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Point de vue du président et de la directrice sur l’année 2019
Le formidable essor en 2019 des activités d’encouragement de l’innovation et les révisions de lois engagées témoignent d’un regain de dynamisme en matière d’innovation. Rétrospective et attentes du président d’Innosuisse André Kudelski et de la directrice Annalise Eggimann.
André Kudelski, la deuxième année opérationnelle d’Innosuisse s’est achevée. En tant que président, quelles sont vos priorités ?
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A. Kudelski : Au niveau stratégique, notre priorité est tout d’abord de stimuler l’innovation en Suisse en permettant aux entreprises, qu’elles soient des PME, des start-up ou même des acteurs bien établis de bénéficier, avec l’appui d’Innosuisse, de l’excellente qualité de la recherche académique en Suisse. A ce titre, nous visons à contribuer à l’écosystème de l’inno
André Kudelski,
président d’Innosuisse
vation au-delà de la distribution de fonds, en fournissant des prestations à haute valeur ajoutée aux acteurs de l’innovation. Pour mener à bien notre mission, nous restons très attachés au concept de « bottom-up », qui permet de sélectionner les projets en fonction de leurs qualités propres, ce qui assure que les meilleurs auront une chance. Néanmoins, en complémentarité de l’approche « bottom-up », nous considérons également la nécessité d’encourager des projets dans des domaines
qui ont une importance stratégique pour notre pays, tels que par exemple les biotechnologies, la numérisation, l’intelligence artificielle et la gestion de l’énergie. Durant la première année opérationnelle, notre tâche principale a consisté à assurer une transition entre la Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) et la nouvelle agence Innosuisse. Une fois cette transition accomplie, nous avons davantage pu nous concentrer sur notre nouvelle mission, à savoir une évolution du cadre légal imposé à Innosuisse pour mieux remplir sa mission, une approche plus différenciée dans l’évaluation de projets en fonction du profil de risque et la fourniture de nouveaux services liés à l’innovation, ainsi qu’une collaboration renforcée au niveau international.
Quelle est la nouvelle approche d’évaluation des projets ?
A. Kudelski : Plutôt que de considérer que tous les projets doivent se fondre dans un même moule, nous


Annalise Eggimann,
directrice d’Innosuisse
voulons favoriser la diversité. Cela signifie aussi qu’un projet peu risqué peut avoir un retour sur investissement – en cas de succès – plus faible qu’un projet disruptif, qui devra avoir un fort retour potentiel sur investissement pour compenser un risque d’échec plus élevé. Nous avons aussi un vrai appétit pour de grands projets, pouvant atteindre quelques millions, pour autant que les perspectives soient suffisamment favorables. L’un des autres rôles d’Innosuisse est de pouvoir permettre aux PME ou aux start-up de prendre les risques qu’elles n’auraient pas la capacité de prendre seules. Ce qui est risqué au niveau d’une petite entreprise ne l’est pas forcément à l’échelle d’un pays ; et c’est là qu’Innosuisse a un vrai rôle de catalyseur à jouer. Le vrai succès d’Innosuisse se mesure lorsqu’un franc investi est multiplié par un facteur X, grâce à la dynamique créée par l’innovation induite.
Annalise Eggimann, l’activité de l’encouragement a connu une évolution extrêmement positive en 2019.
A. Eggimann : C’est exact. Depuis le mois de mai, l’activité d’encourage ment de l’innovation s’est nettement accélérée dans le domaine des projets d’innovation. Sur l’ensemble de l’année, nous avons reçu environ 800 demandes de financement de projets d’innovation, soit environ une fois et demie de plus que l’année précédente. Le déve loppement de l’activité d’encouragement est également réjouissant autant pour notre programme de coaching de start-up que pour les bons de mento ring à l’intention des PME.
A quoi attribuez-vous cette évolution positive ?
A. Eggimann : Plusieurs facteurs entrent certainement en ligne de compte. Nous avons cherché proactivement l’échange direct avec les demandeurs tout au long de l’année, lors
Annalise Eggimann,
directrice d’Innosuisse
Annalise Eggimann est la directrice d’Innosuisse.
André Kudelski est le président du Conseil d’administration d’Innosuisse. Il est également le Président Directeur Général (CEO) de Kudelski SA.
de nos roadshows et à l’occasion de présentations de l’offre d’Innosuisse lors de nombreux événements. Nous avons pu les rencontrer et recueillir leurs avis et leurs commentaires. Ces efforts portent maintenant leurs fruits. Bien entendu, nous poursuivrons nos efforts d’optimisation des offres existantes. Nous allons toutefois également engager de nouvelles mesures.
A quoi songez-vous en particulier?
A. Eggimann : Innosuisse encourage les innovations basées sur la science dans toutes les disciplines. Nous avons toutefois maintes fois constaté que la mise en oeuvre de projets qui ne sont pas essentiellement axés sur la technologie s’avère particulièrement ardue. En collaboration avec les représentants de ces domaines, nous cherchons donc des solutions pour que le savoir-faire des disciplines des sciences sociales et humaines soit encore mieux exploitable. En outre, nous préparons la période de contribution 2021–2024 et le programme des projets phares. Nous voulons ainsi donner aux partenaires de recherche et aux partenaires chargés de la mise en valeur la possibilité d’élaborer des solutions durables à d’importantes questions sociales, économiques et environnementales dans le cadre de consortiums plus vastes, dans toutes les disciplines et selon une approche systémique.
Regardons l’avenir de plus près : en 2019, Innosuisse a publié le programme pluriannuel 2021–2024. Quels en sont les points clés ?
A. Kudelski : Dans les années à venir, notre priorité sera de trouver des solutions aux enjeux que pose l’encouragement public de l’innovation. Pour ce faire, notre action s’articule autour de quatre grands axes : l’exploitation des opportunités que recèle la transformation numérique, l’utilisation durable de nos ressources, l’augmentation de la capacité d’innovation des PME et la création d’une culture de start-up compétitive. C’est pourquoi nous axons nos activités de promotion de manière à ce qu’elles génèrent une plus-value importante pour l’économie et la société. Cela suppose que nous devons adapter proactivement notre action d’encouragement à l’évolution des besoins et épauler les entreprises en leur offrant un soutien adapté au degré de la prise de risque qu’elles doivent être en mesure de prendre.
Qu’est-ce que cela signifie ?
A. Eggimann : A l’avenir, Innosuisse souhaiterait pouvoir gérer de manière un peu plus flexible, selon la situation, le montant que les partenaires chargés de la mise en valeur sont appelés à contribuer. Il serait ainsi possible, par exemple, d’accorder dans certains cas une contribution directe aux partenaires et, en particulier, être en mesure de soutenir les start-up avec des contributions directes aux projets avant leur arrivée sur le marché. Le cadre juridique actuel ne le permet pas. La révision partielle de la loi fédérale sur l’encouragement de la recherche et de l’innovation, mise en consultation à l’automne dernier, devrait conférer à Innosuisse une plus grande latitude pour mener à bien ses missions d’encouragement dans l’environnement dynamique qu’est l’innovation.