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Air Guinée : Les glorieux souvenirs de l’unique compagnie nationale.
from SOGEAC MAG 007
by info sogeac
Créée en 1960, la compagnie Air Guinée a une histoire riche qui a marqué les esprits des guinéens à l’époque. Chacun avait la possibilité de s’offrir le luxe du voyage en avion et la proximité des destinations à moindre coût. Air Guinée a été fondée dans le but de confirmer la souveraineté du peuple de Guinée face à l’opinion internationale, au même titre que l’armée et la monnaie guinéenne. Mais malheureusement ce patrimoine n’a pas survécu pendant la deuxième république, par faute de bonne gestion.
Nous vous livrons la suite et fin du récit exclusive du Colonel Alpha Mamadou DOUKOURÉ, ingénieur naviguant et ex haut-dirigeant de la compagnie Air Guinée sur l’histoire de l’unique compagnie nationale.
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Cette période marque le tournant décisif dans l’évolution de la compagnie Air Guinée. À partir de ce moment, on a eu un avion occidental, par la suite un Boeing 727 qui pouvait accueillir 120 à 130 passagers et un autre Boeing 737 a été commandé pour assurer le moyen-courrier.
On s’est retrouvé avec des aéronefs européens et soviétiques, ce qui nous a valu des formations à Dublin et au Maroc avec la Royal Air Maroc. On assurait les vols vers toutes les destinations, où les guinéens remarquaient avec stupéfaction que ce sont leurs compatriotes qui étaient aux commandes dans le cockpit. Ce moment marque le passage de l’aviation primaire à l’aviation moderne.
La révolution était lancée, la compagnie Air Guinée était bien structurée et doté d’une direction d’exploitation qui gérait les vols vers les quatre coins du monde.
Le transport des pèlerins guinéens de Conakry ou parfois de Faranah en direction de Djeddah et des terres saintes chrétiennes (Rome ou Lourdes) étaient déjà acquis et le mécanisme fonctionnait correctement à tel point que nous conduisions parfois les pèlerins maliens à Djeddah que nous ramenions ensuite en Guinée, pour repartir chez eux au Mali. Les périodes des vacances étaient également le moment idéal pour les étudiants en république soviétiques de rejoindre leur pays à bord des vols Air Guinée et aux enseignants guinéens de se rendre pour les vacances un peu partout dans le monde à des coûts dérisoires. Les billets de la compagnie étaient abordables au point d’attirer une fixette de l’OACI dans la gestion commerciale guinéenne. La direction technique constituée d’ingénieurs de haut niveau assurait la maintenance des avions de la compagnie elle-même et venait aussi en aide aux autres compagnies aériennes de la sous-région à savoir : la Mauritanie, le Mali, etc. C’était les moments de gloires de la compagnie Air Guinée.
Concilier socialisme et gestion de la compagnie Air Guinée était une mission assez complexe pour les autorités d’alors. Du point de vue structurel, nous constations une non-maîtrise des rôles des décideurs au niveau des gouvernements pour accompagner l’aviation civile dans le respect des normes et éviter toute ingérence politique. La gestion de la compagnie était assez délicate à l’époque, ce qui a plus ou moins influencé son économie.
Les programmes d’ajustements structurels lors de la deuxième République ont poussé la compagnie à réduire le personnel et l’exigence du remplacement des aéronefs que nous exploitions en ce temps sont les signes avant-coureurs du déclin de la compagnie. Il a été demandé de privatiser la compagnie au moment où on avait en charge le personnel et un équipement qui pouvait couvrir nos besoins.
La gestion devenait de plus en plus complexe. En 1985, la vente du Boeing 727 a été effectuée pour réduire les charges d’exploitation de la compagnie. Puis l’année suivante, s’en est suivie la vente du Boeing 707 qui avait une capacité d’accueil de 180 à 200 passagers. Les événements malheureux n’arrêtaient de se succéder et l’État a ainsi décidé de privatiser la société.
La compagnie Air Guinée a été amputée de certaines de ses directions et services très importantes, notamment l’assistance au sol des aéronefs, dont les employés ont été orientés à la SOGEAC, suite à sa création. Le bureau d’émission des billets des personnalités rattachées également à la présidence était un démembrement qui a beaucoup affecté la compagnie Air Guinée. De la catastrophe au désastre, la descente aux enfers de notre unique compagnie nationale fût fulgurante et c’est ainsi que l’État a décidé de la dissoudre en 2002.
En 2004, le Dash-7 acheté moins de 20 ans plus tôt, a été découpé et revendu à la pesé du poids, ce moment était assez triste à vivre pour ceux qui ont connu l’histoire de cette compagnie. A partir de là, l’espoir de reconstruire cette compagnie s’effritait et plus rien n’était possible. »
Colonel Alpha Mamadou DOUKOURÉ, Ingénieur navigant. Chef du groupe militaire des officiers en service à la compag1nie Air Guinée ; Directeur de l’Exploitation à la compagnie Air Guinée ; Représentant de la Compagnie au Mali, Côte d’Ivoire, Ex Zaïre (République Démocratique du Congo) et Nigéria ; Diplômé de l’école de l’aviation civile de la République Tchèque.

Mamady DOUMBOUYA, Expert en Télécommunications et actuel Directeur Général de L’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications et du Numérique (ANSUTEN)
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Je suis Mamady
DOUMBOUYA, Expert en Télécommunications et actuel Directeur Général de L’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications et du Numérique (ANSUTEN)
J’ai une expérience dans le domaine des Télécoms, de l’Information et de la Technologie, acquise à travers un parcours académique et professionnel solide dans le secteur privé, public et institutionnel.
Parlez-nous de l’ANSUTEN
L’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications et du Numérique (ANSUTEN) est un établissement public administratif qui est placé sous la tutelle technique du MPTEN, et la tutelle financière du ministère de l’économie et des finances, suivant le décret D/2022/0062/PRG/CNRD/
SGG du 27 Janvier 2022. Elle est créée en application de la loi L/2015/018/AN du 13 Août 2013 relative aux télécommunications et aux technologies de l’information en République de Guinée.
Sa mission est la mise en œuvre des politiques, stratégies, programmes et projets en matière de service Universel et de Recherche et de la formation dans le domaine des télécommunications et TICs.
L’ANSUTEN vise à assurer l’accès universel à des services de base de télécommunications pour tous les citoyens, indépendamment de leur localisation géographique ou de leur niveau de revenu, et de promouvoir la recherche et la formation dans le secteur du numérique. Notamment :
• La fourniture de services de télécommunications de base, tels que la téléphonie fixe et mobile à un prix abordable pour tous les consommateurs.
• L’assurance de la qualité et de la fiabilité des services de télécommunications de base pour tous les utilisateurs.
• La promotion de l’utilisation des services de télécommunications de base dans les zones rurales et éloignées, où l’accès à ces services peut être limité.
• La promotion de l’innovation et de la concurrence dans les services de télécommunications de base pour stimuler l’amélioration continue de la qualité et de la disponibilité des services pour les consommateurs.
• La mise en place de mécanismes de financement pour couvrir les coûts supplémentaires liés à la fourniture de services de télécommunications de base dans les zones rurales et éloignées.
En 2022, l’agence a réalisé différents projets dont :
- la remise de kits informatiques en faveur des lauréats des différents examens nationaux session 2022 ;
- le lancement de la première phase du programme pluriannuel de renforcement de capacité dans l’usage du numérique (R-CUN);
- le développement des plateformes E-LÖNNY de formation en ligne en faveur de l’éducation préuniversitaire, et SUTURA d’expression de besoins et de soumissions de projets relatifs au service universel, la recherche et la formation dans le domaine des télécommunications et du Numérique;
- la finalisation des travaux de construction du collège/ lycée, la construction d’une bibliothèque moderne, la rénovation du centre de formation aux métiers de la couture de KASSA ; - le lancement des travaux de fourniture du WIFI HAUT DEBIT pour tous à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré en collaboration avec la SOGEAC.
Vous avez signé un partenariat avec la SOGEAC pour la fourniture d’internet au grand public dans l’enceinte de l’aéroport. Quel est l’objectif visé ?
Ce partenariat a été lancé dans le but d’améliorer la qualité de service de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré afin de le hisser aux standards internationaux. En effet, les voyageurs ont besoin d’être constamment sur internet pour rester en contact avec leur famille, les amis, envoyer des courriels, etc. Il s’agit d’améliorer l’expérience des passagers en proposant des services supplémentaires tels que des informations en temps réel sur les vols, les horaires de départ et d’arrivée, les services de divertissement, les informations sur les restaurants et les magasins, etc.
Comment le numérique peut-il contribuer à l’amélioration de l’expérience des passagers ?
Avoir accès à une connexion internet de qualité et sécurisé reste primordiale à l’ère du numérique. En effet, cela facilite l’expérience des passagers à travers les services en ligne : e-ticketing, e-boarding, tracking des vols…
Votre mot de la fin ?
ANSUTEN est une institution naissante. L’ambition de Monsieur le Président de la Transition, à travers le MPTEN, est de faire de l’agence une institution forte, crédible et viable dans le secteur des télécommunications et du numérique en développant des actions à impact durable pour tous les guinéens.

Étant conscient des différents défis qui nous attendent en cette année 2023, mon équipe et moi saurons les relever en cultivant en nous un état d’esprit solide, dynamique, innovateur et professionnel.
Je profite de l’occasion pour remercier les autorités, en l’occurrence Monsieur le Président de la Transition, son Excellence Colonel Mamadi Doumbouya, au Premier Ministre Dr. Bernard Goumou ainsi qu’à l’ensemble du gouvernement pour leur volonté forte de promouvoir le numérique, d’en faire un levier de croissance et de développement socio-économique inclusif au bénéfice de la population guinéenne.
Présentez-vous.
Je suis Mamadou DIALLO, manutentionnaire aéroportuaire au compte de l’Agence Maritime Guinée (AMA-Guinée) depuis quatre ans.
Parlez-nous de vos débuts en tant que manutentionnaire aéroportuaire.
Après que mon frère ait proposé mon dossier à la structure AMA, j’ai réussi un entretien d’embauche auquel j’ai été soumis. Le test était très physique pour mesurer notre endurance, nos reflexes et bien entendu notre moralité. Au bout d’une semaine, j’ai été contacté pour commencer à travailler au sein de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré. J’ai bénéficié de quelques formations en manutention aéroportuaire me permettant d’assumer pleinement mon poste.

Comment s’est passé votre premier jour en tant que manutentionnaire aéroportuaire ?
C’était tout nouveau. Je n’étais jamais monté dans la soute d’un aéronef. De surcroit, j’ai commencé à travailler de nuit du côté de la piste. C’était très physique et il fallait assurer. Mes collègues ont été disponibles et m’ont facilité la tâche, car la manutention aéroportuaire est différente de celle faite à Madina ou au Port !
En quoi consiste le métier de manutentionnaire aéroportuaire ?
Nous avons pour tâche de charger et décharger un aéronef de son contenu, mais il y a des principes à respecter. Nous suivons les instructions du chef de piste qui nous oriente là où nous devons commencer le chargement et les bagages à toucher ou pas. Il y a également ceux qui travaillent du côté de la livraison bagages qui se chargent de sortir les bagages du chariot et de les poser sur le tapis à bagage. Certains travaillent également vers le tri bagages, ce sont eux qui ont la responsabilité d’introduire les bagages dans les conteneurs. Et enfin, il y a aussi une équipe dédiée pour le service fret. Sur toute la ligne nous sommes surveillés par un agent qui veille sur la sûreté et la sécurité des bagages ; nous nous faisons contrôler en montant dans la soute et quand nous en ressortons également, afin d’éviter les cas de vols.

Dans la soute, nous travaillons à la chaîne. Le premier qui récupère le bagage, le passe au second et ainsi de suite jusqu’à le poser sur le tapis qui le descend vers le chariot pour la livraison. Le circuit du bagage commence à partir du moment où nous le sortons de la soute jusqu’au moment où il est posé sur le tapis bagage à la livraison pour le passager.
C’est un métier très physique qui demande de la discipline, un sérieux total et le respect de la hiérarchie.
Quelles sont les qualités d’un bon manutentionnaire ?
Ce métier à besoin de beaucoup de motivation, être discipliné et apprendre toujours. Un manutentionnaire aéroportuaire n’est pas comme celui de Madina ou celui du port autonome. Il faut savoir où poser un bagage, comment en manipuler certains, c’est le cas des marchandises dangereuses. Nous bénéficions régulièrement des formations pour être efficace dans nos tâches. Le monde de l’aéronautique est sensible d’où les formations régulières dans le domaine de la sûreté et la sécurité.
Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confronté ?
Parfois nous sommes en sous-effectif et c’est des moments complexe à gérer. C’est parfois source de tensions avec les chefs de piste qui ne veulent pas perdre de temps à cause de l’exigence des compagnies. Nous sollicitons auprès de nos responsables de veiller à ce que le nombre de manutentionnaires à pourvoir pour le traitement d’un aéronef soit respecté. Ensuite le problème de matériel est très fréquent, lorsqu’il y a plusieurs avions qui se croisent, nous sommes obligés de nous surpasser afin de réussir le traitement dans le temps imparti.
Votre mot de la fin ?
Je vous remercie pour l’occasion qui m’est offerte de m’exprimer, mais j’aimerais que la SOGEAC nous appuie afin que notre effectif soit agrandi. C’est pénible s’il faut travailler en sous-effectif.