VISUEL #9 le magazine d'actualité des B2 journalistes de l'ISCPA Lyon

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VISUEL L’actualité exposée

Décès du président du Burundi

Des statues déboulonnées

Composition 9 : Mercredi 11 juin 2020

Plateforme Salto

Le théâtre berlinois s’adapte

Reconstruction Notre-Dame de Paris

Le décès de George Floyd et les manifestatios

Interview Celine

Abrahamian de l’espace Gerson

La culture en souffrance


L’édito... de l’artiste

Enfin libre ? Alors soyons-le vraiment. Premier mois de déconfinement ! C’est le retour des déplacements, des restaurants, de certains lieux culturels, d’une certaine forme de vie sociale et de liberté. Une liberté que l’on n’avait plus quittée depuis la seconde Guerre Mondiale, alors que le 6 juin célébrait le 76ème anniversaire du débarquement, à huis clos. Un contraste étonnant avec le cortège d’honneurs qu’avait reçu Donald Trump l’année dernière. Non cette année ce ne sont pas les honneurs qui défilent devant Trump mais un cortège d’américains en colère. Car cette liberté certains ne la connaissaient pas de la même manière aux Etats-Unis. « Black Lives Matter », ou comment la population afro-américaine, soutenue par une large part de la population tente de saisir ce monde nouveau du déconfinement pour repartir sur des bases plus saines, sans peur de la police et des inégalités. Mais où s’arrête la quête de liberté et débute le chaos ? À Minneapolis comme ailleurs, les cassages et les pillages prennent parfois les devants. Des rues pillées par des civils masqués, qui se préconisent du virus tout en s’agglutinant face à des policiers… « bienvenue dans Black Mirror ! » suggèrerait cette publicité de Madrid qui a fait le tour des réseaux sociaux. À Bristol ou Anvers, c’est le poids de l’histoire qui ressurgit dans le refus du racisme. Des statues coloniales détruites au nom de la justice, mais quid de la culture ? Car c’est enfin là que l’on retrouve ce goût de liberté, retrouver un théâtre berlinois estropié, un musée français, une cathédrale ou son café-théâtre préféré, c’est aussi ça retrouver une culture de la liberté.

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France Des mois douloureux pour la culture

En direct de l’espace Gerson avec Celine Abrahamian

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La Galerie Le monde se révolte contre le racisme et les violences policières

Tableaux du Monde Fausse publicité de Black Mirror Théâtre berlinois Vieux films revisités en livres

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L’exposition Décès du président du Burundi

Arrêt sur Image Brasilia Cérémonie débarquement Notre Dame de Paris Statues tombent sur la tête

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L’art du média La nouvelle plateforme Salto

REDACTION Rédacteur en chef : Gaël Traub Redacteurs : Tristan Chalvet - Paul Bourret - Clémence Varaine - Corentin Richard Anthony Comberousse - Gressy Benatir -Coline Michel Maquettiste : Anouck Bedel 47 Rue du Sergent Michel Berthet, 69009 Lyon Twitter : @Visuel_

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FRANCE

Des mois douloureux pour la culture Après trois mois de disette, la France assiste à la réouverture progressive des établissements culturels. Alors que les commerces et entreprises ont en grande partie repris leurs activités, le monde de la culture reste toujours en souffrance. Musées, bibliothèques, cinémas, théâtres, salle de concerts, tous constatent une sévère dégradation de leurs résultats financiers. Ils ont en effet été privés de trois mois de recettes de billetterie et amputés de leurs autres ressources. Les musées et cinémas les plus connus implantés dans les plus grandes villes françaises accusent des pertes de 75% à 80% depuis la fin du déconfinement selon Nemo, une association qui regroupe 30 000 musées européens. On a cependant déjà assisté à une réouverture progressive de plusieurs musées français comme le musée quai Branly-Jacques Chirac, rouvert le 9 juin. Ces réouvertures se sont faites dans des conditions particulières, afin de garantir la sécurité des visiteurs et des agents. Port du masque obligatoire, gel hydroalcoolique et aménagement d’espaces d’accueil et de circulation pour favoriser la distanciation physique ont

été mis en place. Des alternatives établies en attendant la reprise Lors du confinement, tous les lieux culturels recevant du public ont été fermés. Cependant, dans le même temps, une offre culturelle numérique abondante et innovante a vu le jour pendant le confinement. C’est l’exemple de l’Opéra national de Lorraine qui, faute de pouvoir se rassembler physiquement, a dû se réinventer. Et c’est en ligne qu’il a trouvé son espace d’expression. Des « appels musicaux » ont été créés, où de nombreux artistes ont fait leurs représentations via les réseaux sociaux. Concernant les cinémas (qui rouvriront le 22 juin), les musées, et les théâtres, le ministère de la Culture a sélectionné un large choix d’offres culturelles à découvrir depuis chez soi. En un seul clic, il était possible de visiter virtuellement des musées, de visionner de nombreux films et documentaires, ou d’assister à des rediffusions de spectacles majeurs de théâtre depuis son canapé.

Le musée Quai Branly-Jacques Chirac a rouvert le 9 juin @artsinthecity.com

Paul Bourret Selon l’association Nemo, seulement 13,4 % des musées ont augmenté leur budget pour les activités numériques. La majorité des musées en France ne prévoit pas encore de licenciements, 70 % d’entre eux ayant affecté leurs collaborateurs à de nouvelles tâches en temps de confinement.


EN DIRECT de l’espace Gerson avec Celine Abrahamian Celine Abrahamian : « On a perdu environ 60% de notre chiffre d’affaires »

A l’Espace Gerson, il vous en coutera 15€ pour assister à une représentation. Un prix qui reste identique à celui des années précédentes. Retrouver toute l’actualité du café-théatre sur le site grâce à ce QR Code. @Celine Abrahamian

Fermé depuis le 14 mars, l’Espace Gerson n’a pas rouvert ses portes le 2 juin malgré l’autorisation. Celine Abrahamian, responsable des relations avec la presse nous explique pourquoi et elle détaille comment le café-théâtre a traversé cette crise. En quoi consistait votre travail durant les deux mois de confinement ? Actuellement nous sommes trois salariés en chômage partiel et pendant le confinement nous étions en télétravail. L’essentiel du travail au départ a été de reporter nos spectacles (120 représentations à peu près) répartis pour la plupart entre septembre et janvier pour les nouvelles dates. Par chance, on a été contraint d’annuler qu’un seul spectacle, celui de Axel Lattuada. On a également dû reprogrammer dix spectacles en-dehors de la salle (Bourse du Travail, et pour nous cela était inenvisaRadiant…) geable. On a préféré ne pas se précipiter et travailler en bonne intelliAu niveau financier comment Gerson a tra- gence. versé la crise ? On espère aussi que les mesures Qui dit fermeture, dit pas de billetterie et s’assouplissent petit à petit. On est normalement la billetterie c’est l’essentiel conscient qu’il y aura toujours les de nos revenus. On a perdu environs 60% gestes barrières à respecter mais de notre chiffre d’affaires, ce qui représente on s’adaptera. Un plexiglas sera par environs 500 000 €, ce qui n’est vraiment exemple installé pour la billetterie, pas négligeable. Donc nous n’avons plus de on demandera aux spectateurs de rentrée d’argent mais il faut sortir tous les privilégier les moyens de paiement à mois environ 17 000 € pour payer les charges distance, le public sera masqué... et tout le reste. Pendant le confinement on a travaillé sur comment amortir le choc. Ce n’était pas forcément évident de Nous avons demandé des fonds de sou- rouvrir avec toutes les conditions tien, nous avons rempli des dossiers pour de départ. D’un point de vue éconodes demandes de subventions, tout en es- mique et éthique, ce n’était pas lésayant de garder un lien avec le spectateur. gitime pour nous de rouvrir le 2 juin. Justement que se passe-t-il pour les spec- Quand est prévue la réouverture ? tateurs qui avaient acheté leur place ? Elle est prévue normalement le 24 On propose des avoirs aux specta- juin. Et même si on n’ouvrira pas teurs qui avaient pris leurs billets. Des dans des conditions « normales », on avoirs valables 1 an pour les personnes mettra tout en œuvre pour que les qui ne peuvent pas reporter aux nou- gens se détendent et s’amusent. Que velles dates. Nous avons eu également ce ne soit pas une ambiance morose. quelques demandes de remboursement. En prenant en compte les mesures actuelles, nous limiterons la salle à Pourquoi ne pas avoir rouvert le 2 juin mal- 60 spectateurs. gré l’autorisation ? Les personnes venant d’un même Nous avons eu l’autorisation de rouvrir foyer pourront s’asseoir côte à côte à partir du 2 juin mais les conditions ne mais il y aura bien un mètre de disconcordaient pas avec l’ambiance et l’at- tance entre les autres tables. mosphère de Gerson. Les artistes sur scène devaient être masqués par exemple Allée 3

Allez-vous ouvrir cet été comme les années précédentes ? Nous serons ouverts comme chaque année cet été, du mercredi au samedi. La programmation est déjà prête et elle est en ligne sur notre site internet. On doit normalement fermer du 2 au 18 août mais si on voit que le public répond présent et que la demande est forte, peut-être que l’Espace Gerson restera ouvert. Concernant la rentrée, vous pouvez nous parler de la programmation ? Ce seront essentiellement les spectacles reportés ? Chaque lundi le spectacle est différent, les mardis c’est le même spectacle sur un ou deux mois et du mercredi au samedi c’est quatre représentations différentes chaque semaine. Le 24 juin, la réouverture est prévue avec un artiste qui s’appelle Gabriel. Il jouera son nouveau one man show : Backstage. On aura surtout du stand up à la rentrée et puis bien sûr il y aura la 8ème édition de notre festival du 5 au 8 octobre. On a hésité à le maintenir car ce n’est pas simple de démarcher des partenaires en ce moment, eux-mêmes ayant subi la crise de plein fouet. Mais le programme est en cours d’élaboration et le festival est bien maintenu. Propos recueillis par Tristan Chalvet


La Galerie

Le monde se révolte contre le racisme et les violences policières

Dossier réalisé par Anthony Comberousse

Le 25 mai dernier, George Floyd est assassiné par Derek Chauvin, officier de police de Minneapolis. Cet homicide contre une personne afro-américaine provoque l’indignation et de nombreuses manifestations « Black Lives Matter » éclatent partout dans le monde. Des oeuvres sont dans le même temps réalisées en son hommage.

policières en 2016, Espagne, Italie, Australie ou Tunisie par exemple).

Partout, de nombreux habitants descendent dans les rues pour montrer leur ras-le-bol contre le racisme et les violences policières. Des panneaux « No Justice No Peace », « Black Lives Matter » ou encore « I can’t breathe » sont C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Lundi 25 brandis. Les personnes réalisent également ce geste symmai, George Floyd est interpellé dans la rue par quatre bolique de poser un genou à terre, en hommage à George officiers de police de Minneapolis. Il est suspecté d’avoir Floyd et en soutien dans la lutte contre le racisme. utilisé un faux billet de 20 dollars. Cet acte prend en réalité naissance en 2016 par Colin KaeD’abord menotté, il est ensuite plaqué au sol sur le ventre. pernick, joueur de football américain. Pendant l’hymne naImmobilisé par un genou sur son cou pendant neuf mi- tional, il avait effectué cela pour dénoncer (déjà) une série nutes, il finit par mourir étouffé, malgré ses supplications de bavures policières. « Je ne vais pas me lever pour saluer en criant notamment « I can’t breathe », peu de temps un drapeau qui opprime les Noirs et les gens de couleur avant son décès. Une phrase qui deviendra finalement un », avait-il déclaré. Aujourd’hui, ce geste est repris par tous symbole pendant les manifestations. comme par exemple Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, en plein milieu d’une manifestation à Ottawa, Cet assassinat aurait pu passer inaperçu comme d’autres masque sur le visage. auparavant. C’était sans compter sur des passants qui prennent la décision de filmer et de la diffuser sur les réseaux sociaux. La vidéo suscite l’indignation et a été vue des millions de fois partout dans le monde. Grâce aux vidéos, Derek Chauvin est arrêté quelques jours plus tard et placé en garde à vue pour meurtre au troisième degré. Dans la justice américaine, cela signifie qu’il est accusé d’homicide involontaire. Une peine bien insuffisante. Le 3 juin, Keith Ellison, procureur général du Minnesota requalifie finalement les faits en meurtre au second degré (un meurtre non prémidité) et ordonne l’inculpation des trois autres officiers pour complicité. Des manifestations dans le monde entier Ce drame provoque, dès le lendemain du drame, un rassamblement de plusieurs milliers de personnes dans la capitale du Minnesota pour protester contre le racisme. Ils demandent à ce que « la police cesse de tuer les Noirs » et réclament de la « justice ». Ces manifestations seront ensuite suivies dans le pays entier, de New-York à Los Angeles, en passant par Washington. Ces protestations deviennent finalement mondiales (France avec le souvenir d’Adama Traoré, lui aussi peut-être décédé de violences

Justin Trudeau, Premier ministre canadien, pose un genou à terre dans une manifestation à Ottawa @Blair Gable / Reuters

De son côté, Donald Trump a fait du Donald Trump, en se montrant incisif sur Twitter, au point que le réseau social ne le menace de supprimer son compte. Il s’est également montré réticent à ces manifestations par crainte d’émeutes et pillages. Le président américain a alors émis la possibilité de sortir l’armée dans le pays. En signe de pied de nez, Muriel Bowser, maire démocrate de Washington, a demandé à des artistes d’écrire sur 200 mètres de long « Black Lives Matter » en lettres capitales dans la rue faisant face à la Maison Blanche.

Vue aérienne de Washington, où apparaît Black Lives Matter @Maxar

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Cet acte envers George Floyd a touché la population mondiale. Les artistes ne pouvaient pas rester de marbre et de nombreux street-artistes ont conceptualisé de magnifiques réalisations pour lui rendre hommage. Dans plusieurs villes du monde, des fresques murales ont en effet créées. On peut par exemple les trouver à Naples, à Kibera au Kenya, à Londres, à Barcelone (voir QRCode) ou à Houston, sa ville natale. Cette oeuvre dans la ville américaine a été réalisée en une nuit par Donkeeboy. On peut y voir George Floyd en ange sur un fond bleu représentant le ciel. Il est habillé d’ailes blanches, grises et noires. Au-dessus de sa tête, une auréole a été ajoutée avec les phrases « FOREVER BREATHING » et « IN OUR HEARTS » (en Français, toujours en train de respirer et dans nos coeurs).

Oeuvre réalisée par Donkeeboy, en hommage à George Floyd @Donkeeboy

Le célèbre street-artiste Banksy a aussi voulu participer à sa manière, avec une création poignante d’émotions. Sur celle-ci, on peut contempler une photo d’une silhouette noire. Elle est entourée de fleurs blanches posées sur le sol et de bougies, dont une est allumée. Cette dernière fait alors flamber le drapeau américain, comme synonyme de révolte. « Au début je pensais que je devais juste me taire et écouter les Noirs à propos de ce problème. Mais pourquoi ferais-je cela ? Ce n’est pas leur problème, c’est le mien. Le système a échoué avec les gens de couleur. Le système blanc. C’est un problème de Blancs. Et si les Blancs ne le règlent pas, quelqu’un devra monter et enfoncer la porte », a écrit le Britannique sur Instagram.

Sur Instagram, Banksy est lui aussi allé de son hommage @Instagram / Banksy

Les violences policères envers les Afro-américains ne datent malheureusement pas d’aujourd’hui. En août 2014, dans le Missouri, Michael Brown, 18 ans, est soupçonné d’avoir volé une boite de cigarillos. Il est alors abattu par Darren Wilson, policier blanc, de six balles, dont deux en pleine tête. Selon lui, il aurait agi en tant que légitime défense. Une thèse réfutée par des témoins qui assurent que le jeune afro-américain ne faisait que marcher dans la rue. L’officier de police n’est ensuite pas poursuivi par la justice, faute de preuves.

D’autres films tirés d’histoire vraie sur les violences policières ont été réalisés. C’est notamment le cas de Fruitvale Station, qui parle de l’assassinat d’Oscar Grant en 2009, mort sous les balles d’un agent de police dans une station de métro. Ce long-métrage d’1h25 nous dévoile ses dernières 24 heures avant son décès.

@Allociné

En février 2012, Trayvon Martin est lui aussi abattu en pleine rue par George Zimmemann, une personne blanche. Ce dernier a finalement été acquitté en juillet 2013. Ce n’est certes pas une violence policière comme George Floyd, mais c’est le début du mouvement « Black Lives Matter », lancé par Alicia Garza, Patrisse Cullors et Opal Tometi, trois femmes afro-américaines.

On peut enfin parler du passage à tabac de Rodney King, en mars 1991. Interpellé par quatre policiers blancs après une course poursuite près de Los Angeles, il reçoit plus de 50 coups de matraques, coups de pied et taser. Ils sont d’abord acquittés avant que deux d’entre eux ne soient condamnés à 30 mois de prison. Rodney King poursuit la ville de Los Angeles Quelques chiffres pour montrer l’amet reçoit 3.8 millions de dollars de dommages et intérêt. Fil- pleur des violences policières envers les mé, la vidéo choque le monde entier. Cette histoire inspire des Afro-américains : réalisateurs qui n’hésitent pas à l’évoquer dans leurs films. On pense notamment à Kings écrit par Deniz Ergüven, et sorti en 2018. Dans un quartier populaire de Los Angeles, Millie s’ocSelon une étude publiée par un consurtium cupe de sa famille. Elle s’efforce de leur apporter des valeurs, de journalistes en 2019, les hommes noirs ont 2.5 fois tandis que le procès de Rodney King passe à la télévision. A ce plus de chances que les Blancs de se faire tuer. Ils moment, des émeutes éclatent et la jeune femme va tout faire ont réalisé ce calcul en se basant sur les données de pour protéger les siens. mortalité établies aux Etats-Unis.

2.5 :

@Allociné

30 : C’est le taux d’Afro-américains tués par la po-

lice pour un million d’Afro-américains. Depuis 2015, 1 262 personnes noires ont été tuées par la police, soit un taux de 30 pour un million. A contrario, pour les Blancs, le taux est de 12 pour un million.

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TABLEAUX DU MONDE

Clémence Varaine

Une fausse campagne de pub pour la série Black Mirror agite la toile Le contexte actuel de la crise sanitaire avec l’épidémie mondiale et le confinement pourrait totalement ressembler à un scénario de la série américaine, Black Mirror. C’est ce qui a inspiré Tito Rocha, Rubén De Blas, Alberto Arribas et Mer Mandrés, 4 étudiants de l’école de publicité Brother Ad School Madrid. Ils ont imaginé un panneau de publicité avec simplement un miroir dessus où il est inscrit «Black Mirror saison 6, maintenant, partout dans le monde». Un miroir dans lequel le reflet ne ressemble en rien à la vie avant confinement avec les masques ou les visières de protection. Comme si la fiction avait pris de dessus sur la réalité.

A Madrid, un miroir a été installé, annonçant la fausse saison 6 de Black Mirror @Instagram

Le résultat est là : flippant, mais réel.

Coronavirus à Berlin : le théâtre se réinvente Moins nombreux et plus de distance entre les individus, c’est ce à quoi les théâtres ressembleront désormais. Même si le théâtre berlinois ne rouvrira pas avant septembre, il commence déjà à remanier son auditorium. En tout, ce sont 500 de ses 700 sièges, soit 70% qui ont été supprimés à cause des nouvelles normes sanitaires, tandis qu’une rangée sur deux restera libre. En attendant, les sièges manquants partent en rénovation.

Des fikms célèbres revisités en vieux livres @Matt Stevens / Instagram

Et si on imaginait des films célèbres façon vieux livres ?

Pour continuer de respecter les règles sanitaires, le port du masque sera obligatoire pour les spectateurs, mais ils pourront le retirer une fois assis à leurs places. Ils devront aussi respecter une distance minimale de 1,5 mètre avec les autres et le contrôle des billets se fera « sans contact ». De nombreuses mesures prises pour éviter de propager le virus et pour éviter une seconde vague de crise sanitaire.

Parasite, Mission Impossible ou encore Inception. Ces films célèbres ont inspiré le graphiste américain Matt Stevens pour créer des couvertures de livre avec les codes de graphisme minimaliste de l’époque. On peut y découvrir certaines scènes très créatives qui prennent tous leurs sens une fois le film vu. Des créations que l’on peut admirer sur l’Instagram de l’artiste. Depuis peu, Matt Stevens a lancé un projet Kickstarter pour éditer un livre qui va rassembler tous les visuels. Nommé Good Movies as Old Books, le projet de financement a déjà rassemblé 650 contributeurs pour moins de 40 000 dollars. @Matt Stevens / Instagram

L’auditorium a été remanié afin de respecter les mesures sanitaires @AstroFusions


L’EXPOSITION Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, est décédé le 8 juin, à 55 ans. Il dirigeait depuis 15 ans le pays en dictateur. Annoncé décédé d’une crise cardiaque dans des conditions assez floues, il se pourrait bien que Pierre Nkurunziza soit en réalité le premier chef d’Etat décédé de la covid-19. Pays parmi les moins méfiants du virus, en laissant son championnat de football se jouer et après avoir renvoyé le 15 mai quatre experts de l’OMS, le décès du président du virus, dont la femme a pourtant été reconnu positive, aurait décrédibilisé le gouvernement. Sur la photo l’ex-président apparaît peu de temps avant les élections du 20 mai, où il faisait campagne pour son successeur, Evariste Ndayishimiye (visible en bas sur les affiches) qui devait lui succéder au mois d’Août. @AFP / Getty Images


ARRET SUR IMAGE Gressy Benatir

A Brasilia, des cœurs rouges pour les victimes du coronavirus !

@ Sergio Lima / AFP

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C’est à Brasilia que des dizaines d’artistes se sont rassemblés lors d’une manifestation en l’honneur des personnes décédées de la COVID-19. Ils ont fait envoler des ballons rouges en forme de coeur. Mais ce n’est pas tout puisqu’ils en ont aussi profité pour manifester contre le président de l’extrême droite, Jair Bolsonaro qui a été critiqué notamment pour sa gestion de l’épidémie du coronavirus. En effet, le gouverneur brésilien avait assuré que l’épidémie n’était qu’une simple grippe. Malheureusement, le Brésil est le troisième pays le plus endeuillé après les Etats-Unis et le Royaume-Uni avec 38 543 décès…

Une cérémonie à huis clos pour le Débarquement On s’en doutait et la météo n’y est pour rien. Les cérémonies et commémorations du 6 juin prévues en Normandie, à l’occasion du 76ème anniversaire du Débarquement ont été modifiées. La raison est due aux incertitudes liées aux conditions du déconfinement en Normandie et notamment sur le littoral du Calvados où les plages sont toujours placées dans une sorte de «zone interdite» par arrêté préfectoral.

Malgré tout, le gouverneur de Rio de Janeiro a annoncé l’assouplissement des restrictions liées au confinement. Un hommage vibrant qui devrait soulager les cœurs !

@ Sameer al doumy / AFP

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La cérémonie s’est déroulée à huis clos et sans vétéran à Vierville-sur-Mer sur la plage d’Omaha Beach. Elle a débuté à 14 heures 30 par deux survols de la Patrouille de France et a rassemblé moins d’une centaine de personnes, dont les ambassadeurs de huit pays alliés (EtatsUnis, Canada, Danemark, Royaume-Uni, Pologne, Belgique, Norvège, Pays- Bas) et de l’Allemagne. Ils étaient entourés de Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Les hymnes nationaux de chaque pays ont ensuite retentis avant qu’une gerbes ne soient posées. Darrieussecq s’est enfin exprimé en “donnant rendez-vous au public et aux vétérans l’an prochain”

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@Philippe Lopez / AFP

Notre-Dame de Paris : Opération sous haute tension

C’est un travail minutieux qui a démarré lundi 8 juin dans la capitale : le démontage de l’échafaudage de la flèche de Notre-Dame de Paris, déformé et soudé par la chaleur de l’incendie de la cathédrale en avril 2019. Cet étape cruciale et périlleuse doit durer tout l’été. Et ce mardi 9 juin, ce sont les cordistes qui sont entrés en scène. Ils ont commencé à découper les tubes métalliques fondus les uns sur les autres. Ils ont ensuite été évacués grâce à une grue haute de 80 mètres. La moitié des 40.000 pièces de cet échafaudage, pesant 200 tonnes, se trouve en effet à plus de 40 mètres de haut. Une opération périlleuse qui a attiré l’attention de nombreux passants !

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Des manifestants ont déboulonné la statue de Edward Colston à Bristol, avant de la jeter dans l’eau du port. @Giulia Spadafora / AFP

Les statues sont tombées sur la tête La mort de George Floyd et l’énergie autour du mouvement « Black Lives Matter » vont bien au-delà des frontières nord-américaines. De nombreuses manifestations ont lieu autour du globe. En Europe, c’est notamment l’occasion de régler ses comptes avec les vieux fantômes de l’époque coloniale. Toute une histoire que les manifestants tentent de déboulonner, de Bristol à Anvers.

en plein coeur de la ville de Bristol. Comme un hommage à un héros que l’on aurait bien voulu oublier...

Sous le piédestal de feu la statue d’Edward Colston, une pancarte avec marquée « Black Lives Matter ». Dimanche 7 juin, une manifestation a lieu à Bristol en référence à la mort de George Floyd, un américain noir tué par des policiers blancs. Les manifestants en profitent alors pour faire bouger les lignes dans leur propre pays, en déboulonnant et en jetant la statue d’Edward Colston dans la Tamise. Puisque en effet, beaucoup de choses relient cette statue à la condition des Noirs aux États-Unis. Pour la petite histoire, Edward Colston était un marchand d’esclaves au XVIIIe Siècle. Il est d’ailleurs jugé coupable de la traite de 84 000 esclaves vers les Caraïbes entre autres. Et pour rentrer dans les détails, il se donnait même la peine de marquer ses esclaves, de la marque de sa compagnie sur leur torse. Tout ça pour dire que la statue de cet homme était jusqu’à dimanche dernier encore,

Un passé dur à faire passer

Là où le gouvernement britannique exprime son indignation, le maire de la ville (d’origine jamaïcaine) ne peut cacher son ravissement, considérant cette même statue « d’affront personnel » et par conséquent, son déboulonnement, de fait « historique ».

Plusieurs pétitions avaient été classées sans suite, nous rapporte David Olusoga dans The Spectator en ce qui concerne le déboulonnage de la statue d’Edward Colston. Un fait qui illustre parfaitement la complexité pour certains, de faire le procès d’un passé qui dérange. Le travail de mémoire est aujourd’hui encore, au cœur des débats. S’il est important de blâmer les policiers de Minneapolis, il est tout aussi important de juger les piliers de l’histoire esclavagiste en Amérique. Et ce blâme ne peut se faire sans des actes concrets selon certains manifestants. Toujours en Angleterre, ces manifestants veulent s’en prendre cette fois à la statue de Cecil Rhodes à Oxford. Une organisation a même été créée ; Rhodes Must Fall

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« Rhodes doit tomber ». Ici encore, il s’agit d’un grand businessman du XIX ayant opéré pour la reine Victoria et fervent défenseur de la supériorité anglo-saxonne. De sa conquête sur l’Afrique et ses mines de diamants, il laisse derrière lui un nom, la Rhodésie du Nord et du Sud, actuels Zambie et Zimbabwe. En d’autres termes, les foules en-dessous de sa statue aiment aussi à le décrire comme un « meurtrier, symbole de l’oppression ». Plus qu’une affaire de statues La France et ses voisins n’ont dans cette histoire, rien à envier aux États-Unis ou bien à l’Angleterre. À Paris, devant un monument on ne peut plus symbolique qu’est l’Assemblée nationale, se trouve, exposée et entretenue, la représentation de Colbert. Cet ancien ministre de Louis XIV s’était entre autres exercé à l’écriture du Code noir, un livre régissant la vie et la gestion des esclaves dans les colonies françaises. Choses que n’ont pas oublié de souligner les manifestants lors du rassemblement pour Adama Traoré et George Floyd à Paris. Quant à nos voisins les Belges, Léopold II n’a qu’à bien se tenir. Même si à Anvers déjà, ses petites affaires avec le Congo l’ont fait redescendre d’un cran. Corentin Richard


L’ART DU MEDIA La plateforme Salto sera disponible au mois de septembre. @FranceTV

Arrivée de Salto à l’automne : prêts à lâcher Netflix pour consommer français ? Se démarquer tout en proposant des contenus majoritairement d’origine française et européenne et créé pour un public francophone. Tel est le but de Salto, la nouvelle plateforme de vidéo à la demande française détenue par les groupes France télévisions, TF1 et M6. Elle proposera ainsi les chaînes en direct, un service de replay et un autre de vidéo à la demande. La programmation ? Cinéma, séries, documentaires, contenu jeunesse, téléréalités… Cette dernière semaine, Salto a par exemple acheté une série québécoise de 10 épisodes intitulée « C’est comme ça que je t’aime » : une comédie à l’humour noir, puisqu’il s’agit de l’histoire des débuts de deux couples de parents dans la criminalité durant les années 70. Concernant l’abonnement, pas de prix exact fixé pour l’instant, mais il faudra prévoir entre 5 et 10 euros. Il sera cependant sans engagement. 15 000 heures de contenu prévues à l’ouverture Le mercredi 3 juin commençait la phase de test du support avec une centaine de testeurs recrutés afin d’évaluer l’agencement du site, la pertinence des propositions, … Et il était temps de lancer cette première version : « On est sur les starting-block pour un démarrage à l’automne » avait ainsi confié à l’AFP Thomas Follin, le directeur général de Salto. Le projet, qui devait initialement être lancé au premier trimestre de 2020, a été évidemment repoussé compte tenu de la crise sanitaires : « Les tournages et la post-production des programmes étant arrêtés » explique-il. Ce que l’on sait déjà, c’est que 15 000 heures de contenus seront d’ores et déjà disponibles à l’ouverture de la plateforme. Le début de la riposte française ? Avec Canal+, Salto est donc la seule contre-attaque de l’audiovisuel français face aux américains Netflix, Amazon Prime, Disney+ et autre Apple Tv. Mais son budget – 250 millions d’euros investis prévus sur trois ans – est encore loin de ceux de ces géants, si loin qu’on ne peut pas encore parler de concurrence… A titre de comparaison, Netflix a prévu un budget prévisionnel de 17 milliards de dollars pour l’année 2020 ! On espère pouvoir compter sur la volonté de consommer du made in France ou made in Europe aussi pour son divertissement. Coline Michel Sortie


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