Le dîner de Charles - Portrait de Pierre-Yves JEHOLET

Page 1

Octobre 2022

Le Dîner de Charles

AGEFI Luxembourg

17

Le Dîner de Charles - Interview d’une personnalité luxembourgeoise ou européenne en relation avec le Luxembourg - Une rubrique de Charles MANDICA Pierre-Yves JEHOLET, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B), du MR (Mouvement Réformateur)

« Je préfère une écologie de l'envie à une écologie punitive » Portrait : Pierre-Yves JEHOLET, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B), du MR (Mouvement Réformateur)

les faits qu’un homme politique doit travailler dans l’intérêt général. Un homme politique doit avoir des valeurs, un projet de société, mais c’est toujours servir et favoriser l’intérêt général plutôt que l’intérêt particulier. L’intérêt général doit primer. En 2024, je serai tête de liste au fédéral pour la province de Liège, les arrondissements (Verviers, Liège, Huy-Waremme). Cependant, aujourd’hui, par notre projet réformateur et notre vision libérale, nous nous concentrons sur notre travail au quotidien dans les différents gouvernements où nous sommes présents. Ensuite, il faudra d’abord gagner les élections avant de former d’autres gouvernements, n’anticipons pas les débats.

P

our éclairer nos lecteurs, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) est l’appellation « usitée » de la Communauté française de Belgique qui est définie par la loi et la Constitution. Oui, la FW-B est seulement une appellation (Margaux Van Haelen, jeune diplômée en droit avait raison, seule la Communauté française est inscrite dans la Constitution). Cette appellation a été choisie pour une meilleure communication et pour éviter la plus petite des confusions. Pierre-Yves Jeholet est le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B). Qui est-il ?

Notons votre ambition au niveau fédéral.

vernement fédéral lors d’une rubrique en 2025 sera de nature à motiver votre serviteur. Notre futur est quelque peu incertain (à nous tous de faire mieux). Notre présent n’est incontestablement pas un cadeau en cette fin septembre. La seule certitude est du passé, la soirée avec le ministre-président a été une riche, agréable et instructive soirée. A l’occasion de la fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Agefi Luxembourg souhaite le meilleur à la Fédération, à tous ses citoyens et à ses dirigeants. Pour clôturer ce chapitre : si vous lisez cette interview, elle a été rendue possible par le travail de deux gentlemen que je souhaite vivement remercier : Nicolas Reynders (porte-parole et responsable communication du ministre-président qui sait s’entourer de personnes sympathiques et professionnelles) et mon fidèle grand ami Philippe Blétard.

Le restaurant : Le Grand Maur à Spa

Pour la première fois en 1999, Pierre-Yves Jeholet se présente aux élections régionales. Puis aux scrutins communal et provincial de 2000. Depuis janvier 2001, Pierre-Yves Jeholet est conseiller communal à Herve. Il siège au conseil provincial d’octobre 2000 à juin 2003. Depuis 2003, député alternativement au Parlement fédéral ainsi qu’à la Communauté française et à la Région wallonne. Il a été membre et rapporteur de la Commission d’enquête parlementaire dite Fortis (2009). À la suite des élections régionales de 2009, il retourne au Parlement de Wallonie. Fan de sports, sa popularité progresse, et si son club phare de cœur venait à devenir champion de Belgique en 2022, une forte accélération de sa popularité est à prévoir. Amoureux de vélo, mon invité a dû apprécier au surlendemain de notre dîner la victoire d’un Belge au championnat du monde de cyclisme, en Australie. Il y a dix ans, sa liste communale HDM avec plus de 52% des suffrages avait remporté 15 des 25 sièges à pourvoir (+ 14%). Avec plus de 4.000 voix de préférence, ce discret père de famille devient bourgmestre de Herve. Marié, Pierre-Yves Jeholet a deux enfants. Finalement, construit lentement et de manière mesurée, son succès étonne peu.

Interview de Pierre-Yves JEHOLET, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FW-B) Monsieur le Ministre-Président, nous allons tenter de ne pas parler de l’inflation, de la guerre, de l’Iran, des obsèques de la Queen et du Covid. Il y a d’autres sujets plus ou moins heureux, nous allons aborder des thèmes concernant la politique, les politiciens, la francophonie, le régionalisme, la belgitude, la Belgique, l’Europe, le sport, les inondations, le bilan des solutions, l’écologie, la cuisine et j’en passe. En acceptant l’invitation d’Agefi Luxembourg, vous nous honorez et de la même manière vous renforcez la francophonie dans mon petit pays. Hélas trop souvent, les grandes voix de la France oublient cet indispensable soutien en mentionnant uniquement ces pays francophones que sont le Canada, la Suisse et la Belgique et en oubliant le Grand-Duché de Luxembourg. Vu de l’étranger (et le Grand-Duché de Luxembourg, c’est un autre pays), la gestion de la Belgique questionne. Sa richesse de compromis nous épate. Le Belge a une proportion de ministres par rapport au nombre d’habitants inégalée par rapport à d’autres démocraties. Dans votre royaume, vous comptez huit gouvernements et plusieurs dizaines de ministres. Un record planétaire qui force le respect. Première question simple pour éclairer nos lecteurs, la FW-B est bien la fédération de la Communauté française ?

La suite du portrait de mon invité sera sous le signe du pragmatisme. Pierre-Yves Jeholet est un homme authentique. Il a des idées-forces qui le rendent crédible. Il est un politicien de convictions. On perçoit ses idées libérales dans ses propos et son obsession de bien faire dans l’intérêt général, celui adressé à ses citoyens est omniprésent. Il a des faiblesses assumées, ce qui le rend sincère. Ancien journaliste, il est un grand fan de football, de basket, de cyclisme et pour le football, pas n’importe quel club : celui du Standard de Liège. Cela lui donne une dimension hautement sympathique. Pour les heureux qui ont au moins une fois partagé la folle ambiance de Sclessin la panoplie de clichés rend Pierre-Yves encore plus sympathique. C’est un homme courtois et franc. Accessible et fort sympathique, je me suis retrouvé régulièrement dans ses propos pour son attachement aux véritables valeurs. Je ne vote pas en Belgique mais je suis conquis.

Ce restaurant est caché dans une de ces belles allées verdoyantes de la ville thermale de Spa. Une maison cossue et discrète ceinturée et protégée par des arbres séculaires. Dans cette belle bâtisse de briques rouges et ornée de balcons en fer blanc, la position du restaurant est centrale. Trois coquettes chambres accueillent les clients à l’étage. Les clients sont majoritairement des habitués. Malgré la discrétion préservée de l’endroit, à l’heure de notre dîner une imposante voiture immatriculée en UK s’y garait. “Oufti !” Liège n’est pas loin (si un traducteur est nécessaire, c’est que tu ne comptes pas un bon ami belge dans ses relations, “Fieu” !). Revenons au restaurant et plus précisément aux maîtres des lieux. Elle : Cécile Lontin et lui : Gwenn Jehin. Elle dirige et orchestre la salle. Il est dans le bon tempo et cuisine avec art les produits du terroir, ceux du moment, et cible ses producteurs pour le choix des vins, la région du Gard, de l’Hérault et celle de la basse vallée du Rhône. Oufti, les bières sont locales, citons la Sparsa. La carte est revue chaque mois. N’attendez pas une bible ou un bottin (le bottin est un gros livre saturé de numéros de téléphone, de noms, de prénoms et d’adresses, deux versions existaient la jaune et la blanche, ces précisions peuvent être utiles pour nos jeunes lecteurs 2.0 hyperconnectés qui ne savent pas qu’il existait des solutions papiers avant les smartphones). Donc une carte où les entrées, les plats ou encore les desserts se comptent sur les doigts d’une seule main. La gauche, celle du cœur, car ils en mettent du cœur dans leur cuisine et le service. Servie en apéritif, la bière locale a permis d’apprécier un échantillon de la vaste panoplie que compte la Belgique.

Avec l’éditeur d’Agefi Luxembourg Adelin Remy, j’ai partagé un moment privilégié avec un potentiel futur Premier ministre fédéral. Qui sait ? Un scénario probable. D’autres diront souhaitable. A ce stade, laissons Alexander De Croo continuer à faire son job, et vu de l’extérieur plutôt bien réalisé. Pour le Graal de Pierre-Yves, il devra patienter et cela lui laissera le temps de renforcer son niveau de néerlandais. Souhaitons bonne chance à Pierre-Yves Jeholet pour les élections de 2024. Et pour le futur… Certain qu’interroger le Premier ministre du gou-

Pour nos entrées, un demi-homard accompagné d’une sauce exotique à la mangue. Puis des viandes qui ont fait leurs preuves en Belgique et en Espagne, respectivement de bœuf « blanc bleu belge » et du porc ibérique. Le service est finement orchestré, le jeune serveur Hugo était présent avec les attentions attendues lors d’un dîner dans une véritable maison de tradition où, sans fausse note, il fait bon de se laisser guider dans les choix, se restaurer et s’abandonner pour un moment privilégié, incontournable et vital, celui de l’instant nutritif de notre second cerveau.

La Fédération Wallonie-Bruxelles, communauté de 4 millions d’habitants, englobe tous les francophones de Belgique, les francophones de Wallonie et ceux de Bruxelles. La Fédération Wallonie-Bruxelles gère toutes les matières personnalisables de l’accueil de la petite enfance, à l’éducation, à l’enseignement de la maternelle, primaire, secondaire, l’enseignement supérieur, mais aussi des matières comme la jeunesse, l’aide à la jeunesse, la culture, le sport et les médias. Donc, oui. Avez-vous des ambitions personnelles au niveau d’un gouvernement fédéral ? Tout homme politique doit avoir des ambitions. Pour une personne légitime qui fait de la politique, l’ambition n’est pas un gros mot. Je base mes principes sur

Un entraineur d’une équipe de football songe réaliser les déplacements de son équipe en char à voile. Pour son équipe, ce projet me semble plus réaliste que celui de vouloir gagner la Ligue des champions. Plus pragmatique, Philippe Henry, vice-président du Gouvernement wallon et ministre du Climat, de l’Énergie et de la Mobilité veut baisser la vitesse sur autoroute à 100 km/h. C’est louable. Eteindre l’éclairage sur les autoroutes de 22 heures à 5 heures, pourquoi pas. Les mouvements d’avions privés en Belgique sont passés de 60.000 en 2017 à 130.000 pour l’année en 2022. Que vous inspirent d’une part ces suggestions louables du ministre Henry et d’autre part ces chiffres (que l’on peut contester) qui démontrent un manque global de conscience écologique ? L’écologie au sens noble du terme doit être l’affaire de tous. Certainement de tous les partis politiques et également de tous les citoyens qui ont une part de responsabilité importante pour la transition climatique énergétique. Je constate que les partis écologiques de tous les pays, pas seulement en Belgique, font preuve d’un trop grand dogmatisme. On constate de nombreuses hypocrisies dans ces discours écologistes. Je ne suis pas pour une écologie punitive, je préfère une écologie de l’envie, je préfère susciter les gens à faire des efforts, être acteurs citoyens et responsables dans la transition, plutôt qu’une écologie de l’interdit et de la punition. Je dis “beaucoup d’hypocrisie”, parce que quand vous avez une mesure isolée de diminuer la vitesse sur les autoroutes, c’est pénaliser les citoyens, les stigmatiser et faire croire que parce qu’on va prendre une mesure comme celle-là, on va régler le problème du climat dans le monde. Voilà ! Par rapport à l’entraineur du Paris Saint-Germain… … Je ne l’avais pas cité. Oui, tout d’abord, parce que je pense que c’est une personne qui a de l’humour. Peut-être le rire…, un rire facile idiot, il faut le reconnaitre du joueur Mbappé en a fait une polémique, mais au départ je pense qu’il a tenté de réagir simplement avec humour… Ces deux personnes sont des symboles et devraient faire preuve de plus de réserve. Oui, c’est vrai. Les sportifs doivent montrer l’exemple. On accepte tout, on excuse souvent les sportifs. Quand un homme politique ou un ministre perçoit 10.000 euros par mois, c’est un vrai scandale pour la population. Quand un sportif gagne 100, 200… 500 fois plus, cela n’est pas un problème. Les sportifs devraient avoir aussi un rôle d’exemplarité. Ce qu’il faut, c’est du réalisme. Une prise de conscience collective et chacun doit jouer son rôle. En Belgique, beaucoup d’efforts sont déjà faits. Essayer de stigmatiser les gens, les entreprises comme si on ne faisait rien pour le climat depuis des années, n’est pas la bonne démarche. Suite en page suivante

Charles MANDICA, Pierre-Yves JEHOLET et Adelin REMY


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.