Crimes & Police 01

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Crimes l’affaire & Police pistorius crimes et police / 1

nouvelle formule

le mystérieux Docteur godard

on croit le voir partout, il N’est nulle part !

paradis sa n g l a n t

crime dans la jet-set : la milliardaire de l’île moustique

lady

X

la tueuse sans visage hante la région de las vegas

meurtre d’un top model

Dernières toscan du plantier minutes : le cauchemar sans fin !

CODE BARRE

- dupont de ligonnès - l’Assassinat de pau


UN COMBAT JUDICIAIRE ! ANS 0 6 . .. DEPUIS QUI DURE Gabriel Thiennot

Raymond Mis

L

’affaire remonte au 31 décembre... 1946. Le jour de la Saint-Sylvestre, le cadavre de Louis Boistard, garde-chasse d’un riche propriétaire de la Brenne (Indre) est retrouvé sans vie, flottant dans un étang. Deux hommes qui appartenaient à un groupe de chasseurs, Raymond Mis et Gabriel Thiennot, tous deux âgés de 20 ans, sont soupçonnés puis arrêtés début 1947. Dans une atmosphère d’après-guerre où les méthodes d’interrogatoire sont quelque peu radicales, ils passent aux aveux mais se rétractent ensuite, affirmant avoir été torturés. Au fil du temps ce dossier va passer 3 fois devant les Assises, ce qui est rarissime. En effet, les arrêts des Cours d’Assises de l’Indre du 24 mai 1947 et de la Vienne du 3 décembre 1948 condamnant

les 2 accusés ont été annulés par la Cour de Cassation. Le 5 juillet 1950, la Cour d’assises de la Gironde rend un verdict toujours contesté 60 ans plus tard par les intéressés et leurs proches : 15 ans de travaux forcés pour meurtre. Etonnamment, les 2 hommes sont graciés par le Président René Coty en 1954, puis libérés à mi-peine. Toutefois, aux yeux de la Justice ils resteront coupables de ce meurtre. Plusieurs livres seront publiés sur le sujet, et 5 requêtes visant à remettre en cause cette décision prononcée par la Cour d’assises de Gironde seront été déposées en 1980, 84, 91, 96 et 2007. Toutes jugées irrecevables. Dans une sorte de remake de l’affaire Seznec, la Commission de Ré-

vision des condamnations pénales se penche en 2009 sur une 6ème requête. Les proches des 2 condamnés se déclarent alors... «modérément optimistes ». Alors qu’au fil du temps les langues se sont déliées et que le vrai coupable a été désigné par sa propre fille, aucune des 2 victimes de cette terrible erreur judiciaire n’aura connu la fin de l’histoire : Gabriel Thiennot est décédé le 2 juin 2003 à l’âge de 76 ans. Raymond Mis l’a suivi 6 ans plus tard. De guerre lasse, ils avaient fini par « lâcher l’affaire ».


Crimes & Police

r u s t u o t p.19 l’affaire

dupont de ligonnès

pistorius

le disparu N 1 p.14

toscan du plantier

16 ans plus tard, le dossier n’est pas réglé p.10

docteur godard p.4

On croît le voir partout, il N’est nulle part ! p.34

« cherche tueur pour supprimer père de famille »

assassinat de pau : l’affaire rebondit

p.16

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l’affaire godard Un père, médecin et marin accompli, prend la mer avec ses 2 enfants pour une promenade de 5 jours. Ce qui devait être une banale croisière en famille va se transformer en une sombre affaire, toujours pas résolue à ce jour

l’étrange disparition D r a d o g e l l de la fami Une croisière ... sans retour

1er septembre 1999, 8 H 30. Yves Godard, 43 ans, médecin acupuncteur à Caen, quitte sa maison de Tilly-sur-Seulles (Calvados) en compagnie de ses deux enfants, Camille et Marius. Une voisine voit partir «le docteur» au volant de son Combi Volkswagen blanc. Il semble un peu pressé et lui glisse qu’il s’absente quelques jours avec les enfants pour une petite croisière en mer. La voisine acquiesce, s’étonnant simplement que le médecin ne lui confie pas les clés pour s’occuper des chats. Peut-être parce que Marie-France, l’épouse du docteur, reste là ?... La veille, le Docteur Godard a donné ses dernières

consultations à son cabinet, situé au 1 boulevard Maréchal–Lyautey à Caen. Puis il a annulé tous ses rendez-vous suivants, trié ses papiers et emmené ses enfants pêcher au bord d’un étang. La petite famille Godard arrive maintenant à Saint-Malo et se rend dans le bureau de location de bateaux ‘Club Croisières Alet’. En effet, 15 jours plus tôt, Yves Godard a réservé un monocoque de 8,90 m, le ‘Nick’. Avec ce voilier de plaisance de catégorie 2, le docteur, marin confirmé, envisage une croisière côtière de 5 jours du côté de Perros-Guirec. Retour prévu le 5, donc. Avant d’embarquer, Yves Godard fait quelques provisions au supermarché du coin : assez peu de nourriture mais, en revanche, beaucoup de sacs plastique, serpillières, produits

d’entretien et... du whisky, lui qui ne boit jamais. Midi. Le médecin et ses enfants montent à bord. Il fait un temps idéal pour naviguer. Le voilier quitte le port avec ses 3 occupants. Le lendemain, 2 septembre, le Nick est contrôlé par la douane, non loin du Cap Fréhel. C’est un simple contrôle de routine, mais un élément a frappé les douaniers : le voilier navigue au moteur alors que le vent est établi. A bord, l’un des officiers remarque, sans y faire plus attention, que l’un des enfants s’est endormi sur le pont. Mais c’est surtout le comportement du médecin qui intrigue : il n’apparaît pas serein alors que les papiers sont en ordre. La Douane vérifiera ses dires auprès du loueur de Saint-Malo. Le voilier du docteur Godard semble ensuite res-

ter quelques jours près de l’anse de Bréhec, entre Plouha et Plouezec, sur la Côte du Goëlo. Plusieurs témoignages identifient le ‘Nick’ à cette période, entre le 2 septembre et le 5 septembre. Mieux, une vendeuse de gaufres sur le port reconnaît formellement le médecin Caennais et ses enfants, venus lui acheter des gaufres le 3 septembre. Le lendemain, le voilier est aperçu par un couple de promeneurs non loin de la pointe de Minard à Plouézec. Mais il semble vide de ses 3 occupants. On ne les reverra plus jamais.

BateauFantôme

5 septembre. Plusieurs patients ont rendez-vous chez le Docteur Godard. Quant à Marie-France, son épouse, elle est atten-


crimes et police / 5 due par son psychothérapeute. Et la rentrée des classes se rapproche pour les enfants. Ce même 5 septembre, soit le jour où le voilier aurait dû rentrer à Saint-Malo, un chalutier récupère la petite annexe pneumatique du ‘Nick’ : elle dérivait, vide elle aussi, à une trentaine de milles des côtes de l’île de Batz (Finistère). A l’intérieur on retrouve un blouson et un chéquier au nom d’Yves Godard. L’alerte est donnée. Dès le 7 septembre les enquêteurs de la Gendarmerie Maritime de Brest et ceux de la section de recherches de Rennes se mettent à ratisser terre et mer à la recherche des rescapés d’un probable naufrage. Sans succès... Toujours garé sur le parking du port, le combi Volkswagen du docteur Godard est fouillé : les gendarmes y trouvent une compresse tachée de sang et une trousse médicale remplie d’ampoules de morphine. Certaines ont été utilisées. D’autres taches souillent l’arrière et le coffre du véhicule... Cette découverte précipite les événements. Le 8 septembre, la Gendarmerie procède à une perquisition dans la maison des Godard à Tilly-sur-Seulles, au hameau de Juvigny, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Caen. La maison familiale est passée au peigne fin, en présence du maire du village et des voisins proches. Pas de cadavre, mais des traces de sang sur le matelas du lit conjugal, de même que sur les murs de la chambre. Un gant de toilette, impré-

gné du sang qu’il a servi à effacer, fait aussi partie du décor. Suicide ? Les autorités n’y croient pas un instant. En revanche, il semblerait que le couple se soit violemment querellé dans le cabinet médical du docteur, la veille du départ en mer. «Il y avait quatre giclées de sang formant un arc de cercle et diminuant en intensité. J’ai tout de suite pensé à un meurtre» raconte Olivier Quesnot, maire de Tillysur-Seulles. Yves et Marie-France étaient mariés depuis 5 ans, tous deux en secondes noces, et ne montraient aucun signe apparent de rupture... sauf que Marie-France «ne semblait pas heureuse» aux dires de l’entourage. D’ailleurs, Marie-France avait pris un amant. et consultait un psychothérapeute. Mais comme beaucoup de femmes...

Saint-Malo. Le 16 septembre, le sang prélevé dans le fourgon et à Juvigny est identifié : c’est celui de Marie-France Godard, que personne n’a revu depuis le 31 août. Ce même 16 septembre, soit 11 jours après la découverte de l’annexe, des plaisanciers découvrent un gilet de sauvetage appartenant au ‘Nick’ au large des îles Anglo-Normandes de Guernesey et Aurigny. Puis, le 23 septembre, c’est au tour du radeau pneumatique de survie d’apparaître... Il est retrouvé à moitié dégonflé sur une plage de la Baie de Lyme dans le Comté Anglais du Dorset. Fait inhabituel : le toit de toile du radeau a été découpé et est manquant. Ces deux découvertes sèment le trouble chez les enquêteurs français. En effet, selon les experts du Service Hydrographique

Mandat d’arrêt international

Le 10 septembre, une information judiciaire est ouverte pour homicide volontaire, avec lancement d’un mandat d’arrêt international. L’enquête est confiée au juge Gérard Zaug du Tribunal de

et Océanographique de la Marine, il est impossible que ces éléments aient

pu être retrouvés à ces endroits, dispersés par la seule force des courants. Ils ont été délibérément éparpillés. De plus, le dispositif de gonflage du radeau de survie a été arraché. Or, pour son fabricant, le radeau ne peut rester gonflé plus de 72 heures sans cette bonbonne. Le 16 janvier 2000, quatre mois après la disparition de la famille Godard, un sac de toile est remonté par le chalut d’un pêcheur au large de l’île de Batz. Il contient de nombreux effets personnels de tous les membres de la famille : des vêtements, les permis de conduire d’Yves et Marie-France Godard, les cartes grises des 2 véhicules du couple, des chéquiers, le contenu entier du sac à main de Marie-France Godard, des jumelles et un marteau.

Des indices qui apparaissent les uns après les autres.

Le 6 juin 2000, un coquiller ratisse la baie de Saint-Brieuc. Au milieu de la nuit, sa drague remonte un fragment de crâne humain que les pêcheurs rejettent à l’eau. Quatre heures plus tard, ils repêchent un nouveau crâne et décident de le garder. L’analyse ADN révèlera qu’il s’agit de celui de Camille Godard la fille du médecin. Les analyses del’Ifremer vont démontrer que le crâne re-


Le Docteur Yves Godard posait à cet endroit depuis au moins février 2000 si l’on se fie aux coquillages qui sont accrochés. Cela semble accréditer la thèse du naufrage – accidentel ou non – du ‘Nick’ et de la mort de ses 3 passagers. La zone est passée au peigne fin par un chasseur de mines équipé d’un sonar, sans que la moindre épave de voilier soit retrouvée. L’affaire prend un nouveau tour lorsque la carte professionnelle du docteur Godard est ramassée le dimanche 11 février 2001 par une promeneuse sur la plage de la Chapelle, sur l’îlot principal de l’archipel des Ebihens. Puis le 22 février, une carte bancaire au nom d’Yves Godard est découverte sur cette même plage par un habitant. Le 24 mai, d’autres promeneurs découvrent cette fois une carte de cré-

dit, toujours sur la plage de la Chapelle. Une fouille minutieuse de la plage est ordonnée par le juge d’instruction pendant qu’un dragueur de mines sonde les environs de l’archipel, à la recherche de l’épave du ‘Nick’, mais toujours sans résultat. Le 3 juin, une nouvelle carte est retrouvée par un plongeur sur le rivage de la plage. Pour les enquêteurs, il devient alors acquis que le docteur Godard a fait une halte sur cette plage et s’y serait débarrassé du contenu de son portefeuille. De nouvelles recherches sont effectuées, notamment à l’aide d’un tracteur qui tamise le sable de la plage de la Chapelle, mais aucun autre objet personnel du docteur Godard ou de sa famille n’est découvert. Pourtant le 31 juillet, une cinquième carte est

ramassée sur la plage de la Chapelle ! Toutes ces cartes sont analysées par un laboratoire spécialisé. Leurs conclusions : les cartes ont séjourné dans l’eau très peu de temps avant leur découverte et n’ont pas été jetées à l’eau en septembre 1999. Il est vraisemblable qu’elles ont été déposées une à une au cours des premiers mois de l’année 2001. Pour les enquêteurs et l’avocat de la famille de Marie-France Godard, il faut y voir l’oeuvre d’un complice qui souhaiterait faire croire à une mort accidentelle. Une mallette semblant appartenir à Yves Godard est retrouvée le 8 août 2003 dans la baie de SaintBrieuc. Cependant, les enquêteurs n’ont jamais confirmé l’authenticité de la mallette, celle-ci étant probablement un canular.

Et toujours pas de corps ...

Tandis qu’on est toujours à la recherche des 3 plaisanciers, on se pose une autre question tout aussi capitale : où est donc le corps de Marie-France Godard ?

Suite aux traces de sang découvertes dans la maison de Juvigny, de vastes fouilles ont été entreprises pour retrouver le corps de l’épouse du médecin au cours de l’automne et de l’hiver 1999. Restant vaines, ces recherches se sont interrompues à la mi-janvier 2000. Elles reprennent le 27 janvier 2007, un mois après l’annonce de la mort du docteur Godard. En effet, le 13 septembre 2006, un fémur et un tibia appartenant à Yves Godard sont retrouvés au fond de la fosse des Casquets, à 70 km au nord de Roscoff. Le chasseur de mines ‘L’aigle’, de la Marine Nationale, est envoyé dans la zone de la découverte pour tenter de localiser l’épave du voilier. En vain, encore. La confirmation de la mort du docteur Godard éteint l’action publique à son encontre mais les mystères de la disparition de Marie-France Godard – dont le corps n’a jamais été retrouvé – et des morts du docteur Godard et de

sa fille Camille - ainsi que celle très probable de Marius - demeurent. Le dossier judiciaire n’est donc pas immédiatement classé.


crimes et police / 7 Jeu de piste

Où est passé ce bateau ? Quel fut son trajet avant de se volatiliser ? Selon un spécialiste météo interrogé à l’époque, les conditions anticycloniques alliées à des coefficients de marée très faibles ont pu permettre au Nick de descendre rapidement vers les îles de l’Atlantique. Ou de faire route vers le nordest et de gagner l’Irlande où abondent les petits ports discrets... D’ailleurs, le 8 septembre, la gendarmerie de Falaise (Calvados) reçoit une lettre anonyme postée du bureau du coin. Le courrier - écrit par une femme, d’après les experts graphologues - indique que le médecin se trouve sur l’île de Man (entre l’Irlande du Nord et les côtes britanniques). Effectivement, le 14 octobre 1999 un hôtelier de l’Ile de Man affirme que le docteur Godard et ses enfants ont séjourné dans son hôtel pendant plusieurs jours vers la mi-septembre. Certains témoins assurent même qu’une femme blonde les accompagnait et que la petite fille réclamait sa maman. Reste à savoir comment Yves Godard a rejoint ce petit paradis fiscal. Les enquêteurs émettent une hypothèse : le médecin aurait sabordé son bateau, se serait dirigé vers les côtes anglaises avec son radeau, puis aurait rejoint Liverpool par la terre - en train ou en car. De là, une navette aurait amené la petite famille jusqu’à Douglas, sur l’île de Man. Mais pourquoi serait-il venu jusqu’ici ? Aurait-il suivi les conseils du Comité de défense des commer-

çants et artisans (CDCA), une association qui incite ses membres à délocaliser leurs revenus et à boycotter les cotisations sociales ? Le médecin a-t-il voulu fuir une menace de saisie de ses biens professionnels en raison de cotisations sociales impayées ou échapper à des dettes estimées à près de 2,5 millions de francs (380 000 euros)? Quelques vérifications faites dans une autre île, à Madère - où Yves Godard avait réellement ouvert un compte en banque - n’ont rien donné. Et rien ici non plus.

On l’aurait vu ... partout !

C’est en tout cas le premier d’une série de témoignages signalant la présence d’Yves Godard et de ses enfants aux quatre coins du monde. On déclarera ainsi l’avoir vu successivement sur l’île de Lewis en Ecosse, en Afrique du Sud, à Miami (Floride) et en Crète. Au fur et à mesure que l’enquête avance, le mystère Godard s’épaissit. Une seconde lettre du corbeau reçue le 18 octobre. Celle-ci aiguille les enquêteurs vers les îles Hébrides. Cette piste ne

donnera rien. Pas plus que celle du corbeau, jamais identifié.

Une autre théorie

La publication fin 2011 de «L’Assassinat du docteur Godard» par le journaliste Eric Lemasson met en lumière une nouvelle piste, financière voire mafieuse, en s’appuyant sur une série d’assassinats autour de la fameuse CDCA dont Yves Godard était un membre très actif. Lemasson s’intéresse aux activités d’Yves Godard liées à ce syndicat qui dénonce les charges et les cotisations pesant sur les professions libérales. Ainsi le médecin aurait profité d’un système très lucratif de placements, organisé par une nébuleuse dans l’ombre de cette confédération : 3 millions de francs (près de 460.000 euros) amassés en toute discrétion. Mais quand il aurait voulu récupérer son argent pour changer de vie, tout aurait disparu ! «Une centaine de commerçants aurait subi le même sort», assure Éric Lemasson, pour qui cela ne fait aucun doute : Yves Godard a menacé de dénoncer cette escroquerie et a été tué. «En se débarrassant du corps

dans la mer, les auteurs du crime ont fait en sorte que l’on croit justement à un suicide ou à un accident, lié au drame familial ». Cet assassinat rejoindrait, selon lui, le meurtre du secrétaire national de la CDCA, Christian Poucet, abattu de plusieurs balles de gros calibre le 29 janvier 2001 dans ses bureaux de l’Hérault, par 2 hommes cagoulés... «Un témoin essentiel lié à ce meurtre se trouve en Amérique Latine» dit-il, «et sait que les tueurs se sont aussi occupés ‘d’un médecin et de ses deux enfants’». Son témoignage a été recueilli par les autorités en 2004 dans le cadre de l’affaire Poucet.

Le mystère reste entier

En dépit de cet élément nouveau, rien ne progressera et, le 14 septembre 2012, le juge d’instruction rend une ordonnance de non-lieu et referme le dossier. Dans son réquisitoire, le parquet relèvera que « la seule hypothèse que l’on peut exclure est que la disparition de la famille s’explique par un simple accident de mer » et « même si c’est la piste la plus probable, on ne peut affirmer formellement qu’Yves Godard est l’auteur de l’homicide. C’est donc un non-lieu faute de charge » selon le procureur de la République de Saint-Malo. Non élucidée, cette affaire restera comme l’une des plus étranges de ces dernières années.


Le drame de mélesse

le drame de méle Coup de folie en Bretagne : un homme provoque 2 accidents dont un mortel, agresse plusieurs personnes avec une machette et met le feu à 2 maisons... Il vivait mal son divorce !

Accident mortel et agression à la machette

31 juillet 2012, vers 21 h. Un homme quitte en voiture la commune de Melesse (Ille-et-Vilaine), où il réside, en direction de Rennes. Au lieu-dit « Les Guerches », il percute un autre véhicule, qui termine sa route dans le fossé. Le conducteur de la seconde voiture, un homme de 43 ans père de 3 enfants, décède quelques minutes plus tard, peu après l’arrivée des secours. Un agriculteur qui habite à quelques mètres de l’accident et un jeune homme viennent tous

deux porter secours aux victimes, mais le chauffard sort de sa voiture, une machette à la main, et blesse ceux qui voulaient les aider ! Les deux malheureux finiront la nuit au C.H.U. de Rennes.

Coups, blessures et nouvel accident

Dans le même temps, l’assaillant est suspecté d’avoir frappé ses voisins, un couple de personnes âgées, leur causant de graves blessures qui vont nécessiter plusieurs interventions chirurgicales. Ce second délit a lieu à Mélesse, le bourg où il réside. Dans sa folie, le forcené provoque un deuxième accident, non mortel heureusement, et s’enfuit. Il est néanmoins appréhendé par les gendarmes dans le centre du village.

Deux incendies et un cadavre

Le malade a été arrêté, mais à présent c’est sa maison qui est en feu ! Les pompiers se rendent aussitôt rue de la Duchesse-Anne à Mélesse. Une fois l’incendie circonscrit, ils découvrent avec horreur le corps sans vie et gravement brûlé d’une femme de 59 ans, non liée à la famille du pyromane. Mais voilà qu’on les informe déjà de l’incendie d’un autre pavillon situé à Montreuil-le-Gast, à quelques kilomètres de là... L’homme appréhendé ne peut être entendu immédiatement : son état ne le permet pas. Il est placé en hospitalisation d’office. L’enquête est confiée à la Section de recherches de la Gendarmerie Nationale de Rennes, avec l’appui du Groupement de gendarmerie départementale d’Ille-et-Vilaine. Les investigations se poursuivent. A l’origine de ce coup de folie il y aurait, selon le Parquet, une procédure de divorce en cours depuis 5 ans. Le forcené n’aurait pas supporté cette séparation. Le lendemain, dans le bourg de Mélesse, 6 000 âmes, le réveil est douloureux. Commerçants et clients ne parlent que du drame. Près de la


esse maison incendiée, les voisins du 27 rue de la Duchesse-Anne racontent : « On a entendu un gros bruit. Une importante fumée noire partait derrière le pavillon, ravageant les sapins ». D’autres voisins ont, eux, « senti une odeur de gaz » ... Abasourdis, les habitants ne comprennent toujours pas ce qui a pu conduire «JeanFred», leur voisin âgé de 58 ans, à accomplir une telle folie meurtrière, provoquant la mort de 2 personnes et en blessant 2 autres à la machette. Ceux qui le connaissaient un peu au bourg s’entendent cependant sur un fait : le divorce l’avait beaucoup perturbé. Récemment, son ex-épouse Françoise aurait obtenu gain de cause : elle réclamait depuis longtemps sa part du pavillon et l’ex-mari allait désormais devoir quitter un endroit auquel il était très attaché. À plusieurs reprises, il aurait dit à des connaissances : « c’est chez moi, je ne partirai pas ».

crimes et police / 9 agréable et bon joueur de boules» . D’autres avouent cependant son caractère sanguin : « il s’emportait facilement. C’était quelqu’un qui aimait diriger. Et dans la conversation, il ne fallait surtout pas l’emmener sur certains sujets »... Eric et Bruno, les 2 fils du suspect, apprennent le drame par téléphone : « la maison de ton père est en train de brûler et un petit immeuble a été incendié à Montreuil-leGast » leur dit un ami au bout du fil. Le «petit immeuble» en question, c’est la maison de leur enfance. Pour Eric, âgé de 35 ans, « c’était évident que mon père avait mis le feu à la maison. Je pensais même qu’il s’était foutu en l’air dedans et qu’il avait mis le feu chez ma mère qui habite à Montreuil-leGast ». Leur mère, heureusement, n’y était pas.

« C’est chez moi, je ne partirai pas »

gion pour « échapper à tout ça ». Et Eric d’ajouter : « un jour, ma mère a cru qu’elle allait y passer ». De ce jourlà, en janvier 2006, l’épouse effrayée quitte le pavillon et demande le divorce. La rupture familiale marque un tournant dans la vie du père de famille. Une procédure de divorce à l’amiable est engagée, mais la Justice tarde à rendre sa décision. Ouvrier dans l’automobile depuis 30 ans, ayant mis tout ce qu’il possédait dans cette maison, le père de famille estimera dès lors que rien ni personne ne la lui enlèvera. Peu à peu il se renferme sur lui-même et s’éloigne de ses voisins, avec qui il

Violent, taciturne et versatile

Employé dans le secteur de l’automobile à Rennes, Jean-Fred SaintLouis, né à la Martinique et installé en Bretagne depuis plus de 20 ans, aime le sport et fréquente assidument les terrains de tennis du bourg... mais son comportement trop impulsif lui vaut d’être écarté : à l’été 2011, face à un adversaire qui souhaite, pour des raisons personnelles, reporter la rencontre, Jean-Fred entre « dans une colère incontrôlable » relate un témoin, accusant les organisateurs et son adversaire d’être racistes. Il écope d’une suspension de 12 mois de toutes compétitions. Au club de pétanque, on parle déjà de lui au passé : « Il était assez sympathique, un mec

Les enfants du forcené ne sont pas étonnés

Les deux enfants l’affirment : « Notre père était violent. Autant avec nous qu’avec notre mère. On avait d’ailleurs coupé tout contact avec lui il y a environ 7 ans ». Eric, comme son frère Bruno, quitteront même la ré-

avait pourtant toujours eu de bons rapports. Y compris ce couple de personnes âgées, qu’il finira par attaquer coup de machette ! La Justice restera étonnamment silencieuse sur les développements de cette affaire. Tout au plus se contentera-t-elle de préciser que «l’accusé n’avait aucun antécédent psychiatrique ».


L’Affaire TOS Ian Bailey à l’époque des faits

n’y règne aucun désordre, rien apparemment n’a été dérobé. Curiosité : deux fauteuils se font face, deux verres lavés reposent près de l’évier… des traces évidentes d’une rencontre. Problème : jamais la police ne va parvenir à identifier avec certitude le

Daniel, son célèbre mari, faisait rayonner le cinéma français dans le monde entier. En décembre 1996, Sophie Toscan du Plantier est mystérieusement assassinée en Irlande. Un horrible thriller qui, 16 ans plus tard, n’a toujours pas de fin… Cauchemar sur la lande

1996. Dans quelques jours c’est Noël, un réveillon que Sophie et Daniel Toscan du Plantier ont décidé de passer dans leur résidence Française du Gers. Mais auparavant, Sophie doit encore développer deux projets de soirées thématiques pour Arte. Or, quand il s’agit de s’isoler pour travailler, s’il est un endroit que Sophie adore c’est bien sa petite maison du sud de l’Irlande, du côté de Crookhaven. Son havre de paix. Sophie atterrit à Cork le 20 décembre 1996. Comme elle a prévu de passer quelques jours seule dans sa ferme, elle prévoit ses courses en conséquence : on l’aperçoit à Schull, à 5 kilomètres

de sa propriété, le 22 décembre. Schull est un joli petit port, assez cosmopolite et très visité, où elle vient faire ses achats. Et, comme à son habitude lorsqu’elle est en Irlande, elle réserve ce jour-là chez son marchand de journaux un exemplaire du Monde. Puis, elle part pour une promenade qui l’emmène du côté de Three Castle Head. Le soir vers 23 h, elle s’entretient au téléphone avec son mari. Ensuite ? Plus rien. Le lendemain matin vers 10 h, ses voisins Shirley Foster et Alfie Lyons découvrent le corps sans vie de Sophie à une cinquantaine de mètres en contrebas de sa propriété. Très vite alertée, la police locale (la Garda) investit aussitôt le périmètre.

Passeport pour la mort

Sophie est vêtue d’un pyjama et de chaussures de marche. S’il elle n’a pas été victime de sévices sexuels, son crâne porte les traces de coups multiples et particulièrement violents, portés avec un objet contondant. En revanche, aucun signe de bagarre dans la petite ferme : les lumières sont éteintes, il

mystérieux invité… Il faut préciser que, dans cette région du sud-ouest de l’Irlande, les homicides sont si rares que la ‘Garda’ (Gendarmerie locale) n’est pas vraiment rompue aux enquêtes d’un tel type. Résultat : les erreurs vont se multiplier. Parmi elles, une arrivée trop tardive du médecin-légiste, ce qui ne permettra pas de situer avec exactitude l’heure du décès, ni d’exploiter uti-


crimes et police / 11

SCAN DU PLANTIER

lement les prélèvements effectués sur le corps (comme la peau sous les ongles).

La discrète

Lors de ses visites Irlandaises, Sophie Toscan du Plantier s’était toujours montrée discrète. Elle avait fait le choix de se présenter ici sous son nom de jeune fille – Sophie Bouniol – et rares étaient ceux qui connaissaient son autre patronyme ou ses activités liées à l’audiovisuel, encore moins l’identité de son célèbre mari. En effet, s’il n’est pas une superstar du grand écran, Daniel est à l’origine de bien des gloires. A cette époque, ce passionné d’opéra et de musique classique, a produit de nombreux films (Carmen, les films de Maurice Pialat notamment…), dirigé l’Académie des César, officié maintes fois au Festival de Cannes. Pour couronner le tout, il préside une structure appelée UniFrance, dont l’objet est de faire la promotion du cinéma hexagonal partout sur la planète. En bref, Toscan du Plantier est incontestablement un nom im-

portant dans le domaine du 7ème Art. Surprise chez les autochtones : la victime est donc « connue ». Certes, il aura fallu ces circonstances horribles pour que la population l’apprenne, mais l’emballement médiatique qui se prépare sera proportionnel à cette notoriété. Et à la rareté de l’événement dans ce comté habituellement si tranquille…

Avis de tempête ... médiatique

Soudain, les journaux se déchaînent, le nom de Toscan du Plantier fait la Une et les hypothèses les plus farfelues voient le jour : Ainsi, l’une des thèses favorites de cette presse à scandale va devenir le crime passionnel. La victime est Française après tout, ce peuple aux moeurs un peu trop libérées; d’ailleurs, ne dit-on pas qu’elle aurait reçu quelqu’un ce soir-là ? La question serait plutôt de savoir s’il s’agit d’un French lover… ou d’un Irish lover ? Depuis longtemps on connaît la délicatesse en ce domaine des tabloïds anglo-saxons… Mais voilà que la police Irlandaise commence justement à soupçonner un journaliste un peu trop bien informé au goût des autorités. Il a 40 ans et se nomme Ian Bailey. Il est le correspondant de deux journaux du pays. Ses articles sur

l’affaire font état d’étonnantes précisions qui n’ont pas été rendues publiques. C’est à se demander s’il n’a pas vécu l’événement… à moins qu’il dispose d’une fantastique source chez les enquêteurs… Autre détail qui a son importance : il n’habite qu’à 2 kilomètres du domicile de Sophie. D’ailleurs, il était l’un des premiers sur les lieux du crime. Avant même le médecin-légiste…

Présumé innocent

En Irlande, la présomption d’innocence est un fondement solide, qui protège fortement tout suspect, surtout en l’absence de preuves matérielles. De plus, Ian Bailey dispose d’un alibi apparemment non contestable, fourni par sa compagne, Catherine Jules Thomas. Celle-ci, une artiste peintre, déclare en effet aux policiers que la nuit du crime, elle et Ian sont allés boire un verre dans un pub, puis se sont promenés pendant un moment sur la lande avant de rentrer chez eux un peu après minuit. Elle ne craint même pas d’avouer les habitudes de Ian, à qui il

arrive fréquemment de se relever la nuit pour écrire ses papiers. Dans ce cas, il rejoint une petite dépendance à 100 mètres de leur maison pour rédiger ses articles sans la déranger… Pour la police, rien n’aurait alors empêché le journaliste de prendre son véhicule et de rejoindre Sophie dans son hameau de Toormore. D’autant que deux témoignages viennent appuyer ce soupçon : tout d’abord, celui de Malachi Reed, un adolescent pris en stop par un Bailey bien éméché, lequel aurait tout bonnement confié à son passager : « Je suis allé la voir, elle s’est énervée, je lui ai fracassé le crâne » ! Puis, une certaine Marie Farrell, habitante du même hameau où résidait Sophie, qui, elle, dit avoir vu Bailey cette nuit-là sur le pont de Keafalda Bridge autour de 3 h du matin. Il serait donc bien sorti de chez lui… Enfin, comment Bailey justifie-t-il ces nombreuses écorchures apparues sur son visage et ses bras ? L’homme répond sans sourciller qu’il s’est blessé en tuant une dinde pour Noël. Quoi de plus banal en cette période ?… Le 10 février 1997, après 14 mois et plusieurs centaines d’auditions, la Garda place Ian Bailey en garde à vue. Toutefois, faute de preuves incontestables, on sera bien obligé de le relâcher 12 heures plus tard – sans même un contrôle judiciaire – conformément à la loi. L’homme a tenu. L’alibi aussi.


L’Affaire TOSCAN DU PLANTIER sier est confié à deux nouveaux responsables.Pour le commissaire O’Brien, c’est un échec : il n’a pas eu Bailey. A ce stade, c’est lui qui a perdu le match.

Une étoile est ... morte La baie de Schull

Arrête-moi si tu peux ...

Il faudra attendre encore 4 ans et demi avant que l’affaire Toscan du Plantier connaisse un nouveau rebondissement. Ce mercredi 22 août 2001, Ian Bailey est à l’aéroport de Cork d’où il doit tranquillement embarquer pour l’Angleterre. Sauf qu’une plainte a été déposée à son encontre par… sa compagne, Catherine Jules Thomas. Le motif ? Coups et blessures… Au vu de la quantité de bagages qu’il emportait – pour ce qui ne devait être qu’un simple déplacement professionnel –, les autorités estiment d’ailleurs que Bailey s’apprêtait à fuir le pays, tout simplement. Cette fois, le juge Finn, chargé de l’affaire, ordonne sa mise en détention sans possibilité de libération sous caution. Cette décision se prend suite à une mise en garde du Commissaire O’Brien, qui suit le dossier Toscan du Plantier depuis l’origine et demeure convaincu de la culpabilité du journaliste. Pour les gazettes, une sorte de rivalité oppose O’Brien à Bailey, comme

si l’un et l’autre jouait à se défier dans un jeu du gendarme et du voleur : « tu ne m’auras pas » dirait l’un, « c’est ce qu’on verra » assurerait l’autre. Il semblerait que l’on en soit désormais à une manche partout… Pourtant, c’est Bailey qui va reprendre l’avantage car, en dépit de cette plainte pour coups et blessures, Catherine Jules Thomas maintient sa version des faits quant à cette fameuse nuit de décembre 96. Le système judiciaire local protège encore et toujours le suspect puisque aucune preuve ne l’accable dans l’affaire Toscan. Et s’il doit bien affronter la loi, c’est dans le cadre de cette dernière plainte, et non pour un meurtre. Bailey est relâché. Après 5 ans d’enquête et plus de 2000 auditions, on est revenu au point de départ. D’ailleurs, en janvier 2002, la Garda ordonne une nouvelle enquête. Comme on repart de zéro, on fait appel à du sang frais, et le dos-

Autre match perdu le 11 février 2003 : celui de Daniel Toscan du Plantier contre la vie. En plein Festival du Film de Berlin, cette figure du cinéma français décède d’une crise cardiaque à seulement 61 ans. Remarié à Melita Nikolic, avec laquelle il a eu deux autres enfants, il s’éteint subitement sans que lui soit dévoilée l’identité du meurtrier de son ancienne épouse. Tout comme le Commissaire O’Brien, il est privé de l’épilogue. Cependant, si la fin de ce scénario macabre n’est pas encore écrite, l’histoire va connaître un nouveau coup de théâtre…

Usual suspect

L’événement, relayé par plusieurs avocats, se produit le 14 octobre 2005. Jusque là, rien de particulièrement nouveau n’est

Schull

venu secouer une enquête désormais vieille de 9 ans. Or, voilà que Marie Farrell

revient – doublement – sur ses déclarations passées. Elle, qui avait prétendu apercevoir Bailey cette fameuse nuit aux abord du Keafalda Bridge vers 3 heures du matin, qui avait confirmé ses dires lors du procès en diffamation intenté en 2003 par Bailey à l’encontre de 6 journaux l’accusant du meurtre – « Cet homme a fait de ma vie un cauchemar (…), depuis mon témoignage il ne cesse de me harceler (…), a fait devant moi le geste de quelqu’un qui vous tranche la gorge (…), m’a pressé de déclarer publiquement que j’avais produit un faux témoignage (…) » –, déclare à présent que c’est la police qui l’aurait presque contrainte à adopter cette position d’accusatrice.

La mort lui va si bien

En janvier 2013, l’Irlande prend la présidence de l’Union Européenne pour 6 mois. Le pays a bénéficié d’un soutien financier européen extrêmement important (85 milliards d’euros). Il veut à présent obtenir un allègement de sa dette bancaire ? Possible, mais la France va lui réclamer de mettre sa législation interne en accord avec ses engagements Européens. C’est le moment de reparler d’une Française sauvagement assassinée...16 ans plus tôt, sur le sol de « la verte Erin ». Par arrêt du 1er mars 2012, les 5 Juges de la Cour Suprême Irlandaise ont refusé d’exécuter le mandat d’arrêt européen (MAE)


crimes et police / 13 émis en février 2010 dans le cadre de cette affaire par un Juge d’instruction Parisien à l’encontre de Ian Bailey. Suspecté depuis février 1997, il n’a toujours pas été interrogé par un magistrat, ce qui est très difficile à vivre pour la Famille de la victime.

Il était une fois dans l’ouest ... de l’Irlande

Comment en est-on arrivé là? Le passif Irlandais dans cette affaire est très lourd et un Livre Noir dénonçant en détail les graves dysfonctionnements des autorités irlandaises dans cette affaire, devrait paraître. Il mettra notamment en exergue les 7 points suivants, développés ici par l’avocat de la famille Bouniol : 1. Un médecin légiste qui arrive sur les lieux du crime plus de 30 heures après la découverte du corps sur un chemin. Pendant toute la nuit suivant le crime, le corps de Sophie reste allongé sur le sol recouvert d’une simple bâche. Des éléments matériels fondamentaux pour l’enquête criminelle, tels l’heure exacte du décès, les indices génétiques, les traces au sol, sont ainsi rendus inaccessibles. 2. Des autorités irlandaises qui refusent toute coopération sur le sol Irlandais avec la Justice et la police Française pendant près de 11 ans, afin que seul le Procureur Général Irlandais garde l’entière maîtrise du dossier. Durant tout ce temps la Justice Française

n’aura qu’un dossier vide (refus par l’Irlande d’exécuter les commissions rogatoires des juges français) et la famille de la victime, qui n’a pas la possibilité de se constituer partie civile en Irlande, restera sans information sur le déroulement de l’enquête. Mieux : les autorités judiciaires locales ne prendront jamais la peine de se rendre sur la scène du crime contrairement aux 2 juges d’instruction français qui y passeront 3 jours en juin 2009. Elles ne poursuivront pas non plus Bailey en dépit d’indices concordants résultant de multiples té-

4. Un dossier criminel papier - largement incomplet - transmis à la Justice Française en décembre 2008 par les autorités policières Irlandaises... soit 12 ans plus tard. 5. Des commissions rogatoires internationales du juge d’instruction Français exécutées depuis 2009 avec beaucoup de lenteur par les autorités Irlandaises, alors qu’une bonne coopération Européenne peut aller très vite (comme entre la France et l’Angleterre dans l’affaire de la tuerie de Chevaline). 6. Des pièces à conviction mal protégées, alors

moignages à charge de nombreux habitants de la région. 3. L’absence de protection policière à l’égard de Marie Farrell, commerçante locale qui a témoigné pendant 9 ans avoir vu Bailey la nuit du crime près de la maison de Sophie, et a fini par se rétracter en 2005, à la suite des menaces réitérées de Bailey et après 5h de rendez-vous en tête à tête avec l’avocat de ce dernier. Selon la presse Irlandaise, Marie Farrell serait maintenant partie séjourner en Australie.

qu’il s’agit d’une affaire très sensible en Irlande et que les progrès en matière de recherches d’ADN sont spectaculaires, mais à condition de conserver et préserver les pièces à conviction dans les règles de l’art. 7. Deux ans pour statuer sur le MAE émis par le juge d’instruction Français alors que les délais de recours impartis contre un MAE sont inférieurs à 6 mois. Tout cela pour aboutir, malgré un arrêt favorable très motivé de la Haute cour de Dublin en février

2011 à une décision de rejet du MAE par la Cour suprême irlandaise le 1er mars 2012. Ce qui pousse aujourd’hui Bailey à attaquer l’Etat irlandais et réclamer plus d’un million d’euros de dommages et intérêts pour abus policiers...

Que justice soit - enfin faite !

Résultat pitoyable de ces multiples dysfonctionnements : le crime n’est pas élucidé après 16 ans d’une enquête infructueuse, la famille de la victime ezst dévastée, la région de West-Cork vit dans la crainte d’un meurtrier qui rôde peut-être toujours, et le principal suspect réclame, lui, une indemnisation colossale. Lorsqu’ un pays réclame la mansuétude de ses partenaires parce qu’il est aux abois au plan économique, il est peut-être en mesure de mieux comprendre ce que vit une famille qui attend la vérité depuis 16 ans. L’Irlande préside l’Union Européenne jusqu’au 30 juin 2013. A ce titre elle est tenue à l’exemple. Wait and See...

La tombe de Sophie


FAMILLE MASSACRÉE, SUSPECT ÉVAPORÉ :

L’AFFAIRE DUPONT DE LIGONNÈS

Une mère et ses 4 enfants abattus. Un père de famille disparu. 5 cercueils et des centaines de questions. L’absent est-il coupable ? Est-il mort ? Le problème est qu’il s’est volatilisé ! Depuis avril 2011, une vaste traque a été lancée pour retrouver le

Une famille

entière décimée

21 avril 2011. La police de Nantes fait une bien macabre découverte : 5 cadavres, enveloppés dans des sacs-poubelle, sont ensevelis sous la terrasse d’une maison, couverts de ciment et de chaux vive. Il s’agit des membres d’une même famille : Agnès Dupont de Ligonnès et ses 4 enfants âgés de 13 à 20 ans, Arthur, Thomas, Anne et Benoît, visiblement abattus par balles pendant leur sommeil. Les victimes ont été droguées avec des somnifères avant d’être tuées. Le tueur ne leur a laissé aucune chance. Un membre de la famille manque à l’appel : Xavier Dupont de Ligonnès, 50 ans, le père de famille. S’étant volatilisé, il devient de fait le principal suspect de cet horrible carnage.

Une foule

d’hypothèses

Dès le début de l’enquête, des tas de possibilités se présentent :

1) Xavier Dupont de Ligonnès est l’assassin et s’est enfui à l’étranger.

‘’Disparu n°1’ Quelques jours avant le drame, il a recontacté d’anciennes compagnes, certaines datant de son adolescence. D’éventuelles issues en cas de cavale ?

2)

Il est innocent et a également été tué, mais ailleurs et plus tard. La soeur de Xavier Dupont de Ligonnès, Christine, reste aujourd’hui persuadée qu’il est innocent. Son frère avait laissé un message sur son répondeur le 3 avril au soir, dans lequel il évoquait d’une voix enjouée sa soirée en famille au cinéma et au restaurant... mais ce message peut aussi être considéré comme faisant partie du plan.

3) Le père de famille est l’assassin,

mais il s’est suicidé. Cette hypothèse disparaît lors d’un retrait d’argent où le suspect est filmé. Avant d’aborder l’enquête, il est donc important de se familiariser avec l’individu et sa per-

sonnalité, afin de mieux cerner son comportement à chaque stade de l’affaire.

Que sait-on

du suspect ?

Le jeune Xavier naît le 9 janvier 1961 à Versailles, où il passe son enfance avec ses 2 soeurs. La famille n’est pas riche mais s’en sort bien. Le père fait des affaires en Afrique. Très pieuse, la mère ne travaille pas mais affirme être guidée par les messages de Dieu. Au collège-lycée Saint-Exupéry, petite boîte à bac, il est un élève moyen, préférant Elvis aux examens. Ses parents divorcent lorsqu’il est en terminale. Après le bac Xavier s’inscrit dans une école de commerce, puis, diplôme en poche, voyage en Europe et aux Etats-Unis. De retour à Versailles en 1992, il retrouve Agnès, un ancien flirt datant de ses 18 ans. Comme la mère de Xavier, Agnès


crimes et police / 15 est très croyante. Elle est également déjà mère d’un petit garçon, Arthur. Peu importe : la relation reprend, et cette fois le couple s’installe, d’abord dans le Var, puis à Pornic en Bretagne et enfin à Nantes en 2003. Entretemps la famille s’est agrandie avec la naissance de 3 autres enfants : Thomas, Anne et Benoît. Xavier est d’abord représentant de commerce. Puis Internet arrive et, pressentant son impact, il crée une vingtaine de sites différents. Problème : il est un peu mégalomane. En 2003, il crée ‘La Route des commerciaux’, un annuaire d’établissements hôteliers pour VRP sur Internet, puis crée la carte Crystal, qui offre aux VRP adhérents des ristournes dans les établissements recensés par le site Web. Les idées ne sont pas mauvaises, mais il voit trop grand. Sur plusieurs forums Internet, sa femme se plaint qu’il dilapide l’argent dont elle a hérité. Cependant, un réel amour soude le couple. Et en tant que père, Xavier se montre vraiment attentionné avec les enfants. Un tournant se présente lorsque le père de Xavier tombe gravement malade en 2008. Xavier déprime. Il revoit Christine, une amie d’enfance. Leur aventure va durer 1 an. Xavier est sans le sou ? Elle lui prête 50 000 euros... qu’elle ne reverra pas.

L’envers du décor

Le père de Xavier meurt fin 2010. Des dettes, un couple qui bat de l’aile, un père récemment décédé, la barre fatidique des 50 ans... Les ingrédients d’un possible déséquilibre sont là. En épousant Agnès il a renoncé à la vie d’aventures dont il rêvait. La rend-il responsable de ce constat ? On notera que Xavier Dupont de Ligonnès a hérité d’une carabine de son père et fréquente un stand de tir. Son arme est du même calibre que celle utilisée pour les meurtres des 5 membres de sa famille. Vu de l’extérieur, les apparences sont trompeuses : les Dupont de Ligonnès ont une belle maison dans un quartier cossu, 4 voitures, des enfants ins-

crits dans des établissements catholiques, une mère pratiquante qui enseigne le catéchisme, un mari absent certes, mais du fait de ses affaires «florissantes». Le voisinage les perçoit comme un modèle d’équilibre. Au fil de l’enquête les policiers commencent à découvrir l’envers du décor : Xavier a déclaré 4000 euros de revenus en 2010 et le foyer est très endetté. Lui mène une double vie tandis que sa femme crie sa détresse sur différents forums sous divers pseudonymes... Ce dernier détail ne proviennent pas de la police, mais... d’un enquêteur amateur !

Christophe

« la vérité »

En effet, cette affaire fascine un jeune homme. D’abord il s’est informé, puis a décidé de se lancer dans une «cyber-traque». Le nom qu’il se donne ? « Christophe la vérité » ! Il est le premier à retrouver des témoignages laissés par chacun des 2 parents - sous pseudonyme - sur des forums web. Agnès Dupont de Ligonnès y étale ses problèmes conjugaux et sexuels. Xavier intervient sur un forum catholique où il avoue des tendances mystiques. Le jeune cyber-enquêteur crée une page Facebook intitulée ‘Xavier Dupont de Ligonnès: enquêtes et débat’, ce qui permet à d’autres détectives amateurs d’apporter leur concours. Emmanuelle Anizon, de Télérama, indiquera que « police et médias découvrent, stupéfaits, qu’ils ont été grillés par des amateurs. Doublés, pour la première fois de leur histoire par une enquête collaborative de citoyens ». L’intime conviction de « Christophe La Vérité » est que Xavier s’est suicidé : «un suicide très masqué, de sorte qu’on ne le retrouve pas. Il laisse toute la France en haleine, il nous a tous eus».

La Procureure de Nantes, Brigitte Lamy, partage aussi cette thèse : « Oui c’est une conviction, mais on en sera sûr le jour où l’on découvrira son corps...» Car, de corps pour l’instant il n’y a pas. En revanche, on croit apercevoir « le mort» dans des tas d’endroits...

La traque

continue

Un hôtelier de Dieppe pense avoir accueilli le fugitif dans son établissement pendant 2 nuits : celui-ci a pris la fuite sans payer, ayant préalablement effacé tout l’historique de ses recherches internet sur l’ordinateur de l’hôtel et vidé ses cendriers Des analyses ADN sont effectuées sur des coton-tiges : sans résultat probant. Pourtant, des photos de Xavier ont été présentées à des commerçants voisins de l’hôtel : eux sont convaincus qu’il s’agit effectivement du suspect. Puis on « l’aperçoit » encore plusieurs fois, dans le Var, en Corse et en Italie. Enfin arrive la piste Allemande... Claudia est, dit-on, une très belle femme que Xavier a failli épouser au début des années 80. Il n’a jamais coupé les ponts avec elle. À l’initiative du « FBI » Allemand, le Bundeskriminalamt, qui travaille avec la France sur commission rogatoire internationale du Juge Robert Tchalian, une émission de télévision est prévue pour tenter d’identifier la mystérieuse inconnue. Ce « Perdu de vue » version germanique fonctionne comme un véritable avis de recherche et mobilise les téléspectateurs. La chaîne publique ZDF, qui diffuse le programme, se félicite d’un taux de résultat de 40 % des 1 200 affaires traitées jusqu’à présent. Le BKA, qui travaille avec la France sur commission rogatoire internationale du juge d’instruction Robert Tchalian, va toutefois identifier Claudia sans recourir à ce procédé. En avril 2013, elle est longuement entendue près de Munich et assure n’avoir eu aucun contact récent, ni avant, ni pendant, ni après les meurtres, avec Dupont de Ligonnès. Résultat : à ce jour, la traque se poursuit. Et il y a toujours 5 cercueils. Pas 6 ...


L’HORRIBLE ASSASSINAT D’UNENFANT DE 13 ANS L’affaire

E

nfin ! L’affaire Alexandre Junca, du nom de cet enfant de 13 ans disparu en juin 2011 et dont on a retrouvé le corps démembré 5 mois plus tard, avance à grands pas. Début avril 2013, près de 2 ans après les faits, un homme de 27 ans avoue enfin le meurtre de l’adolescent. Incarcéré depuis avril 2012, il était déjà le principal suspect dans ce dossier. Son nom : Michaël Baehrel.

Rappel des faits

Vendredi 4 juin 2011. Ce soir-là, Alexandre est sorti en vélo pour rejoindre quelques amis dans le centre-ville de Pau, entre la rue Carnot et l’école Jean–Sarrailh. Les parents lui ont donné la permission de sortir, mais jusqu’à 23 heures seulement. L’heure approchant, Alexandre quitte ses copains, enfourche son vélo et s’en va rejoindre le foyer familial tout proche. A 22h51, la caméra de l’agence de la Poste le filme sur sa bicyclette. Il roule sur le trottoir tranquillement, personne ne le suit. On le voit même attacher son VTT à un poteau. Il n’est qu’à 200 mètres de chez son père... ... On ne reverra plus vivant Alexandre Junca. L’alerte est donnée très vite, et le VTT orange est retrouvé dès le lendemain en fin

d’après-midi, attaché à un poteau... mais à un autre endroit !... Qui l’a déplacé ?

Le suspect N°1 déjà condamné 10 fois !

Alexandre Junca rebondit. Son corps avait été retrouvé démembré en juin 2011 à Pau. Avril 2013 : 5 personnes sont mises en examen pour enlèvement, séquestration et assassinat avec torture et actes de barbarie

A seulement 27 ans, Mickäel Baehrel, un marginal originaire de Normandie, a déjà un casier judiciaire chargé : 10 condamnations - dont 9 pour vols - et une pour agression d’un SDF avec un marteau en juillet 2011... soit un mois à peine après la disparition du jeune adolescent. Il est d’ailleurs en prison depuis avril 2012 pour cette affaire-là. Né à Alençon dans l’Orne, Baehrel serait arrivé à Pau en 2008, après un passage par Toulouse. On évoque à son sujet une situation de «rupture familiale, sentimentale, professionnelle et personnelle». Entre 2007 et 2008, il erre ainsi de foyers en hébergements sociaux dans le sud-ouest et finit par se fixer à Pau en mai 2008. Il y rencontre Fatima Ennehjad, 47 ans, qui devient sa compagne. Le couple habite dans le centre-ville, rue Emile Guichené. A deux pas du père d’Alexandre Junca.

Au moins 4 complices

Lorsque, il y a quelques semaines, le meurtrier présumé décide de tout dire aux enquêteurs, il va aussi avouer ne pas avoir agi seul et livre les identités de plusieurs personnes : celles qui lui auraient proposé de l’aider à se débarrasser du corps. Trois premiers noms sont cités : celui de sa compagne Fatima, puis Claude Ducos - un retraité âgé de 74 ans et enfin un certain «Mike» Bonnet, 26 ans. Passionné de chasse, Claude Ducos entretient également des «relations de nature homosexuelle» avec Baehrel. On soupçonne cet amant retraité d’avoir participé au démembrement de la victime. Les motifs de mise en examen sont multiples : assassinat avec circonstances aggravantes d’actes de torture et de


crimes et police / 17 barbarie, enlèvement et séquestration durant plus de 7 jours d’un individu âgé de moins de 15 ans, le tout en bande organisée ! L’adolescent était-il conscient tandis que ces ravisseurs s’acharnaient sur lui, ou bien déjà mort ? Les complices sont-ils des participants actifs aux actes de barbarie ou ne sont-ils intervenus que pour faire disparaître le corps ? Ces points restent à éclaircir.

Quel est le mobile ?

Qu’est-ce qui peut « amener un individu à se comporter de cette manière, et d’autres adultes à ne pas en parler et à prêter main forte au meurtrier pour qu’il se débarrasse du corps ? » résume Jean-Christophe Muller, le Procureur de la République de Pau. Les parents d’Alexandre Junca, dévastés, ont besoin d’obtenir ces réponses pour tenter, avec le temps, de retrouver une certaine paix. Que dit Mickäel Baehrel dans ses aveux ? Il reconnaît avoir utilisé un marteau et « frappé Alexandre à la tête, de façon violente » parce qu’il avait « la rage, (était) énervé, alcoolisé ». Le Procureur de la République précise que les expertises semblent confirmer cette version p uis qu ’e ll es « font état sur le crâne de la victime d ’é l é m e n t s parfaitement compatibles avec des coups portés à l’aide d’un marteau ». Cette arme blanche est d’ailleurs en possession des enquêteurs, mais il n’est pas possible à ce stade de déterminer si les coups portés ont immédiatement provoqué la mort. La réponse à cette question est pourtant essentielle, car elle déterminera le degré de complicité des autres prévenus.

Mort sur le coup ... ou plus tard ? C’est l’autre question centrale : à quel moment Alexandre est-il mort ? On apprend d’autre part que le corps démembré de la victime n’aurait été immergé dans la Gave, la rivière qui traverse la ville de Pau, que le 17 juin, soit 12 jours plus tard. Que s’estil passé entre-temps ? Un fémur de l’adolescent est d’abord localisé le 26 juin dans la Gave, puis le reste de son corps est retrouvé les 19 et 20 octobre, gisant sous des gravats le long du même cours d’eau.

Derniers rebondissements

Le 9 avril 2013, deux personnes travaillant à Pau dans des casses automobiles sont placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête. Le 18 avril 2013, une nouvelle personne - un homme de 25 ans - est placée également en garde à vue pour le même dossier. Mais cette fois, le Parquet de Pau (Pyrénées-Atlantiques) indique que le sujet va être présenté dès le

personnes : Mickaël Baehrel, sa compagne Fatima Ennehjad, l’un de ses amis Mike Bonnet, et Claude Ducos, amant occasionnel de Baehrel. L’identité du 5ème et dernier appréhendé n’est pas encore dévoilée. Les 2 employés de la casse automobile ont été relâchés.

Le plus âgé demande sa remise en liberté !

Le 23 avril 2013, Claude Ducos, 74 ans, électricien à la retraite, demande sa remise en liberté à la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Pau. Incarcéré, il est présent à l’audience par visio-conférence. L’enquête a déjà montré qu’après les faits, Claude Ducos a fait détruire sa Peugeot 605 et fixé les plaques minéralogiques sur un autre véhicule. Un examen des communications passées sur les téléphones portables des suspects indique aussi que Michael Baehrel a tenté de le contacter au cours de la fameuse nuit de l’enlèvement. Ducos a alors rejoint Baehrel le lendemain 5 juin. Enfin, il est établi qu’il était sur les lieux lorsque le corps de la victime a été placé dans l’eau le 17 juin...

« Je veux voir leurs yeux »

lendemain au juge d’instruction pour une mise en examen au motif de « non-dénonciation de crime ». Cet homme était « au courant des faits » précise simplement le Parquet, en se basant sur de nouvelles révélations faites par Baehrel. Il s’agirait là encore d’un proche du principal suspect, également marginal et assez fragile psychologiquement. A ce stade, sont donc déjà incarcérées 4

Quelle que soit la décision de la Chambre d’Instruction, il n’en reste pas moins qu’un crime barbare, d’une violence indescriptible, a été commis sur la personne d’un mineur. Et l’âge des bourreaux, fut-il vénérable pour l’un d’entre eux, fut-il acteur ou simple complice, ne l’exonère pas de ses responsabilités. La mère d’Alexandre a déclaré un jour qu’elle souhaitait voir «les yeux des accusés», que chacun d’entre eux ait juste le courage d’affronter les siens. Au mois de juin 2013, Alexandre aurait eu 16 ans.


l’affaire pistorius

le massacre

de la saint-valentin

Un athlète mondialement connu, une top-model admirée... Qui aurait pu penser qu’un jour cette histoire d’amour finirait dans un bain de sang ? Au-delà de l’Afrique du Sud, c’est la planète entière qui veut comprendre ce qui a pu conduire un sportif, sans doute le plus célèbre de son pays, à abattre sauvagement la somptueuse mannequin qui partageait sa vie.


crimes et polices police / 19

E

n 1982, le réalisateur Anglais Ridley Scott signe un film intitulé «Blade Runner» («Le coureur aux lames»). Dès l’apparition d’Oscar Pistorius dans le sport de haut niveau, «Blade Runner» deviendra son surnom. En effet, qui d’autre qu’un athlète né handicapé et courant aujourd’hui en s’appuyant sur 2 lames de carbone aurait pu y prétendre ? Lui-même se déclare «la chose la plus rapide sans jambes» ! Son extraordinaire trajectoire va faire de lui une icône adulée dans son pays, l’Afrique du Sud, au point que le journal Time Magazine l’inclura dans sa liste des «100 personnes les plus influentes au monde», le décrivant comme «la définition même de l’inspiration au niveau mondial»... ... mais ça, c’était avant. Avant le 14 février 2013. Lui, LE champion handisport, le Sud-Africain le plus connu après Nelson Mandela, un modèle de courage pour des millions d’handicapés, un homme né sans tibias et qui, à force de volonté, va ren-

trer dans l’histoire du sport omme le seul non-valide à intégrer une course de valides - et qui plus est, aux Jeux Olympiques ! -, le voilà à présent accusé d’avoir sauvagement abattu sa compagne, un mannequin de 29 ans, Reeva Steenkamp, star montante des podiums et des plateaux de télévision... Le coup est rude pour le grand public, qui en Afrique du Sud connaissait aussi bien l’un que l’autre.

« Je suis la balle dans le barillet » Et voilà que l’on apprend à présent que, derrière la façade de papier glacé, se cache une histoire d’amour compliquée qui va connaître une fin sordide. Oscar Pistorius réside à Pretoria, dans une superbe villa située à l’intérieur d’un lotissement fortifié élu en 2009 «le domaine le plus sûr d’Afrique du Sud». Ce qui n’empêche pas l’athlète de se tenir constamment

sur ses gardes. Son goût prononcé pour les armes tourne d’ailleurs à l’obsession. Un journaliste du ‘New York Times’, Michael Sokolove, raconte ainsi sa rencontre avec l’athlète : «en pleine interview, Pistorius saisit un revolver et se met à ramper dans le couloir, après avoir entendu un bruit jugé suspect. Il semble déplorer que je n’y connaisse rien en armes à feu et m’emmène presque aussitôt sur un champ de tir voisin, ajoutant qu’il s’y rend de temps en temps quand il ne peut pas dormir». Ce même Pistorius qui, en novembre dernier, twitte ce message : «Rien de tel que de rentrer à la maison, entendre la machine à laver, penser qu’il s’agit un intrus et aller au combat en mode reconnaissance dans le garde-manger ! waah» ! Un reporter du ‘Daily Mail’ britannique s’était pour sa part étonné de trouver «des battes de cricket et de baseball (...) derrière la porte, un pistolet près de son lit et un fusil automatique à une fenêtre». Raipdement, «Blade Runner» devient «Blade Gunner («le tireur aux lames»), voire «Blood Runner» («le coureur sanglant») ! La réputation du félin en carbone» va en prendre un coup. Une publicité de Nike, son équipementier, qui clamait il y a peu «I am the bullet in

the chamber» («Je suis la balle dans le barillet») est immédiatement retirée du site internet de la marque à la virgule, suite au massacre ayant eu lieu dans la nuit du 13 au 14 février. Car c’est bien du massacre de sa compagne dont il s’agit, et pas d’une simple tuerie.

Qui était Reeva Steenkamp ?

«Qu’avez-vous prévu comme surprise pour votre amoureux demain ???» : dans l’un de ses derniers tweets, la belle évoquait la Saint-Valentin du lendemain : What do you have up your sleeve for your love tomorrow??? #getexcited #ValentinesDay En couple avec le champion paralympique Sud-Africain depuis novembre dernier, Reeva Steenkamp, mannequin de 29 ans en pleine ascension, voulait semble-t-il faire une belle surprise à son compagnon pour la fête des amoureux du lendemain. Mais il n’existera pas de surprise plus terrible que celle qui attend la belle en retour, ni de Saint-Valentin plus dramatique... Reeva Rebecca Steenkamp voit le jour à Cape Town le 19 août 1983 et grandit dans la banlieue de la grande cité du sud avant de déménager pour Port Elizabeth, sur la façade Est du pays, au bord de l’Océan Indien. En parallèle de ses études de droit pour devenir avocate, elle travaille comme


l’affaire pistorius Reconstitution des faits

adjointe juridique. Mais, superbe blonde de 1,71m aux mensurations parfaites, c’est sa carrière de mannequin qui lui permet de décoller immédiatement. Très vite elle va faire

la couverture de magazines connus, notamment celle du numéro de décembre 2011 de FHM, qui la classe 45ème des «100 femmes les plus sexy du monde». Elle tourne de nombreuses publicités et, au moment de sa mort, est déjà l’ambassadrice du géant des cosmétiques Avon. En bref, sa carrière de top-model s’annonçait extrêmement prometteuse. Sarit Tomlinson, responsable d e son agence de relations publiques, l’a qualifiée de «personne la plus gentille, la plus douce qui soit, un ange sur Terre qui nous manquera terriblement». Depuis quelque

Reeva Steenkamp

mais respire encore et Pistorius tente de la ranimer. Là-haut, dans la chambre du couple, les draps du lits sont défaits. On va très vite établir une première chronologie des faits. Ce 13 février au soir, Reeva Steenk am p

temps elle multipliait les apparitions télévisées dans des petits rôles, tant pour des publicités que pour animer des émissions (notamment sur Fashion TV). La semaine du drame, elle devait d ’a i l l e u r s être la star d’un programme sur la chaîne SABC1, «Tropika Island of Treasure», sorte de ‘ K o h - L a n t a’ ple dans laquelle aison du cou plan de la m des célébrités entre dans la maison du et des inconnus participent à des défis couple et souhaite faire dans des lieux exotiques. une surprise à son comLa famille de la victime pagnon pour la Saint-Vaacceptera que cet épisode lentin. On ignore encore soit diffusé le 16 février, ce qui s’est réellement soit 2 jours à produit entre 22 h, heure peine après sa à laquelle Pistorius déclare mort, « afin que que le couple s’est endortout le monde mi, et 3 h 20 du matin, puisse voir qui heure à laquelle ont été entendus les premiers coups était (leur) fille». Il est 3 h 20 ce de feu. Toujours est-il que jeudi matin, 14 la victime «est habillée au février 2013, moment des faits» selon le lorsque Oscar Procureur Gerrie Nel : elle Pistorius appelle porte un haut noir et un son père par té- short blanc et est couverte léphone en lui de serviettes lorsque les demandant de secours arrivent sur place. venir au plus Si les 2 amoureux se sont vite. Quand sa endormis comme l’infamille arrive, dique Pistorius, pour une il descend l’es- raison à déterminer Reeva calier en trem- se serait levée dans la nuit blant, portant et enfermée dans la salle dans ses bras le de bain. L’hypothèse d’une corps de Reeva querelle entre eux qui auSteenkamp, 29 rait mal tournée est alors ans, sa com- envisageable si l’on rappagne. Elle a proche ce fait (s’enfermer à reçu 4 balles clé dans la salle de bain) et de 9mm dont différents témoignages de une la tête témoins qui disent avoir

e qui nous « Un ange Sur Terr ment » manquera terrible


crimes et police / 21

Une effroyable boucherie

Ce qui amène à une tout autre version des faits que celle soutenue par l’athlète. Le journal Sud-Africain City Press propose dès lors l’infographie suivante :

1

2

Dessin 1 Dessin 2 Environ 3h20: debout près du lit, Oscar fait face à Reeva sur laquelle il tire une 1ère fois, l’atteignant à la hanche. L’iPad (qu’elle tenait probablement) tombe sur le sol. Les draps du lit sont défaits, ce qui semble indiquer que le couple était couché avant que ne commence la dispute. Un étui de 9mm repose sur l’une des tables de nuit. Une batte de cricket maculée de sang sera retrouvée dans cette même chambre.

Quelques secondes plus tard: blessée, Reeva court se réfugier dans les toilettes adjacentes, ferme la porte à clé et se blottit derrière la porte. De l’autre côté, Pistorius tire 3 nouvelles balles qui vont toucher Reeva à la tête, au coude et au bras.

Dessin 3 Tenant dans ses bras le corps de Reeva, Pistorius descend les escaliers vers le rez-de-chaussée où le retrouveront son père et sa soeur, préve-

entendus les cris d’une dispute - ce qui semblait courant chez Pistorius avec ses nombreuses conquêtes précédentes - et ont appelé la Police locale pour s’en plaindre aux alentours de 1h30 du matin. Le premier enquêteur de police, Hilton Botha, arrive sur les lieux à 4h15. Il constate que la victime est déjà décédée et que le corps comporte 4

3 nus par téléphone quelques minutes auparavant. C’est là également que les ambulanciers, arrivés vers 4h00 du matin, constateront officiellement le décès de la victime. Dès l’instant où la batte de cricket est retrouvée, la police scientifique envoie l’arme blanche pour examen afin de déterminer si le sang qui la recouvre est bien celui de Reeva Steenkamp. La voiture du médecin-légiste embarque le corps de la victime et quitte la propriété à

impacts de balle : l’un à la tête, à droite au-dessus de l’oreille, un autre au coude droit - qui a cassé le bras -, un à la main et un autre au niveau de la hanche droite. Par ailleurs, la police a retrouvé 2 téléphones portables dans la salle de bain, mais ils n’ont pas été utilisés. Autre découverte, dans la chambre cette fois : un iPad sur le sol, 2 boîtes

8 h 35. A 12 h 19, Pistorius arrive à l’hôpital pour se soumettre à des prélèvements sanguins. Puis, à 15 h, il est présenté au poste de Police local où il va passer la journée et la nuit. Il est auditionné par la Cour de Justice de Pretoria dès le lendemain à 8 h 45 et s’effondre en larmes plusieurs fois à l’énoncé des faits. A 12 h 30, la Cour se prononce pour un maintien en détention provisoire jusqu’à plus ample information.

de testostérone et des aiguilles, de même que des balles de calibre 38. Or l’accusé, s’il possède effectivement plusieurs armes à feu, «n’est pas en possession d’une licence pour

posséder des calibres 38 même s’il en a fait la demande dans le passé» précise l’enquêteur. La porte de la salle de bain est criblée de 3 balles. «Je craignais qu’un voleur se soit introduit dans la maison» répète Pistorius pour justifier son geste. N’a-t-il donc pas remarqué que Reeva n’était plus à ses côtés dans le lit ? N’a-t-il donc pas tenté d’appeler pour savoir où elle se trouvait ? Se pouvait-il qu’il soit à de moment-là sous l’emprise de stéroïdes ou d’autres substances qui auraient modifié son comportement... L’enquêteur Hilton Botha nous apprend ceci : «Quand vous ouvrez la porte de cette pièce, le siège des toilettes se trouve à votre gauche. Il faut donc se tourner un peu et tirer en angle pour toucher les toilettes. L’accusé se trouvait donc à 1,5 mètre de distance et a tiré directement sur les toilettes, en direction de la cuvette. Pouvait-il ne pas savoir à cet instant qu’il s’agissait de sa compagne ? La question est posée». D’autant que la situation se complique avec la découverte d’une batte de cricket retrouvée dans la chambre et maculée de sang. Le sang de Reeva.


l’affaire pistorius Un combat d’avocats au tribunal comme dans les médias.

C’est le début du procès le plus médiatique que va connaître l’Afrique du Sud ces dernières années. Payés plusieurs milliers de dollars par jour, les meilleurs avocats sont convoqués pour défendre celui qui apparaissait jusque là comme l’icône d’un peuple, l’emblème du courage face à l’adversité. Et la partie s’annonce serrée car les as du barreau vont attaquer tambour battant, d’un côté comme de l’autre. Et faire jouer les médias. La Défense fait défiler différents témoins qui tentent de trouver au sportif des motifs à son geste. C’est, par exemple, le cas de Bill Schroder, ancien directeur de l’établissement

AU TRIBUNAL

priv é de Pretoria ‘Boy’s High School’, dans une interview publiée lundi par le quotidien ‘The Star’ de Johannesburg :«On se demande quel rôle a joué l’incroyable pression à laquelle Oscar était tout le temps soumis», déclare-t-il avant d’ajouter «j’espère seulement qu’il y aura des circonstances atténuantes, que l’on verra que c’est un accident et pas un meurtre de sang froid». On apprend toutefois, selon le m ê m e journal, que Bill Le père de la victime Schroder a eu Pisto-

rius au téléphone quelques jours avant le drame, alors qu’il souhaitait faire appel à la générosité du sportif pour une collecte de fonds en faveur de son ancien établissement. Côté Reeva Steenkamp, on découvre dans le journal ‘The Star’ une interview de l’ancien joueur de foot Marc Batchelor, proche d’une ex-liaison d’Oscar, Samantha Taylor. L’ex-footballeur emmène le journaliste dans un restaurant de Johannesburg portant encore la trace sur un mur d’un impact de balle tirée par Pistorius à peine 2 semaines plus tôt. La version donnée aux clients aurait été qu’une bouteille de gaz avait explosé. Mais d’après Marc Batchelor, la relation entre Pistorius et Samantha Taylor n’avait pas été très heureuse, celle-ci se plaignant qu’il conduise parfois à 220 km/h sans daigner ralentir malgré ses supplications, ou que le

sportif lui interdise de porter des hauts talons et des boucles d’oreilles. On va également utiliser contre l’athlète les propos du


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père de Pistorius, Henke. Lorsque le ‘Telegraph’ révèle que la famille d’Oscar possède en totalité ... 55 armes à feu, Henke Pistorius réagit ainsi : «Il y a des armes pour la chasse et d’autres pour se protéger, les armes de poing. Vous ne pouvez pas compter sur la police, non pas parce qu’ils sont toujours inefficaces, mais parce que la criminalité est très importante», ajoutant que «les forts taux de criminalité

constatés dans ce pays sont de la faute du gouvernement ANC» (le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid, ndlr). Mais le père de l’accusé ne s’arrête pas là : «Regardez les taux de criminalité frappant les Blancs... c’est un aspect de notre société» regrette-t-il, faisant référence aux 1600 fermiers blancs tués dans le pays depuis 1990. Evidemment l’ANC fustige immédiatement ces propos qui «laissent penser» selon le parti, «que le gouvernement ANC n’est pas disposé à protéger les Sud Africains blancs. Non seulement cette déclaration est dénuée de vérité, mais elle est également raciste» indique l’ANC dans son communiqué. Le gouvernement lui

emboîte le pas quelques heures plus tard, qualifiant les propos d’Henke Pistorius d’«infondés et malhonnêtes». Réaction immédiate de la partie adverse par l’intermédiaire d’Arnold Pistorius, oncle de l’accusé et porte -parole de la famille : «Oscar et le reste de la famille Pistorius prennent leurs distances vis-à-vis de ces commentaires. L’interview d’Henke au journal n’avait pas été approuvée par notre équipe de relations avec les médias. (...) Ces commentaires ne sont pas représentatifs des opinions d’Oscar ou du reste de la famille Pistorius». Il termine en précisant bien que «la famille Pistorius ne possède des armes que pour le sport et la chasse».

AU TRIBUNAL

Première manche pour la défense.

Pourtant, dès le 21 février la Défense de Pistorius réussit un coup d’éclat en faisant révoquer Hilton Botha, premier enquêteur sur les lieux du drame. Les avocats de l’athlète ont en effet découvert que ce policier était sous le coup d’une inculpation pour 7 tentatives de meurtre pour avoir en 2011, alors qu’il était ivre, tiré sur un taxi collectif afin de le forcer à s’arrêter. Les révélations sur le compte de l’officier et les faiblesses de son enquête au domicile du champion vont profondément embarrasser le parquet durant les 5 jours d’audience, et conduire finalement à la libération provisoire et sous caution de l’accusé : Pistorius est libéré le 22 février 2013 contre le versement de 1 million de rands (environ 85 000 euros). Remplacé par un nouvel enquêteur, Hilton Botha quitte aussitôt la police après 22 ans de service. Dans la foulée, la chaîne d’informations ‘eNCA’ indique dès le début du mois de mars que l’athlète veut faire appel de sa liberté sous caution afin de pouvoir voyager à l’étranger. Le média affirme également que Pistorius souhaite revenir habiter chez lui à Pretoria, lieu du meurtre, et ne plus être soumis à des tests d’alcoolémie et de drogue, comme l’avait imposé le juge le 22 février.


l’affaire pistorius l’Athlète

Né le 22 novembre 1986 à Pretoria, Oscar Pistorius naît sans péronés et sera amputé des 2 jambes sous les genoux alors qu’il n’a que 11 mois. À l’âge de 2 ans il apprend à marcher avec des prothèses. À l’école il multiplis les activités sportives de toutes sortes : water polo, rugby, boxe... rien ne lui fait peur. Ce n’est qu’en 2003, suite à une grave blessure survenue en jouant au rugby, qu’il se lance dans la course à pied sur les conseils d’un médecin pour faciliter sa réhabilitation. Pour ce faire, on lui fabrique 2 prothèses en carbone conçues exprès pour les compétitions handisport. Dès 2004 il participe aux Jeux Paralympiques d’Eté et s’illustre aussitôt : 3e sur 100 m en catégorie T44, qui comprend des coureurs amputés d’un seul membre, il remporte en revanche la finale du 200 m alors qu’il avait chuté en qualifications. La légende est ‘en marche’ si l’on peut dire. Elle est même en mode «course». En 2005, Pistorius se classe 6e sur 400 m aux Championnats d’Afrique du Sud, puis, en mars 2007, il termine 2ème en 46 sec 56. S’il ne réalise pas les minima de qualification pour les Championnats du Monde d’Osaka en 2007, il participe néanmoins à 2 meetings officiels de renom et se mesure pour la première fois en compétition à des athlètes nonhandicapés, même s’il s’agit de course B où ne figurent pas les meilleurs. Il n’en reste pas moins que, sur le plan médiatique, cette nouvelle fait l’effet d’une bombe ! Les réactions du grand public sont autant favorables que défavorables, mais «Blade Runner» sait qu’il a déjà réussi : il vient pour la première fois de faire la ‘Une’ et pose le débat, lui qui veut dorénavant se battre face aux meilleurs valides, dans les mêmes courses ! Face à cette déflagration dans le monde de l’athlétisme, la Fédération Internationale (IAAF) demande une analyse technique afin de déterminer si ses prothèses en carbone constituent ou non un réel avantage par rapport à ses concurrents valides. Les conclusions du rapport commandé au professeur allemand Peter Brüggemann, de l’Université du Sport à Cologne, sont communiquées le 14 janvier 2008 : oui, les


crimes et police / 25 fines prothèses en fibre de carbone utilisées par Pistorius procureraient au Sud-Africain un avantage sur les athlètes valides. En conséquence, l’IAAF statue que Pistorius ne peut être autorisé à courir aux Jeux Olympiques de Pékin dans la catégorie «sportifs valides», ni dans aucune autres compétition de ce type organisée par l’IAAF.

Oscar Pistorius : Côté scène et côté coulisses

Côté compétition, tous les meetings auxquels il devait participer sont annulés jusqu’au mois de mai. Quant aux sponsors - qui lui rapportaient tout de même entre 1 et 2 millions d’euros annuels ! -, ils résilient leurs contrats avec le sportif jusqu’à nouvel ordre. En effet, alors que les médias commencent à peine à creuser, on commence à déterrer des histoires moins glorieuses sur cet handicapé prodige qui faisait l’admiration de tous. L’image patiemment fabriquée de «Blade Runner le courageux» commence à se troubler. Pistorius est notamment dépeint comme un être caractériel, et ses voisins font état d’altercations récurrentes avec ses petites amies successives. Ainsi cet amateur de jeunes femmes blondes a passé une nuit en prison en septembre 2009 après avoir été accusé de violences envers l’une d’elles, mais le Parquet a abandonné les poursuites. Quelques mois plus tard, alors qu’il était en compagnie d’un ami qui avait renversé et

tué un piéton, le sportif a, selon le quotidien ‘Afrikaan Beeld’, tenté d’empêcher des journalistes de photographier l’accident. Pourquoi ? ont-ils demandé ?». «Parce que je suis Oscar Pistorius» ! Alors, qui est vraiment Pistorius ? Pour mieux comprendre le personnage il est important d’éclairer le public sur cette trajectoire peu commune.

L’homme qui ne renonçait jamais

Oscar Pistorius n’accepte pas cette décision et fait effectuer d’autres mesures par des chercheurs américains... dont le rapport invalide les conclusions du

professeur Brüggemann ! Il dépose donc un recours auprès du TAS (Tribunal Arbitral du Sport) et, cette fois, on lui donne raison ! Ainsi, si Oscar Pistorius réussit les minima requis par sa Fédération, il pourra participer aux J.O. en individuel, le relais relevant de la décision des entraî-

neurs Sud-Africains. L’athlète va finalement échouer dans sa tentative de se qualifier pour les Jeux de Pekin 2008... pour 70 centièmes de secondes ! En novembre 2009, d’autres chercheurs américains publient une étude selon laquelle les prothèses de Pistorius lui procureraient un avantage conséquent (environ 10 secondes sur une distance de 400 m). Cette étude n’aboutit pourtant pas à une remise en cause du jugement du TAS. Le 19 juillet 2011, en Italie, Oscar Pistorius améliore son record personnel sur 400 m (45 sec 07) et se qualifie pour les Mondiaux 2011qui ont lieu à Daegu en Corée du Sud. Eliminé en demi-finale sur 400 m, il participe à ces mêmes demi-finales sur 4 x 400 m. Sans lui, le relais termine vice-champion du monde mais Pistorius est tout de même médaillé pour sa participation en série. Il devient ainsi le premier athlète handisport médaillé aux Championnats du Monde dits «valides». Le 18 mars 2012, il réalise les minima olympiques exigés par son pays (45 sec 30) en réalisant 45 sec 20. Le 9 juin 2012, à l’occasion d’un grand meeting à New York, il finit certes 7e et dernier du 400 mètres mais vient d’affronter l’élite des valides. Mais son plus grand moment de gloire - aux yeux du grand public en tout cas - il va le connaître en participant aux Jeux Olympiques de Londres 2012, à la fois pour le relais 4 x 400 m ainsi que pour le 400 m individuel. Là aussi il sera éliminé en demi-finale, après avoir terminé dernier de sa course. Peu

importe, il enchaîne avec les Jeux Paralympiques et y défend ses titres sur 100, 200 et 400 mètres. Il bat le record du monde du 200 lors des séries mais échoue en finale à la 2ème place, termine 2ème aussi sur 100 m et remporte le 400 en établissant là aussi un nouveau record. Il complètera son palmarès avec une autre médaille d’or au relais 4x400m.

Hollywood ne laissera pas passer l’aubaine

2 célébrités - un athlète de renom et une superbe mannequin - forment l’un des couples les plus glamour du moment... Lui force l’admiration des foules par son courage et sa ténacité, tandis qu’elle fait rêver les hommes par sa beauté et son naturel... et soudain, le jour même de la Saint-Valentin, l’un abat l’autre dans d’étranges circonstances... On se doutait bien que Hollywood ne laisserait pas passer une telle occasion. Plusieurs scripts seraient en cours d’écriture et la distribution des rôles déjà envisagée : Ryan Gosling (‘Drive’, ‘Crazy stupid love’, ‘Les marches du pouvoir’) serait Oscar Pistorius. Quant à Reeva Steenkamp, elle serait incarnée par rien moins que la somptueuse et Oscarisée Charlize Theron ! Mannequin et Sud-Africaine, comme la victime... En attendant la fiction sur les écrans, la date de début du vrai procès le plus médiatique de cette décennie en Afrique du Sud a été fixée au 4 juin prochain.


E T T E G R FA IS U O -L N A E J : ia Maf Histoire d’un homme qui en voulait toujours plus

J

ean-Louis FARGETTE naît le 20 mai 1948 à La Valette, un quartier de Toulon. Choyé, il passe une enfance heureuse au milieu d’une fratrie de 8 enfants. Puis le père, militaire, est nommé en Nouvelle-Calédonie et la famille entière part s’installer au bout du monde. Retour en 1959 à Toulon, une année horrible pour ce département : 423 personnes périssent dans les inondations qui ravagent la région... dont Roger Fargette, le père de Jean-Louis. Celui-ci se retrouve donc orphelin de père à seulement 11 ans. Et sa vie bascule. JLF - c’est son surnom - côtoie les voyous de son quartier. Il fréquente davantage la rue que l’école et adore les affrontements contre les bandes rivales des autres quartiers de la ville, ou même contre les militaires de la ville basse autour du port. Il n’a que 15 ans lorsqu’il devient le chef d’un petit gang de délinquants et gagne le respect du milieu du petit banditisme. Mais c’est lorsqu’il se met au service d’un proxénète emprisonné qu’il va réellement entrer dans la grande cour. Son rôle : empocher les revenus des prostituées de Bandol qui travaillent pour ce souteneur incarcéré. JLF est certes un voyou, mais pas dénué de coeur. Après quelques ennuis avec différents caïds, il va assez rapidement quitter ce milieu du proxénétisme qu’il trouve trop inhumain.

Très vite inscrit au fichier du grand banditisme

En 1970, à l’âge de 22 ans, JLF rencontre celui qui va véritablement le lancer dans le milieu du grand banditisme. Louis Régnier, dit «Le Seigneur des Sablettes», l’un des chefs de la Mafia Varoise. Une amitié qui se renforcera lorsque Louis Régnier est enlevé et transporté en Italie par des truands qui en voulaient à sa vie. Dès qu’il apprend que son ami est aux mains de voyous Italiens, Fargette prend quelques armes, saute dans sa voiture et part à la recherche du «Seigneur des Sablettes». On ne saura rien de plus, sinon que quelques jours plus tard on retrouve les 2 hommes ensemble en France. La légende va bon train, et JLF devient un héros. Louis Régnier prend alors son son aile le jeune Jean-Louis qui, de son côté, considère le caïd comme son deuxième père et le surnomme affectueusement «le Grand».

Construction d’un empire

En 1971, JLF est inscrit au fichier du Grand Banditisme sous la mention suivante : «capable de toutes les actions pour s’imposer au milieu Toulonnais». Il dispose de beaucoup d’argent provenant principalement du racket. En 1972, il achète un bar à Toulon, «Le Tonneau». Deux pe-

tits truands viennent le racketter... Mauvaise idée : il les reçoit à coup de revolver et les blesse gravement. La Justice va jusqu’à l’innocenter sur ce point, considérant qu’il était en état de légitime défense, mais le condamne néanmoins à 15 mois de prison pour port d’arme illégal. Puis Fargette achète un second bar dans le quartier du «petit Chicago» à Toulon et prend des parts dans un troisième à Paris. S’ensuit une association avec plusieurs gangsters à Toulon, Avignon, Marseille et Paris. En 1976, JLF se marie à Londres avec Argelia. Deux enfants naîtront de cette union : Linda et Romain. En dépit de ses activités mafieuses, Fargette sera toujours un père attentionné. Confortablement installé dans la vie grâce à ses activités illicites et ses nombreux placements. Il va maintenant être propulsé tout en haut de l’échelle par Louis Régnier. Commence la construction de l’Empire.

Une ascension fulgurante

Agé de 27 ans, JLF devient le propriétaire de plusieurs boîtes de nuit dans le Var - dont 4 en nom propre, les autres étant dirigées par des prêtenoms. Personne dans le milieu n’ose s’interposer. Puis, JLF se lance dans le trafic de chèques volés. Imprudent, il se fait arrêter et le supporte mal car


crimes et police / 27 de pouvoir, de son désir d’accumuler des biens, de son appétit féroce... Cette même année 88 il échappe de justesse à un attentat à Rome. Le couperet est passé tout près.

Même en exil, il tire les ficelles...

En général, lorsque les truands sont en cavale leur pouvoir diminue. Pour Fargette, c’est exactement le contraire. Il part tout d’abord pour Rome, mais se rapproche rapidement de la frontière Italo-Française en s’installant à Vallecrosia où il fait l’acquisition d’un appartement dans une résidence de luxe. Régulièrement tous les membres de sa famille, de même que ses amis, viennent lui rendre visite. Quant à ses «lieute-

sa réputation en prend un coup. Il passera 3 mois en détention provisoire et déclarera à propos de cette affaire : «Je veux bien qu’on m’accuse d’avoir dégommé 10 mecs à la mitraillette, mais pas d’une embrouille aussi minable». Il trempe aussi dans des affaires de paris truqués et de nombreuses autres combines illégales. Enfin, on le soupçonne d’avoir participé à l’assassinat d’un juge Toulonnais. Dans la deuxième partie des Années 70, Fargette s’intéresse à la politique et fait la connaissance de Maurice Arreckx, le «parrain politique» du Var. De cette rencontre va naître une profonde amitié. En 1977, Maurice Arreckx confie à Fargette la Direction du CAM (Comité d’Action de la Majorité). Mais la politique ne suffit pas à JLF, qui s’intéresse alors au show-business : il se met à organiser des concerts de grands chanteurs au stade Mayol, en plein coeur de Toulon. Mégalomane, il veut acheter le paquebot France pour en faire un casino flottant ! Le projet ne se concrétisera pas, non pas pour des raisons pécuniaires - il avait obtenu le financement nécessaire ! - mais à cause de tracas administratifs... Bref, on ne veut pas de lui. Toujours aussi ambitieux, JLF crée en 1980 une société de boissons - «Les Caves Varoises» - et impose ses produits dans tout le Département. Ainsi, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Toutefois il est convoqué

nants», ils viennent prendre leurs ordres deux fois par semaine dans les salons privés d’un palace de San Remo. De son exil Italien Fargette reçoit aussi les politiques avec lesquels il est associé. Lorsqu’il est seul, il passe son temps au téléphone pour diriger ses affaires Françaises en utilisant un langage codé qu’il a lui-même mis au point.

en 1982 par un tribunal pour avoir été vu en compagnie de Pascal Damiano, un braqueur Italien recherché par la Justice. Résultat : un an de prison ferme. JLF ne se fait pas à cette idée de se voir priver de liberté pour complicité, s’enfuit aussitôt et part pour l’Italie. La légende est sur les rails...

Trafics en tous genres

En véritable patron, Fargette fait à présent quelques placements très lucratifs en investissant notamment dans des machines à sous. Mais il se diversifie et dirige aussi depuis San Remo un trafic de fausse pièces. En mai 1983 il est arrêté par les Carabiniers Italiens. Sa détention sera de courte durée : il est relâché 2 mois plus tard contre une caution d’un million de francs (150 000 euros). Il va connaître 2 nouvelles incarcérations, en 84 et 87, mais là aussi il regagne assez rapidement sa liberté. Ces déboires passagers n’ont en rien modifié son ambition : il en veut toujours plus. Ainsi devient-il l’un des principaux actionnaires de «Hyères FM» via son homme de main Henri Diana. Puis, en 1988, Fargette tente de faire assassiner Bernard Franck qui souhaitait mettre la main sur ses affaires. Car, évidemment, JLF s’est aussi fait beaucoup d’ennemis dans le milieu, du fait de sa mégalomanie, de sa soif

Le mal du pays

Pour justifier son train de vie, et surtout ses sources de revenus en Italie, JLF ouvre une pizzeria et investit la coquette somme de 15 millions de francs (2,3 Millions d’euros) dans «Cosmos», la plus grande boîte de nuit de Toulon. Mal géré, l’établissement fait faillite au bout de quelques mois. Fargette se tourne alors vers des affaires plus légales, notamment dans les pays de l’Est et en Afrique, et naturellement chez lui dans le Var avec le projet «Sophia-Esterel» à Fréjus, visant à l’extension de l’aéroport de Hyères. Il crée aussi une société d’importation de ciment, le «Ciment Varois». Mais voilà que le mal du pays le gagne et il songe à retourner dans son Var natal, d’autant que la prescription de 10 ans pour sa condamnation de 1982 approche. Malheureusement pour lui, le fisc n’a pas oublié une ardoise de plus de 4 millions de francs (650 000 euros) dont il devrait s’acquitter s’il repassait la frontière... Résigné, JLF reste en Italie.

Rendez-vous avec la mort

Comme souvent dans ce milieu, la mort frappe de manière soudaine. Le corps de Jean-Louis Fargette est retrouvé criblé de 5 balles de 357 Magnum le 18 mars 1993. Un tueur embusqué l’attendait. A partir de ce moment les guerres de succession vont faire rage dans le Département du Var, et ce jusqu’en 1995. Les candidats au poste de parrain sont nombreuses, mais n’est pas Jean-Louis Fargette qui veut. Il y aura plus d’une dizaine de morts en 2 ans. Deux mille personnes assisteront aux funérailles de Fargette. Sur une couronne de fleurs, ces quelques mots qui en disent long sur l’héritage laissé par JLF : «Tu es le boss et tu le resteras toujours».


C’est une affaire criminelle toujours en cours, l’auteur de ces crimes n’ayant jamais été identifié. Persuadés qu’il s’agit d’une femme, les enquêteurs l’ont surnommée

lady

Un homme sans histoire

Il est 22h30 ce 14 août 2007 lorsque Thomas Clayton arrive dans sa maison située à quelques miles de Las Vegas. Expert-comptable au casino du Golden Palace, dans la capitale mondiale du jeu, il compte bien profiter du week-end pour se reposer. À 51 ans il est divorcé et passe généralement ses fins de semaine avec son fils de 15 ans qu’il emmène camper et chasser. Seul ce weekend, il a un peu traîné en ville, bu quelques verres dans un bar avant de rentrer. Le lendemain, Thomas Clayton est retrouvé par sa femme de ménage : étendu sur le tapis du salon, il est mort d’une balle de calibre 38 tirée en pleine tête. Son propre revolver a disparu et sa maison a été mi-

nutieusement fouillée. Le portefeuille de la victime a été vidé de ce qu’il contenait, espèces et cartes de crédit. A part ça, aucune empreinte, aucun signe d’effraction, aucune trace...

Premier indice : une vidéo

L’ex-épouse et les collègues de Clayton au Golden Palace sont évidemment interrogés mais, en dépit d’une enquête serrée, tous sont disculpés. Les enquêteurs reconstituent le parcours de la victime ce soirlà : à 19 h il quitte le casino, s’arrête dans un drugstore où il achète de quoi dîner, puis il va boire quelques verres au Flamingo Bar. Le vendredi soir l’endroit est bondé et personne ne l’a remarqué. Seule la

vendeuse de cigarettes se souvient vaguement de lui, et il lui a semblé qu’il discutait avec une femme. A part ça, les enquêteurs n’ont toujours aucun indice sur lequel s’appuyer... jusqu’à ce que la banque de Clayton informe la Police que ses cartes de crédit ont été utilisées dans la nuit du vendredi au samedi, soit juste après le meurtre. La vidéo d’un distributeur de billets montre en effet un homme portant un chapeau de cowboy et des lunettes noires en train de retirer du liquide en pleine nuit. Il est suivi d’une femme qui retire elle aussi de l’argent avec une autre des cartes de Clayton : menue, vêtue d’un long imperméable et coiffée d’une casquette, elle porte aussi des lunettes noires. Impossible d’identifier l’un ou l’autre, qui ne laissent

X toujours pas la moindre empreinte derrière eux. L’affaire est classée sans suite.

La même arme à chaque fois

Elle rebondit 1 mois plus tard, lorsque la Police découvre un autre homme assassiné d’une balle dans la tête dans une maison isolée de la lointaine banlieue de Las Vegas. Cette fois l’habitation a été incendiée, mais on s’aperçoit surtout que la balle meurtrière provient de l’arme de Clayton... La nouvelle victime est un marginal qui vivait de petits larcins. On apprend que, de temps en temps, une femme venait lui rendre visite en moto. Cet homme, John Lee Calderon est identifié


crimes et police / 29 comme celui qui, quelques semaines plus tôt, retirait de l’argent au distributeur avec l’une des cartes de Clayton... L’affaire fait cette fois la Une de la presse locale, mais le temps passe, et l’on n’en reparle plus... jusqu’au 15 novembre 2007, lorsque Reginald Mac Kenzie, 52 ans, un célibataire endurci vivant de ses rentes, est retrouvé mort à Phoenix dans l’Arizona voisin. Les policiers sont intrigués, car il a été assassiné dans les mêmes conditions que les 2 autres victimes. Autre points communs à chaque fois : un homme qui vit seul dans un endroit isolé. Là aussi la maison a été fouillée et le coffre-fort vidé. Le lien est définitivement fait lorsqu’il est confirmé que la balle mortelle provient de la même arme.

Un profil qui s’affine

Le FBI prend dès lors l’affaire en main et c’est une femme, l’Inspectrice Chef Caroline Gibbons, qui est en a la charge. Elle reprend l’enquête depuis le début et dresse un profil psychologique de «la tueuse», car elle a l’intuition qu’il s’agit d’une femme. Quelques jours plus tard, le 30 novembre, Gibbons apprend qu’un homme a été retrouvé mort à Tucson, toujours en Arizona, tué d’une balle dans la tête. Et l’arme employée est celle de Thomas Clayton. Cette fois il s’agit d’un commerçant, Dennis Farlane, abattu dans son salon. A présent les médias s’emparent de l’affaire, et la population commence à s’affoler. La serveuse d’un pub affirme avoir vu

Dennis Farlane sortir du bar au bras d’une femme blonde aux cheveux milongs qui portait des lunettes noires. Le FBI pense que cette mystérieuse blonde est bien la tueuse en série qu’ils recherchent depuis plusieurs mois, et qu’il y a de fortes chances qu’elle tente de passer au Mexique.

compagnée de Calderon - qui l’aurait rejointe alors qu’elle était dans la maison de sa victime. Suite à une dispute entre eux, «Lady X» aurait alors décidé de supprimer son complice devenu un témoin gênant.

Aéroports, gares, routes, autoroutes et postes frontaliers sont placés sous haute surveillance, mais le crime a été commis le vendredi soir et le corps découvert seulement le lundi matin. La meurtrière a largement eu le temps de s’échapper. Cependant le portrait s’affine et l’on analyse mieux son mode opératoire : elle guette sa proie, la séduit, va chez elle, l’abat immédiatement et ne vole que l’argent.

La meurtrière donne bien du fil à retordre à l’Inspectrice Gibbons. D’abord c’est une femme, et il n’y a pas beaucoup d’antécédents de tueuse en série sur lesquels on puisse se baser. Ensuite elle est assurément intelligente. Une certitude : elle porte à chaque fois une perruque différente et se sépare de ses vêtements une fois le crime commis.

Elle continue à tuer...

Un journaliste du ‘Las Vegas Tribune’ va retrouver une vidéo montrant le marginal John Calderon dans un snack-bar en compagnie d’une femme emmitouflée portant des lunettes noires et un chapeau. De son côté l’Inspectrice Chef Gibbons a conclu que, dans le cas de Thomas Clayton, la tueuse était ac-

... et reste introuvable

Il ne se passera plus rien jusqu’en juin 2008, lorsque le journaliste du ‘Las Vegas Tribune’ apprend qu’un homme de 48 ans, tout juste divorcé, a été retrouvé mort à la Nouvelle-Orléans. Une balle dans la tempe, tirée semble-t-il avec sa propre arme. Un calibre 38... La Police locale a conclu à un suicide dû au chagrin causé par son divorce. Le FBI rouvre l’enquête : la balle meurtrière provient une fois encore de l’arme de Clayton !

Une récompense de 500 000 $ Il sera établi que l’homme tué à la Nouvelle-Orléans gardait toujours beaucoup d’argent liquide chez lui... argent qui a naturellement disparu. Mais on repère cette fois des marques de talons aiguilles dans la moquette. Plusieurs meurtres similaires seront commis par la suite, à Nashville (octobre 2008), Indianapolis (janvier 2009) et Chicago (mars 2010). Tous seront attribués à «Lady X» en raison des balles fatales toujours issues de la même arme : celle de Thomas Clayton. Si les Autorités ne communiquent plus aucun détail sur l’affaire aux médias, elles ne cessent pour autant de traquer «Lady X». Les familles des victimes ont proposé une récompense de 500 000 $ pour la capture de la mystérieuse tueuse. Suite à cette annonce publique, des centaines de jeunes femmes ont été arrêtées dans tout le pays, souvent sur dénonciation, mais aucune n’a été inculpée. A ce jour, 8 meurtres seraient ‘officiellement’ attribués à «Lady X». Mais, le journaliste du ‘Las Vegas Tribune’ estime qu’il y en aurait davantage. On ne peut que conseiller ceci au lecteur qui se promènerait seul ces temps-ci aux Etats-Unis : si vous êtes abordé dans un bar par une belle jeune femme portant des lunettes noires... restez sur vos gardes ! «Lady X» rôde...


PARADIS SANGLANT

a d r a li il M x u a e îl l’ r su x u ie ér st y M e Meurtr Destination de rêve

En 1998, alors âgée de 56 ans, Suzie Mostberger est une riche héritière d’origine Alsacienne, mondaine, élégante et, dit-on, assez exubérante. Veuve d’un grand industriel, elle ne fait pas mystère de sa fortune et fréquente depuis bien longtemps ces endroits privilégiés par la jet-set, peu accessibles au commun des mortels. Justement, parmi ses lieux de villégiature favoris figure l’Ile Moustique, un minuscule paradis pour milliar-

daires, situé dans l’Archipel des Grenadines. Dans cet écrin d’à peine 7 km2, têtes couronnées, poids lourds des affaires ou stars planétaires ont leurs habitudes. Un certain Mick Jagger, chanteur des Rolling Stones,

apparaît parmi les 180 résidents, tandis que d’autres personnalités telles que David Bowie ou des membres de la famille royale d’Angleterre y séjournent régulièrement. Suzie Mostberger, elle, s’y rend depuis plus de 20 ans. En général elle vient y passer 2 mois à la pleine saison (janvier-février) et loue pour l’occasion l’une des somptueuses demeures locales, une propriété baptisée Fort Shandy.

Aller simple pour l’enfer

Ce 26 février 1998, Suzie s’est rendue à l’une de ces parties que donnent régulièrement les habitués dans leurs luxueuses villas. Toutefois, ce soir-là elle rentre chez elle assez tôt, aux alentours de 23 heures. La maison n’est pas fermée : cette précaution n’est pas jugée nécessaire dans ce type d’endroit où les délits sont rarissimes. Au pire, la ‘Mustique Company’, une société privée de gardiennage, protège les résidents d’éventuels importuns. A 7 heures du matin, le 27 février, les domestiques de « Fort Shandy » découvrent l’horreur : la « patronne » est étendue en travers du lit, sa chemise de nuit remontée jusqu’en haut du dos, les jambes pendantes et écartées. Du sang macule les draps, les oreillers, les murs. La riche héritière a non seulement la gorge tran-

chée, mais des plaies post-mortem apparaissent, notamment au niveau du nez, de l’abdomen et des genoux. La victime tient dans sa main droite un couteau de chasse ensanglanté : il est clair qu’elle a tenté de se défendre. Suzie Mostberger étant Française, ce sont des policiers Français qui sont chargés de l’enquête, détachés par le SRPJ Antilles-Guyane. Etrangement, il semble que les autorités locales soient bien peu disposées à leur faciliter la tâche.

Une enquête délibérément sabotée

Lorsque les deux policiers débarquent à Moustique pour accomplir leur travail, ils constatent avec effarement que leurs quatre collègues locaux se sont tout bonnement… installés sur les lieux du crime ! Ils y ont dormi, ont utilisé les salles de bain, et même déplacés certains éléments du mobilier… Pas évident maintenant de reconstituer la scène du crime, ni de retrouver d’éventuels indices. Comme collaboration, on pouvait espérer mieux ! Le travail d’enquête se poursuit néanmoins. Premières constations : - pas de viol : il ne s’agit donc pas d’un crime à caractère sexuel; - pas de vol non plus, donc on peut exclure la tentative de cambriolage qui aurait mal tourné


crimes et police / 31 (en revanche, on apprend que, ce même soir, à 300 mètres de là, une autre demeure a été «visitée»). Quel peut donc être le mobile ? Un crime passionnel ? Mais l’ami de la victime est en Europe au moment des faits. Un amant éconduit ? Possible. Assez vite, les soupçons se portent sur un jeune serbe de 27 ans, dernier compagnon en date de Suzie. La thèse est plausible dans la mesure où la riche héritière en avait, semble-t-il, assez de l’entretenir, et cette disparition rapporterait 3 millions de francs au jeune amant… Pourtant, après de multiples interrogatoires, il est mis hors de cause. Serait-ce alors un crime de rôdeur ? Ou l’oeuvre d’un déséquilibré ? Tout à coup, une nouvelle piste apparaît : on vient de relever une empreinte digitale exploitable : celle d’une personne liée à des trafics de cocaïne…

aires

Liquide, poudre blanche et sable fin...

Au même titre qu’un certain nombre d’îles du voisinage, Moustique appartient à l’Etat indépendant de Saint-Vincent-et-les- Grenadines. Si le territoire est toujours membre du Commonwealth, les autorités locales n’aiment pas beaucoup ce genre de « contre-publicité » : il n’y a pas de meurtre au paradis ! Pourtant, ne leur déplaise, un assassinat a bien été perpétré sur ce fragment d’eden. Et leur mauvaise volonté manifeste n’est pas le seul reproche qu’on leur adresse : ici, comme aux îles Caïmans et tant d’autres petites niches fiscales et bancaires des Antilles, on multiplie les créations d’entreprises offshores, sans beaucoup se soucier de l’origine des capitaux ; il y a aussi ces rumeurs qui font état de trafics

de drogue à une certaine échelle… et qui pourraient transiter par ici... Alors, forcément, des policiers étrangers qui remuent la vase et interrogent d’honorables résidents « qui n’aspirent qu’à la tranquillité », ça fait tâche : normalement, ils ne sont pas inclus dans la brochure 5 étoiles proposée aux visiteurs…

Eaux cristallines, eaux troubles...

On apprend que Madame Mostberger aurait envisagé, après toutes ces années de présence régulière, d’acquérir une propriété à Moustique. Un tel investissement représente plusieurs millions d’euros. Or, l’argent dont elle disposait semble s’être volatilisé… Trois juges sont saisis du dossier. La police criminelle de Saint- Vincent assure aux officiers français qu’ils établiront rapidement une liste des personnes présentes sur l’île ce soir-là, quelques centaines à peine. Confiants – ou, en tout cas, un peu rassurés –, les policiers français regagnent la Guadeloupe. Illusions ! Le bal de l’inertie ne fait que commencer… Désormais, à chaque fois que le SRPJ tente de joindre les autorités locales, leurs appels ne sont pas pris. Ou bien les messages restent lettre morte. Même ceux qui émanent d’Interpol ! Une information judiciaire est ouverte à Strasbourg, une commission rogatoire internationale établie par un juge d’instruction : les policiers français peuvent donc retourner par deux fois sur l’île, à l’automne 98 et à l’été 99… pour se heurter à ce qui devient nettement de la rétention d’information. Si tous les résidents (dont Mick Jagger) sont bien soumis à un test ADN – qui ne donnera rien –, aucune des autres missions ordonnées dans le cadre de la commission rogatoire internationale ne sera effectuée.

Nouvelle tentative

Les deux soeurs de Suzie Mostberger réagissent et prennent un nouvel avocat en la personne de Maître

Thierry Moser. Lequel constate avec stupéfaction que le premier certificat de décès ne mentionne même pas le « décès par arme blanche », mais retient comme cause de la mort un… pneumothorax ! Pour Maître Moser, « l’Etat de Saint-Vincent-etles-Grenadines viole sans aucune retenue les principes élémentaires de légalité et de justice. Ce n’est plus une gestion policière du dossier qu’il nous faut, mais une gestion diplomatique, pour forcer cet Etat voyou à

collaborer ». Par courrier, l’avocat sollicite le Procureur de la République de Strasbourg, expliquant qu’une intervention du Ministère des Affaires Etrangères est le seul moyen de faire avancer cette enquête.

Circulez, y a rien à voir !

En décembre 2007, après dix ans d’enquête, le juge d’instruction Strasbourgeois Thierry Lefèvre, qui avait récemment repris l’information judiciaire sur le meurtre de l’Alsacienne, signe une ordonnance de non-lieu. Le ou les assassins de Suzie Mostberger ne seront plus inquiétés.

Avis à la population

Conclusion : sachez, simples mortels, qu’au paradis sur terre la mort n’existe pas vraiment, elle n’est qu’un mirage, une tâche, qui s’évapore au soleil sans laisser de trace, comme l’argent sur les comptes en banque… … Et si votre coeur – Grenadine – lâche, lardé de coups de couteau ou découpé en rondelles à la manière d’un citron vert, c’est que vous l’aurez bien voulu !


Un lourd casier judiciaire

Il braque un magasin pour lancer sa propre affaire !

U

n homme de 44 ans,Farid Hadjerioua, est jugé par la Cour d’Assises de Loire-Atlantique, pour le braquage raté d’un magasin Lidl du quartier République (île de Nantes). Avec un complice il avait menacé 2 caissières à l’aide d’un pistolet automatique vide, avant de prendre la fuite à l’arrivée de la police.

Son arme ? Un pistolet vide

Il se trouve que la veille, il a signé chez un notaire l’acte d’achat d’un fonds de commerce à Nantes, dans le quartier Bellevue. Il veut y ouvrir « un commerce de traiteur, sandwicherie, friterie et salon de thé ». Mais, pour conclure la transaction, son associé et lui doivent verser 15 000 euros sous 15 jours, à titre de garantie.

Le repenti rechute

Farid se souvient alors d’une idée qu’un « copain de la cité » lui a suggéré un mois auparavant : une supérette, « un truc facile à taper » lui dit-on. Cette proposition ne lui a pas été faite au hasard. Délinquant repenti, le casier judiciaire de Fa-

rid est connu de tout le quartier. Dans son box, l’accusé explique alors qu’il a « revu ce copain le dimanche avant les faits, lors d’un tournoi de foot vétérans », lequel lui indique qu’il faut « faire ce coup ce matin-là, ou jamais ». Les deux compères se décident donc. Ce matin du 30 mai 2006 ils arrivent devant le magasin vers 7 h, avant l’arrivée des employés. Farid a acheté une blouse bleue, des gants de jardinage, un tissu en guise de cagoule. Dans sa main il tient une arme dont le chargeur est vide. À 8 h, les deux employées de la supérette ouvrent boutique. Comme d’habitude, l’une des deux, prénommée Ghislaine, introduit dans le magasin la palette livrée durant la nuit. Elle raconte : « D’un seul coup, on m’a mis une main sur la bouche et un pistolet sur la nuque... Le complice me menaçait avec un couteau. Ils ont dit : elle est où, elle est où ta collègue ? Je leur ai dit : ‘ne me tuez pas’ ». La collègue en question a 36 ans et s’appelle Nathalie. A la barre elle explique à quel point elle était « morte de trouille ». Cachée dans l’office, elle a le réflexe d’appeler instantanément la Police. « Mon coeur battait comme un tambour » se souvient-elle, « j’ai cru qu’il allait exploser ».

Farid n’en est pas à son coup d’essai, loin de là : à 44 ans, il a déjà passé 17 années derrière les barreaux. A 22 ans, il est condamné une première fois pour « vol avec arme » , puis, à 29 ans, il écope de 15 ans de réclusion criminelle pour « vol avec arme et séquestration ». Il avait pris en otage le patron d’une banque... Sorti de prison en 2002, un brevet d’éducateur sportif en poche, Farid en profite pour « se ranger » et se met à entraîner - avec un certain succès - l’équipe de foot des jeunes du quartier Bellevue. En parallèle il envisage de monter sa propre affaire dans la restauration. L’associé est trouvé, le local aussi. Le rachat du fonds de commerce implique une garantie que le notaire exige sous 15 jours. Soit 15 000 euros.

Il ne ‘balance’ pas et assume seul

Contactée par l’employée cachée dans l’office, la Police débarque sur les lieux. Les deux braqueurs s’enfuient, mais Farid est rattrapé alors qu’il rejoint son véhicule stationné dans une rue avoisinante. Qui était son complice ? Il ne le dira jamais, même si, en tant que récidiviste, il sait ce qu’il risque. « J’assume pleinement d’avoir une peine plus lourde. Ce qui est important, c’est la tranquillité de mes proches ». « Combien espériez-vous ? » lui demande le président. « 15 000 € pour moi » avoue-t-il.... et le projet commercial aurait été bouclé quelques heures plus tard... avec son banquier ! Farid encourt la perpétuité.


crimes et police / 33

breves ANTONIO FERRARA Cavaleur et casseur de « Tirelires »

A

l’époque, au milieu des années 2000, il est, après un certain Yvan Colonna, en cavale comme lui, l’homme le plus recherché de France. « Il » c’est Antonio Ferrara, alias « Nino » ou «Succo», le plus connu des caïds de banlieue. Petit par la taille (1,67 m) mais grand par le casier, le beau voyou né le 12 octobre 1973 en Italie a bâti sa réputation en « cassant les tirelires roulantes » (les fourgons blindés, dans le jargon du milieu). Il doit également répondre de plusieurs tentatives de meurtres. Le 12 mars 2003, il réussit de manière spectaculaire son évasion de Fresnes, jusqu’ici considéré comme l’Alcatraz français. Ce coup d’éclat impliquera pas moins de... 21 complices ! Parmi eux, on soupçonne fortement l’un

de ses avocats, Maître Karim Achoui, d’avoir donné le top de départ de l’opération commando. Le magistrat écopera de 7 ans avant se voir acquitté en appel. Le 12 mars 2003, à 4 h 15 du matin, les surveillants de prison entendent comme un « feu d’artifice » et ne peuvent que constater, stupéfaits, qu’un trou béant a dévasté le mur d’enceinte ! Ferrara est « parti en courant », comme il l’avait prédit devant la Cour dAssises d’Evry quelques semaines plus tôt. « Le roi de la belle » n’en est pas à son coup d’essai. Déjà en 1998, il s’évadait de la prison de Fleury-Mérogis pour une cavale de 4 ans. Cancre à l’école mais as du braquage, Ferrara aurait inventé une technique qui permettrait d’attaquer les fourgons blindés sans

trop de dégâts pour les hommes... ni pour le magot. Il aurait aussi été le premier à faire « travailler » ensemble voyous du Sud et caïds de banlieue. On dit l’homme loyal, jovial et attachant. « Il a une grande force de caractère, ne se plaint jamais et va même jusqu’à dire qu’il mérite ce qui lui arrive », dira à l’époque Maître Paul-Charles Deodato, un autre de ses avocats. La cavale de Ferrara prend fin 4 mois plus tard, le 10 juillet, dans un café du 12e arrondissement de Paris. 40 policiers ont été mobilisés pour l’occasion, mais l’arrestation se fait en douceur. Même pas surpris, Ferrara accueille les policiers par ces simples mots : « Encore vous ?! »

RÉVISION D’UN PROCÈS CAR 2 DES JURÉS AURAIENT COUCHÉ ENSEMBLE ! Missouri, Etats-Unis

R

oberto Dunn a été jugé et reconnu coupable après avoir tué la mère de sa petite amie. Le meurtrier a toutefois estimé que le jugement devrait être remis en

cause car ... deux des jurés avaient eu des relations sexuelles ! En effet, peu de temps après le verdict, le juge a reçu une lettre de dénonciation expliquant que deux des jurés avaient eu des relations charnelles entre le procès et l’annonce du verdict. L’avocat du meurtrier présumé avait déjà à ce

moment demandé une réouverture du procès, qui lui avait été refusée. Son nouvel avocat revient à la charge et explique que les jurés devraient être au moins entendus en tant que témoins et s’expliquer sur les faits rapportés. Le procès pourrait donc finalement être réouvert. Pour « vice » de forme !


CHERCHE ASSASSIN POUR SUPPRIMER PÈRE DE FAMILLE...

Jamais Kenneth Hughes, modeste fonctionnaire, n’aurait pensé se retrouver un jour au centre d’une telle affaire : un complot organisé par sa femme et sa fille pour le supprimer !

Une famille sans aucune histoire... a priori

Lorsque la Police de Dallas (Texas) arrive en février 2009 sur le lieu de travail de Kenneth Hughes, afin de l’interroger sur la qualité des rapports qu’il entretient avec sa femme Shirley et sa fille Tammie, ce père de famille ne comprend pas pourquoi les Autorités s’intéressent tant à son foyer. Quand on lui explique que Shirley (56 ans dont 34 années de mariage) et sa fille aînée Tammie (31 ans) envisageaient de le faire supprimer par un tueur à gages et récupérer

ainsi les 200 000 dollars de son assurance-vie, il accuse le coup : «c’est vrai que ma fille avait des sautes d’humeur de temps en temps, mais alors ma femme... je n’en reviens pas !» Kenneth Hughes est un Américain tout ce qu’il y a de plus normal. A 57 ans, il est marié depuis longtemps, père de 2 filles et travaille pour le Service d’assainissement de la ville. « On s’est mariés en 1975» dit-il, « Shirley était alors la personne la plus agréable qui soit. Elle s’entendait vraiment avec tout le monde, et je peux compter sur les doigts d’une seule main le nombre de disputes que l’on a eues depuis tout ce temps ». Shirley et Kenneth vivent une vie ordinaire dans un modeste appartement de la banlieue de Dallas. Shirley a d’abord élevé leurs 2 enfants, puis a pris un travail dans une crèche. Leur fille aînée, Tammie, a quitté assez tôt le foyer familial et donné naissance à un enfant. Dix ans et un divorce plus tard, se retrouvant seule pour élever son garçon, elle choisit de réintégrer le domicile des parents.

A la recherche d’un tueur à gages

Kenneth Hughes poursuit ses explications : « Quand Tammie est revenue vivre à la maison, il nous est bien sûr arrivé de nous disputer, notamment au sujet de sa contribution financière aux frais de la maison, mais jamais rien de grave. Je voulais juste qu’elle prenne un petit boulot à temps partiel et qu’elle participe aux frais comme tout le monde. Ca se passe comme ça dans des millions de familles ». Effectivement. Mais ce qui ne se passe pas comme ça dans des millions de familles, c’est d’apprendre un jour par la Police que votre femme et votre fille aînée ont tenté d’embaucher un homme pour vous supprimer !... Cet homme s’appelle Chris Willingham, il a 40 ans et est au chômage. Lorsqu’il rencontre Tammie, celle-ci lui offre 25 000 dollars - qu’elle prélèvera sur les 200 000 de l’Assurance-Vie - pour... supprimer son père. Rien de moins ! Que fait Willingham ? Il se précipite à la Police et raconte l’his-


crimes et police / 35 Une famille brisée

toire. Les Autorités lui demandent alors de rencontrer une nouvelle fois sa commanditaire, sauf qu’il ira au rendez-vous accompagné d’un officier jouant le rôle du tueur à gages avec qui Willingham ferait équipe. Face à eux Tammie renouvelle son offre, expliquant que sa mère et elle ont planifié ensemble cette opération. En acompte elle leur fournit même un pistolet et se dit prête à les accompagner au moment du meurtre !

Telle mère, telle fille

La mère et la fille sont aussitôt arrêtées et passent aux aveux sans difficulté. Elles sont accusées de « sollicitation de crime par le biais d’autrui ». Mais Chris Willingham n’en a pas fini avec ses révélations... Il raconte que 10 ans plus tôt, en 1999, Shirley Hughes lui avait déjà fait la même proposition ! Il développe ce scoop au cours de son audition : « J’ai rencontré la famille Hughes en 1995, alors que Tammie avait une relation avec l’un de mes amis. Même si je n’avais aucun casier judiciaire, Tammie et Shirley savaient que je traînais parfois avec des types un peu louches. En mai 1999, Shirley est venue me voir et m’a demandé de la ‘débarrasser’ de son mari. J’ai juste éclaté de rire ! Plus tard elle m’a appelé et m’a demandé d’oublier ce qu’elle avait dit, que son mari n’en avait pas pour longtemps de toutes façons ». En effet, Kenneth Hughes est alors mal en point : il souffre de problèmes cardiaques. Son état s’améliore cependant et il attaque les années

2000 en meilleure forme. Désormais les 2 époux s’entendent mieux, mais à présent c’est Tammie, la fille aînée, qui semble reprendre le flambeau et souhaiter la mort du père.

Le ‘tueur’ devient le protecteur

Chris Willingham raconte qu’il a souvent demandé à Tammie les raisons de cette haine : « je l’ai toujours détesté » répondait-elle. Et lui d’ajouter : « je ne sais pas pourquoi elles me voyaient toutes les deux dans le rôle du tueur, peut-être parce qu’elles savaient que j’avais perdu mon travail et ma maison, que je traversais une sale période ». Willingham est désormais convaincu que Kenneth Hughes risque d’être assassiné, avec ou sans son concours. Le 22 février 2009 a donc lieu le fameux rendez-vous avec Tammie, organisé à la demande des Autorités. Accompagné de l’officier qui se fait passer pour son acolyte, Chris joue son rôle. L’entrevue, enregistrée à l’insu de Tammie, dure environ 1 heure. La fille aînée de Kenneth renouvelle son offre de 25 000 dollars et fournit arme et munitions «pour faire le boulot »... Elle est arrêtée sur le champ ! Puis ce sera au tour de la mère. Les propos enregistrés sur la bande magnétique sont sans équivoque : fille et mère ont agi ensemble, avec la même intention de commettre un crime et de se partager une Assurance-Vie.

Tonya, la petite soeur de Tammie, a bien du mal à se remettre de cette histoire : «d’un côté j’étais à deux doigts de perdre mon père, et d’un autre je perds maintenant une mère et une soeur. De toute façon je suis brisée ». Kenneth, lui, a rendu visite à sa femme en prison, persuadé qu’elle n’a fait que subir l’influence de Tammie. Pour l’agent du FBI Brad Garrett, « 2 membres d’une même famille impliqués dans la recherche d’un tueur à gages pour supprimer le chef de famille, c’est probablement un cas unique !». La Loi Américaine est pourtant ainsi faite que, si la « cible » elle-même demande la clémence du jury, celui-ci doit en tenir compte. C’est ce qui est arrivé puisque Kenneth Hughes, persuadé du rôle mineur joué par sa femme dans cette affaire et estimant qu’elle souffrait surtout d’un

état dépressif, a réclamé pour elle - et elle-seule - des circonstances atténuantes. En janvier 2010, la Cour de Justice de Dallas prononce les peines suivantes : 5 ans de mise à l’épreuve et un suivi psychiatrique pour Shirley Hughes. Tammie Hughes n’a pas droit au même traitement : 5 ans de prison ferme pour ‘sollicitation de meurtre’ et 10 ans de mise à l’épreuve. Réaction de Kenneth Hughes : «Quand vous entendez parler de ‘tueur à gages’ vous pensez tout de suite à des gangsters qui s’attaqueraient à de riches personnalités. Mais moi ? Un type tout simple... J’ai encore du mal à croire que toute cette histoire ait pu me concerner ».


h o l ly w o o d ! m l i f e l à j é p r é pa r e d reeva steenkamp oscar pistorius

du

Glamour

à La Mort

le sportif le plus célèbre d’Afrique du Sud abat sa sublime compagne, un mannequin en pleine ascension

procès le 4 juin 2013


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