respectivement les dates de 609, 704 et 1001 et révèlent que le temple fut dédié au dieu Gambhîreçvara. Sans être encore une véritable pyramide à gradins comme les « temples montagnes » liés au culte du « Devarâja » ou lingâ royal, Ak Yom, avec son étagement à trois niveaux, dont le premier est marqué par un simple mur de brique enfermant un remblai de terre, montre déjà bien des analogies avec ce type de monument. On peut supposer qu’il fut le centre de cette « ville du Baray » qu’a étudiée Ph. Stern et dont il situe la construction entre le départ du roi Jayavarman II du Phnom Kulên et l’avènement d’Indravarman en 877 : plusieurs autres vestiges très nets d’art préangkorien ont été trouvés dans la région environnante. La totalité du monument est en brique, avec seulement l’entourage des baies des sanctuaires en grès. Sur la plateforme de base d’une centaine de mètres de côté, les deux gradins supérieurs étaient dallés de brique, avec murs de soutènement ornés de motifs saillants en applique rappelant les éléments de base des tours. Le deuxième gradin portait quatre sanctuaires d’angle et deux autres intermédiaires sur chaque face, soit un total de douze, et le troisième, un sanctuaire unique très surélevé. Des sondages ont prouvé que ledit sanctuaire, primitivement ouvert à l’est avec trois fausses portes et de même style que la pyramide et les sanctuaires secondaires, devait être couvert à l’origine au moyen d’une charpente en bois dont les poteaux de soutien se logeaient dans des cavités encore visibles dans les murs : ceux-ci furent enrobés par la suite dans une maçonnerie plus épaisse capable de porter une voûte en briques encorbellées, et percés de baies ouvrant aux quatre points cardinaux. La cella carrée, de 5,50 m de côté, contenait un grand piédestal de 2,75 m à pilastres qui portait sans doute un lingâ. Au-dessous un puits aboutissait à une salle souterraine dallée à 12,25 m de profondeur au niveau de la plaine : formant un carré de 2,70 m de côté, elle était voûtée en brique et devait enfermer quelque dépôt sacré. C’est l’existence de ce puits qui, après avoir conduit G. Trouvé à effectuer des recherches analogues au Bayon et à Angkor Vat, lui a permis de mettre au jour le dépôt de fondation de ce dernier temple et le Grand Bouddha qui, dans l’autre, présidait aux destinées du royaume. L’ornementation d’Ak Yom constitue un précieux document d’art primitif : les linteaux, souvent en réemploi, sont de faible hauteur et d’une composition assez simpliste ; ils sont tantôt à médaillons et pendeloques, tantôt à branche et crosses terminales avec envahissement de feuillage. Les colonnettes sont à fût cylindrique au décor relativement chargé, avec perles et feuilles sur les bagues. Des devatâs
hanchées sculptées dans la brique sont encore visibles, notamment au sanctuaire d’angle sud-est, où se trouve également (face est) une remarquable fausse porte : sur les panneaux, de petits lions dans des médaillons circulaires se détachent sur une bande de feuillages aux motifs en croix. MÉBÔN OCCIDENTAL Prononcer : Mébaune Date : seconde moitié du XIe siècle Culte : brahmanique Dégagement et anastylose partielle par M. Glaize de 1942 à 1944 Comme le Prasat Ak Yom, le Mébôn, qui formait un îlot au milieu du Baray occidental, n’est plus accessible qu’en sampan depuis que l’on a relevé le plan d’eau : il est nécessaire pour le visiter de se faire accompagner par un guide5. De l’entrée ouest d’Angkor Vat, on peut, en 4 km de piste rectiligne située dans l’axe même du temple, gagner en automobile le champ d’aviation, puis, traversant celui-ci en direction nord-ouest, atteindre au bout de 1 500 m la digue sud du Baray, aux abords du village de Svay Romiet, où se trouve une pagode, et qui servira de point d’embarquement : le bouquet de grands arbres abritant le monument se trouve à 1 500 m de là. Le Mébôn, qui rappelle en certains points le charmant ensemble de Néak Péan construit un siècle plus tard au milieu du Baray de Prah Khan, était constitué par une levée de terre enfermant un carré d’une centaine de mètres de côté, creusé en bassin parementé de gradins de grès. Le centre est marqué par une plateforme également en grès d’une dizaine de mètres de côté reliée par une chaussée en latérite et grès à la digue orientale ; quelques fragments de nâgas balustrades sur dés ont été retrouvés. La digue pourtournante portait sur chaque face trois petits pavillons d’entrée à deux portes opposées, tout en grès, écartés d’environ 25 m et formant tour à un seul étage en retrait avec gros couronnement de lotus à huit pétales. Malheureusement très délabrés, ils ne forment plus que des tas d’éboulis à l’exception des tours orientales centre et sud qui, croulantes et fortement déversées, ont fait l’objet de travaux de déblaiement et de reprise, et de quelques pans de murs encore debout sur les faces sud (tour médiane), nord (tours médiane et orientale) et est (tour nord). Chaque pavillon, de plan carré, faisait 2,40 m hors œuvre et 1,28 m à l’intérieur. Le style est nettement celui
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