École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La-Villette




École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La-Villette
Regard multiscalaire sur l’agriculture urbaine
HUGUES PARISSE
Mémoire de fin d’étude
Diplôme d’État d’architecte
Soutenu le 16 janvier 2024
Sous la direction de Catherine SZANTO
Domaine d’étude Milieux, Territoires, Paysages
Séminaire Architecture(S) et Paysage(S)
Encadrante collégiale : Anna KEITEMEIER, Catherine ZAHARIA, Rosa DE MARCO, Xiaoling FANG
Je remercie Madame Catherine Szanto de m’avoir encadré lors de l’élaboration de ce mémoire et de son soutien pour aiguiller mes recherches dans les directions les plus intéressantes.
Je remercie Madame Emma Daviau pour les échanges et entretien très intéressant concernant les projets de Terre & Cité.
Merci également à Monsieur Thibauld Delaunay, encadrant technique de Travail et Vie, ainsi que l’ensemble du personnel et habitants de la Ferme du Rail pour m’avoir reçu sur le site.
Ayant grandi à la campagne en Ardèche, je me questionne sur la capacité de la ville à offrir des espaces verts et du bien-être à ces habitants par la présence de la nature en ville. Cependant, par définition la ville n’est pas naturelle, comment donc peut-elle trouver des solutions à ce sujet ?
Dans le même temps, bien qu’un village soit entouré de champs et de forêts, il manque d’attractivité économique. De plus, si l’on considère les enjeux de transition écologique et sociale, il me semble que notre société est vouée à se diriger vers un mode de vie urbain, plus dense et plus économe en sols, ressources et énergies.
Alors peut-être qu’il appartient aux concepteurs et acteurs de la ville de demain de s’interroger sur les possibilités de fusion des modèles urbains et ruraux. C’est en m’interrogeant sur cette idée que j’ai commencé à étudier la relation entre la ville et le rural et plus particulièrement par le prisme de l’agriculture.
À travers l'histoire, l'agriculture et l'architecture ont toujours évolué de paire, permettant l'une et l'autre de se surpasser à tout de rôle pour le meilleur comme le moins bon. De nos jours, alors que notre société tend vers une population toujours plus urbanisée; la ville, ses habitants et ses concepteurs doivent répondre à de nouveaux enjeux.
Nous étudions ici en quoi l'agriculture urbaine permet d'aborder des rôles nourricier et novateur. En effet, en observant cette activité à différentes échelles, on remarque un fort potentiel d'innovation pour la fabrique de la ville et ses territoires.
Agriculture urbaine, Innovation, Transition écologique, Économie solidaire et sociale
Fig. 1 Trois typologies d’agricultures urbaines.
Fig. 2 Orti Largo Verratti, Rome, 100 jardins potager dans une parcelle
Fig. 3 Orti Largo Verratti, une parcelle-jardin
Fig.
Fig.
Fig. 9 Espace public (en rose) et espaces de production (en vert)
Fig. 10 La Cité Maraîchère, Production en bac a tout les étages
Fig.
Fig. 15 Carte des parcelles agricoles en ZPNAF selon type de culture, 2010
Fig. 16 Carte des parcelles agricoles en ZPNAF selon type de culture, 2022
Fig. 17 Carte des exploitations selon type de culture et label AB, territoire
Fig. 18 Les 3 Axes du programme d’action de la ZPNAF
Fig. 19 Typologie agricole en ZPNAF
Fig. 20 Schéma des axes de recherche du projet Flux Local
Fig. 21 L'agriculture urbaine, dans la spirale de l'innovation
Des plaines arides et brûlantes d’Afrique aux étendues glaciales de la Toundra en passant par les forêts tropicales humides, l’Être Humain est l’espèce animale la plus répandue sur la surface de notre planète. Cette colonisation du monde nous la devons d’une part à notre grande capacité d’adaptation d’un point de vue biologique mais d’autre part dans l’ingéniosité et l’innovation que l’on emploie sans cesse à améliorer notre milieu de vie. D’abord chasseur-cueilleur, nous avons su apprivoiser et élever du bétail, puis maîtriser des éléments naturels comme l’eau afin d’irriguer des terres, devenus champ cultivés, et ainsi débuter la sédentarisation. Cependant, des conditions climatiques favorables aux cultures, comme l’humidité et les pluies récurrentes, ne le sont pas nécessairement pour nous ni pour la conservation de nos ressources produites, il a alors fallu protéger ces biens.
Selon certains historiens la naissance de la ville vient du moment où l’Homme à construit des structures pour protéger ses récoltes1. Dès lors nous avons commencé à modifier le paysage naturel en y érigeant des “édifices”, d’abord primitif, de bois et de terre, puis de plus en plus technique, de briques de pierre avant de venir plus tard à des matériaux toujours plus complexes. Le point commun dans l’évolution de nos modes constructifs réside dans l’accroissement de leur pérennité et de leur résistance accrue à notre environnement. Alors que nous nous protégions mieux nous avons agrandi notre population et avec elle augmenté notre besoin de produire de la nourriture. Il y donc depuis l’origine de notre civilisation un lien indéfectible entre agriculture et sinon ville disons la vie en communauté.
De nos jours, et dans notre société occidentale, ce lien entre agriculture et ville peut sembler distant, comme essayant de joindre deux mondes que tout oppose. D’un côté un environnement bâti, vertical, avec une présence humaine dense. De l’autre un paysage végétal, horizontal, où la natureest prédominante. Pourtant en y regardant de plus près ces deux milieux sont artificialisés, anthropisés, bien que chacun dans des variations différentes. Étymologiquement, l’agriculture est la “culture de la terre” soit le travail, la manipulation donc la transformation de la nature.
1 Notes personelles à propos de ADAM Jean Pierre, Introduction à l'archéologie de l'architecture, Cours d'histoire du troisième semestre de Licence d'architecture à l'ensa Marseille, 2018
Si l’on observe le chemin parcouru par l’évolution de ces deux milieux, le développement technique de nos habitations est parfaitement explicite. Des matériaux aux formes urbaines en passant par les modes d’habiter tout a changé, et de façon assez radicale, au cours du siècle passé. En revanche, qu’en est-il du monde agricole ? Si la proportion de population urbaine poursuit sa croissance, cela est possible par l'augmentation de la production et du rendement agricole notamment pour l'agriculture vivrière.
Il existe une typologie de bâtiment en ville qui nous permet de visualiser l’évolution sinon de l’agriculture du moins de son commerce, le marché. En effet, depuis les halles médiévales ouvertes aux Marchés d’Intérêts Nationaux en passant par les marchés hebdomadaires se tenant sous des toiles éphémères ou encore les étals maraîchers de la grande distribution, les espaces de vente des produits de consommation issus de l’agriculture nourricière suivent également une importante évolution. Il serait intéressant d’observer quelles sont les raisons de ces transformations. Celles-ci sont probablement dues d'une part à un besoin technique de répondre au flux croissant de la demande alimentaire. D'autre part à des habitudes de consommations changeantes.
Enfin, si la transformation, en ville, des lieux de vente de l'agriculture nourricière nous montre clairement des évolutions du monde agricole, existe t-il d'autres espace dans le milieu urbain qui exposent des évolutions de l'agriculture?
De toute évidence le XX° siècle a été une période d’explosion, de tous les domaines et à toute échelle. En France, en soixante-dix ans la population humaine double2 et se concentre dans les villes, le développement des transports accompagne un commerce international tout en favorisant un plus grand échange culturel planétaire. Alors que nous sommes dorénavant bien établis dans le XXI° siècle, il nous est forcé de constater que les grands progrès techniques et technologiques ont, pour beaucoup, eu un impact assez néfaste finalement sur le développement de notre milieu de vie. L’agriculture elle-même, alors qu’à l’origine elle est la réponse à l’un de nos besoins les plus fondamentaux, se nourrir, a été pervertie d’une certaine façon par une vision productiviste et de croissance économique. Passant d’un produit de première nécessité, cultivé au plus proche de ces bénéficiaires, à un produit de consommation, soumis à
2 Ined - Institut national d’études démographiques : La population en cartes interactives, Disponible sur : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/population-cartes-interactives/
la rentabilité. Cela résulte du développement à outrance d’une agriculture en monoculture souvent exportée toujours plus loin à grand renfort de pétrole pour transporter les marchandises.
Alors que depuis une trentaine d’années le bien-être de notre planète est entré dans le débat politique (sommet de la Terre de Rio, 1992), il semblerait que la volonté et la prise en compte de la nécessité d’une “transition écologiques” soit aujourd’hui enfin dans la tête et les esprit de tous et ce dans tous les domaines.
Comme nous le disions plus tôt, d’une certaine façon l’agriculture et la ville sont nées en même temps, il semblerait donc logique qu’elles évoluent en même temps, en parallèle. Dans ce sens, et au vu des enjeux actuels face aux changements climatiques, nous pouvons alors nous demander quelle est la transition écologique de l’agriculture ? Cette dernière est-elle un énième outil pour la transition des villes ou bien et c’est ce que nous allons chercher ici, comment l’agriculture dite urbaine est un milieu mûr et autonome à même d’identifier ces ressources et être génératrice d’innovation, pour qui et à quelle échelle? Pouvons-nous nourrir les villes tout en réduisant leurs dépendance à une économie agricole délocalisée ? Est-il possible d’utiliser les sols urbains foncièrement chers mais biologiquement pauvres et pollués ? En quoi la présence en ville d’une pratique agricole participe-t-elle au bien-être de ses habitants ?
Ainsi, dans un premier temps, nous regarderons rapidement comment l’évolution chronologique des rapports entre la ville et l’agriculture ont mené à la séparation de ces milieux tel qu’on l’observe au tournant du XIXe siècle.
Et pourquoi il est intéressant aujourd’hui de questionner le phénomène d’une agriculture urbaine.
Dans une seconde partie, en observant un jeu d'échelle croissant, nous chercherons à analyser en quoi l'agriculture urbaine peut porter des innovations et ainsi contribuer à la résilience du métabolisme urbain de nos villes contemporaines.
• AGRICULTURE*3, n. fém. : Du latin agricultura
Activité ayant pour objet l’exploitation de la terre par la production de végétaux et l’élevage des animaux.
• VILLE*, n. fém. :
-Il existe un très grand nombre de définitions possible pour le terme “ville” dont les suivantes ;
- Agglomération relativement importante dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées, notamment dans le secteur tertiaire.
- Manière de vivre des habitants des villes [Par opposition à la campagne]; séjour que l’on fait en ville. “Préférer la ville à la campagne; la ville énerve, fatigue. Changeant toujours de dégoûts et d’asile, Il accuse les champs, il accuse la ville; Tous deux sont innocents” (Delille, Homme des champs,1800, p. 35).
Toutefois si l’on observe son étymologie, dans le dictionnaire du Trésor de la langue française; Du lat. villa « maison de campagne, propriété rurale » qui prit dès les ve-vies. le sens de « groupe de maisons adossées à la villa », c’est-à-dire à peu près « village » (St Augustin et St Jérôme ds Blaise Lat. chrét.; v. FEW t. 14, pp. 451b-452a)
Cette approche par la définition des mots nous laisse à penser que la ville serait issue de la campagne, puis à mesure de son agglomération de maisons serait devenu opposé à son origine jusqu’à présenter la caractéristique de concentration d’activités toutes sauf agricole. Nous allons donc étudier cette évolution de la ville et l’agriculture dans un ordre chronologique.
C’est autour du VIIIe millénaire avant notre ère, dans le croissant fertile de la Mésopotamie, que la maîtrise de nouvelle pratiques et outils dont l’irrigation ont mené à la naissance de l’agriculture, le travail de la terre dans le but de produire des végétaux destiné à notre alimentation. Les fouilles archéologiques de la région
3 Les mots avec une * renvoie à une définitiion issu du CNRTL; des dcitionaires du Trésor de la Langue Française ou de celui de l’Académie française
de la Mésopotamie nous ont permis de comprendre comment en exploitant un territoire, l’Homme à commencé à se sédentariser et à se rassembler. L’on parle de la première révolution agricole ou du concept de “révolution néolithique” tel que l'on attribu à Gordon Childe, d'après Jean-Louis Huot dans «Naissance des cités»4 .
Dans cette idée, le site de Çatal Hüyük présente par exemple la concentration de constructions destinées à l’habitation entouré de terres ayant fait l’objet d’exploitation agricole. Cela peut donc faire état de la naissance de ce que l’on appellerait aujourd’hui un village de par son caractère agricole, rural.
Après la sédentarisation et la révolution néolithique, l’urbanisation et la “révolution urbaine” (terme également avancé par Gordon Childe) qui mène à la naissance des premières villes. Dans l’ouvrage Naissance des cités (ibid. p.28), Jean-Louis Huot reprend les mots de Gordon Childe «Les grands travaux nécessaires à l’assèchement des zones marécageuses, puis à l’irrigation [...] favorisent la cohésion sociale et la centralisation administrative [...] le surplus de production agraire permettait d’entretenir une multitude de marchands ainsi que tout un corps d’artisans. [...] Un surproduit de richesse qu’administre le clergé»
Dans le même ouvrage, Huot nous expose que l’exploitation de cultures céréalières, au taux de rendement élevé et produisant des graines qui se conservent, a permis à l’agriculture de suivre en transition importante. Notamment dans son rôle de façonnement de la société humaine, car la production excédentaire a favorisé la formation d’une stratification sociale. En effet, alors qu’il devient possible de conserver un bien alimentaire entre plusieurs récoltes, le besoin primaire de s’alimenter est devenu collectif. On peut entendre par là que le rôle de production alimentaire a pu être pris en charge par certains individus pendant que d’autres se spécialisent. Tant dans la fabrication d’outils que dans des activités permettant le commerce ou encore la gestion, l’administration du surplus de production alimentaire.
“Il est possible d’affirmer que la ville est le produit d’une spécialisation socio-spatiale engendrant un métabolisme spécifique. Historiens et urbanistes s’accordent à dire que la ville est née de la possibilité, pour une partie de ses habitants au moins, de se libérer de la production de leur subsistance, ce qui leur a permis de développer
4 HUOT Jean-Louis, THALMANN Jean-Paul, VALBELLE Dominique, Naissance des cités. Paris : Nathan, 1990, 351 p
d’autres activités, d’échange notamment [...] et a favorisé voire nécessité la proximité physique et donc la concentration de ses habitants” (Barles Sabine, 2017)5
Il se trouve que l’on commence alors à observer une partie de définition de la ville tel qu’exposé précédemment “Agglomération dont les habitants ont des activités professionnelles diversifiées”.
Par la suite, c’est l’expansion du pouvoir de la catégorie administrante qui a vu émerger une société étatique supervisant un territoire donné notamment dans le but de gérer l’approvisionnement en ressources alimentaires.
La période médiévale nous permet de regarder quelle était cette gestion, cette souveraineté de la ville sur la question de l’approvisionnement alimentaire. En effet, à cette époque, le monde est encore très largement rural et sujet à des disettes. L’autorité du territoire est certes supervisée par le pouvoir royal mais en définitive il est assumé localement par les seigneurs des différentes cités.
Comme le présente Marin et Virlouvet en 20036, un rôle majeur de ces gouvernants est de s’assurer de la subsistance de la population de sa ville, notamment dans le but de conserver la paix et la stabilité sociale comme politique.
Il est alors bien question que ce soit la ville, et non le royaume, qui assume l’organisation de politiques alimentaires. A ce stade où la ville est constituée, la cité étant l’intérieur des fortifications, l’agriculture suit toujours le système de la vente et du commerce tout en étant sous contrôle.
En effet, si l’on sait de l’histoire que la période moyenâgeuse qu’il existait nombres d’impôts payé par le peuple, il existait également des volontés de fournir une alimentation aux citadins à des prix accessibles, c’est ce que permettait
5 BARLES Sabine, Écologie territoriale et métabolisme urbain : quelques enjeux de la transition socioécologique, In : Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 2017/5, p. 819-836. Disponible en ligne sur : DOI : 10.3917/reru.175.0819.
6 MARIN Brigitte, VIRLOUVET Catherine, Nourrir les cités en Méditerranée – Antiquités – Temps modernes, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Edition Maisonneuve et Larose, Paris, 2003
l’annone. Dans leurs chapitre, « Histoire des politiques alimentaires urbaines en Europe, de la ville antique à la ville industrielle », Daviron et al. (2017)7 précisent que c’est bien les villes qui détenait une économie suffisamment puissante pour qu’« elles achètent et stockent des grains lors des bonnes années agricoles, et les remettent à bas prix sur le marché urbain en cas de difficultés » (ibid.,2017). Dans cette idée, les gouvernants pouvaient s'opposer à la spéculation des denrées dans le but d'assurer l’approvisionnement des citadins. Dans ce même chapitre, ils insistent sur la volonté des dirigeants de favoriser le commerce alimentaire entre la production locale et les citadins. Daviron (et al., ibid.) exposent cela en citant « les commerçants ont l’interdiction d’acheter autour de Paris dans un rayon de dix lieues pour le blé et de 20 lieues pour le vin » Aymard (1983, p1404)8, donc des mesures politiques qui cherchent à favoriser l’importation et limiter l’exportation des biens aux portes de la ville.
Cette période nous montre bien en quoi, par le bien de politique d’approvisionnement urbain, la ville se pose comme l’autorité supérieure à la campagne. Bien que dans des relations de commerce la ville se donne le droit de prélever dans l’agriculture de sa campagne qu’elle considère comme sa source de biomasse alimentaire. Enfin, au cours du XVIe siècle, les villes perdent peu à peu de leurs pouvoirs et indépendance vis-à-vis de l’autorité supérieure pour Braudel en 19499:
« Ce qui a disparu avec cette longue crise ? La ville, la cité médiévale, maîtresse de ses destins, bien assise sur sa banlieue de jardins, de vergers, de vignobles, de champs de blé, de littoraux et de routes proches »
Par la suite, au cours du XVIIIème siècle, la forte croissance démographique entraîne de forte augmentation de la demande, si bien que les politiques annonaires des villes finissent par ne plus suffire à gérer l’approvisionnement urbains, celui-ci passe alors à une autre échelle, celle de l’État.
7 DAVIRON Benoit, PERRIN Coline, SOULARD Christophe, Histoire des politiques alimentaires urbaines en Europe, de la ville antique à la ville industrielle. In : Construire des politiques alimentaires urbaines [En ligne]. Versailles : Éditions Quæ, 2017, Chapitre II, p. 43-66. Disponible sur : https://books.openedition.org/ quae/30567
8 AYMARD Maurice. Autoconsommation et marchés : Chayanov, Labrousse ou Le Roy Ladurie ?. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 38ᵉ année, N. 6, 1983. pp. 1392-1410, Disponible sur : https:// www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1983_num_38_6_411027
9 BRAUDEL Fernand, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II. Tome1, 8ème édition, Paris : Edition Armand Colin, 1949
3. Révolution industrielle; contrôle des marchés et politiques hygiénistes de
Dans un premier temps, se met en place un marché tourné vers l’exportation et favorisant les grands marchands. Cependant l’instabilité politique internationale et les guerres successives de cette période tendent à réorienter les politiques alimentaires sous contrôle national. Cela d’autant plus qu’une nouvelle préoccupation impose une modification des pratiques de productions alimentaires des villes, il s’agît des questions sanitaires.
En effet, l’urbanisation massive et les révolutions industrielles apportent leurs lot d’épidémies. En Europe entre le milieu du XVIIIe et le début du XXe, la population urbaine est multipliée par six. Tandis que l’industrie, et ses usines, se développe à grands renforts de nouvelles énergies et technologies comme le charbon et la chimie. Cela à pour conséquences en explosions des taux de pollutions de l’air, de l’eau et des sols urbains.
Le développement de microbes et bactéries est favorisé par la très grande quantité de déchets organiques que la ville produit chaque jour. Ces déchets sont d’une part liés à l’alimentation humaine mais aussi à celle des animaux en ville.
C’est d’ailleurs sur ce point que la ville va imposer son autorité avec le but de réglementer l’abattage. C’est ainsi que sont créés les abattoirs dont le contrôle est effectué par une “police sanitaire des animaux” (Daviron, 2017). Une autre nuisance devient considérable, celle des déjections des animaux nécessaires au transport, avec les bus attelés, «à Paris, le nombre de chevaux pour 1 000 habitants passe d’environ 23 à 35 entre 1820 et 1880.» (Barles, cité par Daviron, 2017)
En plus de ces considérations hygiénistes, sont cités des questions de sécurité pour les passants ou encore de nuisances sonores et odorantes. Tout cela a mené les autorités à prendre des mesures pour réduire la présence des animaux en ville. Ces mesures seront notamment aidées par des innovations techniques des transports et de la conservation alimentaire. Au tournant des XIXe et XXe, les produits frais peuvent être produits, transformés puis acheminés par chemin de fer depuis de longues distances, les chevaux de traits sont eux remplacés par l’automobile.
Ainsi, l’industrialisation et la mécanisation amènent l’autorité urbaine à repousser, en dehors de ses limites, les pratiques agricoles en conservant uniquement des liens essentiels, entrée d'alimentation et évacuation des déchets organiques.
Si l’on revient un temps en arrière, jusqu’au début du XIXe, les déchets organiques sont utilisés comme aliments pour les animaux d’élevage présents en ville comme les porcs. Les matières non comestibles sont, elles, transformées en fertilisant dans les jardins maraîchers, une pratique qui présente alors un excellent exemple de coopération entre ville et agriculture. Au trouvait encore dans les années 1870 des maraîchers qui disposaient d’un contrat avec la municipalité parisienne pour récolter, dans un quartier donné, les boues présentes dans les rues. Ces dernières, étant un mélange de terre, fumiers et paille, constituées un excellent engrais riche en éléments chimiques. Les travailleurs réalisant la collecte de ces boues étaient les premiers “boueurs” de Paris. Le produit était ensuite répandu dans des champs d’épandages. Cette pratique était bien reçu par les deux parties, puisque comme nous l’apprend Daviron (2017), le «service des Eaux et des Égouts de Paris passe en 1869 un accord avec la commune de Gennevilliers afin d’étendre les champs d’épandage, d’abord sur six hectares, puis sur 115 en 1874, [...] 422 en 1880»
Toutefois, alors que les grandes villes atteignent une population importante, les exploitations agricoles environnantes ne sont plus à même de gérer la valorisation de déchets organiques dont la quantité croît avec la population et particulièrement au début de la seconde moitié du XXe.
En poursuivant sur la question de la valorisation des déchets par les exploitations maraîchères, il faut rappeler que ces dernières étaient toutes implantées dans les faubourgs au plus proche de Paris. Hors, la période d’aprèsguerre voit un exode rural massif avec des populations qui viennent s’installer dans ces mêmes faubourgs. La pression foncière exercée par cette urbanisation massive entraîne la fermeture des fermes périurbaines.
Au début de la seconde moitié du XXe siècle, des politiques de gestion de l’espace agricole sont calquées sur celles de la ville. Par exemple, d'une certaine façon, la logique du remembrement suit celle du zonage.
Notamment avec la Loi d'orientation agricole de 1960 “assurer une structure des propriétés et des exploitations agricoles et forestières conforme à une utilisation rationnelle des terres et des bâtiments [...] avec des travaux connexes de nature à améliorer de façon rationnelle la productivité”. Ainsi, le remembrement a pour but de favoriser les gains de productivité dans l'agriculture par la constitution de grandes parcelles de terres continues, en regroupant les parcellaires dispersés et en supprimant des obstacles à la mécanisation”
Dans le même élan du remembrement rural, au cours des années 1960, la mise en place de la Politique Agricole Commune (pac) a pour but d’atteindre l’autonomie alimentaire de l’Europe, ces politique viendront ainsi financer la mécanisation et l’agrandissement des exploitations afin d’augmenter production et rendement. Au cours de la première décennie, la pac est au cœur de la CEE, elle en absorbe 70% du budget, l’accent est mis d’une part sur l’augmentation de la production et la mise en place de marchés communs afin de stabiliser les prix et atteindre une autonomie alimentaire à l’échelle de l’Europe. Dans leurs article Abis et Brun nous montre que cet objectif est atteint dès la décennie suivante, où «sur la plupart des denrées de base, l’autosuffisance est atteinte». La production devient même excédentaire à tel point que les États membres de la CEE commencent à exporter, notamment les cultures céréalières.
“Si, avec l’automobile, le rural est devenu de plus en plus urbanisé, l’inverse ne s’est pas produit. Les interactions étroites que la ville entretenait avec le monde rural et l’organique — par la présence des animaux et du maraîchage, par les activités de transformation liées à l’organique comme les abattoirs ou les tanneries, par l’utilisation des excreta urbains dans la production agricole — ont disparu au profit de la seule importation de produits alimentaires, détachés de tout rapport au vivant.” (DAVIRON, 2017)
5. Aujourd’hui l’agriurbain; prise de conscience d’une nécessaire interdépendance
A partir de la seconde moitié du XXe, de nouvelles politiques de la ville vont entraîner une modification du phénomène d’urbanisation. Tel que le présente Marie-Christine Jaillet en 201810, dans le courant des années 1970, la politique du logement se modifie et tend à favoriser l’accession à la propriété individuelle. Ceci a pour conséquence le délitement des limites de l’urbanisation. Celle-ci n’avance plus suivant un “front d’urbanisation” tel un assaillant qui force au recul de l’agriculture. On observe alors une urbanisation qui emprunte des caractéristiques au rural, la référence au village et un environnement plus végétal.
Alors que le rapport urbain/rural tend disons à s’apaiser, des études notamment celle de Kayser et Labry11 ont mis l’accent sur la possibilité de l’agriculture à “profiter” de la périurbanisation. En effet, en tant que grands propriétaires terriens, les agriculteurs ont pu bénéficier d’une certaine façon de la pression foncière. Par exemple en vendant des “parcelles-tracteurs” (Jaillet, 2018) afin de financer le renouvellement technique de leurs exploitations. Sous un autre regard, étant propriétaires de grandes surfaces de terres, les agriculteurs ont pu faire partie des négociations dans la légifération des zonages urbains. Dans ce sens, ils ont pu choisir quel terrain ils souhaitaient pouvoir vendre et lesquels protéger en vue de leurs activités agricoles. Si à cette période ces études montraient qu’une agriculture pouvait rester dans les frange de l’urbain, la question de la pérennité de ces exploitations se posaient tout de même.
Cependant, les considérations éco-environnementales des dernières décennies sont venues changer la donne de façon assez marquante. Et ceci c’est opéré à partir de deux branches.
D’une part venant d’une nouvelle génération d’agriculteurs, soucieux de la pérennisation économique de leur activité en reprenant la main sur la 10 JAILLET Marie-Christine, L’agriculture urbaine, la fin d’un oxymore ?, In VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [mis en ligne le 05 septembre 2018], Hors-série 31 | septembre 2018, Disponible sur : https://doi.org/10.4000/vertigo.22446, consulté le 25 Janvier 2023 11 Kayser Bernard et Geneviève Schektman-Labry 1982, La troisième couronne périurbaine : une tentative d’identification, in Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 53, fascicule 1, Périurbanisation, pp. 27-34., DOI : https://doi.org/10.3406/rgpso.1982.3673
commercialisation de leurs produits. Mais également remettant en question l’agriculture intensive industrielle potentiellement nocive pour la santé, des producteurs comme des consommateurs. D’autre part, du côté des urbains est montée la volonté de trouver une alimentation plus saine et dont la provenance peut être retracée. La convergence des intérêts entre producteurs et consommateurs a mené à la promotion des premiers circuits courts. Ceci favorisant la valorisation de l’agriculture au contact de la ville.
Ensuite, ces initiatives citoyennes ont orienté de nouvelles politiques de la ville qui se sont mobilisés en faveur des enjeux éco-environnementaux. En premier lieu par une approche expérimentale, la réintroduction de l’agriculture dans la ville sur des parcelles spécifiques pour valoriser des vides urbains. En intégrant cela dans des planifications urbaines les décideurs ont rapidement pu constater les capacités de ces démarches pour favoriser le maintien de la biodiversité et des écosystèmes.
En ne considérant plus les espaces végétalisés comme de simple vides ou creux, “Il leur est reconnu diverses fonctionnalités, paysagère, de respiration, de loisirs, mais également nourricière”(Jaillet).
Finalement, cet espace hybride dans les franges de l’urbain, cet “agriurbain”, a permis de passer d’une figure de la ville dominante à celle qui inter-agît et cherche à développer des synergies avec une agriculture présente sur son territoire.
“l’agriculture, après avoir accompagné l’urbanisation puis avoir été repoussée par celle-ci, reviendrait comme aux premiers temps aux sources de la conception des villes. D’une manière forcément différente, plus imbriquée, plus résiliente”. THIBAULT Christian, 201712
12 THIBAULT Christian, Le retour de l’agriculture en ville, in L’Institut Paris Region, Les Cahiers n°173, Une métropole à ma table. L’Île-de-France face aux défis alimentaires. [Mis en ligne le 10 Mars 2017]. Disponible sur : https://www.institutparisregion.fr/nos-travaux/publications/une-metropole-a-ma-tablelile-de-france-face-aux-defis-alimentaires/
Pour finir, si pour “l’agriculture périurbaine”, «on peut parler d’une agriculture rejointe par la croissance urbaine» (Donadieu, Fleury, 1997)13 .
Dans le cadre de “l’agriculture urbaine”, ce n’est pas tant la localisation géographique relative à l’urbain qui importe, mais bien l’idée d’une activité agricole dont les acteurs, ressources et produits sont d'origine ou à destination du milieu urbain.
En 2022, le bureau de recherche Exp’AU propose dans son guide une catégorisation des agricultures urbaines en trois typologies14. De cette approche nous pouvons alors constater que ces pratiques agricoles n'ont pas pour seul but d'alimenter la ville mais bien de répondre à tout un ensemble de ses besoins. Nous proposons alors de croiser cette catégorisation avec un regard multiscalaire des agricultures urbaines afin d'identifier leurs innovations.
Agricultures urbaines non-marchandes
- Jardin collectifs
- Poullaillers collectifs
- Végétalisation comestible
Agricultures urbaines servicielles
- Micro fermes multifonctionnels
- Jardins pédagogiques et à visée thérapeutique
- Éco-pâturage
- Ruchers urbains
Fig. 1 Trois typologies d’agricultures urbaines.
Bertrand et al., 2022
Agricultures urbaines marchandes à vocartions productive
- Fermes maraîchères
- Fermes hydroponiques
- Fermes cavernicoles
13 DONADIEU Pierre, FLEURY André. L’agriculture, une nature pour la ville ?. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°74, Natures en villes, 1997. pp. 31-39. Disponible sur Persée : https://doi. org/10.3406/aru.1997.3117
14 BERTRAND Lisa, GIACCHE Giulia, AUBRY Christine. Développer des projets d’agriculture urbane avec la méthode Meth-Expau, Ed. Quae, 2022
III. Un vecteur d’innovations
• INNOVATION*, n. f. : Du bas latin, innovatio « changement, renouvellement » Action d’innover, résultat de cette action. Cette mesure, cette disposition constitue une innovation.
• INNOVER*, v. intr. : Du latin innovare, “renouveler”.
Introduire du neuf dans quelque chose qui a un caractère bien établi.
Introduire quelque chose de nouveau dans l’usage, dans une pratique, dans un domaine particulier. Innover en politique, en art. Ils veulent innover en tout. Chercher à innover.
• Les jardins associatifs, agriculture urbaine non-marchande
Réunis en deux grandes familles: D’une part les jardins familiaux, de l’autre les jardins partagés.
Les premiers, apparus durant la Révolution Industrielle sous le nom de jardins ouvriers, voient le jour par la volonté de certains philanthropes et ecclésiastes, notamment l’abbé Lemire avec pour volonté de développer des valeurs (attachement à la terre, subvenir à sa famille, réduire la misère économique) mais aussi installer un certain contrôle de la population avec pour but limiter, l’oisiveté ouvrière et l’alcoolémie trop élevée de cette population jugée menaçante pour l’ordre public15. La première moitié du XXe, période de crise dû aux Guerres Mondiales, est propice au développement de ces jardins potagers au plus proche des zones industrielles et des ouvriers qui y travaillent. En revanche, la période suivante des Trentes Glorieuses voit le déclin massif de cette pratique. Cela peut être assimilé à différents facteurs, d’une part la croissance économique offre aux populations les moins aisées un plus grand pouvoir d’achat, d’autre part l’urbanisation massive entre en conflit avec des
15 Amélie Deschamps, Aménager la ville par le jardinage : la végétalisation participative de Lyon, Géoconfluences, juin 2019. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiersregionaux/lyon-metropole/articles-scientifiques/jardinage-vegetalisation-participative-lyon
espaces, aux statuts particuliers entre privé et public16. Alors qu’ils deviennent relayés à des espaces gênants ou de réserves foncières ils sont de moins en moins utilisés jusqu’à forcer le pouvoir public à renommer ceux-là en “jardin familiaux”17 Dans le but de leurs insuffler un nouvel intérêt.
Ainsi, de cette origine de jardins nourriciers et espace de détente pour les ouvriers découle d’un point de vu légal, un ensemble de « terrains divisés en parcelles, affectés par les collectivités territoriales ou par les associations à des particuliers y pratiquant le jardinage pour leurs propres besoins et ceux de leur famille, à l’exclusion de tout usage commercial»18.
Sous un autre regard se trouve les “jardins partagés”. Cette forme de pratique, plus récente, émerge à priori sous l’essor des Community Garden nordaméricain. En France un premier forum du jardinage et de la citoyenneté se tient à Lille en 1997, c’est à la suite de celui-ci que se concrétise la définition de ces lieux. Ceux-ci portent en bannière un rôle social, en faveur du développement de la relation avec la nature, entre les Hommes et l’appropriation de leurs cadres de vie. Ce sont donc, tel que le définit la proposition de loi du 14 Octobre 2003 le décrit, des « jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives et étant accessibles au public. » .
Il est intéressant d’observer que cette pratique est “internationale”. En Mars 2023, alors en année erasmus à Rome, les recherches en amont de la rédaction de ce mémoire nous ont amenées à découvrir le Largo Verratti, un jardin partagé de 3.500m² composé d’une centaine de parcelles à jardiner. En échangeant avec des utilisateurs, l’ont apprend que ce lieu résulte d’une vocation des habitants du quartier à s’approprier et entretenir un un espace abandonné par la mairie. Cette communauté de citoyens ce sont alors unis en une association est on porté un projet de valorisation d’un délaissé urbain.
16 CONSALES Jean Noël, Des jardins ouvriers au jardinage de rue : pour une géohistoire des jardins collectifs à Marseille », In In Situ [En ligne], 37 | 2018, mis en ligne le 12 décembre 2018, Disponible sur : http://journals.openedition.org/insitu/19252, [consulté le 17 octobre 2023]
17 Loi n° 52-895 du 26 juillet 1952 portant codification de la législation des jardins familiaux.
18 Art. L. 561-1. de la proposition de loi relative aux jardins collectifs du 14 octobre 2003
Dans leur article, La fonction alimentaire des jardins associatifs urbains en question (Pourias et al. 201219), les auteurs dressent le portrait de cette pratique notamment dans le contexte parisien. On comprend ainsi qu’il existe un grand nombre de profils différents, tant par la taille de ces jardins que par leur organisation interne, règlement stricte ou non, parcelles collectives ou individuelles. Ensuite, ces jardins étant par essence des lieux de mixité, il attirent et rassemblent une grande diversité de jardiniers. Ainsi ces espaces répondent à une variété de fonctions tel que «Investir un nouvel espace, rencontrer, partager un projet, produire des aliments exotiques, sains ou gouteux, etc.» (Liste de ces fonctions en annexes, Pourias et al. 2012).
Ainsi qu’il soient « familiaux » ou « partagés » on constate que les jardins collectifs ne sont pas tant des lieux à vocation de production alimentaire que des espaces à même de porter une « innovation ordinaire »20. En effet, N. Alter entend par ce terme qu’une innovation n’a rien d’un processus extraordinaire visant un certain progrès. Sa conception rapproche l’innovation à un processus ordinaire porté par des acteurs modestes ou « bricoleur » comme l’entend Claude Levi-Strauss (1962)21. Selon ce dernier dans La pensée sauvage : « Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées [...] et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les moyens du bord ».
19 POURIAS Jeanne, DANIEL Anne-Cécile, AUBRY Christine, « La fonction alimentaire des jardins associatifs urbains en question », In Pour, 2012/3-4 (N° 215-216), p. 333-347, disponible sur CAIRN : https://www.cairn.info/revue-pour-2012-3-page-333.htm
20 ALTER Norbert, L’innovation ordinaire. Presses Universitaires de France, Coll. Quadrige, 2010, Disponible sur CAIRN : https://www.cairn.info/l-innovation-ordinaire--9782130583530.htm
21 LEVI-STRAUSS Claude, La Pensée sauvage, Paris : Édition Plon, 1962
• Conclusion échelle humaine
Pour finir, si l’on se concentre sur une petite échelle, au plus proche de l’humain, il semblerait que penser à une agriculture urbaine revient à approcher une pratique agricole en ville par et pour les habitants. Cette démarche présente ainsi deux intérêts majeurs. Le premier est social, ces espaces deviennent des lieux de rencontres favorisant la mixité sociale et générationnelle tout en offrant un espace d’expérimentation et de sensibilisation aux enjeux environnementaux.
Ceci est notamment le deuxième intérêt de cette agriculture urbaine. En effet, cette pratique citoyenne est portée par la volonté d’une alimentation saine et donc d’une agriculture saine et durable qui favorise la biodiversité dans la ville.
Si l’on observe ces jardins comme un réseau, ainsi mis bout à bout, ces espaces végétalisés participent également à la lutte contre les îlots de chaleur urbains tout en permettant l’entretien d’espaces verts souvent publiques.
Enfin, comme nous l’avons vu, l’idée d’une production qualitative semble l’emporter sur la dimension quantitative. Aussi, en interrogeant l’agriculture urbaine à une petite échelle, au plus proche de l’Homme et de sa relation à la terre, il semble que cette pratique apporte des innovations socio-écologique en s’appuyant sur une certaine idée du low-tech
Nous allons par la suite voir comment les gouvernants urbains transposent ces intentions citoyennes à une échelle plus importante. Une agriculture urbaine, comme objet urbain notamment par des innovations architecturales.
• ARCHITECTURALE*, adj.: Qui est relatif à l’architecture.
• ARCHITECTURE*, subst., fém. :
a_Art, science et technique de la construction, restauration des édifices.
b_Par analogie ; Principe d’organisation, de structure d’un ensemble.
Alors que l’on tourne notre regard sur la présence et l’impact de l’agriculture dans les espaces urbanisés, il est intéressant d’observer la dimension spatiale et architecturale de notre sujet. La définition même du terme architecture nous présente deux directions ou aspects. D’une part la réalité constructive d’un édifice agricole en cœur de ville, quel est son aspect technologique et programmatique ? D’autre part, sous un regard intellectuel ou théorique, comment l’espace agricole en ville peut-il structurer, organiser, valoriser un cadre de vie et appuyer des phénomène de transition ?
Afin de répondre à ces questions, nous allons étudier deux projets réalisés au cœur de la métropole parisienne.
• La Ferme du Rail, Rue de l'Ourcq, Paris 19ème arrondissement
• La Cité Maraîchère, Quartier Marcel-Cachin, Romainville
Un équipement résolument Low-tech
“La Ferme du Rail est un équipement de quartier autour de l’agriculture urbaine qui valorise par une production maraîchère les déchets organiques collectés. Un lieu de rencontre, d’hébergement et de formation ” (Grand Huit)
L’élan de ce projet se trouve dans le premier appel à projets urbains “Réinventer Paris” de 2014. Cette démarche, initiée par la mairie de Paris, incite les maîtrises d’ouvrage privés, promoteurs, investisseurs et concepteurs à présenter des idées de transformation de sites parisiens. Ces projets ont pour maître mots de faire preuve d’inventivité et d’innovation pour projeter la ville de demain, ses nouvelles façons de construire, travailler, habiter.
Dans les intentions originales de “Réinventer Paris” ne figure aucune imposition programmatique ou morphologique, il est simplement fait état de “la présence de la Petite Ceinture, ilôt de fraicheur et potentiel de biodiversité dans la ville, qui est à considérer.”
Le site en question, est une parcelle de 1300 m², située au 2 bis rue de l’Ourcq, entre le canal de l’Ourcq et l’avenue Jean Jaurès dans le 19ème arrondissement. Accrochée à la Petite ceinture, le terrain est une friche appartenant à la SNCF, abandonné depuis longtemps.
Difficile à imaginer aujourd’hui et pourtant, le secteur du canal de l’Ourcq était dans la seconde moitié du XIXe siècle, le quatrième port de fret fluvial français, acheminant biens et marchandises à la capitale. En ajoutant à cela les abattoirs de la Villette, on peut imaginer l’important essor industriel qui a entraîné la transformation morphologique et sociale de l’ancien faubourg. Ateliers, usines, entrepôts, autant de lieux qui mènent à l’installation d’une population ouvrière. Celle-là même qui par la suite trouvera place dans les habitations bon marché construites au XXe siècle dans cet arrondissement qui reste encore aujourd’hui largement doté de ces logements sociaux (42% des résidences principales en 2019)22 .
Héritant de cette concentration d’une classe populaire, on trouve aujourd’hui un tissu associatif très actif, les habitants se réunissant autour d’activités culturelles et solidaires. C’est au sein d’une de ces associations que naît le collectif qui porte le développement du projet.
L’équipe
À l’initiative du projet, Clara et Philippe Simay, elle architecte lui enseignant de philosophie en école d’architecture. Le couple vit, travaille, habite le quartier et ses associations. Tel qu’une Amap dont est également adhérent Yves Reynaud, directeur de l’entreprise d’insertion Travail et Vie et qui collabore avec d’autres entités qui deviendront les piliers du projet de la Ferme du Rail.
Nous pouvons citer notamment l’association Bail pour Tous qui se donne comme mission l’accompagnement au logement social et qui s’occupe dans le projet de la gestion locative. Il y également les différents organes qui composent cette association comme Réhabail, une société coopérative sociale qui opère les missions de maîtrise d’ouvrage. Atoll 75, une autre association affiliée, intervient auprès des personnes sans abri et amorce leur insertion sociale. Enfin, Travail et Vie vient assister ces même personnes en difficultés sociales en assurant leur réinsertion par une activité professionnelle de prestations de service en entretien d’espace vert.
Certains des membres des différentes entités se sont aujourd’hui réunis pour former une agence d'architecture, la coopérative Grand Huit qui réunit “architectes, paysagistes et chercheurs de l’urbain”23 .
22 Apur : logement social Disponible sur : https://www.apur.org/dataviz/offre-logement-social/
23 Grand Huit architecture Disponible sur : https://grandhuit.eu/notre-manifeste/
Le projet
La parcelle et le tronçon de la Petite Ceinture en question, dont l’accès était officiellement interdit mais toléré, a été exploité par les habitants du quartier.
A travers la proposition du projet, l'agence Grand Huit avait pour objectif de permettre aux riverains de se réapproprier pleinement cet espace via une installation qui ne soit pas le résultat d’une commande mais bien une volonté par et pour les habitants.
Dans le livre retraçant le déroulement du projet24 Clara et Philippe Simay (2022) présentent deux agences d’architecture qui ont été source d’inspirations.
D’un côté la démarche de Patrick Bouchain pour qui :
« La première chose à faire est de regarder qui dans la proximité de ce qui va être construit est capable de réaliser cet ouvrage : un habitant, un artisan, une entreprise qui pourrait être acteur, avec d’autres, de la transformation de son environnement. Ensuite, il faut repérer qui, aux alentours, se servira de cet ouvrage, s’en occupera, le revendiquera comme un équipement lui appartenant et où il invitera d’autres habitants plus éloignés ou différents de lui. »25 (2006)
24 SIMAY Clara & Philippe, La ferme du Rail : Pour une ville écologique et solidaire, Pref. de Baptiste LANASPEZE, [Texte imprimé] Arles : Actes Sud, 2022, 197 p., Coll. Domaine du possible
25 BOUCHAIN Patrick, Construire autrement, Arles, Actes Sud, Coll. L’impensé, 2006
D’un autre côté, la pratique de l’atelier Rural Studio associé à une école d’architecture locale. Les étudiants y sont impliqués dans des projets de logements pour les personnes les plus démunies. Des maisons qu’ils conçoivent et réalisent eux-mêmes avec les futurs habitants. Ces derniers n’ayant pas ou peu de revenu, cela implique de faire avec le minimum de moyen et bien souvent en réemploi. Il est donc question de faire preuve d’inventivité en employant les ressources locales sans couper court à leur volonté d’esthétisme architectural. Pour Samuel Mockbee, fondateur de l’agence, l’architecte à un devoir déontologique d’assistance à autrui, fournir un toit. D’une certaine façon il développe une pratique architecturale qui cherche à combiner écologie sociale et environnementale.
C’est en s’appuyant sur ces notions que le projet de la Ferme du Rail s’initie. Ses concepteurs souhaitant valoriser une architecture durable en éco-construction qui intègre des programmes à valeur sociale et solidaire. Le fondement agricole du projet venant du site en question, son lien à la Petite ceinture et sa capacité à être une réserve de biodiversité.
De ces aspirations découle la volonté de trouver des partenaires locaux aux pratiques durables pour la réalisation des bâtiments. Par exemple, la réalisation des bardages est transmise à la Scop d'insertion APIJ-Bat qui propose des chantiers d'insertion et de formation par apprentissage. Les matériaux euxmêmes proviennent d'une entreprise artisanale qui façonne le bois de chataigner à la main. Nous pouvons également citer la structure du bâtiment, réalisé en ossature bois ou encore l'isolation paille.
De ce fait, en rejoignant ces notions, constructions durable, aspiration sociosolidaire et valorisation du vivant, le programme de la première ferme urbaine de Paris voit le jour, en faveur d’un lieu de référence sur l’agriculture et l’écologie urbaine et un centre d’hébergement et de réinsertion sociale.
Les activités de la Ferme26:
• Valorisation des déchets organiques de la ville.
Collecte quotidienne en vélo cargo auprès des restaurateurs et commerçants du quartier. Les travailleurs de la ferme sont formés pour devenir des ‘’maitres composteurs’’. Le but étant de permettre à la ferme de produire son propre substrat et ainsi cultiver sur un sol fertiles, non pollués.
• Compostage
Le lieu est également imaginé comme un espace d’information et de formation pour les habitants du quartier, ses écoles et associations. Notamment au compostage et maraîchage privé qui trouve de nombreux adeptes dans les différents jardins partagés de l’association Jardizneuf.
• Une production diversifiée et écologique.
La ferme en polyculture s’appuie sur des méthodes innovantes et durables adaptées à la culture en milieux urbains, (agroécologie, permaculture, aquaponie, production en serre de semis et légumes. plantation des talus de diverses baies à glaner ou de courges en fonction des saisons.
• Espaces verts
L’entretien des espaces verts étant une des pratiques portées par Travail et Vie pour l’insertion, cela vient alimenter une autre activité de la ferme et de ses futurs travailleurs tout en pouvant nourrir le compostage.
• Un restaurant, Le Passage à niveau
26 La Ferme du Rail, Disponible sur : https://www.fermedurail.org
Le restaurant est voulu comme lieu de convivialité, promouvant une alimentation saine et accessible. De ce fait, le restaurateur est encouragé à participer aux choix des cultures produites sur place et élaborer ses menus en cohérence avec la production, à défaut de possibilité il se limite aux productions franciliennes. Le Passage à niveau est ainsi un un restaurant ouvert à tous dans un îlot de verdure, une cantine pour les travailleurs de la Ferme et un lieu de sensibilisation à une alimentation en circuit court.
• Centre d'Hébergement
Comme prévu et sous l’impulsion de l’association Atoll 75, le lieu est un centre d’hébergement solidaire accueillant des personnes en insertion ainsi que des étudiants. En tout ce sont 20 logements qui sont créés et prolongés d’espace partagé tel que salons communs, buanderie et cuisine.
Par sa dimension professionnalisante, la Ferme permet aux personnes en insertion d’être formées par des ‘’éducateurs jardiniers’’ afin d’assurer le travail agricole, la valorisation des déchets organiques ainsi que l’entretien d’espaces verts, secteur qui semble être en manque constant de main d’œuvre qualifiée.
Enfin, dès ses prémices, ce projet a cherché à s'annoncer à s'insérer dans le quartier. La démarche de valorisation des déchets organiques a été mise en place en amont du chantier afin d'amorcer la présence de la ferme auprès des commerçants et habitants locaux. Cela a permis également de préparer le substrat sur lequel pousse les cultures aujourd'hui.
Dans l'idée d'insérer le projet dans sa dimension territoriale une autre expérimentation s'est développée. Suivant le modèle des Amap, la Ferme s'est liée avec l’association Marché sur l’eau. Celle-ci vise à acheminer par barge électriques des denrées produites le long du Canal de l’Ourcq, jusqu'à 100 km de Paris et vendu dans différents points de chute, la Ferme devenant l’un d’eux. Voyant que la barge repartait à vide, les porteurs du projet ont alors joint l’activité de compostage à l’association. A ce moment, les “fermiers du rail” de Travail et Vie collecte et transforme les biodéchets afin que ceux-là soient retournés aux producteurs en amont du canal. Cependant, cette volonté d’une opération synergique, rappelant le fonctionnement des maraîchages, finira par s'essouffler. En effet, les exploitants souhaitaient obtenir des déchets frais, non valorisés, afin de réaliser en même leurs propres compost plus en lien avec leur différentes
cultures. Cela nécessitait un stockage important de déchets dans Paris que ni la Ferme du rail ni Travail et Vie ne pouvait alors financer.
La dimension agricole du projet n'est finalement pas tant nourricière. Selon Thibauld Delaunay, cadre technique sur site, alors que toute la production vivrière de la Ferme est vendue au restaurant, cela ne représente qu'un apport minime en vue des 150 couverts journaliers que le restaurant prépare en moyenne.
La Ferme du Rail se présente ainsi d'avantages comme un équipement urbain low-tech, solidaire et social, sur fond d'activités agricoles, une innovation architecturale pour définir un modèle d'agriculture urbaine servicielle.
« Nous avons l'espoir que ces lieux créateurs d'emploi et de solidarité, respectueux du vivant, tels qu'ils émergent discrètement ici et là prennent toute leurs place et soient valorisée dans les métropoles : non plus tels des projets innovants, exceptionnels ou relégués dans les espaces urbains périphériques, mais ancrés au cœur des villes dont ils deviendraient la trame structurante. » (SIMAY, 2022)
Un équipement Green-tech ?
Développé par l'agence d'architecture ilimelgo, la Cité Maraichère est le résultat de la vocation de la mairie de Romainville de doter sa ville d'une ferme verticale. Le projet est implanté dans le quartier Marcel-Cachin, réhabilité en 2017 dans le cadre d'un projet ANRU. Dans ce quartier, la Cité Maraîchère se présente comme un équipement public, au même titre que les Maisons des Retraités ou de l'Enfance, la Médiathèque ou encore son Gymnase.
Tout au long de son processus de conception, ce projet a suscité de fortes réactions à son encontre, «À 16 tonnes par an de carottes « envisagées », le bâtiment va devoir cependant fonctionner durant de très nombreuses années pour équilibrer ne serait-ce que l’impact écologique de sa construction !». Et il est vrai que sous ce regard, un bâtiment qui veut exposer aux habitants une alimentation saine et de qualité semble assez paradoxal dès lors qu'il prône un retour à la terre en faisant pousser des légumes hors-sol jusqu'au sixième étage.
Toutefois, cela reviendrait à regarder ce projet uniquement comme une ferme de production alimentaire, or cet équipement appelle bien d'autres dimensions de l'agriculture urbaine. « Les objectifs de Corinne Valls, maire de Romainville à l’origine du projet, étaient multiples : favoriser les circuits courts, créer de l’emploi, garantir aux habitants une alimentation de qualité, générer une économie sociale et solidaire et sensibiliser la population sur la gestion des ressources en énergies. » (Chroniques d'architecture, 2022)27.
• Construction bioclimatique
Si l'aspect du bâtiment interpelle, empruntant autant au registre de l'industrie qu'à celui de la serre, il se veut aussi rationnel et efficace que possible. Les façades vitrées supportent un système de protection solaire couplées à un « système de gestion bio-climatiques des zones de cultures (sondes, capteurs, etc.). Des panneaux mobiles en toiture permettent également d'adapter les apports calorifiques en journées et limiter les déperditions nocturnes. Cet ensemble permet d'obtenir un environnement optimal de culture sans recours à un système de chauffage. Couplé à cela se trouve un système de récupération des eaux de pluie qui apporte 40% de l'irrigation. Enfin, l'emploi de matériaux biosourcés pour l'isolation complète les intentions de construction durable.
Fig. 8 La Cité Maraîchère, une façade active Détail technique de Ilimelgo
27 Chroniques d'architecture, par la rédaction, A Romainville, Cité Maraîchère signée ilimelgo et secousses, In Chroniques d‘architecture, [mis en ligne le 12 Mars 2022], Disponible sur :https://chroniquesarchitecture.com/romainville-cite-maraichere-ilimelgo-secousses/
• Production maraîchère et innovation agronomique
Alors que la Ferme du Rail a fait le choix d'une multiplicité programmatique (ferme agricole, logement, activités d'insertion, etc.), la Cité maraîchère propose plusieurs activités, toutes en lien avec l'agriculture. A l'intérieur des bâtiments, l'on retrouve 700m² de maraîchage en bac hors-sol, remplis d'un substrat dont la composition a fait l'objet de recherches en partenariat avec AgroParisTech.
De ce partenariat, Christine Aubry, agronome, expose dans un entretien que «le projet avait évacué le recours à un système hydroponique (faire pousser un végétal dans un substrat inerte, type billes d’argile + arrosage de ce végétal avec de l’eau fertilisée). Aujourd’hui, ce système, très productif, est bien maîtrisé depuis longtemps. Ces systèmes, sous serre hydroponique, sont très communs mais peu naturels» (Aubry, 2019)28. Finalement la culture en bac est plus simple et "naturel", elle ne nécessite pas une main d'œuvre à la qualification spécifique.
Fig. 9 Espace public (en rose) et espaces de production (en vert) Axonométrie de Ilimelgo
A l'avenir, l'amendement est réalisé avec du compost issu de la revalorisation des biodéchets de la Cité Maraîchère et du quartier (entretien des espaces verts, résidu de production ou de transformation, compostage).
Un espace de 130 m² en sous-sol, pour la culture d'endives et champignons, complète les espaces de production agricole. Au total c'est bien 40% de la surface qui est dédiée à une production maraîchère de fruits et légumes de saison.
Notons que cette idée de légumes de saison peut être adaptée par l'édifice. En effet, la balance entre low-tech de la construction bioclimatique et de et high-tech des systèmes de gestion du bâtiment permettent la création de microclimats à l'intérieur. Nicolas Baudez,
28 AUBRY Christine, Entretiens de..., In : La Cité maraîchère, 2019, Disponible sur : https://www. lacitemaraichere.com/images/Image/File/Interview-Christine-Aubry-AgroParisTech.pdf
chargé du pôle production nous apprend par exemple que « la saison des courgettes peut être avancée de six semaines et prolongée d'autant. »
Ainsi la conception de l'édifice permet une production agricole protégée des aléas climatiques. et dont les denrées sont vendues au marché de la Cité chaque semaine. Notons que l'opération vise le zéro déchets, les produits non vendus sont soit transformés en cuisine soit redistribués à des associations.
• Des espaces ouvert au public et à vocation pédagogique
Fig. 11 La Cité Maraîchère, un équipement actif Plan du rdc de Ilimelgo
Alors que sous-sol et étages supérieurs sont dédiés à une production maraîchère marchande, les espaces du rez-de-chaussée se veulent ouverts au public. En interrogeant les acteurs sur place l'on comprend que c'est même la volonté principale du projet, toujours d'après M Baudez, « Depuis l’ouverture, [soit neuf mois] nous avons produit 1,2 tonnes de légumes, ce qui reste insuffisant pour nourrir toute la population du quartier », cependant il ajoute que « notre rôle est d’abord de faire évoluer les habitudes alimentaires de la population romainvilloise » (. C'est dans le cadre de cette démarche pédagogique que l'on retrouve un ensemble de jardin potager en extérieur, une serre au rdc et une grande salle modulable disposant d'une cuisine.
La Cité Maraîchère propose ainsi un ensemble d'ateliers scolaires préparés selon les niveaux, de la petite enfance aux lycéens. Ces moments pédagogiques sont financièrement pris en charge par la mairie pour les établissements de Romainville, et proposés aux autres selon une grille tarifaire. La volonté de cette démarche est de faire de Romainville une forme de laboratoire pour la transition sociale et alimentaire en sensibilisant les citoyens dès le plus jeune âge. Toutefois le projet ne s'arrête pas aux scolaires puisque les espaces et ateliers sont réservables également pour les entreprises et associations.
Enfin, des événements gratuits, hebdomadaires et ponctuels, complètent l'ouverture au public de cet équipement. Nous pouvons par exemple citer les ateliers de maraîchage présents tous les vendredis ou encore les ateliers du samedi (programme en annexe) portant sur une variété de sujets comme le compostage ou la cuisine de produits peu connus.
Pour finir, comme l'ont avancé certaines critiques (Védrennes, 2020), le système économique de ce projet ne permet pas aujourd'hui de le rendre rentable. Mais encore une fois, bien que le projet prenne la forme d'une ferme urbaine productive et marchande, ce n'est pas là sa finalité. En effet, la Cité Maraîchère est un équipement public, au même titre qu'une bibliothèque, et en ce sens il apparaît normal que ce projet fonctionne à l'aide de subvention. Notamment car l'objectif de rendre des services à la ville et ses citoyens, des services en faveur d'une sensibilisation et apprentissage de la transition sociale, solidaire et alimentaire.
Cette démarche de transition s'inscrit notamment dans un temps plus long et à une échelle plus importante. En effet, la Cité Maraîchère sert de point de repère, de démonstration et de participation citoyenne au retour de l'agriculture en ville tel que cela est prévu dans le cadre du renouvellement urbain d'un autre
quartier de Romainville. Dans cette démarche, les acteurs de la Cité Maraîchère vont mettre en place et suivre le déploiement d'un verger, une bande potagère et un local de transformation alimentaire. Trois espaces publics au cœur du projet de renouvellement urbain du quartier Youri-Gagarine. Projet qui a été lauréat de l'appel à projet Quartier Fertile, ce dernier porté par l'anru vise à soutenir des initiatives d'agricultures urbaines au sein de projets de renouvellements.
En regardant l’agriculture urbaine sous le prisme de l'innovation architecturale, nous observons des projets aux programmes variés. Dans nos exemples, l’un est privé à destination mixte, l’autre est un équipement public. Cependant, sur le point architectural, tous deux semblent produire des objets urbains qui font office de signal. De par leurs implantations, morphologies et programmations, ils exposent et mettent en valeur la présence d’une activité agricole en ville. Ensuite nous avons vu que le premier projet approvisionne une partie d’un restaurant quand le second revend des denrées à quelques centaines de foyers. Aussi, la production maraîchère de cette agriculture urbaine ne semble pas avoir pour finalité une dimension nourricière de grande envergure. Toutefois, ces deux projets se rejoignent dans leurs capacité à soutenir une économie solidaire, sociale et locale, dans leur intention de sensibiliser la population aux enjeux contemporains de l'agriculture ainsi que la volonté de nourrir une transition des habitudes alimentaire.
Enfin, si les projets présentés ont pu paraître anecdotiques selon certaines critiques, ils font tout de même office de prototypes à même d’être reproduit, généralisé voire au cœur de projets d’une échelle urbaine de plus grande envergure.
Pour continuer, si nous nous interrogeons sur la capacité nourricière de l’agriculture urbaine, il semble qu’il soit nécessaire de considérer une échelle plus importante et insérer la ville non dans sa dimension urbaine, dense mais dans son territoire.
∙
• TERRITORIAL, ALE*, adj. :
a_Qui a rapport à l’aspect physique d’une région
b_Qui à rapport à une subdivision administrative d’un territoire
• TERRITOIRE*, subst. masc. : Du latin territorium « id. », Dérivé de terra «terre».
a_Étendue de terre, plus ou moins nettement délimitée, qui présente généralement une certaine unité, un caractère particulier
b_Espace borné par des frontières, soumis à une autorité politique qui lui est propre
c_Lieu, espace qu’une personne considère comme sien, où elle se sent à l’aise
Si l’on reprend les définitions, les notions ‘‘territoire et territoriale’’ nous renvoient à deux champs. D’une part, ces notions ont une dimension juridique et opératoire, dans ce cadre-là l’agriculture peut être observée comme une pratique, une activité qui produit des richesses à partir de l’exploitation du sol et de ses ressources, une activité du secteur primaire qui doit répondre et se conformer à un ensemble de règles.
D’autre part, territoire et territorial ont un rapport à un aspect physique, soit la forme de la terre, qui revêt alors une certaine continuité, un caractère particulier. Dans ce sens, l’agriculture peut être vue comme un ensemble de pratiques communes à cet ensemble géographique. C’est alors une activité qui façonne le territoire tout en ayant un certain impact sur celui-ci.
Comme nous l’avons vu, les milieux urbains se sont initialement développés au sein de territoires aux sols été particulièrement fertiles, à même de supporter une agriculture. Si la mondialisation, l’industrialisation et les progrès en terme de conservation et transport ont induit une dissociation des rapports ville/ agriculture, ces aires agricoles n’en restent pas moins présentes autours des villes.
Alors que la population urbaine tend à poursuivre sa croissance démographique, l’étalement urbain devient une question majeure à laquelle doivent répondre toutes les villes et métropoles. Que ce soit dans le but de limiter les émissions
de carbone induit par les déplacements tout comme réduire au minimum l’artificialisation des sols et notamment des terres arables.
Dans le même temps, l’urbanisation massive et les découpages administratifs, depuis la création des régions aux regroupements de communauté d’agglomérations, ont mené à l’organisation contemporaine de notre société. Soit un système de villes élargies qui rassemble sous une gouvernance commune milieux urbains dense et périurbains. Hors selon Monique Poulot (2014)29 «75% des surfaces agricoles se trouvent dans des territoires urbains et périurbains» (recensement général de l’agriculture, 2010). Bien que cette donnée soit discutable car résultante d’un zonage qui considère comme périurbaine toute commune dont une majorité de la population travaille dans un pôle urbain sans autre regard sur la spécificité de ces milieux. Néanmoins, cela nous indique qu’une part très importante des aires agricoles se trouvent sur le territoire des villes élargies qui deviennent donc le lieux des négociations autour de l’agriculture.
Les récentes crises économiques, géopolitiques ou sanitaires montrent l’intérêt d’une agriculture qui s’adresse en priorité à son territoire et son milieu urbain, qu’il soit dense ou périphérique. Ce retour d’un rapprochement, au sein d’un territoire, entre agriculture et ville nous permet d’envisager une agriculture urbaine à une échelle territoriale dont les innovations répondent aux enjeux contemporains qu’ils soient d’origine économique, écologique ou même social. Afin d’observer ces innovations nous allons nous appuyer sur un cas particulier, celui du plateau de Saclay.
29 Monique Poulot. « Agriculture et acteurs agricoles dans les mailles des territoires de gouvernance urbaine : nouvelle agriculture, nouveaux métiers ? », Espaces et sociétés, vol. 158, no. 3, 2014, pp. 13-30. https://doi.org/10.3917/esp.158.0013
Le plateau de Saclay aux portes de Paris, 20km à vol d’oiseau de NotreDame, se présente comme une immense clairière agricole dont la superficie est égale à celle de Paris intra-muros. Dans son recueil d’entretien30,Pierre Veltz, Président de l’établissement public Paris Saclay de 2009 à 2015, nous présente la constitution du plateau tel que nous pouvons le voir aujourd’hui. Tout d’abord, ce territoire, ses habitants et paysans ont historiquement résisté aux volonté d’aménagement étatique. Sur ce plateau, berceau de l’aviation française, les paysans dressaient des piques dans les champs pour perturber les aires de décollage au début du XXe. Après-guerre, Joliot-Curie dû se rendre en personne devant les maires et agriculteurs du plateau qui s’opposaient à l’implantation du centre de recherche du Commissariat à l’Energie Atomique. Enfin, c’est à cause ou grâce à cette tradition de résistance que le projet de ville nouvelle de Delouvier, dans les années soixantes, n’a pas vu le jour. En l’absence de grands projets d’aménagements, c’est par ponctuation que s’implantent des institutions académiques et entreprises comme HEC,l’École Polytechnique,
30 VELTZ Pierre, Saclay: Genèse et défis d’un grand projet, Marseille : Éditions Parenthèse, 2020
PSA ou encore EDF. On observe par ailleurs que chacun à chercher à obtenir le territoire le plus vaste possible au moment de son installation, ce qui résulte au début des années 2000 à la composition d’un plateau recouvert de grandes exploitations agricoles parsemé de bourg villageois et d’infrastructures très peu dense.
Dans le même temps, le plateau de Saclay est reconnu pour la qualité agronomique de ses sols qui supporte une activité agricole bien implantée. Aussi, pour faire face à l’urbanisation générale, dès les années 1990 les élus de quinze communes du plateau établissent le schéma directeur du plateau de Saclay qui préfigurent la préservation de 2000ha de surface agricoles. Enfin, dès le début de son mandat, le Président Sarkozy souhaite faire de Saclay un pôle majeur de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ainsi, dès 2010 la loi relative au Grand Paris voit l’instauration d’un établissement public d’aménagement, aujourd’hui EPA Paris Saclay. Pour celui-ci, la vision à long terme est de “créer des synergies dans un vaste ensemble en miettes, multiplier les synapses dans un cerveau collectif encore virtuel” (VELTZ, 2020) et au-delà des institutions et entreprises de pointe, c’est tout un écosystème qui est envisagé.
La création d’un lieu de vie avec des habitants, des commerces, des équipements Dans le même temps, la loi du Grand Paris a cherché à valoriser le rôle et l’intérêt des espaces agricoles et naturels du plateau. C’est sur ce dernier point qu’une innovation réglementaire apparaît. En effet, des parlementaires font inscrire, dans la loi du Grand Paris, une nouvelle disposition de protection, la Zone de Protection Naturelle, Agricoles et Forestières (dite “ZedPéNaf) à l’intérieur de laquelle l’interdiction d’urbanisation est reconnue d’utilité publique.
Du point de vue technique, cette disposition innove par le fait qu’elle fixe par décret un chiffre, un minima de 2300 hectares, dans la zone, réservés à l’agriculture. La délimitation exacte du périmètre a alors été l’une des premières missions de l’EPA. Conjointement avec les représentants agricoles locaux, le périmètre est délimité parcelle par parcelle pour aboutir au décret paru en Juin 2013. Depuis ce jour, la ZPNAF sanctuarise 4115 hectares dont 2469 de terres agricoles.31
31 EPA Paris-Saclay. Programme d’action, In : La ZPNAF, Disponible sur : https://epa-paris-saclay.fr/ leterritoire/tout-savoir-sur-la-zpnaf/
Fig. 14 Périmètre de la ZPNAF
Une charte ZPNAF, 201732
En premier lieu, les dispositions légales et réglementaires tel que édictées dans l’article de loi étant sujettes à interprétation, le comité de pilotage de la ZPNAF (EPA Paris-Saclay, Communautés d’agglomération, représentant agricole, associations, etc.) a décidé de la rédaction d’une charte qui définit trois objectifs.
Premièrement, définir la vision commune des acteurs vis-à-vis de la vocation de la ZPNAF. Du point de vue du caractère agricole du territoire, la zone de protection à pour vocation de promouvoir les filières de proximité en rapprochant producteurs et consommateurs. Étant une disposition pérenne, cette zone inscrit la vocation agricole du territoire sur le temps long. Cela permet de rassurer les exploitants agricoles, notamment vis-à-vis de leurs investissements en vue d’une diversification. En effet, si en 2010 une grande majorité des exploitants développe une activité de type grande cultures céréaliers (87% des surfaces agricoles, fig. RPG 2010, ci-après), la même charte nous apprend qu’une dizaine d’exploitants ont engagé des projets de diversifications et plusieurs ont fait le choix d’une stratégie locale pour “produire, transformer et commercialiser 32 Espaces naturels du plateau de Saclay. Charte et Programme d’action de la ZPNAF. In : Communauté d’Agglomération Paris-Saclay. Disponible sur : https://www.paris-saclay.com/ecologie-environnement/ espaces-naturels-et-circuits-courts/espaces-naturels-du-plateau-de-saclay-642 EPA Paris-Saclay.html
localement” (Charte ZPNAF, 2017). Ce qui résulte à un paysage agricole plus diversifié aujourd’hui (fig. RPG 2022).
Fig. 15 Carte des parcelles agricoles en ZPNAF selon type de culture, 2010
Donnée issu du RPG 2010
Fig. 16 Carte des parcelles agricoles en ZPNAF selon type de culture, 2022
Donnée issu du RPG 2022
Céréale (blé, maïs)
Oléagineux (tournesol, colza)
Fourage
En effet, alors qu’en 2015 14 fermes étaient présentes sur le plateau, en 2022 on en recense 8 nouvelles et 2 de plus en projets, comme le présente la carte ci-dessous. Bien que l’agriculture céréalière restera très probablement prédominante du fait de la qualité des terres (Programme d’Action, p.47) qui assure une bonne rentabilité des exploitants, Nous pouvons remarquer que près de la moitié des exploitations développe des cultures labellisées Agriculture Bio.
Fig. 17 Carte des exploitations selon type de culture et label AB, territoire T&C, 2022 Terre & Cité, 2022
Du point de vue du caractère naturel et forestier, l’impératif de la ZPNAF est de protéger la richesse naturelle du territoire (faune et flore), consolider les continuités écologiques existantes notamment en protégeant le réseaux hydrologiques présent (étangs, rivières et rigoles de drainage) et cela tout en permettant une utilisation durable et pérenne des espaces boisés comme lieu de loisirs et tourisme.
En deuxième point, la charte met l’accent sur la gestion de la définition des typologies de projets et aménagements qui seront autorisés dans la ZPNAF. Rappelons qu’au sein de cette nouvelle disposition la réglementation admet comme servitude d’utilité publique l’interdiction d’urbanisation. C’est pour cela
que les acteurs des différents échelons des services de l’État apportent leurs soutiens aux collectivités, qui le souhaitent, afin de modifier leurs PLU pour que ceux-ci soient compatibles à la nouvelle réglementation de la zone de protection. Notamment en vue des réglementations prévalant sur les infrastructures agricoles. En effet, la ZPNAF autorise des projets de constructions d’édifices agricoles dans la zone à condition que cela soit jugé nécessaire et en lien direct avec une exploitation. Dans ce sens, la charte vise à favoriser grandement les adaptations, transformations ou extension de structures existantes par rapport à de nouveaux projets. Toujours dans ce deuxième volet concernant les typologies de projets et aménagements autorisés, la charte aborde la question des aménagements dédiés aux mobilités. Encore une fois l’accent est mis sur la considération de l’activité agricole. À l’avenir, tous projets d’aménagement routiers devront prendre en compte la circulation des engins agricoles (largeur de la voirie, implantation des obstacles de ralentissement, etc.).
Enfin, le troisième objectif de la charte préfigure l’instauration d’un processus consultatif des projets développés dans zone de protection. On peut ici noter la création d’un comité de suivi qui sera composé d’acteurs publics et privés. Cet organe servira d’instance technique pour permettre des échanges et une démarche collective autour des projets d’aménagements agricoles, naturels et forestiers proposés sur le territoire.
Ensuite, pour mettre en œuvre ces trois objectifs, conjointement à la rédaction de la charte, un Programme d’action est établi au sein de la ZPNAF.
Un programme d’action
Élaboré par l’EPA, les institutions locales et en concertation des acteurs locaux ( associations et agriculteurs), ce programme appuie sur la capacité du plateau de Saclay à inventer de nouvelles façons de coopérer entre espaces agricoles et urbains, “Il s’agit de créer des synergies avec les exploitations du territoire afin d’enrichir la dynamique agricole existante. Mais il s’agit surtout de reconnaître le formidable atout que représente son existence au contact direct des nouveaux quartiers, tant d’un point de vue fonctionnel que paysager” (Programme d’action p.43).33
33 EPA Paris-Saclay. Programme d’action, In : La ZPNAF, Disponible sur : https://epa-paris-saclay.fr/wpcontent/uploads/2021/12/180205_ma%CC%80j_Programme_action_ZPNAF_BAT_WEB.pdf
Dans sa résolution, ce programme se présente comme une liste d’actions mis en place pour répondre à trois objectifs principaux (Ci-dessous, volet n°1 rapport d’évaluation)34 :
• Assurer la pérennité de l’agriculture au sein de la ZPNAF
• Protéger et mettre en valeurs les espaces naturels
• Développer des liens entre le plateau, les habitants et les activités
Fig. 18 Les 3 Axes du programme d’action de la ZPNAF
EPA-PS, Rapport d’évaluation 2021 du Programme d’action
Nous nous attardons ici sur le premier axe qui concerne donc le maintien, et développement, d’une agriculture vivante et pérenne au sein du plateau de Saclay. D’un point de vue technique, cela passe se traduit par l’application de neuf fiches actions dont l’avancement est renseigné chaque année lors d’une évaluation (Fig. ci-après, Programme d’action - Point d’étape 2019-2020 p.14).
34 EPA Paris-Saclay. Rapport d’évaluation 2021, In : La ZPNAF, Disponible sur : https://epa-paris-saclay. fr/wp-content/uploads/2023/06/EZP_OU_EN-_SOMMES_NOUS_2021_V1_web.pdf
Fig. 19 Typologie agricole en ZPNAF Programme d’action - Point d’étape 2019-2020 p.14
Dans la pratique, l’application de ces fiches actions passe par la mise en place de projets dont certains font office d’innovation sur le territoire du plateau de Saclay.
• Sur le réseau de drainage.
Le plateau est naturellement marécageux, c’est le réseau de drainage mis en place depuis le XVIIIème siècle qui a permis de rendre exploitable ces terres. Hors aujourd’hui les aménagements en cours peuvent avoir pour conséquences la dégradation de ces installations. C’est dans ce cadre là que l’EPA a lancé une étude pour répertorier le réseau de drainage des terres agricoles. En 2021 45% de la surface agricole de la ZPNAF dispose d’une cartographie du réseau de drainage. Pour aller plus loin dans la précision de cette étude, l’EPA à entamé un projet avec des chercheurs de l’INRAE. Ceci montre encore une fois cette hybridation, cette innovation au cœur de la ZPNAF, collectivité, institution et agriculteurs travaillant ensemble au développement du territoire agricole.
Un point particulièrement important a été relevé par les agriculteurs, il s’agît du logement de leurs employés.Un entretien avec Emma Daviau (en annexe), collaboratrice de Terre & Cité, a permis d’approfondir cette question dont la résolution est tout à fait novatrice. Mme Daviau est chargée des fonctionnalités agricoles au sein de Terre & Cité, son rôle est alors de mettre en place et suivre des projets pour que les pratiques agricoles “fonctionnent” sur le territoire, de façon pérenne.
Alors que les loyers ont tendance à suivre le salaire moyen, celui-ci est gonflé par des revenus relativement importants, rappelons que le plateau abrite de nombreux centres de recherches et entreprises de pointe. De leur côté, les salariés
agricoles ont des revenus modestes et donc une difficulté à trouver un logement. De plus, sur ce plateau de Saclay, les acteurs s’accordent sur la volonté d’une agriculture territorialisée. Cela induit non seulement une production mais aussi une transformation et vente au plus proche potentiellement sur les exploitations, comme par la vente directe producteurs. Hors, en termes d’ordre de grandeurs selon Mme Daviau, une activité agricole de type grande culture nécessite un emploi équivalent temps plein pour 100 à 200 Ha là ou une diversification vers une exploitation en production / transformation / vente demande beaucoup plus de travail, donc de salarié et notamment de salarié en contrat longue durée, qui puissent travailler et vivre sur ce territoire. Pour répondre à ce besoin, un projet de logement social agricole est étudié et préfigure un nouveau type de contrat de bail. Après un premier projet avorté à Saclay, un second est en cours de finalisation à Palaiseau.
Alors que la loi Solidarité et Renouvellement Urbain impose un pourcentage minimum de logements sociaux, c’est au cœur de la ZAC polytechnique que la commune de Palaiseau a fait une réservation de 3 logements auprès d’un bailleur social qui seront spécifiquement destinés à des salariés agricoles. Si ce nombre de logements paraît très faible au vu du nombre d’habitants de Palaiseau (environ 33.000), cela est notamment dû au fait qu’il n’existe pas de précédent et notamment pour la constitution du financement.
Pour le projet en cours, le montage réalisé à innové en utilisant des fonds de la compensation collective agricole (CCA). Lorsqu’une maîtrise d’ouvrage artificialise des terres agricoles, celle-ci doit “contribuer à réparer les impacts inévitables d’un projet sur la structuration et le fonctionnement de l’agriculture du territoire.”35 Cette compensation se fait soit en dotant un fond géré par la chambre d’agriculture concerné soit par un financement direct local comme ce qui a été réalisé ici mais pour un programme nouveau, du logement.
> Les circulations
Alors qu’une première phase d’aménagement routier a été réalisée, les agriculteurs ont fait remonter, par le biais du comité de suivi de la ZPNAF, ce qu’ils considèrent comme des défauts de conception. Alors que les engins agricoles tendent à devenir toujours plus grands, il semble que les concepteurs des infrastructures d’aménagement ne soient pas particulièrement formés et/ou
35 DRIAAF Ile de France. La compensation agricole collective. Disponible sur : https://driaaf.ile-de-france. agriculture.gouv.fr/la-compensation-agricole-collective-en-ile-de-france-a1301.html
sensibilisés à la circulation d’engins agricoles. Ces derniers se retrouvent à devoir faire des détours parfois importants. D’après Mme Daviau cela aurait même amené certaines entreprises de collecte à ne pas reconduire leurs contrats avec des exploitants.
Si ces infrastructures sont déjà réalisées, les acteurs du territoire peuvent au moins agir pour que cela ne se reproduise pas à l’avenir. C’est par exemple ce que fait Terre & Cité en invitant les aménageurs aux discussions trimestrielles avec les exploitants.
Pour finir, aujourd’hui il n’y a pas de financement propre au Programme d’Action et beaucoup d’acteurs ne travaillent pas seulement à l’échelle de la ZPNAF et sont donc un peu en retrait vis-à-vis de l’application de ces fiches actions. Néanmoins la ZPNAF porte un réel soutien à l’agriculture de ce territoire par la protection foncière. La préservation des surfaces agricoles permet d’assurer / rassurer pour mettre en place des projets à long terme. La ZPNAF permet aussi de faire valoriser des projets à d’autres échelles en s’appuyant sur une fiche action qui est suivi / soutenu par la ZPNAF et c’est notamment le cas du point suivant.
> Démarche participative et collective
L’élan de la démarche collective et consultative de la ZPNAF découle d’une dynamique présente à Saclay depuis de nombreuses années. Rappelons la création de l’association Terre & cité en 2001, composée d’agriculteurs, de citoyens et d’élus locaux. En 2013, l’association organise une première journée de rencontres entre agriculteurs et laboratoires avec le LabEx BASC36. A mesure des échanges, la volonté émerge de donner un cadre à cette dynamique. Elle trouvera une réponse dans l’élaboration d’un Living Lab.
36 Laboratoire d’Excellence Biodiversités, Agroécosystèmes, Société, Climat. Une fédération de 14 laboratoires de recherche, implanté sur le plateau de Saclay
Cette démarche comprend à la fois un lieu et une méthodologie,une nouvelle méthode de recherche portée directement par les usagers concernés. C’est la démarche de Living Lab, tel que présenté en 2014 dans le Livre Blancs des Living Lab, c’est “une méthode de recherche en innovation ouverte qui vise le développement de nouveaux produits et services. L’approche promeut un processus de cocréation avec les usagers finaux dans des conditions réelles et s’appuie sur un écosystème de partenariats public-privé-citoyen.”37
C’est donc une démarche développant une innovation participative dans laquelle les futurs utilisateurs sont intégré au concertation et même porteur du débat. Dans notre cas d’étude ce laboratoire vivant, est créé sous le nom de VivAgriLab : relier ville et vivant dans le sud-ouest francilien38, c’est en soi une plateforme d’échanges qui vise le développement de projet de recherche directement appliqué sur le territoire.
En 2020, VivAgriLab reçoit une première subvention et inaugure ainsi son projet Flux Local. Ce projet cherche à montrer en quoi réancrer les flux alimentaires et le bouclage des flux de matières organiques peuvent contribuer à la durabilité de ce territoire.
Avant de présenter des applications de ce projet de recherche collaboratif, il est intéressant de présenter les notions de métabolisme urbain et d’écologie territoriale qui sont au cœur de la réflexion du VivAgriLab.
Selon Sabine Barles, “L’écologie territoriale fait des interactions entre sociétés et biosphère l’une des clefs de compréhension du fonctionnement des territoires” et “L’écologie territoriale vise notamment à caractériser les régimes socioécologiques locaux, dont l’expression est le métabolisme territorial, qui désigne l’ensemble des flux d’énergie et de matières mis en jeu par le fonctionnement d’un territoire donné.”(Barles, 2017)39.
37 DUBE Patrick,SARRAILH Joëlle, BILLEBAUD Christophe, GRILLET Claire, ZINGRAFF Virgine, KOSTECKI Isabelle, Le Livre Blanc des Living Labs, [En ligne] Éditions UMVELT & Montréal invivo, 2014, Disponible sur : https://creativite33.files.wordpress.com/2016/01/livre-blanc-ll-umvelt-final.pdf
38 VivAgriLab, Disponible sur : https://livinglab.terreetcite.org/?PagePrincipale
39 BARLES Sabine, Écologie territoriale et métabolisme urbain : quelques enjeux de la transition socioécologique, In : Revue d’Économie Régionale & Urbaine, 2017/5, p. 819-836. Disponible en ligne sur : DOI : 10.3917/reru.175.0819.
Ces notions reviennent à appréhender le territoire comme un organisme vivant qui à besoin de puiser de l’énergie et de la matière pour se développer. Après avoir consommé et transformé ces matières, un métabolisme sécrète finalement des déchets.
D'une certaine façon, le projet Flux Local, du VivAgriLab, étudie directement sur son territoire d’application une mise en pratique de ce principee métabolique. Notamment en interrogeant comment l’ancrage localement des flux alimentaires et le bouclage des flux de matières organiques peut soutenir une agriculture durable localement.
> Flux Local
20 Schéma des axes de recherche du projet Flux Local Université Paris-Saclay
Le projet Flux Local est ainsi un projet structurant autour duquel se développent des recherches menées par différents laboratoires (INRAE, LEESU, etc.). Ces études tendent à analyser les potentialités, avantages et limites du bouclage des matières organiques à un niveau local. Par exemple, à la demande d’agriculteurs, sur la question de l’azote, élément chimique et fertilisant nécessaire au développement des cultures. Les compte rendu de la dernière journée d’échange du VivAgriLab40 nous montre qu’aujourd’hui une part 40 VivAgriLab : relier ville et viant dans le sud-ouest francilien. In Terre et Cité. Disponible sur : https:// terreetcite.org/vers-un-living-lab-agriculture-et-alimentation-1/
importante d’exploitants (21 sur les 30 interrogé sur le territoire du LivingLab)41 dépendent d’engrais issus du commerce. Hors l’on apprend également que l’azote est un PRO (Produit Résiduel Organique)42 naturellement présent dans les urines humaines car non stocké. Dans ce but un projet étudie la possibilité de valoriser cet excrétas humain par les exploitations agricoles locales. D’un côté une dimension d’innovation agronomique avec des essais de fertilisation sur blé et maïs dans les fermes de la Martinière et du Trou Salé43. D’un autre côté, des études sociologiques et techniques observent l’acceptabilité de cette pratique.
Pour finir, les projets présentés ici, de la ZPNAF aux recherches-actions, nous ont montré des innovations qui sont autant d’ordre conceptuel que juridique ou technique. Des innovations en faveur d’une production agricole plus durable, de transformation et commercialisation territorialisée. De plus, si l’histoire du territoire de Saclay peut expliquer que cet élan se soit concrétisé depuis plusieurs années déjà, ce n’est pas un phénomène isolé, bien au contraire. A l’échelle nationale, l’introduction en 2014 du dispositif Projet Alimentaire Territoriale en atteste. Ces projets qui ont “ l’ambition de fédérer les différents acteurs d’un territoire autour de la question de l’alimentation”44 montre que l’État reconnaît la capacité de la synergie entre collectivité et acteurs agricoles locaux pour développer la résilience alimentaire d’un territoire. Enfin, récemment des niveaux intermédiaires se mettent en place comme le montre les projets en cours d’élaboration par AgriParis Seine ou Seine nourricière. Ces associations cherchent à accompagner la structuration de filières agricoles et alimentaires durables le long de la Seine, notamment par la commande publique. En effet, les Plan d’Alimentation Durable de Paris on fait passer progressivement de 7% à 53%
41 BOROS Léa, LEVAVASSEUR Florent (dir.). Intégration de matières organiques locales dans les pratiques agricoles, Support de Présentation. In : Terre et Cité. Disponible sur : https://terreetcite.org/ wp-content/uploads/2024/02/Integration-de-matieres-organiques-locales-dans-les-pratiques-agricolescas-dune-diversite-de-systemes-legumiers-en-contexte-periurbain.pdf
42 Recherches appliquées sur le plateau de Saclay. In : chaine Youtube de Terre et Cité. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=8tQ73Dy4xxw
43 ELMIRA Clémence, GREAU Ninon, POUZET Maëlis (dir.). Valorisation des urines humaines sur le plateau de Saclay, Support de présentation. In : Terre et cité. Disponible sur : https://terreetcite.org/wp-content/ uploads/2024/02/Valorisation-agricole-des-urines-humaines-sur-le-Plateau-de-Saclay.pdf
44 Ministère de l’Agriculture , Tout savoir sur les projets alimentaires territoriaux, Disponible sur : https:// agriculture.gouv.fr/projets-alimentaires-territoriaux-les-initiatives-se-multiplient
la part d’alimentation durable dans les restauration collective entre 2008 et 2019 et vise le 100% à horizon 2027, dont 50% en agriculture bio et le tout à moins de 250km de Paris.45
Un point également intéressant soutenu par cette association est d’étudier le potentiel d’innovation en termes de transport fluvial. Dans ce cadre Seine Nourricière prévoit de s’associer à l’entreprise Fluidis pour envisager des approvisionnements par la Seine. Cette entreprise développe aujourd’hui des solutions de livraison dans Paris en utilisant un bateau-entrepôt à propulsion électrique couplé à de la livraison par vélo-cargo. Ainsi par sa démarche cette association pourrait à terme favoriser le développement d’une agriculture raisonnée, durable et ancrée dans son territoire tout en réduisant l’impact écologique du transport de ses productions.
Ainsi, à une échelle territoriale, nous pouvons identifier des innovations conceptuelleset juridiques permettant à une agriculture urbaine de s’installer, se maintenir et développer des synérgies multidisciplianires à travers des projets qui comportent eux-mêmes des innovations sociologiques, agronomiques ou encore de mobilité.
45 Paris.fr, Résumé du plan alimentation durable, Disponible sur : 2027https://cdn.paris.fr/ paris/2023/02/16/petit-resume-en-4-pages-du-plan-alimentation-durable-200-2027_bd-EJEn.pdf
Conclusion
Comme nous l'avons vu en première parti et en reprant les mots de Sabine Barles46,
“Il est possible d’affirmer que la ville est le produit d’une spécialisation socio-spatiale engendrant un métabolisme spécifique. Historiens et urbanistes s’accordent à dire que la ville est née de la possibilité, pour une partie de ses habitants au moins, de se libérer de la production de leur subsistance, ce qui leur a permis de développer d’autres activités, d’échange notamment (on nous pardonnera ce raccourci, l’objet de ce texte n’étant pas de proposer une théorie de la naissance des villes) et a favorisé voire nécessité la proximité physique et donc la concentration de ses habitants”
Alors que nous nous sommes intéressé particulièrement à la question agricole, nous avons vu que la spécification des activités urbaines et la densité de population ont mené à l'externalisation progressive des pratiques agricoles, depuis la production jusqu'à la transformation et la valorisation des biodéchets.
Par la suite, les avancées technologiques ont permis de développer la conservation et le transport à longue distance. des denrées alimentaires. De ce fait, perdant de son caractère de nécessité locale et immédiate, l’agriculture s’est développée dans une économie de marché. Finalement, ces évolutions ont mené au désintéressement réciproque des milieux urbains et agricoles. Toutefois, en portant un regard historique nous nous apercevons que cette dissociation des échanges est relativement récente et, probablement, vouée à se résorber.
En approchant le concept de métabolisme, nous comprenons bien que le milieu urbain ne peut aucunement être autonome, ses ressources comme ses excrétats, viennent et vont à l'extérieur. Il convient donc de considérer un système à une échelle étendue, soit un “métabolisme territorial” (ibid, 2017). En nous interrogeant sur la question de l’agriculture dans ce système urbainterritorial, nous avons pu voir que des synergies mutualistes se (re)développent à plusieurs échelles.
D’une part, à une échelle locale, les jardins partagés montrent comment la prise de conscience de la question environnementale pousse une part, encore minoritaire, de citadins à s’investir dans des initiatives citoyennes. À ce niveau-ci,
46 Barles Sabine, ibid., 2017
nous constatons qu’une volonté de renouer avec la nature et une alimentation saine, raisonnée permet de soutenir la biodiversité en ville.
D’autre part, nous avons vu que ces initiatives locales se transposent à l’agenda politique, l’agriculture urbaine trouve ainsi une échelle territoriale. À ce niveau-là, des innovations conceptuelles mènent à l'élaboration de nouveaux dispositifs. Ces derniers permettent ainsi le développement de pratiques agricoles durables et pérennes, non seulement en vue de la résilience alimentaire des territoires urbains mais également dans la valorisation de l’activité agricole territoriale en soutenant son économie.
Enfin, à l’entre-deux, des innovations architecturales permettent de créer le lien, ces nouvelles morphologies urbaines peuvent faire office de point nodal entre deux échelles. Cette présence architecturale de l’agriculture urbaine se présente ainsi, dans la ville, comme laboratoire et démonstrateur des capacités de l’agriculture urbaine à rendre des services et nourrir durablement le métabolisme urbain.
Pour que cette installation reste durable et s’enracinent dans la fabrique et la cohésion des territoires, il est important de considérer l’agriculture urbaine non comme une juxtaposition de projets à différentes échelles mais plutôt comme un système multiscalaire et interdisciplinaire dans lequel toutes parties et acteurs ont intérêt à échanger.
Pour aller plus loin, c’est dans ce sens qu'il serait tout à fait pertinent de questionner d’autres niveaux de considérations vis-à -vis de l’agriculture urbaine.
La dématérialisation du métabolisme urbain en est un. En effet, cette dimension permet de faciliter la communication entre producteur, consommateur et chercheur et ainsi soutenir le développement des relations symbiotiques multiscalaires des innovations de l’agriculture urbaine.
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Manifeste Disponible sur : https://grandhuit.eu/notre-manifeste/
Ined
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La cité maraîchère
Innovations à tous les étages, Disponible sur : https://www.lacitemaraichere. com/pole-dinnovation-agricole-cite-maraichere-pxl-11_18.html
La Ferme du Rail
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Ministère de l’Agriculture
Tout savoir sur les projets alimentaires territoriaux, Disponible sur : https:// agriculture.gouv.fr/projets-alimentaires-territoriaux-les-initiatives-se-multiplient
Paris.fr
Résumé du plan alimentation durable, Disponible sur : 2027https://cdn. paris.fr/paris/2023/02/16/petit-resume-en-4-pages-du-plan-alimentationdurable-200-2027_bd-EJEn.pdf
Terre et Cité
VivAgriLab : relier ville et viant dans le sud-ouest francilien. Disponible sur : https://terreetcite.org/vers-un-living-lab-agriculture-et-alimentation-1/
VivAgriLab Disponible sur : https://livinglab.terreetcite.org/?PagePrincipale
Youtube
Les Rendez-vous critiques, Chaine youtube de la Cité de l’architecture et du patrimoine, Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=WgHc8VyxBqY début 1:17:30 Fin 1:34:00
Recherches appliquées sur le plateau de Saclay. In : chaine Youtube de Terre et Cité. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=8tQ73Dy4xxw
Villes terrestres
Le Manuel - Les 5 piliers des villes terrestres, Disponible sur : https://www.villesterrestres.org/fr/le-manuel
33 Pourria Daniel:00 GabaritDo ier 17/12/12 20:26 Page 336
Annexe 1
336 Dossier >
• Listes des fonctions des jardins associatifs établi par, Aubry C., Daniel AC. et Pourrias J.
La fonction alimentaire des jardins associatifs urbains en question (2012)
Tableau1–Fonctionsattribuéesàleurjardin parlesjardiniersde10jardinsassociatifsparisiens
Fonctionsévoquéesparlesjardiniers
Modelerunespace,«yfairecequ’onveut»
Repousserlesfrontièresdesonlogement(ladernièrepièce del’appartement,larésidencesecondaire…)
Recevoirsoncercled’ami,safamille
Acquérirunnouveausavoirousavoir-faire
Transmettreunsavoir
Éduqueràl’écologie
Partager,donneretrecevoir(desconseils,del’attention, desproduitsdujardin…)
Fairepartied’ungroupe
Unevitrine,présentationdesoi
Promouvoirunretouràlaterre
Créeruncollectif,réapprendreàvivreensemble
Passerdutempsàfairequelquechosequ’onchoisit
Pratiqueruneactivitémanuelle
Essayerdenouveauxgoûts
Voir«commentçapousse»
Desalimentssains
Desalimentsgoûteux
Desalimentsrares,introuvablesdanslecommerce
Fairedeséconomies
Del’enfance
Degestesanciens
D’unautrepays
Profiterducalme
Sesentirenvacances
Toucherlaterre
Observer
Sentimentd’accomplissement,«segratifier»
Fairequelquechosed’utile
Créerquelquechoseàpartirderien
POUR/ n°215-216 / novembre2012
Sphères
Investir unnouvelespace
Acquérirou transmettreunsavoir
Rencontrer,partager
Porterunprojet, uneutopie
Pratiquerunloisir
Expérimenter
Produireetgoûter
Sesouvenir
S’isolerdelaville
Êtreencontact aveclanature
Santémentale etphysique
Annexe 2
Programme d'activités de la Cité Maraîchère de Romainville
Vous avez des idées innovantes ou des beaux projets autour de la transition alimentaire, du zéro déchet, de l’agriculture urbaine ?
Vous souhaitez vous emparer de l’animation d’un atelier des habitant·e·s ? Vous avez des idées d’exposition pour le hall de la Cité Maraîchère ?
Vous souhaitez participer à l’animation de ce nouveau lieu de vie convivial et solidaire par et pour les habitant·e·s ?
N’hésitez pas à nous contacter ! contact@lacitemaraichere.com
01.49.15.56.37
Retrouvez-nous sur Facebook et Instagram !
Programme des activités janviermars 2024
Cité Maraichère Jardin CasseDalle 6, rue Albert Giry 91, av du Président Wilson 93230 Romainville (entrée par le porche)
www.lacitemaraichere.com contact@lacitemaraichere.com 01.49.15.56.37
Accueil, information et inscriptions possible tous les mercredis de 14h à 16h dans le hall
Jardin Casse Dalle
Tous les mercredis de 17h à 19h, ventes des produits de la Cité Maraîchère, aux tarifs variables en fonction des quotients familiaux (à faire calculer en Mairie).
Ces moments sont l’occasion d’une visite gratuite à 17h30 des espaces de production.
Sauf indication contraire, ateliers gratuits et organisés tous les samedis à la Cité Maraîchère ou au jardin CasseDalle de 14h à 16h.
Inscrivez-vous sur place le mercredi, ou sur contact@lacitemaraichere.com
Samedi 13 janvier
Bougies et encens maison Envie d'une ambiance chaleureuse au cœur de l'hiver ? Meriam vous apprend à créer des bougies et encens aux odeurs envoutantes !
Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 20 janvier
Galette des rois et des reines
Un atelier de saison pour apprendre à cuisiner une galette maison et passer un moment convivial de dégustation.
Public : familles (à partir de 6 ans - enfants accompagnés) limité à 10 personnes
Samedi 27 janvier 14h - 17h
Atelier 2 tonnes
Ce serious game animé par ALEC-MVE vous propose d’imaginer la société bas carbone de demain... relevez le défi en équipe ! Objectif de la partie : limiter à 2 tonnes d'émission de CO2 par personne et par an, pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Public : adultes et enfants à partir de 16 ans limité à 12 personnes
Samedi 3 février 9h - 17h
Formation Référent compost
La Cité Maraîchère accueille toute la journée une formation gratuite pour les usagers des composteurs partagés du territoire, organisée par Est Ensemble. Une occasion aussi de rejoindre les collectifs des composteurs de la Cité Maraîchère et du jardin CasseDalle ! + d'infos et inscriptions : compostage@est-ensemble.fr Public : adultes
Samedi 10 février
Nouvel an chinois - Art du thé Savez-vous que la cérémonie du thé est née en Chine ? L’avènement de l’année du dragon de bois nous donne envie de vous faire découvrir le gonfucha, ou « l’art de prendre le temps pour le thé ». Tout une philosophie de vie autour de cette boisson millénaire ! Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 17 février
Carnaval Tropical Las de l’hiver ? Entrez dans l’atmosphère des îles en cette période de Carnaval ! Philippe vous apprendra à cuisiner des accras de morue, spécialité antillaise traditionnelle, agrémentés de quelques mocktails aux couleurs festives. Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 24 février
Cycle tubercules – Atelier 1/2 découverte et dégustation
Source de grande valeur nutritive, ces aliments qui croissent sous terre, tropicaux ou locaux, sont souvent méconnus et délaissés. Félicité vous invite à les découvrir et les aimer !
Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 2 mars
Fabrication de jardinières
Dans le cadre du lancement du permis de végétaliser romainvillois, la Ville et le collectif
Arti/Chô vous proposent d’apprendre à construire votre propre jardinière ou entourage de pied d’arbre. Le tout à partir de bois de récup !
Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 9 mars
Weekend des transitions #10
Atelier d'écriture pour sublimer l'éco-anxiété
Face aux enjeux de la crise climatique et de la biodiversité, on est tour à tour paralysé, immobilisé, découragé, angoissé… Et si on prenait toutes ces émotions comme moteur d’écriture ? Pour les dépasser et imaginer, individuellement et collectivement, la planète que nous rêvons d’habiter.
Public : tout niveau, adultes et enfants à partir de 8 ans limité à 30 personnes
Samedi 16 mars
Cycle tubercules - Atelier 2/2
Cuisine gâteau manioc
On poursuit notre découverte des mille et une vertus du manioc ? Cette fois-ci Félicité vous propose de les exalter en un délicieux gâteau à la noix de coco !
Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 23 mars
Atelier cuisine ayurvédique
Jeya vous apprend quelques recettes et principes ayurvédiques qui boosteront votre immunité en ce changement de saison.
Public : adultes | limité à 10 personnes
Samedi 30 mars 14h - 18h
Banquet lyrique des quatre saisons #1
Le printemps, saison des amours
Pour cette 1ère journée festive au rythme des saisons, célébrons l’arrivée du printemps, ses germinations, bourgeons... et ses amours naissants ! On vous retrouve au centre social
Nelson Mandela avec Opéra Apéro pour un atelier bombes à graines et germination (14h-15h), une balade à planter et à chanter (15h-16h) et un atelier de cuisine « graines et philtres d’amour » (16h-17h). Pour finir en beauté par un spectacle lyrique de saison et un apéro partagé (17h-18h). Cette journée sera précédée d’ateliers de chant avec Opéra Apéro et de construction de godets avec la Grande
Ourcq toute au long de la semaine.
Public : famille
Tous les samedis de 11h à 12h, des ateliers gratuits pour les enfants de 5 à 10 ans, accompagnés ou non de leurs parents (6 enfants et 6 adultes maximum)
*Un samedi par mois est réservé aux enfants de 2 à 4 ans accompagnés d’un parent vigilant.
• 13 janv : découverte des fruits d'hiver
• 20 janv : fabrication d'un cadre façon
« cabinet de curiosités »
• 27 janv : *spécial petite enfance – fabrication de boîte à surprises d'hiver
• 3 févr : fabrication de bracelets zéro déchet
• 10 févr : nouvel an chinois - découverte des saveurs chinoises
• 17 févr : carnaval tropical - fabrication de masque, vélo-smoothie, musique...
• 24 févr : *spécial petite enfance – les aventures de Mme Patate douce et Monsieur Topinambour
• 2 mars : fabrication d’un animal totem
• 9 mars : weekend des transitions #10 fresque du climat "junior" (10-15 ans)
• 16 mars : *spécial petite enfance – les aventures de Monsieur Manioc
• 23 mars : découverte de la cuisine indienne
• 30 mars : atelier germinatoire & printanier avec Opéra Apéro
Ce jardin nourricier, situé au 91 avenue du Président Wilson à 10 minutes à pied de la Cité Maraîchère, constitue un lieu de calme et de nature associant culture maraîchère, poulailler pédagogique, ruches, mur à pommes, moments de convivialité autour de la végétable, concerts… Vous souhaitez devenir membre du jardin ? Rejoignez-nous : contact@lacitemaraichere.com
Quelques moments clés ce trimestre :
> tous les vendredis de 10h à 12h30 : jardin ouvert à tous, venez jardiner avec l'équipe
> le premier vendredi de chaque mois à 10h : nettoyage mensuel du poulailler
> vendredi 2 fevrier de 10h à 12h30 : atelier taille et palissage des pommiers avec la Société d'horticulture de Montreuil
> vendredi 1 mars de 10h à 12h30 : retournement du compost et petit bilan du projet
> vendredi 15 mars de 10h à 12h30 : entretien du jardin au fil des saisons pour accompagner la croissance des jeunes plantations
Samedi 30 mars
Banquets lyriques des 4 saisons #1 Printemps, saison des amours Célébrons joyeusement les saisons à Romainville avec Opéra Apéro et les centres sociaux de la ville durant ces festivités «hors les murs» qui mettront en avant le lien profond entre la nature et notre quotidien. Les activités, allant de la cuisine aux ateliers de jardinage, en passant par les arts plastiques et les promenades urbaines, seront toutes en accord avec la saison, de même que le spectacle lyrique d'Opéra Apéro suivi d'un apéro partagé qui clôtureront ces journées en beauté. Le premier banquet de l’année a lieu dans le quartier des Trois Communes avec le Centre Nelson Mandela. Il sera dédié au printemps, évoquant les germinations, les bourgeons et la saison des amours. Au programme : ateliers cuisine, germes de graines, et balade à planter. Programme définitif et horaires sur les réseaux sociaux et sur www.lacitemaraichere.com
Vend. 8, sam. 9 & dim. 10 mars Week-end des Transitions #10 : prises de conscience, éco-anxiété et... action ! Chaque jour, nous sommes confrontés à l'urgence de la situation écologique et climatique de notre planète. Mais dans un monde toujours plus productif et rapide, il peut être difficile de savoir comment agir. Comment puis-je contribuer ? Où trouver le temps et les ressources nécessaires pour m'informer ou m'engager ? Cette situation peut être source de préoccupation, de stress voire d'angoisse.
Pour ce 10ᵉ week-end des transitions, nous vous invitons à prendre le temps de comprendre la complexité des enjeux auxquels nous sommes confrontés, exprimer et partager nos émotions afin de les sublimer, et explorer des pistes pour passer à l'action. Programme définitif et horaires sur www.lacitemaraichere.com ou sur les réseaux sociaux.
Vous souhaitez composter vos biodéchets ? Des composteurs de quartier sont installés sur le parvis de la Cité Maraîchère et au jardin CasseDalle.
> Parvis de la Cité Maraîchère : tous les samedis de 10h à 12h
En plus de leur carte savoureuse, locale, de saison et à prix accessibles, les Cheffes du café-cantine vous préparent une programmation culturelle en lien avec les activités de la Cité Maraîchère :
Samedis festifs : concerts, brunchs, goûters créatifs, expos... participez aussi à la programmation !
Brunchs thématiques de 11h30 à 13h, des moments conviviaux pour s’ouvrir l’esprit autant que les papilles :
> Dimanche 4 fev : brunch & massages
> Dimanche 10 mars : brunch & détente sonore avec Opéra Apéro
Résidences du dimanche : le cafécantine ouvre ses portes certains dimanches à des porteurs de projets accompagnés par l’incubateur Baluchon. Découvrez ce trimestre :
> Exquis Exquis : au cœur de l’hiver, le chef Didier Rosa vous propose des brunchs légumiers de saison, à la fois simples et originaux pour nous rappeler le bon goût des fruits et des légumes de nos terroirs. Les 14, 21 et 28 janvier 2024 de 12h à 16 h.
> Balilou Food : vous invite à son brunch fusion coloré. Destination Paris-Abidjan-Dakar. De quoi faire décoller vos papilles ! Embarquement immédiat les 17, 24 et 31 mars de 12h à 16h. cheffes.restaurant@gmail.com | 01.49.15.56.24
Ouverture - mardi : 9h30/17h - mercredi : 9h30/19h jeudi : 9h30/17h - vendredi et samedi : 9h30/23h dimanche : 11h/16h (ponctuellement) fermeture le lundi
> Tous les mardis de 19h à 20h, la Cité Maraîchère accueille l’AMAP Chou Rave Party, parce que le lien avec les producteurs du territoire est essentiel !
> Un mercredi du mois de 17h à 19h, cours de cuisine solidaire ouverts à toustes avec Dans Ma Petite Cuisine. Pour cuisiner ensemble les légumes de saison cultivés sur place ! Ce trimestre : les mercredis 17 janvier, 7 février, 16 mars. Public : adultes et enfants à partir de 3 ans (accompagnés), limité à 10 personnes. + d'infos et inscriptions : dmpetitecuisine@gmail.com / 06.61.72.15.94
> Chaque 2e samedi du mois de 10h à 13h, Fresque du Climat avec Plants d'action qui anime cet atelier simple et convivial, permettant aux novices comme aux experts de découvrir ou d'approfondir leurs connaissances sur le dérèglement climatique. Ce trimestre : les samedis 13 janvier, 10 février et 9 mars. Public : adultes et enfants à partir de 16 ans, limité à 8 personnes. + d'infos et inscriptions : plantsdaction@gmail.com / 06.59.84.93.76
> jardin CasseDalle : tous les vendredis de 10h à 12h30 compost.citemaraichere@ville-romainville.fr Jardin Casse Dalle
20 Février 2023
Bonjour, je vous remercie du temps que vous m’accordez pour répondre et échanger sur les questions que je vous ai transmis au préalable
Mme Daviau est chargée des fonctionnalités agricoles, donc traite de projet qui on un rapport avec les fonctions minimales pour que les pratiques agricoles “fonctionnent” sur le territoire
- Sur les logements agricoles (point que je trouve vraiment très intéressant): comment est-ce réalisé / préfiguré ? Quels types d’édifices, neuf / réhabilitation / réutilisation ?
C’est un peu la première préfiguration, la première itération qui est en cours Première fois dans le sens où une réglementation est des types de contrat / bail sont expérimenté
A l’origine de la réflexion il y a le fait que les salariés agricoles ont des revenus modestes, rarement plus que le SMIC. Donc des difficultés à trouver un logement. Notamment du fait du cluster qui encourage la pression foncière
En retour cela met un frein ou limite l’embauche de salariés ou du moins la pérennité de leur présence
En même temps dans les activités de type Gde culture, environ 1 salarié pour 100-200 ha Alors qu'une diversification avec transfo / vente sur place demande bcp plus de salariés Et c’est dès la démarche que T&C veut encourager
Donc diversification demande plus de main d'œuvre, à long terme et avec faible ressource donc un intérêt à développer logement social agricole
Il y a quelques maraichers installés sur parcelle communale, Jouy-en-josas, palaiseau, sur du fonciers qui appartient à la commune soit en lien avec la restauration scolaire, et / ou agri bio/locale
Donc de ces considérations comment faire des lgt sociaux-agricoles
Avec le terme de SRU qui approche, plusieurs communes veulent/doivent rattraper leur retard et construire du logement social Donc place à prendre
1er projet non aboutit à Saclay, discussion avec commune et I3F, finalement arrêté peut-être car changement d’équipe communale
Mais un premier modèle type, une base pour un Projet relancé sur Palaiseau, réservataire auprès du bailleur
Complication => pas de contingent classique, 20% de logt pour la mairie, 30% à l’état, une partie par Ac° lgt, mais pas de financement privé pour du logement social Agri,
- Donc quel financement
- Quel critère pour bien que ce soit des agri qui occupe
- Compensation agricole collective, ( toute MOA qui artificialise une surface agricole, doit d’une part compensé évidemment le vendeur mais aussi redonné / dans un fonds dans l’idée d’une compensation envers l’africulture local)
- soit refinancement direct dans un projet de territoire
- soit si pas de porteur de projet, fond dans un dépôt régional
- volonté de l’EPAPS, de refinancer en direct donc
- -> 3 Lgt sur palaiseau, Lgt livré en neuf en 2026 ici dans une des opération de la ZAC de palaiseau
Les acteurs concerné:
- la Mutualité Sociale Agricole va assurer le rôle de contrôle du statut agricole des demandeurs
- La ville également concerné, car propriétaire de ces futur logement
- T&C, qui connaît bien les agri ( réunion 4 fois/ an)
- des critères de sélection
- plafond de ressource
- affilié à MSA, statut agri
- embauché en salariat de longue durée, pas pour saisonnier
- embauché dans la ZPNAF
- des critères préférentiels (personne en situa° de précarité ? très/trop éloigné de l’emploi, plusieurs demandeurs en commun = loge plusieurs personnes dans le même logement)
- Concernant la Production agricole:
- Si je comprends bien aujourd’hui 13 exploitants agricoles ? +3 depuis la zpnaf ?
- a priori plus, probablement davantages d’info dans la candidature LEADER de 2022, qui sera transmis
- Selon l’intro du programme d’action, en 2013 80% de grandes cultures céréalières Qu’en est-il aujourd’hui, maraîchage ? culture de fibre ?
- le chiffrage/recensement n’est pas tant réalisé à l’echelle de la ZPNAF mais plutot du PAT mais a priori oui il y a des essai, par exemple récemment une exploitante qui se lance dans la production de lin
- Les céréaliers vendent-ils à des centrales d’achats, en partie localement ?
- Très diversifié, dépend vraiment des objectif personnels des exploitanat, certains vendent uniquement en centrale d’achat, d’autre à l’échelle régional ou local, pas vraiment de visibilité
- Y a-t-il eu un recensement des conversions / évolutions vers une agriculture bio ou raisonnée ? Comment la ZPNAF encourage ces démarches ?
- A l’échelle du territoire sur lequelle travail Terre & Cité ( plus que la ZPNAF), depuis 2008, de 0% à 25% de surface en bio, = 3 grosses exploitations gde culture, et des maraichers mais dont la surfaces agricoles n’est pas très significative faces à ces grandes exploitations
- Par rapport aux surfaces agricoles précaires, comment celles-ci sont-elles “réduites” ?
- Transport
- Comment se traduit la prise en compte des circulations d’engins agricoles dans les aménagements routiers ?
- Aujourd’hui les aménageur se focalisent et ont une expertise, une culture professionnelle (probablement induit de la formation) qui traite de l’aménagement, de la circulation en milieu urbain et non de l’agricole
- ex, les dimensions des engins agri ne sont pas dans les logiciel de conception des aménageurs
- du fait dans les zone urbanisé, réduction des voirie pck mobilité douce en ville, etc Agriculteurs qui doivent contourner ( de 10 à 30min de temps en plus) certaines exploit qui abandonnent de travailler sur le territoire
- Quelle forme prennent ces actions de sensibilisation ?
- des ateliers, des réunions de T&C avec agri + invitations des aménageurs pour soulever et échanger sur les problèmes engendré sur les aménagement déjà réalisé afin que cela ne se produise pas sur les futurs voirie
- ex à Saclay, a été construit un carrefour en “T”, bien moins fluide que l’ancien rond-point Une exploitante racontait récemment que son père, agriculteurs sur le territoire depuis des décennies a dû l’appeler un peu en panique Il ne se sentait pas capable de manoeuvrer en sécurité dans ce carrefour Oui parce que population vieillissante plus des engins toujours plus gros
- Est-ce que / Comment sont distribuées les denrées sur le territoire ?
- Très variés, ça dépend des choix des exploitants
- Conservation / Transformation
- Existe-t-il un système de mise en commun des récoltes / coopérative?
- # - Y a-t-il une volonté d’approvisionner les restaurations collectives par les exploitants locaux ?
- # oui mais des freins, aujourd’hui qlq exploitant qui le font
- ex Vers resto scolaire Ferme de Charles vend poulet et oeuf, Ferme VanDame, appro en pain (d’ailleurs conversion, historiquement céréalier, aujourd’hui diversifié et en conversion bio pour le pain), ferme Viltain d’autre produit
- Mais manque d’assurance dans ces démarches Au terme du contrat d’approvisionnement, une école n’a pas renouveler le contrat sans donné de justification A priori juste car un changement du gestionnaire de la restauration collective Donc ici encore des points à développer
> Autre point, ViviAgriLab ?
Certains exploitant sont très investi comme la Ferme de la Martinière, projet UrinoFertilisation par exemple
En meme temps Il faut savoir que les exploitant sont très sollicité Arrivé ligne 18, successivement des fouilles, installation de réseaux, SGdParis Les travaux en cours qui résultent des aménagements Ex des réseaux de rigole qui sont abimé, indémnisation etc
Finalement aujourd’hui pas de financement du Programme d’Action et bcp d’acteurs qui ne travaillent pas qu' à l'échelle de la ZPNAF donc un peu en retrait Le gros + de la ZPNAF semble être la protection foncière La préservation des surfaces agricoles permet d’assurer / rassurer pour mettre en place des projet à long terme La ZPNAF permet aussi de faire valoriser des actions à d’autre échelon Ex mise en place d’un projet à l’échelle du PAT en s’appuyant sur une fiche action qui est suivi / soutenu par la ZPNAF