HCFR l'Hebdo N°75

Page 10

semblent être responsables tout pris à la conquête de denrées qui s’épuisent alors qu’elles leurs sont vitales (une des dernières discussions entre Adam et Eve le révélera avec brio). Ils se baladent alors dans de vieux vêtements, dans des bâtissent immémoriales, à bord d’une vieille voiture presque « de collection », et se rendent dans des lieux autrefois rayonnants, transformés au travers d’un usage qui dénature. La mort y rôde. La lenteur s’installe, jusqu’à l’extase de ce sang avalé, qui fait tourner les têtes à la manière d’un vinyle sur une platine. Dès lors, face à ces êtres emplis de culture, créateurs génies ayant traversés les siècles, la technologie semble vaine. Et ce n’est pas une discussion vidéo qui suffira à rassasier mais plutôt à rendre plus fort ce besoin de se rejoindre à nouveau que ressentent Adam et Eve. C’est alors que les deux corps sont mis à nouveau en présence : tout prêts à se pétrir, si doux dans l’étreinte, comme deux mains qui s’étreignent, deux corps qui s’aident à marcher. C’est Adam alors qui fascine tout autant qu’il agace : recroquevillé sur lui-même, créateur génial, musicien électrisant (la séquence où il enregistre un nouveau morceau est superbe). La lenteur de leurs gestes surprend par deux fois : dans les gestes furtifs et accélérés d’Adam qui apparaissent subitement tout autant que l’arrivée d’Ava, comme le penchant vénal d’Eve. C’est elle qui aurait croqué dans la pomme, créant l’apocalypse. Ne permettant plus, en tout cas, de subsister dans l’Eden routinier que s’étaient créé Adam et Eve avec sang à foison.

10

www.homecinema-fr.com


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.