Tribuns des Gônes /les "Elles" du pouvoir

Page 1

Enquête

Au coeur de la démocratie participative

le magazine politique des Lyonnais

Culture

Casus Belli fait sa politique

Sport

Le grand stade

Aux extrêmes de Lyon

Vie des partis

Royal triomphe dans le Rhône Broliquier tâcle Perben

Dossier élections

Ces femmes qui investissent l’espace politique

S10982 - 0001 - gratuit


2

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006 TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

31

DÉTENTE LA POLITIQUE ET VOUS

PORTRAIT NAJAT BELKACEM, CONSEILLÈRE RÉGIONALE PS

Faux

Entre 10 et 14 points Vous êtes éligible!!! La vie politique lyonnaise n’a plus de secret pour vous. Vous naviguez dans l’Hôtel de ville tel un poisson dans l’eau entre le Salon Rouge et le Grand Salon, en passant par le bureau du maire. D’ailleurs, vous devriez songer à vous y installer en 2008.

Entre 5 et 9 points La politique? Pourquoi pas... Pour vous la gestion de la ville de Lyon, c’est Gérard Collomb. Après, les membres de son équipe vous importent peu... L’Hôtel de ville reste un mystère pour vous. Curieux mais pas téméraire, vous n’envisageriez pas d’y mettre les pieds. Ou alors seulement pour les journées du patrimoine et les buffets.

Entre 0 et 4 points Vous avez dit politique ? Vous n’avez aucune notion de politique. D’ailleurs vous ne savez même pas qui dirige votre ville. Aller aux urnes est pour vous un fardeau. Gauche, droite ? Quelle différence ! De toute façon les partis, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Du moment que tout va bien, vous n’y portez que peu (ou pas) d’intérêt.

Réponses :

1. Jean-Michel Dubernard (député UMP), Jean-Louis Touraine (1er adjoint au maire de Lyon), Michel Mercier (président UDF du Conseil général du Rhône),

Amaury Nardone (conseiller municipal milloniste de Lyon) et Anne-Marie Comparini (députée UDF) 2. Édouard Herriot 3. Jean-Jack Queyranne 4. Les berges du Rhône 5. 3 (Nathalie Perrin Gilbert, Alexandrine Pesson et Nicole Chevassus) 6. Faux 7. Dominique Perben 8. Christian (député UMP) et Thierry (conseiller régional) Philip 9. Raymond Barre 10. Michel Mercier et Charles Millon

10. Qui étaient les principaux challengers de Gérard Collomb aux élections municipales de 2001 ? Michel Mercier et Charles Millon Raymond Barre et Bruno Gollnisch Michel Noir et Anne-Marie Comparini Dominique Perben et Henry Chabert

9. Qui a dit : “On ne déjeune pas avec le diable, même avec une très longue cuillère” ? Michel Noir Jean-Jack Queyranne Charles Hernu Raymond Barre

8. Ils sont frères, l’un député et l’autre vice-président du Conseil régional RhôneAlpes. À quelle grande famille lyonnaise appartiennent-ils ?

7. Qui suis-je : homme politique natif de Lyon, membre de l’UMP, ministre du gouvernement de Villepin et candidat aux futures élections municipales de 2008 à Lyon ? Jean-Louis Borloo Azouz Begag Dominique Perben Xavier Bertrand

6. Édouard Herriot était franc-maçon : Vrai

5. Combien y a-t-il de femmes maires d’arrondissements à Lyon ? 1 2 3 4

4. Lequel de ces grands projets a été initié par Gérard Collomb ? Lyon Confluence La salle 3000 Les berges du Rhône Le tramway

3. Qui est président du Conseil régional Rhône-Alpes depuis 2004 ? Anne-Marie Comparini Charles Millon André Gerin Jean-Jack Queyranne

2. Qui a dit : “La politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop.” ? Azouz Begag Édouard Herriot Raymond Barre Étienne Tête

1. Connaissez-vous le visage de vos politiques ?

Répondez à chaque question et comptez un point par bonne réponse

QUIZZ : révisez votre politique avant les élections...

Bastien Giffon . Une date "Un jour de juin 98, mon admission à Sciences-Po. C'était le départ de beaucoup de choses.“ . Un lieu "Je dirais les États-Unis. J'ai eu la chance de participer à un voyage pendant un mois et je me suis découvert une fascination pour ce pays. Tout est concentré là-bas : les problèmes et les solutions." . Une ambition "Repousser les champs du possible, ne pas se résoudre aux frontières." . Une phrase "Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait.” Marc Twain . Un modèle "Mon mari, parce que c'est l'homme le plus brillant de sa génération."

Résultats Incollable ou parfaitement inculte en politique lyonnaise : on vous dit tout.

Meilleur espoir féminin qu'on entre facilement en conflit avec d'autres femmes, c'est intéressant de voir comment elles se comportent dans le métier". Pour autant, Najat avoue sincèrement ne pas y avoir d'ennemis. "On a besoin de tout le monde en politique",

Najat Belkacem

concède-t-elle. "Mais je n'ai pas d'amis non plus, j'ai des collègues, un mentor, en la personne de Gérard Collomb, mais mes amis je les garde pour l'extra-professionnel."

Artiste en herbe Ses loisirs, justement. Son préféré est tout trouvé, son mari, sous-préfet dans les Landes. La jeune femme s'empresse de le retrouver dès que son emploi du temps le permet. La musique aussi. Fan de Pauline Croze et Camille, Najat Belkacem ne se contente pas d'écouter. Elle écrit aussi. "C'est un peu un rêve de gamine, je me suis toujours dit que je sortirai un disque un jour." Un rêve plutôt original pour une femme politique, mais un rêve qui prend peu à peu forme. Elle vient de rencontrer le guitariste et compositeur Frédéric Bobin, prêt à la lancer dans ce projet. "Cela reste pour le moment

dans le domaine de l'irréalisable vu le temps que me prend mon métier", confie-t-elle. Plus le temps pour lire, plus le temps non plus de poursuivre l'aventure avec TLM, qui lui avait donné un poste de chroniqueuse dans l'émission musicale C'est tout vu. "C'était une expérience géniale parce qu'elle me sortait vraiment de mon cocon de politique. Je me retrouvais étudiante, à me coucher à 2h du matin parce que je n'avais pas préparé l'émission.” Pas le temps enfin de faire du sport. "Ah mais le sport c'est volontaire, il paraît que les jeunes sont sportifs, et bien pas moi", lance-t-elle. Et de poursuivre sur un ton ironique : "mais je vais me mettre au roller au parc de la Tête d'Or, il fait parti de la 4e circonscription…". Car elle est entrée en campagne, et c'est cela qui occupe la majeure partie de ses journées. Après avoir hésité, entre Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, "j'ai coupé les ponts avec Fabius depuis son "non" à la Constitution européenne", elle avait finalement choisi "l'élan féministe". En cas de victoire à la présidentielle, Najat Belkacem pourrait bel et bien en récolter les fruits.

Elle n'a que 29 ans et son parcours en ferait rougir plus d'un. Najat Belkacem, femme, jeune, issue de l'immigration et bardée de diplômes, est déjà considérée dans Lyon comme une politique pleine d'avenir. Elle grimpe les marches à toute vitesse, car l'ambition ne lui manque pas.

L

On considère parfois que je prends la place des autres

icence de droit, Sciences-Po Paris, assistante parlementaire, avocate près le Conseil d'État et la Cour de Cassation, admissible au concours de l'ENA. Et une révélation: "mon job d'assistante parlementaire m'a permis de rencontrer Gérard Collomb en 2002. Six mois plus tard, il me proposait de venir l'assister à Lyon". Depuis, elle cumule les responsabilités : chargée de mission "démocratie et proximité" à l'Hôtel de ville. Conseillère régionale à Charbonnières où elle préside la commission culture. Conseillère nationale du PS. Elle vise aussi les futures législatives dans la 4e circonscription, face à Dominique Perben en personne. "Pas gagné d'avance mais c'est toujours drôle et enthousiasmant de relever un défi. Je n'ai pas besoin de faire de la politique pour vivre, je le fais parce que j'y crois." Le Parti Socialiste a toujours été une évidence: "je ne comprends pas comment on peut être jeune et de droite, ne pas vouloir se battre pour la justice sociale et la solidarité”. Des convictions auxquelles elle croit depuis sa plus tendre jeunesse. Deuxième enfant d'une famille de sept, Najat grandit à Beni Chiker, au nord du Maroc, avec ses six frères et sœurs. En 82, à la faveur du regroupement familial, les Belkacem rejoignent leur père, émigré sept ans plus tôt en Picardie. Aujourd'hui, elle ne ressent pas forcément sa double culture comme un atout : "quand on est issu de l'immigration, il y a toujours le danger de l'effet de mode. On me considère parfois comme prenant la place des autres". Sur la place des femmes en politique, son jugement est moins sévère : "il y a beaucoup de progrès par rapport au machisme. La seule chose négative que je constate, c'est D.R.


30

SÉLECTION

La BD

Le CD

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Le jeu vidéo

À vous le pouvoir!

ElectriK

Corrosif! Grâce à Geo-Political Simulator, vous pourrez tester votre sens de la politique avec comme but ultime : étendre encore votre pouvoir. Déclencher des guerres, gérer des catastrophes naturelles, écraser vos opposants politiques. Une cure de puissance pour tous ceux qui font un complexe d'infériorité. Mais il vous faudra aussi un véritable sens stratégique pour avancer vos pions. Selon votre caractère, vous gérerez votre pays en bon père de famille ou en monarque tyrannique… Jouissif ! G.P.S. Geo-Political Simulator, Édition Eversim, sortie prévue au premier trimestre 2007

L’exposition

155 pages pour Engagez-vous décrypter La face qu'ils disaient ! Le karchée de groupe lyonnais Sarkozy. Le résulNoé a décidé d'aptat d'un an d’enpliquer cette maxiquête de trois me aux composiauteurs : Philippe tions et aux textes Cohen (rédacteur de leur premier en chef adjoint de album La traversée. Les cinq membres Marianne), Richard ont su retranscrire l'énergie et la rage Malka (avocat de la société qui les animent (ils sont autoproduits) Clearstream) et Riss (dessinateur de dans un rock puissant et mélodique à la Charlie Hebdo). La vie, les pensées et fois. Les thèmes abordés sont nourris à la les mystères du ministre de l'Intérieur, contestation, bien illustrés par des guitares décryptés avec un style plus qu'agressif. incisives et quelques solos virtuoses. . Une découverte. La face karchée de Sarkozy, 155 Noé, La traversée, huit titres, autopages, Editions Fayard et Vents produit, 7euros d'Ouest, 15 euros

Le DVD Le livre

Les dessous sexy de la politique. C'est le thème abordé par Christophe Deloire et Christophe Dubois dans Sexus politicus. Ce livre dévoile la façon dont nos hommes politiques combinent amour et affaires. Entre tromperies et influences, tout ce qui se passe dans la vie politique française n'est pas uniquement dû à la matière grise de ses acteurs. Il ne faut toutefois pas s'attendre à de grandes révélations. Sexus Politicus, 390 pages, Editions Albin Michel, 19,90 euros

Devenez le Président !

Sérigraphie et lutte de classes, c'est trente ans d'affiches militantes lyonnaises exposées, à la Gryffe, du 18 novembre à la fin décembre. En sérigraphie, cette rétrospective retrace l'univers du militantisme lyonnais et permet de découvrir ou de redécouvrir cette technique. L'exposition est organisée en partenariat avec le Centre de Documentation Libertaire et l'UD CNT 69. Sérigraphie et lutte de classes Librairie La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe 69007 Lyon. Tél : 04 78 61 02 25 Ouverture du lundi au samedi de 14 h à 19 h. Site web : lagryffe.net

Histoire d’un Phénix Sansdessus dessous C’est la lutte...

BONNE

Depuis le 25 octobre, le très bon documentaire de Patrick Rotman consacré à Jacques Chirac est disponible en DVD. C'est la première fois qu'un film se penche sur la vie d'un chef d'État français encore en exercice. Réalisé sous la forme d'une chronologie, ce nouveau film de Rotman retrace, sur deux DVD, la jeunesse et l'ascension du prédateur politique. Puis le triomphe et les échecs du leader à la popularité ponctuelle. Le pack contenant deux DVD, propose également un certain nombre d'images d'archives et de photos publiques et privées. À voir. Chirac, DVD zone 2, Universal, 19,90 euros

LA AFFAIRE

Avec Des thunes et des urnes, n'importe qui peut être Président de la République. Meetings, plan médias, stratégie internationale, vous mettez tout en œuvre pour réaliser votre rêve : l'Elysée. Vous n'êtes pas le seul et vous devrez renflouer les caisses de votre parti. Conçu par Charlie Hebdo, ce jeu est aussi réaliste que facétieux. Un régal pour les grands décideurs de demain…

Des thunes et des urnes, en vente sur www.jeux-à-la-carte.com, 19,90 euros

Entrain

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

L

a classe politique française semble s'être décidée à monter dans le train en marche. Celui de la modernité, de la parité. Le même train piloté depuis plusieurs années par quelques uns, que dis-je, quelques unes de nos voisines européennes, notamment dans les pays scandinaves. Loin de se trouver dans la voiture de tête, les femmes politiques françaises peuvent néanmoins s'appuyer sur une vraie demande de la part de la population. Outre l'exemple royal d'une certaine Ségolène, plébiscitée par les militants de son parti et devenue la première "candidate" présidentiable de l'histoire de l'hexagone, nombreuses sont celles qui tentent de s'imposer dans le paysage politique national ou local. Mais si la

Dossier

féminisation de la vie politique semble sur les rails, le train roule à deux vitesses. Derrière la locomotive Royal, le wagon lyonnais est resté à quai. Sur les strapontins locaux s'attarde encore l'odeur masculine de l'usure du pouvoir. Ainsi, pas une femme n'aura la possibilité de défendre les couleurs de l'UMP dans le département du Rhône lors des élections législatives de 2007. Et si le PS peut se targuer d'être en avance en matière de parité, Zohra Aït Matel devra se contenter d'une voie de garage et de céder la priorité à Thierry Braillard sur la première circonscription. Mais en dépit des enjeux et alliances stratégiques qui les freinent encore, les Lyonnaises ont toujours la volonté de décrocher un billet première classe. À tout juste cinq mois des prochaines échéances électorales, Tribuns des Gônes vous propose de voyager en compagnie de ces dames.

Site internet : www.iscpainfos.wordpress.fr

LYON AU CŒUR DES ÉLECTIONS À moins de cinq mois des prochaines échéances électorales, la vie politique lyonnaise est en pleine effervescence. Stratégies, guerres des mots, tractations en coulisses, Tribuns des Gônes décrypte le jeu des principaux candidats. pages 13 à 19 Image de Une : Éric Gillard

Tribuns des Gônes est édité par le centre de reprographie UPIL Directrice de la publication : Isabelle Dumas Directrice de la rédaction : Jeanine Paloulian Rédacteur en chef : Florent Zucca Rédactrice en chef adjointe : Justine Trillat Secrétaire de rédaction : Camille Monge Rédacteurs : Pierre-Julien Duroussay. Steven Dolbeau. Bénédicte Gallet. Bastien Giffon. Diane Lhéritier. Julien Migaud-Muller. Pierre Silvain. Édité à 250 exemplaires.

TRIBUNS DES GÔNES 47, RUE DU SERGENT MICHEL BERTHET 69009 LYON.

02 PORTRAIT

3

Sommaire

Najat Belkacem, meilleur espoir féminin

Actualité

04 SOCIÉTÉ

Sur les chemins... de la parité Regards de femmes

08 CITOYENNETÉ

Étudiants et Politique : Je t’aime, moi non plus... Parole au crieur public Conseil de quartier

Hors-cadre

20 HISTOIRE

Les grands maires de Lyon

22 POLITIQUE

Les extrêmes de Lyon

24 SPORTS

OL, le grand stade La colère d’André Gerin

26 COULISSES

Franc-maçonnerie et politique Météo politique Clergé : l’urne et le bénitier

Culture

28 MUSIQUE

Interview Casus Belli

29 SPECTACLE

Guignol et la politique

30 SÉLECTION

Les coups de coeur de la rédaction

31 DÉTENTE

Quizz

Chers lecteurs, vous pouvez contacter Tribuns des Gônes. Écrivez-nous ! par mail : iscpalyon@yahoo.fr


4

SOCIÉTÉ FEMMES EN POLITIQUE

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Sur les chemins... de la parité

"Alors question de légitimité, on doit continuellement travailler plus, montrer plus."

Madame est servie

En matière de parité, pour les élections locales, la gauche fait des efforts, mais petit bémol, les choses se compliquent lorsque les femmes montent dans l'échelle des mandats. Les places ne sont pas nombreuses, la concurrence déjà très rude entre les hommes : le sexisme devient donc une arme. Toutes les femmes constatent, elles, une amélioration. Elles apportent un autre regard "car les hommes et les femmes sont complémentaires en politique", explique Alexandrine Pesson, maire du 5e arrondissement. "Nous savons être sur le terrain, les gens, les jeunes viennent nous voir plus facilement, car les femmes ont un sens de l'écoute plus important." Un constat repris et approuvé par toutes. Ce qui est considéré comme "un

Le plus dur c'est de se faire taxer de mauvaise mère.

Trop vulgaires pour être citées. Et oui, souvent les hommes croient avoir le sens de l'humour, et savent tourner leurs phrases avec une pointe de subtilité, une qualité qui leur est si chère : " mais tu ne devrais pas être avec tes enfants ?" a-t-on lancé à Hélène Geoffroy, élue PS, adjointe au maire de Vaulxen-Velin et conseillère générale. "C'est très difficile à entendre" concède-t-elle. "Le plus dur, c'est de se faire taxer de mauvaise mère." Et c’est loin d’être la plus excessive des situations, "il s'agit de cas particuliers", précise Hélène Geoffroy. Pour la plupart, on cible toujours les compétences. "On nous attend à chaque fois au tournant et on ne nous loupe pas. Dans ce milieu, on ne se fait pas de cadeau, encore moins quand on est une femme", commente Jeanne d'Anglejan, présidente du Mouvement pour la France du Rhône, et élue dans le 2e arrondissement. Justine Trillat

problème" et une faiblesse par les hommes, devient ainsi leur principale force : "nous savons prendre plus de recul et aussi aller au fond des choses, car justement nous avons une vie à côté", souligne Jeanne d'Anglejan. Reste le goût du pouvoir. Réputé qualité masculine, les femmes en seraient moins friandes. Laure Dagorne, conseillère régionale, solidarité UMP oblige, nuance ce constat : "que l'on soit homme ou femme, on fait de la politique pour une même raison, améliorer le quotidien et l'avenir". S'il y a des progrès évidents, la vie des femmes en politique n'est pas un long fleuve tranquille. Générations, partis politiques, ambitions personnelles : un cocktail explosif dans le fonctionnement politique. Et cependant elles y croient, "rester soi-même, et cela viendra. La femme est sans doute l'avenir de l'homme!" À méditer.

Grâce à la loi sur la parité de 2000, les femmes sont aujourd'hui plus nombreuses sur la scène politique française. Malgré tout, leur place est encore loin d'être entièrement acquise dans les exécutifs. Tour d'horizon à Lyon.

N

ous devons en permanence faire nos preuves.” À gauche comme à droite, il y a des expressions qui reviennent en boucle, un corolaire inévitable : "la ténacité". Elles ont des profils différents, des personnalités et des idées divergentes mais ont en commun d'être femmes dans un milieu d'hommes. Si aujourd'hui l'opinion accepte et encourage la montée des femmes dans les institutions gouvernementales, Ségolène Royal vient d'en être l'exemple, le milieu politique reste lui, très macho. Être une femme dans cet univers, c'est avant tout savoir résister et monter au front. Âmes sensibles s'abstenir. Bien que les hommes ne portent évidemment pas le même regard qu'il y a vingt ans, les mentalités évoluant, ces messieurs ont encore la caricature facile. Il y a encore des mots qui blessent et que l'on n'oublie pas. Anne-Marie Comparini, lors de son élection à la présidence de la région, sous les insultes des partisans de Charles Millon, s’en souvient.

L’EXCEPTION RHODANIENNE

UMP : où sont les femmes ?

cription) et Nafissa Barascud (7e circonscription) ne baisseront pas les bras. Elles se présenteront sous une autre étiquette. "La question des femmes n'a pas été traitée. Nous sommes très déçues. On avait un signal fort à donner et le parti a fait une grosse erreur. On représente la parité et la diversité. On sait que l'on va obtenir des résultats, car nous sommes des

J.T.

femmes de terrain sur tous les sujets. Si la pilule a été avalée, nous sommes encore choquées, ça suffit !" En alignant que 30% de femmes au total aux législatives, l’UMP préfère ainsi payer des pénalités. Pour sa part, le PS a déjà réservé six circonscriptions sur quatorze à des candidates.

Déception. Pour les législatives dans le Rhône, l'UMP ne présentera aucune femme dans les quatorze circonscriptions. Elles étaient pourtant trois en lice.

Cette année, sur quatorze sièges, il n'y a que neuf élus sortants. Sur les cinq circonscriptions restantes, Villeurbanne, à la demande de Nicolas Sarkozy , a été réservée à Henry Chabert. Il fallait aussi faire de la place aux partis associés (entre autres le Parti radical et les millonistes), qui ne présentent aucune femme. Mais, Marie-Laure Boulot, Vénissieux (14e circons-

T

J'ai connu deux ennemis : Noir et Oudot

âche moyen de ne pas lâcher de bêtises, parce que t'auras beau courir après, t'auras de peine à les rattraper." Ce conseil aux politiques aurait pu être de Guignol, il est de la plaisante sagesse lyonnaise. La marionnette lyonnaise a l'esprit fin et la langue acérée dès qu'il s'agit de "mettre en boîte" les élus locaux. "Si Guignol en est venu à parler de politique, c'est parce que les politiques lui ont donné matière à parler", explique Jean-Guy Mourguet, "guignoliste" de père en fils. Au début, les politiciens n'expliquaient rien au peuple, on ne lui demandait pas son avis et il n'avait rien à dire. "Le démarrage, c'était en 1808, à une époque où la censure tombait au premier mot de travers. Il en a même tâté sous Napoléon III.” Puis sont arrivés les jours de (dis)grâce. Les maires de Lyon et de Villeurbanne, Louis Pradel, Francisque Collomb et Charles Hernu ont applaudi Guignol. Mais les "bâches" répétées du petit démocratefrondeur-anarchiste n'étaient pas du

29

SPECTACLE

goût de tous. Chacun son humour. "J'ai connu deux ennemis dans ma carrière”, explique Jean-Guy Mourguet. “Michel Noir et son adjoint à la culture, Jacques Oudot. Le premier n'avait pas apprécié le spectacle dans lequel sa marionnette lorgnait sur le fauteuil du maire d'alors, Francisque Collomb”. Ce qui était pourtant la vérité, “l'histoire l'a prouvé". "Le second n'avait juste pas apprécié que je le taquine. Du coup, quand Noir a fortement amputé mes subventions, Oudot a appliqué la consigne avec délectation." Le Guignol de Mourguet dérange, jusqu'à Paris. "Dans un spectacle que je devais jouer en 1981, il y avait une pièce à la manière du théâtre d'épouvante. Elle mettait en scène les vampires Chiraculas, Mitterrantu et Marchais, se rendant à l'enterrement de Valéry Giscard d'Estaing. Le cabinet de Jacques Chirac a demandé à relire la pièce. Il a changé quelques mots, puis m'a envoyé deux censeurs à chaque représentation. Ils avaient juste oublié que j'avais déjà joué la pièce à Lyon !" Aujourd'hui, Gérard Collomb traite Guignol avec indifférence. À l'approche des élections, le petit frondeur, lui, se prépare et murmure dans la coulisse : "À la revoyance !" Diane Lheritier

La France a les Guignols de l'info, Lyon juste Guignol et Gnafron. La démarche reste la même : "bâcher" les politiques, les "mettre en boîte", bref les faire suer. Un humour noir, cynique, qui ne plaît pas à tout le monde.

Le Gône qui dérangeait le politique

TRADITION LYONNAISE

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Le Guignol enchaîné

S

i Guignol a usé de son esprit frondeur sur les planches de son castelet, il en a également abusé sur papier. Le canut a en effet prêté son nom au fleuron de la presse satirique lyonnaise. Le premier numéro du Journal de Guignol date du 30 avril 1865. Déjà, Guignol donne le ton : " mon style sera sarcastique, virulent, brutal, trivial même". Tous les dimanches, la vie quotidienne lyonnaise est passée à la moulinette. Nul n'y échappe. Surtout pas les politiques. Les voilà promus membres d'un " Cercle des condamnés”, supposés ” inonder de

lumière des gens prédestinés à promener dans l'ombre celle de leur individu". Sans doute trop virulent pour la classe dirigeante de l'époque, l'imprimeur et le gérant sont traînés devant les tribunaux et leur journal est supprimé. Il aura tenu 17 mois, 83 numéros, 1 245 000 exemplaires, 4 procès, 6175F d'amendes, 16 mois et 8 jours de prison. D'autres journaux lui succèderont. Le Journal de Guignol, lui, ne reparaîtra qu'à partir de 1900, jusqu'aux années 50. D.L.


28

Culture

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Interview : Casus Belli Spectacle : Guignol et la politique Sélection : livres, musiques... Détente : Quizz

CASUS BELLI

Êtes-vous engagé politiquement ? Non. Mais j'ai ma carte

Le rap est-il un bon moyen d'exprimer ses idées ? À la base, c'est une façon d'exprimer ses idées de manière plus ou moins agressive en faisant passer un message. Je l'ai fait surtout étant jeune. Je suis maintenant plus versatile dans mon univers rap. Certains morceaux me servent à revendiquer des choses, d'autres sont plus neutres. Sur mon prochain album, je vais interpréter des titres plus politisés. L'un d'entre eux va s'appeler Douce France. Il va parler de la France d'aujourd'hui et de l'état des prisons. Je tiens d'ailleurs à préciser qu'à Lyon, nous avons les prisons les plus pourries du pays… Quel regard portez-vous sur la classe politique actuelle ? Ça me fait penser au théâtre. Même si je trouve que les débats internes au PS ont donné un bel exemple de démocratie. Je remarque que la classe politique attache plus d'importance à la forme qu'au fond. Dans l'ensemble je ne les sens pas sincères. Mais je ne m'arrête pas là et je m'intéresse beaucoup au

débat en ce moment pour savoir qui me représentera le mieux. Actuellement je ne trouve personne. Allez-vous inciter les jeunes à aller voter comme le font certains rappeurs ? Je le dis dans mon deuxième album. J'espère qu'il sortira avant les élections… Le problème, c'est qu'à notre niveau nous n'avons pas une voix qui porte. Il faut d'abord qu'on se fasse plus connaître et l'engagement politique viendra naturellement avec le temps. Nous, nous essayons plutôt d'aller voir les jeunes dans les quartiers et de leur montrer qu'en s'organisant, on peut s'en sortir. C'est notre acharnement qui leur sert de modèle. C'est mieux que

Je ne les sens pas sincères

d'électeur et je vote à chaque élection. C'est la seule arme légale pour exprimer ses idées. Même si le rap reste mon meilleur moyen d'expression. C'est avec mes textes que je fais passer ce que je pense. Je reste discret sur mes opinions politiques car je n'ai pas envie d'être récupéré par tel ou tel parti.

Propos recueillis par P.J.D.

Estimez-vous être un artiste engagé ? Ça dépend car je ne pense pas qu'un artiste ait une seule facette. Je suis un humain avant tout, parfois révolté, parfois heureux.

Avez-vous l'ambition de faire changer les choses en chantant ? Je me mets à cœur ouvert. Je donne mes tripes. Si les gens accrochent, c'est qu'ils adhèrent à ce que je dis. Donc d'une certaine manière, oui, je pense pouvoir faire changer les choses à ma manière. Il faut de toute façon donner tout ce que tu as. Il faut agir même si c'est à très petite échelle. Il ne faut pas tout le temps attendre de la part des autres.

les beaux discours. C'est du concret.

À l'aube de la sortie de son deuxième album, le rappeur lyonnais, Casus Belli dit tout ce qu’il pense de la politique.

"La politique me fait penser au théâtre"

D.R.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

5

SOCIÉTÉ

1ère Secrétaire fédérale PS du Rhône, sénatrice et viceprésidente du Conseil régional Rhône-Alpes.

Christiane Demontès

députée UDF de la 1ère circonscription du Rhône

*elles étaient deux avant le décès de Nathalie Gautier, le 1er septembre dernier.

1* députée sur 14

3 sénatrices sur 6 élus

Département

6 femmes sur 15 vice-présidents

Conseil régional Rhône-Alpes

38 femmes pour 155 conseillers

Communauté Urbaine de Lyon

2 femmes sur les 17 vice-présidents

10 femmes sur 54 conseillers

Conseil général du Rhône

2 femmes présidentes sur les 7 groupes politiques présents au Conseil municipal

30 femmes sur 73 élus

Conseil municipal de Lyon

Les femmes politiques lyonnaises en chiffres

Propos recueillis par J.T.

Lyon comme ailleurs en France, car la place des femmes, c'est aussi un combat! Il faut tout simplement oser!"

rarement à l'urbanisme ou aux finances. Que ce soit dans la politique ou dans la société et en entreprises, elles sont toujours confrontées aux mêmes difficultés : accéder à plus de responsabilités. Une femme n'a pas le droit à l'erreur, elle doit donc se battre et travailler plus pour s'imposer et y arriver."

Propos recueillis par J.T.

"C'est difficile d'être une femme en politique parce que la politique est un jeu violent. Du moment où il y a des enjeux de pouvoir, c'est vrai qu'il faut être assez costaud pour tenir. Mais au sein de mon parti, j'ai eu beaucoup de chance de ce côté là et j'ai pu bénéficier d'une réelle volonté de faire bouger les choses. Aujourd'hui, heureusement les femmes ont leur place à

Anne-Marie Comparini

Ce qu’elles en pensent...

“Même si les femmes sont aujourd'hui généralement bien présentes au sein des conseils municipaux, je ne suis pas sûre qu'elles aient bien le poste qu'elles méritent. On les cantonne toujours aux mêmes choses, comme la petite enfance par exemple, mais

DERNIÈRE MINUTE

Un pas de plus vers la parité

U

Anne-Marie Comparini était reçue à Matignon avec la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, dont elle assure la vice-présidence. ne avancée ? "Oui, quoique de changement de mentalité", déclare timide" décrypte Anne-Marie la députée. Comparini. Le Conseil des Élargir le sujet donc, "car il est urgent ministres a examiné, mardi 28 novembre, d'obtenir des chefs d'entreprises, que un nouveau projet de loi sur la parité les femmes ne soient pas condamnées dans la vie politique locale. Le gouverne- au temps partiel et puissent postuler en ment veut ainsi renforcer les pénalités priorité et en fonction de leurs compépour les partis qui ne respectent pas la tences aux emplois vacants à temps loi. Nul doute que l'UMP sera sanctionné plein", continue Anne-Marie Comparini. pour ne pas avoir présenté de femmes Elle a ensuite demandé au Premier aux législatives dans le département du Ministre que les nombreux textes légisRhône. latifs qui existent déjà "soient vraiment Une occasion pour la députée lyonnaise mis en œuvre". Elle a ensuite rappelé UDF d'exprimer à Dominique de que “dans tous les pays partenaires Villepin ses opinions, plutôt tranchées, européens, la création d’entreprises au sur le sujet. Si le projet de loi vise féminin ne relève pas du ministère des essentiellement à promouvoir l'égal Affaires sociales mais du ministère de accès aux mandats électoraux et fonc- l’Économie.” tions électives entre les hommes et les Annoncé en janvier dernier par femmes. "La progression des femmes Jacques Chirac, ce projet va être exadans notre société ne se résume pas à miné par le Sénat pour compléter la loi leur seule reconnaissance en politique. de 2000 introduisant la parité aux élecIl convient en même temps que leur tions municipales pour les communes rôle soit reconnu dans la vie écono- de 3 500 habitants. J.T. mique de notre pays. C'est une affaire


6

SOCIÉTÉ FEMMES DE...

Regards de femmes

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Épouses d'hommes politiques : un sacerdoce ou un sacrifice ? Si pour les unes, la limite entre épouse et bras droit semble très floue, pour d'autres, le second plan reste la place idéale pour mener une vie de couple "normale". Pour en savoir plus, Tribuns des Gônes a rencontré trois femmes mariées à des hommes politiques lyonnais.

Corinne Perben, vice-présidente de la Fondation pour l'enfance maltraitée

Corinne Perben n'oublie pas qu'elle est l'épouse d'un ministre et surtout, d'un candidat à la mairie de Lyon. Alors, quand on lui demande ce qu'elle pense de la Cité des Gaules, elle répond : "j'aime beaucoup les Lyonnais et Lyon. C'est une ville qui a inventé l'Humanisme". Et si son mari devenait maire de Lyon ? Elle voudrait en faire une ville plus douce à vivre pour les enfants et les jeunes, avec plus d'infrastructures sportives "pour faire du skateboard, du roller ou du vélo en toute tranquillité et sans danger". En somme, mener des actions pour "le mieux être dans la ville”. La cerise sur le gâteau du programme de Monsieur ? Camille Monge

Femme en campagne

pour les policiers en charge des interrogatoires de ces enfants traumatisés.

"Mon objectif : servir et être utile"

T

rois enfants et un époux ministre des Transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer… Voilà qui annonce une vie de famille bien chargée. Mais pour Corinne Perben, cela ne pèse pas outre mesure. Pour elle, le couple existe en politique."Je partage tout avec Dominique, à ma manière. J'apporte mon regard de femme et de mère et j'agis dans mon domaine : l'associatif. Je ne suis pas une femme de combat politique.” À sa manière, c'est donner son temps à la Fondation pour l'enfance maltraitée. "J'ai été confrontée à la souffrance des enfants pendant le mandat de ministre de la Justice de mon mari. Cela m'a bouleversée" explique-t-elle avec émotion. Aujourd'hui, elle s'efforce de développer des unités d'accueil dans les hôpitaux pour les enfants battus ou violés et organise des formations

Elisabeth Brissy-Queyranne, animatrice d'un centre de rencontres et d'informations au centre Léon Bérard.

C.M.

Il y a quatre ans, Elisabeth a souffert d'un cancer qui l'a privé de son emploi au Muséum d'histoire naturelle. Guérie, elle a du mal à retrouver un emploi : "être la femme de.., ça effraie les gens. On nous voit dans l'ombre de nos maris, comme ayant une capacité de nuisance". Ses relations lui ont toutefois ouvert les portes du centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, où elle guide et conseille les malades du cancer avec douceur. Elle qui est passée par là, sait comment faire.

Le revers de la médaille

Conseil régional : "je suis très fière d'être l'épouse d'un homme politique car il faut être courageux et savoir se remettre en question perpétuellement".

"Je suis très fière d'être l'épouse d'un homme politique"

F

ille et femme d'homme politique, Elisabeth n'en reste pas là. Membre du Parti Socialiste, elle aime fondamentalement la politique. Déchirée entre son rôle d’épouse et son métier de communicante, elle juge sa place de femme de politique ambigüe : "je ne peux pas intervenir dans les décisions politiques mais je ne peux pas m'empêcher de lui donner mon avis sur des sujets qui me touchent". Car dans les années 90, Elisabeth travaille au service communication de celui qui est devenu, quelques années plus tard, son époux, Jean-Jack Queyranne. Aujourd'hui, elle s'investit dans le social mais ne peut "se retenir de juger ou de donner (mon) avis sur une interview ou un discours". En plus d'être sa femme, Elisabeth est surtout la supportrice numéro un du président du

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

CLERGÉ ET POLITIQUE

L'urne et le bénitier

I

Lyon, capitale française de la chrétienté. Entre Rhône et Saône, il est impossible de gouverner sans le soutien de l'électorat catholique. Entre les hommes politiques et les dignitaires religieux locaux s'est donc créée une relation privilégiée. I ne faut pas être naïf. Gérard Collomb et Dominique Perben vont accourir à la première invitation du diocèse", déclare le père Vincent Féroldi, responsable de la communication du diocèse de Lyon. Le poids de l'électorat catholique dans la capitale des Gaules a toujours incité les hommes politiques locaux à entretenir des relations de proximité avec le diocèse et les différents archevêques de la ville. Quitte à franchir la ligne jaune de temps en temps. "J'ai été approché par les partis politiques lors des deux dernières élections municipales. Par la gauche en 1995 et par la droite en 2001. J'ai toujours refusé", confie le père Maxime Bobichon, à l’origine d’un groupe interreligieux (Les enfants d’Abraham). "Je suis même entré en conflit avec une maire d'arrondissement, qui dans un tract électoral, se targuait d'avoir donné de l'argent pour la réfection de l'église de ma paroisse", poursuit-il. Mais si les responsables politiques lyonnais ont toujours recherché la sympathie du clergé local, la réciproque est vraie. "Les catholiques lyonnais sont traditionnellement humanistes et engagés. Les cardinaux sont donc amenés de temps en temps à prendre des positions sur certaines idées", explique le père Féroldi. "Mais je mets au défi quiconque de dire avec certitude pour qui vote le cardinal Barbarin, tempèret-il, on peut coller une étiquette aux électeurs catholiques de Lyon, mais pas en ce qui concerne le cardinal." Dans les années 1970, le premier évêque-ouvrier de Lyon, Mgr Ancel, tend la main au Parti Communiste. Plus tard, le cardinal Albert Decourtray prend publiquement position contre le Front National dans une homélie du mercredi des Cendres. Rien de tel aujourd'hui, mais une cohabitation de raison entre le maire de Lyon et l'archevêque. Témoin de cette entente, le partage intelligent de la date du 8 décembre, entre la fête catholique de l'Immaculée Conception et la fête laïque des Lumières. Florent Zucca

Le maire et l’archevêque, Gérard Collomb et Philippe Barbarin

27

COULISSES

Météo politique

Gérard Collomb, bel anticyclone. L'investiture de Ségolène Royal réchauffe l'avenir du maire de Lyon. Soleil rayonnant à Manchester (Angleterre), où il obtient la présidence d'Eurocities.

Najat Belkacem, grand soleil. Avec le succès de Ségolène Royal, la conseillère régionale PS a de beaux jours devant elle. En obtenant l'investiture sur la 4e circonscription, elle prolonge l'été indien.

Anne-Marie Comparini, temps gris. Ciel menaçant sur la 1ère circonscription. Si François Bayrou boit la tasse à la présidentielle, Michel Havard (UMP) pourrait semer la tempête sur le terrain de la députée sortante.

Christiane Demontès, averses. Les militants socialistes du Rhône désavouent leur 1ère secrétaire fédérale (Strauss-kahnienne). La déferlante Ségolène éclabousse la vice-présidente du Conseil régional.

Dominique Perben, orageux. Gros éclairs entre Christian Philip et le leader de l'UMP à Lyon. Brouillard sur l'inauguration du tramway Léa, le ministre des Transports boycotte la cérémonie.

Christian Philip, avis de tempête. Vent violent sur la 4e circonscription. Le député UMP est pris dans la tourmente, secoué par les rafales de Dominique Perben. © C. Monge


26

COULISSES FRANC-MAÇONNERIE

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

La plus connue s'appelle “les clubs des 50”. À Lyon, les réunions ont lieu une fois par mois. Dans ce cadre, l'influence et l'affairisme sont, semblet-il, les seules raisons d'être de ces regroupements. Les trafics d'influences et les collusions d'intérêts de certains magistrats du tribunal de Nice dénoncés par le procureur Éric de Montgolfier visaient justement des personnes membres de ce type de club. Pour Jean-Jacques Gabut, ex-directeur du quotidien Lyon Matin, "même s'il y a eu des abus, le but est avant tout de se retrouver sur des points communs". Mais la porte de l'Hôtel de ville se trouve-t-elle dans ces cercles d'influences? Plus aujourd'hui. Gérard Collomb ne fréquente pas les fraternelles. Le maire ne va d'ailleurs pas à la loge lyonnaise du Grand Orient et lui préfère celle de Paris. Pour Michel Chomarat, ce choix est volontaire, "il cherche à éviter les réseaux et les renvois d'ascenseurs qu'il considère comme contraires à l'idéal maçonnique". Un idéal qui a permis de mettre en avant des valeurs comme l'abolition de la peine de mort, le droit à la contraception, à l'avortement ou encore les droits des homosexuels. Pierre Silvain

Julien Migaud-Muller

Patrimoine». Trois semaines plus tard, gros clash. Michel claque la porte. En 2001, virage à gauche. Il s’oppose à Charles Millon et milite auprès de Gérard Collomb, «celui qui n’avait aucune chance». Mauvais pronostique mais bonne pioche. Aujourd’hui, ce passionné de Nostradamus bataille pour la mémoire des "oubliés de l'Histoire". Immigrés, gays et francsmaçons. Une façon pour Collomb de recueillir les voix de l’électorat homo, gay-friendly et maçon ? Probable. En tout cas, les ambitions de Michel Chomarat ne s’arrêtent pas à ce poste de chargé de mission créé spécialement pour lui. Si la gauche remporte les prochaines municipales en 2008, il espère bien devenir «adjoint à la mémoire», une fonction qui serait là encore créée pour lui, «sur le modèle de Paris ou de Villeurbanne».

Plus que sur la franc-maçonnerie, c'est sur les "fraternelles" que les soupçons, s'il y en a, devraient être dirigés. Organisées en marge des loges, les fraternelles sont des associations regroupant des frères de toute obédience par affinité. Certains se retrouvent par passion pour un sport, d'autres par similitude professionnelle, d'autres encore par affinité politique. Certaines sont, elles, inspirées d'aucune volonté de ce type mais rassemblent uniquement l'élite, les notables les plus influents dans tous les domaines.

Les plus influents dans tous les domaines

que sous la IIIe République où l'on parlait de l'affairisme politico-maçonnique. Mais il est vrai que chacun est en droit de se demander comment un maire socialiste peut être élu président d'une communauté de communes où la majorité est de droite. Certains diront que ses capacités à écouter et à discuter lui ont permis de se faire élire par ses traditionnels opposants politiques. D'autres y verront la signature d'un réseau maçonnique qui dépasse les clivages politiques.

Du Temple à l’Hôtel de ville

L

e 17 novembre dernier, la Grande Loge Nationale de France inaugurait son nouveau siège régional à Rillieux-la-Pape. Avec près de 2000 membres et des effectifs en hausse de plus de 10%, les anciens locaux de la GLNF, rue Montesquieu, étaient désormais trop étroits. Ils étaient à peine cinq cents au sortir de la guerre. Les francs-maçons lyonnais sont désormais plus de 4000 selon les chiffres de 2003.

Jouer la transparence Ce retour en force de la francmaçonnerie lyonnaise est symbolisé par l'arrivée de Gérard Collomb à l'Hôtel de ville. Frère au Grand Orient de France, le maire n'a jamais caché son appartenance à la franc-maçonnerie. Mais il l'a cependant réaffirmée ainsi que plusieurs de ses adjoints, peu de temps après son élection. En la rendant publique, Gérard Collomb a cherché à jouer la transparence pour éviter toute polémique. Il cherchait ainsi à recentrer les débats sur son action politique. Il reste pourtant quelques soupçons. Ce ne sont pas, bien sûr, les mêmes MICHEL CHOMARAT

L’homme multifacettes

À

58 ans, Michel Chomarat est aujourd’hui un personnage de la vie lyonnaise. À la fois par son engagement politique mais aussi par sa volonté de faire «bouger les choses». Entré en politique dans les années 80, cet ancien directeur de la communication d’une entreprise d’outillage à Roanne se présente aux élections régionales de 86 sous l’étiquette des Verts. Il se rapproche ensuite de «Génération Écologie». Aux élections municipales à Lyon de 1995, on le retrouve sur la liste d’Henry Chabert, un proche de Michel Noir. Un “zapping politique» qu’il assume très bien. “En politique, quand je m’allie à quelqu’un, ce n’est pas forcément pour le soutenir, c’est pour combattre son adversaire» explique-t-il. En 1995, il barre la route de Raymond, qu’il déteste. Il sera pourtant son «conseiller du

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Joëlle Mercier, retraitée du secteur privé

Indépendance, intégrité et sacrifice

"Travailler, c'était essentiel pour moi !" explique-t-elle. Pour créer des liens sociaux hors de sa famille

7

SOCIÉTÉ

C.M.

mais aussi pour acquérir une indépendance financière. Elle n'aime pas profiter des autres ou même des privilèges que lui apporte son statut d'épouse d'homme politique. "Je préfère louer un petit appartement dans Lyon plutôt que de vivre dans celui de la Préfecture. Je l'ai d'ailleurs mis à la disposition du Conseil général pour que tout le monde en profite.” Les seuls "privilèges" que cette femme passionnée de culture et de savoirs, accepte sans hésiter sont les invitations aux Premières. Théâtre, opéra, expositions... Elle se régale! Le revers de la médaille, la solitude "les enfants ont vécu sans leur père, mais ils en sont fiers" concède-t-elle d'une voix douce et rassurante. Baladés entre Lyon, Thizy et Paris, c'est par téléphone que les Mercier gèrent leur vie de famille : "cette situation a, malgré tout, fait de nous une famille très solidaire!”

"Les enfants ont vécu sans leur père, mais ils en sont tous fiers !"

D

ifficile d'être mariée à un homme politique et de vivre une vie de famille comme les autres. C'est pourtant la prouesse que Joëlle Mercier, mère de cinq enfants, réalise depuis 36 ans. Épouse de Michel Mercier, président de l'Union centriste du Rhône, ce petit brin de femme ne s'attendait pas à cette vie en solitaire. En 70, c'est avec un futur professeur d'université qu'elle pense se marier. Et pourtant, sept ans plus tard, c'est avec le maire de la petite commune rurale de Thizy (Rhône) qu'elle partage sa vie. "Ce fût le début de la catastrophe", ironise-t-elle, car depuis, Michel Mercier n'a cessé d'enchaîner les mandats jusqu'à devenir le "chef de file de la droite municipale" à Lyon en 2001. Avec du recul, Joëlle n'hésite pas à confier que la politique ne fait pas partie de ses amours et elle préfère garder ses distances aussi par pudeur. "Chacun doit jouer son rôle. Les femmes qui s'immiscent dans la vie politique de leur mari ne sont pas à leur place.”

Desperate House...husband


8

CITOYENNETÉ LES ÉTUDIANTS ET LA POLITIQUE

Je t'aime, moi non plus... L'intérêt des jeunes pour la politique est bien réel. Malgré les apparences, à droite comme à gauche ils sont plus nombreux à s'y intéresser.

O

n les dit souvent indifférents. Et pourtant. Les étudiants s'intéressent à la politique même s'ils ont bien souvent du mal à s'impliquer. Si le MJS, Mouvement des Jeunes Socialistes du Rhône, ne compte que 160 adhérents dont 100 étudiants, les jeunes "pop" comme ils s'appellent, de l'UMP sont eux plus de 1000 dans le département. En revanche, on en retrouve plus dans des syndicats étudiants, surtout à l'UNEF. Le CPE est évidemment passé par là, mais pas seulement au bénéfice de la gauche, "le CPE nous a aussi largement favorisé et on a battu des records d'adhésion", explique Luc Hervier, le président lyonnais de l'UNI, la droite universitaire. "Même si on doit aussi beaucoup à l'effet Sarkozy.” Car si l'UNEF se revendique indépendante à l'égard des partis, les idées restent ancrées à gauche. L'UNI se réclame clairement de droite et appelle à voter UMP. Un militantisme qui reste pourtant limité. "Les syndicats étudiants n'ont jamais été très mobilisateurs, l'intérêt des jeunes en général est ponctuel, on l'a très bien

© UNEF

vu avec le CPE. Il y a toujours de grands mouvements et souvent une faible implication en réalité", explique Phillippe Corcuff, professeur de sciences politiques à l'IEP de Lyon. Il constate aussi "une véritable méfiance à l'égard des politiques", ce qui explique probablement la faiblesse de leur engagement. Aujourd'hui, 56,5%* des jeunes déclarent s'intéresser beaucoup ou assez à la politique, 76,2% sont inscrits sur les listes électorales mais 50% considèrent que les élus ne les prennent pas suffisamment en compte. Pour Adrien, 24 ans, étudiant et militant au PS, une raison : "on cantonne souvent les jeunes à tracter et à coller des affiches, mais ils ont une réelle envie de faire bouger les choses et de participer, tout dépend de la manière de s'y prendre.” Sont-ils alors vraiment en retrait du jeu électoral? Fort du CPE, les étudiants ont compris qu'ils ont leur voix pour dessiner leur voie. C'est la leçon d'un combat face à un certain contrat premier embauche. Justine Trillat

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Trois questions à... Chaineze Kabuya, présidente de l'UNEF, à Lyon Comment les étudiants s'intéressent-ils à la politique aujourd'hui ? À leur manière! Cela se traduit plus par des actions ponctuelles et ciblées comme les manifestations contre Jean-Marie Le Pen au 2e tour de la présidentielle en 2002 ou le CPE. Ils préfèrent être sur le terrain et partager des valeurs. Malheureusement la politique est pour beaucoup totalement illisible. Et même ceux qui s'y intéressent de plus près, trouvent que les partis ne leur laissent pas assez de place. Qu'est-ce que la crise du CPE a changé du côté des étudiants ? La victoire du CPE a montré aux jeunes qu'en s'engageant, ils pouvaient faire évoluer les choses et dans le bon sens. Les jeunes se sont battus et ils ont fait plier le gouvernement. Cela leur a montré qu'ils avaient aussi droit à la parole et qu'ils pouvaient peser sur les décisions.

J.T.

La mobilisation pour les élections de 2007 sera-telle plus forte qu'auparavant ? Je l'espère! Mais après les élections de 2002, les étudiants ont compris qu'ils avaient tout intérêt à se mobiliser. Quel que soit leur parti, ils savent qu'ils ont maintenant un poids et, personne ne gagnerait à revivre ce 2e tour d'il y a 5 ans.

CONSEIL DES JEUNES

À nos actes manqués

Bénédicte Gallet

Un "Doggy Bag" en guise de récompense, une boisson offerte et un concert à la clef. Voilà les promesses de la ville de Lyon pour appâter les 17/25 ans au lancement du Conseil des Jeunes. Samedi 11 novembre, au Transbordeur, se tenait une soirée "Débats, concerts, rencontres" pour créer ce fameux conseil. Qui servira à quoi? "Il ne devrait être qu'une instance de politique participative", déclare Dominique Sonjon, chargée de mission jeunesse à la mairie. C'est-à-dire une instance sans réel pouvoir où le "jeune" pourra donner son avis. Près de 20 000 flyers et encarts publicitaires n'auront attiré que 35 personnes, dans une salle pouvant en contenir 1500. Seulement douze se sont dit "prêts à s'engager" , tous déjà impliqués dans une association ou un syndicat. Rock'n politique? Le mélange des genres n'a pas motivé les foules. Les raisons : "ni vraiment festif, ni vraiment sérieux, le thème de la soirée n'est pas clair" disent certains. "Pourquoi faire? Nous sommes des citoyens à part entière, à traiter comme des adultes!" , s'interrogent d'autres. Le "jeune" se rebiffe.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

ANDRÉ GERIN

25

SPORTS

"Le grand stade a été la goutte d'eau..."

André Gerin, maire PC de Vénissieux

Propos recueillis par B.G.

C'est une décision irrévocable? Absolument. Je ne veux être ni un vice-président alibi ni une caution de quoi que ce soit.

Vous avez donc pris la décision de démissionner du Grand Lyon... Oui, c'était une idée qui me trottait dans l'esprit depuis quelques temps mais mes conseillers m'en avaient dissuadé pour que cela ne nuise pas à l'image de la ville de Vénissieux. Mais cette trahison par rapport au grand stade a été la goutte d'eau...

Gérard Colomb ne vous a pas appelé? Une semaine avant, j'étais avec lui mais il n'a pas jugé utile de me mettre au courant. J'ai reçu sa lettre datée du 16 novembre qui expliquait la stratégie du choix de Décines. Trois semaines après la décision, c'est un peu fort de café.

Après l'annonce de l'implantation du grand stade de l'OL à Décines, André Gerin, maire de Vénissieux, a démissionné de son poste de vice-président du Grand Lyon. Il revient sur le refus du site du Puisoz. Et ne cache pas sa colère. Pourquoi avez-vous attendu deux semaines avant de réagir? Je n'ai pas réagi très vite parce que personne ne me l'a annoncé. Je l'ai lu dans la presse, et les explications qui ont suivi sont loin de m'avoir convaincues. Vous ne comprenez pas cette décision? Absolument pas. Tout était prêt pour que le Puisoz accueille le stade. Nous avions longuement discuté avec mon Conseil municipal pour décider d'accepter la proposition de M. Aulas. Tous les discours allaient dans le même sens, que ce soient les dirigeants du Grand Lyon ou de l'OL, le grand stade serait implanté à Vénissieux. Nous sommes même allés à Londres, pour rencontrer des architectes de renommée mondiale, la maquette m'avait été présentée. Et fin octobre, j'apprends que Décines a été finalement choisie. Sans aucune explication.

D.R.

*Sondage de l'institut Fournier, octobre 2006 pour la ville de Lyon. Échantillon de 412 jeunes de 17 à 25 ans, représentatifs de la population jeune de Lyon.


©Arsenal

24

SPORTS

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Le futur stade de l’OL sera la copie conforme de l’Emirates Stadium d’Arsenal (Angleterre), inauguré au mois de juillet 2006.

Au stade de la discorde d'ailleurs pas caché sa colère, en démissionnant de son poste de viceprésident du Grand Lyon : "aucune explication ne m'a été fournie. Ni la ville de Lyon, ni l'Olympique Lyonnais ne se sont donnés la peine d'assumer leur décision".

Décines muet Décines enfin. Le terrain du Montout a gagné le match. Mais preuve du désordre qui en découle, les élus de la ville, le maire Pierre Crédoz en tête, refusent catégoriquement d'aborder le sujet, se refugiant dans un silence prudent. Peut-être pour ne pas envenimer les querelles à l'intérieur même de sa commune. Les habitants ont déjà largement exprimé leur scepticisme. Les commerçants craignent massivement l'arrivée du "OL Land", un gigantesque centre commercial en périphérie du stade, qui ferait couler le commerce local. Jusqu'à la Commission Départementale des Espaces Commerciaux (CDEC) qui a rendu un avis défa-

Bastien Giffon

vorable à la construction d’OL Land. Un premier contretemps qui pourrait en amener d'autres. Gérard Collomb s'obstine à nier les complications et préfère se retrancher derrière la décision du Grand Lyon. "L'Olympique Lyonnais mérite son propre lieu de rencontres. Le Carré de Soie à Décines est l'endroit idéal, tout est réuni là-bas pour accompagner la progression du club vers les sommets européens." Au club aussi, on aura connu les dirigeants plus bavards. Pour l'heure, le grand stade et sa construction ne font pas parties de leurs préoccupations immédiates. Plutôt le cadet de leurs soucis. Les critiques vont bon train et les Aulas, Collomb et Crédoz ne sont pas au bout de leurs peines et ne se font pas que des amis. Les communes alentours, Saint-Priest, Chassieu, Meyzieu et Jonage se sont d'ores et déjà déclarées hostiles à l'implantation du grand stade à Décines.

Le 23 octobre, Gérard Collomb a officialisé sa volonté d'implanter le futur stade de l'Olympique Lyonnais à Décines. Mais le dossier n'est peut être pas aussi définitif qu'il n'y parait, l'annonce ayant agité bon nombre d'hommes politiques.

C e sera Décines, la livraison sera maintenue." Gérard Collomb est aussi catégorique que bref dans sa réponse, lorsque l'on aborde le projet du grand stade à Lyon. Depuis quelques semaines, le maire de Lyon évite toute explication détaillée. Comme si les remous du choix laissaient de marbre le numéro un de la politique lyonnaise. Voilà près d'un mois que la décision est officielle. Un mois de pagaille permanente entre les différents acteurs de ce feuilleton à rebondissements. À Pusignan tout d'abord. Premier lieu pressenti pour accueillir le grand stade, le site a très vite été mis de côté. Là-bas, on accueille la nouvelle avec philosophie: "trop éloigné de la ville de Lyon en elle-même. Ils voulaient privilégier un lieu proche, ils l'ont fait avec Décines...", explique la maire de Pusignan, Chantal Genthon. Vénissieux ensuite. Le site du Puisoz paraissait idéal mais non retenu. André Gérin, maire de la ville, n'a

D.R.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

TRIBUNE À LA CROIX-ROUSSE

Ministre de la parole libérée

Il rayonne aujourd'hui. Il a donné un sens à ce qu'il fait. Plus qu'un simple acteur, il est devenu un médiateur et c'est le public qui écrit le spectacle. Généreux et impliqué, il espère ainsi recréer du lien social autour de lui. "Ce que j'apporte, c'est une parole libérée de toute commande, ni commerciale, ni politique, et tournée vers tout le monde !"

"Contre le milichiantisme, et pour un militantisme festif!"

Bilan? "Le public vient nombreux et apprécie ma démarche. Mais c'est difficile de faire participer les gens. Ils sont encore trop peu à écrire ou réagir." Une illustration de l'évolution de la société contemporaine où "chacun est conditionné à consommer passivement". Il refuse avant tout le militantisme étroit de la révolte institutionnalisée. “Ce que j'appelle le

9

CITOYENNETÉ

Bénédicte Gallet

milichiantisme!" dit-il. Lui veut faire la fête et que l'on soit bien ensemble. C'est l'idée du ministère qu'il s'est fabriquée : le "ministère des rapports humains", une association qui mobilise les gens sur des projets concrets. L'an dernier par exemple, en parallèle à la Vogue des marrons, le ministère a organisé une fête décalée : Vogue la galère! Cet évènement a réunit une soixantaine d'organisateurs, 50 artistes et 7000 spectateurs pendant trois jours… Véritable réussite qui donne un exemple de contestation positive, "à la Rigaud". À la clef : "dire aux gens que l'on peut agir, que l'on peut faire changer les choses et qu'il faut s'en donner les moyens". Il s'interrompt, réfléchit et ajoute : "c'est ce que j'entends par le terme de citoyenneté : le citoyen est responsable de la marche collective".

Le crieur public, c'est l'histoire d'un gars qui rêve. D'un rêveur déçu par le monde dans lequel il vit. Mais c'est aussi l'aventure de Gérald Rigaud, un battant prêt à tout pour redonner un sens à sa vie et se rendre utile dans la société. L'idée s'est imposée à lui alors qu'il s'apprêtait à claquer les portes du monde du spectacle, "trop superficiel ", pour un autre métier, "plus terre à terre, un métier manuel comme plombier ou boulanger" ironise-t-il. Il tente alors la dernière expérience pour rester sur le devant de la scène : mettre ses talents de comédien au service des habitants de son quartier. Pupitre, estrade, et costume cintré, il s'installe tous les dimanches sur la Grande place de la Croix-Rousse. Et cela fait maintenant trois ans que ça dure. Le rendez-vous pris, entre onze heures et midi, il prête sa voix, pour dire à sa manière, les textes déposés par les habitants dans les boîtes aux lettres installées dans les différents coins du quartier. Coups de gueule, réflexions, déclarations d'amour ou poèmes, tout y passe et rien n’est censuré. Gérald Rigaud est devenu le porte-parole des Croix-Roussiens.


10

CITOYENNETÉ

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

EXTRÊME DROITE

LE CONSEIL DE QUARTIER

Le FN est trop contestataire pour moi

23

POLITIQUE

Lyon. L'autre parti de cette droite extrême, le MPF, ne bénéficie pas du même engouement. J e a n n e d'Anglejean, élue à la mairie du 2e et présidente MPF de la région, n'estime d'ailleurs pas appartenir à un parti d'extrême droite. "Mon mouvement est un parti de proposition, celui du peuple et du bon sens. Le FN est trop contestataire pour moi.” La représentation n'est cependant pas la même. Si le MPF compte plus d'élus que le FN dans la ville, il ne rassemble que quelques 200 militants. Soit dix fois moins que le FN.

Pierre-Julien Duroussay

la liberté d'expression. Les parties civiles dénoncent "un double jeu malsain". Le tribunal dira fin décembre si Gollnisch est un négationniste ou un homme libre de ses pensées. Une fois de plus il aura réussi à semer le doute, alternant deux visages : martyr pour les siens, abominable révisionniste pour les autres. Le résultat est unique. En occupant à nouveau le devant de la scène, le numéro 2 du FN se rapproche encore un peu plus des sommets du parti d'extrême droite. P.J.D.

Bruno Gollnisch

Mégret. Si l'on constate actuellement une augmentation des voix en faveur de ce parti à Lyon, c'est parce qu'il y a de plus en plus de gens mécontents" constate Frédéric Poignard, correspondant local du Figaro. Lyon a pourtant été, à la fin des années 80, le laboratoire du parti de Jean-Marie Le Pen. Les discours politiques destinés à être utilisés en France étaient tout d'abord testés trois mois à l'avance à Lyon. Aujourd'hui, c'est la région PACA qui joue ce rôle. Le FN ne compte pour l'instant qu'une élue au sein de la mairie du 8e arrondissement, mais les membres du bureau, aidés par leurs militants, comptent bien se mobiliser pour investir encore un peu plus

Extrêmement populaires

Vers une démocratie participative ?

Les médias présentent mal nos idées

homme politique médiatique, le numéro 2 du FN utilise toutes les ficèles pour rester en haut de l'affiche (voir encadré). Les militants, très engagés dans la vie politique locale témoignent un soutien total à leur leader. Peu d'entre eux souhaitent pourtant s'exprimer devant les médias. "À chaque fois que je dis quelque chose à un journaliste, il le déforme automatiquement" regrette l'un d'entre eux. Un sentiment partagé par Martin Kuolt : "Le FN est le seul véritable parti d'opposition et je trouve que les médias présentent mal nos idées. Ça ne correspond pas à la réalité". En fait, "le FN a perdu son rayonnement politique depuis sa scission en 1998 avec le MNR de

“Si Bruno a dit que les chambres à gaz ont existé, c'est pour éviter de perdre ses mandats politiques. De toute manière, je sais qu'il ne croit plus, tout comme moi, à leur existence”. À la sortie du palais de justice, François, militant FN de la première heure, est exaspéré d'avoir assisté à la reculade de Bruno Gollnisch. Sous les assauts répétés d’Alain Jakubowicz, avocat de l'une des parties civiles, le numéro 2 du front national a du concéder que les chambres à gaz avaient bien existé. De quoi aussi scandaliser Georges, autre militant qui persiste dans le révisionnisme, “les chambres à gaz n'ont pas pu exister. Pourtant, je me suis rendu à Auschwitz". Il aura fallu deux jours de débats intenses, suivis par de nombreux supporters de l'élu frontiste, pour tenter de faire la lumière sur des propos ambigus, remontant à 2004. Au cours d'une conférence de presse, Gollnisch aurait affirmé "il n'existe plus aucun historien sérieux qui adhère aux conclusions du procès de Nuremberg". Le délégué général du FN comparaissait donc pour "contestation de crime contre l'humanité", devant le tribunal correctionnel, où les différentes parties, se sont affrontées vigoureusement. “On a clairement déformé mes propos, en les sortant de leur contexte" , jure l'homme politique qui revendique son droit à

Le double "je"

a crise des banlieues de l'année dernière a entrainé une augmentation de 10% du nombre de nos adhérents" se félicite Martin Kuolt, responsable des ressources humaines et membre du bureau départemental du Front National. "Nous avons actuellement entre 1500 et 2000 adhérents dans le Rhône.” Accent germanique très marqué, il se plait à raconter que "même au Front National, on accepte les étrangers!". Si le parti jouit d'une forte représentation dans la région lyonnaise, c'est en premier lieu grâce à la figure emblématique de son dirigeant, Bruno Gollnisch. Ex-doyen de l'université Lyon III et

L

I

Bénédicte Gallet

À découvrir : les cafés-médias, échanges entre journalistes et non-journalistes en partenariat avec le Club de la presse de Lyon et l'IEP. Rendez-vous les 4e lundis du mois, Café de la Cloche, 4 rue de la Charité, Lyon 2e.

Les ateliers de la Citoyenneté organisent des rencontres régulières sur différents thèmes de société. Rendez-vous sur le www.ateliersdelacitoyennete.net pour retrouver le programme.

Gérard Collomb a souhaité aller à la rencontre des Lyonnais, arrondissement par arrondissement. Pour lui envoyer vos questions, cette adresse a été mise à votre disposition : reunion-publiques@mairie-lyon.fr .

Pour connaître le Conseil de quartier le plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site de la Ville de Lyon www.lyon.fr- et cliquez sur votre arrondissement.

Pratique

"Le conseil de quartier n'est qu'une vision instrumentale de la démocratie participative", constate Philippe Corcuff, "puisqu’en effet, il n'est qu'une instance de consultation". Selon lui, il a été créé dans le but de re-légitimer la démocratie représentative. "Mais il n'y a pas eu de vraie mobilisation et les personnes intéressées sont déjà impliquées dans la vie publique." Peut-on voir dans cette désaffection le signe d'un effondrement de la démocratie? Le spécialiste n'est pas fataliste : "même si les formes traditionnelles d'expression connaissent une dégringolade, comme le syndicalisme ou le militantisme politique traditionnel, on constate une montée de nouveaux phénomènes sociaux : associations locales, humanitaires, altermondialistes!" Les pratiques du militantisme sont devenues plus ponctuelles et plus proches des attentes individuelles. "On l'a vu lors des manifestations contre le CPE. Les jeunes se sont organisés et mobilisés sur la question mais pas engagés sur le long terme.” Les questions de l'information et de l'éducation sont également devenues essentielles : ateliers-débats, cafés philosophiques et Universités populaires fleurissent dans les villes françaises. Reste une question essentielle : cette nouvelle dynamique va-t-elle compenser la décomposition actuelle? Même si du côté de Sciences-Po, on se veut plutôt réservé quant à l'avenir de la démocratie. "Les nouvelles formes de participation citoyenne sont encore infimes par rapport au manque d'intérêt que connaît l'espace publique", conclut Philippe Corcuff.

S'exprimer et soumettre des projets aux élus, tel est l'objectif des conseils de quartier créés il y a quatre ans. Enquête sur cette institution censée redonner aux citoyens, le goût à la vie politique. ls ne sont que six ce soir, dans le quartier ouest de la intéresser les gens si les élus ne commencent pas par faire Croix-Rousse, pour accueillir un ingénieur chimiste invité d'abord ce qu'ils ont promis?”” Et il ajoute : "avant de pentout spécialement pour venir parler de la pollution de l'air. ser à faire participer les habitants, les élus devraient se remetJuste au-dessus du tunnel, des cheminées d'évacuation tre en question". émettent leurs fumées toxiques dans tout le quartier. Des gaz et des poussières nocives qui atterrissent jusque chez L’arbre qui cache la forêt ? les habitants qui risquent maladies respiratoires et cardiovasculaires. Après l'exposé, clair, argumenté et illustré, Marie-Françoise Roset, adjointe au maire et présidente du conseil de quartier ouest, qui découvre le problème, promet une réflexion avec les élus pour installer des filtres aux sorties des aérations du tunnel. Ainsi va la vie des conseils de quartier où les habitants se posent des questions auxquelles les élus n'avaient pas pensé.

Consulter, proposer, discuter. Les élus impliqués dans cette aventure parient sur la réussite de cette initiative. Pour Abel Gago, président du conseil de quartier de la Duchère, il s'agit d'informer les habitants, leur expliquer les décisions des élus et de faciliter les relations entre les uns et les autres. Il sait que la

Discussion pendant un atelier-débat

concertation avec les habitants peut faire passer une décision prise par les élus plus ou moins populaire. Une difficulté reste à surmonter pour trouver le juste équilibre "entre le café philosophico-théorique et le bureau des pleurs". Enfin, il souhaiterait pousser les habitants à prendre plus d'initiatives et "à se dire que l'on est toujours plus intelligent à plusieurs qu'individuellement", conclut-il, amusé. Autre point de vue, plus réservé et moins enthousiaste, Jean-Noël Ressicaud, président du conseil de quartier Perrache-Confluence et adjoint au maire dans le 2e arrondissement, souligne que "la plupart des citoyens ne s'implique pas dans cette démarche”. Il trouve l'initiative intéressante mais pense que le "projet est encore trop ambitieux". Il y voit une véritable crise de la démocratie représentative qui creuse le fossé entre les élus et l'opinion. "Nous sommes confrontés à un gros problème de légitimité et de confiance. Les habitants veulent plus d'efficacité dans la mise en place des programmes. Comment voulez-vous

© P.J. Duroussay

© B. Gallet


22

POLITIQUE EXTRÊME GAUCHE

Les rouges de Lyon

Manifestation de la LCR

Rhône. Quant à la Fédération Anarchiste, elle est tellement mal organisée qu'elle paraît inexistante. En fait, "il est assez dur de faire bouger une ville comme Lyon", avoue Florence Cornefle, leader de la LCR à Lyon. Politiquement, ils n'ont donc aucun pouvoir. Pourtant, ce sont des mouvements qui avancent sur tous les fronts. Ils fonctionnent par petits groupes très actifs et motivés. Ils rencontrent les gens, vont dans les entreprises, distribuent et collent des tracts, militent dans les syndicats. "Dans notre parti les militants ne sont pas des adhérents qui payent une carte pour voter une fois par an aux élections du parti" attaque Nathalie Arthaud. Si leur poids politique est extrêmement faible ils sont néanmoins visibles dans la rue lors des manifestations car "pour faire évoluer

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

durablement la société il faut la changer par la base" explique Florence Cornefle.

Une extrême gauche dynamique

Steven Dolbeau

Mais Lyon a aussi été le théâtre d'une alliance avant-gardiste en 1995. Plusieurs groupuscules d'extrême gauche se sont réunis pour créer "à Gauche Autrement". C'était une première pour ces formations qui n'ont pas tellement la culture de l'arrangement. Cela ne leur a pas permis d'instituer des élus mais aujourd'hui un collectif national a été créé, "alternative à gauche 2007" qui milite pour les candidatures unitaires de gauche pour 2007 et 2008. Les partis anticapitalistes s'appuient aussi beaucoup sur des associations altermondialistes comme ATTAC ou la confédération paysanne de José Bové, qui relayent certaines de leurs idées antilibérales et rajeunissent leur image un peu vieillissante. Les autres soutiens de ces extrêmes sont les médias alternatifs et les sites Internet. Ainsi Rebellyon.infos se fait le miroir de la gauche à Lyon. Une sorte d'Humanité lyonnais interactif et virtuel. À Lyon, l'extrême gauche reste extrêmement marginale et marginalisée. Cependant, un vrai monde alternatif existe. On ne le voit pas car les médias s'y intéressent peu. Les élections restent quand même l'occasion de communiquer en grandeur réelle. "On sait qu'on n'est pas près de gagner mais cela nous permet de faire passer nos idées."

Arlette Laguiller présidente de Lutte Ouvrière prépare sa succession, elle ne se représentera pas en 2012. Elle serait en train de se constituer une nouvelle garde, plus jeune et surtout plus féminine. Selon Nathalie Arthaud, 33 ans et porte-parole régionale de la candidate LO à la présidentielle, “Le parti veut une femme pour lui succéder" . Ce successeur devrait être choisi parmi ses porte-paroles régionales avant 2012. Nathalie Arthaud à toutes ses chances !

Succession pour Arlette ?

yon n'est pas réputé comme étant une ville d'extrême gauche. Traditionnellement de centre droit, les Lyonnais accordent peu d'importance aux partis trotskistes, maoïstes ou encore anarchistes. Dans le Rhône, leurs meilleurs résultats électoraux dépassent rarement les 3% et on ne comptabilise pas plus de 1 500 militants actifs, tous partis confondus sur le département. À cette faiblesse électorale vient s'ajouter l'incapacité des mouvements d'extrême gauche à s'entendre. Lutte Ouvrière, d'Arlette Laguiller, ne saurait s'allier avec la Ligue Communiste Révolutionnaire. Les Trotskistes ne font pas de compromis, ils sont anticapitalistes : "l'antilibéralisme est déjà une acceptation du capitalisme que nous rejetons avec vigueur", confie Nathalie Arthaud porte-parole de LO

L

D.R.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Dossier élections

À vous qui êtes indécis, Tribuns des Gônes fait un point sur l'actualité politique lyonnaise en vue de l’élection présidentielle, des législatives et des municipales à venir. Du raz-de-marée Ségolène Royal en passant par les batailles de circonscriptions, ou les ambitions de la droite milloniste, nous vous révélons les enjeux principaux des élections à Lyon.

11


12

Presi

denti

elle

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

MAIRE DE 1995 À 2001

21

HISTOIRE

(apparenté UDF)

Raymond Barre

(PS)

Gérard Collomb

Steven Dolbeau

enfin des couleurs. De quoi séduire les touristes et donner envie aux Parisiens d'y faire étape malgré le tunnel de Fourvière. Couronnement de ce travail de visionnaire, l'inscription des quartiers historiques de la cité, du Vieux Lyon à la Croix-Rousse, au Patrimoine Mondial de l'Humanité. Enfin, Lyon finissait par rayonner. L'ancien Premier Ministre rêvait d'un "grand sud-est européen" dont Lyon se devait d'être l'un des phares. Il fallait pour cela mettre en synergie Grenoble, Saint-Étienne, Genève, Turin et Marseille. Relier ces villes, les faire communiquer pour favoriser leurs échanges. Il en a pris l'initiative, laissant à ses successeurs le soin de transformer l'essai.

Raymond Barre, le visionnaire

I

l n'a fait qu'un mandat mais il a pesé lourd. "Le meilleur économiste de France" ne s'est pas contenté d'imaginer le Lyon du futur mais lui a ouvert les portes de la modernité. Dynamiser la vieillissante Cité des Gaules était l’objectif de Raymond Barre. Faire venir des entrepreneurs, organiser des congrès et des salons devenait le moyen le plus efficace de faire de Lyon une ville internationale. Il lui a donc fallu réorganiser des quartiers comme Vaise ou Gerland en les tournant vers la communication, les nouvelles technologies, les sciences, créer des "pôles de l'intelligence". Il fallait aussi lancer de grands projets européens, ce fût Lyon Confluence, pour attirer les investisseurs étrangers et changer enfin l'image de Lyon. La ville engluée dans ses brumes prenait

Michel Noir

Un siècle de maires lyonnais

(RPR)

© PJ.D.

1 mandat Grand projet : Aménagement des berges du Rhône

Francisque Collomb

1 mandat Grands projets : Lyon Confluence, restructuration de Gerland

(UDF)

1 mandat Grands projets : Parkings souterrains, les éclairages de Lyon

Gérard Collomb, président d'Eurocities

2 mandats Grands projets : Quartier scientifique de Gerland, Interpol

Louis Pradel 3 mandats Grands projets : Métro, Centre d’échanges de Perrache

Perben boycotte l'inauguration de Léa

LA PHRASE

C’est le choix d’une vie

Nicolas Sarkozy, le 30/11/06, annonce de sa candidature à l’élection présidentielle de 2007.

Gérard Collomb a été élu président d'Eurocities au bout de trois jours de débats autour du thème "Villes des Savoirs, Villes du Futur" qui ont animé l'Assemblée Générale du réseau à Manchester. Le sénateur maire de Lyon a donc été élu pour un mandat de deux ans. Il se retrouve à la tête de 132 villes européennes qui représentent 100 millions d'habitants. Le président du Grand Lyon a annoncé sa volonté de promouvoir en Europe et particulièrement auprès des institutions européennes, l'idée d'une ville équilibrée et il a assuré qu'il continuerait à travailler à une meilleure visibilité du réseau Eurocities auprès des institutions européennes, des médias ainsi que des citoyens. Eurocities est un réseau transnational qui unit les villes européennes comme entité politique.

L’ACTUALITÉ EN BREF

8 mandats Grands projets : Hôpital de Grange Blanche, stade de Gerland

(sans étiquette)

2001

Edouard Herriot

1995

(Parti radical)

1989

"La tradition républicaine n'est pas respectée dans cette ville." Excédé, Dominique Perben n'a pas participé à l'inauguration de la nouvelle ligne de tramway lyonnaise, le T3 Léa. La raison de ce courroux : une banale histoire d'invitation qui tourne au vinaigre politico-politicien. L'État, qui a participé au financement de la ligne à hauteur de 20 millions d’euros, n'a pas été convié à l'inauguration. Dominique Perben, ministre des Transports, a été invité au titre de conseiller général, tandis que le Préfet de région, Jean-Pierre Lacroix, a tout simplement été “oublié”. Les deux représentants de l'État ont donc boycotté l'évènement. Le candidat de l'UMP aux prochaines municipales dénonce un acte politique de la part de Gérard Collomb. "Il est de coutume, par tradition républicaine, de convier l'État aux inaugurations d'infrastructures, bâtiments et autres projets auxquels il a participé financièrement. Mais à Lyon, cette tradition républicaine a semble-til laissé place à des considérations politiques. C'est bien dommage. Nous ne sommes même pas en période officielle de campagne électorale", fulmine Dominique Perben. La course au fauteuil municipal est bel est bien lancée.

1976

DOSSIER

cette candidate pour battre la droite”. Mais l'avenir politique de la strauss-kahnienne semble désormais bien incertain. Sur une télé qui diffuse un débat organisé par France 2, le visage de Le Pen apparaît régulièrement en gros plan. Une piqûre de rappel du 21 avril 2002 pour les militants. Ce soir, ils ont préféré éteindre l'écran pour savourer la victoire.

Pierre-Julien Duroussay

Jean-Jack Queyranne Président PS du Conseil régional Rhône-Alpes "C'est un très large succès, dont la légitimité est incontestable. Les militants du PS ont donné un véritable élan à Ségolène Royal qui possède une relation très forte avec eux et même plus largement à gauche. Les socialistes ont choisi de casser les courants pour élire celle qui peut leur faire gagner l'élection présidentielle. C'est également une très belle leçon de démocratie."

fabusien, amer, analyse : "ça ne sera pas facile de battre la droite vu que Ségo va surtout rassembler au centre et pas à gauche". Un peu plus loin, c'est une permanente de la fédération qui, rose à la main, passe de groupe en groupe. Visiblement en transe, l'employée affiche fièrement sa fleur et ne sait plus où donner de la tête. Christiane Demontès, la première secrétaire fédérale du Rhône, fait son apparition. Cette fidèle de DSK affirme devant les caméras : "nous serons tous unis derrière

Annonce des résultats du 16 novembre à la fédération PS du Rhône

choix. Très vite rejoint par le président de région JeanJack Queyranne, lui aussi Ségoliste depuis peu, le maire exulte. Les yeux rivés sur le tableau qui centralise les résultats des différentes sections du Rhône, les deux élus se voient confirmer la nouvelle."On est soulagé" lance Queyranne. La présidente de la région PoitouCharentes arrive en tête presque partout en totalisant 60,88% des votes (voir encadré). Assis dans un coin, un jeune

Christiane Demontès 1ère secrétaire fédérale PS du Rhône "Il y a forcément, dans le camp de Dominique Strauss-Kahn, une très forte déception. Cependant, nous acceptons la défaite qui est incontestable. Ségolène Royal est portée par un mouvement bercé d'une certaine euphorie, qui va donner de la force au Parti Socialiste. Tout le PS est désormais rassemblé derrière sa candidate. Nous avons le devoir d'avancer et de gagner l'année prochaine."

1957

"Chez nous, c'est elle aussi" “Ségolène Royal ! Ségolène Royal ! Ségolène Royal !” La voix du militant en charge du dépouillement du vote des primaires socialistes au siège du PS martèle le même refrain monotone. Quelques bulletins égarés "Dominique Strauss-Kahn" ou "Laurent Fabius“ émergent de temps à autres. Empilés par petits tas de dix, les coupons Royal trônent sans partage sur la table de la Fédération PS du Rhône. Quelques visages crispés fixent les morceaux de papier. Premiers coups de fil lancés : "chez nous c'est elle aussi". Les estimations sont sans appel. Le vote Royal avoisine les 60%. Même si une bonne moitié des bulletins reste à dépouiller, tous savent déjà qu'un second tour n'aura pas lieu. La salle de réception commence à se remplir. Les couloirs, noirs de monde, deviennent impraticables. Gérard Collomb, le maire socialiste de Lyon, fait son entrée. Sourire rayonnant, il enchaîne poignées de mains et interviews. Rallié à la cause de Ségolène Royal après avoir lâché Dominique StraussKahn, il sait qu'il a fait le bon

Gérard Collomb Maire PS de Lyon "C'est un élan fantastique de tous les militants, qui a porté Ségolène Royal aussi haut. Le mouvement que nous avions lancé il y a six mois a pris, dans la région, une proportion que nous n'attendions pas. Depuis le mois d'avril dernier, j'ai toujours répété que Ségolène Royal était le meilleur choix pour la gauche. À titre personnel, je suis content que les militants se reconnaissent dans l'appel que j'ai lancé."

1905


MAIRE DE 1905 À 1957

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Histoire : Les grands maires de Lyon Politique : Les extrêmes de Lyon Sport : Le grand stade Coulisses : Franc-maçonnerie

20

Hors-cadre

Édouard Herriot, le père de Lyon

C

Julien Migaud-Muller

’est une véritable histoire d’amour avec Lyon, sa ville adoptive. Édouard Herriot reste dans les esprits lyonnais comme le maire de tous les records. Élu à seulement 33 ans, il était également le plus âgé en fin de mandat (85 ans). Il reste ainsi dans son fauteuil de maire plus d’un demi siècle. Herriot, c’est aussi une réussite politique nationale exemplaire. Il partage sa vie entre Lyon et Paris à une époque où le TGV n’existe pas. Les Lyonnais ne lui en tiennent pas rigueur. Au contraire, ils en sont fiers et le lui prouvent en lui renouvelant son mandat à chaque élection municipale. Édouard Herriot, c’est aussi un acteur direct de l’Histoire, y compris dans les moments difficiles. En 1940, alors président de la Chambre, il s’abstient de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Un geste courageux pour l’époque qui lui vaudra d’être déporté en Allemagne deux ans plus tard. À son retour, il retrouve son siège à l’Hôtel de ville. Ce maire extraordinairement estimé aura également permis à Tony Garnier, jeune architecte, de se faire une réputation mondiale. Il réalise de nombreux projets commandés par Herriot, notamment les abattoirs de La Mouche, l'hôpital de Grange-Blanche (aujourd’hui l’hôpital Édouard-Herriot), le stade de Gerland, le Monument aux morts du parc de la Tête d'Or, mais aussi le quartier des États-Unis. Un chantier qui était alors l'un des plus importants au monde. Autant de réalisations qui ont fait d’Herriot un maire aimé de toute une ville, chose rare en politique.

MAIRE DE 1957 À 1977

"C'est aussi lui qui a inventé la Part-Dieu sur des friches militaires" explique Régis Neyret, ancien président de "la Renaissance du Vieux Lyon" et spécialiste du patrimoine lyonnais. Aujourd'hui, la Part-Dieu est devenue un quartier d'affaires parmi les plus attractifs de France. C'est encore Pradel qui a mis le métro sur les rails. Une réalisation qu'il n'aura cependant pas pu voir de son vivant, puisqu'il est décédé quelques semaines seulement avant son inauguration en 1977. La construction de la première ligne aura d'ailleurs permis aux rues de la République et Victor Hugo de devenir résolument piétonnes. Un comble pour ce maire, dont on dit qu'il était un amoureux de la voiture. Reste ce qui collera à jamais à la mémoire de Pradel, "la connnerie du siècle" selon Régis Neyret. La construction du centre d'échanges de Perrache au débouché du tunnel sous Fourvière. Comme si l’amour de Pradel pour l’automobile prenait le pas sur sa folie du béton. J.M.M.

Louis Pradel, l'amoureux du béton

M

aire-bâtisseur", "maire-bétonneur", les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Louis Pradel. Élu sans grand bagage scolaire, mais aidé par son engagement lors de la Résistance, il succède au monumental Édouard Herriot. Avec la lourde tâche de gérer une ville qui vient de vivre un demi-siècle dans les bras du même homme. Louis Pradel va donc rompre avec la politique de son prédécesseur. Il se lance dans une politique de grands travaux. Première étape : le Vieux Lyon, quartier jugé insalubre. Il prévoit de le raser totalement pour y faire passer une route mais se heurte rapidement à la réaction des habitants. Ces derniers se regroupent pour créer "La Renaissance du Vieux Lyon" et préserver leur habitat historique. La mobilisation populaire aura eu raison des “projets bétons”. Pradel change son fusil d'épaule et lance la rénovation du quartier, qui deviendra le premier secteur sauvegardé de France.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

DOSSIER

Presi

denti

elle

13

Dans le Rhône, les primaires sont Royal

P

Pierre Silvain

SOCIALISTES PAR ARRONDISSEMENT

président du Conseil régional, JeanJack Queyranne, cette victoire est 64.53% 57.56% aussi la leur. Tous deux soutiennent Ségolène, tandis que l'appareil PS du 50.48% Rhône est, lui, majoritairement favorable 9e 1er&4e à DSK. Un ballottage ou une défaite de 6e Royal leur auraient fait perdre l'in53.31% fluence qu'ils possèdent sur le PS 5e 3e rhodanien du fait de leurs mandats 2e respectifs. Une perte qui aurait bénéfie 7 ciée à Christiane Demontès, première 68.97% 8e secrétaire fédérale du département. 38.20% Avant même l'annonce des résultats 65.93% 74.53% officiels, regroupés à la fédération PS du Rhône, chacun allait néanmoins de sa petite phrase pour mettre en avant arrondissement remporté par Royal l'union désormais de rigueur au sein arrondissement remporté par DSK du parti. Reste à connaître les conséquences réelles que les primaires 50,4 % taux de suffrage exprimé en faveur de laisseront au PS sur le choix des candidats S. Royal dans chaque arrondissement et les stratégies à adopter pour les législatives et les municipales. RÉSULTATS DU VOTE DES MILITANTS

laquelle aspirent Français aujourd'hui.

les

Selon vous l'UMP devraitelle adopter le système des primaires ? Je le dis avec force : le Parti radical, l'UDF, l'UMP doivent trouver les moyens de débattre. Pour l'UMP, des débats vont être organisés en région. Ces dernières semaines nous ont montré qu'il y a eu une envie de changer de façon, de mots, d'expressions, de rituels. Il faut en tenir compte dans nos approches et nos propositions.

Sur quelles priorités doit porter le débat présidentiel ? Il faut que le débat qui s'ouvre aujourd'hui soit à la hauteur

de l'échéance présidentielle, au regard des véritables attentes de nos concitoyens. Je souhaite que le spectacle politique du moment ne ressemble pas à un choc d'ambitions qui se substituerait au débat des idées. La victoire de notre majorité dépendra de notre volonté à réaliser la synthèse entre une partie de la droite et une majorité sociale, humaniste et républicaine. C'est la raison pour laquelle je compte prendre toute ma part dans le débat d'idées au sein de la majorité, afin de porter ces valeurs. Nous devons particulièrement imaginer le "vivre ensemble" au-delà de nos différences, qu'elles soient ethniques, territoriales ou culturelles.

Propos recueillis par Steven Dolbeau

Pourquoi venez-vous aussi souvent à Lyon ? J'ai toujours plaisir à venir à Lyon et dans le Grand Lyon, rencontrer mes amis radicaux et faire le point sur les nombreux dossiers que nous accompagnons, qu'il s'agisse de la rénovation urbaine ou de la mise en place des maisons de l'emploi. Vous savez, Lyon est une ville "radicale", caractérisée par le dialogue, le pragmatisme et le respect des valeurs républicaines. C'est pour nous l'histoire partagée d'une ville et d'un homme, Edouard Herriot, qui a façonné jusqu'à aujourd'hui l'esprit de cette métropole.

“Herriot a façonné l’esprit de Lyon”

JEAN-LOUIS BORLOO, PRÉSIDENT DU PARTI RADICAL

as de surprise dans le département, avec un résultat proche de la moyenne nationale. Ségolène Royal a obtenu plus de 60% des suffrages. Seules trois sections lui échappent dans ce véritable plébiscite. Dominique Strauss-Kahn est arrivé en tête à Décines et dans le 7e arrondissement de Lyon avec 57,9 et 51,7% des suffrages. Laurent Fabius remporte sa seule section rhodanienne à Vénissieux avec un peu plus de 62% des voix. Les 47 autres ont massivement voté pour la "candidate". Certaines de manière spectaculaire. À Corbas, les bulletins Ségolène représentent 80% des suffrages exprimés. À Francheville, le chiffre atteint 92,5%. Royal fait même l'unanimité à Solaize. Les six militants de la section se sont sans doute donnés le mot. Pour le maire, Gérard Collomb et le

Que pensez-vous de la désignation de Ségolène Royal ? Le mode de désignation au sein du Parti Socialiste s'est organisé sur une période longue, au moment où il y avait manifestement chez eux une volonté de changer la donne et la capacité qu'elle s'exprime. Mais au-delà de la forme, il faut surtout regarder le fond, le projet qui est présenté aux Français. Et là, je n'ai pas le sentiment que globalement, le programme socialiste réponde à l'envie de dynamisme et de réconciliation nationale à


14

DOSSIER 2E CIRCONSCRIPTION

Legis

lativ

es

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

La circonscription poids lourd

C

1ère

4e

Député sortant : Emmanuel Hamelin

Députée sortante : Anne-Marie Comparini

2e 3e

4e

Thierry Braillard (PRG), adjoint aux sports du maire de Lyon et vice-président du Conseil régional, qui a été désigné par les États-majors. La socialiste Zohra Aït Matel, pourtant choisie en juin dernier par la fédération du Rhône, fait les frais de cette candidature de poids. F.Z.

1ère

3e

Aux mains d’Emmanuel Hamelin (UMP) depuis 2002, l'emblématique 2e circonscription devrait être le théâtre d'un choc entre le député sortant et le royaliste Pierre-Alain Muet, adjoint au maire de Lyon. 'est une élection à trois niveaux qui va se jouer en juin Parti Socialiste semble en position de force. Dans la deuxième prochain dans la deuxième circonscription du Rhône. circonscription, trois mairies d'arrondissement (1er, 4e et 9e) L'ombre de la présidentielle va planer sur ce scrutin sont détenues par le PS, contre une seule pour la droite (2e législatif aux enjeux déterminants, tandis que les municipales arrondissement). Pierre-Alain Muet a réussi à fédérer autour seront en ligne de mire des principaux partis. La deuxième de sa personne les trois maires socialistes pour former son circonscription est la plus prestigieuse des 14 circonscriptions équipe : Nathalie Perrin (1er) comme suppléante, Dominique du département. Elle constitue souvent une belle rampe de Bolliet (4e) et Hubert-Julien Laferrière (9e) comme portelancement à celui qui la détient. Michel Noir s'en était servi paroles. De son côté, Emmanuel Hamelin se doit de renforcer pour préparer le terrain en vue des élections municipales à sa position de député sortant, après avoir obtenu de son parti l'assurance de pouvoir se représenter sur sa circonsLyon. Avec succès. cription, quitte à fermer la porte à Dominique Perben. Véritable match dans le match des municipales, ce scrutin Des candidats aux ambitions aiguisées législatif sera particulièrement suivi par le ministre des Transports et le maire de Lyon, toujours prêts à compter les points dans la course à 2008. Florent Zucca Les futurs candidats l'ont bien compris. Au premier rang desquels Emmanuel Hamelin (UMP), député sortant et son probable rival à gauche, Pierre-Alain Muet, adjoint de Gérard Collomb en charge du développement économique. Le premier, partisan de Nicolas Sarkozy, compte beaucoup sur une victoire du ministre de l'Intérieur à la présidentielle pour donner une dimension nationale à sa carrière politique. Son adversaire n'est pas en reste. Ancien conseiller de Lionel Jospin à Matignon, Pierre-Alain Muet possède une expérience dont il s'est servi pour entrer dans le cercle des proches de Ségolène Royal. Autre atout, il connaît parfaitement le projet socialiste pour 2007, dont il est l'un des rédacteurs. La deuxième circonscription devrait donc voir un affrontement entre deux poids lourd locaux rejouant le duel Sarkozy-Royal dans la capitale des Gaules.

Les municipales à l'horizon

la députée sortante sera considérée comme intouchable. Mais si le président de l'UDF réalise un score beaucoup plus modeste, le parti de Nicolas Sarkozy lancera dans la bataille son joker de luxe, en la personne de Michel Havard, conseiller général et secrétaire départemental de l'UMP. Son profil fait de lui un candidat sérieux pour la 1ère circonscription, pouvant mettre Anne-Marie Comparini en difficulté. La gauche fait confiance aux radicaux, une inconnue qui pourrait lui profiter. Si Jean-Louis Touraine (PS) s'était lourdement incliné au second tour en 2002, face à Comparini (55,44%44,56%), la gauche ne considère pas cette circonscription comme perdue et espère même une victoire. Suite à un accord national, c'est donc le radical

Mais au-delà des échéances électorales de 2007, le match Hamelin-Muet constituera un bon indicateur sur l'état des forces politiques en lice pour la mairie de Lyon. A ce jour, le

1ÈRE CIRCONSCRIPTION

L'UDF en ballottage présidentiel La 1ère circonscription du Rhône sera indécise jusqu'au bout. Plus qu'ailleurs, la présidentielle jouera un rôle décisif sur la désignation des candidats, et notamment sur la participation de Michel Havard (UMP).

S

ur la 1ère circonscription du Rhône, tout va dépendre d'un homme, François Bayrou. Le résultat du leader centriste à l'élection présidentielle déterminera la présence d'un candidat UMP contre la sortante, Anne-Marie Comparini (UDF). Si François Bayrou récolte entre 12 et 15% des suffrages, il est évident que

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

DOSSIER

ique Polit que prati

19

700 ents : Adhér MOUVEMENT POUR LA FRANCE (MPF) NÇAISE de la fédé IE FRA Adhérents : entre 400 et 1200 résident OCRAT ateur du Mercier (p LA DÉM : Michel l du Rhône, sén POUR Annes et élus , ra t) le é a n b n é a é s S UNION Responsables et élus : Jeanne d'Anglejan (présiConseil g Respon triste au hône) R sident du roupe Union cen dente de la fédération, conseillère municipale de Lyon ription du nne). ration, pré du g ère circonsc e é p et conseillère de la Communauté Urbaine de Lyon), résident e la 1 tée euro Rhône, p éputée d ult (dépu la Patrick Louis (député français au Parlement eurois g mparini (d laire Giba lles et lé Marie Co natrice), C péen, ancien conseiller régional et coordinateur de ésidentie pere Dini (sé ances pr les, pour Muguett toutes les fédérations MPF de France) aux éché te aux municipa s de 2001. prépare lis ion t c le é 'UDF se x ter une lieux : L alement présen 'elle a perdue au État des lieux : Le parti compte être candidat État des qu e ég r la place e compt dans toutes les circonscriptions législatives de tives. Ell DF de retrouve l'U 2007, ainsi qu'aux municipales de Lyon en 2008 mettre à di) 2 Lyon et aux futures cantonales. La priorité du parti ot 6900 mercredi et jeu ue Carn i, reste toutefois l'élection présidentielle. 9 (mard ts : 10 r Contac 04 78 92 87 3

Contacts : 34 rue Pasteur 69007 Lyon 04 37 28 92 62

U N IO N POUR PARTI RADICAL UN MO U V E Adhérents : 345 sur le Rhône, dont près de M E NT POP Respon ULAIRE 50% à Lyon s A a b d le h é s r ents : 2 et é den t lu s d e 697 : D la fédé ominiqu Conseil ration, e Perbe Responsables et élus : Bernard Fialaire (présipr g n é e n m é ie r a r l, vice-pré (présiHavard dent de la fédération, vice-président du conseil (secréta ministre des sident ir général), Fabienne Levy (secrétaire général, présie ral), Pat d État de é p artemen Transports), M du rick Hu s lieu iche tal dente régionale et vice-présidente nationale, x g : L 'U s M é nate P compt uet (maire du e et conseiller gé l u r s , conseillère régionale, conseillère du 4e arron3 ar néa e act in si que le parti es maire d e uellement 3 dé rondissement). père dissement), Daniel Pomeret (vice-président du p u p a u 3 r t t é ic o a s b s t u e r n ir Lyon et le plus d iper à toutes le rrondissement Conseil général). 2 , Patrick s échéa 'élus pos nc H s ib le s e t conserv es électorales à uguet. Le Contac État des lieux : Le Parti Radical a l’ambition er toute venir, ts : 25 s r s u e e s P c r irconscr pour d’être de toutes les élections, même si Jean04 78 3 ésident Edouar iptions. 9 28 30 d Herrio Louis Borloo ne sera pas candidat. (p e rm a nence du t 69001 Lyon lundi au v e n d re d i de 14h à 18h)

Contacts : 21/23 rue d'Algérie 69001 Lyon, escalier C, 1° étage

UNIR POUR LYON

Adhérents : une centaine 2000 : 1500Responsables et élus : Charles Millon (président du Rhône du e x ans le groupe, conseiller municipal du 3 arrondissement, éro deu é ents d ch (num Adhér gu conseiller communautaire, ancien président de la NAL o Gollnis t National, délé ), NATIO s : Brun en ron lu é F p é région Rhône-Alpes, ancien ministre de la Défense o u t r d FRONT uté eu ables e égional p s r é il d e sous le gouvernement Juppé), Denis Broliquier (maire nale). Respon tal et du Cons re régio lè e il ésident artemen du 2 arrondissement, conseiller municipal, conseiller parti, pr ecrétaire dép ionale et conse s g é x u a communautaire), Nicole Chevassus (maire du 6e général, ry (secrétaire r e mairie ou r chaqu endant, il arrondissement, conseillère municipale). Liliane B liste pou att e ntera un législatives. En e Pen. x rti prése L État des lieux : Unir pour Lyon pense avant tout aux : Le pa 008, ainsi qu'au re Jean-Marie s lieux rriè e2 élections municipales. Trois candidats sont possibles à État de ipales d ésidentielle, de s munic pr ce jour : Denis Broliquier, Amaury Nardone ou encore élection élection se sur l' Charles Millon. Le parti propose déjà de s'intéresser à se focali Lyon la petite enfance, en résolvant notamment le problème 69002 Verdun des crèches. ours de 0 ts : 38 c Contac 04 72 77 50 0

Contacts : 4 rue de la République 69001 Lyon 04 72 07 77 56

Page réalisée par Diane Lheritier et Pierre Silvain


18

DOSSIER

ique Polit ue q prati

LUTTE OUVRIERE (LO) Adhérents : 400 Responsables et élus : Nathalie Arthaud (porte-parole régionale, porte-parole d’Arlette Laguiller pour la présidentielle 2007), Jean-Luc Renault (conseiller municipal de la commune d’Oullins). État des lieux : Le parti ne désire pas s’unir avec les autres partis de la gauche antilibérale. Ces membres souhaitent défendrent leurs idées dans leur totalité et non s’unir sur le plus petit dénominateur commun. Au niveau local, le parti présentera une liste dans toutes les communes du Grand Lyon et dans tous les arrondissements lyonnais sauf le 6e où l’implantation y est trop faible. Contacts : Lutte Ouvrière – B.P. 238 69634 Vénissieux Cedex

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

PA R T I S OCIAL ISTE Respon sab le s A d e fédéra t h élus érents le d : 4 500 u R hône, sé : Christiane De régional) natrice montès , Gé r a r d C dent du ollomb (s et vice-présiden (secrétaire Gr te Co d u Jean-Ja and Lyon et pré énateur-maire de Lyon nseil sident d ck Quey État des ,p u ra n li n e e (p r ésident Conseil nationa résinouveau ux : Le PS est l du P de la x d a a r é g io n Rhône-A S), ce au se dhérents (près de ns une position in d délicate. lpes). 2 L 'a 2008 se u parti. L'action p 000 à Lyon) a re ra probab ndu floue fflux important d rincipale de la g e lemen s les t le s u iv i et le dév auche, si elle con luttes d'influenContac serve la eloppem ts : 6 m e 5 n t c d o u u c r h s antier du airie en 04 78 9 de la Liberté 6 Confluen 9003 L 5 98 00 t. yon

PARTI RADICAL DE GAUCHE (PRG)

3 200 Adhérents : 400 ents : Adhér t e u NÇAIS bail-Coq la ièle Le E FRA n a Responsables et élus : Thierry Braillard (adjoint au D : UNIST ire de secréta COMM et élus e t d maire de Lyon), Louis Pelaez (adjoint au maire de Lyon), e ir a PARTI sables ntale e Respon le départeme ndré Gerin (m ment). Eléazar Bafounta (président de la fédération du Rhône). A e sab e arrondiss (respon Rhône), dans le 7 ion du tion de fédérat Helal (élu construc r État des lieux : Dans le Rhône, le Parti Radical de Gauche ux), Karim ue sur la commun. Pou Vénissie sa politiq is en r u s e q t x a des élus dans toutes les villes. Le parti met en c r a a o s s transp souhaite n’est pa avant la place importante donnée à la jeunesse et : Le PC sur les prix de ec le PS. Tout rs des législas lieux État de universités et ilité d'accord av antilibérale. Lo s de Lyon. aux personnes issues de l’immigration. Basé sur des e s ib e logiqu scription nouvelle ne poss valeurs républicaines issues de la philosophie des existe u rentré dans un outes les circon t t 2008, il Lumières, il refuse une étiquette. Selon eux, c’est sur le PC es at dans 3 puisque aura un candid Cedex 0 ces valeurs que Gérard Collomb gère la ville de Lyon. y 6 Lyon tives, il as 6941 rt Thom urs Albe 0 ts : 1 co Contac 04 72 09 03 6

Contacts : Le PRG du Rhône et l’un des partis les plus difficiles à contacter. Nous vous recommandons de vous adresser à la fédération nationale pour prendre directement contact avec un élu du parti.

LES V LIGUE COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE ERTS Adhérents : une centaine Respon sa départem bles et élus : Adhére Jean-Cla Responsables et élus : La LCR du Rhône n'a pas ental du nts : 28 parti ude à la 0 m a ir ie d'élus, il existe cependant une permanence départede Lyon, , conseiller région Kohlaas (secré a7 taire al), me É m a ti n b e s r n ), e n B fo e mentale installée à Lyon. éatrice Tête ndate (a u V r d prés e jo d s e int s s il id e n État des te c hargée d lier (élue à la ville Verts du Rhône lieux : A il y e l'enviro de Villeu u-d pré e n État des lieux : La LCR participe aux discussions s là n e e n d m te 'é e v r n e d t au Gra rbanne, vicemunicipa es candidats su ntuels accords av nd Lyon). pour dégager des candidatures unitaires à gauche du r to les ec les dépla , ils limiteront les utes les circons le PS, les Verts PS, mais, selon eux, le PC se prépare à une majorité souhaite cements criptions déplacem nt . S'ils doux ents gouvernementale ou parlementaire avec les sociaux d e e t s d é v v é eloppero hicules e remportent les nt aussi n ville, fa Contac libéraux, et cela paraît donc compromis. C'est pour le v s ts tr : a 7 n s rue Fe ports en oriseront cela qu’Olivier Besancenot est candidat. r commun 04 78 9 randière 6900 . 2 Lyon 9 92 99

Contacts : LCR c/o ESCG 44 rue St Georges 69005 Lyon 04 78 39 89 63

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

4E CIRCONSCRIPTION

DOSSIER

Legis

lativ

Perben joue le passage en force

1ère

2e

1ère

3e

Député sortant : Christian Philip

es

La désignation du candidat repoussée

15

thèse se confirme, la candidature de Christian Philip se fera en dehors de l'UMP, le comité départemental du parti ayant adopté à 80% la liste des candidats aux législatives dans le Rhône, proposée par Dominique Perben. Christian Philip n'en fait pas parti.

La 4e circonscription attend toujours de connaître le candidat de l'UMP. L'imbroglio pré-électoral à droite semble néanmoins profiter à Dominique Perben, aux dépens de Christian Philip, évincé de la course.

L

1ère

2e

1ère

F.Z.

Député sortant : Jean-Michel Dubernard

4e

dont on ne sait encore s'il se présentera sur Lyon où dans le Beaujolais. Le match prendrait alors une autre ampleur.

F.Z.

"Ce n'est pas une question de personne, c'est une question de stratégie. J'ai été désigné pour mener la bataille des municipales, j'ai une obligation de résultats" affirme Dominique Perben. Cependant, le nom du ministre des Transports n'apparaît pas lui non plus sur la liste des candidats, approuvée par le comité national des investitures de l'UMP. La 4e circonscription a donc été "réservée" et la désignation du candidat repoussée. Afin de ne pas enclencher "la machine à perdre" qui fait si peur aux militants lyonnais. Et pour laisser du temps aux négociations entre ténors du parti. Une situation délicate, car Christian Philip ne semble pas décidé à "se vendre", lui qui a déjà refusé, entre autres, la présidence des Réseaux Ferrés de France en échange de son désistement. Une situation dont la gauche pourrait tirer profit sur cette circonscription, chasse gardée de la droite depuis des décennies. Le Parti Socialiste a décidé de lancer dans le bain sa nouvelle égérie locale, Najat Belkacem, 29 ans. Un pari difficile et un bon test pour sa première élection nationale.

candidature sur la circonscription où il a été réélu en 2002 avec 55% des voix. "Max" (son surnom) aurait bien aimé lancer en 2007 sa suppléante Laure Dagorne. Mais lorsque Dominique Perben, en mal de circonscription, a commencé à lorgner d'un peu trop près sur son pré carré, le chirurgien s'est décidé à rempiler. Jean-Louis Touraine est de nature plus discrète, pondéré, analysant les situations au scalpel. Mais après son échec de 2002 face à Anne-Marie Comparini sur la 1ère circonscription, le Premier adjoint au maire de Lyon entend bien soigner sa campagne face à son collègue. Ces deux poids lourds pourraient néanmoins se voir disputer le siège par un troisième homme. Ce dernier viendrait vraisemblablement à droite de la droite. Les millonistes aligneront un de leurs élus locaux. Mais le véritable joker pourrait bien être Bruno Gollnisch (FN),

a guerre électorale ne fait que commencer. Et la première bataille livrée sur le terrain de la 4e circonscription est une lutte intestine au sein de l'UMP. À ce petit jeu, Dominique Perben a pris le meilleur sur le député sortant, Christian Philip. La volonté du ministre des Transports, soucieux de s'assurer une rampe de lancement en vue des municipales de 2008, a eu raison de la résistance de Christian Philip, député dépité mais pas résigné. "Quoi qu'il arrive, je serai candidat", répète-t-il à l'envie. Si cette hypo-

3E CIRCONSCRIPTION

L'hôpital de campagne Jean-Michel Dubernard et JeanLouis Touraine. Deux des grands noms de la médecine lyonnaise seront également les deux candidats les plus sérieux à l'investiture dans la 3e circonscription.

L

e duel est attendu. Dubernard (UMP), député sortant, et Touraine (PS). Le chirurgien et le chercheur. Hormis le domaine professionnel et le lieu de travail, tout oppose les deux pontes de l'hôpital Édouard Herriot. Jean-Michel Dubernard, chiraquien jusqu'au bout des ongles, député depuis vingt ans, charismatique, bon vivant, possède un franc-parler et une personnalité imposante. Des caractéristiques dont il s'est servi pour assurer sa


16

DOSSIER Munic

ipale

s

DENIS BROLIQIUER, MAIRE DU 2E ARRONDISSEMENT DE LYON

La droite made in Lyon nous prendrons une position officielle pour la présidentielle.

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

plutôt lisses n'en font pas une candidate vraiment convaincante. Ce qui est plutôt dangereux lors d'un premier tour où les candidats sont nombreux. Mais si elle passe, alors elle aura de grandes chances de l'emporter. Personnellement, je pense que c'est elle qui va gagner. Mais quoi qu'il en soit, la montée de Sarkozy comme de Royal me laisse penser qu'il y a un vrai changement de génération dans la politique actuelle.

Ce changement de génération, c'est vous qui l'incarnez à Unir Pour Lyon ? Nous sommes deux, Amaury Nardone est responsable du groupe des élus UPL et moi je suis responsable du mouvement.

Perben m’a proposé la place de 1 adjoint au maire

Ne pensez-vous pas que Nicolas Sarkozy soit trop libéral pour réunir les Français derrière son programme ? En effet, c'est un vrai problème… Aujourd'hui, à chaque fois que l'on prononce le mot libéral en France, ça donne des boutons à tout le monde ! Mais Sarkozy reste un er bon candidat de premier tour car ses soutiens lui sont indéfectibles. Cependant, ses idées tranchées vont lui poser de sérieux problèmes s'il passe au second tour. Car il aura beaucoup de difficultés à rassembler. C'est l'inverse pour Ségolène Royal, ses prises de position

Cela implique-t-il votre participation aux prochaines législatives ? UPL est un parti politique local, il a donc vocation à présenter des candidats dans toutes les élections locales. On présentera donc quatre candidats dans les quatre circonscriptions lyonnaises. Ce serait d'ailleurs surprenant, alors que l'on critique les résultats de la législature actuelle, de négocier des accords avec les députés UMP sortants. Aujourd'hui, on pèse dans la droite noninstitutionnelle, il faut que l'on puisse proposer aux électeurs une alternative à l'UMP. Pour le moment rien n'est encore décidé, le choix se fera en janvier. Pour ma part, il est possible que je me présente sur la première ou la deuxième circonscription. J'annoncerai ma décision à la même date.

Denis Broliquier est président d’Unir Pour Lyon (UPL). Maire du deuxième arrondissement, il personnifie, avec Amaury Nardone, le courant milloniste. À 43 ans, ce directeur de communication représente une véritable originalité lyonnaise et une épine dans le pied de l'UMP local. Denis Broliquier, nous sommes à cinq mois de l'élection présidentielle, quel candidat sera soutenu par UPL ? À l'heure actuelle, aucune personne n'a été choisie. Mais plusieurs personnalités séduisent. Un certain nombre des membres de UPL sont plutôt proches de De Villiers et du MPF. D'autres apprécient le côté novateur de Nicolas Sarkozy. Enfin, une partie plus minoritaire se tourne vers Édouard Fillias et Alternative Libérale. Personnellement, j'apprécie le discours libéral de Sarkozy mais je veux attendre que le décor soit planté avant de faire mon choix. De plus, UPL fait parti d'une mouvance qui s'appelle “Les clubs de l'embarcadère”. Ces clubs sont déjà présents dans plus de trente départements. C'est dans le cadre du rassemblement de ces clubs, les 3 et 4 février prochains, que

TRIBUNS DES GÔNES 30 NOVEMBRE 2006

Et pour 2008 (élections municipales) ? Nous sommes prêts, en phase opérationnelle pour les municipales. Dominique Perben essaye bien de rassembler à droite. Il m'a même proposé la place de 1er adjoint au maire si UPL se ralliait à l'UMP. Mais nous estimons qu'avec 52 élus à Lyon, notre parti pèse sur la droite locale. UPL conduira donc une liste en 2008.

DOSSIER

Munic

ipale

dérange pas.

s

17

En 1998, Charles Millon avait fait l'inverse, en s'alliant politiquement avec le FN. Je pense que c'était une erreur de perception politique. Charles Millon n'a sans doute pas vu ce qui se passait. À la même époque, monsieur Humbert était dans la même situation en Franche-Comté ; il a immédiatement démissionné et a finalement été réélu avec l'aide de la gauche. C'est ce que Millon aurait du faire ici.

Propos recueillis par P.S. et F.Z.

EN COULISSES

Vous ne considérez donc pas les voix de l'extrême droite comme perdues ? On ne partage pas les mêmes idées, mais on a le même électorat. Cependant aucune alliance n'est possible. Pas par ostracisme, mais parce que leur analyse de la société et les solutions qu'ils proposent sont totalement différentes des nôtres. Ça ne me dérangerait pas de gouverner avec l'UDF, mais je ne l'imagine pas avec le FN. Je dis non à l'appareil politique du Front National, mais si leurs électeurs veulent voter pour nous, ça ne me

DOMINIQUE PERBEN

Havard appâte Broliquier

Ne craignez-vous pas de faire le jeu de la gauche en divisant les forces de droite ? Ces cinq dernières années, l'UMP avait les pleins pouvoirs politiques et malheureusement, ils n'en ont pas profité, leur action s'est limitée à un ensemble de petites réformettes. Nous nous devons donc de proposer autre chose aux électeurs, une troisième voix crédible. De plus, je ne veux pas laisser le FN comme seule alternative à ces électeurs déçus.

Côté staff

Qui sera la tête de liste ? (Il réfléchit)… Ce sera moi.

Lyon Nouvel Horizon est une association créée en mars

Lyonnais. Autour de LNH gravitent environ 800 personnes. Mise en place pour "créer et alimenter le débat", la démarche est surtout pour le ministre des Transports un moyen d'occuper la scène politique lyonnaise avant la campagne

2005 par le docteur Bruno Gignoux, ancien conseiller municipal de Michel Noir puis de Raymond Barre. Elle englobe dix groupes thématiques et trente-cinq équipes de quartier travaillant sur les sujets qui préoccupent les

L'UMP joue la fermeté mais entrouvre la porte aux millonistes. Joint par téléphone, Michel Havard, secrétaire départemental de l'UMP, a voulu mettre les choses au point à propos de la stratégie d'Unir Pour Lyon. "Si les millonistes ont décidé de diviser la droite et d'aider Gérard Collomb, c'est leur responsabilité, je leur laisse ce problème de conscience.” Mais Havard et l'UMP ont décidé de manier le bâton et la carotte. "Si les millonistes souhaitent nous rejoindre, ils doivent le faire dès à présent. Broliquier n'a pas de soucis à se faire sur la place que lui réservera Perben. Il sera accueilli à bras ouverts." Les tractations vont bon train en coulisses. officielle.

OBJECTIF MUNICIPALES

Steven Dolbeau

prend un nouveau tour. La stratégie s'accélère dans le camp du ministre. Lyon Nouvel Horizon a aussi lancé la création d'un comité de soutien pour rassembler des personnalités lyonnaises afin d'étendre encore son influence à Lyon. "Pour le moment on se positionne dans une phase d'écoute mais dès 2007, nous ferons le point" rappelle Dominique Perben. Après les élections législatives, le comité de soutien prendra toute son importance et la campagne pourra véritablement débuter jusqu'en mars 2008.

Perben vers de nouveaux horizons

L

yon Nouvel Horizon accélère sa marche vers les municipales. Avec 600 adhérents, l'association de soutien de Dominique Perben voit son effectif augmenter peu à peu. Parallèlement les colloques et groupes de travail s'enchainent pour forger à la future liste de Perben, un programme et une image. Après les transports, la famille ou les relations internationales, les prochains thèmes abordés seront la culture et la solidarité. De nouveaux ateliers seront désormais centrés sur la diversité, les relations interreligieuses, ou la sécurité. La pré-campagne

© F. Zucca

D.R.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.