13 questions pour le futur - 40e anniversaire de IONIS Education Group

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13 QUESTIONS POUR LE FUTUR

TRANSHUMANISME

Serons-nous tous des transhumains ? Demain, nous promettent les transhumanistes, chacun pourra décider de devenir « autre », jusqu’à atteindre le stade ultime du cyber sapiens, créature mutante débarrassée des incommodités de l’être humain standard. Simples adeptes de la customisation pour certains ou carrément challengers de la donne biologique pour d’autres, ces surhumains chahutent chaque jour un peu plus la notion d’humanité. Alors, demain serons-nous tous accros au transhumanisme ? À quoi ressembleront ceux qui se seront « augmentés » ? Réponse au travers du jeu de 7 familles des transhumanistes. Texte Millie Servant

Les body-builders

Les anti-vieux

Née Nancie Clark, Natasha Vita-More (« Vivre Plus ») est une artiste américaine surnommée « la Matriarche », « la Néfertiti » ou encore « la première femme philosophe » du transhumanisme. Approchant aujourd’hui les 70 printemps, Natasha a 11 ans lorsqu’elle vit sa première chirurgie plastique dans le cadre du traitement d’une tumeur. Au colloque TransVision 2014, elle déclare : « Quand on me demande mon âge, j’ai envie de répondre : mon bras gauche a 10 ans, mon sein droit a 2 ans, mes dents 5 ans… ». Body-buildeuse dans tous les sens du terme, elle s’adonne au culturisme et prototype dès la fin des années 1990 la prothèse d’un corps intégral qu’elle nomme Primo Posthuman, sorte d’enveloppe alternative à investir en cas de maladie ou de décès. Auteure du Transhumanist Manifesto, Natasha Vita-More préside aujourd’hui l’ONG Humanity+ où elle œuvre activement pour l’extension de la vie humaine et milite pour la liberté morphologique, autrement dit le droit de customiser son corps et son cerveau à l’envi. Mariée au transhumaniste extropien Max More, elle assiste à la création de son entreprise de cryogénisation humaine et animale, l’Alcor Life Extension Foundation. Anticipant sa propre mort, elle s’y est déjà réservé un siège pour un aller simple vers un futur sans fin. Comme des milliers d’Américains, Natasha distingue sa mort clinique (arrêt du cœur) ou légale de sa mort informationnelle (destruction du cerveau et de la mémoire individuelle) et espère voir son cerveau réanimé dans un futur plus ou moins proche.

Cachez cette mort que je ne saurais voir ! À l’heure où la crise du coronavirus fait renaître les fantasmes de capteurs sanitaires sous-cutanés (l’entreprise californienne Profusa et l’armée américaine ayant annoncé en mars 2020 le lancement d’une étude sur le sujet), le transhumanisme s’affiche plus que jamais comme une carte à jouer contre la maladie, la vieillesse et, finalement, la mort. Pour Elon Musk et ses petits copains Peter Thiel et Larry Page, qui font partie des extropistes – ou ennemis de l’entropie – pour qui la dégradation du corps humain, jusqu’à la mort, est inenvisageable, ces combats ne datent pas d’hier. Et quand il s’agit de mettre nos cerveaux en cure de Jouvence, Elon sait faire dans la dentelle. Plus précisément, sa start-up Neuralink permet de créer une interface cerveau-machine cousue de fils microscopiques directement dans le tissu cérébral. Si le dispositif vise à soulager les personnes souffrant d’un handicap, Elon envisage des usages infinis pour augmenter des humains valides et faire fusionner notre intelligence avec celle des machines. Demain, la vie après la mort deviendra peut-être une réalité grâce aux machines dans lesquelles nous téléchargeons nos souvenirs les plus intimes. Revers de la médaille : pour sauvegarder notre enveloppe charnelle, il faudra repasser : l’humain immortel sera probablement non plus de chair et d’os, mais de software et d’OS. Bref, pour les humains, on ne sait pas encore, mais si quelque chose semble déjà immortel, c’est le business d’Elon Musk.


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