10 INSOLITE
Desréactions réactions? Envoyez-les ? Envoyez-lesà à10dumat@gmail.com 10dumat@gmail.com Des
DECOUVERTE Les Nouveaux animaux de compagnie, des compagnons pour tous les goûts
Du serpent au furet
«
Par Eve Renaudin
I
l m’aime, il reconnaît la main qui le nourrit. » L’air énamouré de Kevin Ivancic ne s’adresse pas à un chaton mais à un python royal de près d’un mètre de long, prénommé Jean-Claude. Le jeune homme est un inconditionnel de ces animaux, qu’il élève depuis l’adolescence. Des serpents, il en a eu de toutes sortes, depuis les couleuvres de quelques centimètres jusqu’au boa de deux mètres. Une passion qui ne gênait pas sa mère, « elle élevait des mygales », s’amuse l’amoureux des reptiles. Désormais installé dans son propre appartement à Lyon, le jeune homme a dû réduire son élevage pour ne garder que Jean-Claude. Un animal qui nécessite tout de même des soins particuliers, même s’il ne se nourrit qu’une fois par mois. Ce type de serpent a des préférences pour le moins contraignantes : il mange sa nourriture encore vivante. Pour les âmes sensibles, il existe cependant des parades : le tapis chauffant. Kevin Ivancic achète des rats congelés qu’il réchauffe le moment venu pour donner à son reptile l’impression qu’ils sont encore vivants.
Une obligation de formation Pour vivre sa passion, le jeune éleveur s’est très vite responsabilisé. Il a passé un certificat de capacité en formation continue et achète ses animaux uniquement dans des magasins spécialisés, qui peuvent justifier de la provenance des reptiles. Il est donc parfaitement apte à prendre soin de son python, y compris en cas de maladie. Une caractéristique assez courante chez les éleveurs de serpents, comme le confirme le Dr Durbec, de la clinique vétérinaire Lyon-Mermoz. Cet établissement a la particularité de s’être spécialisé dans les soins aux Nouveaux animaux de compagnie (NAC). « Nous voyons assez peu de serpents car les propriétaires de ce type d’animaux se forment suffisamment pour traiter eux-mêmes la plupart de
Le furet, un petit animal très affectueux, mais gourmand. / © E.R. leurs maladies », explique-t-il. Bien que ce ne soit pas sa spécialisation d’origine, le vétérinaire a pris l’habitude de s’occuper de ces animaux aux pathologies parfois très éloignées de celles traditionnelles des chiens et des chats. « C’est une formation à part entière mais nous n’avons pas encore de diplôme spécifique en France. La plupart des vétérinaires qui se spécialisent dans les NAC se forment en continu, échangent entre eux », raconte le Dr Durbec. Une passion a qui toutefois un coût : en plus du serpent, comptez en moyenne 400 à 500€ en animalerie pour tout le matériel, terrarium et chauffage. Certaines races de pythons, considérées comme particulièrement belles, peuvent coûter jusqu’à 1300€ l’animal seul. En revanche, d’autres NAC s’avèrent beaucoup plus faciles à acheter. « Nous
voyons de plus en plus de furets. J’ai l’impression que c’est l’animal à la mode », donne en exemple le Dr Durbec. Contrairement aux espèces non domestiques qui nécessitent des autorisations d’élevage et des certificats de capacité, ce petit mustélidé est en vente libre. De la même famille que la belette, le furet n’existe pas à l’état sauvage. Et, contrairement aux reptiles, il peut s’avérer réellement affectueux, comme le confirme Jérémy Balbine, un mordu de ces petites bêtes.
« Le furet peut dormir vingt heures par jour »
➢
Pratique
Le furet, un grand joueur Dans son appartement, la cage des furets tient une place prépondérante. L’animal ne passe pas inaperçu, non seulement à cause de sa forte odeur, mais aussi parce qu’il a des habitudes assez encombrantes. « Les furets adorent
cacher les objets, ils font des réserves, s’amuse Jérémy Balbine, ce qu’ils préfèrent, c’est entasser leur nourriture dans un recoin pour venir la chercher plus tard. » Carnivores, les furets ont donc tendance à cacher des morceaux de viande derrière les meubles. Avec tous les inconvénients que cela peut engendrer en cas d’oubli… « J’ai déjà retrouvé un pilon de poulet en putréfaction derrière le frigo, évidemment ça ne fait pas plaisir mais c’est le prix à payer », se résigne le jeune homme. En revanche, ces animaux s’avèrent assez calmes. Un vrai plus selon l’amateur : « Anguirus et Saturne, mes furets, peuvent dormir jusqu’à vingt heures par jour. En général, ils passent leur journée dans leur hamac pendant que je suis en cours. Ils n’ont donc pas besoin de moi pendant ce temps. » Les quatre heures restantes, l’animal se révèle très joueur et affectueux. Attention cependant, dans le feu de l’action, un furet peut se laisser aller à mordre, parfois assez fort.
Origines
Le terme « NAC » est apparu en 1984 dans la bouche du vétérinaire lyonnais Michel Bellangeon lors d’une conférence. Le terme désigne tout animal de compagnie qui ne soit pas un chien ou un chat. Au niveau de la loi, un arrêté daté du 10 août 2004 dresse la liste complète de ceux dont la possession et surtout l’élevage doivent faire l’objet d’une autorisation préfectorale. Les détails de ce texte sont accessibles sur www.legifrance.gouv.fr Mercredi 22 février 2012 | 10 du mat’