J'attends le numéro 54

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LABORATOIRE DE RECHERCHES CRÉATIVES

J’attends le numéro 2e trimestre 2019

SPÉCIAL VÊTEMENTS


J’attends le numéro 2e trimestre 2019

SPÉCIAL VÊTEMENTS

Marie C. par Fred Chapotat

J’attends le numéro 1 - 2011 • 2019 Création > Isabelle Souchet & Ivan Leprêtre Design > Ivan Leprêtre Contact > lepretre.ivan@wanadoo.fr


Sommaire AlainDiot04

frédéricadam44

RAOULHARIVOIE08

LYONELKOURO46

gÉRARDMARTY09

JEAN-MARCCOUVÉ56

Maître de conférence en arts plastiques alaindiot2@orange.fr

Poète frederic_adam@hotmail.fr

Poète raoul.harivoie@laposte.net

Artiste explorateur de concepts lyonel.kouro@orange.fr Site : kouro.fr

Artiste - Illustrateur martygetc@free.fr gerardmarty.blogspot.com

Poète du quotidien thierry.faggianelli@sfr.fr

IVANLEPRÊTRE16

MANUELLAUTI58

ANNEJOSSE22

OLIVIERISAURAT64

D. A. et webdesigner lepretre.ivan@wanadoo.fr Site : ivanlepretre.com

Photographe mlgphoto@outlook.be facebook.com/Manuellautiphotographie

PORTRAIT DE CélineGiovannoni

Enseignant • oissaurat@ac-creteil.fr Site : olivier.issaurat.free.fr

Experte en contenus relationnels anne.josse@comzelle.com Site : annejosse.com

MARIEEDERY70

Rédactrice marieedery108@gmail.com

THIERRYFAGGIANELLI26 Poète du quotidien thierry.faggianelli@sfr.fr

KARINESAUTEL74

Ellipse formation karine@ellipseformationcom Site : ellipseformation.com

fredchapotat34 Photographe fredchapotat@orange.fr Site : fredchapotat.com

DOMINIQUEPONGE82 Plasticienne 7arts9@gmail.com 7arts9.blogspot.fr

CHRYSTELÉGAL40

Artiste, écrivain chrystel.egal@free.fr • Site : c-egal.com

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L’ÉDITO PARAlainDiot

Lesvois-tu,lesvêtus? Si

l’habit ne fait pas le moine, est ce

qu’alors le vêtement ment, maman ? Est-ce que l’étui pénien ne sert à rien, cousin ? Faut-il aller jusqu’à la houppelande qui vole au vent sur la lande pour être convaincu d’être bien vêtu, même sans superflu sur le cucul, ou est-ce le monokini qui nie la nudité, l’été ?? Ah ! La vêture s’assure, çà s’est sûr ! Mais çà n’est pas si aisé, de la tête aux pieds. C’est que de partout dans le monde, les vêtements abondent, que l’on soit brune opportune sur la dune ou blonde vagabonde sur la mappemonde, noir d’ivoire plein d’espoir pour le grand soir ou blanc de blanc du dehors jusqu’au dedans, jaune aphone pour les clones asynchrones ou rouge, voire infrarouge, quand ça bouge. Et les robes se dérobent devant les jupes qui nous dupent, les corsages restent bien sages quand les camisoles nous affolent, les pantalons sont tout fripons quand les falzars flottent au hasard, les guêpières s’avancent pas peu fières quand les corsets dénouent leurs lacets, les manteaux bien chauds prennent le dessus sur les pardessus trop cossus, les imperméables fort confortables se moquent des cirés qui nous font transpirer, les caleçons passent le mur du son quand les slips s’émancipent jusqu’au casse-pipe, les marcels à bretelle harcellent les jouvencelles quand les t-shirts se préparent, peinards, au flirt, les veinards, les jupons sont bien plus trognons que les vieilles

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

combinaisons, les porte-jarretelles jouent dans la dentelle quand sous les falbalas se cachent les beaux bas, les soutifs sont inventifs pour rendre plus actifs les décolletés qui nous font chavirer, les strings se prennent pour les rois du shopping quand les culottes tombent bien vite sur les bottes, les salopettes essayent de rester proprettes quand les vêtements de travail cherchent à leur livrer bataille, les robes de chambre qui cachent les membres qui se cambrent se moquent des chemises de nuit qui gênent trop lors du déduit, bref, le vêtement est parfois séduisant parfois encombrant, ici fort élégant, là-bas trop désolant, aujourd’hui il est si mimi, demain il sera tout chafouin, mais qu’on se résigne à la simple feuille de vigne, fier et digne, ou qu’on s’emmitoufle, vrai patapouf, dans l’anorak avec ses moufles, il faut bien que l’on s’habille, comme un garçon, comme une fille, que ce soit d’une simple brindille ou de quelque pauvre vétille, quelque malheureuse broutille, voire même parfois d’une coquille, en évitant bien sûr les guenilles, les résilles de pacotilles sans estampille, pour éviter qu’on nous torpille, qu’on nous prenne pour des gorilles, mais sans avoir peur que l’on brille et sans chercher de bisbille, enveloppés dans nos mantilles pour aller danser le quadrille ou la séguedille en famille à Tolède ou à Séville. Et vivent les fringues de dingue, les habits de folie, les toilettes de soubrette, les sapes de satrape, les trousseaux de marteau, les atours de l’amour, les livrées décalées, les tenues même ténues, bref tous les vêtements les plus déments depuis le sol jusqu’au firmament ! En espérant, pourtant, que le vent virevoltant dans les voiles légers indécents nous dévoile, sous les costumes, à poil ou à plume, ces étoiles tant espérées qui nous allument sous le soleil ou dans la brume !!

Alain (changé) DIOT. Avril 2019

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Photo : Fred Chapotat


LE FOCUS PARAlainDiotaUSSI

Est-ilencoretemps? Est-ce qu’avec le printemps, les gilets jaunes vont reverdir, voire refleurir ou se flétrir dans un dernier soupir ? Est-ce qu’ils auront bien tiré, tout joyeux, les macrons du feu, les malheureux ? Est-ce qu’avant l’été, Bouteflika aura perdu la baraka, là-bas, dans la casbah et qu’on vivra dans la joie sous les djellabas ? Est-ce que sur les plateaux d’Anatolie, il sera temps que les turcs rient ou qu’ils se roulent en boule comme des mabouls à Istamboul ? Est-ce qu’à Idlib on se tapera enfin sur le bide ou est-ce qu’on restera dans le morbide, voire le sordide ? Est-ce qu’au Venezuela le Maduro, dur au mal, l’animal, sera encore là, même si on en a plein le dos, ou est-ce qu’on dira encore : « à Caracas, çà passe ou çà casse » ? Est-ce que le Mélenchon sera toujours aussi ronchon et le Ruffin toujours argousin chagrin, voire byzantin trop malin ? Est-ce que le Wauquiez sera celui qui dit qui y’est, ou aura-t-il pris un vieux coup dans le nez, lui le pseudo révolté du Puy en Velay ? Est-ce que le rassemblement national sera encore comme ce que les rats semblent nationalement mettre à mal quand ils sont à la peine dans la gégène ? Est-ce que les chinois, toujours aussi fin matois, auront gagné la partie sur les Etats-Unis et leur président mirobolant qui tweete comme un dément ? Est-ce qu’avant l’hiver, on verra Castaner se mettre le derrière au vert et les CRS enfin bien assis sur leurs si jolies fesses ? Est-ce que notre cher Edouard sera toujours aussi bavard en cancanant

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

comme un canard jobard devant la chambre des députés dépités qui n’arrêtent pas de cheminer ? Et notre cher Carlos, qui s’est fait avoir jusqu’à l’os, est-ce qu’il va retourner dans la zonzon chez les nippons ? Est-ce qu’il déconne, Goshn ? Est-ce qu’il va nous faire encore la nique, l’Etat Islamique, pris qu’il est dans la panique en perdant ses bagouses à Baghouz ? Est-ce que les défenseurs du Brexit vont encore refuser nos frites, ces cénobites hétéroclites en faillite ? Est-ce que çà va encore durer longtemps, tous ces emmerdements ? Ne serait-il pas enfin temps de prendre du bon temps, de temps en temps, pendant qu’il en est encore temps ? Bien sûr que c’est évident et que si le Monde n’est pas si charmant, on fera comme si de rien n’était, au moins jusqu’à l’été, non mais !!

Alain (constant) DIOT. Avril 2019

Photo : Fred Chapotat

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RAOULHARIVOIE VALISEDEFRINGUES Mocassymptotes Chaussures pour ceux qui marchent droit afin de s’approcher de courbes féminines (autres que celles de leurs épouses) sans jamais les toucher. « J’ai une dizaine de paires de mocassymptotes à talons pour un style anglais, ils m’assurent un look "old school" en toute élégance. »

Shortensia Vêtement léger qui met en valeur les rondeurs des belles plantes. « Le vendredi, au travail, le dress code est "casual"; je suis venu hier pour la première fois, avec mon shortensia, les femmes ont adoré, j’ai rougi, mon patron m’a convoqué dans son bureau pour que je lui donne des conseils sur l’entretien des arbustes, le sien est rabougri. »

Pullalcoolroulé vêtement unisexe se caractérisant par un haut col roulé et plusieurs compartiments pour ranger des petites bouteilles publicitaires en vers ou en céramique contenant entre 2 et 9 cl d’alcool. « Oh, ce beau pullalcoolroulé ? C’est ma femme qui me l’a offert, elle l’a acheté en Martinique. C’est pratique quand il y a des embouteillages, je peux boire un peu pour me détendre. »

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gÉRADMARTY

SPÉCIAL VÊTEMENTS

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Photo : stocklib.fr

IVANLEPRÊTRE

« J’élargis mon business en ouvrant une chaîne de vêtements de marque ! »

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Mueslip Sous-vêtement contenant des flocons de céréales, des oléagineux et des fruits secs pour vos fringales journalières. Avec le mueslip, sortez de chez vous le matin, confiant.e et assuré.e de pouvoir combler les petits creux en toute discrétion. Il vous suffit de plonger la main dans votre slip pour en retirer un trésor de vitamines, nutriments, protéines, glucides et autres sels minéraux, afin de retrouver le sourire immédiatement après le petit coup de pompe passager. Prix : 155,00 € le lot de 3

Pandacourt 100% en fibre de pousses de bambou. Nos pandacourts grandissent pendant 18 ans au même rythme que votre enfant, il est néanmoins recommandé de couper chaque semaine les petites feuilles apparentes, sinon le pauvre gosse aura l’air d’un con à l’école - existe en 2 coloris : roux et noir & blanc avec un écusson WWF cousu sur l’une des poches arrière. Le pandalong sera commercialisé prochainement. Abonnement : 59,90 €/mois

Robe-innée Robe philosophique de l’école du robinnéisme platonicien, elle est entièrement waterproof. Une robe légère de printemps avec impression de jolis motifs de savonnettes aux subtiles fragrances de lavande et de sauge sauvage. Livrée avec son mitigeur intégré. Prix : 1 990,00 € - règlement exclusivement en liquide

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IVAN LEPRÊTRE

Robe Lochon Cette robe mythique aux lignes pures, dessinée de main de Maîtresse par la créatrice Paule Lochon et portée divinement par le sublime mannequin Enrika Member est entièrement fabriquée en pâte pressée au lait cru dans notre usine de Haute-Savoie. La qualité est garantie par 8 mois d’affinage en cave fraîche. Existe en deux parfums : fragrance de voûte plantaire et remugle de tartiflette. Prix : 2 675,00 € Nous informons notre aimable clientèle que la robe Orative est en rupture de stock jusqu’à nouvel avis.

Rend-gaine Culotte de maintien à double paroi renforcée contenant du vin de table pour les petites soifs. Le petit robinet sur le devant vous permet de remplir votre verre à plusieurs reprises. De ce fait, la rendgaine est consignée, vous pouvez donc la remporter au magasin une fois vidée de son contenu pour l’échanger contre une pleine. Existe en Grand Cru de Bourgogne ou 1er Cru Bordelais pour les amateurs de bon vin. Une version bière est à l’étude... Prix : entre 175,00 € et 1 600,00 € selon cépages et millésimes. Prix de la recharge : entre 90,00 € et 1 000,00 €.

Crapaud-melon Très british, ce melon est doté d’un avertisseur sonore prévenant de votre arrivée dans les soirées chics chez l’ambassadeur ou à l’apéro de l’opéra, et finalement lors de votre retour en HP. Le crapaud-melon imite à la perfection le croassement du batracien gai comme un italien qui sait qu’il aura du pain et du vin et de la boue et des belles crapotes, ce qui le rend heureux et euh... Gai comme un italien... Existe en version crapaud buffle pour les grosses têtes. Prix : 1 250.00 £

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Mouflaquettes Paire de moufles en peau de spitz nain retourné avec accroches-cœur qui volent au vent quand tu chevauches ta Harley sur la route 66 entre Chicago et Santa Monica (Born to Be Wild). Tes mouflaquettes s’accorderont parfaitement avec tes Santiaguettes en gousses de cacahuètes mexicaines. Pour avoir la Rock Attitude été comme hiver ! Prix : 490.00 $

Gilait écrémé De nombreuses plaintes pour agressions et morsures graves ayant été déposées, le magasin a décidé de retirer de la vente le PitPull qui avait fait le succès de l’enseigne ces derniers mois. Nous avons aussi fait disparaître des rayons le Chand’ail, suite au procès pour discrimination raciale attenté à la marque par le Mouvement de Libération des Vampires. Le gilait écrémé a reçu l’autorisation de commercialisation délivrée par le Consortium des Laitages et des Produits Dérivés constitué de 80 vaches normandes et de 80 montbéliardes. Le Consortium est présidé cette année par Monsieur Jaime Lebeurre, grand amateur de petits Suisses. Un gilait entier est prévu pour la saison automne-hiver.. Prix : 1 380,00 €

Mokassins Andins Chaussures péruviennes recouvertes de crème pâtissière - café ou chocolat - et saupoudrées de perles en sucre. Les semelles sont en crêpes flambées au rhum et fourrées à la chantilly. L’intérieur des chaussures est en laine d’alpaga garantie 5 ans sans odeur ou en pangolinoleum sans aucune garantie. Prix : 4 850,00 Nuevo Sol

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IVANLEPRÊTRE Châ[t]le angora

Chemise Ouais

Création Chatnel, la fameuse griffe de luxe ! Tous

Chemise avec un gros « Ouais » cousu dans le

nos châ[t]les angoras sont stérilisés et vaccinés,

dos, elle vous permettra de demander votre

ils sont livrés avec leur carnet de santé et un bon

chemin partout dans le monde dans la langue de

pour une visite gratuite chez le vétérinaire. Il est

Shakespeare.

recommandé de ne donner que les croquettes

Exemples : « Chemise Ouais to the Next Whisky

au foie gras et au caviar Chatnel à votre châ[t]le,

Bar? » ou « Chemise Ouais to the Next Little Girl? ».

toute autre nourriture lui occasionnera des bal-

Prix : Chemise Ouais to the Cash Register?

lonnements et le fera péter, situation qui pourrait être embarrassante lors des soirées chics chez l’ambassadeur. Les premiers temps, il se peut que

Caracolibri

vous soyez un peu enroué ? Pas d’inquiétude, c’est

Mini débardeur ultra léger fait de perles de rosée

normal lorsqu’on a un châ[t]le dans la gorge !

parfumées au nectar de fleurs exotiques et recou-

Prix : 1 050,00 €

vert de plumes rouges, mauves, jaunes et vertes. Prix mini : 45,95 € le lot de 2

Pyjamardi Le pyjamardi vous permet dorénavant de dormir

Chaussettes en caution

tout.e nu.e du mercredi au lundi inclus. De plus

Suite à la recrudescence de vols perpétrés ces

vous contribuez à la préservation de l’environne-

derniers temps dans nos rayons, il est désormais

ment en ne lavant votre pyjamardi que 4 fois par

demandé aux clientes et aux clients de laisser

an tout en faisant des économies d’eau, de lessive

leurs chaussettes en caution à l’entrée du ma-

et autres saloperies chimiques. Pour l’achat de

gasin. Elles vous seront rendues à la fin de votre

deux pyjamardis, un réveil-Martin vous est offert

séjour après visionnage des vidéos de surveillance.

par le magasin.

Les personnes qui ont des problèmes de sudation

(Le réveil-Martin, comme son nom l’indique, est

plantaire*, pourront garder leurs chaussettes et

incapable de réveiller les Gérard, ni les Marcel et

laisser au vigile leur culotte en caution.

encore moins les Gudrun !)

*traduction pour les mal-comprenants : si tu chmoutes grave des panards, tu peux t’les garder tes chaussettes pourrîtes !

Prix : 475,00 €

Déshabillé vapoteux Tenue légère diffusant des vapeurs sensuelles pour attirer les anciens fumeurs en manque de nicotine. 80W haute puissance, batterie de 2 600 mAh + 1 kit clearomiseur avec 3 réservoirs interchangeables - goûts banane chocolat, pizza Regina et brandade de morue. Prix : 1 950,00 €

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Photo : anonyme - librement autosourcée sur FB.

SPÉCIAL VÊTEMENTS

Cha[t]le Angora nonchalamment posé sur le fauteuil du salon.

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LESPORTRAITSD’ANNEJOSSE CélineGiovannoni

UNRÊVEDELIBERTY ! Mardi 2 avril. L’endroit branché qui devait nous servir de lieu de rendez-vous n’est pas accessible. Sans doute fallait-il un écrin plus parisien, plus intemporel, plus classique. A l’image de la marque de vêtements BLUBERTYME que Céline Giovannoni a créée il y a 3 ans. La vie s’est donc chargée de nous guider vers un bistrot typiquement parisien. Confidences d’une femme aujourd’hui épanouie, qui aime les fringues, les fleurs et l’élégance.

A.J. : « Céline, d’où te vient ton amour du vêtement ? » C.G. : « De mes parents. Pour ma mère, c’est une évidence. Elle était très coquette, toujours impeccablement habillée. Elle m’a élevée dans la culture de l’élégance et du Beau. Mon père serait plus surpris de l’inspiration qu’il a été pour moi ! Il n’avait pas son pareil pour associer les matières, les motifs et les couleurs. En fait, sans le savoir, l’audace de ses choix vestimentaires le rendait terriblement "fashion". Il m’a donné le goût de la fantaisie et du mélange. Et puis je pense aussi à ma grand-mère qui travaillait dans une maison de couture. Le vêtement, c’est donc une histoire de famille ! » A.J. : « Tes vêtements sont tous confectionnés dans des tissus Liberty. Pourquoi ce choix ? » C.G. : « J’ai une véritable passion pour ce tissu car il est tout ce que j’aime : la qualité, le motif, les couleurs, et une certaine forme de classicisme qui dépasse les modes. C’est quand même une marque qui a plus de

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BLUBERTYME PARIS, la marque créée en 2016 par Céline Giovannoni.


SPÉCIAL VÊTEMENTS

cent ans et qui reste indémodable ! L’une de mes plus grandes fiertés chez CELIO où j’ai longtemps travaillé comme Directrice de Style, est d’avoir introduit le Liberty dans les rayons de ses magasins. Crois-moi, il fallait oser sortir des traditionnels cotons unis, carreaux et rayures. Plusieurs années après, l’enseigne continue de créer des mini-collections Liberty et je crois savoir qu’elles cartonnent ! A.J. : « Parle nous de ta marque. Comment la définies-tu ? » C.G. : « Chic, décontractée, féminine, personnelle, exigeante. En plus d’un style, BLUBERTYME c’est une conception de la mode. Je voulais travailler en local, avec un atelier à taille humaine valorisant le savoir-faire français. J’avais aussi à cœur de ne proposer que quelques pièces chaque saison. Pour des raisons de stockage, certes, mais aussi pour me sentir libre de créer sans « écouler », de renouveler et de concevoir des collections uniques. BLUBERTYME devait aussi être une marque proche de ses clientes. Je n’ai pas de boutique propre ni de showroom. Ce qui m’embête d’ailleurs aujourd’hui. La plupart de mes ventes se font sur internet, en plus des pop-up stores occasionnels. Alors, pour entretenir une relation privilégiée avec mes clientes, maintenir le lien, je fais en sorte que chaque envoi soit reçu comme un cadeau. J’y apporte l’attention au détail qui marque ma reconnaissance : boîte de qualité, papier de soie, ruban, petit cartel manuscrit. Immanquablement, cela Identité de marque soignée BLUEBERTYME.

fait son effet ! Hier encore, j’ai reçu un message me témoignant de la surprise de recevoir une manchette dans un packaging aussi soigné.

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LESPORTRAITSD’ANNEJOSSE CélineGiovannoni

A.J. : « Comment est née Blubertyme ? » C.G. : « Du besoin de créer quelque chose qui me ressemble et le partager. Je me rends compte aujourd’hui à quel point le vêtement est une ouverture sur soi-même et aux autres. Créer sa marque te fait rencontrer des personnes incroyables. Cela permet de révéler le talent de ceux qui t’ accompagnent dans ton aventure - je pense notamment à l’équipe qui réalise le patronage et le façonnage - et de révéler la personnalité de ceux qui portent tes vêtements. Il y a quelque chose qui relève de la générosité. D’ailleurs, depuis le début de BLUBERTYME, j’ai beaucoup plus envie de partager, d’échanger. Je suis plus engagée que jamais dans la vie. Plus épanouie aussi. »

AproposdeBLUBERTYME Marque pour femmes, 100% française, inspirée par la parisienne et le motif végétal. Son tissu Liberty se décline en chemisiers, robes chemisiers, foulards, paréos et bijoux. Quelques pièces chinées au grès des voyages apportent la touche rétro d’un look dynamique, élégant et joyeux. La collection accessoires affiche des prix très abordables (de 10 à 80 €). Pour les chemisiers et robes-chemises, compter entre 105 et 140 €. L’ensemble de l’offre positionne BLUBERTYME dans les marques moyen-haut de gamme.

Créatrice : Céline Giovannoni.

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SPÉCIAL VÊTEMENTS


thierryFaggianelli Burlesque Comme à l’accoutumée, la Mona se pointa à son travail avec cinq minutes d’avance. 5 minutes. Et comme de bien entendu, elle ne portait rien d’autre dans la rue qu’un peu d’essence de Diesel. Certains diront : c’est peu. D’autant que dans Diesel, les particules sont fines. Cela voulait dire que Mona n’avait pas froid aux yeux. Ni ailleurs d’ailleurs. Mona Lisa, c’était son nom de scène. Ce que la plupart de ses clients ignoraient, c’est qu’elle le tirait du sourire vertical de son ventre soyeux, du renflement énigmatique que seul son fiancé, Juan, avait le loisir d’admirer. C’est d’ailleurs lui qui lui avait suggéré ce pseudo. En tout cas, même si elle aimait à se déplacer dans la rue à poil, elle ne s’offrait qu’à lui, il ne se donnait qu’à elle. Mona était « danseuse » de genre. Presque tous les soirs, elle se produisait dans deux ou trois clubs du quartier de Pigalle et de la place Clichy. Certaines fois, quand elle terminait sa tournée, le climat au club virait au torride. Dans la salle capitonnée dans laquelle elle œuvrait, elle aimait sentir la pression qui montait à des Himalaya au fur et à mesure du déroulé de son numéro. Même éblouie par les projecteurs, saoulée aussi par la musique soul, elle pouvait sentir les glaçons fondre d’excitation dans le verre des clients au bord du podium et de la crise de manque. Les femmes aussi adoraient son numéro bizarre. Peut-être parce qu’elles ne parvenaient pas à démonter les mécanismes qui expliquaient son

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

succès, l’impact qu’elle avait sur l’assistance. Cer-

femmes au foyer, bref toutes celles qui hésitaient

taines se léchaient les babines par goût. Elles

encore avant de franchir le Rubicon de l’émanci-

s’humectaient les lèvres en la matant et serraient

pation conjugale. Elles leur apprenaient à braquer

d’une étrange façon le bras de leur mec. Chapeau

l’attention des mecs et prendre en otage leur

l’artiste. L’effeuillage n’est pas un art vulgaire.

curiosité sans s’excuser ni se sentir coupables.

Encore faut-il en posséder le vocabulaire.

Rien que cette mission au service du féminin

Le sens de l’ellipse est essentiel pour le « dé-

libéré méritait une médaille clinquante qu’elles

sapage ». Il ne faut pas plus tout montrer que

auraient pu afficher sur leur poitrine de sauve-

tout dire. Mona appartenait à cette génération

teuses. En plus, c’était des bonnes âmes toujours

de strip-teaseuses burlesques qui assumaient

prêtes à te rendre service et à te dépanner en

leur corps sans complexe. Elles dosaient avec art :

clopes, en fric ou en bon plan si t’en avais eu be-

effeuillage sacré et comique croupier. La gau-

soin. Elle les respectait et les aimait.

driole n’empêche pas l’humour. Mona se distin-

Mais Mona n’était pas faite de ce bois-là. Elle ne

guait tout de suite de ses « collègues ». Facile, elle

partait pas du même endroit, de la même ma-

n’opérait pas dans le même registre. Il faut dire

trice. Elle n’avait pas la même histoire que ces

qu’elle n’avait pas le corps massif et charpenté de

girls. Elle n’avait jamais été miss Chambéry ou

certaines, ni leurs gentils capitons. Ni ce côté

même pom- pom girl à Daytona Beach, Calvados.

provoquant, pour alléger le poids des attendus

On ne lui avait pas non plus redessiné une nou-

masculins autour du sexe.

velle poitrine en Europe de l’Est après des études

Mona ne portait aucune inscription ni sur le dos,

de technicienne de labo. Les clients ne s’y trom-

les cuisses, ou les seins. Rien. Pas le plus petit ta-

paient pas. Ils sentaient tout de suite l’écart de

touage pour retracer sur son corps laiteux les sept

style. Surtout quand elle apparaissait dans toute

stations de Christ avant le Golgotha ou un dragon

sa nudité et le noir complet. Au fur et à mesure

furieux qui vient d’arrêter de fumer. Attention,

que la lumière des projecteurs la braquait sur

n’allez pas croire que Mona avait quelque chose

la scène, la tension montait. Au départ, rien de

contre le style néo barbare de leur charme. Non,

concret. Les spectateurs ne voyaient rien. Que

ces femmes, en plus d’un aplomb XXL avaient

dalle. Ils sentaient bien sûr sa présence lourde-

toutes une sacrée personnalité. À côté, la mère

ment parfumée mais ils n’avaient rien à se mettre

Teresa pouvait se rhabiller. Elles réunissaient dans

sous la pupille. La musique elle-même, assez sté-

leur décolleté et leur déhanchement massif tous

réotypée dans ce genre de numéro avait l’air de

les arguments pour réjouir le cœur des hommes

commencer par la fin. Un peu comme s’il s’était

de passage. Mais ce n’était pas tout. Elles savaient

déjà déroulé et que l’on se rejouait toute la scène

aussi rehausser le prestige des filles ordinaires :

à l’envers. Mais la surprise passée, les spectateurs

secrétaires, assistantes, caissières, institutrices,

pouvaient enfin se rincer l’œil. Mona ajustait un

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thierryFaggianelli

bas d’une noirceur provocante et qui soulignait la

Le volume qui se créait leur giclait littéralement

finesse d’une cuisse puis une autre. Non sans tact,

aux yeux – à la façon d’un hologramme – rendait

Mona enfilait un string, si fin qu’on eut dit un fil,

la salle hystérique. Mona, finissait par se glisser

entre deux parenthèses inversées. Les spectateurs

à la façon d’un serpent qui mue dans la longue

essayaient de deviner ce qui se tramait.

robe de matière moulante et pailletée qui cambrait sa taille, ses fesses de gazelle et allongeait sa

Avec délicatesse, elle passait ensuite une culotte

silhouette. À ce moment de visage, on n’en voyait

de dentelle fantaisie qui mettait en valeur son

toujours pas.

ventre enivrant et tramait l’ombre noire de son pubis, par transparence. Dans le noir tamisé de la

Au fur et à mesure de cet effeuillage inversé,

scène, elle se plaquait un soutien-gorge pigeon-

elle découvrait ses formes, juste en les couvrant.

nant avec des motifs de Bambi sur les seins qu’elle

La nature soyeuse du vêtement amplifiait l’élasti-

agraphant comme un trophée. Il galbait une poi-

cité sidérante de sa poitrine et ses hanches. Mona

trine opulente aux sombres tétons dressés que

maîtrisait l’art de l’habillage à la perfection. La plu-

sans cela, on n’aurait pu voir.

part des gens alourdissent leur silhouette au fur

Photo : Fred Chapotat

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

et à mesure qu’ils ajoutent des couches. Pas elle.

choisissait pour s’éclipser, au milieu des points

Mona avait une science, une conscience intime,

d’interrogation.

dingue du vêtement, de l’étoffe. C’était pour-

Elle retournait en courant dans sa toute petite

rait-on dire une sorte d’alchimiste de la soie, du

loge, elle l’avait exigé au moment de la signature

coton, de la gaze, de la résille, du nylon. Il semblait

du contrat. Elle se déloquait vitesse grand V, ne

que, sur elle, les couches textiles pouvaient se che-

gardant rien sur elle ni lunettes, ni bottes, ni string,

vaucher à l’infini sans jamais la grossir. Comme si

ni collier, ni faux cils, ni maquillage. Elle veillait juste

elles avaient la capacité de se soustraire plutôt que

à être seule au moment de se glisser dans la rue

de s’additionner. Vous imaginez bien le bénéfice

de Pigalle infiltrant, telle une ombre, un groupe de

dans une station de ski peuplé de doudounes.

touristes joyeux, bousculant au passage un mâle

Rien que pour cette raison, on aurait pu envisager

en souffrance. Dans ce quartier, elle pouvait sen-

de la canoniser mais c’était déjà un canon.

tir la solitude, l’odeur persistante de testostérones

Et arrivait le clou du spectacle. La fin du numéro.

à la recherche d’œstrogènes. Après quelques

L’acmé. Il lui fallait une grâce infinie pour arriver à

minutes d’une marche rapide, il lui arrivait souvent

son terme. La musique soudain cessait. Les gens

de frissonner pendant ce court trajet, elle se glis-

ricanaient sans comprendre pourquoi. D’autres

sait, si la voie était libre dans l’immeuble art nou-

renversaient leur verre, trempaient machinale-

veau de la rue des martyrs, dont on taira le numé-

ment les doigts dans le liquide. On pouvait alors

ro. Après avoir grimpé les étages et foulé l’épaisse

presque voir Mona entière sous son chapeau

moquette qui garnissait l’escalier, elle sonnait en-

à large bord et sa voilette trash. Dans ses bottes

fin à une porte à mi-pallier qui se fondait dans le

hautes et derrière les montures noires qui mas-

mur en stuc. Elle gratta la surface avec discrétion.

quaient son regard, elle provoquait le public en

Par miracle, celle-ci s’ouvrit. Une présence en cale-

couvrant ses lèvres invisibles d’une épaisse couche

çon de soie visiblement excitée attrapa Mona et

de gloss sang d’un mauvais goût à faire… hurler

l’embrassa avec la langue et volupté. Juan ! Et la

les loups. Enfin après avoir passé du fond de teint

prenant par les épaules, il la fit pénétrer dans l’es-

japonais au pinceau sur son visage si pâle, si

pace de soie et de velours tendus. Un parfum de

étrange qu’il avait l’air de sortir, en direct, d’une

ravintsara flottait dans l’air encouragé par un dif-

pochette de Bowie sur Mars, elle prenait une

fuseur. On pouvait très bien deviner le bonheur

pause dramatique et la lumière s’éteignait sur ce

de ces retrouvailles, la sensualité de leurs caresses

masque japonais.

qu’aucun voyeur ne pouvait surprendre.

Les applaudissements commençaient à s’égrener

Il est probable que dans une société aussi narcis-

puis devenaient fournis. Les gens étaient sidérés

sique, ceux qui n’avaient pas d’image, ni de reflet

sans exactement savoir pourquoi. Ses collègues

dans les miroirs devraient toujours se cacher pour

ne comprenaient toujours pas comment elle

survivre.

parvenait à apparaître. C’est le moment qu’elle

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thierryFaggianelli brèves Attentat Je me lève, je saute dans mes fringues. Boum. Explosion. Ça va pas du tout. Je recommence. Je me relève. Je me rhabille. Je me recrée un décor tout autour de ce que j’appelle mon corps, mon moi. Et ça, tous les jours depuis que l’on m’a retiré la première couche.

Mes quatre saisons Je me vêts et me dévêts, peu importe la saison ou l’heure, le mouvement des planètes ou l’oscillation du bassin, la couleur des alizés. Je recommence. Indéfiniment. Du premier au dernier jour, celui où l’on me sape comme un Milord pour me rendre une dernière visite.

Assignations Bien avant l’invention de la cabine d’effeuillage, il y avait déjà des courants. Des façons d’être dans l’air du temps. Des trucs en plumes, en poils, en laine animale. Le mammouth, pour les femmes. Le tigre à dents de sabre pour les slips kangourous des mâles alpha. La peau d’âne pour les futures princesses.

Aux fils du temps S’habiller, c’est vieux comme mes robes. Spencer, dos nu, combishort, cœur croisé, cotte de mailles, tabliers. De génération en génération, on affine, on modernise, à la fin, on électrise.

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Pas du trou

ment de doigt pour inspirer les fétichistes. J’ai

Tous les vêtements sont ajourés. Il y a des trous

aussi des robes à démouler, des petits hauts pour

pour « de partout » : pour les jambes, les bras, la

mes petits bas, des caracos transparents, couleur

tête, le cou. Sans faire dans la dentelle, il faut de la

du temps, des accroche-cœurs vicieux pour aug-

matière qui laisse passer la chair et circuler l’émo-

menter les battements de cils. J’oubliais les leg-

tion. Demain, en rappel de mes années ska, je

gings pour compresser mes fesses et les ardeurs

mettrai mes vieilles Van’s à troutrou.

des flics. Si tu ne me crois pas, appelle la brigade des stupres. »

Dans quelle étagère ? Poupées barbares

Je me fais belle ou je me fais attendre. Je ne suis pas obligée de choisir. Je braque les regards, je

Moi, je joue avec tout ce qui me passe sous l’œil :

casse la baraque à fric et clac, pour un sifflet dans

l’accessoire, le superflu, la popeline et la paupière.

la rue, je me referme d’un geste sec comme un

Je suis ma Barbie incorporée. J’influence les ma-

poudrier cocaïnomane.

tières. Les décors, les corps, les êtres. Sans compter les cadres dans lesquels ils se meuvent et

L’habit n’est que le portrait chinois de mes hu-

s’émeuvent. La beauté se tient à mes côtés. Au fil

meurs, de mes mouvements intérieurs, de mes

du rasoir qui s’émousse à force de petite culotte,

folies. De celles qui se négocient au fil de l’œil,

de string, de tanga, je me transforme. Parfois, au

pas à pas, devant le miroir, le regard d’une vitrine.

bout de ma chaîne de cheville, je me dandine

Chaque moment de la vie crée ses codes : de nou-

comme une ourse de foire en hurlant. Je me brûle

veaux habits-âges, un petit balai-âge, un vernis

la plante des pieds sur la plaque chauffante alors

sage et on s’en fout de l’âge.

que l’on croit que je danse.

Matière focale

Let’s dance ©

Aujourd’hui au menu, la routine : sage comme

Fatiguée de me déhancher, de me livrer au piéti-

image ou trash coquine. J’ai le choix des armes :

nement furieux des night clubers ? Je me contente

le vieux cuir qui sent le crissement, le latex : exten-

de mimer des attitudes ou des postures de maga-

sible jusqu’à la rupture du fantasme.

zines ou de série. Je me trémousse au bout de ma

Je me dessine de jolies fesses pour souligner la

perche. Je me la joue rédactrice de mode. Je me

noirceur de mon regard. Rien de tel pour mettre

tripatouille le portrait. Je solde de presse. Je crache

en valeur la longueur de mes cils, le galbe du mys-

mon venin avec élégance. Ce fiel, c’est mon copy-

tère. Si on me passe les menottes, j’avoue tout :

right, you see ?

« – OK inspecteur, j’ai bien 1 000 chaussures dans mon dressing. Elles n’attendent qu’un claque-

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thierryFaggianelli brèves Marre à bout Et puis un jour je craque ! Marre d’inspirer le chaud, battre le froid, d’attirer le déplacé. Plus question de se brûler les ailes dans les regards obscènes des mecs qui passent derrière les femmes en insultant le désir qu’elles leur inspirent et duquel ils sont nés. Parfois je suis dégoûtée. Je me retire des affaires. Je reste chez moi je me balade à poil pour retrouver mon sens de la tribu

Vol en bande organisée Si je n’ai pas d’idée, je vole la silhouette d’une autre. Je lui pique son style. Hop ! Je la dépouille. Pomme C pomme V. Je la sample la meuf. J’inverse les tendances, je plaque les looks des clips à même la peau. J’accessoirise ma life, ma dégaine, mon image. Je me « Laddy Gagise », me « Shakirase », me « Beyoncise », et pour me finir, je « m’Amy Winehouse ». Et puis épuisée de toutes ces variations, -comme un caméléon à la Gay Pride-, je redeviens myself : styliste, maquilleuse, coloriste, égérie, modèle et anti modèle, retoucheuse, doublure satinée de l’image que je veux donner. Et c’est déjà bien assez.

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Quelquesaphorismes « Le vêtement est une seconde peau qui nous aide à nous sentir mieux dans la première. »

« Dis-moi de quoi j’ai l’air et je te dirai qui tu es. »

« Nu, sans l’habit de lumière, le torero perdrait de son pouvoir d’influence et finirait par toréer des cochons. »

« Le vêtement nous distingue de l’animal en cela qu’un lamentin qui porterait un smoking ou un gnou affublé d’un minishort seraient parfaitement ridicules. »

« Sans vêtement uniforme, les représentants des forces de l’ordre ne seraient que des lanceurs de balles.»

Thierry Faggianelli. Mars 2019

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FREDCHAPOTAT modeetaccessoires !

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Collection Automne/Hiver

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FREDCHAPOTAT modeetaccessoires !

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Accessoires Automne/Hiver

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FREDCHAPOTAT modeetaccessoires !

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Concordances des tons

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CHRYSTELÉGAL «Tee-time» A chaque moment clé, j’achète un tee. A chacune de mes expos, je crée un tee. Photo, message, date de l’expo... Tee-time. Souvenir partagé, porté à même la peau. Lettres, vibrations. Jeux de mots. La vie côté Rock & Imagination. Célébration de l’instant « T ». Moment clé. Tempo. Seconde peau. Aujourd’hui, écriture blanche sur coton noir. Look better naked ?!

Installation de T-shirts.

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

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CHRYSTELÉGAL

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

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FRÉDÉRICADAM

ÀLAHÂTEDESEVÊTIR À la hâte se vêtir De peu, de rien D’une étoffe Ou bien

D’un reste d’habit D’une manière, d’une façon Et d’en faire Grand frais

Mon idéal Mon élégance Ne tient qu’à ce fil Qui ne fait le vêtement

Parure plus que pudeur De bonne coupe et sur mesure Je m’y glisse Comme dans un gant

Je ne m’attife ainsi Sans soin, sans goût, nu Que par emphase, en phrase C’est ma gloriole, ma pose.

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

TANTÔTVÊTUDEVAGUE Tantôt vêtu de vague

La cavalcade lie plus

De chaud-froid ou de mi-long

Que la chaîne des lignes

Tantôt drapé

Elle saute à pointillé

De flottant, de demi-saison

De pièce en pièce

Je m’enveloppe de fripe comme d’une coupe claire

De fichu en rédemption

J’y taille

Coudre alors

Quelques lâchés, une voile hissée

Est d’usage

Puis suis le fil

Il souligne à la cotonnade

Tiré

La cantonade des foulards dénoués

Du pli béant

Des pages tournées, les pantalonnades.

Ma défroque y roule sa bosse De fil en aiguille Fuyant le patron Ses traits de craie, ses arêtes Comme un format de poids et de mesure C’est à ce compas Que je lâche les chevaux À confection que veux-tu Ils ont pour eux la robe Toujours sous le sabot

Photo : Fred Chapotat

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LYONELKOURO

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LYONELKOURO

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Kouro fait aussi des tas de livres !

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JEAN-MARCCOUVÉ FONDDESAIRS-QU’ONVEUTNU? Je me vêts mauve ; et tire orgueil. Vais te mentir : Jeu mauvais, rythme impair que j’étire, en hiver, gants qu’on perd… à sortir ! Pas autant qu’en nid vert, hop : reins tends. Suis ouvert… Habillés pour l’hiver, faut veiller « autre » ; avers ! L’été, ton bel habit en coton m’ébahit : ton T-shirt très collant, Boul’ Mich’ heurta, moulant,

Ailée fente - home

le regard intégriste… Oh, mais, gare… au con triste ! Nos ancêtr’s, eux, n’avaient que peaux d’ bêt’s : z’ en bavaient ! Aujourd’hui, moins modeste, on s’enduit d’huil’ - qu’on teste en labo sur de pauvres « sales » bêt’s. L’âme en fuit de partout, mais l’ corps beau qui s’en suit, roudoudou : fait l’ cabot et peau neuve. C’est la preuv’ par nœud-neuf que couver ou couvrir, tel un œuf, pour cacher ou vêtir nos chairs chères distendues qu’ont fondu

Bel être-ange erre

sous des airs qu’on veut nus font déserts - convenus !

Jean-Marc Couvé. 24 01 2019.

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DEL’ARMEAUNIDDÉCOULEHEURT? De la tête aux pieds, tous sont habillés : l’un d’une casquette et l’autre en socquettes. Chacun se fait « beau », chaussé de sabots ; la belle hanche annelle, champ d’ail ou cannelle ? L’un se vêt de lin, tissu délié/plein. Elle, en pied-de-poule, en coup de vamp – houle ! On (de pied en cape) visite un souk ; happe, ici, tel parfum, là, modique – on feint... Boot... à bout

Vêtus ou bien nus, on hèle, inconnu. La biffe et le moine, en sus. Os et moelle. Pantalons, chemise ou jupe bien mise, en robe, en veston, taffetas, coton… Zorro, Sans-culotte : il met ce qu’elle ôte, en dix vers semant mille vêtements ! Guenilles et frusque ou faux-cul, perruque : habillés d’un rien, richard ou vaurien, de peu ou de peau, couverts d’oripeaux ; on se vêt ; s’arnache… Eve entend « panache » ? Affronter le froid - qui touche les rois

To Orwell, my big brother, with love

autant que ses serfs - tout nus ? N’essaie ! Serre au cou ton foulard ; ou bien maugrée, lare. Oui, serre seins – serre habits. Puis macère…

Jean-Marc Couvé. 23 02 2019.

À la mort subite

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MANUELLAUTI VUESETVÊTUES On tombe chaque jour, nez à nez avec un vêtement porté. On suit du regard la danse d’une matière, un graphisme, un son de tissus, du classique du voyant, du coquet, du ultra looké, coloré, recyclé ou tout à la fois. Ces quelques clichés naissent autour d’une seconde peau et deviennent les clés de l’identité d’une ville, quelle qu’elle soit.

Manuel Lauti

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MANUELLAUTI

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MANUELLAUTI

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facebook.com/Manuellautiphotographie

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OLIVIERISSAURAT QUERESTE-T-ILDETOI? Que reste-t-il de toi ? Un grand chambardement je crois. Ou bien une tempête de désarroi L’œil du cyclone, s’il se fut glissé ici Un grand retournement, une furie La robe fleurie que tu portais en Syrie Soigneusement plié, un chemisier, Sur le dossier du prie-dieu, une liquette Près de la fenêtre, de belles sandalettes Les as-tu abandonnées ? Mon bel oiseau, t’es-tu envolé ? Éternel étourneau J’offre mes épaules cintrées Pour la jupe à volants et le tailleur bordeaux, Un tas d’habits et voici ma vie résumée Au milieu de ce champ de bataille, La bannière d’une guerre en jupons Des éclats de soie, un peu de mitraille De la résille électrique en bas nylon Et mon âme qui erre à la recherche d’un corps

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Sousvêtements Elle marchait vers lui De jolis dessous Elle avait choisis Sur le lit jetés Du regard, il la dévorait A chacun des pas, Un habit lâché Glissant sur le sol Des yeux, l’effeuillait Par avance, elle se délectait Il la désirait Elle voulait ses bras

Photo : Fred Chapotat

De peu l’esquiva D’un rien s’affala À jamais, tout d’elle disparut Dans le creux du lit Son imaginaire Lui n’avait d’envie Que pour ses dessous

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olivier issaurat Humaintrophumain Il aimait ses ballerines Elle adorait ses bottines Lui dévorait de ses yeux Les bas nylons et résilles Mais elle n’était attirée Que par de fines chaussettes De son regard masculin Il ne savait admirer Que son élégant bustier Sa beauté brute n’existait Qu’en raison du pantalon Nul espoir qu’il ne portât D’autre habit qu’une liquette Pas une chance qu’elle n’espère Autre tenue qu’un jupon Il reposait sur un cintre Elle sur un valet de nuit Et tous les deux partageaient Un charmant petit dressing

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Humaintrophumain VERSION RYTHMIQUE

Il aimait ses ballerines Elle rêvait de bottines Lui dévorait des yeux Bas nylons et résilles Elle était attirée Par de fines chaussettes De son mâle regard Ne savait admirer Qu’un élégant bustier Sa beauté n’existait Que pour son pantalon Nul espoir qu’il portât Autre habit qu’sa liquette Pas une chance qu’elle espère Autre chose qu’un jupon Il posait sur un cintre Elle sur valet de nuit Tous les deux partageaient Un très charmant dressing

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OLIVIERISSAURAT lejolicostume Avec son joli costume il allait à la ville En beau pantalon, il rêvait de palabres Vêtu d’une belle étoffe, il allait fièrement, Ainsi que le messie, il était attendu Il portait dans la tête des idées merveilleuses Voici qu’une robe à froufrous détourna son regard Le beau pull en mohair si doux et si soyeux Par le dandinement des hanches, attira ses bras Adieu la cité, les mots magiques et les merveilleuses idées Une paire de bas et de beaux escarpins Emportèrent son esprit et son âme Il n’avait plus besoin de rien Sinon d’être nu pour la tenir dans ses bras

Photo : Fred Chapotat

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vêtementDElumière Dans un pot, une peinture élégante qu’il suffit de passer sur le corps. Ainsi, le plus bel habit nous revêtîmes, paradant fièrement dans la cité. Les rois, les princes et les notables en avaient lancé la mode. Nous suivîmes, imitant les puissants, nous pavanant devant le monde. Les gueux médusés se prirent au jeu, et tous peinturlurés jusqu’aux yeux Nous allions heureux dans l’illusion d’un tableau vivant. Arriva cette peuplade de sauvages indigènes, survenue d’on ne sait quelle région ! D’abord éberlués, puis étonnés par tant de sérieux, ils pouffèrent, Se plièrent à genoux, tapant bedaine, jetant en l’air bras et jambes. Pantins désarticulés, Ils pleurèrent de rire, des larmes plein les yeux.

La vérité Nous étions tous nus, la peinture n’est qu’un fard sans tain, Imitant du satin l’aspect et la malice, recouverts d’un voile d’ignorance. La honte empourpra nos joues, détournant notre œil des corps nus. D’une feuille, cueillie sur l’arbre ou ramassée sur le sol, Nous cachâmes nos sexes, les femmes ajoutèrent un bras sur la poitrine. Déconfits par tant de honte, nous exterminâmes cette peuplade imbécile. La vérité nue, jamais n’est bonne voir, l’habiller d’un costume est souvent nécessaire.

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MARIEEDERY ARTISTESDERUE

Chapeau de cow boy

Chapeau dingo

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Chapeau tweet

Dandy

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MARIEEDERY ARTISTESDERUE

Réchauffe poteau

Sans habits

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SPÉCIAL VÊTEMENTS

Robe velpeau

Uniforme de garde

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KARINESAUTEL

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KARINESAUTEL

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KARINESAUTEL

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KARINESAUTEL

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dominiqueponge

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Robe Princesse

Robe Tableau

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Photo : Marie Edery - Chapeau plante

J’attends le numéro 2e trimestre 2019

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