SAVOIR ET FORMATION
Andrée DE SERRES
L’ÉVOLUTION DE LA GESTION D’IMMEUBLE DANS LA MOUVANCE DU PHÉNOMÈNE DE LA FINANCIARISATION DES IMMEUBLES
L’
année 2016 marque les 20 ans de la création de la Chaire Ivanhoé Cambridge d’immobilier, chaire universitaire de recherche innovation de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) vouée au développement de nouvelles connaissances, de compétences et de formation en immobilier commercial. Pour souligner ce 20e anniversaire, nous avons entrepris plusieurs projets de recherche sur l’évolution des modèles de gestion, de gouvernance et de valorisation des projets immobiliers. Nous présenterons des résultats de ces recherches au cours de l’année. Cet article initial aborde le phénomène de la financiarisation des immeubles qui a eu pour effet de stimuler l’innovation, la professionnalisation et le développement de nouvelles expertises dans le domaine de la gestion d’immeubles à vocation commerciale. LE PHÉNOMÈNE DE LA FINANCIARISATION DES IMMEUBLES Les gestionnaires doivent répondre aux attentes des propriétaires des immeubles. Chacun a des attentes particulières : un propriétaire occupant, qu’il soit un organisme du secteur public ou du secteur privé, entretient des attentes fort distinctes de celles d’un propriétaire investisseur, que ce dernier soit une société privée, un investisseur institutionnel ou un investisseur fiduciaire. On peut aisément présumer que les gens qui travaillent en gestion d’immeuble comme employés ou comme contractuels connaissent les attentes des propriétaires avec qui ils font affaire : il faut toujours faire mieux, faire plus et le faire de façon de plus en plus spécialisée. Les gestionnaires d’immeuble, tant du secteur public que du secteur privé, savent qu’ils doivent améliorer leurs pratiques et leurs procédés de façon continuelle. Si les causes qui expliquent cette pression peuvent être d’origines multiples et particulières selon le secteur, il en résulte que les innovations et les nouvelles pratiques de gestion des immeubles, toutes catégories et tous secteurs confondus, sont appelées à converger et à améliorer les façons de faire. Les innovations du secteur privé servent au secteur public, et la réciproque est vraie. Le cas des parcs immobiliers gérés par les organismes du secteur public sera abordé dans un prochain article. Il sera ici question du phénomène de la financiarisation des immeubles dans le secteur privé. Traditionnellement, de nombreuses entreprises familiales et privées occupent une place importante dans le développement du marché immobilier et la propriété des immeubles. La gestion traditionnelle d’immeuble implique deux dimensions : la gestion
Hélène SICOTTE du bâtiment, incluant sa coquille, ses murs, ses équipements ; et la gestion de l’immeuble, le choix et la façon de l’utiliser et d’en faire usage, la sélection de locataires ou d’usagers, etc. Un phénomène plus récent est la forte présence des investisseurs institutionnels et fiduciaires, soit les fonds ou les fiducies d’investissement en immobilier, de plus en plus nombreux à devenir propriétaires, directement ou indirectement, d’immeubles à revenus qu’ils gèrent ou qu’ils font gérer. Depuis les années 1990, nous constatons en effet l’intérêt grandissant de nombreux investisseurs institutionnels – notamment les grandes caisses de retraite, les grands fonds de pension, les sociétés d’assurance, les fonds publics et les fonds souverains – à créer et à développer des portefeuilles d’actifs immobiliers. Ils peuvent rechercher des actifs immobiliers dans une catégorie d’immeubles particulière ou
Par Andrée De Serres, Ph. D., professeure et titulaire, Chaire Ivanhoé Cambridge, ESG UQAM, et Hélène Sicotte, Ph. D., professeure et chercheure, Chaire Ivanhoé Cambridge, ESG UQAM Printemps 2016 —
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