La Balade Harmonique

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LA BALADE HARMONIQUE


Deux ans, c’est bien peu de temps pour relier des communautés. Les communautés historiques ou plus récentes, celles qui habitent des lieux ou celles qui nomadisent, celles qui se construisent jour après jour ou celles qui s’inventent le temps d’une action commune, éphémère mais bien réelle.

Ce livret est réalisé à partir de contributions multiples, d’archives et d’extraits de textes qui ont nourri nos échanges. * Il accompagne la balade mais vous invite aussi à explorer par vous-mêmes, à rencontrer les histoires, à chanter et à rejoindre les initiatives.*

avec

Agnès, Henri, Willy, Jean, Dominique, Jean-Marie, Loïc, Chloé, Julie, M’louka, Christine, ​les Daniel.e​s, Jean-Pierre, Léa, Marie, Mathilde, Gérard, Nathan, Emilie, Aldo, Jean-François et les habitant.es du pont, les habitant. es de la Monjarde, l’Harmonie de l’Estaque, la Fanfare des Familles et les habitants chanteurs, le collectif Grand8, Vacarme Orchestra, l’assemblée Foresta, l’association 3.2.1, les baguettes magiques et les enfants de la Castellane, les écoles Rabelais-St Henri et Estaque-Gare, et la complicité de l’Alambra. Une aventure très collective coordonnée par la coopérative HÔTEL DU NORD / le1000 pattes, groupe ouvert de fabrication de balades.

Coordination éditoriale Chloé Mazzani et Julie de Muer, Création graphique Louise Nicollon des Abbayes.

Et pour jouer de la musique, combien en faut-il d’années ? Le bicentenaire de la société musicale de l’Harmonie de l’Estaque comme point de départ de l’aventure. La pratique musicale comme acte représentatif des solidarités d’antan mais aussi comme expression de l’envie de faire ensemble, aujourd’hui. La musique comme langage commun entre celles et ceux qui habitent les différents endroits de cette ville. La musique d’ensemble comme occasion de prendre place, de recevoir et de transmettre.

Deux ans pour imaginer collectivement une balade, non pas pour chercher à devenir musicien.nes mais pour l’être en prenant part à l’élan collectif.

Un chemin nouveau qui s’inscrit dans les traces des pas mille fois martelés. Un chemin qui part de l’Estaque-gare, traverse l’ancien domaine de la Monjarde et le noyau villageois de Saint-Henri, s’entortille autour de l’axe du chemin de fer, emprunte des routes non pédestres, escalade le sommet du remblai où trône Grand Littoral, se laisse couler jusqu’au creux de verdure du parc Foresta.

Deux ans, deux reports et trois confinements. C’est bien le temps qu’il faut pour tracer un chemin.

LA BALADE HARMONIQUE


NOUS MARCHONS D’UN BOUT... À L’AUTRE DE LA LIGNE

(de la vallée de Séon au bassin de Séon)


Dans toute la mythologie gréco-romaine on considère Orphée comme un poète et un musicien. Fils de la muse Calliope et d’Apollon ou du roi Oeagre. Il savait charmer les animaux sauvages et parvenait à émouvoir les êtres inanimés grâce à la lyre qu’Apollon lui avait donnée.

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C’est le tout premier nom de la chorale ouvrière dont découleront les diverses sociétés musicales de Séon-St-Henri. Fondée par l’abbé ou par un ouvrier tuilier, les versions diffèrent, c’est l’une des toutes premières sociétés musicales en France. Une société musicale est une association formelle. Elle a pour but l’apprentissage de la musique et l’exécution des morceaux de musique. C’est une association de sociabilité masculine. Les sociétés musicales sont des sociétés populaires. Elles sont créées par des gens issus des classes populaires et destinées aux ouvriers et au peuple. Le nom générique pour les désigner au XIX’ siècle est celui d’orphéon. Sous cette appellation, elles sont, soit des sociétés chorales, soit des sociétés instrumentales. Il existe également quelques sociétés musicales instituées par le patronat pour leurs ouvriers, comme, par exemple, la société musicale « Sainte-Cécile» de Saint-Henri dont on peut observer le bâtiment et le fronton avec une lyre sur la place du village de Saint-Henri. Elles ont pour but l’art musical, mais en parallèle et par ce vecteur, elles ambitionnent aussi « une élévation morale et intellectuelle de l’âme de l’ouvrier ». Elles témoignent ainsi de la diffusion de la culture de l’élite vers le peuple.

Les sociétés musicales à Marseille, Guillaume Viera

Harmonie de l’Estaque

Au départ de l’harmonie, Orphée et les animaux sauvages?

ORPHÉE

En musique, l’HARMONIE est le fait que divers sons perçus ensemble concordent ou vont bien ensemble : par exemple, lorsque la musique jouée par plusieurs instruments semble harmonieuse.

Les Enfants d’Orphée (1820)


La Lyre Phocéenne, Orphéon, Société musicale Séon St Henri, Harmonie de l’Estaque, au fil du siècle les noms varient et les entités se multiplient. Mais on y chante, on y joue de la fanfare mais pas que...

Fanfare des Familles

Gérard Leidet, 2OO ans de vie musicale amateur à Marseille: L’exemple de l’Harmonie de l’Estaque Gare. Harmonie de l’Estaque

ET NOUS

La Société musicale de Séon – Saint-Henri se développa rapidement (nom de ce qui deviendra l’Harmonie de l’Estaque après 1842). Signe des temps, elle était dirigée par monsieur Fenouil, patron tuilier de l’Estaque. Longtemps encore, les détenteurs du pouvoir social et politique entendaient guider les loisirs de leurs ouvriers, « subordonnés » jusques et y compris en dehors du temps de travail… Dans la dernière décennie du XIXe siècle, dans ces commencements (timides) de « l’avènement des loisirs », les activités culturelles se déployèrent aussi en direction des usages modernes du sport, avec L’union musicale et sportive de l’Estaque (UMSEP). Parallèlement, ces pratiques culturelles collectives furent adoptées par les travailleurs immigrés dans d’autres formes de sociabilité, de type communautaire, permettant à ces derniers de se réunir, de se rassembler. Ainsi une autre société “récréative”, Unita Libertà, installée dans le quartier très “italianisé” de Saint-André, essentiellement composée comme son nom l’indique d’ouvriers italiens, fut créée dans la même période.

Les pratiques collectives en amateur dans les musiques populaires Etude FEDELIMA-janvier 2020

“Les fanfares, les

batucadas et les chorales renforcent la cohésion et la dynamique de leur territoire, d’autant qu’elles impliquent et font jouer des enfants et co-habitants du quartier. Mais elles ne sont pas très nombreuses et restent liées à l’aléatoire des personnes et des contextes affinitaires. De plus, le coût de l’apprentissage et de la pratique est souvent hors de portée économique.” Extrait du projet Vacarme orchestra, Pour une culture populaire de la pratique musicale collective des habitants dans leurs quartiers, Marseille 2021

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Ainsi les auditeurs du XXIe siècle auront du mal à entendre un accord de neuvième comme dissonant, alors même que ce type d’accord était proscrit à l’ère baroque. Ce n’est d’ailleurs qu’au cours du Moyen Âge que les intervalles de tierce — base de l’harmonie classique — ont été considérés comme consonants. Auparavant, seuls l’unisson, l’octave, la quinte et la quarte l’étaient. 6

TRAVERSE DE l‘ÉCOUTE et LIGNES DE PARTAGE

La notion d’harmonie est liée à une éducation de l’oreille, et soumise à une évolution historique.

HARMONIE phénomène sonore.

La note fondamentale est celle que l’oreille perçoit quand un corps sonore (peau, corde…) est mis en vibration et dont on peut aussitôt identifier la hauteur. Dans le même temps, sont émis d’autres sons, appelés harmoniques, que l’on peut entendre par exemple en écoutant une note sur un piano au cours de son évolution : les sons harmoniques


Traverse de l’Harmonie Voie vraisemblablement née d’un partage de propriété au début du 19e siècle (famille Fenouil). Entre ferme et tuileries, les parcelles le long de la traverse ne seront bâties qu’à la fin du siècle et la salle de l’Harmonie en 1904. Sur la ligne de chemin de fer AvignonMarseille créée à l’initiative de Paulin Talabot (Paris-Lyon-Méditerranée) et inaugurée en 1848, la gare de L’Estaque fut construite en 1851. En 1891 une nouvelle ligne relie directement les nouveaux ports de la Joliette, donnant à la gare de l’Estaque un rôle prédominant dans la circulation des marchandises puis en 1915 la finalisation de la ligne de la Côte Bleue. Cette dernière ligne, qui occasionna la construction d’impressionnants ponts et viaducs témoigne aussi des apports des ouvriers italiens et espagnols dans le développement de Marseille. Jamais officiellement inaugurée, de par la guerre, elle le sera en 2015 par les enfants du quartier réunis à l’initiative de l’école de l’Estaque Gare, avec pour l’accompagnement musical l’Orchestre des cheminots et la Fanfare des familles.

Photos Yohanne Lamoulère Inauguration de la ligne de la côte bleue par les enfants de l’école de l’Estaque-gare, le 17 octobre 2015

“L’ouïe est un sens difficile d’accès, difficile de pensée, difficile à partager, et ce pour des raisons très multiples qui tiennent à la subjectivité, à la nature volatile et non consommable du son, à l’absence de vocabulaire populaire pour en parler, à l’absence d’une pédagogie de l’écoute etc... Il nous faut donc retravailler à son énonciation et surtout à sa pratique quotidienne, professionnelle, ordinaire (la vie publique), extraordinaire (les concerts), etc…”

Source wikipedia

“Il est important de réaliser et de comprendre les rôles que joue l’environnement sonore :[...] le son participe de l’identité d’un lieu, d’un objet, d’une situation ou d’une époque, il frappe l’inconscient collectif de sa poétique, il dégage une odeur, une couleur, il est un témoignage, une marque importante parmi toutes de l’existence d’un espace, de la vie qu’il accueille ou dont il témoigne, il tient un rôle communicatif privilégié, parfois infiniment ludique. Ici il incarne le repère, là- bas il signe, plus loin il signale. Il laisse des traces et participe à la mémoire et à l’histoire des «territoires»...”

Nicolas Frize, “L’écoute au service de la ville : écoute fonctionnelle, écoute culturelle” in «Prendre place / Espace public et culture dramatique », Colloque de Cerisy 1993

deviennent progressivement perceptibles à l’oreille lorsque la fondamentale s’atténue.


HARMONIE eth.grec. αρμόζω

(armozo) : joindre, faire coïncider, adapter, emboîter.

«Les Voyages du Château» ,

PONT

Il sort en salle en première partie de L’Heure Exquise de René Allio. À la sortie du film une projection est organisée sur l’esplanade du hameau de Château Bovis sur grand écran. Trente ans plus tard, le film est projeté en version numérique sur la tv de Néné et de sa famille.

Fête de Bovis, 2007, Photo Marc Leonardo

Ce quartier c’est l’histoire d’une transformation, de terres agricoles qui deviennent des terres industrielles, celles des tuileries Barthélémy Fenouil et de leurs carrières d’extraction. Et puis ce qui se met à sortir de terre ce sont des maisons, des habitations pour les riches propriétaires et d’autres pour les familles d’ouvriers. Ce sont les lignes de chemin de fer qui relient mais qui séparent aussi les habitants du “haut” de ceux du “bas”. C’est un pont pour se rapprocher physiquement. Ce sont des envies fortes, des tentatives qui s’additionnent pour occasionner la rencontre, rendre palpable le sentiment de voisinage.

«Les Voyages du Château» , 16MM, Jean-Pierre Daniel et Jean Cristofol, 1981 Jean-Pierre et Jean habitent l’Estaque et fréquentent l’Harmonie. Ils y parlent politique, éducation et croient à la puissance transformatrice du cinéma. Ce film de 32 minutes, entre fiction et documentaire, est tourné sur une année, pour une large part en fonction des moments et des situations, avec la collaboration des habitants. Le récit suit les pas de 4 gamines qui vont et viennent du Château Bovis à l’Estaque gare, revenant du collège, allant faire des courses, jouant sur l’esplanade. 8

Dans les années 2000

Jean-François Marc, habitant de la traverse Bovis, organise avec son association “Pas vu à la TV” des fêtes avec les habitants de Château Bovis. Cette barre d’immeuble construite au XIXe siècle loge les communautés ouvrières venues d’Italie ou d’Espagne travailler à l’usine Bovis ou dans les tuileries alentour.


A 20h au nord on entendait surtout les sirènes des bateaux, un peu de casseroles et de cris, un beau paysage sonore plutôt diffus. Et puis, traverse de l’Harmonie, Danièle et Olivier ont commencé à faire sonner chaque soir le tuba et le trombone. 20h est devenue l’heure du rendez-vous sur le pont. Peu à peu, l’envie de chanter s’est invitée. A partir de la 3ème semaine de confinement, tous les samedis, le pont est devenu à la fois la frontière et le trait d’union entre ces habitants du haut et du bas. Au départ des chansons, puis des chorégraphies, puis de la déco sur le pont, puis des aménagements durables pour mieux l’occuper.

Avril-Mai 2020 Photos Marc Leonardo

Dans les années 1970, les familles gitanes évacuées du bidonville du boulevard Fenouil viennent également s’installer au château. L’association espère alors un jour relier par une fête le hameau du château à l’Harmonie de l’Estaque.

Mars-avrilmai 2020. Le confinement #1 libère la traverse Bovis des voitures et le pont devient un lieu de ralliement musical tous les samedi soir à 20h.

De cette aventure joyeuse et résistante vont certainement naître d’autres histoires de quartier (à commencer par un bébé, Lazlo, né le jour du déconfinement).


1933 : Fondation du Bureau International des Containers (BIC), à Paris, afin de promouvoir l’expansion du transport intermodal des marchandises par la normalisation du poids et des formes des caisses de transport. 1956 : Malcolm McLean, opérateur routier américain, a l’idée de désolidariser la caisse du châssis des camions et de la faire transporter directement à bord des bateaux, afin d’éviter la perte de temps occasionnée par le chargement/ déchargement.

1960’s : Normalisation du format des conteneurs pour une gestion facilitée de l’empilement des boîtes. Le conteneur se diffuse, notamment en lien avec les importants besoins en transport de marchandises de l’armée américaine durant la Guerre du ViêtNâm.

1972

: L’Organisation Internationale de Normalisation (ISO) aligne les normes mondiales en matière de conteneurs sur celles définies par le BIC. La forme parallélépipédique unique permet un agencement facile... Hôtel du Nord


HARMONISATION

subs fem. 1. Action de mettre en équilibre, de coordonner, de rendre harmonieux. 2. Action d’orienter les lois, les règlements et les normes vers un objectif commun.

L’invention du conteneur Aux Antilles, on trouve de nombreuses tuiles made in Marseille, embarquées pour lester les bateaux qui faisaient la traversée “à vide”. Au retour, elles étaient remplacées par des cargaisons de sucre, de rhum, d’ananas... À cette époque, chaque marchandise bénéficie d’un conditionnement particulier, supposant des actions qui lui sont propres, des façons spécifiques de les saisir, de les porter, de les traiter, de les organiser dans les cales des navires comme sur les espaces des quais. Les ports sont profondément modifiés par cette innovation. Plus de grues pour déplacer, de dockers pour charrier, de hangars pour stocker, juste un grand vide et des portiques pour lever les boîtes.

Symphonie Pastorale Dans les collines marseillaises, on trouve une faune et une flore variée : Chèvre du Rove, Ciste cotonneux, Circaète Jean-Le-Blanc, Aristoloche crénelée, Conteneurs métalliques ... Pourquoi ce choix de villégiature si loin de leur milieu naturel ? Grâce aux conteneurs et à l’articulation bateautransport terrestre, les marchandises sont désormais continuellement en mouvement entre leur point de départ et d’arrivée. Les entrepôts ou les docks, localisés autrefois à proximité du port, ont perdu leur fonction de lieu de stockage des marchandises en transit dès lors que les temps morts dans la chaîne de transport ont été supprimés. La question du stockage concerne désormais...les conteneurs eux-mêmes,

lorsqu’ils sont vides et patientent dans l’attente d’un prochain voyage. Le prix élevé du foncier sur le port pousse à chercher d’autres espaces à proximité. Des sociétés de stockage et de gardiennage de conteneurs ont trouvé dans les collines marseillaises des espaces propices, avec vue sur mer. Mais la valse des conteneurs ne s’arrête pas là : d’un côté la sensibilité croissante de la part des habitants vis-à-vis de la circulation des camions dans les espaces habités oblige peu à peu le rapatriement des boîtes dans l’enceinte du port. De l’autre, un nouvel usage des conteneurs comme moyen de déstockage amène à une reconversion vers la fonction de gardemeuble. De quoi garantir la pérennité de l’espèce en milieu collinaire. 11


CHEMIN DU PASSET

(long chemin qui serpente, pas droit du tout). Peut-être une abréviation de Jasset : petit jas, petite bergerie ou à petit pas. Passet: petit passage. En Belgique : Passet, petit banc servant à reposer les jambes.

AH QU’IL, QU’IL EST BEAU MON VILLAGE, SAINT-HENRI, MON SAINT-HENRI ! DEPUIS LA COLLINE À LA PLAGE, C’EST UN VÉRITABLE PARADIS. C’EST LE PAYS DES MALLONS, DE LA JOIE ET DES CHANSONS. C’EST UN RÊVE, C’EST UN RÊVE ! SI PARFOIS NOUS LE QUITTONS, QUAND NOUS ALLONS À PRALON, BIEN SOUVENT, NOUS Y PENSONS. Chanson écrite par la famille tuilière d’Arnaud Etienne pour chanter en marchant vers Pralon (patronage dans les Alpes)

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Ecoutez les sons qui passent... La langue des oiseaux consiste à donner un sens autre à des mots ou à une phrase, soit par un jeu de sonorités, soit par des jeux de mots, soit enfin par le recours à la symbolique des lettres.


Miramar 22 avril 2021


Chanter à Miramar, Tchatcher à la Monjarde Tchatchade: De tchatche, argot pied-noir dérivé de l’espagnol chachara, « conversation animée mais futile » (vient de charlar, « bavarder »). Avoir de la tchatche : être bavard, avoir de la discussion, être capable de discuter longuement. Vient du cri des cigales chacha tcha-tcha, par extension qualifie des bavardages.

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Les Tchatchades sont une forme de conversation où les accords harmoniques émergent de l’improvisation collective. L’association Rio les pratique en société de rue, tels des exercices collectifs musicaux qui n’auraient pas besoin de gammes. Être représenté au premier plan sur la peinture de Cézanne a permis à l’expigeonnier de ne pas connaître le même sort que la défunte Villa Miramar de Jules Cantini dont il ne reste aujourd’hui que peu de traces. Le marbrier et sculpteur d’origine italienne (on lui doit la fontaine de la place Castellane) mais également grand mécène a légué à la ville et aux hôpitaux de Marseille une grande partie de son patrimoine, dont l’hôtel particulier rue Grignan, devenu le musée Cantini. Ces biens, légués aux Hôpitaux de Marseille, sont en principe inaliénables. En principe, car la parcelle de l’ancienne villa Miramar a été vendue par l’APHM (Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille) à une proche de l’une des entreprises de stockage de conteneurs


Sur l’autre rive du ruisseau des Favants, la Monjarde évoque aussi le rapprochement entre campagne et activité industrielle. Propriété agricole qui descendait autrefois de la colline vers la mer, ni «bastide», construction plus riche et cossue, ni «mas» car la bâtisse d’origine comporte une chapelle (la 1ère) de SaintHenri, ni courée ouvrière, la Monjarde sera tout à la fois. La Monjarde = la monja = la religieuse, évoque la présence d’une communauté de religieuses.

-1956, mise en vente à une société parisienne, SIPLAC (Compagnie Industrielle des Plastiques et des Caoutchoucs), constituée avec les capitaux des caoutchoutiers indochinois. -En 1961, M. Genet, son directeur, partage la Monjarde en 2 lots. L’un est vendu à un concessionnaire d’entrepôts par SIPLAC.

À partir des textes de Geneviève Blanc - L’Estaque, Art et Patrimoine, Chronique d’une double histoire, de la documentation réunie par l’association Ancrages et des savoirs des habitants actuels. Saint- Henri et le golfe de Marseille peints par Cézanne, 1883 Photo aérienne, la Monjarde en 1946

voisine. Au dernier PLUI, la parcelle a été réaffectée en zone d’activités industrielles et logistiques (UEa2), permettant également la construction jusqu’à 18 mètres de hauteur : signe avant-coureur de l’extension de la zone de stockage des conteneurs ? Les voisins de proximité, et d’un peu plus loin, se mobilisent pour conserver ce morceau de campagne et à chercher les moyens de mettre des bâtons dans les roues des engins de terrassement : faire classer des arbres remarquables, protéger une sauterelle en voie d’extinction, étudier les documents d’urbanisme...

-M. Genet rachète l’autre et crée une usine d’élastiques. 15 salariés en période de pointe dans la partie Est du bâtiment ancien, après la chapelle. Puis il fait construire un nouveau bâtiment mais la mondialisation aidant, il importe du caoutchouc thaïlandais et produit de 20 à 30 tonnes/mois d’élastiques, entre autres pour le tri postal. -1998, vente à un groupe de 10 acheteurs qui viabilisent la propriété en 10 lots d’habitations grâce à un chantier coopératif.

La Monjarde a été rachetée ensuite par une série de propriétaires marseillais assez riches pour en faire leur «campagne», jusqu’à la vente par la famille Rolland en 1949. - En 1949, Mme Gaston, gérante de la société de cire BOUCHOU, achète la Monjarde et installe une usine de semelles de crêpe. Après escroquerie à l’assurance pour avoir incendié des déchets de caoutchouc, elle écope d’une peine de prison. Faillite de l’usine, ses employés découvrent qu’ils n’ont jamais été déclarés …

ACCORDS INDUSTRIELS


appartenant à une douzaine de propriétaires (Fenouil, Icard, Sacoman, Tamisier, Fareine,...). Ces petites tuileries artisanales sont toutes en piémont de colline, souvent en bord de mer, au plus près des poches d’argile, dans les quartiers de l’Estaque, de la Fontaine-des-Tuiles, de la tour Saumaty (quartier Saumaty) et des Guérites (quartier de l’Estaque-Gare). L’activité est saisonnière. Milieu XIXe Des conditions de production favorables : Découverte de grandes carrières d’argile lors du percement de la voie ferrée Avignon-Marseille, Arrivée des eaux du canal de Marseille dans le bassin de Séon qui pallie la pénurie d’eau, Innovations techniques : le four Hoffman à chaleur continue (1000°), la tuile plate (consomme moins d’argile), la presse à vapeur (fabrique 5000 tuiles plates/jour). Une demande croissante : Nécessité de fabriquer des briques pour le tunnel ferroviaire de la Nerthe, Marché local avec le développement urbain de la ville, Marché mondial avec le développement de la navigation maritime et l’expansion coloniale.

Deuxième mouvement : forte > fortissimo

Seconde moitié du 19e siècle : des infrastructures de grande envergure remplacent les tuileries artisanales. Elles sont localisées en bord de mer ou aux abords de la gare, afin de faciliter le transport des tuiles. 1901 : Les principaux propriétaires (familles Roux, Sacoman, Fenouil, Pierre Amédée, Etienne ...) créent la Société Générale des Tuileries de Marseille et Compagnie., 1920 : La SGTM regroupe 35 usines à vapeur et produit 250 millions de tuiles, briques et autres productions céramique par an, 1929: Le Marquis de Foresta devient président des tuileries Sacoman Frères. 16

Troisième mouvement : piano > pianissimo

En 1946 : Déclin de la production dû à la diminution des débouchés à l’étranger et à la concurrence des tuileries d’Alsace Lorraine et des Charentes, 1980 ‘s: Aucune tuilerie ne subsiste sur l’étendue du secteur de l’Estaque-Les Riaux. Les seuls vestiges architecturaux de toutes ces tuileries sont un bâtiment, sans doute les écuries, qui faisait partie de la tuilerie Sacoman et quelques maisons de patrons tuiliers.

L’école Rabelais de Saint Henri est construite dans l’enceinte de la propriété Arnaud Etienne. L’école de l’Estaque Gare se situe dans les anciens terrains de la tuilerie Fenouil. Les tuileries ont laissé des traces dans la toponymie, dans la construction des logements (en tuiles réemployées), dans la topographie très chahutée de la zone de piémont où les creux d’exploitation d’argile et les dépotoirs de tuiles participent au relief.

Source : Inventaire général du Patrimoine culturel Région Provence-Alpes-Côte d’Azur


là INTERLUDE o n c h a EN TROIS n t e MOUVEMENTS (variations autour de St Henri)

Premier mouvement : piano > mezzo forte

1805 : 21 tuileries-briqueteries, employant en tout quarante-cinq ouvriers, existent dans le bassin de Séon (l’Estaque, Saint-Henri, Saint-André). 1827 : 27 tuileries artisanales,


DISSONANCE Pour des raisons difficiles à établir aujourd’hui, un conflit surgit entre les membres de cette “Harmonie” (bien mal nommée!).

Vraies jumelles? Le désaccord - sans doute pas encore de nature politique entre le courant royaliste (les « Blancs ») et celui des révolutionnaires (les « Rouges ») s’aggravait de jour en jour. Loin de s’apaiser, malgré divers conseils de modération, l’”affaire” divisa le village en deux parties hostiles. Les événements nécessitèrent la présence d’un médiateur.

Sur place, le chanoine Cheillan, nommé curé de la paroisse de Saint-Henri en décembre 1842, fit preuve de patience et de compréhension. Il arbitra les dissensions en séparant les deux parties, laissant ainsi à chacune son autonomie. En 1843, La formation, impossible à maintenir dans son unité originelle, fut donc divisée en deux entités. 18

L’Harmonie de Séon-Saint-Henri s’installa au quartier de l’Estaque-gare; l’autre groupement de musiciens prit le nom suggéré par le chanoine Cheillan, “Harmonie Sainte Cécile de Saint-Henri” (l’abbé Cheillan devait en assurer la direction musicale pendant quelques années). L’Harmonie de Séon-SaintHenri de son côté, devint L’Harmonie de l’Estaque. Ces deux formations rayonnèrent alors, avec l’Orphéon La Lyre Phocéenne, au cœur de la musique populaire marseillaise. Gérard Leidet, 2OO ans de vie musicale amateur à Marseille: L’exemple de l’Harmonie de l’Estaque Gare.


Faux jumeaux?

Le poète Saint Pol Roux a grandi dans une famille d’industriels-tuiliers de SaintHenri. Sa mort tragique en 1940 a provoqué la dispersion d’une bonne partie de son œuvre. Le travail acharné de sa fille et de passionnés va en permettre la redécouverte. Il est aujourd’hui considéré comme un poète majeur, notamment dans sa recherche d’”harmonie” entre le verbe et les choses. Il a aussi défendu une approche collective et non élitiste de l’art, vouant pour cela une grande admiration aux expériences musicales des sociétés de Saint-Henri. Il est l’auteur du livret de la Cantate du centenaire de la Lyre Phocéenne.

Les bâtiments de l’Harmonie de la Sainte Cécile et de l’Alhambra ont comme un air de famille… Ils se partagent des balcons, des lyres et des frontons. Quels sont les liens exacts entre ces lieux, cela reste une enquête à mener. Ce qui est sûr c’est que l’un et l’autre ont abrité des formes de cultures populaires et festives. L’Alhambra témoigne de l’importance qu’ont pu avoir les cinémas à Marseille mais aussi dans les quartiers périphériques avant la guerre. Construit en 1928 sur des remblais… de tuiles..., il ne projetait plus que des films de Kung Fu quand il ferma ses portes en 1980. C’est alors qu’émergea le projet d’un centre culturel municipal dédié au cinéma. Porté par Jean-Pierre Daniel (voir p.10), c’est une expérience très originale reliant éducation populaire, création cinématographique et manière d’habiter un lieu culturel à travers diverses pratiques artistiques qui est alors proposée à partir de 1990. De là à dire que l’Alhambra a été inventé au comptoir de l’Harmonie de l’Estaque il n’y a qu’un pas, que nous ne franchirons pas...

« L’avenir, je crois, appartient au Verbe total et vivant. Aux poètes d’écrire les poèmes, aux hommes de se grouper pour les dire. Vox populi, vox Dei. La poésie est collective, non le privilège d’un seul. Elle n’est pas uniquement le rossignol ou le loup de la forêt, elle est toute la forêt. Elle n’est pas que le poète, mais l’humanité tout entière ». Lettre à André Rolland de Renéville, 1926

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Témoignage collecté auprès de Lucien Vassal par Marla, Driss et Karim, pour leur journal d’école le Temps des sirènes, Ecole élémentaire Estaque Gare.

Les ouvriers qui travaillaient dans le creux du Pilot- la carrière d’argile- déjeunaient avec des quignons de pain dur qu’ils trempaient dans la source pour les ramollir afin qu’ils soient mangeables. Et le soir, quand ils remontaient vers le village de la Viste, on aurait dit des Indiens, nous a dit Lucien, parce qu’ils avaient le visage rouge à cause de la sueur et de l’argile.

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Nora Mekmouche

Je vivais là où il y avait le remblai. Nous on vivait directement dans les carrières. Les chambres, c’étaient des fours à tuiles. Tous les fours étaient habités. Et oui en 1952 ou 1953, on dormait dans des fours. L’usine ne marchait plus, alors ils ont tout nettoyé. Il y avait un lit, une cuisinière, un poêle. Je vivais là comme tous les autres célibataires. Ce n’était pas encore Lorette. Lorette le bidonville ce n’était pas avant 1960 ou 62-63. Abdallah

L’attachement est indissociable du rejet… Rejet de la misère, de l’inconfort, de la dureté propres au bidonville, mais attachement au bidonville qui s’enracine pourtant.


FORMATIONS AUTOCONSTRUITES Dans les années 50, le mouvement coopératif des Castors réalise en autoconstruction une cinquantaine de maisons à l’arrière de la voie ferrée. Ces pavillons sont réalisés sur le terrain qui avait servi de dépôt de matériel après guerre.

«Les maisons Castors, c’est un principe d’auto-construction : les militants du mouvement achètent les terrains avec des fonds collectifs, des aides charitables, des souscriptions, et parfois bénéficient de terrains que les municipalités leur accordent, pour un franc symbolique, espérant ainsi se dédouaner d’une part du problème de pénurie de logements.

A la sortie de la guerre, la question du mal logement à Marseille fait rage. Entre 1945 et 1946, 76 000 demandes de réquisition d’habitat sont adressées à l’Office municipal du logement de Marseille. Seuls 2 200 dossiers sont administrés, et pas une seule réquisition réalisée.

Puis les Castors se mettent au travail, moyennant une tâche attribuée selon les compétences, à hauteur de quarante heures hebdomadaires par famille. Lorsqu’un lot de cinquante maisons, toutes identiques, est terminé, on tire au sort son logement et on l’occupe, tout en continuant à construire pour d’autres.

En octobre 1946, le Mouvement des squatters est créé à Marseille à l’occasion de la première réquisition sauvage d’une résidence bourgeoise,Tornésy, partiellement occupée par une congrégation religieuse à Saint Louis. A Marseille, entre 1946 et 1951, les Squatters organiseront le relogement de plus de 10 000 familles.

Un système collectiviste qui permettra à bien des ouvriers et de personnes issues des petites classes moyennes d’accéder à la propriété. Et leur permettra aussi de réaliser une utopie domestique : celle de la résorption du bidonville par l’organisation collective, et celle du modèle parfait de la famille que l’on qualifiera plus tard de « classe moyenne ». Cette famille modèle est travailleuse et méritante, elle s’investit dans le foyer, elle comporte deux enfants, trois au plus (les maisons Castors ont toutes trois chambres). Mais aussi, cette nouvelle famille-type accomplit l’idéal pavillonnaire, symbole de l’individualisme dénoncé par les militants sociaux et syndicaux qui reprochent aux Castors de préférer la promotion sociale à la participation politique. Débat toujours d’actualité.»

Mais les propriétaires font pression sur le gouvernement et, d’expulsions policières en procès, le Mouvement des squatters s’essouffle. À partir des années 1950, les squatters partiront vivre dans les grands ensembles, option qui sera finalement privilégiée par les pouvoirs publics, quand d’autres choisissent la voie de l’autonomie en construisant eux-mêmes leurs maisons : ce sera la naissance du mouvement des maisons Castors. 22

Claire Duport, Extrait Le Mouvement des squatters, Habiter à Marseille, Vacarme #89


«Quels étaient les bidonvilles dans le Bassin de Séon ? Le bassin de Séon comptait de nombreux bidonvilles. À l’Estaque, qui est un des plus petits quartiers de Marseille, il y en avait trois : — le bidonville de Riaux, au pied de la cimenterie Lafarge, abritait une trentaine de personnes ; — le bidonville de la rue Pasteur, construit sur un terrain vague, abritait environ 300 familles nombreuses, principalement d’origine Kabyle, ainsi qu’une trentaine de « célibataires » ; — le bidonville de la Campagne Fenouil, installé sur un terrain appartenant aux tuileries, abritait lui aussi environ 300 familles nombreuses, dont une grande partie étaient des gitans rapatriés d’Algérie et le reste des Kabyles. Ce bidonville était situé juste derrière notre école. À St-Henri, il y avait un petit bidonville. Il était installé lui aussi sur un terrain appartenant aux tuileries : la campagne Michel. Il y vivait une quarantaine de familles. Enfin, à St-André, il y avait au moins trois bidonvilles : celui de la Lorette, où vivaient 158 familles et une dizaine de célibataires, celui de Grand Camp, dont nous ne savons pas combien de personnes y vivaient et celui de Ruisseau Mirabeau, où vivent encore une soixantaine de familles Manouches qui s’étaient installés là parce qu’il y avait autrefois des usines qui traitaient le métal et que ces familles vivaient de la récupération des métaux.

Quels rapports entre bidonvilles et tuileries ? Sur les six bidonvilles dont nous avons parlé, plus de la moitié étaient situés sur des terrains appartenant aux tuileries. Ce n’est pas un hasard. En effet, ces terrains ont été prêtés par la Société Générale de Tuilerie de Marseille aux ouvriers immigrés qui travaillaient dans ses usines, comme ça elle n’avait pas à construire de nouvelles cités ouvrières. (...) Il faut dire que les tuiliers possédaient plus de la moitié du territoire du Bassin de Séon et que leurs terrains ne leur servaient plus, étant donné que la plupart des tuileries anciennes avaient fermé, au profit de trois usines ultramodernes construites à St-André.» Texte collectif, Journal Le temps des Sirènes, Ecole Estaque Gare

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Portraits d’un oubli: le bidonville de la Lorette, propos recueillis par Nora Mekmouche, Cris et écrits.

On n’avait ni titre de propriété, ni droit de bail. On avait des traitements de faveur, on était quand même considéré comme un bien des Tuileries de Marseille. On était le bien des Tuileries de Marseille. Karim

Dessins des élèves de l’école de l’Estaque Gare, photos de droite à gauche et de haut en bas Musée d’histoire de Marseille / archives SGTM / Fabrice Ney 1995 / Jacques Windenberger 1995 / Jacques Windenberger 1992 / Valérie Jouve dans Grand Littoral / Jacques Windenberger 1972 / Jacques Windenberger 1995


Moi je suis restée là, chez moi, à la nouvelle Lorette. Je ne voulais pas voir la démolition. On est descendu après, quand les travailleurs sont partis. Et on a vu! Et bien maintenant je suis bien ici, c’est propre, mais il n’y a plus rien. Chacun chez soi. Il n’y a plus personne, tu sors et après chacun rentre chez lui et c’est tout. Ce n’est plus du tout la même chose. Zohra


ORCHESTRATION

ET SI ON EXPLORAIT AUTREMENT L’HARMONIE ? ET SI ON CHERCHAIT D’AUTRES HISTOIRES ?


TRANSFORMATIONS

D’AUTRES RÉSONANCES ? ET SI NOS CORPS DEVENAIENT DES INSTRUMENTS ? ET SI ON RENVERSAIT LES ACCORDS ? ET SI CHANTER DEVENAIT LA CONVERSATION ? ET SI LA MUSIQUE POUVAIT ÊTRE UN LANGAGE COMMUN ?

« Nous, Gardiens et enfants de la Terre Mère, peuples autochtones et partenaires alliés, avons tenu notre Deuxième Assemblée et nos prophéties, notre sagesse, nos analyses, nous ont permis de constater que la vie sur la Terre Mère est en danger et que l’heure d’une grande transformation est arrivée. Les peuples autochtones ont toujours pris soin de la Terre Mère et de l’humanité. Nous souhaitons qu’il en soit encore ainsi, avec le soutien des peuples du monde. Les prophéties autochtones nous donnent la responsabilité de dire au monde que nous devons vivre en paix les uns avec les autres et avec la Terre Mère, pour assurer l’harmonie au sein de ses lois naturelles et de la création. Nous appelons à des solutions concrètes qui reconnaissent les droits des peuples autochtones et de la Terre Mère, qui ne sont pas séparés. » Alliance des Gardiens et enfants de la Terre Mère, Déclaration de Brasilia, 2017

POLYPHONIE Combinaison de plusieurs voix, de plusieurs parties, dans une composition musicale, chaque partie étant traitée de manière indépendante (écriture horizontale), mais formant avec les autres un tout. L’harmonie (écriture verticale) est également essentielle dans la polyphonie.

En quoi sommes-nous transformés lorsque nous passons notre temps dans des milieux à ce point artificiels, des espaces jetables ?

Grand dictionnaire terminologique

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Telle une joute verbale et costumée, la parade du mardi gras rend hommage aux tribus amérindiennes qui peuplaient les « Bayous » du Mississippi, dans lesquels ils ont caché et accueilli les esclaves noirs en fuite dès le 17éme siècle. Chaque « Marroneur » recevait une parure de plumes et un nom indien. De leurs unions naissent les premiers « Black Indians » et des liens indéfectibles nourrissent le chant « Indian Red », une ode évoquant le courage face à l’adversité, porteuse d’espoir, « d’agrégation raciale » qui jusqu’à ce jour résonne du quartier de Nola à Songo Square.

l à on en chan c o re te

HANDO HANDO HANDO (IN THE EVENING) HANDO HANDO HANDO (ALL DAY LONG) HANDO HANDO HANDO WE WON’T BOW DOWN (WE WON’T BOW DOWN) NOT ON THE GROUND (NOT ON THE GROUND) OH HOW I LOVE TO HEAR THEM CALL MY INDIAN RED

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version arabe et commoriennes en cours de traduction


« Mighty Cooty Fiyo », un appel , un cri, certainement guerrier qui prend ses sources il y a bien longtemps au sein de tribus amérindiennes séminoles. « Indian red » nous parvient de la tradition du carnaval de la Nouvelle Orléans, où défilent des « Big Chiefs », Noirs, accompagnés de leurs espions, portes drapeaux et protecteurs du « Chief ».

INDIAN RED WE ARE INDIANS, INDIANS WE ARE THE INDIANS OF THE NATION THE WILD WILD CREATION WE WON’T KNEEL DOWN, (WE WON’T KNEEL DOWN) NOT ON THE GROUND (NOT ON THE GROUND) OH HOW I LOVE TO HEAR THEM CALL MY INDIAN RED JACOMO FIN DOE HANDO HANDO HANDO (IN THE MORNING)

version francaise

NOUS SOMMES LES INDIENS DE LA COMMUNAUTÉ DE LA CRÉATION SAUVAGE

NOUS NE NOUS PROSTERNERONS PAS

NOUS NE NOUS METTRONS PAS À TERRE AH COMME J’AIME QU’ON NOUS APPELLE LES INDIENS ROUGES.


Cartaconta est un jeu inventé par les femmes de la Baguette magique pour raconter les histoires infinies de la vie à la Castellane.

« La culture est un ensemble de récits que nous nous racontons sans relâche, et que l’on peut aussi combattre en fabriquant des récits inconfortables et dérangeants dans l’imaginaire dominant. »

Rêver l’obscur, de Starhawk

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RECLAIM Revendiquer/Se réapproprier/Inventer/ Réparer

« Tu dis qu’il n’y a pas de mots pour décrire ce temps, tu dis qu’il n’existe pas. Mais souviens-toi. Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente. » RECLAIM est un mot difficile à

traduire en français, issu de luttes de femmes aux Etats-Unis, inquiètes des maltraitances qu’elles rencontraient en tant que femmes, mères mais aussi habitantes de la terre. Ce mouvement constitué de multiples situations d’urgence a fait converger dans ce qu’on appelle aujourd’hui

l’écoféminisme des mobilisations atypiques entre écologie, luttes sociales et décoloniales. Elles donnèrent lieu à des formes très créatives, avec souvent des rituels, des histoires et des chants, dans un désir collectif de se réapproprier la nature (au sens d’y retrouver sa place), y compris la nature des terres polluées, détruites, la nature qu’on cultive comme celle qu’on habite. Pour elles c’était aussi un chemin pour se réapproprier l’Histoire.

au dos : LA MAMAN Courageuse / et fragile / Impuissante si seule /Forte si avec d’autre smamans / Elle s’occupe de tous / Sans temps / Sans espace pour elle / Elle a peur / doit être toujours vigilante / Elle est respectée / Elle est riche de souvenirs LA CASTELLANE VUE DE LOIN De loin on voit pleinde bâtiments / On dirait de voir une petite ville / Un grand château carré / Tout autour il y a la colline / Verte / Arborée / Il l’y a la route autour / On la voit presque de partout à / Marseille et on pense « c’est chez moi là-bas »

JOUER

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(RE) COMPOSER Nos terrains d’aventures Extraits des conversations du 1000 pattes pendant la construction de la balade et de conversations à Foresta. « Vous saviez qu’en dessous du boulevard Barnier il y avait un ruisseau, le Pradel ? La pharmacie s’appelle toujours comme ça.» « On dit toujours bassin tuillier mais alors on pourrait aussi regarder ça comme une vallée ? » « Bah oui, l’origine c’est toujours l’eau. Une vallée au fond de laquelle coule une rivière… Mais si elle se jette à la mer c’est un fleuve…” « Mais le fleuve ce n’était pas le Pradel, c’était le Torrent de la Pelouque. Le Pradel sans doute qu’il se jetait dedans… Et d’un côté de la vallée c’était Séon-St Henry, et de l’autre SéonAndré.» « J’ai lu dans le dernier numéro de la Baguette magique, le journal des dames de la Casté que c’était aussi le nom d’un lieu de jeux dans les années 80, le Terrain d’Aventure du Pradel. L’histoire raconte qu’ils ont demandé aux enfants à la sortie des écoles ce qu’ils voulaient pour les quartiers et ils auraient 32

répondu : on veut de l’eau, de la terre et du feu.” “Cet endroit, avant ça, quand ils ont construit la Castellane, tu sais comment il s’appelait sur les plans? Le Parc Foresta!” « Le terrain d’aventure de la carrière, c’était de Plan d’Aou à la Viste, la Bricarde jusqu’à Saint André et la Castellane. » « A un moment, on avait tous un proche qui bossait aux tuileries et au creux. Et après, quand ça s’est arrêté, on a tous eu nos gamins qui y jouaient. C’était un super... terrain d’aventures. »

Et si Grand Littoral devenait le nom d’un chef indien, que se passerait-il ? On se fabriquerait des cartes bleues en argile. Et le château des Tours deviendrait le château du Roy Merlin. Et les motos se transformeraient en chevaux. On peindrait ses poteaux en béton avec de l’argile.

TENTATIVE D’HISTORIQUE de LA CARRIÈRE 16ème siècle Installation à l’occasion des guerres d’Italie de la famille d’origine italienne Foresta. Elle possède rapidement de nombreuses terres et rejoint les grands notables marseillais. 18ème siècle En acquérant par mariage avec une fille de la famille de Bricard le domaine dit de La Bricarde, les Foresta s’implantent sur le territoire. Le château des Tours, vieux château féodal du 13ème siècle est acheté en 1829 et devient la résidence principale du Marquis. 19ème siècle La vallée dont le fleuve côtier s’appelle La Pelouque accueille sur ses pentes des fermes et des bastides. La viticulture y est importante. Bien que le passage de l’usage artisanal de l’argile à l’extraction industrielle ait pris son essor dans les années 1850 dans le bassin de Séon, les cartes anciennes montrent qu’en 1860 aucune usine ni carrière n’est implantée. Sur les premières vues aériennes de 1926, on voit que les carrières sont devenues très importantes. Malgré une pause pendant la guerre, elles ne cesseront de s’étendre jusque dans les années 60 et modifient profondément la topographie naturelle. Le château des Tours est bombardé pendant la guerre et Foresta devient le nom de code de batteries


et d’opérations militaires allemandes. Le château finira par s’écrouler dans les années 60, englouti par le creux d’argile. Les terrains restent minés, aux cavités incertaines. À partir de 1955 de grandes opérations de constructions démarrent à Marseille. St Barthélémy et la Viste sont les premiers programmes et les terrains Foresta sont à l’étude mais véritablement mis en projet dans le sillage de la guerre d’Algérie. La Castellane à partir de 1966 puis le Plan d’Aou et la Bricarde sont construits. 1989 Construction de la A55. 1992 Abandon de l’extraction d’argile dans la carrière du Pilot et rachat des terrains par la société TREMA aux Tuileries de Marseille et aux héritiers Foresta. 1994 Remodelage du terrain par déplacement de 5 millions de mètres cubes de terre, arasement de la colline et première pierre du centre commercial Grand Littoral. 1995 Destruction du bidonville de la Lorette, premiers glissements de terrain entraînant une partie des relogements de la nouvelle Lorette puis le gymnase du collège Barnier. 1999 Fermeture du cinéma UGC. Trema lance une série de procès contre les constructeurs. Zinédine Zidane, qui a grandi à la Castellane, annonce un

projet de centre sportif sur la partie plane des terrains. 2003 Destruction du cinéma, abandon du projet de Parc animalier, abandon du projet de centre sportif. Annonce de la reconstruction d’un cinéma dans Grand Littoral ainsi que du projet Tivoli Park, 80 000 m2 de commerces, bureaux, logements et un espace vert de 18 hectares par le groupe Résiliance. Aucun de ces projets n’aboutira. 2006 L’association de sociologues urbains Arènes organise le festival l’Art des lieux pour interroger avec les riverains et des artistes le devenir du site. Cette démarche aboutira à la création en 2012 sur un terrain de la ville les Jardins partagés du Belvédère. 2013 Création du sentier de randonnée du GR2013 qui traverse les terrains en friche. 2015 Vente par la ville de 26 hectares au groupe Résiliance. 2015 Prise de contact avec l’association Yes We Camp par le groupe Résiliance nouvellement propriétaire de 26 hectares vendus par la ville de Marseille pour l’interroger sur de possibles

usages de plein air de la zone inconstructible et pentue du site. Yes We Camp et Hôtel du Nord s’associent pour expérimenter. 2016/2017 Conversations, balades collectives, fêtes pour réfléchir à la possibilité d’un projet d’usages collectifs. 2018 Déblocage de fonds européens pour aménager des espaces communs dans le parc, signature d’une convention de 8 ans entre Yes We Camp et Résiliance. Résiliance avec des partenaires chinois ouvre sur la partie terrassée de ses terrains le MIF, show rooms en containers dédiés au textile de gros. 2019/20 Arrivée des premiers projets d’usages autour du hameau du Parc Foresta (Ranch Karamane, jardin d’Hamida…) Décembre 2020 Première Assemblée Foresta qui associe à la gouvernance habitants impliqués, structures riveraines et porteurs de projets. 33



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Le Sens de la pente #1


dire crabe et cinq pour poisson. Le second type de langage tambouriné rassemble ceux qui imitent la langue parlée. « J ‘ai mis longtemps à comprendre que le mot « colline » ne désigne pas un lieu mais un état, un savoir vivre en commun. Affectueusement, on dit la colline pour se raconter, se reconnaître dans la diversité des pentes, dos à dos. Que l’on soit tourné vers l’est aux Mariniers ou vers l’ouest à St Louis, que l’on soit d’en bas de Mourepiane ou d’en haut de la Savine, que les ombres et les lumières de Foresta se disent en arménien ou en kabyle, toutes les maisons se tournent en suivant le soleil : nous faisons colline. » « J’ai mis davantage de temps à comprendre que la colline désigne les manques, tous les manques, tout ce qu’on a pris à la terre et aux hommes, toute cette matière rouge profonde de l’argile au drapeau. Tous savent que la colline n’existe plus, que cette immense carrière urbaine, c’est le « creux. » Chacun tourne autour de son manque comme un secret de fondation : un secret de générations. »

« Oui c’est de la petite histoire. Grand Littoral, il y avait les carrières, il y avait les gens qui ont travaillé là-dedans, mais avant les carrières qu’est-ce qu’il y avait ?...Donc là on est témoin d’un petit passage, une carrière qui est devenue un grand magasin parce que c’est pas possible et puis ils vont mettre… je ne sais pas, un grand parc, ou une cité futuriste… En fait nous on est témoin de cette histoire-là, cette histoire de la carrière qui se transforme en grand supermarché. »

« A l’échelle de la mémoire humaine, historique, ou encore la mémoire individuelle de chacun, c’est en fait une dilatation du temps totale. A l’échelle individuelle, cette petite histoire, qu’on dit petite par rapport à la Grande 36

« C’est à force d’y être ; au bout d’un moment tu comprends pourquoi cet endroit est magique, en fait c’est l’opposition : ce truc d’hyperconsommation et cet état sauvage, vraiment sauvage ».

« C’est ça aussi se battre tous dans la colline, consciemment ou inconsciemment, contre ces espèces de frontières terribles qui sont en train d’être érigées. Tout le monde essaye de redonner toujours l’élasticité, la porosité entre ces parties de la ville que l’on érige. Zone A, Zone B, Zone C, tout le monde circule entre tout ça, tout le monde passe par- dessus les barrières, tout le monde continue de circuler en haut, en bas de la colline et y revient sans cesse, même s’il repart à l’autre bout de la France ou à l’autre bout du monde… Ça peut bien nous arriver que les porosités finissent par ne plus être et que cela deviennent des zones étanches. »

Grand Littoral, de Valérie Jouve (paroles collectées)

« Tu décides, tu décides, t’y vas, tu décides, t’y vas… Oh, je vais comme je pense, je fais comme je veux aussi. »


GRANDE CHORALE LITTORAL là o n tou chante j o u rs

« Mais si tu regardes, tout ce qui est, que tu parles de l’usine, la briqueterie plus le chemin de fer, plus l’autoroute, la bretelle qui fait Arenc, la Joliette, derrière tu as comme plein d’activités de partout : les gens ils marchent, les bateaux, ils s’en vont, entourés de transports de partout, avion, train, bateaux, tout autour. »

« Je trouve que dans ce lieu, se pose la question de comment tu te déplaces, pourquoi tu te déplaces ».

(tambourinée) Les langues tambourinées consistent en l’utilisation d’un instrument musical, en l’occurrence le tambour, mais il y en a d’autres, pour la communication. Le langage tambouriné peut être indépendant du langage parlé et disposer de sa propre structure et de son répertoire de signes: par exemple, trois coups pour

Histoire, en fait, elle est toute la vie de quelqu’un, de quelqu’un qui a été… »

« L’endroit, je ne le trouve pas magnifique. Question de sauvagerie naturelle y’ a rien, y’ a pas d’eau, y a des morceaux de ferrailles partout, y’ a même une voiture jetée en bas du ravin. Donc c’est pas un lieu vraiment sauvage. Mais c’est un lieu abandonné, j’appelle ça un lieu abandonné. »

« On a eu l’impression d’être en Amazonie au bout d’un moment, tellement que c’était beau. Moi j’étais surprise par ça, vraiment. »

« C’est abandonné et en même temps, c’est l’envers du décor, c’est à côté de ce grand temple de la consommation qui est Grand Littoral et on a à la fois un coin complètement sauvage, un ancien coin exploité, les carrières, un coin qui est le plus grand centre commercial d’Europe paraît-il ».


photos Dominique

photos Dominique photo Dominique Poulain



Le Tiers-Paysage –fragment indécidé du Jardin Planétairedésigne la somme des espaces où l’homme abandonne l’évolution du paysage à la seule nature. Il concerne les délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées, etc. Comparé à l’ensemble des territoires soumis à la maîtrise et à l’exploitation de l’homme, le Tiers-Paysage constitue l’espace privilégié d’accueil de la diversité biologique. Le nombre d’espèces recensées dans un champ, une culture ou une forêt gérée est faible en comparaison du nombre recensé dans un délaissé qui leur est attenant. Considéré sous cet angle le Tiers-paysage apparaît comme le réservoir génétique de la planète, l’espace du futur … Le Manifeste du Tiers-paysage, Gilles Clément

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Le mot FORÊT a une étymologie complexe. Alors que son appellation médiévale dérivait de Silve, il va être remplacé par Foresta à partir du 12ème siècle.

Forestare: mettre dehors, bannir. Foresta signifie donc primitivement le retrait d’un terrain sur lequel on avait prononcé un “ban”, une interdiction de culture, d’habitation, dans l’intérêt de la chasse seigneuriale. Comme la chasse se prêtait surtout aux bois, il y a eu alors transition entre foresta, territoire

prohibé, et forêt. L’italien actuel «Foresta» conserve le sens de « vaste zone inculte, où la végétation, et en particulier les arbres, croissent spontanément”. Source wikipedia

“C’est une aventure en cours. La règle est la composition romantique de l’engagement. L’intention de recréer l’accouchement de l’enceinte au pouvoir de transmettre le projet Foresta, faire exister l’échange, le partage de l’irréductible “communauté d’attention”.” Extrait des retours sur l’Assemblée Foresta du 6 mars 2021, par Christian.


ESPACE SAUVAGE?

Dessins Stéphane Brisset, Collectif SAFI

Anna Tsing a écrit un livre qui s’appelle Le champignon de la fin du monde : sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme. Elle suit de manière très détaillée comment s’organise une sorte de vie collaborative, à la fois précaire et agile, autour de la cueillette d’un champignon qui aime tout particulièrement surgir dans les “ ruines” . Elle emploie ce terme au sens de paysages meurtris, que des humains ont surexploités pour une ressource (surexploitation des choses et des gens) puis abandonnés pour aller capter une autre ressource.

« Que faire quand votre monde commence à s’effondrer ? Moi je pars me promener, et, si j’ai vraiment de la chance, je trouve des champignons. »

Quelques plantes qui poussent dans nos ruines Fenouil, Mauve, Nepeta

ou

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Raymond Murray Schafer, Le paysage sonore Fabrication d’instruments à Foresta pour la balade Harmonique du 2 mai 2021

“Écouter le monde comme une vaste composition musicaleune composition dont nous serions en partie les auteurs.”


Et si on jouait ensemble…

Se documenter *Ancrages et son centre de ressources à Saint-Henri www.ancrages.org *La Baguette magique de la Castellane www.awanak.org *Les journaux de l’école de l’Estaque Gare https://tempsdesirenes. wordpress.com/ *Philippe Gumplowicz, Les Travaux d’Orphée, Deux siècles de pratique musicale amateur en France (1820-2000) : harmonies, chorales, fanfares Editions Flammarion *Lucienne Brun, Sur les traces de nos pas Edition Consolat Mirabeaux services *Lucien Vassal, Trilogie de la colline Editions Paul Tacussel

*Henri Carvin, Entre mer et collines Editions Mairie 15/16 Marseille *Articles de Jacques Vialle et des enfants de l’école Estaque Gare, L’Estaque industriel, Revue Mémoire Industries en Provence, n°21 Enquêter et se balader collectivement Le 1000 pattes et la fabrique de balades: www.hoteldunord.coop Jouer de la musique même si on n’a pas fait de solfège Dans le bassin de Séon *Fanfare des familles, *Terra canta *Jeudis de l’Harmonie prenez contact on vous orientera >>>>>>>>>>> contact@hoteldunord.coop

Des projets socio-éducatifs pour tous.tes Vacarme-orchestra.org Voir des films et pas que *L’Alhambra www.alhambra.org S’impliquer en plein air *Le Parc Foresta www.parcforesta.org


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Dessin Mathilde Haegel


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