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LA MAÇONNERIE À LA CROISÉE DES CHEMINS

Ouvert aux innovations et disposant de nombreux atouts, le secteur de la maçonnerie s’appuie sur des fondations solides pour se projeter vers l’avenir. Tour d’horizon des principaux enjeux du moment avec l’Association des entrepreneurs en maçonnerie du Québec (AEMQ).

Relativement peu utilisée au Québec, la maçonnerie porteuse présente pourtant de multiples avantages. Elle permet tout d’abord de réduire les délais sur les chantiers, rappelle Natalie McCarthy, directrice générale de l’AEMQ : « Une même structure peut être utilisée à la fois pour supporter les charges et pour former une cloison ou une séparation. Il y a moins de corps de métier à coordonner et les temps de construction sont optimisés. On peut donc vendre ou louer plus rapidement. » Les constructions en maçonnerie sont aussi plus durables. « On parle de dizaines, voire de centaines d’années, souligne Mme McCarthy. Les investissements sont répartis sur la durée et il y a moins d’entretien qu’avec d’autres matériaux. »

Reposant sur des structures en blocs, la maçonnerie porteuse se distingue également par une meilleure résistance au feu, réduisant les risques d’incendie et donc les primes d’assurances pour les constructeurs et les propriétaires. C’est surtout un gage de sécurité pour les futurs occupants, qui bénéficieront en outre d’un matériau moins sensible aux dégâts d’eau et aux moisissures, mais aussi plus performant sur le plan de l’isolation thermique et phonique.

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Durabilité et adaptation aux changements

En matière de développement durable, la maçonnerie parvient aussi à tirer son épingle du jeu. Premièrement, elle se base sur un matériau recyclable et jusqu’à 100 % réutilisable. Certaines briques d’argile peuvent être réutilisées pour la construction de parements, et il est également possible de réemployer une partie des blocs de béton. Une autre option consiste à recycler les matériaux de maçonnerie, en les transformant par exemple en granulat. La maçonnerie est aussi le lieu d’expérimentations favorables à l’environnement : l’utilisation de nouveaux ingrédients dans les mélanges constituant les blocs de béton pourrait ainsi permettre de diminuer les émissions de carbone. La présence de plusieurs fabricants au Québec favorise de surcroît l’économie circulaire.

« Une même structure peut être utilisée à la fois pour supporter les charges et pour former une cloison ou une séparation. Il y a moins de corps de métier à coordonner et les temps de construction sont optimisés. On peut donc vendre ou louer plus rapidement. »

– Natalie McCarthy

Soucieux de relever les défis environnementaux, le secteur a mis sur pied le Bloc Levy, un programme visant notamment à financer des projets de recherche dans différentes universités au Canada. « Il s’agit de mieux comprendre la maçonnerie. Bien que ce soit un matériau millénaire, il y a des réalités récentes à prendre en compte », indique Natalie McCarthy, qui cite à titre d’exemple les changements climatiques et les préoccupations concernant les charges sismiques à l’origine de nouveaux codes et normes. Les facteurs environnementaux comme l’humidité, la hausse des températures ou la plus grande fréquence des cycles de gel et de dégel ont nécessairement une incidence sur les matériaux, et la recherche s’efforce de répondre à cette problématique.

De nouvelles portes d’entrée Confronté comme beaucoup d’autres professions au manque de main­d’œuvre, le secteur de la maçonnerie a su trouver des leviers pour remédier à cette situation. Natalie McCarthy propose notamment de revoir le modèle des centres de formation, en mettant davantage l’accent sur l’alternance travail­études (ATE). « C’est le modèle qui est actuellement préconisé au niveau du ministère. C’est très intéressant, parce que les futurs maçons sont plongés dans la réalité du métier et les employeurs peuvent s’investir dans la formation. Ce schéma permet de former des employés qui répondent aux besoins des entreprises », soutient­elle. Une telle approche vise à orienter les étudiants stagiaires vers des entreprises ayant le souci de la formation de leurs équipes, et le désir de prendre sous leurs ailes des jeunes de la relève afin de leur offrir un avenir de qualité, ajoute la directrice générale de l’AEMQ.

Concernant la place faite aux femmes, l’AEMQ emboîte le pas à la Commission de la construction du Québec (CCQ), qui a mis en place des mesures pour que les chantiers s’ouvrent plus largement à ces dernières. « Il n’y a pas énormément de briqueteuses, mais c’est en changement, se réjouit Natalie McCarthy. […] Lorsqu’on peut atténuer certains des défis physiques, il y a beaucoup d’aspects du métier qui sont attrayants pour les femmes, comme la minutie, le soin du détail ou la créativité. » Consciente que l’industrie ne peut compter uniquement sur les bassins de main­d’œuvre traditionnels, elle insiste également sur la nécessité d’« assouplir les mesur es » r elatives à l’intégration des travailleurs étrangers temporaires.

Des métiers en transformation Enjeux majeurs, l’attraction et la rétention de la main­d’œuvre passent notamment par l’amélioration des conditions de travail. Physiquement exigeant, le métier de maçon fait actuellement l’objet de recherches approfondies en ergonomie. « On souhaite se donner des façons de faire ou des techniques de pose plus favorables au maintien de la santé des employés. Avec la pénurie de main­d’œuvre, on a tout intérêt à prendre soin de celles et ceux qui sont déjà en poste afin qu’ils puissent étirer leur vie active en tant que maçons », explique Mme McCarthy. Des technologies nouvelles apparaissent ainsi sur les chantiers, tels les exosquelettes ou les mules. Celles i peuvent assurer

À l’adresse des candidats que la difficulté du métier pourrait rebuter, la directrice générale de l’AEMQ précise que certaines entreprises offrent désormais la possibilité de travailler à l’intérieur tout au long de l’année. Ce cas de figure est rendu possible par l’utilisation de la maçonnerie porteuse et par les équipements (toilage et chauffage) mis en place sur certains chantiers pour que la pose des parements puisse se poursuivre même en hiver. « Ce n’était pas possible traditionnellement en maçonnerie. Ça peut contribuer à rendre le métier plus attirant pour certaines personnes », ajoute Natalie McCarthy. Pour ceux et celles qui aiment travailler à l’extérieur, la maçonnerie permet aussi de profiter des périodes de l’année où la météo est plus clémente.

Contribuer au rayonnement de la maçonnerie

Ces changements importants s’accompagnent d’une volonté de mieux faire connaître la maçonnerie aux futurs architectes et ingénieurs. C’est ainsi que des conférences mensuelles destinées aux concepteurs de bâtiments vont désormais avoir lieu dans différents centres de formation professionnelle au Québec, avec des ateliers de mise en pratique. En partenariat avec le Canada Masonry Design Centre et avec la participation de membres experts de l’AEMQ, l’Association offre également un accompagnement visant à soutenir les concepteurs dans tous les aspects techniques liés à la maçonnerie. Sans compter les conférences organisées avec le Conseil de l’enveloppe du bâtiment du Québec, le travail réalisé pour inclure la maçonnerie dans les parcours universitaires en génie, les formations offertes par l’AEMQ ou encore les différents ateliers proposés lors