TRIENT
A Rambert, l’eau de pluie est stockée dans des citernes. A Orny, une partie est pompée dans un lac, l’autre provient d’un captage sous la moraine du glacier. Quant à l’A Neuve, une conduite a été installée pour récolter l’eau d’un névé. Mais avec la fonte des glaciers, l’or bleu devient un bien de plus en plus précieux et cher. «Beaucoup de randonneurs ne comprennent pas pourquoi une grande bouteille d’eau minérale coûte CHF 10.–. Entre son achat en plaine et son transport à 2800 mètres, elle est manipulée au moins huit fois», remarque Raymond Angéloz, gardien de la cabane d’Orny. Même constat d’autres gardiens: de nombreux visiteurs n’ont pas conscience de la rareté de l’eau en altitude. «J’ai déjà accueilli des randonneurs qui, un linge à la main, me demandaient où étaient les douches. D’autres voulaient manger des glaces», rigole Sébastien Planchamp. Depuis que l’accès à la montagne s’est démocratisé, le public des cabanes s’est aussi élargi. «Certains sont moins informés qu’avant et sont parfois même mal équipés. Ils annulent leur réservation à la dernière minute quand la météo ne leur convient plus», regrette-t-il. Si la clientèle a évolué au fil des ans, la vie de la cabane s’est aussi modernisée. A commencer par le tri des déchets. Tous les sites recyclent désormais le plastique, le verre ou encore le papier. Et c’est par la voie des airs que les poubelles rejoignent la
RESTAURATION A chaque cabane ses bons petits plats Même en altitude et sans frigo, les gardiens arrivent toujours à surprendre leurs visiteurs avec quelques spécialités toujours appréciées. Petite sélection. Rambert: «Selon les arrivages, je cuisine du bœuf bourguignon. Et en septembre j’ai parfois même du civet de cerf», précise Sébastien Planchamp. L’A Neuve: Martine Gabioud prépare sept sortes de gâteaux différents, sans oublier la tarte aux abricots, quand son fils lui en rapporte de plaine. Mountet: «La confiture à la framboise de la gardienne ainsi que ses röstis au lard sont tout simplement incroyables», confie Yann Bastide, le préposé.
© D. R.
Trient: «Nous faisons, entre autres, du risotto aux truffes et une salade au magret de canard. On offre toujours à nos visiteurs un verre de fendant à l’apéro», explique le gardien Olivier Genet. Orny: «Y a pas que la montagne dans la vie, y a aussi les gâteaux de Patricia.» Le dicton de la cabane résume à lui seul les qualités de la cuisinière.
plaine lors d’une livraison d’hélico. «On demande aussi aux gens de redescendre avec leurs propres déchets. Et en cuisine, on limite les emballages en évitant les portions individuelles», précise Sébastien Planchamp. Quant à la délicate question des toilettes, la gestion des déchets s’adapte au type de sanitaires. Dans les plus simples, dame nature fait le travail, comme à Rambert. A Trient, par contre, le système de toilette sèche permet de récupérer son contenu dans des sacs qui sont ensuite évacués par hélicoptère avant d’être incinérés. Réglée et organisée, la vie en cabane puise toute sa chaleur et sa convivialité dans la présence de ses gardiens. Il suffit de s’asseoir à l’une des tables et de prendre le temps de discuter avec eux pour s’apercevoir à quel point ils y sont attachés. Passion Montagne – numéro 5 – septembre – octobre 2012
11