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Santé

Dr Alexandra Dalu, auteur du livre « Les 100 idées reçues qui vous empêchent d’aller bien »

RITUALISER SA SÉRÉNITÉ!

Quand la crise de nerfs est proche, que le burn out tapi dans l’ombre menace, que les pleurs surgissent à tout va, que la boule au ventre se fait sentir, ou bien que les idées noires envahissent l’esprit, il faut décider de «ritualiser sa sérénité», et ce, avec des moyens très simples et surtout concrets. En effet, en période de crise, on décide de ne pas paniquer, on décide de survivre, de vivre au mieux, et de vivre mieux. On s’adapte à l’inédit, et on décide de créer sa protection: une parure d’armes et de boucliers toute en finesse et en délicatesse pour le meilleur, et voire pour le pire.

LA DISCIPLINE, C’EST LA LIBERTÉ Quelle qu’en soit sa cause, face au stress il faut se conformer à une discipline journalière d’activités en tous genres, ce qui contribue à réguler ses angoisses. Se concentrer sur différentes actions et pensées organisées au cours de sa journée permet de créer un échappatoire concret à son pessimisme. L’action planifiée devient alors un but à atteindre, une trajectoire à suivre, une route avec un champ infini de possibilités inassouvies à assouvir, un chemin de bataille pour se sentir plus libre et libérée de ses chaines anxiogènes. Pour se sentir plus forte, à chaud, on crie un bon coup, puis à froid, on agit en ordre pour le bien de tous, et ensemble pour le bien individuel. ORDONNER SA «TO DO LIST» Que faire alors de ses pensées souvent dispersées ayant pour conséquence une perte d’énergie via une action contre-productive, voire une procrastination? Il suffit de faire des semaines de «to do lists» réalistes, en débutant par de petites listes agréables à réaliser sur deux ou trois jours. Et recommencez toutes les 48, 72 heures à les programmer sur un agenda sans aucune pression, à votre rythme et en vous félicitant de les avoir accomplies avec enthousiasme. UNE «TO DO LIST» OUI, MAIS COCOONING! Mieux commencer ses «to do lists» par des actions plaisantes pour prendre son élan dans ce projet de reprogrammation de sa vie et jamais par des contraintes. Rappelons, en effet, que gérer son stress passe par des actions bénéfiques pour le corps et l’esprit. On ne remplace pas un problème par un autre problème. Ou pire, on ne crée pas un problème dans une situation

Maddi Bazzocco | Unsplash

déjà compliquée. Cette «to do list anti-stress» n’est donc pas une ordonnance professionnelle et/ou d’ordre privé angoissante: elle est une «to do list cocooning»! Elle est notre doudou réconfortant face à la peur et à la morosité.

CONCRÈTEMENT, QU’ÉCRIT-ON DANS SA «TO DO LIST COCOONING»? La liste d’exemples pour imager cette liste ne peut être exhaustive tant les activités des uns et des autres diffèrent. On se laisse alors porter par son imagination afin de happer

les bonnes idées. Finalement surgissent en pagaille l’envie de beaucoup de choses auxquelles on a déjà pensées en se disant qu’on n’avait jamais eu le temps pour ça. Et là soudainement, on a enfin du temps à y consacrer. Oui, c’est brutal, le confinement nous y oblige, cependant ce temps vaut de l’or plus que de l’argent. Alors, on le prend et on l’exploite au mieux tous les jours ce temps chéri!

BEAUCOUP À FAIRE EN HUIS CLOS! Dès lors que l’on a décidé de gagner du temps, on regarde ce que l’on a chez soi, et ce dont on aura besoin pour agir. On peut en effet commander certains éléments manquants à son programme de confinement à se faire livrer. Allez, on souffle fort et on respire lentement! On a enfin le temps de dormir à heure fixe et se lever en forme à heure fixe aussi. On a du temps à consacrer aux gens qu’on aime. Jouer avec ses enfants, les écouter, discuter avec sa famille, ses amis, ses collègues, ses patrons. On a le temps de faire de la gym au sol, de la musculation, de la corde à sauter, du vélo d’appartement, de s’étirer, de prendre un bain, de s’organiser des soins en mode spa à domicile. On se laisse aller à des soirées cinéma sur son écran plus ou moins géant. On planifie des soirées en séances facetime avec les amis et la famille. On rêve de planifier ses prochaines vacances. On a le temps de méditer, de réfléchir. On en profite pour faire la cuisine avec des mets équilibrés. Et si ça fait plaisir de «pseudo travailler», on se motive à classer ses dossiers, ranger sa maison, son jardin, son appart, son grenier, sa cave, sa voiture, son cellier, son placard à pharmacie, ses armoires, ses vêtements, son linge de maison. On refait à neuf son design d’intérieur et on aménage son balcon. On se souvient que les souvenirs, c’est aussi la vie, alors on classe nos photos. On sait que lire ouvre les yeux, alors on ouvre ces livres achetés mais restés fermés. On écoute de la musique tous les jours pour booster sa bonne humeur et tant qu’à faire on bouge dessus! Et si on en profitait pour vraiment communiquer avec le monde en apprenant ou améliorant son anglais (ou une autre langue)…

EN CONCLUSION, CONFINÉS, L’ENFER OU LE PARADIS? En l’occurrence, quand on doit rester confinée chez soi, la conjoncture oblige à s’organiser différemment, afin de gérer son espace intellectuel et physique en mode huis clos. Etre confiné est un moteur à une gestion nouvelle de la vie. Cette hibernation civique, ce repli sur soi-même, permet de paradoxalement se recentrer sur le vital, et de s’ouvrir à l’essentiel, à la simplicité, au fonctionnel et à la vie en communauté.

Pour ce faire, on l’aura compris, s’organiser un plan d’action journalier est le meilleur bouclier à l’ennui, l’angoisse et la déprime. Car, c’est indéniable, quelle que soit l’époque, le temps passe et plutôt que de tuer le temps, on en gagne car il est notre pilier précieux. Comme écrivait Léonard de Vinci, «il n’est aucune chose qui aille plus vite que les années.» Ne perdons plus un moment pour rester sereines, aujourd’hui confinée et demain plus libre que jamais!

Fanny Nonvignon LES DOULEURS MENSTRUELLES TOUJOURS BANALISÉES

De plus en plus de femmes avouent souffrir depuis de longues années de douleurs pelviennes dues le plus souvent à l’endométriose, une maladie chronique et complexe encore peu explorée.

QU’EST-CE QUE L’ENDOMÉTRIOSE ? L’endométriose toucherait 1 femme sur 10 en âge de procréer. Elle s’explique par la migration de cellules de l’endomètre (tissu qui tapisse l’utérus), à l’extérieur de l’utérus, généralement dans l’abdomen. Si les douleurs pelviennes - notamment durant les rapports sexuels ou encore lors des règles - sont les symptômes les plus courants, il en existe d’autres comme les troubles digestifs, urinaires ou encore l’infertilité. Il faut en moyenne entre 7 à 9 ans pour diagnostiquer la maladie chez les patientes. D’ailleurs, beaucoup affirment avoir été mal diagnostiquées dès le début des symptômes.

MANQUE D’INFORMATIONS ET DIAGNOSTICS DIFFICILES Encore mal diagnostiquée, la maladie reste également méconnue des patientes. Il aura fallu attendre une vingtaine d’années pour que l’on mette un nom sur les douleurs d’Aude, 39 ans. Des années d’épreuves pour cette femme dont les douleurs étaient incomprises «les différents examens ne montraient rien. Pendant ce temps, je continuais à souffrir », déplore la jeune femme. Jessica 24 ans, originaire du Portugal et résidant au Luxembourg, a tout d’abord consulté dans son pays d’origine, puis au Luxembourg. Verdict: les deux médecins la trouvait trop jeune pour souffrir de cette maladie, elle avait alors 21 ans.

DES DOULEURS SOUVENT SOUS-ESTIMÉES Comme beaucoup d’autres, Delphine a longtemps entendu dire qu’il s’agissait de douleurs psychosomatiques et que les femmes devaient en passer par là. Après quatre ans d’attente pour un diagnostic, Jessica considère qu’il y a peu de connaissances sur les douleurs menstruelles: «les gens continuent de croire que les douleurs des règles sont tout à fait banales.» Pour Aude, les années de souffrance ont fait naitre en elle beaucoup de doutes: «Avant que le diagnostic ne soit posé, vous êtes persuadée que vous avez quelque chose parce que vous souffrez. Mais puisque l’on vous dit que c’est normal, vous en arrivez à douter de vous », nous confie Aude. Marie-Noëlle Huot est médecin

Tyrone Blight Avery - Unsplash

QUELS TRAITEMENTS? Aujourd’hui, même si les recherches progressent, il n’existe aucun moyen de guérir la maladie. Néanmoins, il existe différentes approches médicamenteuses et chirurgicales pour atténuer les douleurs. Toutes les femmes étant différentes, le plus souvent il faut une combinaison d’approches thérapeutiques comme des médicaments à base d’hormones tels que les pilules progestatives qui bloquent l’ovulation et empêchent la libération d’hormones. Selon chaque femme, les résultats peuvent différer. Dans d’autres cas, le traitement chirurgical s’impose. Au moyen d’une laparoscopie par exemple, le chirurgien élimine les tissus touchés par l’endométriose sans endommager le reste. Certaines femmes ont affirmé que les approches plus douces et non médicamenteuses avaient rapportés des résultats probants comme la médecine chinoise ou encore l’acupuncture et l’homéopathie.

À lire

gynécologue au Centre Hospitalier de Luxembourg. Pour la gynécologue, les longues années d’absence de prise en charge s’expliquent souvent par la difficulté de diagnostiquer la maladie. «L’endométriose n’est pas facile à diagnostiquer surtout quand elle est modérée. On ne voit pas nécessairement cela sur les examens de routine comme les échographies. On est obligé de faire appel à des IRM, ce qui n’est pas un examen de routine », expliquet-elle.

UNE AMÉLIORATION DANS L’OPINION PUBLIQUE ? Spécialiste de l’endométriose dans le service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital de Mercy, Centre Hospitalier Régional de Metz-Thionville, et exerçant aussi au Luxembourg, le docteur Jean-Pierre Ragage est d’avis que l’on prête de plus en plus attention à l’endométriose: «Les patientes, du fait de l’information véhiculée par les médias, pensent d’abord à l’endométriose. Les généralistes et les sages-femmes aussi. Ceux qui n’y pensent pas sont les gynécologues de la vieille école!» explique le gynécologue. En effet, selon lui, l’âge de la première grossesse influe beaucoup: «Les femmes faisaient des enfants beaucoup plus tôt il y a 20 ou 30 ans et l’endométriose apparaissait très tardivement et dans une forme mineure.» Le Docteur Marie-Noëlle Huot note également une amélioration dans l’esprit des gens sur le sujet. «Aujourd’hui les professionnels de santé sont mieux informés et formés. », soutient-elle.

Un ouvrage scientifique et accessible sur l’endométriose, cette maladie encore trop mal connue. Vous y trouverez toutes les réponses aux questions que vous vous posez : • Quels sont les signes qui doivent alerter ? • Qui consulter ? • Quelles sont les meilleures conditions pour avoir un bébé ? • Comment soulager efficacement les douleurs? « Tout sur l’endométriose, soulager la douleur, soigner la maladie » des Docteurs Lhuillery, Petit et Sauvanet, aux éditions Odile Jacob