MAG AJL ARTS MARTIAUX FEVRIER 2016

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La langue japonaise

Elle est indispensable dans le Karaté AJL ,

non pour connaître linguistiquement ce langage construit autour des kanji d’origine chinoise, sorte d’idéogrammes syllabiques, mais pour profiter de sa diction ventrale dans l’étude de cet art martial. Concrètement la langue nippone permet de diriger un cours plus directement grâce à l’intonation saccadée et abdominale inhérente aux kanjis. De ce fait les temps plus rythmés et dirigistes de la voix du senseï captent l’attention des pratiquants

explicative pour laquelle nous avons besoin de nos propres mots, mais dans l’enchaînement des techniques demandé ce qui optimise la concentration à la fois de l’élève et du professeur. Ce scénario est identique pour les enfants, qui apprivoisent plus rapidement, cet apprentissage linguistique dont l’aspect ludique ne leur échappe pas. Le comptage en japonais jusqu’à 10 (ichi, ni, chi…) est édifiant en la matière pour une plus grande sensation de la respiration abdominale et du hara (énergie du bas ventre).

de par ses onomatopées étrangères qui maintiennent, non seulement en éveil mais surtout en concentration. Les mots syllabiques plus courts que dans notre langue facilitent une expiration abdominale plus propice aux injonctions nécessaire pour conduire un cours.

Les vocalises expiratoires sèches aident le

karatéka à effectuer les techniques deman-

dées en unité de temps lors des déplacements ou unsoku. Les nombreuses voyelles des alphabets japonais Hiragana et Katakana sont de plus une aide pour les adhérents lors de l’expulsion de l’air nécessaire à la libération de l’énergie ou Kiai. N’oublions pas non plus que l’écriture japonaise aide à la compréhension des techniques ainsi mieux compartimentées, par exemple « waza » pour le terme « attaque » et « uke » pour celui de « défense » ou « Mae » pour « direct » comme dans « Mae Empi » (coup de coude de face) ou « Mae Geri » (coup de pied direct ; De même dans le terme « Mawashi » pour « circulaire » comme dans « Mawashi Empi » (coup de coude circulaire) ou « Mawashi geri » (coup de pied circulaire).

Enfin l’articulation des katas écrits en kanji

ouvre plus l’esprit de chacun à l’interprétation qui serait restreinte si ces mêmes exercices étaient écrits en alphabet. Un des modèles les plus significatifs est l’écriture en kanji (A METTRE) du kata « KAN KU DAÏ » dont la signification de base est « Regarder vers le ciel ». Une diction orale saccadée de trois syllabes pour associer le corps par l’intonation et l’esprit par l’imaginaire. Tous nos cours sont guidés en langue japonaise, non dans leur phase

Le

La respiration

Karaté AJL sensibilise le débutant au

phénomène respiratoire de la pratique dès l’apprentissage de la première technique du « choku tsuki » comme démontré dans les cahiers techniques. La technique respiratoire intrinsèque à cet art martial ne s’étudie pas au bout d’un certain temps d’entraînement car les habitudes se sont déjà installées. Inspiration, expiration, apnée sont indissociables du mouvement et en font même la réelle essence. L’élève doit comprendre que son geste n’est pas seulement un mouvement extérieur mais qu’il a une interaction avec son énergie intérieure qui se matérialise au début par la respiration. Un des objectifs physiques de ce genre de ce souffle est de maintenir le karatéka dans un état de vigilance (Zanshin), afin qu’il soit en phase corps esprit durant ses exercices grâce à la contraction de sa masse abdominale en permanence.

Le Kiaï

N’est pas seulement inhérent à l’art martial

comme beaucoup le pensent. Nombre de sportifs développent, lors d’un effort, cette libération d’énergie indispensable pour un dépassement de soi. C’est le cas des haltérophiles, des sauteurs, des lanceurs par exemple. Mais c’est aussi le cas, dans la vie courante, des bûcherons à la cognée ou des maçons lors de leurs différentes tâches. La seule différence se trouve dans le degré de concentration et de respiration indispensable dans l’art martial pour unifier corps et esprit en kiaï.


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