Guerre de l'image n° 2 sur huyghe.fr

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LE DISCOURS DU NATIONALISME EN EUROPE

Le processus d’exaltation de ces pulsions s’opérera aussi par la langue : la LTI (lingua tertii imperii), langue du troisième Reich analysée par Klemperer) avec ses néologismes entretient l’enthousiasme « völkich » de l’allemand du Nouveau Reich en l’obligeant à s’exprimer dans un registre nouveau du « sublime » et de l’exaltation martiale. La Nation métaphore de l’Universel (wilsonisme), la Nation internationaliste des bolcheviks ou la Nation réduite à la race et à l’inconscient des nazis, ne peuvent vivre que comme objets symboliques, ce qui « réunit la croyance ». Et, de même que chaque religion dit ce qui est licite pour gagner les âmes (faut-il une église et des missionnaires, faut il des images pour représenter le dieu et séduire de nouveaux croyants ?) de même chaque Nation mythique, comprenez chaque idéologie, décide des moyens « corrects » de sa propre expansion. Rien de plus normal pour chacun suivant son dogme ou licites que de la penser suivant le cas en termes de progrès des social scientists à l’ère des masses, de conscience aliénée / déterminée ou d’aspirations de l’inconscient collectif. En revanche ce qu’ignoraient ces théoriciens passablement idéalistes du « bon moyen », c’était la dimension technique des idéologies de masse. Le pouvoir du cinéma grand pourvoyeur de l’imaginaire national par exemple. Ou le pouvoir de la radio (Mc Luhan disait que ce médium « chaud » rendait les passions nationales plus brûlantes, mais qu’un Hitler aurait été médiatiquement tué par la télévision). S’ils avaient compris le pouvoir des idéologies de masse (surtout en ces temps de massacres de masse de la Première Guerre Mondiale) il leur restait à découvrir le pouvoir unificateur des médias de masse. Toute idéologie rencontre un jour sa médiologie. Institution ?


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