Israël Actualités n°144

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Le P’tit HEBDO

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Retour sur scène par Avraham AZOULAY

« Ki tavo el haarets…» Les images de notre beau pays défilent encore dans nos têtes. Les souvenirs sont encore frais, chacun à sa manière a profité de ce repos bien mérité, que l’on prolonge en évoquant les meilleurs moments, pour les savourer davantage. Mais la réalité nous rattrape déjà : au plan politique, rendez-vous a été donné à notre Premier ministre le 2 septembre pour la prochaine tournée de la nouvelle comédie d’Abou Mazen... Il aura fallu user de toute l’énergie des Américains et de tous les amis européens pour l’attirer sur les planches de ce feuilleton « déjà vu » et rediffusé depuis plus de vingt ans, sans pour autant apporter dans la région moins de haine et de douleur. Au contraire. En réalité, le scénario palestinien est évident : ils ne cherchent pas de solution, ils ne l’ont d’ailleurs jamais cherchée, ils ne cherchent pas à négocier, ils ne veulent rien échanger, ils veulent simplement prendre, tout. « Tu donnes, moi non plus », tel est le titre de cette série où tous les épisodes se ressemblent. Ils ont peur de Bibi car il est capable d’aller jusqu’au bout de cette partie de poker, ils savent que personne ne l’arrêtera vraiment et cela les fait trembler (plus encore que nous)... Fin des euros par millions pour entretenir l’administration, terminés les reportages larmoyants sur ces glorieux Misérables, plus de faux-espoirs à promettre à toute une jeunesse nourrie de mensonges et de haine. Leurs dirigeants peu courageux leur ont toujours tout promis dans leurs discours insensés, tout, notre terre et notre peau, et les voilà face à une réalité qu’ils n’ont aucune intention d’assumer. L’Amérique et les médias se délectent déjà. On décerne les Oscars avant même

la compétition ! Michèle Obama choisit déjà la robe de soirée qui fera parler d’elle dans toutes les revues tandis qu’on oubliera les sondages déprimants de la cote de popularité de son époux... Bref, un bon plan pour la Maison blanche. Nous sommes à présent trop occupés pour réfléchir à cette nouvelle aventure de la rentrée. Les matins démarrent en fanfare avec les séli’hot, le compte à rebours se poursuit, et nous rapproche chaque jour du 1er septembre, l’inévitable rentrée des classes pour la majorité des élèves. Les enfants retrouveront leurs camarades, les parents leur calme. Nous avons faire preuve d’une créativité débordante pour nos enfants plein d’énergie et d’envies nouvelles. Pas de maître, pas de baby-sitter, 40 degrés à l’ombre en Israël et l’obligation de travailler pour la plupart d’entre nous... L’ordinateur ou la télévision ne demandaient qu’à nous remplacer... Mais nous avons lutté pour ne pas capituler devant la facilité et la perte de contrôle. Du bout du doigt, d’une petite souris ou d’une télécommande, nos surdoués de l’écran maitrisent sans crainte l’univers virtuel, que nous avons, nous mêmes, encore tant de mal à contrôler. Si rigoureux, toute l’année durant, pour remplir consciencieusement nos missions d’éducation et d’enseignement, nous voici dans notre vrai rôle face aux dangers du temps libre, usant de tous les stratagèmes pour que tous nos efforts portent leurs fruits et ne partent pas en fumée. Certains proposent même des vacances plus courtes, plus fréquentes et mieux remplies, pour permettre à tous une meilleurs gestion du temps, de la tête et des loisirs, ensemble, qu’en dites vous ? Encore merci à Alain Sayada pour la place de choix qu’il donne au P’tit Hebdo dans son journal. Shana Tova ou Métouka à tous.

POINTS DE VUE

POINTS DE VUE

La presse israélienne lue et traduite par François Gallico

Ping-pong à Washington Ouri Elitsour, Makor Richon

Les grands titres de la presse sont des bulles. Elles s’emplissent d’air, enflent vainement puis éclatent. « Peut-être, avancent les commentateurs tout émus, peut-être grâce aux pressions américaines, Abou Mazen se soumettra-t-il, peut-être consentira-t-il à discuter avec nous de façon semi-directe ? » C'est-à-dire qu'il n'entrerait pas dans la même pièce que les représentants d'Israël, sans chaperon : nous n'en sommes tout de même pas là ! Mais peut-être siégerait-il à une table, face au Premier ministre d'Israël, en compagnie et sous la surveillance des Etats-Unis ainsi que du Quartet… Comme s’il fallait que des gardiens fussent présents afin d'assurer que Netanyahou ne lui décochera pas une gifle (ce que, au passage, Abou Mazen mériterait amplement). J'ignore tout à fait si le Président Obama voit sérieusement en cela un progrès politique significatif, ou s’il sait - comme les deux parties en présence - qu'il ne s'agit que d'une bulle médiatique, appelée à enfler puis à éclater. Mais vous souvient-il que ce même Abou Mazen, naguère, pris part à des pourparlers directs et intimes avec Ehud Olmert, durant un an et demi, sans émettre aucune condition préalable, sans gel de la construction dans les implantations ni accompagnement international ? Ils discutèrent à Jérusalem, déjeunèrent à Ramallah, furent photographiés à Charm el-Cheikh, et rien ne sortit de tout cela. Parallèlement, le ministre des Affaires étrangères d'alors, Mme Tsipi Livni,

rencontra Abou Ala des dizaines de fois, et ses porte-paroles, comme à l'habitude et comme de bien entendu, rendaient compte d' « avancées exceptionnelles ». Des discussions directes entre Israël et l'Autorité palestinienne ont lieu depuis près de vingt ans, et elles progressent toujours de manière exceptionnelle. Puis, de manière non exceptionnelle, elles échouent et retournent à la case départ. Dans notre cas, elles sont même revenues à un stade antérieur à la case départ : le refus de se rencontrer et la fixation de conditions préalables. Lorsque l’une de ces conditions se voit réalisée, les commentateurs israéliens comme les diplomates européens ou américains trouvent matière à satisfaction et à sensations. Si les Arabes palestiniens avaient voulu un Etat, ils auraient un Etat depuis longtemps. Ehud Barak avait proposé à Yasser Arafat 90% des territoires, la partition de Jérusalem, un passage sécurisé vers Gaza

et une indépendance totale. Il demandait simplement une chose en échange : la fin du conflit. Olmert a ajouté à cette offre des territoires supplémentaires et des concessions sans précédent en matière de droit au retour. Mais Abou Mazen, comme Arafat avant lui, et comme Julia Roberts à sa façon, a quitté la salle un instant avant le mariage. En effet, ils ne veulent pas la fin du conflit. Ce qu'ils veulent, c'est poursuivre le jeu. Et ce n'est même pas du football. C'est une sorte de ping-pong de plage (ce que nous appelons ici matkot). Au foot, on poursuit au moins un objectif : envoyer le ballon dans les buts. Aux matkot, il faut simplement prendre soin de maintenir la balle en l’air et ne pas la laisser tomber dans son camp. Netanyahou y joue bien, mieux que tous ses prédécesseurs ; mais à ce jeu, Israël ne peut gagner. La balle reste en l'air, mais la position d'Israël s'affaiblit, et avec elle, le sentiment de sa propre justesse et la cohésion de ses citoyens. Israël a besoin d'un leadership qui sache déposer les raquettes, mettre fin au jeu et proposer une voie totalement nouvelle.


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