« Le problĂšme nâest pas dâinventer lâespace, encore moins de le rĂ©inventer (trop de gens bien intentionnĂ©s sont lĂ aujourdâhui pour penser notre environnement), mais de lâinterroger, ou, plus simplement encore, de le lire ; car ce que nous appelons quotidiennetĂ© nâest pas Ă©vidence, mais opacitĂ© : une forme de cĂ©citĂ©, une maniĂšre dâanesthĂ©sie.» (Georges Perec â EspĂšces dâespaces)
ROCLAW : vers une culture pour la coexistenceâŠ
Wroclaw 2016, Capitale EuropĂ©enne de la Culture⊠WrocĆaw, ville de lâOuest de la Pologne, a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e Capitale europĂ©enne de la Culture en 2016. Dans le mĂȘme temps, une autre ville, San-Sebastian en Espagne Ă©tait elle aussi dĂ©signĂ©e Capitale europĂ©enne de la culture 2016. La ville polonaise se dit ainsi fiĂšre de son passĂ© multiethnique et multiculturel: « Breslau/WrocĆaw est devenu un laboratoire oĂč la culture polonaise importĂ©e des rĂ©gions FrontaliĂšres de lâEst sâest Ă©panouie parmi le patrimoine laissĂ© par les Allemands, et a subi une mĂ©tamorphose en un composite culturel unique. Aujourdâhui, WrocĆaw reste un laboratoire culturel, oĂč lâidentitĂ© de ses rĂ©sidents se transforme sous lâinfluence de nouvelles idĂ©es, que les habitants absorbent plus ouvertement que ceux dâautres rĂ©gions polonaises. Ce laboratoire historique des identitĂ©s pourrait servir dâexemple : nous voulons partager avec lâEurope notre expĂ©rience face au dĂ©fi qui nous a Ă©tĂ© lancĂ© par lâhistoire : construire une nouvelle identitĂ© pour notre ville et pour nous-mĂȘmes », affirme le dossier de candidature. 1
San Sebastian, Capitale EuropĂ©enne de la Culture. Capitale du Pays Basque, cette ville espagnole a Ă©tĂ© troublĂ©e dans son quotidien par la violence. Dâabord par la Guerre Civile, ensuite par la dictature franquiste et jusquâĂ ce jour par les actes terroristes de lâETA. Par leur force et leur engagement civique, les femmes et les hommes de toutes conditions et de toutes origines vivant sur les terres Basques, territoire europĂ©en transfrontalier et passage naturel entre la France et lâEspagne, ont impulsĂ© le dĂ©veloppement Ă©conomique, social et culturel de la ville. La ville aspire Ă la construction de la rĂ©conciliation civique, la renaissance et la transformation culturelle quâelle souhaite partager avec le reste de lâEspagne et de lâEurope. Pour atteindre ses objectifs, San SĂ©bastian souhaite « prendre les vagues dâĂ©nergie citoyenne » dans une pĂ©riode de grands changements pour guider la ville vers un espace oĂč le « vivre ensemble, lâharmonie et le dialogue permettent dâaborder lâavenir ». 2
Notre point de dĂ©part: le WuWA, 1929 Ă Wroclaw WuWA est une abrĂ©viation de "Wohnung und Werkraum Ausstellung" - espace de vie et de travail â le deuxiĂšme congrĂšs aprĂšs le CIAM se dĂ©roulant lui en 1929 Ă Francfort. Ce congrĂšs posait un regard novateur sur le processus d'urbanisation, la surpopulation dans les villes, les attentes de la sociĂ©tĂ© en termes de conditions de vie et la capacitĂ© d'appliquer les technologies les plus rĂ©centes dans la construction. Les grands principes dĂ©finis par le CIAM ont pu servir comme base des expĂ©rimentations urbanistiques et architecturales de Francfort et de Wroclaw (dĂ©nommĂ© Breslau Ă lâĂ©poque). Entre autre lâabandon des moyens traditionnels dâarchitecture, des essais sur des nouvelles maniĂšres dâhabiter, la recherche de systĂšme architectural nouveau ainsi que des initiatives dâun urbanisme nouveau, le tout en phase avec une sociĂ©tĂ© de demain. Cette modernitĂ© est illustrĂ©e entre autre par un hĂŽtel pour cĂ©libataires conçu en dĂ©but de carriĂšre du jeune et trĂšs prometteur architecte Hans Scharoun. Wroclaw, 4eme ville de Pologne, a la particularitĂ© dâavoir traversĂ© dans son histoire plusieurs nationalitĂ©s. La derniĂšre en date est le passage aprĂšs la seconde guerre mondiale de la nationalitĂ© allemande Ă la nationalitĂ© prĂ©cĂ©dente, Ă savoir la Pologne. La ville laisse apparaĂźtre ces strates du passĂ©, et le site du WuWA en est une des derniĂšres apparentes, avec entre autre le fameux dĂŽme de Max Berg, architecte allemand. 2016 sera lâoccasion pour la ville de mettre en Ă©vidence la question de lâidentitĂ© en regard Ă cette multiculturalitĂ© alimentĂ©e par lâhistoire, et ce dans un contexte europĂ©en en plein doute actuellement. Un contexte oĂč lâatelier se donnera lâopportunitĂ© de questionner la sociĂ©tĂ© de demain, en sâinspirant du programme de Wroclaw 2016 et celui de San Sebastian 2016 au travers des interventions dans les interstices du quartier expĂ©rimental du WuWA de 1929. Comment promouvoir « le vivre ensemble et la rĂ©conciliation » en 2016 ? 3
« La dĂ©mocratie moderne est une maniĂšre de vivre qui ne repose pas sur un modĂšle achevĂ©, ni sur des certitudes absolues, mais qui se fonde sur une propre incertitude â câest un processus de construction permanente. » Santiago Eraso 4
« lâactuel nâest pas ce que nous sommes mais plutĂŽt ce que nous devenons, ce que nous sommes en train de devenir, Ă savoir lâautre, notre devenir autre » (M Foucault)
5
Les objectifs : un laboratoire urbain⊠Nous considĂ©rons lâatelier comme un laboratoire permettant de sensibiliser les Ă©tudiants aux domaines culturels auxquels appartiennent lâarchitecture, de stimuler, de regarder, de modifier le regard, de comprendre le lieu, de le dĂ©samorcer, de le parcourir, de lâapprĂ©hender, de lâarpenter, de lâexplorer, de lâimaginer, pour finalement le perturber... Un laboratoire urbain oĂč lâexpĂ©rimentation est permise ! Lâaccumulation de ces expĂ©rimentations constitue la logique de lâacte architectural, de la crĂ©ation Ă la conception, pour permette aux Ă©tudiants de se questionner dâabord, sur leur rĂŽle en tant quâarchitecte, et de prendre position afin de poser un acte politique en tant quâarchitecte. Nous nous inscrivons dans le processus en cours des programmes de Wroclaw et San-SĂ©bastian, en partant du quartier expĂ©rimental du WuWA tout en y confrontant les objectifs thĂ©matiques de San-SĂ©bastian. Lâobjectif est de dĂ©poser un dossier de candidature permettant de proposer une rĂ©elle complĂ©mentaritĂ© entre ces 2 villes capitales, faire le lien ou le grand Ă©cart entre 2 extrĂ©mitĂ©s gĂ©ographiques de lâEurope, une maniĂšre de rĂ©pondre aux enjeux culturels de la communautĂ© europĂ©enne. Wroclaw, San Sebastian habitent lâhomme⊠Lâhomme habite Wroclaw ou San Sebastian. Par habitude, nous considĂ©rons que lâhomme habite la Ville. Il lâa vit, la cĂŽtoie, la perturbe, la modifie. La Ville est le contenant et lâhomme le contenu. La dĂ©finition du verbe habiter prend en rĂ©alitĂ© tout son sens : habiter câest occuper un lieu, un espace, vivre quelque part. En inversant les rĂŽles, « la Ville habite lâhomme » pose la question non pas dâhabiter, mais de lâhabitĂ©. LâhabitĂ© au sens large, comment lâhomme Ă©volue par rapport Ă la Ville, « comment lâhomme peut-il contenir la Ville, lui qui y habite ? » (Vincent Cespedes â « La Ville dans lâhomme ». MatĂ©riaux pour une thĂ©orie de lâhabitĂ©). 6
Cette notion dâhabitĂ© constitue le fil rouge de cette annĂ©e, avec en toile de fond un terrain dâexpĂ©rimentation quâest le WUWA dans la Ville de Wroclaw en Pologne. Le multiculturalisme, lâidentitĂ© et la citoyennetĂ© en font les lignes de forces de cette annĂ©e culturelle Ă venir, « une culture transformatrice pour une dĂ©cennie de coexistence » ⊠Quelle peut ĂȘtre dĂšs lors la place de lâarchitecte dans cet Ă©tablissement de culture transformatrice pour une dĂ©cennie de coexistence ?
« Penser la modernitĂ©, son histoire et son avenir, est dâune redoutable urgence. Penser son histoire permet de comprendre lâidĂ©e quâune sociĂ©tĂ©, siĂšcle aprĂšs siĂšcle, se fait de son futur, Ă travers son gouvernement, ses mĆurs, son art, ses modes, ses utopies. Et penser son avenir, câest imaginer lâidĂ©e quâon se fera, Ă lâavenir, de lâavenir. TĂąche particuliĂšrement fascinante. » Jacques Attali in Histoire de la modernitĂ©, ed. Robert Laffont. 7
Lâatelier « Architecture & Anthropologie » propose aux Ă©tudiants dâexplorer les territoires du possible, des possibles, avec comme objectif des questionnements plutĂŽt que des rĂ©ponses prĂ©Ă©tablies, des tentatives de propositions sous forme de projets, tentatives oĂč le doute est de mise⊠étant entendu que le projet est considĂ©rĂ© comme la construction dâune pensĂ©e avant toute matĂ©rialisation. Il est pour lâatelier primordial de construire cette pensĂ©e avant dâaborder une rĂ©ponse. Prendre le temps pour asseoir une stratĂ©gie, un processus de pensĂ©e permettant dâabord dâĂ©crire le parti-pris du projet pour ensuite, voire mĂȘme enfin, le matĂ©rialiser via les moyens de reprĂ©sentation que sont les outils de lâarchitecte. La dĂ©marche de lâatelier suppose un positionnement de chaque Ă©tudiant en tant quâacteur/architecte de la sociĂ©tĂ© contemporaine, en permettant de les sensibiliser aux domaines culturel, sociĂ©tal, Ă©conomique, politique auxquels appartient lâarchitecture, de stimuler, de regarder, de modifier le regard, de comprendre le lieu, de le dĂ©samorcer, de le parcourir, de lâapprĂ©hender, de lâarpenter, de lâexplorer, de lâimaginer, pour finalement le perturber... « Lâarchitecture est une discipline Ă part entiĂšre, mais la prĂ©servation de son identitĂ© ne doit ĂȘtre en aucun cas, un enfermement sur elle-mĂȘme. Son autonomie appelle au contraire, la transdisciplinaritĂ©. OrientĂ©e principalement vers la crĂ©ation, lâarchitecture produit et continuera de produire des travaux de recherche sur ce quâelle a fait et ce quâelle fait ou ce quâelle fera, combinant pour ce questionnement, qui lui est spĂ©cifique et nĂ©cessaire, ses propres outils thĂ©oriques et mĂ©thodologiques avec une autre approche, anthropologique, par exemple. » (D Pirson). Aujourdâhui, nous nous devons de voir Ă travers la pratique de lâarchitecture lâoccasion de dĂ©velopper des scĂ©narii dâanticipation. Que peut apporter « lâanthropologie des mondes contemporains » de Marc AugĂ© Ă lâarchitecture ou ce que peut lui emprunter lâarchitecture. « Les conduites dâanticipation sâimposent aujourdâhui dans leur grande variĂ©tĂ© comme un fait majeur de notre temps » (JP Boutinet) 8
Pour aborder ces questionnements, lâatelier se veut ĂȘtre un laboratoire permettant dâexplorer les diffĂ©rentes formes conceptuelles architecturales, les projets urbains et la dĂ©mocratisation des compĂ©tences sociales et techniques. Lâatelier accorde une attention particuliĂšre aux idĂ©es, thĂ©ories et dispositifs urbains. Il sâattache Ă rendre intelligible, pour la conception architecturale et urbaine, les dynamiques de transformations du territoire, leurs formes spatiales, les cultures urbaines, les modes de vie et les pratiques sociales qui y sont associĂ©s. Il explore les diffĂ©rents types dâurbanitĂ© exprimĂ©s par « lâhabitĂ© ». Il sâinterroge sur la place de lâarchitecte dans le processus futur du dessin de la ville. « Que nous apprend le projet sur la condition humaine lorsque celle-ci se prĂ©occupe du « faire advenir » ? Cette approche anthropologique du projet vise Ă identifier la diversitĂ© des situations, Ă repĂ©rer les invariants, Ă comprendre comment fonctionne le projet dans diffĂ©rents ensembles culturels, Ă sâinterroger sur la façon dont les individus, les groupes, les cultures construisent et vivent leur rapport au temps.»(JP Boutinet).
9
« La prospective consiste Ă crĂ©er un rĂ©cit plutĂŽt quâune vision ou une image. Asseoir une prospective demande de retenir une hypothĂšse dâavenir vraisemblable, sur un ensemble de paramĂštres dâĂ©volution, une hypothĂšse Ă adapter en permanence. Le travail consiste alors Ă reconnaĂźtre la culture ou les cultures Ă lâoeuvre sur un environnementaux, climatiques, Ă©conomiques et sociaux en cours territoire. Puis Ă la ou les faire rĂ©sonner des questions du futur, telles quâelles sâannoncent de nos jours, telles que nous les entendons Ă lâaune du dĂ©rĂšglement climatique, de la crise de lâĂ©nergie, des pĂ©nuries en eau et du stress alimentaire, notamment. » Philippe MADEC Entretien avec la revue roumaine « architext » sur le thĂšme « L'architecture (in)visible, l'architecture (in)utile, les masques de l'architecture ⊠», numĂ©ro 2, dâavril-mai 2013
10
LA PAGE BLANCHE Le collectif La Page Blanche - 11
LA CAPITALE EUROPĂENNE Chaque annĂ©e, deux capitales EuropĂ©ennes sont sĂ©lectionnĂ©es afin de reprĂ©senter la culture du continent pour une durĂ©e dâun an. Par lĂ , on entend montrer Ă la fois une identitĂ© nationale et des particularitĂ©s culturelles propres Ă chaque pays. Cette initiative a pour but de rapprocher les citoyens de lâUnion EuropĂ©enne. La prĂ©paration dâune capitale EuropĂ©enne de la culture est une opportunitĂ© pour les villes dâamĂ©liorer leur image au niveau inter-
national. Ce qui conduit Ă des bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques, culturels et sociaux. La ville devient attractive et un lieu propice Ă la venue des touristes. Plusieurs villes avaient au dĂ©part un passĂ© industriel qui par la suite avec le titre de capitale culturelle ont pu se rĂ©approprier leur ville dâune autre maniĂšre. Au cours du temps, malheureusement, peu de projets ont Ă©tĂ© faits en commun pour les deux villes et Ă chaque fois des pro-
12 - Le collectif La Page Blanche
grammes nâont ciblĂ© quâun type de public : touristes, rĂ©sidents, des personnes avec un background culturel⊠Nous voulons donc apporter une vision alternative pour rĂ©vĂ©ler cette volontĂ© dâunitĂ© dans lâEurope dâaujourdâhui.
LA MODERNITĂ
Aujourdâhui, la ville est une mĂ©gastructure comportant des infrastructures destinĂ©es principalement Ă la vitesse et Ă la consommation (les routes automobiles, les rames de trams et les tunnels de mĂ©tros). Les villes mondialisĂ©es se ressemblent de plus en plus et perdent petit Ă petit leur identitĂ© propre. En effet, on retrouve partout les mĂȘmes architectes et les mĂȘmes enseignes commerciales.
velle maniĂšre dâhabiter. De plus, actuellement, les villes sont notĂ©es sur des critĂšres dans des guides touristiques, des visites sont prĂ©dĂ©finies pour aller voir des monuments trop Au fil du temps, des expĂ©ri- ciblĂ©s et qui rĂ©duisent le mentations en marge avec regard du visiteur Ă seules idĂ©aux de lâĂ©poque ont lement quelques endroits. Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es. On peut citer notamment le WUWA qui est un laboratoire sur lâhabitat de petits mĂ©nages et de cĂ©libataires. Les temps modernes ont voulu tester le minimalisme et la fonctionnalitĂ© de cette nou-
La marche fait Ă©galement partie de la globalisation, en ce sens oĂč les allĂ©es piĂ©tonnes servent Ă regarder les vitrines de magasins et donc Ă consommer.
image : http://www.wroclaw.pl/wuwa--wzorcowe-osiedle-kiedys-i-dzis
Le collectif La Page Blanche - 13
PRINCIPE DU COLLECTIF
14 - Le collectif La Page Blanche
Nous voulons donc crĂ©er un collectif qui serait une rĂ©ponse Ă la sociĂ©tĂ© dâaujourdâhui. Le principe serait dâimpliquer les citoyens dans la construction de leur ville et ainsi donner la possibilitĂ© de voir autrement leur mĂ©tropole. La mise en place des modes de vie ne doit pas seulement ĂȘtre dĂ©cidĂ©e par les hauts dignitaires mais peut Ă©galement ĂȘtre choisie par ceux qui lâhabitent. Chaque acteur a son importance, quelque soit son statut social. A lâinstar dâune politique top-down actuelle, nous prĂ©conisons la solution inverse, Ă savoir le bottom-up. Dans lâĂ©chelle de la participation, nous nous inscrivons donc dans un dispositif de conciliation. Les habitants sont admis dans des organes dĂ©cisionnels et peuvent ainsi avoir une influence quant Ă la rĂ©alisation de certains projets. Nous voulons donner aux villes, Ă ses usagers et ses dĂ©cideurs
un outil de tion de leur
construc- les constructeurs et déciterritoire. deurs de la ville de demain.
Cet outil est un processus donnant la parole aux citoyens Ă la maniĂšre dâune cartographie collaborative.
AffichĂ©es dans les maisons communales, dans les lieux de rencontre des habitants et des politiciens, elles seront aussi mises La carte, telle que nous Ă jour frĂ©quemment car la proposons, permet de en perpĂ©tuelle Ă©volution. montrer le vĂ©cu dâune ville, ses singularitĂ©s, sans sâarrĂȘter aux dĂ©cisions officielles qui nous la prĂ©sentent de façon limitĂ©e et incompĂšte. Le processus est commun Ă toutes les villes mais le rĂ©sultat sera singulier suivant leur culture, leur gĂ©ographie, leurs spĂ©cificitĂ©s. OrganisĂ©s sur la base de workshops Ă destination de tous les acteurs de la ville, plusieurs thĂšmes tels que le quotidien, les saisons, les frontiĂšres, les interstices, le jour et la nuit sont proposĂ©s pour dessiner les cartes. Les cartes sont ensuite une base de rĂ©flexions mise Ă disposition de tous Le collectif La Page Blanche - 15
EXEMPLES DâAPPLICATION Le collectif Stalker est un groupe dâindividus qui encourage les promenades dans des endroits incongrus. Les friches urbaines sont ainsi valorisĂ©es et font lâobjet dâune base cartographique. Ce collectif donne lieu Ă un centre de recherche sur ces nouveaux types dâespaces urbains. Ils veulent Ă©galement se dĂ©marquer des villes Ă grande vitesse et sâintĂ©ressent donc aux populations sĂ©grĂ©gĂ©es, des communautĂ©s victimes dâexclusion
comme par exemple les gitans. Les nomades font Ă©galement lâobjet dâune Ă©tude car ceux-ci apprĂ©hendent un autre regard sur le paysage urbain.
plus de particularitĂ©s individuelles et contre la sociĂ©tĂ© de spectacle oĂč des images sont amenĂ©es Ă la personne sans que celle-ci ne se dĂ©place.
Ces collectifs sâinscrivent dans le courant des Situationnistes qui sont une organisation rĂ©flĂ©chissant Ă une alternative Ă leur Ă©poque. Ils voulaient se rĂ©approprier la rĂ©alitĂ© et ne plus se contenter de promesses superflues. Ils sont contre le travail Ă la chaĂźne oĂč il nâexiste
16 - Le collectif La Page Blanche
images : http://www.sagarana.net/anteprima.php?q uale=300 http://www.archilab.org/public/2004/fr/textes/stalker.htm
LA MARCHE La marche est notre moyen de rĂ©vĂ©ler la ville Ă une Ă©chelle plus humaine. A lâinstar dâun parcours en voiture qui nous enferme dans un habitacle. La marche nous permet de ressentir le paysage urbain non seulement par les yeux mais Ă©galement par les odeurs, les sons... Le dĂ©placement du corps dans lâespace permet une perception sensible et complĂšte de la ville.
Contrairement Ă des routes telles que Saint-Jacques de Compostelle qui privilĂ©gient lâen-soi, nous voulons mettre en avant lâhors-soi. Câest-Ă -dire que nous favorisons lâĂ©change entre les usagers de la ville. La marche est un outil de comprĂ©hension phĂ©nomĂ©nologique et dâinterprĂ©tation symbolique du territoire. La marche permet lâapprĂ©hension du territoire dans son ensemble sans limite.
LâexpĂ©rience au sol de la marche donne la possibilitĂ© de changer dâĂ©chelle, de passer de la vision aĂ©rienne, vue du dessus Ă la vision du piĂ©ton et de ses pas, voyant la ville et le territoire dâen bas. Elle correspond Ă une coupe dans le territoire, permettant de recueillir et dĂ©tailler des informations qui, habituellement, passent Ă la trappe du regard globalisant.
Le collectif La Page Blanche - 17
NOS RĂFĂRENCES Des exemples de parcours ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© mis en place dans le cadre de la Capitale EuropĂ©enne de la Culture. On peut citer le GR13 organisĂ© par Marseille qui a la volontĂ© de regrouper dâanciens sites abandonnĂ©s et dĂ©couvrir des villes par lesquelles on ne passe pas forcĂ©ment. Ils ont voulu rĂ©interroger la place de lâhomme dans la nature. Le postulat de dĂ©part sâapparentait Ă lâĂ©cologie. Le projet a durĂ© un an et demi, alimentĂ© par des interventions artistiques et
des rĂ©flexions architecturales tout au long du parcours. Aujourdâhui, le parcours est toujours prĂ©sent mais plus aucune activitĂ© nâest proposĂ©e alors son usage est moins frĂ©quent
un pĂšlerinage vers un but prĂ©cis. Au fil du temps, le parcours sâest agrĂ©mentĂ© dâĂ©tapes-relais qui se dĂ©tachent de la connotation premiĂšre religieuse. Il permet de voyager Ă son propre rythme en renAvec le temps, ce type contrant des personnes et de marche, qui au dĂ©- partager leur quotidien. La part avait pour objectif temporalitĂ© du parcours de dĂ©passer ses limites nâĂ©tant pas imposĂ©e, on physiques, sâest progres- peut donc rencontrer des sivement tournĂ© vers un compagnons diffĂ©rents domaine plus culturel. tout au long du chemin. Saint-Jacques de Compostelle est quant Ă lui
18 - Le collectif La Page Blanche
image : http://www.chemins-compostelle.com/Leschemins/cartodroite.html
WORKSHOPS Nous prenons comme opportunitĂ© le cadre des capitales culturelles EuropĂ©ennes pour commencer ces workshops. Ils sont organisĂ©s afin de faire participer les citoyens Ă lâĂ©laboration de leur ville. Cela permettra dâavoir un Ă©change dâidĂ©es et ainsi de crĂ©er une carte sensible dans laquelle chacun retrouverait sa particularitĂ©. Plusieurs thĂšmes seront mis Ă lâhonneur tel que les espaces du quotidien, des Ă©vĂšnements marquants durant lâannĂ©e
ou durant les saisons, des ambiances de nuit particuliĂšres⊠Ces workshops engendreront une carte collaborative sur base de couches de rĂ©flexion. Le collectif aura pour objectif dâorienter les personnes impliquĂ©es et de rassembler toutes les idĂ©es. Ces workshops seront des rĂ©ponses, des alternatives Ă la ville actuelle qui est de plus en plus globalisante et conforme au modĂšle Ă succĂšs de mondialisation, et par la mĂȘme occasion la hiĂ©rarchisation des lieux
construisant le territoire. Les tables rondes pourront réunir des personnes de tous ùges et de tous milieux quelque soient leur éducation culturelle, des personnes du quartier ou tout simplement des visiteurs de passage.
Le collectif La Page Blanche - 19
CARTE COLLABORATIVE #1 Les workshops seront donc alimentĂ©s de couches de rĂ©flexion par des personnes dĂ©sireuses dây participer. Elles sont crĂ©Ă©es Ă lâissu dâexpĂ©riences vĂ©cues dans la ville Ă Ă©tudier. Les marcheurs ont dĂ©jĂ arpentĂ© les endroits qui leur semblent importants et pourront faire ressortir leur propre identitĂ© avec des endroits ayant des significations particuliĂšres Ă leurs yeux.
Les couches de rĂ©flexion du 1er workshop seront renouvelĂ©es chaque annĂ©e avec de nouveaux points de vue, de nouvelles perspectives dâavenir. On pourra remarquer quâun mĂȘme lieu peut avoir plusieurs significations selon les personnes qui la vivent: de maniĂšre statique (une personne assise) ou juste un endroit de passage (un coureur) par exemple. Ces diffĂ©rentes perceptions seront rassemblĂ©es pour crĂ©er une carte commune: la carte collaborative.
20 - Le collectif La Page Blanche
CARTE COLLABORATIVE #2
Le collectif La Page Blanche - 21
La carte participative ne sera pas comme une carte venant dâune grande entreprise comme Google ou Bing maps. Elle comportera plutĂŽt une sensibilitĂ© qui aura la marque des citoyens dĂ©sirant y contribuer. Nous voulons donner aux villes, Ă ses usagers et ses dĂ©cideurs un outil de construction de leur territoire. La carte, telle que nous la proposons, permet de montrer le vĂ©cu dâune ville, ses singularitĂ©s sans sâarrĂȘter aux dĂ©cisions officielles qui nous la prĂ©sentent de façon limitĂ©e et incomplĂšte. Le processus est commun Ă toutes les villes mais le rĂ©sultat sera singulier suivant la culture, leur gĂ©ographie, leurs spĂ©cificitĂ©s... Câest une ville alternative, fondĂ©e sur une cartographie plus subjective et sensible par rapport aux cartes officielles telles que les cartes IGN qui tendent Ă objectiver leur approche du territoire. En effet, dans cette volontĂ© dâobjectivation, la carte et
ses normes gomment bien souvent les spĂ©cificitĂ©s des espaces. « La carte esquive les irrĂ©gularitĂ©s de lâexpĂ©rience vĂ©cue ». Notre dĂ©marche consiste donc Ă dĂ©tourner cet outil pour rĂ©vĂ©ler non pas un territoire banalisĂ© mais une multitude de micro-territoires, de couches singuliĂšres. Au-delĂ de ça il sâagit de ne plus penser la cartographie comme un Ă©lĂ©ment figĂ© mais davantage comme quelque chose en perpĂ©tuelle Ă©volution. On retrouve ici une caractĂ©ristique de la ModernitĂ©. La carte accompagnerait cette temporalitĂ© du Monde en constante mĂ©tamorphose. Il existe dĂ©jĂ des dĂ©marches similaires telles que Use it, La gĂ©ographie subjective, le collectif ETC, le collectif Bruit du Frigo⊠Use it propose une sĂ©rie de cartes qui sâappuient sur des tĂ©moignages locaux. Elles sont Ă destination de jeunes voyageurs et sont donc naturellement pla-
22 - Le collectif La Page Blanche
cĂ©es dans des auberges de jeunesse. La particularitĂ© est que lâĂ©chelle reprĂ©sentĂ©e sâinscrit dans la lignĂ©e des cartes des temps piĂ©tons qui utilise les « minutes-marches » (5 Ă 10 minutes de marche). Catherine Jourdan propose quant Ă elle une sĂ©rie de workshops avec la collaboration des habitants. Elle sâappuie sur une Ă©quipe dâartistes, designers, Ă©crivains... qui retranscriront tout le travail des riverains quâelle aura coordonnĂ©. Selon elle, câest un travail de co-conception. Ces cartes sont Ă disposition du public sur son site internet.
STRATĂGIE DâAMĂLIORATION principe mĂȘme du partenariat qui consiste en une prise de dĂ©cision au travers dâune nĂ©gociation entre les pouvoirs publics et les riverains. Des espaces publics peuvent ainsi se retrouver amĂ©liorĂ©s et dâautres gardĂ©s tel quel pour leur valeur historique et sentimentale. Il peut y avoir Ă©galement Les choix seront toujours des interventions tempoentrepris par les autori- raires ou Ă©phĂ©mĂšres setĂ©s mais ils seront accom- lon les actions que lâon pagnĂ©s par des citoyens voudra entreprendre. compĂ©tents et impliquĂ©s dans le projet. Câest le La construction de la ville ne se fera donc plus seulement par les autoritĂ©s sans la consultation de la population mais en collaboration avec les citoyens. Comme ce sont eux qui expĂ©rimentent le plus la ville, ils sont plus Ă mĂȘme de identifier les problĂšmes urbains.
Le collectif La Page Blanche - 23
SITE WEB Le site internet regroupera un manifeste qui explicitera la prise de position du collectif ainsi que toute la dĂ©marche entreprise pour arriver Ă la carte collaborative. Toutes les travaux seront rassemblĂ©s sur un mĂȘme site. Ces rĂ©flexions seront renouvelĂ©es continuellement par de nouvelles cartes sensibles. Cet outil permettra de diffuser les revendications du collectif et un calendrier avec les dates des diffĂ©rents workshop Ă venir.
Le principe est de rassem- en bler plusieurs collectifs qui sâoccuperaient de diffĂ©rentes Ă©chelles : lâuniversitĂ©, le quartier, la ville, la rĂ©gion et le pays. Ils pourront ainsi dĂ©couvrir et apporter dâautres maniĂšres de penser la ville propre Ă chaque mĂ©tropole. On espĂšre ainsi recrĂ©er une carte sensible de toute lâEurope, voire du monde. Le site web pourra donc perdurer avec la participation de nouveaux acteurs qui suivront la ville
24 - Le collectif La Page Blanche
constante
Ă©volution.
HOMME NATURE
LâATELIER
DONOSTIA - SAN SEBASTIAN
« Nous voulons apprendre Ă regarder, Ă prendre soin et Ă protĂ©ger la richesse, la biodiversitĂ© et le potentiel de lâOcĂ©an Atlantique, de nos mers et de nos paysages qui, en dĂ©finitive, appartiennent Ă tous les EuropĂ©ens et par extension constituent un patrimoine naturel universel. » Saint-SĂ©bastien 2016 Dossier de candidature au titre de capitale europĂ©enne de la culture.
RAPPORT - HOMME NATURE
TERRE & MER Le programme du « phare de la terre et de la mer » Ă San SĂ©bastian cherche Ă mettre en relation la beautĂ© du littoral et du relief montagneux avec les pratiques basques existantes. San SĂ©bastian vise Ă faire prendre conscience de la valeur de son territoire par la mise en pratique de coutumes locales sur des espaces naturels privilĂ©giĂ©s. Lâambition est dâestomper les frontiĂšres de lâEurope afin dâimaginer une unitĂ© territoriale. Cette unitĂ© est renforcĂ©e selon-eux par la mer et les cours dâeau qui sâaffranchissent des limites administratives.
RAPPORT - HOMME NATURE
Le VOYAGE IMAGINAIRE PaYS BASQUE - DONOSTIA
« Et quand la pleine lune fut levĂ©e, Hansel prit sa sĆur par la main et il suivit les petits cailloux qui brillaient comme des piĂšces dâargent toutes neuves et leur montraient la route. » Kinder und HausmĂ€rchen, Hansel et Gretel Jacob et Wilhelm Grimm
RAPPORT - HOMME NATURE
Transition & TemporalitĂ© La mer, la terre et la matiĂšre, sont des obstacles naturels propre au paysage de St SĂ©bastien. Lâhomme a mis en oeuvre divers moyens pour les franchir. Le voyage identitaire a permis de les identifier et de comprendre comment lâhomme vit son rapport Ă la nature. Certains franchissements sont marquĂ©s par une temporalitĂ© : ils sont souvent permanents au regard de lâhomme, et parfois temporaires. Dâautres sont respectueux de leur environnement, ou impose une nouvelle morphologie au lieu. Ils peuvent aussi devenir des sites transitoires de loisir. Lâescalade et lâalpinisme en sont des exemples. Ces franchissements impliquent des choix de cheminement et des modes de dĂ©placement. Ainsi, le passage peut ĂȘtre rapide ou lent, ce qui provoque diffĂ©rentes perceptions. Se dĂ©placer en vĂ©hicule oblige Ă suivre une trajectoire prĂ©dĂ©finie tandis que la marche Ă pied, en revanche, engendre un temps de parcours plus long et libre, ce qui influera diffĂ©remment sur le regard. RAPPORT - HOMME NATURE
LâATELIER
WROCLAW - LE WUWA « Dieu est mort. » Nietzsche « Machines à Habiter » Le Corbusier « Le Surhomme de Nietzsche est de nature égale au divin » Richard Roos
RAPPORT - HOMME NATURE
CELLULE & STĂLE Le WuWa prĂ©sente un programme de construction de logements abordables pour la population de masse souffrant des consĂ©quences de la guerre. Le projet travaille sur la mise en valeur dâun espace habitable utilitaire et sain, en sâappuyant sur les avancĂ©s techniques constructives. Diverses solutions fonctionnelles ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour le lotissement, en portant attention au module habitat. Les volumes sont agencĂ©s pour minimiser les coĂ»ts et maximiser les entrĂ©es de lumiĂšre et dâair frais. Ses volumes respectent les 5 points de lâarchitecture moderne. Ce quartier est donc Ă©vocateur de la dynamique instaurĂ©e par le mouvement Moderne : Le Style international. Il est une cellule dâexpĂ©rimentation qui se veut universelle. StĂšle reprĂ©sentative de la pensĂ©e CIAM, au sein de Wroclaw, elle est figĂ©e dans une temporalitĂ© passĂ©e. Ils sâinscrivent dans la pensĂ©e Nietzschienne en sâĂ©tant auto-proclamĂ©s Ălite pensante de lâart. LâHomme est ici mis au centre des prĂ©ccupations architecturales et il est positionnĂ© au-dessus de la DivinitĂ© Nature. RAPPORT - HOMME NATURE
LâATELIER
DONOSTIA - SAN SEBASTIAN
« La sculpture de Chillida Ă©claire la pure Ă©treinte de la forme et de lâespace, elle offre le rĂ©cit complet de leur affrontement et de leur aventure conjointe. » Jacques Dupin, 1982
RAPPORT - HOMME NATURE
DIVINITĂ & ĂROSION St SĂ©bastien vit au rythme de la nature sous lâoeil attentif du SacrĂ©-Coeur, culminant sur le Mont Urgule. Ses habitants circulent dans ce paysage Terre-Mer en perpĂ©tuelle Ă©volution. Les oeuvres de Edouardo Chillida, le peigne du vent, et de Jorge Oteiza, la structure vide, mettent en scĂšne la puissance de la Nature par lâinstallation permanente dâoeuvres en mĂ©tal subissant une Ă©rosion progressive et permanente. Ce travail rappelle aux habitants de St SĂ©bastien le caractĂšre temporaire et Ă©volutif dâune architecture, non perceptible au rythme quotidien. Cette culture basque proche des Ă©lĂ©ments naturels (montagnes, mer) sâaccorde Ă considĂ©rer que la nature reprendra le dessus, quoi quâil advienne.
RAPPORT - HOMME NATURE
LE PROJET « Le Bourgeois vivait dans un dĂ©cor voulu de vertu apparente, la civilisation qui a restreint tous les sentiments, hormis celui de lâĂ©goĂŻsme, ramena le sens de lâart et sa fonction au sens de la propriĂ©tĂ©...» Henry Van De Velde « Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, Ă tout coup ! câest la loi. » LâHorlogue, Les Fleurs du mal. Baudelaire
RAPPORT - HOMME NATURE
PATRIMOINE Transposable au Wuwa, la maison Wolfers tĂ©moigne du caractĂšre Ă©rosif de lâarchitecture. Elle rend cette temporalitĂ© longue observable au temps zĂ©ro : ces propriĂ©taires laissent la maison se craqueler lentement depuis leur acquisition tout en continuant Ă vivre Ă lâintĂ©rieur. Ils maintiennent un Ă©tat de ruine «encadré» qui participe Ă la mĂ©moire du passĂ©. Notre projet pour Wroclaw, capitale culturelle europĂ©enne 2016 est dâintroduire au sein du Wuwa cette question patrimoniale. Sans apporter de rĂ©ponse ou de prise de position, notre dĂ©marche est de questionner lâavenir du Wuwa par le biais du mĂ©dia vidĂ©o et dâune installation in situ, ici le support de projection. Le Wuwa, bien que stĂšle du passĂ©, est amenĂ© Ă sâĂ©roder. DiffĂ©rentes interventions ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© menĂ© dans le lotissement. La projection prendra corps sur ces structures, oscillantes de lâĂ©tat dâorigine Ă celui dâaujourdâhui, pour Ă©voquer chaque fois dâun point de vu nouveau la question patrimoniale. RAPPORT - HOMME NATURE
LE PROJET DANS LE PROJET « Je hais le mouvement qui déplace les lignes » La Beauté, Les Fleurs du mal. Baudelaire
« La musique commence lĂ oĂč sâarrĂȘte le pouvoir des mots. » Richard Wagner « Sans musique la vie serait une erreur » CrĂ©puscule des idoles, Maximes et pointes, § 33. Nietzsche
RAPPORT - HOMME NATURE
MĂDIA VIDĂO Le mĂ©dia vidĂ©o a Ă©tĂ© choisi pour plonger les spectateurs de maniĂšre percutante dans lâatelier Architecture & Antropologie, au regard de notre propre expĂ©rience.
Lâ Atelier - Plans de la planche de travail : LâHomme - Phase de recherche dans une cellule isolĂ©e.
Le Voyage Imaginaire - Plans de St SĂ©bastien :
La Nature - Phase dâexpĂ©rimentation dans un environnement extĂ©rieur.
LâExpression - Plans de la maison Wolfers : Le Rapport Homme Nature - Phase dâexpĂ©rimentation dans un environnement fermĂ©, choisie compte tenu du temps de lâatelier et du temps du voyage.
RAPPORT - HOMME NATURE
INTERSTICES RĂGĂNĂRĂS RĂVĂLER EN INTERPELLANT
Andrea Perreau - Julie Rabaud - Pauline Sakam
CONSTAT La ville de Wroclaw, en Pologne, au travers de son programme pour la participation Ă lâĂ©vĂ©nement Capitale EuropĂ©enne de la Culture pour 2016 entend initier un mouvement de mobilisation citoyenne. En 2004, la ville de Lille par sa participation au mĂȘme programme entendait dĂ©jĂ exploiter cette Ă©nergie humaine, et continue de le faire aujourdâhui au travers de Lille3000. Lors dâun voyage Ă Wroclaw, lâexpĂ©rience dâun lieu au centre de la ville, celui de la Place Nowy est Ă lâorigine dâune rĂ©flexion. Une rĂ©flexion initiĂ©e par la critique de cet espace public et qui aboutit Ă un questionnement gĂ©nĂ©ral sur la culture de lâespace public. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la ville de Wroclaw est ponctuĂ©e dâespaces publics non utilisĂ©s. Certains sont amĂ©nagĂ©s mais ne fonctionnent pas et dâautres sont des espaces rĂ©siduels non appropriĂ©s par les habitants. Il ressort que les habitants pratiquent la ville de façon rapide, sans pause. De part lâarchitecture notamment, un sentiGroupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
ment de contrĂŽle est permanent dans ces espaces publics, ne donnant pas envie de sây arrĂȘter. En questionnant « lâhabiter », il ressort Ă©galement que les codes polonais semblent trĂšs empreints de leur passĂ© politique: la relation Ă la sphĂšre non privĂ©e reste en effet mal dĂ©finie et peu distanciĂ©e de celle de lâĂ©poque communiste. Lâenjeu est de faire prendre conscience aux habitants de Wroclaw, de lâexistence et du potentiel de ces espaces, auxquels ils sont Ă©trangers. Il sâagit de questionner la fabrication de lâespace public, puis son appropriation, pour tenter de dessiner une maniĂšre moderne de concevoir lâespace public. En appliquant une dĂ©marche qui intĂšgre la participation citoyenne, par le biais dâun chantier ouvert participatif, lâhabitant est invitĂ© Ă se questionner sur lâespace public de la ville.
ENJEUX Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
Le choix est fait dâaller progressivement vers une nouvelle pratique culturelle de lâespace public. Lâintervention prend donc la forme dâun processus intervenant et questionnant en premier lieu les interstices urbains, entendus comme des espaces publics, sans clĂŽture, exprimant le vide, pas nĂ©cessairement physiquement mais fonctionnellement car dĂ©pourvus dâusage. Les habitants de Wroclaw, Ă©tant les acteurs principaux du projet, participent Ă la concertation, qui leur permet de sâaccorder sur un projet commun. Lâappropriation de lâespace public en sera renforcĂ©e et lâintervention plus durable car plus proche des pratiques et des besoins des citoyens.
INTERSTICES Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
EXPĂRIMENTER Dans la mise en place de lâintervention, le caractĂšre expĂ©rimental du quartier du WUWA est remis Ă lâhonneur. Lieu dâexpĂ©rimentation du Mouvement Moderne en 1929, il est de nouveau aujourdâhui le lieu oĂč le processus est expĂ©rimentĂ©, point de dĂ©part du projet. Par la participation citoyenne et la concertation, lâoccasion est donnĂ©e aux habitants du WUWA de rĂ©flĂ©chir et de fabriquer ensemble lâespace public. Lâenjeu est dâamorcer la rĂ©flexion sur lâespace public avec les habitants du WUWA. DiffĂ©rents interstices sont choisis pour montrer la diversitĂ© et la complĂ©mentaritĂ© de ces espaces, et pour « toucher » suffisamment dâhabitants. Les diffĂ©rentes morphologies que peuvent prendre ces espaces sont ainsi rĂ©vĂ©lĂ©es . Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
Do you acknowledge these spaces ?
Wuwa Urban Gap
Do you acknowledge these spaces ?
R
E
N
E
INTERPELLER T I Architecture & Anthropologie - Wroclaw 2016
Tramwajova T Dab Piotra WĆosta Zielonego Debu
31.08
G
E
R
A
O
N
Do you acknowledge these spaces ?
Wuwa Urban Gap Zielonego Debu 31.08
R
E
G
E
N
E
R
A
T
I
O
N
Architecture & Anthropologie - Wroclaw 2016
La prise de contact avec les habitants du WUWA se fait dans la sphĂšre privĂ©e via lâenvoi de cartes postales qui annoncent la mise en chantier des interstices choisis dans le quartier; et dans la sphĂšre publique par le commencement de ce chantier particDo you acknowledge these spaces ? ipatif. Lâenjeu est dâinterpeller lâhabitant, de perturber son quotidien, provoquer un questionnement pour lui faire prendre conscience du potentiel de son espace public. La mise en chantier permet la rencontre, favorise lâĂ©change et la concertation, et donne Ă lâhabitant la possibilitĂ© de prendre part Ă lâintervention.
What future can you see for this space?
Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam Architecture & Anthropologie - Wroclaw 2016
Une Ă©criture commune, par lâemploi de cordes et de toiles, est utilisĂ©e sur chaque interstice. En revanche lâintervention est singuliĂšre, unique, pour chacun. Les lieux ouverts laissent la possibilitĂ© aux occupants dâoser les transformer eux-mĂȘmes, de se les approprier. La stratĂ©gie de lâintervention se dĂ©cline sur diffĂ©rentes temporalitĂ©s, permettant Ă tout moment lâinteraction avec les habitants, et leur intervention. Dans un premier temps, le matĂ©riel est dĂ©posĂ©e, la matiĂšre est mise Ă disposition. Ensuite la matiĂšre est progressivement dĂ©ployĂ©e et agencĂ©e selon les caractĂ©ristiques du lieu, selon ce qui doit ĂȘtre cachĂ©, rĂ©vĂ©lĂ©, communiquĂ©. Les habitants peuvent amener de la matiĂšre, participer Ă lâintervention, sâapproprier progressivement lâespace.
RĂVĂLER Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
Le 1er interstice est un espace qui se trouve aux limites du quartier, le long dâune route. Cet espace est bĂ©tonnĂ©, non dĂ©fini (ses limites ne sont pas physiquement identifiables) et il nâest pas appropriĂ©. Sa position est stratĂ©gique : il est situĂ© Ă lâentrĂ©e sud du quartier, au croisement de lâensemble des voies de circulation (tram, piĂ©ton, ou automobile), ce qui en fait un lieu de passage important et lui donne une grande visibilitĂ©. Lâintention est de questionner ses limites. Lâinstallation de cordes tirĂ©es du bĂątiment Ă©tudiant Ă la zone de lâarrĂȘt de tram permet un jeu dâombres sur le sol, elles sont changeantes et dessinent sa delimitation. Des toiles peuvent ĂȘtres tendues et venir accentuer le jeu dâombres. Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
INTERVENIR Le 2Ăšme interstice se situe le long de la « frontiĂšre » qui existe entre les bĂątiments du WUWA de 1929, et la zone rĂ©sidentielle qui a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par la suite. Sâimplanter sur cette limite permet de questionner le statut de cette interface entre deux zones aux fonctions et morphologies diffĂ©rentes. Des toiles forment un « rideau » qui vient obstruer la vue dâune zone vers lâautre. Le 3Ăšme interstice est un espace de dilatation du trottoir, il est intĂ©ressant car il questionne le rapport entre lâespace privĂ© des maisons individuelles et lâespace public de la voirie. Ses dimensions ne sont pas celles dâun trottoir « traditionnel » et son caractĂšre privĂ© ou public nâest pas clair. Le but ici est de questionner ce rapport Ă lâaide de cordes lĂ©gĂšrement surrĂ©levĂ©es par des petits plots, dessinant un chemin prĂ©cis sur le trottoir. Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
CONCERTATION
A la fin de la mise en chantier participatif, la premiĂšre grande phase sâachĂšve. Il est attendu que les habitants aient participĂ© Ă lâintervention et quâils aient commencĂ© une rĂ©flexion sur un nouvel usage des interstices urbains. Ils seront invitĂ©s (de nouveau par lâenvoi de cartes postales) Ă plusieurs rendez-vous pour venir participer Ă des rĂ©unions de concertation qui amĂšnent une rĂ©flexion sur les interstices de leur quartier. LâidĂ©e de rĂ©gĂ©nĂ©ration urbaine pourra ĂȘtre appliquĂ©e au travers de projets conçus avec et pour les habitants. Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
RĂPLICATION
AprĂšs lâorganisation des concertations au WUWA et des projets prĂ©vus Ă©manant de celles-ci, un bilan sera Ă©tabli. Si lâexpĂ©rimentation est concluante, la dĂ©marche peut se rĂ©pliquer durant lâannĂ©e 2016 et le scĂ©nario se dĂ©placer sur dâautres interstices. Dâautres lieux seront alors choisis puis le processus de mise en chantier recommencera. LâĂ©criture et la mĂ©thodologie dâintervention ne changent pas, mais chaque intervention aura son propre caractĂšre, en fonction des singularitĂ©s de chaque lieu. On peut espĂ©rer que les habitants soient rĂ©ceptifs au projet, que
lâĂ©nergie dĂ©ployĂ©e durant lâannĂ©e 2016 persiste au-delĂ . Lâespoir est que les interstices urbains, une fois rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, continuent de vivre et deviennent indispensables au quotidien des habitants. Ceci sera alors la preuve quâune nouvelle culture de lâespace public est en marche. Peut-ĂȘtre quâun retour vers la place Nowy pour y apposer le projet serait lâaboutissement de de la dĂ©marche...
Groupe 3 - Andrea Perreau, Julie Rabaud, Pauline Sakam
Imigration
Architecture et Antropologie Coexister Identité Sédentaires Nomades Wroklaw 2016
Valeurs communes
Culture
Individu Vivre ensemble
Nouvelle modernitĂ© WuWA ModernitĂ© Cohabiter Capitale europĂ©enne de la culture MulticulturalitĂ© Lien social SociĂ©tĂ© dâaujourdâhui et de demain CollectivitĂ© Partage Monde en constante Ă©volution CordialitĂ© Renouvellement Lâautre MobilitĂ© spatiale accrue TemportalitĂ© TĂ©rritoire Autonomisation de lâindividu Habitudes
Capitales EuropĂ©ennes de la culture Aujourdâhui nous avons lâopportunitĂ© de porter une rĂ©flexion sur la sociĂ©tĂ© e t sur le monde actuel, sur notre façon de vivre. Ceci prend place dans un contexte contemporain oĂč lâon assiste Ă une ouverture des frontiĂšres menant Ă la libre circulation des individus. En revanche, cette notion pose question sur lâidentitĂ©, qui est dĂ©finie comme caractĂ©ristique dâun groupe ou dâun
individu, liĂ© Ă sa culture propre et qui en fait sa particularitĂ© et singularitĂ©. Nous avons relevĂ© trois types dâidentitĂ©s: LâidentitĂ© territoriale, rassemblant individus occupant un mĂȘme territoire; LâidentitĂ© collective, liĂ©e Ă un groupe de personnes partageant un bien ou intĂ©rĂȘt commun qui leur est propre ; Et lâidentitĂ© individuelle, quâon peut mettre en rapport Ă sa culture car celle-ci trouve ses origines dans deux contextes diffĂ©rents :
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 49
Exclusion
SĂ©paration
lâhĂ©ritage apportĂ© par le berceau familial et les origines, et lâimmersion dans un environnement et une sociĂ©tĂ©. Dans le cadre de lâatelier, nous nous sommes penchĂ©s sur lâĂ©vĂšnement annuel « Capitale europĂ©enne de la culture» qui se dĂ©roulera en 2016 dans deux villes jumelĂ©es, Ă savoir Wroclaw en Pologne et San Sebastian en Espagne. La ville de Wroclaw, par son histoire mouvementĂ©e, connaĂźt un rapport particulier Ă lâidentitĂ©. Aujourdâhui Wroclaw, et la Pologne en gĂ©nĂ©ral, est en quĂȘte dâouverture vers lâEurope tout en revendiquant son identitĂ©, car ils ont besoin de lâaffirmer.
Intégration
Inclusion
Dans une autre mesure, lors du voyage Ă San Sebastian nous avons pu constater une identitĂ© trĂšs prononcĂ©e et ancrĂ©e, par le biais dâune langue propre et dâune fiertĂ© basque trĂšs revendiquĂ©e. Leur identitĂ© leur est importante, comme le prouve la volontĂ© dâindĂ©pendance par rapport Ă lâEspagne. Partageant des valeurs communes, les basques sont propices Ă une exclusion de lâautre, involontaire ou volontaire dans une certaine mesure. Lâimmigrant est-il bien accueilli? Question qui nous a menĂ©s Ă porter une rĂ©flexion sur la notion dâimmigration et la notion dâidentitĂ©, qui sâinscrivent dans le cadre de la modernitĂ© actuelle.
50 - Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira
Le Wuwa 1929 â 2014 Le Wuwa est un quartier crĂ©Ă© en tant quâexpĂ©rimentation dâune ModernitĂ© telle quâelle Ă©tait vue en 1929 par un groupe dâarchitectes, et qui nâa plus Ă©voluĂ©e depuis. Il y avait Ă lâĂ©poque une volontĂ© dâexpĂ©rimenter un nouveau type de logement, une nouvelle façon de vivre et dâhabiter.
les infrastructures étaient pratiquement imposées.
Un des objectifs Ă©tait de crĂ©er une architecture ââstandardisĂ©eââ avec une production en masse, une individualisation des besoins selon la situation des habitants, ainsi quâune façon de cohabiter, en communautĂ©. CâĂ©tait donc un lieu contrĂŽlĂ© oĂč les habitants Ă©taient parfois sĂ©parĂ©s en catĂ©gories suivant leurs identitĂ©s ou situations sociales et oĂč
Ils nâont pas laissĂ© de place Ă lâadaptation et Ă lâĂ©volution des modes de vie des habitants. Ce qui est absurde, puisque le monde et la sociĂ©tĂ© se transforment en permanence. Câest donc lâabsence de libertĂ© dâappropriation de la part des habitants qui rend cette architecture invivable Ă un moment donnĂ©.
Les objectifs Ă©taient sans doute innovateurs Ă cette Ă©poque-lĂ . Cependant, ce que ces architectes ont crĂ©Ă© câest un ensemble de bĂątiments ââpĂ©rennesââ et figĂ©s dans le temps, qui nâĂ©voluent pas avec la sociĂ©tĂ©. Une architecture morte.
Par ailleurs, lors de la création de ce lieu
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 51
1929
et pendant ses premiĂšres annĂ©es de vie les gens habitaient ensemble. Il y avait une vie communautaire, des rencontres entre voisins, des Ă©vĂšnements⊠Ceci a disparu avec le temps, du fait que les habitants ont changĂ©, les modes de vie aussi, et aujourdâhui chacun vit chez soi, dans son appartement ou sa parcelle. Certains habitants regrettent ce changement. Le contexte contemporain est radicalement diffĂ©rent de celui de 1929, il est caractĂ©risĂ©, entre autres, par une mobilitĂ© spatiale accrue, une autonomisation accrue de lâindividu et la mise en place de styles de vie relativement plus diffĂ©renciĂ©s les uns par rapport aux autres.
2014
Nous voulons considĂ©rer tous les acteurs du Wuwa, tous les gens qui y habitent avec leurs diffĂ©rentes temporalitĂ©s et idĂ©ntitĂ©s. Que ce soit les personnes qui vivent lĂ depuis plus de 50 ans, ceux qui sont arrivĂ©s plus rĂ©cemment, ou ceux qui viennent passer quelques jours pour visiter et restent Ă lâhĂŽtel. Il y a actuellement un rapport de cordialitĂ© entre tous ces acteurs mais aucun Ă©change ne se fait. Nous croyons que tant les habitants comme ââles autresââ gagneraient Ă partager quelque chose. 80 ans aprĂšs sa crĂ©ation il est temps de faire une actualisation du Wuwa et de proposer une nouvelle modernitĂ©, mieux adaptĂ©e aux habitants en Ă©tablissant de nouveaux liens.
52 - Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira
Situation actuelle - ââLâautreââ arrive et repart
DĂ©sir - Echange qui laisse une trace
RĂ©flexion sur le Wuwa comme site Quâarrive-t-il Ă une structure terriblement figĂ©e comme le Wuwa lorsque lâon introduit un Ă©lĂ©ment extĂ©rieur? On propose, en tant quâĂ©tudiants dâarchitecture, dâexpĂ©rimenter ce quartier, de vivre autrement. Notre objectif est donc de mener une expĂ©rience sur un autre mode de vie en communautĂ© en basculant les habitudes le temps dâun Ă©vĂ©nement, la Capitale europĂ©enne de la culture de 2016. Nous sommes Ă Bruxelles et nous rĂ©flĂ©chissons sur le Wuwa. Nous sommes totalement extĂ©rieurs par rapport Ă ce lieu. Nous essayons de comprendre la mĂ©canique, les manques, pour pouvoir proposer un
regard extĂ©rieur.âš Les gens qui habitent ce quartier nâont peut ĂȘtre pas le recul suffisant pour rĂ©flĂ©chir autrement par rapport Ă leur quotidien, Ă leur mode de vie. Lâespoir de cette expĂ©rimentation serait de se dĂ©faire des habitudes, ou simplement de faire Ă©voluer la notion dâhabiter dans ce quartier. ExpĂ©rimenter câest ne pas avoir dâidĂ©e prĂ©conçue. Câest oser mettre en question les hypothĂšses de dĂ©part. Il est important de transformer sans cesse, observer nos transformations et se nourrir de nos observations.
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 53
On propose une expĂ©rience Ă©phĂ©mĂšre avec une temporalitĂ© avouĂ©e dâun an. On met la notion de pĂ©rennitĂ© en doute, car lâĂ©phĂ©mĂšre permet dâavoir un territoire dâexpĂ©rimentation plus large. Sous le prĂ©texte que quelque chose nâest pas fait pour durer, lâerreur serait mieux acceptĂ©e.
collectifs qui participent Ă lâensemble.
Nous vivons en sociĂ©tĂ©, nous sommes constamment confrontĂ©s les uns aux autres. Le dĂ©faut de cette sociĂ©tĂ© serait peut-ĂȘtre de croire que lâon peut vivre individuellement. Il y a lĂ une diversitĂ© et câest la volontĂ© de faire des choses ensemble qui peut produire des choses inattendues. Câest donc une succession dâactes individuels et
Nous sommes lâautre, nous arrivons dans un groupe comme le Wuwa, qui a un cĂŽtĂ© accessible et humain. On se prĂ©sente comme des nomades, avec une temporalitĂ© dĂ©terminĂ©e et un seul objectif, celui ââdâexpĂ©rimenter et chercher lâinattenduââ, ainsi quâun beau dĂ©sir, quâaprĂšs notre dĂ©part le processus continue.
Dans le cadre de la vie en communautĂ© la question de lâimmigration se pose inĂ©vitablement. LâarrivĂ©e de ââlâautreââ, un nomade, dans une identitĂ© sĂ©dentaire.âšLâĂ©tranger fait peur puisquâil arrive dâailleurs et bouscule les habitudes.
54 - Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira
HOTEL
HABITATIONS
Mise en chantier de lâinattendu Notre proposition est celle dâhabiter autrement. âšLe Wuwa câest une sĂ©rie de bĂątiments autour desquels il y a des entre deux qui ne sont pas trĂšs bien dĂ©finis, des espaces publics mais qui ne sont pas utilisĂ©s. On dĂ©cide de mener notre expĂ©rimentation sur lâessence mĂȘme de ces entre deux : le sol. Par rapport Ă la question qui est de vivre autrement, le sol reprĂ©sente un espace de partage et dâidentitĂ© commune. Nous voulons nous installer Ă un endroit prĂ©cis, en charniĂšre entre lâhĂŽtel de Hans Scharoun et les maisons. Cet emplacement stratĂ©gique nous permet dâinterpeller Ă la fois les arrivants et les
habitants. Car actuellement il nây a aucun Ă©change ni partage entre ces acteurs. A cet endroit se trouve un parking secondaire utilisĂ© par lâhĂŽtel. Cependant, sur les plans originaux cette parcelle Ă©tait une maison. Une maison dĂ©molie nâest pas rien dans lâhistoire du Wuwa. Elle possĂšde donc un passĂ© chargĂ© de symbolique, par rapport Ă son statut privĂ© dâorigine, dĂ©truit pour devenir un service public et commun du Wuwa. Il nous semble donc pertinent et intĂ©ressant de proposer un nouveau statut Ă ce sol, celui du communautaire. Dans la sociĂ©tĂ© actuelle tout doit ĂȘtre programmĂ©. Rien nâest jamais prĂ©vu pour accueillir lâinattendu. Il nâest jamais
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 55
SAY HELLO
DO SOMETHING NEW
SHARE SOMETHING
GROW TOGETHER
COMMUNICATE
BUILD TOGETHER
GET RID OF HABITS
WELCOME HOME
SHARE A MEAL
envisagĂ© que quelque chose naisse de lâĂ©change avec quelquâun de passage. Câest pourquoi on dĂ©cide dâarriver sur le Wuwa et de mettre un chantier en route. Ceci permet Ă la fois dâinterpeller les gens et de mettre en place lâexpĂ©rimentation pour que les gens sâen approprient progressivement. La construction se rĂ©alisera dâune autre façon, il faut indiquer lâacte qui sera rĂ©alisĂ©, dire ce quâon veut atteindre et non ce quâil faut exĂ©cuter. Lâouvrage doit ĂȘtre ouvert, non abouti, et doit laisser un vide pour que lâautre ait lâopportunitĂ© dây rentrer et sâen servir, le transformer et lâenrichir sans jamais le remplir totalement. Il faut que ceux qui construisent aient lâopportunitĂ© de laisser leur trace dans lâarchitecture. Et le projet ne sera jamais le mĂȘme
puisquâailleurs rien ne sera pareil, le lieu, le temps, le groupe qui le construit. Une mise en chantier fait que le travail nâest jamais fini, il se construit par des allĂ©s-retours entre les questions et les rĂ©ponses. On interpelle lâautre, on lâoblige Ă venir sur notre terrain sans idĂ©es prĂ©conçues. Par la suite, savoir se retirer câest crĂ©er le vide qui permet Ă lâutilisateur dây rentrer. Câest une Ă©tape trĂšs importante de pouvoir se dire: ââmaintenant voyons comment lâautre peut se lâapproprier, y vivre et crĂ©er ses propres expĂ©riencesââ. Notre volontĂ© consiste donc Ă proposer une façon dâhabiter autrement en communautĂ© et avec lâautre. Comme le dit Patrick Bouchain « Habiter en construisant et construire en habitant ».
56 - Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 57
Mise en place du chantier au Wuwa Ces analyses et rĂ©flexions nous mĂšnent Ă une proposition plus concrĂšte de projet expĂ©rimental pour le Wuwa. Notre volontĂ© principale Ă©tait celle de crĂ©er une activitĂ© et un Ă©vĂ©nement qui intĂšgrent et fassent participer tout le monde, toutes les identitĂ©s, gĂ©nĂ©rations⊠Encore une fois câest au travers du sol quâon essaye de crĂ©er un lien et une identitĂ© commune. Nous avons appris que la culture des potagers urbains est ancrĂ©e dans la culture des habitants de Wroclaw. Cependant, ceux-ci se trouvent loin des habitations et sont considĂ©rĂ©s comme des jardins privĂ©s, et clĂŽturĂ©s. Il est aussi absurde que les gens doivent se dĂ©placer pour planter leur jardin alors quâils ont tout le nĂ©cessaire devant chez eux.
Câest pourquoi lâidĂ©e est de mettre en place une structure modulaire en forme dâĂ©chafaudage pour abriter cette activitĂ© sur le site dĂ©terminĂ© prĂ©cĂ©demment. Nous irons sur place pour une pĂ©riode dâune quinzaine de jours, nous installerons le premier module de 3x3 mĂštres lors de notre arrivĂ©e sur le site et commencerons le potager avec la plantation de quelques lĂ©gumes. AprĂšs une semaine nous inviterons tous les habitants et personnes prĂ©sentes au Wuwa Ă participer Ă un repas communautaire ââchez nousââ, chez eux. Du Ă lâemplacement choisi, nombreux seront les gens interpellĂ©s par ce chantier mis en place par ces Ă©trangers.
58 - Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira
VERS UNE NOUVELLE MODERNITĂ
De cette façon on communiquera nos propositions en essayant de motiver les gens et faire quâils sâinvestissent dans le projet. Nos cartes postales seront aussi rĂ©parties afin dâarriver Ă tout le monde.
Ă apprendre, quoi de mieux que de le faire de façon pratique et au travers du partage avec dâautres personnes. Ces gens entraĂźneraient ensuite dâautres personnesâŠ
Deux publics peuvent ĂȘtre visĂ©s de façon plus prĂ©cise au dĂ©but. Dâun cĂŽtĂ© les personnes ĂągĂ©es qui habitent le Wuwa. Nombreuses sont celles qui y vivent depuis longtemps, donc connaissaient la vie communautaire du passĂ© et regrettent de lâavoir perdue. Ce sont aussi les personnes qui ont plus de temps libre et qui pourraient avoir des connaissances utiles pour les autres. Dâun autre cĂŽtĂ© il serait intĂ©ressant dâaller vers les Ă©coles. Il sâagit lĂ dâun public jeune et dynamique qui a beaucoup
Concernant les arrivants Ă lâhĂŽtel ils seraient les bienvenus Ă©galement. Chacun pourrait apporter des connaissances, conseils ou recettes de leur culture, en Ă©change dâautres, et dâun repas. Les habitants pourront eux-mĂȘmes ajouter des modules au chantier et planter ce quâils veulent. Une partie de la production serait pour un usage privĂ© tandis quâune autre partie serait pour lâusage communautaire, par exemple au travers de ces Ă©vĂšnements ou repas.
Paula Lizcano, Luis Bertomeu, Micael Ferreira - 59
AU FIL DE LâEAU
Texte (verdana 12)
Au fil de lâeau - 61
Wroclaw, ville de Pologne, deviendra Capitale EuropĂ©enne de la Culture en 2016. Mais quel est lâintĂ©rĂȘt dâĂȘtre CEC? La culture joue un rĂŽle important dans nos vies et dans notre sociĂ©tĂ©, elle possĂšde un avantage consĂ©quent dans la croissance socio-Ă©conomique de nos villes. En Ă©tant CEC, la ville cherche Ă se mettre en avant, Ă se vendre, dans une stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă long terme. Elle veut ĂȘtre dĂ©couverte et aussi 62 - Au fil de lâeau
IDENTITĂ affirmer son appartenance Ă lâEurope. Etre CEC a des rĂ©percussions significatives, les villes acquiĂšrent une dimension internationale. Mis Ă part les retombĂ©es Ă©conomiques considĂ©rables pour Wroclaw, dâautres points positifs sont Ă citer, notamment lâamĂ©lioration de lâimage de la ville aux yeux de ses habitants et du monde. Wroclaw compte se crĂ©er dirons-nous, une identitĂ© nouvelle, plus embellie. Une identitĂ© qui a Ă©tĂ© ternie par des annĂ©es de
rĂ©gime dâoppression. La capitale de Basse-SilĂ©sie a donc choisi de se rĂ©inventer. Mais quâest-ce quâune identitĂ©? Et est-ce possible de sâen crĂ©er une? Elle a plusieurs sens : Elle peut regrouper des individus, ou elle les diffĂ©rencie. Par exemple, lâidentitĂ© nationale regroupe les habitants dâun mĂȘme pays , et Ă lâinverse, la carte dâidentitĂ© diffĂ©rencie chacun de nous. LâidentitĂ© nâest pas constante, il est donc possible de sâen crĂ©er une.
SPACES FOR BEAUTY Wroclaw 2016 - Spaces for beauty, quâentendent-ils par-lĂ ? Dans leur programme, ils Ă©voquent une volontĂ© dâĂ©tablir la prĂ©sence de la beautĂ© dans la vie sociale et personnelle des habitants de la ville. Pour eux, il existe un lien entre la beautĂ© et le bien, il faut stimuler la beautĂ© dans la vie de tous les jours. Pourquoi ? Wroclaw vĂ©cut sous plusieurs autoritĂ©s. Lors de la rĂ©volution contre le rĂ©gime communiste, ils trouvĂšrent dans lâart un
outil, un espoir pour le changement, Ă contrario de leur environnement totalitaire. Le seul idĂ©al de beautĂ© Ă lâĂ©poque Ă©tait celui au service du pouvoir. Cette beautĂ© ne se manifestait que dans les bĂątiments utiles au pouvoir, tandis que les bĂątiments destinĂ©s au peuple Ă©taient simples, droits, sans ajout... Quand ils gagnĂšrent leur libertĂ©, ils redĂ©couvrirent la beautĂ© et leur besoin de cette derniĂšre, en opposition Ă celle du passĂ©.
Cette beautĂ©, ils la trouvĂšrent dans la Nature. Ce modĂšle naturel sâexprime Ă lâopposĂ© de tout ce quâils connaissaient. La Nature est indomptable et donc plus forte que tout dictateur ou oppression, elle est libĂ©ratrice. Ils ne veulent pas imposer un standard de beautĂ©, chaque personne est libre de dĂ©finir sa propre vision de beautĂ©.
Au fil de lâeau - 63
ROMANTISME
Revenons sur Wroclaw et son dĂ©sir de se construire une nouvelle identitĂ©. AprĂšs lâanalyse de son programme, on en dĂ©duit que cette identitĂ© se base sur le concept de beauté⊠Ils semblent utiliser la rĂ©fĂ©rence du romantisme germain. La pensĂ©e de Friedrich Nietzsche se rapporte Ă ce concept: «LâHomme est quelque chose qui doit ĂȘtre dĂ©passé», il rejette le surnaturalisme, lâhomme est un produit de la nature. 64 - Au fil de lâeau
Mais est-ce que la vision de la beautĂ© naturelle est universelle? Tous les hommes ne voient pas la Nature de la mĂȘme maniĂšre. Nous avons comparĂ© le romantisme français-anglais et le romantisme germain. Le romantisme français-anglais se base sur lâĂ©cologie, la recherche dâun jardin dâEden, la conscience du milieu⊠Tandis que le romantisme germain, sur le fait quâil nây a pas de divin au-dessus de nous...
Si ces deux visions peuvent paraĂźtre diffĂ©rentes, elles desservent une mĂȘme idĂ©e, celle que lâhomme nâest que de passage sur Terre. La Nature est un patrimoine commun Ă tous, qui durera des annĂ©es et quâil faut soigner. Lâeau est un exemple de beautĂ© naturelle. Elle est gĂ©nĂ©ratrice de vie, toute civilisation sâimplante prĂšs dâun point dâeau. DĂ©s lors, lâeau est gĂ©nĂ©ratrice dâurbanisme. On doit la considĂ©rer dans les enjeux urbains de la ville.
RAPPORT HOMME/NATURE Comment Ă©tablissent-ils ce rapport de lâhomme avec la nature? Les propositions de projets pour Wroclaw 2016 sont superficiels, ils ne sont quâune rĂ©ponse rapide Ă leur concept de beautĂ©. Lâhommage que lui rend Wroclaw est factice, il ne cherche pas vraiment lâessence mĂȘme de la Nature. Il nây a pas de conscientisation rĂ©elle de la beautĂ© naturelle. La Nature ne devrait pas ĂȘtre rĂ©duite Ă juste mettre du « vert » dans la ville.
Il faudrait faire prendre conscience que nous sommes tous acteurs de notre milieu. Pour garantir un impact positif durable, le programme doit sâinscrire dans le cadre dâune stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă long terme. En dâautres mots, elles doivent voir plus loin et Ă©laborer une stratĂ©gie culturelle pour les annĂ©es Ă venir. Historiquement, la ville a refoulĂ© lâeau. Lâultime fonction des cours dâeau est dâĂȘtre dĂ©potoirs.
Lâhabitat et les voiries sont en pleine expansion, les sols sâimpermĂ©abilisent. La plupart des eaux de ruissellement sont destinĂ©es aux Ă©gouts, augmentant les volumes dâeau polluĂ©e et entraĂźnant des inondations. La question de lâeau est au coeur du dĂ©bat dans le monde et Ă Wroclaw, de par les inondations quâelle connut mais aussi par lâurbanisation toujours plus grande des villes et son impermĂ©abilisation. Au fil de lâeau - 65
On remarque quâils font fi de ce quartier de la ville. Voudraient-ils dissimuler cette part de lâhistoire car elle ne dessert absolument pas les idĂ©es du Wroclaw 2016 ? Le WuWa reprĂ©sente, une libertĂ© constructive, technologique, spirituelle, ⊠Ils ont Ă©laborĂ© de nouvelles maniĂšres dâhabiter, de nouveaux systĂšmes architecturaux, un nouvel urbanisme, pour la sociĂ©tĂ© de demain. Une nouvelle identitĂ© inventĂ©e de toutes piĂšces. Il est vu comme un 66 - Au fil de lâeau
WUWA
progrĂšs, un avancement Ă lâĂ©poque, mais il sâagirait plutĂŽt dâun oubli contextuel, humain et public, de la part de ses crĂ©ateurs. Il (re)ferait office dâun parfait terrain dâexpĂ©rimentation de cette beautĂ© naturelle, lĂ oĂč elle nâest absolument pas mise en valeur. LĂ oĂč tout semble pensĂ© juste pour lâhomme et son propre confort, la Nature nâa pas eu son mot Ă dire.
Les retombées positives de Capitale Européenne de la Culture se manifestent également sur le plan social. Les capitales peuvent en effet favoriser la cohésion et le dialogue interculturel, par exemple, par le biais de programmes de sensibilisation des jeunes, des minorités et des personnes défavorisées ou au moyen de programmes de volontariat.
RIVIĂRES URBAINES
Nous amenons lâidĂ©e de Nouvelles RiviĂšres Urbaines. Pourquoi ? Wroclaw est la preuve mĂȘme que nos villes sont trop impermĂ©abilisĂ©es et que face Ă la nature, nous ne pouvons rien faire. La ville connut des inondations Ă©normes, mais visiblement, elles ne permirent pas de conscientiser les habitants sur la problĂ©matique de lâeau dans la ville. Le concept de riviĂšre urbaine induit un parcours, avec une source... Celle-ci serait lâĂ©cole, installĂ©e au
centre du WuWa, mais ne faisant pas partie de lâexposition de 1929. La choisir comme point de dĂ©part de notre riviĂšre urbaine, permettrait de la rĂ©insĂ©rer dans son environnement, dâutiliser sa fonction dâĂ©ducation pour diffuser notre projet et de faire des enfants notre public cible, câest-Ă -dire les adultes de demain. Mais aussi, pointer du doigt lâurbanisme du WuWa⊠LâĂ©mergence de nouveaux cycles de lâeau offre de nombreux avantages, lâeau reprend
sa place, elle donne vie aux vĂ©gĂ©taux, infiltre le sol, rĂ©alimente les sources... et lâimaginaire commun. Les chemins dâeau convivialisent les espaces publics, traduisent la topographie de la ville, redonnent une perception de la temporalitĂ© des cycles de lâeau. La ville peut renouer avec lâeau en jouant sur la diversitĂ© de ses comportements et recrĂ©er une relation stable entre homme et nature, par de multiples dispositifs techniques ou sociaux/collectifs. Au fil de lâeau - 67
DĂMARCHE
Le projet pourrait se diviser en plusieurs Ă©tapes : informer â conscientiser â participer â construire. Commencer par les jeunes et les informer grĂące Ă des ateliers au sein de leur Ă©cole, pour peu Ă peu mettre en place une dĂ©marche de revalorisation de la Nature au travers de lâeau. Souvent, les riverains sont souvent dĂ©passĂ©s par la dimension technique des ouvrages et se sentent dĂ©munis. A lâinverse, la petitesse et la dĂ©centralisation des 68 - Au fil de lâeau
projets facilite lâadhĂ©sion de la population. Le citoyen devient Ă©galement coproducteur, il intervient et participe.
utilitĂ©s et comment lâutiliser consciemment et savoir oĂč elle va aprĂšs son usage⊠Il est essentiel dâĂ©veiller les jeunes esprits dans des Le but est de construire projets Ă long terme. Par le avec la Nature, et quâil y biais de lâĂ©ducation, nous ait un respect de cette der- toucherons les enfants, niĂšre⊠Dans cette notion mais aussi leur entourage de conscientisation et de et toutes les sphĂšres fatransmission, notre volon- miliales prĂ©sentes dans le tĂ© est dâintĂ©resser les plus WuWa. jeunes quant au rythme Ă©cologique de lâeau autour dâun projet commun participatif ; savoir dâoĂč elle vient, quelles sont ces
FESTIVAL DE LâEAU
Nous comptons mettre en place un Ă©vĂ©nement durant une semaine (5 jours) dans lâĂ©cole, un « Festival de lâeau ». Il servirait Ă capter lâattention des enfants de lâĂ©cole. Pour eux, dans un premier temps, nous organiserons des expĂ©riences, des jeux autour de lâeau et sa valeur. Ces Ă©vĂšnements donneront un aspect ludique et Ă©cologique du rapport de lâeau Ă la vie. Ensuite, nous aimerions mettre en place dans lâĂ©cole des citernes de rĂ©cupĂ©ration dâeau de
pluie. De cette maniĂšre, lâĂ©cole sâĂ©quiperait de moyens techniques permettant de lier les discours tenus en classe avec des actions sur lâĂ©cole. Elle deviendra alors une source pour elle-mĂȘme. A lâheure actuelle, lâĂ©cole est dĂ©jĂ investie dans un programme Ă©cologique. Elle possĂšde une pĂ©piniĂšre. Cette eau de rĂ©cupĂ©ration pourra ĂȘtre utilisĂ©e entre autres pour lâarrosage de cette pĂ©piniĂšre. Et nous pourrions Ă©galement crĂ©er un potager. Les enfants
utiliseront lâeau de cette source gratuite, verront ses effets et ses bĂ©nĂ©fices, et sâinvestiront dans le projet. Le but serait dâinformer, dâĂ©duquer, de distraire et de sensibiliser les enfants, mais aussi leurs parents, leurs amis, les voisins, les habitants du WuWa voire la population entiĂšre de Wroclaw. Ă la fin de ce festival, nous pourrons introduire le projet commun de construction dâune nouvelle riviĂšre urbaine. Au fil de lâeau - 69
MAILLAGE BLEU Lâespoir serait que lâĂ©cole devienne aussi une source pour les parents, les habitants du WuWa, que les gens agissent de la mĂȘme maniĂšre chez eux. La ville et les habitants peuvent renouer avec lâeau en jouant sur sa diversitĂ© et recrĂ©er un climat sain avec la Nature. Nous aimerions faire de cette nouvelle riviĂšre un projet certes informatif, Ă©ducatif, mais aussi participatif.
70 - Au fil de lâeau
Nous proposons ensuite que lâeau puisse fonctionner quasiment en circuit fermĂ©. Câest-Ă -dire, lors de lâĂ©vacuation des eaux aux Ă©gouts, les eaux usĂ©es peuvent ĂȘtre redirigĂ©es vers des bassins qui se chargent de filtrer lâeau. Cela pourrait ĂȘtre la solution aux problĂšmes posĂ©s dans les stations dâĂ©puration, qui doivent traiter inutilement et Ă grand coĂ»t des eaux de ruissellement relativement propres avant de les mĂ©langer aux eaux usĂ©es.
Ces bassins pourraient ĂȘtre reliĂ©s entre eux par une riviĂšre. Ainsi la nouvelle riviĂšre urbaine du WuWa verrait le jour. Et peut-ĂȘtre pourrions-nous espĂ©rer quâelle devienne multiple. Ces chaĂźnes de riviĂšres et leurs innombrables « sources » publiques ou privatives seraient les lieux privilĂ©giĂ©s dâune rĂ©conciliation entre lâeau et le citadin. Elles lui permettraient de mieux comprendre, dâaccepter, voire de goĂ»ter les phĂ©nomĂšnes naturels.
MISE EN PLACE DâUN PROCESSUS PARTCIPATIF A NADODRZE
Le programme de Wroclaw Capitale EuropĂ©enne de la Culture 2016, jumelĂ©e avec San SĂ©bastian, nous a offert un terrain de recherche et dâexpĂ©rimentation trĂšs riche et intĂ©ressant. En lisant les propos prĂ©sentĂ©s dans ce programme nous avons tout de suite
remarquĂ© une certaine mĂ©fiance et une prise de distance par rapport aux propositions provenant de lâĂ©tranger. Ayant dĂ©jĂ un patrimoine important dâĂ©poque diffĂ©rente les Polonais veulent restaurer, adapter et rĂ©nover ces lieux, pour mettre en valeur ce quâils possĂšdent dĂ©jĂ . . Nous avons re-parcouru lâhistoire artistique polonaise en passant Ă travers les diffĂ©rents courants de lâart roman, Ă travers la transition cistercienne,
lâart gothique, la Renaissance, le style baroque, le Nationalisme, le mouvement «Jeune Pologne», lâart moderne, lâinfluence constructiviste, lâart contemporain. GrĂące Ă notre analyse nous avons rĂ©ussi Ă individualiser et isoler certains cas de lâhistoire architecturale et sociale de la Pologne qui sont, Ă notre avis, fondamentales pour le dĂ©veloppement dâun projet qui puisse respecter les valeurs culturelles et Groupe 7 Ă Nadodrze - 83
sociales, et qui puisse du coup ĂȘtre vraiment pris en compte dans ce processus de revitalisation de la ville de Wroclaw. Dans le cadre du Modernisme, les espaces dâhabitation sont conçus Ă la maniĂšre de produit manufacturĂ©, dans un idĂ©al ergonomique appropriĂ© Ă une certaine catĂ©gorie de consommateurs. Lâurbaniste moderne crĂ©e des espaces qui amplifient les sĂ©grĂ©gations, faisant oublier aux individus quâil est possible de vivre autrement sans pour autant se sentir sous Ă©quipĂ©. En ce sens le projet du WUWA est une caricature de la modernitĂ©. Câest un laboratoire architectural du mouvement moderniste dĂ©livrĂ© en 1929 dans le cadre dâune exposition. Ce fut un Ă©chec. PlutĂŽt que de privilĂ©gier les coutumes locales tant Ă lâĂ©chelle du logement quâĂ celle de la vie en sociĂ©tĂ©, ils ont prĂ©fĂ©rĂ© faire une performance, un module de quartier idĂ©al, un idĂ©al intellectuel plus que sociĂ©84 - Groupe 7 Ă Nadodrze
tal. En rĂ©ponse aux problĂ©matiques imposĂ©es par la modernitĂ© de quartier idĂ©al, lâaltermodenitĂ© propose une toute autre dĂ©marche selon laquelle le quartier ne se construit pas de maniĂšre intellectualisĂ©e mais plutĂŽt par la conception dâun scĂ©nario Ă©crit avec plusieurs commanditaires qui proposent Ă chacun un rĂŽle. LâaltermodernitĂ© propose un renforcement des interventions locales en donnant de lâimportance Ă la commune, câest le moyen de lutter contre la spĂ©culation fonciĂšre au travers de la municipalitĂ©, le maintient de la mixitĂ© des fonctions et la piĂ©tonisation, pour lâeffacement des diffĂ©rents zonages. Les communes et les quartiers seront les Ă©chelles possibles dâexpressions collectives articulĂ©es Ă des pouvoirs politiques locaux dotĂ©s dâautonomie. Exemple: la Belle de Mai â Marseille
Lâenjeu est de crĂ©er un bout de ville ouvert dans son inscription urbaine et de permettre ainsi une mixitĂ© de ses fonctions. Installer des artistes en rĂ©sidence a pour objectif de questionner,inviter les habitants Ă sâapproprier leurs espaces publics en contribuant Ă sa transformation (installation Ă©phĂ©mĂšres, temps de rencontres autour de rĂ©alisation, jardins collectifs, amĂ©nagement dâaires de jeu pour enfant, travail iconographique, sĂ©ances crĂ©atives, chantiers Ă©ducatifsâŠ). Dans la logique de revitalisation du quartier, nous nous sommes penchĂ©s sur ce que signifiait un QUARTIER. Le quartier est un enjeu aussi bien physique et architectural, quâanthropologique. Le quartier a pour caractĂ©ristique dâĂȘtre dĂ©fini par ses habitants. En effet il renvoie aux pratiques et aux considĂ©rations matĂ©rialisĂ©es par des lieux
de socialisations tels que des espaces verts, des commerces ou des lieux dâactivitĂ©s. Le quartier est une extension de chez soi. On habite notre logement comme on habite notre quartier; on se lâapproprie, on y prend ses habitudes. Il y a donc une dimension de COEXISTENCE. On peut aussi noter un sentiment dâAPPARTENANCE qui sâinstaure entre les habitants dâun quartier qui peuvent entraĂźner des luttes entre quartiers; mais qui, avant
tout, donne une identitĂ© Ă chacun. En effet nous ne voulons pas oublier la TRANSITION dâun quartier Ă lâautre ou de la rue Ă un bĂątiment. Il peut sâagir de transitions diffĂ©rentes : âą Ă lâĂ©chelle de la ville (entres deux quartiers) âą A lâĂ©chelle du quartier (espace public â privĂ©) Câest un espace marquĂ© par le temps, qui Ă©volue. Cette TEMPORALITĂ se traduit par des changements dâusage, dans lâĂ©volution des mĆurs
en liens avec les progrĂšs techniques (changement dans les moyens de transport, âŠ). Nadodrze est un quartier situĂ© au nord du centre ville, entre le marchĂ© historique du centre urbain et la deuxiĂšme plus grande gare de Wroclaw. Pour la municipalitĂ©, la prĂ©sence de bĂątiments remarquables du 19Ăšme siĂšcle dans un lieu autrefois appelĂ© la « Banlieue polonaise », reprĂ©sente un fort Groupe 7 Ă Nadodrze - 85
- DELIMITATION DE NADODRZE -
potentiel Ă©conomique pour le secteur et câest lâune des raisons principales du choix de cette zone pour rĂ©aliser un processus de rĂ©novation urbaine. A la fin du 19Ăšme siĂšcle, la population de la ville avait plus que triplĂ©, accueillant des allemands, des juifs, des polonais, et dâautres communautĂ©s ethniques. Avant la guerre, Nadodrze Ă©tait une zone aisĂ©e, mais aprĂšs la guerre et les bombardements, qui ont fortement endommagĂ© Wroclaw, les personnes 86 - Groupe 7 Ă Nadodrze
dĂ©munies et les familles Ă faible revenu sây sont installĂ©es en raison de la politique urbaine mise en Ćuvre par la municipalitĂ©. Ce quartier accueille toujours diffĂ©rentes appartenances ethniques, populations, et croyances. Les immeubles dâhabitation tendent Ă ĂȘtre trĂšs grands, offrant des vastes espaces semi-publics qui, dans la plupart des cas ne sont pas entretenus et font le plus souvent office de stationnement informel. La fourniture dâinfrastruc-
ture est trĂšs faible comparĂ© au reste de la ville. Les transports publics sont limitĂ©s (exceptĂ© la ligne de tram) et beaucoup des voitures du secteur occupent des espaces ouverts qui pourraient facilement etre transformĂ©s en espaces de jeux et espaces publics verts inexistants. Nadodrze est dĂ©limitĂ© par trois grands axes, les rails de chemin de fer au Nord, Ă lâEst lâavenue Boleslawa Drobnera et au Sud et Ă lâOuest par le
- REAPPROPRIATION DâUN ESPACE DESERTE -
fleuve Odra. Comme nous lâavons mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, lâOdra occupe une place privilĂ©giĂ© dans lâhistoire du quartier car lâĂ©tymologie de Nadodrze signifie « au dessus de lâOdra», dĂ©signant directement le fleuve. En effet le fleuve participe encore aujourdâhui au dĂ©veloppement du quartier en servant dâeau de refroidissement des machines de la centrale Ă©lectrique. NĂ©anmoins nous avons remarquĂ© en allant sur place que lâespace depuis les berges
Sud du fleuve jusque derriĂšre le premier Ăźlot Ă©tait dĂ©sertĂ© par les habitants de Nadodrze. Les premiers Ăźlots aprĂšs le fleuve sont les principales habitations qui ont Ă©tĂ© dĂ©truites par la guerre dans le quartier. La naissance de nouveaux Ă©difices est venue perturber le tissu urbain lors de la reconstruction de la ville. Aujourdâhui toute cette zone abrite des entreprises internationales telles que google, des hĂŽtels de luxe et des logements rĂ©cents qui ne sont
pas adressĂ©s Ă la population de quartier mais Ă des mĂ©nages beaucoup plus aisĂ©s. Outre le fait que ces complexes ne soient pas destinĂ©s Ă la population du quartier que nous avons ciblĂ©, les habitants ne se sentent nullement concerner par ce territoire, (les cafĂ©s sont destinĂ©s aux personnes qui travaillent dans ces bureaux et nâont aucun lien avec lâhistoire du quartier par exemple) et ainsi les exclus naturellement. Il existe une vraie proGroupe 7 Ă Nadodrze - 87
- ARCHITECTURE PARTICIPATIVE -
blĂ©matique identitaire dans cette Ă©paisseur. La route qui borde ces bĂątiments contemporains agit comme une frontiĂšre au delĂ duquelle les habitants de Nadodrze ne peuvent pas aller. Alors que les accĂšs depuis lâextĂ©rieur et notamment du centre ville ne manquent pas ; une multitude de ponts permettent dâatteindre lâautre cĂŽtĂ© de la berge oĂč lâon peut se prĂ©lasser sur les Ăźles de lâOdra rĂ©cemment amĂ©nagĂ©es en jardin public. Au Nord la limite des 88- Groupe 7 Ă Nadodrze
rails est une rĂ©elle barriĂšre fixe Ă lâaccessibilitĂ© du quartier tandis quâĂ lâEst la limite ne se fait mĂȘme pas sentir. On ressent un vĂ©ritable malaise dans ces Ă©paisseurs inexploitĂ©es alors quâelles devraient ĂȘtre lâorigine mĂȘme du quartier. Cependant lâexistence dâune association, lâinfopunkt met en avant la volontĂ© du quartier de sortir de son appauvrissement ; son travail est remarquable. On a vraiment ressenti un Ă©lan de revita-
lisation en allant sur place, autant du point de vue du quartier, dĂ©jĂ trĂšs avancĂ© par un mouvement participatif mis en place, Ă©galement la rĂ©habilitation des parcs municipaux, Ă une Ă©chelle plus intime de lâĂźlot oĂč de rĂ©elles infrastructures ont Ă©tĂ© montĂ©es pour amĂ©liorer la vie des habitants. Lâinfopunkt Ă vĂ©ritablement rĂ©ussi Ă rentrer en contact avec les citoyens du quartier. Nous proposons de capter ce souffle, cette Ă©nergie initiĂ©e par celle-ci pour
BRIQUE - PIERRES CASSEES
CONSERVES ET CANETTES
BOIS
METAUX
PLASTIQUES
BOUTEILLES EN VERRE
CAOUTCHOUC - PNEUX
INFOPUNKT
- INITIATIVE COMMUNE -
aussi participer Ă la rĂ©appropriation des espaces dĂ©sertĂ©s par la population de Nadodrze. Pour se faire nous avons mis en place un processus qui se dĂ©veloppera avec lâidĂ©e de privilĂ©gier lâimportance des investissements (sociales, culturelles..) Ă©manant des protagonistes, les habitants eux mĂȘmes via une architecture participative. Câest un processus qui lie lâarchitecte au collectif, qui sont les commanditaires, dans un dialogue approfondie. Cette alternative
procure aux participants la « libertĂ© de crĂ©ation » ; libertĂ© qui irait vers un urbanisme durable. En effet lâarchitecture participative reformule la commande, la synthĂšse et la rĂ©ponse aux attentes nombreuses et diversifiĂ©es de lâusagĂ© plus impliquĂ© dans la dĂ©cision. LâidĂ©e est de crĂ©er plusieurs petits ateliers publics, au sein dâabord, des Ăźlots qui nâont pas Ă©tĂ© rĂ©amĂ©nagĂ©s par ce centre de coopĂ©ration. Ils serviront Ă concevoir des mo-
biliers, des structures (par exemple des guinguettes) qui viendront se dresser au delĂ de la grande avenue, sur les berges de lâOdra face au centre de la ville en lien avec le nouveau point dĂ©cisionnel du quartier. Bien que la matĂ©rialisation du projet est importante, le cotĂ© Ă©phĂ©mĂšre du parcourt des matĂ©riaux dans tout le quartier nâen est pas moins. Chaque partie dâun module serait ainsi lourd de sens et de vĂ©cu avant la destination finale sur la berge. Ainsi Groupe 7 Ă Nadodrze - 89
- UNIFICATION -
lâĂ©nergie de tout le quartier viendrait se concentrer sur un point, dans le but de reconquĂ©rir cet espace en transition et ĂȘtre un appel sur la ville. Nous allons mĂȘme jusquâĂ reconsidĂ©rer le programme de Wroclaw capitale culturelle, concernant le quartier de Nadodrze, « Walls for beauty ». LâidĂ©e est de garder le programme concernant les grafittis, les peintures, en proposant un nouveau support artistique, diffĂ©rent des pignons dâhabitations, 90- Groupe 7 Ă Nadodrze
dĂ©jĂ fort prĂ©sent dans le quartier. En gardant cette ligne conductrice dâeffacer cette double limite sud nous proposons que le support principal de cette discipline soit appliquĂ© sur le macadam de lâavenue Boleslawa Drobnera. Ces fresques seraient un outil questionnant lâidentitĂ© de cet espace indĂ©fini. Le rĂ©sultat servira Ă©galement de matiĂšre pour dĂ©battre sur le caractĂšre multiculturel passĂ© et prĂ©sent de Nadodrze comme proposĂ© actuellement.
Pour initier ce projet nous avons crĂ©Ă© un Ă©vĂšnement participatif « Odra lives and so does Nadodrze, bring your chair ». Ce sera le fil conducteur du processus. Cet Ă©vĂ©nement propose aux habitants dâoccuper tout lâespace depuis le dĂ©but de la route jusquâaux Ăźles qui sĂ©parent les bras de lâOdra. La route sera coupĂ©e. Cet Ă©vĂ©nement participatif devra se conclure par la fabrication de chaises, tables et autres mobiliers qui seront fait dans les ateliers.
Nous proposons de mettre Ă disposition des centres de collecte de matĂ©riaux de rĂ©emploi dans toute la zone annexĂ©e par lâĂ©vĂ©nement. Ces point de collectes peuvent accueillir chacun un type de matĂ©riau (bouteille de verre, mĂ©taux, plastique, bois, canettes, caoutchoucs, dĂ©bris. SituĂ©s Ă lâentrĂ©e du quartier, et dans les ilots ces centres de collectes occupent un point stratĂ©gique. Leurs situations permettent de faire dĂ©couvrir cet espace et de faire rĂ©agir les individus extĂ©rieures au quartier, nâayant pas eu connaissance du projet. Câest un appel Ă la prise en main du quartier. Nous nous intĂ©ressons au rĂ©emploi car il permet de construire des objets Ă moindre coĂ»t. Câest lâoccasion dâapprendre un savoir faire rĂ©utilisable pour chacun dâentre nous et ainsi adopter une fonction Ă©ducative. Lâaspect Ă©cologique de cette dĂ©marche nous paraĂźt primordial. En effet mĂȘme si le rĂ©emploi
induit lâutilisation de matiĂšre premiĂšre (comme des clous par exemple) elle en rĂ©duit drastiquement la consommation, de la mĂȘme maniĂšre toutes matiĂšres rĂ©utilisĂ©es sont des dĂ©chets en moins. Cette conduite permet de pousser un peu plus loin le dĂ©bat en sâinterrogeant comment vivre la ville de demain. Cet Ă©vĂ©nement suscite donc lâintĂ©rĂȘt et lâinvestissement de tout le quartier. Câest donc une action de rĂ©appropriation que nous proposons ; rĂ©appropriation de par lâinvestissement de chacun et rĂ©appropriation matĂ©rielle au travers des diffĂ©rentes structures rĂ©alisĂ©es dans les ateliers et acheminĂ©es jusquâĂ la limite du quartier. Nous avons simulĂ© une mise en chantier pour rĂ©aliser le processus, câest Ă dire diffuser lâĂ©vĂ©nement dans tout le quartier, prendre contact avec les habitants, Ă©difier un nouveau centre nĂ©vralgique dans le but de centraliser
toutes les prises de dĂ©cisions importantes, un point dâamarrage. Avant toute prise de contact avec les diffĂ©rents pouvoirs publics (au sens large, la municipalitĂ©, lâinfopunkt etc.) nous voulons lancer le chantier. Notre premiĂšre dĂ©marche sera de coller les affiches de lâĂ©vĂ©nement sur les murs dâĂźlot qui constituent Nadodrze, Ă la maniĂšre des fresques peintes dans le programme. Une fois lâinformation diffusĂ©e nous construirons « un premier point dâamarrage »,rapide Ă concevoir, (avec le moyen dâune toile tendu entre deux arbres et des palettes trouvĂ©es sur le marchĂ© Skelp Spozywczy dans le Nord) et sera amenĂ© Ă Ă©voluer comme un point Ă©mergeant du site. Viendra alors la prise de contact directe avec lâinfopunkt. Nous allons ensuite leur exposer notre dĂ©marche dâun processus dĂ©jĂ mis en route. Le but Ă©tant de passer par cette association pour ĂȘtre en relation direct avec lâhabiGroupe 7 Ă Nadodrze - 91
- ZONE DâINTERVENTION -
tant. Cet intermĂ©diaire est prĂ©cieux pour le temps quâil peut nous faire gagner. Nous emploierons ensuite, avec les commanditaires, Ă construire les diffĂ©rents points de collectes de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration. Pendant que petit Ă petit ces points de collectes se remplissent il faudra construire les ateliers dans les cĆurs dâilots. Ces ateliers seront dâautant bien reçu par les habitants du quartier quâils peuvent servir Ă des travaux quotidiens, (construction de 92 - Groupe 7 Ă Nadodrze
tables, rĂ©paration etc.), peut ĂȘtre dans un second temps entamer un processus dâamĂ©nagement de lâilot (espace de travail, bien ĂȘtre) provenant de leurs propres initiatives et les encourager a continuer dans le temps suite Ă cette expĂ©rience Une fois que tous les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă la rĂ©alisation du projet sont mis en place nous organiserons des rĂ©unions (par secteur dâĂźlot peut-ĂȘtre) pour rĂ©flĂ©chir ensemble Ă la conception de mobiliers
fait Ă partir des matĂ©riaux rĂ©cupĂ©rĂ©s dans les points de collectes. Durant cette pĂ©riode et avec lâexpĂ©rience que nous tirerons des Ă©lĂ©ments Ă©laborĂ©s avec les habitants, nous rĂ©flĂ©chirons Ă la transformation du point dâamarrage, en un point repĂšre, le phare de Nadodrze.
- MISE EN CHANTIER -
Groupe 7 Ă Nadodrze - 93
94 - Groupe 7 Ä Nadodrze
ON FAIT PARTIE DE LâEUROPE LâidentitĂ© algĂ©rienne repose sur une construction lente, progressive et assimilant peu a peu a des composantes trĂšs variĂ©es dâune entitĂ© complexe. Cette patiente mise en forme puise dans son appartenance a un continent et une rive de la mĂ©diterranĂ©e qui symbolisent un lieu de brassage de diffĂ©rentes cultures. LâEurope partage une grande histoire avec lâAlgĂ©rie qui sâexprime Ă travers la colonisation qui a durĂ©e des siĂšcles, cette
derniĂšre a laissĂ© un hĂ©ritage et des acquis socio-culturels, qui forment un socle sur lequel repose lâidentitĂ© algĂ©rienne. Suite aux multiples vagues de colonisations, Oran est lâune des villes les plus multiculturelles qui existent et ça se ressent dans la sociĂštĂ© oranaise. LâAlgĂ©rie est un pays qui a une volontĂ© de modernisation toute en conservant les acquis et sans detruire son authenticitĂ©. MĂ©diterraneitĂ©, arabitĂ©, islamitĂ©, subtilement
dosĂ© de lâeuropĂ©anisation fondent lâidentitĂ© des algĂ©riens, tout musulmans et berbĂšres quâils soient, les algĂ©riens sont europĂ©ens dâesprit. Câest une culture que Wroclaw ne connais pas. Comme lâEurope toute entiĂšre, Wroclaw doit faire lâeffort dâaller Ă la rencontre dâune autre culture qui va renforcer leur identitĂ© profonde et en enrichissant la virtualitĂ© des autres cultures, câest une façon de dĂ©passer ses propres limites. On fait partie de lâEurope 95
UNE BOUTEILLE A LA MER LâidĂ©e câest de transporter un message en parlant de soi Ă une sociĂštĂ© qui ignore notre culture, notre histoire, notre identitĂ©. Cette derniĂšre nâest pas prise au hazzard, elle est ensuite libre de rĂ©pondre, rĂ©agir ou ne rien dire.
96 On fait partie de lâEurope
notre message en toute Notre ville doit montrer sĂ©curitĂ©. quâelle a historiquement jouĂ© un rĂŽle dans la culture europĂ©enne et quâelle continue a le faire. il nous faut alors insister sur cela tant dans le contenu que la sociĂ©tĂ© Ă qui on veut sâadresser. Alors le choix de conteneur nâest pas pris au hasard bien au contraire, le conteneur est un symbole de modernitĂ© et de communication mais aussi câest le seul moyen avec qui on peut transmettre
TITRE (VERDANA)
LE TRAJET On fait partie de lâEurope 97
MARSEILLE Marseille, cosmopolite, creuset des civilisations, incarne les valeurs de fraternitĂ©, de respect et de paix. Lieu des rencontres et des diffĂ©rences, elle se dĂ©fie du communautarisme et pratique depuis toujours le partage interculturel. Une ville qui a bien rĂ©ussi sa participation a la capitale europĂ©enne mais surtout une ville avec qui on a partagĂ© une histoire et une culture, elle est considĂ©rĂ©e comme la 49Ă©me wilaya de lâalgĂ©rie. 98 On fait partie de lâEurope
Le quartier de la RouguiĂšre se situe au nord de lâancien village de St Marcel, Il est composĂ© de 18 barres dâimmeubles, les premiers habitants qui arrivent en 1962, sont en majoritĂ© des rapatriĂ©s de lâancien Maghreb Français. Cinquante ans plus tard, les pieds noirs sont encore prĂ©sents, 15 % de la population Ă©tant des primo arrivants ; dâautant plus que nombre de leurs enfants, en grandissant, sont restĂ©s aussi dans la citĂ©.
Souvenez-vous dâOran? Un message qui sera envoyĂ© aux français mais surtout au français dâAlgĂ©rie. Un message qui propose la paix mais surtout qui affirme la coexistence inĂ©ligible entre eux. une histoire, une expulsion, immigration, pieds noirs, reconnaissance et esprit europĂ©en. Un conteneur sous forme de boite a lettre a travers le quel on demande la reconnaissance de notre appartenance a lâEurope.
ISTANBUL Un pied un Asie lâautre en Europe, Istanbul est Ă cheval sur deux continents. Capitale de trois empire successifs; romain, byzantine et ottoman. Elle conserve fiĂšrement lâhĂ©ritage de son passĂ© tout en avançant vers un avenir moderne. Câest la variĂ©tĂ© dâIstanbul qui fascine le visiteur, ce qui est le cas de la ville dâOran qui est un cheval entre deux continents lâAfrique et lâEurope.
Un conteneur qui contient un olivier, symbole de mĂ©diterranĂ©e mais surtout de paix qui va exprimer lâhistoire partagĂ© entre les deux pays que ca soit dans la ressemblance des traditions, religion ou le langage, mais aussi dans leur objectif dâintĂ©grer Ă lâunion EuropĂ©enne et de lâaffirmation de leurs droits dâappartenance a cette derniĂšre. Un rendez-vous est donnĂ©e a Istanbul et ses habitants le jour de la cĂ©lĂ©bration de la fĂȘte de
Hidrellez qui est une fĂȘte importante aux turcs, câest une opportunitĂ© pour introduire les gens Ă notre revendication de notre appartenance Ă lâEurope, en exposant un conteneur dans le square de Taksim. Pour ne pas faillir Ă la tradition notre olivier se transformera en arbre de vĆux la ou on accroche des des notes sur les quels seront inscrits des souhaits et des avis a propos de notre projet.
On fait partie de lâEurope 99
SAN SĂBASTIAN On a souvent tendance Ă omettre lâimportance exceptionnelle des relations hispano-maghrĂ©bines, voire hispano-algĂ©riennes dont la langue espagnole, constituĂ©e dÂŽingrĂ©dients arabes, vĂ©hicule de nos jours une panoplie considĂ©rable dÂŽaspects socio-culturels arabo-musulmans. Entre lâEspagne et lâAlgĂ©rie cela a toujours Ă©tĂ© une histoire dâamour. Avant la France les espagnols sont rĂ©stĂ© 3 siĂšcles Ă Oran, avec lâarrivĂ©e des francais le retour 100 On fait partie de lâEurope
des espagnols sâest amorcĂ© et sâest accĂ©lĂ©rĂ© en fonction des situations Ă©conomiques et politiques de lâEspagne. La mobilitĂ© des hommes, des idĂ©es et des Ă©changes entre lÂŽEspagne et lâAlgĂ©rie sÂŽest opĂ©rĂ©e Ă travers des siĂšcles et sÂŽest propagĂ©e Ă lâĂ©poque moderne oĂč nous retrouvons jusquÂŽĂ prĂ©sent quelque aspect non nĂ©gligeable dâune culture commune quÂŽil faudra sauvegarder, prĂ©server et entretenir.
Un conteneur qui prends place Ă promenade de la concha qui sera entourĂ© par un ruban blanc qui revient a son point de dĂ©part pour exprimer cette relation entre les deux pays «retour Ă la case dĂ©part» sur ce dernier les gens peuvent exprimer leurs avis Ă propos dâOran capitale culturelle en Ă©crivant des messages qui vont sâafficher Ă lâintĂ©rieur du conteneur.
WROCLAW Wroclaw une ville qui a fait de ces difficultĂ©s une richesse, elle est devenue une grande metropole ouverte sur le monde, riche dâune culture ancrĂ© dans son histoire grace a un mouvement migratoire de differentes groupes etheniques.Wroclaw est desormais est un lieu de rencontres et dâechanges qui confirme de plus en plus d y meriter sa participation a comme capitale de culture EuropĂ©enne.
Faire dĂ©couvrir une nouvelle culture a Wroclaw, qui ne va pas lâaffaiblir bien au contraire, notre projet sera un dĂ©fi, on attend de lui une importante rĂ©ussite, comme un Ă©chec absolue dans le laboratoire dâexpĂ©rimentation qui est le Wuwa. Autant que laboratoire de toutes les expĂ©riences, de toutes les aventures, notre conteneur sera un espace Ă travers le quel on invite Wroclaw
a Ă©largir ses limites dĂ©couvrir lâautre rive de lâEurope, une identitĂ©, un esprit europĂ©en mais sur un continent Ă©tranger câest une invitation a tisser des liens et tendre des fils sur les deux rives.
On fait partie de lâEurope 101
102 On fait partie de lĂą€™Europe
BRUXELLES Comme lâEurope toute entiĂšre, Bruxelles diverse multiculturelle câest le laboratoire de tous les possibles, de toutes les aventures. Le dialogue de multiculturalisme se tend sur le respect de la diversitĂ©, la rencontre des multiples cultures qui bouillent le laboratoire de tous les possibles qui est Bruxelles aujourdâhui. Bruxelles est depuis toujours un bouillon de cultures, chaque occupation, chaque invasion a y laissĂ© une empreinte.
La terre belge a de tous temps Ă©tĂ© un territoire de droits, malgrĂ© sa dĂ©chirure entre la mer du nord, la mer baltique et la mĂ©diterranĂ©e, habitĂ© par un peuple qui a su sâadapter a su se dĂ©velopper.Tout existe Ă Bruxelles et sây cĂŽtoie dans la diversitĂ©.
On fait partie de lâEurope 103
TITRE (VERDANA) DĂ©marrant par le principe dâune bouteille Ă la mer, avec lâespoir quâelle arrive quel que part, nos conteneurs arrivent enfin Ă Bruxelles et sâinstallent Ă la place centrale du parlement EuropĂ©en dans une organisation Ă©parpillĂ© et au sous lâeffet du courant des vagues.
104 On fait partie de lâEurope
Tables des matiĂšres p. 1 â Question de lâatelier Guy Adant et Jean-ÂâMarc Sterno
8 PROPOSITIONS POUR WROCLAW2016 p.11 -Ââ LA PAGE BLANCHE
MĂ©lanie Dutheil, Oriane Kerkhofs, Charles Garnier, SĂ©phora Loaiza-ÂâZuluaga, Meije Nigon et Manon Wettstein
p. 25 â HOMME NATURE
Alice Delpeyroux, Geoffrey Minne et Franck Casaubon
p. 38 â INTERSTICES REGENERES Andrea Perreau, Julie Rabaud et Pauline Sakam
p. 49 â MULTICULTURE
Luis Bertomeu, Micael Ferreira Figueiredo et Paula Lizcano Perret
p. 61 â AU FIL DE LâEAU
Flore Romain et Laura Allard
p. 71 â COLLECTIF OdelĂ Alessandra Bruno, Gloria Maria Gorreri, Ruxandra Ileana Grigoras et Malcy Andrieu
p. 83 â QUARTIER NADODRZE
Basile Gloor, Giulia Lazzara et Pierre-ÂâAlain Castres
p. 95 â ORAN, WE ARE EUROPE Sarah Hilditch et Kahina Salhi
Lâensemble des travaux et du programme via
www.jsterno.wix.com/aa2014-Ââ2015