Actuel de l'Estampe 3

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Actuel le magazine de ‘Parlons gravure’

n°3

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c o n t i e n t

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(4) Cedric Le Corf (10) Sabine Delahaut (18) Thomas Bouquet (24) Lorena Acin (32) Frederic Wieme (36) Fabiana Gomes (40) Corinne Saint-Mleux (44) Galerie K1L (46) Matrice


En couverture

Sabine Delahaut : La dentelière et le loup

L’art de la gravure s’apparente souvent à un travail d’orfèvrerie. Minutieux, délicat et raffiné. Trois qualificatifs qui s’appliquent assurément au travail de Sabine Delahaut, qui nous fait l’honneur d’illustrer la couverture de ce troisième numéro. Manipulant le burin comme la dentellière croise les fuseaux, Sabine Delahaut creuse son trait comme un fil de soie, crée des vides, se joue de la matière et nous entraîne dans les profondeurs d’un monde symbolique qui interprète les codes vestimentaires et la mémoire ancestrale pour nous interroger sur la coexistence en l’homme de la nature et de la culture. Sous l’apparence maîtrisée du corset bien serré, l’animalité qui est en nous ne demande qu’à se révéler. Certaines silhouettes flottent dans l’air comme le chat du Cheshire. Qu’on leur coupe la tête ! La fourrure transparaît derrière l’étoffe et la dentelle. La femme se fait mannequin et danse avec les loups.

ACTUEL, UNE ÉMANATION DE LA PAGE FACEBOOK ‘PARLONS GRAVURE’. Comité de sélection : Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Jana Lottenburgher Sophie Domont Sophie Courtant Loli Pougidet Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève Deny-Louis Colaux Pascal Samain La gravure en 1ère de couverture est de

Suivez le trait de Sabine Delahaut et pénétrez dans un labyrinthe de la psyché qui vous révélera toute l’étendue de sa personnalité. Une personnalité riche et nourrie d’une curiosité insatiable pour la condition humaine et animale. Plongez dans ses noirs. Perdez-vous dans ses vides pour deviner ce qu’elle ne montre pas. Tirez les fils de ses marionnettes et succombez au bruissement des ailes de ses oiseaux. La gravure est son langage. Les traits sont ses mots. Écoutez-la du bout des yeux. Pascale De Nève Octobre 2014

Sabine Delahaut. Titre : Bodega Bay. Technique : Burin et techniques mixtes. La gravure en 4ème de couverture est de Sabine Delahaut. Titre : Venez-y voir. Technique : Burin. Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com http://magazineactuel.weebly.com Editeur responsable : K1l a.s.b.l Imprimé par : Imprimerie Hengen, G.D.L Prix de vente: 20¤ n° d’issn: 0774-6008

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Cedric Le Corf Je creuse des sillons de torses et de dos, de vallons et de monts, et dans les crânes des rêves de paysages. Durant ces dernières années, le paysage anatomique d’après les planches de Jacques Fabian Gautier d’Agoty s’est imposé comme sujet de mon travail. Peu à peu l’homme dépecé se métamorphose en homme paysage. L’homme, l’arbre et la terre ont en commun de posséder tous trois une ‘écorce’ et donc de pouvoir être ‘écorchés’. Un corps disséqué n’est-il pas aussi une vaste étendue paysagée aux multiples accidents, de plissements et de crevasses ? La moindre rugosité osseuse n’est pas sans rappeler les paysages rocheux de Patinir ; le réseau veineux, artériel ou nerveux irrigue tels des rivières et des fleuves les plaines et les estuaires ; les muscles, glaise de la Genèse, modèlent gorges et tertres. De Dürer avec la ‘Vue du val d’Arco’ à Cézanne qui tenta toute sa vie d’inscrire l’homme dans la nature, «de marier les courbes des femmes aux épaules des collines», l’histoire de la peinture nous montre cette tentation d’homothétie.

Aujourd’hui, fasciné par les polychromés rhénans, confronté au pathos de Grünewald, de Baldung Grien ou de Schongauer, mais aussi par mes racines bretonnes, aux enclos paroissiaux, calvaires et peintures murales de Kernascléden, de la chapelle de Kermaria, j’ai entamé dans mon atelier de Berlin des séries sur toile, sur bois et sur zinc. En m’imprégnant de cet héritage, de l’image du corps anatomisé aux amants trépassés où l’animé et l’inanimé se côtoient dans une danse macabre, j’essaie en m’attachant au motif de faire sourdre de sa substance la peinture ou la gravure qu’il recèle.

Cedric Le Corf Avril 2014

fasciné par les polychromés rhénans 5


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Cedric Le Corf F-56590 Ile de Groix, Kerliet - Ty-Cedric 0033 (0)6 21 07 78 93 cedriclecorf@googlemail.com http://cedriclecorf.chez-alice.fr

Vit et travaille sur l’île de Groix et à Berlin.

Pages 4-6-7 et 8: gravures à la pointe sèche

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SABINE DELAHAUT Ce que dit l’artiste : « Après une première approche des arts plastiques par l’apprentissage de la peinture à l’huile, je me suis graduellement tournée vers les techniques d’impressions artistiques, particulièrement, la lithographie et la gravure sur cuivre. Mais je suis repartie de zéro quand, pour la première fois, en 2006, on a posé un burin dans le creux de ma main. J’ai laissé derrière moi les préjugés et le peu de certitudes que j’avais, avançant en terre inconnue, confiante malgré tout. Dès lors, la ligne est devenue omniprésente dans mon travail, comme un écho à ma formation initiale de couturière, avec le fil conducteur qui nous mène d’une étape à l’autre…. point par point. Le geste de la lame pourfendant le cuivre, prémédité, crée le temps, l’étirant avec douceur mais fermeté. Il le suspend également lorsque, par la taille répétée, hypnotique et réconfortante de sillons dans le cuivre, il révèle ici, une toison hirsute, là une chevelure au vent, là encore la matière d’un corset constricteur. » « Nourrie d’images absurdes par le spectacle de la rue et sa tyrannie du paraître, par les visages factices et les corps postiches …. je joue à la poupée. Ainsi, je dénude, pour mieux parer d’artifices, des silhouettes mutantes. Tour à tour, je donne et je reprends, je magni-

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fie et je mutile. Je découpe et j’assemble, j’additionne, jusqu’à la soustraction de moi-même… Ces personnages, échafaudés jour après jour, se prêtent avec docilité, voire complaisance, à ce petit jeu de dupe. Je laisse cependant quelques brèches, ici et là, afin que puisse se faufiler et s’épanouir la nature sauvage et instinctive que j’entrevois par bribes… elle n’est jamais bien loin et trépigne d’impatience, contenue et bridée, jusqu’au moment où elle pourra se dévoiler avec panache. » « La source de mon inspiration est le vêtement à travers l’histoire et les liens qu’il tisse entre le corps féminin et le sublime, la cruauté ou le ridicule. Je m’interroge sur cette relation masochiste, sur ce carcan imposé par la société mais bien souvent voulu et défendu bec et ongles par la femme elle-même. J’aime aussi explorer notre part d’animalité, les jeux et les mutations du corps. » « Le geste de la gravure, celui de laisser une trace qui se révèlera être un relief tangible, une petite boursouflure sur le grain du papier, comme un fil posé, me fascine. C’est un geste ancestral, simple et beau. Je privilégie le burin par rapport à l’eau-forte (dont je n’apprécie pas le coté aléatoire et que je n’utilise

qu’exceptionnellement pour travailler des fonds), car il me permet de maîtriser mon sujet de bout en bout. Le burin pousse la ligne vers l’avant, étire le temps dans un geste hypnotique, rassurant. Il est parfois nécessaire de bloquer sa respiration afin de manœuvrer une plaque de grand format, car c’est toujours la plaque qui bouge et donne le mouvement à la ligne et non le burin. Enfin, la gravure est une passion dévorante….. Celle du cuivre vierge, et plein de promesses qui s’offre généreusement à l’assaut des outils et que j’aime caresser incessamment pour vérifier l’absence d’aspérité ou pour combler ses creux de blanc d’Espagne et ainsi révéler le dessin au fur et à mesure de son exécution. C’est aussi la passion des beaux objets que sont les outils et le geste de leur affûtage. J’aime cette noble vieille dame qu’est la presse, alliée imposante faite d’engrenages, de rouleaux et de plateau. J’aime aussi les mots de la gravure : encre, huile, papier, grain, filigrane, grattoir, ébarboir, roulette, burin, pointe sèche, tarlatane, spatule, trousser, essuyer, lange, berceau, fantôme, tirage, épreuve…. Tout comme ces parfums d’ateliers et d’encres chauffées,… La gravure est art confidentiel, discret et silencieux qui implique un partage de savoir et une transmission. La gravure est mon refuge » Denis-Louis Colaux


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Ce que nous disons à propos d’elle : Sabine Delahaut est née en 1973 à Liège, en Belgique. Issue de l’Ecole supérieure des Arts de Saint-Luc à Liège, elle est diplômée en Arts plastiques (peinture de chevalet) depuis 1995. Elle cumule les diverses formations : couture, modélisme, stylisme, décoration (ensemblier-décorateur), gravure sur cuivre, lithographie, offset, sérigraphie. Chacune de ces formations habite et enrichit ses œuvres. Sabine Delahaut dit beaucoup de choses à propos de ses créations, elle dispose d’une belle langue pour évoquer son art, ses techniques, ses précieux outils et les gestes qu’ils exigent. La flamme de la passion traverse sa parole. L’œuvre de Delahaut est une œuvre d’une très grande finesse, d’une étonnante minutie dans le trait, dans le tracé tout autant que dans le propos. C’est une œuvre délicate, féminine, gracieuse, hantée par la femme (les indices féminins) et l’animal. J’ai parlé d’œuvre féminine car Delahaut burine avec la grâce et la souplesse de la couturière de Velasquez et un indéfinissable petit plus féminin exhausse l’œuvre. C’est une œuvre élégante dans laquelle

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l’absence est un des personnages essentiels, l’absence de l’être en tant que tel et sa manifestation réduite à ses avatars, à ses mutations, à ses ornements, ses masques ou ses métaphores. L’absence ici semble curieusement et poétiquement jumelée avec une quête de l’identité. Essentiellement, me semble-t-il, l’être s’absente derrière quelque chose ou est physiquement absent, ou partiellement absent. Delahaut nous propose des indices, des tracés incomplets ou masqués (plaisante trouvaille, le regard du loup lui est quelquefois un masque). Elle se situe évidemment du côté de la poésie : elle invite l’imagination à déployer les trames qu’elle propose, et parfois elle sème les traits et nous invite à imaginer qui les habite. Oui, son œuvre est une invitation à imaginer, à rêver, à rire, à s’étonner. Delahaut n’est pas une montreuse, son art tient dans la subtilité élégante de l’évocation, les nuances de la suggestion. J’aime ses gravures en rouge où chaque trait a la formidable palpitation d’une veine. Il y a chez elle un grand sens de la métaphore et un art du sens caché, c’est une héritière des surréalistes belges aussi. Le merveilleux est dans son œuvre. Elle aime redire des formes, les répéter en y apportant des modi-

fications, travailler tout à la fois dans la série et dans l’originalité, la constance et la transformation. Il y a en elle du baroque, mais un baroque étrange, une rencontre étonnante de la profusion et de l’ascèse. On trouve l’ornement sans le noyau souvent, la parure sans l’être paré. Quelque chose du conte hante son œuvre, de même que la présence obstinée de l’animal (qu’elle aime et pour les droits duquel elle milite infatigablement). Il me semble que, par certains aspects, la présence du fantastique est manifeste dans l’œuvre. Au travers de ce baroque sobre et inhabituel, insolite et charmant, dans ce lieu des identités masquées, du secret et de la révélation, de la fantaisie et du phantasme, de la féminité elliptique, du rapport singulier entre l’être et l’animal (l’humanité de l’animal, l’animalité de l’être humain), nous découvrons l’univers fascinant d’une poésie visuelle subtile et rare, quelque chose comme le merveilleux présent d’un art épuré et formidablement complexe. Denis-Louis Colaux


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Linogravure à la gouge ou à la pointe sèche, et à l’eau forte 14


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Sabine Delahaut 17, Villa Curial, 75019 - Paris sabine.delahaut@free.fr http://www.artmajeur.com/sabinedelahaut/

pages 10-11-13-14-15 et 16: Gravures au burin, parfois rehaussĂŠes

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THOMAS BOUQUET Thomas Bouquet Dessinateur/graveur Né en 1980. Vit et travaille à Lille. http://thomasbouquet.jimdo.com/

Bien que la gravure occupe une place importante dans ma production, je m’estime avant tout dessinateur, avant d’être graveur. L’immédiateté et la sensualité du graphite me séduisent par-dessus tout. J’ai le sentiment de pouvoir répondre à l’urgence. De tout exprimer très vite, selon les besoins. Je travaille beaucoup au maintien d’un équilibre entre l’écoute de pulsions fulgurantes et un temps de recul, de gestation, indispensables au dessin ‘juste’. Ce que la gravure ne me permet pas actuellement. La gravure, c’est pour moi une toute autre aventure. Elle est, par définition, inscrite dans un processus très long. C’est une image qui dépend d’un artisanat et d’un protocole précis, indispensables à la bonne terminaison de l’image.

pages 18-19-20-21-22 et 23: gravures à l’eau-forte

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Je pratique essentiellement l'eau forte. Avec celle-ci, je redécouvre la patience, la frustration, le labeur… L'eau forte, littéralement , me réapprend à dessiner. Sur la plaque, je dois tout contrôler ; j'ai la sensation d'être en danger perpétuel, je n'ai pas le droit à l'erreur. Une tension palpable s'installe alors, ainsi qu' une grande discipline, une rigueur de chaque seconde. L'on a accès à une dimension quasi mystique… Pour moi, c'est, de ce fait, le complément parfait à ma vision du dessin. Elle m'a permis de redéfinir les contours mêmes de mon ambition, de mon univers.

LA GRAVURE AMÈNE ÉGALEMENT UNE DIMENSION SACRIFICIELLE. ET PAR SON TEMPS D’ÉLABORATION, VA À L’ENCONTRE DU TEMPS CONTEMPORAIN ET INSCRIT L’ARTISTE DANS UNE POSTURE, TOUTE PROPORTION GARDÉE, MILITANTISTE.”

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LORENA ACIN Je m’approche avec un flou voulu Née le 27 janvier 1969 à Buenos Aires, Argentine. Très jeune, elle intègre plusieurs ateliers d'arts plastiques et rencontre l’artiste uruguayen H. Sabat. Son intérêt pour le cinéma et le théâtre la pousse à faire des études d'art scénique (scénographie) à l'Université del Salvador à Buenos Aires. Elle mène en parallèle sa carrière de plasticienne tout en participant aux décors de films comme "Carnet de voyage" de Walter Salles, "L'ours rouge" d'Adriano Caetano, "Imagining Argentina" de Christopher Hampton. En 2003, elle décide de venir s'installer avec sa famille dans le sud-ouest de la France et se consacre désormais à ses recherches plastiques. Elle passe de la peinture à l'huile à la pratique de la gravure et ses minis et grands formats. Ses compositions révèlent la justesse de son trait et une grande sensibilité. Son travail a le goût d'un souvenir d'enfance : tendre, délicat et d'une force rare. 25


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e travaille dans le domaine de l’estampe, j’explore les techniques sur différents supports, des matériaux classiques et des matériaux de recyclage, pour avoir des résultats qui s’approchent de mes idées. La réalité transformée en abstraction, la distance, l’enfance et les souvenirs deviennent mon suport de travail. Dans la série ‘ciels’ (gravure sur bois de 80 x 60 cm), je m’approche avec un flou voulu digne d’un vieux film, de ciels infinis en mouvement, de petits endroits intérieurs, transparents. Bois sur cuivre, carton sur papier découpé, impression sur impression, couleur sur une autre couleur ; des successions de tirages superposés où la matière et la lumière jouent ensemble et se nourrissent au fur et à mesure que chaque couleur laisse la place à la suivante. Le mouvement d’image de rêvées et de personnages réels... disparus. Chaque tirage est unique, avec ses flous voulus.

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Pages 24-25-26-27-29-30 et 31 : Xylogravures Page 28 : monotypes

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“Il m’a fallu du temps pour commencer à comprendre mon travail. Il part d’une nécessité de dire et de sentir sans limites, sans cohérence, sans sens et sans retenue de support ou de technique, la nature et les souvenirs. Les recherches plastiques pendant des heures et des mois de travail, portent sur ce que j’appelle la ‘nonsérie’ qui, une fois que je l’ai acceptée comme méthode, m’a permis de créer plus librement. Je sais qu’à partir de maintenant, il y aura toujours deux expositions parallèles : l’une montrée au public et l’autre endormie dans mon for intérieur. Ces chemins se croisent sans répliques. À la fin de cette ‘non-série’, je sens que j’ai eu un petit moment de bonheur.”

Lorena Acin loacin@icloud.com 28 Av.de montauban 31620 castelnaud D’estretefonds 0673074628

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FRÉDÉRIC

WIEME

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« Principalement, mon travail (xylographie) est basé sur les reflets, les ombres des êtres parcourant le quotidien. Le contenu du rêve s’effectue par la fenêtre, car c’est par celle-ci que pénètre l’excitation lumineuse. Prisonnier de l’intérieur ou de l’extérieur via un châssis de fenêtre… Celui-ci devient un tableau, un portrait et un paysage que je réalise via la technique de la xylographie ; ces affiches sont des transparences du monde urbain où des hommes et des femmes se reflètent au travers des fenêtres. L’oeuvre, que chacun peut interpréter à sa manière, évoque les drames de la vie, l’abandon et la désolation lors des catastrophes du monde moderne. » À l’heure actuelle où la crise est toujours présente, des hommes et des femmes courent toujours et de plus en plus vite... Aux annonces politiques, scientifiques, économiques... ils courent toujours plus. Aux affiches publicitaires : ‘Pommades anti-rides’ = rester jeune, beau, sportif, compétent et tel qu’un sérum de l’éternité... »

Frédéric Wieme fredericwieme@hotmail.com Place de la Loriette,44 1300 Wavre Belgique

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Présenter ces êtres sans domicile aux traits durs à l’aide de la xylographie (écorce de bois graphique), montrer leur existence. Alors qu’eux, ils sont transparents dans ce monde urbain, comme inexistants pour certains. On voit l’acteur portant un costume large évocateur de sa détresse ; il se voit dans la vitrine et se remémore les moments de gloire qu’il a vécus (The Artist). Quelques plans tels que fondus, flashback, caméra subjective, profondeur de champ, ombre, lumière inspirés des films d’Orson Welles (Citizen Kane).

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Pages 32 et 34 : Xylographies


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Pages 36 et 38 : gravures à la pointe sèche, rehaussées. à l’aquarelle Page 39 : gravure à l’aquatinte.

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FABIANA GOMES Ma recherche et ma production artistiques s’intéressent à la multiplicité de l’image à l’intérieur de l’image, dans une sorte de métalangage. La grande affection que j’ai pour la composition de l’image m’a menée à réaliser des interventions sur des photos et frames produits par moi-même, car je m’intéresse particulièrement à la découverte des nombreuses couches qu’une image peut présenter. Pour la plupart des images que je produis, j’utilise de l’acétate comme support pour la production de gravures. Ce matériau léger et transparent permet un avancement rapide dans la production de nombreuses couches. L’usage du système CMKY est tout aussi remarquable, car il permet de composer l’image en quatre couches colorées pour reproduire une grande gamme de couleurs à partir de couleurs basiques : cyan, magenta, jaune et noir. Ensuite, il est possible de manipuler les images et de créer les couches pour obtenir des gravures pleines de détails, de textures et, bien sûr, de couleurs. Je réalise actuellement l’impression de nombreuses gravures sur monotypages. Cette technique a réveillé chez moi l’intérêt pour la richesse de possibilités qu’elle présente. Elle s’affirme comme un territoire aux caractéristiques hybrides, entre la peinture, le dessin et la gravure, ce qui rend possible le dialogue et l’expérimentation entre différents langages, répandant davantage les limites de la gravure.

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Fabiana Gomes fabgomesrj@gmail.com Skype: fabgomesrj TĂŠl.: 55 31 93801795 Rua Mario de Andrade, 106 - Ap 515. Sagrada FamĂ­lia, Belo Horizonte -MG

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« La ville est devenue ma première motivation et source d'inspiration dans mon travail artistique. Le paysage urbain, à mon sens si caractérisé par le hasard et l'insaisissable, voilà ce que je veux explorer dans mes photos, gravures et vidéos. »

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Corinne SAinT-MLeUX “ Je nais le 25 mai 1970 au début de la nuit, quand le soleil a rendez-vous avec la lune, et grandis en gardant tous mes jouets, étant très soigneuse, les installant dans ma grande chambre de princesse, comme un décor de théâtre. Malgré ces jouets innombrables, je gribouille tout le temps et m’invente des mondes imaginaires avec des bouts de pâte à modeler. Mon référant est un vieux livre du code de la route de Dubout. Ensuite, après le CFT Gobelins, je deviens infographiste sur Paris, puis céramiste dans ma campagne berrichonne, pays des sorcières. Entourée de mes tubes de couleurs, je reprends mon cartable pour l’école Lignes et Formations, et après quelques dessins publiés et des expositions de linogravures et marionnettes de faïence, j’aspire à réaliser des albums illustrés pour enfants. À cela, je pratique en parallèle la linogravure, ayant débuté à Rosny sous Bois. Exposée plusieurs fois à Sancerre et à Bourges, je réalise mes tirages chez la graveuse Arlette Vaistij, à 20 kms de chez moi. ”

Corinne SAINT-MLEUX 11, rue de l’Eglise 18260 Subligny 02 48 73 86 31 06 85 92 21 56 corinne.saintmleux@sfr.fr http://corinnesaintmleux.blogspot.fr

Pages 40 et 43 : gravures sur linoléum

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À PROPOS D’UNE GRAVURE DE CORINNE SAINT- MLEUX, PASCAL SAMAIN

COMME TU ES BEAU Tu sais, je me sens vachement bien dans ton lavabo. Normalement, c’est pas pour les chats. Donc, en tant que vrai chat doté de toutes ses facultés et tous ses instincts, je m’y suis installé. Confortable, je te dis. AAAHHH, aujourd’hui j’ai pas mal baroudé, et tu n’es pas obligé de m’éclabousser avec l’eau de ton bain. C’est que je t’ai apporté deux cadeaux qui t’attendent dans la cuisine: une musaraigne et une souris. Dure dure parfois, la vie de félin. Domestique, qu’ils disent... faut voir.

Tiens je me ferais bien les ongles, ta lime est toujours rangée au même endroit ? La voilà. RRZZTT RRZZTT RRZZTT, parfait ! Jamais eu d’aussi beaux ongles, moi. J’ai un gros noeud de poils que j’arrive pas à défaire avec mes dents, alors je te préviens, je vais utiliser tes ciseaux à barbe. Un bon coup de peigne et hop !, que je me regarde dans ton miroir... Parfait. Bon, je le laisse à la suite de ton bain. Au fait, t’aurais pas un cigare ?

Pascal Samain est un auteur belge né en 1958 dans le Borinage. Il a publié quatre ouvrages : - Les trous de la rue Lartoil, 1990, Julliard, Grand Prix de l’humour noir 1990 - L’indicateur des Chemins de fer, 2001, Éditions du Cerisier - Des Fillles Invincibles, 2003, Éditions du Cerisier - L’Abécédaire de ce %^$/§ de monde du rock, 2007, Éditions Autour du livre Il a collaboré avec les revues: -Le Soir Magazine, 2000/2001 - Crossroads, mensuel de rock, 2005/2010 - Brazil, mensuel de cinéma,

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GALERIE K1L

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GALERIE K1L Catho Hensmans et Jean-MIchel Uyttersprot, tous deux, artistes et amoureux de la gravure et du dessin, décident d’ouvrir une galerie, dans leur lieu de vie. La galerie K1l ,installée dans une maison bourgeoise du 18 ème siecle,est située dans le centre historique de Jodoigne, petite ville de province , pleine de charme. L’accueil se fait en français et en néerlandais. Outre les travaux de ses propriétaires, vous y retrouverez ceux de Alessandra Dalla Rosa, Ximena De Leon Lucero, Didier Hamey, Luc Huysman, Tomáš Žemla, Antonio Navarro, Cedric Le Corf, Wang Suo yuan, Luc Thiburs, Sophie Domont Luc Médrinal, Jana Lottenburger, Sylvain Salamovitz, Pascal Jaminet, Sophie Courtant, Sabine Delahaut , Jean-Pierre Lipit, Luc Noël, Chloé Coomans, Edward Bateman, Elisabeth Bronitz, Michel Vranckx et Pascale Parrein. La galerie KL est spéciallisée en estampes et en dessins K1l est aussi une maison d’édition qui publie «Actuel». et distribue des livres d’artistes à petits tirages. D’autres projets d’éditions sont en chantier.

Galerie K1L, a.s.b.l. rue du sergent Sortet, 29 1370 Jodoigne/Belgique

Page 44: Sylvain Salamovitch, Titre: chateau de l’oeuf Naples Xylogravure.

0032 497 51 63 85 editionK1L@gmail.com

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Matrice est un blog d’informations sur les pratiques de l’estampe, créé en février 2013 à l’initiative d’Ariane Fruit, artiste graveur et photographe. Ce blog est né du désir d’apporter une visibilité supplémentaire à l’estampe qui, par la vivacité et la diversité de ses pratiques, occupe une place importante dans l’art contemporain. À l’ère du numérique, l’estampe est en pleine évolution. En intégrant parfois les possibilités qu’offre le numérique, elle élargit son champ de création. Parallèlement, on observe un regain d’intérêt pour les techniques artisanales. Matrice est un outil qui décloisonne les pratiques en créant des ponts entre les techniques et qui propose un relais entre les acteurs de l’estampe et leur public. Son but est de faciliter l’accès aux informations pour attirer de nouveaux artistes et amateurs et contribuer à sortir l’estampe de sa confidentialité. La plupart des sites internet francophones sont référencés dans un annuaire de liens classés par thème. Un répertoire propose un descriptif des différentes techniques, qu’elles soient anciennes, récentes ou voisines de l’estampe, comme les procédés alternatifs de photographie.

Pour rendre plus compréhensibles ces techniques parfois complexes, certaines sont expliquées en vidéo ou en photo. Une galerie permet d’appuyer la démarche des artistes qui utilisent l’estampe et de présenter en images les spécificités de chaque procédé. Les ateliers, lieux uniques d’échange et de création, sont présentés à travers des reportages photo. Matrice centralise les actualités relatives aux acteurs et aux événements qui font vivre l’estampe, principalement en France, mais aussi dans les autres pays francophones.

Le blog évolue au fil des rencontres et se veut participatif, il est ouvert à toutes les suggestions et contributions, qu’elles soient d’ordre artistique, technique ou théorique.

http://www.matrice.info http://www.arianefruit.com

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Photos : en haut : Maison de la gravure Méditerranée en bas, à gauche : Ateliers Rigal en bas, à droite : Atelier Michael Woolworth

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