SAVOIR ET FORMATION
Andrée DE SERRES
LE BÂTIMENT DURABLE : UN CONCEPT INNOVATEUR QUI CHANGE TOUT DANS LE DOMAINE DE L’IMMOBILIER !
D
epuis quelques décennies, le déploiement des concepts du développement durable, de la responsabilité sociale des entreprises et de la lutte contre les changements climatiques s’est immiscé dans toutes les sphères d’activité et de production de biens ou de services. Le domaine du bâtiment et de l’immobilier ne fait pas exception. Le concept du bâtiment durable est un exemple d’innovation qui a produit et qui continue de générer de très importants changements dans le domaine de l’immobilier. Ses impacts intéressent les utilisateurs, les propriétaires, les investisseurs, les assureurs, les prêteurs, les gouvernements, les autorités de réglementation et la société civile. Le bâtiment vert, le bâtiment sain et le bâtiment durable sont des déclinaisons de ces grands concepts dans le domaine de l’immobilier. Ils se déploient en un large éventail d’obligations, de normes et de bonnes pratiques. Elles sont inscrites dans les codes du bâtiment, les diverses normes réglementaires et légales qui gèrent l’usage des bâtiments, les exigences de qualité et de performance attendues des bâtiments ou des espaces loués et prévues dans les divers contrats qui lient propriétaires et locataires ou ceux qui lient les donneurs de contrats à leurs fournisseurs de services et de biens à toutes les étapes du cycle de vie du bâtiment. Les indicateurs et les mesures développés autour du concept de bâtiment durable imposent d’intégrer aux stratégies traditionnelles de la performance opérationnelle, technique et financière des immeubles des mesures additionnelles sur la gestion des performances écoénergétique, environnementale et sociétale; cela inclut les impacts sur le bien-être et la santé des occupants ainsi que les risques de gouvernance et éthiques (processus d’octroi de contrat, intégrité, corruption, pot-de-vin, blanchiment, etc.). Le bâtiment durable, en tant que concept structuré autour d’indicateurs, de mesures, de procédés et de méthodes, représente un des plus grands défis que doivent relever les gestionnaires des entreprises du bâtiment et du domaine de l’immobilier.
standards Ashrae, Energy Star; les normes et les politiques écoénergétiques. Au Canada et au Québec, les gouvernements de tous les paliers ont multiplié les interventions favorisant l’intégration de ces nouvelles pratiques : adoption de normes, de règles ou de lois ; modification de leur politique d’approvisionnement pour exiger que les bâtiments qu’ils louent, qu’ils achètent ou qu’ils font construire répondent à des exigences élevées en durabilité.
Ce concept s’est déployé en quelques décennies seulement à mesure du développement de nouvelles connaissances scientifiques permettant de déterminer et de mesurer les propriétés et les impacts du choix des matériaux, des systèmes et des procédés utilisés dans le bâtiment. Son déploiement s’est réalisé progressivement, mais sûrement, de multiples façons, dans toutes les strates de l’offre de biens et de services. Il s’est manifesté par le développement et l’apparition en vagues successives de différents outils, souvent complémentaires, que ce soit des indicateurs, des mesures, des méthodes, des normes qui peuvent toucher le bâtiment en entier, son enveloppe, son système électromécanique, la qualité et les impacts des locaux offerts à ses occupants, les conséquences sur son voisinage et sur la communauté qui l’entoure. Par exemple, les certifications de bâtiment LEED, BOMA BEST, Wells, BREAM et HQE ; les standards ISO 14000, 31000, 50001; les
Le concept du bâtiment durable s’est aussi manifesté par l’intégration de mentions et de mesures dans les rapports de responsabilité sociale des entreprises qui évoluent dans l’industrie, que ce soit à titre de propriétaire ou d’investisseur d’immeuble ou comme fournisseur de biens ou de services. Les entreprises ont pris l’habitude d’y décrire les actions qu’elles posent et les pratiques exemplaires qu’elles ont adoptées en tant qu’acteur responsable
Hélène SICOTTE
Par Andrée De Serres, Ph. D., professeure et titulaire, Chaire Ivanhoé Cambridge, ESG UQAM, et Hélène Sicotte, Ph. D., professeure et chercheuse, Chaire Ivanhoé Cambridge, ESG UQAM 24
— Printemps 2017