La Lettre de l’IIPE - Le nouveau rôle de l’enseignement supérieur

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© DOMINIC CHAVEZ/WORLD BANK

ACTUALITÉS & ANALYSES SUR LA GESTION ET LA PLANIFICATION DE L’ÉDUCATION

VOL. XXXIII N°1 JANVIER - JUIN 2017

Le nouveau rôle de l’enseignement supérieur

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : EN ROUTE VERS 2030

ÉDITO

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET ODD

par Michaela Martin, IIPE-UNESCO ACTUALITÉS

L

’enseignement supérieur (ES) joue un rôle important et multidimensionnel dans le nouveau programme de développement mondial qui vise à éliminer la pauvreté, tout en répondant à des besoins sociaux dans divers domaines : éducation, santé, protection sociale, emploi, lutte contre le changement climatique et protection de l’environnement. Tous ces domaines, et d’autres encore, sont pris en compte par les 17 Ob-

jectifs de développement durable (ODD). Partout, les campus sont appelés à jouer un rôle crucial dans le succès de ce programme ambitieux en fournissant les ressources humaines et les connaissances pointues, indispensables pour relever les défis com­ plexes du d ­ éveloppement durable. La force des établissements d ­ ’enseignement supérieur (EES) réside dans l’interdisciplinarité de leurs apprentissages et de leurs recherches, sans oublier leur ­ capacité d’imaginer ••• - WWW.IIEP.UNESCO.ORG -

CROISSANCE ET AVENIR DURABLE BRISER LES BARRIÈRES

RENCONTRE AVEC AMINA, RÉFUGIÉE SOUDANAISE TEMPS FORTS

FRANCE : ÉQUITÉ ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


DANS CE NUMÉRO

ÉDITO

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : EN ROUTE VERS 2030

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ÉDITO

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CROISSANCE ET AVENIR DURABLE

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COMMENT L’ASSURANCE QUALITÉ INTERNE AFFECTE LA QUALITÉ ET L’EMPLOYABILITÉ

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BRISER LES BARRIÈRES RENCONTRE AVEC AMINA, RÉFUGIÉE SOUDANAISE

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L’enseignement supérieur soutient le programme de développement mondial. Les universités et les établissements d’enseignement supérieur sont un terreau fertile pour les idées nouvelles, l’innovation et la recherche, façonnant des secteurs-clés comme la santé et les énergies renouvelables, ainsi que les politiques visant à édifier des sociétés cohésives et justes. L’enseignement supérieur dote les diplômés des compétences requises pour intégrer le monde du travail, notamment les futurs enseignants, appelés à préparer à leur tour la nouvelle génération d’étudiants. Son impact est infini et dicte les moyens d’atteindre non seulement le 4e objectif éducatif de développement durable (ODD4), mais aussi l’ensemble des 17 objectifs de l’agenda 2030.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : EN FINIR AVEC LA CORRUPTION ET LA FRAUDE ACADÉMIQUE

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Parallèlement, c’est aussi l’occasion de réinventer un secteur de l’enseignement supérieur capable de répondre pleinement aux pressions et aux défis d’aujourd’hui, ainsi que de préparer les étudiants à un avenir meilleur. Ce secteur en plein essor se diversifie et attire de plus en plus d’étudiants, venus de tous horizons. Cependant, en tant que planificateurs et responsables de systèmes éducatifs, nous devons également préparer cette mutation, en ouvrant les ressources au plus grand nombre pour mettre le secteur en phase avec les exigences énoncées dans les ODD.

MAURITANIE : EXPLORER DE NOUVELLES 12 PISTES POUR INTÉGRER LES ÉTUDIANTS DANS LA VIE PROFESSIONNELLE

LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR par Suzanne Grant Lewis, IIPE-UNESCO

Des changements systémiques et institutionnels s’imposent pour garantir un niveau optimal de qualité et de pertinence dans ce contexte de croissance fulgurante. Il faut adapter les programmes aux exigences d’un avenir vert, lutter contre la corruption et la fraude, ouvrir – virtuellement et physiquement – l’accès aux campus au plus grand nombre, hommes et femmes, ainsi qu’aux personnes déplacées ou contraintes de chercher refuge ailleurs. L’instabilité dans l’enseignement supérieur peut coûter des vies, détruire des infrastructures et propager une véritable onde de choc dans l’ensemble du système éducatif. Il est indispensable de protéger ce secteur dans les situations de conflit et de crise. Le haut degré de compétences qu’il offre est un atout majeur pour reconstruire un pays. Or, trop souvent, les mesures visant à atténuer les effets dévastateurs des crises sur l’éducation négligent l’enseignement supérieur. L’IIPE se doit donc d’élargir la définition de l’éducation par une planification sectorielle, de nouveaux partenariats et une nouvelle expertise. L’enseignement supérieur ne pourra jouer son rôle central dans les ODD que s’il offre une égalité d’accès et de chances à un plus grand nombre d’étudiants. Une nouvelle analyse de l’IIPE et du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO, Six façons de garantir que l’enseignement supérieur ne laisse personne sur le carreau, révèle que seuls 1 % des plus pauvres ont fait plus de quatre ans d’études supérieures, contre 20 % des plus riches. Ce rapport souligne que garantir un accès équitable et abordable à l’enseignement supérieur nécessite une combinaison de différentes politiques. Profitons de la croissance du secteur avant qu’il ne soit trop tard et œuvrons ensemble pour mettre l’évolution de l’enseignement supérieur au service des citoyens et de leur quête d’apprentissage tout au long de la vie.

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LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIII N°1 / LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

POINT DE VUE D’UN PLANIFICATEUR 9 TOGO : RÉFORMER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR CHILI : DES PROBLÈMES POUR RÉFORMER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

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INDE : INSUFFLER UN NOUVEL ÉLAN À L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

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PERSPECTIVES

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TEMPS FORTS ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : RENFORCER L’ÉQUITÉ

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PROGRAMMES DE FORMATION 15 LA RÉPONSE DU SECTEUR DE L’ÉDUCATION AU VIH ET AU SIDA : SUIVI ET ÉVALUATION 16

PUBLICATIONS

TÊTE-À-TÊTE AVEC L’AUTEUR : N.V. VARGHESE Les idées et opinions exprimées dans ce volume sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de l’UNESCO ou de l’IIPE. Les appellations employées dans ce volume et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO ou de l’IIPE aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant à leurs frontières ou limites. IMPRIMÉ SUR PAPIER RECYCLÉ LA LETTRE DE L’IIPE EST PUBLIÉE DEUX FOIS PAR AN EN ANGLAIS, EN FRANÇAIS, EN ESPAGNOL ET EN RUSSE. TOUS LES ARTICLES PEUVENT ÊTRE REPRODUITS, SOUS RÉSERVE DE CITER LES AUTEURS ET L’IIPE-UNESCO. CONTACTEZ-NOUS – NOUS ATTENDONS VOS COMMENTAIRES : NEWSLETTER@IIEP.UNESCO.ORG I S S N 1564-2356


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SUITE des ­ solutions ­innovantes à des problèmes mondiaux et locaux. Globalement, grâce à ses missions de formation des enseignants et de recherche en éducation, l’ES constitue un pilier du système éducatif. Le programme Éducation 2030 est beaucoup plus ambitieux que les précédents Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), essentiellement ­ axés sur l’enseignement primaire et l’égalité des genres. L’ODD4, qui est le but primordial du programme, vise à « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et [à] promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Plus précisément, l’ODD4 insiste sur 12 années d’enseignement primaire et secondaire public gratuit, dont neuf années obligatoires. Il plaide pour un système éducatif intégré, qui inscrit l’enseignement supérieur dans un système d’apprentissage tout au long de la vie. Deux cibles mentionnent spécifiquement l’ES, notamment la cible 4.3, qui stipule : « D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable.»

L’ODD4 SOULÈVE AUSSI DES QUESTIONS SUR L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Une nouvelle note d’orientation sur l’ES, produit par le Rapport mondial de suivi sur l’éducation et l’IIPE (Voir le Rapport mondial de suivi sur l’éducation et IIPE, avril 2017 : Six façons de ­garantir que l’enseignement supérieur ne laisse personne sur le carreau), examine certaines implications du nouvel agenda. Par exemple, l’égalité d’accès peut impliquer une approche axée sur l’égalité des droits ou des chances. La première ignore les différences culturelles, sociales et économiques et les handicaps ; la seconde plaide pour des politiques de discrimination positive. Les pays devront choisir leur approche en fonction de leur propre situation mais, selon le document d’orientation, et bien qu’elle prête à controverse, la discrimination positive peut être nécessaire dans les pays marqués par des inégalités profondes. Le document traite également de la notion de coût abordable. Cela s­ous‑entend que les frais d’inscription et de subsistance pratiqués n’empêchent pas l’accès, la participation et la réussite des étudiants capables. Or, du fait du développement rapide de l’ES et de l’incapacité de nom-

breux États de créer assez de places et d’opportunités pour les étudiants, une part croissante des frais s’est reportée sur les ménages, notamment les plus pauvres, dont les enfants sont souvent la première génération à accéder à cet enseignement. Dans ces conditions, qui doit payer et quelle peut être la contribution des étudiants et des familles de milieux modestes ? Les prêts étudiants soumis à des conditions de revenus et assortis de plans de remboursement acceptables peuvent être une solution, en combinant viabilité financière et accessibilité. Tout en plaidant pour ces prêts, l’analyse préconise que les remboursements n’excèdent pas 15 % du salaire brut de l’ex-étudiant. Il n’existe évidemment aucune définition universelle de ce qu’est un ES de qualité. Les pays (par le biais de leur système national d’assurance qualité), les établissements d’enseignement supérieur (EES) et leurs professeurs doivent définir la qualité en fonction de leur contexte disciplinaire, institutionnel, local et national. Il est par conséquent difficile de donner des orientations internationales autres que celles des codes internationaux de bonnes pratiques existants, nécessairement très génériques. LES EES DOIVENT SE MOBILISER DAVANTAGE POUR LES ODD

Si l’orientation future de l’enseignement supérieur dessinée par les ODD permet de nombreux choix nationaux et institutionnels, elle en fait clairement un levier du développement durable. Les 17 ODD

exigent, dans l’enseignement comme dans la recherche, une coopération internationale poussée pour trouver des solutions innovantes aux problèmes écologiques et de société. Les EES doivent élaborer une approche institutionnelle holistique du développement durable englobant l’enseignement, la recherche et un f­onctionnement écologiquement rationnel. Au niveau mondial, il existe déjà plusieurs réseaux universitaires Nord‑Sud, et quelques universités ont pris des mesures pour intégrer systématiquement les questions de développement durable dans leur enseignement et leur recherche1. Mais beaucoup d’autres établissements ont besoin d’être mieux informés sur les ODD et de mobiliser davantage la communauté universitaire pour s’engager pleinement dans ce programme mondial. C’est en particulier le cas des universités des pays industrialisés et de celles qui ne connaissent pas bien la rhétorique et le milieu des programmes d’action des Nations Unies. Les bailleurs de fonds doivent ­ aussi reconnaître pleinement le rôle des EES dans la mise en œuvre des ODD, avec des programmes de bourses ciblés et des possibilités de financement privilégiant la collaboration interuniversitaire pour le développement de la recherche et de la formation dans les domaines concernés par les ODD.

1. https://www.iau.hesd.net/en/actions

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CROISSANCE ET AVENIR DURABLE par Taya Owens, Rapport mondial de suivi sur l’éducation (Rapport GEM), UNESCO

La demande mondiale d’enseignement supérieur s’accroît. Il est grand temps de repenser les programmes afin que les campus restent adaptés aux besoins.

L

es effectifs de l’enseignement supérieur (ES) enregistrent actuellement une croissance sans précédent. Entre 2000 et 2014, le nombre d’étudiants a plus que doublé dans le monde, passant de 100 à 207 millions. Pendant cette période, le taux brut mondial d’inscription dans l’enseignement supérieur est passé de 19 à 34 %. Comme pour tous les chiffres mondiaux, ces données cachent des disparités importantes entre régions : le taux d’inscription le plus élevé varie d’une moyenne de 8 % en Afrique subsaharienne à 75 % en Europe et en Amérique du Nord. Cela dit, au cours des deux dernières décennies les effectifs de l’ES ont progressé 4-

é­ galement dans les régions peu prospères où, depuis 1995, les taux d’inscriptions ont augmenté en moyenne de 4 % par an. Plusieurs raisons expliquent cette progression générale des taux de participation : la hausse de la demande, l’augmentation de la richesse, des politiques gouvernementales plus favorables et une prise de conscience accrue en matière d’équité sociale, le moteur principal étant l’accroissement de la demande d’enseignement supérieur émanant des classes moyennes. Le nombre croissant de jeunes achevant le cycle d’enseignement primaire et secondaire contribue également à cette hausse, tout comme la participation accrue d’étudiants non conventionnels, notamment

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les étudiants à temps partiel et les travailleurs adultes. Les adultes (de plus de 25 ans) représentent plus d’un tiers des étudiants ­inscrits en premier cycle universitaire dans 10 pays européens, tandis que dans cinq autres, au moins un étudiant sur quatre est inscrit à temps partiel.

Cours de mathématiques en pleine nature dans la province d’Izmir, en Turquie.

RESTRUCTURER LES PROGRAMMES SCOLAIRES POUR RÉPONDRE AUX EXIGENCES D’UN AVENIR VERT

Admettre davantage d’étudiants pourrait ne pas suffire à édifier des sociétés viables et prospères. Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation de 2016, d’ici à 2020, il pourrait y avoir un déficit de 40 millions de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur pour faire face à la demande. En attendant, les ­inscriptions sont actuellement axées sur des cursus universitaires assez peu recherchés sur le marché du travail, en particulier en sciences sociales et humaines. Tous les regards sont tournés vers les universités et les établissements d’enseignement supérieur (EES) qui doivent restructurer leurs programmes pour répondre aux exigences d’un avenir plus plus soucieux de l’environnement. Les entreprises vertes, qui emploient déjà des millions de personnes dans tous les pays, quel que soit leur niveau de revenus, sont appelées à connaître à l’avenir une forte croissance. Les emplois seront plus nombreux dans ce secteur, mais d’autres disparaîtront. Ces mutations exigeront un recentrage majeur sur le développement des compétences dans un certain nombre de filières universitaires, professionnelles et techniques. Des personnels hautement qualifiés ou possédant une formation technique sont nécessaires pour dynamiser les industries respectueuses de l’environnement, tout comme des possibilités de formation et d’éducation continues pour les salariés peu et moyennement qualifiés des industries vertes existantes.

©HEMIS

INVESTIR DANS LES CONNAISSANCES ET DANS UNE RECHERCHE RESPONSABLE

Taux brut d’inscription dans l’enseignement supérieur, pour les deux sexes (%), par niveau de revenu des pays, entre 1970 et 2014. Les effectifs de l’enseignement supérieur dans les pays à revenu intermédiaire supérieur ont augmenté de 7 % par an. Source : Base de données de l’ISU.

L’innovation nécessite une coopération entre l’enseignement supérieur et la recherche et le développement (R&D) financée par des fonds publics. Pour développer de nouvelles technologies, l’ES doit former suffisamment de chercheurs et de développeurs dotés de connaissances et de compétences spécialisées. Les systèmes d’innovation écologique sont tributaires des fonds publics dans la mesure où le secteur privé est souvent incapable ou peu enclin à investir dans les technologies vertes, en particulier aux premiers stades de leur développement. Les dépenses publiques en R&D dans les domaines de l’énergie et de l’environnement ne représentent qu’une petite fraction des crédits publics totaux consacrés à la recherche – en moyenne moins de 6 % dans l’UE, moins de 12 % dans l’OCDE. En comparaison, aux ÉtatsUnis les dépenses publiques en R&D militaires sont 30 fois supérieures à celles de la R&D dans le domaine de l’énergie. Pour former suffisamment de chercheurs et de développeurs experts dans de nombreux domaines, il faut que les systèmes d’ES élaborent des programmes à la fois diversifiés et spécifiques, ainsi que des programmes de coopération dans toutes les filières. C’est dans cet esprit que les grandes économies émergentes, comme le Brésil et la Chine, sont en train de développer leur enseignement tertiaire. Les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) nécessitent un réalignement de l’enseignement et de la formation pour répondre à l’évolution du monde du travail. L’augmentation rapide des effectifs du tertiaire ouvre d’extraordinaires ­perspectives pour bâtir un avenir prospère, inclusif et durable pour tous. Il est temps de transformer les systèmes d’ES et de les recentrer afin de doter les étudiants des compétences que requiert une économie respectueuse de l’environnement. 5


par Michaela Martin et Christine Emeran, IIPE-UNESCO

L’expérience de huit universités éclaire les nouvelles statégies visant à contrôler la qualité de l’enseignement et à améliorer les perspectives d’avenir des diplômés.

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ujourd’hui, l’évolution rapide et la transformation constante sont des thèmes récurrents dans l’enseignement supérieur (ES). Le secteur se développe très vite, les établissements d’enseignement supérieur (EES) et les programmes se sont beaucoup diversifiés et sont souvent privatisés. Dans ce contexte, la qualité des établissements et de leurs ­programmes est de plus en plus examinée, suscitant un peu partout dans le monde la mise en place de mécanismes d’assurance qualité externe (AQE). Les gouvernements contrôlent également la qualité des EES et/ou de leurs programmes, en confiant

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­ ériodiquement à des organismes externes la p mission d’effectuer un état des lieux, dans le cadre de procédures d’agrément, d’audit de qualité ou d’évaluation. Partout dans le monde, et bien qu’obéissant d’abord à des facteurs externes, de nombreux EES ont renforcé leurs processus pour garantir la qualité académique et l’employabilité en mettant en place des mécanismes d’assurance qualité interne (AQI). Par exemple, beaucoup d’entre eux revoient régulièrement leurs programmes académiques et s’assurent de leur adaptation au marché du travail. Pour cela, ils collectent systématiquement des données auprès des étudiants, des diplômés et des

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employeurs. En même temps, ils rencontrent bien des difficultés pour mettre en œuvre des méthodes d’AQI. Leurs systèmes d’information sont souvent incapables d’analyser la qualité en termes de rétention et d’achèvement des étudiants, si bien que les informations recueillies ne sont pas exploitées aux fins de la planification, de l’affectation des ressources et de la prise de décision, et que les résistances à l’AQI ne sont pas rares. L’IIPE CONDUIT LA RECHERCHE COMPARATIVE SUR L’AQI

En 2014, l’IIPE a lancé un projet inter­ national de recherche sur les solutions

© BANQUE ASIATIQUE DE DÉVELOPPEMENT

COMMENT L’ASSURANCE QUALITÉ INTERNE AFFECTE LA QUALITÉ ET L’EMPLOYABILITÉ


L’AQI EST PLUS EFFICACE QUAND ELLE FAVORISE UN DIALOGUE INTERNE RÉGULIER SUR LA QUALITÉ. CE DIALOGUE EST PAR AILLEURS LE BUT ULTIME DE L’AQI EN VUE D’OUVRIR LA VOIE À L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ ET DE L’EMPLOYABILITÉ efficaces d’AQI pour les systèmes d’ES. Ce projet comprend huit études de cas recueillies en Afrique du Sud, en Allemagne, en Autriche, au Bahreïn, au Bangladesh, au Chili, en Chine et au Kenya. Ces exemples ont été choisis pour leurs pratiques innovantes et la rigueur de leurs principes d’AQI. Une étude internationale a été menée sur les systèmes d’AQI de dernière génération auprès d’un large échantillon d’EES. Une approche multilatérale a été adoptée dans les études de cas, avec une enquête sur la façon dont les personnels académiques et administratifs perçoivent l’AQI, ainsi que des entretiens approfondis avec des responsables, des administrateurs et des étudiants. Le but général était d’illustrer les approches et les options pouvant être considérées comme de bons principes et inspirer d’autres EES désireux de concevoir et développer leur propre système d’AQI.

L’AQI AIDE À DYNAMISER LES RÉFORMES

Le projet de recherche a montré que dans les établissements étudiés l’AQI avait contribué au lancement d’un grand nombre de réformes, en particulier dans le domaine de l’enseignement et de ­ l’apprentissage, où son introduction a ­ généralement amélioré la cohérence interne des programmes d’études, ­ ­ ainsi que leur adéquation avec les bes­oins du marché du travail. L’AQI a en outre permis de rationaliser et de mieux intégrer les processus de gestion à l’analyse et à l’évaluation des données. L’AQI a par ailleurs incité les universités à renfor­ cer leurs ­ systèmes d’information pour la gestion et à améliorer leur capacité de prendre des décisions éclairées, en ­recueillant des ­données d’enquête auprès d’intervenants internes et externes. Les données de recherche ont également mis en lumière un certain nombre de

facteurs communs de réussite, même s’ils dépendent largement du contexte propre à chaque établissement. Dans l’ensemble, les universités participantes ont admis que le soutien de la direction et l’implication des parties prenantes jouaient un rôle capital. L’efficacité du système d’AQI dépend en outre beaucoup du degré de connaissance des outils et de participation aux p ­ rocessus. D’après l’enquête, les étudiants et le personnel estiment ne pas avoir suffisamment de retour d’information sur certains outils d’AQI, notamment les évaluations des cours ou les enquêtes de satisfaction réalisées auprès des étudiants. Enfin, les données fournies par certains outils ne sont pas toujours utilisées de façon optimale par leurs destinataires. Par exemple, les résultats des études de suivi des diplômés sont plus souvent exploités par le personnel administratif que par les universitaires chargés de la révision des programmes d’études. L’AQI est donc plus efficace quand elle favorise un dialogue interne régulier sur la qualité. Ce dialogue favorise une culture de la qualité qui est par ailleurs le but ­ultime de l’AQI en vue d’ouvrir la voie à ­l’amélioration de la qualité des études et de l’employabilité des diplômés.

Briser les barrières L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PEUT INSPIRER LA NOUVELLE GÉNÉRATION D’ARTISANS DU CHANGEMENT. OR, SEUL 1 % DU TOTAL DES JEUNES RÉFUGIÉS A ACCÈS À CE NIVEAU D’ÉDUCATION. Le programme de bourses DAFI (Initiative académique allemande Albert E ­instein pour les réfugiés), mis en œuvre par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et financé par le gouvernement allemand, contribue à faire évoluer la situation. Depuis son lancement en 1992, plus de 9 300 jeunes réfugiés ont eu accès à l’enseignement supérieur et ont ainsi pu mettre au service de leurs communautés leurs connaissances, leurs compétences et leur aptitude à diriger. Des programmes d’apprentissage en ligne permettent en outre de relier les réfugiés difficiles à atteindre à des ­établissements universitaires agréés et à des mentors grâce aux technologies de l’information et de la c ­ ommunication. Amina, réfugiée soudanaise, est devenue récemment la première diplômée DAFI au Tchad. C’est le premier programme universel à reconnaître la réalité des violences dans et autour des écoles, en particulier contre les femmes, et à s’attacher aux situations de conflit et d’urgence, qui

continuent de peser lourdement sur l’éducation des filles. « La cérémonie de remise des diplômes a été une des journées les plus émouvantes de ma vie. Malgré toutes les difficultés rencontrées, j’ai eu la chance de suivre ­l’enseignement primaire et secondaire en tant que réfugiée soudanaise au Tchad et d’être sélectionnée, en 2012, pour une bourse DAFI. Aujourd’hui, j’ai un diplôme universitaire en droit public. Les femmes réfugiées sont souvent privées de leur droit à l’éducation, malgré son importance dans la vie de chaque être humain. Je veux continuer à servir de modèle et à sensibiliser les jeunes et leurs parents, car aujourd’hui encore, dans ma communauté, des filles abandonnent l’école ou ne sont même jamais scolarisées. Mon rêve est de poursuivre mes études jusqu’au doctorat et d’aider ma communauté à retourner dans notre pays et qu’il soit en paix. Ce n’est pas le moment de rester les bras croisés : il faut agir pour un avenir meilleur. » Extrait du Rapport annuel 2015 du HCR sur le programme DAFI. Pour en savoir plus : www.unhcr.org www.unhcr.org/fr/bourses-dafi.html

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : EN FINIR AVEC LA CORRUPTION ET LA FRAUDE ACADÉMIQUE par Muriel Poisson, IIPE-UNESCO

© FAUSTIN TUYAMBAZE

La lutte contre la corruption dans l’enseignement supérieur a un nouveau caractère d’urgence. Jamais auparavant le rôle crucial de cet enseignement dans l’édification de sociétés prospères et durables n’avait été aussi flagrant.

A

u Japon, d’anciens hauts fonctionnaires du gouvernement ont démissionné suite à des révélations selon lesquelles ils avaient obtenu illégalement des postes universitaires après leur départ à la retraite. Au Kenya, des mesures énergiques ont été prises pour éliminer la triche généralisée. En Colombie, des enquêtes sont en cours sur la fraude aux examens d’admission. En ­ Malaisie, un ­ registre national des titulaires de doctorats a été ouvert pour mettre fin ­ à la p ­roduction et à l’usage de titres ­universitaires frauduleux. Enfin, une entreprise pakistanaise, accusée d’escroquer des dizaines de milliers d’étudiants aux

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États-Unis, en leur vendant des cours non conformes aux normes, fait actuellement l’objet de poursuites. Tous ces exemples illustrent non seulement l’ampleur de la corruption et des pratiques frauduleuses dans l’enseignement supérieur (ES) au niveau mondial, mais aussi les diverses ­ tentatives pour moraliser le secteur. Adopter des mesures incitatives pour lutter contre la corruption et la fraude académique est une tâche ardue, notamment parce que l’autonomie ac­ crue accordée aux universités n’est pas toujours contrebalancée par des méca­ nismes de responsabilisation adéquats, mais aussi parce que les capacités en matière de réglementation et de lutte contre

LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIII N°1 / LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

la corruption et la fraude restent limitées. Pourtant, la nécessité d’améliorer l’intégrité de l’ES devrait devenir plus impérieuse encore dans les années à venir. Les parties prenantes sont aujourd’hui mieux placées pour mesurer les effets délétères de la perte de ressources et de crédibilité qu’entraînent les pratiques frauduleuses. Les premiers intéressés sont notamment les bailleurs de fonds, soucieux d’une utilisation efficace de ressources qui s’amenuisent. Mais il y a aussi les établissements d’enseignement supérieur (EES), qui doivent préserver la confiance dans les diplômes qu’ils délivrent et les employeurs qui doivent pouvoir se fier à la validité des titres de l’ES, sans oublier les personnes dont la réputation peut


être facilement ternie par des allégations de corruption ou de fraude très aisément ­diffusées sur Internet de nos jours. Des exemples de mesures efficaces de ­prévention de la corruption et de renforcement de l’intégrité dans l’ES ont été donnés dans la Déclaration consultative, récemment publiée par l’IIPE et le CHEA*. Ils incluent, sans que cette liste soit exhaustive : • l’application de sanctions à l’encontre des fonctionnaires publics et du personnel des établissements qui produisent des fausses qualifications ; • la mise en place de procédures d’appel contre une décision académique ou ­administrative ; • l’élaboration de normes ­in­­­­­­­ter­nationales de sécurisation des documentsqui sont ­re­­la­tifs aux diplômes d’enseignement ­supérieur ; • l’exclusion des commissions d ­ ’assurance qualité de toute personne suspectée de conflit d’intérêt ; • le contrôle du respect, par les personnels chargés du recrutement, du ­règlement intérieur de l’EES et de la loi ; • l’inclusion de l’ES dans les dispositions

de la législation relative à la protection des consommateurs concernant le marketing et la publicité ; • l’adoption de lois pour protéger les ­lanceurs d’alertes. Les témoignages de pays comme le Maroc, la Lituanie ou le Royaume-Uni, qui ont testé certaines de ces approches, sont présentés sur la plate-forme de ressources E ­ TICO de l’IIPE. Pour aller de l’avant, il faut approfondir la réflexion et les échanges sur l’inclusion d’indicateurs d’intégrité dans les diagnostics traditionnels du secteur de l’ES. Il faut aussi que les établissements et les États travaillent à la conception de chartes éthiques et de c­ odes de déontologie, ainsi qu’à l’adaptation des normes et procédures qu’ils utilisent pour gérer le secteur. Il est également nécessaire de revoir les normes et les mécanismes d’assurance qualité, afin de mieux intégrer les questions ­ d’intégrité. Enfin, il convient de se pencher sur les moyens d’encourager un plus large accès du public à l’information. C’est indispensable pour permettre à l’ensemble de la communauté de l’enseignement supérieur de prendre de nouvelles dispositions.

IL FAUT APPROFONDIR LA RÉFLEXION ET LES ÉCHANGES SUR L’INCLUSION D’INDICATEURS D’INTÉGRITÉ DANS LES DIAGNOSTICS TRADITIONNELS DU SECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

* IIEP, CHEA/CIQG. 2016 : Déclaration consultative pour des pratiques internationales efficaces. Lutter contre la corruption et renforcer l’intégrité : un défi contemporain pour la qualité et la crédibilité de ­l’enseignement supérieur. La plateforme ETICO met à disposition des documents de référence sur l’éthique et la corruption dans l’éducation : http://etico. iiep.unesco.org/fr/

Point de vue d’un planificateur Au Togo, une nouvelle réforme a été introduite pour renforcer les politiques de planification et améliorer la qualité de l’enseignement supérieur. Pour en savoir plus, l’IIPE s’est entretenu avec Jervis Zogbema, directeur de la prospective, de la planification et de l’évaluation du ministère togolais de l’Enseignement supérieur.

IIPE : Quel élément de la réforme a le plus contribué à améliorer la qualité de l’enseignement supérieur au Togo ? La récente orientation consistant à mettre l’assurance qualité au cœur des stratégies de formation a contribué à l’amélioration de la qualité de l’éducation. Le système intégré de gestion des composantes du dispositif universitaire a facilité le suivi des inscriptions des étudiants, la gestion de leurs parcours professionnels, des bourses, des diplômes, des examens et de l’ensemble des ressources financières et humaines, sans oublier la communication entre tous les membres de la communauté universitaire. Les décideurs se servent de ce système comme d’un outil d’aide à la décision et à la bonne gouvernance.

IIPE : Quel élément de la réforme a le plus influencé la planification de l’enseignement supérieur ? L’élaboration d’une carte universitaire du Togo a nettement contribué à l’amélioration de la planification de l’enseignement supérieur et traduit une vision dynamique de l’éducation à l’horizon 2025. Elle vise une meilleure adéquation entre l’offre et la demande de formation et garantit une meilleure équité dans l’accès à un enseignement supérieur, notamment pour les filles, les femmes et les catégories les plus défavorisées. De plus, elle renforce le lien entre les études et le tissu professionnel local. Cette réforme permet de sortir du schéma habituel d’enseignement universitaire fondé sur des filières généralistes et théoriques pour aller vers des formations plus spécialisées et professionnelles, en relation étroite avec les domaines d’activité de chaque région. Cela qui constitue une réelle plus-value pour le monde du travail togolais.

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CHILI : DES PROBLÈMES POUR RÉFORMER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR par María José Lemaitre, Centro Interuniversitario de Desarrollo (CINDA)

Attendue depuis longtemps, une proposition de réforme de l’enseignement supérieur se heurte à une forte opposition des parties prenantes et des décideurs.

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© OSMAR VALDEBENITO/CREATIVE COMMMONS

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orsque les électeurs chiliens se sont rendus aux urnes pour l’élection présidentielle de 2013, un consensus clair se dégageait au sein de la société sur la nécessité de réformer l’enseignement supérieur (ES). ­Michelle Bachelet a été élue sur la promesse de s’attaquer aux principaux ­ problèmes du secteur : la reconnaissance de l’ES en tant que droit social et non comme bien de consommation ; le renforcement de l’ES public, qui fonctionnait selon un modèle privé avec très peu de subventions publiques ; la nécessité d’améliorer la responsabilité et la qualité vis-à-vis de l’offre d’ES et, le plus urgent, celle de réduire la charge financière qui pèse sur les étudiants de premier cycle. Le gouvernement s’est lancé dans un projet ambitieux de collecte d’opinions  : constitution de commissions, consultation des représentants de nombreux établissements et associations, et nomination d’un comité consultatif. Parallèlement, le ministère de l’Éducation a travaillé en secret et sans bruit sur la préparation d’une réforme qui a été finalement ­ présentée, avec beaucoup de retard, le 4 juillet 2016. Très vivement critiquée pour avoir ignoré les réalités d’un système d’ES extrêmement diversifié et très lourd, elle s’appuyait sur un diagnostic arbitraire, dont le seul objet semblait être de justifier certaines mesures, au lieu de dresser un tableau fidèle des points forts et des faiblesses du système. En outre, elle ne tenait compte ni des avis des experts, ni de ceux des personnes consultées. Auparavant, en mai 2015, devant l’inexorable chute de popularité de la présidente, ses conseillers avaient décidé ­ d’accélérer la mise en œuvre d’une ­promesse de campagne : tous les étudiants de la moitié inférieure de la répartition des revenus ont ainsi été dispensés des droits d’inscri­ ption. Les universités étaient libres d’adhérer ou non au programme, mais les écoles techniques et professionnelles en étaient

Sur ces pancartes affichées en juillet 2011 devant l’Université du Chili, on peut lire : « Ce combat est celui de toute la société / Tous pour une éducation gratuite »

exclues (elles peuvent désormais y adhérer, à condition d’être structurées comme de vraies organisations à but non lucratif). La promesse de gratuité des études a eu un impact profond sur le contenu de la réforme : la gratuité a inévitablement creusé un fossé important entre les crédits accordés par le gouvernement et le budget institutionnel normal, exposant les établissements d’enseignement supérieur (EES) à un risque financier. En conséquence, le débat s’est déplacé des aspects conceptuels de la réforme vers la défense d’intérêts institutionnels, provoquant une fragmentation du secteur de l’ES et l’apparition d’une myriade de groupes d’intérêts. La réforme de l’ES est aujourd’hui bloquée devant le parlement. Par ailleurs, le projet actuel n’aborde pas les principaux problèmes de responsabilisation, de qualité et d’accessibilité financière de l’ES. La grande majorité du système chilien reste soumis aux lois du marché et, malgré la pro-

LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIII N°1 / LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

messe du gouvernement de traiter dans une autre proposition de réforme les problèmes liés aux universités publiques du pays, rien n’a avancé et le temps presse. Le mécanisme d’assurance qualité, très­contesté, existe toujours, sans modification ­majeure. La gratuité des études est peut-être l’exception, mais certains estiment que la charge financière qu’elle impose aux ­établissements compromet l’amélioration de la qualité de l’enseignement, qui était l’un des principaux objectifs de cette réforme. Le ministère de l’Éducation a apporté quelques modifications à la réforme proposée. Mais il y a eu peu de progrès et les changements semblent davantage destinés à apaiser des groupes d’intérêts ­spécifiques qu’à répondre aux besoins de l’ES. Il y avait là une rare opportunité de réformer l'ES au Chili. Une meilleure gestion du processus de la réforme aurait peut-être permis de déboucher sur des changements constructifs.


©WIKIMEDIA COMMONS

Le bâtiment principal de l’Université de Delhi

INDE : INSUFFLER UN NOUVEL ÉLAN À L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR par N.V. Varghese, National University of Educational Planning and Administration (NUEPA)

Les étudiants sont de plus en plus nombreux à intégrer l’université. L’enjeu est actuellement de réussir à promouvoir l’équité et la qualité dans un pays marqué par les disparités sociales.

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artout, au cours de ce siècle, des réformes de l’enseignement supérieur (ES) ont été faites. En Inde, de nouvelles mesures ont favorisé l’expansion du système et permis d’améliorer la qualité et la pertinence de l’enseignement. ÉLARGIR LE SYSTÈME

Le secteur de l’ES est passé d’une période de développement lent et de faibles taux bruts d’inscription (TBI) à un essor sans précédent. Au cours des quinze dernières années, les effectifs ont quadruplé pour atteindre 34 millions en 2015-2016, avec un TBI de 24 %. Le système éducatif indien dépasse désormais en taille celui des États‑Unis, se plaçant au deuxième rang mondial, derrière la Chine. La massification du système éducatif a reposé essentiellement sur des ­financements privés. Les réformes gouvernementales favo­ rables au marché permettent le r­ ecouvrement des coûts dans les institutions publiques et favorisent la privatisation des universités. Si au début le processus a été lent, les ­ universités privées sont en train de se ­multiplier et représentent actuellement plus de 60 % des ­établissements et des effectifs. La m ­ assification de l’ES s’accompagne a­ ussi

d’une p ­ersistance des inégalités sociales et d’une aggravation des disparités régionales en termes d ­ ’inscriptions à l’université. AMÉLIORER LA QUALITÉ

L’Inde a créé des agences d’assurance qualité externe et des mécanismes d’assurance qualité interne. Bien que l’agrément soit obligatoire pour obtenir des fonds publics, la majorité des établissements d’enseignement supérieur privés ne sont toujours pas agréés. Les établissements indiens n’étant pas bien placés dans le classement mondial des universités, le gouvernement a lancé, en 2015, le « National Institutional Ranking Framework ». Les premiers résultats, publiés en avril 2016 et en 2017, montrent clairement que les établissements les mieux classés sont pour la plupart des universités centrales financées par l’État. De l’avis général, la création d’universités de stature internationale permettra à l’Inde de remonter dans les classements mondiaux. D’où l’idée du gouvernement de soutenir la création de 20 universités d’envergure internationale dans un proche avenir. Comme beaucoup d’autres pays en développement, l’Inde semble s’engager dans un processus de

conversion accélérée d’établissements existants en universités de classe mondiale. RENFORCER LA PERTINENCE

Malgré l’essor du secteur, les employeurs ­indiens ont perdu confiance dans la qualité des enseignements dispensés, se demandant s’ils correspondent aux compétences recherchées par le marché du travail. Pour rétablir la crédibilité des titres universitaires et renforcer leur pertinence, l’Inde a élaboré un cadre national des diplômes de l’enseignement supérieur fondé sur les résultats d’apprentissage, l’employabilité et les compétences, après avoir établi, en 2013, le cadre national des titres et des qualifications. REGARDER VERS L’AVENIR

La massification de l’ES s’accompagne de l’aggravation des disparités régionales, de la persistance des inégalités sociales et de la marchandisation du secteur. Il faut s­ ’attaquer aux problèmes d’équité et de diversité afin d’offrir un ES abordable et de qualité, dans un contexte de réformes axées sur les lois du marché. On espère que la politique ­nationale d’éducation en cours d’élaboration permettra de régler certains de ces problèmes. 11


MAURITANIE : EXPLORER DE NOUVELLES PISTES POUR INTÉGRER LES ÉTUDIANTS

DANS LA VIE PROFESSIONNELLE par Olivier Pieume et Koffi Segniagbeto, IIPE Pôle de Dakar

Une étude du Pôle de Dakar porte sur la nécessaire adéquation entre enseignement supérieur et économie en évolution.

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n Mauritanie, où le secteur de l’enseignement supérieur (ES) est beaucoup moins développé que celui des autres pays de la sous‑­ région, les étudiants sont pourtant plus nombreux à poursuivre des études supérieures longues plutôt que courtes. En effet, d’après les résultats du recensement général de la population et de l­’habitat (RGPH 2013), 72 % des diplômés de ­l’université ont un diplôme supérieur ou égal à la m ­ aîtrise. Cette situation semble en contradiction avec la configuration économique du pays, dominée à 85 % par des emplois informels non qualifiés. La ­situation m ­ auritanienne est assez singulière, car même dans les pays de l’OCDE où le ­secteur informel est faible, la majorité des diplômés de l’enseignement supérieur a des diplômes inférieurs ou ­ égaux à la ­licence (dans les pays de l’OCDE

par exemple, 63% des diplômés du supérieur ont un diplôme inférieur ou égal à la licence. Le taux est même estimé à plus de 80 % au Canada). Pour renforcer l’efficacité externe du sous-secteur il est nécessaire de diversifier les filières professionnelles et d’améliorer la gestion du flux des bacheliers à l’entrée de l’enseignement supérieur. L’accès aux formations courtes centrées sur les secteurs ­ ­ porteurs de l’économie compte parmi les mesures à envisager. Les projections montrent que d’ici à 2030, la plupart des diplômés trouveront leurs emplois dans les secteurs de la m ­ anufacture, de l’eau et de l’énergie. Le nombre d’emplois nécessitant un haut niveau de qualification dans ces secteurs devrait être multiplié par 6 dans les quinze années à venir (voir t­ ableau). En r­ evanche, dans les

secteurs de la pêche et des mines, environ un quart des emplois disponibles devrait disparaître par rapport à aujourd’hui. Si la couverture de l’enseignement supérieur en Mauritanie est en deçà de celle des pays comparables, son expansion devra impérativement se faire par le développement de formations courtes professionnalisantes, plus porteuses sur le marché du travail. Pour ce faire, le sous‑secteur devra se doter d’une véritable structure ­ d’orientation universitaire et professionnelle. L’absence actuelle d’une telle ­structure est une occasion manquée pour les étudiants, durant leur cursus et une fois diplômés, d’avoir accès à l’information sur les opportunités offertes sur le marché du travail. Ce qui est un frein majeur à une meilleure insertion professionnelle des diplômés.

Tableau : Projection à moyen terme des besoins de main d’œuvre de qualification supérieure par secteur économique

Nombre d’emplois en 2015

Nombre d’emplois projeté en 2030

Nombre total d’emplois créés sur la période

Croissance sur la période

Agriculture, forêt, etc.

665

2 242

1 577

+237 %

Pêche

617

470

-147

-24 %

Mines

2 365

1 984

-381

-16 %

Manufacture, eau et énergie

3 173

19 193

16 020

+505 %

BTP

1 376

2 134

758

+55 %

Services

30 399

35 776

5 377

+18 %

Total

38 595

61 799

23 204

+60 %

Secteur d’activité

Source : Calcul à partir des données du ministère de l’emploi.

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LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIII N°1 / LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


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QUEL EST L’IMPACT DU COÛT DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR SUR VOS ÉTUDES ? Venez discuter sur Twitter @IIEP_UNESCO

FINLANDE

Anna-Maarit Rahja

Vivek Dsoüza

Étudiant diplômé en science politique, Université de Mumbai

INDE L’enseignement supérieur devient de plus en plus important du fait de la complexité et de la diversité du marché de l’emploi. En Inde, la plupart des services éducatifs fournis par les établissements publics sont abordables, mais ils manquent d’expertise pratique et technique, de compétences, etc. Les diplômes ne vous préparent pas vraiment aux besoins du marché du travail. En revanche, les établissements privés affiliés à des universités étrangères, avec leurs programmes d’échanges, leurs bourses et leurs programmes de doubles diplômes, sont mieux équipés en technologie moderne et en expertise, mais ils sont très chers et s’adressent à une élite. Les Indiens connaissent cependant les multiples opportunités offertes par les universités étrangères grâce aux bourses et aux subventions d’études et de subsistance. Des plates-formes comme DAAD et Fulbright Scholarships fixent le niveau que les étudiants doivent atteindre, en travaillant dur, pour obtenir ces bourses accordées au mérite. Donc oui, le coût a un impact sur les études. Les jeunes peuvent obtenir leur autonomie si on leur offre la même éducation à un coût abordable et si le nombre de bourses pour les étudiants augmente. Le facteur coût joue un rôle important, surtout quand les étudiants veulent approfondir leurs connaissances dans leur pays d’origine ou faire des études à l’étranger. Il les oblige à contracter des prêts et à rechercher d’autres formes de financement pour leurs études. Mais je voudrais attirer l’attention sur le fait que le « cycle » de l’emprunt, en particulier dans une économie compétitive et chère, peut constituer un risque, en particulier dans les domaines de l’ingénierie, de la banque et de la finance, les masters de gestion des entreprises et les études dont les frais d’inscription sont très élevés mais dont le cursus ne dure qu’une année.

Étudiante en éducation et apprentissage tout au long de la vie, Université de Tampere

JE FAIS INDÉNIABLEMENT PARTIE DES CHANCEUX PUISQUE MES ÉTUDES SONT TOTALEMENT GRATUITES. EN FINLANDE, OÙ JE VIS ET POURSUIS MES ÉTUDES, L’ÉDUCATION EST FINANCÉE PAR LE GOUVERNEMENT. MAIS JE SUIS CONSCIENTE DES DIFFICULTÉS QUE CELA POSERAIT SI LES ÉTUDES DEVAIENT ÊTRE PRISES EN CHARGE PAR LES ÉTUDIANTS OU D’AUTRES PERSONNES.

María Camila Suarez Étudiante en droit, Université Simón Bolívar de Cúcuta

COLOMBIE

Le coût des études supérieures a été pour moi le facteur déterminant dans le choix d’une université. S’il existe des universités publiques de bonne qualité, la sélection y est extrêmement sévère. Les universités privées de bonne qualité ne sont accessibles qu’à ceux dont les revenus familiaux sont élevés ou qui ont les meilleures notes. Les revenus de ma famille m’obligent à étudier dans une université qui ne répond pas à mes objectifs. Au fil des années, les frais d’inscription ont tellement augmenté que mes parents ont dû contracter un prêt pour que je puisse achever mes études et atteindre mes objectifs professionnels.

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : RENFORCER L’ÉQUITÉ par Juana Barragán Díaz, IIPE-UNESCO

Le 4 mai dernier, l’IIPE a organisé un débat stratégique consacré aux initiatives susceptibles de renforcer l’équité entre les étudiants du supérieur.

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epuis une cinquantaine d’années, en France, de plus en plus nombreux sont les jeunes qui accèdent à l’enseignement supérieur (ES). Tandis qu’en 1960, 310 000 étudiants étaient inscrits dans ce cycle, ce chiffre a été multiplié par plus de huit dans les cinq dernières décennies, atteignant 2 551 000 en 2015. En termes absolus, le progrès est évident. En termes relatifs, la réalité est tout autre : les enfants des milieux défavorisés sont toujours sous-représentés dans l’ES français. Ainsi, 10,8% des étudiants de l’université ont des parents ouvriers, alors que 30% d’entre eux ont des parents cadres ou exerçant une profession intellectuelle supérieure. L’écart est encore plus flagrant dans les Écoles normales supérieures, les plus prestigieuses, où les chiffres sont respectivement de 2,7% et 53,2 %. Et pourtant, les ouvriers représentent près du cinquième de la population française. L’inégalité entre les étudiants du supérieur est aussi un enjeu mondial qui ne cesse de s’aggraver, s’accompagnant de problèmes d’accessibilité économique à l’ES. En effet, les coûts de l’ES sont de plus en plus supportés par les ménages. En moyenne, dans les pays européens, 15 % des frais sont à la charge des ménages, contre 40 à 50 % en dehors de l’Europe. C’est ce que montrent les résultats publiés par le Rapport mondial de suivi de l’éducation et l’IIPE : Six façons de garantir que l’enseignement supérieur ne laisse personne sur le carreau.

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Toutefois, des initiatives voient le jour et s'attaquent au problème. Pierre Mathiot, intervenant principal lors du débat stratégique, a présenté le Programme d’études intégrées (PEI), qu'il a développé en 2007 alors qu’il dirigeait Sciences Po Lille, dans le nord de la France. À ce jour, le PEI a accompagné sur la voie de l’ES 3  200 élèves issus de milieux modestes. Concrètement, il s’agit de tutorats organisés par des étudiants du supérieur qui encadrent des élèves du secondaire pendant quatre ans, de v­ isites d’universités et de partenariats locaux ­université-écoles-associations. Pour Pierre Mathiot, il faut renforcer l’information auprès des lycéens, travailler sur leur sentiment de légitimité et leur confiance en soi. Le message de ce deuxième débat stratégique de l’IIPE de l’année 2017, consacré au problème de l’équité, a été clair  : oui, il est possible de renforcer l’équité entre les élèves dans l’enseignement supérieur. Des initiatives comme le PEI en sont la preuve. Avec une logique ascendante (bottom-up), s’appuyant sur des expériences de terrain, les États sont à même de mieux adapter leurs décisions aux contextes locaux. Encore faut-il ne pas oublier de poursuivre la collecte de données, y compris des évaluations qualitatives, pour avoir une vision plus claire de la situation de l’équité dans l’enseignement supérieur.

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© IIPE-UNESCO

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LA RÉPONSE DU SECTEUR DE L’ÉDUCATION AU VIH ET AU SIDA : SUIVI ET ÉVALUATION par Stéphanie Dolata, IIPE-UNESCO

© IIPE-UNESCO

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e cours de formation à distance Méthodes quantitatives pour le suivi et l’évaluation de la réponse du secteur de l’éducation au VIH et sida s’est déroulé pour la première fois via le campus virtuel de l’IIPE. En effet, le suivi et l’évaluation du rôle de l’éducation sont essentiels pour aider les pays à améliorer leurs politiques et leurs programmes scolaires. L’enjeu est de taille et nombreux sont les obstacles à surmonter  : que m ­ esurer, sur quelle période et avec quelles ressources. Ce cours de six semaines (du 24 avril au 2 juin cette année) vise à renforcer les c­ompétences des participants dans la ­collecte, l’analyse et l’écriture des rapports sur les indicateurs de base, mais aussi dans la formulation des politiques dans le but de suivre et d’évaluer la réponse du secteur de l’éducation au VIH et au sida. Une vingtaine d’équipes nationales, regroupant 82 participants issus de 15 pays d’Afrique, a suivi ce cours. Le groupe était essentiellement composé de planificateurs, de gestionnaires des systèmes d’information et pour la gestion de l’éducation (SIGE) des ministères de l’Éducation, de coordinateurs chargés du VIH et du sida, ainsi que d’administrateurs nationaux et régionaux de l’UNESCO. Articulé autour de trois modules, le cours a débuté avec l’intervention de Christopher Castle, coordinateur mondial de l’UNESCO pour le VIH et le sida, et chef de la section sur la santé et l’éducation. Il a souligné l’importance de l’éducation pour éradiquer le VIH et le sida, et promouvoir la santé et le bien-être de tous les enfants et de tous les jeunes. Il a également insisté sur l’importance de mesurer les progrès

Cette pancarte invite les étudiants de Livingstone (Zambie) à visiter le centre de santé.

r­éalisés à l’aide d’indicateurs de base, tels que ceux recommandés dans les ­Directives globales sur les questions de VIH et de sida de l’UNESCO (disponibles en anglais). La qualité des outils de collecte de données était le thème du second module. En effet, la qualité des données collectées a un impact direct sur celle de l’analyse effectuée et, en fin de compte, sur la qualité des décisions qui peuvent être prises concernant le VIH et le sida. Les participants ont ­soigneusement étudié le questionnaire annuel du recensement scolaire et l’enquête menée en milieu scolaire, pour identifier les indicateurs de base et d’autres indicateurs adaptés au contexte national. Deux défis rencontrés par les États ont été particulièrement discutés : le niveau d’inclusion des indicateurs de base et la collecte de données désagrégées.

Le troisième module a offert l’occasion aux participants de présenter, d’analyser et d’interpréter les indicateurs de base calculés à partir des données nationales et selon des tableaux fictifs conçus pour assurer la cohérence avec les Directives globales de l’UNESCO et la comparabilité des résultats. Ce travail guidé avait pour but non seulement de décrire l’état actuel et les progrès réalisés par le secteur de l’éducation pour répondre au VIH et au sida, mais aussi d’aider les participants à traduire les résultats d’analyse en suggestions de politiques éducatives. Plus d’informations sur le site du Service d’information sur le VIH, santé et éducation de l’UNESCO : http:// hivhealthclearinghouse.unesco.org/

HOMMAGE À KHALIL MAHSHI ET JUAN CARLOS TEDESCO LA COMMUNAUTÉ DE L’IIPE DÉPLORE LA PERTE DE DEUX DE SES ANCIENS DIRECTEURS. KHALIL MAHSHI A REJOINT L’IIPE EN 2001 ET A DIRIGÉ L’INSTITUT DE 2010 À 2014. ANCIEN MINISTRE DE L’ÉDUCATION EN ARGENTINE, JUAN CARLOS TEDESCO A ÉTÉ LE PREMIER CHEF DE BUREAU DE L’IIPE-BUENOS AIRES, DE 1998 À 2005. NOUS GARDERONS TOUJOURS EN MÉMOIRE LES CONTRIBUTIONS À L’ÉDUCATION DE NOS REGRETTÉS COLLÈGUES.

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International Institute for Educational Planning

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About the Book Higher education in Africa has received favourable political attention and funding support in the period following independence. The rationale for state funding was questioned in the 1980s, and the higher education reforms in the 1990s centred on finding alternative ways of financing and on improving the managerial efficiency of universities. This focus was reflected in the market-friendly reforms that led to the privatization of public institutions and the promotion of private institutions. These reforms resulted in substantial changes in the governance and management of higher education.

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University University of Bahrain University of Bahrain University of Bahrain University of Bahrain University of Bahrain University of Bahrain University of Bahrain of Bahrain

IIEP initiated a research study to analyse the reforms and to understand their effects on the governance of higher education at institutional and national levels. Based on studies carried out in Ethiopia, Ghana, Kenya, Nigeria, and South Africa, this book shows how the reforms have effected changes in the governance and management of institutions of higher education in Africa.

Bassam AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad Bassam and AlHamad and Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan Rama Aladwan

About the Editor

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N.V. Varghese Director of the Centre for Policy Research in Higher Bahrain Bahrain isBahrain Bahrain Education (CPRHE), at the National University of Educational Planning and Administration (NUEPA), New Delhi, India. Previously, he was Head of Governance and Management in Education at UNESCO’s International Institute for Educational Planning (IIEP), which he joined in 1999. He has published many books and articles in the areas of educational planning, financing of education, quality of primary education, and higher education.

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International Institute for Educational Planning

Reforms and changes in governance of higher education in Africa Edited by N.V. Varghese

ISBN: 978-92-803-1408-3

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Edited by N.V. Varghese

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International Institute for Educational Planning

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REFORMS AND CHANGES IN GOVERNANCE OF HIGHER EDUCATION IN AFRICA (RÉFORMES

EXPLORING INTERNAL QUALITY ASSURANCE SYSTEMS (ANALYSE DES SYSTÈMES D’ASSURANCE QUALITÉ INTERNE)

ET CHANGEMENTS DE GOUVERNANCE DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EN

IIPE-UNESCO Des études de cas recueillies dans huit pays examinent les systèmes d’assurance qualité interne (AQI) dans différents contextes nationaux et institutionnels pour mettre en lumière les différentes approches de l’AQI. Disponible en anglais.

PLANIFIER L’ÉDUCATION EN ÉTANT SENSIBLE AUX CONFLITS ET AUX RISQUES QUELLES LEÇONS TIRER DE TROIS CAS ?

AFRIQUE)

N.V. Varghese, IIPE-UNESCO S’appuyant sur des études menées en Afrique du Sud, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya et au Nigeria, cet ouvrage montre les effets des réformes sur les changements de gouvernance et de gestion des établissements d’ensei­gne­ment supérieur en Afrique. Disponible en anglais.

IIPE-UNESCO Cette note d’orientation (aussi disponible en anglais), destinée aux déci­ deurs, pré­ sente les recommandations et les leçons tirées de l’expérience de trois pays qui ont pris en compte les risques de conflit et de catastrophe dans leurs processus de planification de l’éducation, avec le soutien technique de l’IIPE.

TÉLÉCHARGEZ GRATUITEMENT TOUTES LES PUBLICATIONS DE L’IIPE OU COMMANDEZ UN OUVRAGE : PUBLICATIONS.IIEP.UNESCO.ORG

Tête-à-tête avec l’auteur SUIVANT LES TENDANCES MONDIALES, L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR CONNAÎT UN ESSOR RAPIDE SUR LE CONTINENT AFRICAIN. LE PROFESSEUR N.V. VARGHESE ANALYSE CE QUI A INSPIRÉ SA NOUVELLE PUBLICATION, REFORMS AND CHANGES IN GOVERNANCE OF HIGHER EDUCATION IN AFRICA. IIPE : Pourquoi la réforme de la gouvernance

­diversification des programmes d’études et

de ces réformes en Afrique du Sud, en

dans l’enseignement supérieur en Afrique est-elle

des sources de financement. Elles ont éga-

Éthiopie, au Ghana, au Kenya et au Nigeria.

un sujet important ?

lement permis une plus grande autonomie

IIPE : Quelles difficultés subsistent ?

N.V. VARGHESE L’enseignement supérieur

institutionnelle, une meilleure efficacité opé-

N.V.V Tout d’abord, il faut redéfinir le rôle

(ES) en Afrique a été soutenu politiquement

rationnelle et un plus haut degré de respon-

de l’État, qui doit essentiellement fixer un

et relativement bien financé dans la période

sabilisation des établissements d’enseigne-

cadre de fonctionnement aux établisse-

post-indépendance. Cependant, le finance-

ment supérieur. L’étude a examiné ­l’impact

ments et réglementer le système, plutôt

ment de l’État a été remis en question dans

que contrôler et gérer ce système. Ensuite,

les années 1980. Les réformes des années

« L’enseignement supérieur africain

la plupart des réformes sont des initiatives

1990 ont cherché à améliorer la gestion des

a fait beaucoup de chemin depuis qu’un

à ressources limitées. Il faut concentrer les

universités et à trouver d’autres façons de

établissement africain (Fourah Bay

réformes sur l’amélioration des résultats

financer l’enseignement supérieur grâce à

College en Sierra Leone) a décerné

d’apprentissage et sur la productivité de la

la privatisation. Il est important d’étudier

ses premiers diplômes. En 2010,

­recherche des établissements d’enseigne-

les conséquences de ces réformes, afin de

quelque 5,2 millions d’étudiants étaient

ment supérieur africains.

mieux comprendre les changements actuels

inscrits dans des établissements

dans la gouvernance de l’ES tant au niveau

d’enseignement supérieur. Cependant,

Publication accessible en ligne :

institutionnel qu’au niveau national.

le TBI dans les pays d’Afrique

http://unesdoc.unesco.org/

IIPE : Pouvez-vous nous citer des exemples

subsaharienne n’est que de 7 %,

images/0024/002454/245404e.pdf

de résultats probants de ces réformes ?

taux le plus bas de toutes les régions

N.V.V. Bon nombre des réformes ont

du monde. »

c­ontribué à l’expansion du système, à la

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LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIII N°1 / LE NOUVEAU RÔLE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


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