Ineffable Magazine N°10

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Ineffable Magazine I N°10 I ISSN : 2602-6562

CULTURE & CITOYENNETÉ



Mentions Légales : • Directrice de rédaction : Ahlem KEBIR ahlem.kebir@ineffable-dz.art +213 (0) 698 200 899 • Directeur de la publication : Aimen BENNOUNA aimen.bennouna@ineffable-dz.art +213 (0) 698 585 628 • illustratrice : Amina Djebri @amina_illustration • Comité de lecture : Hiba BOURMOUM, Fatima ABADA, Ibtisem HAMMOUCHE, Djouher MEZDAD. • Couverture : Amina Djebri • Site web : www.ineffable-dz.art • ISSN : 2602-6562


EDITO

CITOYENNETÉ, VASTE PROGRAMME…


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tre citoyen c’est avoir des droits et un devoir. Ce ne serait donc que cela ? Le devoir con-siste à respecter les lois. Cellesci étant là pour veiller à nos droits. Etre citoyen ne consisterait au final qu’à protéger ses droits. Cette définition, fut-elle longtemps valable, est logiquement désormais obsolète. Aujourd’hui, nous définissons plus la citoyenneté que le citoyen. Et d’aucun diront, de nos jours, la citoyenneté, c’est l’engagement ! Périphrase qui à son tour, se rapproche inéluctablement de la désuétude tant l’engagement ainsi que son sens sont de plus en plus, dévoyés. Être citoyen c’est d’abord respecter les lois, or y a t-il plus citoyen, que de s’engager collectivement face à des lois que l’on juge injustes, ne pas se soumettre à la loi pour améliorer la loi. Être citoyen à l’extrême, c’est au final annihiler l’acte de citoyenneté. Ne rien faire, ou faire «rien» -à condition de le faire de manière civiqueest en soi un acte de citoyenneté. Être citoyen serait donc de s’ouvrir vers les autres. C’est occuper l’espace public, c’est investir la cité. C’est de ne pas démissionner, ou au contraire savoir démissionner. C’est défendre la liberté, toutes les libertés, dont celle de ne pas s’engager. Dans une époque où la bêtise s’est mise à penser, quelle abomination ce serait si elle devait en plus s’exprimer, pire, s’engager. Quelle abomination serait aussi un espace où chacun est appelé à s’engager, où l’initiative serait rendue facile. L’initiative a cela de méritant, qu’il faut la prendre. S’engager, ça va d’abord d’un sentiment de partage, mais partager quoi, nous partageons ce que nous sommes, quand on s’engage, nous souhaitons -de manière bienveillante- que ça touche le plus de monde possible, que le maximum d’us et de mœurs changent après notre engagement. S’engager est au final une manière humaine de vouloir se construire un cadre où on pourrait se sentir à l’aise. S’engager c’est vouloir changer les choses, pour qu’elles nous ressemblent, leur faire changer de place... Pour les rapprocher au maximum de nous.

Amine Boudjellal


SOMMAIRE


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Des Richesses Bâties 10 18 24 28 30 P

ALGER : PATRIMOINE COLONIAL ET ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE. CITOYENNETÉ ET PRÉSERVATION DU PATRIMOINE BÂTI. LA CASBAH D’ALGER, UNE ARCHITECTURE CITOYENNE ! SÉRIE PHOTOGRAPHIQUE -ALGER PAR : ZHOR ADJMI. DISCOVERING ALGERIA ABOUT MY TRIP TO BECHAR.

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Ecologie à l’Algérienne 37 38 UN AVENIR VERT ? 43 P

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D’art et d’eau fraîche 46 50 54 58 62

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LES CINÉ-CLUBS NOUS REGARDONS DONC NOUS SOMMES DERB CINÉMA KHAMSA FI ALL SEEING EYE5 LA RICHESSE DU PATRIMOINE ET LA FUSION DES CULTURES LE CALLIGRAFFITI MARIAGE DE L’IDENTITÉ ANCESTRALE ET DU MOUVEMENT CONTEMPORAIN

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Table de Chevet 68 RETOUR SUR LA RENCONTRE AVEC ABDELMADJID KAOUAH 70 THE ENGAGEMENT OF LAGHOUAT’S PUBLIC LIBRARY 74 SILA - RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019



Des Richesses Bâties Ainsi, l'homme écrit son histoire dans les pierres, comme témoignage éternel que même le temps ne saura effacer.


ALGER : PATRIMOINE COLONIAL ET ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE

Arzani Kamel



Des Richesses Bâtis

ALGER : PATRIMOINE COLONIAL ET ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE Le patrimoine de la période coloniale en Algérie désigne les architectures et les villes produites entre le début du 19e siècle à la moitié du 20e siècle. Ce leg recèle de nombreuses richesses, toutefois, il est aujourd’hui menacé, et son potentiel reste encore grandement ignoré tant sur le plan symbolique que scientifique. A ce niveau, il constitue une singularité patrimoniale à préserver, non pas uniquement le fruit de l’importation simple d’une production métropolitaine mais plutôt un ensemble de typologies de diverses échelles tintées d’une touche méditerranéenne, « algérienne ». Bien que l’engagement institutionnel envers ce leg soit timide (il se manifeste par la protection ponctuelle de bâtiments monumentaux, ou la réhabilitation des façades des grands boulevards de la capitale), l’engagement citoyen, quant à lui, prend diverses formes directes ou indirectes, allant de la protection à la mise en valeur. J’essaie à travers cet article de mettre la lumière sur des initiatives non institutionnelles ayant œuvré pour la valorisation du patrimoine colonial d’Alger.

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Arzani Kamel

En 2014, l’art s’est invité dans les rues de la capitale algéroise à l’occasion d’un grand évènement culturel organisé par le collectif trans-cultural dialogues. « Djart’14 » a investi l’espace public par les arts, et par le biais de diverses manifestations artistiques a réussi à mettre en valeur des lieux et des monuments du leg patrimonial des 19e et 20e siècles. Un des évènements phares de cette édition a été l’aménagement de la placette Ben Boulaïd au cœur du quartier historique d’Isly, entièrement conçue et réalisée par des jeunes étudiants en architecture et des artistes graffeurs. Ces derniers ont redonné vie à un terrain presque abandonné pour en faire un espace de proximité dédié aux habitants du quartier. Durant cette même édition, le Bus-tour «Redécouvertes fortuites» animé par Houssem Mokadem a été l’occasion de découvrir ou redécouvrir des lieux historiques méconnus mais qui racontent l’histoire de la ville, tels que la Minoterie Narbonne (aujourd’hui en cours de démolition) et la villa Rais Hamidou. De son côté, Nicème Kossentini, a tenu à travers une exposition sonore, à mettre la lumière sur certains lieux peu visités

de la capitale, comme la grotte Cervantès ou encore le musée des beaux-arts d’Alger. Le même collectif est revenu, en 2016, pour une seconde édition nommée « El Medreb ». Cet évènement a interrogé la question de la réhabilitation des friches et du patrimoine industriel d’El-Hamma. A cet effet, des tables rondes et des débats ont été lancés sur les lieux abandonnés, les friches industrielles et les quartiers en mutation. Le street-art est au cœur de l’évènement comme moyen de les réhabiliter, des projections de films et des ateliers de théâtre ont également fait parti du programme.

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D’une autre manière, le mouvement associatif joue un rôle important dans la protection du patrimoine des XIXe et XXe d’Alger, en le faisant connaitre à grande échelle. En effet, la Fondation Écologique Algérienne «DZ Explorer» proposait déjà en 2014 des « balades écolos et culturelles » à travers quatre parcs et jardins algérois : Le Balcon Saint-Raphael, Jardin Tifariti, Le Parc De Galland et Le Parc de Beyrouth. Ce parcours thématique était destiné à faire découvrir aux participants le patrimoine paysager et botanique d’Alger et par là même l’histoire de la capitale. Dans le même sillage, l’association Zine Bladi, organise régulièrement des randonnées urbaines guidées à Alger avec pour objectif la découverte de la ville et son histoire. Ces randonnées citadines dépassent le périmètre de la Médina et explorent le patrimoine récent de la ville par de nouveaux circuits : « Le front de mer », « El Madania et le patrimoine de Fernand Pouillon », « Le balcon Saint-Raphaël à Audin », etc. D’autre initiatives citoyennes méritent amplement d’être mentionnées ici. En 2013, face au projet de démolition des abattoirs d’Hussein Dey, un collectif d’artistes se mobilise pour leur sauvegarde. Il lance une pétition publique « Les abattoirs d’Alger, Août • Septembre • Octobre 2019 - ineffable

Arzani Kamel

Sur un autre volet, le collectif « Les ateliers d’Alger » œuvre depuis quelques années pour un urbanisme citoyen. En 2018, il lance trois ateliers de quartiers intégralement féminins : Bab el Oued - Square Nelson, l’église notre dame du Mont-Carmel d’El Biar et la Casbah d’Alger. Les habitantes ont diagnostiqué leurs quartiers, identifié leurs points forts et leurs faiblesses et proposé divers aménagements pour ces lieux. En 2019, le collectif passe à l’action en organisant son premier chantier participatif avec, au cœur du projet, les habitants du quartier d’El Hamma. Après concertation collective et un atelier d’urbanisme participatif pour les enfants, les habitants ont eux-mêmes conçu et aménagé un terrain abandonné en espace convivial de détente et de jeu.

une aubaine pour l’art » pour la création d’un espace culturel artistique, au cœur de ce bâtiment vestige industriel, malheureusement aujourd’hui démoli. Cet espace se voulait être un haut lieu de l’art destiné à contenir l’esprit créatif des artistes nationaux. On pourrait également évoquer l’exposition photographique « Balade urbaine à Alger » de Almuth Bourenane, qui s’est tenue en 2017 à Alger, et qui fut un hommage à « l’architecture française d’Alger, aux façades algéroises et leurs détails architectoniques ». Mon constat est loin d’être exhaustif. A travers cet écrit, j’ai tenté de mettre la lumière sur quelques initiatives initiées par des collectifs, artistes ou associations qui intentionnellement ou indirectement ont contribué à protéger, documenter, mettre en valeur ou à vulgariser un savoir sur ce leg colonial encore marginalisé par les institutions en charge du patrimoine et de la ville. Par une action de mobilisation, un exercice d’urbanisme citoyen, un débat ou un chantier participatif, chacune de ces actions a contribué à ôter le voile d’exclusion sur cet héritage. Aujourd’hui, ce patrimoine nous appartient entièrement, et sa sauvegarde ne dépend que de notre volonté à l’accepter et le reconnaitre comme tel. Auteure : Selma Benamer

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CITOYENNETÉ ET PRÉSERVATION DU PATRIMOINE BÂTI

Arzani Kamel



Des Richesses Bâtis

CITOYENNETÉ ET PRÉSERVATION DU PATRIMOINE BÂTI La Casbah, 1er noyau historique d’Alger, classée patrimoine mondiale par l’UNESCO en 1992, est aujourd’hui abandonnée et les experts tirent la sonnette d’alarme. L’Algérie possède un patrimoine culturel bâti riche et varié, hérité de la richesse de son histoire, depuis les villes phéniciennes et romaines, passant par l’architecture islamique jusqu’aux premières manifestations du modernisme. Il constitue la mémoire collective de la communauté algérienne. Un vrais livre d’histoire, à ciel ouvert. Cet héritage culturel se retrouve malheureusement dans un état dégradé, voir lamentable. Dellys ; la ville médiévale est presque abandonnée et le style berbéro-andalou a perdu son éclat. Et la Casbah d’Alger, qui connait effondrement après effondrement, le dernier étant celui de l’un de ses immeubles de rapport le 22 avril 2019. Le défunt président de la fondation Casbah, M. Belkacem Babaci, avait tiré la sonnette d’alarme en annonçant : « Chaque jour que Dieu fait, un pan de mur s’écroule quelque part dans le tissu urbanistique de la Médina. »

www.lefigaro.fr

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D’autres experts abordent ce sujet, tel l’architecte urbaniste Tewfik GUERROUDJ, qui parle du manque d’entretien du bâti ancien et ce depuis l’indépendance, ce qui a provoqué une dégradation des systèmes structurels, chose qui rend les réhabilitations de façades actuelles insuffisantes. Ainsi que l’abandon des bâtiments singuliers et la dominance du nouveau. C’est le cas du palais d’El Dey à Oran par exemple, dont une partie a été démoli pour la réalisation d’un hôtel. Auxquels s’ajoute, dans certains cas, le manque de connaissances historiques, techniques et sociologiques, des intervenants sur le bâtiment historique. Sans oublier le manque de la participation citoyenne ainsi que l’inconscience quant à l’importance de la préservation, mentionné cidessus dans le passage de B.BABACI. À tous ces facteurs, s’ajoutent les facteurs naturels tels que la pluie, la neige, l’humidité… etc ; qui attaquent la composition des matériaux de constructions de ce patrimoine et fragilisent sa structure.

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Belkacem Babaci source : www.dia-algerie.com

Les causes de la dégradation du patrimoine bâti « L’opération d’étaiement entreprise par l’Office de gestion des biens culturels, l’organe chargé des travaux, devait servir à parer aux éventuels effondrements qui ont d’ailleurs diminué. Mais, malheureusement, tout est resté en l’état, et le temps a fait le reste, la poussée des murs a fait que des madriers cèdent graduellement, les murs des bâtisses présentent actuellement des hernies (gonflements), ce qui explique les quelques écroulements constatés. Ajoutez à cela le phénomène des vols, notamment des madriers qui soutiennent les murs…….. Le manque d’informations a évidemment créé un sentiment d’abandon chez les habitants de cette cité historique, «assiégé» par les gravats et autres ordures de toutes sortes » déclara M. Belkacem Babaci. Donc la situation lamentable du patrimoine bâti a ses causes. Ces dernières sont des facteurs humains et naturels.

Les moyens fournis par l’état L’état a mis en place un plan permanent de Mise en Valeur des Secteurs Sauvegardés, le « PPSMVSS », qui est un outil de gestion et de protection du patrimoine bâti et urbain, afin de préserver les valeurs historiques, culturelles et architecturales. Il a pour objectif, la fixation des conditions architecturales que la conservation des immeubles ou du cadre urbain doit respecter, la prescription des mesures particulières à respecter surtout en secteurs sauvegardés ou immeubles classés et enfin, la maintenance des règles générales et des servitudes d’utilisation des sols qui doivent comporter l’indication des immeubles qui ne doivent pas faire l’objet de démolition ou de modification ou dont la démolition ou la modification seraient imposées.

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Participation citoyenne et préservation du patrimoine « Le patrimoine est l’héritage commun d’une collectivité, d’un groupe humain. Chaque génération n’existe que grâce au patrimoine reçu de celles qui l’ont précédée et elle doit transmettre aux générations futures un patrimoine, si possible valorisé et actualisé. » Dit l’architecte urbaniste Tewfik GUERROUDJ. La préservation du patrimoine est la responsabilité de tout le monde, et non pas celle de l’état et les spécialistes du domaine uniquement. Le citoyen est aussi bien concerné qu’eux. Sur un groupe Facebook nommé « les secouristes du patrimoine », des jeunes algériens prennent l’initiative de parler patrimoine et préservation à travers le partage de photos de bâtiments historiques dégradés, ainsi que des articles sur les nouvelles techniques de restauration et de rénovation et la mise en valeurs des centres historiques. En France, « un loto du patrimoine » a été organiser par la fondation du patrimoine en partenariat avec la française des jeux et le ministère de la culture, dans le cadre de la mission d’identifier le patrimoine bâti en situation de dégradation et de trouver des solutions innovantes pour le financement. Pour un ticket de 15 euros, on aura un gain de 1,5 million d’euro, les citoyens français répondent présents. En France toujours, une plateforme participative est mise en place par le ministère de la culture afin que n’importe quel citoyen ait l’occasion d’identifier un patrimoine bâti en péril, qu’il soit classé ou non. D’autre forme de participation citoyenne dans la préservation est l’ouverture de chantiers de fouille ou de nettoyage de sites et monuments historiques, aux citoyens bénévoles, tout en étant encadrés par des professionnels. Au Canada, une dizaine d’organismes se sont créés pour l’unique cause de défendre le patrimoine, à titre d’exemple : Lunenburg Heritage Society en Nouvelle-Écosse (1972), Héritage Montréal (1975) et la Society for the Protection of Architectural Ressources

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in Edmonton (SPARE; 1979). Ces organismes sont largement soutenus par les citoyens canadiens qui répondent présents à leurs évènements, initiatives et chantiers. On est actuellement dans une phase nouvelle, celle du développement durable et de l’urbanisme participatif, ou le citoyen est au centre de toute décision. En effet, la collaboration entre citoyen, organismes de protection, associations et gouvernement serait un pas très important dans le grand projet de préservation du patrimoine bâti, de sa valorisation et son actualisation, afin de transmettre aux générations futures un héritage qui mettra en avant la culture et la civilisation du pays et augmentera leurs sentiments d’appartenance. Et ce ne sont pas les exemples qui manque, il suffit de s’en inspirer. Auteure : Sarah salhi

Sources : Article de presse www.elmoudjahid.com/fr/actualites/122480 www.liberte-algerie.com/entretien/ casbah-belkacem-babaci-tire-la-sonnettedalarme-103836 www.elwatan.com/archives/magazinearchives/la-casbah-de-dellys-un-tresorarcheologique-mal-entretenu-2-21-04-2016 www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/ patrimoine-conservation-du www.journals.openedition.org/teoros/2832 Article scientifique www.insaniyat.crasc.dz/pdfs/n_12_guerroudj. pdf Site officiel : www.anss.dz/fr/ppsmvss/

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Chafia Loudjici


LA CASBAH D’ALGER, UNE ARCHITECTURE CITOYENNE !

Chafia Loudjici



Des Richesses Bâtis

LA CASBAH D’ALGER, UNE ARCHITECTURE CITOYENNE !

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Terrasses de casbah | Mohammed Racim

La société algéroise d’antan était une société musulmane conservatrice et traditionnaliste, avec des liens familiaux et de voisinage très forts. Même ses concepts architecturaux et urbains, étaient puisés dans les valeurs humaines et socio-culturelles qui la régissaient. Particulièrement, la valeur d’intimité et de modestie que les bâtisseurs de la Casbah d’Alger ont soigneusement respecté. En ce qui concerne l’intimité, au sein de la « Houma » (le quartier), il n’y avait pas de mixité de genres. La rue n’était fréquentée que par les hommes, et les femmes ne s’y rendaient que rarement. Entre voisines, elles se retrouvaient sur les terrasses des maisons mitoyennes qui étaient communicantes entre elles, sans passer par la rue. C’était l’espace féminin par excellence que certains chercheurs considèrent comme espace «urbain». Les portes des maisons de la casbah d’Alger ne se faisaient jamais face, pour préserver l’intimité entre voisins. Ces portes étaient d’ailleurs l’une des rares ouvertures existantes sur les façades. En effet, les maisons étaient introverties, c’est à dire tournée vers l’intérieur, les fenêtres donnaient le plus souvent vers un patio ou un puits de lumière intérieur, et rarement vers la rue. Pour accéder à l’intérieur de la maison, il fallait passer par la « sqifa », une entrée en chicane (en forme de L) qui fait office d’espace de transition entre l’extérieur et l’intérieur, rompant toute relation visuelle entre les deux (une fois la porte ouverte, on voit un couloir, puis un mur, le reste de la maison n’est pas visible, puisqu’il faut entrer, puis tourner pour la découvrir). Ces espaces de transition, permettaient des pratiques sociales qui assuraient cette intimité. Par exemple, quand l’homme de la maison s’apprêtait à entrer, il émettait un son (tousser par exemple), afin de permettre aux femmes étrangères de se couvrir ou encore de quitter les lieux.

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Chafia Loudjici

« Wast-Eddar » (le patio) était un espace familial où se déroulaient toutes les activités quotidiennes de la famille élargie. Il occupe une position centrale, entouré des différentes chambres, chacune, occupée par une famille nucléaire. Nous parlons donc de solidarité intergénérationnelle, affirmée et rendue possible grâce à la répartition et la hiérarchisation des espaces de la maison. Cette volonté de préserver l’intimité n’empêchait guère le développement d’une vie sociale commune, nous ne pouvons d’ailleurs pas parler de la casbah d’Alger sans citer ses lieux de détente et de rencontres à l’instar des cafés maures, espace de sociabilité exclusivement masculin et les Hammam (les bains) lieux de purification et de détente. En ce qui concerne la modestie, elle se traduisait par exemple, dans les façades extérieures des maisons étaient presque aveugles. Il n’y avait que quelques ouvertures et ce pour ne pas dévoiler le niveau de vie de la famille, en plus de préserver son intimité, comme expliqué auparavant. On y rajoute une porte d’entrée simple avec une hauteur obligeant la personne qui la franchit à baisser la tête comme signe de reconnaissance envers dieu. Montrer son opulence était donc hors de question, toutes les maisons de la casbah se ressemble de l’extérieur.

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En plus de ces valeurs sociales qui la régissaient, la vie urbaine à la Casbah se démarquait par une organisation en avance sur son temps. Ce fut le cas en ce qui concerne les infrastructures de la ville par exemple, le réseau hydraulique de la casbah d’Alger était sans égal à l’époque Ottomane, grâce à quatre aqueducs qui Alimentaient les différentes « A’ayoun » (sources) de la ville et des «Hammam» (bains) au niveau des quartiers. Elle bénéficiait également d’un réseau d’assainissement et d’évacuation des eaux pluviales ingénieux. L’évacuation se faisait à travers des petites rigoles au niveau des rues sinueuses en pente qui desservaient les quartiers. Et même à l’intérieur des maison, on retrouve un puit (Djeb) au niveau du sous-sol où étaient récoltées les eaux pluviales grâce à une évacuation au niveau de « Wast-Eddar » (patio). La Casbah d’Alger est l’une des meilleures leçons d’architecture et d’urbanisme citoyens et de vie en communauté. se rendre compte de ses spécificités nous mène à repenser certains aspects de notre quotidien aujourd’hui. Le but n’étant pas de vivre comme nos aïeux, mais de prendre les bonnes leçons et les adapter à notre vie contemporaine. Auteure : Nour Mounira Bellatreche

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SÉRIE PHOTOGRAPHIQUE -ALGER PAR : ZHOR ADJMI

Instagram : nostalgerr

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DISCOVERING ALGERIA ABOUT MY TRIP TO BECHAR

Khaled Si Fodil



Des Richesses Bâtis

DISCOVERING ALGERIA ABOUT MY TRIP TO BECHAR ‘’the desert is natural, when you are out there, you can get in tune with your environment, something you lose when you live in the city’’

ROBYN DAVIDSON

My country fascinates me, I always tell myself I should explore it first before thinking of visiting other countries. The biggest country in Africa in which, wherever I went, I felt like home, but at the same time i discovered new things as if I was in a different country… weird Hein ! So last April I decided to challenge myself and go farther than I’ve ever been, in a solo trip to the Algerian desert, to Bechar, about 1400 km far from Algiers. I traveled by bus, which allowed me also to pass through different cities such as Saida, Naama, Bayadh. I stayed in a traditional earthen guest house, named « darterrehut ».The first thing I noticed is that inside, the rooms were cool even though it was hot outside. The interior of the house was traditional and colorful, everything was handmade, a reminder of the beautiful culture of the desert. The house is built in a local architecture style. The guests’ room has the form of a circle covered with palm groves. That’s where all the guests gathered, and of course, we’ve been served tea, as welcome gesture. The rooms we stayed in are grouped around a sitting area and have shared bathrooms. There is also a swimming pool, and a large « khaima » (tent) where we would all meet for lunch, dinner and all the musicale evenings. The people staying in the house came from

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different regions of Algeria and abroad, which was impressive. We shared the house for a week, and for that short time, we became a family. We got to know each other, learn from each other; even the foreigners became Algerians; they were amazed by the diversity of the language, the food, the clothes, etc. It is striking to see how traveling brings people together and helps them see each others cultures from new perspectives. The 5 days I spent in Bechar were all about discovering delicious traditional food, exploring the beautiful desert, riding camels, watching sunsets, sleeping outside under the stars. I was in a different world, where everything was simple and traditional, it was a sort of meditation for me, and I got to discover another side of my beautiful Algeria. The desert is different, it is empty and quiet, it has some sort of sacrality that wakes you up from the inside. By the end of the trip, I felt that something inside of me has changed; I gained a lot of appreciation to our culture and traditions, and felt prouder of my country as I became more aware of it richness. The more you see and learn, the more your curiosity expands. This trip motivated me to travel aboard and to get out of my comfort zone. Living with other people from different regions and different countries taught me that culture has no boarders and that all people are connected despite their differences. Author : Sara taib

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Places that I recommend visiting: In Taghit: • « ‫ » الزاوية الفوقانية و الزاوية التحتانية‬to enjoy the beautiful dunes, • ‫ مرحومة‬for the most beautiful sunsets , • The Souk « ‫ السوق‬to buy some souvenirs and spices, • ‫الكب�ة‬ ‫ الواحة ي‬which is an oasis the middle of the dunes full of palms and all kind of vegetable gardens • The old city of taghit, with its earthen architecture and its traditional organization that resembles that of the casbah of Algiers • In beni Abbas -140km far from Taghit- : • the old museum of the city, where you can find the greatest wealth of the sahara, • the old mosque of the old city . *The guest house that I have been to is called “darterrehut” you can contact them on their facebook and instagram pages directly to organize your trip alone, or you go in an organized trip with a travel agency.



Ecologie à l’Algérienne L’écologie n’est pas un effet de mode, mais une tradition algérienne.


Ecologie à l’Algérienne

Photo Hadji Fadli

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UN AVENIR VERT ?

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Ecologie à l’Algérienne

UN AVENIR VERT ?

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epuis l’aube de la civilisation, quand l’homme a construit son premier abri, il eut, par instinct, une attitude écologique. Les humains ont toujours essayé de s’adapter et de vivre en harmonie avec leur environnement. Cette adaptation s’incarne dans l’utilisation des matériaux naturels, et l’adoption des solutions techniques efficaces pour se protéger contre les facteurs naturels tels que la chaleur, le froid et la pluie, tout en ayant le moins d’impact négatif sur l’environnement.

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que la vie à commencé à s’éloigner du concept écologique, et ce, à cause de la révolution industrielle qui a prit ampleur au sein des systèmes urbains. C’est une révolution énergivore, elle s’est développée par l’exploitation des ressources naturelles et l’utilisation des énergies fossiles – charbon, pétrole, et gaz naturel – et cela a entraîné l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, les changements climatiques, la pollution de l’environnement, la fonte des glaces, et l’augmentation du niveau de la mer à chaque seconde qui passe, etc. Cette fois-ci, ce n’est pas une seule civilisation qui est menacée, c’est le village monde, c’est l’humanité, c’est nous tous. En effet, il est important de prendre conscience des facteurs d’effondrement d’une civilisation et comme l’avait cité Jared Diamond dans son ouvrage intitulé « collapse » le premier facteur est le facteur environnemental. Nous infligeons depuis deux siècles, particulièrement depuis les dernières centaines d’années, des dommages environnementaux graves à la terre, le plus souvent irréversibles. Le deuxième facteur est le dérèglement climatique, toutes les grandes civilisations ont fait face à ces dérèglements,

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ça affaiblit les écosystèmes, et qui dit affaiblissement des écosystèmes, dit pénurie de ressources, déstabilisation de la société, conséquences économiques, géopolitiques, sociales, vous connaissez la suite… Le peuple maya, est une victime des désordres environnementaux, même après avoir rayonné pendant longtemps, la chute de leur civilisation est un exemple, d’une dégradation environnementale majeure, conséquente d’une déforestation antérieure. Alors que vit-on aujourd’hui ? Nous vivons une période historique déterminante, il va falloir réinventer les choses. La dernière ère où l’homme a tout réinventé, ce fût pendant la révolution industrielle, mais cela à entrainer bien des dégâts. Cette fois-ci nous avons le pouvoir de corriger les fautes de la première révolution. Nous vivons aujourd’hui une période exceptionnelle, extraordinaire au sens étymologique, un trait d’union, sans doute entre deux mondes ; le monde d’aujourd’hui, et le monde de demain, le monde en devenir, qui commence à se matérialiser graduellement, dans le but de lutter contre les changements climatiques et pouvoir échapper à tous les désordres environnementaux qui risquent de causer notre fin. Ce monde peut être maintenu, protégé, par un simple éveille de la conscience et une bouffée de créativité et d’art qui vient chatouiller le mode de vie écologique. La particularité de ce mode de vie, est qu’il touche à plusieurs disciplines et les unies tous ensemble. L’art, par exemple, prend désormais des tendances écologiques. Plusieurs artistes font le recyclage des déchets et des objets en les transformant en œuvres d’art ; des bijoux, des accessoires de déco, des habits. C’est à la fois, écono-mique et écologique.

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De l’autre côté, le sport aussi devient écologique, l’homme court contre les ordures, comme il est le cas pour l’activité du plogging, ainsi que le ramassage des déchets sur les plages pour sensibiliser aux effets néfastes du plastiques qui finissent dans l’océan. Donc le sport durable est bénéfique pour le bien-être de l’homme et son environnement. Nous avons plus que jamais le pouvoir de façonner l’environnement dans lequel nous vivons à travers nos actes. Alors choisissons le monde que nous voulons, comme disait Himoud Brahimi « Pour que notre planète continue à briller pour le firmament, afin de signifier la présence permanente de l’amour auprès de l’âme de chacun. Cet amour qui nous invite à protéger la planète, contre tous les loups féroces qui ravagent et déchiquettent les aspects les plus spectaculaires de la nature. Cet amour qui a fait de nous les héritiers d’Adam ». Auteure : Asmaa Mansour Mazroua

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Ecologie à l’Algérienne

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D’art et d’eau fraîche Ces réflexions qui font de l’art un quotidien, une routine dont on ne se lasse jamais ...


D’art et d’eau fraîche

LES CINÉ-CLUBS NOUS REGARDONS DONC NOUS SOMMES

Alors que les cinéphiles allaient à la Cinémathèque, le but affiché par le ministère et le CLA était d’effectuer le mouvement inverse en allant vers les villes et les quartiers pour élargir le public et former de nouveaux cinéphiles, à l’instar du “Cinépop” de René Vauthier, ces ciné-bus qui sillonnaient l’Algérie au lendemain de l’indépendance pour montrer des films jusque dans les villages les plus reculés. Durant l’âge d’or des ciné-clubs, on en comptait des douzaines à travers tout le territoire: Alger, Tizi- Ouzou, Tlemcen, Oran, Bejaia, Annaba, Constantine, Sidi Bel-Abbès, Aïn Beida, Médéa, Touggourt, Blida, Béchar, Kenadsa, Saïda, Tiaret, Frenda, ou encore Tissemsilt. Outre l’aspect social et divertissant de ceux-ci, on peut expliquer leur succès par le fait qu’ils constituaient un espace de débat public à un moment où la parole, politique notamment, était verrouillée. C’est sans doute cela aussi qui entraina leur déclin. C’était un espace de parole libre animé par des étudiants de tous bords, mais

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1) Historique des ciné-clubs en Algérie: les années 1970-1980 Les premiers ciné-clubs algériens ont vu le jour à la fin des années 1960, d’abord sous l’égide du ministre Benyahia, et surtout, grâce à l’initiative d’étudiants et d’employés de la Cinémathèque qui les ont crée et ont rapidement mis en place le Comité de liaison et d’action des ciné-clubs algériens (CLA). La Cinémathèque fournissait les films et gérait la logistique de leur distribution tandis que le CLA, soutenu par le ministère de l’Information et de la Culture disposait d’un budget pour faire des achats de films et de livres sur le cinéma (on parle d’une centaine de titres en une centaine d’exemplaires à l’époque) qui étaient ensuite distribués au différents cinéclubs.

comptant un certain nombre de gauchistes et un désir, de la part du parti unique, d’axer les programmations sur l’idéologie de celui-ci et d’endiguer le communisme. Mais ce sont surtout les bouleversements liés au contexte socio-économique du milieu des années 1980 qui emportent avec eux la plupart des salles de cinéma et amènent la décennie noire au début des années 1990, le repli sur le cercle familial et achèvent la sphère culturelle. 2) La nouvelle ère des Ciné-clubs Ce n’est donc pas un hasard si les ciné-clubs réapparaissent, certes pas aussi nombreux que leurs prédécesseurs, au début du nouveau millénaire (à l’exception notable de celui de Mascara, qui perdure depuis trente ans). Cette renaissance coïncide d’ailleurs avec l’émergence du numérique et toutes les implications pour le cinéma en général et pour les ciné-clubs en particuliers. En d’autres termes: il n’a jamais été aussi facile aujourd’hui de se procurer un film et de le diffuser publiquement. Cela signifie également que l’initiative peut venir des citoyens, comme c’était déjà le cas dans les années 1970, mais que cette fois elle peut plus ou moins se passer de l’aide de l’Etat.

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Selon Sonia Ahmou, monteuse et initiatrice d’un ciné-club à Tizi-Ouzou, le ciné- club a pour but de : « Réhabiliter les salles de cinéma abandonnées en s’y installant, rendre visible les films algériens auprès des Algériens, et créer un espace de liberté d’expression par le débat, idéalement entre le public et les cinéastes. » Son second point semble particulièrement intéressant, et on peut d’ailleurs se demander si l’Algérie ne se voit pas de futur parce qu’elle n’a pas de cinéma dans lequel se voir... Le problème est le même que celui soulevé à Hollywood depuis quelques années: il s’agit d’une problématique de représentation, non pas à l’échelle d’une minorité dans notre cas, mais de tout un pays, voire d’un continent. 3) Le ciné-club: un acte de création En effet, dans un monde où l’image est omniprésente, comment se concevoir en tant que société quand si peu d’images en existent et sont données à voir? Les ciné-clubs ontils donc comme devoir de montrer des films algériens et en particulier des productions contemporaines, qui sont peut-être les plus difficiles d’accès? Oui, sans aucun doute. Mais quand bien même ils remplissaient cette mission, reste un problème de taille, dans un pays grand comme l’Algérie. La question est Août • Septembre • Octobre 2019 - ineffable

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Quels sont donc les défis à relever aujourd’hui pour créer de nouveaux ciné-clubs et assurer la longévité de ceux qui existent? Les grandes problématiques les plus souvent soulevées par les animateurs et programmateurs sont d’abord d’ordre matériel: trouver un local et un équipement fonctionnel. Puis vient le problème de la nature des films à diffuser, qui peut d’ailleurs remettre en cause la vocation du ciné-club. En effet, la mission de celui-ci est-elle simplement de diffuser un film puis d’en parler, qu’il s’agisse du dernier Fast Furious ou de Citizen Kane? Ou est-ce de créer une culture cinématographique et donc de diffuser des films d’auteur parfois difficiles? Dans un pays où on compte encore très peu de salles de cinéma classiques alors que la demande pour les films grand public est importante, la question reste délicate.

de savoir qui fréquente les ciné-clubs. En 2017, on en recensait vingt sur tout le territoire: le doyen de Mascara, un à Constantine, Bordj Bou Arreridj, Tizi Ouzou, Tizi Rached, Amizour, Bouira et Tlemcen, deux à Sétif et à Annaba, trois à Béjaïa, et... pas moins de cinq à Alger. En d’autres termes, non seulement les ciné-clubs sont concentrés sur les grandes villes mais celles-ci peuvent aussi en concentrer plusieurs. Or l’accès à la culture est bien plus difficile dans les petites villes et en campagne que pour les citadins et c’est sans doute ces régions qui en ont le plus besoin pour changer de paradigme sociétal dans un pays où l’espace public est majoritairement le terrain des hommes. Un autre problème de taille concernant le public des ciné-club est bien là: est-il possible de réunir hommes et femmes autour d’un film partout en Algérie? La militante Nabila Djahnine avait fait abstraction de ce problème dans les années 1980 en créant des cinéclubs féminins. Mais combien de temps cette ségrégation culturelle des genres et des géographies peut-elle durer? On salue à ce propos la naissance récente du ciné-club de Fouka, dont la première projection a eu lieu en octobre 2019 dans un ancien cinéma de la ville.

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La mission la plus souvent citée des ciné-clubs est de former des cinéphiles, dont certains deviendront les grands réalisateurs algériens de demain. Mais outre l’apprentissage de la réflexion et la circulation des idées, qu’un club de lecture peut faire tout aussi bien, quelle est la vocation propre aux ciné-clubs? Regarder un film ensemble c’est s’identifier collectivement et simultanément aux personnages et à leurs aspirations; il permet donc de créer un lien entre les spectateurs mais aussi une projection collective hors de la réalité vers un imaginaire; celui du film en même temps que celui de la société, telle qu’elle pourrait être. Le débat qui s’en suit permet de verbaliser celui-ci et donc de commencer à le concrétiser puisqu’il n’est pas rare que les discours deviennent réalités. C’est sur ce même mode que se construisent les nouveaux imaginaires sociaux et politiques. En d’autres termes, la vocation du ciné-club est aussi culturelle que sociale en ce qu’il rassemble des membres de la société et permet de l’imaginer autrement, donc de la créer. C’est pourquoi il est important que le plus grand nombre possible y participe. Autrement son impact restera limité. Mais malgré ses limitations actuelles et à l’heure où on compte encore peu d’endroits et d’évènements où tout.e.s les algérien.ne.s peuvent se retrouver ensemble hors du cadre familial et se parler, les ciné-clubs font figure d’exception. Qu’il soit conçu comme lieu, évènement ou concept, le ciné-club est avant tout un acte citoyen, par et pour les citoyens, motivé.e.s par le désir de voir des films et de rencontrer son prochain. Mohamed Elkeurti, le fondateur du ciné-club de Mascara disait à propos son activité pendant la décennie noire: « Il y avait des explosions dehors, mais hors de question d’arrêter. On faisait notre projection avec débat, on avait un public fidèle. C’était une manière de continuer à exister. » Au risque de déformer disgracieusement un adage cartésien bien connu: nous regardons ensemble, donc nous sommes. Auteure : Sarah Ben Amar

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DERB CINÉMA J’avais trente ans, un peu plus de trente ans quand, pour la première fois, je connus l’Algérie, où j’ai tourné mon premier film. Le pays de mes parents, de mes grands parents et, en outre, mon pays. La deuxième fois, fut il y a un an. C’était un mercredi soir, en rentrant à mon domicile, à Marseille, rue Marx Dormoy, je consultais ma boite e-mail, J’y ai trouvé un nouveau message, inopiné, à première vue, provenant d’une adresse inconnue : « nadir-benhamed@quelquechose.com ». L’objet du mail était : « Derb Cinéma, invitation à Tlemcen ». Mais, qui est ce Nadir Benhamed ? Me disais-je une seconde, et ce Derb Cinéma ? Je me suis assis, et j’ai vite ouvert le mail :

Bonjour Monsieur Mabrouk Mouffak, Je me présente, je suis Nadir Benhamed, un membre de l’association La Grande Maison de Dib, située à Tlemcen. Je dirige un Ciné-club « Derb Cinéma », faisant partie de l’atelier cinéma de l’association La Grande Maison. Chaque mois, on projette des films, qui conviennent aux différentes thématiques auxquelles Mohammed Dib s’est penché, tout le long de son œuvre. À cet égard, on prévoit de passer votre long métrage « Ouled El Kalâa », qui est un documentaire sur le patrimoine matériel de la Wilaya de M’Sila, à travers l’histoire ; une ville dont vous êtes originaire justement. Cela, correspond idéalement au thème des villes, qui se distingue couramment dans ses livres, pendant ou après le colonialisme, à l’exemple de « Tlemcen ou les lieux de l’écriture ». Pour cela, j’ai l’honneur de vous inviter, Monsieur Mabrouk, à notre ciné-club, faire la promotion de votre film, assister au débat, et nous faire profiter de votre expérience pendant le tournage. Répondez-moi dès que possible, et on fixera une date prochainement. Cordialement.

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J’eus un peu de surprise en premier lieu. Je ne sais pas par quel truchement mon film a pu arriver jusqu’aux mains de ce Nadir (une question que je n’ai pas posé), puisque depuis son lancement, peu de cinéphiles le connaissaient, peu de gens m’en parlaient ; quelques amis peut-être ; des voisins et un quarteron de personnes de M’Sila. Il déambulait incognito sur le marché du cinéma, depuis un plus de cinq ans, excepté une discrète tournée en France. J’ai décidé de répondre à Nadir et lui témoigner tout mon intérêt, celui d’aller à Tlemcen présenter mon film, partager mon expérience de réalisateur, et peut-être même quelques secrets du tournage et de la réalisation avec ces jeunes adorateurs du cinéma. Ma femme fut séduite par l’idée de m’accompagner, mais cela ne put se concrétiser, elle ne pouvait pas bénéficier d’un congé. Je suis parti seul alors. Voici donc que les hasards me jetèrent en Algérie, une seconde fois. De Tlemcen, je n’avais qu’une image brève et ingénue, aux ornements balourds. Les générations se mêlaient, se heurtaient dans mon esprit en un mélange folklorique, inextricable, et un quiproquo rocambolesque : je voyais, en désordre, des soldats français envahissant la ville au milieu du dix-neuvième, un petit orchestre de musique andalouse, ou des ottomans occupant Tlemcen à une période, incertaine, avant le colonialisme ? Tout ça ne rimait à rien. En arrivant, je pris conscience que je ne connaissais pas Tlemcen. Je ne savais finalement que trois ou quatre choses, qu’elle s’écrivait sans e entre le t et le l, qu’elle a été la capitale des Zianides à une époque, qu’elle est la ville de l’art andalou et de Mohammed Dib. (À vrai dire, je connaissais aussi le nom de Messali Hadj, un homme politique algérien, d’où l’appellation de l’aéroport Messali Hadj, écrit sur mon billet d’avion). C’est donc, par ce pionnier du mouvement d’indépendance d’Algérie que je fus aussitôt accueilli à peine l’atterrissage achevé, et après par Nadir. Tous Août • Septembre • Octobre 2019 - ineffable

les deux, on fit connaissance. Sur notre chemin vers l’hôtel, il m’a parlé de l’association et de Derb Cinéma. Ma première visite d’une ville de l’ouest a donc été Tlemcen, que j’ai visité dans ses moindres recoins. J’y suis resté quatre jours en tout, un voyage court, peut-être, mais aussi amusant que profitable. Arrivé un mardi 18 à Tlemcen, je logeais dans un hôtel de la ville. La projection était prévue pour le jeudi 20 septembre, ce qui me donna le temps d’en découvrir davantage. Je suis parti voir plusieurs lieux mythiques : Mansourah, Agadir, Béni Boublen, Lalla Setti -le centreville de Tlemcen-, le palais El Mechouar où se trouvait le siège de l’association « La Grande Maison» ; grand palais autrefois construit par les Zianides. Mes recherches sur le net m’ont permis d’apprendre un peu plus sur cette association qui fonctionne depuis le début des années 2000, sous la direction de Madame Benmansour, amie de Mohammed Dib.

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Le soir de la projection arriva, je me revois à l’entrée de la cinémathèque, sur les escaliers, où je fus captivé par la fermeté d’une grande muraille, juste en face de moi, celle d’El Mechouar. À chaque fois que l’on se rend dans de telles bâtisses qu’on se mette à inventer des scènes de l’époque, on revoit des esclaves zianides dans une carrière de latérite, édifiant cette clôture, des gardes du palais, en haut de ce rempart, surveillant l’étendue de la région. Me voici entré à la cinémathèque «Djamel-Eddine Chanderli» ; anciennement connue sous le nom du « cinéma Colisée » ; baptisée récemment sous le nom de ce cinéaste révolutionnaire, dont je connaissais déjà quelques travaux, réalisés avec Lakhdar Hamina, pendant la révolution. Arrivé un peu avant le début de la projection, je fis la connaissance du directeur de la cinémathèque « Jafar » qui me fit visiter les lieux. La salle de projection se développe sur deux niveaux. En bas, plusieurs rangées de fauteuils sont aménagés des deux côtés de la salle et au milieu, une allée, qui mène jusqu’à l’estrade. À l’entrée se trouvent deux escaliers de part et d’autre, permettant d’accéder à l’étage. Enfin, au sous-sol, un long couloir, non éclairé -du moins ce jour là- nous menait en fin aux coulisses. Des fauteuils noirs étaient posés à l’intérieur de la pièce. Nadir, Younes, Amina, Mehdi, Amine, Massilia, Abdelkrim, Amine, Sabri, Linda, Halim, Leila, Chakib, Youcef, Djelloul…et bien d’autres, la voici la troupe, le comité, l’escouade de Derb Cinéma. Ces jeunes, principaux acteurs des salles obscures, arrivaient souvent à emplir l’endroit. Cela s’est réalisé en multipliant leurs efforts, en promouvant le domaine dibien et le cinéma en général à travers le grand écran. Derb est une appellation inspirée de Derb Sidi Hamed, lieu qui abrite la cinémathèque. C’est un mot emprunté à l’arabe qui veut dire ruelles très étroites et sinueuses serpentant à travers les quartiers de l’ancienne ville, tel que l’a décrit Mohammed Dib. Derb Messoufa, un des lieux célèbres de l’œuvre dibienne, tout comme Rhiba, Bab Zir, etc. dont on n’est pas loin, en partant de la cinémathèque ; ou

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encore le café Roumana (anciennement café maure), une de ces tavernes souvent décrites dans La grande maison et dans L’incendie. Ces jeunes cinéphiles choisissaient pour chaque mois une thématique, inspirée de l’œuvre dibienne. Ce mois était consacré au thème de la ville. Avant cela, il y a eu : l’altérité, la langue, la femme, l’exil, l’identité, les valeurs et la condition humaine. Petit à petit, la salle s’était remplie pour atteindre les deux cents spectateurs. C’était à 21h que commençait la séance. J’ai parlé tout au début, brièvement du sujet du film, de l’affection qu’avaient mes parents pour la Wilaya de M’Sila, et que cela avait fini par me marquer aussi, et que c’était grâce à leurs somptueuses descriptions que j’avais décidé de m’y consacrer, de me lancer dans de profondes recherches sur l’ensemble du patrimoine matériel de cette région, et surtout de la relation qu’entretiennent les jeunes avec ce patrimoine. À la fin du film, après les 86 minutes de visionnement, Nadir m’invita une nouvelle fois à le rejoindre sur l’estrade. Place au débat. Je me souviens un peu des questions qui m’ont été posées. Les critiques portaient beaucoup plus sur certaines limites qu’avait le film, puisque tous les monuments avaient une relation avec les autres villes et peut être qu’une liaison plus élaborée aurait été meilleure, d’un point de vue historique, puisque des témoignages dans le film affirmaient ces relations. J’étais d’accord, mais je n’avais pas le budget pour cela. C’est pourquoi je m’étais contenté d’un minimum, donc de la région de M’Sila. La durée du tournage s’était étalée sur plusieurs jours, précisais-je. J’avais parlé des gens qui m’ont aidé, des amateurs de cinéma à M’Sila et d’un ami à moi de Marseille, qui m’avait accompagné lors du projet. On m’a parlé de la bande-son du film, j’avais donc expliqué que c’était un mélange de folk Chaoui et de musique kabyle. Le public m’a fait beaucoup de compliments sur la réalisation. Sur ces dernières phrases, « On vous invite à tourner un film à Tlemcen, sur son patrimoine », qu’on a clôturé la séance. Août • Septembre • Octobre 2019 - ineffable


Sur le chemin du retour, je n’arrêtais pas de prétexter un éventuel retour à Tlemcen, m’efforçant de trouver une idée de film, et en l’occurrence, « pourquoi ne pas commencer un film biographique sur Mohammed Dib à l’occasion du centenaire de sa naissance ? », me demandais-je, « sauf qu’il me faut beaucoup plus d’argent et d’acteurs », ajoutais-je, « Il me faut écrire le scénario ». Mais sinon, ce n’était pas si difficile, puisque j’avais déjà une équipe sur place, motivée et prête à m’aider, pour mener à bout ma nouvelle résolution. Auteur : Kheireddine Malti

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KHAMSA FI ALL SEEING EYE5 Le seul moyen de se protéger contre les excès de nos sociétés modernes est d’y prendre une part active.

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“Yeah, yeah, yeah, yeah, soldier’s DNA” – Kendrick Lamar

Français d’origine algérienne. Musulman arabo-berbère en Occident laïque. Ma culture de la citoyenneté a fait de moi un citoyen de cultures ; ou une connerie de ce genre. Un être d’hybridité chez qui on trouve toujours une mauvaise raison de ne tolérer aucun des brins de son ADN, pourtant si délicatement torsadés en hélice : un peu comme le fuselage d’un missile. Parce qu’il n’est question que de Guerre et de Paix. Celles des Hommes et de l’Histoire ; celles de l’homme et de son histoire. De ces identités qui cherchent à prendre le dessus en récusant les autres qui chercheront à reprendre le dessus en récusant les autres. Ces luttes infinies de l’esprit et de l’âme des individus de double culture, chez qui il est essentiel d’être surarmé de part et d’autre des tranchées, pour négocier un armistice qui ne soit pas la capitulation d’un des camps. C’est tout ce dont témoigne mes oeuvres. J’ai fait le choix de transformer le no man’s land hanté par les nécroses et névroses de tout un héritage, à la fois culturel, familial et sociétal, en un carrefour où l’on ne parviendra plus à distinguer qui est qui dans la foule. Ainsi, les influences et courants sont métissés dans mon travail. On peut y retrouver de la calligraphie arabe, du tag, du mandala, mais aussi de la littérature et des mathématiques. Une dimension à la fois mystique et spirituel, mais également urbaine et contemporaine. Le tout sans qu’à aucun moment une influence domine les autres, et sans que ce ne soit non plus une simple juxtaposition, mais plutôt un agrégat qui donne naissance à une matière inédite. Plusieurs questions se posent alors: est-ce la culture qui m’a permis

d’atteindre cet équilibre intérieur et, dans le prolongement, artistique? Ou bien, est-ce l’exercice de ma citoyenneté qui m’y a aidé ? La réponse est, bien entendu : les deux. Un cauchemar imbriqué dans un autre

La culture sans la citoyenneté c’est de la propagande. La citoyenneté sans la culture c’est la dictature. Ces deux notions sont si liées qu’en se battant pour la juste et honnête existence de l’une, on se bat nécessairement pour l’autre. Surtout en Algérie. Surtout maintenant. Que ce soit par les drapeaux, par les chants qui retentissent chaque vendredi dans les rues des grandes villes, ainsi que par les pancartes que brandissent les manifestants, Culture et Citoyenneté ne font qu’un. Les algériens ont choisi la poésie, l’humour, la musique, le dessin et la peinture pour revendiquer leurs droits de citoyens. Cela me fait penser à une phrase de Robert Filliou qui disait: «L’Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art.» Je crois que c’est la philosophie du peuple algérien depuis toujours, pour qui l’Art est avant tout un prétexte pour rapprocher les Hommes. Je m’inscris d’autant plus dans cette philosophie que, moi non plus, je ne saurais dissocier mes oeuvres d’une revendication citoyenne pour plus de justice sociale, d’ouverture et de tolérance. C’est pour ces raisons que j’ai tenu à participer, à mon humble échelle, à la vie artistique et culturelle de l’Algérie via le magazine Ineffable, en espérant créer des ponts entre deux peuples qui sont actuellement engagés pour retrouver une part de dignité. Ponts que l’on torsadera délicatement en hélices s’il le faut.



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LA RICHESSE DU PATRIMOINE ET LA FUSION DES CULTURES RACONTÉES PAR FAB En sillonnant l’Algérie d’est en ouest et du nord au sud, on s’aperçoit que les tenues traditionnelles varient d’une région l’autre, symboles d’Histoire et d’héritage culturel. Pour mieux parler de cela, nous sommes allés à la rencontre d’une femme passionnée par l’Histoire de l’Algérie et de sa diversité culturelle. Une femme qui œuvre pour la valorisation du patrimoine. Mme Faiza Antri Bouzar est une femme entrepreneure qui tient une maison de couture sur Alger où elle nous accorde un entretien des plus captivants. Pour commencer, racontez-nous l’histoire de FAB créations ? La maison FAB créée en 2009, existe depuis dix ans maintenant. Une belle décennie de travail laborieux que nous avons fêtée en Mai dernier à l’occasion du défilé de la dernière collection De l’Antiquité Algérienne. Depuis son lancement, FAB création s’engage à sortir une collection par an : les thèmes s’inspirent de notre Histoire qui est, à mes yeux, l’embrassement de plusieurs cultures. .Pouvez-vous nous dire comment vous est venue l’idée de changer de carrière professionnelle et vous lancer dans la haute couture ? Je n’appellerais pas ça un changement de carrière, étant donné qu’avant de me lancer dans la haute couture j’étais créatrice de bijoux. J’ai même sorti plusieurs collections dont Secret d’Antan en 2008, et je continue toujours à le faire d’ailleurs. La couture était plutôt un nouveau défi à relever afin de redonner un souffle à la tenue traditionnelle algérienne, la réinventer pour la présenter au monde entier.

artistique. Il y a aussi Jean Paul Gaultier pour le coté mode et tendance, il nous envoute à chaque fois avec ses créations. Dans le domaine de l’entreprenariat, Oprah Winfrey m’a beaucoup influencée étant donné que c’est une femme de couleur née pendant la période de la ségrégation. Elle a osé et accompli beaucoup de choses aux USA. D’autres artistes telles qu’Oum kalthoum qui a révolutionné la musique arabe « ‫ » الطرب‬et a su s’imposer autant que diva durant les années 20 et 30 ; et notre diva Warda qui a chanté durant une période qui n’était pas évidente pour les femmes chanteuses.

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Quelles sont les personnalités algériennes et internationales qui vous influencent ? J’ai toujours été influencée par Coco Chanel, tout d’abord parce que c’est une femme, et puis parcequ’elle a réalisé des choses dans la mode à une époque où la femme avait un rôle réduit dans la société. Chanel a libéré la femme des tenues inconfortables en créant des vêtements plus pratiques et a lancé la mode de la petite robe noire. Je citerais également le grand couturier Christian Lacroix qui est aussi costumier pour le théâtre et qui m’inspire dans le volet

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Quelles sont les sources d’inspiration pour FAB ? Tout est source d’inspiration pour moi. L’Histoire d’abord, que je redécouvre dans les musées, mais aussi tous les arts : cinéma, chant, poésie…Mais je dirais que l’inspiration ne se décide pas, c’est elle vient vers nous. Dans mes créations je cherche souvent des figures féminines algériennes, à titre d’exemple pour ma dernière collection le personnage qui m’a inspirée fût Cléopâtre Séléné. Pour être sûre que mon message passe, j’ai préféré nommer la collection De l’antiquité Algérienne : Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre VII – reine d’Egypte -, était l’épouse de Juba II autrefois roi berbère de la Maurétanie. elle est enterrée à Caesareal’actuelle Cherchell, une ville antique du patrimoine algérien. Je suis tellement fan qu’il est important pour moi d’en parler, car cela fait partie de mon combat pour que notre patrimoine soit protégé. C’est d’ailleurs pour cela qu’on devrait valoriser les archéologues et anthropologues, afin de mieux faire connaitre notre Histoire. Selon vous, quelle place occupe la haute couture au sein du patrimoine algérien ? D’abord, je vais parler de mode qui englobe plus de choses car c’est un univers où l’on peut collaborer avec le patrimoine (musées, sites historiques…) ; l’artisanat qui inclue artisans et chambre de l’artisanat ; ainsi que le principeAoût • Septembre • Octobre 2019 - ineffable

même de la mode qu’est l’événementiel. On collabore aussi avec les arts (théâtre, cinéma, chant) vu qu’on habille des acteurs et des chanteurs. Enfin, le paramètre le plus important : l’économie qui engendre la création de marques de prêt à porter donc, par la même occasion, la création de l’emploi. Ce qu’il faut savoir, c’est que pour s’habiller il faut des ateliers et des usines avec un personnel bien formé en piquage, car jusqu’à présent il n’y a pas de machines en couture qui fonctionnent indépendamment de l’Homme – et Dieu merci –. A notre niveau, dans l’artisanat, on a 5% de travail à la machine, le reste est fait à la main. Mais dans la mode, particulièrement le prêt-à-porter, il est nécessaire d’avoir des machines industrielles manipulées par des ouvriers. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’on n’exige pas un niveau d’étude élevé pour travailler dans ces métiers, et pouvoir être embauché dès le jeune âge. C’est en développant cela que nous pourrons nous habiller algérien. Je me souviens qu’une fois en regardant la télévision je suis tombée sur une interview de Ben Aflek, il disait : « I’m happy, God thanks I have a job. » Il est important de valoriser le travail et j’ajouterais qu’il est temps de se pencher sur la formation de personnel qualifié dans les métiers de la mode et de combler l’énorme vide dans ce domaine.

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Vous faites connaitre la culture algérienne à travers vos voyages et votre participation à plusieurs Fashion Weeks, quel réel impact y voyez-vous ? C’est avant tout de faire connaitre l’Algérie, un pays parfois méconnu de la scène internationale. Secondo, les algériens doivent croire en leur potentiel, et se dire qu’on peut aller à l’international, mais cela implique énormément de rigueur et d’exigence. A chaque collection, on voit des tenues aux couleurs du drapeau algérien, quel message voulez vous transmettre ? C’est la première fois que je fais une tenue avec le drapeau algérien. D’habitude, la couleur rouge est présente à chaque fois mais je ne saurais vous dire si c’est fait consciemment ou non . Cette fois-ci c’est particulier, 2019 est l’année de l’Algérie. On est fier de notre pays et du mouvement prôné par la jeunesse. Jeunesse en laquelle je crois, on est dans une culture qui valorise énormément les ainés, qui voue un respect sans borne aux aïeux, au point de les aduler. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, mais je pense qu’on tombe dans l’excès. On dénigre cette jeunesse qui a su nous prouver qu’elle était capable de civisme, de politesse, d’éducation ; je crois en eux et je n’aime pas qu’on les casse dans leur élan. D’après vous qu’est ce qui fait la distinction de votre travail ? Ma recherche dans le patrimoine associée à l’innovation. J’essaye toujours de faire quelque chose de nouveau tout en restant fidèle, donc innover en permanence en m’efforçant de bien comprendre et bien maitriser le vêtement et en collaborant avec des gens des différentes régions du pays. Je suis très motivée par la valorisation du travail fait à la main, des artisans autant qu’individus et autant que corps de métier, des femmes que j’encourage à travailler ; c’est tout un engagement. Pour parler de l’Algérie et de son Histoire à ses différentes époques, j’ai fait dans l’authenticité cette année . En 2016, c’était Alger l’Authentique c’est-à-dire le Karakou qui est du XIXème siècle. En 2017 : Venise, les portes de l’Orient inspirée de la renaissance

correspondant au XVème et XVIème siècles durant lesquels l’Algérie, ottomane en cette époque, entretenait de forts échanges avec l’Europe par l’intermédiaire de Venise ; ce qui m’a permis de faire voyager le karakou. La collection de 2015 se nommait De l’Andalousie à Rûmi rendant hommage à l’époque des XIIème et XIIIème siècles. Tout ce travail est un voyage dans l’univers et le temps pour pouvoir dire que l’Algérie est riche et les gens doivent prendre conscience de ce point très important. .Quels sont les futurs projets de FAB ? Continuer d’exister vu la situation économique très compliquée. Résister, chose qui n’est pas simple, et essayer de répondre aux besoins de la communauté algérienne partout dans le monde. Pour finir, quels conseils donneriez vous à la nouvelle génération ? Je lui dis de bien se former, d’écouter les ainés mais de croire en elle-même. Toujours se dire : « c’est mon pays, c’est mon avenir, je prends les choses en main. » Août • Septembre • Octobre 2019 - ineffable


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@Sklom, Constantine, AlgĂŠrie


D’art et d’eau fraîche

LE CALLIGRAFFITI MARIAGE DE L’IDENTITÉ ANCESTRALE ET DU MOUVEMENT CONTEMPORAIN Depuis quelques années, un nouveau phénomène est apparu dans la culture urbaine. Il prend ses racines dans le patrimoine culturel et s’immerge dans la modernité. Ce mouvement s’appelle le calligraffiti, vous avez surement vu ou entendu parler de ce dernier. Alors qu’est-ce que le Calligraffiti ? « Le Calligrafitti : c’est mixer la calligraphie (arabe/orientale) avec le street graffiti (tags). » El Seed – Poptech 2011 Un trait, plusieurs supports. La calligraphie existe depuis les temps anciens, mais cette nouvelle dimension urbaine qu’elle prend, permet de véhiculer des messages et des idées sociaux, culturels ou politiques, qui naissent, comme dans la calligraphie traditionnelle, sur un papier, une toile, ou même sur un écran digital, pour se poser ensuite sur un mur, dans l’espace urbain. Ce nouveau support représente un défi technique ; le processus pour créer des toiles ne peut être appliquer à un mur. C’est donc une prouesse de la part des « calligraffeurs ». Mais c’est aussi une révolution ; s’approprier des espaces urbains, qui n’étaient pas programmés pour accueillir cet art, s’imposer pour lui offrir une place qui ne lui était à la base pas destinée, les artistes ont pu finalement intégrer des valeurs officieuses à un système officiel.

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« Perception » : œuvre conçue par El Seed au Caire, Egypte.

Le Calligraffiti dans le monde : Tout d’abord, il faut préciser que plusieurs langues sont utilisées dans la calligraphie. Cela implique que, d’une part cet art est universel et permet de promouvoir la diversité culturelle, d’autre part, vu que chaque toile répond à certains critères imposés par la langue et sa syntaxe, le résultat est forcement des oeuvres uniques. Donc, bien que toutes les œuvres se ressemblent d’un point de vue méthodologique (unité dans le mouvement), chacune diffère des autres par sa dimension conceptuelle (unicité dans l’œuvre). Les deux travaux de Said Dokins à Mexico illustrent bien ce phénomène. Des noms comme El Seed, Soklak, Zepha, Said Dokins, Cryptik ou Pokras Lampas sont des maestros dans le domaine de l’art

calligraphique. Ce mouvement se démocratise pour permettre a des talents d’exprimer un vécu propre, défendre une idée ou même en faire une carrière; sachant qu’une toile réalisée par l’un de ces artistes peut atteindre jusqu’à 20 000 $. Mais cette calligraphie urbaine, ce n’est pas uniquement de l’écriture, demander à ces impressionnistes de l’écriture et ils vous répondront que leurs travaux portent plus sur l’émotion ressentie et le message, qu’ils n’ont pas réellement de valeur physique.

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L’Algérie, à la recherche d’une identité à travers le Calligraffiti : Il suffit de scroller sur Instagram à travers les pages consacrées à cet art pour trouver la plupart des étoiles montantes comme LMNT, Mims ou Cirtik. Des jeunes de tout le territoire national tel que Sadiktatur, Kurt Latif ou Sklom commencent à avoir une certaine notoriété. Tous, armés de leurs markers et pinceaux, errent dans les rues des villes à la recherche d’inspiration et de contexte urbain à marquer de leurs empreintes. Comme l’explique très bien Kurt Latif « Il faut être proche du peuple car la matière première d’inspiration se trouve dans les lieux populaires, le marché par exemple. » Certes, c’est devenu un mouvement « hype » dans la culture populaire, mais au-delà, c’est surtout un moyen d’exprimer une identité propre, et un témoin de la diversité culturelle des jeunes, entre arabe, amazigh et même occidentale. C’est une façon d’englober tout cela dans un cocktail pour affirmer un esprit algérien à leur manière. Auteur : Boukhenane Moncef

Racontarts 2018 : Œuvre conçue par LMNT à Tizi Ouzou , Algérie.

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Table de Chevet Pourquoi les mots de ces êtres : romanciers, poètes, dramaturges..., comme venus d’un autre monde, nous touche à ce point ? Comment arrive-t-il à décrire l’ineffable ?


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RETOUR SUR LA RENCONTRE AVEC ABDELMADJID KAOUAH

POUR UNE ANTHOLOGIE DE LA POÉSIE ALGÉRIENNE FRANCOPHONE Le Mercredi 11 septembre 2019, s’est tenue dans un café-shop, Beehome, une rencontre littéraire dont l’invité était le poète et journaliste algérien Abdelmadjid Kaouh. Abdelmadjid Kaouah, né à AïnTaya -Alger-, en 1950, pendant la colonisation française. Il est poète francophone, mais aussi correspondant et collaborateur de plusieurs titres algériens : Révolution Africaine, Le Soir d’Algérie, Horizons, Le quotidien d’Oran, Algérie News et plus récemment Reporters.dz. Après l’assassinat de ses deux confrères Tahar Djaout et Youcef Sebti en 1993, le poète s’est exilé à Toulouse (France). Lors de cette rencontre, Abdelmadjid Kaouah a présenté son texte publié aux éditions Points, en 2012, intitulé : Quand la nuit se brise : Anthologie de poésie algérienne, autour duquel l’écrivain revient sur l’histoire de la poésie algérienne. Une poésie tissée ainsi un tapis traditionnel, scintillante et apaisante. Mais aussi, une poésie, qui a longtemps accompagné les douleurs et les maux d’algériens, et cela lorsque le pays passait d’une guerre à une autre. Abdelmadjid Kaouah, retourne sur le sillon des poètes algériens, évoquant ainsi : Kateb Yacine, Jean Amrouche, Rachid Boudjedra. Mais aussi, d’autres dont les noms ne font plus écho aujourd’hui. Mais qui, pourtant, ont œuvré à une poésie algérienne engagée, tels Jean Sénac ou Anna Greki. Le poète mesure l’étendue de l’importante du genre poétique au-devant de la scène littéraire. Expliquant ainsi que l’Algérie a un patrimoine riche en littérature orale, et que certains ont pu conserver, grâce à une transmission générationnelle.

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Ainsi, pendant deux heures de débat littéraire, le public a pu exposer ses réflexions et ses préoccupations, notamment concernant l’état actuel du pays. La rencontre s’est clôturée par une lecture magistrale de divers poèmes et cela par le poète lui-même. Nous retiendrons alors la lecture du poème de Rachid Boudjdra intitulé : « Le café » tiré de son recueil poétique Pour ne plus rêver publié aux Editions Nationales Algériennes en 1965. Ou encore de son propre poème : « Un peu de toutes les mémoires » faisant partie des quarante autres poèmes, tous écrits entre 1972 et 2014, regroupés dans un recueil titré : Que pèse une vitre qu’on brise, publié aux éditions Arak . Dans « Un peu de toutes les mémoires », le poète évoque le désir d’écrire, le comparant au désir des amitiés. Il parle du désespoir, de ces gens qui œuvrent à préserver le bien-être d’une société par des moyens tels que l’oralité. Au fil du poème, il y a une sorte de douleur collective qui éclot et pèse en chacun. Parlant ainsi de l’errance où il dit: «Quelque chose qui a craqué dans le noir de tes yeux ». Si nous devions retenir une seule chose de cette rencontre, ce serait la suivante : La poésie est le récit d’une société, elle est également son essence. Lorsque tout va mal, le poète pose des mots sur les maux de sa société. Il est ainsi un peintre qui trempe son pinceau dans sa palette et fait jaillir son tableau. De même, le poète trempe dans son encre afin de faire jaillir les mots par les maux. Marwa Larbi Benhora.

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THE ENGAGEMENT OF LAGHOUAT’S PUBLIC LIBRARY IN BRINGING INDIVIDUALS AND CULTURE TOGETHER

laghoua, 1947, le centre de la ville det la palmeraie



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THE ENGAGEMENT OF LAGHOUAT’S PUBLIC

LIBRARY IN BRINGING INDIVIDUALS AND CULTURE TOGETHER There are various mediums and institutions that allow people to access culture and knowledge, and enable them to deepen their intellectual aptitudes as well as spiritual intelligence. They also help the individuals enrich the already existing cultural heritage by guiding them into taking initiatives to create and promote cultural productions through different ingenious ways. Among these mediums or rather institutions are the public libraries which offer generous access to culture along with the means and instruments necessary for their members to take an active role in its creation and transmission. And the public library of Laghouat is no stranger to this practice and notion as it aspires to make the inhabitants of the city more than mere passive readers of the books it offers admission to.

Mohamed Akif, a specialized librarian working in the institution, has stated that ever since it was inaugurated in 2011, it has always offered a calm space for reading the variety of books it includes and lends. The library, meanwhile, has organized seminars on diverse themes that pertain to culture in a broad way and to reading in a particular way, like the one set in 2013, which aimed to remind people of the importance of reading, and how the establishment exists to fulfill their right to access culture and wisdom. The institution proposes numerous workshops that inspire and motivate participants to create and to converse too. It holds a periodic workshop that consists in inviting

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Graffyc Foto

Situated in a reachable and open location near the central university, the public library of Laghouat leaves first of all an aesthetic impression on the visitor; its entrance hall contains a beautiful and remarkable exposition of books, publications and paintings that represent the Wilaya along with the other parts of Algeria.

writers to discuss their publications as well as other subjects with readers, making it thus possible for ordinary people to interact with art creators, and with each other, on cultural subjects. Additionally, it gives special attention to children and younger individuals by organizing activities that would encourage and shape their artistic and creative development. Among these activities, Mohamed Akif the librarian says, there is reading and writing contests. The former encourages reading the highest possible number of books, while the latter aims at discovering hidden talents to whom advices, feedback and material assistance are given so they can produce more literary works. Indeed the library had discovered and promoted rising talents like the young student Roumissa Ben Zayed, who is now a published young writer and a citizen actively involved in the cultural world thanks, in large part, to Laghouat’s public library’s support and dedication.

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Another activity the establishment arranges is providing a platform for orators, who come and tell Algerian traditional oral stories to children. Thus, giving a new life to oral traditions and bringing kids together to share and discuss, later on, the same stories they have listened to. This form of interaction around a story belonging to the cultural heritage of the country makes it possible for the local identity to be preserved and to pass on from generation to another. The library includes citizens in the diffusion and spread of culture by supporting and associating with other events or institutions like the regional institute of musical training.

It also provides a space for different clubs to carry their activities like reading clubs. “Tanwin” is one of these clubs; the members meet to discuss books they are reading. The public library of Laghouat has proved its position as a space that provides all the citizens access to culture, in addition to means they can use to become actively involved in the creation and the diffusion of culture in general and reading in particular. And hopefully, more people from our society will join in the cultural scene and take the chances institutions like the libraries offer. Author: Saliha Haddad

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SILA - RENTRÉE LITTÉRAIRE 2019 Le Salon international du livre d’Alger - SILA - est le plus grand événement littéraire en Algérie et probablement le salon qui fédère le plus de monde. Avec le nombre important de visiteurs et la quantité impressionnante des livres présents, souvent, on ne sait pas où donner de la tête. C’est pour cela qu’on vous présente ici une sélection de nouveautés dans le genre romanesque pour cette rentrée littéraire 2019.

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1. Les fleuves impassibles - Akram El Kébir L’histoire commence à Oran, quand un jeune de vingt-quatre ans tente un jour la Harga, mais d’une manière peu commune. Il décide de détourner un bateau-taxi, qui faisait la navette quotidienne entre Oran et Aïn-El-Turk, pour mettre le cap sur les côtes ibériques. C’est avec ses amis qu’il entreprend cette aventure mais encore faut-il faire face à l’équipage et aux passagers. Des débats passionnés s’engageront alors, dans une sorte d’Assemblée citoyenne improvisée, où tous les sujets touchant la société sont abordés. À tout cela, vient se mêler une histoire d’amour. APIC edition Prix : 700 Da

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2. Aux portes de Cirta - Mohamed Abdallah Un voyage dans le temps et l’espace que nous propose Mohamed Abdallah à travers les histoires très personnelles des personnages dans lesquelles on pourrait se voir, en vue de découvrir les origines de l’Algérie. L’auteur mêle son imagination féconde à sa passion pour l’Histoire, pour mettre en image et en mouvement l’épopée d’une figure emblématique de l’Algérie millénaire : l’Aguelid Massinissa. Casbah edition Prix : 850 Da

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L’histoire se déroule dans la région natale de l’auteur, à cheval sur l’Atlas saharien et le Sahara, aux Zibans. C’est dans le contexte culturel de la région, qu’Abdelaziz Grine raconte l’histoire d’un homme, Kaddour, indifférent à présent, arme à la main. Casbah edition Prix : 800 Da

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4. Berbères - L’invasion des Massaeyles. Mourad Chetti Un roman historique basé sur le personnage de Massinissa. Il naît à la fin de la révolte des berbères contre Carthage et lors de la conquête de l’Ibérie par le général carthaginois Abdmelkart Barak. Dans un contexte historique de guerre contre Rome, qui veut s’emparer des terres africaines, le jeune Massinissa s’initie à la vie et à l’art de la guerre. Il se prépare au rôle héroïque qui le hissera à la place éminente qui est la sienne dans la tumultueuse et glorieuse histoire des grands igelliden berbères. Casbah edition Prix : 850 Da

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5. Alter ego - Hanane Bouraï C’est l’histoire de deux soeurs ayant fait deux choix de vie complètement différents, Ayla, étoile montante de la scène artistique du pays, a choisi sa propre voie, mais s’est retrouvée victime d’une société difficile. Tandis qu’Aylin, a choisi le bonheur de contenter sa société à défaut d’avoir trouvé le sien. Ces deux vies placées aux antipodes l’une de l’autre, Ayla l’écorchée vive les raconte dans un soliloque haletant. La coexistence devient chose impossible à admettre. Le risque semble inévitable : seule l’une des deux survivra. APIC editions Prix : 500 Da

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6. La robe blanche de Barkahoum - Farida Saffidine Barkahoum est le prénom de cette femme, née dans une famille de dix enfants, sept filles et trois garçons. Prénom donné à l’enfant non désiré, car dans la superstition algérienne, cela préviendra l’avènement d’autres filles. Détestée, elle se bat pour se faire une place à la maison, une place dans la vie. Casbah edition Prix : 700 Da

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À découvrir au Salon International du Livre d’Alger - SILA 2019 Notre rédactrice Gouga Radia Rodesli a publié sa premiére série de livres, inspirée du patrimoine culturel constantinois Maison d’édition : Les trésors de Jughurta Couvertures : Tableaux de l’artiste peintre Ichrak Nayma.

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Ineffable Magazine I N°10 I ISSN : 2602-6562 www.ineffable-dz.art


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