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L’ÉCOFÉMINISME, C’EST QUOI ?

Sophie Caruelle

Apparue dans les années 70, la pensée écoféministe revient sur le devant de la scène. Combinant justice sociale, environnementale, et de genre, ce mouvement qui participe à la convergence des luttes n’a pas fini de nous surprendre !

Les Origines Du Courant

L’écoféminisme est un courant philosophique et éthique. Il explique les mécanismes et les conséquences d’un modèle de société basé sur le patriarcat.

C’est en 1974 que la notion d’écoféminisme est décrite pour la première fois en France par la militante et écrivaine Françoise d’Eaubonne, dans son ouvrage Le féminisme ou la mort

Les idées portées par ce mouvement remontent toutefois au 19ème siècle, lorsque des féministes décrivent les liens entre la cause animale et la cause des femmes. Celles-ci dénoncent également l’asservissement des peuples colonisés par les pays occidentaux.

Contraction des mots "écologie" et "féminisme", le terme "écoféminisme" est ainsi bien moins réducteur qu’il n’y paraît. Il s’intéresse à toutes les formes d’oppression et de domination : entre hommes et femmes, pays du Nord et pays du Sud, classes sociales, êtres humains et animaux…

La Pens E Cof Ministe

Selon l’approche écoféministe, la destruction de l’environnement et l'oppression des femmes reposent sur un même système de domination. Le courant retrace les discriminations, l’infériorisation et la dévalorisation subies par les minorités, la gent féminine et l’environnement au cours de l’Histoire.

Les figures du mouvement analysent les causes ayant conduit à ce modèle de société. Elles expliquent comment les femmes, les colons et la nature ont été considérés pendant des siècles comme des objets, justifiant le droit de les utiliser, les vendre, les violenter, ou de décider à leur place.

L’HÉGÉMONIE DU MASCULIN

Il faut dire qu’à travers les époques, l’idée d’une prétendue supériorité d’une partie de la population a contribué à sa prise de pouvoir. Jugé rationnel et sensé, l’homme occidental était considéré capable de décider, de guider et d’expliquer ce qui était bon et juste. La parole des colons, des femmes et des enfants, était ainsi discréditée. Si les temps ont changé, aujourd’hui encore les stéréotypes liés à l’image de la masculinité sont valorisés. Les hommes en sont tout autant victimes que les femmes : on leur demande dès le plus jeune âge de se montrer courageux et de ne pas pleurer. La compétition, la force et la raison dominent la sphère économique et le monde du travail. Un gros salaire et une belle voiture sont toujours des signes de réussite, tout comme le fait de pouvoir voyager en avion ou de posséder une grande maison. Ce sont pourtant ces mêmes éléments qui nuisent à notre environnement en poussant nos ressources à l’épuisement.

était considéré capable de décider, de guider et d’expliquer ce qui était bon et juste. La parole des colons, des femmes et des enfants, était ainsi discréditée. Si les temps ont changé, aujourd’hui encore les stéréotypes liés à l’image de la masculinité sont valorisés.

Les Cons Quences Du Patriarcat

À travers le monde, les femmes sont aujourd’hui les personnes les plus exposées à la pauvreté : elles gagnent moins, possèdent moins et assurent la majorité du travail non rémunéré.

Elles sont majoritaires dans les emplois précaires et sous-représentées dans les instances politiques ou économiques. Certaines n’ont pas accès au crédit, au droit de vote ou même à la propriété, rapporte l’association Oxfam.

Elles sont par ailleurs les premières impactées par le réchauffement climatique. Au Sud, la raréfaction des ressources et de l’eau entraîne un travail quotidien plus important. Au Nord, les femmes plient sous le poids des injonctions sociales qui les placent en première ligne pour préserver la planète. La charge mentale liée au tri des déchets, à une alimentation moins carbonée, et de manière générale à l’ensemble des petits gestes écologiques, pèse principalement sur leurs épaules.

LES REVENDICATIONS DU MOUVEMENT

L’écoféminisme propose de repenser la manière de lutter contre la crise écologique et contre les inégalités, en mettant fin à la logique actuelle. Pour réduire les phénomènes de dépendance et de domination, le mouvement propose une approche positive, universelle et peut-être utopiste, qui consiste à prendre du recul pour reconstruire la société de façon inclusive et sans rapport de force.

Reconsidérer notre rapport aux autres, à la nature, à nos besoins, serait ainsi la clé de voûte permettant de se libérer d’un modèle dévastateur. Il s’agit là de construire de nouveaux horizons désirables, ne répondant plus uniquement aux valeurs androcentrées ou occidentales.

Sortir d’un système aliénant, en créant un monde respectueux de la vie sous toutes ses formes : voici le rêve des écoféministes, qu’ils soient hommes, ou femmes !

Sophie Caruelle