La pédopsychiatrie : une surspécialisation reconnue

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CrĂŠdit photo : Johane Roy


Chef de file en pédopsychiatrie et en troubles envahissants du développement pour une clientèle de tous âges, l’Hôpital Rivière-des-Prairies, affilié à l’Université de Montréal, a comme mission d’offrir aux enfants et aux

L’Inter-Mission est publié par la Direction des communications et des ressources informationnelles de l'Hôpital Rivière-des-Prairies 7070, boulevard Perras Montréal (Québec) H1E 1A4

adolescents du Québec

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des soins et des services

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spécialisés et surspécialisés dans le domaine de la santé mentale. La passion de ses chercheurs et cliniciens contribue à l’avancement du savoir, au transfert des connaissances et au développement des pratiques exemplaires. En contexte hospitalier ou ambulatoire, l’Hôpital assure à sa clientèle et à son personnel un environnement sécuritaire. Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec ISSN : 1705-4575 Les opinions émises dans l'Inter-Mission n'engagent en rien le conseil d'administration de l'Hôpital Rivière-des-Prairies.

RÉDACTRICE EN CHEF Johanne Gagnon

RÉDACTEURS Carole Boulé Alexandra Perron

Sommaire

Stéphane Trépanier

COLLABORATION À LA RÉDACTION Line Bellavance

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent :

Sylvie Lauzon

un titre enfin reconnu!

RÉVISEURE ET CORRECTRICE

Un atout pour l’enseignement, la recherche...

France Beaudoin

CONCEPTION GRAPHIQUE Johane Roy

et le recrutement

4 6

Clinique des troubles de l’humeur Le rôle méconnu de l’ergothérapeute

MERCI SPÉCIAL Pierre-Olivier Roy (pages couverture et 4)

IMPRESSION Imprimerie Héon & Nadeau ltée

en santé mentale

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Comment ça va?

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Mélimélo

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Encart Fondation Projet de résidences communautaires supervisées

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Nos experts s’illustrent

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De nouvelles couleurs pour les plateformes Web de l’HRDP

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L’inter-Mission VOL.13 no 1 hiver - printemps 2014

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Éditorial JOHANNE GAGNON

DIRECTRICE DES COMMUNICATIONS ET DES RESSOURCES INFORMATIONNELLES

La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, bien que pratiquée avec excellence depuis fort longtemps, vient tout juste d’obtenir ses lettres de noblesse. En effet, reconnue officiellement par le Collège des médecins et chirurgiens du Canada depuis l’automne dernier, la pédopsychiatrie est maintenant une surspécialisation dans le domaine. La santé mentale des enfants et des adolescents étant la raison d’être de notre centre hospitalier, la nouvelle a été accueillie avec enthousiasme. Mais quel est l’impact de cette reconnaissance? Quels sont les avantages pour un psychiatre d’obtenir cette surspécialisation? Qu’en est-il de la formation? Autant de questions auxquelles répondent les docteurs Cloutier, Collette et Grégoire dans un dossier spécial à lire en page 5. Dans l’édition précédente de l’Inter-Mission, nous vous avons présenté les professionnels de la Clinique des troubles de l’humeur. Lisez, en page 8, la conclusion de ce dossier spécial... Qui sont les ergothérapeutes? Comment leurs expertises s’intègrent-elles au sein de l’équipe? Continuons... Être parent d’enfants autistes tout en étant infirmière auprès d’une clientèle avec trouble du spectre de l’autisme... un vécu particulier? Nouvellement retraitée de l’HRDP, Jacynthe Constant, nous répond en présentant avec fierté sa famille et son projet de résidence le « Pas de deux » en page 12. Terminons par l’équipe des communications qui vous découvre la nouvelle image du site internet de l’HRDP. Quelles sont ses nouvelles couleurs? Quels sont les produits du CECOM? Sa nouvelle plate-forme de vente? Prenez plaisir à les découvrir en page 16 ou... en naviguant au

www.hrdp.qc.ca Un dernière question? Qui est ce jeune homme en page couverture? C’est Pierre-Oliver Roy qui a bien voulu jouer le rôle d’un psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, et ce, en participant gratuitement et à sa façon à la mission de l’HRDP. J’en profite pour remercier à travers lui tous ceux et celles qui jusqu’ici ont prêté leur visage à notre cause.

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et bonne lecture! Johanne Gagnon Rédactrice en chef Vos commentaires sont précieux, alors n’hésitez pas à me les transmettre à l’adresse suivante :

johanne.gagnon.hrdp@ssss.gouv.qc.ca

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avec les docteurs

RÉAL CLOUTIER SÉBASTIEN COLLETTE PASCALE GRÉGOIRE


par Carole Boulé

un titre enfin reconnu! Si la pédopsychiatrie au Québec et au Canada est un champ de pratique qui existe depuis de nombreuses années, la reconnaissance de cette surspécialité par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada est encore toute récente. En effet, c’est seulement à l’automne 2013 que la première cohorte de psychiatres a passé l’examen pour obtenir une reconnaissance officielle. Un défi qu’ont relevé avec brio deux de nos psychiatres, les docteurs Pascale Grégoire et Sébastien Collette. Nous les avons rencontrés avec le Dr Réal Cloutier, directeur des services professionnels, pour qu’ils nous parlent de leur motivation à obtenir le titre de surspécialiste en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui, faut-il le préciser, n’est pas obligatoire pour les psychiatres déjà en fonction… mais qui pourrait le devenir pour les futurs finissants en psychiatrie qui voudront travailler en milieu universitaire auprès de cette clientèle. En 2011, le Collège royal des médecins et chirurgiens du

Le Dr Sébastien Collette abonde dans le même sens et ajoute

Canada a reconnu trois nouvelles surspécialisations en psychia-

qu’il s’est lancé aussi dans ce processus de certification parce

trie : la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, la psychiatrie

qu’il veut demeurer impliqué dans l’enseignement auprès des

légale et la gérontopsychiatrie. Les psychiatres déjà en fonction

résidents. « Il est à parier que cela deviendra une exigence de

peuvent présenter leur candidature pour participer à la route

l’université pour enseigner aux résidents séniors et aux

d’évaluation par la pratique (REP) menant au certificat pour

résidents qui s’orienteront en pédopsychiatrie », explique le

être admissibles à l’examen. Cette route permet de faire seule-

Dr Collette qui compte 10 ans de pratique, dont quatre à

ment l’examen menant à la certification. Une opportunité

l’HRDP.

qu’ont décidé de saisir la Dre Pascale Grégoire, chef du Dé-

La Dre Grégoire ajoute également que la route d’accès me-

partement de pédopsychiatrie, et le Dr Sébastien Collette, chef

nant au certificat pour les psychiatres déjà en fonction ne sera

médical du Programme d’hospitalisation et d’interventions

plus accessible d’ici deux ans environ. Si elle avait eu besoin

brèves de l’Hôpital Rivière-des-Prairies.

de cette certification dans dix ans, elle aurait été obligée de re-

« Plus on est en début de carrière, plus on est motivé à faire

tourner faire une formation à l’université. Une autre raison qui

l’examen. Comme je suis chef du Département de pédopsy-

l’a incitée à faire l’examen à l’automne 2013.

chiatrie, j’avais avantage à donner le coup d’envoi et le

Six mois pour étudier

Dr Collette aussi », indique la Dre Grégoire qui travaille depuis

« Le processus d’études s’est étalé sur environ six mois. C’est

14 ans à l’HRDP.

assez long, selon moi », confie le Dr Collette. Quant à la Dre

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Ce que confirme d’ailleurs le Dr Cloutier, directeur des services professionnels de Dre PASCALE GRÉGOIRE, chef du Département de pédopsychiatrie. Dr SÉBASTIEN COLLETTE, chef médical du Programme d’hospitalisation et d’interventions brèves

Grégoire, elle a trouvé le processus

Une expérience qui a été très enrichis-

d’études plutôt exigeant pour elle,

sante pour la Dre Grégoire. « On a

mais encore plus pour sa famille. « Ce

créé une communauté de pédopsy-

qu’il faut comprendre, c’est qu’on

chiatres. Cet esprit de groupe nous a

étudie le soir après le travail, les fins de

rapprochés de collègues avec qui on

semaine et même une partie des

collabore, mais qu’on ne côtoie pas au

vacances d’été. C’est un investissement

quotidien », souligne-t-elle. Le groupe

de temps consacré à l’étude qu’on

pancanadien a eu la même idée en or-

ajoute à tout le reste » , dit la Dre

ganisant trois jours de formation en

Grégoire.

juillet à l’Université de Toronto où ils se

Toutefois, ils ont eu la bonne idée de

sont retrouvés à étudier ensemble –

l’Hôpital. « Cette certification se fait sur une

base volontaire pour les psychiatres en pratique pédopsychiatrique et ne changera rien au niveau de leurs tâches et de leur nomination au sein de l’établissement. » Il ajoute que les deux psychiatres de l’Hôpital qui ont passé et réussi l’examen l’automne dernier sont maintenant identifiés comme surspécialistes. « C’est un avan-

diens - avec des spécialistes qui résu-

tage pour la vocation pédopsychiatrique de l’Hôpital », estime le Dr Cloutier. « Avec le temps, il y aura probablement des modifications au niveau des plans d’effectifs médicaux pour identifier des postes en psychiatrie et d’autres en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Nous en aurons déjà deux et éventuellement, il y en aura d’autres. Pour les futurs recrutements de psychiatres, il est fort probable que l’on va exiger cette surspécialité. »

maient les connaissances actuelles.

En somme, la reconnaissance de la surspé-

des provenaient de plusieurs centres

Avantageux de se surspécialiser?

cialisation de la psychiatrie de l’enfant et

hospitaliers et se réunissaient aux deux

« Personnellement, j’ai un peu hésité

de l’adolescent changera peu de choses

semaines par visioconférence. À tour

à le faire, car les psychiatres qui tra-

à court terme pour les docteurs Pascale

de rôle, chacun présentait un sujet

vaillent déjà vont pouvoir finir leur

parmi les différents thèmes de l’exa-

carrière sans avoir à obtenir cette

men au bénéfice des autres.

certification », avoue la Dre Grégoire.

créer un groupe d’études au lieu de travailler chacun de leur côté. Les pédopsychiatres de ce groupe d’étu-

pédopsychiatres québécois et cana-

Grégoire et Sébastien Collette… sauf qu’ils peuvent désormais signer après leur nom : psychiatre de l’enfant et de l’adolescent!

Un atout pour l’enseignement, la recherche... et le recrutement La décision récente du Collège royal des médecins et chirur-

dépistage et des soins en psychiatrie auprès des enfants, des

giens du Canada de reconnaitre officiellement la surspécialisa-

adolescents et de leur famille. Cette reconnaissance officielle

tion en pédopsychiatrie est le résultat d’une longue démarche

de la surspécialisation en psychiatrie de l’enfant et de l’adoles-

entreprise il y a 10 ans par l’Académie canadienne de psychia-

cent par le Collège royal des médecins et chirurgiens au

trie de l’enfant et de l’adolescent. Une reconnaissance qui vient

Canada vient appuyer leurs efforts pour donner plus de crédi-

souligner l’importance de favoriser l’excellence des soins cli-

bilité à cette spécialité de la psychiatrie. « Auparavant, la pé-

niques et de la recherche en pédopsychiatrie.

dopsychiatrie était le parent pauvre de la psychiatrie, c’est-à-dire qu’on accordait moins d’importance à cette discipline et qu’on était moins bien rémunéré que ceux qui faisaient

Au fil des décennies, les pédopsychiatres québécois et canadiens ont réussi à démontrer l’importance de la prévention, du

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L’inter-Mission VOL.13 no 1 hiver - printemps 2014


de la psychiatrie adulte. Aujourd’hui, on

terminer le contenu de la formation post-

Ce qui aura un impact au niveau de la

a acquis une meilleure reconnaissance

doctorale pour chacune des 11 nou-

mission universitaire dans les milieux hos-

de la pédopsychiatrie en plus d’être sur

velles spécialités médicales reconnues

pitaliers pour le Dr Collette. C’est-à-dire

le point d’atteindre la parité avec les psy-

par le Collège royal des médecins et

que les professeurs de ces nouveaux fi-

chiatres adulte », raconte la Dre Pascale

chirurgiens du Canada : psychiatrie de

nissants en pédopsychiatrie devront eux-

Grégoire, chef du Département de pé-

l’enfant et de l’adolescent, psychiatrie lé-

mêmes être surspécialistes en psychiatrie

dopsychiatrie.

gale, gérontopsychiatrie, pédiatrie du

de l’enfant et de l’adolescent.

D’après l’Académie canadienne de psy-

développement, endocrinologie gynéco-

chiatrie de l’enfant et de l’adolescent, il est stimulant d’être pédopsychiatre à l’heure actuelle, car ce champ de pratique connait un essor intéressant autant en clinique qu’en recherche.

« L’intérêt premier de cette reconnais-

sance est de s’assurer que les psychiatres qui pratiquent en pédopsychiatrie aient une formation qui répond aux plus hauts standards », estime le Dr Sébastien Collette, aussi professeur adjoint de clinique à l’Université de Montréal. Quelques facultés de médecine des universités québécoises et canadiennes ont déjà élaboré leur formation postdoctorale de cette surspécialité. En mai 2013, l’Université Laval a reçu l’accord du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada pour son nouveau prode

formation

Des atouts pour la recherche

lité,

Au niveau international, la reconnais-

médecine

interne

générale,

radiologie pédiatrique, neuroradiologie, radiologie interventionnelle, médecine de la douleur et pharmacologie clinique et toxicologie.

Une formation sur mesure

gramme

logique de la reproduction et de l’inferti-

médicale

spécialisée de deux ans en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Pour sa part, l’Université de Montréal, en collaboration avec l’HRDP, est à mettre sur pied son nouveau programme en 6e année de résidence spécialisée en pédopsychiatrie. En parallèle, un groupe de travail du Collège des médecins du Québec, créé en décembre 2013, devrait également déposer ses recommandations pour dé-

Plus de surspécialistes à l’avenir? « Avant, le recrutement à un poste de pé-

sance officielle de cette surspécialité en pédopsychiatrie sera importante pour les psychiatres d’ici qui présentent leurs travaux de recherche dans les congrès internationaux et qui font de la recherche pour publier dans les journaux scientifiques. « Lorsqu’on présentait à l’étran-

dopsychiatre exigeait des candidats d’avoir fait suffisamment de stages en pédopsychiatrie, c’est-à-dire une équivalence de formation en pédopsychiatrie d’environ 24 mois », explique la Dre Grégoire. Maintenant, les finissants en psychiatrie qui s’orienteront en pédopsychiatrie devront faire une année supplémentaire dans un programme de deux ans débutant au cours de la dernière année de la résidence.

pour favoriser la diffusion et le transfert

Le Dr Réal Cloutier rappelle que l’Univer-

des connaissances ainsi que le dévelop-

sité de Montréal exige de plus en plus que les nouveaux médecins, dans les hô-

ger, on était reconnu comme des psychiatres généralistes, même si l’on travaillait en pédopsychiatrie. Avec cette certification,

on

pourra

s’identifier

comme psychiatre de l’enfant et de l’adolescent au même titre que nos collègues étrangers », note le Dr Collette. La Dre Grégoire espère surtout que cette reconnaissance pourra servir de levier

pement de la recherche. Un souhait que partagent également les docteurs

pitaux spécialisés comme l’HRDP, aient

Cloutier et Collette.

une surspécialité dans un domaine par-

Qui sait, peut-être que cette reconnais-

ticulier. « Jusqu’à maintenant, il n’y avait

sance pourra devenir un atout pour

pas de surspécialisation en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Éventuellement, on s’attend à ce que l’Université nous demande d’embaucher des médecins qui auront obtenu cette surspécialisation pour qu’ils puissent travailler chez nous. »

positionner le leadeurship pédopsychia-

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trique de l’Hôpital Rivière-des-Prairies.

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Clinique des troubles de l’humeur Le rôle méconnu de l’ergothérapeute en santé mentale Geneviève Legault, Danièle Le Blond, Élodie Mills-Montesinos, ergothérapeutes

Lors du précédent numéro, nous avons

sphères importantes de leur quotidien : à

tions cognitives, affectives et sociales pour

présenté un dossier spécial sur la

l’école, à la maison, dans leurs activités so-

vivre un quotidien satisfaisant dans la com-

Clinique des troubles de l’humeur (CTH)

ciales et de loisirs et surtout dans leurs re-

munauté.

de l’HRDP. Par un concours de circons-

lations interpersonnelles. C’est-à-dire qu’il

tances, le rôle de l’ergothérapeute n’a pu

pourrait y avoir des répercussions impor-

« Même si deux enfants ont le même

être mis en lumière aux côtés des autres

tantes sur les capacités du jeune, sa moti-

membres de l’équipe. Nous nous repre-

vation et son assiduité pour faire n’importe

nons cette fois-ci pour boucler la boucle

quelles tâches, comme se lever le matin,

de cette belle équipe tissée serrée. Nous

aller à l’école, faire ses devoirs, faire ses ac-

avons donc rencontré les ergothéra-

tivités sportives et de loisirs, bien dormir,

peutes de la CTH, Danièle Le Blond et

bien s’alimenter, entretenir de bonnes re-

Élodie Mills-Montesinos ainsi que la

lations avec ses proches, ses amis, etc.

stagiaire en ergothérapie Geneviève Legault pour qu’elles nous parlent de leur rôle-clé dans le fonctionnement du quotidien de ces jeunes en souffrance.

« Souvent, les jeunes que l’on voit à la cli-

nique ont peu de loisirs et peu de contacts avec les autres. À l’école, leurs notes sco-

diagnostic et vont à la même école, chacun a un environnement différent, une famille différente et des intérêts différents. Il n’y a donc pas de recette magique pour les interventions auprès de ces jeunes. Il faut vraiment adapter nos stratégies selon les besoins de l’enfant et de la famille », renchérit de son côté Élodie Mills-Montesinos, nouvelle ergothérapeute à la CTH qui remplace Lyne Desrosiers jusqu’en octobre prochain.

laires baissent. À la maison, les parents ont

C’est également un défi très stimulant

Tout d’abord, rappelons que la CTH reçoit

de la difficulté à suivre leurs humeurs

pour la jeune stagiaire Geneviève Legault.

des jeunes aux humeurs dysrégulées qui

changeantes et parfois, la relation est bri-

« Chaque cas est différent, mais les ap-

peuvent être le signe d’une dépression sé-

sée entre eux », raconte Danièle Le Blond.

vère, d’un cas de bipolarité, d’un trouble

C’est là que l’ergothérapeute de l’équipe

de la personnalité limite ou de comorbi-

de la CTH intervient pour aider l’enfant ou

dité. Ces jeunes peuvent avoir des pen-

l’adolescent à utiliser des stratégies et des

sées suicidaires graves ou même avoir

techniques concrètes pour améliorer son

tenté de se suicider. L’humeur devient

fonctionnement dans la vie de tous les

alors un indicateur incontournable pour

jours.

sources de la souffrance du jeune.

Observer pour mieux évaluer les difficultés

proches aussi. Cette diversité des cas nous oblige à nous casser la tête et à être créatives pour trouver des solutions concrètes et propres à chacun », explique Geneviève Legault qui a la chance d’apprendre autant l’approche de la thérapie comportementale dialectique (TCD) avec Danièle Le Blond que l’approche en intégration sensorielle avec Élodie Mills-Montesinos.

Pour tous ces jeunes à l’humeur « en dents

Pour Danièle Le Blond, l’ergothérapeute

Mieux les outiller

de scie », comme le souligne Danièle Le

agit un peu comme un détective à la re-

Élodie Mills-Montesinos intervient surtout auprès des enfants qui ont des troubles de

l’équipe de la CTH afin de déceler la ou les

Blond, ergothérapeute et psychothéra-

cherche d’indices sur les forces et les diffi-

peute à la CTH, ces changements d’hu-

cultés de l’enfant ou de l’adolescent dans

modulation sensorielle, de motricité ou de

meur brusques et intenses déséquilibrent

son milieu de vie pour savoir comment l’ai-

dyspraxie. « Ces problèmes sensoriels peu-

leur fonctionnement dans toutes les

der à récupérer ou à développer ses fonc-

vent être au niveau tactile, auditif, visuel

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L’L’inter-Mission VOL.13 no 1 hiver - printemps 2014


par Carole Boulé ou olfactif. D’autres enfants voudront rechercher certaines sensations, comme se serrer ou se balancer plus que les autres pour se calmer. Notre rôle est d’évaluer l’impact de ces particularités dans sa vie de tous les jours et de trouver des moyens pour rendre ses difficultés plus faciles à gérer au quotidien. » Ses interventions auront lieu dans des salles adaptées, comme la salle sensorielle où il y a des ballons, des jeux et différents équipements spécialisés pour améliorer la coordination, l’équilibre et la motricité globale ainsi que des activités sur la motricité fine. Elle fera aussi des recommandations aux parents, à l’équipe de l’école ou du milieu de garde pour mieux intégrer les activités sensorielles adaptées à l’enfant. De son côté, Danièle Le Blond fait partie de l’équipe utilisant le programme TCD avec les adolescents ayant des traits de personnalité limite. Elle s’inspirera également de la TCD auprès des plus jeunes en souffrance pour leur apprendre des stratégies pour mieux comprendre et réguler leurs émotions. « On leur montre

entre autres comment reconnaitre les premières manifestations d’un changement émotif, comment chiffrer leurs émotions sur une échelle de 1 à 10 (échelle empruntée aux kinésiologues) et finalement comment s’apaiser avant l’explosion. Ils peuvent utiliser des techniques comme la respiration, l’application d’eau froide ou de glace, la fabrication d’une trousse d’apaisement, l’engagement dans une activité plaisante, etc. On leur enseigne également comment rendre leurs relations interpersonnelles plus efficaces. Ils y apprennent à s’affirmer et à avoir moins de conflits avec leurs autres. » Elle ajoute que les ergothérapeutes peuvent aussi faire des interventions très concrètes pour améliorer le fonctionnement de vie, comme apprendre aux jeunes à s’organiser dans leurs travaux scolaires, à planifier des activités, à suivre des étapes, à se faire un horaire, à faire leur curriculum vitae, etc. En somme, la palette d’intervention des ergothérapeutes à la CTH est variée pour aider ces jeunes en souffrance à retrouver un certain équilibre.

Hôpital Rivière-des-Prairies ÉTABLISSEMENT PROMOTEUR DE SANTÉ L’HÔPITAL RIVIÈRE-DES-PRAIRIES EST FIER DE SE JOINDRE AU RÉSEAU QUÉBÉCOIS DES ÉTABLISSEMENTS PROMOTEURS DE SANTÉ

En adhérant en février 2014 au Réseau québécois des établissements promoteurs de santé (ÉPS), l’HRDP s’est résolument engagé dans une démarche reconnue de promotion de la santé orientée vers le mieuxêtre de son personnel et de sa clientèle. Une démarche qui s’inspire directement des principes établis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La démarche vise à atteindre cinq objectifs : • diminuer l’incidence des maladies chroniques; • mieux répondre aux besoins d’une population vieillissante; • créer et maintenir un milieu de travail sain pour les médecins et le personnel; • avoriser des comportements plus respectueux de l’environnement; • et bâtir des communautés en santé. Les initiatives de la démarche Établissements promoteurs de santé de l’Hôpital Rivière-des-Prairies se reconnaitront à son slogan : « Comment ça va? ». Ce thème représente l’esprit de la démarche. Une expression largement répandue et reprise pour illustrer la volonté de l’Hôpital d’être à l’écoute et proactif dans le développement des conditions favorables à la bonne santé du personnel, tant physique que psychologique. Déjà engagé depuis plusieurs années dans la promotion des saines habitudes de vie, l’HRDP est heureux de poursuivre dans la même voie et d’ajouter la démarche Établissements promoteurs de santé aux initiatives qui contribuent au mieux-être de son personnel.

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Mélimélo

« 5 à 7 » des infirmières Un 5 à 7 sous le signe des valeurs de l’HRDP!

Robert Leblanc, ex-patient de l’HRDP, a livré un témoignage touchant et très apprécié par l’assistance.

Le 13 février dernier, près d’une trentaine d’infirmières et d’étudiantes en soins infirmiers ont répondu à l’invitation de l’Hôpital Rivière-des-Prairies pour découvrir les soins infirmiers en santé mentale sous un angle nouveau : Au-delà des soins… une relation d’aide!

Mirna Abboud, infirmière clinicienne à la Direction des soins infirmiers de l’HRDP, a raconté avec passion son expérience de relation d’aide auprès de ses patients.

Les participants ont pu assister à l’allocution de Christine Lamarre, directrice des soins infirmiers, sur le rôle de l’infirmière clinicienne auprès des patients de l’Hôpital et écouter avec attention les témoignages d’une passionnée des soins infirmiers en santé mentale, d’un parent via le réseau Skype et d’un ex-patient. Plusieurs membres de l’équipe infirmière de l’HRDP, dont des représentantes du comité jeunesse du CII, étaient aussi sur place pour partager leur passion du métier avec les participants. Cette activité conviviale de recrutement s’est déroulée sous le signe des valeurs de l’HRDP, soit la compassion, l’engagement, le respect et la reconnaissance.

Félicitations aux artisans du Salon des métiers d’art 2013 Sarah Ratelle Sylvie Ratelle Sylvie Lauzon Hélène Mathieu Aline Baron Gaby Labbé Catherine Boulanger-Poiré Suzanne Coutu France Beaudoin Carole Langlois Cynthia Brosseau

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L’inter-Mission VOL.13 no 1 hiver - printemps 2014


www.petitstresors.ca

Un mot directrice générale Des

Hiver 2014

de la

chiffres et du coeur

Voilà déjà plus d’une année que je dirige la Fondation les petits trésors de l’Hôpital Rivièredes-Prairies. Cette année a été fabuleuse. Elle m’a permis de voir tout ce qui a été fait, de mesurer tout ce qui reste à faire et, croyez-moi, ce ne sont pas les défis qui manquent! J’ai aussi et surtout pu constater, au fil des rencontres, à quel point vous êtes engagés, à quel point la santé mentale des enfants vous tient à cœur.

Souffrir en silence La santé mentale, surtout celle des enfants, demeure encore aujourd’hui un tabou. Vous le savez, puisque vous en êtes les témoins, comme il peut être difficile de grandir, de se développer et de rêver d’avenir pour un enfant ou un adolescent qui souffre de dépression, de troubles de l’attention, de troubles bipolaires, de troubles anxieux ou de tout autre trouble en santé mentale pédopsychiatrique. Votre engagement dans chacune de vos cliniques est beau à voir et il fait du bien.

Notre engagement En 2013, 403 310 $ ont été remis à l’HRDP! Voici quelques-unes de nos réalisations. 78 600 $ en autisme

Quelques projets CARTOGRAPHIE du cerveau des autistes. Ce projet, dirigé par le Dr Mottron, sera soutenu par la Fondation au cours des quatre prochaines années.

PROJET PILOTE en éducation physique dans les classes d’adaptation scolaire. Dès septembre prochain, ce programme sera disponible sur demande. RECHERCHE SUR LE DÉSIR MIMÉTIQUE DES AUTISTES. Imiter c’est apprendre et, bien souvent, les petits autistes ne le font pas. À chaque fois, l’objectif demeure le même : permettre aux enfants autistes de continuer à développer cette « autre forme d’intelligence ». 201 300 $ pour la Clinique des troubles de l’humeur

Quelques projets La PREMIÈRE BANQUE DE DONNÉES en santé mentale des enfants au Canada. La thérapie comportementale dialectique, un traitement novateur pour prévenir la récidive suicidaire. Le logiciel Dominique interactif, pour évaluer les problèmes de santé mentale et le risque suicidaire chez les adolescents de 12 à 15 ans. 60 000 $ en pédopsychiatrie ÉTUDE ÉLECTROPHYSIOLOGIQUE des troubles langagiers chez une population pédopsychiatrique âgée de 4 à 6 ans afin d’en arriver à prévenir le développement de troubles de comportement. Fondation les petits trésors de l’Hôpital Rivière-des-Prairies 7070, boulevard Perras Montréal, Québec H1E 1A4 Sans frais : 1 877 323-7234 @ : fondation@petitstresors.ca


18 410 $ pour la Clinique du sommeil

L’avenir

La Clinique du sommeil du Dr Roger Godbout est l’une des seules qui s’intéresse au sommeil des enfants au Canada.

En 2014, de grands défis nous attendent. Nous tiendrons bien sûr nos activités-bénéfices annuelles, dont le défi caritatif de la Banque Scotia. D’ailleurs, vous êtes nombreux à y participer cette année. Merci et bravo à nos kinésiologues pour leur implication bénévole. En juillet, nous proposons notre Grande journée golf et vélo au club de golf Le Mirage. À la fin mai aura lieu notre premier festival scolaire de hockey-balle puis en septembre la version corporative de ce même évènement.

Projet 2013 Achat de laboratoires de sommeil portatifs : une technologie québécoise qui transporte le laboratoire du sommeil à la maison. 16 000 $ en bourses et hébergement des familles

2

30 000 $ pour le programme des saines habitudes de vie

Quelques projets Achat d’équipements pour la salle d’évaluation fonctionnelle et psychophysiologique. Projet pilote de chandails intelligents pour mesurer en direct les indicateurs d’anxiété.

Je ne suis pas un monstre

Voir grand Nous lancerons bientôt une campagne majeure de financement dont l’objectif sera de 5 millions de dollars. De grands projets seront au cœur de cette campagne, dont celui du développement de trousses pour le traitement des troubles anxieux chez les 8-12 ans. Je pourrai vous en dire plus la prochaine fois, mais cette campagne sera sensationnelle. Nous entendons également bonifier notre programme de bourses afin de favoriser la poursuite de l’excellence en recherche, en soins cliniques, en enseignement et en gestion à l’Hôpital Rivière-desPrairies.

Notre espoir De un sur six, la statistique sur le nombre d’enfants touchés par un problème de santé mentale vient de passer à un sur cinq. En début d’année, nous apprenions que 1 % des enfants devront vivre avec un trouble dans le spectre de l’autisme. Je n’exagère pas beaucoup en disant qu’il y a surement dans votre environnement, si ce n’est dans votre propre maison, un ou plusieurs enfants qui doivent composer avec des maladies mentales. Nos efforts ne s’arrêtent pas là. Au début 2013, notre nouveau site Web a été mis en ligne. Nous nous attaquons maintenant aux réseaux sociaux. Plus nous parlerons des maladies mentales des enfants, moins les familles auront tendance à traverser leurs difficultés en silence et plus nous bénéficierons de l’appui des milieux corporatifs et institutionnels. Nous avons également produit une campagne de sensibilisation grand public avec notre porte-parole Guy Lafleur. Notre campagne « Je ne suis pas un monstre » a fait du bruit. Merci à CARTEBLANCHE qui a eu la brillante idée de cette campagne et à Québecor qui nous a offert de la visibilité sur toutes ses plateformes. Nous récidiverons ce printemps.

Mais il y a de l’espoir! On peut soulager, soigner, permettre à ces enfants de mieux vivre avec leur différence. Ils sont en droit d’espérer devenir des adultes heureux et engagés dans leur communauté, comme chacun d’entre nous. Vous êtes en première ligne, puisque vous fréquentez d’une manière ou d’une autre l’HRDP. Merci de continuer à nous soutenir et à parler des maladies mentales, de ce que vous faites à l’Hôpital, du cœur que vous y mettez. Ça compte. Merci de nous aider à faire des maladies mentales, des maladies comme les autres.

Sylvie Lauzon Directrice générale Fondation les petits trésors de l’Hôpital Rivière-des-Prairies


Les trésors de la Fondation Merci à Vincent Salvail pour son implication dans notre tournoi de hockey-balle. Avec Guy Lafleur, il en est le coprésident. Vincent, ton idée a fait du chemin et nous l’amènerons jusque dans les écoles cette année. Merci de nous faire partager ta passion du hockey. Merci à Bell Canada pour son engagement en santé mentale. Grâce à leur soutien, les Drs Labelle, Abadie et Godbout ont pu poursuivre leurs recherches et leurs travaux à la Clinique des troubles de l’humeur et à la Clinique du sommeil. Merci à CIBC. Votre engagement de 25 000 $ nous permettra de continuer à faire une différence dans la vie des 5 000 enfants suivis à l’Hôpital Rivière-des-Prairies chaque année. Les familles de ces enfants vous disent aussi merci. Merci à notre porte-parole, Guy Lafleur, dont la générosité et la gentillesse font de lui plus qu’une légende du hockey. Guy, tu portes notre message haut et fort et grâce à tes efforts, il est de plus en plus entendu. Merci également à Québecor qui nous a fait voir sur toutes ses plateformes en octobre 2013. Notre campagne « Je ne suis pas un monstre » n’aurait pas eu le même impact sans votre généreux appui. Merci à toutes les directions de l’Hôpital. Nous avons vraiment le sentiment de faire partie de la grande famille de l’HRDP. Et surtout, merci à chacun d’entre vous. Vous êtes tous à votre façon des agents de transformation. Chaque fois que vous parlez de nous ou encore de la santé mentale des enfants, vous contribuez à briser les tabous. C’est chacun de ces petits et grands gestes qui nous permettront non seulement de soulager, mais d’envisager de comprendre et de guérir, dans un avenir pas trop lointain, les maladies mentales.

Le hockey-balle est de retour! Pour vous donner un avant-gout de notre 3e édition qui se déroulera en septembre prochain, voici quelques photos mémorables.

Les artisans de ce succès Alain Dumas, Guy Lafleur, Vincent Salvail, Sylvie Lauzon et Denis Malo.

La mise au jeu protocolaire s’est fait dans la bonne humeur, avec Guy Lafleur, le député de LaFontaine, Marc Tanguay, Sylvie Lauzon, Dominic Boudreau, Youppi!, Éric Chartier, Amélie Guay et Vincent Salvail.

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De jeunes hockeyeurs de la ligue novice de Laval, les Titans et les Voisins, ont eu la chance de jouer avec David Desharnais et Youppi!

Nul autre que Guy Lafleur, David Desharnais, Georges Laraque, Chris Nilan, Charles Lafortune, Alain Dumas, Gilbert Delorme, Étienne Langevin, Mario Dumont, Marc Tanguay et même Youppi! participaient à cette journée extraordinaire.

4 Le kiosque de bonbons a été le plus achalandé de la journée… On se demande pourquoi? Merci à Pain d’épice, la maison des bonbons.

Une petite pause, le temps de la photo!

Une future vedette du hockey? Le public présent a eu la chance de participer à un match contre nos vedettes de la journée, beaucoup de plaisir… et très peu de buts!

Rien de tel qu’une photo pour immortaliser nos exploits!

Les jeunes filles de la résidence Léon Ringuet ont eu la chance de jouer une partie d’exhibition contre nos vedettes de la journée.

Toute l’équipe de bénévoles et d’organisateurs a pris la pose avec nos vedettes de la journée. Ouf, quel tournoi!


POUR SON DON DE

300 000 $ à la

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Marc Michaud et Jacinthe Constant entourent leurs enfants, Jordan et Bianka, futurs locataires du projet d’habitation adaptÊe.


par Carole Boulé

Plusieurs parents peuvent être préoccupés par l’avenir de leurs jeunes lorsqu’ils quittent le nid familial pour voler de leurs propres ailes. Alors, imaginez un peu ce que peuvent vivre les parents de jeunes qui ont un trouble du spectre de l’autisme ou un profil similaire. Jacinthe Constant, infirmière clinicienne au Programme d’accès aux services psychiatriques de l’Hôpital Rivière-des-Prairies et mère de deux jeunes adultes de 26 et 24 ans ayant un trouble du spectre de l’autisme, connait bien cette situation. En 2010, à l’aube de prendre leur retraite, Jacinthe et son conjoint ont décidé, avec 15 autres parents de la région de Lanaudière vivant la même problématique qu’eux, d’unir leurs forces pour réaliser un projet de résidences communautaires supervisées pour leurs jeunes. Nous avons rencontré cette infirmière d’expérience - une résiliente hors du commun - pour nous parler de ce grand projet : Le Pas de Deux, à la poursuite de l’autonomie. Au cours d’une réunion communautaire de la région de

Aurai-je le droit de profiter un peu de la vie ou vais-je devoir

Lanaudière, le conjoint de Jacinthe Constant et plusieurs autres

continuer à veiller sur eux? Notre réalité d’aidant naturel se tra-

parents d’enfants présentant des différences exprimaient leurs inquiétudes quant à l’avenir de leurs jeunes adultes. Comment se débrouilleront-ils lorsque nous serons trop vieux pour veiller

duit trop souvent par l’obligation de substituer notre rôle parental à celui de professionnels tels que : orthophoniste,

sur eux? Sachant que leurs jeunes seraient aptes à vivre dans

ergothérapeute, psychologue, etc. Est-ce trop demander que

un logement à condition qu’il y ait un encadrement et une su-

de pouvoir vieillir tranquille et d’être un simple « parent » pour

pervision, ils trouvaient tous dommage que ce genre de res-

ses enfants? Eux aussi veulent avoir un chez-soi et vivre leur

source soit inexistante dans leur région.

vie de façon plus autonome sans être toujours sous le joug

C’est donc sur cette prémisse que ces parents se sont regrou-

des parents », explique Jacinthe Constant, infirmière clinicienne

pés pour créer un projet de résidences communautaires su-

à l’HRDP depuis 1980. Récemment à la retraite, son expertise

pervisées afin d’assurer un milieu vie sécuritaire et stimulant à leurs jeunes adultes, mais aussi pour souffler un peu. « En tant

que parents d’enfants ayant des besoins particuliers, on met

clinique et son expérience personnelle ont représenté une véritable mine d’or de renseignements et de connaissances ta-

souvent en veilleuse notre vie personnelle et notre vie de cou-

cites pour les patients et les parents au Programme d’accès aux

ple. Lorsque j’aurai 60 ans, mes enfants auront 30 et 32 ans.

services psychiatriques de l’Hôpital.

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qui s’est fait ailleurs afin de nous aider à élaborer notre projet. » Il va sans dire qu’un tel projet ne peut voir le jour sans la contribution de plu-

Jean-Charles Beaulieu et notre vedette, Émilie St-Laurent, future locataire du projet d’habitation adaptée.

Mais surtout, il faut continuer à parler de notre projet autour de nous et à organiser des activités de financement pour que nos jeunes puissent réaliser leur quête

sieurs partenaires. « Notre projet d’habi-

d’autonomie. »

tation adaptée s’inscrit dans les priorités du CSSSSL et du CRDI La Myriade, souligne-t-elle. Le projet a été accepté par l’Agence de la Santé de Lanaudière et le gouvernement nous consent une subvention pouvant être récurrente si nous parvenons à combler le manque à gagner par des contributions financières du secteur municipal et privé. »

Le succès de leur passage à l’émission « Oser une autre vie » sur les ondes de Radio-Canada au printemps 2013 les a motivés à retrousser leurs manches pour continuer à organiser des activités de financement et à chercher activement un porte-parole pour ce projet. En effet, le reportage avec Émilie, une jeune trisomique de 23 ans, et Jean-

Où en est le projet?

Charles Beaulieu, ancien employé de

« On a deux terrains en vue, un à

l’HRDP et membre du CA Le Pas de Deux, a présenté les grandes lignes du projet

adultes d’avoir un chez-soi, soit un

l’Assomption et un autre à Terrebonne. Mais, on regarde aussi d’autres terrains pour trouver l’endroit idéal. Notre but n’est pas d’exclure nos enfants et de les envoyer dans le fin fond d’un rang, précise Jacinthe Constant. On veut qu’ils habitent près de la ville pour qu’ils puissent se déplacer facilement. D’ailleurs, le fait qu’ils fassent partie de la communauté est un des objectifs de notre projet. »

logement de trois pièces et demi. Ils dis-

Elle mentionne que l’arrivée d’une nou-

poseraient également d’espaces com-

velle coordonnatrice à leur organisme

muns, comme un salon, une cuisine et

permettra de faire avancer plusieurs dos-

La quête d’autonomie de ces jeunes

une salle de lavage. Un service de super-

siers, car cette dernière possède une

adultes différents devrait pouvoir toucher

vision 24 heures par jour et 7 jours par

bonne expertise du milieu communau-

encore bien des cœurs. C’est du moins

semaine serait aussi assuré par un per-

taire. « La réalisation d’un tel projet peut

ce que souhaite Jacinthe Constant, une

sonnel qualifié.

prendre jusqu’à dix ans. Nous sommes rendus à trois ans. Le choix des terrains est une de nos priorités en ce moment.

clinicienne dans l’âme et une passionnée

Leur projet en bref Fondé par 16 parents de la région de Lanaudière, Le Pas de Deux est un organisme sans but lucratif qui existe depuis trois ans. Son projet est de réaliser la construction de deux résidences de huit logements chacune, dont l’une devrait être située dans la MRC de l’Assomption et l’autre dans la MRC Les Moulins. Ces résidences permettraient aux jeunes

Jacinthe Constant rappelle d’ailleurs qu’il existe environ une douzaine de projets similaires au Québec. « D’autres parents

ont fait comme nous et ont décidé de

d’habitation. Les téléspectateurs, touchés par l’histoire d’Émilie et son grand rêve de partir en appartement, ont voté en faveur du projet d’habitation adaptée, Le Pas de Deux, qui a remporté le 2e prix Desjardins d’une valeur de 10 000 $. Aussi, Jacinthe Constant profite de cette tribune pour remercier tous les employés de l’HRDP et leur famille qui ont pris le temps de voter pour leur projet.

de la relation d’aide auprès des patients et des parents de l’Hôpital.

Pour les aider à réaliser leur projet, il est toujours possible

bâtir des logements pour répondre aux

de faire un don en communiquant avec l’organisme par

besoins de leurs jeunes. Nous avons visité

courriel : lepasdedeux@outlook.com

plusieurs autres ressources pour voir ce

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Nos experts s’illustrent LAURENT MOTTRON Chercheur régulier à l’Hôpital Rivière-des-Prairies Dans un article du quotidien « Le Monde », paru le 12 février dernier, le Dr Laurent Mottron commentait les résultats de travaux menés sur des souris qui suggèrent qu’un niveau anormalement élevé de chlore dans les neurones fœtaux au moment de l’accouchement serait déterminant dans l’apparition de l’autisme. Le Dr Mottron y indiquait que l'étude clinique en question rapportait des effets extrêmement faibles sur les sujets les moins autistes et qu’elle a laissé sceptique la communauté internationale.

L’activité thérapeutique d’aventure Le kinésiologue Donald Venne et la psychiatre Hélène Bouvier de l’HRDP ont participé à un reportage sur l’activité thérapeutique d'aventure à l’émission « Une pilule, une petite granule » qui a été diffusée le 13 mars dernier. Cet outil thérapeutique est basé sur le jeu d’aventure qui donne des résultats vraiment très impressionnants auprès des jeunes qui souffrent de problèmes de stress importants. Donald Venne y expliquait que ces activités d’aventure amènent les jeunes patients à mieux identifier leurs symptômes et quantifier leur état de stress. La Dre Bouvier y précisait également que ce genre de thérapie était particulièrement utilisé pour des jeunes qui ont de la difficulté à identifier leurs symptômes de stress et permettrait de repousser l’utilisation de la médication.

Chef médical du Programme d’autisme de

L’évaluation développementale et cognitive de l’enfant d’âge préscolaire en clinique psychiatrique

l’Hôpital Rivière-des-Prairies

Des membres de l’équipe de la Clinique psychiatrique de la petite

La Dre Chantal Caron, pédopsychiatre à l’Hôpital Rivière-

enfance de l’HRDP ont récemment publié une étude dans la

CHANTAL CARON, psychiatre

des-Prairies, était l’invitée de l’émission « Pas de midi sans info » sur les ondes de la radio de Radio-Canada, le 6 janvier dernier, pour expliquer l’augmentation des cas d’autisme au Québec. Elle était aussi l’une des spécialistes interviewés dans un reportage paru le même jour dans le quotidien « Le Soleil » sur ce sujet.

« Revue québécoise de psychologie ». Il s’agit de la psychologue MARIE-JULIE BÉLIVEAU, la chercheuse NICOLE SMOLLA, l’orthophoniste CHANTALE BREAULT et le pédopsychiatre ALAIN LÉVESQUE. Cette recension a permis de constituer un répertoire de 181 mesures (en anglais ou en français) d’évaluation du développement général, cognitif, langagier et des fonctions sensorimotrices des enfants d’âge préscolaire. ROGER GODBOUT, Ph. D. Psychologie

Êtres d’exclusion ou d’exception? Démystifier le syndrome d’Asperger

Responsable de la Clinique surspécialisée d’évaluation

C’est sur ce sujet que le DR BAUDOUIN FORGEOT D’ARC,

l'Hôpital Rivière-des-Prairies.

diagnostique des troubles du sommeil de

psychiatre et chercheur à l'Hôpital Rivière-des-Prairies et à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal, s’est adressé à son auditoire lors d’une conférence « Fernand-Seguin » qui s’est tenue le 13 mars dernier. Le Dr Forgeot d’Arc y expliquait que les personnes vivant avec le syndrome d'Asperger doivent affronter bien des défis liés aux relations sociales ou au caractère imprévisible du monde. Différence ou maladie? Entre exclusion et fascination, ces personnes d'exception sont parfois l'objet de bien des clichés. Cette conférence a permis de mieux comprendre ce qui se passe dans la tête d'une personne atteinte du syndrome d'Asperger.

Les petits dormeurs dominent-ils le monde? C’est la question à laquelle répondait le Dr Roger Godbout dans un reportage au quotidien « La Presse » le 7 décembre dernier. Le Dr Godbout y mentionnait que dormir peu semble valorisé parce que cela montre qu’on travaille fort, qu’on participe au succès de son organisation et que ceux qui dorment plus longtemps pouvaient alors se sentir coupables de ne pas en faire autant. Toutefois, dormir peu n’est pas un gage pour être plus productif, selon lui. Il conseillait plutôt de dormir le nombre d’heures dont on a besoin pour être pleinement productif.

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nouvelles couleurs pour les plateformes Web de l’HRDP De


par Alexandra Perron

L’année 2014 sonne le changement pour les différentes plateformes Web de l’Hôpital Rivière-des-Prairies! Totalement dynamisés et désormais en harmonie avec les normes graphiques de l’établissement, tant le site Internet, le catalogue en ligne du CECOM que les blogues et les pages Facebook ont subi une cure de rajeunissement! www.hrdp.qc.ca complètement revisité Après plusieurs mois de travail concerté entre les équipes cliniques et celle des communications pour la mise à jour des textes, c’est avec un grand plaisir qu’a été lancé, en mars dernier, le nouveau site Internet de l’Hôpital. Suite aux changements organisationnels des dernières années et à la vitesse

été simplifié avec l’arrivée de notre catalogue en ligne. Grâce à une bonne catégorisation des produits et au moteur de recherche avancée, l’utilisateur peut facilement trouver les documents qui sont en lien avec ses intérêts. En effectuant le paiement en ligne via notre passerelle sécurisée, les commandes sont traitées et envoyées rapidement, soit dans un

fulgurante avec laquelle les technologies évoluent, il était pri-

délai de 24 à 48 heures », mentionne Johanne Gagnon.

mordial d’adapter le site Internet à la réalité actuelle. « Le site

Des réseaux sociaux à la couleur de l’HRDP

Web est la vitrine, le reflet de l’établissement sur la scène publique. Il était essentiel de le revoir dans son ensemble afin qu’il concorde avec notre image et notre mission de chef de file en pédopsychiatrie et en trouble du spectre de l’autisme », déclare Johanne Gagnon, directrice des communications et des ressources informationnelles de l’HRDP. Une plateforme de paiement en ligne pour le CECOM Le Centre de communication en santé mentale de l’Hôpital Rivière-des-Prairies, le CECOM, produit et distribue un nombre important de documents qui permettent l’échange et le transfert des connaissances en santé mentale. Ces outils s’adressent à tous ceux et celles qui souhaitent mieux comprendre la santé

Une nouvelle collaboratrice pour le blogue de l’infirmière en pédopsychiatrie Depuis maintenant deux ans, la conseillère clinicienne spécialisée, Nathalie Maltais, alimente le blogue de l’infirmière en pédopsychiatrie. Dans un souci de renouveau et pour donner la parole à la relève infirmière, elle souhaitait depuis quelque temps trouver une jeune collaboratrice. C’est ainsi que MarieJeanne Duclos, infirmière à l’HRDP, s’est sentie interpelée par l’invitation. « Lors de mes expériences de travail sur le terrain,

j'abonde de questionnements reliés aux différentes réalités des jeunes que je côtoie. Mon désir d'enrichir mes connaissances

mentale, encourager le renouvèlement des pratiques et sou-

pourra maintenant s'exprimer dans mes articles du blogue. Je

tenir l’enseignement et la formation. Avec un répertoire conte-

dresserai le portrait de certains de mes apprentissages au tra-

nant près de 250 produits, il était important de catégoriser et

vers une lunette pleine d'humilité; celle d'une nouvelle infir-

de faciliter la recherche d’information pour le navigateur. C’est

mière qui désire partager le fruit de ses approfondissements,

dans cette optique que le nouveau catalogue en ligne du

de ses recherches », explique Marie-Jeanne dans son premier

CECOM a été développé. « Le processus d’achat a grandement

billet.

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Les KRIKS

Le jeu « Les Kriks » est un outil psychoéducatif novateur pour les personnes œuvrant

auprès des adolescents (12-17 ans). Stimulant, amusant et interactif, il présente l’avantage de favoriser l’acquisition du savoir, du savoir-faire et du savoir-être sous une forme qui rallie spontanément les jeunes et suscite leur participation.

Quelques produits du CECOM

Moi, comme parent… et For me, as a parent… (V.A.)

L’outil de soutien à l’intervention « Moi, comme parent » et sa version anglaise

« For me, as a parent » sont utilisés avec les parents d’enfants âgés de 0 à 11 ans.

Cette trousse repose sur une approche qui valorise le point de vue et les forces des parents. Elle vise à favoriser les échanges avec les parents et à enrichir les programmes de soutien aux familles.

Contes sur moi

Le programme « Contes sur moi » s'adresse aux enfants de maternelle, 1re, 2e et 3e

années du primaire. Il offre des moyens pratiques et originaux qui facilitent l'intégration de l'enfant en société en développant ses habiletés sociales et ses capacités à résoudre pacifiquement les problèmes. Contes de résilience La collection de 16 contes, écrits avec justesse, finesse et style, aborde une ou plusieurs situations douloureuses vécues par des enfants en grande difficulté : rejet, angoisse, anxiété de séparation, négligence, maltraitance, etc. Premières amours

La trousse « Premières amours » est destinée aux intervenants auprès des jeunes de

12 à 18 ans. Cette trousse permet d’aider les adolescents à se donner des repères et à développer une réflexion face à leur vécu amoureux et sexuel. Elle vise aussi la prévention de la violence dans les relations amoureuses.

SURVEILLEZ NOS PRODUCTIONS À VENIR Zak et Zoé Programme de thérapie cognitivo-comportementale pour le trouble d’anxiété généralisée chez les enfants. Sur le chemin de l’autisme Document vidéo destiné aux parents d’enfants avec un trouble du spectre de l’autisme.

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DE NOUVELLES PagES

FaCEbOOK

Le conseil des infirmières et infirmiers et le comité des usagers de l’HRDP ont maintenant leur page Facebook, leur permettant ainsi de diffuser rapidement et efficacement de l’information aux personnes abonnées. Selon Johanne Gagnon, « la montée fulgurante des médias sociaux modifie nos façons de communiquer et de transmettre de l’information. L’instantanéité fait désormais partie de nos ha-

bitudes, il est donc primordial de s’adapter et de développer de nouveaux outils de communication ». Les personnes abonnées aux pages Facebook de l’Hôpital Rivière-des-Prairies sont continuellement informées sur les nouvelles et les divers évènements de l’établissement. Voilà une bonne façon de rester à l’affut de tout ce qui se passe!

Visitez le site Internet, le catalogue du CECOM, les réseaux sociaux et le blogue de l’infirmière en pédopsychiatrie au

hrdp.qc.ca

Suivez-nous sur les

médias sociaux FACEBOOK DE L’HRDP

www.facebook.com/hrdp.qc FACEBOOK DU CONSEIL DES INFIRMIÈRES ET DES INFIRMIERS DE L’HRDP

www.facebook.com/cii.hrdp FACEBOOK DU COMITÉ DES USAGERS DE L’HRDP

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@HopitalRDP

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