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I.2 - L’habitat intermédiaire : définition et évolution
2 - L’HABITAT INTERMÉDIAIRE : DÉFINITION ET ÉVOLUTION
A - Définition et délimitation du terme d’habitat intermédiaire
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Dans ce rapport le terme intermédiaire et le terme semi-collectif signifient la même chose. Bien que l’habitat intermédiaire existe depuis longtemps, il reste encore peu connu et traité, ainsi, sa définition et ses limites n’en restent pas moins floues si bien qu’il peut même parfois être confondu avec une forme d’habitat pour le troisième âge à la croisée de l’habitat individuel et l’habitat communautaire. Ce terme est alors souvent sujet à des problèmes de définition des limites : qu’est-ce que le terme englobe et qu’est-ce qu’il n’englobe pas ? Il est employé pour toutes les typologies inclassables ou hors collectifs et pavillon.
Les typologies d’habitat intermédiaires sont peu définies puisqu’il existe de nombreuses manières de les décliner. L’équipe d’Urbitat, distingue trois catégories morphologiques au sein de leur étude pour le PUCA et USH, soit les plots, les barres puis les « inclassables », c’est-à-dire les opérations mixtes ou encore avec certaines particularités qui les distinguent comme la construction en pente.
« L’habitat intermédiaire n’est pas l’apanage d’aucune forme urbaine, d’aucune morphologie de bâti. Même si certaines formes comme les tours ne semblent pas pouvoir la pratiquer, on en conclut néanmoins assez facilement que l'habitat intermédiaire peut être utilisé indépendamment de la forme, de la position urbaine, de la structure du bâti. Cette filière d'habitat offre donc une potentielle grande liberté pour fabriquer des morceaux de ville souples, non stigmatisés, indépendamment de toute "mécanique de conception" fermée. » 1
Durant ce rapport, l’habitat intermédiaire concerne des habitations présentant des caractéristiques de l’habitat individuel tout en économisant de l’espace naturel comme le ferait un logement collectif. On écarte l’individuel dense (maison en bandes etc). Parfois, l’habitat intermédiaire est utilisé comme terme financier et associé à un logement à loyer intermédiaire ou loyer modéré. Ici, nous nous en tenons à la typologie d’habitat et à la forme urbaine, non pas à un logement à caractère social.
B - Retour en arrière : Les prémices de l’habitat de type intermédiaire fin XIXe, début XXe siècle
Les prémices de cette forme d’habitat sont apparues fin du XIX ème siècle avec l’émergence des cités ouvrières. Pour répondre aux problèmes de conditions de vie très désagréables des ouvriers, des discussions se font entre intellectuels, médecins et industriels. Naît alors le logement paternaliste. Des exemples telles que la Cité paternaliste de Schneider, Le Creusot, la Cité ouvrière de Mulhouse ou encore la Cité Michelin à Clermont-Ferrand voient le jour. 2 La recherche d’idéal de la maison individuel ne pouvant être satisfait, une variante à cette dernière a été conçue sur un plan en damier. Les maisons sont édifiées sous forme de rangées alignées densément les unes aux autres, bordant les rues étroites. La cité ouvrière de Mulhouse (1853) est l’une des premières en Europe, cette dernière repose sur un système de location-vente, ce qui permettait aux familles de devenir propriétaires après une certaine période. Cette cité servira de modèle pour les suivantes.

(Cité des corons Mulhouse 1853 ( fig.7) Cité New Lanark, �cosse, 1800 (fig.8)
Garden City Letchworth, England, E.Howard, 1903 (fig.9) (fig.10)
Début XX ème siècles apparaissent également les cités jardin, proposant elles aussi des solutions semblables à celle des logements intermédiaires. Prenons la Garden City de Letchworth conçue en 1903 par Howard : création d’une agglomération combinant les avantages de la ville et de la campagne et suppression de leurs inconvénients respectifs. Ce dispositif, bien qu’utopiste, repose sur les mêmes valeurs que le sera l’habitat intermédiaire un siècle plus tard.


C - La « redécouverte » de l’habitat intermédiaire de 2000 à aujourd’hui
Durant les années 1980-1990, associé à une connotation sociale très forte dans les esprits, l’habitat intermédiaire est laissé de côté. Ces préjugés sont aussi dus au fait que les opérations ont très souvent été réalisées avec peu de moyens et surtout sans prendre en compte l’intégration au site. 1
Depuis les années 2000 à aujourd’hui, l’habitat intermédiaire connaît un succès grandissant. Il apparaît comme une solution aux thématiques modernes, comme le prix élevé du foncier, la limitation de l’étalement urbain ou encore le renouvellement urbain. On redécouvre notamment l’habitat intermédiaire par le biais de la loi SRU (loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain) qui, entre autres, s’interroge, sur la mise en œuvre d’une économie du foncier et d’une densification.
Plusieurs travaux d'étude et de recherche ont donné lieu à la mise en place d'expérimentations sur ce type d'habitat, comme par exemple celles menées par Urbitat pour le PUCA et l’USH ou encore toutes les recherches de C. MOLEY et F. MIALET. 2 Les études ont pour but de comprendre les points forts et faibles de ces projets afin de permettre la construction ultérieure d’opérations améliorées.
Aujourd’hui, l’habitat intermédiaire se veut à la fois être une réponse politique et sociale ainsi qu’une réponse aux désirs individuels des populations. « […] la recherche d'habitat intermédiaire découle d'une volonté d'humanisation d'un immeuble qui refuse d'être une barre. […] Enfin, on perçoit l'habitat intermédiaire comme du logement individuel empilé. » 1

Résidence du Motier à Clermont-Ferrand, 6 logements, 2004 Architectes : Bruhat, Bouchaudy et Dobel, (fig. 11) 10 logements intermédiaires Longvic, Dijon, 2005 Architectes : Jean Charles Jacques architecte (fig. 12) 2
