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L’encouragement de l’innovation dans les faits aperçu de projets sélectionnés en 2019
DES VÊTEMENTS INTELLIGENTS CONTRE LES ESCARRES
Si la peau ou les tissus sous-cutanés ne sont pas suffisamment oxygénés en raison d’une compression, des escarres peuvent survenir. Les personnes à mobilité réduite sont les plus touchées. « Le seul moyen de prévenir les escarres consiste à changer le ou la patiente de position afin de stimuler l’irrigation sanguine des tissus », explique la professeure Ursula Wolf, directrice de l’Institut de médecine complémentaire et intégrative de l’Université de Berne. Soutenue par le programme d’encouragement « Discovery» de BRIDGE, Ursula Wolf travaille au développement d’un système de capteurs textiles qui déclenchent un signal d’alarme en cas de danger. Les capteurs tissés dans les vêtements doivent mesurer en continu la teneur en oxygène du tissu à l’aide de la lumière infrarouge. Il faut, pour cela, une fibre de tissu spéciale conductrice de lumière développée par l’Empa. La Haute école technique interétatique de Buchs NTB fournit l’électronique avec laquelle les mesures sont converties en données lisibles. Le but principal du projet est de développer un prototype final. En collaboration avec un fabricant de vêtements, le tissu sera ensuite développé et transformé en vêtement. Selon Ursula Wolf, cette technologie pourrait également être utilisée dans les survêtements en plus de son application dans le domaine de la santé : « Les capteurs textiles sont un pas important vers les vêtements intelligents. »
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SOUTIEN APPORTÉ PAR INNOSUISSE
•BRIDGE Discovery
Pour mesurer la teneur en oxygène du tissu, des fibres spéciales conductrices de lumière sont nécessaires. Ursula Wolf teste les premiers prototypes en laboratoire.
Le développement de petits capteurs pouvant être tissés dans un morceau de tissu est l’un des défis majeurs du projet. » Ursula Wolf, directrice de l’Institut de médecine complémentaire et intégrative de l’Université de Berne «
RETROUVER SON APTITUDE AU LANGAGE GRÂCE À UNE APPLI
Pour regarder la vidéo
www.innosuisse.ch/aphasie
Après un AVC, nombreux sont les patients à souffrir de troubles du langage (aphasie) qui les empêche de parler, de lire et d’écrire correctement. La « Bern Aphasia App » est conçue pour les aider à se réapproprier les fondamentaux du langage. Cette plate-forme mobile, développée par des orthophonistes, des neurologues, des psychologues et des ingénieurs de l’Inselspital, l’hôpital universitaire de Berne, de l’Hôpital cantonal de Lucerne et du Centre pour la recherche en ingénierie biomédicale ARTORG de l’Université de Berne, permet aux patients de s’entraîner de manière autonome à la récupération de leurs capacités à communiquer.
Des exercices sur mesure permettent aux patientes et aux patients de s’entraîner à domicile à la récu - pération de leurs capacités à communiquer.
« Le traitement par des orthophonistes spécialisés nécessite beaucoup de personnel et il est, de ce fait, souvent abrégé. Les exercices supplémentaires que propose l’application permettent donc de prolonger le traitement. L’entraînement avec l’application est également intéressant pour les personnes à mobilité réduite ou vivant dans des régions excentrées », déclare Prabitha Urwyler, Senior Researcher et cheffe de projet. « Grâce à notre application, les patients peuvent réaliser depuis chez eux leurs exercices, qui sont personnalisés par les thérapeutes en fonction des progrès de chacun ». Le prototype comprend plus de 30 000 exercices. L’application sera mise sur le marché en 2022 après la validation clinique. Le partenaire chargé de la mise en valeur du projet d’innovation, l’éditeur de logiciels Definition12 AG, a l’intention d’implanter cet outil d’orthophonie personnalisée dans 200 à 400 hôpitaux en Suisse, en Allemagne et en France, pour ensuite le commercialiser dans le monde entier.
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•Projet d’innovation
L’IDÉE M’EST VENUE EN PÊCHANT»
Felix Keller, glaciologue (docteur en sciences naturelles) Centre de glaciologie appliquée de la Haute école des Grisons et Academia Engiadina
29 août 2015 : à l’occasion d’un repas de midi avec le CEO de l’Academia Engiadina, nous avons évoqué la situation désolante des glaciers. « Nous devons pouvoir stopper la fonte des glaces du glacier Morteratsch », a déclaré Matthias Steiger à la lecture des nouvelles étonnantes au sujet du glacier de la Diavolezza : protégée par des bâches durant l’été, la couche de glace a épaissi de dix à quinze mètres. J’objectais que pareil projet était impossible au Morteratsch, vu que le glacier est beaucoup plus grand. Mais c’est un argument que Matthias ne voulait pas entendre. Il voulait des actions concrètes.
30 août 2015 : aujourd’hui, je suis allé pêcher près de l’aérodrome de Samedan. L’Inn est en crue, bien qu’il n’ait plus plu depuis longtemps. La chaleur fait fondre les glaciers. Tandis que j’attendais qu’un poisson morde à l’hameçon, je me disais que nos enfants ne nous demanderont pas si nous avons remarqué la fonte des glaciers, mais plutôt ce que nous avons fait. Pourquoi ne conserverait-on pas l’eau de fonte là-haut en été, pour produire à nouveau de la glace quand la température baisserait? Plus j’y pensais et plus l’idée du recyclage de l’eau de fonte me plaisait.
12 septembre 2015 : j’ai demandé conseil à mon ami le glaciologue Johannes Oerlemans. Nous tenons maintenant la solution pour stopper la fonte des glaces : protéger le glacier du rayonnement solaire en été avec de la neige artificielle. Ensuite, Matthias a insisté pour que je présente mon « idée de pêcheur» au conseil communal de Pontresina. La commune a décidé d’investir 17 000 francs dans une étude.
15 août 2017 : c’est désespérant ! Selon nos calculs, il faudrait produire chaque jour 30 000 tonnes de neige sur le glacier Morteratsch pour que la langue glaciaire croisse à nouveau. Pour y parvenir, il faudrait quelque 300 lances à neige. Comme le glacier bouge de près de 90 mètres par an, l’enneigement depuis
ENNEIGER LES GLACIERS POUR LES PROTÉGER

Chaque été, plusieurs millions de tonnes de glace disparaissent sur le glacier Morteratsch. Plus le manteau neigeux sur le glacier est mince, plus la glace fond rapidement, car la neige réfléchit très fortement la lumière solaire. Il suffirait que la couche de neige sur le glacier soit suffisamment épaisse durant toute la saison chaude pour stopper la fonte des glaces. C’est la conclusion à laquelle le glaciologue Johannes Oerlemans parvient au terme de ses calculs.
Le projet soutenu par Innosuisse vise l’enneigement technique du glacier Morteratsch au moyen d’un réseau complexe de câbles métalliques tendus au-dessus du glacier et pourvus de têtes d’enneigement. Pour produire de la neige, on utilise de l’eau de fonte. L’énergie nécessaire pour comprimer l’air est fournie par la pression de l’eau d’un glacier voisin ; au demeurant également un ancien projet de la CTI.

le sol est impossible. J’étais déjà sur le point de jeter l’éponge. Mais aujourd’hui, le directeur technique des remontées mécaniques de Haute-Engadine m’a suggéré d’associer la technique des télécabines à celle de l’enneigement sous la forme d’un câble d’enneigement qui permettrait de s’affranchir du sol.
21 janvier 2018 : notre groupe de recherche s’est réuni pour la première fois la semaine dernière. En font partie la société Bächler Top Track AG, qui produit de la neige sans électricité, et le spécialiste en téléphériques Bartholet Maschinenbau AG. Nous avons un moral d’acier et avons associé la Haute école de Lucerne, la Haute école technique interétatique de Buchs NTB et la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse FHNW à notre projet.
30 mai 2019 : avec le soutien de notre mentor, nous avons transmis un projet d’innovation à Innosuisse. L’aide que Daniel Portmann nous a apportée est incroyable. Il nous a posé des questions sans état d’âme et n’a pas hésité à marcher sur nos platebandes là où il le fallait. Cela a payé : notre demande a été acceptée !
17 janvier 2020 : la collaboration au sein de l’équipe est très agréable et le partage de connaissances enrichissant. Actuellement, nous testons un prototype de tête d’enneigement. L’objectif est de construire une installation de test de 600 mètres de long durant l’été 2020. Quand on pense que l’approvisionnement en eau de plus de 200 millions de personnes dans l’Himalaya dépend de l’eau de fonte des glaciers, il est primordial que nous atteignions notre but.

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•Mentorat • Projet d’innovation avec plusieurs partenaires de recherche • Chèque d’innovation
« JE SUIS UN FACILITATEUR ET UN
INTERMÉDIAIRE »
Daniel Portman, mentor dans le domaine de l’innovation
« Claus Dangel, du spécialiste de l’enneigement Bächler Top Track AG, que je connais depuis longtemps, a sollicité mon aide pour le projet qu’il envisageait avec Felix Keller et Bartholet Maschinenbau. L’idée d’enneiger un glacier hors sol a immédiatement fasciné le passionné de sports d’hiver que je suis.
Avant de pouvoir soumettre un projet, plusieurs points doivent être clarifiés. Par exemple : quel genre d’équipe faut-il ? Dans le projet du glacier, il manquait un ou une spé cialiste climatique. En tant que mentor d’innovation, je me vois comme un facilitateur et un intermédiaire. Ce faisant, j’aide à structurer un projet pour qu’il soit couronné de succès. Lorsque tout est bien agencé, j’interviens dans la soumission de la demande de projet, fournis des indications et m’occupe de la rédaction.
Le projet d’enneigement me tient à cœur, parce qu’il tente de résoudre un énorme problème. Pendant qu’on débat en Suisse de l’avenir du ski, la disparition des glaciers menace des vies humaines ailleurs : dans le monde, de nombreuses populations sont tributaires de réserves d’eau sous forme de glace. »

Une collaboratrice scientifique de Topadur analyse les effets d’un nouveau principe actif.
Nous sommes une petite entreprise se mouvant dans un environnement international – il est donc important que nos recherches aillent bon train. » Paola Atzei, cheffe de projet chez Topadur Pharma SA «
DU COLLYRE CONTRE LE GLAUCOME
Le glaucome, maladie dégénérative du nerf optique, est la deuxième cause de cécité la plus fréquente, après la cataracte. En Suisse, plus de 100 000 personnes sont atteintes d’un glaucome ; dans le monde, plus de 64 millions sont concernées. Les lésions des cellules visuelles et nerveuses sont causées, d’une part, par une mauvaise irrigation sanguine de l’œil, laquelle entraîne des carences en oxygène et en nutriments des tissus et, d’autre part, une élimination insuffisante des fibres nocives. « Il est urgent de trouver une thérapie plus efficace pour traiter ce groupe de maladies oculaires pouvant entraîner des dommages irréver sibles des fibres nerveuses », déclare le Docteur Paola Atzei, cheffe de projet chez Topadur Pharma SA. Les médicaments jusqu’à présent utilisés pour traiter le glaucome visent à réduire la pression intraoculaire. Or, moins de la moitié des patients atteints de glaucome présentent une élévation de la pression intraoculaire, tout au moins au début de la maladie. La spécialiste en neuro-immunologie explique que la circulation sanguine joue également un rôle important dans le glaucome. Ces deux facteurs s’influencent, en effet, mutuellement. « Si l’on parvient à réguler la microcirculation dans les
vaisseaux de l’œil et à améliorer la circulation sanguine, la pres- sion intraoculaire diminue alors et la bonne santé des yeux est préservée. » Avec le soutien d’Innosuisse et en collaboration avec l’Université de Zurich et l’Institut d’ophtalmologie moléculaire et clinique de l’Hôpital universitaire de Bâle, la start-up suisse Topadur recherche un nouveau principe actif qui améliore la microcirculation dans l’œil et élimine les fibres. Le collyre corres- pondant devrait être sur le marché en 2026.
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•Projet d’innovation
LA TECHNOLOGIE SUISSE À LA CONQUÊTE DU MONDE
La start-up Faitron a développé la première lunch box intelli- gente au monde. Elle permet de réchauffer ou de cuisiner rapi- dement et facilement les repas au bureau ou en déplacement. Une première version de la HeatsBox est déjà disponible : elle se commande par une application et peut même être utilisée dans la voiture par branchement sur 12 ou 240 volts. Pour le marché international, Faitron a développé une technologie de chauffage intelligente qui peut être intégrée dans les lunch boxes de fournisseurs locaux. Le circuit imprimé se commande par Bluetooth. Ainsi, la start-up suisse s’adapte aux conditions de chaque marché. « Grâce au coaching d’Inno- suisse et à la participation à des Market Validation Camps en Chine et en Inde, nous avons constaté que ces marchés sont sensibles aux prix et que nous devons produire à moindre coût », déclare le CEO Fabian Graf. « En Chine, nous avons déjà trouvé un fabricant. Notre technologie de chauffage intelligente et l’application associée, développée en Suisse, complètent le pro- duit fabriqué localement ». Faitron développe aussi des solutions pour les tout petits : avec le biberon auto-chauffant BabyBoo, les parents pourront fournir à leur bébé du lait réchauffé au degré près, même en déplacement. Avec le soutien d’Innosuisse, les entrepreneurs suisses ont pu sonder le marché britannique pour ce produit.
SOUTIEN APPORTÉ PAR INNOSUISSE
•Core coaching • Camps d’internationalisation (Market Validation Camps) en Inde, en Chine et en Grande-Bretagne
3 CAMPS, 3 EXPÉRIENCES Fabian Graf, CEO de Faitron
CHINE
« Notre visite à Shanghai a confirmé que les Chinois adorent les lunch boxes. Nous avons rencontré un fabricant chinois qui commercialise déjà une lunch box élec- trique. Bon marché et esthétique, elle n’est techniquement pas assez sophisti- quée. Notre technologie de chauffage intelligente s’intègre dans leurs boîtes et nous allons travailler ensemble. »
INDE
« La visite en Inde nous a permis de mieux comprendre ce dont les gens ont besoin là-bas. Nous avons rencontré plusieurs partenaires d’affaires potentiels et nous sommes présentés à la société Vaya, spécialisée dans les lunch boxes haut de gamme. Nous avons remarqué que les prix en Inde sont plus bas, même sur le mar- ché haut de gamme. Le client final paiera 60 francs max. pour notre produit».

Fabian Graf discute avec un collaborateur de Medela China des applications de la HeatsBox dans le domaine des produits pour bébés.
GRANDE-BRETAGNE
« Après la semaine de camp à Londres, nous comprenons beaucoup mieux le fonctionnement du marché britannique. Nous avons parlé à des fabricants, des négociants et des commerçants et avons découvert des entreprises absentes de nos radars. Nous avons également rencontré les responsables de la marque britannique de produits pour bébés Tommee Tippee. Nous avions déjà tenté une approche pour notre biberon chauf- fant intelligent. C’est uniquement grâce à un contact par l’intermédiaire de l’ambassade de Suisse que la rencontre a pu avoir lieu. »