lieu á des Solutions de continuité des lignes des drains, par exemple, dans les terrains tourbeux. Ün se contente de caler les drains, en leurs points de jonclion, avec quelques débrisde tuyaux. On recouvre leurs joints de tessons de terre cuite puis le tuyau entier d’une couchc de terre de 0“ ,lü d’épaisseur, mais jamais de paille ni de gravier. C’est l’ouvrier qui pose les tuyaux qui se cbarge de cette besogne; ello exige du soin. Les tuyaux doivent étre tres exaclement juxtaposés, pressés l’un contre l’aulre de maniere que l’espace qui les sépare soit aussi régulier etaussi étroitque possible. L’ouvrier poseur se sert de la broche, représen téo par lafig. 106, pour mettre les tuyaux dans lesti'anchées. 11 introduit la tige dans l'intérieur du tuyau. Puis se plaqant, soit d'un cóté du fossé, soit, s’il est assez étroit, á cheval sur le fossé, un piod á chaqué bord, il descerní le tuyau dans la trancliée. En imprimant á la broche une série de petites secousses, il parvient á donner au tuyau la meilleure position qui assure son assiette el son contad avec celui qui le précéde. Mais si le fond des trancliées est assez large pour que Pon puisse y passer les pieds l’un devant l’autre, il est préférable d’y entrer pour placer les tuyaux avec le plusgrand soin.


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

475

11 vaut mieux renoncer h l’emploi des tuyaux couvbes, tels que a a! (fig. 107), car, si la concavité ou la convexité ne reposen! pas sur le sol, il y a chance de rupture par le poids de la Ierre avec laquelle on rernplil le fossé el ensuite d’obstruction, et, si la concavité est placée autrement, les joints avec les autres tuyaux rectilignes sont

béants, comme en a 6 c et a b' c el béants surtout sur le coté de la ligne des drains, oü il est á pcu prés impossible de poser un obturateur quelconque. Ce qu'il y a de plus commode pour couvrir les joints qui sont trop béants, ce sont des morceaux de manchons ou de tuyaux d’un calibre supérieur; on les place au moyen d’une piéce en bois. Mais il faut toujours tourner les tuyaux de maniere que le point le plus béant soit en haut. Le premier drain posé, celui du haut, doit élre ,os. _ Racconlement de deux soigneusement fermé a drains. son extrémilé supérieure par un lampón d’argile, [)ar une pierre píate ou une tuile. Sans cela, la terre du haut pénétrerait dans les drains et aménerait bien vite des obstructions. Les collecleurs de20 cenlimétres dé diamélre et plus se placen l a la main. 11 faut accorder une altention particuliéreau raccordementdes drains avec les collecleurs. Autrelbis on intro-


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX-

(luisait Ies drains dans un Irou que ])ortail le eoUecleur — üu que I'ou y pratiíjuait — de maniere que les areles supérioures des deux luyaux í'ussenl dans le méme plan. La saillie du drain dans le collecleur diminuail la seclion de ce dernieret consULuailen'outre un obstacle ii rélévement del’eau, préciséincnl en l'un des points oii relui-c¡ devait s’cfl'ecluer le plus lacilemenl. Aujourd'liui on préfí're les raccordemenls ell'ectués, ■commerindiquelaíigurelüS.Lesraccords s’éla!)lissent des que le collecleur esl posé. On découpe dans le drain el dans le col­ lecleur des ouverlures circulaires lelles , qu’elles se correspondenl dans les deux '& drains. On place le drain sur le collecFijí. tos. —.Marieau teui’ de iiianiére que les deux ouverlures ].üur coupcr les g’^pouscnt el l’on oblure berméliqueouveiiiires ílans ^ i, -i i .• les luyaux. menl avec un lampón d argüe plaslique rexlrémité libre du drain. De celle l’aQon, Feau lombe du drain dans le collecleur par une pelite cbule. Ce raccordemenl exige que le fond des Iranchées (|ui rcQoivenl les collecleurs soient au-dessous de celui des Iranchées deslinées au.x drains. Le raccordemenl ne doil jamais avoir lieu enlre un demi-drain el le collecleur. Si la longueur de la lile de drains ne permet pas d’employer de drains enliers sur loule la file, on fail précéder le drain de raccordemenl du demi-drain nécossaire. Pour couper les ouverlures dans les parois des drains, on se serl du pelil marleau représenlé par la figure 109. Son manche, Irés léger, porle d’un colé une lame Irés Iranchanle el de l’aulre une poinle aigué. Une ibis les ouverlures lailes, on les rógularise au besoin avec lalime. Le sysléme de raccordemenl (jue nous venons de décrire a un inconvénient. A la longue, surloul si la descenlede l’eau esl souvent rapide, le lampón qui oblure le drain de raccord peul finir par laisser plus ou moins pnssage ii Lean el celle-ci 'slécoulo au debors du rnllecleur


liXECUTlON DU DRAIKAGK.

47 b

au lieu d'y pénélrer. On consü’uit des drains :(íig. 110) avec raccords qiii permeUenl d’évUer cet inconvénient. (.e systénie, comme le précédenl d’ailleurs, amene une perle dopente donl il l'aut leniv compte en rédigeanl le projel de drainage. Des l'origine on a einployé des petits puits ou citernes ([ui pom’aienL servir au raccordement des drains el des

Fig. no. — Dc-bouché d'iin drain daiis un colleclcur.

rollecleurs, en inénie lenips qirau dépól des boues el a l'examen du ronclionnement du drainage ; on les appello regarás. Lesflg. 111 el 112 en représenlenl un. lis peuvenl i'ecevoir plusieurs luyaux : le luyau do décliargo est place a quelques centimedres (6 ou 10) en conlre-bas des luyaux d'amenée. Celle disposilion diminue la perle de penle sensible que nous sigiialions loul á l’lieure. Wais elle est surloul deslinéo a conlróler le bon l'oncíionnemenl du drainage. Elle nécessiie des inspeclions el dos nelloyages assez fréquenls. Elle ne peni done élre employée que dans des cas parliculiers en lanl que sysléme de raccordemenl. II peni an-iver que la posilion du nivoau de l’eau dans le canal d’écouleinenl soil lelle qu’on ne puisse pas disposer les collecleurs assez bas pour que les drains aboulissenl au-dessus d’eux. Alors on estobligé d’adopler soil rancien procédé de raccordemenl, soil des luyaux de raccord spéciaux. Rappelons (jue les files de drains se raccordenl avec Ies


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DEFKNSE CONTRE LES EAUX.

collecteurs sous un angle aigu, dans le sens de l’écoulement, se rapprochant autant que possiMe de 60°, exceplionnellement sous un angle droit. Recouvrement des drains et remplissage des f o s s é s . — Les luyaux étant placés, leur pose et leur pente soigneusement vérifiées par les surveillants des Iravaux (le propriétaire doit mettre comme condition sine qud non du paiement du drainage que la pose des tuyaux ait été reconnue bien faite avantleur recouvrement), il fautsans tarder procéder á leur recouvrement et au remplissage des fossés. Si Ton tardait, la pluie pourraitcompromettre le travail qui a été accompli jusqu’ici. Ce travail mérite aussi beaucoup d’attention. 11 faut bien se garder, comme cela a été quelquefois conseillé, de placer par-dessus Ies drains des branches de bois, du menú gravier ou quelque chose desemblable, sous prétexte de favoriserle passage de l’eau. C’est tout lecontraire qu’il faut faire. On doit s’elforccr de ne laisscr arriver l’eau que lentement aux drains, filtrée, de maniere qu’elle n’y pénétre que claire. Les ouvrierscommenceront par déposer au fond du fossé, avec précaulion, immédiatement au-dessus des tuyaux une conche de terre de 0,10 á 0,30 d’épaisseur. lis choisirontdans lesmatériaux extraits de la tranchée la terre la plus fine. Cette terre émiettée sera jetee á la pelle puis soigneusement piétinée. On la pilonnera avec un petit pilón en bois si la tranchée est trop étroite pour qu’un homme puisse y descendre. On achévera de remplir la tranchée en y jetant le reste de la terre par couche de 0“ ,30. Chacune de ces conches sera soigneusement tassée comme la précédente. On jettera naturellement au fond la terre la moins fertile, réservant la terre végétale qui sera remise a la place qu’elle occupait avant l’ouverture des fossés. Les grosses pierres seront toujours mises de cOté. Des qu’il y aura 60 centimétres de terre dans les fossés, les dangers que courait la pose des tuyaux seront écartés et, surtout


477

EXÉCUTION DU DHAINAGE.

sMl fait beau, Fachévement du travail pressera moins. Quelque soit le soin avec lequel on aura tassé la Ierre, il restera toujours, aprés le remplissage, une surélévalion du sol au-dessus des tranchées. Elle disparaitraa la suite des piules qui tassent la terre et des labours dans les Ierres arables. Quant au prairies, surlout si elles soni irriguées, le pilonnage de la terre dans les tranchées importe d’aulant plus qu’il convient que le sol soitparfaitenient nivelé afín que Farrosage soit possible. On rapportera avec soin aussi leurs gazons et on les dainera pour assurer le lallage et la régularité de la surface. 11 est d’ailleurs absolumenl nécessaire que malgré la présence des tuyau.x dans le sol, malgré le foisonnement, toute la terre qui a élé enlevée d'une Iranchée soit réinise en place lors du remplissage. S’il n’en élait pas ainsi, des aíTaissemenls du terrain pourraienl se produire qui rendraientla culture diflicile. Sauf la pose de la premiéro couche de terre, qui doit étre parUculiéremenl soignée et conliée a Fouvrier qui pose les tuyaux, le remplissage des fossés se fait á la tache. T ravau x et ouvrages accessoires. — Hs comprennent : 1“ Le passage des fossés et des chemins; 2" les regards; 3“ les drains étanches; 4“ les bouclics; 3“ les bornesrepéres. Passage desfosséset des chemins. — llappelonsqu’on ne doit jamais placer un drain au-dessous d’un lossé d’écoulement et suivant sa longueur. 11 serail bien vite obstrué. 11 peutarriver que des drains aient á traverser en biais des fossés ou des chemins. Dans ce cas on les arréte audessus en les réunissant dans un collecteur et c’est ce dernier seul qui croise le fossé ou le chemin. Quand le collecteur croise un fossé qui peut conlenir de Feau, on Fentourc d’un manchón dans lequel il est 27.


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

cimcnlé. S’il ne s’agit que' du passagé d'uii drain, il est inutile d’employer du ciment. Celte garnilure le protege eontre rafl'aissemenl du sol el les secousses qui pouiraient le briser. Nous avons dit déjá qu'il l'allait écartef les collecteurs du voisinage des halesou des ai bres. lis doivcnt s’éloigner d’une vingtaine de mfdresdesespéces tellesquelepeuplier, deis métres environ des autres arbres. lis seraienl vite envaliis par Ies racines si Ton ne prenait pas cette pcécaulion. La dislance á observec doit étre d’autant plus grande quel’arbre est plus gros. On ne dolí placer dans les parties bolsees des champs <[ue de petits drains qu’il est facile de reinplacer s’ils viennent á se boucher. Regarás. — lis se placent soit aux points de rencontre des drains el des collecteurs, soit aux endroils oü la penle des collecteurs diininue. lis permettcnt de vérilier si le drainage lonctionne réguliérement.HervéMangon les recoinmande chaudement. l'íg. m . — Plan d’un rcgard. Leur emploi ]iarail indispensable lorsqu’il s’agil de conduire au canal de décharge les eaux de quatrc ou cinq gros collecteurs du diámetro máximum. L ’arrivée direcle de ces collec­ teurs au canal nécessilerait une bouche d’un diamétre considerable. Mais lorsqu’ils ont réuni leurs eaux dans une citernc, il suffd d’un canal de section modérée pour (uilrainer ces eaux k la décharge. On les construitde deux l'acons dillerenles. On élablil les moins importants en superposant deux ou troislarges


KXÉCUTION DU. DRAINAGE.

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luyaux ti nmboitement. Le tuyau du bas repose sur une large pierre, celui du baúl esl fermé par une dalle mobile. lis s’arrétenl á une distance suffisanle de la surface du sol pour que les Instruments de labour ne les

atteignenl pas. Les luyaux d’amenée débouchent á un niveau sensihlement supérieui' á celui de l’amorce du luyau de décharge(fig. 112). Ilervé-Mangon recoininande qu’ils fassent saillic surles parois du regard aíin que l’on puisse entcndre lo bruit que l’eau qu’ilsaménent fait en lombanl. On peut ainsi s’assurer déla bonne marche du drainage. Les regarás de dimensions plus considérables s’e.xécutenten pierre seclieou en maqonnerie. lis s’ouvrcnt au dehors. La figure 113, reproduite d’aprés Friedrich (11, donne le modéle d’une citerne oii se réunissent les eaux <[ui sont amenées par trois gros collecteurs. (1) FiiiKDHicn. huUurtechitischor Wassoruau.


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DÉFENSE CONTHE LES EAUX.

Les regarás ont un inconvénient. Leur citerne s(í remplit bien vite de sable et de terre. Si on ne la nelloie pas de lempsen temps, cette bouepénétre danslestuyaux etles bouche. Pendant les premieresannées du foncüonnement du drainage on les surveille avec soin. Mais il arrive souvent que Pon se fatigue de cette surveillance et qu’on oublie les regarás jusqu’au moment oii ils rausent des dommages. Aussi plusieurs ingénieurs-draineurs se refusent-ils á les employer. La citerne représentée par la figure 113 n’apas cet incon­ vénient parce que le tuyau de décharge rase le l'ond, qu il

a une grande section et que l’eau ne séjourne pour ainsí dire pas dans la citerne. La terre qu’elle peut ydép'oser est rapidement entrainée au dehors. 11 est parfois utile de rendre des drains ¿lanches sur une partie de leur longueur. Hervé-Mangon recommande le procédé suivant. On tapisse le fond de la tranchée qui reQoit les drains d’un corroi formé d’argile, de sable et de lait de chaux. Le drain repose sur ce lit. 11 est recouvertd’un autre drain. Les deux tuyaux sont disposés de telle sorte que leurs joints alternent; on les recouvre du méme corroi fortement pilonné. Pour rendre l’étanchéité plus parfaite encore, on enduit, avant de poser le drain intérieur, les joints et le petit espace annulaire qui


EXÉCUTION Dü DRAINAGE.

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les sépaue, du méme corroí mais un peu plus mou. Bornes-repéres. — Elles serven! á relrouver sur le lerrain remplacement des collecteurs et des principales liles de drains. Ce son! de petites bornes en pierre qui porten! sur Tune de leurs laces laterales rindicalion du collecteurou du drain et sur la face sui)érieure une fleche qui indique leur direction. Boucbes. — Elles représenlent l’ouvrage accessoire le plus important. Elles terminent, au-dessus du canal de décharge, le collecteur principal. Elles doivent satisfaire aux conditions suivantes : 1“ ne pas s’engorger, 2“ étre d’une construction solide, 3“ ne pas étre exposées á l’entrée des petits animaux tels que, souris, lapins, grenouiües, etc., ni á celle des eaux du canal de décharge, ni a celle de la terre, dugravier, etc. Coinme la conslruction de ces bouches nécessite une certaine dépense, qu’elles constituent Tune des parties délicates, et les plus exposées du drainage, il convienl d’en limiter autant que possible le nombre. 11 l’aut les faire solides et les placer dans les endroits oü elles serón t le plus a l’abri. On en construit de modeles variés. L'un des plus simples et des plus pratiques est représente par la figure 114, d’aprés les ouvrages de Eriedrich et Vogler. Le collecteur se termine par un tuyau de fer de un métre de longueur, solidement emboité. Ce luyan traversa un mur en béton ou en pierres bien résistantes de 60 a 90 centimétres d’épaisseur et fait saillie de 0“ ,23 sur la paroi du talus, á lo ou 30 centimétres au-dessus du niveau moyen de l’eau dans le ruisseau, son cxtréinité libre est coupée en biseau, comme l’indique la figure. II est á peu prés impossible aux petits animaux, a la terre ou au gravier depénétrei’ dans une boucheainsi établie. Le petit mur que traverse le tuyau de décharge doit étre tres solidement construit el reposer sur de borníes fondations. Le lit du canal de décharge, du ruisseau, qui re(}oit les,eaux, doit étre empicrré sur une certaine


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nÉFENSE -CONTRE LES

EAUX.

longueur au-dessous de la bouclie. Cet empierremenl «inpéclie l’eau de raviner. Dans d'autres modeles, la bouclie est munie d'une grille qui s'oppose á Tenlrée des aiiimaux et des matiéres que Ton pourrait chercher á y iiitroduire par malveillance. Uuaiid on emploie une grille, il est bou qu'elle soit moldle. On peut aloi's facilement la changer, le cas

échéant, sans étre obligé de remplaccr le luyan de sorlie. de l’oau. Lorsque la bouche est exposée á étre enrabie par les eaux du canal de décharge au nioment d’une crue, on la niunit d’un clapet qui s’ouvre pour laisser écoulér l’eau du drainage et qui se ferme sous la pression du ílot. La construction de ces clapets automatiques est. délicate.' Aussi ne faut-il les employer qu’en cas d’absolue nécessité. Le collecteur débouche dans Fémissaire sous un angUí de 4o‘'dans lesens de l'écoulemenl. Émissaire ou canal de décharge. — 111‘aut s’eíTorcer de placer le tuyau de sorlie des eaux du drainage dans unesituation telle qu’ilsoit toujours au-dessus du niveau do Feau dans Fémissaire. 11 faut done, le cas échéanl, corriger le cours de cet émissaire en Fapprofondis,sant. Son lit (loit étre d’ailleurs approfondi en lace des bouebes.


EXÉCUTION DU DRAINAÜE.

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Sa section, suivantsa longueiir; doit au voisinage de ces endi’oits aíTecter la forme en gradins. L ’inclinaison du lit commenco a 3 ou 4 melres en amonl de la bouclie ; suivant qu’elle est plus ou moins accenLuée on lapisse le sol de gázon dame ou de pierres plus ou moins larges. Sons la bouche méme, ce radier n’a qu’une pente de 1 á 2 p. 100 au máximum. On ne doit jamais construiré un pont ou un gué audessus d’une bouche. 11 faut placer ces ouvrages en amont. On ne doit pas davantage disposer deux bouches en face Tune de l’autre dans le méme canal de décharge. Le ravinement des eaux délériorerait vite les muís de soutien du luyau de décharge et le radier. Mais il arrive qu’on ne puisse pas disposer facilemenl d’un canal de décharge et que le sol soitassez perméable, á une certaine profondeur, pour qu’il absorbe l’eau du drainage. La figure IIS donne la coupe d’une disposition qui a été appliquée á l’écoulement des eaux de drainage d’un terrain placé dans ces conditions. Le collecteur principal amone les eaux dans une caisse a en ma^onnerie oü elles laissent déposer les matiéres solides qu’elles ont entrainées. Elles se rendent ensuite par la conduite 6 dans la caisse c, puis elles se perdent dans la conche perméable. Laciterne a doitétre d’un accés facile de maniére qu’on puisse l’inspecter et la nettoyer souvent. 11 est clair qu’avant de réaliser une telle installation, il faut s’assurer que toutes les eaux du drainage pourront bien s’écouler dans la conche perméable et cela pendant un temps indéterminé. Gn peut d’ailleurs siinplilier de la maniére suivante la disposition que nous venons d’indiquer. Le tuyau de sortie des eaux, au lien de descendre verticalement, peut se prolonger horizontalement et aboutir au-dessus d'une citerne forrnée de plusieursgros tuyaux de r.iment emboitésles uns dans les autres. Cette citerne est fermée á sa partie inférieure par une grosse pierre píate, au-dessus de laquellc


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DEFKNSI5 CONTHE LES EALX.

on dispose plusieurs tuyaux de drainage percés de trous qui dispersent l’eau dans la couche perméable. II est avantageux de muñir la caisse a d’un dispositii Lrés simple qui ferme automatiquement l’entrée du tuyau de sorUe des eaux lorsque le dépót de boue esl devenu Irop considerable. L ’eau reílue alors dans les

Kig. 113. — DisposHlon pour I’écoulemenl des eaux daus le sous-sol.

(uyaux de drainage eL son apparition a la surface du chainp montre qu’il l'aut netloyer la citerne. On n’emploiera d’ailleurs ce procede d’écoulement des eaux que dans le cas oü il sera impossible d’alteindre un canal de décliarge. P r i x de r e v ie n t du d ra in a g e . — La dépense que nécessite un drainage est tres variable. Elle dépend de la nature du sol, de sa compacité, de sa topograpbie, de son étendue, de son morcellement ct du prix do la maind’oíuvrc.


EXÉCUTION ÜU DRAINAÜE.

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Elle varié aussi avec la profondeur á laquelle on doil, placer Ies tuyaux, á la distance d’oü il faut les faire venir. Ainsi est-il impossible de donner des chiffres précis. Le prix d’un drainage bien t'ait peiit varier de 230 á 300 francs a riiectare. Les facteurs qui interviennent dans la délerniination de ce prix sont naturellement: 1" La confection du plan et du projet, y compris Lexploration du sol; 2° Le prix des tuyaux et celui de Icur transport sur les lieux de dépOt; 3“ L’ouverture des tranchées; 4° La pose des tuyaux, leur transport du dépót sur les lieux d’emploi et, le cas échéant, leur nettoyage ; 3" Leur recouvrement et le reinplissage des fossés; 6“ L’installation des ouvrages accessoires, des boucbes,. Faménagement du canal de décharge ; 7" Les frais de direction des travaux; 8“ Les frais divers qui ne rentrent pas dans l’énumération qui précéde. Nous ne donnerons ici que quelques généralités qui pourront aider á se cendre cornptc de Fimportance de ces diverses sources de dépenses. 1“ Projet et confection du píen. ■ — S’il s’agit d’un drainage de petite étendue, en terrain facile, le propriétaire oú Fagriculteur peut dresser lui-méme le plan et établir le projet pourvu qu’il ait quelques notions du drainage. Quand il s’agit au contraire d’un drainage tres important, il faut s’adresser á un ingénieur-draineur et alors la dépense varié suivant les frais de déplacenient de cet ingénieur et de ses aides, suivant que le terrain est plus OU moins accidenté, qu’il présente plus oumoins de difficultés á vaincre, etc. (1). (1) Le Service des am élíoralions a gricolcs préte son teurs pour rélablissement du drain age (Voy. p. 376).

assistance aiix agricu l


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DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

2° P rix des tuyaiix. — Le prLx des luyaux est tre variable suivant les fabricants. Voici un lalileau ([ui indique Ies prix des diflerentes calégories. Un peut considérer ces prix oomme représenlanl á peu pies la nioyenne. lis s’entendent du inille pris. á la l'abri(|ue, rhaque tiiyau ayanl 0“ ,33 de longneui-. Diamétres. 4 c c n t im é t r e s .................... ........... a — ................................ 6 — ..................... 7 — ..................... 8 — ................. 10 — ..................... . . . . 12 — 14 — .... 1() — .....................

Prix. I'’rancs. 30 30 45 50 00 80 150

l ’oids environ Kilogi’. 800 1000 1200 1500 2000 2500 3300 4200 5000

Ces prix s’augmenlent naturellement des íVais de Iransport de la fabrique au lieu de dépót. Goinine il se produit toujours de la casse dans le Iransport ou autrement, il faut majorer de 4 p. 100 le nombre de luyaux a employer. On détermine approximalivement ce nombre en se servant des données que nous avons précédeinment fait connaitre. 3“ Ouvevtiive des Iranchées. — Ge Iravail s’e.xécute á la tache. Son prix dépend de la nature du sol et de la protondeur des tranchées. Mollundoi'f a donné des cliilfres sur la quantité de Ierre qu'un ouvrier peut extraire en une lieure en construisant des tranchées do drainage. lis peuvent aider á déterininer les bases de i’accord á taire avec les ouvriers. Ges ohilfres se rapportont á rAllemagnc. .Mais ils peuvent s’appliquer en Franco sans grands i'isques d’erreur.


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EXÉCUTION DU DRAINAGE. VOLUME EXTUAIT. EN 1 HEURE a la profondeur de (en métres cubes) NATUHE DU SOL.

Sol — — — —

argiloux..,. limoneux... sablonneux. calcaire...... toui’beux ...

'

0™,94 a 1",57

1"',88 a i métre.

jusqu’u 2“ ,20.

0 ,2 8 -0 ,2 1 0 ,2 7 -0 ,4 6 0 ,5 2 -0 ,5 5 0 ,3 1 -0 ,3 7 0 ,5 5 -0 ,6 2

0 ,2 4 -0 ,2 0 0 ,3 1 -0 ,4 0 0 ,4 5 -0 ,4 7 0 ,2 6 -0 ,3 3 0 ,3 7 -0 ,5 2

0 ,2 1 -0 ,3 3 0 ,2 8 -0 ,3 7 0 ,3 0 -0 ,4 1 0 ,2 3 -0 ,2 8 0 ,4 1 -0 ,4 6

Connaissant le prix de la joiirnée de l’ouvrier et le voluine de ierre á extrairo des tranchées, on calculo í'acilemenl, á l’aide de ces chiíTrcs, la dépense que dolí nécessiter rouverture des fossés. Le volume total de ierre A exiraire des tranchées est égal á la somme des produils de la section de chaqué Iranchée par son développement. La section des tranchées varié, comine on le sait, avec la nature du sol et aussi avec la dimensión des tuyaux <[u’ellesreQoivent. Quoi qu’il en soit, cette queslion repré­ senle toujours un trapéze. Sa surface se mesure done en multiplian t la demi-somme des hases (ouverture et ibnd de la tranchée), par la hauteur (proiondeur de la iranchée). 4“ Pone des tuyaux. — Perels admet qu’un oUvrier peul en une heure.de temps disjioser 12 métres de tuyaux le long des tranchées et les nettoyer, le cas échéant. D’autre parí, Tobservation pi'ouvc qu’en une heure un ouvrier peut placer dans les tranchées á l’aide de la broche : DIAMETRES (en m étres).

N

om bue

...

0,03

0-90

,05

0,08

0,10

0,13

90-100 100-120 100-110 100-110

0,15

0-1


488

DÉFENSIi CONTRIS LES EAUX.

ü" Recouvrement et remplissage des íossés. — On admet en général (Perels) que le recouvrement et le remplissage des fossés prend le 1/6 du temps qu’a coúté leur ouverture. 6“ Travaux acoessoires. — On ne peut évaluer que dans chaqué cas particulier les dépenses que peuvent nécessiter la construction des regarás et des bouches, Vaménagemevt du canal de décharqe, etc. 11 est d’aüleurs quelquefois nécessaire de traverser despropriétés voisines pour atteindre le canal de décharge. 11 faut alors indemniser des propriétaires sur des bases qu’il est impossible de prévoir ici. 7° Fvais de direction. — Les frais de direction des travaux atteignent 2 á 3 p. 100 de la dépense totale. Tout ce que nous venons de dire montre combien le prix de revientdu drainage dépenddes circonstances. On peut estimer qu’il varié entre 2S0 et 800 l'rancs ti Thectare; cette derniére évaluation correspond a, peu pres á un prix de revient de 0 fr. 50 ou 0 l'r. 7 0 le métre courant. Un drainage bien fait dure tres longtemps. On cite des drainages qui ont plus de cinquantc ans d’existence et qui l'onctionnent aussi bien qu’au début. 11 n’exige que peu de réparations et en somme que peu de soins. 11 faut cependant veiller au maintient en bon état des regards, á celui des boucbes et des radiers, des canaux de décharge. 11 est indispensable de prendre les précautions que nous indiquerons au chapitre spécial qui a trait aux obstructions des drains et aux moyens á employer pour les prevenir. Bénéflces á attendre du drainage. — Lorsque les Ierres sont de bonne qualité, qu’elles contiennent les éléments nutritifs nécessaires aux plantes, qu’elles sont situées dans d’heureuses conditions économiques, en un rnot que l’excés d’humidité est le seul mal dont elles (1) PiíiiEi.s und W assijibau , D ic R ohrendrainage.


EXÉGÜTION DU DRAINa GE.

489

souirient, 011 peut dire que le drainage améne des resultáis merveilleux. Les récoltes augmenteiit en eíFel dans de Irés grandes proporlions. El comme reflicacité des travaux dure tres longtemps, cinquante, soixante ans, et peut-étre davantage, la durée de ramortissemenl du capital engagé est tres longue et par conséquenl I annuité qui doit y faire face tres faible. D’autre part, les frais d'enlretien et les frais supplémentaires de récolle sont á peu prés coinpenséspar l’économie qué Ton réalise dans le traveil de la Ierre. Ldntérét du capital immoliilisé ne conduit pas, par hectare, á une sonime importante (7 a 18 francs, en coinptant l’intérét de Fargent á 8,8 p. 100). 11 en resulte que pour de bonnes ierres le bénéíice net produit par l'opération est toujours conside­ rable . 11 est difficile de s’exprimer d'une maniere tres netle sur les Ierres situées dans des condilions défavorables. II y a des Ierres humides et tellement pauvres en méme temps, qu’il vaudrait mieux les mettre en bois ou nieme les laisser incultas plutOt que d’y taire la dépense d’un ílrainage. 11 y a des prairies mediocres que le drainage a heureusement transl'ormées. On a pu drainer avec prolll des Ierres pauvres, parce que le cullivateur exécutait luiméme les travaux peu á peu et á temps perdu. A chaqué ras particulier convient une solution particuliére (Voy. aussi pago 391). Du choix des drains. — 11 est essentiel de ii’employer que des tuyaux de tres bonne qualité. Le succes et la durée du drainage dependent en grande partie de leur choix. S’ils sont incapables de résister longtemps au poids de Ierre qu’ils supportent, au passage de Feau, s'ils sont d’une forme défectueuse, le drainage est bien vile compromis. 11 sufíil qu’un drain vienne á se briser dans une file pour que Feau glisse au deliors el qu’elle envahisse bientót la couche arable, l'aule d’un écoulemenl sufíisant en aval.


490

DÉFENSE GONTRE LES EAUX.

Les bons tuyaux ont les qualités suivantes. lis sont bien culis el rondent un son clair quand on les frappe l’un contre Lautre. lis n’ont pas de rognons calcaires dans leurpále car ces rognons se dissolveraienl dans l’eau en laissant á leurs places des trous. lis doivent étre rectilignes, sans lentes, a secüon circulaire, bien nette, sans bavures. On dolí rejeter les tuyaux qui ont plus de !5-6 millimétres de fleche dans le sens de la longueur et plus de S millimétres d’ovale dans le sens transversal. On doit autant' que possible les éprouver en les soumettant pendant quelque temps a Feau et á la gelée. On les plonge dans Feau pendant quelques beures. Les rognons de chaux apparaissent vite alors s’il y en a dans la pate. lis doivent résister au froid quoiqu’ils iFy soient pas directement exposés, puisqu’ils sont places au rnoins á 1 métre au-dessous de la surface du sol. On les adiéte généralement diez le lubricant. .\lais il peut étre opportun de les l'abriquer soi-méme ou, si Fon se trouve dans le voisinage immédiat d’une fabrique, de fournir la Ierre. Void, d’aprés Hervé-Mangon, la composition chimi([ue de quelques Ierres á tuyaux de bonne qualité : Silicc............... ...... Alumine............... l’ eroxyde de fer___ Chaux.................... Eau et matiéres non dosées.......... 17,0

36,1 23,9 » 1,0

.17,1 18,0 12,8 0,7

100,0

100,0

20,6

70,0 12,-4 6,0 0,7 10,9

100,0

08,6 10,0 10,0 0,6 10,8

100,0

70,:i 7,8 10,8 0,4 10,7

100.0

lin cutre, il faut que la terre soil assez plastique et qu’elle séclie sans se déformer par trop. ün trouve rarement une terre qui présente Fensemble de ces qualités, mais on trouve généralement dans le méme voisinage les matériaux — terre argileusc el sable — i[ui permettent de la constiluer.


líXÉCUTION DU DRAINA.GÜ.

491

Los luyaux se ralji’itjuent á la machine. Mais nous ne pouvüus nous aiTéter ¡ci á décriro leur rabricalion. Aussi bien Tagriculleur les achéte-t-il toujours et aussi — la plupai’L du temps — l’entrepreneui’ de drainage. En aiTótant le contra! d’achat, il faut fixer Tépoque de la livraison et se réserver de rendre les tuyaux qui auroni étó reconnus défectueux. Enfin, en principe, nialgré la clause délerminant la date de la livraison, il ne faul iamais creuser les tranchéesavantd'avoir re(;.ules tuyaux, il moins que le sol ne présente des qualités qui écai'tenl tout danger d'éboulement des tranchées. Los drains ont .30 ou 33 centimétres de longueur, le mille de tuyaux de 30 ii 3S millimétres de diámetro intórieur ])óse ordinairement de 7,o0 a 930 kilogrammos. IV . — Obstructions des drains et moyens de les prévenir. 1“ Ubsti'iwlions par les racíjies. — Dans un draiuago bien l'ait, los tuyaux ne sont que fort rarement boucliós |)ar tes raciuos des plantos annuelles que nous rulüvons. II peut bien arriver que des racines de bettei’aves ou do coréales y pónétrent, mais ces bouts de racines périsseul aprés la récolte et sont entrainés par l’oau. Quand les drains n’ont ii emmener (|ue les eaux de pluie, ils cessent de couler pendan! plusieurs mois. Pendanl cctte période de séclieresse, les chevelus dos plantes vivaces (luzerne, etc.) qui auraient pu y entrer se détruisent et sontemmcnés, quand l’cau recommence á couloi'. C’est seulemont dans les drains qui donneni de l'eau tonto fannée i|ue les obstructions offrent des dangiü'.s sérieux. Dans los torrains marécageux, quelques plantes spécialesáces torrains, par e.xemple les préles, peuventjiroduii’e des obstructions dans les drains. Mais eos plantos disparaisseni pr(!sque toujours quand le solaété mis ii sor.


492

DÉFENSli CONTRE LES EA.UX.

Ce sont les racines des arbres quisont les plus dangereuses poui' les drainages, sui'tout celles des saules, des peupliers, des ormes, des sureaux, des frenes, etc. On peut dans le voisinage de ces arbres remplacer les tuyaux ordinaires par des tuyaux plus longs et cimentcr leurs joinls pour empécher les racines d y pénétrer. Ce qu’il y a de plus súr encore, si c’est possible, c’est de sacriíier Taibrc pour sauver le drainage. Dans les eaux de sources qui coulent constaininent, il se développe quelquefois des conferves ou des algues assez abondanles pour obstruer les tuyaux. Dans ces cas, il n’y a rien d’autre á l'aire qu’á y passer de temps en temps la chaine spéciale que l’on a imaginée pour cela et, en prévision de l’obligation oü Ton sera de l'aire quelquefois le nettoyage, il est bon de construiré de dislance en distance des regai’ds qui peuveht du reste étre útiles sous d’autres rapporls. 2“ Dépóts de sable fin et d'argile. — Dans beaucoup de terrains, lorsqu’il survient, aprés une période de sécheresse, des piules assez ahondantes pour faire couler les drains, l’eau que débitent ces drains est, pendant quelques jours, tres trouble ; elle ne s’éclaircit que peu a peu. C’est surtout pundant les premieres années qui suivent l’établissement dos drains que l’eau qui les traverso emméne beaucoup de ces partios fines et c’est méme grácc a cela qu’il se forme dans le sol des lissures í[ui le rendent de plus en plus perméable. .Mais, si sur un point quelconque la vitesse de l’eau ({ui coule dans les drains se ralentit, il se forme en ce point un dépót qui augmente progressivement et fmit par causer une obstruction complete (1). Beaucoup de drainages faits d'apres les anciennes métliodes, c’est-á( l ) Oii il conseilió pour déliarrassci* l e a L i avanl son ciUfée dans les tuyaux (les maliéres (jirclle lient en suspensión, de piloniier ou piétinei’ une conche d'argile sur la ligue de' c<^s tuyaux; mais e’est un reméde qui ferait plus de nial que de bien.


EXECUTION 1)U DllAliNAGE.

493

dire suivant la plus grande pente du terrain avec le collecteur entraA'ers, n’ont presque pas eu le temps de londionner parce qu'il s’est formé des dépóls aux points de jonrlion des drains avec le collecteur. De tels dépOts se formen! aussi quand la pente des drains, au lieu d’étre réguliére, présente des ondulations; quand des tuyaux ont élé cassés pendan! le remplissage des tranchées, ou, en general, quand les drainages ont été mal faits. Ces insuccés seront évités si Fon suit bien les regles que nous avons données pour l’exécution des travaux. 3“ Dépóts calcaires. — Dans son traite de drainage, Barral a cité un dépót calcaire qui a arrété le fonctionnement d’un drainage fail en Angleterre, mais c’étaient des <lrains en gazon. Nous no croyons pas que des obstructions de ce genre soient á craindre avec des tuyaux en terre cuite. II est vrai que, dans la plupart des sois calcaires, les eaux chargées d’acide carbonique qui traversent la couche supérieure y dissolvent du carbonate de cliaux qui se dépose dans le sous-sol á une plus ou moins grande profondeur ct y forme des concrétions ou cimenten! entre eux Ies grains de sable et les graviers ; souvent ces dépQts contribuent a donner au sous-sol une imperméabilité nuisible aux récoltes et peut-étre sont-ils en grande partie la cause de la clilorose dont souífrenl ccrtaines vignes. Mais ils se formen! ordinairement a une profondeur moins grande que celle de 1 métre a 1“ ,20, oü Fon placo les drains et ces drains, loin do risquer d’étre obstruós par eux, peuvent au contraii'c diminuei' les inconvénienls qu’ils ont pour la culture. Pour empéclier ces obstructions liypothéliques. liervé-Mangon a ))roposé d’intercepter la communication des tuyaux avec Fair extérieur et par suite le dégagement de Facide cai'boni(|ue qui tienl le carbonate do cliaux en dissoluLion en modiliant la construction des regards, c’est-á-dire, en y faisant débouclier le luyan d’arrivée au-dessous du tuyau d’écoulemenl. .Mais ce Risi.nu üt W euv. — Irrigalions et drainages. 28


40 í.

DÉFENSE CONTRE LES E\UX.

remede aiirait plus d’inconvénienls que d’avaulages, en diminuant la vitesse d’écoulement des drains. 4° Dépóts fei'rngineiix. — Dans les lerrains marécageux ;i sous-sol d’argile ferrugineuse, les eaux dissolvent du protoxyde de fer qui forme, en s’oxydant, lorsqu’il arrive a l’air, dos dépóls d’ocre plus ou moins melé de malieres organiques. Ces dépóts se tr'ouvenl quelquefois avec le sable fin et l’argile qui obstruent les tuyaux dans les drainages mal faits. Mais quand l’assainissemenl a élé exécuié avec soin, l’air qui penétre de toutes parts le lerrain y oxyde le fer qui devient insoluble, en sorte qu'il ue ])eut plus causer d’obstructions dans les tuyaux. 5° Par des nnimaux. — La meilleure maniere d'emj)écherles lapins, souris, taupes, grenouüles, etc., de pénétrer dans tes drains et d’y causer des obslructions, c’esl, comino nous l’avons dit, de faire aboutir le collecteui- á une hauteur de 40 a 30 cent! metros au-dessus du ni vean ordinaire de l’eau dans le fossé ou le ruisseau dans lequel 11 se déverse et de le faire dépasserle mur qui le soulienl de 13 á 20 centimétres. Si cela n’est pas possible, ¡1 faul mettre une grille devant rouverture et la netloyer de temps en temps.

Drainage á l’aide de fossés ouverts, de drains en pierres, fascines, etc. As-sainissem ent á l ’a id e de fossés ou verts. —

procédé consiste á découper dans le sol des tranciiée.s dont la seclion est plus ou moins grande et dont le plafond présente une ponte convenable. Ces trancliées reqoivent les eaux qui s’écoulent du sol. Elles les conduisentdansun canal colleclcur qui débouclie au dehors. L’inconvénienl le plus grand de ces fossés c’est C|u’ils absorbent une fraction considérable de la surface, 10 id méme jusqu’á 20 p. 100. Peu profonds, ils ne recueilleni que les eaux superficielles. Lour effet est alors trés limité,


EXÉCUTION DU DEAINAGE.

493

oiu:oi'C dois'cnt-üs étre sul'üsamment rapprochés. S’ils aLLeignent une profondeur assez forte pour agir, ils premienL beaucoup de place et ils exigen! des debíais impoi'tants. En Ierre argileuse, il convient de leur donner l'",30 de profondeur. Avec une pente de

penlc né-

cessaire au inainlien du profil, la largeur de l'ouverture alleint done au moins 4“ ,80. Des fossés espacés de 24 inetres, écartement raisonnable, absorberont dans ces conditions plus de 20 p. 100 de la surface du terrain. ¡Mais ce n’est pas la le seul inconvénlent du systéme d'assainissement par fossés ouverts. Ces fossés génent la circulation, l’emploi des machines, ils nécessitent des ponceaux dontla construclion et l’entretiensonttoujours assez coúleux. En outre, ¡1 faut les curer réguliérement, couper les herbes qui les envahissent. Puis, ils formen! de vérüables foyers de propagaüon des champignons e! des germes nuisibles non seulement aux plantes, mais aux liommcs et aux animaux. Les mauvaises herbes y pullulent, leurs semences infestent les champs riverains. Les souris, les mulotsetautres petils animaux y trouven! asile, lis creusent leurs parois, déterminent leur éboulement et ajoutent ainsi de nouveaux dommages á ceux qu’occasionnent leur présence. A ce procédé d'assainis­ sement, il convient done de préférer le drainage chaqué fois que les circonstances permettent de choisir. Mais il a cependant des avantages qui le recommandent dans certains cas. Abstraction faite de la Taleur du terrain qu’il confisque, c’est le procédé le plus économique qui soit. Puis, qualité qui peut l'imposer parfois, il n’exige pour fonctionner qu’une trés faiblo ponte. Enlin, c’est le procédé d’écoulcment le plus rapide des eaux superficielles. On l’emploiera pour assainir de larges valides, á faible pente, envahies au printemps par les hautes eaux de la riviérc, ou submergées par des pluies persistantes. On ne


496

BEFENSE CONTRE LES EAUX.

peuL, dans ces condiüons, lui opposer le drainage. II s’impose aussi quand on est obligé de faire varier le niveau de la nappe souterraine; de l’élever pendant les grandes chaleurs, lorsque le terrain est trop sec, de l’abaisser, au contraire, au moment des grandes piules., ün place alors un barrage approprié en Iravers du canal, collecteur principal, et on le mana-uvre en temps voulu. L’obluration plus ou moins complete d’un drainage en poterie, aménerait bien vite l'obstruclion de tout le systéme. C’est lui qui convient lorsqu’il .s’agit de dessécliei', soit de vastes territoires comme ceux qui constituent le sol hollandais, soit des marécages de grande surface. 11 est évident que dans ces circonstances, la valeur du sol absorbé par les fossés est peu de chose, vis-á-vis celle de la totalité du terrain gagné. En outre, il faut absolument employer le procédé d’asséchement le plus économique. Les fossés forment alors un réseau qui enserre toute la surface. ün y distingue un canal principal et des canau.v d’ordre secondaire. Le premier occupe la partie la plus basse du territoire. 11 re^oit les eaux que lui aménent les canaux secondaires qui se greíTent lesuns sur les autres, ceux du dernier rang recevront directement les eaux d’égout du sol. L ’ensemble de ce systéme figure assez exactement un arbre avec le tronc, les branches et les rameaux. Un canal de ceinlure borde le périmétre du territoire. 11 empéche les eaux de dehors d’y pénétrer. 11 re^oit quelquefois les eaux de l’intérieur qu’un émissaire conduit á la riviére, au fleuve ou á la mer. Les tranchées ouvertes s’emploienl encore avec avanlage pour assainir les praii ies humides et pour recevoir les eaux d’irrigation aprés qu’elles onl traversé la terre. Quand il s’agit de faire disparaitre l’eau qui transforme un pré en marécage, le premier soin consiste á intercepter Tarrivée des eaux qui découlent des parties supérieures. On y arrive au moyen d’un fossé de circonvallation qui


EXÉCUTION DU DRAINAGE.

497

(lébouche á ses extrémités, soit dans un ruisseau, soit dans une rigole d’arrosage lorsque le pré est irrigué. On trace ensuite des fossés de 30 á 40 cenlimétres de profondeur au moins. Les fossés sont diriges suivant la plus grande pente. lis sont done perpendiculaires áladirection des courbes de niveau horizontales, c’est-á-dire a celle des rigoles d’arrosage. Le séjour des ñaques d’eau indique naturellement les endrolts oü doivent passer les rigoles. Elles doivent étre d’autant plus rapprochées que le terrain est plus humide. On doit les nettoyer avec soin et les approfondir chaqué année, en mars ou avril. Nousavons indiqué, a propos des irrigations(voirp. 217 á 224), comment on peut déterminer approximativement la pente et la section de ces fossés lorsqu’ils doivent débiter une quantité d’eau donnée. Assainissement á l’ aide de drains en pierres, en fascines, en gazons, etc. — Les anciens, comme nous l’avons dit, connaissaient déja l’emploi des drains en pierres, c’était un perfectionnement aux tranchées ouvertes. Aprés les agronomes latins, Olivier de Serres a décrit ce procédé avec soin dans son Thédtre de Vagricultiire. Le célebre Smith de Deanston inventa vraiment le drainage moderne, en tant qu’il est caractérisé par l’emploi de drains fréquents et réguliéreinent espacés. II préférait les petites pierres aux tuiles et aux tuyaux. Mais on reconnut bien vite les avantages que présentent sur les drains en pierres, les tuyaux de poterie. Et ceux-ci s’emploient exclusivement aujourd’hui. Cependant, on a quelquefois intérét á se servir du vieux systéme de drainage. Cela arrive dans les Ierres oü ahonden! les pierres.. Les faire disparaitre, c’est déja réaliser une amélioration sensible. Et c’est double profit quand ces pierres peuvent servir á améliorer le sol en le débarrassant des eaux nuisibles. C’est ainsi que l’on rencontre tres souvent l’emploi de ce procédé dans les pays granitiques et en terrain de montagne. Pour agir avec 28.


408

DEFEiN'SE COMISE LES EAUX.

une énergie sufíisante, il faul que les tranchées soieiU poussées jusqu'á une jirofondeur tl(í 1"*,S0 ou niéme 2 míilres. Eües ont de 0“ ,20 á 0“ ,40 de largo en lias ; 0“ ,00 á 0'",80 á l'ouverLure. Ou bien les idcrres sonl Jetees dans la fosse, ou liien á l'aide des plus belles on conslruit des sorles de peMls canaux ou aqueducs. Les fi­ gures lio, 117, 118 indi([uent diflerents modeles de drains en pieri'es. Los drains avec rigole intérieure, teis que ceux représentés par les íigures 117, 118, 116. — Drain a pierres demandent beaucoup de tenips perdues. el de l’habileté. On doit préférer les drains á pierres perducs, tels que ceux qui sont représentés par la figure 116, on doil méme les prélerer aux

í*'ig. 117. — Drain en pierres avec canal intérieur.

I'ijí. 118. — Drain en pierres avec canal inlérieur.

luyaux pour drainer des Ierres parseniées de pierres ou de caiüoux, en parliculier des prés. On fait alors l’opération dans des condilions trbs pratiquos. Mais coinme les cailloux opposenl au mouvement de Lean une résistance


EXÉCüTION DU DRAINAGE.

499

éuei’gique, il est indispensable que les tranchées aient une assez lorie pente; sansquoiles drains ne í'onctionneraienl pis bien. 11 faut donner autant que possible 1 centimétre tle pente par nielre. Les plus grosses pierres que Ton emploie doivenl ];ouvoir passer á travers les mailles d’un crible écarlées de 7 inillimélres. On casse aubesoin les pierres que I on ramasse sur le sol, mais dans un cliantier spécial aíin de ne pas abimer le terrain. De trop grosses pierres empécheraient la circulation de l’eau en formant dans la tranchée de -véritables barrages. HervéMangon recommandede se servir d’un crible spécial dont la table s’incline vers le íbnd de la tranchée et que Ton transporte do place en place. Les plus grosses pierres tombent au fond du fossé. On achéve de le combler avec les plus petites, de maniere que la hauteur empierrée atleigne 0“ ,30 ou 0“ ,40. On pilonne Tempierrement avec une dame en bois, de maniére á le rendre aussi compact que possible, et on achéve de remplir le fossé avec la Ierre qui en avait été extraite. 11 ne faut pas recouvrir les pierres de paille ou de gazon ; les détritus organiques se glisseraient entre les pierres et obstrueraient bientOt le drainage. Ce mode de drainage a rendu aulrefois de tres grands Services. Mais il est inférieur au systéme des tuyaux de poterie, sauf lorsqu’il faul dépierrer le terrain ou qu’il est impossible de se procurer des drains de torre cuite. Les tulles creuses reposant sur des tulles piales, le tile-drainage, paraissent avoir été employées pour la premiére ibis, en Angleterre, vers 1810, dans le Cumberland. G’était un perfectionnement considérable sur les anciens systémes el l’origine des tuyaux. La figure 119 montro le disposilif que Ton peut adopler lorsqu’on ne peut se procurer des tuyaux de drainage et qu’on a, au contraire, des tulles sous la main. 11 est nécessaire que la tuile courbe, repose sur une tulle píate, sans cela elle s’enfoncerait plus ou moins dans le sol, sous la


500

DÉFENSE CONTRE LES EAUX.

poussée des Ierres, et le drainage serait vite compromis. Autrefois, avant l’invenüon du drainage moderne, on élablissait des drains en Ierre, dans les sois tres argileux ou dans les tourbiéres. On creusait, au fond d’une Iranchée, une rigole qu’on recouvrait d’une plaque de gazon, puis de la terre qui avait été extraite. Ce procede estimpralicable dans les Ierres légéres. Dans les pays de tourbieres, qui sont presque toujours

Fig. 119. — Drain formé (le tulles courbes et plates.

nondés, on se ser! avec succés de la tourbe elle-méme, comme matériel de drainage. On forme un canal poui’ l’égouUement des eaux au l'ond de la Iranchée, en supeiposant deux blocs de tourbe disposés comme l’indique la ligure 120. On a découpé dans chacun d’eux une ouverlure demi-circulaire a l’aide de Toutil representé par la ligure 121. Un ouvrier peut découper 2 á 3 000 de ces blocs par jour. Pendant deux ou trois semaines, ils doivent sécber sur le sol au soleil, puis rester en tas encore pendant le méme temps exposés a Faction de Fair. Ainsi préparés, ils résistent parl'aitement á l’eau. On peut aussi fabriquer des tuyaux de drainage avec de la tourbe. On pratique, á Faide d’une machine, un trou cylindrique á Fintérieur d’un bloc de tourbe qui est soumis á une pression énergique. Les drains de tourbe sont avantageux á employer dans les pays de tourbiéres qui manquent de tuyaux d’argile. Eníin, on faQonne quelquefois des drains avec des fas­ cines. Cela se l'aisait surtout autrefois en Allemagne et en Suisse. Nous pouvons en indiquen la construction.


liXÉCUTION DU DRAINAGE.

aOl

mais il n’y l'aut recourir que dans les cas oíi Fon ne peut ti’ouver ni pierres, ni tourbe, ni tuyaux de poterie. L ’un des procédés consiste á placer au í'ond des Iranchées, qui n’ont guére ici que 0“ ,Sb á 0“ ,80, les fascines toutes préparées et á Ies recouvrir de gazon, puis de la Ierre qu’on a extraile. Ou fabrique les fascines sur un métier en bois formé de 3 ou 4 croisillons, espacés de 1 mélre environ les uns des autres. On jette sur ces croisillons des branchages dégarnis de feuilles en quantité suffisante pour faire le saucisson. Un ouvrierserre énergiquement la fascine avec une corde munie a ses extrémités d’un manche, tandis qu’un autre la lie avec une hart de bois flexible, préalablement passé au feu. On peutaussi construiré ces drains en déposant les Fi: 121. — Oulil 120. — Draiii fascines sur des croix de Fig, á découper les fítrmé par des Sainl-André en bois, pla­ drains dans la blocs de tourbe. lourbe. cees de distance en distance dans les Ibssés. Pour faire ces croix de Saint-André, on emploie des rondins de branche desaule encore veri, Pour les fascines, on se sert de branches de saule, d’aune ou de bouleau. Les bois aquatiques se conservent tres bien dans l’eau lorsqu’ils sont employés encore verts. II y a de ces drainages qui ont duré quinze el seize ans. On peut les recommander pour les prés et páturages de montagne. Certains auteurs prélendent que ces drains peuvent étre meilleurs que les di ains en pierre, parce que ceux-ci une fois remplis de terre et de débris oi'ganiques ne fonctionnentplus, tandis que, méme pourries, les fascines laissent encore passer Feau.


oU2'

DÉFENSE CONTUE LES EAUX.

III. — A S S A I N I S S E M E N T D E S T E R R E S Q U I REQOIVENT, O U T R E L E S EA U X DE P L U I E T O M B É E 3 D I R E C T E M E N T S U R ELLES, L E S EAUX T O M B É E S S U R D E S T ER R A IN S V O l S I N S E T S I T U É S A U N N I V E A U S U P É R I E U R . — DR A INA G E ANCIEN. M É T H O D E D’ELK INGTO N.

(lüs terrains occupenl, généralenieiil les vallées ou la liase des collines environnanles. Ce soiil les lieux de pré(lilection des sources, aussi les appelle-l-on terrains soiirciers. On les assainit á l’aide de l'ossés ou veris ou de drains cju¡ inlerceplcnt les sources avant qu'clles n’arrivenl a la surl'ace du sol ou qui procuren! aux eaux souterraines un débouché tel que leur niveau soil assez abaissé pour qu’elles ne puissent pas nuire aux terrains voisins. Celle métliode d’assainissement es! connue sous le nom de Móthode d'Elkinyton. Elkington était un l'erniier anglais du Wanvicksliiro qui exécuta d’irnporlants Iravaux de drainage de celte nalure. On n’arrlve á l-’appliquer avec sucres qu’apres un exa­ men attentil du sol, des conches sous-jacenles el de leur orienlation. lie s ! done impossible de préciser los !ravaux auxquels on devra se livrer dans les diverses circonslances. INous n’examinerons ici que les cas prinri[)auxqui peuven! se présenlor. Lorsque le terrain qui domine la vallée es! escarpé e! !L'és impermeable, lean i'uisselle á sa surface e! vien! sé ]irécipi!er dans les champs süués en has. On les défendra en les entouran! d'un fosséde ceinlurc ou en Iracjan! des drains disposés en forme de V. Mais la plupar! du !emps, les eaux qui proviennen! des pluies e! de la fonlé des neiges pénélren! plus ou moins profondémen! dans le sol e! viennen! se faire jour a la surface á une cerlaine dislance. Passons en revue les cas principaux que Pon peu! rencontrer. {o Le terrain siiijwrJeiir p esl perniéah¡o{í¡(j. i22) jusqu’ú uno profondeur (lélerminée et il repose sur une conche im-


DRAINAGE ANCIEN.

METIIODE LI.’ EMÍINGTON.

liO;)

permeable i. Los oaux de plnies oii de fonte des neigos .viendronL s’y accumulei- el suivronl sa perite. Si cello conche i allleure le sol en ab, elles détcrmineront an-dessns de rafílenreineiil des soni'ces, pnis le long dea6, des monilléres on des londrieres. Si la conche impennéable esl sitnée plns pmfondémenl dans le sol elqu’elle vienne

Fi". 122. — Coiipc (Finí torraiii pci’nióabloIraversé .par une couche iinpennóahlc i.

áse relevec horizonlalement sons la vallée((ig. 123), los eanx t'w'inei'onl une nappc sonlei'caine. Elles pourronl monler par capillariló dans la conche de Ierre arable ellarendro Irop hninide. Dans rnn el l'anlre cas, on creusora,

Fl.r. 12:1.

- Coiijie iriiii teiTiiin aiiíilogue un pi-écédenl, mais oú la coucíie impermcalile se relevo de maniere a former cuvelle.

des l'ossés on drains snriisainment profonds el diriges suivanl la longucui’ de la valléo. lis recucilleront les eanx amenées on rolennes par la conche impcrméable. Si la conche i est siluéc á une assez grande profondeur, on conslruira des drains lels rpie ceux qni sont représenlos par les (¡gnros 123 et 123. ■


S04

DÉFENSE CONTBE LES EAUX.

2“ Le terrain supérieur et celui qui constitue Ja vallée sont plus oii moins iinperméables (%. 124). Us sont traversés par une oouolie perméable. Cette derniére joue le filie d’un drain. Elle re^oit et accumule les eaux

l’ iy. 124. — Coupe d’iin terrain impermeable perménlile p.

i,

Iraversé par une couche

qui égoutlenl des Ierres placees au-dessus d’elle. S¡ elle affleure en travers du coteau ou de la vallée en ab (fig. 124), elle détermine en ce point des sources ou des mouilléres; des sources, si elle est l'ormée, comme dans

les pays graniliques, pardes rochesflssuréesquilaisseront passer l'eau; des mouilléres, si elle est constituée par des sables ou du gravier. Dans tous les cas, la partie ab sera |)lus ou moins inondée. La couche perméable p peul


DRAINAGE ANCIEN. MÉTHODE D’ELKINGTON.

80b-

remonter vers raulro bord déla vallée, comme le montrfr la figure 128. L ’eau tend alors a sorlirpar les poinls oü le sol supéi'icur oíl're le nioiiis de résislance el á trans-

F la n

Fig. 126. — Le lerrain perméable formanl sailUe au-dessus dii sol s’cngage sous une conche impermcalilc.

I'ormer toute la surface comprise entre eux en un marécage. Dans l’un el l’aulre cas, le procede d’assainissement sera Ires simple. II sufíira de crcuscr des RiSLsn el W

er y .

— Ir r ig a tio n s

e l d r a in a g e s .

29


506

DÉFENSE COiNTHE LES EAUX.

fossés ou (les ilrains qui serviront d’égout á leurs eaux. > La couehe perméaLle pusse sous Ja vallée duiis une diiection presc^ue hoi'izoníale ponr ue se velevev ensuiíe que tres lenteinent. — Elle forme aloes sous la vallée, plus ou moins profondément, un réservoir d’eau. Et ce voisinage peut géner la culture du sol impermeable susjacent dans lequel l’eau monte par capillarilé. C’est encere á l’aide de fossés creusés dans le Ihalweg jusqu’a la conche perméable que l’on assainirale terrain. 4“ Sous un terrain iinperméuhle i s’engage une inasse perinéaJjJep quile surplonibe {ñg. 120). — Álors leseau.x s'accumulent dans la masse perméable. Elles exercenl . une pression sur le terrain sous-jacent et elles cherchen! á sortir au.x points oü elles rencontrent une résistance moindre. Elles déterminent ainsi tout aulour de l’éminence des sources dont los unes, les plus élevées, sont temporaires ; les autres permanentes. On s’en rendra maitres en creusantdes fossés circulaires telsque f qu’on mettra au besoin en communication avec la conche imperméable á l’aide d’un sondage. Les eaux de ce fossé seront conduites dans des rigoles g qui les évacuent. De celle faqon, le niveau de l’eau sera abaissé et les diíférentes sources seront supprimées. Elkington recommande de choisir avec le plus grand soin les points oü Fon creuse ces fossés. lis doiventcouper les sources permanentes et non pas les sources tempo­ raires ; s’ils ne coupaient que les secundes, ils laisseraient en eífet subsisten les causes principales de Fhumidité et constitueraient une dépense inutile. C’est par un examen attentif du terrain que Fon arrivera á se rendre compte de la posilion la meilleure á donner aux fossés. On praliquera de place en place des tranchées d’essai et des sondages et Fon recherchera avec soin Forientation des diverses conches de terrain. Ces recherches sont toujours délicales et assez coúteuses. Quand la couche aquifére n’est qu’á l “ ,o0ou 2“ ,50 au-


DRAINAGE ANCIEN. MÉTIIODE D’ELKINGTON.

50T

dessous de la surface du sol, on pousse les drains jusqu’á cetle profondeur. Mais si elle est située plus bas, on nepeut pas l’atleindre de cetle fafon; ce serait beaucoup Irop clier. On dispose aloes les drains á la profondeur liabituellc. Mais de place en place, on établitun puits qui va jusqu’á la conche aquifere. On remplit ces puits de gravier ou de cailloux. Si la conche aquifere est encore plus bas, á 4ou b metres au-dessous de la surface du sol, on établit acoté du drain un trou de sondage. Celui-ci se fore tres facilement á Taide d’une petite sonde de 0,0o a 0,10 de diainétre. llasapartie supéi'ieure placee dans une fosse qui entoure le drain et qui esl remplie de graviers ou de cailloux sur 0“ ,b0 de hauteur. Le drain peul d’ailleurs consister en un simple l'ossé découvert. Les eaux souterraines pénétrentdans le puits ou dans le trou de sonde. Ellos arrivent jusqu'au drain qui les entraine. Suivant les circonslances, on établit un nombre plus ou moins grand de ces puits ou de ces trous de sondage. C’est le drainage par puits arUsiens ou ascendants. 5° Le í'ünd de lu valíée est formé d’une conche de Ierre végétalepeuperinéahle, compriseentre denx collines de térro sablouneuso placee elle-memo aii-dessus done conche impermeable. — Cette disposition se renconlre souvent dans les pays ondules. L ’eau sourd alors en plusieurs points, ct transformo en marécage l’espace compris entre ces points. Pour remédier au mal, il suffd souvent de creuser un drain dans le thahveg et de le mettre en communication avec la conche perméable par rintermédiaire d’un drain plus étroit, foré. L ’eau remonte, serend dans le drain et gráce a lui s’écoule au dehors. 6“ 11 arrivo que la conche impermeable qui conslitue lo sol mis en culturen’estéloignée que de quelqnesmetros dañe conche perméable puissante qui pourrait absorber toules les eaux surabondantes. Que Fon creuse des puits qui établiront une communication entre le torrain supórieur et les conches inférieures permeables, les eaux.


308

BEFENSE CONTRE LES EAUX.

surabonclantes se rendront du premier dans les secondes •et rassainissemenl sera réalisé. C’estle drainage parpin'ís ■ubsorbanls ou d?’ai>¡ag'et!er¿icalappeléaussi drainagehollandais. (J’est évidemment un moyen tres simple de débarrasserle sol des eaux nulsibles ; mais il ne sera économique (|ue si la couche permeable n’est qu’á une faible dislance de la surface. Le nombre de puits qu’il iaut creuser est en ■eiret Irés variable suivant les circonstances. 11est presque ■loujours relativement considérable. On peut tdre amené á ne les espacer que de quelques métres pour oblenirun résultat et alors a en creuser plusieurs milliers a l’heclare. On y place une perche en bois que Ton entoure de paille fortement tassée. On peut aussi meltre dans ces Irous des fascines, ou des tuyaux de poterie. L ’opportunité de l’emploi de ce systéme de drainage dépend évi­ demment des circonstances locales. Avant do chercher a l’appliquer, il faut explorer avec soin le terrain, examiner les tranchées qui ont puétrepratiquéesauxalentours, sur le ílanc des coteaux, faire des sondages, prendre enlin lous les renseignements de naturc á s’éclairer sur la composition du sous-sol (t). On peut combiner le drainage artériel avec les puits absorbants etoblenir d’excellents résultats. L ’emjdoi des boitouts on puisards est connudepuisbien longtemps dans •cerlains pays. Ce sont des jíuits qui atteignent directe■ment la couche permeable ouqu’un Irou de sondagemet en communication avec elle. Des tranchées ouvertes ou empierrées y aménent les eaux qui s’égouttent du sol et vont ainsi se perdre dans les conches profondes. Les terrains encaissés, en cuvette ou ceux qui n’ont pas de pente ne peuvent guére étre assainis qu’á l’aide des boi­ touts ou des machines élévatoires. Aussi ce mode de •drainage a-t-il souvent été employé pour dessécher des anarais ou des élangs. 11nécessite naturellement, commo •<1) Voir premiare ptu-lio, paget? 79 h 128.


DRAINAGE ANCIEN. MÉTIIODE D'ELKINGTON.

b09

le (Irainage vertical dont nous venons de parler, la présence d’une conche pennéable sous le sol á desséclier. 11 faut done se livrer aux éludes préalables dont nous avons parlé tout á rhoure. Elles indiqueront la place oú il conviendra d’élablir le boilout. Ce puits presentera a la surface du sol une ouverture circulairede 4 a ométres. On le creusera en lui donnant la forme d’un entonnoir. ¡''es parois seront maintenues íi l’aide de croisillons ou de jjalplancbes. 11 pourra descendre jusqu’á 3 á 0 métres de ])rol'ondeur. S’il ne peut atteindre la conche permeable, on y forera a l’aidc d’une sonde un (ron qui ponna descendre sans trop de dilTicultés jusqu’á 20, SOmétresou meme 40 métres. On place des tuyaux de fonte ou de fer dans le trou foré et on remplit la cuvette, l'ormée par lo puisard, do matériaux convenables, racines d’arbres, pierres et graviers, á moins qu’on n’y construise un regard. C’est verscetto cuvettequesedirigeront lesdrains collecteurs. Elle doit étre assez grande pour que toutes les eaux puissent y trouver un écoulement assuré. En ell'ectuant le forage on peut rencontrer de l’eau jaillissante. Mais on rencontrera, en général, une conche absórbante. 11 y a des boitouts qui Ibnctionnent á la Ibis comme puits absorbants et comme fontaines artésiennes. En disposant convenablement les lubages on arrive á séparer les eaux remontantes des eaux descendantes. L’établisscment de ces boitouts ou puisards ctait plus en faveur autrefois qu’aujourd’hui. lis peuvent rendre cependaut des Services á Tagriculture. ERRAT.r I’ agc lli8, ligue 10, Urc : 23 k. 442 (razóte. i I Pnge 222, ligne 2, au Ucu de = 40, lire : ~ = 40.

Píigc 244, ligne 32, nu liexi de la hauleur v , lire : la hauteur x. Page 291, ligrte 28. nu Ueu de par le Iransport, lire : pom* le transpon. Page 490. ligne 2o. nu Ueu de dépierrer le lerrain, lire. : épierrer le terrain,

29.


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÉRES

Ados artificiéis, 247. — nalurels, 245. — de grande largeur, 246, 248. — élagés ou en gradins, 260. — constructions des —, 279-284. Aération du sol par le drainage, 381. — l’irrigalion, 144. Animaui nuisibles aux prairies (destruction), 319. Arpentage et nivellement, 432. Assainissenient des ierres qui ne regoivenl que les pliiies qui lombent direclement sur elles, 370-502. — qui regoivent, outre les eaux de pluies tombées directement sur elles, les eaux tombées sur des terrains voisíns et silués a un niveau supérieur, 502-509.

Cadaslre (Echclle du). 430. Campinc (Irrigation do la), 203. Canal de décharge ou émissairc, 393, 429. Canaux d’irrigalion en France, 196. Canaux alpestres ou Bisses, 293-300. Capillarité, 12, 63-70. Garres (MéLhodes des), 445. Cavaliei's (fenaison), 323. Cheminemenl (Nivellement par), 439. Collecleurs, 393.— (Direction des), 393. — (ProfondíJur des), 407. — (Longueur des), 417. — (Pente des), 417. — (Détermination du diamétre des), 418. — (Tables pour déterminer le diam. des), 424-425. — (Graphique de Gerhardt pour déterminer le diam. des), 428. Colmalage, 303. — inlermíttent, 306. — continii, 307. Colmatagc par les eaux saumátres Warpings, 310. Colmatages exécutés en France et en Italie, 310. Cotes, 433. Curage des fossés et des canaux (irrigalíons), 318.

Barrages, 191. Barré de Sainl-Venant (Théorie de), 394. Béclies de drainage, 461-463. ' Bénéfices du drainage, 488. — de l’irrigation, 293. Bisses du Valais, 295-300. Boitouts ou puisards, 508. D Borne-repéres, 481. Débit d'un cours d’eau, 172. Boliches, 481. Dessiccalion des Ierres. 70. Broche pour poser les drains, 472.


TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Dcversoir de jauge. 173. Dissolulions conlenues daná leso), 37oU. Dragues de drainage. 4ü i-. Draimige; historique, 370-37fi. — (Action du), 377-381. — (Ellets du), 381-391. — moderne (Théorie du), 391-430. — (Exécution du), 4304a6-49i. — ('es prairies iri’iguées, d80.— et irrigalions combinés, 288. — en long et drainage en Iravers, 393-407. — (Plan de), 449-451. — (I’ iquetage sur le len'ain du réseau du), 457. — (Ouverlure des tranchées), 460. — (Prix de revient), 484. — ¡i l’aide de fossés ouverls, 494. — anden, 502. — hoHandais, 508. — moderne, 391-494. — des prairies irriguées, 286. Drains, 392. — (Direclion des), 393407. — (Profondeur des), 407. — (Ecartement des), 411.— (Longueur des files de), 416. — (Pente des), 416. — (Détermination du calibre des), 417. — (Tables pour déterminer le calibre des), 424, 425. — (Graphique de Gerhardt pour déterminer le calibre des drains, 428. — (Recouvrement des), 475. — (Choix des), 489. — (Obstruction des), 489. — en pierres, fascines, etc., 497

511

(origine et causes de l’excés), 359368. Elkington (Drainage d‘), 502. Emissaire, 429. Kté (Iri'igaíions d’), 338.

Falle (Trace des lignes de), 44-8, Fenaison, 321. Fendillement, 74. Fleuves (Eaux des), 136-141. Fossés (Curage des), 318. Fossés ouverts (Drainage), 494.

Gnz dissous dans les eaux, 136. Gelées (Inconvénients dans les terrcs Irop liumides), 346-389. — (Conduile de l’eau d’irrigation pendant les), 374. — Graphique pour la détermination des diamélres des drains et des collecteurs, 428. Gradíns (Ados en), 260.

H Hiver (Irrigalions d’), 334. HoHandais (Drainage), 508. Horizontales (Courbes), 433. — (Tracé), 440-448. Humectation des prairies drainées (pendant la saison séche), 209. Humidité du sol (Excés de T), 359. Hygroscopicité, 59.

Eau (Role physiologique), 5. — (Resoins des plantee), 15-31. (Circulalion dnns le sol), 31. — (Circulation á la surface du sol), 359. — (Eniploi en agriru’ lnrr). 142. — Imbibilion (Terres), 51. dans les formalions geologiques, 79- Inondation des prairies riverahies des 127. — des fleuves, des riviéres cours d’eau, 210. (Composilion), 128-141. — (Défense Irrigation, 142. — (Eífels de V), 144contre les), 344. — de drainage 159. — rationnelle, 203, 267. — des (Composition), 39. — (Emploi pour Ierres labourables, 204. — par infilrirrigation), 190.— de pluie (Emploi tration ou a la raie, 205. — des pour 1’iiTÍgalion), 184-190. — des prairies, 207. — par submersíon, riviéres et des ruisseaux (Emploi 211, 216. — par ruissellement, 217, pour rirrigation), 191-200. — dans 285. — par rigoles horizontales, le sol (Inconvénients d’un excés), 344227. — par rigoles inclínées ou en 357. — (Indices de l’excés). 357. — épi, 236. — par ados, 241-265. —


512

TABLE ALPHABÉTIQÜE DES MATIÉRES.

la demi-planches, 256.— (Choix de), parmétho(le),267. — (Projet el plan 269. — (Exécution du plan), 272. — (Pnx de revienl),291. — (Résultats de 1’), 293. — (Dans les haules montagncs), 22o. — liTÍgation par ruissellement (Principes généraux), 330, 334. — d’aulomne, 335. — d’hiver, 335. — de príntcmps, 337. — d'cté. 333.

.lauge (Cuve de), 200. Jaugeage d’un coiirs d'cau, 172. Jonction des drains et des collecteiir.s, 475. — des collecteurs avec l’émissaire. 4.32.

Limonage, 300. I.imons, 128.

M

Pénétralion de Peau dans le sol, 61. Penle (Lignes de plus grande), 448. (Réglement des), 467. Petersen (Méthode de), 288. Pie A pódale, 464. Piquetage du róseau du drainage, 449. Pluies en France (Rógimo des), 22. — et besoins des récoUes, 23. Planches de grandes dimensions, 246248. — (Irrigation par demi-), 265, 284. Plantes caractérisliques des sois humides, 356. — nuisibles aux prairies (Deslrucüon des). 319. Pose des drains, 471. Pouvoir absorbant des Ierres, 35. Prairies irriguóes (Ensemencement el enlrctien des), 312-321. Pratique de l’arrosage des prairies, 326. — des limonages, 301. Prinlemps (Irrigation de), 337. Prix de Teau, 174. — de revient des irrigalions, 291. — du drainage, 484. Procóclé pour donner de la penle aux rigoles horizontales d’ii'rigation, 277. Proíils (Mólhodes des), 444. Projet et plan de drainage. 449-151. — d'irrigalion, 269, Puils ahsorbanls, 508,

Machines élévaloires, 201. Marciles, 157, 106,. 178, 250, 294,335. iMatiércs minórales dans les fleuves el les rivieres, 137. Méíhodes de drainage, 394. — d’irrigalion, 201, 209. Q Mires, 433. Modules, 198. Qualité <lcs eaux cmployóes a l’irriMouvement de I’caii dans le sol, 59. gation, 170. QuanlUcs d’eau conlenues dans les plantes, lo. — nócessaires aux irri­ N galions. d'arrosagc, 161. — fcrtiliNiveau (Courbes de), 433. santcs, 167. — par ados, 263. ííiveaux, 434. Niveleítes, 467. .\ivcllemenl, 432. Ravalle, 274. Hegards, 478-480. Uógíme des eau\ dans les formalions Obslruclion des drains, 491. góologiques, 79-127. — terrains Once d'eau dii Milanais, 199. primilifs, 79. — volcaniques, 86. — Osmolique (Porce), 9. primaires, 87. — secondaires,88. — jurassiques, 91. — infi*a-crélacés, 95. — crólacés, 99. — dans Pargilc plaslique, 103. — les mames verles, Parliteurs, 198. 104. — les ai’giles íi meulióres de la Pálurage des prairies irrigiióes, 325.


TABLlí ALPÍIABÉTIQUE DES MATIÉRES. ¡Bríe, 10o. — Ies mames íi huítres ■et sables de Fonlainebleau, 108. — le calcaire de la Beauce, 108. — la Sologne, 109. — la Brenne, 109. — ia plaine dii Forez et du bassin de Roanne, 110. — le pays d’enlre Loire et Allier, IH . — le déparlement du Nord, 111. — les Mollasses el Boulbónes, 112. — le déparlement des Laudes, 116. — dans les dimes de Gascogne, 118. — le Flysch, 118. — la .^lollasse, 119. — les terrains qualernaires de la Suisse et de la Savoie, 120. — la Bresse et Ies Dombcs, 122. — le limón des plaleaux, 126. Slelalions entre la Ierre, Teaii el I’almospliére, 50. Hemploi de l’eau des colaleurs, 255. Jléservoirs (en pays de monlagnes), 181. — Uéservoirs (Grands), 18o. IRelrail des Ierres, 71. tRigoles horizontales (Tracé des), 275. — d’írrigation (profila et seclions).. 217-227. — (Feries d’cau dans les). .227.

513

S Sol (Étiide du sol), 430. — (Température). 75. Sonde (de Palissy), 431. Sources, 478. Subnier§ion artificielle, 211. — avcc écoulement conlinu, 215. — Naturelle, 210. — simple, 211. Systémes de drainage, 393.

Tensión supeiTicielle, 12. l'halweg, 448. Tranche-gazon, 273. Tranciiées de drainage étrésillonnees, 465. Transpiration des plantes, 13.

Valais (Bisses du), 295-300. Vannes, 194.

W Warpings, 310.


TABLE DES M ATIEBES

IíSTRODucTio?í, de M. le D*" P. Rkcnaííd. Introduction....................................

PREMIÉRE PARTI E

L’eau, la plante et le sol. Role physiologique de l'eau............................. Transpiration des plantes etquantités d’eauapportées par les pluies....... I.

C oNS O M M A TlO X

d ’ e AU

M1DIT¿.......................

Le régime des eaux dans les diverses formations géologiques.................. 18

CO M PARAISO N E NTRE LE

DES

PLUIES

ET

37

50

Substances fertilisantes contenues dans l ’eau----

LES BESOINS DES

Phénoménes physiques et cliimiques qui accompagnenl la cirlalion de l’eau dans le sol.... III. P O U V O IR ABSORB.VNr DES T E R R E S ....................................................

IV.

C o M P O S lT lO N

Relations entre la terre, l'eau et ratmospbére... . I. P o U Y O m d ' i M RIBITIO N DES TERRES. II. H y GBOSCOPICITÉ DU S O L............... III. P é n é t r a t i o n e t m o u v e m e n t DE l ’ e a u DANS

LE S O L ....................

D e SSICCATION d e s TER RE S. —

E v a p o r a t i o n ......................................

V.

R e T R A IT d e s d il l e m e n t

VI.

23

31 35

DES DISSOI.UTIONS

CONTENUES DANS LE S O L ................

]V .

18

RÉCIME

PRIN'C IPALES R ÉCO LTES.....................

TERRES.

I ' e N-

.............................................

T e M PÉRATU RE DU

SOL e t HU-

79-

I. T f.RRAINS IMU.MITIFS................. 79‘ II. T erratns volcaniques........... 86 I I I . T eRRAINS PRIMAIRKS............ 87' IV. T errains skcondajrks........... 88 V. T errains TKnniAiuES............. 103VI. T errains tertiairks et quaTERNAIttKS m: bUD-OUEST DE LA F range.................................... 112. V II. T kUUAINS TERTIAIRES ET QUATF.RNAIRKS DE LA SuiSSE ET DE l ’ esT DELA F iUNCE................. il 8 VIH. T errains quateunaires de LA SuiSSE E'F DE LA S a.YOJE....... 120

F A ITE P A R

LES P L A N T E S ..............................................

II.

ro>

5

51

59 61

I. Substances contenues kn sus1‘KNSION DANS I.ES EAUX. LiMONS. II. S ubstancescoNTKKüEs endissoLUTION DANS LES EAUX.............

128128-

IS'Í

Eaux (li'fi rivié7'cs et des /leuves................................... 13670 Azote et vwliv/'es muiérales coiUenues dans les eaux des 7-i¡'ivieres et des (leuves-........ ITíT


TABLE DES MATIÉRES.

515

DEUXIEME PARTIE Emploi de l’eau en agricultnre. Irrigations. U)itFI.MT10N................................... E fi' kts Dii l ’ uuugatíon .............. ■Son

r c s u lt a t p r in c ijy a l,

142 144

ccst

d e c o m p e 7 is e r V i n s u f f i s a n c e des p lu ic s p c n d n n t la jié r io d e a c tiv e J ló le

de la

de

v é g é ta tio n . . . .

V ir r ig n tio n

.........

201

GÉNÉRALITÍvS..... ..................... 201 MÍ.THODES d’ iRRIGATION APPLlCADUESAUX TERRES LADOURABLES. 204

144

Methodes d'ir7'igaiÍ07i p a r í « fdtraiion ou á la r a ie .........

205

144

ÍRRICATION des PRAIRIES...........

208

Descripíion des différentes ¡néthodcs d'irrigation........

209

eom m e

a g e n t de f e r tilis a tio n

Technique de rirrigation.

■ L 'h 'r i g a t i o n s o l u b i l i s e le s m a tié r e s f e r t ilis a n t e s c o n te n u es d a n s le s o l .............................

146

X 'i r r i g a t i o n p e u i a p p o r t e r des

.........

m a tic r c s f c r í i l i s a n i e s

147

A c t i o n c a l o r i f i q u e d e l ’c a u d ' i r r ig a íio n

..................................

■ L 'i r i 'i g a t i o n un p rcs

m oyen des

in a n x

b ie n

d ir ig é c

de

d é liv r c r

in s e c t o s ,

des

e t d e s p la n te s

le s n n i-

n u is i-

b l e s ......................................... J ^ ir r ig a tio n des e a u x

p ra ü q u é e

1“)6

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s t c r i l e s é p u i s e le s

i e r r e s s i l 'o i ^ n 'y a p p o r l e . ¡¡ a s ■des

e n g r a is

co m p té m e n -

t a i r e s ......................................

158

‘QuANTITICS d’ iíAU «¿CESSAmES AI X mniGATioNS..............................

159

1® I r r i g a t i o n s d ' a r r o s a g o . . . . 2® I r r i g a í i o 7 i s f c 7 't i l i s a 7 \ t c s . . .

161 167

■Qüalités des eaux employkks a L’mniGATiON............................. 170 K y ALÜATION DU DliÜIT D'UN C.OUhS d4fau ........................................ 172 P rix de i .’ ead ............................. 174 JIOYENS DE SE PROCÜRER DE I.’ eAIÍ l’OUR UiS IRRIGATIONS.............. 178 J2aux de sources.......................... E aux de pluie ............................. É i a 7 ]g s e t g r a n d s

¡ 'é s e r v o i r s .

■Eaux de DRAiNAGE........................ E aux des r iv i Ares et des ruis SEAUX....................................... Canaux d’ irrigation ................... -Machines ím íyatoires ................

í. Humectalion pendant la saison séche des prairies drainées ñ, ciel ouvei't.......................... II. Inondalion des prairies riveraines des cours d’eau........ IIÍ. Irrigalion par submersion arlificielle........................... IV. Méthodes d’irrigation par ruissellement...................... Irrigations par rigoles horizon­ tales .................................. Irrigations par r'goles inclinées, razes ou épis de blé............. Irrigations par planches en ados. Ados naturels et ados artificiéis. Emploi de l’eau des colateurs... Irrigations par demi-planches..

209 210 211

217 227 236 240 245 255 265

Choix de la méthode d'irriga’ tion................................... 267 Irrigalion rationnelle.............. 267 P rojet el p la n d 'ir r ig a tio n ..* Exécuiio7\ du p la n ..............

269 272

Tracé et confection des rigoles dans la méthode d’irrigation par rigoles horizontales....... 276 184 Construclion des ados............. 279 184 Construclion des demi-planches. 284

178

190 191 197 201

Drainage des prairies ir7'iÍ7í¿ces................................. 286 Drainage et irrigaíio7is com­ bines................................. 288 Méthode de Petersen..............

288


TABLE DES MATIERES.

516

P r ix de revient des irrlgalions Jicsultats appoi'tés par V irrigation................................ h'rigations dans les parjs de hautes montagnes............. Limonage et cobnatage........ Ensemencemcnt et eniretien des prairies inñguées........

20i

325

Piilurage des prairies irriguécs..

Pratique de larrosage des 293 320 p ra irie s.............................

295 Quantités d’eau employées. Arrosages suivant les saisons. Irri300 gations d’hiver. Irrigations d’été.................................... Irrigalion par ruissellcmenl.. 312 Transplantalion du gazon........ Quelques principes d’une aj>Ensemencement...................... 312 plication genérale................ Conduite de l ’eau au monient Eniretien des prairies irrides gelées ..................... guées.................................. 317 Irrigations d’autoinne............. Curage des fossés et des caIrrigations d'hiver................. naux................................... 318 Irrigations de printemps.......... Deslruclion des auimaiix el des Irrigations d'élé...................... plantes nuisibles.................. 319 Fenaison................................. 321 Applicalion des eng7'ais........

320

320 334 334 335 330 338 339

TROISIÉME PARTIE

Béfense centre les eaux. IncünyjLments d'un excks d’ eau Effels principaux du drainage... J>ANS LK SOL.......................... 344 Théoric du drainage................ Indices de l’ excks d’ eau dans le II. ExéCUTlON DU DRAINAGE........ SOL...................................... 357 1° Elude expérimc7\tale du sol L es eaux nuisibles et j.es causes 2“ Arpentage ct niocllem oií QUl A^IKNENT UN EXCÍ;S d’ iIUMIdu terrain á dxaincr........ DITÉ dans le sol................... 359 Piquetage sur le terrain du réspau du drainage.................. Brainage......................... 309

i. Assainissement des

rEunES qüi NK REgOIVENT QUELES PLUIES QUI • TOMBENT DIBECTEMENTSURELLES Drainage MODERNE............... Définilion du drainage........... Mode d’aclion d’une saignéc son termine.......................... Comment Feau pénétre dans Ies drains ct comment ceux-ci sufíisenl a Fcnlever...................

D r a i n \\ gf .

l ' a id e

a

de

381 391 430 430

432 457

f o s s ií s

O U V E R TS , DE d r a i n s EN IMERIVES, FA SC IN E S, E-TC........................................

370 376

lUigOIVENT, OUTRK I.KSIM.UIES lOMBÍES DIRECTEMENT SUR KI.LES, LES EAUX TOMBIÍES SUR DES TERRAI.NS VOISINS ET SITUéS A UN NIYEZAII s u p íR iF .U R .

380

494

I I I . A s s a in is s e m e n t d f s i k iu ik s q i: i

.MérnODE

D r a in a g e

d ’ E l k in g t o n

9162-93. — Corbeil. Imprimerie Éa. Crété.

a n c ie n

.

............

502


Encydopédie A g r ic o le PUBLIÉE PAR UNE REUNION

d ’i NGÉNIEURS

AGRONOMES

Sous la direction de G. WERY IN G É N IE U R S O U S - D IR E C T E U R

DE

AGRONOM E

L ’ IN S T IT U T

N A T IO N a L

A G R O N O M IQ U B

Introtiuction p a r le D'' P. REGNARD D I R E C T E U R D E L 'I N S T I T U T N A T I O N A L ai E M E R E D E

LA

S O C IÉ TÉ

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FRANGE

22 volumes in-18 de chaoun 400 á 500 pages Avec nombreusea figures intercalées dans le texto

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ENC YC LO PED IE AGRICOLE F u b lié e

p a r u n e réu n ío n SOUS

LA

d ’ In g ó n ie u rs a g ro n o m e e

DIREGTION

DE

G. WERY Ingénieur agronome Soas-Direcleur de l’Institut National Agronomique

In tro d u c tio n p a r le

P. R E G N A R D

Directeur de l’Inslitut National Agronomique Membre de la Société Nationale d’Agriculture de France. 22 yolumes in-16 de chacun 400 á 500 pages Ulustrés de nombreuses figures.

Chaqué volume : broché, 5 fr.; cartonné, 6 fr. '‘ Agl'ioulturd genérale................

P. D if f l o t h , in g é n ie u r agro n o m e, p rofesseu r spécial d'ugriculture. ^OM.AKGKR, ingénieuF agronome, chef de Labo^ n„stilSt Pasleui- de LiUe

M.

tatwn iJirasscr e, Ctdrerie, Jlydromels, Disiülei'ie)................... * Engrais..................................... ( M- C a r o l a , ingénieur agronome, professeur déparPlantes fourragéres..................^ temeulal d’agriculture a Chartres. M. Risi.er, directeur honoraire de l'Instítut natíonal agronomique, Membre de la Société Nationale d^Agriculture de France.

1

M. G. W b r y , ingénieur agronome, so'us-directeur de l’Instítut natíonal agronomique. Plantes industi'ielles................

T roude, ingénieur agronome, professeur a l ’ É c o le

nationale des induíitries agricoles de Douai.

M . L a v a l l íe , in g é n ie u r agron om e, a n d en c h e f des

Céréales........... ........................

travaux de la Slation expérimentale agricole de Cappelle. l M. Léon Bdssard, ingénieur agronome, chef des Cultures potagéres................... 1 travaux de la Stalion d'essais de semences, k ArhorlGUlture......................................) l ’ In stitu t n atíon al a gron om iq u e, professeu r k ( l’Ecole nationale d'horliculture. Sylüloulture............................... M . F r o n , ingénieur agronome, professeur á l’Ecole forestiére des Barres>(Loirel). VitiCLllture ........................................... M . P a c o tt e t , in g é n ie u r a gron om e, répétiteur Viniflcation ( , Vinaigre , I’ In stitu t natíonal agron om iqu e. Eau-dn- Vie)........................... M. PACorrET ingénieur agronome. Zoologie agricole.............................. M . Georges G d é nad x , ingénieur agronome, répétiteur üi i’Inslitut natíonal agronomique. Zaotechnie genérale........................ ( M. P. D if f l o t h , in g é n ie u r a gron om e, p rofesseu r ZoQtechnie spéciale (Races)........ í sp écial d 'a g ric u ltu re . fílachines agricoles................... M. Co d p an , ingénieur agronome, répétiteur i r in s lit u l natíonal a gron om iq u e.

ConstrÜCtions rurales ...................

M. D a n g o y , in g é n ie u r a g ro n o m e, d irecteu r des études u rÉcolenationaled’agriciilfuredeGrignon.

tconomie agricole........................... ( M . Jo d zie r , in g é n ie u ra g ro n o m e , p r o fe s s e u rá T E c o le Legislation rarale ....................................... ( nationale d’agriculture de Rennes. * Tec/inologie agricole {Sucrei'ie, M. S a il l a r d , ingénieur agronome, professeur A féculerie, meunerie, boiUangel’Ecole nationale des industries agricoles de ríe).......................................... Duuai. Laiterle..................................... M. M a r t in , in g én ieu r a gron om e, ancien d irecteu r de l’Ecole nationale d’induslrie laitiére de '«lamirolle. Aquiculture ......................................... M . D elokci.e , in g é n ie u r agron om e, inspepteur générat de la pisciculture.

"

Len siix volantes marqués d*un astónsque sont en vente. ENVOI FRANCO CONTRE UN' MANDAT POSTAL


ENCYCLOPÉDIE AGRICOLE EXTRAIT DE L’INTRODUCTION de M. P. REGNARD Des Ingénieurs agronomes, presque tous professeurs d’agriculture, tous anciens élóves de l’Jnstitut national agronomique, se sont donné la mission de résumer, dans une série de volumes, les connaissances pratiques aOsoIument nécessaires aujourd’hui pour la culture rationnelle du sol. lis ont choisi pour distribuer, régler et diriger la besogne de chacun Georges W e r y , que j’ai le plaisir d’avoir pour collaborateur et pour ami. L’idée direetrice de l’oeuvre commune a été celle-ci ; extraire de notre enseignement supérieur la partie immédiatement utilisable par l’exploitant du domaine rural et faire connaltre du méme coup á celui-ci les données scientifiques défmitivement acquises sur lesquelles la pratique actuelle est basée. Ce ne sont done pas de simples Manuels, des Formulaires irraisonnés que nous oíTrons aux cultivateurs; ce sont de brefs Traités, dans lesquels les résultats incontestables sont mis en évidence, á cóté des bases scientifiques qui ont permis de les assurer. Je voudrais qu’on puisse dire qu’ils représentent le véritable esprit de notre Institut, avec cette restriction qu’ils ne doivent ni ne peuvent conten ir les discussions, les erreurs de route, les reclificalions qui ont fini par établir la vérité telle qu’elle est, toutes choses que Fon développe longuement dans notre enseigne­ ment, puisque nous ne devons pas seulement faire des praticiens, mais former aussi des intelligences élevées, capables de faire avancer la Science au laboratoire et sur le domaine.


INTRODUGTION A. L’ ENCYCLOPÉDIE AGRICOLE.

Je conseille done la lecture de ces petits volumes á nos anciens éléves qui y retrouveront la trace de leur premiére éducation agricole. Je la conseille aussi á leurs jeiines camarades actuéis qui trouveront la, condensées en un court espace, bien des notions qui pourront leur servir dans leurs études. J ’imagine que les éléves de nos Écoles nationales d’Agriculture pourront y trouver quelque profit et que ceux des Écoles pratiques devront aussi Jes consulter utilement. Enfin, c’est au grand public agricole, aux cultivateurs que je les offré avec confiance. lis nous diront, aprés les avoir parcourus, si, comme on l’a quelquefois prétendu, l’enseignement supérieur agronomique est exclusii de tout esprit pratique. Cette critique, usée, disparaitra définitivement, je l’espére. Elle n’a d’ailleurs jamais été accueillie par nos rivaux d’Allemagne et d’Angleterre qui ont si magnifiquement développé diez eux I’enseignement supérieur de l’Agriculture. Successivement, nous mettons sous les yeux du lecteur des volumes qui traitent du sol et des faQons qu’il doit subir, de'sa nature chimique, de la maniere de la corriger ou de la compléter, des plantes comestibles ou industrielles qu’on peut luí faire produire, des animaux qu’il peut nourrir, de ceux qui lui nuisent. Nous étudions les tránsformations que subissent, par notre industrie, les produits de la terre: la vinification, la distillerie, la panification, la fabrication des sucres, des beurres, des fromages. Nous terminons en nous occupant des lois sociales qui régissent la possession et Fexploitation de la propriété rui'ale. J ’ai le ferme espoir que les agriculteurs í'eront un bon accueil a l’ojuvre que nous leur ofTrons. P a u l R e g n ard , Direcleur de l’Institul nalíonal agronomique.


AGRICULTURE GENÉRALE Par P. D IF F L O T H I vol. in-18 de 416 p a ge s avec 102 fig u re s

Broché : 5 fr. — Gartonné : G fr.

L’Agrlculture a subi, duran t la moitié du dernier siécle, une évolution complete qui a modifié totalement les condiüons économiques de la producLion agricole et contribué á faire de la culture du sol une industrie perl'ectionnée et progressive égalant, par la précision de ses méthodes et l’esprit scientiflque de ses travaux, les indus­ tries ininiéres, métallurgiques, électriques, etc. L’agriculteur est alors apparu non plus comme un esprit routinier et arriéré, sans ambition ni sans reve, mais qomme une intelligence consciente et active consacrantvolontairementses elTorts árexploitationralionnelle de nolre domaine cultural. Tandis que les populations rurales quittaient le sol natal, attirées yers les villes par la visión du faux luxe et du bien-étre factice, un courant d’idées inverses se manifesLait dans les classes supérieures et ramenait vers la carriére agricole une partie de la jeunesse studieuse et active que l’encombrement des carriéres libérales, les dil’ficultés présenles du coranierce, délerminaient á cette nouvelle orientation. Daulre part, rétabiissement des Écoles praüques d'agriculLure, la création' des Chaires d’agriculture, les Champs d’expériences, les Conférences agricoles, etc., diíTusaient parmi la masse des jeunes agriculieurs les préceptes nouveaux de la culture intensive Par ces deux voies différentes : recrutement de jeunes volontés libres et intelligentes, amélioration mentale des


D IFFLO TH .

Agriculture générale.

nouvelles générations de cultivateurs, l’esprít de l’agricuUeur frangais parachevait son perfectionnement et développait sa forcé et sa puissance. C’est a ce public éclairé et averti que sont destinés les divers volumes de TE ncyclopédie A gricole dont le manuel A'Agriculture générale constitue le premier tome. 11 existe deja de nombreuxlivres agricoles élémentaires présentant sous une .forme claire et simple les principes primordiaux de la culture du sol : le présent ouvrage a tenté d’étudier plus altentivement les phénoraénes si complexes de la végétation, de la fertilité des sois, et de vulgariser les découvertes scientiíiques dont les applications peuvent jouer un réle si considérable dans le perfec­ tionnement des méthodes culturales. Nous avons essayé de composerun livre concis etclair, susceptible d’étre compris par tous, malgré Fapparente complication des questions étudiées et la diversité réelle des sujets traités. Sous le titre général i'Agrologie, les regles et les prin­ cipes généraux qui permettent d’établir les rapports qui existen! entre la nature d’un sol et les produits qu’on en peut tirer ont été rassemblés et commentés. Le sol a été consideré, louL d’abord, dans sa formation et dans son triple róle de support, de réservealimentaire et de milieu; ainsi ont pu étre étudiés les découvertes récenles relatives á la nutrition des végétaux, le role des bactéries des nodosités des légumineuses mis en lumiére par les études de Hellriegel et Willfarth, Bréal, Prillieux, etc., l’action du ferment nitrique magistralement démontrée par MM. Scliloesing et Müntz, Tinfluénce exercéepar les microorganismes dans le maintien ou l’accroissement de la fertilité du sol établie péremptoirement par les travaux de Berthelot, Winobradsky, etc. L'examen du róle exercé par le sous-sol sur la producHvité' des Ierres précéde Vétude des propriétés physiques et chimiques des sois.


DIFFLOTH.

Agriculture générale.

Les divers procédés permettant de se rendre compte de la productivüé des ierres et de lew valeur fondére font l’objet des chapitres suivants : Analyse physique, Analyse mécanique, Analyse géologique, Analyse ehimique, Analyses diverses du sol. L’analyse géologique des ierres a retenu plus particuliérement nolre attention. Indépendamment de l’intérét que présenlent la description des diverses régions agricoles de la France et l’étude des coutumes locales des anciennes provinces, la détermination de Torigine géolo­ gique des terrains donne les indications les plus précieuses sur la nature de ces sois, (les reclierches, illustrées par les célebres travaux de M. E. Risler, ont permis en eíTet de consüluer les bases rationnelles de l’Agrologie. L ’étude des Rapports de la plante avec le sol comprend la discussion des causes déterminantes de la fertilité, de la slérilité des ierres et l’énumération des sois convenant aux principales plantes cultivées. Nous noüs. sommes inspiré, dans Tétablissement de ces principes, des recher­ ches précises de M. Carola. Ayant déterminé la valeur fondére des ierres et les principales cultures qui pouvaient s’y établir, il s’agissait maintenant de décrire rapidement les procédés suscep­ tibles de développer leur productivité. Les défrichements, Vamélioralion des sois précédent l’examen des procédés de travail et d’ameublissement des Ierres, laBours, quasi-labows, hersages, roulages, etc., et les méthodes á'épandage du fumier de ferme, des engrais chimiques et des umendemenls. Nous avons consacré plusieurs chapitres á l’examen des fraudes nombreuses dont les graines sont l’objet, afin de mettre le cultivateur en garde contre ces tromperies. Les considérations économiques prennent en eííet, dans le développement déFindustrie agricole, une importance de plus en plus considérable; l’achat et le choix rationnels des semences, dirigés d’aprés les principes et les regles


D IF F L O T H .

Agrioulture gén^ale.

établls d’une maniere si precise et si judicieuse par MM. Schribaux et Bussard, doivent étre la premiére préoccupation des praticiens La sélection des semences, qui constitue un des modes les plus économiques d’amélioration cultúrale, a été ensuiteconsidéróe sous ces diverses formes : sélection d’aprés le poids des graines, d’aprés le volunte, la couleur, la forme extérieure, d’aprés Vanalyse des-plantes méres, sélection métiiodique, etc. La pratique et l’exécutiorí des semailles terminent cette étude. Les soins d’entretien, binages, sarclages, éclaircissage,. bultage, conduisent logiquement á la descrrplion des procédés de destruction des plantes nuisibles. La récolte des céréales, des fourrages, des plantes racines et tubercules fait l’objet des chapitres suivanls^ complétés par l’examen des procédés rationnels de conservation des produits du sol. La derniére partie du volume traite des assolements et des régles physiologiques et économiques qui président a leur établissement. Un plan d’ensemble aussi vaste, la complexité des sujets traités ne nous onl pas permis de donner á ces diverses questions tout le développement que comporte leur importance. Le lecteur trouvera les développoments Utiles dans les autres volumes de I’E ncyclopédie^ üuícole.

11 fallait rendre attrayante la leclure de ces chapitres et faciliter la compréhension des questions envisagées : nous avons illustré ce modeste ouvrage de dessins et de photographies établies par nous-meme, prétées obligeamment par MM. Desprez, de Cappelle, ou puisées aux meilleures sources. Telles sont, briévement résumées, les diverses matiéres étudiées au cours de cet ouvrage que nous présentons k la bienveillance et á l’indulgence du public agricole. P aul D iffloth,


ENGR AIS G. - V.

GAROLA

Professeur départemental d’agricuUure á Chartres.

I vol. ln-16 de 5 0 2 pages, avec 3 3 fig u re s Broché : 5 fr. — Cartonné : 6 fr.

Aprés les belles études de Georges Ville, Grandeau, Joulie, Munlz el Girard el d’autres clüraistos, un livre manqiiait résumant tous les travaux et expliquant par los besoins des plan­ tes, el par la nature du sol quels sont les cngrais supplémenlaires qui, ajoutés au íumier, satisferont les besoins des plantos. i’our bien faire comprendre l ’utilité des engrais, M. Garola a, dans l’introduction de son livi'e, exposé commont se nourrit la plante. II a niontré quels sont les éléments nécessaires á la conslruotion de rédiíice végétal, quels sont les éléments indis­ pensables á la nourriture de la plante. L ’analyse chiinique des végélaux, qui a été poussée si loin á notro époque, a singuliérement aidé k la soluüdn de celle question. Elle a montré quellos matiéres entrent dans les tissus. Les unes sont destructibles par le fou, ce sont les substancos organiquos. Les autres sont fixes, ce sont les principes des cendres, les substances rninéralos, et particuliéremcnt la polasso, la chaux, la magnésie, le ier, l’acide sull'urique, l ’acide phosplioTique, le chlore et la sílice. Les substances organiques, carbone, hydrogéne, oxygéne, azote, ces substances forment á elles seules les 95 centiémes de la matiére végétale séche et les sois minéraux les 5 centiénios restant. Ces éléments sont en quantité variable avec les espéces et les indlvldus. M. Garola explique comment les plantes s’en nourrissent pendant la germination deleurs graines, comment rembryoi; suscite des diastases ou ferments solubles qui rendent assimilables les réserves ternaires et azotées, et aussi comment elles sont transí'ormées. Puis 11 étudie successivement rassimilation du carbone, de l’eau, de Tazóte, Tabsorption des matiéres minérales. II montre comment los racines des plantes absorbent par dialyse les matiéres minéi'ales ou organiques solubles dans la proportion máme oú elles peuvent etre ulilisées; pour celles qui, dans la torro sont naturellement insolubles, elles sont attaquées et solubilisées au contad de poils radicaux qui sont gorgés d’un suc acide d’ une puissance variable avec les esp&es.' Tuis arrivant au róle physiologique des seis minéraux, il


C .-V . GAROLA. — Engrais. rappelle que le anduns physiologistes croyaient que les plan­ tes ne contenaient des matiéros minérales que d’uno maniére accidentelle. C’est de Saussure qui, en se basant sur la nécessité des substances salines pour les animaux, en tira la con­ clusión qu’il y a une loi naturelle qui l'oroe les animaux á en absorber. La potasse, l'acide phosphorique, le soufre ou Facide sulfurique qui le fournit, lo l'er, la chaux, la magnésie sont nécessaires á la végétation. La sílice, si ahondante dans le centre des graminées, ne paralt pas indispensable au développement normal des plantes. Néanmoins, tout porte á croiro que la sílice favorise la maturité des céréales, la rend uni­ forme et assure méme, dans des conditions atmosphériqucs défavorables, le complet développement de la graine et sa maturatiori á une époque convenable. Le róle qu’on altribiiait autrefois á la sílice, d’ einpécher la verse des céréales, n'existe pas en réalité. M. Garola rappelle qu’Isidore Fierre a monli-é ([ue dans les blés versés on trouve plus de sílice que dans los blés restés droits sur le mómo terrain. Le chlore et la soude ne paraissent pas des alimonts indispensables aux végétaux terrestres. Cette bonne introduction se termine par lo róle du sol dans la nutrition des plantes; elle ost trés nettement exposée. Les aliments minéraux et azotés des plantes Ibrmenl dans la terre deux masses distinctes : la masse directeraent absorbable par les racines ou immédiatement assimilable et la réserve qui se transforme pour régénérer celle-lii. La réserve des substances alimentaires est la condition cssentielle de la pérennité de la production, et la portion qui ost annuedement amenée á, l’état assimilable est la mesure niéme de la fertilité actuelle du terrain. II faut, pour ne pas épuiser la fertilité du sol, lui rendro les subslances que les planles luí ont cnlevées; c’est la loi do restitution. M ais,il n’est pas nécessairo de restituer au sol d’ uno maniére absoluo tout ce que les récoltos y ont pulsé pour y raaintenir la production constante. Dans los terrains calcaires, inutile de restituer la chaux; dans les terrains granitiques, la potasse; mais il ne faut pas non plus o'ublier que la productivitó d’ uno terre riclio en azote, potasse, chaux et magnésie peut étre annulée par l’absence d’un éléraent, l’acide phosphoriciue, par exemple. II faut non seulement restituer, mais aassi faire des avan­ ces toutes Ies fois qu’elles deviennent productives. Los récoltos, en effet, sont proportionnelles quand les con­ ditions atmosphériques sont convenables, et la quantité disponible de Falimont que le sol renferrne en moindre quan­ tité, c’ est la loi dite du mínimum qui complélc le principe de restitution et le féconde. Knfin, M. Garola appelle l ’attention sur l’importance que présentent au point de vue de la production et de l’utilisation des engrais, les propriétés généi'ales du sol. L ’introduction du


JOUZIER.

Économie rurale.

livre de M. Garola est trós bonno, c'est renseignement metnodique raisonaé d'e l ’emploi des engrais; ceux qui la liront et qui voudrontbien s’en pénétrer.on tireront untrésgrandproüt. Dans l’ouvrage propi'ement, dit, M. Garola étudie successivement les amendements calcaires, le fumier, les engrais organiques divers, les engrais de commerce azotés, pliosphatés, les engrais potassiques, la réglementation du commerce des engrais, la furnure des plantos sarclées, des légumineuses, des prairies artiflcielles, des plantes textiles et oléagineuses, des jardins, des plantes arbustives. Le livre ne peut manquer d'obtenir un bon, succés auprés des cultivateurs éclairés, des professeurs d’agriculture, des éléves de nos écoles d’agriculture. M. Garola était admirablement préparé pour cela, ses longues années d’expériences passées á la direction du laboratoire agronomique de Chartres, ses nombreuses analyses de terre et d’engrais, en ont fait un savant, un praticien trés apprécié et en mesure d’écrire un nouveau et bon livre qui fait honneur á Encyclopédie de rinstitut agronomique. ’

E bnest M e n a ü l i .

ÉCONOMIE RURALE Par JO U ZIER Professeur k l’EcoIe nationale d’agriculture de Rennes

I volum e ln-16 de 5 0 0 p age s Broché.

..........

5 fr. I Cartonné..........

6fr.

L ’économie rurale est la branche de la Science agrícole qui enseigne « la maniere dont il faut régler les rapports des divers éléments composantles ressources du cultivateur, soit entre eux, soit vis-á-vis des persoimes », pour assurer la plus grapde prospérité de l’entreprise. L’économie rurale a pour but d’apprendre au cultivateur á produire avec profit. Elle étudie la valeur des choses sur lesquelles opere le cultivateur dans toutes les transforraations qu'elles subissent. Dans la Science agricoie, 11y a une partie oü l’on étudie isolément, chacun des éléments, chacune des branches qui constituenl la Science et oú on les étudie sous le seul rapport du résultat brut, du produit le plus élevé possible, abstraction faite des dépenses: c’est la partie teclinique; et uneautre qui, n’envisageant au contraire les choses qu’au seul point de vue industriel, c’est-á-dire au point de vue du gain, du bénéfice que doit nécessairement réaliser Ten-


JOUZIER. — Economie rurale. trepreneur pourqu’ilcontinué sa profcssion, examine un á un, sous cette nouvelle face, tous les agenls, tous leséléinenls de produclion qui interviennent dans cette queslion du bénéíice, puis les étudie combines, réunis et énfln en fonction : c’est la párlie écononiii|ue. Les études d’économie rurale doivenl porter non pas sur telle ou telle branche de la production agricole, mais sur l’enlreprise tout enliére. Pour en ordonner le programme, rexploitation agricole, la ferme, doit étre considérée comme un organisme comparableáune machine, etdontlafonction est de donnerdesproíits.L’étude méthodique de la machine suppose successivement la connaissance du milieu dans lequel elle est appelée á fonctionner, des organes dont elle se compose., des resultáis de leur action combinée, etc., d’oü on déduit les regles á ob'serx'er pour sa conduite. Pareillement, en ce qui concerne Pentreprise agricole, M. .louzier étudie d’abord le milieu social oü doit vivre, fonctionner l’organisme qu’elle constitue ; puisí sous les noms de capital, travail, Ierre, il étudie les éléments d’organisation quant á leurs caracteres particuliers, á la place qu’ils peuvent teñir dans Pensemble, á l'action qui leur est propre, etc. 11aborde ensuite les comcombinaisons élémentaires dans lesquelles ils entren! en jeu pour aboutir á une augmentation de la puissance des moyens d’action (crédil), ou á des productions élémentaires diverses. Le lecteur sera conduit, de la sorte, á un ensemble de connaissances suffisantes pour-comprendre jusque dans ses détails I’organisation d’une entreprise agricole quelconque et, aprés une étude monographique de quelques exploitations types, pour organiser, conduire, aiministrer une entreprise analogue. Le tablean suivant présente sous la forme la plus condensée Pensemble des questions éxaminées dans ce volume : M ilie u s o c ia l ou fa c te u r s e x te r n e s : la population, PEtat, Passociation, tes charges sociales (impót et assistance), le débouché. In s tru m e n ts de la p ro d u c tio n ou fa c te u r s in ­ te r n e s : le capital, le travail, la terre. C om bin aison s é lé m e n ta ir e s ; le crédit, les produc­

tions végétales, les produetions animales, la combinaisun cultúrale. E co n o m ie c o m p a ré e ou étude monographique d’entreprises types. O rg a n is a tio n et g e s tió n d’une entreprise.


SYLVICU LTU R E Par Albert FR O N Ingénieur agronome, Inspecteur adjoint des eaux eL foréts. Professeur & TÉcole forestiére des Barres.

I vol. in-16 de S 6 0 pages, avec p h oto gravu res

Broché : 5 fr. — Gartonné; 6 fr.

PREMIERE PARTIE

L a fo i'é t e t s e s é lé in e n ts con slitiilif.-^.

Vie de l’arbre en general : Généralités. 1. Germinalion. II. Enracinement. 111. Tige feuillée ; rainiíication. IV. Groissance en hauteur; longévité ; dimensions. V. Floraison ; fructirication. VI. Groissance en diamélre; bois. Vil. Bourgeons. VIH. Rejets de souche; drageons. lX...Gomposition et alimentation de l’arbre. Porét et peuplements : Généralités. I. Formation en inassif. 11. Influence de l’état de massif sur les individus. III. Influence de. l’état de inassif sur la fertilité de la station. IV. Accroissement total des peuplements. V. Pilases successives de la vie des peuplements. VI. Enlévementdesfeuillesmortes; écobuage; influence des foréts sur le régirne général des eau.\. Principales essences forestiéres: I. Ghénerouvreetchéne pédonculé. 11. Hétre. lll. Girarme. IV. Sapin pectiné. V. Pin sylvestre. VI. Chéne yeuse oú chéne vert. VII. Pin maritime. VIH. Épicéa comniun. IX. Méléze. X. Pin d’Alep. XI. Chéne tauzin. XH. Chéne occidental. XHl. Chéne-liége. Tableau des essences secondaires ou disséminées. Tableau général pour reconnaitre les arbres, arbustes ou arbrisseaux. Diverses formes de peuplements : Généralités. I. Futaie. 1. Peuplements réguliers. H. Peuplements irréguliers


Albert FRON. — Sylviculture. m. Réserve sur coupe définilive ; sous-étage. II. Taillis. lü Taillis composé. État de lá fo ré t: Généralit'és. I. Comparaison entre les différentes formes de peuplement. II. Composition des peuplemenls. DEUXIÉME PARTIS

P ra tiq u e sylvicole.

Repeuplement : Repeuplement artiíiclel. I. Boisement par semis direct. II. Boisement par plantations. 111. Re­ peuplement par boutures et par marcottes. IV. Repeu­ plement par semis naturels. l. Régénération par coupes successives. II. Régénération par coupe unique. V. Re­ peuplement par rejets de souche et drageons. Vi. Combinaison des différentes méthodes de repeuplement. Opérations culturales : 1. Action de Thomme sur le sol. 11. Action de Thomme sur les peuplemenls. Mesures de gestión: 1. Plan du domaine; limites. II. Ordre des exploitations; assiette des coupes. III. Notions succincles d’aménagement. IV. Opérations relatives aux coupes. V. Notions générales sur Ies ventes des coupes. VI. Travaux forestiers. TROISIÉME PARTIE

P rin cip a u x m a ssifs fo re s tie rs.

Étude spéciale des taillis simples : 1. Généralités. II. Ap­ plications du taillis simple. Étude spéciale des taillis composés : I. Généralités. II. Applications du taillis composé. 111. Restauration des taillis composés en mauvais état. Étude spéciale des futaies : Peuplemenls purs. I. Essences feuillues. 11. Essences résineuses. III. Peuplernents mélangés. QUATRIÉME PARTIE

Le dómame boisé et ses éléments constitutifs;. 1. Notions d’économie forestiére. II. Notions d’estimalion des bojs. III. Valeur de la propriété boisée.


BOTANIQÜE AGRICOLE E. SCHRIBAUX

J. NANOT

Professeur a l’Institut agronomique

Maitre de Conférences a. rinslitut agronomique Directeur de rÉcoIe natíonale d’agricultiire de VersaUIe?.

Directeur de la station d’essais de semences Membre de la Socíété natíonale d’agrículture.

i vol. in-16 de 3 6 8 pages, avec 2 9 4 fig u re s Cai'tonné : 5 fr.

La plante domine de haut les aulres facteurs de la production végétale; vers elle, convergent tous les efforts du cullivateur ; or, par une élrange contradiction, c’est précisément de la plante que les agronomes s’occupent le moins : ils agissent comme ces architectes qui consIruisent une maison, sans se renseigner exactement sur sa destination et sur les habitudes des hótes qui doivent s’y inslaller. Une foule de questions d'un intérét pratique considérable, retournées lanl de ibis sans arriver jamais á les résoudre complélement, telles que la répartition des engrais et des semences, le netloyage des Ierres, le choix des varietés, ramélioration des espéces végétales, pour ne citer que les plus importantes, attendront leur solution définitive aussi longtemps que l ’étude des plantes agricoies ne nous fournira pas les données essentiellés de ces différents problémes. Ge serait cendre un Service signale au pays que d'orienter résoluinent les travaüx de nos établissements de recherclies agricoles vers la biologie des espéces cu' tivées.


S C B R IB A U X et J. N A N O T . — Botanique aqrícn’o.

A nos yeux, le plus grand mérite de la líotaniqiu: cu/ricole, c’esl d’étre un premier jalón planté dans cette direc­ ción. MM. Schribaux et Nanot, en rédigeant la Botanique agricole, ont songé non seulement aux éléves des Écoles d’agriculture et des Écoles normales, mais encore aux agriculteurs tres nombreux aujourd’hui qui, ayant déjá les premieres connaissances scientifiques, désirent des notions plus completes de botanique pour les appliquer á une exploitation rationnelle du sol. L’ouvrage de MM. Schribaux et Nanot comprend deux grandes divisions. La premiére est consacrée á la cellule végétale, aux tissus et aux appareils. L'organisation et le développem ent des phanérogames fon t l ’objet de la secunde partie oü les auleurs étudient |successivement ; t “ les semences et la germination ; l2“ la racine ; 3“ la tige ; 4“ la m ultiplicalion artiíicielle (greíTage, bouturage, m arcottage); 5“ la fe u ille ; 6“ lafleu r; 7“ le fruit; 8“ la grain eet la m ultiplicalion nalurclle; 9“ la conservalion des matiéres végétales ; d0“ l ’amélioration Mes espéces cultivées.

La secunde édition ne rcssemble plus guére á la précédente : la premiére partie, qui traite de la cellule, des tissus et des appareils, a été cntiérement remaniée; il en est de máme, dans la scconde partie, des chapitres consacrés k la racine, á la nutrilion, aux procédés de multi­ plicalion asexuée, aux méthodes de conservalion des fruils et des graines ; les chapitres relatifs aux semences, á ramélioralion des espéces cultivées sont entiérement nouveaux. Cette deuxiéme édition s’est enrichie également d'un grand nombre de figures nouvelles. ENVOI FRAfiCO CONTBE ÜN K.XNDAT POSTAL

Inip. CnÉTií. Í903.


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE C. C A D É A G Professeur de cliniqueü I'EcoIe vétérlnaire de Lyon. Collection nouvelle de 32 volumes de 500 pages in-18 illustrées 5 fr. Chaqué volume cartonné................................. P a t h o lo g i e g é n é r a le d e s A n i m a u x d o m e s t iq u e s , parC. Cadéac. 2» édilion, 1904. 1 vol. in-18 de 432 p., avec 37 fig., cart........ 5 fr. S é m io lo g ie et d ia g n o s t ic d e s M a l a d i e s d e s A n i m a u x d o m e s ­ t iq u e s , par G. Gadé.4C. 2® édition, 1903. 2 vol. in-18 de 982 p., avec 186 fig., cart............................................................................. .10 fr. A n a t o m ie p a t h o lo g iq u e , d ia g n o s t ic et t r a it e m e n t des Maladies des animaux domestiques, par G. Gadéac. 2® édition. 1906.1 vol. in-18, 450 p., avec 50 fig., cart.......................................................... 40 fr. H y g ié n e d e s A n i m a u x d o m e s t iq u e s , par H. B oucher, professeur á l’Ecole de Lyon. 1 vol. in-18 de 504 p., avec 70 fig , cart----- 5 fr. M é d e c in e lé g a l e v é t é r i n a i r e , par Gallier, vétérinaire sanitaire de la ville de Caen. 1 vol. in-18 de 502 p., cart........................ 5 fr. P ó l ic e s a n i t a i r e , par Conté, professeur k l’Ecole vétérinaire de Toulouse. 2® édilion, 1906. 1 vol. in-18 de 518 p., cart............. 5 fr. M a r é c h a le r i e , par T hary , vétérinaire de l’armée. 1 vol. in-18 de 458 p., avec 303 fig., cart........................................................ 5 fr. P a t h o lo g i e in t e r n e , par C. Gadéao. 8 vol. in-18, ens. 3866 pages, avec 540 fig., cart.................................................................... 40 fr. I. Bronckes et estomac. — II. Iníestin. — III. Foie, péritoine, fosees nasales, si?ius. — IV. Larynx, irachée, bronckes, poumons. — V. Plévre, péricarde, catnr, cndocarde, artéres. — VI. Maladies du sang. Maladies genérales. Maladies de l'appareil urinaire. — VII. Maladies de l'appareil xtrinaire (fih). Maladies de la peau et maladies parasitaíres des máseles. — VIII. Maladies du systénie nerveux. Chaqué volume se vend séparément........................................................... 5 frT h é r a p e u t i q u e v é t é r i n a i r e g é n é r a le , par Guin.ard, chef des travaux k l’Ecole de Lyon. 1 vol. in-18 de 504 p., cart___ ‘........... 5 frT h é r a p e u t i q u e v é t é r i n a i r e a p p liq u é e , par H.-J. Gobert, vétéri­ naire de l’arméo. 1905, 1 vol. in-18 de 568 p. cart.................... 5 fr. O b s t é t r iq u e v é t é r i n a i r e , par Bodrn.at, professeur é. l ’Ecole vétéri­ naire de Toulouse. 1 vol. in-18 de 524 p., avec 72 fig., cart... 5 fr. P h a r m a c i e et T o x ic o lo g ie v é t é r i n a i r e s , par D eladd et Stoürbe. chefs des travaux aux Ecoles de Toulouse" et d’Alfort. 1 vol. in-18 de 496 p., cart-----1..................................... .................................... 5 fr. J u r ls p r u d e n c e v é t é r i n a i r e , par A. Conté, professeur á TEcole vétérinaire de Toulouse. 1 vol. in-18 de 553 p., c a r t . ........... 5 fr. E x t é r i e u r d u C h e v a l et d e s A n i m a u x d o m e s tiq u e s , par M. Montané, professeur k l’Ecolo vétérinaire de Toulouse. 1 vol. in-18 de 528 pages, avec 260 figures, cart.......................................... 5 fr. P a t h o lo g i e c h i r u r g i c a l e g é n é r a le par G. Gadéac, P. L eblanc, G. Garodgeaü. 1 vol. in-18 de 432 p., avec 82 fig. cart............ 5 fr. P a t h o lo g i e c h i r u r g i c a l e d e l a p e a u et d e s v a i s s e a u x , par C. ,Gadéac. 1905, 1 vpl.in-18 do 422 pages, avec 103 fig., cart... 5 fr, P a t h o lo g i e c h i r u r g i c a l e d e s te n d o n s , d e s n e r fs e t d e s m u s c le s , par PADER ot Gadéac. 1905, 1 vol. in-18 de 450 p., avec fig., cart...................................... ■.................................................... 5 fr. C h ir u r g i e d u p ie d , par Bournay et S endrail, professeurs k TEcole vétérinaire de Toulouse. 1 vol. in-18 de 492 p., avec 135 fig. cart. 5 fr. LIBRAIRIE J.-B. B.AILLIÉRE ET FILS, 19, RUE H.VÜTÉFEUILLE, A PARIS

a


i

Encyclopédie agricole PUBLIÉE PAR UNE REUNION D’INGÉNIEÜRS AGRONOMES SOÜS

LA

D in E C T IO N

DE

G. W E R Y Sous-directeur de l’lnstitut national agronomique

I n t r o d u c t io n

par

le

P.

REGNARD

Directeur de Tlnslitut national agronomique 40 volumes in-18 de chacun 400 á 500 pages, illuslrés de nombreuses figures C haqu é v o lu m e : b roch é, 5 fr . ; ca rto n n é, 6 fr.

CULTURE ET ÁfílÉLIORATION DU SOL

/. -

Agricultiire genérale.................

M. P. Dutloxh, professeur spécial d’agricullure.

Engrals (2« édition)...............

í

— ------...................................... ( //. —

Pí’pfesseur départemenlal d’agriculture d’Eure-et-Loir, dir. de la stalion agronomique.

PRODUCTiON ET CULTURE DES PLANTES

.......... *.........................^ Al. Garola, professeur déparlemental d'agricuUure Piontes fourrngéres.................. i d’Eure-et-lA>ir, dir. de la stalion agronomique.

Plantes industríettes.................. * - —I

(I

nomique.

conKrences a rinslitut agro-

Culture potügére....................... f M. Léon Bussard, s.-directeur de la station d’essais ArJjorículture . . . ) de semences á rinstUut agronomique, professeur ..............................(

á l’Ecole d’horticulture de Versailles.

Sylolcultute................................ M. Fron, professeur á l’École foresUére des Barres. Vítioulture........ .................... ^ P acottet, répétileur & rinsütut agronomique,

■ II

■ ....... *....................... ^

matadles des plantas

conférences a l’Iosütui

Cultures méridionales ................ Culture du pommier et cldre . . . ///. -

maltre de conlerences á l’Ecole de Grígnon.

MM. R iviére et L ecq, insp. de l’agric. de l’Algérie. M. VarcqIiLieb, direct. de la stat. pomol, de Caen.

PRODUCTION ET ÉLEVAGE DES ANIMAUX

Zoolosie agricole........................ \ tntomologie et Parasitologie > ai. G. Guükaux, répéüteur &rinstitutagronomique, agrlcoles...................................; Zootechnie genérale et Zooteof¡-\ nie du cneogl........................... J Zootechnie des Booldés............ \ AI. P.Diffix)th, professeur spécial d’agriculture. Zootechnie desfílQUtons,Chéores^ \ Porcs ........................................ j Alimentation des Animaux......... M. Goum, ingénieur agronome. AQUiCUlture................................. M. Deloncle, inspecleur général de l’agriculture. Apicnliure................................... M. Hommeli., professeur régional d’apículture. ADÍGUltUre I professeur spécial d’agriculture á «.í /

( M. Veil, ancien sous-directeur de la station sérl-

Sértcícutture............................... | cicole desBouches-du-Rhóne. Chasse,Eleo. du gU)ler,Ptégeage M. A. De L esse, ingénieur agronome.

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Encyclopédie agricole PUBLIÉE PAR UNE REUNION D’INGÉNIEURS AGRONOMES SOUS L A

D IR E G T IO N

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G. W E R Y Sous-Directeur de Tlnstitut national agronomique

Introduction par le D ' P . R E G N A R D Direcleur de rinslUut national agronomique 40 volumes in-18 de chacun 400 á 500 pages, illuslrés de nombreuses figures

Chaqué volume, broché : 5 fr. ; cartonné : 6 fr.

IV.

— TECHNOLOGIE AGRICOLE

Technologte agi-icols (SucreHcAyi^ Sailuhd. professear 4 l’EcoIe des industries meunerie, boulangene, fecu-'t lerie, amidonnerie, glucoserie).)

^ íntfnn^

^

anricoles de Douai. Boullakger, che£ de Laboraloire k Tlnstitut Pasteur de Liile.

r f g

{Ctdrerte, BrasserieA Hydi'omels, Distillerié).......... 1

Viniñcation

{Vin,

Vinaigre , i} ,{ .

P acottet , répéliteur á Plnslitul agronomique. Mailre de conférences á l'Ecole de Grignon. t ni*ar,ía ( Oh. Martin, ancíen directeur deí’Ecole d’indust£í£££íf..................................... [ trie lailiére de Mamirolle.

Eau-de- Vie)......................... (

mcrobiologie agHsole...............í ‘' ‘ ¿lectríeité agñcole..................

M.

K. —

“ "t^rences h l lnslitut agroH.-P. M autin , ingénieur agronome.

GÉNIE RURAL

Moieiirs agricotes..................... j

Goupan, repétileur k 1Institut agronomique.

Constriictions rúñales................

M. Danguy , direcleur des études á l’École d’aericulture de Grignon. 1 M. Moust, professear 4 l-Inslilul agronomique.

n„r,!nff„i> a* f orama^e et ¡rrigations............. ^

Uisi-KR, dirccteur hon. de.rinslilutagronomique. s.-directeur de l’Instilut agronomique.

Y!. — ÉC O N O m ET LEGISLATIOR RURA l ES Écononiie ruraíe........................ (M . Jouzier, professeur á, l’École d’agricullure de Législatíon rura/e..................... ( Rennes. Comptabilité agricole............... M. Conyert , professeur &Tlnslitut agronomique. T * » v . répétitenr 4 rinsUlut agronomique. í hygiene ae la lerme..................^ U v a ié n » ríp ¡n fo rm o

Le Llore de la Fermiére.............

P* U kcxard , direclcur de Tlnslilut agronomique. Porhe», répéiiteiu* k rinslUut agronomique. W“ ® L. B ussard.



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