10 du mat' numero 3 20012016

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Il était une foi...

Les maradoniens Créée en 1998 par deux fans inconditionnels de Diego Maradona, l'Eglise maradonienne, en comptant près de 80 000 fidèles à travers le monde, est une religion à part entière pouvant aller même jusqu'à célébrer des mariages. Hugo Borrel

S

’il y a bien un fait qui ne souffre d’aucune contestation, c’est que le ballon rond a de tout temps déchaîné les passions. Une passion fanatique que deux admirateurs de football argentin ont décidé de pousser un cran plus loin. Alors que Diego Maradona vient d’arrêter sa carrière, Hernan Amez et Héctor Campomar décident un an plus tard, en 1998, de lui vouer un culte en créant l’Eglise maradonienne. Bien que cette idée puisse paraître amusante, force est de constater qu’au fil des années elle a séduit de nombreux membres. A l’aube de l’an 56 ap. D. (après la naissance de Diego Maradona en 1960, début du calendrier maradonien), elle possède actuellement entre 80 000 et 100 000 adeptes à travers plus de 60 pays. Une évolution qu’Ivan, expatrié Argentin de 28 ans vivant à Lyon, a observée dans son pays d’origine. « Je ne suis pas pratiquant mais depuis quelques années, il est vrai qu’au pays j’ai de plus en plus entendu parler de cette religion. Je l’ai découverte par le biais d’un ami et depuis je me suis rendu compte que je

côtoyais beaucoup d’adeptes, notamment dans les stades de foot, ce qui n’est pas surprenant. » « Notre religion c’est le football, et comme toute religion, elle se doit d’avoir un dieu », explique l’un des deux inspirateurs au Courrier international, avant de préciser « nous avons deux grands jours de fête au cours desquels nous nous réunissons pour partager notre passion pour Diego. D’un côté Noël et le nouvel an maradonnien, de l’autre les Pâques maradoniennes. » Le premier étant la veille de la naissance d’El Pibe de Oro (« Le gamin en or »), le 30 octobre. Le second étant célébré le 22 juin, le jour du match Argentine-Angleterre du Mondial 1986. Il est rendu un hommage à deux buts, deux miracles : celui de la « main de Dieu » et celui où il a driblé toute l’équipe d’Angleterre.

De « Notre Père » au « Notre Diego »

À la manière du Pater Noster (Notre Père) dans la religion chrétienne, la religion maradonnienne possède le Diego Nuestro. « Notre Diego - Qui est sur les terrains - Que ton pied gauche soit béni - Que ta magie ouvre nos yeux - Fais-nous souvenir de tes buts - Sur la terre comme au ciel - Donne nous aujourd’hui notre bonheur quotidien - Pardonne aux Anglais- Comme nous pardonnons à la mafia napolitaine - Ne nous laisse pas

abîmer le ballon - Et délivre nous de Havelange. – Diegoooo ». « Diego » a été adoptée par l’Église maradonniene comme la conclusion des prières. Mais cela ne s’arrête pas là. Toutes sortes de cérémonies sont effectuées autour du « Diez » (D10S, jeu de mots entre Dios, Dieu, et diez, le numéro 10 que portait Maradona). Mauricio Bustamante et Jaquelin Verón sont devenus, le 22 novembre 2006, le premier couple uni par l’Eglise maradonienne. Ils se sont rendus sur le terrain du Newell’s Old Boys, le club de Rosario, l’un des temples où Diego a fait étalage de son talent, et se sont jurés un amour éternel sur un ballon et la bible maradonienne. Un mariage qui en a appelé bien d’autres. « De nombreuses personnes appellent pour que nous les marions, rapporte Hernán Amez. Mais j’ai une famille, je ne peux pas passer tous mes week-ends à marier les gens. » De son côté, Ivan, bien qu’adorateur du footballeur argentin, n’envisage pas de se convertir à cette religion, encore moins de se marier. « Diego, je suis fan, mais il faut le laisser à sa place, c’est un footballeur, sûrement l’un des plus grands de l’histoire mais ce n’est pas un Dieu. » Une chose est sûre : que ce soit en tant que footballeur, citoyen ou de Dieu vivant, Diego Maradonna ne cessera jamais de faire parler de lui.

Les 10 commandements de la religion maradonienne

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1. «La pelota no se mancha », célèbre phrase prononcée par le Diego 2. Aimer le football plus que tout au monde. 3. Déclarer son amour inconditionnel pour Diego et le football. 4. Défendre les couleurs du maillot argentin tout en respectant ses semblables. 5. Propager les miracles du Dieu Diego à travers toute la planète. 6. Honorer les lieux sacrés où Diego s’est rendu. 7. Ne pas proclamer le nom de Diego comme un club à lui seul. 8. Prêcher les principes de l’Eglise maradonienne. 9. Porter Diego comme second prénom et le donner à son fils.


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