DECRYPT'AGE HORS-SERIE dernier numéro ISCPA Lyon juin 2020

Page 1

DECRYPT' AGE

18 juin 2020 - Dernier numéro

HORS-SERIE

ILS ONT ÉCRIT L’HISTOIRE


PHOTO D’ARCHIVE

Elizabeth II, la diplomatie silencieuse

© Press association

À 18 ans, Elizabeth encore princesse s’implique dans les forces armées de la Seconde guerre mondiale.

© UK Press

La reine et le duc d’Édimbourg avec leurs invités le président américain John F. Kennedy et son épouse Jacqueline, le 5 juin 1961. © AFP

À la mort de son père le 6 février 1952, Élizabeth accède immédiatement au trône. Son couronnement a lieu à l’abbaye de Westminster le 2 juin 1953, où elle devient la reine Elizabeth II. © David Cheskin

La reine et le président sud-africain Nelson Mandela à bord d’une calèche le long du Mall, menant au palais de Buckingham, le 9 juillet 1996. © Press Action

Elizabeth II et le président américain Barack Obama peu avant un banquet d’État au palais de Buckingham, le 24 mai 2011.

2

© Hulton Archive

DECRYPT’ÂGE

La reine pose avec les dirigeants des pays de l’OTAN, son secrétaire général (5e à gauche, au premier rang) et le prince de Galles (4e à gauche, au premier rang) pour célébrer les 70 ans de l’alliance, au palais de Buckingham, le 3 décembre 2019.

© Press association

1ere rencontre avec un « Grand de ce monde ». Le premier ministre Winston Churchill la reçoit au 10, Downing Street, le 5 avril 1955. © Press Action

La reine et le pape Benoît XVI s’entretiennent pendant la visite du pape au Royaume-Uni, dans le palais de Holyrood à Édimbourg, le 16 septembre 2010. © Reuters

Elizabeth II a souhaité apporter son soutien aux soignants britanniques. Le 11 juin dernier, elle réalise sa première visioconférence pour témoigner sa reconnaisance.

Ugo Mailliard


SOMMAIRE

ÉDITORIAL

CULTURE..................................................4 Leonard de Vinci : peindre l’esprit

SCIENCES..............................................5 Albert Einstein, le génie pacifiste

CONFLIT..................................................6 Alexandre Le Grand, l’histoire d’un mythe

ENVIRONNEMENT...........................8 Gandhi, écologiste précurseur

POLITIQUE...........................................9 Pericles : la démocratie, son oeuvre

MÉDIA....................................................10 Albert Londres, le reporter

Sombre année Il faut se l’avouer… le scénario de l’année 2020 a été, et s’annonce encore chaotique. Des catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique, aux épidémies bactériennes en passant par les injustices sociales, nous sommes depuis peu violemment confronté aux failles de nos institutions et limites de nos agissements. Fort heureusement, nombreux sont ceux ayant pris conscience des enjeux planétaires et sociétaux. En témoigne le nombre grandissant de manifestations à travers le monde ces derniers mois. Ce hors-série de Décrypt’Age vous propose aujourd’hui, de voir plus loin que d’ordinaire. Plus loin, en épluchant dans chacune des rubriques, le portrait et l’héritage laissé par les figures les plus influentes de l’histoire sur le monde moderne. Pourquoi un hors-série ? Car l’aventure de Décrypt’Age prend son terme. Après avoir produit une centaine d’analyses historiques, l’équipe du magazine espère de tout coeur vous avoir apporté un autre regard sur l’actualité. Le temps est venu chers amis lecteurs, de nous quitter. Merci pour cette année ! Merci pour votre intérêt !

Thibault Ajaguin

ECONOMIE..........................................11 Henry Ford, le moteur d’une industrie moderne Interview de Benjamin Coriat

8 10 6

Rédacteur en chef : Thibault Ajaguin Rédacteurs : Ugo Maillard, Léa Grillet, Margaux Levanto, Léo

Mourgeon, Nathan Vacher, Christopher Coustier, Inès Pallot, Elliot Rogliardo : Léo Mourgeon : Inès Pallot, Christopher Coustier

Maquette

S.R.


CULTURE

Chez Léonard, tout est mouvement Artiste, savant, inventeur, sculpteur, philosophe et encore bien d’autres métiers qualifieraient Léonard de Vinci. Un grand homme de par ses œuvres et son audace, qui trop idolâtré, en perdrait presque son charme. Retour sur ce personnage mythique qui façonne l’histoire, avec l’analyse du spécialiste Pascal Brioist.

© Leonard de Vinci

Les différents dessins et étapes de la construction de tableau de La Vierge, l’enfant Jésus et Sainte-Anne (1503-1519)

I

l nous inspire toujours aujourd’hui et fait partie de ces grands hommes qui font l’histoire, Léonard de Vinci a marqué l’époque de la Renaissance comme beaucoup d’autres, et est toujours un mystère en 2020. Si certains le considèrent comme un génie de son temps, pour d’autres ce mot est réducteur, voire faible. Pascal Brioist, historien et spécialiste de Léonard de Vinci, considère justement que « derrière chaque grand homme, s’en cachent d’autres ». Léonard de Vinci est sans aucun doute un artiste et surtout un peintre incontestable. Son père, un riche notaire, remarque son talent pour le dessin très jeune. À seulement 5 ans, il est placé dans l’atelier d’Andrea de Verrocchio à Florence. Le jeune homme impressionne son maître, qui le laisse même peindre l’un des anges de son tableau Le Baptême du Christ. Léonard de Vinci va alors perfectionner sa maîtrise de l’art tout au long de sa vie et débute sa carrière de peintre à 20 ans. Et justement, Léonard de Vinci a une fois de plus prouvé ses talents de dessinateur et savant récemment. Le 9 juin dernier, le Journal of the American Medical Association publiait une étude attestant les mesures de l’Homme de Vitruve exact à 10% près des mesures anatomiques contemporaines, réalisées sur 64 000 jeunes hommes (et quelques femmes).

La peinture, une technique et une philosophie pour Léonard « Chez Léonard il n’y a pas un secret, il y a une quantité » nous dit Pascal Brioist. Faisant référence ici au Sfumato. Cette technique de peinture qu’il invente consiste à abolir et faire vibrer les contours, pour un air plus imprécis où les sujets sont dans une ambiance vaporeuse. Pour ce faire, il superpose de fines couches de glacis. « Si on passe ses peintures aux rayons X, on ne les voit pas (couche). Ce qui signifie une connaissance parfaite des couleurs et de la micro-touche ». La Joconde en

4

DECRYPT’ÂGE

est l’exemple parfait, le Sfumato serait même à son paroxysme dans ce tableau. Néanmoins l’artiste ne peut réduire uniquement son talent à cette notion. Bien évidemment il utilise la perspective aérienne des peintres florentins et d’autres techniques. C’est notamment sa vision du monde, ses connaissances et découvertes qui font son talent et sa particularité. « Sur chaque tableau, il y a une expérience. Léonard veut voir un monde apparaître. Il voulait mettre tout ce qu’il savait dans ses tableaux, comme l’anatomie ou la botanique » explique le spécialiste. On ne peut dissocier l’artiste du savant chez Léonard de Vinci. Son travail d’observation et d’expérimentation se fait ressentir dans ses œuvres.

« La peinture est une chose de l’esprit » « C’est plus qu’une technique, c’est un point philosophique sur le monde. Tout est mouvement pour Léonard, explique Pascal Brioist. Il disait « La peinture est une chose de l’esprit », c’est d’abord une pensée mais Léonard change constamment d’idée. Il peut donc avoir plusieurs versions d’un même tableau ». Et c’est notamment le cas pour la peinture de La Vierge, l’enfant Jésus et Sainte-Anne. Le premier dessin est rempli de possibilités. « Il commence par un dessin qui vibre car il ne sait pas où il va, et qui finit par vibrer par la technique du sfumato ». Dans chacun de ses tableaux, le peintre souhaite également raconter une histoire. Plus haut, il joue sur les traits du visage de la grandmère et la mère. Derrière Léonard de Vinci existe toute une pensée naturelle. À travers ses œuvres, sa vie est elle-même repensée et retracée. Mais l’artiste reste encore un mystère pour les historiens, toujours 500 ans plus tard. L’encre, la religion ou encore ses études anatomiques par exemple. Mais d’après Pascal Briost, « le travail sur Léonard reste infini ». Margaux Levanto


SCIENCES

Le génie d’Einstein marque encore les esprits

© Domaine publique

Mort en 1955, Albert EInstein reste le scientifique le plus célèbre du monde

Il est le physicien le plus connu, le plus reconnu et le plus brillant du monde. Derrière son visage distrayant, se cachait l’un des cerveaux les plus développés que le monde ait pu créer.

appareils médicaux, ou code-barres. On peut encore lui attribuer la création du GPS grâce à sa théorie des relativités, générale et restreinte, mais aussi celle du réfrigérateur de par ses travaux sur les principes d’échanges de chaleur.

Qui d’autre qu’Albert Einstein pour rendre hommage à la science ? Beaucoup d’autres auraient mérité légitimement cette place. Alan Turing et sa science informatique, Isaac Newton pour sa gravité universelle ou encore Galilée, père fondateur de la physique moderne, entre autres. Mais le prix Nobel de physique 1921 surpasse ses pairs. Le natif d’Allemagne est le premier à qui le monde pense lorsque l’on parle de génie. Il réussit à être connu de tous, sans qu’on en sache vraiment sur ses accomplissements. Comme aurait dit Chaplin lors d’une rencontre avec le scientifique. « Tout le monde vous admire, mais personne ne vous comprend ».

Une personnalité au-delà de ses recherches

Une réussite dans tout ce qu’il entreprenait Définir Einstein par une de ses recherches n’est pas possible tant le scientifique a poussé ses recherches dans plusieurs domaines. On pourrait parler de sa théorie de la relativité, de ses travaux sur l’existence des atomes et de sa théorie sur la physique quantique. Ou encore de sa conception de l’espace, du temps et de la matière. Albert Einstein a fortement impacté la science de son époque et continu d’influer sur celle d’aujourd’hui. En témoignent ces quelques objets de nos quotidiens conçus en parallèle de ses recherches. Son interprétation de l’effet photo-électrique, qui lui a valu son prix Nobel en 1921, est à l’origine de l’électronique, l’ouverture automatique des portes ou les cellules des appareils photos et panneau solaire. Sa découverte de l’émission stimulée indispensable à la réalisation du laser, présent pour les CD,

En plus de ses multiples recherches scientifiques, Albert Einstein a développé un véritable culte de la personnalité. Une nouvelle icône de la pop-culture. Ses longs cheveux blancs et sa moustache sont familiers à toutes les générations. Son tirage de langue lors de son 72ème anniversaire et sa pipe à la bouche le sont tout autant. Au-delà de ça, c’est aussi le pacifisme engagé du scientifique que l’on retiendra. Albert Einstein a toujours milité pour la paix. Après la Première Guerre mondiale, il œuvre pour la réconciliation franco-allemande et s’est fortement opposé à l’arme atomique, même si les États-Unis s’appuieront sur ses recherches pour concevoir la leur. Il a également lutté pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis lorsqu’il y résidait. Il n’hésitait pas à donner des cours de son domaine à des étudiants afro-américains dans les Universités et s’activait dans cette lutte au point d’être sous la surveillance du FBI. Lors d’une conférence à la Lincoln University (réservée aux Noirs), il s’exprimera. « Il est inconcevable et je ne compte pas me taire à ce sujet ». Une déclaration qui résonne encore bien malheureusement aujourd’hui. Kenny Lauterbach

DECRYPT’ÂGE

5


CONFLIT

LE DOS Grandiose

Dans la nuit du 13 juin 323 avant Jésus Christ, l répand comme une traînée de poudre ; Alexandr table mythe dont les vestiges culturels, politiques tem

Alexandre Le Grand s’est éteint à l’âge de 32 ans, laissant derrière lui un empire instable © Karl von Piloty

N

é à Pella dans le royaume de Macédoine en 356 av J.C, Alexandre est le fils de Philippe II. Sa mère dit de lui qu’il est le fils de Zeus. Son nom est annonciateur de la gloire qu’il connut. Alk (Alex) dans les noms grecques est un terme guerrier ambivalent qui peut désigner soit l’attaque ou la défensive. Andros (Andre), se traduit par Homme (masculin) qui veut protéger l’Homme. Un prénom glorieux qui ne réussit pas à ses prédécesseurs ; Alexandre I est un traître et Alexandre II a eu règne éphémère et sans grands succès. Avant de prendre la tête de troupes militaires dès ses 18 ans, Alexandre est éduqué par Aristote, son maître à penser qu’il considère comme un second père. Avec lui, le futur souverain apprend la morale, la philosophie, et la politique. Les textes racontent que c’est ce maître qui donna à son apprenti les livres de L’Illiade et de l’Odyssée, qui le suivront partout jusqu’en Inde. Les paroles d’Aristote sur la bravoure, le courage et l’amitié résonnent chez le futur roi et l’accompagneront jusqu’à sa mort. Malgré quelques « écartades » notoires provoquées par le vin et sa folie de fin de vie, Alexandre régnera d’une main de fer sur le monde connu de son temps, étendant ses territoires de l’Égypte à l’Asie (moyen orient à l’époque). Si ses conquêtes font de lui l’un des chefs militaires les plus glorieux de l’histoire humaine, Alexandre se démarque par sa volonté d’établir un seul et même état et de fédérer tout ses sujets en un seul et même peuple.

La volonté d’une mondialisation avant l’heure Depuis son accession au pouvoir après son père, Alexandre poursuit la volonté de ce dernier : conquérir le monde connu et l’unir en une seule et même culture helléniste (grecque). Il va malgré tout au delà des projets de son paternel, qui a, selon Gilles Courtieu professeur d’histoire antique à l’université

6

DECRYPT’ÂGE

Jean moulin de Lyon, « bien préparé le terrain. » Il conquit ainsi la majorité du monde connu et bâtit une civilisation hellénistique. Dans ses conquêtes, Alexandre trouve ce qui fera de lui le précurseur d’une « première mondialisation » d’après l’universitaire. Mélanger et unir les cultures et les peuples (par la force très souvent) c’est la solution qu’adopte le jeune roi de macédoine. Unir les peuples perses, grecs et « asiatiques ». Une volonté nouvelle qui trouve son accomplissement dans les noces de Suse en Iran actuel. Après avoir conquis la ville et vaincu le roi Perse Darius III, Alexandre organise une cérémonie nuptiale grandiose. Il marie ses généraux, proches amis et 10 000 de ses hommes à des femmes perses et mèdes et épouse lui même Stateira, femme de Darius désormais décédé. Cette fusion des élites irano-macédonniennes, c’est le symbole d’une fusion entre les peuples gouvernés par le souverain. Une unité qui permet également de faire fluctuer les échanges et de répandre une culture macédonienne dans le monde connu. Une sorte de première « mondialisation » décrite par Gilles Courtieu comme l’accomplissement de la volonté d’Alexandre « d’unifier tous les peuples ». © Musée archéologique de Naples

A la mort de Darius III (à droite), Alexandre épousa sa femme

L’un des aspects novateurs du souverain, c’est la communication. Il a presque des conseillers dans ce domaine. « C’est le premier à avoir l’idée de payer des gens à des fins de propagandes. Ces gens étaient là uniquement pour vanter la gloire du roi. Il était


SSIER Alexandre

le silence se fait dans Babylone et la nouvelle se re III dit Le Grand est mort. Un conquérant, véris et philosophiques sont encore visibles de notre mps.

conscient qu’il fallait gagner, mais il était important aussi de montrer qu’on avait gagné » explique Gilles Courtieu. « Il crut qu’il était envoyé de Dieu avec la mission d’organiser tout, de concilier tout dans l’univers. S’il réduisait par la force des armes ceux qu’il n’avait pu rattacher à sa parole, c’était afin de réunir en un corps unique les éléments les plus disséminés. Il semblait que dans une même coupe amicale il voulût confondre les existences, les mœurs, les mariages, les manières de vivre. »

© Musée archéologique de Naples

très proche de celle qui sera reprise à Rome et dans les royaumes européens plus tard. C’est d’ailleurs à cause de ce virage que lors d’un banquet arrosé, Alexandre tuera son meilleur ami Kleitos d’une lance en plein cœur. Malgré de glorieuses batailles et une vie parsemée de légendes, la personnalité d’Alexandre a toujours été controversée. Un grand débat avait même été organisé à Rome pour savoir s’il avait été chanceux ou brillant.

Plutarque sur les noces de Suse dans « De la fortune d’Alexandre ».

Des conquêtes qui font toujours débat

Les bases de la monarchie de droit divin Les empreintes de la vie d’Alexandre Le Grand sont visibles dans les systèmes politiques encore de nos jours. Selon Gilles Courtieu, « Il fonde la monarchie absolue telle qu’elle est transmise ensuite par Rome et tous les royaumes européens ». Pour comprendre cette affirmation, il faut remonter au temps où Alexandre devint pharaon d’Égypte. La poursuite de Darius mène Alexandre en Égypte, là bas, il entend parler d’un oracle qui vivrait dans un temple égyptien. Souhaitant le rencontrer, il entame une traversée du désert, perd la moitié de ses hommes, manque de mourir et finit par arriver jusqu’à l’homme. Le prêtre ne parle presque pas le grec ancien et dans une erreur de traduction il commet un lapsus qui fera d’Alexandre un dieu vivant. Il l’accueille non pas en l’appelant mon fils comme il l’aurait voulu mais « fils de dieu ». Fort de cette malencontreuse erreur, Alexandre s’en sert pour faire asseoir son mythe. Devenant ainsi pharaon, l’élu des dieux. C’est plus tard qu’il jettera les bases d’une monarchie de droit divin en prenant un tournant qui lui coûtera la vie. Après avoir goûté aux plaisirs d’être un demi dieu en Égypte, il adopte une monarchie perse qui glorifie son souverain et se prosterne devant lui, ne serait-ce que pour lui adresser la parole. Une monarchie absolue de droit divin, que Gilles Courtieu l’a dit

Aujourd’hui encore, les conquêtes et la vie du roi de Macédoine font parler d’elles. Il est en effet l’une des raisons pour lesquelles la Grèce et la Macédoine (devenu état indépendant en 1991) se sont déchirés pendant 27 ans. Les deux états se disputent pour savoir qui pourra réellement prendre Alexandre comme emblème. Dans la capitale Macédonienne, une statue de 40 mètres lui a été érigée et la macédoine adopte à son indépendance l’emblème de la dynastie d’Alexandre, l’étoile de Verginia. Dans la capitale, l’aéroport de Skopje porte son nom. Problème, à Thélassonique en Grèce, une statue d’Alexandre trine fièrement sur une place de la ville ou encore dans de nombreux bas reliefs grecs. Un litige qui sera repris par le nationalisme en Grèce, la question étant de savoir si Alexandre, défenseur de l’hellénisation en premier lieu, est Grec ou non. Ailleurs dans le monde, Alexandre Le Grand est aussi une figure presque diabolique. En Inde ou en Iran pour le Mazdéisme (religion de la perse antique), il est accusé d’avoir détruit des textes sacrés lors de son arrivée. On le surnomme là bas le méchant ou le maudit. Léa Grillet

Le saviez-vous ? Dans les textes racontant la vie d’Alexandre Le Grand, ce dernier est accompagné d’un destrier désormais devenu légende : Bucéphale. Un cheval que Philippe II aurait refusé d’acheter à son fils car la bête était indomptable. Alexandre exprima ses regrets à son paternel et Philippe finit par craquer. Il demanda que seul son fils soit chargé de dompter la bête. Il remarqua que l’animal avait peur de son ombre, en le plaçant face au soleil et en le rassurant il réussit à l’apprivoiser. Selon Plutarque, voyant la réussite de son fils, Philippe lui aurait déclaré : « Mon enfant, cherche un royaume à ta mesure. La Macédoine n’est pas assez grande pour toi. Car c’est toi le nouveau roi ».

DECRYPT’ÂGE

7


ENVIRONNEMENT

Pour Mahatma Gandhi, l’écologie est un énième combat

Connu en grande partie pour son implication dans le mouvement d’indépendance de l’Inde, « le père fondateur » de ce pays est également un précurseur en matière d’écologie. Impliqué dans des dizaines de combats au cours de sa vie, l’environnement a toujours été au centre de ses intérêts. Mais 72 ans après sa mort, que pourrait-il bien penser de l’état actuel de notre planète Terre ?

© Hulton Archive

2016, nous n’étions qu’à 3% à titre de comparaison.

Une faible empreinte carbone comme mode de vie C’est le Premier ministre indien, Narendra Modi, qui avait évoqué en 2016 « la faible empreinte carbone de Gandhi ». Un moyen de montrer la volonté de l’Inde de se tourner vers un mode de vie beaucoup plus écologique pour la plus grande démocratie du monde. En effet, celui que l’on surnomme aussi « Bapu » (« père » dans plusieurs langues en Inde), axait son style de vie sur la préservation des ressources naturelles et le non-consumérisme. Et pourtant, rien ne l’y obligeait puisque la situation environnementale à son époque (1869-1948) n’était pas encore dramatique. À l’heure actuelle, l’empreinte écologique monte en flèche et on estime qu’aujourd’hui, l’être humain ponctionne davantage de ressources que ce que la nature peut proposer. Ainsi, nous consommerions actuellement une planète et demie et vivons donc à crédit. Une situation qui alarmerait sans doute le grand penseur indien. © Hulton Archive

Gandhi est l’un des précurseurs en termes de protection de la cause animale ainsi que de l’environnement

M

ohandas Karamchand Gandhi, dit Mahatma Gandhi, est avant toute chose un dirigeant politique réputé pour avoir grandement aidé dans l’indépendance de l’Inde, son pays. Défenseur des droits civiques également, il a basé l’entièreté de ses actions sur la non-violence et une grande partie sur la désobéissance civile, afin de faire bouger les choses. Mais s’il y a une facette que les gens ignorent souvent sur ce « grand » homme, c’est bien son attrait pour l’écologie.

Avant toute chose, précisons que ce terme d’« écologie » est né en 1866 sous l’impulsion du biologiste allemand Ernst Haeckel. Pour lui, c’est une discipline qui cherche à étudier les rapports entre un organisme et son environnement. Gandhi va, dès son plus jeune âge, se soucier de cette nouvelle cause et affirmer sa volonté de protéger la nature mais aussi les animaux. Il est donc végétarien et essaye même de respecter les principes du véganisme, qui ne sera que réellement définit en 1944 (quatre ans avant son assassinat en 1948). Ils sont rares, à cette époque, à respecter ces principes dans le monde. Tandis qu’aujourd’hui en 2020, environ 375 millions de personnes sont véganes ou végétariennes, ce qui représente pas moins de 5% de la population mondiale, et ce chiffre progresse de jour en jour. En

8

DECRYPT’ÂGE

En plus de son combat pour l’écologie, Gandhi est surtout connu pour son rôle dans l’indépendance de l’Inde

Mais les nouvelles générations donnent de l’espoir. On voit récemment des figures comme Greta Thunberg ou Leah Namugerwa se lever pour défendre cette cause écologique. Des successeurs de Gandhi et d’autres grands acteurs de ce mouvement pour l’environnement. Et certains chiffres sont également prometteurs. En Inde, la patrie de Gandhi, 42% des ménages sont actuellement végétariens. 78% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’élevage des animaux et la consommation de viande est justement en baisse, par exemple de 12% en France. Selon une étude récente, si le monde entier devenait vegan d’ici 2050, huit millions de vies pourraient être sauvées grâce à la baisse de l’obésité et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Alors même si cela relève d’une utopie folle, cette étude prouve que l’humanité tient son avenir entre ses mains. Et ce sera certainement par le biais de multiples efforts et sacrifices que la situation écologique dramatique que nous connaissons pourra s’inverser. « La différence entre le possible et l’impossible se trouve dans la détermination » nous disait Gandhi. Une phrase qui résonne dans nos têtes à l’heure où chacun doit se mobiliser dans ce combat pour que les futures Elliot Rogliardo générations puissent perdurer.


POLITIQUE De Périclès à aujourd’hui, qu’en est-il de notre démocratie ?

Grâce aux grands principes de Périclès, prospérité et respect de la loi animait la cité Athénienne

Grand personnage de l’histoire, Périclès est l’un des artisans de la démocratie. Aujourd’hui, elle est pourtant nettement différente de ce que l’illustre grecque avait mis en place à Athènes. Des siècles ont passé et aujourd’hui, une question se pose : où en est notre démocratie ?

P

ériclès était un homme d’état de la Grèce antique né vers 495 avant notre ère et mort en 429, 66 ans plus tard. L’empreinte qu’il a laissée sur le monde est telle qu’aujourd’hui encore on parle du siècle de Périclès. Il a posé les fondements de la démocratie et sa carrière politique coïncide avec l’âge d’or de la capitale grecque. Mais revenons-en d’abord aux prémices. En 461 avant notre ère, Périclès aida le réformateur Éphialtès d’Athènes à organiser un vote au sein de l’assemblée populaire qui priva de tous ses pouvoirs le conseil de l’Aréopage, composé de nobles. De nombreux historiens considèrent cet événement comme la naissance de la « démocratie athénienne ». Après l’assassinat d’Éphialtès survenu la même année, Périclès se distingua comme le principal politicien d’Athènes et prit la tête de l’Assemblée du peuple citoyen jusqu’à sa mort, trente ans plus tard.

Une vision novatrice mais imparfaite Périclès voit dans la démocratie le régime du peuple. Elle défend en effet les intérêts de l’ensemble des citoyens, à la différence de l’oligarchie ou de la tyrannie, toutes deux au service d’une minorité. Le stratège athénien caractérise plus précisément le régime démocratique comme reposant sur trois critères fondamentaux favorables au peuple : l’égalité devant la loi (isonomie), l’égalité de pouvoir (isocratie) et l’égalité de parole (isagoria). Périclès valorise ainsi dans la démocratie la participation des citoyens à la décision. À son époque, la

© Philipp von Foltz

démocratie athénienne est une démocratie directe : tous les dix jours, les citoyens se réunissent en assemblée (l’ecclésia) pour discuter des affaires importantes et voter les lois. Ils sont libres de proposer des amendements sur les projets de loi et leur temps de parole est équitablement réparti. L’illustre grecque a même reformé le système et favorisé la participation des plus pauvres grâce au revenu journalier. Cependant, le statut de citoyen n’est pas accordé à tout le monde et c’est ici que se trouve la controverse. En effet, on estime en moyenne à l’époque que la cité d’Athènes ne comptait pas moins de 400.000 habitants, mais 15% d’entre eux seulement bénéficiaient du statut de citoyen. Une maigre représentation de la population réelle de l’époque.

Une semi-réalité aujourd’hui De nos jours, la démocratie est un système toujours aussi présent. Elle est quasiment adoptée partout dans le monde mais n’est pas pour autant parfaite. Ainsi, on peut légitimement se poser la question de la réalité ou non de cette dernière. En Russie, la démocratie est présente sous une autre forme car la liberté d’expression et d’opinion est totalement absente. Nombreux sont les journalistes qui craignent pour leur vie en donnant leur opinion politique. Il en est d’ailleurs de même pour les personnes homosexuelles qui sont catégorisées et malmenées. Les opposants au régime politique sont eux aussi considérés en quelque sorte comme des parasites et ne jouissent donc pas de leur pleine liberté. Par ailleurs, il est simple de dresser un constat de la démocratie dans le monde aujourd’hui. Si on prend le cas de la France par exemple, le concept de l’ecclésia a bien changé si on regarde l’assemblée nationale. Le peuple reste impliqué par le biais des différents suffrages mais l’est bien moins qu’à l’époque de Périclès. Le concept de démocratie est, nous l’avons vu, « vieux comme le monde ». Toutefois ce dernier persiste dans le temps et pérennise l’impact que Périclès a eu de son vivant mais également après sa mort. Christopher Coustier

DECRYPT’ÂGE

9


MEDIA

Albert Londres, une vision du journalisme toujours d’actualité ?

Albert Londres demeure une des plus grandes figures du journalisme français. Mais en quoi le la presse a changé depuis ses grands reportages ?

«

Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les

processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », expliquait Albert Londres en 1929. Ce grand reporter a su imposer à l’époque sa vision du reportage et a séduit des millions de lecteurs. On retient de lui ses débuts en tant que correspondant de guerre, ses enquêtes politiques ou touristiques et ses grands reportages sociaux sur le bagne, les asiles ou autres prisons militaires. Doté d’une plume remarquable et d’un style qui lui est propre, il met le doigt là où ça fait mal et veut rétablir la vérité. Et même s’il dénonce à travers ses écrits, on peut y déceler autre chose : une utilisation forte de l’ironie. Elle abolit la distance entre le reporter et son lecteur, et le journaliste n’hésite pas à utiliser le « je ». Il pique et oublie totalement l’objectivité, visant tout de même une argumentation pure et dure. Ce discours singulier est particulièrement efficace et lui a valu tout son succès, au point d’être considéré comme le pionnier du grand reportage. Mais s’il reste aujourd’hui l’idéal du journaliste, la situation actuelle est bien différente pour les acteurs de la presse.

Une vision du journalisme plus censurée Aujourd’hui il aurait certainement à affronter de multiples procès. Et pourtant il constitue encore le mythe du journaliste par excellence. Alors même si son nom est resté, en grande partie grâce au prix éponyme qui récompense chaque année un grand reporter francophone, son approche journalistique est de moins en moins adoptée. Pourquoi les journalistes modernes ont si peur de dire la vérité ? Ou même, peuventils encore le faire ? Certains exemples laissent à penser que non. Une loi sur le secret des affaires a été promulguée en 2018, et sitôt décriée. En interdisant de divulguer certaines informations, cette loi permettrait tout simplement de dissimuler des évasions fiscales. Et lorsque certains médias vont à l’encontre de ces interdictions, au nom de la vérité, ils peuvent se heurter à une « procédure bâillon ». On remarque donc une certaine perte de liberté de la presse et une régulation. En décembre dernier, le Conseil de la déontologie journalistique a été créé pour veiller au respect des chartes d’éthiques et de la Déclaration des droits et devoirs des journalistes. Évidemment elle souhaite répondre à une certaine défiance du public envers les médias (notamment après le mouvement des « gilets jaunes »), mais n’empêchet-elle pas ces derniers de s’exprimer ? Qu’aurait pensé Albert Londres de cela ? Sûrement rien de bon. Et certains médias ne voient pas non plus cette nouvelle instance d’un bon œil.

Albert Londres est un journaliste et écrivain français, qui est né le 1er novembre 1884 à Vichy

© Rue des Archives

10

DECRYPT’ÂGE

Pourtant Médiapart reste tout de même un des médias qui continue à faire « du Albert Londres », en révélant au grand jour des affaires d’État malgré les risques encourus. La dernière en date dénonce les mensonges de l’État sur l’annonce de pénurie de masques ; une enquête qui montre la gestion chaotique et les dissimulations de l’État. Inès Pallot


ECONOMIE

Henry Ford, le patron des patrons Qui était Henry Ford ? Outre la très célèbre invention et mise en pratique du travail à la chaîne, on doit également à l’ingénieur et l’industriel américain l’accès pour tous à l’automobile. Un siècle plus tard, les méthodes industrielles ont évolué. Henry Ford nait en 1863 sur un continent nord-américain qui se couvre de manière exponentielle de voies ferrées. Il grandit avec l’apparition de milliers de kilomètres d’autoroutes aux États-Unis. Une nouvelle société est alors en train de se mettre en place, celle des cinémas en plein air, des motels. Tout laisse à croire que l’automobile est en train de devenir indispensable à chaque foyer. Ce train de vie à l’américaine, Henry Ford n’en est pas étranger. Il connaît un premier échec à travers la création de la Ford Motor Company en 1903, très en retard comparé aux autres compagnies mondiales. Les débuts sont alors difficiles jusqu’en 1908, où il invente un nouveau modèle d’organisation du travail : le fordisme. C’est grâce à ce procédé mondialement

connu qu’il conçoit le premier véhicule à bas coût : le Ford T. À cette période, l’automobile n’est destinée qu’aux plus aisés, car construite dans l’artisanat. Les pièces sont alors conçues et assemblées chez des menuisiers, tapissiers, selliers. Henry Ford, quant à lui, développe un véhicule entier dans un seul et même endroit, l’usine de Highland Park. L’artisanat n’a plus sa place, l’ingénieur divise par huit le temps de la fabrication, et parallèlement réduit de manière drastique les coûts de production. Économiquement, c’est une grande évolution. À la fin de la Première Guerre mondiale, le véhicule est adopté par un foyer américain sur deux parmi ceux qui possèdent une voiture. Henry Ford comprend également que pour vendre davantage de voitures, il faut que les employés puissent l’acheter. « Si vous diminuez les salaires, vous diminuez d’autant le nombre de vos clients », déclare-t-il. Les salaires de ses employés sont alors élevés, de 5 dollars par jour, soit plus du double du montant pratiqué à l’époque. Mais alors, de toute cette économie, cette révolution et cette manière de diriger une entreprise, que nous reste-il aujourd’hui, à l’heure où tout semble avoir tellement évolué rapidement ? Nathan Vacher © Finances indépendantes

Benjamin Coriat économiste spécialisé en économie industrielle, doctorat sur la question du fordisme.

Comment peut-on qualifier l’héritage laissé par le fordisme ? Après la Seconde Guerre mondiale, le monde a connu une véritable révolution, industriellement parlant, qui découlait du fordisme. Ça a permis des gains de productivité du travail, entraînant donc une salarisation de masse et enfin une hausse du pouvoir d’achat. Cependant, le fordisme a également contribué à développer une forme répétitive du travail. Cette production de masse a entraîné sur plusieurs générations un travail sans qualification. Des nos jours, que retrouve-t-on du fordisme ? Historiquement, le fordisme a joué un rôle progressiste. On a assisté dans les pays du Nord à une salarisation d’employés, de femmes et de jeunes non qualifiés. Le taux de chômage était alors au plus bas. Dans les pays du Nord, les entreprises ont cherché à se recentrer sur les métiers essentiels. Elles ont ainsi délocalisé les emplois sans qualification dans les pays du Sud, ce qui a permis de les développer. Mais ce n’est pas sans contre-partie. Ces pays du Sud qui acceptent de jouer ce rôle avec les usines des grandes marques internationales, vont devoir assumer la montée des revendications de ces travailleurs non qualifiés, ainsi que la concurrence sur les

Le fordisme semble aujourd’hui avoir été remplacé par l’uberisation de certaines branches du travail.

coûts de main-d’œuvre entre ces mêmes pays. Existe-t-il une nouvelle forme de fordisme aujourd’hui ? L’enfant du fordisme est, selon moi, « pire » que le fordisme lui-même. On parle aujourd’hui d’ « uberisation ». C’est pratiquement la même chose, mais avec la fiction que c’est du travail indépendant. On perd tous les bénéfices que le fordisme a apporté. Il n’y a plus de protection sociale car le travailleur est soit-disant « indépendant ». L’uberisation a la même capacité de développement que le fordisme historique si on ne l’arrête pas. Il n’y a plus vraiment de fordisme dans les pays développés. Les grandes entreprises se sont concentrées sur les squelettes techniques. Tout ce qui était travail dit « non qualifié » a été expédié ailleurs. Il n’y a que l’Allemagne aujourd’hui qui assemble à nouveau des pôles de production industrielle sans faire comme les autres pays occidentaux. La grande période du fordisme et de son extension à l’internationale est de loin terminée. Avec les problèmes liés au changement climatique et les épidémies on se retrouve dans une période réellement instable. Tout cela semble, selon moi, aboutir au chaos sur tous les aspects Propos recueillis au téléphone par Nathan Vacher de la société.

DECRYPT’ÂGE

11


LE FIN MOT DE L’HISTOIRE

Détruire l’Histoire pour construire son futur ?

© Nouvelles

Un peu partout en Belgique, des statues du roi Leopold II ont été peintes en rouge par des activistes dénonçant le passé colonialiste du Plat-pays

Alors que des voix et des foules s’élèvent pour réclamer l’égalité des droits, certains font vaciller l’Histoire. Faut-il faire table rase du passé pour bâtir un meilleur futur ? Aux quatre coins du monde, les statues et monuments qui érigent des figures historiques plus ou moins en lien avec l’époque colonialiste tremblent. Du côté du pays aux 50 étoiles, de nombreux manifestants scandant le slogan « Black Lives Matter » prennent pour cible ces symboles d’une période colonialiste. Les Confédérés sont devenus l’image qu’une partie du peuple américain souhaite effacer à tout jamais de son histoire. Chez nos voisins Belges, de nombreuses statues de l’ancien roi Léopold II ont été vandalisées. Pour beaucoup, il incarnait cette Belgique colonialiste responsable d’un grand nombre d’atrocités en Afrique. En France, certains s’en prennent au Général de Gaulle, symbole d’un Hexagone libre, mais aussi pour beaucoup d’une France peu amicale envers ses anciennes terres maghrébines.

Une solution aux maux des sociétés fracturées ? Ici, nous ne referons pas l’Histoire, comme Emmanuel Macron l’a dit : « la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire ». Mais il est temps de s’interroger sur cette série de déboulonnages de statue. A-t-elle un réel intérêt pour faire évoluer les choses ? En 1885, Anatole France écrivait dans Le Livre de mon Ami : «ce n’est qu’avec le passé qu’on fait l’avenir». Bien avant et bien après lui, de nombreux historiens, philosophes, écrivains et politiques se sont rangés derrière cette idée que les faits historiques, aussi choquants soient-ils, ne doivent pas être effacés. C’est ce qu’on apprend à nos enfants au lycée lorsque l’on aborde la question des mémoires de guerre. Mais cette vague de revendication à travers le monde a quelque chose de nouveau. Il y a là une réelle envie de bousculer l’ordre établi. Cela justifie-t-il ces attaques à l’honneur des morts, souvent perpétrées dans un élan de colère ? Encore une fois, seul l’avenir nous le dira, à condition de regarder dans le passé… Léo Mourgeon

R2234 - decryptage - 010 - 18/06/2020 - 2€50


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.