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Comment s’attaquer au plafond de verre
dans le secteur de l’immobilier commercial Entrevue avec Lina Cantin C’est en lisant l’essai de Monique Jérôme-Forget, Les femmes au secours de l’économie. Pour en finir avec le plafond de verre, que Lina Cantin a décidé de consacrer un de ses travaux de recherche en ressources humaines à la question du plafond de verre. D’origine américaine, le concept du plafond de verre, ou glass ceiling, désigne l’ensemble des obstacles de nature culturelle, économique et sociale que doivent affronter les femmes afin de parvenir à des postes décisionnels de haut niveau. Lina Cantin s’est-elle heurtée au plafond de verre ? Oui, répond cette professionnelle au début de la quarantaine, mère de deux enfants, qui a mené de front sa carrière, ses études et sa vie familiale, et qui, dit-elle non sans humour, a su atteindre « le bonheur dans l’imperfection », en faisant référence au quotidien de la maisonnée pendant ses deux MBA. Dans son étude, Lina Cantin pose d’emblée le constat suivant : « L’immobilier commercial demeure un milieu professionnel assez masculin. De plus en plus de femmes y travaillent certes, mais elles sont peu nombreuses à accéder à des postes de direction et à siéger à des conseils d’administration. » Mme Cantin fonde son propos sur une étude menée en 2010 par le Conseil du statut de la femme, La gouvernance des entreprises au Québec, où sont les femmes ?, qui établit que « les services immobiliers et les services de location sont, pour les femmes, (…) des secteurs des plus difficiles à pénétrer », tout comme les secteurs de l’extraction minière, pétrolière et gazière, la gestion de sociétés et d’entreprises ou encore le secteur de la construction.
Tel est le titre d’une étude réalisée par Lina Cantin dans le cadre de son second MBA de l’Université Paris-Dauphine. Membre du Barreau du Québec depuis 1993, Me Cantin est également courtier en immobilier commercial et associée chez Colliers International à Montréal. Elle a travaillé pendant plus de 12 ans pour une société d’État aux affaires publiques et internationales avant de devenir conseillère juridique interne pour diverses sociétés de placement privées, puis de travailler chez Triovest. Entre-temps, désireuse d’approfondir son expertise en immobilier, elle a entrepris en 2011 son premier MBA pour cadres en immobilier à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM. une relation de confiance dont elle a personnellement bénéficié au cours de sa carrière. Elle recommande enfin aux associations professionnelles de s’inspirer du projet Justicia, mis sur pied par le Barreau du Haut-Canada et adopté notamment par le Barreau du Québec, afin de « relever le défi de la rétention et de la promotion des avocates au sein des cabinets privés ». Selon ce projet, les cabinets participants signent un contrat avec le Barreau et s’engagent à implanter un programme facilitant entre autres la conciliation travail-famille, le réseautage et le mentorat, ainsi que le perfectionnement des habiletés de leadership. Lina Cantin est-elle optimiste quant aux perspectives d’avenir des femmes en immobilier commercial ? « Je pense que nous avons plusieurs alliés qui sont prêts à passer à l’étape suivante. Les gens évoluent, peu importe le secteur. La phase d’installation a été mise en place, nous en sommes maintenant rendus à celle du déploiement. » Pour Mme Cantin, mettre fin au plafond de verre est certes une question de respect des individus, mais cela fait aussi partie intégrante de la responsabilité sociale des entreprises. Lina Cantin compte poursuivre ses travaux sur les femmes en immobilier commercial au sein de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier de l’ESG UQAM.
Or, selon Lina Cantin, des forces de changement sont à l’œuvre. Les grands investisseurs institutionnels, dont l’influence est considérable en immobilier commercial, « requièrent de plus en plus que leurs portefeuilles répondent aux indicateurs et aux valeurs d’investissement socialement responsables ». Et parmi ces valeurs figurent celles associées à la diversité. Pour démanteler le plafond de verre en immobilier commercial, une stratégie s’impose. Mme Cantin dénombre plusieurs outils édictés par l’État ou élaborés par des organisations internationales qui peuvent servir de cadre de référence aux sociétés privées (par exemple, des règles de gouvernance, l’aménagement du temps de travail, une politique de conciliation travail-famille). À ces outils s’ajoute le rôle des associations professionnelles dans la promotion du réseautage qui, d’après Lina Cantin, doit faire partie intégrante de la carrière d’une femme, et du mentorat, immobilier commercial : : février – mars 2015
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