une Abitibienne à Montréal
une Abitibienne au cœur d’un village
Dorénavant, les chroniques une Abitibienne à Montréal et une Abitibienne au cœur d’un village seront publiées en alternance dans l’Indice bohémien afin d’alléger la tâche des chroniqueuses et de leur permettre de faire le plein d’aventures. Il sera intéressant de voir ces deux réalités se relancer, se répondre et s’affronter.
Abitibi-Témiscamingue : Veuve d’image… chaste. > Geneviève béland Non, je ne ferai pas ici de Martineau bashing. En fait, le document télévisuel des Francs-tireurs, « Veuves de chasse » – portrait tracé à traits de crayon de cire gras d’une réalité estropiée pour le bénéfice d’un divertissement ignorant et inutile – est plutôt le point de départ d’une réflexion. Qui sert l’image rustre ou «sous-développée» (pour reprendre l’expression d’un intervenant du « reportage ») de l’Abitibi-Témiscamingue? La décadence, le développement attardé, la mode ringarde, la saoulerie chronique, les gros bras, l’ignorance technologique et culturelle, mettons? Mais est-ce qu’on voit ça pire que c’est? Est-il nécessaire, ou encore souhaiJe suis convaincue que selon table, de s’insurger contre ça? une fiction sociologique qui permettrait d’évaluer l’indice à la « ti-couneté » d’une région, il serait sensiblement le même partout
S’il s’avère nécessaire de redorer l’image de la région, je vote pour qu’on n’en adopte pas une qui serait à l’opposée mais tout aussi en orbite de la réalité. J’observais une publicité dans le métro cette semaine qui visait (en hurlant) à promouvoir la vie en région et ses vertus : petites maisons de campagne à portes rouges, grand-maman avec laptop installée sur un rocher comme chaise d’ordi, jeunes rigolant autour d’une guitare à l’extérieur qui portent tous le casting de la banque d’images « personnes en overdose de sérotonine au teint mat ». On est mal pris si un consommateur averti vient nous réclamer ce qui était affiché : « Elle est où la gang dans le pic de la pyramide de Maslow qui vit profondément sa plénitude à chaque respiration? ». Bon, il ne faut pas prendre le monde pour des épais. L’ensemble du Québec a assez de jugement pour se douter que les Abitibiens ne sont pas plus ça que de graves dépendants au Notre vin maison qui flirtent avec la descendance de restants de filles du Roy. Tout le monde sait qu’il n’y a pas de frontières qui résiste aux « ti-counes ». Je suis convaincue que si une fiction sociologique permettait d’évaluer l’indice de « ti-couneté » d’une région, il serait sensiblement le même partout. Le « ti-coune » officiel, pour être reconnu, devrait se déclarer lui-même comme tel et obtenir la reconnaissance de ses pairs. Comme de tels aveux sont peu probables, sur ce point-là, faut me croire sur parole. Ainsi, partons de cet a priori. Mais est-ce qu’on peut aussi se dire qu’on n’est pas tous Richard Desjardins non plus? Pour une AbitibiTémiscamingue lucide, je dis : valorisons-nous sans prétention pour ce que nous sommes, imparfaits mais riches en Calvaire. En fait, y’a une phrase de Là-bas, chanson tirée du magnifique album de Fred Pellerin, qui compare la ville et la campagne et exprime bien cette lucidité-là : « Là-bas tout le monde connaît personne/icitte tout le monde en connaît deux ». Rien de sensationnel mais on ne peut plus honnête!
TOLÉRANCE ZÉRO ?
l’air. Aller au dépanneur en bottes à pine. Sortir sur le perron et crier « Pierre, téléphone! », ou « Madame chose, venez chercher votre chien, il veut mettre le mien! »
> Marie-Hélène Massy-Émond
Vivre au village, c’est le contraire de vivre en communauté. J’entends par communauté un groupe de gens se regroupant par intérêts ou origines. Il est déjà loin le temps de la ruralité consanguine, et la néo-ruralité est en expansion dans nos campagnes abitibiennes. Le village, c’est le bassin du multiculturalisme, du pluralisme (parlez-en à Roméo Bouchard). L’acceptation et l’intérêt envers son voisin qui vit de façon différente, « qui rentre tard, ça doit être qu’ii travaille de nuit, il doit sûrement voter bleu, je pense que ça va pas bien avec sa nouvelle blonde, c’est depuis qui a changé de char… » Et qui a le même putain de sentiment d’appartenance! C’est ici chez lui, je suis ici chez moi. Nous avons envie de vivre ici. Elle, c’est le Cercle des fermières, lui, c’est la patinoire. La glace est belle cette année! Toi, tu es raquette, et, moi, je suis skidoo. Nous allons sur le même lac autour de la même île, avec le même bonheur, pas à la même vitesse. Cela ne s’appelle pas l’amour de son prochain, ni la grandeur d’âme, ni la charité chrétienne. Cela s’appelle la tolérance. La même tolérance qui permet aux Serbes et aux Bosniaques de Sarajevo de revivre ensemble. Celle de l’équilibre dans l’écosystème.
Les chants de Noël gueulent dans les haut-parleurs du village… Ayoye, je les ferais bien avaler à quelqu’un (les chants). Ce qu’il y a de bien ici, c’est que la musique des haut-parleurs a pour seul but de faire plaisir, contrairement aux centres d’achats où elle nous incite à consommer Noël à grands coups de Peuple à genoux, attend que les bills rentrent. Et si ces chants en pleine rue rendaient nostalgiques les résidents du HLM? Et les enfants de l’école, s’ils devenaient fébriles à l’imminence des vacances? Alors oui, encore des chanteuses de Nowel, encore de la musique à 9 heures le dimanche matin lors des activités spéciales. Je vis ici, j’assume ici. Et puis, au fond, j’aime bien qu’on s’occupe de mon confort, et puis cela permet de chialer! C’est peut-être pour cela que j’aime vivre au cœur du village, pour me sentir concernée par les décisions des autres, par mes semblables différents. Ici, on ne te sacre pas patience, on te demande, on t’invite, on sollicite ton implication, ta participation
Vivre ici, c’est décider de se connaître les uns les autres. Quitte à reconnaître que l’autre ne veut rien savoir. C’est s’exposer dans sa vulnérabilité, dans son intimité. Passer la tondeuse la bedaine à
À force d’individualisme, on est devenu peureux : du regard des autres, des commentaires, des
jugements. On évite toute confrontation de valeurs ou d’opinion. Ici, nos voisins, on ne s’en fout pas. Certains épient, d’autres commèrent. Ici, on prend position, on aime ou on n’aime pas. À tort ou à raison. Ici, on ne te sacre pas patience, on te demande, on t’invite, on sollicite ton implication, ta participation. N’est-ce pas un peu cela qu’on cherche tous? À travers le réseautage, les 5 à 7, les fans clubs sur Facebook ; faire partie de…, être reconnu par…? Sentiment d’appartenance, implication sociale, développement local… Cela vous sonne une cloche? Ça y est, l’école est finie, la petite voisine passe en courant avec son chien, je l’ai à l’œil, suivie d’une moyenne et d’un plus grand. Les plans ont l’air fort. Les vacances n’ont qu’à bien se tenir. On dirait que vous avez trouvé votre famille, la gang! Celle où on se chicane pour une journée, celle où les filles ne veulent plus jouer avec moi. Parce que quoiqu’en dise le proverbe, c’est la famille qui est petite et le monde qui est vaste. Même dans une localité de 400 âmes. Mais à les voir, on a bien l’impression du contraire. La parenté s’est éclatée. Cela s’appelle l’amitié, cela s’appelle l’enfance, pour eux cela se nomme le village. Ce qu’ils apprennent aujourd’hui et qui leur reviendra bien plus tard, c’est le mot racine. Racines qui poussent bien plus au cœur des gens que de la terre. Bonne année 2010 à tout le village, global.
général
Le site Val-d’Or en Art, nouvel outil de développement culturel
Val-d’Or, ville d’art > IB
Les artistes et organismes culturels valdoriens bénéficient d’un tout nouvel outil pour les aider dans leur carrière : le site Internet Val-d’Or en Arts, lancé le 19 janvier dernier.
Prochaines représentations des Volubiles : 26 février - 20 h / 26 mars - 20 h Lieu : Espace Noranda : 179, Avenue Murdoch, Rouyn-Noranda Billets en vente au Restaurant le Saint-Exupéry : 10 $ Infos : Véronique Aubin : 819 797-8376 • vaubin@gmail.com
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L’INDICE BOHÉMIEN - COPIE CINQ - FÉVRIER 2010
Initiative découlant directement de la politique culturelle adoptée en avril dernier, ce site se présente sous forme de répertoire d’artistes et d’organismes et d’un calendrier culturel. Le Service culturel de la Ville, avec en tête l’animatrice culturelle et responsable du site Nicole Garceau, souhaite que ce nouvel outil aura de multiples retombées. On espère d’abord que le public apprendra à mieux connaître ses artistes et sera mieux informé sur les événements qui animent la ville sur le plan artistique; on vise à faciliter l’embauche des artistes locaux par les promoteurs (organisateurs d’événements, institutions, écoles, voire entreprises); on cherche à constituer un répertoire de ressources pour les artistes, incluant les commerces spécialisés, les salles de spectacle, les médias, les locateurs d’équipement, etc. Mais par-dessus tout, la Ville veut connaître les artistes actifs sur le
territoire valdorien pour mieux les rejoindre afin de connaître leurs besoins, leur proposer de la formation, publiciser les programmes de subventions, initier des rencontres, etc. La base de données contenant les coordonnées des artistes est celle du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, utilisée à la suite d’un partenariat entre le Conseil et la Ville qui pourrait faire des petits dans d’autres territoires. Et ça ne s’arrêtera pas là : Val-d’Or en Art s’annonce comme une nouvelle marque de commerce pour le développement culturel, et d’autre initiatives devraient être annoncées au fil de 2010, toujours dans le but d’appuyer les artistes et organismes et de les faire connaître par le public. www.valdor.ccat.qc.ca