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Une référence absolue : IPS e.max Press, un matériau pour presque toutes les indications ?

Facettes occlusales en zone postérieure au cabinet dentaire Une contribution des Dr Diether Reusch et Jan Strüder, Westerburg, Allemagne

Le livre « Les facettes de porcelaine » de David A. Garber, Ronald E. Goldstein et Ronald A. Feinmann a façonné l‘approche prothétique restauratrice de nos auteurs. S‘appuyant sur le succès de la technique adhésive, ils ont mis au point un concept de reconstruction dentaire mini-invasive.

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Dès 1990, l‘académie de formation « Westerburger Kontakte » a organisé le premier cours « Couronnes, inlays et facettes en céramique ». À ce jour, il est fascinant de pouvoir utiliser une céramique comme un alliage d‘or. Une étude menée par A. Krummel, A. Garling, M. Sasse et M. Kern (Université Christian Albrecht de Kiel) démontre le potentiel pratique du traitement par facettes occlusales dans la zone postérieure avec une épaisseur minimale de 0,3 à 0,6 mm. Ici, notre objectif est de reconstruire les dents postérieures sous forme de facettes occlusales ou de couronnes partielles avec des restaurations monolithiques IPS Empress ou LS2 de 0,5 à 0,7 mm d‘épaisseur. Les dents antérieures sont restaurées à l’aide de facettes monolithiques collées à 360°, de couronnes partielles ou de facettes monolithiques d‘une épaisseur de 0,3 à 0,5 mm. Toutefois, contrairement à l‘or qui se déforme en cas d‘interférence ou à la céramo-métallique qui peut se fracturer, le tout céramique est pratiquement indestructible. Les exigences en matière d‘occlusion statique et dynamique sont par conséquent élevées.

Diagnostic et plan de traitement

En raison des forces parafonctionnelles et de la biocorrosion, les dents antérieures maxillaires de notre patiente de 23 ans étaient fortement usées, avec perte totale de l‘émail palatin (Figs 1 et 2). D’un point de vue occlusal, les dents postérieures avaient perdu la quasi-totalité de leur émail.

Analyse fonctionnelle, wax-up et planification de la préparation

Le modèle d’étude maxillaire est positionné dans l’articulateur grâce à un arc facial et le modèle mandibulaire en fonction de l’articulation. Le mouvement de la mandibule a été enregistré afin de programmer correctement l’articulateur. Le maître-modèle a permis de réaliser une cire de diagnostic (Fig.3).

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01 et 02 — Situation initiale. Les dents ont perdu de leur longueur et de l‘émail palatin

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03 — Cire de diagnostic

04 — Mock-up provisoire en composite 04b

Notre objectif est ici de rehausser la dimension verticale pour la reconstruction des dents antérieures (forme « logique » des dents). Un test de phonation, de fonction et d’esthétique ainsi que le mock-up ont permis de déterminer la longueur des dents antérieures. Concernant les mouvements de latéralité, nous souhaitons obtenir une désocclusion initiale du secteur postérieur. Les cuspides provoquant des interférences seront retravaillées. Dans le cadre de la préparation fonctionnelle, le prothésiste dentaire marque la position d’origine des cuspides travaillantes (marques rouges) et des cuspides non-travaillantes (marques vertes) sur les surfaces occlusales. L’emplacement des cuspides et des espaces libres est ensuite reporté sur la gencive du modèle. Une gouttière

06 — Dents antérieures maxillaires et mandibulaires : extensions en composite ; Dents postérieures maxillaires avec restaurations provisoires; Dents postérieures mandibulaires : couronnes partielles définitives (maquillées) 06b

05 — Modèles des dents postérieures 05a 05b 05c 05d

thermoformée est tirée du duplicata avec wax-up. Elle permet la réalisation d’un mock-up en résine provisoire directement en bouche. Après avoir retiré la gouttière, nous évaluons avec la patiente les changements phonétiques, fonctionnels et esthétiques avant d’entamer les préparations (Fig.4).

Phase de traitement 1 : restauration temporaire des dents postérieures maxillaires et restauration définitive des dents postérieures mandibulaires

Nous préparons les dents postérieures maxillaires et mandibulaires et position

nons les modèles de travail (Fig. 5) dans l’articulateur à l’aide d’un arc facial

et d’un enregistrement de la relation centrée. La tige incisive est ajustée en

fonction de l’extension verticale envisagée. À l’aide d’une table pour plan

d’occlusion, nous reconstituons les dents postérieures mandibulaires en cire

puis mettons en revêtement les maquettes pour les presser en céramique.

Pour les intégrer, nous avons ensuite recours à la technique adhésive (auto

mordançage, Adhese ® Universal, Variolink ® et Monobond ® Etch & Prime).

Dans la zone postérieure maxillaire, nous intégrons une restauration provisoire indirecte en résine et traitons les dents de la zone antérieure qui n’ont pas encore été préparées avec un mock-up provisoire en résine (Fig. 6). Nous procédons à un léger élargissement de l’arcade dentaire maxillaire ainsi qu’à un allongement des dents antérieures. Les restaurations reprennent l’extension verticale et la position des cuspides vérifiées à l’aide du mock-up. De manière analogue au traitement par gouttière, il est possible de procéder à de petites corrections de la restauration temporaire.

Phase de traitement 2 : restauration définitive des dents antérieures maxillaires et mandibulaires

Préparation et réalisation de provisoires

Nous enchaînons avec la préparation mini-invasive des dents antérieures maxillaires et mandibulaires (Figs 7 et 8). Étape 1 : Nous marquons la profondeur de préparation du bord incisal (généralement 1,0 à 1,5 mm) à l’aide du mock-up collé et d’une fraise à double granulométrie. Étape 2 : Avec une fraise à pénétration contrôlée, nous marquons des repères horizontaux de 0,5 mm de profondeur sur la surface faciale des dents et colorons les repères de profondeur avec un crayon non soluble à l’eau. Étape 3 : Nous retirons les bords incisaux. Le diamant double granulométrie est incliné à un angle d’environ 30° vers le côté palatin.

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07 — Les différentes étapes de la préparation mini-invasive des dents antérieures de la mâchoire supérieure 07e 07f

08 — Préparations finies des dents antérieures dans les mâchoires supérieure et inférieure (préparation partielle) 08b

Étape 5 : Après avoir éliminé le mock-up, nous retirons l’émail vestibulaire jusqu’à disparition des repères de profondeur. La préparation cervicale suit les contours gingivaux. Sur la surface palatine, la profondeur de préparation varie de 0,3 à 0,5 mm. Nous entreprenons ensuite une préparation pour facettes à 360° dans la zone où la perte d’émail sur la surface palatine s’étend au-delà de la tubérosité afin de prévenir les fractures palatines.

Étape 6 : En vue de parfaire les limites, nous plaçons un fil de rétraction 000. Nous réalisons la préparation avec un contre-angle à bague rouge à vitesse réduite (40 000 tr/min), exactement jusqu’à la hauteur de la gencive légèrement déplacée par le fil. Cette préparation peut être effectuée sous refroidissement à l’air.

À l’aide d’une clé en silicone de la cire de diagnostic remplie d’hydrocolloïde, ou d’une plaque thermoformée remplie d’un matériau d’empreinte silicone, nous vérifions que la substance dentaire dure a été enlevée en quantité suffisante (Fig. 9). Si l’épaisseur de la couche d’hydrocolloïde est inférieure à 0,3 mm, nous marquons les zones où nous devons encore retirer de la substance dentaire avec un crayon gras.

Une fois la prise d’empreinte réalisée, nous fabriquons un modèle avec un plâtre à prise rapide (Whip Mix Snap-Stone) pour vérifier les préparations. Grâce à la clé en silicone (cires de diagnostic), une assistante dentaire formée peut alors réaliser les restaurations provisoires indirectes.

Préparation des dents antérieures mandibulaires et réalisation du modèle

Nous préparons les dents antérieures mandibulaires de la même manière que les dents antérieures maxillaires et nous nous assurons de la bonne élimination de la substance dentaire. La profondeur de préparation ne doit pas excéder 0,3 mm. Avant la prise d’empreinte, un fil de 0 (imbibé de ViscoStat Clear, Ultradent) est placé sur le fil déjà installé et retiré peu avant l’insertion du matériau d’empreinte. Le fil 000 permet de maintenir le sulcus ouvert et sec pendant la prise d’empreinte. Nous prenons une empreinte totale et deux empreintes partielles pour la fabrication des dies et programmons l’articulateur selon les données enregistrées sur la patiente.

Wax-up et contrôle phonétique, fonctionnel et esthétique

Le prothésiste dentaire réalise un modelage en cire des dents antérieures, qui permet de tester conjointement les aspects phonétiques, fonctionnels et esthétiques (Fig. 10). Les modifications nécessaires sont effectuées en accord avec la patiente. Les maquettes sont mises en revêtement puis pressées.

Dans le cas de facettes ou de couronnes fines, la teinte du moignon joue un rôle crucial sur le résultat final. Par conséquent, nous déterminons la teinte de chaque dent selon chaque moignon. Le prothésiste dentaire fabrique les dies en laboratoire, dans la teinte correspondante (IPS Natural Die Material).

Les couronnes fabriquées en laboratoire sont déjà caractérisées pour l’essayage en bouche. Les aspects esthétiques, phonétiques et fonctionnels peuvent à nouveau être vérifiés et documentés à l’aide d’un smartphone. Une fois les ajustements nécessaires réalisés, nous procédons à la cuisson de glaçage. L’épaisseur des restaurations finies (facettes 360°/ couronnes partielles) oscille entre 0,3 et 0,5 mm (Fig. 11).

Collage adhésif

Dans le cas d’un collage adhésif, il est recommandé de poser, si possible, une digue pour sécher le champs. Sinon, il est également possible d’insérer un fil de rétraction 00 dans le sulcus avant le collage afin de rendre les limites de la préparation facilement accessibles (Fig. 12). Nous protégeons les dents voisines avec une bande de téflon. En règle générale, nous posons les couronnes par paires. Après le mordançage à l’acide phosphorique à 37 %, on peut voir sur le moignon de la dent que presque toute la préparation se trouve dans la zone de l’émail. La dentine n’est visible que dans certaines zones, du fait de l’activité parafonctionnelle de la patiente.

Les dents antérieures mandibulaires et maxillaires ainsi que les dents postérieures mandibulaires sont définitivement restaurées. À ce stade, nous pouvons encore effectuer des corrections mineures au niveau des surfaces occlusales de la restauration temporaire des dents postérieures maxillaires.

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10 — Modelage en cire (esthétique) visant à contrôler la phonétique, la fonction et l‘esthétique 10c

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Phase de traitement 3 : restauration définitive des dents postérieures maxillaires

Nous retirons les restaurations indirectes dans la région postérieure maxillaire et effectuons une empreinte des deux mâchoires. La relation centrée est enregistrée à l’aide de bandes thermoplastiques (GC Bite Compound, GC) et les modèles sont montés en articulateur d’après l’arc facial et la cire de centrée.

Cire ReFu

Nous fabriquons des couronnes partielles en cire ReFu (Reference Function Wax, Keydent) pour le bloc postérieur maxillaire. La cire est très dure dès le début, ce qui nous permet de vérifier les points d’impact avec une feuille Shimstock après la pose des couronnes, puis la cire devient viscoplastique à la température de la bouche. La patiente réalise différents mouvements analogues à la parafonction (Fig. 13). Les éventuelles interférences apparaissent sur la surface occlusale et

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11 — Essai des restaurations après cuisson de maquillage 11c

peuvent ainsi être corrigées. Ensuite, les maquettes en cire sont mises en revêtement et pressées en disilicate de lithium monolithique (IPS e.max Press) avant d’être caractérisées et glacées (Fig. 14). Aucune correction n’est nécessaire après le collage. L’épaisseur moyenne des couronnes partielles postérieures est d’environ 0,5 mm.

Collage adhésif

La digue est toujours en place et les dents voisines sont encore protégées par la bande de téflon. Nous collons les couronnes partielles postérieures par paires sur les dents préparées du maxillaire (Fig. 15). Nous vérifions ensuite l’occlusion dynamique à l’aide de la cire Occlusal Indicator Wax (Kerr) (Fig.16). La cire ne doit montrer aucun contact prématuré.

Brux-Checker

Nous remettons ensuite à la patiente un Brux-Checker qu’elle devra porter pendant deux nuits (Fig. 17) afin de vérifier que les restaurations ne présentent aucune interférence occlusale pendant son sommeil et lors du bruxisme. En général, cette étape permet d’éviter toute retouche ultérieure.

Pourquoi IPS e.max Press est une référence absolue ?

biocompatible biomimétique mini invasif hautement résistant durable : presque aucune perte après 25 ans procédé de pressée simple facile à travailler facile à caractériser très précis économique en technique monolithique un seul matériau pour presque toutes les indications

13 — Contrôle de l‘occlusion statique et dynamique avec la cire ReFu 13b

14 — Restaurations en céramique pressée avant la pose 14

17a 15 — Couronnes partielles en céramique, collées 15a 15b

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Les restaurations mini-invasives collées d’une épaisseur de 0,3 à 0,6 mm sont une alternative de traitement qui a fait ses preuves dans notre cabinet. Nous suivons la procédure que nous venons de décrire depuis 1993. Aucune autre alternative thérapeutique durable et peu invasive ne nous a convaincus, en particulier pour les jeunes patients présentant des pertes d’émail importantes.

Dr Diether Reusch Dentiste Jan Strüder Praxis für Zahnmedizin Neustrasse 30 56457 Westerburg Allemagne

Selon Ivoclar Vivadent, IPS e.max Press et IPS e.max CAD sont contre-indiqués chez les patients souffrant de bruxisme. Cependant, notre expérience n‘a démontré aucune complication à condition que tous les aspects fonctionnels et parafonctionnels soient pris en compte.

Maître technicien-dentiste Paul Gerd Lenze Technicien dentiste Sascha Fasel Synthese Dentallabor 56457 Westerburg Allemagne

Dans quelle mesure IPS e.max Press et IPS e.max CAD sont-ils des matériaux fiables ?

Une étude de K. A. Malament montre que parmi tous les matériaux utilisés, IPS e.max ® CAD/Press est la céramique la plus performante avec un taux de survie de 99,75% sur une période d‘observation de près de dix ans.

Depuis 1983, plus de 6 000 restaurations tout céramique ont été réalisées dans le cadre de cette étude, avec quatre types différents de céramiques : - Dicor/Dentsply Sirona (n = 1504) - In-Ceram/Vita (n = 330) - IPS Empress (n = 2133) - IPS e.max Press ou CAD (n = 2364)

Des documents sont consignés pour Dicor depuis 1983, pour In-Ceram depuis 1990, pour IPS Empress ® depuis 1992 et pour IPS e.max depuis 2005.

Dentisterie View Scientific Report online

Des attentes dépassées

Bien que la période d‘observation la plus courte ait été d‘un peu plus de dix ans (128 mois), les restaurations en disilicate de lithium réalisées avec IPS e.max Press et IPS e.max CAD ont montré le taux de survie le plus élevé (99,75 %) dans cet aperçu à grande échelle. D‘après K. A. Malament, les matériaux répondaient ou dépassaient toutes les exigences cliniques considérées comme idéales dans la pratique clinique.

Sources : IPS e.max, Scientific Report, Vol. 03/2001-2017

Un succès confirmé par les données cliniques

IPS e.max a bénéficié d‘un suivi scientifique dès le début. De nombreux experts renommés du monde entier ont permis de créer une solide base de données grâce à leurs études cliniques. Le taux de survie moyen du disilicate de lithium et de l‘oxyde de zirconium est de 96%. Le rapport scientifique IPS e.max résume tous les résultats des études in vivo et in vitro.