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DOSSIER
Eau pharmaceutique Une matière première clé EAU PURIFIÉE VRAC
Le groupe Sanofi recommande un usage étendu de la thermocompression
© Sanofi
Expert mondial de Sanofi dans le domaine des eaux à usage pharmaceutique, Robert Neri a pour mission de diffuser des bonnes pratiques dans l’ensemble du groupe. Entre l’usage étendu de la thermocompression ou la fin de l’électrodéionisation et des finitions électropolies, cet ingénieur bouscule les idées reçues.
ROBER NERI, RÉFÉRENT EAUX À USAGE PHARMACEUTIQUE POUR TOUT LE GROUPE SANOFI.
36 IndustriePharma N°73 Juillet/Août 2013
Industrie Pharma : En quoi le sujet de la production d’eau est-il si fondamental dans le secteur pharmaceutique ? Robert Neri: Dans le monde de la pharmacie, c’est dans l’air et dans l’eau que l’on retrouve le plus de contamination, en particulier des contaminations bactériennes qui peuvent entraîner l’arrêt des usines. Ensuite, entre le nettoyage de l’installation, le contrôle analytique, la désinfection, ainsi qu’une éventuelle perte de la production, cela coûte extrêmement cher. Voilà pourquoi les industriels apportent tant de soin à la production d’eau et à la surveillance de leurs installations pour que l’eau soit la plus propre possible aux points d’utilisation. En réalité, pour les boucles d’eau pour préparation injectable vrac qui sont maintenues à plus de 70 °C, ce problème de contamination bactérienne ne se pose pas. En revanche, pour les boucles d’eau froide où circule de l’eau purifiée vrac, une contamination est très vite arrivée et elle se traduit par l’apparition de biofilms. Dans 9 cas sur 10, nous avons affaire à des rétrocontaminations, dans la mesure où la contamination ne provient pas du producteur d’eau à usage pharmaceutique, mais d’une mauvaise gestion au point d’utilisation. Par
exemple, on sait que les machines à laver sont des «supercontaminants». Lorsqu’elles sont branchées directement à une boucle d’eau par le biais d’un tuyau, bien que le régime soit turbulent dans la tuyauterie, nous avons toujours un régime laminaire en surface qui suffit à laisser passer des bactéries. Comment améliorer cette gestion de la contamination ? R. N. : Les utilisateurs doivent utiliser des procédés robustes, performants et suivre des procédures très précises. C’est tout l’objet de ma fonction au niveau du groupe Sanofi. Elle me permet de m’occuper du traitement de l’eau de façon globale et d’aider les gens à éliminer ces problèmes bactériens. Entre la chimie, la santé animale, les biotechnologies, les vaccins, le groupe Sanofi compte plus de 110 sites industriels dans le monde. J’ai eu l’occasion d’en visiter les trois quarts et de comparer les pratiques. Il y a encore beaucoup trop de disparités dans un groupe comme le nôtre. Il y a des habitudes par zone géographique, par site et des moyens financiers différents avec des sites plus riches que les autres. Ma mission est de discuter des expériences des uns et des autres pour faire remonter les bonnes pratiques. Ensuite l’objectif ne sera pas d’imposer la même solution et de tout uniformiser partout dans le monde, mais d’avoir le même langage et de présenter les intérêts de telle ou telle solution. Cela passe par beaucoup de formations et d’informations. Pour ce qui est des procédés utilisés en purification de l’eau à usage pharmaceutique, les pratiques ne sont donc pas les mêmes d’un continent à l’autre. Que recommandez-vous au vu de toutes les installations que vous avez pu examiner? R. N. : En Europe, nous utilisons souvent pour produire de l’eau purifiée vrac un schéma de procédé qui passe par de la double osmose inverse ou de l’osmose inverse suivie d’une électrodéionisation. Chez Sanofi, nous avons décidé d’abandonner l’électrodéionisation. Mieux, nous souhaitons pousser l’utilisation de la thermocompression. À l’origine, c’est une technologie de distillation utilisée pour produire de l’eau pour préparation injectable vrac. Elle est d’ailleurs largement utilisée aux États-Unis. Mais nous avons déjà des références en production d’eau purifiée vrac en Afrique, en Russie, en Amérique du Sud ou en Asie. Dans certaines régions du monde, la qualité de l’eau potable pose de plus en plus de problèmes, ce qui demande d’installer des retraitements complexes, difficiles à main-